• Les Japonaises privées de #MeToo

    http://www.elle.fr/Societe/News/Les-Japonaises-privees-de-MeToo-3665834

    Le hashtag des victimes de violences sexuelles s’est diffusé partout dans le monde. Sauf au Japon, où celles qui brisent la loi du silence risquent menaces et exclusion sociale.

    Non, elle ne souhaite pas changer son nom ou être photographiée de dos : « Oui, j’ai peur mais il faut voir la réalité en face. Depuis que j’ai proclamé #MeToo, en décembre dernier, ma carrière d’actrice est fichue, alors autant parler. » Yumi Ishikawa, 31 ans, est l’une des rares femmes au Japon à avoir osé utiliser ce hashtag. Pourtant, dit-elle, son histoire est celle de centaines d’actrices. « Mon manager m’a poussée dans les bras de deux réalisateurs et d’un producteur, une dizaine de fois. Dans le monde du cinéma, il y a un accord tacite : il faut coucher pour avoir un rôle, surtout celles qui débutent. Je me disais qu’en tant que femme c’était normal d’y passer. Ce n’est qu’avec #MeToo que j’ai pris conscience du problème. » Yumi a d’abord ressenti une libération qui a très vite laissé place à la honte, sous le coup des critiques et des insultes : « Tu es moche », « Tu es une traînée », « C’est honteux pour une Japonaise d’évoquer un tel sujet ».

    Shiori Ito aurait pu lancer le mouvement #MeToo au Japon. Dans son livre « Black Box » (non traduit) publié en octobre dernier, elle dénonce le viol dont elle a été victime par un proche de l’actuel Premier ministre Shinzo Abe. Au moment des faits, il y a trois ans, la police l’a dissuadée de porter plainte, son agresseur présumé n’a pas été inquiété par la justice et elle a même dû s’exiler. De passage à Tokyo, cette journaliste nous explique être la cible de menaces de mort : « Je me sens en danger dans mon propre pays. Après la publication de mon livre, j’ai reçu des dizaines de mails haineux, venant d’hommes mais aussi de femmes, des coups de fil menaçants, jour et nuit, me disant que je devrais mourir. Je me suis d’abord réfugiée chez une amie pendant deux mois et demi. Puis une représentante d’une ONG qui lutte pour les droits des femmes m’a conseillé d’aller à Londres. Le pire, c’est que ma sœur aujourd’hui n’arrive pas à trouver de travail à cause de moi. J’ai coupé les ponts avec ma famille. »

    • #Japon #femmes #viol #mentalité #harcèlement #patriarcat #
      #discriminations #maternité #consentement

      Sur les encarts publicitaires comme sur les plateaux télévisés défilent tous les stéréotypes : mère parfaite ou jeune fille au corps hyper-sexualisé. « On vit encore dans une société dirigée par des hommes, qui s’adresse à eux seuls », résume la professeure féministe d’Osaka. Troisième puissance économique mondiale, l’archipel figure parmi les pays les plus conservateurs et discriminants au monde, avec moins de 10 % de députés et de cadres femmes. Après le premier enfant, la majorité des mères quittent leur travail pour rester à la maison. Selon le dernier rapport du Forum économique mondial sur la parité entre les femmes et les hommes, publié en novembre dernier, le Japon se retrouve 114e sur 144 pays.

      […] Au Japon persiste l’idée que si une fille accepte d’aller boire un verre avec un homme, elle est responsable de son agression ; elle doit savoir se protéger. La loi sur les violences sexuelles rédigée il y a cent dix ans va dans ce sens. « Pour qu’un viol soit qualifié de crime, la victime doit le prouver par des blessures physiques !, s’insurge l’avocate Akiko Mochizuki. On imagine encore qu’une victime est forcé-ment agressée la nuit, par un inconnu surgi de nulle part ! » Elle a créé à Tokyo l’association Tsubomi, l’une des rares structures nationales à s’occuper de victimes de viol. Elle en aide quelque 1 500. Elle salue le combat de la journaliste Shiori Ito grâce à laquelle la loi a été modifiée en juillet dernier : la peine est passée de trois à cinq ans en cas de viol, et les hommes sont aussi considérés comme des victimes de violences sexuelles. Mais pour l’avocate, la lutte est perdue d’avance : dans 99 % des cas, le violeur n’est pas condamné

  • Three decades before the #MeToo movement, UC San Diego led the way against sexual assault
    http://www.latimes.com/local/education/la-me-uc-sandiego-sexual-assault-20180430-story.html

    When Nancy Wahlig first started her fight against sexual assault, one company was marketing a capsule for women to stash in their bras and then smash to release a vile odor.
    “Because of the very nature of society, the only person who can prevent rape is the woman herself,” read a 1981 advertisement for the Repulse rape deterrent.
    Ideas about how to prevent sexual violence have come a long way since then, and Wahlig has helped lead that evolution on college campuses. In 1988, she started UC San Diego’s Sexual Assault Resource Center (SARC), the first stand-alone program at the University of California. Today, she remains the system’s most senior specialist.

  • Norbert Elias, Catherine Deneuve et l’égalité des sexes
    http://www.laviedesidees.fr/Norbert-Elias-Catherine-Deneuve-et-l-egalite-des-sexes.html

    Avec l’affaire Weinstein, on a beaucoup débattu des pulsions sexuelles masculines. La sociologie de Norbert Elias s’avère une ressource précieuse pour comprendre ce moment déjà historique, par-delà l’opposition médiatique entre liberté d’importuner et devoir moral de balancer les porcs.

    #Essais

    / #femmes, #progrès, #harcèlement_sexuel

    • Autant qu’un progrès (vers plus d’égalité) et plutôt qu’une régression (vers un ordre moral répressif), le mouvement #MeToo et ses suites attesteraient la fragilité de codes normatifs qui ont encore besoin d’être réaffirmés.

      Désigné la lutte contre les viols, les violences sexuelles et le harcelement sexiste et sexuel comme un regression vers un ordre moral répressif c’est particulier. Pour moi c’est les viols et violences sexuelles qui sont des manfestation de morale répressive et d’un code normatif. Quelle drole d’idée de prendre un vieux mec qui parle de civilisation en 1930 pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Il n’y a pas de femmes qui ont réfléchit la dessus pour avoir besoin de mettre encore un homme en avant sur ces questions ?

      Par exemple Elias voit la galanterie et la courtoisie comme la manifestation d’une égalité femmes-hommes. Il sous-entend que les hommes de la haute socité seraient moins suceptibles de violer et brutaliser les femmes (weinshtein et DSK montrent pourtant bien le contraire), Elias fait comme si c’etait un problème de manque de courtoisie alors que le courtoisie n’existe qu’au masculin (la femme courtoise est une insulte putophobe en français). L’amour courtois est un des fondement de la culture du viol, car dans la courtoisie, une femme respectable doit se refusé et l’homme doit insister-la forcer et si elle résiste pas, elle n’est pas respectable et les hommes peuvent la forcer aussi.

      Prétendre aussi que la révolution française à favorisé une amélioration de la condition féminine (et de manière irrémédiable ajout-il) est très discutable aussi (le droit au divorce seul droit obtenu par les femmes à l’époque à été supprimé sous napoléon).

      Parler « d’inégalité harmonieuse » pour le fait de tuer les épouses en Indes et de les faire marché en arrière, c’est un choix de vocabulaire qui témoigne d’une vision très androcentrique... Je voie pas trop l’harmonie dans le féminicide, mais pour Elias ca le fait vu son choix de vocabulaire.

      #violences_sexuelles #dicrimination #domination_masculine #phallosophie

  • Interview de Françoise Dolto dans la revue Choisir la cause des femmes n° 44

    http://www.philap.fr/HTML/inconscient-sexuel/Annexes/dolto_choisir_la_cause_des_femmes.htm

    Cette interview a été souvent citée mais elle est très difficile à trouver dans son intégralité. Son existence a même parfois été niée du fait de l’extrême rareté des exemplaires du n° 44 de cette revue encore en circulation. Je l’ai photocopiée à la Bibliothèque Marguerite Durand, à Paris.

    Dans cet entretien hallucinant, Dolto n’hésite pas, entre autre, à nier la réalité des viols incestueux, à défendre les châtiments corporels et à affirmer que ce sont les maris des femmes battues qui doivent être aidés et non ces femmes elles-mêmes, qui « poissent » leur mari. J’ai donc décidé de mettre cet entretien en ligne afin que chacun puisse juger sur pièce (ci-dessous en pdf).

    Cet entretien fait partie du dossier « Les enfants en morceaux », une enquête réalisée par Annie Brunet, Béatrice Jade et Christine Pecqueur et publiée dans le numéro 44 (septembre-octobre-novembre 1979) de la revue « Choisir la cause des femmes ». Il s’agit de la revue de l’association du même nom, présidée par Gisèle Halimi. Cette enquête comporte un entretien avec le commissaire Lefeuvre de la brigade de la protection des mineurs, un entretien avec Monsieur Xuereb, juge pour enfants, un entretien avec la psychothérapeute Michèle Gounnot et le psychologue Joe Agbomson, un entretien avec la psychanalyste Françoise Dolto et il se conclut avec un commentaire critique de Béatrice Jade sur les propos tenus par Françoise Dolto. J’ai fait le choix de reproduire l’intégralité de ce dossier pour montrer que, contrairement à beaucoup de psychanalystes qui la défendent, Dolto n’était pas en avance sur son temps pour défendre les enfants, en tout cas en matière d’inceste. On constate en effet que, contrairement à Dolto, le commissaire Lefeuvre confirme la réalité de l’inceste et parle de viol et de chantage là où Dolto ne parle que de consentement de l’enfant. Que ce soit le flic plutôt que la psychologue qui comprenne la réalité de l’inceste en dit long sur le caractère réactionnaire des positions de la psychanalyse en matière de sexualité. Dolto applique à la lettre et sans la questionner le moins du monde la théorie de son maître Freud sur le complexe d’Œdipe.

    J’ai d’ailleurs montré dans mon livre L’érotisme ou le mensonge de Freud (p. 201 à 205) qu’il en allait de même pour Freud, présenté par les psychanalystes comme le courageux pionnier ayant défriché seul le terrain de la révolution sexuelle. Ses positions étaient en réalité rétrogrades par rapport à beaucoup de sexologues et de psychanalystes qui lui étaient contemporains et dont il combattait avec une grande férocité les idées progressistes.

    Voilà le dossier dans son intégralité :

    http://www.philap.fr/HTML/inconscient-sexuel/Annexes/dolto_interview_choisir_1979.pdf

    #inceste #culture_du_viol #psychanalyse #blamer_la_victime #inversion_patriarcale #catholicisme #domination_adulte #domination_masculine #femmes_de_droite

    • C’est les 30 ans de la mort de Dolto. Il y a eu un docu mensonger et hagiographique à la TV qui à bien sur oublié de rappelé qu’elle etait pro viols d’enfants, pour les violences contre les femmes et les enfants.

      http://www.liberation.fr/debats/2018/05/30/francoise-dolto-n-est-pas-une-petite-fille-de-conte-de-fees_1655057

      N’ayant pas lu une ligne de l’œuvre de Dolto et pas un mot de sa correspondance, les auteurs de ce documentaire la présentent comme une républicaine pur sucre, oubliant qu’elle était issue d’une famille de polytechniciens et de militaires adepte des idées de Charles Maurras et qu’elle fut élevée selon les principes de cette grande bourgeoisie dont l’opinion était façonnée par la lecture quotidienne de l’Action française. Ils oublient que si elle a pu s’arracher à son milieu en poursuivant des études de médecine et en croisant l’histoire du freudisme français, elle ne fut jamais ni féministe, ni engagée dans un combat politique, ni adepte de la laïcité républicaine. Dolto était un monument de paradoxes, hostile à l’avortement, familialiste, favorable aux écoles alternatives, attachée aux valeurs de la foi chrétienne et pourtant fascinante par la puissance de son amour vrai de l’enfance. Tous ceux qui ont suivi son enseignement savent à quel point elle savait entendre l’inconscient des enfants.

      Pourquoi alors l’identifier à Simone Veil, alors qu’elle n’a pas parlé de l’extermination des Juifs, ou à Simone de Beauvoir, alors qu’elle n’a jamais eu la moindre relation avec l’existentialisme ? On se demande d’ailleurs ce que viennent faire dans ce documentaire les témoignages de deux excellentes historiennes, l’une spécialiste des bagnes d’enfants et l’autre de l’émancipation des femmes et qui, à l’évidence, ne savent rien de l’itinéraire de la grande psychanalyste ? Restent quelques belles archives parmi lesquelles Bernard Pivot interrogeant Dolto avec vigueur ou Catherine Dolto, adolescente, parlant de la difficulté d’être fille de psychanalyste.

      Pour finir, notons ce commentaire qui résume le film : « Issue de la bonne société, elle aimait papoter avec les domestiques. » Françoise Dolto mérite mieux que cette insolente sottise. Il serait temps que d’autres émissions ou publications permettent de sortir Dolto de ce fatras de contre-vérités.

    • En ce moment les médias découvrent que Matzneff est un #grand_homme et dans les archives qui ressortent Dolto est mentionné.

      Dans les années 70, le journal Libération dirigé alors par Serge July faisait ouvertement la promotion des associations pédophiles qui avaient alors pignon sur rue, comme le « Front de libération des pédophiles » . Libé et Le Monde publièrent une pétition affirmant que des enfants de moins de quinze ans pouvaient être sexuellement consentants avec des adultes mais aussi pour les photos de « leurs jeux sexuels ». On trouve parmi les signataires Jack Lang, Kouchner, Matzneff, mais aussi Beauvoir, Barthes, Deleuze, Glucksmann, Guattari, Sartre, Sollers…

      Quelques mois plus tard, Dolto , Althusser, Derrida, Glucksmann et d’autres demandèrent officiellement la prise en compte du consentement des mineurs de moins de quinze ans dans les actes sexuels avec des adultes.

      https://blogs.mediapart.fr/patricjean/blog/151117/consentement-sexuel-13-ans-une-veille-demande-des-pedophiles

      C’est assez interessant de voire qu’on retrouve en fait les grandes figures de la « french theory »
      Dolto ok c’est la droite catholique qui valorise toutes formes de viol et de refu du consentement mais Derrida, Foucault, Barthes, Deleuze, Guattari sont souvent cité comme des références.

      On retrouve Guattari chez les opposants à la féminisation des titres et noms de métiers aux coté de Levi-Strauss
      Althusser est un auteur de féminicide.
      Je suis surprise qu’on ne retrouve pas Finkielkraut mais peut être qu’il est dans les ... et d’autres.
      Deleuze ne refusait pas non plus de confondre les femmes et les objets (cf D comme Désir de son abécédaire)

      Pour Simone de Beauvoir, je recherche sans le retrouvé le poste dans lequel j’avais archivé les raisons de son renvoie de l’éducation nationale. Elle était accusé d’avoir violé un ou plusieurs de ses élèves. Puisque je ne retrouve pas ce poste je vais en refaire un.
      #grande_femme

    • Le fils de Françoise Dolto, Carlos ecrivait des chansons pour enfant qui passaient en boucle sur le club dorothé quand j’etait petite. Voici un exemple de chanson

      Attention les petits loups,
      Vous êtes prêts pour le tirelipimpon ?
      Ouais !
      L’été dernier, fatigué, je suis parti sur une chaloupe,
      Bronzer ma carte de crédit à la Guadeloupe.
      Dans un palace en bambous j’ai rencontré Banana,
      La fille du roi des vaudous qui m’a fait un truc extra.
      Mais qu’est-ce qu’elle t’a fait Banana ?
      Tirelipimpon sur le Chihuahua.
      Tirelipimpon avec la tête avec les bras.
      Tirelipimpon un coup en l’air un coup en bas.
      Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas !
      Bronzé comme une coco girl, je suis parti à Tokyo,
      Pour voir le soleil levant. C’est beau ! C’est beau !
      Au pied du Fuji-Yama, j’ai rencontré Tatoumi,
      L’ami du roi des geishas qui m’a fait un truc inédit.
      Mais qu’est-ce qu’elle t’a fait Tatoumi ?
      Tirelipimpon sur le Chihuahua.
      Tirelipimpon avec la tête avec les bras.
      Tirelipimpon un coup en l’air un coup en bas.
      Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas !
      Comme j’avais un rendez-vous, j’ai pris mon jeans mes babouches,
      Et sur le Nil je suis parti me la couler douce.
      A l’hôtel des Pyramides, j’ai rencontré Osiris,
      La Madonna des harems qui m’a fait un truc pas triste !
      Mon fils, mais qu’est-ce qu’elle t’a fait Osiris ?
      Tirelipimpon sur le Chihuahua.
      Tirelipimpon avec la tête avec les bras.
      Tirelipimpon un coup en l’air un coup en bas.
      Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas !
      Et après... et après...
      Est-ce que tu as vu la Sophie ?
      La Sophie du Burundi qui fait danser les bananes, dis ?
      Oui, oui, Sophie, Sophie, oui ! Oui !
      Sur le chemin du retour, comme il faisait chaud, dis donc,
      Je suis passé voir Sophie. C’est bon ! C’est bon !
      Sous un baobab géant, elle m’a fait l’eucalyptus,
      Un truc qu’aiment les éléphants, mais là je t’en dis pas plus !
      Mais qu’est-ce qu’elle t’a fait la Sophie ?
      Tirelipimpon sur le Chihuahua.
      Tirelipimpon avec la tête avec les bras.
      Tirelipimpon un coup en l’air un coup en bas.
      Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas

      ici une video du club dorothée au cas ou on doute que ca soit une chanson pour enfants
      https://www.youtube.com/watch?v=xzDlJZnC1Zk

      ca me fait pensé aux prédateurs sexuels d’enfants qui produisaient des emissions pour enfants aux USA et GB. Combien de prédateurs d’enfants dans ce milieu en france ? On le saura peut etre lors du prochain #metoo de 2040

      Pour carlos je pense que le tag #racisme #porno-racisme s’impose et #tourisme_sexuel #culture_du_pedo_viol

  • Pour Rose McGowan, Karl Lagerfeld est un « dinosaure misogyne » - La Parisienne
    http://www.leparisien.fr/laparisienne/actualites/people/pour-rose-mcgowan-karl-lagerfeld-est-un-dinosaure-misogyne-17-04-2018-766

    « Si vous ne voulez pas qu’on vous tire la culotte, ne devenez pas mannequin ! Rejoignez plutôt l’union des Ursulines. Il y aura toujours une place pour vous au couvent. Ils recrutent même ! » avait lâché Karl Lagerfeld au magazine Numéro à propos du mouvement #MeToo qui dénonce le harcèlement et les violences sexuelles.

    Des propos qui ont mis hors d’elle Rose McGowan, très engagée dans le mouvement né des suites de l’affaire Weinstein puisqu’elle avait été la première à avoir affirmé publiquement avoir été violée par le producteur. L’actrice de 44 ans a donc répondu au directeur artistique de Chanel via les réseaux sociaux.
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    En légende d’une photo postée sur Instagram où elle pose aux côtés d’une bonne soeur, l’actrice américaine née en Italie a écrit : « Karl Lagerfeld s’en prend au mouvement #MeToo : « Si vous ne voulez pas qu’on vous tire la culotte, devenez bonne soeur ». Karl, j’ai vu vos propos dégoûtants hier soir. Je me suis sentie sale. Ce matin, j’ai rencontré soeur Irène et je me suis sentie légère. Je suis certaine que soeur Irène vous pardonnera d’être un dinosaure misogyne mais moi, je pense que vous être une âme méchante, étriquée et noire et je ne vous pardonnerai pas. Vous avez fait tellement d’argent grâce aux complexes des femmes, il est temps pour vous de disparaitre dans le coucher de soleil misogyne ». Un message accompagné du hashtag « Boycott Chanel ».

    « J’en ai ras le bol »

    Dans une interview livrée au magazine de mode Numero le mois dernier, le créateur avait donné son avis sur le mouvement #MeToo : « J’en ai ras le bol. Et puis je ne mange pas de porc. Ce qui me choque, c’est que toutes ces starlettes ont mis vingt ans à se rappeler les événements ».

    Le créateur a surenchéri en expliquant : « J’ai lu quelque part qu’il fallait maintenant demander aux mannequins si elles étaient à l’aise lorsqu’elles posaient. C’est la porte ouverte à toutes les fenêtres : à partir de ce moment-là, en tant que créateur, vous ne faites plus rien ».

    C’est pas que cet ordure de Lagerfeld m’interesse mais je relève ce qu’il dit du "créateur" et de sa nessessité à traiter les models comme du bétail pour faire de lard. Comme si une vrai création devait obigatoirement comporter de la violences misogyne pour avoir de l’interet.
    Lagerfild n’est pas cannibal, il ne mange pas de porc, mais son boulot c’est de nourrir les porcs avec la haine des femmes.

    #violophilie #mode #créateur #grand_homme #misogynie #masculinité #masculinisme #backlash #femmes

  • « Honte à la victime et déshonneur sur la pute »
    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/17/honte-a-la-victime-et-deshonneur-sur-la-pute_1644035

    Pute, menteuse, traîtresse, opportuniste.

    Voilà ce qu’on aura dit de moi et plus encore lorsque, en octobre dernier, j’ai commencé à m’exprimer sur le fait d’avoir été violée en 1997 par Harvey Weinstein. Pour avoir osé dire ma vérité : honte à la victime et déshonneur sur la pute. Depuis lors, chaque jour apporte son lot de menaces et d’intimidations. Et je suis loin d’être la seule.

    Partout, portées par l’ampleur du mouvement #MeToo, les femmes ont eu le courage de partager en public leurs traumatismes les plus intimes et les plus douloureux. En retour, elles ont dû affronter des agressions redoublées concernant leur caractère, leur crédibilité, leur dignité. Six mois après la sortie de l’affaire Weinstein dans les pages du New York Times et du New Yorker, nombreuses sont les personnalités publiques […] à se sentir elles aussi désinhibées et ce, non pour avouer leur lâcheté de spectateurs indécents mais pour ni plus ni moins dénoncer le mouvement #MeToo. Haro sur les survivantes ! Plus nous sommes nombreuses et ferventes, plus violentes sont la fréquence et la férocité des attaques !

    Berlusconi a montré le chemin

    La palme de la brutalité face au déferlement de cette parole féminine revenant à mon pays d’origine : l’Italie.

    Mais le poison se répand partout.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    Pour avoir défendu le droit des femmes en Italie, la Boldrini a subi des intimidations d’une violence extrême. On a brûlé son effigie dans la rue. Le maire de droite d’une petite ville a suggéré sans vergogne qu’elle méritait d’être violée par des migrants. Au cours d’une étape d’un rallye automobile, Matteo Salvini, le leader d’extrême droite de la Ligue du Nord, a osé comparer la députée Boldrini à une poupée gonflable. Et ce diffamateur sans foi ni loi a des chances de devenir un jour Premier ministre. Un autre membre de la Ligue du Nord a purement et simplement appelé à l’élimination physique de la Boldrini. Quant à Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement Cinq Etoiles, n’a-t-il pas simplement demandé à ses deux millions de followers Facebook : que feriez-vous avec la Boldrini dans une voiture ?

    Ambra Battilana Gutierrez est une jeune mannequin courageuse qui a osé tenir tête à deux monstres : Berlusconi et Weinstein. Elle a pu témoigner de ce qu’elle a vu et subi lors des fameuses parties « bunga-bunga » organisées par Berlusconi. Deux ans plus tard, le NYPD lui a demandé de porter un micro lors d’une rencontre avec Harvey Weinstein. Elle a ainsi pu enregistrer les preuves de ce qu’elle a subi en fait de harcèlement, de manipulation et d’intimidation. Le groupe Murdoch a lancé une campagne de calomnie faisant d’elle une pute et une extorqueuse.

    Nous adressons donc une mise en garde aux Américains : ce qui a commencé en Italie se poursuit à présent aux Etats Unis. Une parole publique souillée par le délire malsain des tabloïds. Sexe, mensonge, violence et corruption. Berlusconi suivi de près par Trump et Weinstein. La figure à présent familière de l’homme de pouvoir se servant des femmes pour assouvir ses pulsions sexuelles et regonfler son ego fragile avant de couvrir son crime par l’usage de la corruption, de la menace et de l’intimidation. L’exploitation des femmes étant l’élément central de son cheminement vers le pouvoir. Weinstein a utilisé sa société pour asservir ses proies, Trump a gagné en pouvoir dans le monde des affaires et des médias grâce au concours Miss USA.

    Berlusconi leur a montré le chemin à tous les deux. Il a corrompu son pays, étape par étape, au travers d’un vaste empire médiatique régnant sur trois chaînes de télévision nationales, Mondadori - le plus grand éditeur de livres et de magazines ainsi que d’un quotidien,Il Giornale - et Striscia La Notizia, une émission satirique hebdomadaire sur Canal 5, la plus regardée en Italie depuis les années 80, qui tourne le journal télévisé en dérision et met en scène des filles à moitié nues.

    Avec le temps, cette représentation par la télévision italienne de la femme comme objet sexuel, stupide, muette et soumise s’est généralisée jusqu’à s’insinuer dans l’inconscient national, contaminant la culture et déformant les ambitions des jeunes Italiennes. On leur disait « fais la con, tais-toi, sois sexy, c’est la meilleure manière d’être admirée et de réussir dans la vie ». Un objet de désir sans voix. Si Berlusconi a été capable d’accomplir cela, c’est parce que les femmes étaient déjà considérées comme moins que rien, cantonnées à deux rôles tout au plus : la maman et la putain. L’Italie a longtemps été sexiste jusqu’à l’os : la misogynie y est une loi courante et le féminicide une réalité quotidienne.

    En Italie, toutes les soixante heures, une femme est tuée par un homme. Une femme sur trois a subi des violences sexuelles sous une forme ou une autre au cours de sa vie. Une femme sur trois !

    Jusqu’en 1981, la justice italienne pouvait supprimer des accusations de viol si la victime acceptait d’épouser son violeur.

    On désignait cette pratique épouvantable sous le nom de « mariage réparateur ». Jusqu’à la même année, un mari pouvait tuer sa femme qu’il soupçonnait d’adultère et n’être que faiblement condamné. Jusqu’en 1996, le viol n’était pas considéré comme un crime contre une personne mais une atteinte à la morale publique. […]

    Réfléchissez-y !

    Tout se passe comme si la loi entravait la déclaration et les poursuites. Jusqu’à prétendre qu’il ne s’est rien passé. Une loi écrite par les hommes pour les hommes. Une loi conçue pour protéger les violeurs. Quand je me suis décidée à parler de Weinstein, c’est tout d’abord en Italie que mon récit n’a été ni cru ni accepté. Au lieu de cela, on a souillé ma réputation, déformé mon histoire et dénigré ma crédibilité.

    Quasiment tous les jours, la télévision montrait un panel de gens qui ne me connaissaient pas, que je n’avais jamais rencontrés et qui se sentaient légitimes pour affirmer si oui ou non j’avais été violée. Ils disséquaient mon histoire et ma vie comme autant de détectives d’une scène de crime qui n’existait que dans leur imagination malsaine. Et ces grands détectives de conclure que non seulement j’avais demandé à être violée mais que j’en avais tiré bénéfice. Ce qui m’était arrivé n’était pas un viol mais de la prostitution. A leurs yeux, je ne valais même pas la peine d’être considérée comme victime de ce crime monstrueux. A leurs yeux, je n’étais pas assez bonne pour être violée. Cette déshumanisation impitoyable opérée au travers des médias italiens a répandu l’idée dans toute l’Italie que l’on peut avilir et calomnier en toute impunité.

    Les commentaires parmi les plus cruels et les plus blessants sont venus de certaines de mes connaissances. Catherine Breillat, sans doute la réalisatrice la plus sadique et la plus inhumaine avec laquelle il m’ait été donné de travailler, se déclare féministe mais fait toujours passer son intérêt personnel avant celui des femmes. Dans un entretien récent, elle a déploré la perte d’Harvey Weinstein pour le cinéma européen mais n’a pas eu un mot de soutien pour toutes les femmes qu’il a violées, agressées, harcelées. Au lieu de cela, me prenant en exemple, elle a tenté de salir la crédibilité de tous ceux qui accusent Weinstein.

    Il y a aussi Vincent Gallo, acteur et mannequin. Afin d’assurer la promotion de la collection qu’il promeut, il a exploité les pages du magazine de mode britannique Another Man pour mener une attaque injuste et malveillante contre Rose McGowan et moi-même. (Je ne connais pas Gallo, nous nous sommes vaguement croisés il y a une vingtaine d’années). Il a déshonoré Yves Saint Laurent et le directeur artistique Anthony Vaccarello qui a autorisé son mannequin à vendre des vêtements sur le dos de deux rescapées d’agressions sexuelles. Yves Saint Laurent et Jefferson Hack, l’éditeur de la revue Another Man, se sont couverts de honte en autorisant Gallo à faire cela en leur nom, sans aucune censure, tout en profitant silencieusement de la publicité générée par cette affaire.

    Et ce sont nous les putes !?

    Je ne permettrai pas à ces pyromanes de me dénigrer impunément. Ni moi, ni #MeToo, ni personne. Aucune d’entre nous ne devrait tolérer cela.

    Toutes des Nanine McCool

    Les exemples ne manquent pas et nous devrions toutes rendre hommage à Nanine McCool. Cette femme courageuse s’est levée dans un stade de plus de 10 000 personnes pour tenir la dragée haute à Tony Robbins, gourou autoproclamé et demi-dieu de pacotille [cet auteur de livres de développement personnel a condamné le mouvement #MeToo lors d’un grand show, ndlr.] Cet homme, stéréotype du mâle dominant façon poupée Ken, s’est dressé devant elle de toute sa hauteur tentant d’utiliser sa force physique pour l’intimider, empiéter sur son espace, la déstabiliser. Nanine ne s’est pas démontée et n’a pas reculé. Elle l’a emporté et démasqué ce nabot voulant se faire passer pour un géant. Il n’a exprimé ses regrets qu’après la diffusion d’une vidéo virale (2).

    Nous sommes toutes des Nanine McCool. Je la soutiens, ainsi que tous les survivants. Leur douleur est ma douleur. Leur trauma, mon trauma. Leur voix, ma voix. Mon expérience personnelle et mon chagrin ont fait de moi une militante. Ils m’ont donné une vocation, une mission et un message autrement plus précieux pour le respect de moi-même que n’importe qu’elle carrière dans le cinéma.

    Il y a six mois, le monde a changé. Définitivement. Irrévocablement. L’équilibre des forces a enfin basculé du côté des survivants auxquels on a donné une voix et une estrade pour dire leur vérité au monde. Si nous restons forts, déterminés, vigilants - si nous nous soutenons les uns les autres - les intimidateurs tomberont.

    Ce qui est fait ne peut être défait. Ce qui a été révélé ne peut plus être caché. Ce qui a été dit ne peut plus être tu.

    Pour avoir dit ma vérité aux puissants j’ai été traitée de pute, de menteuse et d’opportuniste. Mais s’il est une chose que je ne ferai plus, qu’aucune d’entre nous ne fera plus : garder le silence.

  • Le sexe des villes
    http://rebeccarmstrong.net/2050-le-podcast-ep-57-le-sexe-des-villes-en-2050-avec-yves-raibaud

    Yves Raibaud est géographe du genre. C’est à Bordeaux que je l’ai rencontré en début d’année. C’est la lecture de son live « La ville faite par et pour les hommes » qui m’a donné envie de partager avec lui une conversation tournée vers 2050… Femmes, villes, pratiques sportives, hommes : une discussion passionnante qui bouleverse notre façon de voir et vivre les villes… A l’heure de la mobilisation post #BalanceTonPorc et #MeToo il est intéressant de regarder les espaces publics et ce qu’ils peuvent générer d’emprise masculine au détriment des femmes. Durée : 46 min. Source : #2050 le podcast

  • Podcast : #MeToo et après ? - ChEEk Magazine
    http://cheekmagazine.fr/societe/podcast-metoo-apres

    Octobre 2017, des actrices américaines s’unissent pour mettre fin à l’omerta protégeant le producteur hollywoodien Harvey Weinstein. En France, l’affaire fait du bruit et une journaliste lance dans la foulée sur Twitter le hashtag #BalanceTonPorc. Les femmes témoignent alors en masse du harcèlement, des agressions sexuelles et des viols dont elles ont été victimes. La libération de la parole est mondiale, le hashtag décliné dans toutes les langues.

    Cinq mois plus tard, que reste-t-il de cette formidable insurrection féminine et féministe ? La fin du patriarcat est-elle proche ? En 2018, les femmes peuvent-elles espérer un monde plus égalitaire ? C’est à ces questions qu’ont répondu nos invitées Bibia Pavard, historienne du féminisme, Marie Kirschen, journaliste à Buzzfeed et Nolwenn Agbovor, avocate spécialisée dans les violences faites aux femmes, lors du talk organisé par Cheek Magazine au Silencio le 23 janvier dernier.

    C’est à (ré)écouter ici :

    https://soundcloud.com/cheekmagazine/cheek-talk-metoo-et-apres

  • Politique : où sont les femmes ?

    Cécile Duflot, Nathalie Kosciusko-Morizet, Najat Vallaud-Belkacem   : plusieurs femmes politiques, qui avaient réussi à compter, ont jeté l’éponge. A l’heure des campagnes #MeToo, comment ne pas y voir un signal d’alerte  ?

    Notre pays exprime chaque jour un peu plus ses colères. Du monde étudiant à celui des cheminots, de Carrefour à Mobipel, le peuple mobilisé a des visages de femmes et d’hommes, reflets de toutes les diversités. Notre époque #MeToo nous rappelle combien les figures populaires ne sont pas que masculines, combien les femmes au XXIe siècle ne sauraient être marginalisées et maltraitées. Dans l’espace politique, qui se doit de donner écho à la réalité populaire, nous constatons que la place des femmes reste subalterne. Leurs combats à travers l’histoire, de la Révolution française à Mai 1968, sont oubliés, comme effacés. Ce décalage constitue une faille démocratique majeure.

    La loi sur la parité a permis l’accès massif de femmes à la vie politique. Et pourtant, nous sommes encore loin, très loin de l’égalité. Un plafond de verre persiste pour les femmes dans cet univers traditionnellement masculin.

    Plusieurs jeunes femmes en politique qui avaient réussi à être visibles, à compter, dans un monde qui ne leur rend pas la tâche facile ont récemment jeté l’éponge. Nathalie Kosciusko-Morizet, Najat Vallaud-Belkacem et Cécile Duflot ont choisi de quitter la politique institutionnelle. Comment ne pas voir un symptôme, un signal d’alerte   ? Chacune a évidemment ses propres raisons et, à l’heure où le non-cumul des mandats dans le temps s’impose comme une idée juste, de nature à vitaliser la politique, les mandats d’élus et de direction de partis qui se suivent et durent une vie entière ne sont sans doute plus d’époque. Mais, devant ces départs féminins en chaîne, de Sandrine Rousseau à Fleur Pellerin, comment ne pas voir la difficulté, la fatigue, la dureté d’être une femme dans un univers façonné par et pour les hommes   ?

    Au XXe siècle, les femmes ont conquis le droit de vote, la possibilité de siéger dans les assemblées et de s’exprimer dans l’espace public. Des suffragettes au mouvement #MeToo, des vagues successives portent l’exigence d’égalité, en politique comme dans l’ensemble de la société. Mais voilà   : on ne se débarrasse pas comme ça de mécanismes sexistes si profondément ancrés. Les résistances sont tenaces. Le monde politique a ses codes, ses formes, ses rythmes, ses habitudes qui empêchent, en ce début de XXIe siècle, un exercice à égalité des responsabilités politiques. Notre société s’accorde aujourd’hui autour de l’idée qu’il faudrait une mixité réelle dans la vie publique. C’est un progrès, une conquête. Mais l’idée se heurte au mur du réel, celui des freins matériels et symboliques à l’ascension des femmes en politique comme à leur épanouissement dans ce cadre. Le Président, le Premier ministre, les chefs des grands partis (songeons qu’aucune femme n’a pu être candidate au poste de secrétaire national du PS et de l’UMP  !), le président de l’Assemblée nationale, celui du Sénat, celui de l’association des maires de France… Bref, foin de parité, le masculin s’impose partout, surtout au sommet, là où se jouent les grandes décisions. Les hommes politiques occupent la place, y compris médiatiquement. Il n’y a qu’à regarder les invités de la semaine dans le journal le dimanche pour voir que dans les grandes émissions politiques, les femmes sont l’exception qui confirme la règle masculine.

    Les entraves viennent de loin. Commençons par la temporalité. Le rythme de la vie poli­tique, très chronophage, s’est installé loin de toute prise en compte de la part dite privée de nos vies. Et pour cause  : le modèle fut longtemps simple (et il continue en partie de fonctionner). Les hommes politiques délaissaient aux femmes le soin de s’occuper mentalement et concrètement de tout ce qui relève de la vie domestique et parentale pour s’adonner à toutes les joies et contraintes de la vie politique. Dès lors que les femmes entrent en scène publique – politique mais plus globalement professionnelle – la répartition aurait dû s’en trouver repensée mais la société n’a pas anticipé les réponses à ce nouveau défi. Le rythme politique semble être resté immuable, dans ses horaires, comme dans ses codes. Le présentéisme est toujours une clé déterminante pour gravir les échelons, et les femmes sont socialement lésées dans cet exercice qui n’est pas toujours d’impérieuse nécessité mais qui reste décisif pour être reconnue et progresser. La réduction du temps de travail et le partage des tâches de la maison ne se sont pas imposés comme des objectifs décisifs pour parvenir à l’égalité. D’ailleurs, ce n’est même pas un sujet poli­tique de premier plan.

    Les entraves pour les femmes en politique ­relèvent également des représentations. Masculin et féminin, voici deux catégories aux histoires et attributs distincts et hiérarchisés. Les femmes peinent à être reconnues et à se sentir légitimes dans un univers qui leur a été si longtemps interdit. Elles doutent, travaillent deux fois plus, hésitent à s’exposer. L’ambition leur est souvent reprochée quand elle paraît naturelle pour les hommes. Les commentaires sur leur tenue, leur posture sont souvent sexistes, blessants, usants. Se pose inlassablement la question de leur style. Faut-il épouser les normes masculines ou rester féminine dans un monde qui valorise le masculin  ? Comment inventer un nouveau genre  ? Pas simple. Les problèmes de gestuelle ou de voix sont récurrents pour les femmes. La façon d’exprimer la politique s’est façonnée à partir de corps d’hommes, de postures viriles, de micros calés sur des voix masculines. La parole légitime en politique a un ton et un visage quasi exclusivement masculin.

    Autre réalité, dans les réunions et dans le ­débat public, les femmes prennent infiniment moins la parole que les hommes. Parce qu’elles y sont minoritaires mais aussi parce qu’elles sont moins écoutées et que leur éducation leur a enseigné que leur avis comptait moins. Le fond sonore monte bien souvent dès lors qu’une femme prend la parole dans une réunion, une assemblée. Dans les cadres informels où se joue aussi la vie politique, les hommes ont pris l’habitude d’être des interlocuteurs mutuels. La stratégie, même entre deux portes ou autour d’un café, reste principalement une affaire d’hommes. Quand une femme participe, elle lutte pour faire valoir sa légitimité, peinant parfois à trouver un regard et une attention au point d’avoir l’impression d’être invisible. Comme si les hommes ne savaient pas quoi faire de ces femmes qui pénètrent leur espace. La force de l’habitude, celle d’un entre-soi cultivé pendant tant de siècles. Les hommes s’appellent, les femmes apparaissent souvent contingentes. Sauf au moment de la photo où de nouveaux réflexes ­imposent de se dire – et encore, pas toujours – qu’il faut des femmes.

    Nous caricaturons  ? Même pas. De nombreuses femmes craquent, même si souvent elles se plaignent à bas bruit. Car il est de bon ton de ne pas râler. Pour tenir. En silence, estiment la majorité des femmes en politique, car il est bien vu de savoir mettre ses éventuelles remarques de nature féministe sous le boisseau, tant elles agacent. Certaines se disent qu’il vaut mieux minauder ou faire preuve de patience, c’est plus payant. Le caractère viril de la politique a aussi ses formes violentes dans lesquelles les femmes ne se sentent pas toujours à l’aise pour évoluer dans l’arène. ­Elles espèrent qu’en prenant de biais, ça ira. Le résultat est pour l’instant peu probant… En rabattre sans cesse abîme l’estime de soi et suppose beaucoup d’énergie. Combien, ­au-delà des figures visibles, décident finalement d’abandonner ?

    Notre conviction est que pour tenir et gagner notre juste place collective, nous devons parler, nous parler. La sororité est, ici comme ailleurs, un ressort pour que l’égalité progresse. Ensemble, et avec les hommes qui y sont prêts – et il y en a ! – il nous faut inventer des façons nouvelles de faire de la politique. Il n’est par ailleurs plus possible pour des hommes qui se disent féministes d’accepter de perpétuer cette situation. La vie publique, minée par l’entre-soi masculin, a besoin de ce nouveau souffle pour se régénérer. C’est urgent.

    Par Clémentine Autain Députée, groupe La France insoumise (LFI) Emmanuelle Becker Conseillère de Paris, groupe communiste Elsa Faucillon Députée, groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR) Sarah Legrain Secrétaire nationale du Parti de gauche (PG) aux relations unitaires Myriam Martin Conseillère régionale, Ensemble Insoumis Corinne Morel-Darleux Conseillère régionale, LFI Mathilde Panot Députée groupe LFI Barbara Romagnan Génération.s Sandra Regol Porte-parole et secrétaire nationale adjointe Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) Danielle Simonnet Conseillère de Paris, LFI Laura Slimani Conseillère municipale à Rouen, Génération.s et Marie Toussaint Déléguée à l’Europe, EE-LV.

  • Luttes minoritaires, récits majoritaires
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/080418/luttes-minoritaires-recits-majoritaires

    Dans la foulée du mouvement #MeToo, paraît ce printemps une effervescence de romans dévolus au « female power » : Sleeping Beauties, de Stephen et Owen King, Le Pouvoir, de Naomi Alderman, Serial Killeuse, de C. J. Skuse. Ces livres militent pour arracher les femmes à leur statut minoritaire, mais ils empruntent les voies balisées des fictions majoritaires.

    #Culture-Idées #Stephen_King ;_Naomi_Alderman ;_Roxane_Gay ;_Rebecca_Solnit

  • Me #Catharine_A._MacKinnon applaudit le mouvement #MeToo (2 articles)
    https://tradfem.wordpress.com/2018/03/23/en-exclusivite-me-catharine-a-mackinnon-applaudit-le-mouvement-me

    Le fait que des voix des femmes témoignant d’agressions sexuelles soient entendues, crues et prises en compte au moyen de mesures concrètes constitue un véritable changement.

    La responsabilité du harcèlement sexuel que l’on voit instituée aujourd’hui, sous l’appellation de « conformité volontaire » dans le champ juridique de la discrimination, est surtout apparue sous la pression des médias grand public et sociaux, plutôt que grâce à des recours judiciaires. Mais ne vous y méprenez pas. Si le harcèlement sexuel n’avait pas été reconnu il y a des décennies comme motif de grief pour discrimination sexuelle, on ne verrait pas aujourd’hui des hommes puissants et célébrés perdre des emplois lucratifs, des postes politiques et universitaires, des contrats et leur réputation.

    Transformer un privilège du pouvoir en une disgrâce si méprisable qu’on voit même beaucoup d’hommes blancs de la classe supérieure ne plus pouvoir se permettre d’y être associés a exigé des décennies de risques, de sanctions et d’efforts, y compris des efforts juridiques.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.theguardian.com/commentisfree/2017/dec/23/how-litigation-laid-the-ground-for-accountability-after-metoo
    et
    https://mobile.nytimes.com/2018/02/04/opinion/metoo-law-legal-system.html?action=click&module=Opinion&pgtype=Homep

    #MeToo #harcèlement_sexuel #pouvoir #justice #violences_masculines

  • La dette n’est pas qu’un instrument financier, elle est aussi un instrument genré
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2018/03/16/journee-internationale-des-droits-des-femmes-l

    Partout où sont appliquées au nom de la #dette les politiques d’ajustement structurels et l’austérité, elles entravent l’émancipation des #femmes et détruisent les conquêtes féministes. De fait, les femmes sont les véritables créancières au niveau national et international.

    Le hashtag #MeToo ne doit pas faire oublier que la lutte pour les droits des femmes commence au niveau des #discriminations accrues qu’elles subissent au nom de dettes illégitimes, publiques et privées.

    En effet, loin de s’attaquer à l’évitement et l’exonération d’impôts et à la fraude fiscale, véritables responsables des déficits publics, les plans d’austérité au Nord et les plans d’ajustement structurel au Sud appauvrissent les populations du monde entier. Privatisations, libéralisations et restrictions budgétaires sabrant les droits sociaux sont proposées comme seules solutions à la crise et touchent directement les populations les plus fragilisées et les plus précaires. Parmi elles, une majorité de femmes.

    Mères célibataires, femmes jeunes, âgées, migrantes, rurales … subissent une #pauvreté accentuée par l’austérité, qui durcit et aggrave les #inégalités entre les sexes et sape les conquêtes féministes1. En France par exemple, les femmes sont les premières concernées par la pauvreté. Elles représentent 57% des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA), 82% des emplois à temps partiel, 70% des travailleurs pauvres (vivant en dessous du seuil de pauvreté)2.

    Pour contrebalancer et déconstruire l’argument de la dette publique, qui serait provoquée par un excès supposé de protection sociale, en Europe comme ailleurs, le CADTM met en avant le concept de dette sociale. Il se réfère au droit fondamental à une protection sociale de qualité, reconnu par le droit international. Sous cet angle, les femmes se retrouvent tout à coup en créancières d’une dette sociale de l’État envers elles.

    Parmi les propositions du CADTM, la constitution des citoyen.ne.s en audits citoyens de la dette permettrait de mettre en valeur cette dette sociale et de démontrer avec des chiffres que la dette publique n’est pas une maladie honteuse de pays trop dépensiers mais le résultat de politiques délibérées et injustes.

  • Five Women
    https://www.thisamericanlife.org/640/five-women

    A different kind of #MeToo story, about several women who worked for the same man. They tell us not only about their troubling encounters with him, but also about their lives beforehand. Who were they when they entered the workplace, and how did their personal histories shape the way they dealt with his harassment?

    Chana Joffe-Walt, the author, was interviewed on the longform podcast last week: https://longform.org/posts/longform-podcast-285-chana-joffe-walt

    I felt like there was more to learn from these stories, more than just which men are bad and shouldn’t have the Netflix special that they wanted to have. And I was interested, also, in that there were groups of women, and that somehow, in having a group of women, you would have variation of experience. There could be a unifying person who they all experienced, but they would inevitably experience that person differently. And that would raise the question of: Why? And I feel like there is this response: ‘Why did she stay?’ Or: ‘Why didn’t she say fuck you?’ Or: ‘I wouldn’t have been upset by that. I wouldn’t have been offended by that thing.’ Which I feel like is a natural response, but also has a lack of curiosity. There are actual answers to those questions that are interesting.

    Liliana Segura, another former alternet reporter was recently on longform and talked about her time there as well:
    https://longform.org/posts/longform-podcast-280-liliana-segura

    #podcast

  • Après #MeToo : une autocritique du mâle | Les couilles sur la table
    https://www.binge.audio/apres-metoo-une-autocritique-du-male

    Qu’est-ce que le système mis en place par le prédateur sexuel Harvey Weinstein nous raconte plus largement sur les rapports hommes-femmes aujourd’hui ? Et maintenant que plus personne ne peut faire semblant d’ignorer l’ampleur des violences sexuelles infligées aux femmes, que peuvent faire les hommes ? Le sociologue et philosophe Raphaël Liogier tente une réponse introspective dans son essai « Descente au coeur du mâle » (Les Liens Qui Libèrent). Dans cet épisode, il est question de capitalisme sexuel, de désir, d’excision symbolique, de complexe de castration et de l’impuissance de la virilité. Durée : 40 min. Source : Binge (...)

    http://www.podtrac.com/pts/redirect.mp3/feeds.soundcloud.com/stream/413990226-lescouilles-podcast-apres-metoo-une-autocritique-du-male.mp3

    • pas fan du tout du type qui intervient (je trouve sa position pateline, souvent douteuse, pas franchement si claire - dans les moments où il coupe la parole à son interlocutrice, c’est toujours dans des moments de faillite possible de ses positions, positions assez ambiguës souvent - il me faudrait du temps pour décortiquer tout ce qui m’y gêne et hélas je l’ai pas vraiment, là), mais je découvre par ce lien le podcast, dont j’écoute pas à pas toutes les capsules, et c’est franchement chouette. Bref, ça vaut le coup d’y passer du temps.

    • À la fin du XIXe siècle, en France, se sont déroulées des grèves pour la dignité. Des ouvrières se mettaient en grève pour dénoncer le harcèlement sexuel de certains chefs d’atelier. Vous en avez entendu parler ?
      Un des contre-maîtres était réputé pour « faire passer les femmes par un petit couloir, et puis… »

      Ce mouvement a connu son apogée en 1905 à Limoges. La plus importante usine de porcelaine appartenait à un certain Haviland. Elle employait 5.740 hommes, 2.400 femmes et 1.528 enfants (et oui, parce que sans le travail des enfants, l’économie s’effondrerait, disait-on...). Penaud, un des contre-maîtres, était réputé pour « faire passer les femmes par un petit couloir, et puis… » Celles qui refusaient de coucher étaient virées.

      Quand on voit comment sont traitées actuellement les femmes qui portent plainte pour viol contre un homme plus puissant qu’elles, on imagine bien qu’en 1905, ça devait être coton.

      La chambre syndicale de la céramique est saisie de plusieurs plaintes. Il ne se passe rien. Pour Haviland, on remet en cause sa liberté de patron de choisir ses collaborateurs.

      Parmi les ouvriers et les ouvrières, la pression monte. Une grève est lancée avec le soutien financier du syndicat. La revendication : soit le départ de Penaud, soit sa rétrogradation au statut de simple ouvrier.

      Mais Penaud, en accord avec Haviland, explique que vu de la nature des faits qui lui sont reprochés, il en va de son honneur de ne pas démissionner. Les politiques minimisent cette grève sans revendication sérieuse (c’est-à-dire salariale). Pour eux, ce sont de simples problèmes de mœurs et de susceptibilité. D’autres usines rejoignent le mouvement, on occupe, on manifeste. L’armée est envoyée sur place (toujours un grand signe d’apaisement ça !). Il y a des affrontements, une bombe explose.

      Des « émeutiers » sont arrêtés, leurs collègues défoncent l’entrée de la prison pour les libérer. La cavalerie intervient et tire sur la foule. Un ouvrier de 19 ans est tué. Le 24 avril, Haviland finit par céder et Penaud est viré.
      La dénonciation des violences n’est pas l’apanage d’une classe sociale qui serait plus « éclairée »

      Pourquoi je vous parle de ça ? D’abord parce que je suis sans cesse étonnée par notre/ma méconnaissance de notre histoire. Comme pour les femmes artistes invisibilisées, on pouvait penser que la condition de ces ouvrières les empêcherait de parler de ces problèmes. Eh bien pas du tout : elles ont fait grève, elles ont manifesté contre ces agressions sexuelles.

      Mais ce qui m’intéresse encore plus, c’est que cela nous montre clairement que la dénonciation des violences n’est pas l’apanage d’une classe sociale qui serait plus « éclairée » ou en avance. Pas du tout, mais alors vraiment pas. En matière de lutte concrète contre les violences faites aux femmes, les ouvrières ont été en avance sur les femmes bourgeoises. Et puis, je reste songeuse devant l’élan de la grève. Est-ce qu’on imaginerait de nos jours une grève lancée pour ces sujets ?

      Évidemment, l’ampleur de la mobilisation de 1905 s’explique parce qu’elle touchait la dignité d’une classe sociale qui se sentait déjà exploitée. Ce sont donc les ouvriers qui sont descendus dans la rue avec les ouvrières, pas les épouses des patrons. La conscience de classe l’emportait sur la conscience de genre, et cette conscience de classe était extrêmement forte. Simone de Beauvoir s’est d’ailleurs longtemps demandé comment le féminisme pouvait dépasser les clivages sociaux, comment faire pour que les femmes se sentent dans une situation commune malgré toutes leurs différences.
      Les violences contre les femmes concernent tous les milieux

      Au moment de #MeToo, les femmes qui travaillaient dans l’entreprise de nettoyage des trains de gare du Nord avaient depuis déjà longtemps saisi les prud’hommes pour harcèlement. Elles ne nous ont pas attendu/es.

      C’est également une femme qui travaillait comme agent de ménage qui a porté plainte contre Dominique Strauss-Kahn. Alors bien sûr, on peut se dire que c’est parce qu’elles sont perçues comme plus faibles qu’elles seraient davantage harcelées. Mais on peut aussi penser que dans les classes sociales « élevées », on s’est plus longtemps accommodés de ce harcèlement, précisément parce que l’appartenance de classe était plus forte et/ou qu’on avait davantage à perdre.

      Il faut donc s’abstenir d’adopter un ton… maternaliste (au sens de paternaliste). Et c’est pourtant ce que j’entends souvent. Par exemple, Emmanuelle Devos interrogée sur France Inter avait affirmé qu’elle n’avait jamais entendu parler de harcèlement parmi les actrices françaises, oulala, pas du tout, mais qu’elle était là pour soutenir les plus faibles, les maquilleuses et les coiffeuses. La solidarité, c’est bien, mais il y avait quelque chose dans le ton qui me dérangeait, qui laissait entendre que c’était le problème de ces pauvres femmes sans défense.

      Les violences contre les femmes concernent tous les milieux. Et les femmes des milieux populaires sont celles qui nous ont ouvert la voie.

  • Réjane Sénac : « L’Egalité Est Hors De Prix Ou N’Est Pas » (Forbes France)
    https://www.forbes.fr/femmes-at-forbes/rejane-senac-legalite-est-hors-de-prix-ou-nest-pas

    Les campagnes #Metoo et #BalanceTonPorc rendent visibles à la fois l’ampleur des violences et leur impunité sociale, mais aussi juridique, les dépôts de plainte ayant augmenté de 30% les mois suivants ces campagnes. Les condamnations juridiques sont essentielles car en sanctionnant les comportements et actes violents, elles ont à la fois un rôle réparateur pour les victimes et pédagogique pour tou.te.s. Or, comme le soulignent en particulier les travaux du HCEfh, en France, parmi les dizaines de milliers de femmes victimes de viol tous les ans, environ une sur 10 porte plainte et seule une plainte sur dix aboutit à une condamnation.

    Les deux démarches sont liées et complémentaires. Si j’ai choisi de m’exprimer avec #MeToo, c’est parce qu’il me semble dire plus explicitement la dimension politique du vécu à la fois intime et partagé des violences sexuelles. S’inscrire dans le collectif de celles qui subissent ces violences, ce n’est pas se “victimiser”, mais c’est dénoncer un système de domination et ses conséquences. Au-delà des auteurs de ces violences, il s’agit de « balancer » une société de domination et d’interroger les conditions à mettre en place pour créer une société d’éga.ux.les. Ce partage de témoignages crée, au-delà de leurs particularités, une sororité dans l’adversité, une dénonciation collective d’une biopolitique de la domination.

    Conscients des enjeux politiques de ce moment, certains hommes ont exprimé leur solidarité en rédigeant des tribunes et en participant à des rassemblements. Le dépassement de la normalisation des violences envers les femmes ne pourra se faire qu’avec eux, mais à condition qu’ils ne tombent pas dans le piège de la confiscation de la parole légitime en reproduisant une posture paternaliste même bienveillante.

    L’enjeu est de le faire de manière à ce que les assignations et les stéréotypes inclus dans ces catégories soient ainsi déconstruits et non respectabilisés et modernisés. C’est à cette condition que la mise en place de mesures d’action positive, quel que soit le secteur de politique publique (des « réseaux d’éducation prioritaires plus » dans l’éducation aux lois instaurant un quota pour partager les postes à responsabilité), participera à la déconstruction de l’ordre inégalitaire. Les principes de justification de ces mesures sont déterminants car si ces mesures sont appliquées au nom de la performance de la mixité, et non de la remise en cause des différenciations jugées illégitimes, elles contribueront à renaturaliser les hiérarchies sociales et politiques dans une inclusion sous conditions.

    #sexisme #féminisme #plafond_de_verre #mansplaining #égalité

    • Ainsi, au niveau macroéconomique, des travaux ont montré que la discrimination salariale à l’encontre des femmes accroît l’attractivité de certains pays en termes d’investissements directs étrangers et donc leur dynamisme économique. L’économiste Stéphanie Seguino[7] souligne que dans les pays semi-industrialisés ayant des économies ouvertes et fortement imbriquées dans la globalisation (Thaïlande, Taiwan par exemple…), la discrimination salariale stimule la croissance économique. En effet, les écarts de salaire femmes-hommes y sont supérieurs aux écarts de productivité ente les sexes, ce qui rend ces pays attractifs aux investissements étrangers. Le moindre coût du travail des femmes constitue alors une source de profit. Ainsi, l’argument prétendument pragmatique de l’investissement social dans l’égalité la met en danger en la conditionnant à la démonstration de sa rentabilité.