• A l’encontre » #Microtravailler, «ultra-connecté, ultra-low-cost, ultra-flexible»
    http://alencontre.org/societe/microtravailler-ultra-connecte-ultra-low-cost-ultra-flexible.html

    Apogée du freelancer, le #microtravailleur est ultra-connecté, ultra-low-cost, ultra-flexible. Souvent, pas toujours, peu qualifié. Après quelques jours passés dans la peau de l’un d’entre eux – d’ici à 2019, l’OIT (Organisation internationale du travail) estime que nous serons 213 millions dans le monde à vivoter grâce au web ! – je ne me sens pas plus « libre » pour autant. En échange d’une poignée d’euros péniblement gagnée, sans savoir qui m’a réellement payé ces #microsalaires de #misère, c’est bien une partie de mon autonomie et de ma spontanéité, la plupart de mes #données privées, que j’ai perdues à coups de visionnage de vidéos, de faux commentaires, de sondages bidonnés et de photos de rayons de supermarché [3].

    Mes batteries sont à plat – j’ai quelques kilomètres dans les pattes –, celle de mon téléphone également. « Vous avez expérimenté la #déshumanisation la plus totale du #travail, Mademoiselle. C’est normal de ne pas vous sentir bien, me rassure gentiment Laurent Taskin, professeur de management à l’UCL (Université catholique de Louvain), spécialisé en ressources humaines. Face à ce type de tâches, vous êtes totalement seule. Votre #rémunération est ridicule. D’autres peuvent vous remplacer instantanément. Et vous le savez. Vous êtes un de ces ouvriers qui attendaient en masse devant la porte de l’usine qu’on lui attribue un travail pour quelques heures et pour lequel il n’avait aucune compétence personnelle à faire valoir. L’usine moderne, où l’offre et la demande se rencontrent dans leur expression la plus brute, la plus violente, est désormais mondialisée, incarnée par ces plateformes. » Dans cette armée de travailleurs zombies grandissante, tous les coups, mais du « patron » seulement, sont bel et bien permis. (Publié dans Le Soir daté du 27 octobre 2017)