#micro_blogging

  • Le réseau social sans cesse pollué : Kweeper.com : à mi-chemin entre Facebook et Twitter, le dernier né des sites de micro-blogging - Oui mais... Et je demande à nouveau : Seenthis, lui, n’est pas spamé par les parasites publicitaires ; il faut dire qu’il n’y a pas de publicité sur ce site...
    http://www.commentcamarche.net/news/5852720-kweeper-com-a-mi-chemin-entre-facebook-et-twitter-le-dernie
    https://twitter.com/oliviersc/status/751415989015805952
    http://www.blueboat.fr/seenthis-avez-vous-deja-vu-un-site-de-short-blogging
    #kweeper #seenthis #micro_blogging

  • récolte du festival d’Angoulême 2016

    1) Comme chaque année, je passe prendre la dernière production du frère Thierry de Bethune ; pas grand-chose cette année - un simple jeu perpétuel sur une carte postale, entre le recto et le verso - en attendant avec impatience le grand oeuvre de l’année prochaine dont notre bénédictin de génie, moins congelé que l’année dernière (on lui a fait une place à St Martial, nettement moins jolie mais mieux chauffée que la cathédrale), m’a montré le prototype : un plateau de jeu narratif, avec des dés verbeckiens proposant une double lecture des figures dessinées. (vhttp://www.du9.org/chronique/frere-thierry-de-bethune-oeuvres-completes)

    2) et 2b) Ami de Musturi auquel par bien des aspects il renvoie (violence des masses de couleurs arbitraires, confuses, destructrices d’espaces, obscénité des corps traités commes des poches ventrues en voie de crevaison), Benjamin Bergman présente dans cette série de livrets - ici « Trolls » III et IV - publiés par Kutikuti des récits de genre (des histoires de trolls, donc) terriblement malades, « hideusement beaux », qui hantent l’esprit dès qu’on les as refermés, comme une valse de phosphènes entêtants derrière des paupières. La raison chancèle à suivre ces histoires dont le déroulement est un paradoxe, visiblement linéaire et pourtant incompréhensible, aux objets fuyants, aux enjeux insaisissables. Il me faut vite les deux premiers volumes ! https://kutikutisf.wordpress.com/category/news

    3), 3b) et 3c) Un festival spécial Léo Quiévreux :
    – un beau livre sérigraphié du Dernier Cri , « Cocaïne 14 », dont les pliages savants en panoramas imbriqués donnent l’impression d’une lecture infinie nichée dans les plis d’un carnaval d’hybridations. Une retenue bienvenue des gammes chromatiques ( une bichromie rose et bleue et une trichro plus froide) et un très riche éventail graphique étendu entre le mécanique des trames et les filets nerveux de la plume.
    – « Anyone 40 », chez Arbitraire ; sous une couverture sérigraphiée, un grand cahier bleu layette saturé de cut-ups, de samplings, tissu troué, déchiqueté, rapiécé d’histoires cousues ensemble par un frankenstein scopique particulièrement dégénéré. Tout argument narratif n’est convoqué que pour être illico refoutu à la porte.
    – Et enfin, le gros « Programme immersion » très impressionnant sorti chez Matière, dont je ne vous dis rien de plus que ceci : lisez Leo en parler dans le septième numéro de Pré Carré ! Amen. http://precarre.rezo.net/?p=1699
    http://www.lederniercri.org
    http://www.arbitraire.fr
    http://www.matiere.org

    4) et 4b) Jeff Goarnisson , « le flip de Paris », publié par Ab Irato , la maison d’édition de Barthelemy Schwarz et Eve Mairot qui produisent depuis le début des années 90 toutes sortes d’objets éditoriaux qui s’indéfinissent en diaprant les nuances supposées tranchées des espaces poétiques et politiques (dont la très chouette revue « L’échaudée »). Ce « Flip de Paris » est une de ces zones de transit éditorial sur fond d’autobiographie. Les questions que s’y pose l’auteur me sont complètement étrangères (un rapport historicisé à la modernité et à l’art et la constitution de soi devant leurs figures principales), mais le mode narratif et les procédés plastiques qui le composent établissent un lien charnel évident avec les références qui en sont le fond (surréalisme, lettrisme, situationnisme).

    « L’échaudée » (4b) mérite le détour ; cette revue accomplit sans collure apparente cette hybridation nécessaire entre les champs du politique et du poétique en les tenant pour un seul et même problème, celui de l’utopie en marche, comme ils furent autrefois unis dans l’extraordinaire magazine « Le fou parle ». Une réponse à l’écueil des revues militantes et de leur manque d’imagination. N’attendez pas de la trouver dans un kiosque, la revue est hélas trop discrète, commandez-la sur le site : https://abiratoeditions.wordpress.com/category/lechaudee-revue

    5) Dernière publication de la riche collection Ion que Benoit Préteseille a ouvert au dessin depuis six ans, ce « Renaissance » de Claude Cadi désarticule, dans une bichromie bleue et dorée comme un maphorion, quelques tableaux flamands et italiens emblématiques des XVe et XVIe, allant de fragments de la bataille de San Romano à la Babel de Brueghel en passant par Fra Angelico ou Bosch. Je ne sais pas encore ce que j’en pense, je réserve mon avis pour une prochaine fois, mais disons au moins que ça me laisse perplexe, ce qui n’est pas tout-à fait rien.
    http://ionedition.net

    6) « Flugblatt #1 » La bande dessinée n’a été inventée un jour par Töpffer que pour venir s’échouer un jour chez Bertoyas et s’y autodétruire en beauté ; presque tous les livres sont inutiles à côté de ceux-là.
    Dans ce dernier opus Kobé (ses propres comics autopubliés), Bertoyas revient aux déréglements graphiques violents de ses premiers récits, après une série de livres plus homogènes plastiquement, et plus linéaires (« Nicy », « Parzan », « Norak ») ; ici, les fuites graphiques, bavochures, patouillages dégueulasses, caviardages de tout poil ont repris leurs droits pour accompagner un récit bousculé qui s’offre le plaisir des digressions à la Sterne dans un espace pourtant extrèmement court. On oublie souvent, par paresse, par désir de ranger son travail dans les cordes rock’n’roll de cette connerie d’underground, de souligner combien le travail de Bertoyas est soutenu par des enjeux politiques et esthétiques puissants. Ce dernier Bertoyas est un doux rappel.
    http://kobeblog-bertoyas.blogspot.fr

    7) Clément Vuiller , « Canicule » : qui ne s’agace pas du chichi des livres et de la course aux effets de luxe, de pliages savants, de matériaux divers, purement décoratifs et tape à l’oeil ? Le livre de Clément Vuiller, modestement, arrache le pliage en accordéon à ses effets de mode pour en faire le mouvement le plus hypnotique et multiplement signifiant qui puisse accompagner un incendie dont la croissance et la dévoration sont tout le récit de ce livre.
    http://www.3foisparjour.com

    8) Dernier volume de l’énorme revue annuelle de Hoochie Coochie avec, comme toujours, plein de très belles choses à son menu, et bien peu de déchets. « Turkey Comix » reste la plus chouette revue française de bandes dessinées (je n’ai pas encore pu lire le dernier numéro de « Nicole », dont le premier volume m’avait vraiment beaucoup plu l’année dernière, et qui pourrait être la seule concurrente sérieuse - et donc stimulante - à T.C.) Un envoutant petit Vanoli sur St Jérôme, une très jolie fable cruelle de Yoann Constantin , un brouillard absorbant de Thomas Gosselin , une brillante série de pages de Mazen Kerbaj , et parmi les petits nouveaux qui apparaissent régulièrement dans Turkey magazine , des pages étourdissantes de Largier , un récit de Loïc Gaume entre cartographie et plan, des planches arides, tranchantes, de Noémie Lothe . Je finirai en soulignant les pages de Odo Barrio et Barbara Meuli dont je découvre le travail et celles (enfin imprimées ailleurs que dans sa cave) de Lucas Taïeb .

    9) Idir Davaine , « Cavale » : quand on voit les efforts développés par certains pour produire des formes de narration qui se vendent pour minimalistes quand elles ne sont que paresseuses ou pauvres, on est émerveillé par la capacité de ce petit livre à atteindre aux fondamentaux du récit en affirmant, pourtant, s’y soustraire : Idir Davaine dit que, depuis quelques temps, il ne fait que des peintures et plus des bandes dessinées. Pourtant ce ne sont pas les murs qu’il choisit pour elle, des formats hétérogènes, des espaces distendus, mais un livre, qui les rassemble dans une échelle commune pour le regard, les lie linéairement par la collure des pages. Et apparait le récit, richement, visiblement, sans aucun doute.
    http://www.3foisparjour.com

    10) Copieuse, belle, toujours suprenante, en couleurs, c’est encore un magnifique numéro de « Mekanik Copulaire », la revue incroyable de Bill Noir, qui n’en finit pas de démontrer par les rencontres qu’il nous offre que le collage est tout sauf une discipline du passé.
    http://www.mekanikcopulaire.tumblr.com

    11) Pionir : épaisse revue croate anglophone visiblement destinée à présenter les auteurs de ce collectif (mais est-ce vraiment un collectif ?) ; j’en retiens pour l’instant surtout le travail de Bernharda Xilko ( http://www.krekhaus.com ), faute de pouvoir m’enquiller autant de pages en anglais et d’en avoir compris clairement la nature et les enjeux.

    12) Si « Quoi de plus normal qu’infliger la vie ? », de Oriane Lassus , traite d’un sujet d’une banalité épuisante - le désir d’enfant - c’est en revanche d’un point de vue libérateur et rare qu’il l’aborde, taillant une route transversale dans le paysage obsessionnel qui crispe une société entière sur le sacre de l’enfant et la procréation. L’enfantement comme horizon de toute vie accomplie et le pédophile comme croquemitaine occupant tout l’espace de la hantise sociale, sont les deux facettes d’une même idée fixe infantile généralisée. Se soustraire au petit cirque généalogique coûte cher, tous ceux qui ne veulent pas d’enfant en connaissent le prix ; il n’y a pas un péquenaud qui ne se sente légitime de donner une leçon de morale et de vie à qui ne veut pas, comme lui, sanctifier le jeu grotesque de papamaman. Oriane Lassus parvient à écrire un livre déclaratif, positionné, sans produire un système surplombant, sans bousiller le travail du récit et de sa diversité. Exercice périlleux que celui de dire quelque chose de précis sans étouffer la narration sous la ligne droite du discours énonciatif, auquel elle parvient à trouver pas à pas une voix intéressante, par une sorte de pointillisme des situations, des voix, agencées dans une belle polyphonie. Un excitant livre Arbitraire sous une jolie couverture de carton gris sérigraphiée.

    13), 13b) et 13c) Je ramène trois merveilles de Loïc Largier cette année, un travail de longue haleine que je défend partout où je le peux depuis la découverte de « Des combats » à la fin de 2012 (mis en ligne dans le Terrier à cette période ici http://www.le-terrier.net/largier/index.htm, et dont nous attendons avec impatience désormais la publication sur papier qu’il mérite par les jeunes éditions Adverse ).
    À partir d’un processus très rudimentaire de citations morcelées, en couches, en juxtapositions, imbrications, Largier compose pas à pas, en se renouvelant continuellement (ce qui n’est pas la moindre des surprises que réserve son travail) une sorte d’archéologie vivante de la bande dessinée, équivalent, dans notre discipline, des « Histoire(s) du cinéma » de Godard.
    Parmi ces trois livres de mes emplettes, une tentative étrange, très différentes des autres livres de L. Largier , un drame amoureux par le dessin, au cours duquel la question du changement formel est soumise à des déréglements minimaux (redessin quotidien, altération de la reproduction d’un même dessin, croissance graduelle d’un autre).
    https://www.flickr.com/photos/loiclargier

    Flickr

    http://www.revue1-25.com

    14) Mythique revue de la fine fleur des auteurs finlandais, « Kutikuti » a déjà atteint son 35ème numéro. Allelujah ! Je ne vous fais pas l’affront de vous la décrire, mais je peux vous évoquer le deuxième étrange journal distribué cette année par l’équipe de « Kutikuti » :

    14b) Avec des traductions en finnois et en anglais, ce grand format présente quelques planches du « Fabulas Panica » de Jodorowski qu’il dessinait dans les années 60 ( http://fabulaspanicas.blogspot.fr). Ses planches personnelles, pour le peu que je comprends des textes (posés sur la pages en espagnol, langue que je ne parle pas), sont sensiblement de la même farine que ses films, souffrant des mêmes défauts et présentant à peu près les mêmes qualités. Qu’il s’agisse des textes paniques coincés quelque part dans un post surréalisme juvénile embarrassant (« Les araignées sans mémoire »), des grands films (« El topo »), des films péniblement hystéros (« Santa Sangre ») ou des scénarios de bande dessinée, Jodorowski se tient toujours tendu dans un mouvement contradictoire : entre la nullité philosophique et les intuitions géniales, la bouillie syncrétique et les raccourcis conceptuels féconds, la bêtise expressionniste et les fulgurances poétiques, le travail de Jodorowski me navre plus souvent par ses clichés psychologisants, sa quincaillerie ésotérique, qu’il ne m’emporte par ses indéniables inventions, notamment dans le domaine de la SF. C’est souvent très con, parfois très beau, toujours fumeux et confus, mais les lecteurs de bandes dessinées, je crois, lui doivent tous quelques précieuses illuminations.

    15) « L’avis des bulles », revue de chroniques consacrée aux bandes dessinées et à destination des médiathèques. Cette année, des exemplaires ont été mis à la disposition des éditeurs sur les stands. Pas mal fichue du tout (difficile d’en dire plus, sa destination même exige d’elle une ouverture à laquelle je n’aspire évidemment pas pour mes propres lectures, mais les textes sont mieux étoffés que ceux de la plupart des revues critiques qu’on trouve en kiosque ou en ligne).
    http://avisdesbulles.com

    16) Un bon numéro de « Gorgonzola », la revue de l’Égouttoir , avec Léo Quiévreux, Baladi, Turunen, Mancini, une belle lecture du Week-End de Godard par Pascal Tessier et un dossier consacré à Malher. Ayant mis très longtemps à trouver sa forme, « Gorgonzola » devient depuis quelques numéros un fanzine qui se tient vraiment, autant par la régularité de certaines participations qui lui donnent sa couleur personnelle que par la volonté de s’ouvrir à des dossiers thématiques (Imagex, Poirier, Malher). Ça me fait mal au cul de dire du bien de ce casse-burnes de Maël, mais son insistance est porteuse et son fanzine réussi. On attend le 22 avec impatience.
    http://legouttoir.free.fr

    17) Il nous est toujours trop rarement donné de voir l’étendue et la richesse du travail plastique et narratif de Matti Hagelberg , encore trop peu connu et publié en France ; ce gros volume publié à l’Association (le sixième qu’il publie chez eux après ses publications françaises au Dernier cri ) rend la justice qui s’impose à cette merveilleuse machine de mélancolie ravageuse, la terrible machine Hagelberg, et à la diversité de ses modalités graphiques et compositionnelles. « Silvia Regina » est le genre de livre qui déjoue à chaque lecture l’impression qu’il vous avait laissée à la précédente et qui justifie pleinement l’abattage massif d’arbres centenaires, l’usage de colle toxique, de film plastique imputrescible et d’encre cancérigène pour encombrer votre bibliothèque du compagnon à vie de votre dépression.

    18) (et dessous, 18b) Deux petits fascicules de Antoine Marchalot dont l’humour branque déjoue complètement les frontières entre raffinement et lourdeur, entre poème et blague, et également entre bouffonnerie et tragédie. « La chambre 14025 » est assez exemplaire de son aptitude à foutre en l’air jusqu’a notre rapport au dessin, par un usage incongru des effets informatiques. Il conduit cette incongruité jusqu’à la beauté aussi certainement qu’il conduit le nonsense dans des franges inattendues du drame. Encore une publication Arbitraire , dont les lignes de force éditoriales ne cessent décidément de s’accentuer par leur exigence.

    19) C’est peu dire que d’évoquer la variété et la singularité des publications de Hécatombe ( http://hecatombe.ch/blog.php ) ; du récent collectif consacré au film « Undergronde » qui rassemblait positions et expériences personnelles en bandes dessinées jusqu’aux merveilleux livres uniques sérigraphiés à la racle de Thomas Perrodin, en passant par ce volume D du fanzine carré, consacré à la bande dessinée abstraite, le travail éditorial de Yannis la Macchia et de ses collaborateurs est une source de surprises et de joies. C’est à l’explosion des sillages de lectures à la surface d’une page que se livrent Thomas Perrodin , Ibn Al Rabin et Yannis la Macchia lui-même. Un très beau volume dont l’expérience de lecture enivre vite.
    http://unfanzine.com/un-fanzine-carre-numero-d

    20) et 20b) Le travail de Paul Creus , publié par les jeunes éditions Proche , est ma plus jolie découverte de ce festival. Il y a quelque chose de profondément déréglé et de beau aux mondes de ce « Trucs & Tricks » qui emprutent à la physique des particules leurs notions et leurs catégories, jusqu’au mode de dessin aigrelet des schémas : c’est à leur prétention à résoudre toute ambiguïté que Paul Creus doit, parce qu’il ne cesse de s’y soustraire dans des dégagements poétiques et burlesques, la force de son magnifique petit livre.
    Le second volume, consacré au caillou, confronte l’amateur de dessin au vertige métaphysique quotidien du dessinateur que hante la représentation de l’amorphe, de l’indécidable, de l’indéfini. Damisch nous avait donnée une théorie du nuage, P aul Creus nous offre une éthologie du caillou. Je regrette seulement le prix légèrement exagéré des publications Proche qui me prive du plaisir de vous parler du troisième livre de Paul Creus.
    https://www.facebook.com/editionsproche

    21) Scalp : voici la dernière production de Thierry Bourgallé ( Factotum ) qui propose, en regard du travail maniaque d’ingénierie éditoriale auquel il s’adonne expérimentalement pour « Prurit » (trois numéros à ce jour, graduellement de plus en plus invraisemblables), ce fanzine rudimentaire, petit A5 agrafé et photocopié. La seule coquetterie qu’il s’autorise est le travail de ronéo de la couverture, derrière laquelle s’enchaînent quatre récits, quatre feuilletons qui s’ouvrent ( Aurélien Leif, Noémie Lothe, C. de Trogoff, L.L. de Mars ). Prix libre, site en rade (http://www.terricole.fr), pas de distribution ni de salons, on peut dire que ce garçon est aimanté par la réussite sociale.

    22) Le festival est aussi l’occasion de découvrir deux de mes propres bouquins que je n’avais pas encore eus entre les mains : « Le secret », publié à la cinquième couche , qui aura comme à peu près tous mes livres connu de si longs déboires avant de devenir un objet de papier que je ne sais même plus quoi en penser, et le travail commencé en 2012 lors de la session Kibboutz filmée ici : https://vimeo.com/74977262

    , sur les planches de Jack Kirby (23).
    « Le secret » aborde d’une autre façon que « Docilités », plus carnavalesque, la vision politique qui se dessine entre mon affection historique pour le communisme familial et mon mépris sans nuance d’une de ses valeurs centrales, le travail. C’est une fable très littéralement hallucinogène, brodée autour d’une substance puissante sur les effets de laquelle repose une hypnose politique généralisée.
    http://www.5c.be
    Quand au « Jack Kirby walked through broken porticoes », il s’agit d’un exercice de métastase, dont chaque planche prend pour objet un des multiples aspects de l’étrange monde plastique de Kirby, ouvre ses vannes, y greffe des cellules monstrueuses, laisse libre court à la pousse d’excroissances erratiques, malades, sur le papier.
    http://adverse.livre-avenir.org/#jack-kirby-ll-de-mars

    23), 23b) 23c) et 23d) Naissance des éditions _ Adverse _ , qui publient ce « Jack Kirby walked through broken porticoes » . Alexandre Balcaen — dont les lecteurs des éditions Hoochie Coochie savent ce qu’elles lui doivent d’ouverture à des mondes insoupçonnés de la bande dessinée ( Danko, Bicéphale, Hagelberg, Muzotroimil, Bertoyas, Varlez etc.) — lance sa propre maison d’édition ; l’assurance de voir son entreprise marquer le même goût pour la singularité et les expériences limites est appuyée par la formulation très claire dans un « Manifeste » ( http://adverse.livre-avenir.org/#manifeste-des-editions-adverse ) de l’horizon éditorial visé ainsi que le désaveu d’une grande partie des pratiques actuelles de l’édition. Je ne connais encore de ce manifeste que sa première courte moûture, publié dans Pré Carré 5, mais j’aurai sûrement l’occasion de vous en recauser dès que j’aurai lu cette version nettement enrichie. Cette première salve de livres Adverse élargit l’horizon de lecture du travail de Guillaume Chailleux : à la série des petits gaufriers carrés de « Tricoter » (Pré Carré), ce « Fils » ajoute des compositions dépliées étonnantes, tryptiques de planches savantes qui exposent comme rarement toute la richesse qu’offre la bande dessinée par la croisée de lectures tabulaires et linéaires dans le même espace.

    24) Ma première leçon de norvégien. Déclinaison narrative suprenante du principe de l’imagier, « Omrokering » est fait de telle façon qu’il est à peu près compréhensible par n’importe quel lecteur du monde ; c’est le principe même d’association d’une forme, d’un objet, à un mot, qui produit un comique à la fois subtil et lumineux ouvrant à une douce mélancolie domestique. L’univers graphique est homogène à ce jeu pédagogique et emprunte aux perspectives cavalières et aux plans de montages son univers de formes simples articulées.
    http://www.jippicomics.com

    25) Le O de « Obi » fait le trou noir de ce livre, publié à la cinquième couche , dans lequel s’engouffrent toutes les tentatives de parler : Sophie Telen met en pages cet étrange mouvement par lequel, autour d’une expérience personnelle, toute tentative de description, d’élucidation, est vaine, ridiculement impuissante à rendre compte de la complexité d’un monde, d’un couple, d’une histoire. Les pages sont tiquetées de perforations noires qui sont autant de points sur lesquels vient bégayer un récit qui n’en finit par de se retenter, de partir d’ailleurs, d’un autre moment, d’un autre point de vue, depuis toutes les origines possibles pour aborder son objet, sans qu’aucun mouvement ne puisse s’achever. Récit d’une précieuse déception.

    26) L’année dernière, je vous parlais de ma joie à découvrir le « Belvédère » de Luca Retraite et Fabio Viscogliosi ; hé bien les éditions Gargarismes ont la bonne idée de publier cette année un deuxième volume de ce travail envoûtant.
    https://gargarismes.com

    27) « Biscoto » : un exemplaire opportunément oublié sur leur stand de ce très chouette journal pour les lardons de Suzanne Arhex et Julie Staebler me le fait découvrir dans les détails. Mensuel, thématique, c’est joli, c’est drôle, c’est pas con loin s’en faut, c’est pas nunuche, c’est varié, on s’étonne qu’une entreprise aussi peu calibrée et réussie arrive à son trente-cinquième numéro sans que son existence ne fasse plus de bruit. Enfin, on s’étonne... Pas vraiment en fait... Si les bonnes choses soulevaient l’enthousiasme des foules, ça se saurait.
    biscotojournal.com/
    Un second magazine destiné aux adultes et consacré à la poésie est publié par la même équipe, mais je n’arrive pas à foutre la main sur l’exemplaire qui m’a été gentiment donné et, du coup, je ne pourrai rien vous dire pour l’instant sur « Jelly Rodger »...

    28) « MLQ » (Mon Lapin Quotidien). Ce journal, ici présenté sous la forme d’un appel aux rédacteurs, pourrait bien être la prochain forme de Lapin, la revue changeante (formellement) de l’Association . Il s’agirait d’un trimestriel de 32 pages, en noir et blanc, dans lequel des auteurs réguliers viendraient occuper des espaces précis sous la forme d’une rubrique personnelle, textuelle, dessinée, bandessinée.

    29) « Bathroom » : un très joli livre de Maï Li Bernard , dans ses propres micro éditions (où elle publie également les dessins de Céline Guichard ), mettant en scène le dégré 1 de toute narration, la croissance d’un état A à un état B ; doubles pages dont le récit formel est celui d’un collage de papiers découpés en cours, dont la page de gauche est à la fois le squelette (la première découpe de papier, visible dans le résultat) et l’origine (le premier état). Indéniablement de la bande dessinée.
    http://sempiternellesritournelles.blogspot.fr/2014/01/blog-post_27.html
    http://mai-li-bernard.tumblr.com