• « Vous connaissez Michéa ? » : quelques rappels fondamentaux à propos de l’idéologie du site Ragemag – Ragemag Episode 1- Lignes de Crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/vous-connaissez-michea-quelques-rappels-fondamentaux-a-propos-de-l

    À la veille d’une élection présidentielle marquée par l’affirmation de thématiques électorales issues de la droite identitaire, l’antifascisme en France ne peut plus se contenter de réagir par-à-coups, tant les déclarations nauséabondes et les actes violents se multiplient. Pour comprendre comment nous en (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Impasse Michéa
    http://www.contretemps.eu/lordon-impasse-michea

    Alors que la violence croissante des politiques néolibérales et le danger que fait peser l’extrême droite rendent urgentes des clarifications politiques et stratégiques, l’oeuvre de Jean-Claude Michéa s’est imposée au fil des années comme un accélérateur de confusions.

    Nul hasard si Michéa est loué par Le Figaro, qui vient d’ailleurs de lui accorder un « grand entretien », Valeurs actuelles ou des éditorialistes néo-conservatrices telles que Natacha Polony ou Eugénie Bastié, tant il travaille depuis des années à orienter l’aspiration anticapitaliste vers l’impasse d’un pseudo-anarchisme vraiment conservateur. Dans cet article paru en juillet/août 2013 dans la Revue des livres, Frédéric Lordon pointe les contradictions au cœur de l’oeuvre de Michéa et l’incapacité de celui-ci à dessiner une quelconque alternative à la décomposition capitaliste en cours...

    #Diaporama #Stratégie #anticapitalisme #Bourdieu #capital #capitalisme #classes_populaires #gauche #Lordon #peuple #Michéa

    http://zinc.mondediplo.net/messages/49301 via Contretemps

  • "La gauche contre le peuple ?"

    Les matins de France Culture. Entretien avec le philosophe #Jean-Claude_Michéa.

    Ne se définissant pas comme conservateur mais reconnaît qu’ « Il y a un moment conservateur dans la critique socialiste du capitalisme ». Il fait la distinction entre la gauche et le socialisme. La gauche ayant les mêmes aspirations que les libéraux ; la disparition du « vieux monde ».

    https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/la-gauche-contre-le-peuple

    https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins-2eme-partie/la-gauche-contre-le-peuple-2eme-partie

    "Notre ennemi, le capital"
    Climats, 2017 Jean-Claude #Michéa

    Le philosophe critique la gauche libérale, son égoïsme et son individualisme. Il explique comment elle manipule la population et analyse les propositions de nouveaux mouvements politiques pour revenir vers un monde décent.

    Si l’on veut réellement rassembler la grande majorité des classes populaires autour d’un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste (et non pas simplement accroître ses privilèges électoraux), il faut impérativement commencer par remettre en question ce vieux système de clivages fondé sur la « confiance aveugle dans l’idée de progrès », dont les présupposés philosophiques de plus en plus paralysants (du type « parti de demain » – celui de la Silicon Valley – contre « parti d’hier » – celui de l’agriculture paysanne ou de la culture du livre ) ne cessent d’offrir depuis plus de trente ans à la gauche européenne le moyen idéal de dissimuler sa réconciliation totale avec le capitalisme sous les dehors beaucoup plus séduisants d’une lutte « citoyenne » permanente contre toutes les idées « réactionnaires » et « passéistes ».

    Jean-Claude Michéa est l’auteur de nombreux ouvrages, tous publiés chez Climats, parmi lesquels : L’Enseignement de l’ignorance, Impasse Adam Smith, L’Empire du moindre mal, Orwell anarchiste tory, Le Complexe d’Orphée, Les Mystères de la Gauche, et, avec Jacques Julliard, La Gauche et le Peuple.

    #Orwell #George_Orwell #Populisme #Populisme_Russe #Libéralisme #Gauche #Rose_Luxembourg #progressisme #lutte_des_classes #élection #macron

    • Utilisation de sa pensée par l’extrême droite
      Après La Double Pensée, Michéa se répète et exprime une aigreur toujours plus vive à l’égard de la gauche. Sa critique de la modernité, si elle est, à certains égards, perspicace, finit par atteindre ses limites politiques. Car il y a bien un moment où Michéa doit servir politiquement. Il s’est exprimé dans diverses tribunes libertaires ou décroissantes. Mais c’est plutôt dans les milieux nationalistes ou conservateurs qu’il intéresse. Outre le nationalisme de gauche version Mélenchon, ce sont quasiment l’ensemble des courants d’extrême droite qui le trouve utile. Forcément, à force de taper sans fin sur la gauche, on finit par intéresser la droite. C’est très grossièrement ce que les critiques de Michéa pensent. Luc Boltanski, Serge Halimi, Frédéric Lordon, Philippe Corcuff, Max Vincent ou Anselm Jappe à des degrés divers estiment que sa critique du progrès est réactionnaire. En réponse à Philippe Corcuff, Michéa affirme que peu importe ce à quoi servent ses idées du moment qu’elles sont vraies.
      Dans une interview à Marianne, il répond sur cette utilisation par l’extrême droite. Et, au fond, on a presque l’impression qu’il se réjouit que sa pensée circule dans les caniveaux néofascistes. Bien sûr, on sent confusément que ce n’est pas ce combat-là qu’il veut servir. Mais, après tout, ce n’est pas grave si l’extrême droite est l’antithèse absolue de toute émancipation. Pas grave puisqu’elle aussi prétend vouloir combattre le capitalisme et qu’elle produit même des analyses « lucides » qui ont toutefois l’inconvénient d’être ambiguës et antisémites… Or, si l’extrême droite utilise cette rhétorique anticapitaliste, en puisant notamment chez Michéa, c’est par ce qu’elle veut le pouvoir. L’extrême droite a besoin des masses pour accéder à l’État. Pour cela, elle doit utiliser un discours vaguement anticapitaliste. Michéa constitue un penseur de choix pour ce faire, car il cible quasi exclusivement et outrancièrement la gauche sans démonter franchement l’extrême droite. C’est donc en partie parce que son discours n’est pas juste qu’il est récupéré.
      C’est de sa responsabilité de ne pas analyser clairement cette utilisation par les nationalistes de droite ou de gauche. Clairement parce que Michéa aime parler et écrire tout en circonvolutions à la manière d’un prof faisant d’interminables digressions pour placer telle ou telle référence. C’est intéressant, mais il ne condamne pas un instant sa récupération. Il préfère cibler seul le capitalisme. Or, si le patriotisme se médiatise comme l’unique solution au libéralisme, c’est que le capital a toujours su habilement jouer avec lui. Inciter les dominés à s’opposer en fonction de leurs origines dissout la lutte de classes, sert la bourgeoisie et l’État. Le libéralisme provoque le repli identitaire, il se crée ainsi un bien utile faux ennemi. Évidemment, l’antifascisme ne mène à rien tant que l’on ne propose pas d’alternative radicale au capital et à l’État ce que font les anarchistes. Mais cela n’enlève aucune responsabilité à l’extrême droite en elle-même.
      Orwell savait sublimer sa pensée en des romans qui s’adressaient à tous. Il a combattu physiquement le fascisme en Espagne. Il s’est intéressé de très près aux marginaux. Il ne se gargarisait pas de citations de Marx ou d’Engels. Il s’est refusé à toute récupération de droite lorsqu’il dénonçait les crimes staliniens. Il s’est toujours placé à gauche. Ce n’est pas le cas de Michéa, dont l’expression tourne en rond et dont on s’interroge sur les actes. C’est toujours moins inquiétant, dit-il, d’être utilisé par le FN que par le Medef. Pas certain que préférer la peste au choléra relève du plus grand discernement intellectuel et combatif.

      Alexis
      Groupe George-Orwell de la Fédération anarchiste

    • @marielle
      Ca me fait un peu sourire « elle est, à certains égards, perspicace, finit par atteindre ses limites politiques ». C’est perspicace c’est pour ça qu’on le lit. Non ?
      Je suis pas là pour défendre tout ce que dit Michéa, il aime le foot « populaire » par exemple. Quand je lit Proudhon je ne valide pas ses thèse sexiste..

      1) L’extrême droite utilise tout. Nos erreurs d’avantage que nos textes clairvoyants. Désolé de le dire, c’est un procédé malhonnête. Marine Le Pen cite Jaurès, donc Jaurès est fasciste.

      2) « Dans une interview à Marianne, il répond sur cette utilisation par l’extrême droite 12. Et, au fond, on a presque l’impression qu’il se réjouit que sa pensée circule dans les caniveaux néofascistes. »
      (12) L’article est là :
      http://www.marianne.net/Michea-face-a-la-strategie-Godwin_a234731.html

      Je suis encore étonné de la réception de ce texte chez mes amis. Michéa ne déclare pas dans ce texte qu’il est de gauche ou antifa cela viendrai à dire l’inverse de ce qu’il dit tout le temps.

      Je comprens en gros « parmi ce qui me cite : »

      "Il y a :
      1) Les menteurs qui sont néo-conservateur et libéraux
      2) L’extrême droite plus dure et plus ancienne qui a une culture anticapitaliste

      Mais que cette droite puisse me citer aux côtés de ces grandes figures de la tradition radicale n’a donc, en soi, rien d’illogique.

      « rien d’illogique », c’est pas ce que j’appelle se réjouir.

      Et il les démolie de suite :

      J’entends à la fois les ultras qui rêvaient de restaurer l’Ancien Régime et les partisans de ce « socialisme national » - né des effets croisés de la défaite de Sedan et de l’écrasement de la Commune - qui, dès qu’il rencontre les conditions historiques de ce que George Mosse nommait la « brutalisation », risque toujours de basculer dans le « national-socialisme » et le « fascisme ». Or, ici, l’horreur absolue que doivent susciter les crimes abominables accomplis au nom de ces deux dernières doctrines a conduit à oublier un fait majeur de l’histoire des idées.

      Mais la question que je me pose c’est sommes nous capable de dépasser des clivages en creux (des anti-) et se questionner sur se que l’on veux. Douter de nos propres appuis (se remettre en question) c’est le propre d’une penser constructive.

  • Idéologues et militants du social chauvinisme
    http://mondialisme.org/spip.php?article2320

    Idéologues et militants du #social-chauvinisme :
    de #Jean-Claude_Michéa au #Parti_de_Gauche,
    de #Marianne à #ATTAC, de #Politis au #PRCF,
    de #Frédéric_Lordon au #Monde_diplomatique ,
    d’#Emmanuel_Todd au #MPEP et au #PCF...

    PRESENTATION : Le « social-chauvinisme » est une vieille expression polémique utilisée durant la Première Guerre mondiale par les socialistes marxistes internationalistes (Lénine, Luxembourg, etc.) pour dénoncer les sociaux-démocrates qui soutenaient leurs bourgeoisies nationales respectives en usant d’une phraséologie pseudo-radicale… Aujourd’hui on retrouve le même type d’arguments sociaux-patriotes chez

    – des intellectuels (Todd, Lordon, Michéa, Ariès , les équipes du « Monde diplomatique » et de « Politis », à gauche mais aussi les mêmes arguments nationalistes chez des républicains de droite, Taguieff, Finkielkraut, etc.)

    – et des organisations (ATTAC, PCF, Parti de Gauche, MPEP, etc.).

    Les membres de cette mouvance :

    – critiquent « l’oligarchie » (vieux concept d’extrême droite), la dictature de la finance et la Bourse (idem) ;

    – ils prônent un capitalisme industriel, productif, national et un Etat fort menant une politique keynésienne d’indépendance nationale, sans oublier, bien sûr, la défense des PME « bien de chez nous ».

    Pour ce faire, ils s’affublent d’un masque critique, anticapitaliste ou altermondialiste, toujours chauvin.

    Démystifier ces discours et ces organisations est essentiel dans une période où la compétition économique entre les Etats européens ne fait qu’attiser les régionalismes, les nationalismes, et la xénophobie sous toutes ses formes.

    Télécharger le PDF : http://mondialisme.org/IMG/pdf/ideI_ologues_et_militants_du_social_chauvinisme-2.pdf

    Une première version de ce texte a été diffusée sous forme de brochure aux #Journées_iconoclastes de Toulouse, organisées par la #CNT-AIT les 29, 30 et 31 mai 2015, et a servi de base à une intervention orale évidemment plus brève ! Cette seconde version est plus longue ; de nombreuses citations y ont été ajoutées afin d’illustrer certaines affirmations du texte initial et aussi de tenir compte des discussions et critiques qui ont suivi l’exposé. Un grand merci aux camarades de la CNT-AIT et à l’équipe d’animation du squat de #La_Chapelle pour leur accueil chaleureux !

    Lire aussi l’article paru dans dans @anarchosyndicalisme ! n°145 :
    http://seenthis.net/messages/385722

    • J’adore les arguties fumeuses des faux-zintellos qui nient la réalité : l’ « oligarchie, un concept d’extrême-droite ». Ben voyons. Il suffit pourtant de prendre n’importe quel dictionnaire pour trouver une définition de l’oligarchie (qui remonte au minimum à la république romaine). Même que Bertrand Badie de Sciences-po utilise ce concept. Si, si.

      C’est typiquement ce genre d’article de bien-pensance qui empêche de penser et de mobiliser des idées efficaces face à cette mondialisation ultralibérale. Article d’idiots utiles. Ou de salauds à la solde. Au passage, je suis étonné qu’ils n’aient pas vomi sur Alain Soral...

      L’oligarchie est pourtant le problème n°1 de la société actuelle, avec la concentration économique. Sans compter la journaloperie de la presse mainstream. Les éditocrates (de Rioufol à Leparmentier en passant par Quatremer et Joffrin) éructent dans tous leurs torchons exactement la même sous-pensée formatée.

      Bien sûr qu’il faut renverser cette oligarchie. On pourrait les cueillir presque tous en une seule fournée le soir du dîner de cons mensuel du Siècle. Avec des camions Molotova qui cerneraient les rues alentour.

      A oui, avec ce que je viens de dire : il manque aussi un petit couplet des pseudo-zinellectuel contre le « conspirationnisme »... C’est très à la mode en ce moment chez la crasse parisienne qui se prend pour l’élite de la nation « alors qu’ils n’en sont que la merde », comme disait Lénine.

    • Voici l’extrait où il est question du concept d’#oligarchie et de la critique de ses usages de l’extrème gauche à l’extrème droite, ce qui réjouira @rodolphe puisqu’il y est question d’#Alain_Soral, mais pas de conspirationnisme, désolé !

      Parmi les "dix points politiques communs entre les social-chauvins" :

      9) La dénonciation des « grandes féodalités économiques et financières » qui contrôlent l’économie » (programme du CNR), d’une prétendue « oligarchie », des « élites nomades », des « élites mondialisées », des « élites déterritorialisées », d’une « hyperclasse des banques et des multinationales », ou des 1% (ce dernier thème est repris par Todd) qui exploiteraient les « 99% » de la population.

      Ce que Mélenchon résume en déclarant : « Il y a l’oligarchie d’un côté et le peuple de l’autre(55). » « C’est le peuple qui doit décider pas l’oligarchie(56). » Même s’il a proposé récemment de remplacer le terme d’ « oligarchie(57) » par celui de « caste » , on est toujours dans le même registre : « La critique de la caste c’est plus performant que de dire l’oligarchie qui est un mot en trois syllabes (...). Ce qui compte c’est d’être le peuple, être dans une nouvelle manière d’organiser le champ politique, le peuple contre la caste, le peuple contre l’oligarchie. »

      Todd est sur la même longueur d’onde : « On est passé en régime oligarchique » ; le journal Le Monde est une « composante de l’oligarchie » (Europe I, avril 2015) ; « L’oligarchie s’assoit sur le suffrage universel » (Herodote.net, mai 2014).

      Cette expression est employée par l’extrême droite, par les social-chauvins et même par Castoriadis, donc elle est particulièrement floue. Pour ce qui concerne l’extrême droite, elle lui permet de faire l’impasse sur la division de la société en classes antagonistes, ayant des intérêts matériels inconciliables et d’opposer l’oligarchie au « peuple » . Riposte Laïque dénonce « l’oligarchie pseudo-républicaine » . Ce terme est très utilisé aussi en Amérique latine, à gauche et à l’extrême gauche, et va toujours de pair avec un appel à l’union nationale contre… « l’oligarchie » .

      En général « l’oligarchie » est, comme le dit Mélenchon, « une classe dominante sans patrie » : et il ajoute « les élites sociales françaises collaborent avec enthousiasme au dénigrement de leur patrie » . Encore et toujours, on retrouve cette idée que les exploiteurs ne sont pas vraiment français, point de départ de tous les raisonnements xénophobes et antisémites.

      C’est ainsi que Paul Ariès écrit dans Misère du sarkozysme : « Le sarkozysme serait-il la revanche des émigrés de l’Ancien Régime ? De Sarkozy le Hongrois à Balladur le Turc en passant par le prince polonais Poniatowski, cette “droite de droite” semble vouloir violenter l’histoire. » On remarquera ici, chez cet intellectuel de gauche, le même type de raisonnement que ceux du Front national, centrés sur les origines ethniques de ses adversaires politiques. Sans compter que ces appréciations xénophobes contiennent de multiples erreurs : la mère de Sarkozy est française, pourquoi donc tenir compte seulement de l’origine du père de Sarkozy sinon par xénophobie ? Les Balladur sont d’origine arménienne et non turque. Quant à Poniatowski, si j’en crois la notice Wikipédia (au moins pour cela on peut leur faire confiance), « Par son père, il descend de Talleyrand (lui-même descendant de Colbert et d’Étienne Marcel), du duc de Morny — demi-frère et premier ministre de Napoléon III, ainsi que de l’impératrice Joséphine par sa fille Hortense de Beauharnais — tandis qu’il compte parmi ses ancêtres maternels Pierre-Paul Riquet, ingénieur français qui au XVIIe siècle traça le canal du Midi. » Pas mal pour l’arbre généalogique d’un « Polonais » selon Monsieur l’intellectuel de gauche Paul Ariès !

      Dans le même ouvrage, Ariès va encore plus loin dans le recyclage de deux thèmes classiques de l’extrême droite contre la gauche ( « parti de l’étranger », « cosmopolitisme » ) puisqu’il écrit que Sarkozy lutte « contre la conception française de ce que devrait être la droite » car il veut la transformer une force « néoconservatrice cosmopolite » . Selon Ariès, il y aurait donc une droite légitime et une droite illégitime parce que antifrançaise et cosmopolite. On croirait lire un article de Rivarol ou de Présent !

      Quant aux prestigieux et courageux signataires(58) de « l’Appel des résistants aux jeunes générations du 8 mars 2004 », ils n’ont apparemment tiré aucun bilan de l’échec de la politique préconisée par le Conseil national de la Résistance ; ils limitent leur critique du capitalisme mondialisé actuel à la « dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie » et voudraient que nous entamions l’hymne de l’unité nationale entre les ouvriers et les patrons, entre les militants de tous les partis, pour une « démocratie, sociale et culturelle », totalement irréalisable en régime capitaliste.

      (55) - http://www.jean-luc-melenchon.fr/2015/03/09/il-y-a-loligarchie-dun-cote-et-le-peuple-de-lautre
      (56) https://www.lepartidegauche.fr/laradiodegauche/radiomedia/medias-c-est-le-peuple-qui-doit-decider-pas-oligarchie-j-melenchon-i
      (57)- Ceux qui douteraient que le terme oligarchie soit très connoté extrême droite pourront se reporter au site fasciste et aux écrits d’Alain Soral.
      (58)- Lucie et Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant et Maurice Voutry. Cf. pages 183-185, Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui. Les Jours heureux, Le programme du CNR de mars 1944 : comment il a été écrit, et mis en œuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition , La Découverte, 2011.

      On lira aussi avec profit Le retour en grâce du mot « oligarchie » de @bernard Pasobrola
      http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article293

      Il faut donc être bien naïf pour croire que la démocra­tie représen­ta­tive, cette forme par­ti­culière de démocra­tie inventée par la bour­geoi­sie au mépris des formes com­mu­na­les assembléistes ins­taurées au cours de la première période de son his­toire, ait pu se passer d’oli­gar­chies, et que ses ins­ti­tu­tions aient pu être égali­tai­res. Ou même qu’elles puis­sent le deve­nir.

      (...)

      Le haro actuel sur ces oli­gar­chies dont cer­tains sem­blent décou­vrir l’exis­tence avec hor­reur, la désigna­tion démago­gi­que de ces cibles grossières, est-ce autre chose qu’une façon d’abuser de la crédulité du public et de tenter de sauver du désastre le représen­ta­tio­na­lisme éculé qui fait figure, aujourd’hui encore, de meilleur vec­teur de la sou­ve­rai­neté popu­laire ?

    • Oui, c’est bien cela : pour nier la nouvelle fracture de classe d’aujourd’hui (nomades de l’asphalte versus sédentaires qui vivent de leur travail - petits patrons, fonctionnaires utiles, ouvriers, employés), vous invoquez les clivages dépassés de classes.

      Vous tentez donc d’opposer les artisans aux fonctionnaires, comme ça pendant ce temps-là, l’oligarchie détourne la colère et continue de se gaver.

      Soral a raison. les trotskystes sont des idiots utiles.

    • J’en suis à la page 17, plus de la moitié donc, et je n’ai lu pour l’instant aucune citation permettant de prouver ce qui est reproché aux accusés. C’est un peu con quand on veut être un peu sérieux et rigoureux (pas besoin de style universitaire pour ça, juste être sérieux quoi).

      Un peu déçu donc, pour l’instant. C’est bien gentil de citer des communistes de 100 ou 70 ans avant, ou des méchants social-patriotes du siècle dernier (même si c’est très intéressant hein). Mais bon c’est pas ça qui va rendre crédible l’argumentation sur les contemporains listés au début. Bref, pas convaincant, mais je vais tenter de finir.

      Quant à arriver à mettre Michéa (quelque soit les critiques qu’on peut lui faire), dans une liste de gens qui (soi-disant) « prônent un capitalisme industriel », « la défense du nucléaire »… ben… WTF. :D

      À suivre…

    • Je crois qu’il y a une grande confusion dans ce débat à gauche entre analyse et stratégie : l’analyse nous montre que la nation, incarnée politiquement par l’État bourgeois, a été une nécessité du capital pour uniformiser le territoire sur lequel il circule. Il est en ce sens de même nature que l’#UE et tous les accords de libre échange. Je crois que la plupart des socialo-chauvin seront d’accord avec ça.

      Cependant, ces derniers, et notamment Mélenchon, considère - à tort de mon point de vue - que stratégiquement l’appel à la #nation, fantasmée comme le lieu idéal pour l’expression de la #souveraineté_populaire, est le meilleur moyen pour lutter contre le capitalisme transnational (renommé oligarchie ou caste).
      L’exemple de l’Amérique Latine est effectivement utilisé pour justifier ce choix. Cependant, ils oublient que ce sont des pays victimes de la colonisation et de la néocolonisation, mais aussi que Chavez ou Correa sont les enfants de la théologie de la libération et que leurs élections sont en partie dû à leur catholicisme. La France est, au contraire, un empire, la notion de nation n’a donc pas le même sens.

      Notons, par ailleurs, que les socialo-chauvins ne considèrent pas que que la souveraineté populaire puisse se diluer dans l’espace nationale, et s’opposent tout autant au #régionalisme. Les forces de l’ordre et leurs rôles dans la #démocratie bourgeoise sont également des impensés de cette idéologie. Un dernier point, la mode qui veut fermer les frontières pour lutter contre l’exploitation des travailleurs immigrés ne pensent une seule seconde à faire appel aux prolétaires de tous les pays pour s’unir et venir lutter chez nous contre les capitalistes.

      Par contre, les anarchistes ont bien du mal à trouver une stratégie qui permettrait de mobiliser autour de leurs idées, même ceux qui ont objectivement des pratiques anarchistes.

      Je me rends bien compte que mon propos va dans tous les sens, mais peut-être permettra-il de faire avancer le débat à gauche, en prenant soin de ne pas confondre analyse et stratégie.

    • Franchement un peu molle l’interview de @ballast (allez faut s’inscrire) : il n’y a que 5 questions, qui au final ne servent qu’à résumer dans une petite interview ce que l’on connait déjà de Michéa (y compris même juste dans d’autres interviews). Si, ya quand même la question sur l’État et la question sur le fascisme qui donnent quelques précisions en plus, ok. Mais sauf que pour moi clairement ça n’aurait dû être que de l’introduction ces 5 questions.

      Il balaie le « féminisme matérialisme » en deux phrases (deux), et dans le même temps il cite six fois la critique de la valeur (très bien), mais surtout sans JAMAIS évoquer le concept de dissociation-valeur de Kurz-Scholz qui se base sur… la séparation genrée justement. Le livre de Roswitha Scholz s’intitule quand même Le sexe du capitalisme hein. Donc là Ballast, ça aurait été pile le moment de lui poser la question et de le pousser un peu plus loin dans ce qu’il pense, et de le mettre face à ses contradictions, non ? M’enfin même… balayer ne serait-ce que Delphy comme si c’était acquis par son auditoire que c’était nul et non avenu, c’est juste insultant, et là aussi Ballast aurait dû dire quelque chose, répondre, demander des précisions, etc. Dommage donc, une interview où il cite la wertkritik qui aurait pu être intéressante si on l’avait vraiment questionné de manière contradictoire en face.

      (Bon tout ça aurait mérité d’être dit dans un fil à part dédié à cette interview plutôt que de polluer ce fil, désolé.)

    • @cazueladepolo

      Cependant, ces derniers, et notamment Mélenchon, considère - à tort de mon point de vue - que stratégiquement l’appel à la #nation, fantasmée comme le lieu idéal pour l’expression de la #souveraineté_populaire, est le meilleur moyen pour lutter contre le capitalisme transnational (renommé oligarchie ou caste).

      en écho avec

      quand l’illusion de la souveraineté nationale apparut manifestement comme une illusion, elle ne put plus servir d’objet au patriotisme ; d’autre part, la royauté était comme ces plantes coupées qu’on ne replante plus ; le patriotisme devait changer de signification et s’orienter vers l’État. Mais dès lors il cessait d’être populaire. Car l’État n’était pas une création de 1789, il datait du début du XVIIe siècle et avait part à la haine vouée par le peuple à la royauté. C’est ainsi, que par un paradoxe historique à première vue surprenant, le patriotisme changea de classe sociale et de camp politique ; il avait été à gauche, il passa à droite.

      voir le reste ici http://seenthis.net/messages/167677

  • De #Michéa à #Mélenchon Idéologues et militants du #social-chauvinisme
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article761

    Puisque, dans cette période de crise économique et sociale, la montée des sentiments nationalistes, et pour tout dire xénophobes, est évidente, y compris dans les partis de gauche ou d’extrême-gauche, nous avions choisi de demander à #Yves_Coleman, éditeur de la revue «  Ni patrie ni frontières  » de nous parler des mouvements de gauche qui se situent, qu’ils le revendiquent ou qu’ils l’occultent, du côté du #nationalisme.

    Le social-chauvinisme est, nous dit Yves Coleman en préambule, une vieille expression polémique utilisée durant la Première guerre mondiale par les socialistes marxistes internationalistes (Lénine, Luxembourg, etc.) pour dénoncer les sociaux-démocrates qui soutenaient leurs bourgeoisies nationales respectives en usant d’une phraséologie pseudo-radicale. Au nom de la défense de la « patrie », ces sociaux-démocrates participaient à «  l’Union sacrée  » [1] en compagnie des partis de droite (et même d’anarchistes) : ils avaient voté les crédits de guerre, renoncé à toute propagande anti-militariste ou pacifiste, refusaient de participer à une grève internationale contre la guerre et accusaient au choix, suivant leur nationalité, l’Allemagne, la France, la Russie ou l’Angleterre d’être les seuls responsables du déclenchement du conflit afin de pouvoir, chacun dans sa « patrie », blanchir les responsabilités de leur propre bourgeoisie.

    Aujourd’hui, le nationalisme est redevenu un thème porteur et même certains à l’extrême-gauche (trotskistes, maoïstes voire anarchistes) lui trouvent des vertus révolutionnaires.

    En 2015 en France un large éventail de groupes, de partis, de personnalités allant de la gauche à l’extrême-droite soutient des positions nationalistes et se retrouve sur des positions politiques que l’on pourrait résumer en sept slogans :

    Non à l’OTAN et à la domination américaine sur le monde !
    Non à l’union européenne et aux traités européens !
    Non à l’euro !
    Non à la dictature des marchés financiers !
    Oui à un État fort, doté d’une armée puissante et d’une police efficace !
    Oui à la défense nucléaire !
    Oui au protectionnisme et à un capitalisme national productif !

    La circulation et l’usage identique de concepts communs dans ces milieux très divers, qui vont de la gauche à l’extrême-droite, ne font qu’entretenir, le plus souvent délibérément, la confusion politique.

    Ces gens là, nous dit Yves Coleman préparent des alliances contre nature entre la droite et la gauche, voire entre l’extrême-droite et l’extrême-gauche, alliances qui se dessinent très bien dans les sommets et les réunions alter-mondialistes ou dans les prétendues manifestations de soutien à la Palestine. Il n’est donc pas étonnant que des intellectuels de gauche, comme par exemple Emmanuel Todd, rendent hommage dans des forums à des idéologues d’extrême-droite ou que des philosophes marxistes fréquentent des locaux d’organisation fascistes.

    Ces convergences entre intellectuels de gauche et intellectuels de droite, voire d’extrême-droite, sont toutes fondées sur la reconnaissance de la nécessité de l’existence de nations, de frontières nationales, d’économies nationales et d’Etats. Ce qu’il y a de commun entre tous ces discours social-chauvins de gauche ou de droite, c’est qu’ils invoquent la «  nation  », la «  république sociale  » pour soit-disant défendre les intérêts du «  peuple  ». Le Front de gauche, par exemple veut qu’on fasse «  place au peuple  », voire que le «  peuple prenne le pouvoir  ». Ce sont des slogans particulièrement ineptes puisque, par définition, le peuple rassemble toutes les classes sociales y compris les patrons, le personnel politique, les flics, les maffieux, les militaires.

    Sous prétexte de lutter contre la «  finance spéculative  », contre la «  mondialisation  », les social-chauvins d’aujourd’hui nous préparent les gouvernements d’union nationale de demain.

    Reste donc, alors que l’idéologie du Front national progresse dans l’opinion, à se poser la question de savoir si on peut être «  patriote  » et lutter efficacement contre les idées xénophobes de ce parti, comme affirme pouvoir le faire, par exemple, le Front de gauche C’est impossible, nous dit Yves Coleman, et il nous donne l’exemple d’un groupe libertaire anti-dogmatique qui réussit l’exploit de passer dans le même texte d’un multiculturalisme insipide à des clichés social-patriotes gaulois à la Chevènement, Mélenchon et Montebourg.

    C’est que la tradition social-chauvine est en France aussi ancienne que solidement établie. Dès l’enterrement de Jaurès [2], c’est Léon Jouhaux, issu du courant Syndicaliste révolutionnaire et alors secrétaire général de la CGT, qui se lance dans une diatribe passionnée contre le militarisme allemand. Un peu plus tard, c’est Dubreuilh, militant SFIO (Section française de l’internationale ouvrière – socialistes de l’époque) qui se drape dans Jaurès pour tenir des propos chauvins. Il est vrai que la pensée de Jaurès présentait plus que des ambiguïtés sur ce point, ce qui lui a valu récemment d’être récupéré par le Front national (voir encadré).

    Aujourd’hui, nous dit Yves Coleman, les socialistes français justifient de la même manière les interventions de l’armée française à l’extérieur.

    Le Parti communiste français quant à lui, suivit une ligne anti-militariste jusqu’en 1924 (distribution de tracts, de journaux et entretien de structures clandestines dans les casernes...). A partir de cette date, la défense des intérêts de l’URSS, le conduit progressivement à défendre des positions clairement nationalistes (vote des crédits de guerre, défense de «  l’institution militaire face à l’extrême-droite  » etc.). Après la Libération, il s’allie avec la SFIO et le MRP (Mouvement républicain populaire – démocrate chrétien) pour appliquer le programme du CNR (Conseil national de la Résistance), période qui à côté d’avancées sociales indiscutables (Sécurité sociale, «  40 heures  », retraite par répartition …) a surtout coïncidé avec une répression anti-ouvrière féroce de1944 à 1947.

    Sous prétexte de préserver l’unité nationale, de reconstruire le pays, le PCF et la CGT obligèrent les ouvriers à travailler pour des salaires de misère. Ainsi entre 1945 et 1947, le pouvoir d’achat moyen recule de 30 % environ, le pain est rationné  : 350 grammes par jour en 1944, 300 grammes en 1946 et finalement 200 grammes en octobre 1947. Et puisque, comme le disait à l’époque Maurice Thorez leader charismatique du PCF, « Produire, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée du devoir de classe », la grève devint selon l’expression de Gaston Monmous-seau (secrétaire général de la CGT de l’époque) «  l’arme des trusts ». Il existe, nous dit également Yves Coleman, une tradition patriotique d’extrême-gauche depuis au moins la Commune de Paris. De même, s’il y a bien une référence politique qui fait la quasi-unanimité à gauche et à l’extrême-gauche, c’est bien celle de la vision chauvine de la Résistance à l’occupation nazie. La résistance gaullo-stalinienne continue à influencer la vision politique des militants français actuels et elle reste très présente dans la littérature, au cinéma et à la télévision, comme dans le discours politique.

    Puisque le social-chauvinisme couvre un champ politique si large, Yves Coleman nous proposa de définir les points communs à tous les sociaux-chauvins de droite ou de gauche.

    Au niveau international, ils défendent la vision d’un monde divisé en deux camps : le camp anti-impérialiste composé «  d’États progressistes  » qu’il faut soutenir et le «  camp impérialiste  ». En conséquence, ils dénoncent exclusivement le rôle de la puissance américaine et de l’OTAN. En corollaire, ils ont une sympathie marquée pour les objectifs géo-politiques de l’État russe ; sympathie qui peut aller jusqu’à un soutien à Poutine. Ils dénoncent le rôle de l’Angleterre et/ou de l’Allemagne. Ainsi, selon E. Todd et J.-L. Mélenchon, tous les malheurs de la France viennent de l’Allemagne qui veut imposer son modèle ordolibéral au reste de l’Europe. Enfin, s’ils dénoncent les institutions européennes et le Traité constitutionnel européen, c’est pour mieux exalter, au niveau intérieur, le rôle de la France et de son État, son histoire, sa «  grandeur  », etc. Ils soutiennent l’armée française - voire glorifient son rôle – ainsi que la défense nucléaire. Au niveau économique, ils sont favorable au protectionnisme français ou européen. Ils vont jusqu’à faire l’apologie du capitalisme pourvu qu’il soit productif et national (E. Todd).

    Par rapport à l’immigration, on peut déjà trouver des propos xénophobes dans des œuvres critiques anciennes (par exemple, Yves Coleman cite un texte de Guy Debord repris par des néo-nazis - voir encadré). De tels propos prolifèrent maintenant chez les nationaux-chauvins, par exemple, dans les textes de Jean-Claude Michéa [3]. On trouve dans les écrits et les propos des nationaux-chauvins certains termes et expressions très connotés tels que «  oligarchie », «  élites nomades  », «  élites mondialisées  », «  élites déterritoriali-sées  », «  hyper-classe des banques et des multinationales  » à la signification très floue. Mais derrière ces mots, ce qui se cache encore et toujours, c’est cette idée que les exploiteurs, les responsables des crises ne sont pas vraiment français, point de départ de tous les raisonnements xénophobes et antisémites.

    Ce n’est pas sur une note optimiste qu’Yves Coleman conclut son exposé. Car, selon lui , quatre facteurs internationaux contribuent au développement du social-chauvinisme dans les états européens : le chômage, les interventions militaires occidentales, la montée de l’islam politique et la difficulté de construire une puissance européenne.

    Autant dire que les internationalistes, antinationalistes ou mieux a-nationalistes, que nous sommes allons devoir continuer à ramer et lutter à contre-courant !

    CITATION JAURES

    « Quand un syndicaliste révolutionnaire s’écrie au récent congrès de Toulouse : « A bas les patries ! Vive la patrie universelle ! » il n’appelle pas de ses vœux la disparition, l’extinction des patries dans une médiocrité immense, où les caractères et les esprits perdraient leur relief et leur couleur. Encore moins appelle-t-il de ses vœux l’absorption des patries dans une énorme servitude, la domestication de toutes les patries par la patrie la plus brutale, et l’unification humaine d’un militarisme colossal. En criant : «  A bas les patries !  » il crie : «  A bas l’égoïsme et l’antagonisme des patries ! A bas les préjugés chauvins et les haines aveugles ! A bas les guerres fratricides ! A bas les patries d’oppression et de destruction !  » Il appelle à plein coeur l’universelle patrie des travailleurs libres, des nations indépendantes et amies.  »

    #Jean_Jaurès, in «  L’armée nouvelle »

    Bel exemple de discours radical en apparence, social-chauvin en réalité, qui va jusqu’à récupérer l’antipatriotisme d’un syndicaliste révolutionnaire pour justifier le patriotisme. Comme le dit Yves Coleman, du grand art !

    CITATION DEBORD

    « (…) Nous ne pouvons plus assimiler personne : ni la jeunesse, ni les travailleurs français, ni même les provinciaux ou vieilles minorités ethniques (Corses, Bretons, etc.) car Paris, ville détruite, a perdu son rôle historique qui était de faire des Français. (…) Mais on comprend bien pourquoi tous les responsables politiques (y compris les leaders du Front National) s’emploient à minimiser la gravité du « problème immigré » … (….) Combien y a-t-il d’étrangers de fait en France ? (…) Il est évident qu’il y en a tellement qu’il faudrait plutôt se demander : combien reste-t-il de français et où sont-ils ? (Et qu’est-ce qui caractérise maintenant un Français ?) Comment resterait-il, bientôt, des Français ? (…) les Français qui ont accepté cela sans beaucoup de révolte (sauf en 1968) sont malvenus à dire qu’ils ne se sentent plus chez eux à cause des immigrés ! Ils ont tout lieu de ne plus se sentir chez eux, c’est très vrai. C’est parce qu’il n’y a plus personne d’autre, dans cet horrible nouveau monde de l’aliénation, que des immigrés. (…) La France est assurément regrettable. Mais les regrets sont vains. »

    #Guy_Debord, 1985, Oeuvres complètes Gallimard 2006, pp 1588-1591

    Sans commentaire

    [1] « Union sacrée » : expression utilisée par Raymond Poincaré, président de la République, dès le 4 août 1914, pour appeler la CGT et la SFIO (en principe hostiles à la guerre) à se ranger derrière les partis de droite et la bourgeoisie nationale.

    [2] Assassiné à Paris le 31 juillet 1914 par le nationaliste Raoul Villain. Le 3 août 1914, la France entrait en guerre.

    [3] Voir les références sur le site de Yves Coleman « A propos du réactionnaire Jean-Claude Michéa (alias Nietzchéa), des Editions l’Echappée et de leur « vigilance »… en carton pâte ».
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article1990

    #journées_iconoclates

    @anarchosyndicalisme ! n°145
    http://seenthis.net/messages/387250

    • Cet article est au mieux affligeant de superficialité et d’anachronisme. Dénoncer la marionnette social chauviniste en retuant en 2015 le PCF a tout du spectacle de fin d’année scolaire : laborieux, bâclé, et destiné à un public plus que complaisant.

      Aucune envie de plonger les mains plus avant dans une soupe passéiste et franchouillarde aussi étroitement intéressée. Le soliloque d’ « antiracistes » autoproclamés, aussi blancs que moralisateurs, serait prodigieusement ennuyeux s’il n’était aussi malhonnête et sordide que la vieille puanteur nationaliste qu’ils tiennent à nous mettre sous le nez. Mais c’est qu’ils doivent se dissimuler à eux mêmes leur propre blancheur, et à leurs lecteurs, leur lutte constante pour que l’antiracisme abstrait, et son internationalisme colonial, demeurent en dépit de tout les seuls possibles, les seuls pensables.
      Les pauvres sont visiblement dépassés, et contraints à recourir à des artifices toujours plus grossiers.

      (Tout de même, il fallait oser donner à voir aussi grossièrement qu’on ne savait pas lire la « Note sur la question des immigrés » de Debord !)

      Si l’on souhaite par contre s’intéresser aux termes actuels des luttes et de la critique de la question nationale, raciste, coloniale, on peut plutôt lire par exemple ceci :
      http://indigenes-republique.fr/vacarme-critique-les-indigenes-la-faillite-du-materialisme-abst

      C’est tout de même une lecture moins confortable.

    • Pour que chacun puisse se faire son idée, le texte complet de Debord :

      Notes sur "la question des immigrés"
      Par Guy Debord, 1985

      Tout est faux dans la « question des immigrés », exactement comme dans toute question ouvertement posée dans la société actuelle ; et pour les mêmes motifs : l’économie – c’est-à-dire l’illusion pseudo-économique – l’a apportée, et le spectacle l’a traitée.

      On ne discute que de sottises. Faut-il garder ou éliminer les immigrés ? Naturellement, le véritable immigré n’est pas l’habitant permanent d’origine étrangère, mais celui qui est perçu et se perçoit comme différent et destiné à le rester. Beaucoup d’immigrés ou leurs enfants ont la nationalité française ; beaucoup de Polonais ou d’Espagnols se sont finalement perdus dans la masse d’une population française qui était autre. Comme les déchets de l’industrie atomique ou le pétrole dans l’Océan — et là on définit moins vite et moins « scientifiquement » les seuils d’intolérance — les immigrés, produits de la même gestion du capitalisme moderne, resteront pour des siècles, des millénaires, toujours. Ils resteront parce qu’il était beaucoup plus facile d’éliminer les Juifs d’Allemagne au temps d’Hitler que les maghrébins, et autres, d’ici à présent : car il n’existe en France ni un parti nazi ni le mythe d’une race autochtone !

      Faut-il donc les assimiler ou « respecter les diversités culturelles » ? Inepte faux choix. Nous ne pouvons plus assimiler personne : ni la jeunesse, ni les travailleurs français, ni même les provinciaux ou vieilles minorités ethniques (Corses, Bretons, etc.) car Paris, ville détruite, a perdu son rôle historique qui était de faire des Français. Qu’est-ce qu’un centralisme sans capitale ? Le camp de concentration n’a créé aucun Allemand parmi les Européens déportés. La diffusion du spectacle concentré ne peut uniformiser que des spectateurs. On se gargarise, en langage simplement publicitaire, de la riche expression de « diversités culturelles ». Quelles cultures ? Il n’y en a plus. Ni chrétienne ni musulmane ; ni socialiste ni scientiste. Ne parlez pas des absents. Il n’y a plus, à regarder un seul instant la vérité et l’évidence, que la dégradation spectaculaire-mondiale (américaine) de toute culture.

      Ce n’est surtout pas en votant que l’on s’assimile. Démonstration historique que le vote n’est rien, même pour les Français, qui sont électeurs et ne sont plus rien (1 parti = 1 autre parti ; un engagement électoral = son contraire ; et plus récemment un programme — dont tous savent bien qu’il ne sera pas tenu — a d’ailleurs enfin cessé d’être décevant, depuis qu’il n’envisage jamais plus aucun problème important. Qui a voté sur la disparition du pain ?). On avouait récemment ce chiffre révélateur (et sans doute manipulé en baisse) : 25 % des « citoyens » de la tranche d’âge 18-25 ans ne sont pas inscrits sur les listes électorales, par simple dégoût. Les abstentionnistes sont d’autres, qui s’y ajoutent.

      Certains mettent en avant le critère de « parler français ». Risible. Les Français actuels le parlent-ils ? Est-ce du français que parlent les analphabètes d’aujourd’hui, ou Fabius (« Bonjour les dégâts ! ») ou Françoise Castro (« Ça t’habite ou ça t’effleure ? »), ou B.-H. Lévy ? Ne va-t-on pas clairement, même s’il n’y avait aucun immigré, vers la perte de tout langage articulé et de tout raisonnement ? Quelles chansons écoute la jeunesse présente ? Quelles sectes infiniment plus ridicules que l’islam ou le catholicisme ont conquis facilement une emprise sur une certaine fraction des idiots instruits contemporains (Moon, etc.) ? Sans faire mention des autistes ou débiles profonds que de telles sectes ne recrutent pas parce qu’il n’y a pas d’intérêt économique dans l’exploitation de ce bétail : on le laisse donc en charge aux pouvoirs publics.

      Nous nous sommes faits américains. Il est normal que nous trouvions ici tous les misérables problèmes des USA, de la drogue à la Mafia, du fast-food à la prolifération des ethnies. Par exemple, l’Italie et l’Espagne, américanisées en surface et même à une assez grande profondeur, ne sont pas mélangées ethniquement. En ce sens, elles restent plus largement européennes (comme l’Algérie est nord-africaine). Nous avons ici les ennuis de l’Amérique sans en avoir la force.

      Il n’est pas sûr que le melting-pot américain fonctionne encore longtemps (par exemple avec les Chicanos qui ont une autre langue). Mais il est tout à fait sûr qu’il ne peut pas un moment fonctionner ici. Parce que c’est aux USA qu’est le centre de la fabrication du mode de vie actuel, le cœur du spectacle qui étend ses pulsations jusqu’à Moscou ou à Pékin ; et qui en tout cas ne peut laisser aucune indépendance à ses sous-traitants locaux (la compréhension de ceci montre malheureusement un assujettissement beaucoup moins superficiel que celui que voudraient détruire ou modérer les critiques habituels de « l’impérialisme »). Ici, nous ne sommes plus rien : des colonisés qui n’ont pas su se révolter, les béni-oui-oui de l’aliénation spectaculaire. Quelle prétention, envisageant la proliférante présence des immigrés de toutes couleurs, retrouvons-nous tout à coup en France, comme si l’on nous volait quelque chose qui serait encore à nous ? Et quoi donc ? Que croyons-nous, ou plutôt que faisons-nous encore semblant de croire ? C’est une fierté pour leurs rares jours de fête, quand les purs esclaves s’indignent que des métèques menacent leur indépendance !

      Le risque d’apartheid ? Il est bien réel. II est plus qu’un risque, il est une fatalité déjà là (avec sa logique des ghettos, des affrontements raciaux, et un jour des bains de sang). Une société qui se décompose entièrement est évidemment moins apte à accueillir sans trop de heurts une grande quantité d’immigrés que pouvait l’être une société cohérente et relativement heureuse. On a déjà fait observer en 1973 cette frappante adéquation entre l’évolution de la technique et l’évolution des mentalités :

      « L’environnement, qui est reconstruit toujours plus hâtivement pour le contrôle répressif et le profit, en même temps devient plus fragile et incite davantage au vandalisme. Le capitalisme à son stade spectaculaire rebâtit tout en toc et produit des incendiaires. Ainsi son décor devient partout inflammable comme un collège de France. »

      Avec la présence des immigrés (qui a déjà servi à certains syndicalistes susceptibles de dénoncer comme « guerres de religions » certaines grèves ouvrières qu’ils n’avaient pu contrôler), on peut être assurés que les pouvoirs existants vont favoriser le développement en grandeur réelle des petites expériences d’affrontements que nous avons vu mises en scène à travers des « terroristes » réels ou faux, ou des supporters d’équipes de football rivales (pas seulement des supporters anglais).

      Mais on comprend bien pourquoi tous les responsables politiques (y compris les leaders du Front national) s’emploient à minimiser la gravité du « problème immigré ». Tout ce qu’ils veulent tous conserver leur interdit de regarder un seul problème en face, et dans son véritable contexte. Les uns feignent de croire que ce n’est qu’une affaire de « bonne volonté antiraciste » à imposer, et les autres qu’il s’agit de faire reconnaître les droits modérés d’une « juste xénophobie ». Et tous collaborent pour considérer cette question comme si elle était la plus brûlante, presque la seule, parmi tous les effrayants problèmes qu’une société ne surmontera pas. Le ghetto du nouvel apartheid spectaculaire (pas la version locale, folklorique, d’Afrique du Sud), il est déjà là, dans la France actuelle : l’immense majorité de la population y est enfermée et abrutie ; et tout se serait passé de même s’il n’y avait pas eu un seul immigré. Qui a décidé de construire Sarcelles et les Minguettes, de détruire Paris ou Lyon ? On ne peut certes pas dire qu’aucun immigré n’a participé à cet infâme travail. Mais ils n’ont fait qu’exécuter strictement les ordres qu’on leur donnait : c’est le malheur habituel du salariat.

      Combien y a-t-il d’étrangers de fait en France ? (Et pas seulement par le statut juridique, la couleur, le faciès.) Il est évident qu’il y en a tellement qu’il faudrait plutôt se demander : combien reste-t-il de Français et où sont-ils ? (Et qu’est-ce qui caractérise maintenant un Français ?) Comment resterait-il, bientôt, de Français ? On sait que la natalité baisse. N’est-ce pas normal ? Les Français ne peuvent plus supporter leurs enfants. Ils les envoient à l’école dès trois ans, et au moins jusqu’à seize, pour apprendre l’analphabétisme. Et avant qu’ils aient trois ans, de plus en plus nombreux sont ceux qui les trouvent « insupportables » et les frappent plus ou moins violemment. Les enfants sont encore aimés en Espagne, en Italie, en Algérie, chez les Gitans. Pas souvent en France à présent. Ni le logement ni la ville ne sont plus faits pour les enfants (d’où la cynique publicité des urbanistes gouvernementaux sur le thème « ouvrir la ville aux enfants »). D’autre part, la contraception est répandue, l’avortement est libre. Presque tous les enfants, aujourd’hui, en France, ont été voulus. Mais non librement ! L’électeur-consommateur ne sait pas ce qu’il veut. Il « choisit » quelque chose qu’il n’aime pas. Sa structure mentale n’a plus cette cohérence de se souvenir qu’il a voulu quelque chose, quand il se retrouve déçu par l’expérience de cette chose même.

      Dans le spectacle, une société de classes a voulu, très systématiquement, éliminer l’histoire. Et maintenant on prétend regretter ce seul résultat particulier de la présence de tant d’immigrés, parce que la France « disparaît » ainsi ? Comique. Elle disparaît pour bien d’autres causes et, plus ou moins rapidement, sur presque tous les terrains.

      Les immigrés ont le plus beau droit pour vivre en France. Ils sont les représentants de la dépossession ; et la dépossession est chez elle en France, tant elle y est majoritaire et presque universelle. Les immigrés ont perdu leur culture et leurs pays, très notoirement, sans pouvoir en trouver d’autres. Et les Français sont dans le même cas, et à peine plus secrètement.

      Avec l’égalisation de toute la planète dans la misère d’un environnement nouveau et d’une intelligence purement mensongère de tout, les Français, qui ont accepté cela sans beaucoup de révolte (sauf en 1968) sont malvenus à dire qu’ils ne se sentent plus chez eux à cause des immigrés ! Ils ont tout lieu de ne plus se sentir chez eux, c’est très vrai. C’est parce qu’il n’y a plus personne d’autre, dans cet horrible nouveau monde de l’aliénation, que des immigrés.

      Il vivra des gens sur la surface de la terre, et ici même, quand la France aura disparu. Le mélange ethnique qui dominera est imprévisible, comme leurs cultures, leurs langues mêmes. On peut affirmer que la question centrale, profondément qualitative, sera celle-ci : ces peuples futurs auront-ils dominé, par une pratique émancipée, la technique présente, qui est globalement celle du simulacre et de la dépossession ? Ou, au contraire, seront-ils dominés par elle d’une manière encore plus hiérarchique et esclavagiste qu’aujourd’hui ? Il faut envisager le pire, et combattre pour le meilleur. La France est assurément regrettable. Mais les regrets sont vains.

      Guy Debord, 1985

      Source : Guy Debord, Œuvres complètes , Gallimard, 2006, p. 1588-1591.

    • Ce texte de Debord est puant d’ambiguïtés et de condescendance. Rien d’étonnant à ce que les xénophobes du Lys noir et d’E&R puisse le reprendre tel quel sans que cela ne leur pose de problème idéologique.

    • à ce jour, le principal reproche que je fais au texte de Debord, c’est d’apparaître tout de même comme cruellement daté, et de relever d’une lecture de la question du racisme au sein de laquelle la blancheur n’est pas une catégorie politique , le racisme n’est pas conçu comme un système de rapports sociaux de domination , bref, l’approche de la question n’y est pas matérialiste pour deux sous.
      Il se trouve que de tels manques théoriques abyssaux caractérisent justement tous les écrits publiés sur Mondialisme et par Y. Coleman à propos du racisme aujourd’hui.

      Que Mondialisme choisisse d’interpréter en compagnie de quelques nazillons ce texte comme « raciste » (même si c’est pour le condamner) tout en s’en tenant lui-même à une semblable misère théorique (dont seuls des blancs peuvent se contenter dans cette affaire) pose à mes yeux un problème autrement plus actuel et urgent que le constat de limites similaires chez un Debord il y a trente ans - limites qui étaient alors aussi celles de l’ensemble de l’antiracisme blanc.

      Que Mondialisme essaie grossièrement de donner de la sorte des gages du sérieux et de la radicalité (se payer Debord, ça en jette encore) de son anti-racisme abstrait, moral et assurément très blanc me paraît digne d’être relevé.

      Les termes en lesquels ces gens tiennent à voir abordée la question sont désormais dépassés. Pour parler en langage marxiste, il y a déjà pas mal d’années que leur critique a commencé de sentir le pourri.

    • D’autant que ceux qui lisent vraiment ce qu’écrit Y.C. depuis 13 ans sur le sujet savent très bien qu’il n’est ni « pro-israélien » ni sioniste (c’est marrant d’ailleurs parce que Lieux communs par exemple considère qu’il serait plutôt pro-Hamas et pro-islamiste !).

    • Donc Y.C. qui n’est pas « blanc », en fait l’est ; et @martin5 qui l’est peut-être, ne l’est pas ! Une chatte n’y retrouverait pas ses petits comme disait ma grand-mère. Et en terme d’abstraction vous vous posez là !

    • @Rubber

      J’ai parlé de la blancheur comme catégorie politique, et de rapports sociaux de domination.

      Que vous le vouliez ou non, vous êtes tout comme moi, Coleman et qui que ce soit pris au sein de ces rapports. Et ni vous ni lui ni moi n’avons le pouvoir de nous en abstraire magiquement.

      L’antiracisme blanc n’est même pas une moitié d’antiracisme. C’est d’abord et surtout un discours de dominant au sein des rapports sociaux de domination de race. En premier lieu, c’est son confortable soliloque que les prises de paroles des racisé-e-s menacent.

      Faites avec, ou pas : c’est à vous de voir ce que vous voulez faire. Personne ne le fera à votre place.

    • @anarchosyndicalisme : on ne tolère pas l’"insulte ad personam" dans vos fils ? Je comprends, ça a l’air bien plus grave que l’argumentum ad personam ou la simple insulte ! Ce qui m’étonne, par contre, c’est qu’en plus du zeste de cuistrerie, on y tolère néanmoins l’anathème, la citation tronquée et la censure à la petite semaine avec la bonne conscience libertaire en sautoir. Manifestement je me suis égaré en venant ici, je change donc de file. Bonne continuation dans votre voie.

  • Orwell et la « common decency »
    http://www.pileface.com/sollers/spip.php?article753

    « On ignore trop souvent que c’était au nom du socialisme qu’il [Orwell] avait mené sa lutte antitotalitaire, et que le socialisme, pour lui, n’était pas une idée abstraite, mais une cause qui mobilisait tout son être, et pour laquelle il avait d’ailleurs combattu et manqué se faire tuer durant la guerre d’Espagne. »
    Simon Leys, Orwell ou l’horreur de la politique, 1984.
    « Si Orwell plaidait pour qu’on accorde la priorité au politique, c’était seulement afin de mieux protéger les valeurs non politiques. »
    Bernard Crick, Orwell, une vie.

    #Orwell #Michéa #CommonDecency

    • Or c’est bien en ce sens qu’Orwell parlait de « société décente ». Il entendait désigner ainsi une société dans laquelle chacun aurait la possibilité de vivre honnêtement d’une activité qui ait réellement un sens humain.

    • Note : Orwell avait d’ailleurs sur la question une position ouverte et pragmatique. « Il est vain de souhaiter, dans l’état actuel de l’évolution du monde — écrit-il ainsi dans Le Lion et la Licorne — que tous les êtes humains possèdent un revenu identique. Il a été maintes fois démontré que, en l’absence de compensation financière, rien n’incite les gens à entreprendre certaines tâches. Mais il n’est pas nécessaire que cette compensation soit très importante. Dans la pratique, il sera impossible d’appliquer une une limitation des gains aussi stricte que celle que j’évoquais. Il y aura toujours des cas d’espèce et des possibilités de tricher. Mais il n’y a aucune raison pour qu’un rapport de un à dix ne représente pas l’amplitude maximum admise. Et à l’intérieur de ces limites, un certain sentiment d’égalité est possible. Un homme qui gagne trois livres par semaines et celui qui en perçoit mille cinq cent par ans peuvent avoir l’impression d’être des créatures assez semblables [can feel themselves fellow creatures] ce qui est inenvisageable si l’on prend le duc de Westminster et un clochard de l’Embankment. »Essais, Articles, Lettres, vol. 2, éditions Ivrea

    • Dans son Essai sur le don, Mauss en a d’ailleurs dégagé les conditions anthropologiques universelles : le principe de toute moralité (comme de toute coutume ou de tout sens de l’honneur) c’est toujours — observe-t-il — de se montrer capable, quand les circonstances l’exigent, de « donner, de recevoir et de rendre ».

      Note : Si on accepte de voir dans la morale commune moderne (ou common decency) une simple réappropriation individuelle des contraintes collectives du don traditionnel (tel que Marcel Mauss en a dégagé les invariants anthropologiques) on pourra assez facilement en définir les maximes générales : savoir donner (autrement dit, être capable de générosité) ; savoir recevoir (autrement dit, savoir accueillir un don et non comme un dû ou un droit ; savoir rendre (autrement dit, être capable de reconnaissance et de gratitude). On pourra également en déduire les fondements moraux de toute éducation véritable (que ce soit dans la famille ou à l’école) : ils se résumeront toujours, pour l’essentiel) à l’idée qu’à l’enfant humain tout n’est pas dû (contrairement à ce qu’il est initialement porté à croire) et qu’en conséquence, il est toujours nécessaire de lui enseigner, sous une forme compatible avec sa dignité, que le monde entier n’est pas à son service (sauf, bien entendu, si le projet explicite des parents est de faire de leur enfant un exploiteur ou un politicien — ou, d’une manière plus générale, un manipulateur et un tapeur). Il suffirait, d’ailleurs, d’inverser ces principes socialistes pour obtenir automatiquement les axiomes de toute éducation libérale (et notamment l’idée décisive que l’enfant doit être placé en permanence au centre de tous les processus éducatifs).

    • @eoik, je t’en prie. Si tu regarde à #michéa ici tu en sauras davantage quant à ses positions, avec des avis contradictoires à leur sujet. Comme bien d’autres, j’aime beaucoup certains textes d’Orwell (qui a eu plusieurs vies et soutenu des positions forts ... diverses) dont Hommage à la Catalogne

      qui est téléchargeable là
      http://radicatheque.over-blog.com/2013/08/ebook-hommage-à-la-catalogne-george-orwell.html

    • Ah, chance. Je m’en vais me télécharger ça tout de suite ! Merci @colporteur.

      Je viens de finir Orwell ou l’horreur de la politique de Simon Leys. L’Orwell qu’il présente m’est très sympathique (je n’ai que de lointains et scolaires souvenirs d’Animal Farm et de 1984) mais il ne parle pas du tout de la « Common Decency » et je m’interroge sur son origine.

      Oui, j’ai parcouru #Michéa : très intéressant, en effet.

  • #Michéa répond aux chasseurs de sorcières | Causeur
    http://www.causeur.fr/michea-antifascisme-orwell-31251.html

    Si tant d’universitaires de gauche m’attribuent spontanément une vision aussi platonicienne du peuple – je laisse évidemment de côté le cas des falsificateurs professionnels – c’est, en général, parce qu’ils ne parviennent toujours pas à comprendre que l’idée orwellienne selon laquelle les « gens ordinaires » (à la différence des élites) restent encore globalement attachés – dans leur vie quotidienne – aux principes minimaux de la « décence commune » n’implique en rien que leur conscience politique ne puisse être simultanément aliénée. On peut assurément être « quelqu’un de bien » – c’est-à-dire loyal et généreux dans ses rapports avec ses proches – tout en souscrivant, par ailleurs, au culte de la « croissance » et de la consommation, en absorbant naïvement tous les discours officiels sur la « nécessité » des réformes libérales, voire en entretenant sur des cultures plus lointaines un certain nombre de préjugés ethnocentriques. Tout ce qu’on peut dire – et Orwell ne disait rien de plus –, c’est qu’un mouvement politique qui tournerait ostensiblement le dos (que ce soit au nom de son « relativisme culturel », de l’idée que « le monde bouge » ou de la croyance selon laquelle « la fin justifie les moyens ») à l’idée populaire qu’« il y a des choses qui ne se font pas » – comme, par exemple, manquer à sa parole ou aux devoirs élémentaires de l’amitié – finira toujours, tôt ou tard, par trahir la cause du #peuple.

    #décence-ordinaire

  • Au nom du peuple. J-C. Michéa réécrit l’histoire | par Isabelle Garo
    http://www.contretemps.eu/interventions/nom-peuple-j-c-mich%C3%A9a-r%C3%A9%C3%A9crit-lhistoire

    #Michéa, obnubilé par l’affaire Dreyfus, dont le Front populaire prolonge simplement la trahison (Michéa, 2010, p. 128) – croisement de pur hasard sans doute avec l’historiographie réactionnaire et antisémite –, semble ignorer la réalité élémentaire d’une histoire du socialisme et du communisme, pour ne parler que de ces composantes-là, qui est militante, organisationnelle et institutionnelle, et qui se pose d’emblée et de façon conflictuelle et débattue la question de ses luttes et ses alliances, de son inscription dans la vie sociale et politique. Dans le même temps, alors même que c’est la thèse majeure de l’auteur, aucune analyse précise n’est produite du ralliement d’une partie de la gauche aux thèses libérales : elle n’est pour lui que la conséquence d’un affaissement moral, dont mai 68 serait la date clé et la théorie de la déconstruction la cause première. Luc Ferry l’avait déjà très bien dit. La montée de la deuxième gauche et ses liens avec un contexte politique, économique, social bien précis, ainsi que le rôle actif de certains intellectuels et des médias, l’itinéraire du Parti socialiste, sont de vraies questions, mais Michéa n’en traite à aucun moment. Ses propos sont là encore stupéfiants : Michel Foucault et Bernard-Henry Lévy, grands fauteurs de la conversion de la gauche au libéralisme selon lui, auraient partagé la thèse que « commun » et « totalitaire » sont finalement synonymes (et pas le « communisme » et le « totalitarisme », plus exactement, thèse qui fut en effet celle des nouveaux philosophes et non de Foucault : mais Michéa ne pourrait plus utiliser le propos à son avantage). Tandis que selon lui Foucault aurait disserté sur la « dictature du on » (tout élève de terminale sait qu’il s’agit de Heidegger) (Julliard, Michéa, 2014, p. 240).

    Un tel mépris de la rigueur élémentaire surprend. Mais la raison en est simple : Michéa ne cherche pas, il a trouvé et il prêche, il est pressé. Il ne connaît que la thématique de la décadence, qui nourrit les fantasmes de régénérescence, de réforme morale, de retour aux origines perdues, toutes thématiques dont les assonances intellectuelles se situent depuis la Révolution française du côté d’une littérature politique réactionnaire. Rechapées en critique de gauche, mélangées à un peu d’éloge de la gratuité et à une critique du capitalisme qui n’est en réalité qu’une critique du consumérisme et surtout des consommateurs, placées sous le haut patronage de Debord, Mauss, Proudhon, Leroux, le jeune Marx, Castoriadis, Lasch, Orwell, etc., les thèses de la tradition antirévolutionnaire et anti-Lumières deviennent alors méconnaissables. La mayonnaise peut alors être vendue comme sommet sans pareil du courage politique et de l’acuité critique à des lecteurs de gauche un peu éberlués ou à des dirigeants socialistes en quête d’alternative au socialisme, un tant soit peu mise en forme de doctrine médiatique.

    #réaction

  • Ces tâches « à la con » qui vident nos métiers de leur intérêt - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2013/09/14/taches-a-con-vident-metiers-interet-245542

    (Entretien avec Béatrice Hibou)

    Si Graeber met le doigt sur un phénomène de plus en plus prégnant, je ne suis pas entièrement d’accord avec lui dans son interprétation. Je ne pense pas qu’il y ait des « boulots à la con » en soi, des boulots que l’on puisse identifier comme « à la con ».

    Ce que l’on observe, c’est que les boulots ont, à des degrés divers, une part de tâches « à la con » si je reprends son vocabulaire, et que cette part devient certainement de plus en plus grande.

    Si on conceptualise ce phénomène en termes de « bureaucratisation », on se rend compte que c’est un phénomène aussi vieux que le capitalisme (ou le socialisme), autrement dit aussi vieux que l’organisation rationnelle de l’économie capitaliste (que le capitalisme soit privé ou d’Etat).

    Les pères de la sociologie et de l’économie politique comme Marx ou Weber l’avaient déjà souligné et en avaient fait un élément central de leurs travaux. Weber rappelait que « capitalisme et bureaucratie se sont rencontrés et sont devenus inséparables » !
    (...)

    Ce qui fait la nouveauté du moment actuel, c’est que la bureaucratie dont il est question aujourd’hui est avant tout une bureaucratie d’entreprise. (C’est pour cela qu’avec des collègues, nous avons intitulé notre livre collectif « La Bureaucratisation néolibérale ».)

    Avec le néolibéralisme, la part des tâches dont on a l’impression qu’elles ne servent à rien – et même plus, dont on a l’impression qu’elles font dévier du « vrai » travail, du sens du métier – s’accroît.

    Et elle s’accroît du fait de cette managérialisation de toutes les activités, du fait de la diffusion de ces formalités issues de la grande entreprise complexe et sophistiquée.

    Or cette organisation nouvelle du travail, qui donne une part importante à des tâches éloignées du métier, est liée à un changement de regard : peu à peu, on n’a plus regardé la productivité à partir du niveau des salaires, mais à partir de l’organisation du travail et de la maîtrise des coûts, et on a intensifié l’usage de la comptabilité.

    Ainsi s’est développé, à côté du métier, l’usage de règles, de procédures de codage, de critères et de normes… qui s’éloignent de la conception purement technique du métier.

    (...)

    L’évolution du capitalisme vers une « efficacité », une « productivité », une « performance » toujours plus grande se fait aujourd’hui à travers des techniques (comptables, d’audit et d’évaluation quantitative) qui donnent le sentiment à un nombre croissant de personnes que leur occupation est « à la con », et qu’elle est en outre « non productive » comme le rappelle Graeber lorsqu’il parle d’inutilité.

    Ce qui constitue le paradoxe, c’est que cette inutilité perçue par un nombre croissant d’employés est considérée par les dirigeants et managers d’entreprises comme l’expression même de l’utilité, de l’efficacité.

    Pour eux, la recherche d’efficacité et de productivité accrues ne peut se faire que par le développement de ces techniques formelles ainsi que du contrôle, de l’évaluation, de l’audit… qui expliquent l’explosion des tâches « à la con », y compris au sein des métiers les plus techniques et qui exigent des compétences très pointues.

    Mais les choses sont plus compliquées et font aussi la part belle à des processus largement imprévus, voire des demandes inconscientes de notre part.

    C’est-à-dire ?

    Je m’explique de façon très concrète : la demande de sécurité – qui devient une obsession de la société toute entière – suscite la mise en place de procédures et de normes, exigeant un travail bureaucratique (ou « travail à la con ») toujours plus prenant.

    Il en va de même pour les attentes de plus grande transparence, par exemple vis-à-vis du système financier : la réponse aux scandales et aux exigences de « moralisation » de la vie économique se traduit par l’explosion de règles, l’invention de nouveaux ratios, de nouveaux critères, de nouvelles procédures à respecter, donc à documenter, à compiler, à comparer, à évaluer…

    On pourrait en dire de même des demandes populaires pour que les responsables rendent des comptes, qui nécessitent la production de dossiers, rapports, évaluation des travaux réalisés, établissements d’indicateurs de performance, ou des demandes des consommateurs d’un label de qualité...

    Chez elle, néanmoins, pas d’analyse conjointe de cette #bureaucratisation_néolibérale et de l’ #informatisation ...

    • Et aussi, il y a bien des boulots à la con « en soi ».

      Par conviction politique, esthétique ou écologique, on peut très bien dire que travailler dans une centrale nucléaire, poser des panneaux JCDecaux, concevoir des bandeaux de publicité web, fabriquer des puces RFID ou même tout autre minipuce d’appareils mobiles, etc, sont des exemples de métiers à la con tout à fait « en soi », absolument inutiles au buen vivir.

      #travail #capitalisme #boulots_inutiles (à ressortir)

    • Traduction du texte de Graeber :
      http://www.lagrottedubarbu.com/2013/08/20/emplois-foirreux-bullshit-jobs-par-david-graeber
      "La réponse n’est clairement pas économique : elle est morale et politique. La classe dirigeante a découvert qu’une population heureuse et productive avec du temps libre est un danger mortel (pensez à ce qui c’est passé lorsque cette prophétie à commencé à se réaliser dans les années 60). Et, d’un autre côté, le sentiment que le travail est une valeur morale en elle même, et que quiconque qui ne se soumet pas à une forme intense de travail pendant leur temps de veille ne mérite rien, est particulièrement pratique pour eux.

      Si quelqu’un avait conçu un plan pour maintenir la puissance du capital financier aux manettes, il est difficile de voir comment ils auraient mieux fait. Les emplois réels, productifs sont sans arrêt écrasés et exploités. Le reste est divisé en deux groupes, entre la strate des sans emplois, universellement vilipendé et une strate plus large de gens qui sont payés à ne rien faire, dans une position qui leur permet de s’identifier aux perspectives et sensibilités de la classe dirigeante (managers, administrateurs, etc.) et particulièrement ses avatars financiers, mais en même temps produit un ressentiment envers quiconque à un travail avec un valeur sociale claire et indéniable. Clairement, le système n’a pas été consciemment conçu, mais a émergé d’un siècle de tentatives et d’échecs. Mais c’est la seule explication pourquoi, malgré nos capacités technologiques, nous ne travaillons pas 3 à 4 heures par jour.

      Quels sont donc ces nouveaux emplois précisément ? Un rapport récent comparant l’emploi aux Etats Unis entre 1910 et 2000 nous en donne une bonne image (et je notes au passage, il en est de même pour le Royaume Uni). Au cours du siècle dernier, le nombre de travailleurs, employés dans l’industrie ou l’agriculture a dramatiquement diminué. Au même moment, les emplois en tant que “professionnels, clercs, managers, vendeurs et employés de l’industrie de service” ont triplés, passant “de un quart à trois quart des employés totaux”. En d’autres mots, les métiers productifs, comme prédit, a pu être largement automatisé (même si vous comptez les employés de l’industrie en Inde et Chine, ce type de travailleurs ne représente pas un pourcentage aussi large qu’avant)

      Mais plutôt que de permettre une réduction massive des heures de travail pour libérer la population mondiale et leur permettre de poursuivre leurs projets, plaisirs, visions et idées, nous avons pu observer le gonflement, non seulement des industries de “service”, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la poussée sans précédent de secteurs comme les avocats d’affaire, des administrations, ressources humaines ou encore relations public. Et ces chiffres ne prennent pas en compte tous ceux qui assurent un soutien administratif, technique ou sécuritaire à toutes ces industries, voir toutes les autres industries annexes rattachées à celles-ci (les laveurs de chiens, livreurs de pizza ouvert toute la nuit) qui n’existent seulement parceque tout le monde passe tellement de temps au travail.

      C’est ce que je vous propose d’appeler des “Emplois Foirreux” [NDT : pas trouvé de traduction correcte pour Bullshit Jobs - ou emplois merdiaues]

      "

    • Si on conceptualise ce phénomène en termes de « bureaucratisation », on se rend compte que c’est un phénomène aussi vieux que le capitalisme (ou le socialisme), autrement dit aussi vieux que l’organisation rationnelle de l’économie capitaliste (que le capitalisme soit privé ou d’Etat).

      C’est encore quelqu’un qui n’a pas compris ce qu’est le capitalisme : contrairement aux systèmes économiques précédents la raison d’être et la forme pricinpale des échanges économiques dans une société capitaliste ne suit pas le modèle marchandise->argent->marchandise mais adopte la forme argent->marchandise->argent dans la quête d’accumulation d’argent qui se transforme ainsi en capital au lieu de constituer seulement une unité d’échange.

      Quand on a compris cette définition fondamentale on ne peut plus qualifier l’URSS et les autres pays dit du socialisme réel comme des capitalismes d’état. L’argent y servait d’unité d’échange, son accumulation par les échanges de marchandises ne constituait pas leur raison d’être. L’absence de classe capitaliste est un autre élément qui interdit de les qualifier de capitalistes.

      Après, la question si c’étaient vraiment des pays socialistes, communistes ou des dictatures totalitaires est d’un ordre différent. On peut éventuellement parler d’un capitalisme d’état quand chez nous les entreprises nationales sont transformées en sociétés anonymes, quand les dirigeants soviétiques se muent en oligarques, mais là encore c’est une autre question.

      Je le trouve important de préciser ces points parce qu’on essaie souvent de brouiller le regard sur les relations de classe en omettant des éléments essentiels à leur analyse. Cette démarche sert généralement à justifier un pouvoir en place qui est en train de perdre sa crédibilité. C’est le discours du « ... tu vois petit, ailleurs ce n’est pas mieux, on vit dans le meilleur des mondes possibles ... »

      D’ailleurs, j’ai oublié de mentionner que Marx a trouvé une manière scientifique de décrire les boulots à la con : il parle d’aliénation.

      L’aliénation est constituée par le fait que le l’ouvrier-producteur ne contrôle pas le processus de production mais qu’il est réduit à exercer des actes isolés. Pour simplifier on pourrait dire que le capitalisme ne connaît pas de travail qui ne soit pas aliéné / boulot à la con sauf pour les artistes et quelques riches qui ont les moyens de se consacrer librement à leur hobby de recherche scientifique ou de fouilles archéoligiques.

      Qui dit que son travail est vidé de son sens ne fait qu’exprimer le fait que jusqu’il y a peu il appartenait à cette couche de petit-bougeois qui était épargnée, il avait du sursis. Pour les ouvriers l’aliénation faisait toujours partie de leur existence leurs organisations et culture constituant leur stratégie de défense. Maintenant c’est à une partie de plus en plus grande de la société de suivre leur exemple.

      On a dit que le socialisme industrialisé place l’ouvrier dans la même situation d’aliénation. On peut y répondre que tant que la classe ouvrière contrôle le processus de production, le travail industriel sert à préparer sa propre abolition pendant un phase de reprise en mains individuelle et collective des actes de production. Ainsi l’alinéation totale capitaliste est remplacée par une lutte constante pour rendre le travail humain.

      Nous vivons dans une époque où le progrès technique capitaliste dévéloppe surtout des forces déstructrices. Dans la lutte pour une société socialiste le progrès technologique se transforme en source de progrès pour l’humanité.

      #capitalisme #socialisme #communisme #bloc_de_l_est #soviétisme #hacker

    • à klaus++

      Parce qu’il n’y a pas une catégorie minoritaire de la population qui accumule des richesses dans les pays que tu qualifie de « socialisme réel » ?

      Les bureaucraties communistes ont accumulé presque partout des richesses, directement et par la corruption, elles ont confisqué le pouvoir et elles ont réprimé férocement pour conserver le tout.

      Ce n’est pas parce que le capitalisme a bien des graves défauts, et notamment le capitalisme financier qui est maintenant tout puissant et hors de tout contrôle, que le communisme bureaucratique serait devenu beau.

      L’économie marchande a d’ailleurs des intérêts : le dynamisme humain y est moins entravé qu’ailleurs et elle ne nécessite pas de mettre la population sous contrôle stricte pour se reproduire.

      Ton commentaire me ramène 40 ans en arrière. A moins que j’ai mal compris...

    • Tu as mal compris. Le monsieur te dit qu’on ne peut pas à proprement parler de « capitalisme » pour ces sociétés car le capitalisme ce n’est pas le fait d’accumuler des choses (ça ça existe dans d’autres sociétés), mais c’est un type de médiation entre les gens particuliers, basés sur la marchandise, la valorisation et l’argent. Et cette configuration particulière n’existe que dans le capitalisme. Et ce n’est pas lui qui dit « socialisme réel », il a bien marqué « pays dit du socialisme réel ».

      À part ça il y aurait d’autres choses à critiquer quand même :

      Dans la lutte pour une société socialiste le progrès technologique se transforme en source de progrès pour l’humanité.

      Non.

    • @stephane_m Le « socialisme réel » était le terme que nos chers camarades défenseurs du stalinisme est-allemand utilisaient pour se différencier des socialistes ayant une vison plus ouverte qu’eux du projet de société. Manière de dire "voyez, nous on réussit alors arrêtez de faire des rêves d’imbécile et soutenez-nous."

      Le texte initial fait effectivement mention du "capitalisme d’état" des pays de l’Est. C’était á l’époque (entre 1965 et 1989) la position ridicule des maoistes qui suivaient la dénociation du bloc soviétique par Mao après son conflit avec ses anciens alliés. Leur position était ridicule car ils préféraient l’idéologie maoïste, résultat de combats propres aux chinois, à la réflexion scientifique. A la lecture de la phrase j’ai d’abord ri, je n’ai pas voulu croire qu’encore aujourd’hui on soit confronté à ces bêtises, après je me suis décidé à mettre les pendule à l’heure.

      Peut-être mon français n’est pas assez bon, mais je croyais être clair en écrivant " l’URSS et les autres pays dit du socialisme réel" pour exprimer qu’ils se disaient socialistes sans vraiment correspondre à sa définition.

      Pourtant, je dois m’excuser, pour quelqu’un qui n’a pas suivi ces conflits de cinglés c’est parfois difficile à saisir les sous-entendus et références :-)

      A moins que ... le socialisme soit devenu chimère après la fin de l’histoire ?

    • @rastapopoulos Merci pour tes explications. Pourtant j’insiste : si ! C’est en s’appropriant la technologie qu’on la modifie. Résultat : on se débarasse de ses aspects nocifs. C’est un processus dialectique. Bon, j’avoue, je suis un technophile rodé ;-)


      P.S. Sais-tu pour quoi le socialisme va gagner sur le capitalisme ? Parce qu’il produit les plus grosses patates, les plus grands oeufs et les plus grands microprocesseurs. C’est une histoire qu’on se racontait à Berlin-Est, les gens n’étaient pas dupes.

    • Dans le passage du schéma M-A-M à A-M-A’ , il y a un double renversement dans la perspective proposée par Marx : d’une part il s’agit de « remettre sur pied » le ressort de la production de marchandise. Ce qui l’anime, c’est bien l’accumulation tautologique de la part abstraite et non la circulation de ses formes concrètes. Mais d’autre part, le point de vue change : c’est n’est plus du point de vue d’une marchandise particulière (ou d’un travail particulier) que le procès est saisi, mais selon une totalité (l’ensemble des travaux et de leurs produits). L’argent n’y est qu’une forme phénoménale qui exprime le mouvement de cette totalité. D’autres phénomènes peuvent s’y substituer si l’on se contente de décréter l’abolition de l’argent en maintenant le rôle médiatisant du travail. En ce sens, les « socialismes réellement existant » sont bel et bien des capitalismes. C’est d’ailleurs parce qu’il s’agissait de capitalismes sous-productifs qui ne pouvaient s’aligner sur la compétition mondiale qu’ils se sont effondrés. Les sociétés du bloc de l’est ne pouvaient plus se reproduire car elles ne pouvaient plus accumuler de travail humain au niveau de productivité requis par la compétition mondiale. L’URSS n’était pas un pays sur une autre planète mais un des compétiteurs au sein d’un système capitaliste globalisé.

      Le « socialisme réellement existant » est donc bien un capitalisme (= une forme de synthèse sociale médiatisée par le travail producteur de marchandises, ce qui est exprimé par la formule A-M-A’). Il n’est même pas la peine de préciser « d’État » car, dans le capitalisme, l’État est le présupposé et le produit de cette synthèse (qu’il soit libéral, keynésien, fasciste, autogestionnaire n’y change rien à l’affaire)

    • à klauss+++ : j’ai du mal à comprendre qu’on puisse écrire une phrase pareille :

      On a dit que le socialisme industrialisé place l’ouvrier dans la même situation d’aliénation. On peut y répondre que tant que la classe ouvrière contrôle le processus de production, le travail industriel sert à préparer sa propre abolition pendant un phase de reprise en mains individuelle et collective des actes de production. Ainsi l’aliénation totale capitaliste est remplacée par une lutte constante pour rendre le travail humain.

      Les ouvriers dans les régimes communistes ont été souvent aussi exploités qu’ailleurs, quand ce n’était pas pire. Parce que les médias étaient sous contrôle et qu’il n’y avait pas de contre pouvoirs syndicaux ou autres (les syndicats étant des émanations des pouvoirs en place). En URSS des zek, des gens emprisonnés (parfois pour raisons purement idéologiques), ont été condamnés au travail forcé pour construire les infrastructures.

      Le seul réel point positif des régimes communistes selon moi a été l’investissement dans l’éducation à grande échelle. Mais cela n’a pas suffi à garantir un développement suffisant de la science et de l’innovation dans ces pays.

      La médiatisation des échanges par l’argent c’est quand même bien utile. Autant on peut souhaiter au niveau local, le développement des échanges conviviaux de services et de biens qui échappent aux échanges marchands (phénomène favorisé par la communication par Internet). Autant une généralisation du troc à tous les échanges, n’est ni envisageable ni souhaitable, parce que cela serait une régression économique insupportable.

      à ktche :

      Que la force de travail produise davantage que sa propre reproduction, c’est la production d’un surplus, c’est ce qui permet la production d’outils, l’investissement, et à terme une croissance de la productivité du travail humain [c’est l’échange A-marchandise force de travail-A’]. C’est bien.
      Le problème c’est le contrôle, la régulation, de qui s’approprie ce surplus . Actuellement il va essentiellement aux gros actionnaires des grands groupes, des grandes banques et grands établissements financiers.

      à RastaPopoulos
      Je préfère vous vouvoyer, le respect fait partie de ma conception de l’échange d’idées (échange non marchand ... ;-) ).

    • Que la force de travail produise davantage que sa propre reproduction, c’est la production d’un surplus

      Distinguer ce qui est nécessaire de ce qui est excédentaire est déjà le produit d’une forme particulière de synthèse sociale, une façon inconsciente de s’accorder avec les contraintes imposées par la reproduction du capital qui est la voie unique de la reproduction de la société (capitaliste). Cette contrainte est à la fois le produit d’une façon de faire qui n’a pas de nécessité naturelle, mais aussi un facteur bien réel qui pèse ici et maintenant

      c’est ce qui permet la production d’outils, l’investissement, et à terme une croissance de la productivité du travail humain

      Dans le capitalisme, ce mouvement tourne sur lui-même, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’échappatoire en son sein pour décider (ou même constater) qu’un but souhaitable a été atteint à un moment ou un autre et qu’on peut se consacrer à autre chose. Pour sortir de ce mouvement, il faut qu’il soit lui-même aboli

      c’est bien

      ah bon ?

    • @ktche merci pour l’idée intéressante. J’ai pourtant des doutes si elle tient debout.

      D’autres phénomènes peuvent s’y substituer si l’on se contente de décréter l’abolition de l’argent en maintenant le rôle médiatisant du travail. En ce sens, les « socialismes réellement existant » sont bel et bien des capitalismes. C’est d’ailleurs parce qu’il s’agissait de capitalismes sous-productifs qui ne pouvaient s’aligner sur la compétition mondiale qu’ils se sont effondrés.

      J’essaie de comprendre : qu’est-ce qui se substitue à quoi précisément ? La morale à la valeur ?

      Qu’est-ce la définition du capitalisme sinon la combinaison du droit à la propriété privée en combinaison avec le droit d’exproprier les producteurs afin d’agrandir son capital personnel ?

      L’URSS n’était pas un pays sur une autre planète mais un des compétiteurs au sein d’un système capitaliste globalisé.

      Je ne vois pas le bien-fondé de la déduction. Explication ?

      P.S. Voici une autre blague est-allemande : Qu’est-ce qu’est le capitalisme ? C’est l’exploitation de l’Homme par l’Homme. Et le socialisme ? C’est exactement le contraire.

    • Je ne vois pas le rapport entre le vouvoiement et le respect. On est pas dans une relation universitaire, de hiérarchie, ou je ne sais quoi, on est juste sur un forum internet informel. :D

      Bon, à partir là, il y aurait tellement de choses à tout réexpliquer, de ce qu’est le capitalisme, la marchandise, l’argent, de pourquoi le troc n’a absolument rien à voir là-dedans (mythe pourtant dégommé encore récemment par David Graeber, quelques soient les autres critiques qu’on peut lui faire), de pourquoi le problème n’est pas juste la financiarisation, la redistribution ou les méchants banquiers, etc. C’est ça qui est compliqué avec les stéréotypes, c’est qu’on peut les sortir en deux phrases mais qu’il faudrait 15 pages pour les critiquer une énième fois. :)

      Une introduction possible en français ici http://seenthis.net/messages/326988

    • à ktche,

      Le surplus c’est, dans une société donnée, le temps humain qui reste disponible une fois qu’on a produit ce qui est nécessaire à la vie humaine de base de tous les individus de la société.

      Le surplus existe dans n’importe quelle société. On peut l’utiliser comme temps récréatif, de palabre ou de repos, pour des danses ou des cérémonies religieuses, pour fabriquer des flèches en silex, pour découvrir le feu, pour produire les dons au chef, ou la dîme, ou les impôts féodaux, pour construire des machines, pour payer des taux d’intérêts, des dividendes, pour être accaparé à travers les salaires des haut managers, ou être rassemblé sous forme d’impôt qui sert, soit à grassement payer une classe politique incompétente et dévoyée, soit à construire des écoles et des universités ...

      Pour moi qu’il y ait une incitation à accroitre la productivité du travail et donc le surplus* (ce qui est le cas en système capitaliste), c’est bien. Mais ce qui est moins bien c’est qu’il n’y a plus de contrôle social réel sur ce que devient ce surplus et comment et qui l’utilise.

      * le surplus peut être du temps libre.

    • à RastaPopoulos,

      J’ai lu Marx, et beaucoup d’économistes de divers courants.
      Il faut différentier l’échange marchand et monétaire qui a existé bien avant la généralisation du raport salarial qui est la marque du capitalisme.

      J’ai lu cet article de David Graeber. Pourquoi ne considère-t-il pas qu’une bonne partie des « emplois foireux » sont du travail de captation et de contrôle du surplus au profit des classes dominantes (gros actionnaires, haut managers, banque et finance) ? C’est le cas d’une partie des emplois administratifs, des RH, des avocats d’affaires, des communicants et d’une bonne partie des journalistes aussi !

      J’ai écouté le début de la vidéo et je ne suis pas d’accord avec ce qui est dit dans cette « Conférence des amis du Monde Diplomatique ». C’est très long je m’excuse de n’avoir pas le temps de tout écouter ...

      Personnellement je ne récuse pas « tout le capitalisme ».

      La part du capitalisme qui permet l’initiative humaine me parait devoir être conservée. Tous les régimes qui ont visé à un égalitarisme absolu on été contraints de tuer la liberté des individu par un contrôle policier épouvantable. Je préfère un peu moins d’égalitarisme et un peu plus de liberté et de capacité d’initiative.

      La part du capitalisme qui incite à accroître le surplus dans une société est pour moi positive.

      Par contre il faut trouver les moyens d’un contrôle démocratique sur qui s’approprie quelle part du surplus et pourquoi faire, et quelle part du surplus doit être mutualisée et utilisée collectivement.

      Ce n’est pas que je manque de connaissance ...comme vous l’insinuez en cherchant un prendre un ascendant, c’est que je ne suis pas d’accord avec vous ! ;-))

      Bonne journée à tous

    • Dans le mode de production capitaliste, le surplus ne peut pas être du temps libre car ce qui « motorise » le capitalisme, c’est la transformation de travail productif en toujours plus de travail productif. Si une marge de temps « disponible » est dégagée, soit elle est réinvestie dans le procès de production pour que la société capitaliste se reproduise, soit elle apparait sous une forme non pas « libre » mais superflue, c’est-à-dire inemployable. Le surplus dans le capitalisme, c’est soit plus de travail soit plus de chômage (en fait, au niveau de la totalité, ce sont les deux à la fois). Toute tentative de « répartir » se traduit par le fait que le travail devient globalement non rentable et qu’il est purement et simplement dissout (alors même qu’il demeure la condition impérative pour chacun d’entre nous d’assurer notre subsistance ici et maintenant)

    • J’essaie de comprendre : qu’est-ce qui se substitue à quoi précisément ?

      Si l’argent est aboli mais que le travail producteur de marchandises reste le médiateur de la synthèse sociale, alors un autre phénomène va émerger pour le remplacer sans que cela enraye la dynamique sous-jacente ; Par exemple, on peut voir se mettre en place des systèmes de « bons de travail ». Ou bien encore le troc peut prendre une place importante (et toujours après l’apparition de l’argent, jamais avant) si l’argent fait défaut (ce fut le cas d’une partie du commerce internationale de l’URSS, par exemple)

      Qu’est-ce la définition du capitalisme sinon la combinaison du droit à la propriété privée en combinaison avec le droit d’exproprier les producteurs afin d’agrandir son capital personnel ?

      Ce n’est pas la définition que j’emploie pour caractériser le capitalisme. Il s’agirait plutôt là d’une de ses configurations historiques, ou bien encore d’une série de phénomènes certes non contingents mais superficiels. Cela reviendrait à définir une étoile comme étant ce qui lance des rayons lumineux. Ça correspond éventuellement à ce qu’on peut observer à un moment donné de son cycle de vie, mais cela ne nous dit rien sur ce qui l’anime intérieurement et permet d’en expliquer la trajectoire ou les transformations. (bien sur loin de moi l’idée de faire l’histoire des sociétés capitalistes à partir d’une loi naturelle , je prend juste une image pour illustrer mon point de vue)

    • Ça correspond éventuellement à ce qu’on peut observer à un moment donné de son cycle de vie

      Si on relativise tout parce que dans le grand contexte tout est éphémère il n’y a plus de méthode. Byebye le matérialisme scientifique et toute autre approche raisonnée. Ça nous mène où ?

      Dans ces pays « socialistes » on pouvait constater l’absence d’une processus d’échanges entre particuliers dans le but de transformer du capital en davantage de capital par l’exploitation des travailleurs. C’était d’ailleurs fait exprès. L’état soviétique ne remplacait pas ces capitalistes et ne suivait pas une logique d’accumulation de capital comme une fin en soi. L’accumulation de valeurs n’a d’ailleurs rien de capitaliste, elle est propre à chaque société ayant dépassé le stade primitif.

      Ceci n’est pas en contradiction avec l’existence d’injustices et de crimes contre l’humanité. A mon avis ces pays ne méritaient pas qu’on les appelle socialistes. Pourtant ils avaient conservé, comme la Chine entre 1949 et le milieu dees années 1980, les éléments essentiels de l’économie socialiste et n’étaient plus des pays capitalistes. Ils n’étaient surtout pas communistes parce que leur niveau de productivité était trop basse et la guerre constante avec le monde capitaliste empêchait une redistribution équitable les fruit de l’effort collectif. Sous ces condition leur système politico-économique ressemblait à une sorte de féodalisme socialiste. Il serait d’ailleurs intéressant d’analyser la société lybienne sous Khaddafi pour trouver jusqu’où allaient les ressemblances avec les pays de l’Est et la Chine.

      Encore - pourquoi est-il utile de poser ces questions ? Il est nécessaire de se forger des outils de combat pour éviter la confusion et les méprises qui constituent un danger très concrèt. Il ne s’agit pas d’une discussion académique qui s’intéresse aux phénomènes d’un état défunt mais de la mise au point d’une démarche actuelle.

      Pour le dire encore plus simplement : à moins d’être anarchiste primaire il faut réfléchir sur les qualité d’un état socialiste digne de ce nom. Il faut avoir où on en veut arriver. Ne pas tomber dans le piège du capitalisme d’état en fait partie.

    • Si l’argent est aboli mais que le travail producteur de marchandises reste le médiateur de la synthèse sociale, alors un autre phénomène va émerger pour le remplacer sans que cela enraye la dynamique sous-jacente ; Par exemple, on peut voir se mettre en place des systèmes de « bons de travail ».

      Justement ce n’est pas la question. Peu importe sa forme concrète le capital « veut » s’accumuler en s’appropriant la plus value / le profit. Ce n’était pas le cas dans l’économie des pays de l’Est. Le but économique de ces société était bien sûr l’accumulation du produit du travail de ses citoyens.

      Pourtant la raison de cette accumulation n’était pas la même que dans les pays capitalistes. Dans contexte du « socialisme » le capital avait perdu son côté fétiche et suivait une logique d’accumulation qu’on connaît de son budget familial : quand on va économiquement bien, on met une petite somme de côté tous les mois pour pouvoir se payer quelque chose de cher plus tard.

      L’économie capitaliste ne fonctionne pas comme ca. Le capitaliste emprunte du capital pour réaliser un profit. Le meilleur exemple est l’effet de levier décrit ici :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_de_levier

      Cette manière de penser était étrangère aux économistes « socialistes ». Au fond leur système économique était ni expansionniste ni agressif. C’est un aspect de ces sociétés qui est masqué par le désir de pouvoir de ses dirigeants et par le fait que les états qui se rencontrent sur la scène internationale y ressemblent toujours à des bandes de voyous.

    • Dans ces pays « socialistes » on pouvait constater l’absence d’une processus d’échanges entre particuliers dans le but de transformer du capital en davantage de capital par l’exploitation des travailleurs.

      Dans les pays « socialistes », l’État définissait un plan économique et passait donc « commande » à la société pour réaliser ce plan. Les entreprises (ou des entités au sein d’une même entreprise) qui répondaient à ces commandes étaient durement mises en concurrence les unes avec les autres. Dans ce procès, c’était bien l’extraction (plus ou moins réussie) de plus-value au dépend des travailleurs qui permettaient aux entreprises de sortir gagnante ou perdante.

      Les bureaucraties sont le résultat « nécessaire » du pilotage (souvent illusoire) de ce plan où les entités productrices restent en concurrence et sont jaugées sur leur capacité à faire émerger une meilleure productivité (c’est-à-dire un meilleur ratio entre la quantité de marchandise produite et la quantité abstraite de temps de travail consacrée à cette production)

      Non seulement, le capital n’était pas aboli dans ces formes apparentes « fonctionnelles » (il y avait bel et bien des banques d’investissement, par exemple) mais ce qui en fait la substance même, c’est-à-dire l’accumulation de travail était même glorifié.

    • Non seulement, le capital n’était pas aboli dans ces formes apparentes « fonctionnelles » (il y avait bel et bien des banques d’investissement, par exemple) mais ce qui en fait la substance même, c’est-à-dire l’accumulation de travail était même glorifié.

      A ce sujet : https://seenthis.net/messages/624575

      [...] si l’URSS n’était pas « socialiste », cela n’était pas donc dû seulement à la dictature d’une couche de bureaucrates, comme l’affirmait la gauche anti-stalinienne qui en opposant à l’Etat la forme-conseil et bientôt l’« autogestion » des entreprises, laissait intacte et hors de portée l’ontologie capitaliste qu’elle ne cessait à son tour, d’affirmer positivement. La véritable raison du caractère non socialiste de l’URSS en était que les catégories centrales du capitalisme – marchandise, valeur, travail, argent – n’y étaient pas du tout abolies. On prétendait seulement les gérer « mieux », au « service des travailleurs ». Ainsi en 1989-1991, ce n’était pas une « alternative » au système capitaliste qui s’était écroulée, mais le « maillon le plus faible » de ce système même.

  • Je ne suis pas à jour d’encyclique anti-libérale : Michéa a sorti un livre d’échanges épistolaires avec Jacques Julliard le mois dernier : La Gauche et le peuple. Apparemment on en a pas parlé sur Seenthis.

    Je mets donc ici plusieurs liens en rapport ce livre, que je n’ai pas forcément déjà lus ni écoutés.

    Un hommage de Michéa à Simon Leys, juste avant la sortie du livre, cet été :
    http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140830.OBS7682/simon-leys-le-fleau-des-ideologues.html

    Sur l’Obs, toujours par Aude Lancelin :
    http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140930.OBS0697/la-gauche-a-t-elle-trahi-le-peuple.html

    Recension du livre de Julliard sorti précédemment : Le choc Simone Weil (cc @koldobika)
    http://encyclopedie.homovivens.org/documents/le_choc_simone_weil

    Sur France Culture, les émissions en rapport avec le livre :
    http://www.franceculture.fr/oeuvre-la-gauche-et-le-peuple-de-jacques-julliard

    Et notamment par Finky (qui veut à tout pris caser l’identité, la crise de civilisation et même Renaud Camus, mais qui se fait rembarrer 3 fois de suite) :
    http://www.franceculture.fr/emission-repliques-qu-est-ce-que-la-gauche-2014-10-11
    http://rf.proxycast.org/947748997349515264/13397-11.10.2014-ITEMA_20678827-0.mp3

    Et sur Les Matins :
    http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-la-gauche-a-t-elle-encore-un-avenir-2014-10-01
    http://rf.proxycast.org/946728724747788288/10075-01.10.2014-ITEMA_20675255-0.mp3
    http://www.dailymotion.com/video/x26zzuv_les-matins-la-gauche-a-t-elle-encore-un-avenir_news

    cc @aude_v pour la question du libéralisme
    #Michéa #Julliard #libéralisme #gauche #peuple #Progrès #dialogue #débat

    • Ah ben ils sont pas d’accord sur plein de sujets, ça c’est sûr (notamment sur l’obligation d’avoir des dirigeants, apparemment bourgeois d’après ce que je comprends de Julliard).

      Moi ça me fout les boules tous ces débats intéressants qu’il pourrait y avoir, même si on est pas d’accord sur plein de trucs (sur le genre je suppose notamment), toutes ces non-rencontres…

    • Hem. Etes vous vraiment sûrs qu’un « débat » pourrait être envisagé entre des simples mortels et des éditocrates ou des professionnels de la ponte annuelle de philosophie radicale (plus ou moins une ponte par an, pour le ponte Michéa - un peu en dessous de la production d’Onfray, certes) ?
      Corollaire : êtes vous vraiment sûr d’avoir du temps à perdre à écouter ces derniers s’écouter parler ensemble ?

      La simple idée de Julliard se faisant mousser sur quelqu’un comme Simone Weil m’écoeure.
      Julliard rime avec charognard, comme avec répugnant aussi.
      Michéa récupérant Simon Leys. Charognards.

      Ces mecs méritent des tartes à la crèmes. Mais avec quelques cactus dedans, histoire de dégonfler un moment leurs baudruches.

      Pis causer de « gauche » et de « peuple »... bref.
      Causer, tant que vous voulez. mais entre gens d’en bas. Entre précaires. Entre faibles de l’Ordre - celleux sur qui les Forces du même Ordre frappent si courageusement, celleux qu’on gère, qu’on gouverne, qu’on méprise à des degrés divers - histoire de pas oublier trop, de pas s’éloigner de tout ce que d’autres viennent fourrer et dissimuler sous ces mots.

      Histoire de voir ce qu’on devient lorsqu’on accepte d’endosser ce genre de paletot, et où et à quoi ça mène. Et de commencer de refuser de faire pour personne le valet-de-pied, le mannequin ou le portemanteau.

      (mais j’aime bien comme au fil des liens proposés on glisse de Michéa à Finkie et Camus. La pente médiatique et démocrate est glissante, et l’esprit de parti est un des noms que l’on donne communément à la perte de tout esprit.
      Simone et Simon ne méritent pas pareille compagnie.)

      #je_dis_ça_je_dis_rien

    • Bof, Simone et Simon ont échangé et ont eu pour compagnie des penseurs de droite/réac/cathos/ou autre, eux-mêmes. Donc on peut vouer n’importe qui au pilori comme ça.

      Quand Finky invoque Camus (R.), Michéa de son côté propose Vaneigem. On ne peut pas dire que ce soit vraiment la même culture.

      On peut critiquer des choses (et il y a plein de points sur lesquels je ne suis pas d’accord, et de questions que je pourrais lui poser aussi), sans pour autant tout amalgamer.

      Si on ne discutais QUE entre « gens d’en bas », on se priverait quand même du dialogue avec bon nombre de philosophies et de philosophes (y compris dans les études féministes, dont un bon nombre sont issues de gens ayant un très haut niveau universitaire et qui sont payé⋅e⋅s par l’État, et qui, on ne peut pas le nier, ont pu écrire dans de nombreux journaux mainstream aussi).

    • Comment dire. je n’ai pas le sentiment d’être privé d’accès à la pensée des philosophes et universitaires, encore moins de ne pas avoir connaissance du genre de bouillie confusionniste que servent à l’envi les plus médiatiques d’entre eux.

      Ellil est d’ailleurs des universitaires dont je tiens la pensée en très haute estime, et qui sont pour moi une véritable nourriture intellectuelle, je ne prétendrais pas le contraire. Mais ce ne sont pas les plus médiatiques, loin de là. Et entre se trouver de temps à autre exposé dans les médias mainstream - et faire preuve d’une véritable complaisance à leur endroit, voir plus - il me semble qu’il y a un gouffre.

      Aucun des vivants cités ici ne me semble proposer quoi que ce soit de digeste et de suffisamment exigeant envers soi-même pour mériter qu’on s’y attarde. Et il me semble bien peu opportun de souhaiter leur redonner encore la parole dans un « débat », quand ils sont édités et squattent déjà les médias : y compris beaucoup de presse militante, en panne de production originale.

      Il ne s’agit pas d’amalgamer. La rigueur comme la vigueur de la pensée d’un Vaneigem se sont tout de même sacrément émoussées depuis le bon vieux temps du Traité (je n’étais pas né alors), et le contenu le plus incisif de sa pensée du temps qu’il était situ, comme de celle des meilleurs de ses comparses, mérite sérieusement d’être réévaluée et critiquée.

      Des questions comme « La gauche a-t-elle trahi le peuple ? », par exemple, me paraissent d’un inintérêt vertigineux, tant les termes en lesquels elles sont formulées sont creux et ne touchent pas terre. (je pense pour ma part que « le peuple » est une catégorie de la pensée tellement fourre-tout, qui recouvre tant de disparités et de vécus, qu’elle voue ceux qui y ont recours à être trahis ou à se trahir eux-mêmes, par exemple ; tout comme est voué à la même déception l’électeur. Et que la « gauche politique » recouvre trouve justement les hommes et femmes d’Etat et autres agents du Pouvoir qui se trouvent en charge desdites « trahisons ».
      Que si l’on a l’ambition de faire avancer le schmilblick ne serait-ce que d’un angström, il faut partir du constat de ce que le terme « trahison » n’est en pareil domaine depuis longtemps plus approprié : ou qu’il est ici complètement dévoyé, son sens perverti lorsqu’on persiste à prétendre l’employer pour désigner quelque chose d’aussi prévisible et attendu que la déception des représentés. Si l’on veut exprimer réellement, honnêtement ce dont on prétend rendre compte, alors il faut recourir à d’autres termes.
      Qu’inversement, si l’on tient à continuer à penser et poser les questions en termes de gauche, de peuple et de trahison, alors l’on signifie assez clairement que l’on se refuse à hisser sa pensée politique ne serait-ce qu’au seul ras des pâquerettes. Ce qui caractérise assez sûrement tout ceux qui plastronnent dans les médias et qui font profession d’alimenter régulièrement la production littéraire

      Pis Simone Weil, je l’ai connu d’abord par la lecture d’un gars comme Boris Souvarine et des témoignages anarchistes sur la guerre d’Espagne. J’ai étoffé avec d’autres mauvais esprits assez peu mainstream, y compris un Bernanos, qui était un foutu catho, mais qui n’était pas tendre avec son propre camp. C’est un parcours qui en vaut d’autres, assurément, une telle personnalité pouvant s’aborder par bien des faces. Mais le problème est surtout de la compagnie dans laquelle on se trouve en le faisant. Il me semble que cela influence profondément la lecture que l’on va faire d’une oeuvre. Le « mode d’emploi » avec lequel on l’aborde n’est pas le même, pour dire les choses très grossièrement. On peut bien sur s’en affranchir, mais cela va demander ensuite beaucoup de temps.
      Tenez, c’est le même problème avec un type aussi sympathique et épatant que le curé Meslier, que tant découvrent depuis quelques années sous la plume du triste hédoniste Onfray.
      C’est l’époque et le reflux des luttes qui veulent ça, je ne jette la pierre à personne.
      Mais cela n’est pas sans incidence.

      Il ne s’agit pas tant de droite et de gauche que de compromission et de confusion dans leur pensée, de ce que l’on peut soi-même espérer en faire. Je causerais pas une seconde ni de Simone Weil ou de Vaneigem, ni même de la couleur de mes chaussettes ou de la froidure de la pluie avec des personnages aussi résolument antipathiques et complaisants avec ce que ce monde nous inflige que le sont des Michéa ou Julliard (bien qu’il y ait assurément matière à distinguer l’un de l’autre).
      Et je ne recommanderais à personne de le faire !

    • et à propos de Michéa qui me semble parfois forcer le trait en donnant une tonalité « vieux-jeu » à ses propos, qui ne dénonce pas la récupération de son discours par certains réacs, et qui laisse planer le flou quand il parle de common decency :
      http://seenthis.net/messages/156736#message225785
      http://seenthis.net/messages/221090#message222665
      http://seenthis.net/messages/225913#message225930
      http://seenthis.net/messages/263980#message264287

    • Je vais me répéter...

      Des questions comme « La gauche a-t-elle trahi le peuple ? », par exemple, me paraissent d’un inintérêt vertigineux, tant les termes en lesquels elles sont formulées sont creux et ne touchent pas terre. (je pense pour ma part que « le peuple » est une catégorie de la pensée tellement fourre-tout, qui recouvre tant de disparités et de vécus, qu’elle voue ceux qui y ont recours à être trahis ou à se trahir eux-mêmes, par exemple ; tout comme est voué à la même déception l’électeur. Et que la « gauche politique » recouvre trouve justement les hommes et femmes d’Etat et autres agents du Pouvoir qui se trouvent en charge desdites « trahisons ».
      Que si l’on a l’ambition de faire avancer le schmilblick ne serait-ce que d’un angström, il faut partir du constat de ce que le terme « trahison » n’est en pareil domaine depuis longtemps plus approprié : ou qu’il est ici complètement dévoyé, son sens perverti lorsqu’on persiste à prétendre l’employer pour désigner quelque chose d’aussi prévisible et attendu que la déception des représentés. Si l’on veut exprimer réellement, honnêtement ce dont on prétend rendre compte, alors il faut recourir à d’autres termes.
      Qu’inversement, si l’on tient à continuer à penser et poser les questions en termes de gauche, de peuple et de trahison, alors l’on signifie assez clairement que l’on se refuse à hisser sa pensée politique ne serait-ce qu’au seul ras des pâquerettes. Ce qui caractérise assez sûrement tout ceux qui plastronnent dans les médias et qui font profession d’alimenter régulièrement la production littéraire.

  • Remarques sur le livre Radicalité, 20 penseurs vraiment critiques et sur la contestation en général.
    http://triplebuze.blogspot.fr/2014/07/remarques-sur-le-livre-radicalite-20.html

    Pour donner de grandes lignes, je dirai que le livre dans son ensemble est intéressant et bienvenu pour sa visée pédagogique, mais que la présence, sous couvert d’axe critique disons, du progrès, d’auteurs clairement réactionnaires (Lasch et Pasolni a minima...), et de contributeurs eux-mêmes d’extrême-droite (Charles Robin, Olivier Rey) est un très mauvais point dans une maison d’édition militante libertaire.

    #Radicalité #Michéa

  • #Populisme et #postmodernité - L’herbe entre les pavés
    http://lherbentrelespaves.fr/index.php?post/2014/05/30/Populisme-et-postmodernit%C3%A9

    Une critique se voulant radicale aurait tort d’occulter ou de négliger ce que recouvre aujourd’hui la notion de populisme ; mais également les querelles sémantiques ou idéologiques que l’emploi de cette terminologie suscite dans l’espace public : depuis son instrumentalisation par les uns jusqu’aux fortes réticences de la reconnaître telle par les autres. Il importe donc de clarifier ce que l’on désigne sous le nom “populisme” et l’adjectif “populiste” quand ceux qui se veulent critiques sinon plus envers le populisme ne le font pas toujours à bon escient, ni pour de bonnes raisons, ou en élargissant cette notion risquent d’en diluer le sens ; alors que leurs adversaires, contempteurs de cette même notion, n’ont pas tort de relever le caractère parfois manipulateur de ce type de discours, mais en s’arrêtant là s’interdisent de penser par cela même la réalité du populisme.

    Pourtant, plus fondamentalement, si cette critique du populisme doit être dans un premier temps traitée de manière autonome, il convient de la replacer ensuite dans le procès fait ici au “monde tel qu’il va” en la mettant en relation avec ce que recouvre par ailleurs une notion moins polémique, mais plus diffuse, voire plus insidieuse quant à ses effets délétères en ce début de XXIe siècle - et ceci ne fait que commencer : je veux parler de la postmodernité. Ce qui signifie que penser l’une et l’autre, mais plus encore les penser dans leur réciprocité devrait être l’un des axes d’une “critique radicale” digne de ce nom.

    J’ajoute que si l’un, le populisme, sera plus loin défini dans des termes qui peuvent être discutés, mais qui néanmoins font suffisamment le tour de la question pour répondre à celles que pourrait se poser le lecteur, qu’il soit d’accord ou pas ; l’autre, ce vaste chantier de la postmodernité, ne saurait en raison de sa complexité et de son “caractère double” être traité sur le même mode. Je me contenterai pour l’instant de poser quelques jalons.

    Un lien reste encore à établir entre “populisme” et “postmodernité”. On ne pourra pas faire l’économie, pour prolonger le premier et introduire la seconde, d’une réflexion sur ce que mettent en jeu dans ce même procès “culture populaire” d’un côté, et “culture de masse” de l’autre. C’est dire en quoi le populisme, parmi d’autres effets, prospère sur les ruines des cultures populaires, tandis que la culture de masse est l’une des portes d’accès à la postmodernité.

  • Michéa face à la stratégie Godwin
    Récemment associé à la galaxie lepéniste par un dossier du « Point », le philosophe Jean-Claude Michéa, auteur d’"Impasse Adam Smith", répond à ses détracteurs et se défend face à la tentative d’annexion de sa pensée antilibérale par l’extrême droite.
    http://www.marianne.net/Michea-face-a-la-strategie-Godwin_a234731.html

    (...)Car, si le vide idéologique créé par les renoncements successifs de la gauche ne devait plus être rempli que par les seuls penseurs issus de la droite radicale (quels que soient leurs mérites individuels), ce serait, en effet, un jeu d’enfant pour les Godwin boys de convaincre les nouvelles générations (déjà privées par les réformes libérales de l’école de toute culture historique un peu solide) que ce qui constituait jadis l’essence même du socialisme ouvrier ne représente, en fait, qu’une idéologie « nauséabonde » et « réactionnaire ». Il suffirait, en somme, de marteler avec encore un peu plus d’aplomb que toute volonté de protéger les peuples de la folie du capitalisme globalisé ne peut être, par essence, que « barrésienne, avec juste ce qu’il faut de xénophobie » (Pascal Lamy, dans le Point du 19 janvier 2012).

    #Michéa, #idées #débat #libéralisme #capitalisme #critique

    • Passons très vite sur le cas des véritables « néoconservateurs à la française », c’est-à-dire cette fraction de la droite classique qui, selon le mot du critique américain Russell Jacoby, « vénère le marché tout en maudissant la culture qu’il engendre ». On comprend sans peine que ces « néoconservateurs » puissent apprécier certaines de mes critiques du libéralisme culturel (notamment dans le domaine de l’école). Le problème, c’est que leur vision schizophrénique du monde leur interdit d’utiliser ces critiques de façon cohérente. Si le libéralisme se définit d’abord comme le droit pour chacun de « vivre comme il l’entend » et donc « de produire, de vendre et d’acheter tout ce qui est susceptible d’être produit ou vendu » (Friedrich Hayek), il s’ensuit logiquement que chacun doit être entièrement libre de faire ce qu’il veut de son argent (par exemple, de le placer dans un paradis fiscal ou de spéculer sur les produits alimentaires), de son corps (par exemple, de le prostituer, de le voiler intégralement ou d’en louer temporairement l’usage à un couple stérile), ou de son temps (par exemple, de travailler le dimanche). Faute de saisir cette dialectique permanente du libéralisme économique et du libéralisme culturel, le « néoconservateur à la française » (qu’il lise Valeurs actuelles ou écoute Eric Brunet) est donc semblable à ces adolescents qui sermonnent leur entourage sur la nécessité de préserver la planète mais qui laissent derrière eux toutes les lumières allumées (analyse qui vaut, bien sûr, pour tous ceux, à gauche, qui vénèrent le libéralisme culturel, tout en prétendant maudire ses fondements marchands).

      Tout autre est la critique du libéralisme par les héritiers modernes de l’extrême droite du XIXe siècle. Sous ce dernier nom, j’entends à la fois les ultras qui rêvaient de restaurer l’Ancien Régime et les partisans de ce « socialisme national » - né des effets croisés de la défaite de Sedan et de l’écrasement de la Commune - qui, dès qu’il rencontre les conditions historiques de ce que George Mosse nommait la « brutalisation », risque toujours de basculer dans le « national-socialisme » et le « fascisme ». Or, ici, l’horreur absolue que doivent susciter les crimes abominables accomplis au nom de ces deux dernières doctrines a conduit à oublier un fait majeur de l’histoire des idées. Oubli dont les moines soldats du libéralisme tirent aujourd’hui le plus grand bénéfice. C’est le fait que les fondateurs du socialisme partageaient consciemment avec les différentes droites antilibérales du temps un postulat anthropologique commun. Celui selon lequel l’être humain n’est pas, comme l’exigeait le libéralisme des Lumières, un individu « indépendant par nature » et guidé par son seul « intérêt souverain », mais, au contraire, un « animal politique » dont l’essence ne peut se déployer que dans le cadre toujours déjà donné d’une communauté historique. Bien entendu, en dehors de ce refus partagé des « robinsonnades » libérales (le mot est de Marx), tout, ou presque, séparait l’idéal socialiste d’une société sans classe dans laquelle - selon le vœu de Proudhon - « la liberté de chacun rencontrera dans la liberté d’autrui non plus une limite mais un auxiliaire », des conceptions alors défendues par la droite monarchiste et le « socialisme national ». La première, parce que son intérêt proclamé pour les anciennes solidarités communautaires masquait d’abord son désir d’en conserver les seules formes hiérarchiques (le « principe d’autorité » de Proudhon). Le second, parce qu’en dissolvant tout sentiment d’appartenance à une histoire commune dans sa froide contrefaçon « nationaliste » il conduisait à sacrifier l’idéal d’autonomie ouvrière sur l’autel ambigu de l’« union sacrée ». Comme si, en d’autres termes, un métallurgiste lorrain ou un pêcheur breton avaient plus de points communs avec un riche banquier parisien qu’avec leurs propres homologues grecs ou anglais.

    • Même si je ne suis pas d’accord à 100%, notons le seul commentaire intéressant qu’il y a en-dessous de l’interview (heureusement il est au début, ça évite de se taper les merdes ensuite) :

      Au fond, on a presque l’impression que Michéa se réjouit que sa pensée circule dans les caniveaux néo-fascistes. Bien entendu, on sent confusément que ce n’est pas vraiment ce combat-là qu’il veut servir. On comprend qu’il s’agit de combattre le libéralisme politique et économique dans une optique émancipatrice. Mais après tout ce n’est pas grave si l’extrême droite est l’antithèse absolue de toute émancipation. Ce n’est pas grave puisqu’elle aussi prétend vouloir combattre le capitalisme et qu’elle produit même des analyses « lucides » qui ont toutefois l’inconvénient d’être ambiguës et antisémites...

      Michéa ne semble pas voir que précisément si l’extrême-droite utilise cette rhétorique anticapitaliste, en puisant notamment dans ses écrits, c’est par ce qu’elle veut le pouvoir. L’extrême-droite a besoin de la masse pour accéder à l’État. Pour cela, elle se doit d’utiliser un discours vaguement anticapitaliste. Michéa constitue un penseur de choix pour ce faire car il cible la gauche bourgeoise sans remettre en cause l’État – l’anarchisme étant pour lui qu’une propédeutique, on ne saurait que trop l’encourager à passer aux études supérieures.

      C’est de sa responsabilité de ne pas dénoncer clairement cette utilisation par les nationalistes. Je dis clairement par ce que Michéa aime parler et écrire tout en circonvolutions à la manière d’un prof faisant d’interminables digressions pour placer telle ou telle référence. C’est au vrai très intéressant. Mais, il reste qu’il ne récuse pas sa récupération nationaliste de droite ou de gauche. Il ne la condamne pas un seul instant. Il préfère cibler seul le capitalisme oubliant que celui-ci a toujours su parfaitement utiliser le nationalisme lorsque cela s’avérait nécessaire.

      Orwell savait sublimer sa pensée en des romans qui s’adressaient à tous. Orwell a combattu physiquement le fascisme au péril de sa vie en Espagne. Il s’est refusé à toute récupération de droite lorsqu’il dénonçait les crimes staliniens. Orwell s’est toujours placé à gauche. Ce n’est pas le cas de Michéa dont l’expression tourne en rond et dont on est en droit de s’interroger sur ses actes. C’est toujours moins inquiétant dit-il d’être utilisé par le FN que par le MEDEF. Pas certain que préférer la peste au choléra relève du plus grand discernement intellectuel et combatif.

      –- Hichu

  • C’est reparti comme en 40 (cet été) : anti-industriel et confusionnisme : polémique et mise en garde pour #L'échappée !

    #Critique_de_la_valeur - parutions automne 2013
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-critique-de-la-valeur-parutions-automne-2013-121257028.

    #Palim-psao note la liste des dernières parutions #wertkritik, et parmi la liste on remarque ce paragraphe :

    - Un écologiste proche des décroissants, #Fabrice-Flipo, signe un article « Moishe Postone » dans l’ouvrage collectif sous la direction de G. Carnino, C. Biagini et P. Marcolini, « Radicalité. 20 penseurs vraiment critiques » (éditions L’échappée, 2013). Cet ouvrage collectif, mal fagoté par les éditeurs, suscite déjà la légitime polémique puisque qu’il comprend un article de #Charles-Robin proche de l’altercapitaliste d’extrême-droite d’#Alain-Soral.

    Et évidemment, cet article porte en plus sur… #Jean-Claude-Michéa !

    On trouve alors sur Indymedia une alerte :
    http://paris.indymedia.org/spip.php?article14497

    Que je trouve particulièrement débile quant a son assimilation de plein de trucs différents en même temps (genre mise à part qu’il fut prêtre, il n’a pas l’air de savoir grand chose de ce qu’à écrit Illich ou encore Ellul).

    Mais on trouve aussi une explication apparemment officielle des Éditions L’échappée, qui disent qu’ils ne connaissaient pas cette personne mais qu’elle leur a été conseillé par un ami très proche en qui ils avaient confiance (et qui ne connaissait pas non plus les relations de Robin), et qu’ils n’ont pas vérifié qui il était vraiment en le googlisant :
    http://paris.indymedia.org/spip.php?article14513

    cc @aude_v @fil @baroug :)

    #Anselme-Jappe #Robert-Kurz #Moishe-Postone #Marx #capitalisme #Michéa #confusionnisme #extrême-droite #infiltration

    • Ok, déclassement des valeurs, de la tradition, transcendance, nature avec un grand N, anti-lumières, honneur, sacrifice, persecution des catholiques (?!), autorité, verticalité, hiérachie blablabla... Nouveaux atours, vieilles idées. Robin s’inscrit à écouter sa conférence, dans la pensée de la réaction (à la révolution française etc.) ... Quoi de neuf ? Et qu’est-ce qui te chatouille ? Ses raccourcis sur l’art contemporain, les points de vue de l’extrême-gauche sur la famille et la sexualité sont ridicules... même si il parle bien.

    • @supergeante C’est une stratégie de l’extrême droite. Ça s’apelle la contre-révolution. On récupère un élément de la critique classique de gauche « le capitalisme c’est mal », afin de récupérer des clients que l’on ne touchait pas habituellement, pour leur faire entendre un discours qui dans le fond vise a renforcer l’autorité et la soumission.

    • Lu à la librairie tout à l’heure l’article en question, certes rapidement, mais à peu près en entier. En lui-même, ne comporte effectivement aucune opinion de l’auteur, et ne parle que de son sujet, donc quand on le lit, on ne se dit pas que l’auteur doit avoir des relations directes avec l’extrême droite.

      Mais je trouve ça incroyable de publier un article de quelqu’un sans savoir d’où il parle, d’où il vient, même sans Google.

    • Et zou, PMO publie dans ragemag ! C’est un festival... Il les trouves « curieux et pétulants »... certainement n’ont ils pas vu les articles réac que publie le site...

      Bonjour,

      Le site Ragemag (www.ragemag.fr), produit par des jeunes gens curieux et pétulants, nous a proposé un entretien par mail, sur des questions allant de l¹invasion éclair du téléphone portable jusqu¹à la possibilité ou non de l¹action directe contre la tyrannie technologique : pourquoi la technologie n¹est pas neutre ; l¹opposition entre technique et technologie ; l¹eugénisme
      technologique et le transhumanisme ; la constriction du monde dans le filet cybernétique ; les ressources de la conscience critique ; le langage et l¹école ; le clivage entre parti industriel (du Front national à Lutte ouvrière) et mouvement anti-industriel (des post-situs à la Nouvelle droite) ; l¹anonymat ; les luddites ; Kaczinsky (Unabomber) ; la violence ; que faire ? ; et finalement pourquoi, comme Bartleby, nous oeuvrons à la démobilisation - « I would rather not to. »

      Comme nous nous sommes exprimés à loisir, de façon aussi complète et précise que possible, nous proposons aussi cet entretien à nos lecteurs.
      Retrouvez-le sur :
      http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=453

      Merci de faire circuler, Pièces et main d¹oeuvre

  • RAGEMAG | Halimi, Lordon et Corcuff contre #Michéa : retour sur la controverse
    http://ragemag.fr/michea-retour-sur-la-controverse-37310

    On ne sache pas qu’il faille incriminer un penseur pour ceux qui, sans son assentiment, se réclament de lui. Faut-il jeter Nietzsche au prétexte qu’Hitler posa près du buste du philosophe et que Rosenberg l’encensa dans son funeste Mythe du vingtième siècle ? Faut-il brûler Proudhon puisque que Charles Maurras l’a célébré ? Faut-il oublier Jaurès maintenant que le Front national lui rend hommage ? On se souvient de Camus, entendant à la parution de L’Homme révolté : « C’est dommage, votre livre a du succès à droite13 ! » Le texte de Lordon utilise les soutiens infamants que Michéa reçoit pour invalider sa pensée, mais le sort ne manque jamais de chérir l’ironie : Marine Le Pen a récemment déclaré que Lordon professe « exactement la même chose que le FN »… Faut-il mettre Lordon en quarantaine ? Nous ne le pensons pas. « La pensée en est arrivée à ce tel stade de misère que critiquer la gauche reviendrait fatalement à être de droite. […] La #gauche, quant à elle, se sentant visée et dérangée préfère ne pas voir plus loin et classer le tout dans un tiroir fermé à double-tour avec inscrit réactionnaire, ne pas lire », écrivirent des militants de la Fédération anarchiste, dans un article consacré à Michéa (les auteurs prenant par ailleurs leur distance avec, par exemple, son soutien à Chávez ou son manque de clarté quant à l’élimination — ou non — de l’appareil d’État).

    • Le parallèle entre Jean-Claude Michéa et Geoffroy de Lagasnerie est faux. Ce ne sont pas « deux pôles entre lesquels tâtonne la gauche française » : qu’a à voir le second avec une réflexion de gauche ? Le vrai rapport entre eux, c’est que Lagasnerie dévoile sans crainte à l’« élite » de Normale Sup le projet réel du libéralisme, que Michéa veut dénoncer devant le peuple de gauche : la destruction de toutes les #valeurs symboliques (histoire, traditions, croyances, valeurs, culture, morale) qui font la richesse et la dignité des hommes et des peuples, pour imposer partout le même ordre libéral nihiliste, productiviste et consumériste.
      http://monde-diplomatique.fr/2013/07/A/49333

  • Impasse Michéa
    http://www.revuedeslivres.fr/impasse-michea-par-frederic-lordon

    des détestations communes ne font pas une pensée commune. Ni une politique. On peut facilement partager avec Michéa sa vacherie sarcastique à propos des plus ridicules manifestations de la branchitude mondialisée, mais pas grand-chose de plus. Ne reconnaît-on pas les convergences de rencontre au fait qu’on peut se rendre en leur foyer depuis des directions très différentes ? Voire très opposées. C’est le cas ici, car la vision du monde qui soutient les sarcasmes partageables de Michéa n’est pas (...)

    • Lien avec http://seenthis.net/messages/154210

      #Michéa #Jean-Claude-Michéa #Frédéric-Lordon #progressisme #Progrès #gauche #socialisme

      Et la réponse de Michéa à Corcuff sur Mediapart, qui contient plusieurs paragraphes répondant directement à Lordon :
      http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/020813/en-reponse-corcuff

      Lorsque, dans le Complexe d’Orphée, j’écris que « ce n’est donc pas tant par leur prétendue “nature” que les classes populaires sont encore relativement protégées de l’égoïsme libéral. C’est bien plutôt par le maintien d’un certain type de tissu social capable de tenir quotidiennement à distance les formes les plus envahissantes de l’individualisme possessif » (« tissu social » dont j’ajoutai immédiatement que le développement de l’urbanisme libéral était en passe de l’éroder, au risque d’engendrer ainsi une « lumpenisation » d’une partie des classes populaires), ce passage devient aussitôt, sous la plume avertie de Frédéric Lordon : « Michéa s’interdit de voir que le peuple ne doit qu’à des conditions sociales extérieures (et pas du tout à son “essence” de “peuple”) de ne pas choir dans l’indecency »

      [...]

      Il est vrai que Frédéric Lordon a réussi le tour de force de dénoncer la « faiblesse conceptuelle » de ma théorie de la #common-decency_ tout en dissimulant constamment à ses lecteurs (et cela, pendant onze pages !) ce qui en constituait justement le _pilier central, à savoir l’usage que je fais de l’œuvre de #Marcel-Mauss [#Mauss] et de ses héritiers (Serge Latouche, Alain Caillé, Philippe Chanial, Paul Jorion, Jacques Godbout, etc.) afin d’en déduire une interprétation moderne et socialiste.

    • Le fait est que l’aggressivité et le mépris de Lordon sont assez étonnants. Il s’en prend à Orwell avec brutalité, et contredit Michéa avec un contresens...
      Mais cela n’est sans doute que la marque non pas de Zorro, mais du Monde Diplomatique...
      http://seenthis.net/messages/167708

      Car il faut bien admettre que la « common decency » est bien séduisante : comme s’il était possible, humainement, simplement, de se soustraire à la folie de tous ces « trucs ».

      Cette simple possibilité semble ulcérer le prescripteur. Il est vrai qu’il a des lettres.

      La sociologie (science)

       : il est bien connu que la sociologie a le statut de science. La certitude de ses conclusions est sans appel.

      la sociologie-mécanisme

       : qui se charge de (etc) : de la même manière que la sociologie comme mécanisme imparable et prouvé s’active avec ses grands pieds à nous pousser tous autant que nous sommes, dans le dos.

      Car, comme Bourdieu l’a abondamment montré, le comble de la domination...

      Et nous y voilà ! La sociologie comme science et mécanisme se trouve toute nichée dans une démonstration sur laquelle on ne peut revenir, du fait qu’elle est, bien sur, de Bour-Dieu.

      Il se trouve pourtant que pas mal de gens et pas des moindres, ne voient en Bourdieu qu’un prophète holiste dont les conceptions essentialistes n’ont qu’une valeur génerationnelle. Remâcher des ressentiments de parvenu ne fait pas une science au siècle de Popper et de Boudon.
      Qu’on dise au moins qu’il est contesté, au lieu d’en faire une évidence coranique, qui plus est agressive !

      Bon, je me suis bien défoulé...

      Pourtant, l’article s’adoucit sur la fin.
      J’irais même jusqu’à être profondément d’accord avec :

      On pourrait même estimer que c’est l’un des chantiers intellectuels les plus décisifs de la gauche critique, à savoir : comment imaginer des solutions non régressives de régulation des désirs dans une société individualiste.

      Qui est très précisément ce que Michéa met sur la table.

      Mais hélas la question finalement posée par Lordon :

      Comment penser un nouveau régime historique de la limite, propre à notre époque, c’est peut-être la seule manière de poser la question qui nous fasse échapper à l’alternative du michéisme et du libéralisme-libertaire.

      se termine par un taux d’imposition à 100% « décapitatoire », et finalement, je dirais bien sur, par la nécessité de « structures », que l’on voudrait bien lui laisser organiser, vu son élévation d’âme.

      Ma conclusion sera : vive la liberté et « fuck your morals ».

  • Une #recension d’Aude sur le dernier livre de #Michéa, publiée hier.

    Vu que c’est globalement positif, si elle se fait repérer par les « antifas », elle va se faire gourmander sévère. :D

    Les Mystères de la #gauche - Mon blog sur l’#écologie #politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Les-Mysteres-de-la-gauche

    Les Mystères de la gauche fait l’archéologie de la gauche au XIXe siècle, la cherche sans succès dans les mouvements révolutionnaires (ni Marx ni les mouvements ouvriers ne s’en réclament) et la trouve chez les libéraux et les radicaux, prêts à écraser la révolution de Juillet ou le soulèvement de la Commune au nom de leurs valeurs. Celles qui sont toujours au goût du jour : liberté individuelle, « démocratie » représentative. La petite #bourgeoisie éclairée lutte avec autant d’âpreté contre l’absolutisme monarchique que contre les soulèvements ouvriers, contre la vieille aristocratie que contre les classes populaires.

    #libéralisme #Histoire #philosophie #Lumières #signifiant #Jean-Claude-Michéa

    • http://www.les-crises.fr/michea-la-gauche-sa-vie

      La plupart des « gens ordinaires » – dont l’ambition première est de vivre décemment d’une activité ayant un sens humain – sont encore massivement attachés à l’idée qu’« il y a des choses qui ne se font pas » (Orwell) et, en particulier, à l’idée que la générosité ou l’esprit d’entraide – ne serait-ce qu’à l’intérieur de la famille – sont des vertus humaines fondamentales. Plus attachés à cette idée, en tout cas, que les membres de l’élite dirigeante pour qui – chacun peut le constater quotidiennement – tous les moyens sont bons pour accumuler de la richesse (business is business), du pouvoir et de la « célébrité ». C’est pourquoi cet attachement des gens ordinaires à un certain nombre de valeurs morales minimales (il ne s’agit évidemment pas de rétablir un quelconque « ordre moral ») constitue, à mes yeux, un point de départ privilégié pour quiconque entend mobiliser l’ensemble des classes populaires (qu’elles votent à gauche, à droite ou préfèrent s’abstenir) contre un système dont l’amoralité de principe conduit précisément à détruire tout ce qui donne encore un sens à leur vie.

      Quant à l’exaspération spécifique du « petit peuple de droite » (je ne parle évidemment pas ici de cette droite d’affaire que symbolisent Jean-François Copé et Christine Lagarde) je reconnais bien volontiers qu’elle prend des formes ambigües quand – du fait de sa diabolisation rituelle par les belles âmes de la gauche bourgeoise – elle en vient à tourner sa colère légitime contre des cibles secondaires et inadéquates.

      Mais ceci nous rappelle seulement que l’indignation morale n’est que le point de départ de la critique politique. Le simple fait d’être un individu décent dans sa vie quotidienne ne protège évidemment pas contre les effets de l’aliénation, ni ne rend spontanément intelligible l’essence de la société capitaliste (d’autant que la désinformation médiatique – notamment dès qu’il s’agit d’économie ou de réforme « sociétale » – a atteint aujourd’hui un stade industriel). Mais pour aider ce petit peuple de droite à surmonter ses confusions idéologiques, il est d’abord nécessaire de comprendre les racines réelles de sa colère. Or ce n’est certainement pas la gauche de Christiane Taubira et de Pascal Lamy – celle qui a définitivement échangé le socialisme de Jean Jaurès contre l’affairisme de Pierre Bergé – qui pourra s’acquitter d’une telle tâche. Surtout si elle persiste à juger des problèmes qu’affrontent quotidiennement les classes populaires à travers le seul prisme de la vie parisienne ou de celle des beaux quartiers.

      Ce serait un progrès humain évident que de proposer un nouveau pacte d’union civile accordant à tous les individus, quels que soit leur orientation sexuelle, les mêmes droits protecteurs (notamment en matière de séparation ou de décès de l’un des conjoints) que ceux qui sont garantis par le mariage traditionnel. A partir du moment, en revanche, où l’une des fonctions anthropologiques de ce mariage traditionnel est d’organiser officiellement la filiation (et, à travers elle, un nouveau système de parenté entre deux familles à présent alliées) il était clair que la volonté politique de substituer au projet d’un véritable « pacte pour tous » celui – purement libéral – du « mariage pour tous », allait faire surgir aussitôt toute une série de problèmes connexes, comme la procréation assistée, la « location » de « mères porteuses » ou l’élargissement du marché de l’adoption.

      Et ce n’est qu’à partir de ces problèmes apparemment connexes qu’il est possible de comprendre qu’avec cette revendication libérale d’un « mariage pour tous » il s’agissait beaucoup moins – pour la gauche – de lutter contre l’« homophobie » que de déstabiliser un peu plus tout ce qui, dans l’organisation familiale existante, fait encore obstacle au déchaînement des rapports marchands (la famille est, en effet, l’une des dernières institutions où la logique du don prend encore le pas sur celle de l’échange économique).

      Avec, à la clé, la possibilité d’un monde encore plus inégalitaire – comme celui que décrit Andrew Niccol dans Bienvenue à Gattaca – dans lequel finiraient un jour par coexister – sur fond de marchandisation généralisée de l’existence – deux races distinctes d’enfants : les « enfants de la nature » et ceux (supposés génétiquement plus « parfaits ») de la science et des nouvelles technologies. Nous sommes, certes, encore très loin de ce rêve taubirien. Mais nous savons aussi, malheureusement, que la dynamique aveugle du marché ne possède aucun principe interne de limitation. Ce n’est que du dehors qu’elle pourra être remise à sa place.

      et cc @aude_v et aussi @bug_in qui connaît le bonhomme
      vous en pensez quoi ?

    • Pas de souci pour le retard @aude_v, tu n’as pas à t’excuser :-)
      J’apprécie pas mal Michéa aussi sur son analyse de la disparition de la #logique_du_don et idem j’ai pas mal tiqué sur ce texte-là, notamment sa vision ici un peu angélique de la famille, perçue comme le "dernier bastion" de la logique du don, comme si les relations familiales ne pouvaient pas contenir de nombreuses formes de violence, d’exploitation et de chantage, et comme si on ne pouvait pas en dehors de la famille développer des liens d’amitié, d’entraide mutualisée etc. Je l’ai trouvé assez naïf sur ce coup, ça m’a surpris. Même si ce n’est pas la première fois que je le vois combiner analyses fines et aveuglements (il me semble parfois insister volontairement sur certaines postures « vieux-jeu » comme pour appuyer son démarquage vis à vis de a gauche libérale, quitte à perdre ce faisant en recul critique), là ça m’a semblé gros.

      Si je vois dans certains ethos ruraux et modestes des pratiques bien plus décentes qu’ailleurs où on se flatte avec de grands mots ►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Do-it-yourself, je ne la lis pas comme un éthique de droite, mais comme une éthique modeste et non-libérale-libertaire

      Oui, je vois les choses comme ça également.

      Pour moi c’est de ce manque de soin, de ces prétextes de merde, qu’il s’agit avec le libéralisme, serait-il libertaire.

      Même avis.

      Sur la question "sociétale" tes constats rejoignent ceux de @le_bougnoulosophe qui disait récemment https://twitter.com/bougnoulosophe/status/428167503982780416 https://twitter.com/bougnoulosophe/status/428169112481574912 https://twitter.com/bougnoulosophe/status/428172840852918274 https://twitter.com/bougnoulosophe/status/428173215240691712

      Le PS s’est servi de combats minoritaires (antiracisme, féminisme...) de manière sociétale sans jamais les articuler avec la question sociale. Grâce au PS, ces combats minoritaires ont été discrédités, tandis que les conditions socio-économiques n’ont jamais été aussi mauvaises...
      Le « traitement sociétal », c’est le supplément d’âme, la danseuse, le gadget du néo-libéralisme de « gauche »... Comme « l’identité nationale » était le supplément d’âme du néo-libéralisme de droite...

    • Ben, je suis globalement d’accord hein, jvais pas dire le contraire.

      Je suis d’accord (ou plutôt « j’ai confiance en… » car je n’ai pas moi-même l’expertise pour être d’accord historiquement parlant) avec la plupart des diagnostiques de Michéa sur le libéralisme, et son histoire (philosophique et factuelle). Tout en étant très critique sur plusieurs points dont je pense
      – soit qu’il n’a pas creusé, qu’il a mal interprété, ou qu’il amalgame (le féminisme notamment, comme si tout était dans un même sac)
      – soit qu’il fait exprès pour choquer ou pour se mettre à l’écart, un peu comme le dit @koldobika

      Ça pourrait être bien de mettre en commun une liste de questions et/ou critiques formulées de manière bienveillantes. Et si un jour l’un de nous le rencontre (débat) ou a un moyen d’échanger avec lui (mail ou autre), on a cette liste sous la main.

    • @aude_v oui c’est vrai, c’est un aspect important de la famille aussi, comparé à ce que seraient des relations « stratégiques » ou se fait un réseau de potes en fonction de leur CV ou presque. Mais ça suppose que des liens et un sens du devoir et de la générosité subsistent au sein de la famille, et ça j’ai l’impression que ça se délite de plus en plus sérieusement. Dans certains endroits plus que dans d’autres peut-être mais je pense en tout cas que le #narcissisme a fait de gros dégâts dans la famille aussi.
      Et l’inclusivité peut aussi exister dans les liens amicaux. Je pense par exemple aux koadrila qu’on trouve ici en Pays Basque, c’est-à-dire la bande de potes qui se forme dans l’enfance et dure le plus souvent toute la vie, et qui apporte soutien et socialisation (et compagnie pour sortir boire des coups). (et en sortant boire des coups on fait caisse commune, on mégote pas sur qui paie quoi etc., ça relève aussi du don non comptable)

  • Les matins - #Jean-Claude-Michéa et #Janette-Habel
    http://www.dailymotion.com/video/xxztav_les-matins-jean-claude-michea-et-janette-habel_news

    #Michéa était invité à parler de son nouveau livre sur #France-Culture et c’est tombé le lendemain matin de la mort d’#Hugo-Chavez (la dernière fois il était tombé le lendemain de la mort de Steeve Jobs). Donc on y parle entre autre du #socialisme sud-américain et de la #Gauche en général.

    #politique #libéralisme

  • RAGEMAG
    http://ragemag.fr/liberalisme-de-gauche-et-liberalisme-de-droite-par-jean-claude-michea

    C’est donc, en dernière instance, le libéralisme culturel – et certainement pas l’austérité religieuse ou le puritanisme moral – qui constituera toujours la forme d’esprit la plus adaptée à une société de croissance et de consommation illimitées (un point que la sociologie critique américaine avait su établir dès les années cinquante). Il y a donc bien – pour répondre à votre question – une différence réelle entre la sensibilité de la gauche libérale moderne (celle qui a renoncé, depuis maintenant plus de trente ans, à l’idée qu’on pourrait encore rompre avec le capitalisme) et celle de la droite libérale. La première prend effectivement son point de départ privilégié dans le libéralisme culturel – ce qui explique qu’elle puisse toujours jouer sa différence électorale sur les questions « sociétales » (mariage gay, légalisation du cannabis, vote des étrangers, etc.). La seconde, au contraire, prend d’abord le sien dans les dogmes du libéralisme économique. Mais à partir du moment où on a compris que chacun des deux moments de la doctrine est philosophiquement condamné à chercher dans l’autre le complément idéologique qui lui fait structurellement défaut, on ne s’étonnera plus que, dans la pratique, la différence entre la droite et la gauche ait fini par perdre l’essentiel de son ancienne pertinence. Si on veut réellement rompre avec le système capitaliste – et retrouver ainsi le trésor perdu du socialisme originel – il faudra donc apprendre à repenser tous les clivages politiques imposés par la société du spectacle.

    #libéralisme-culturel #libéralisme-économique #philosophie #Michéa

  • Une autre critique de #Michéa sous l’angle de la critique de la #valeur.

    « Les " anneaux du serpent " du #libéralisme culturel : Pour en finir avec la bonne conscience », par Maxime Ouellet - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-les-anneaux-du-serpent-du-liberalisme-culturel-pour-en-

    Voici le plan que se propose de suivre #Maxime-Ouellet dans son article de fond : « Dans un premier temps, je retournerai à la question de l’#émancipation telle qu’étayée par #Marx dans La Question Juive. Marx y pose déjà les jalons d’une théorie critique de la dialectique entre les formes de pensée et de pratiques sociales qui visent l’émancipation de la domination des abstractions constitutives du #capitalisme et de l’une de ses formes idéologiques, le libéralisme. Ensuite, j’exposerai comment les mouvements sociaux associés à la nouvelle #gauche ont contribué à légitimer les mutations du capitalisme à l’époque post-fordiste. Dans un troisième temps, je présenterai les limites de la critique adressée à la nouvelle gauche par certains auteurs anti-libéraux qui se revendiquent d’une certaine forme de " #conservatisme de gauche " ».

  • COURS PLUS VITE, ORPHÉE, MICHÉA EST DERRIÈRE TOI ! par #Max-Vincent
    http://www.lherbentrelespaves.fr/michea.html

    Un texte assez virulent reprenant l’ensemble des critiques de l’auteur envers Jean-Claude #Michéa et au passage #George-Orwell et la #common-decency. Pas encore eu le temps de tout lire (mais le style est très intellectualisant, donc chiant)(ce qui ne m’empêchera pas de le lire jusqu’au bout).