• 96 % des humains vivent encore dans leur pays natal : l’odyssée des migrations humaines s’expose à Paris

    Saviez-vous que les migrations humaines remontent à 300 000 ans ? Une exposition au musée de l’Homme explore nos origines et déconstruit les idées reçues.

    Saviez-vous que 96 % des êtres humains vivent encore dans leur pays de naissance ? Que ce chiffre est stable depuis plusieurs décennies ? Que 48 % des migrants sont des femmes ? Dans un contexte de polémiques internationales autour du phénomène migratoire, le #musée_de_l’Homme dresse un état des lieux des recherches scientifiques sur le sujet dans une exposition événement.

    Déconstruire les préjugés

    Appuyée par des disciplines comme l’anthropologie, la démographie, l’archéologie ou encore la génétique, cette initiative déconstruit les #idées-reçues sur le nombre, le profil et les motivations des candidats à l’exil. Pour incarner ces données statistiques, des parcours individuels sont aussi mis en lumière à travers des témoignages et des productions artistiques.

    Une migration vieille de 300 000 ans

    Ouvrant une fenêtre sur notre passé lointain, l’exposition rappelle enfin qu’Homo sapiens n’a cessé de se disperser sur le globe depuis 300 000 ans. Comme notre ADN, nos langues, et même nos traditions culinaires en témoignent, l’espèce humaine s’est construite à travers les #échanges et les #métissages suscités par ces #déplacements.

    https://www.geo.fr/histoire/96-des-humains-vivent-encore-dans-leur-pays-natal-l-odyssee-des-migrations-humai

    #exposition #migrations #préjugés #chiffres #statistiques #mobilité #histoire

    ping @karine4 @isskein @reka

  • #Calais. Un petit groupe de gens décide de transformer ces #rochers insultants en lieu de #mémoire pour les 89 personnes décédées en 2024 à la #frontière. Cette action veut rendre visibles ceux que la ville cherche à rendre invisibles. Réinvestir ces #déserts de caillasses qui coûtent cher. Détourner, dénoncer, commémorer.


    https://mastodon.social/@fanlab/113857726126616879
    #pierres #mémoriel #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #migrations #décès #commémoration #France

    ping @reka @karine4

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    Ajouté à la métaliste sur le mobilier anti-urbain :
    https://seenthis.net/messages/732278

  • L’administration Trump va procéder à des arrestations massives de migrants illégaux dès mardi, annonce le futur responsable des frontières
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/18/l-administration-trump-va-proceder-a-des-arrestations-massives-de-migrants-i

    L’administration Trump va procéder à des arrestations massives de migrants illégaux dès mardi, annonce le futur responsable des frontières
    Le Monde avec AFP
    L’administration de Donald Trump va procéder à des arrestations massives de migrants illégaux dans tout le pays dès mardi, au lendemain de son investiture à la présidence des Etats-Unis, a annoncé un haut responsable qui va prendre ses fonctions. « Il va y avoir des actions dans tout le pays. Chicago n’est qu’un endroit parmi d’autres », a déclaré vendredi 17 janvier sur la chaîne américaine Fox News Tom Homan, ex-directeur de l’agence chargée du contrôle des frontières et de l’immigration (ICE) et qui sera chargé des frontières dans l’administration Trump.
    Il réagissait à des informations publiées par le Wall Street Journal et d’autres médias américains. Il s’agirait d’une des premières actions prises par le président Trump. Le républicain avait promis lors de sa campagne d’expulser des millions de migrants sans papiers dans ce qui serait la plus grande opération d’expulsion de migrants illégaux de l’histoire des Etats-Unis.
    « Mardi, l’ICE va sortir et enfin faire son travail. Nous allons leur permettre d’arrêter les criminels étrangers. Ce que nous disons à l’ICE, c’est que vous allez appliquer la loi sur l’immigration sans vous excuser », a ajouté M. Homan. « Vous allez vous concentrer d’abord sur les pires, sur les menaces pour la sécurité publique, mais personne n’est écarté. S’ils sont en situation irrégulière, ils ont un problème », a-t-il insisté.
    Selon le Wall Street Journal, citant quatre personnes proches des opérations, les arrestations devaient débuter mardi à Chicago et dureraient « toute la semaine », impliquant entre cent et deux cents agents de l’ICE. Chicago est une des villes américaines dirigées par des démocrates et qui se sont déclarées « sanctuaires » pour les migrants. Sollicité par l’Agence France-Presse (AFP), un représentant de M. Trump n’a pas réagi à ces informations.

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#migrationirreguliere#politiquemigratoire#mexique#expulsion#sante#ICE#frontiere

  • De nouveaux outils pour améliorer l’identification des migrants décédés ou portés disparus en mer - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62271/de-nouveaux-outils-pour-ameliorer-lidentification-des-migrants-decedes

    De nouveaux outils pour améliorer l’identification des migrants décédés ou portés disparus en mer
    Par Ana P. Santos Publié le : 17/01/2025
    L’identification des migrants morts en mer reste encore très difficile. Des organisations font leur possible pour développer de nouvelles méthodes et technologies - en ne s’appuyant pas seulement sur l’ADN mais sur les « identifiants secondaires » comme les tatouages, les piercings. Le but : aider les proches des victimes à faire leur deuil plus sereinement.
    Chaque année, des milliers de personnes meurent sur les routes migratoires de l’océan Atlantique, de la mer Méditerranée et de le Manche. De nombreuses victimes qui voyagent sans documents d’identité ou les ont perdus au cours de route. Lors d’une disparition en mer, l’identification des corps récupérés, qui se décomposent rapidement, est souvent impossible. Des organisations comme l’Action pour l’identification des migrants victimes de catastrophes (MDVI), militent pour mieux identifier les personnes qui perdent ainsi la vie aux portes de l’Europe. Le MDVI cherche notamment à élargir les outils et l’expertise disponibles. Une partie du travail de l’organisation repose sur les « identifiants secondaires », c’est à dire les traits du visage, les tâches de naissance, les tatouages ou les piercings, qui sont des moyens d’identification légalement reconnus.
    Actuellement, les procédures d’identification se basent avant tout sur des méthodes ou des documents officiels tels que les documents dentaires, l’ADN et les empreintes digitales. Or, il arrive que la méfiance à l’égard des autorités peut décourager des familles à fournir des échantillons d’ADN. Aussi, nombre de migrants disparus n’ont pas déposé d’empreintes digitales ou ne possèdent pas de documents dentaires.Enfin, le statut administratif précaire des membres de la famille du disparu peut les empêcher de s’adresser aux autorités.
    Les chercheurs du MDVI ont également recours aux photographies, en particulier celles publiées sur les réseaux sociaux ou partagées au cours du voyage. Dans une étude publiée par l’organisation et une équipe de chercheurs, la comparaison des visages à l’aide de photos est un outil précieux pour l’identification, en particulier lorsqu’il s’agit de la seule donnée disponible. « Ses faibles exigences technologiques, sa rapidité d’analyse et la facilité de transfert des données numériques la rendent particulièrement efficace dans les contextes difficiles », explique le rapport.
    Le MDVI contribue également à faire avancer l’utilisation de scanners 3D mobiles conçus pour capturer des images faciales détaillées des défunts. Ces appareils, destinés à être utilisés par les premiers secours et les organisations caritatives, permettent de documenter les caractéristiques physiques avant que la décomposition du corps n’en soit à un stade trop avancé, ce qui augmente considérablement les chances d’identification.
    Une autre organisation, le Marine Institute de Galway, en Irlande, a mis au point un logiciel qui vise à prédire la localisation des naufragés. Le calcul combine les données sur les courants marins avec des modèles de comportement de particules en fonction des conditions de vent. Déjà utilisée par les autorités irlandaises dans le cadre d’enquêtes, cette technologie pourrait s’appliquer aux opérations de recherche et de sauvetage des migrants au Royaume-Uni et en France.De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’Université de Dodoma et l’Académie américaine des sciences médico-légales ont mis sur pied un atelier en Tanzanie pour permettre de mieux étudier les restes humains de migrants non identifiés.Il repose sur des techniques d’analyse chimique pour recueillir des informations sur le régime alimentaire des individus et l’historique de leurs déplacements géographiques. L’OIM estime que cette méthode pouvait être utile en Tanzanie, qui constitue un pays de passage pour les personnes voyageant depuis la Corne de l’Afrique vers l’Afrique du Sud ou encore l’île de Mayotte.
    Le projet Missing migrants de l’OIM sur les migrants portés disparus a recensé plus de 766 décès sur la route reliant l’Afrique de l’Est et la Corne de l’Afrique à l’Afrique du Sud et Mayotte entre 2014 et le milieu de l’année 2024, mais le nombre réel de victimes est probablement beaucoup plus élevé. Le journal britannique The Guardian note que les décès de migrants sont rarement recensés dans le registre d’identification des victimes de catastrophes (IVC) d’Interpol, ce qui freine certains protocoles médico-légaux.
    Selon Interpol, les IVC sont principalement conçus pour les évènements impliquant un grand nombre de victimes et résultant de catastrophes soudaines et de grande ampleur, qu’elles soient naturelles ou causées par l’homme. En revanche, les migrants font généralement naufrage seul ou en petits groupes, ce qui ne déclenche pas les procédures d’IVC. Par ailleurs, en raison de la nature clandestine des migrations, de nombreux décès ne sont pas signalés ou ne sont pas documentés pour être suivis par Interpol.
    Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), chaque personne disparue ou corps non identifié entraîne une situation de perte ambigüe chez les proches. Les familles qui ne peuvent obtenir une preuve officielle de la mort d’un être cher restent hantées par l’incertitude, incapables de faire leur deuil et de tourner la page.
    L’absence de réponses plonge les familles dans un gouffre émotionnel et psychologique.

    #Covid-19#migration#migrant#sante#grandebretagne#OIM#missingmigrant#CICR#mortalite#disparition#routemigratoire#migrationirreguliere

  • France : près de 50 migrants, dont une femme enceinte, interceptés à Dieppe avant de prendre la mer - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62282/france--pres-de-50-migrants-dont-une-femme-enceinte-interceptes-a-diep

    France : près de 50 migrants, dont une femme enceinte, interceptés à Dieppe avant de prendre la mer
    Par La rédaction Publié le : 17/01/2025
    Près de 50 exilés, dont une femme enceinte, ont été interceptés par les autorités jeudi sur la plage du Puys, à Dieppe (Normandie), à près de 200 km de Calais. Ils s’apprêtaient à embarquer sur un canot de fortune pour traverser la Manche. Afin d’éviter l’importante présence policière sur le littoral nord, les départs de migrants vers l’Angleterre se font plus au sud, augmentant les risques de naufrage.
    Vers 5h30 du matin jeudi 16 janvier, une groupe de 46 migrants, dont une femme enceinte, « a été repéré (...) aux alentours de la plage du Puys, sur le territoire de la commune de Dieppe », indique la préfecture de Seine-Maritime dans un communiqué.
    « Un drame a été évité », a réagi l’adjointe au maire de Dieppe chargée des Solidarités, Marie-Luce Buiche. Les exilés s’apprêtaient à monter sur un canot de fortune pour traverser la Manche.
    Après leur interception par les policiers au bord de l’eau, les migrants ont été « transportés en bus et pris en charge dans [un] gymnase » de Dieppe, précise la préfecture. « Une évaluation sanitaire a été menée (...). L’état de santé de l’ensemble des personnes n’a pas nécessité de prise en charge médicale. De son côté, le CCAS [Centre communal d’action sociale, ndlr] de la Ville de Dieppe et la Croix-Rouge ont assuré des distributions de collation », ajoutent les autorités.
    Une enquête a été ouverte « à l’encontre des passeurs et des filières d’immigration illégale ». Selon France Bleu Normandie, quatre personnes ont été placées en garde à vue, soupçonnées d’être des trafiquants. Deux d’entre eux, des Syriens, ont été repérés alors qu’ils étaient en train de décharger un bateau et des bidons d’essence sur la plage du Puys, toujours d’après la radio locale.
    La ville de Dieppe se trouve à près de 200 km au sud de Calais, lieu historique des départs de migrants vers l’Angleterre. Mais depuis deux ans environ, on observe un changement de méthode des trafiquants. La militarisation de la frontière sur le littoral nord – déploiement policiers, drones, caméras thermiques, avions Frontex – a poussé les passeurs à envisager d’autres endroits pour mettre à l’eau les embarcations, à des dizaines de kilomètres plus au sud, en Normandie et dans la Somme.
    Une stratégie qui n’est pas sans risques. « Si avant, les migrants mettaient six ou huit heures pour aller de Calais à Douvres [port de débarquement des migrants en Angleterre, ndlr], désormais, ils partent de Berck, du Touquet... Ils doivent donc doubler, voire tripler, ce temps de trajet en mer », assurait à InfoMigrants en juin Salomé Bahri de l’association Utopia 56. « Le problème, c’est qu’une durée de traversée plus longue, c’est plus de chances d’avoir une panne moteur, de se retrouver à la dérive ou d’avoir l’embarcation qui se crève », rappelait Célestin Pichaud, coordinateur d’Utopia 56 à Grande-Synthe, interrogé par RFI en juillet.
    D’autres exilés tentent aussi de partir depuis les terres, notamment en embarquant sur des canaux qui se jettent dans la mer du Nord ou dans la Manche. « Maintenant, on a beaucoup de ‘taxi-boats’, c’est-à-dire que le bateau est gonflé et mis à l’eau sur des cours d’eau [comme la Canche, l’Aa... ndlr] qui rejoignent la mer. Les passeurs remontent ensuite la côte et chargent les passagers à un endroit bien précis, ce qui permet d’éviter l’interception sur la plage », expliquait à InfoMigrants, Xavier Delrieu, chef de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim). Car selon le droit maritime, les policiers n’ont plus le droit d’intervenir quand le bateau est déjà sur l’eau.
    Pour tenter de contrer ce nouveau phénomène, les autorités ont installé plusieurs barrages : dans l’Authie, la Canche et dans le canal des Dunes. Mais malgré la multiplication des mesures prises par Londres et Paris pour essayer de dissuader les migrants de rejoindre les côtes britanniques, les arrivées au Royaume-Uni ne diminuent pas. En 2024, près de 37 000 personnes sont parvenues à atteindre l’Angleterre, soit 25% de plus qu’en 2023. Par ailleurs, selon la préfecture du Pas-de-Calais, au moins 5 800 personnes ont été secourues en mer l’an dernier côté français, et plus de 870 tentatives de traversée ont été empêchées par les forces de l’ordre déployées sur le littoral.

    #Covid-19#migration#migrant#manche#france#royaumeuni#migrationirreguliere#routemigratoire#littoral#frontiere#sante

  • Tragédie sur la route des Canaries : au moins 50 migrants se noient dans un naufrage - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62283/tragedie-sur-la-route-des-canaries--au-moins-50-migrants-se-noient-dan

    Tragédie sur la route des Canaries : au moins 50 migrants se noient dans un naufrage
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 17/01/2025
    Au moins 50 personnes ont perdu la vie après le naufrage d’une embarcation partie de Mauritanie à destination des îles Canaries, selon la porte-parole de l’ONG Caminando Fronteras, Helena Maleno. D’après la militante, 44 de ces victimes étaient d’origine pakistanaise. Les survivants ont été secourus par les autorités marocaines.
    Une cinquantaine de personnes, dont de nombreux Pakistanais, se sont probablement noyées après le naufrage de leur embarcation partie de Mauritanie en direction des îles Canaries, a déclaré jeudi 16 janvier l’organisation d’aide aux migrants Caminando Fronteras (Walking Borders, en anglais).La pirogue avait quitté la Mauritanie le 2 janvier avec 86 personnes à bord, selon la presse espagnole, avant de dériver plusieurs jours dans l’océan Atlantique. « Treize jours de traversée angoissée se sont écoulés sans que personne ne soit secouru », a écrit l’activiste Helena Maleno, porte-parole de Caminando Fronteras, sur son profil X. « Nous avons donné l’alerte il y a six jours à tous les pays qui partagent les eaux (internationales) de sauvetage, conformément à notre protocole en cas de disparition d’un bateau », a expliqué l’ONG à la presse espagnole. En vain.
    Mercredi 15 janvier, ce sont les autorités marocaines qui ont finalement lancé une opération de sauvetage mais elles n’ont pu secourir que 36 personnes. Parmi elles, un adolescent et 22 ressortissants pakistanais.
    Pour l’heure, aucune précision n’a été donnée sur le nombre d’enfants et de femmes à bord du bateau au moment du départ. Les 50 disparus, parmi lesquels se trouvaient 44 Pakistanais, sont tous présumés morts. L’ONG Caminando Fronteras assure avoir pu établir un contact avec les survivants et leurs familles.Il s’agit - déjà - de la deuxième tragédie enregistrée en 2025. La première a eu lieu le 1er janvier, lorsqu’un canot est arrivé au sud de Tenerife avec 60 personnes. À bord, deux migrants étaient décédés.
    Fin décembre, le gouvernement malien avait communiqué sur le décès de 25 jeunes Maliens dans un naufrage au large du Maroc, survenu quelques jours auparavant. Au moins 70 personnes sont portées disparues. Seuls 11 survivants ont été retrouvés.
    Traversées cauchemardesques
    En 2024, près de 10 000 personnes ont ainsi perdu la vie ou ont disparu en mer en essayant de gagner les îles espagnoles, contre 6 000 en 2023, selon un rapport publié fin décembre par Caminando Fronteras. Pour l’association, la route des Canaries est ainsi bel et bien devenue « la plus meurtrière au monde ».
    Les drames sont hélas courant. Il faut compter au moins une semaine, plusieurs parfois, en haute mer, pour rejoindre les rives espagnoles des Canaries, distantes de 1 000 à 2 000 km depuis le Sénégal ou la Mauritanie. Beaucoup de pirogues se perdent dans l’immensité de l’océan. Les vents violents et les forts courants rendent la traversée très risquée, et peut faire dériver les pirogues surchargées et en mauvais état. De nombreux témoignages rapportent des voyages cauchemardesques soumis aux aléas météorologiques, aux avaries de moteur, à la soif et à la faim. Il n’est pas rare de trouver des corps de personnes mortes de faim ou de soif dans les canots secourus au large des Canaries.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#atlantique#routemigratoire#mauritanie#pakistan#mortalite#sante#migrationirreguliere

  • En Californie, la peur se répand parmi les ouvriers agricoles sans papiers après l’opération « Retour à l’envoyeur »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/17/en-californie-la-peur-se-repand-parmi-les-ouvriers-agricoles-sans-papiers-ap

    En Californie, la peur se répand parmi les ouvriers agricoles sans papiers après l’opération « Retour à l’envoyeur »
    Par Corine Lesnes (envoyée spéciale à Bakersfield)
    Avant même l’investiture de Donald Trump, les raids anti-immigration ont déjà commencé dans la Vallée centrale, la région agricole de la Californie. « Comme s’il s’agissait d’une répétition », observe le professeur d’économie Richard Gearhart, enseignant à l’université d’Etat à Bakersfield.
    Dans le comté de Kern, à deux heures à l’est de Los Angeles, la police aux frontières est arrivée le 7 janvier. Ses fourgonnettes blanc et vert, garées devant la station essence où les journaliers attendent l’embauche, ont été immédiatement repérées, et leur signalement a été diffusé dans les groupes WhatsApp. Questionné par la presse locale, le porte-parole de la Border Patrol, Gregory Bovino, a expliqué qu’il s’agissait de l’opération « Return to Sender » (« retour à l’envoyeur »), une opération anticartels visant à renvoyer les « criminels » dans leurs pays.
    A Bakersfield, la capitale du comté, le paysage humain a aussitôt changé. Les jardiniers ont disparu des pelouses, certains cuisiniers des restaurants, les rendez-vous annulés se sont accumulés chez les médecins. Dans les champs, les oranges – c’est la saison de la récolte – sont restées sur les arbres. Le premier jour, 25 % des ouvriers agricoles ne se sont pas présentés au travail, et 75 % le lendemain, selon le président du groupement des producteurs d’agrumes California Citrus Mutual, Casey Creamer.
    Début janvier, les sans-papiers se sont terrés chez eux, sachant que la police fédérale, chargée de l’immigration, ne peut pas se présenter à leur domicile sans mandat judiciaire. L’opération « Retour à l’envoyeur » n’a duré que trois jours, mais elle a répandu la peur et elle a donné un avant-goût de l’après, si Donald Trump met à exécution son plan de mass deportations (« expulsions massives »).
    Bakersfield est un morceau de Californie rurale largement ignoré des villes côtières. Un monde à part, légèrement rétro, entre poussière et pétrole. Une terre républicaine – c’était le fief de Kevin McCarthy, l’ancien président de la Chambre des représentants – mais surtout agricole. Le comté produit un tiers des agrumes de la Californie, des raisins et des noix. L’air est chargé de l’odeur du bétail, parfois des oranges ou de l’ail. Le train de marchandises qui remonte la Vallée centrale siffle comme dans les films.
    Sur les 900 000 habitants du comté, 180 000 ne sont pas nés aux Etats-Unis. Plus de la moitié des ouvriers agricoles sont sans papiers, soit quelque 50 000 personnes. En 2007, le républicain George W. Bush avait mis en place un mécanisme facilitant la vérification des permis de travail par les entreprises et durcissant les amendes pour l’emploi de clandestins. L’effet a été minime, le système rapidement contourné. Les travailleurs continuent à être recrutés par des intermédiaires (les majordomos) qui ferment les yeux sur leurs cartes de sécurité sociale falsifiées. Dans l’équation entrent aussi quelques pots-de-vin, précise un familier du système.
    Le quartier des farm workers (« ouvriers agricoles ») se trouve au sud-est de Bakersfield, derrière le supermarché Mercado Latino. Des maisons sans étage, modestes, aux cours encombrées : ici une chèvre, là une voiture qui aura peine à redémarrer. Ce 10 janvier, dans le salon de Bruno et Olivia (ils n’ont pas souhaité donner leur nom, les prénoms ont été changés), les décorations de Noël sont encore suspendues au plafond. Une peinture montre Jésus-Christ brisant le pain. Sur la nappe fleurie, Olivia a posé des paquets de biscuits. Ils sont une demi-douzaine autour de la table de bois foncé. Le couple, quelques amis, tous Mexicains d’origine, tous ouvriers agricoles, sauf Bruno, qui a un vrai permis de travail et livre des meubles pour un magasin.
    « Miedo » (« peur », c’est le mot qui est sur toutes les lèvres. Les migrants ont peur des voitures de la « migra », la police de l’immigration, qui rôde autour des fermes. La veille, leur voisine Marisa leur a demandé de prévenir les enfants qu’elle allait rentrer tard de la cueillette des oranges. La police était sur la route. Le contremaître, qui a des papiers en règle, est allé en éclaireur vérifier si la voie était libre. Dans une ferme, les employés ont demandé à bénéficier d’une navette pour leur éviter tout risque de croiser la « migra » sur le chemin du travail. L’employeur a refusé.
    Les migrants essaient de se préparer à l’après-20 janvier. « On doit faire des plans », se convainc Olivia. Le syndicat United Farm Workers (UFW), comme d’autres associations et les églises, tient des séances d’autodéfense juridique, dites « Know your rights » (« connaissez vos droits »), dans toute la région. On y apprend qu’il ne faut surtout pas ouvrir la porte si la police frappe, qu’il ne faut signer aucun papier, qu’un parent expulsé ne peut pas laisser ses enfants à la garde d’un proche sans établir une procuration légale… Les participants reçoivent une petite carte rouge à porter en permanence dans leur poche ou leur portefeuille, et à faire lire aux policiers en cas de besoin. Elle stipule que la Constitution s’applique non seulement aux citoyens, mais à tous ceux qui vivent sur le sol américain.
    Depuis l’élection de Donald Trump, le 5 novembre 2024, les enfants sont inquiets. Sur son tee-shirt, Hilda porte une inscription « Believe » (« croire »). Hier, son fils de 13 ans a prétexté des maux de ventre et refusé d’aller à l’école. Sa mère l’y a conduit quand même. « J’essaie de ne pas alimenter sa peur. » Mais elle a demandé à un cousin d’aller le chercher. L’enfant « ne veut pas que sa mère soit expulsée à cause de lui, pour l’avoir emmené à l’école », explique-t-elle.
    Près de trois quarts des sans-papiers vivent avec un proche qui est un résident légal. Les parents sont confrontés à la question de la séparation si l’un d’eux tombe dans un coup de filet et se fait expulser. Que deviennent les enfants ? Juan, employé dans une laiterie, et son épouse en ont discuté avec leurs deux garçons. Le grand est au lycée. Il est tellement inquiet qu’il « se jette dans mes bras quand je rentre, relate le père. Mais il faut bien que je travaille ». La famille est partagée entre rester ou repartir au Mexique, bien que les enfants ne connaissent pas le pays. « Il y a des risques des deux côtés », dit l’ouvrier.
    Sous les présidences de Barack Obama puis de Joe Biden, la police de l’immigration a largement fermé les yeux sur le statut des ouvriers agricoles. Olivia voudrait que Donald Trump en fasse autant et « ouvre son cœur ». « Nous sommes travailleurs, nous payons des impôts, nos enfants grandissent comme des enfants américains, souligne-t-elle. A tous les coins de rue, on voit des gens qui quémandent de l’argent. Nous, nous sommes dans les champs, l’hiver, l’été, par tous les temps. » La mère de famille ne se fait pas d’illusions sur les intentions du futur président. « Mais, au moins, qu’il nous laisse en paix ! »
    Pour l’économie du comté (55 milliards de dollars, soit 53,5 milliards d’euros), les expulsions massives évoquées par Donald Trump auraient des conséquences désastreuses, explique le professeur Gearhart. L’agriculture représente 10 % du produit brut du comté, souligne-t-il, juste derrière le pétrole (15 %). Les pertes pourraient aller jusqu’à 5 milliards de dollars. Un ralentissement « pire que le Covid », un retour « à l’époque des Raisins de la colère », craint-il, en référence au roman de John Steinbeck qui montre la misère des travailleurs migrants pendant la Grande Dépression des années 1930. S’ajoutent les conséquences indirectes dans le secteur de la restauration, de l’hôtellerie, du nettoyage, voire sur le réseau des écoles gratuites que les fermes subventionnent pour former la future main-d’œuvre. Selon l’économiste, la majorité des sans-papiers va rester. « Ils vont attendre que l’orage passe, mais cela aussi va avoir des conséquences négatives sur l’activité économique. »
    Une main-d’œuvre moins chère
    La plupart des fermiers ont interdit aux agents de l’immigration de pénétrer sur leur propriété pour y interpeller des migrants. A Bakersfield, le Farm Bureau, l’office qui représente les exploitations, a rappelé leur importance – et leur expertise – dans la collecte des fruits et légumes. Pour autant, « les exploitants ne sont pas vraiment inquiets, affirme Roman Pinal, vice-président du syndicat UFW. Leur souhait, c’est de parvenir au remplacement de ces travailleurs par d’autres en élargissant le programme de visa H-2A ». Ce visa, d’une durée d’un à trois ans, permet de travailler, mais pas de s’installer. Les fermes y trouveraient une main-d’œuvre qu’ils pourraient payer encore moins cher que les farm workers actuels. « L’équivalent du H-1B dans la tech », ajoute le syndicaliste.
    Selon Aaron Hegde, directeur du Grimm Family Center for Agricultural Business à l’université de Bakersfield, la plupart des exploitants sont favorables à cette solution. Sur la régularisation des sans-papiers, en revanche, « les opinions sont partagées », explique-t-il, sans exclure que les positions évoluent au printemps, quand viendra la saison des récoltes et que les fermes seront confrontées à une pénurie de main-d’œuvre encore plus aiguë que d’habitude.
    Après trois jours d’opération dans le comté, la Customs and Border Protection a annoncé avoir arrêté 78 personnes en situation irrégulière, originaires du Mexique, du Salvador, du Honduras, d’Equateur et aussi de Chine. Quelques expulsés avaient été condamnés pour divers délits (agression sexuelle, conduite en état d’ivresse, trafic de drogue). La Border Patrol n’a pas nié qu’elle avait aussi interpellé des migrants sans aucun antécédent judiciaire. Son porte-parole s’est fait l’écho de la doctrine Trump, popularisée par son « border tsar », Tom Homan : « Franchir la frontière et résider illégalement aux Etats-Unis est contraire à la loi. » Autrement dit, les clandestins sont par définition des délinquants.
    Les patrons des exploitations – de grands groupes agroalimentaires aussi bien que des fermes familiales – ont mis en garde l’équipe Trump contre des projets d’expulsions qui déstabiliseraient la chaîne alimentaire nationale et entraîneraient pénuries et augmentations de prix. Aaron Hegde souligne que les raids pré-investiture ont été conduits par la police aux frontières et non par l’unité chargée du contrôle de l’immigration (l’Immigration and Customs Enforcement). « Au-delà de la rhétorique électorale, il faut voir quel sera le plan » de l’administration Trump. Mais, à la veille de l’investiture de son champion, la base républicaine semble indifférente aux conséquences économiques de sa politique migratoire. « Il y a un soutien tacite important pour les expulsions massives dans la population », constate le professeur Gearhart

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#migrationirreguliere#economie#agriculture#californie#mexique#visas#H-2A#sante#deportation

  • L’Union européenne épinglée pour sa politique de « #dissuasion_mortelle » en matière d’immigration et d’asile

    Pour l’association #Human_Rights_Watch, qui vient de publier son #rapport annuel, le monde a échoué à faire respecter les droits humains en 2024. Y compris les démocraties.

    Le ton de Tirana Hassan est cinglant quand elle introduit le rapport annuel de l’association Human Rights Watch (HRW), dont elle est la directrice exécutive. « Les gouvernements du monde entier sont appelés à démontrer leur engagement en faveur des droits humains, de la démocratie et de l’action humanitaire. Nombreux sont ceux qui ont échoué à ce test. » Le verdict, sans appel, est annoncé d’emblée pour la centaine de pays analysés dans le compte rendu de 500 pages paru ce jeudi.

    « Les démocraties libérales ne sont pas toujours des défenseurs fiables des #droits_humains » (Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch)

    Les pays européens n’y échappent pas (la Belgique non plus, bien qu’aucun chapitre ne lui soit dédié). En effet, « l’année écoulée a une fois de plus mis en lumière une réalité souvent ignorée, poursuit Tirana Hassan. Les démocraties libérales ne sont pas toujours des défenseurs fiables des droits humains, que ce soit dans leur pays ou à l’étranger. » Beaucoup d’États membres sont pointés durement dans le rapport : France, Allemagne, Italie, Espagne, Grèce, Hongrie, Pologne…

    Une grande partie du chapitre sur l’#Union_européenne (#UE) se penche sur sa #politique_migratoire. « Il existe un fossé entre la #rhétorique de l’Union européenne sur les droits humains et les lois et #pratiques souvent inadéquates, et parfois abusives, des États membres », peut-on lire dans le rapport. L’année 2024 a en effet été marquée par l’entrée en vigueur du #Pacte_sur_la_migration_et_l'asile, qui sera pleinement applicable à partir de juin 2026. #HRW cible, entre autres, le mécanisme de #relocalisation – ou #délocalisation – dans un pays tiers des migrants pour soulager un État membre sous pression.

    #Traitement_inhumain des migrants

    Pour l’association, une telle mesure « encourage les États membres à renvoyer les personnes vers des pays de transit situés en dehors de l’UE, où elles risquent d’être victimes d’abus ou d’être refoulées en chaîne ». Le rapport explique que des « atrocités [sont] commises à grande échelle contre les migrants en Libye » (détentions arbitraires, torture, travail forcé), que les enfants réfugiés n’ont pas accès aux écoles publiques en Égypte et que des « expulsions collectives illégales et abusives de centaines de migrants » sont opérées par la Tunisie aux frontières algériennes et libyennes.

    HRW accuse l’UE de s’être « largement abstenue de dénoncer les violations des droits des migrants dans [ces] pays avec lesquels elle a conclu [des] #partenariats » pour contrôler le flux des migrants. Le tout avec la #complicité de #Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières, qui est également épinglée dans le rapport. Cette dernière s’est félicitée mardi d’avoir enregistré une baisse de 38 % des franchissements irréguliers des frontières en 2024 (soit 239 000 entrées, le niveau le plus bas depuis 2021) « malgré une pression migratoire persistante ». HRW estime que c’est « avec le soutien des avions de Frontex » que l’Italie et Malte (pour ne citer que ces deux pays) ont réussi, en coopérant avec les forces libyennes, à intercepter et renvoyer des bateaux de migrants. En d’autres termes, à mettre en place une stratégie de #refoulement illégal, car contraire au droit international et à la convention de Genève relative au statut des réfugiés.

    « Dissuasion mortelle »

    Benjamin Ward, directeur européen de HRW, estime que « les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés sont confrontés à la #violence […] et même à la #mort en raison de l’accent mis par l’UE sur les politiques de dissuasion et d’#externalisation ». Le rapport dénonce une politique migratoire européenne « de plus en plus axée sur la dissuasion mortelle ». L’association s’inquiète du manque d’enquêtes appropriées et indépendantes sur la #non-assistance aux migrants en détresse, les #mauvais_traitements et les #abus constatés en #Méditerranée. Elle dénonce par exemple le verdict d’un tribunal grec qui, en mai dernier, a acquitté, pour défaut de compétence, neuf personnes accusées d’avoir provoqué en 2023 le naufrage d’un navire transportant 750 migrants, qui a pourtant fait des centaines de morts.

    Le 7 janvier, la Cour européenne des droits de l’Homme a condamné pour la première fois la Grèce à indemniser une demandeuse d’asile d’un refoulement illégal vers la Turquie

    Notons néanmoins que le 7 janvier, la #Cour_européenne_des_droits_de_l'Homme (#CEDH), elle, a condamné pour la première fois la Grèce à indemniser d’une somme de 20 000 euros une demandeuse d’asile d’un refoulement illégal vers la Turquie. La Hongrie a également été condamnée par la CEDH en juin, souligne le rapport. Elle était accusée d’avoir illégalement détenu et affamé des demandeurs d’asile, dont un enfant de cinq ans, en 2017 et 2019, dans la zone de transit mise en place à la frontière serbe. La #Cour_de_justice_de_l'Union européenne, pour sa part, l’a condamnée à payer une amende de 200 millions d’euros pour les restrictions qu’elle continue d’imposer au droit d’asile, devenu pratiquement impossible à obtenir à cause d’une loi de 2020.

    La #justice, solide rempart

    Les tribunaux italiens, eux aussi, remettent en question la gestion migratoire de Rome, qui externalise le contrôle des migrations vers la #Libye. HRW évoque par exemple la condamnation de deux capitaines, l’un par la Cour de cassation italienne (la plus haute juridiction pénale), l’autre par un tribunal civil de Rome, pour avoir chacun renvoyé une centaine de personnes en Libye. L’un d’eux doit, avec les autorités italiennes, octroyer une indemnisation financière aux victimes qui avaient porté l’affaire en justice.

    Les Nations unies se sont assurés que l’Italie va évacuer 1 500 personnes depuis la Libye d’ici à 2026

    Des juges italiens ont également estimé illégale la détention de deux groupes d’hommes secourus en mer par l’Italie et envoyés en Albanie. Depuis, ces hommes ont été transférés en Italie. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) s’est également assurée que l’Italie va évacuer ou réinstaller 1 500 personnes, cette fois-ci depuis la Libye, d’ici à 2026.

    Protection des droits ici et ailleurs

    La justice ne laisse donc pas tout passer. Mais est-elle suffisante toute seule ? « Les dirigeants de l’UE doivent abandonner ces stratégies néfastes […] et créer des itinéraires sûrs et légaux pour les personnes en quête d’asile et de sécurité, insiste Benjamin Ward. À l’heure où une grande partie du monde est en crise, la nécessité d’un leadership fondé sur les droits humains en Europe est plus grande que jamais. »

    « Lorsque les droits sont protégés, l’humanité s’épanouit » (Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch)

    Face à ce constat affligeant, Iskra Kirova, directrice du plaidoyer auprès de la division européenne de HRW, appelle les citoyens européens à se rappeler de leurs valeurs, « à savoir la protection des droits humains et le #droit_international. Il existe de nombreuses informations erronées sur les personnes migrantes, colportées à des fins politiques pour susciter de la #peur. Nous ne devons pas nous laisser induire en erreur. Les personnes qui méritent une protection devraient se voir offrir cette option. C’est la seule chose humaine à faire. Je pense que la plupart des Européens seront d’accord avec cela ».

    Tirana Hassan conclut le message de HRW en affirmant que « la tâche qui nous attend est claire : les gouvernements ont la responsabilité de s’opposer aux efforts qui font reculer [les droits humains]. Lorsque les droits sont protégés, l’humanité s’épanouit ».

    https://www.lalibre.be/international/europe/2025/01/16/lunion-europeenne-epinglee-pour-sa-politique-de-dissuasion-mortelle-en-matie
    #dissuasion #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #migrations #réfugiés #frontières #dissuasion_meurtrière

    ping @karine4

    • Union européenne. Événements de 2024

      Il existe un fossé entre le discours de l’Union européenne sur les droits humains et les lois et pratiques souvent inadéquates et parfois abusives de ses États membres. Ce fossé est particulièrement marqué s’agissant de politiques de migration et d’asile, de lutte contre le racisme et de protection de l’État de droit.
      Migrants, réfugiés et demandeurs d’asile

      La politique de l’UE en matière de migration et d’asile se concentre de plus en plus sur une dissuasion meurtrière, comme l’illustrent en 2024 de nouvelles règles qui portent gravement atteinte aux droits des migrants et des demandeurs d’asile arrivant aux frontières de l’UE ainsi que des mesures pour intensifier la délocalisation des responsabilités vers des pays extérieurs à l’UE.

      Le Pacte de l’UE sur la migration et l’asile, adopté en mai, comprend des dispositions qui, une fois mises en œuvre, restreindront considérablement les droits. Les nouvelles règles rendront plus difficile le dépôt d’une demande d’asile et permettront aux gouvernements de prendre plus facilement des décisions hâtives sur les demandes d’asile. Elles augmenteront également le nombre de personnes détenues aux frontières de l’UE. Les pays de l’UE pourront refuser le droit de demander l’asile dans des situations vaguement définies d’« afflux massif » ou d’« instrumentalisation » de la migration par des pays tiers. Ces changements encouragent les États membres de l’UE à renvoyer les personnes vers des pays de transit situés hors de l’UE, où elles risquent d’être victimes d’abus ou de refoulements en chaîne. Le pacte ne contribue guère à améliorer le partage des responsabilités entre les pays de l’UE. En octobre, 17 États membres de l’UE ont signé un document informel appelant à une nouvelle proposition législative visant à accroître les retours.

      En 2024, l’UE a annoncé de nouveaux partenariats migratoires avec l’Égypte et la Mauritanie et a augmenté le financement de la gestion des frontières pour ces deux pays ainsi que pour le Liban, faisant suite à un accord avec la Tunisie en 2023 et à un soutien continu au contrôle des migrations pour les autorités libyennes et marocaines, sans véritables garanties en matière de droits humains. L’UE a poursuivi ces partenariats malgré les atrocités généralisées contre les migrants et les réfugiés en Libye, ainsi que les abus et le manque de protection auxquels sont confrontés les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés au Liban, en Tunisie, en Égypte, en Mauritanie, et au Maroc. L’UE a largement omis de dénoncer les violations des droits des migrants dans les pays avec lesquels elle a conclu de tels partenariats.

      L’Italie et Malte, avec l’appui des avions de Frontex, ont continué de faciliter les interceptions d’embarcations transportant des migrants et des réfugiés par les forces libyennes, et leur renvoi, au risque de graves abus. Avec le soutien de la Commission européenne, la Tunisie a déclaré en juin une zone de Recherche et de Sauvetage, qui risque d’accroître les interceptions et les renvois vers des zones d’abus en Tunisie au lieu d’améliorer la protection de la vie et la sécurité en mer.

      L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a constaté que les violations généralisées des droits aux frontières de l’UE (absence d’assistance aux migrants en détresse, mauvais traitements et abus) ne font pas l’objet d’enquêtes appropriées. L’agence a appelé à une surveillance rigoureuse aux frontières et à des mécanismes de responsabilisation plus solides. La Médiatrice européenne a déclaré que Frontex avait besoin de directives claires pour évaluer les urgences maritimes et émettre des appels de détresse pour les bateaux en difficulté, et elle a appelé à la création d’une commission d’enquête indépendante sur les décès en mer Méditerranée. En octobre, des dirigeants de l’UE ont exprimé leur soutien à la Pologne après qu’elle a annoncé qu’elle suspendrait l’accès à l’asile à la frontière biélorusse, une décision qui pourrait enfreindre le droit international et européen.

      De nombreux pays de l’UE ont exprimé leur intérêt pour des mesures visant à délocaliser la responsabilité des demandeurs d’asile ou ont approuvé ces mesures. En octobre et novembre, l’Italie a transféré les deux premiers groupes vers l’Albanie dans le cadre d’un accord en vertu duquel les hommes originaires de pays considérés comme « sûrs » et secourus ou interceptés en mer par l’Italie sont emmenés en Albanie pour le traitement de leurs demandes d’asile. L’avenir de cet accord est incertain après qu’un tribunal italien a ordonné la libération des deux groupes parce que leurs pays d’origine ne peuvent pas être catégoriquement considérés comme sûrs et a renvoyé la question à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). La CJUE avait statué début octobre qu’un pays ne peut pas être considéré comme sûr s’il existe des exceptions.

      En septembre, le commissaire allemand aux migrations a suggéré que l’Allemagne pourrait envoyer certaines personnes au Rwanda, tandis que le ministre danois de l’immigration s’est rendu en Australie et à Nauru, également en septembre, pour en savoir plus sur la politique australienne abusive de traitement des demandes d’asile « offshore ». En mai, 15 États membres de l’UE ont demandé à la Commission européenne d’étudier les moyens de transférer le traitement des demandes d’asile hors de l’UE, notamment en facilitant l’envoi de personnes vers des « pays tiers sûrs ».

      Les statistiques révèlent un changement des routes migratoires, avec une augmentation significative des arrivées aux îles Canaries espagnoles ainsi qu’aux frontières terrestres de l’est de l’UE et une baisse des traversées en Méditerranée et dans les Balkans occidentaux. Au cours des neuf premiers mois de 2024, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé au moins 1 452 personnes qui ont disparu ou sont décédées en mer Méditerranée et plus de 700 sur la route de l’Atlantique vers les Canaries.
      Discrimination et intolérance

      En 2024, les gouvernements européens ont exprimé leur inquiétude face à la montée des partis d’extrême droite — bien que les partis traditionnels ont imité leurs politiques et leur discours— ainsi qu’à l’augmentation des niveaux de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance qui y est associée. L’environnement politique à l’approche des élections européennes de juin a vu une banalisation accrue des propos racistes, islamophobes, anti-migrants et d’extrême droite.

      Cela s’est produit alors que les conséquences de l’attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023 et les hostilités qui ont suivi entre Israël et les forces armées palestiniennes ont conduit à une « montée alarmante » en Europe de la haine contre les Juifs et contre les Musulmans et les personnes perçues comme telles.

      En juillet, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a publié sa troisième enquête sur la discrimination et les crimes haineux contre les Juifs dans l’UE, qui date d’avant le 7 octobre. Elle illustre les expériences et les perceptions des personnes juives concernant les « niveaux élevés d’antisémitisme » en Europe.

      En octobre, la FRA a publié « Être musulman dans l’UE », un rapport basé sur une enquête menée dans 13 pays de l’UE auprès des musulmans sur leur expérience de discrimination, notamment de crimes haineux et de mauvais traitements infligés par la police. Près de la moitié des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes de racisme.

      En 2024, le Parlement européen, le Conseil de l’Europe et sa Commission européenne contre le racisme et l’intolérance ont ajouté leur voix aux préoccupations internationales concernant la montée de la haine antisémite et antimusulmane. En octobre, le Conseil de l’UE a adopté une déclaration sur la promotion de la vie juive et la lutte contre l’antisémitisme, soulignant l’importance de l’éducation et de la protection des victimes de toutes les formes d’antisémitisme, de racisme et d’autres formes de haine.

      Le rapport annuel 2024 de la FRA a constaté que l’intolérance générale « s’accroît dans toute l’Europe, touchant de nombreux groupes, notamment les musulmans, les personnes d’origine africaine, les Roms et les migrants », notant que « la désinformation et les plateformes en ligne ont amplifié les comportements racistes et la polarisation des attitudes. » Une enquête de la FRA a révélé qu’une personne LGBT sur trois a indiqué avoir été victime de discrimination, tandis qu’ILGA-Europe a noté une hausse des discours anti-LGBT à l’approche des élections à travers l’Europe.

      L’UE continue de manquer d’une stratégie spécifique en matière d’égalité des âges pour lutter contre la discrimination fondée sur l’âge.

      En mars, le Conseil de l’Europe, qui regroupe tous les États de l’UE, a adopté une Stratégie pour l’égalité des genres pour 2024-2029, portant notamment sur la violence à l’égard des femmes et des filles, l’égalité d’accès à la justice et leur participation à la vie politique, publique, sociale et économique.

      En mai, l’Union européenne a adopté une directive sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Cette directive prévoit des mesures visant à prévenir, protéger et améliorer l’accès à la justice des victimes de violences faites aux femmes, mais elle n’adopte pas de définition du viol fondée sur le consentement au niveau de l’Union européenne. Elle ne reconnaît pas non plus la stérilisation forcée comme un crime. La stérilisation forcée touche de manière disproportionnée les femmes et les filles handicapées et reste légale dans au moins 12 États membres de l’UE, dont la Bulgarie, le Danemark et le Portugal.

      En mai, le Conseil de l’Union européenne a adopté une nouvelle directive établissant des normes minimales pour améliorer la mise en œuvre par les États membres des lois anti-discrimination nationales et européennes.

      En septembre, la Commission européenne a présenté son rapport sur la mise en œuvre du Plan d’action de l’UE contre le racisme 2020-2025. Selon la Commission, 11 États membres de l’UE ont adopté des plans d’action nationaux spécifiques contre le racisme, mais des défis subsistent même dans ces États en raison du manque de fonds affectés à la mise en œuvre et de l’absence de ventilation des données par origine raciale et ethnique permettant d’éclairer les politiques.

      En juillet, Ursula von der Leyen, présidente reconduite de la Commission européenne, a annoncé qu’une nouvelle stratégie de lutte contre le racisme serait élaborée pour le mandat 2024-2029 de la Commission. En septembre, elle a également annoncé que les travaux sur l’égalité et la non-discrimination seraient intégrés au mandat du Commissaire chargé de la préparation et de la gestion des crises — un recul étant donné que l’égalité bénéficiait auparavant d’un commissaire dédié. En décembre, Ursula von der Leyen a reclassé les coordinateurs sur l’antisémitisme et la haine antimusulmane, en leur donnant un accès direct au bureau du président de la Commission, mais a négligé de faire de même pour le coordinateur de la lutte contre le racisme.
      Pauvreté et inégalité

      Les données de l’UE de juin 2024 ont montré que 94,6 millions de personnes (21,4 % de la population) étaient « menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale » en 2023, dont 29,3 millions ont connu de graves privations matérielles ou sociales. Les femmes restent touchées de manière disproportionnée.

      Les taux de pauvreté et d’exclusion sociale en Roumanie et en Bulgarie, les deux États de l’UE les plus touchés, ont dépassé 30 %, et ces taux sont restés supérieurs à 25 % en Grèce, en Espagne et en Lettonie, les trois autres États les plus touchés.

      En août, alors que les prix de l’énergie ont chuté, atténuant ainsi la crise du coût de la vie, l’inflation moyenne à l’échelle de l’UE est tombée à 2,2 %.

      Les gouvernements européens et les autorités intergouvernementales ont réitéré publiquement leur engagement en faveur d’une meilleure mise en œuvre et réalisation des « droits sociaux », notamment les droits protégés par la Charte sociale européenne du Conseil de l’Europe dans la déclaration de Vilnius en février, et les questions relevant du Socle européen des droits sociaux de l’UE dans la déclaration de La Hulpe en avril.

      Les résultats d’une enquête menée à l’échelle de l’UE et publiée en avril ont montré que 88 % des Européens considèrent que les droits sociaux, tels qu’un niveau de vie, des conditions de travail et des soins de santé adéquats, sont importants.

      En janvier, la Commission européenne a publié son cadre de suivi de la Garantie européenne pour l’enfance. Cet instrument politique européen de 2021, axé sur la lutte contre la pauvreté infantile, exige des États qu’ils garantissent d’ici 2030 un accès gratuit à l’éducation et à l’accueil de la petite enfance, à un repas sain gratuit chaque jour d’école, aux soins de santé et au logement pour tous les enfants confrontés à l’exclusion sociale ou à d’autres désavantages. Les organisations de défense des droits de l’enfant ont attiré l’attention sur l’ampleur du défi, ont noté une mise en œuvre et un suivi inégaux des plans nationaux par les gouvernements et ont appelé à une meilleure collecte de données.

      Une évaluation commandée par l’UNICEF en 2024 portant sur deux décennies de stratégies européennes d’inclusion des Roms et de droits de l’enfant a appelé les autorités de l’UE et les gouvernements nationaux à adapter la Garantie européenne pour l’enfance afin d’inclure des mesures urgentes et ciblées pour lutter contre la pauvreté des enfants roms.

      Un rapport de 2024 de la Commission européenne et du Comité de la protection sociale, un organe consultatif de l’UE, a attiré l’attention sur l’écart persistant entre les pensions de retraite des hommes et des femmes (26 % d’écart entre les revenus de retraite des hommes et des femmes en 2022), résultant des inégalités de rémunération et d’emploi, et du fait que les femmes sont plus susceptibles d’interrompre leur carrière ou de travailler à temps partiel, notamment pour s’occuper de leurs proches. Les organisations de la société civile ont appelé à des systèmes de crédits de retraite plus uniformes pour remédier aux disparités, attirant particulièrement l’attention sur les niveaux élevés de pauvreté chez les femmes de plus de 75 ans.

      En juillet, la Directive européenne sur le devoir de diligence des entreprises en matière de développement durable est entrée en vigueur, obligeant les grandes entreprises à prévenir les violations des droits humains et à y remédier dans leurs chaînes d’approvisionnement. En décembre, l’UE a publié une loi interdisant la vente dans l’UE de produits fabriqués par le travail forcé.
      État de droit

      Les institutions de l’Union européenne ont continué de se concentrer sur l’État de droit et les institutions démocratiques dans les États membres, notamment par la création d’un nouveau poste de Commissaire à la démocratie, à la justice et à l’État de droit, mais les mesures concrètes visant à répondre aux préoccupations les plus graves n’ont pas été à la hauteur.

      La Hongrie continue d’être soumise à un examen au titre de l’article 7 du Traité sur l’Union européenne (TEU), l’instrument du traité de l’UE qui permet de traiter les violations graves de l’État de droit par le dialogue et d’éventuelles sanctions. Le Conseil de l’UE a tenu sa septième audition sur la Hongrie, mais malgré des « insuffisances graves persistantes » dans la plupart des domaines soulevés dans l’action du Parlement européen de 2018 qui a déclenché la procédure, les États membres de l’UE n’ont pas émis de recommandations au gouvernement hongrois ni organisé de vote sur la question de savoir si la Hongrie risquait de violer gravement les valeurs de l’UE.

      En mars, le Parlement européen a intenté une action contre la Commission devant la Cour de justice de l’Union européenne, lui demandant de contrôler la légalité de la décision de la Commission de décembre 2023, selon laquelle la Hongrie avait satisfait aux critères liés à l’indépendance de la justice et pouvait accéder à 10,2 milliards d’euros de fonds de cohésion de l’UE. La CJUE n’avait pas encore statué au moment de la rédaction du présent rapport.

      En février, la Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction et en octobre elle a renvoyé la Hongrie devant la CJUE au sujet de sa loi sur la défense de la souveraineté nationale (voir le chapitre sur la Hongrie) pour violation du droit de l’UE.

      La Commission européenne et plusieurs États membres ont annoncé en juillet un boycott partiel de la présidence hongroise du Conseil en raison du voyage du Premier ministre Viktor Orbán à Moscou pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine, suspect faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international de la CPI.

      En mai, la Commission européenne a décidé de mettre fin à la procédure de l’article 7 contre la Pologne, bien que son gouvernement nouvellement élu n’ait pas mis en œuvre toutes les réformes nécessaires. Cette décision précipitée s’appuyait principalement sur les « engagements » du gouvernement polonais, arrivé au pouvoir en décembre 2023.

      Dans une première résolution sur l’État de droit en Grèce, adoptée en février, le Parlement européen a fait part de ses inquiétudes concernant la liberté de la presse, les poursuites judiciaires abusives et la surveillance des journalistes, le traitement à l’encontre des migrants et les attaques contre les défenseurs des droits humains. La résolution demandait à la Commission d’évaluer le respect par la Grèce de ses obligations en matière de droits fondamentaux pour accéder aux fonds de l’UE.

      Le rapport annuel 2024 de l’UE sur l’État de droit a souligné le rôle essentiel des organisations de la société civile, mais n’a pas identifié l’intimidation et l’ingérence dans leur travail en France, en Grèce, en Italie, en Hongrie, en Allemagne et ailleurs comme une menace majeure. Dans un contexte de preuves croissantes de restrictions de l’espace civique, les autorités de certains pays européens semblent également restreindre de manière disproportionnée la liberté d’expression et de réunion des manifestants propalestiniens et des manifestants pour le climat.

      Les risques de stigmatisation des organisations de la société civile financées par des fonds étrangers se sont accrus avec l’adoption de nouvelles lois de type « influence étrangère » dans certains États membres de l’UE et alors que l’UE continuait de débattre d’une proposition de directive sur la transparence de la représentation d’intérêts pour le compte de pays tiers. Un avis rendu en septembre par des experts de l’ONU a déclaré que la directive de l’UE pourrait avoir un effet dissuasif sur la société civile et restreindre indûment les libertés d’expression, de réunion et d’association protégées par le droit international des droits humains.

      La loi européenne sur l’IA a été approuvée en mai 2024 et marque une avancée majeure dans la réglementation de l’IA et des technologies associées. Elle prévoit notamment l’interdiction de la notation sociale, des limitations sur les technologies de surveillance biométrique à distance et l’obligation d’évaluer les risques pour les droits humains en cas d’utilisations « à haut risque ». Cependant, elle comporte également d’importantes lacunes en matière de sécurité nationale, de maintien de l’ordre et de contrôle des frontières, et accorde la priorité aux risques de responsabilité des entreprises par rapport aux risques pour les droits humains. De nombreux membres du Parlement européen ont déclaré avoir été la cible de logiciels espions en 2024. L’UE n’a pas encore pris de mesures pour maitriser le développement, la vente et l’utilisation de cette technologie.

      https://www.hrw.org/fr/world-report/2025/country-chapters/european-union

  • #Bulgaria. Frontiera di morte
    https://radioblackout.org/2025/01/bulgaria-frontiera-di-morte

    La Bulgaria, paese recentemente entrato nell’area Schengen intende dimostrare a Bruxelles di saper controllare le proprie frontiere, specialmente quelle con i paesi dai quali transitano i migranti. Le politiche migratorie europee continuano a mietere vittime anche in questa zona dell’Unione, dove a fine anno sono morti tre ragazzini minorenni provenienti dall’Egitto. Ad attivisti ed attiviste […]

    #L'informazione_di_Blackout #arresto_no_border_in_bugaria #frontiere_uccidono #morire_assiderati #no_name_kitchen #rotte_balcaniche #Turchia
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/01/2025-01-14-virginia-bulgaria.mp3

  • Réfugiés : #Riace, village d’accueil résistant à la haine

    #Riace, village de #Calabre, est connu pour avoir accueilli beaucoup de réfugiés, facilitant leur insertion, mais aussi pour la haine dont l’extrême droite a fait preuve pour combattre par tous les moyens cette action humanitaire. En vain. Deux films, de Shu Aiello et Catherine Catella, en rendent compte. Rencontre avec #Shu_Aiello.

    Il y a bien longtemps, un village de la pointe de la botte italienne (l’orteil de la botte, dit-on), en Calabre, se mourrait, quand, soudain, le 1er juillet 1998, une embarcation accosta, avec 200 migrants kurdes à bord. Le prêtre de Riace, 2000 habitants, demanda alors à un homme de la paroisse, Domenico Lucano, dit Mimmo, 40 ans, d’organiser l’accueil. Il fallut aménager des logements vacants (une centaine), assurer l’alphabétisation, insérer par diverses activités et par le travail. Mimmo s’acquitte si bien de la tâche qu’il est élu maire en 2004, réélu en 2009 et en 2014. Mais Riace est devenu un modèle dans toute l’Italie (et même en Europe), des milliers de migrants sont passés par là, ont été accueillis, hébergés, et ont été régularisés. L’Union Européenne a voulu accompagner le processus. Sauf que cela défrise l’extrême droite qui, après l’accession au pouvoir de Matteo Salvini, en 2018, va s’employer à briser les reins à cette expérience extraordinaire, en s’attaquant au fer de lance, Mimmo, en le discréditant. Non seulement ce dernier est accusé injustement de n’avoir pas respecté certaines règles administratives, mais encore un opposant de droite est promu par Salvini et soutenu pour être élu maire afin que le "modèle Riace" s’écroule. Mimmo, poursuivi en justice, est lourdement condamné (prison ferme) jusqu’à ce qu’une instance d’appel le blanchisse.

    Cette histoire incroyable, du village et de son maire, a été magnifiquement racontée dans deux films : Un paese di Calabria, puis récemment Un paese di Resistenza, tous deux réalisés par Shu Aiello et Catherine Catella. Shu Aiello, qui est autant à l’aise en Italie qu’en France (originaire comme sa co-réalisatrice du sud de l’Italie), accompagne son film dans une tournée dans toute la France : elle était à Auch (Gers) le 8 janvier. Je présente ici les deux films et la rencontre avec Shu.

    Aujourd’hui, Mimmo a non seulement été réélu le 9 juin dernier maire de Riace, pour un quatrième mandat (après l’interlude de la droite extrême) mais, le même jour, il a été élu député européen sur la liste de l’Alliance des Verts et de la Gauche. En 2016, le magazine Fortune l’a classé comme l’une des 50 personnalités les plus importantes au monde, et il a reçu en 2017 le prix Dresde pour la Paix.

    La solidarité dont une partie de la population de Riace a fait preuve est un exemple pour tous les militantes et militants des droits humains, de par le monde, et la façon dont l’extrême droite a tenté de salir et de détruire ce beau projet mérite d’être connue afin que les manœuvres des activistes fascisants soient anticipées et contrecarrées.
    Un paese di Calabria, quand Riace est revenu à la vie

    Ce film, sorti en 2016, réalisé par Shu Aiello et Catherine Catella, s’ouvre sur des paysages arides, plantés d’oliviers, des maisons abandonnées au bord de la mer. Un jour, 200 migrants, kurdes, ont accosté sur la plage, après huit jours de mer. Ce jour-là, une vieille femme pleurait : elle ne voulait pas descendre du bateau mais retourner en Turquie. Un exilé a raconté : les Libyens nous ont jetés à la mer, nous avons été emportés par les vagues puis secourus avant d’être débarqués ici. Avec un sourire nerveux, un Africain raconte avoir caboté en mer pendant six jours sur une embarcation « gâtée », des femmes, des enfants, on n’a pas mangé ni bu pendant six jours, on était tout maigres en arrivant, raconte-t-il toujours avec ce sourire gênant. Certains sont tombés à l’eau : « ça fait souffrir, dit-il, tellement des gens sont morts ».

    Le village d’accueil, dans la province de Reggio de Calabre, très beau, aux murs de pierres et aux ruelles étroites, est depuis devenu célèbre : il s’agit de Riace. Les plus vieux villageois ne parlent pas italien, mais seulement calabrais. Baïram, kurde, dit qu’en arrivant ici il se croyait au Kurdistan, ressemblance géographique et culturelle.

    La mafia régionale, la ‘Ndrangheta cherche à faire fuir ces migrants qui dérangent son trafic. Cette mafia existe depuis 1861 mais elle n’est reconnue comme telle que depuis une loi de 2010. On aperçoit des fresques murales : « contre ‘Ndrangheta on se donne la main ». Si l’on comprend que les habitants rejettent la ‘Ndrangheta, on ne voit pas bien dans le film quelles sont ses activités et son impact. En tout cas, Riace est la seule ville de la région qui a porté plainte contre cette mafia. Un commerçant avait été tué parce qu’il avait refusé de baisser le rideau de son magasin pour les obsèques d’un personnage important de la mafia.

    Domenico Lucano, le maire, dit qu’au Moyen-Âge déjà les gens arrivaient par la mer : les côtes de la Méditerranée ont été une succession de peuples. Des opposants ont commis des actes graves pour s’opposer à cette arrivée d’étrangers : kiosque et voitures brûlés, intimidations. Il confie qu’il a découvert et compris ce que sont les classes sociales quand un mineur de Riace est mort de la silicose : « j’ai compris, j’ai choisi alors le camp des plus faibles ».

    La réalisatrice interroge les migrants sur les raisons de leur exil : l’un est parti sans rien dire, même pas à sa mère ; un autre avait perdu son père, et sa mère était maltraitante ; un troisième rentrant de la guerre a trouvé un nouveau propriétaire sur ses terres. Ils ont vécu des mois dans des camps, frappés, femmes violées (l’une a accouché à Riace).

    Le film est parsemé de cérémonies, de processions (pour les saints, Cosmo et Damiano), un peu trop longues (de même qu’une interminable discussion sur la loterie me parait sans intérêt), de la ferveur des fidèles, de baptêmes, de danses dans l’église, de sermons du curé qui liste dans sa prière toutes les nationalités accueillies. Le jour, on entend ce chant : « Faites l’aumône aux miséreux que nous sommes Nous acceptons quoique vous nous donniez Ce que vous donnez sera bénédiction pour les morts Tous les pauvres nous ont donné Les riches ne nous ont même pas jeté un bout de pain Jésus Christ tu dois les faire mourir ». Les villageois ne semblent pas s’offusquer des quelques femmes voilées. La nuit, on devine quatre hommes récitant une prière musulmane.

    On assiste à l’apprentissage de la langue (enfants et adultes). Etrangement, à la fin du film seulement, sur un panneau avant le générique, on apprend que les migrants font deux ans de formation professionnelle et d’apprentissage de la langue et perçoivent une allocation. En effet, le film ne décrit pas vraiment comment ces exilés, qui réclament du travail au maire, trouvent à s’insérer, à part Baïram qui étant charpentier s’est vu proposer un emploi dans cette activité. Beaucoup aspirent à aller ailleurs, dans les grandes villes comme Rome ou Milan. Des maisons étaient depuis longtemps abandonnées, alors le maire a monté un projet de restauration pour y loger les migrants.

    On assiste aux élections municipales de 2014 et la longue attente avant l’annonce de la réélection de Domenico pour un troisième mandat, avec pour slogan : Cent pas vers le futur, tiré d’un film Cent pas sur la vie de Peppino, allusion à l’histoire d’un jeune communiste assassiné en 1978 par la ‘Ndrangheta (100 pas était la distance entre son domicile et celui du parrain, Badalamenti). Le père de Domenico témoigne : grâce à son fils, le village a repris vie (passé de 900 à 2100 habitants en 25 ans, plus de 6000 migrants accueillis sur la période). Des migrants attendent avec anxiété les résultats du scrutin. La victoire sera fêtée avec un feu d’artifice et au son de Bella Ciao.

    En contre-point, on a le récit de Rosa Maria, qui a quitté le village en 1931 pour fuir la misère. Elle a rejoint la France et se souvient de l’attitude des Français qui se bouchaient le nez en les voyant. « On a été des milliers à quitter le pays, beaucoup ne reviendront pas, d’autres arrivent, c’est l’histoire des hommes ».

    Un paese di Resistenza, quand Riace a résisté à la haine

    Ce second film (2023) rappelle l’accostage des 200 migrants, kurdes, le 1er juillet 1998, après huit jours de mer. Domenico Lucano (Mimmo) s’était vu confier la responsabilité d’assurer leur installation à Riace, devenu le "pays de l’accueil". Mais en octobre 2018, la lumière s’éteint sur ce village, quand Mimmo, devenu maire, plusieurs fois réélu, est arrêté pour aide à l’immigration clandestine.

    Les réalisatrices sont là pour filmer une manifestation de soutien : un vieil homme danse avec une jeune femme noire, la foule crie : « Regarde Salvini ». Mimmo salue de loin, il n’a pas le droit de prendre la parole. Sa faute ? : « avoir installer des personnes sans maison, dans des maisons sans personne ». Les fonds permettant l’accueil des migrants sont bloqués, les personnels de l’association qui gère ces fonds n’ont plus de travail. Salvini savoure sa victoire et proclame à l’intention des migrants : « Préparez vos valises ». Des bus embarquent les réfugiés, les maisons sont fermées, des commerces mettent la clé sous la porte. Quelques migrants restent mais ils n’ont plus droit à rien.

    Mimmo écope de 17 chefs d’inculpation, il ne peut rester à Riace, contraint de "s’exiler" à 30 kilomètres (à Caulonia, « une distance abyssal », se plaint-il). Des habitants viennent lui rendre visite. Tout ce qu’il a contribué à créer (moulin à huile, ferme pédagogique, épicerie solidaire, tourisme solidaire, cours d’alphabétisation) est discrédité. Il a réorienté les fonds alloués, il n’avait pas le droit ; il a construit des petites maisons, mais elles n’ont pas obtenu le certificat d’habitabilité ; il voulait montrer qu’ils pouvaient être autosuffisants, mais ça n’a pas plu au nouveau pouvoir d’extrême droite. Pourtant, Riace est devenu célèbre pour tout ce qui a été fait : « nous devons être fiers d’avoir envoyé un message d’humanité au monde entier », dit Mimmo.

    Son successeur, Trifoli, manipulé par Salvini, se réjouit que le "modèle Riace" soit mort, et que la Lega soit en tête à Riace et Lampedusa. A partir de là, on est méfiant à Riace, on s’épie. Le discours de Salvini consiste à accuser tout simplement Mimmo d’avoir voulu « remplir la Calabre d’immigrés et d’oublier les Italiens ». Comme un vulgaire Bardella (à moins que ce soit l’inverse), tout sourire, Salvini fait des selfies. Il ne s’attarde pas à Riace mais une voix off nous dit qu’« un vent mauvais souffle dans les ruelles du village ». L’épicerie solidaire brûle, une fresque fraternelle est blanchie, la fontaine d’eau gratuite détruite. Une jeune femme harcèle Mimmo : « pourquoi tu vends l’Italie aux migrants ». Lors du procès de Mimmo, la salle est interdite à ses soutiens. Le tribunal refuse qu’il puisse retourner dans son village, alors qu’il n’est plus maire. Procès politique par excellence, quand on sait de surcroit que le préfet qui le poursuit devient peu après collaborateur de Salvini !

    L’avocat de Mimmo, dans une visio avec le village, déroule une tirade percutante contre les « sépulcres blanchis, les Salvini ». Il ironise sur le discours raciste consistant à dire : « aidez-les chez eux », alors que les mêmes sont complices des bombardements ou des exactions qu’ils ont subis dans leurs pays. La majorité de ces gens ne viennent pas en Europe, ils se réfugient dans les pays voisins, seule une minorité émigre, et on ose les rejeter ! Salvini installe l’intolérance, opposant immigrés et pauvres d’ici, « mais nous savons que les pauvres d’ici sont nombreux, il n’y a pas de différence entre les pauvres d’ici et ces pauvres venus d’ailleurs ». En Italie, les chômeurs n’ont droit à presque rien, et le minimum pour un retraité ne permet pas de vivre (sans oublier que Georgia Meloni a considérablement réduit sinon supprimé le revenu minimum).

    Le film nous montre régulièrement de vieilles femmes, Calabraises, se déplaçant lentement dans le village, ayant des difficultés à marcher. On mesure que le problème de Riace n’est pas les quelques exilés mais le fait que ce village populaire, où le linge pend sur des fils d’étendage tirés à travers les ruelles, se meurt. Mimmo, gravement mis en cause, est accablé, désorienté, on assiste à son découragement. Le village compte plus que tout pour lui, il ressasse les lieux et les liens qu’il aime et qu’il ne peut plus voir : la place, la mairie, les amis, la famille… Il aimerait que tout cela cesse et qu’il retrouve une vie discrète, privée. Mais bien que proscrit, il reçoit beaucoup de visites, venues de toute l’Italie, il est harcelé pour des photos qu’il accepte la mort dans l’âme (« ça ne devrait pas être une attraction touristique »). Des youyous l’acclament, Bella Ciao est souvent chanté par des soutiens qui connaissent toutes les paroles, embrassades et nouveau slogan parodiant celui de Salvini : "forza Mimmo". Mgr Giancarlo Bregantini, évêque anti-mafia, proche du Pape François, le soutient.

    Mimmo a subi trois années de calvaire judiciaire puis le procureur requiert contre lui sept ans de prison pour "association de malfaiteurs" (« sans but lucratif », ajoutent ses soutiens) : le tribunal de Locri ne suit pas, il alourdit la peine à plus de 13 ans de prison ferme (sans parler des frais de procédure et l’amende), sentence hors norme, comme s’il était un assassin. La sentence est une terrible accusation, pire que s’il avait été mafieux alors même qu’il a combattu sans relâche la Mafia. Il est applaudi par la foule, mais il ne lui échappe pas que la salle d’audience proclame, de façon parodique sans doute : « La loi est la même pour tous ». Une collecte d’argent pour payer l’amende est refusée par Mimmo qui demande que cette somme, 370 00 euros, soit virée pour que l’accueil des migrants soit relancé.

    En 2023, en appel, la sentence est levée, subsiste juste une petite condamnation avec sursis (un an et demi) pour un délit administratif mineur. Les 17 sont relaxés.

    L’intérêt du film est non seulement de découvrir cette histoire de solidarité incroyable mais aussi de prendre la mesure, plus que jamais, de ce que l’extrême droite est capable de mobiliser comme manœuvres indignes pour briser la résistance des défenseurs des droits humains. Comme on le verra ci-après, Shu Aiello a apporté des précisions qui font froid dans le dos : tous les démocrates, les militants pour la justice sociale doivent connaître cette histoire. On peut d’ailleurs regretter qu’il n’y ait pas eu davantage de solidarité à l’échelle de l’Europe quand Mimo faisait l’objet d’une telle attaque de la part de néofascistes.

    Rencontre avec Shu Aiello, réalisatrice :

    Le 8 janvier, Shu Aiello est venue présenter son film, à Ciné 32 à Auch, dans le Gers (en Occitanie). Elle raconte sa volonté, avec Catherine Catella, de filmer une « utopie réaliste », qui a duré 20 ans (ce fut le premier film). Toutes deux tournaient un film en Grèce sur l’économie vertueuse, habituées qu’elles sont de faire des films sur les alternatives, comme à Lampedusa ou à Palerme. Elles ont alors appris que le maire de Riace avait été arrêté, pour encouragement à l’immigration clandestine. Elles se sont rendues aussitôt à Riace où avait lieu une manifestation de la population pour exprimer son soutien à Domenico. Elles ont filmé parce qu’elle avait une caméra, mais ne savaient pas qu’elles feraient un film. Au bout de trois jours, elles ont compris ce qui se jouait et que cela méritait d’en rendre compte. Que l’extrême droite jette son dévolu sur un village de moins de 2000 habitants, parce qu’il faisait vivre la dignité, l’humanité, alors même que ça le rendait célèbre, méritait d’être étudié, et montré.
    Les poursuites à l’encontre de Mimmo ont frappé le village de sidération. 17 personnes du village étaient inculpées, il allait donc être difficile pour elles d’accepter d’être filmées. Par ailleurs, beaucoup ont commencé à douter, des soupçons se faisaient jour, on se méfiait des uns et des autres. Les réfugiés ont été embarqués dans des bus, ceux qui étaient déjà là et installés avaient peur, rasaient les murs. La nuit, des magasins ont brûlé. Les rues étaient désertes. Comment faire un film dans ce contexte ? Mimmo n’avait pas le droit de s’approcher du village, il était assigné à résidence à 30 kilomètres (même pour rendre visite à son épouse hospitalisée, la route le rapprochait un peu de Riace sur un tronçon, il risquait l’arrestation et ne pouvait donc l’emprunter).

    Des gens sont venus de toute l’Italie pour le soutenir et ont occupé le terrain pas pendant quelques jours, pendant les quatre années du procès : « on a vu s’organiser une résilience incroyablement têtue ». A chaque audience, des manifestations avaient lieu devant le palais de justice. Et le syndicat CGIL, la CGT italienne, a été très engagé dans ce combat, du début à la fin. C’est la CGIL qui a racheté la boucherie pour qu’elle ne disparaisse pas. Des gens âgés étaient tout le temps présents, même domiciliés à Naples ! Des prêtres et religieuses se sont mobilisés.

    Même si Mimmo était très abattu, il a tenu, grâce à cette solidarité débordante, et les deux réalisatrices aussi, car elles mesuraient qu’elles pourraient faire un film qui ne serait pas désespérant (même avant de connaître les derniers événements réconfortants).

    C’est alors qu’elles ont découvert un conteur, Carlo, qui parle très bien le calabrais, se balade et met les événements à distance (un peu comme l’avocat dans Amarcord de Fellini, qui racontait le village de Borgo).

    Shu : « on voulait titrer notre film Le Venin, pour qualifier la tactique de l’extrême droite ». En réalité, l’opposant à Lucano, Antonio Trifoli, faisait tout de même depuis longtemps 48 % contre 52 (Lucano gagnait mais ne faisait pas davantage). Trifoli ne reprochait pas à Lucano d’accueillir des migrants, il ne déroulait pas des arguments racistes, parmi ses soutiens il y avait des militants des associations d’accueil des migrants, les divergences étaient classiques, comme dans beaucoup de villages. Shu atteste qu’elle n’avait jamais entendu auparavant de propos de rejet. Mais Salvini avait deux localités en ligne de mire : Riace et Lampedusa. Des émissaires ont été envoyés sur place garantissant la victoire, le ministre se déplaçait, colportait que les migrants volaient le pain de Riace, et les insinuations à l’encontre de Domenico Lucano ont fait leur chemin et ont divisé sa liste en deux, deux listes de "gauche", temps de la division, temps du soupçon. Le prêtre du village était prêt à renommer Riace "San Damiano et San Cosmo" (les saints honorés localement), le même prêtre qui auparavant pourtant laissait les musulmans prier dans l’église (ce qui est évoqué dans le premier film).

    « Riace s’était ouvert au monde, et là c’est le monde qui entrait dans Riace à coup de bottes ». Riace était inscrit dans un programme d’accueil de migrants relevant des communes avec un financement spécifique (le SPRAR, système de protection pour réfugiés et demandeurs d’asile). Ce réseau italien finance des projets locaux qui visent à aller au-delà de la seule prise en charge de l’hébergement et de la nourriture, visant l’insertion socio-économique. Pour ce faire, une subvention est versée aux villages qui ont un tel projet, favorisant le développement du village et l’intégration des migrants : 500 villages sont concernés. Riace avait inventé le modèle, et les bénévoles avaient dû innover, construisant des dispositifs sans règles strictes, c’est ce qui a permis à Salvini qui voulait casser les reins au modèle d’attaquer en prétendant des détournements de fonds. 30 euros étaient alloués à la commune, par jour et par personne. Mimmo trouvait que c’était trop, puisqu’il avait mis en place des logements sans loyer, la distribution gratuite de l’eau (jusqu’à une certain volume de consommation), et la coopérative agricole, alors il a utilisé cette somme différemment, dans l’intérêt général. Il a monté des moulins à huile. Il a monté une petite coopérative pour organiser le ramassage des ordures avec des ânes et le tri sélectif : il lui fut reproché de n’avoir pas lancé d’appels d’offres (tandis qu’à Naples, on le sait, c’est la mafia qui gère ce secteur, en toute impunité).

    Les migrants, conformément à la réglementation italienne, pouvaient travailler, même sans papiers. Le village s’enrichissait, des jeunes qui avaient quitté jadis Riace revenaient. C’est cela qu’il fallait démonter. Alors la fontaine d’eau a été détruite. Le successeur de Mimmo s’est empressé de passer contrat avec une filiale de Veolia ! Mimmo a été condamné à 13 ans et 4 mois de prison : c’est cette condamnation totalement délirante qui a provoqué une forte mobilisation, à se demander si les juges n’ont pas fait exprès. Une condamnation à un ou deux ans, avec sursis, aurait entretenu le soupçon, mais là ce n’est pas passé, alors qu’une semaine plus tôt un mafieux de la ’Ndrangheta, accusé de proxénétisme et suspecté de meurtre avait écopé de 12 ans et demi de prison.
    Illustration 8

    Mimmo était abasourdi, démoli, il était au bord du gouffre : son père avait été l’instituteur du village (auquel il n’a pas eu le droit de rendre visite, alors qu’il était mourant), lui-même avait des valeurs fortes qui expliquent son engagement, il craignait que l’on croit aux accusations farfelues. Alors qu’il avait courageusement combattu la mafia (les menaces de mort étaient constantes, au point que son épouse dut s’éloigner du village avec les enfants), on le condamnait comme un mafieux. Même s’il a été quasiment blanchi, il ne sera réhabilité que lorsqu’un procès se tiendra contre cette procédure éhontée. Il a été aussi accusé d’avoir procédé à une mariage blanc (un jeune homme du village et une femme nigériane : ils vivent ensemble depuis 8 ans et ont quatre enfants) et d’avoir délivré des papiers pour qu’un enfant malade puisse être soigné.

    Pour Shu, ce qui s’est passé, là, « en tout petit » à Riace c’est ce qui se passe en Europe. Les gens se divisent et, en face, les autres n’ont aucun scrupule. Il est rappelé qu’en France des centres d’accueil ont été combattus par des habitants avec le soutien ou à l’instigation de l’extrême droite (Callac, dans les Côtes-d’Armor, Bélâbre, dans l’Indre, Grande-Synthe dans le Nord, ou Saint-Lys, en Haute-Garonne). Un Paese di Calabria a été présenté à Callac : les gens pleuraient, ils s’en voulaient de s’être laissés faire par les activistes d’extrême droite, dont les soutiens à Zemmour.

    Un Paese di Resistanza est visible en Italie, il circule énormément, et ce grâce à la CGIL, aux prêtres et à Mgr Bregantini. Le film a été projeté à Mimmo mais pas encore aux habitants de Riace, car il montre ce qu’a été la trahison et risque de réveiller des déchirures. Pour le moment les habitants du village ne demandent pas à le voir (excepté en privé, le droit à l’image permettant à chacun de voir comment il apparait dans le film).

    Ciné 32 organisait cette soirée en partenariat avec le CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asile dans le Gers) et CCM32 (coordination des 14 collectifs gersois d’aide aux migrants). Tiphaine Badorc, du CADA, a expliqué le travail qu’accomplit son équipe auprès des réfugiés, puis Daniele Moune, pour CCM32, a décrit l’action totalement bénévole menée par ces collectifs et a remercié les maires (dont certains étaient dans la salle) qui aident à trouver des solutions d’hébergement. Stephane Polya-Somogyi, également pour CCM32, a évoqué les 8 familles actuellement menacées d’être à la rue (13 adultes et 11 enfants) et donné des exemples dramatiques de personnes déjà à la rue, sollicitant de l’assistance un engagement bénévole et financier.

    Les organisateurs se sont réjouis de la mobilisation des spectateurs : la salle était comble (160 personnes), ce qui à cette date de l’année est exceptionnel et en dit long (et est donc réconfortant) sur la préoccupation de bien des citoyens sur cette résistance nécessaire aux tentatives de faire taire les principes fraternels de nos Républiques, que ce soit en Italie ou en France.

    https://blogs.mediapart.fr/yves-faucoup/blog/140125/refugies-riace-village-d-accueil-resistant-la-haine

    #résistance #accueil #réfugiés #migrations #Italie #Mimmo_Lucano #Domenico_Lucano #film #film_documentaire #documentaire

    ping @_kg_

  • Plus de 30 000 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon Alarme Phone Sahara - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62209/plus-de-30-000-migrants-ont-ete-expulses-par-lalgerie-vers-le-niger-en

    Plus de 30 000 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon Alarme Phone Sahara
    Par La rédaction Publié le : 14/01/2025
    L’ONG Alarme Phone Sahara a alerté, dans un communiqué publié lundi, sur le nombre de migrants expulsés par l’Algérie vers le Niger au cours de l’année 2024. Plus de 30 000 personnes ont été refoulées par les autorités algériennes et envoyées dans le désert. Un nombre record par rapport aux années précédentes.
    Jamais autant de migrants n’ont été expulsés d’Algérie vers le Niger qu’en 2024. C’est le constat dressé par l’ONG Alarme phone (APS) qui a publié, lundi 13 janvier, un communiqué à ce sujet. « Au moins 31 404 personnes (...) ont été expulsées d’Algérie à la frontière du Niger pendant l’année 2024 », avance l’ONG qui dénonce les « traitements violents » voire « mortels » à l’encontre de ces exilés.
    Dans un précédent rapport, APS indiquait que l’Algérie avait refoulé quelques 20 000 migrants, rien qu’entre janvier et août 2024. Depuis 2014, des migrants irréguliers nigériens mais aussi d’autres pays africains, dont des femmes et des mineurs, sont fréquemment refoulés d’Algérie, point de transit vers l’Europe. Mais, en 2024, le nombre de personnes expulsées par Alger a « dépass[é] tous les chiffres documentés des années précédentes », y compris celui de 2023 avec 26 031 refoulés, souligne Alarme Phone Sahara.
    Ces expulsions ont lieu après des arrestations massives de migrants dans le pays. Or, ces interpellations de masse sont de plus en plus fréquentes. « Les forces de sécurité algériennes effectuent régulièrement des raids et des arrestations massives sur les lieux de vie et de travail des migrants », rapporte APS dans son communiqué.
    « On observe depuis 2023 une augmentation des expulsions en chaîne, au cours desquelles des personnes sont expulsées [depuis la] Tunisie, souvent après des pushbacks en mer, vers la frontière algérienne, puis par les forces de sécurité algériennes vers la frontière nigérienne », ajoute l’organisation.
    Depuis 2014, InfoMigrants a recueilli de nombreux témoignages d’exilés qui ont été expulsés d’Algérie après avoir été arrêtées dans leur quotidien ou bien à la suite d’une tentative de traversée de la Méditerranée avortée. Les exilés sont alors déposés dans le désert au sud de l’Algérie et sommés de traverser la frontière à pieds jusqu’à rejoindre la ville nigérienne d’Assamaka, où se trouve un centre de transit de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    Mamadou, un Sénégalais de 22 ans, a notamment affirmé à InfoMigrants avoir passé plus de 20 jours dans une prison algérienne après son arrestation dans le pays. Le jeune homme a ensuite été menotté et forcé à monter dans un bus."Au bout de cinq ou six heures […], on nous a déposés dans le désert, il n’y avait rien autour. La police algérienne nous a crié : ‘Voilà Assamaka !’ en pointant le doigt vers l’horizon. ‘L’OIM [Organisation internationale des migrations], c’est tout droit’. On s’est mis en marche, je ne sais plus pour combien de temps. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais épuisé, complètement à bout de forces. J’ai quand même réussi à faire la dizaine de km qui nous séparaient d’Assamaka", a-t-il raconté.En avril, les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour « protester » contre « le caractère violent » de ces opérations de rapatriement et de refoulement. À son tour, Alger a convoqué l’ambassadeur du Niger tout en jugeant « sans fondements » les allégations des autorités nigériennes.
    Mais les expulsions depuis l’Algérie ne sont pas les seules à inquiéter APS. Ces derniers mois, les expulsions de Libye vers l’est du Niger - et notamment vers la ville de Dirkou - se multiplient.
    Le 1er janvier, 770 migrants nigériens refoulés de Libye ont « regagné le territoire national », selon l’armée nigérienne. Mais cette opération d’expulsion initiée par Tripoli a été « encadrée par une escorte (militaire) jusqu’à la localité de Dirkou », côté nigérien, précise l’armée qui indique que leur accueil a été « coordonné » par les forces de sécurité et l’OIM.
    L’augmentation de ces expulsions et l’afflux de migrants à Dirkou créé un goulot d’étranglement dans le minuscule centre d’accueil de l’OIM qui ne compte qu’une trentaine de place. En conséquence, une centaine de personne s’est retrouvée à devoir dormir à l’extérieur du centre à partir de la mi-novembre. « Certains sont même là depuis trois mois », alertait déjà Azizou Chehou, coordinateur de la plateforme d’APS au Niger.La situation s’est depuis aggravée. Dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 janvier, 613 migrants nigériens sont arrivés dans la ville de Dirkou après avoir été expulsés de Libye. Pour les autorités de Dirkou et l’OIM, la seule solution de désengorgement est que ces personnes soient transférées vers Agadez. Mais les centres d’accueil de la capitale nigérienne manquent eux aussi de places d’hébergement.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#algerie#libye#dirkou#assamaka#expulsion#frontiere#refoulement#rapatriement#sante#humanitaire

  • En manque de main-d’œuvre, la Grèce va délivrer près de 90 000 visas pour des travailleurs étrangers - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62218/en-manque-de-maindoeuvre-la-grece-va-delivrer-pres-de-90-000-visas-pou

    En manque de main-d’œuvre, la Grèce va délivrer près de 90 000 visas pour des travailleurs étrangers
    Par La rédaction Publié le : 14/01/2025
    Le gouvernement grec a annoncé fin décembre la délivrance de 89 290 visas pour les travailleurs étrangers en 2025. La Grèce manque cruellement de main-d’œuvre et compte sur les étrangers pour faire tourner son économie, notamment dans le secteur de l’agriculture et du tourisme.
    Pour l’année 2025, la Grèce va délivrer jusqu’à 89 290 visas de travail. Cette mesure a été approuvée en fin d’année par le gouvernement grec afin de couvrir les emplois vacants dans le pays, indique début janvier la presse locale. Sur ces près de 90 000 visas, 45 670 concernent des emplois saisonniers avec des visas de courte durée (quelques mois), 41 670 des visas longue durée (minimum trois ans) pour les métiers en tension et 2 000 postes visent des emplois pour des travailleurs étrangers hautement qualifiés.
    Dans le détail, 16 000 emplois s’adressent aux travailleurs non qualifiés dans l’agriculture, l’élevage, la sylviculture (domaine forestier) et la pêche. Dans le secteur de la construction, 4 950 emplois visent les ouvriers du bâtiment. Dans l’industrie, 5 000 emplois concernent les secteurs de la fabrication, de l’emballage et du stockage. Plus de 5 000 emplois dépendent des domaines du nettoyage, de la cuisine, de la restauration, du tourisme, des aides domestiques, des employés de bureau... Et le même nombre concerne aussi les employés de bureau dans des entreprises nationales.
    Des accords bilatéraux avec plusieurs pays facilitent la délivrance de visas. Environ 4 000 postes vacants dans le domaine de l’agriculture ou du tourisme devraient être pourvus par des personnes originaires du Bangladesh, grâce à un partenariat signé entre les deux pays en septembre 2022. Un autre accord avec l’Égypte, en vigueur depuis janvier 2023, permet aussi à ces ressortissants de venir légalement en Grèce, notamment pour travailler dans le domaine de la pêche.
    Les organisations de métiers en tension ont salué la décision d’accorder ces 90 000 visas cette année mais les patrons rappellent que cela ne représente qu’une goutte d’eau alors que la main-d’œuvre manque cruellement en Grèce. Environ 300 000 emplois, notamment dans le tourisme ou le bâtiment, sont non pourvus dans le pays.
    Par ailleurs, obtenir l’autorisation de venir travailler en Grèce est une véritable gageure. Le gouvernement a d’ailleurs assuré qu’il allait présenter au printemps prochain une proposition de loi afin de simplifier et d’accélérer le processus. « Nous travaillons de manière systématique et méthodique pour la préparation d’un projet de loi global sur l’immigration légale qui viendra résoudre la plupart des problèmes afin de donner l’impulsion pour renforcer immédiatement l’économie grecque avec la main-d’œuvre nécessaire », a déclaré à la presse grecque le ministre de l’Immigration et de l’Asile Nikos Panagiotopoulos.
    « Ce que nous avons identifié, c’est qu’à partir du moment où un travailleur étranger, hors UE, souhaite travailler dans notre pays, des dizaines [de démarches] sont nécessaires jusqu’à ce que le processus soit terminé, ce qui le rend automatiquement dysfonctionnel et inefficace. Nous travaillons sur une série d’interventions qui changeront cela de la manière la plus rapide et certainement la plus efficace », a-t-il ajouté.
    Fin 2023, Athènes avait lancé un nouveau titre de séjour, destiné aux migrants sans papiers installés en Grèce. Il s’adresse aux exilés résidant dans le pays depuis au moins trois ans et qui peuvent présenter une promesse d’embauche. Avec ce permis de séjour, l’État grec entend répondre à « la concurrence intense d’autres pays européens, comme l’Italie », selon un communiqué des autorités. Dans le pays, le marché du travail « est soumis à des tensions accrues en raison de l’exode des migrants vers d’autres États européens », expliquait à l’époque le média grec Ekathimerini. Cela s’explique principalement par le fait que les citoyens de pays tiers peuvent obtenir plus facilement des documents et avoir un meilleur accès au marché du travail ailleurs dans l’Union européenne.
    De plus, une part conséquente de la main-d’œuvre est en fait constituée de migrants sans papiers – déboutés du droit d’asile, ou à qui l’on a refusé un permis de séjour – qui vivent pourtant dans le pays depuis de nombreuses années

    #Covid-19#migrant#migration#grece#maindoeuvre#economie#agriculture#migrationqualifiee#tourisme#titredesejour#visas#sante

  • Libye : la vidéo d’une Ethiopienne torturée rappelle le sort tragique des migrants
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/01/14/libye-la-video-d-une-ethiopienne-torturee-rappelle-le-sort-tragique-des-migr

    Libye : la vidéo d’une Ethiopienne torturée rappelle le sort tragique des migrants
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance)
    Naima Jamal, une Ethiopienne de 20 ans, a les mains liées, accrochées au-dessus de sa tête à une chaîne qui descend du plafond. Vêtue d’une longue robe, enturbannée d’une pièce d’étoffe, elle semble attendre son supplice. Ses bourreaux, invisibles sur les images, aspergent d’abord son visage d’eau, comme pour l’empêcher de respirer, avant de la battre à coups de bâton. Elle crie maintes fois sa douleur. Au bout de quarante-trois secondes, la vidéo s’interrompt alors que la séance de torture semble se poursuivre.
    Filmé dans une lugubre geôle du sud de la Libye, l’enregistrement, accompagné d’une photographie où l’on voit la jeune femme à genoux, ligotée et bâillonnée devant plusieurs dizaines d’hommes accroupis, têtes recroquevillées entre leurs jambes, a été envoyé à sa famille, restée en Ethiopie, dans le but d’obtenir une rançon contre sa libération. Les images, transmises ensuite à l’organisation de défense des droits des migrants Refugees in Libya, ont été diffusées par cette dernière, lundi 6 janvier, sur les réseaux sociaux.
    Elles ont suscité une vive consternation dans un contexte où le sort réservé aux migrants en Libye, arrêtés, détenus dans des conditions atroces, violentés, torturés, extorqués et parfois revendus entre trafiquants d’être humains, est progressivement tombé dans l’oubli. En 2017, un reportage de la chaîne américaine CNN révélant l’existence d’un marché aux migrants réduits en esclavage près de Tripoli avait pourtant suscité de vives condamnations internationales.
    « Telle est la réalité de la Libye aujourd’hui », a réagi David Yambio, le fondateur de Refugees in Libya, lui-même passé par les centres de détention libyens et aujourd’hui réfugié en Italie : « Ce n’est pas assez de qualifier de chaotique ou d’anarchique, ce serait trop gentil. La Libye est une machine construite pour réduire les corps noirs en poussière. Les ventes aux enchères d’aujourd’hui comportent les mêmes calculs froids que celles d’il y a des siècles : un homme réduit à la force de ses bras, une femme à la courbe de son dos, un enfant au potentiel de ses années. »
    « Crimes contre l’humanité »
    Selon les informations recueillies par Refugees in Libya auprès de sa famille, Naima Jamal, originaire de l’Oromia, une province éthiopienne en proie à des affrontements meurtriers entre milices communautaires, est arrivée dans la région de Koufra en mai 2024. Située dans le sud-est de la Libye, celle-ci est traversée par d’importantes routes transsahariennes reliant le Soudan et le Tchad à la Méditerranée. Depuis, « sa famille est soumise à d’énormes exigences de la part des trafiquants, dont les appels sont chargés de menaces et de cruauté, et dont les demandes de rançon augmentent au fil des semaines », explique l’organisation sur X, précisant que les ravisseurs réclament 6 000 dollars (environ 5 850 euros) pour sa libération.
    Le cas de la jeune femme, détenue avec une cinquantaine de personnes qui seraient aussi dans l’attente du paiement d’une rançon, est loin d’être isolé. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011, la Libye est l’un des points majeurs de transit pour les migrants en route vers l’Europe. En 2023, le rapport d’une mission d’enquête indépendante mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a conclu qu’« il y a des motifs raisonnables de croire que les migrants à travers la Libye sont victimes de crimes contre l’humanité et que des actes de meurtre, de disparition forcée, de torture, de réduction en esclavage, de violence sexuelle, de viol et d’autres actes inhumains sont commis dans le cadre de leur détention arbitraire ».
    « Les migrants sont souvent détenus par les trafiquants directement après leur entrée en Libye dans de ce qu’on pourrait qualifier de centres de torture ou de prisons de trafiquants », observe Jérôme Tubiana, conseiller de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) sur les questions de migration : « La pratique de la détention et de la torture contre rançon s’est systématisée depuis déjà une dizaine d’années. Entre 2016 et 2020, la plus grande partie de nos patients, surtout dans notre clinique de Beni Oualid [à 160 km au sud-est de Tripoli], étaient passés par ce système de torture contre rançon. »
    De nombreux migrants sont morts en détention à cause de la torture. En mars 2024, une fosse commune contenant le corps de 65 personnes identifiées comme des migrants par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a été découverte dans le sud-ouest de la Libye. En plus des trafiquants, les migrants sont soumis aux violences de nombreuses institutions étatiques, notamment lors de leur détention après les interceptions en mer conduites par les gardes-côtes libyens, financés et équipés par l’Union européenne. Là aussi, ils sont contraints de payer pour être libérés.
    « Il y a une pratique généralisée de la demande de paiement qui nuit à la survie des migrants », regrette Jérôme Tubiana, espérant, sans y croire réellement, que le cas de Naima Jamal « pourra provoquer des changements ».

    #Covid-19#migrant#migration#libye#OIM#ethiopie#femme#esclavage#traite#sante#santementale#violence#detentiion

  • Immigration : les entrées irrégulières dans l’Union européenne ont considérablement diminué en 2024
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/14/immigration-les-entrees-irregulieres-dans-l-union-europeenne-ont-considerabl

    Immigration : les entrées irrégulières dans l’Union européenne ont considérablement diminué en 2024
    Le Monde avec AFP
    Le nombre d’entrées irrégulières dans l’Union européenne (UE) enregistrées en 2024 est tombé à son plus bas niveau depuis 2021, selon l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex), certaines routes utilisées par les migrants faisant l’objet d’une surveillance policière accrue. En 2024, Frontex a enregistré plus de 239 000 entrées irrégulières dans l’UE.
    « Les nouvelles données préliminaires de Frontex révèlent une baisse significative de 38 % des franchissements irréguliers des frontières de l’UE en 2024, atteignant le niveau le plus bas depuis 2021, lorsque la migration était encore affectée par la pandémie de Covid-19 », déclare-t-elle dans un communiqué.
    L’agence précise que cette diminution est principalement due à une chute des arrivées par les routes de la Méditerranée centrale et des Balkans occidentaux : « Malgré une pression migratoire persistante, l’intensification de la coopération de l’UE et de ses partenaires [pour lutter] contre les réseaux de passeurs a permis de réduire considérablement les franchissements des frontières extérieures de l’Europe ». La baisse la plus importante a été enregistrée le long de la route des Balkans occidentaux, avec une diminution de 78 % que Frontex attribue aux « efforts considérables déployés par les pays de la région pour endiguer le flux [des entrées irrégulières] ».
    Le nombre des entrées irrégulières via la Méditerranée centrale détectées a quant à lui chuté de 59 % en raison d’une « diminution des départs de Tunisie et de Libye », selon Frontex. Malgré cette baisse, cette route représente cependant toujours environ 67 000 traversées, soit la deuxième plus importante de toutes les routes après celle de la Méditerranée orientale, ajoute l’agence européenne.
    D’autres itinéraires utilisés par les demandeurs d’asile ont quant à eux connu une forte augmentation de leur trafic. L’Espagne s’est ainsi retrouvée au premier plan des flux migratoires de l’UE, le renforcement des contrôles en Méditerranée poussant de plus en plus de demandeurs d’asile à tenter le périlleux voyage de l’Afrique de l’Ouest vers les Canaries.
    Les îles Canaries ont ainsi enregistré une hausse de 18 % des arrivées, soit près de 47 000, le chiffre le plus élevé depuis que Frontex a commencé à collecter des données en 2009. Cette hausse a été « alimentée par les départs de Mauritanie », souligne Frontex, ajoutant que « les flux en provenance d’autres points de départ ont
    Pour le directeur exécutif de Frontex, Hans Leijtens, l’année 2024 a par ailleurs « mis en évidence des risques émergents et des dynamiques changeantes », les réseaux de passeurs ayant tendance à s’adapter aux nouvelles donnes géopolitiques, et les flux migratoires se déplaçant de plus en plus rapidement. Frontex met par ailleurs en garde contre la « violence croissante » des passeurs le long de la route des Balkans occidentaux.
    L’agence signale également que le nombre de migrants a « triplé » aux frontières terrestres orientales de l’UE, notamment à celle entre la Pologne et la Biélorussie. Les Etats membres de l’UE situés le long de la frontière orientale de l’Union accusent Moscou et son allié, le régime de Minsk, d’avoir fait passer des milliers de migrants par leurs frontières ces dernières années dans le cadre d’une campagne visant à déstabiliser l’Europe.
    En décembre, la Commission européenne avait annoncé que ses Etats membres pourraient limiter les droits des demandeurs d’asile, « instrumentalisés » par la Russie et la Biélorussie, apportant ainsi son soutien à Varsovie. Ces mesures doivent être « exceptionnelles, temporaires, proportionnées » et dans des cas clairement définis, avait cependant souligné la commissaire européenne, Henna Virkkunen, vice-présidente de la Commission chargée, notamment, de la sécurité. Le mois dernier, le premier ministre polonais, Donald Tusk, avait déclaré que le droit d’asile « [était] utilisé aujourd’hui, en particulier à la frontière avec la Biélorussie, par les ennemis de la Pologne ». Depuis 2021, la Pologne enregistre en effet un afflux de milliers de migrants et de réfugiés, principalement originaires du Moyen-Orient et d’Afrique, qui tentent d’entrer dans le pays via la Biélorussie

    #Covid-19#migrant#migration#UE#trontex#asile#migrationirreguliere#frontiere#droit#sante

  • Un Syrien de 19 ans meurt dans la Manche, premier décès de l’année - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62184/un-syrien-de-19-ans-meurt-dans-la-manche-premier-deces-de-lannee

    Un Syrien de 19 ans meurt dans la Manche, premier décès de l’année
    Par La rédaction Publié le : 13/01/2025
    Un migrant syrien de 19 ans est mort dans la Manche dans la nuit de vendredi à samedi en tentant de rejoindre le Royaume-Uni. C’est le « premier décès en mer en 2025 » à la frontière franco-britannique, précisent la préfecture du Pas-de-Calais et le parquet de Boulogne-sur-Mer.
    L’année 2025 vient à peine de commencer et on assiste déjà à un drame dans la Manche. Dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 janvier, un jeune homme est mort en tentant d’atteindre le Royaume-Uni à bord d’un canot de fortune."Ce matin [samedi, ndlr] vers 4h10 à Sangatte (...), des effectifs de CRS constataient le départ d’une embarcation de type ’small boat" avec une soixantaine de migrants à bord", a relaté à l’AFP le procureur de Boulogne-sur-Mer, Guirec le Bras."Quelques minutes plus tard, le groupe débarque du bateau trempé (...). Sur le sol de l’embarcation, un homme d’une vingtaine d’années de nationalité syrienne est découvert en arrêt cardio-respiratoire (...), probablement écrasé par les autres migrants", a pour sa part souligné la préfecture.
    La victime était âgée de 19 ans, et son décès a été constaté à 5h24, a précisé le procureur de Boulogne-sur-Mer. Des investigations médico-légales doivent être effectuées pour « déterminer de façon exacte les causes du décès », a-t-il ajouté. Il a « probablement [été] écrasé » par d’autres migrants dans la cohue du départ, selon la préfecture.Un homme né en Syrie, âgé de 33 ans, a été « interpellé et placé en garde à vue comme ayant pu organiser le départ », toujours selon le procureur.
    « Il s’agit du premier décès en mer de 2025 » à la frontière franco-britannique, a relevé la préfecture."Cette nouvelle tragédie souligne les terribles dangers que représentent les traversées en petits bateaux, et nous continuons de faire tout notre possible pour les empêcher", a réagi samedi un porte-parole du gouvernement britannique. Londres a de nouveau pointé du doigt les passeurs, « ces criminels » qui « ne se soucient que du profit, pas des vies qu’ils mettent en danger ».
    Le lendemain, un autre drame en mer a été évité de justesse. Dans la nuit de dimanche à lundi, une quarantaine de migrants, dont quatre femmes, ont été secourus dans la Manche par les forces françaises, indique la presse locale. Les exilés étaient trempés, et sept d’entre eux, tous en urgence relative, ont été transférés à l’hôpital. Les autres ont été pris par en charge par les autorités de la ville d’Ambleteuse, à une vingtaine de kilomètres de Calais, qui a ouvert la salle des sports de la commune pour l’occasion.
    « Nos mers se transforment en cimetières »
    Depuis plusieurs mois, les associations d’aide aux migrants dénoncent des montées à bord des embarcations de plus en plus chaotiques pour les exilés. Les causes sont nombreuses : canots surchargés, bousculades au moment des montées dans les embarcations, exilés qui tentent de monter dans les canots sans avoir payé leur place, violences de la part des forces de l’ordre françaises pour empêcher les départs.
    Quelques heures après l’annonce du décès du jeune Syrien, une marche pour dénoncer la politique a réuni environ 500 personnes à Calais, dont plusieurs élus de gauche."Nos mers se transforment en cimetières, et c’est une situation indigne qui n’est pas conforme aux valeurs de l’Union européenne mais aussi aux valeurs de la France" a déclaré Majdouline Sbaï, députée européenne EELV présente dans le cortège. La France « a créé des lois d’inhospitalité qui visent à rendre hostile notre territoire et qui, en sécurisant davantage les frontières, précipitent les gens vers la mort », a-t-elle estimé.
    Dans la manifestation, un groupe d’exilés portait un cercueil noir recouvert de fleurs, et d’autres manifestants une grande banderole affichant les noms de migrants décédés durant leur dangereux périple vers l’Angleterre ces dernières années.Selon un dernier bilan de la préfecture du Pas-de-Calais, 77 migrants sont morts en 2024 en tentant de rejoindre l’Angleterre à bord de « small boats ». Un record depuis le début de l’utilisation de ce moyen de transport pour traverser le détroit du Pas-de-Calais en 2018.
    Les associations d’aide aux migrants ont recensé pour leur part 89 exilés morts sur le littoral du nord de la France en 2024, en incluant également les décès à terre. Depuis le début de l’année, un exilé est également mort écrasé sur la route. Il a été fauché mardi 7 janvier par un véhicule sur l’autoroute A16, au niveau de la sortie 54 près de Grande-Synthe, non loin du camp de migrants de Loon-Plage. « On ne connait pas les circonstances du décès », explique à InfoMigrants Flore Judet d’Utopia 56. « Peut-être que cette personne cherchait à rejoindre son lieu de vie ». Des centaines de personnes survivent dans les bosquets, non loin de la route, à Loon-Plage, dans des conditions extrêmement précaires. « On oublie souvent que les gens ne meurent pas seulement en mer dans la région », déplore Flore Judet.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#manche#routemigratoire#migrationirreguliere#mortalite#sante

  • En Méditerranée, plus de 100 migrants secourus au large de la Libye - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62187/en-mediterranee-plus-de-100-migrants-secourus-au-large-de-la-libye

    En Méditerranée, plus de 100 migrants secourus au large de la Libye
    Par La rédaction Publié le : 13/01/2025
    L’ONG SOS méditerranée a annoncé vendredi avoir porté secours à 101 personnes qui se trouvaient sur une embarcation en bois au large des côtes libyennes. Les rescapés, principalement originaires de Somalie, de Syrie, d’Érythrée et d’Égypte, font route avec l’équipage vers le port italien de Tarente.
    C’est le premier sauvetage de l’année 2025 pour SOS Méditerranée. L’ONG qui affrète le navire ambulance Ocean Viking a indiqué, vendredi 10 janvier, avoir secouru 101 personnes, dont 29 femmes et sept enfants dans un canot en bois qui se trouvait en difficultés au large des côtes libyennes. « L’embarcation en détresse a été repérée aux jumelles, dans les eaux internationales de la région de recherche et de sauvetage libyenne », a indiqué SOS Méditerranée.
    Les rescapés, principalement originaires de Somalie, de Syrie, d’Érythrée et d’Égypte, ont ensuite été pris en charge par les équipes de SOS Méditerranée et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge.L’Ocean Viking fait désormais route vers Tarente, le port de débarquement qui lui a été assigné par les autorités italiennes. Une nouvelle destination, alors que le port de Ravenne avait été désigné dans un premier temps. L’équipage dénonce cette décision qui l’oblige à faire plusieurs jours de navigation supplémentaire sur une mer très agitée, avec des vagues pouvant atteindre jusqu’à quatre mètres.
    « Nous demandons ainsi aux autorités italiennes de désigner un port plus proche », a fustigé l’ONG. « Nous rappelons que selon le droit maritime international, les personnes rescapées doivent être débarquées ‘dans un délai raisonnable’. Pourtant, depuis plus de deux ans, la politique des ports éloignés retarde délibérément les sauvetages et met les personnes en danger. Ces décisions cyniques coûtent des vies », a-t-elle accusé.
    En Méditerranée, le début du week-end a également été marqué par l’arrivée, vendredi, à Catane, des 67 personnes qui avaient secourues la veille par le Louise Michel. Parmi elles, se trouvait notamment une femme enceinte de huit mois. L’embarcation en bois sur laquelle se trouvaient les exilés avait été remarquée en mer par l’avion Seabird, de l’association Sea-Watch. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 31 personnes qui tentaient de rejoindre l’Europe ont déjà disparu ou sont décédées en mer Méditerranée depuis le début de l’année. En 2024, elles étaient 2 301, dont l’immense majorité en Méditerranée centrale, qui reste l’une des routes migratoires les plus mortelles au monde.
    Une très grande partie des bateaux qui quittent les côtes libyennes sont interceptés par les gardes-côtes et ramenés en Libye. En 2024, les forces maritimes libyennes ont arrêté 21 700 exilés en mer Méditerranée. Le chiffre dépasse le bilan annuel de 2023 (17 000 personnes interceptées) mais reste inférieur à celui de 2022 (24 600 personnes interceptées). Ramenés en Libye, les exilés sont emprisonnés et soumis à des traitements inhumains, généralement dans le but d’obtenir une rançon de leurs familles en échange de leur libération

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#routemigratoire#migrationirreguliere#OIM#libye#humanitaire#somalie#syrie#erythree#egypte#sante

  • En Suède, le nombre de migrants ayant obtenu l’asile à son niveau le plus bas depuis 40 ans - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62201/en-suede-le-nombre-de-migrants-ayant-obtenu-lasile-a-son-niveau-le-plu

    En Suède, le nombre de migrants ayant obtenu l’asile à son niveau le plus bas depuis 40 ans
    Par La rédaction Publié le : 13/01/2025
    Jamais aussi peu de demandeurs d’asile n’ont obtenu de protection en Suède, depuis 40 ans. Sous l’impulsion du gouvernement de centre droit, en place depuis 2022 et soutenu par l’extrême droite, des restrictions de plus en plus sévères ont été appliquées au droit d’asile en Suède.
    Le gouvernement suédois a indiqué vendredi 10 janvier que le nombre de migrants ayant obtenu l’asile dans le pays avait atteint, en 2024, le niveau le plus bas depuis 40 ans. Au total, 6 250 permis de séjour pour l’asile ont été accordés dans le pays scandinave l’année dernière, a affirmé le ministre des Migrations, Johan Forssell, citant de nouvelles statistiques de l’Agence des migrations.
    Le gouvernement de centre droit dirigé par le Premier ministre Ulf Kristersson a introduit des restrictions de plus en plus sévères depuis son arrivée au pouvoir en 2022. Il est soutenu par les Démocrates de Suède, parti d’extrême-droite anti-immigration.
    En 2024, le nombre de personnes ayant demandé l’asile en Suède s’est élevé à 9 645, soit le chiffre le plus bas depuis 1996 et une baisse de 42 % par rapport à 2022. Un chiffre qui n’inclut pas les Ukrainiens, qui ont bénéficié d’une protection temporaire dans l’ensemble de l’Union européenne.
    En 2015, au plus fort de la crise des migrants, la Suède avait enregistré quelque 163 000 demandeurs d’asile, soit le nombre le plus élevé par habitant dans l’UE.
    « Si le nombre de demandeurs d’asile est historiquement bas, le nombre de personnes qui se voient accorder l’asile est également bas », a déclaré Johan Forssell aux journalistes. « Aujourd’hui, trois personnes sur quatre qui demandent l’asile en Suède ne sont pas considérées comme ayant des motifs suffisants pour obtenir un permis de séjour. Elles ne sont donc pas des réfugiées et doivent rentrer chez elles », a-t-il ajouté.Le faible niveau des demandes en Suède se distingue par rapport au nombre de demandeurs d’asile dans l’Union européenne, en Norvège et en Suisse qui a dépassé le million l’année dernière, approchant le niveau observé lors de la crise des migrants de 2015, note le ministre.
    Johan Forssell a estimé que la Suède devrait continuer à réduire le nombre de ses demandeurs d’asile dans les années à venir.
    Début décembre, le gouvernement suédois avait déjà introduit un projet de loi visant à limiter la possibilité pour les demandeurs d’asile déboutés de déposer une nouvelle demande sans avoir quitté le pays, souhaitant ainsi lutter contre la « clandestinité ». Le texte prévoit aussi d’empêcher les demandeurs déboutés de solliciter un permis de séjour pour travail tout en restant en Suède.
    Au lendemain de la chute de Bachar al-Assad en Syrie, la Suède a également été l’un des premiers pays européens à annoncer une suspension des demandes d’asile dans le pays pour les Syriens. La Suède se considérait autrefois comme un refuge pour les personnes victimes de guerre et de persécutions, mais elle a eu du mal, au fil des ans, à intégrer un grand nombre de ses nouveaux arrivants.
    Le pays nordique a pris des mesures récemment pour réduire l’immigration, comme l’octroi de permis de séjour temporaires aux demandeurs d’asile, le renforcement des exigences en matière de regroupement familial et l’augmentation des revenus exigés pour l’obtention d’un visa de travail pour les ressortissants de pays hors UE. Le gouvernement a également annoncé son intention d’offrir aux immigrants 30 000 euros pour quitter le pays. Il veut en outre faciliter l’expulsion des migrants en cas de consommation de drogues, de liens avec des gangs criminels ou s’ils « menacent les valeurs suédoises ».

    #Covid-19#migrant#migration#suede#UE#asile#syrie#ukraine#politiquemigratoire#immigration#sante#droit

  • Nombre inégalé de migrants expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon une ONG
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/01/14/nombre-record-de-migrants-expulses-par-l-algerie-vers-le-niger-en-2024-selon

    Nombre inégalé de migrants expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon une ONG
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 11h36, modifié à 12h07
    Au moins 31 404 migrants ont été expulsés d’Algérie vers le Niger voisin en 2024, un chiffre inégalé selon l’ONG nigérienne Alarme Phone Sahara (APS) qui dénonce lundi 13 janvier les « traitements violents » voire « mortels » à leur encontre.
    Depuis 2014, des migrants irréguliers nigériens mais aussi d’autres pays africains, dont des femmes et des mineurs, sont fréquemment refoulés d’Algérie, point de transit vers l’Europe. « Au moins 31 404 personnes (…) ont été expulsées d’Algérie à la frontière du Niger pendant l’année 2024 », affirme dans un communiqué Alarme Phone Sahara qui se porte au secours des migrants dans le désert entre les deux pays.
    En 2024, le nombre de personnes expulsées par Alger « dépasse tous les chiffres documentés des années précédentes », y compris celui de 2023 avec 26 031 refoulés, souligne-t-elle. Dans un précédent rapport, l’ONG annonçait que l’Algérie avait refoulé quelque 20 000 migrants, rien qu’entre janvier et août 2024. APS dénonce régulièrement les expulsions de migrants « dans des conditions brutales » avec « dans le pire des cas, des conséquences mortelles ».
    En septembre, le responsable de la communication de l’ONG, Moctar Dan Yaye, avait expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) que les migrants étaient « arrêtés lors des rafles en ville, dans leurs maisons, sur leur lieu de travail ou à la frontière tunisienne » puis « regroupés à Tamanrasset [sud algérien] avant d’être acheminés dans des camions vers le Niger ».
    Par ailleurs, le 1er janvier, 770 migrants nigériens refoulés de Libye, autre voisin, ont « regagné le territoire national », selon l’armée nigérienne. Mais cette opération d’expulsions lancée par Tripoli a été « encadrée par une escorte [militaire] jusqu’à la localité de Dirkou », côté nigérien, précise l’armée, qui précise que leur accueil a été « coordonné » par les forces de sécurité et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    En avril 2024, les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour « protester » contre « le caractère violent » de ces opérations de rapatriement et de refoulement. A son tour, Alger a convoqué l’ambassadeur du Niger tout en jugeant « sans fondements » les allégations des autorités nigériennes.
    En novembre 2023, le nouveau régime militaire nigérien, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat quelques mois plus tôt, a abrogé une loi de 2015 criminalisant le trafic des migrants. Depuis, « de nombreuses personnes se déplacent librement » sur « les routes » de la migration « sans craindre les représailles » qu’elles encouraient avant, signale Alarme Phone Sahara.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#algerie#tunisie#tamanrasset#dirkou#routemigratoire#refoulement#OIM#trafic#sante

  • Mayotte : Manuel Valls assume devant les députés le débat sur l’immigration illégale
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/01/14/mayotte-manuel-valls-assume-devant-les-deputes-le-debat-sur-l-immigration-il

    Mayotte : Manuel Valls assume devant les députés le débat sur l’immigration illégale
    Par Nathalie Guibert
    « Le droit du sol, c’est un débat, (…) une question qu’il faut poser. (…) Il faut traiter la question des flux migratoires. (…) Si nous ne réglons pas la question de la surpopulation, nous ne pourrons rien faire en matière d’école à Mayotte. » Poussé par les parlementaires du Rassemblement national (RN), secoué par la députée mahoraise (Union des démocrates et indépendants) Estelle Youssouffa (rattachée au groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, LIOT), encouragé par les élus du bloc central, le ministre des outre-mer, Manuel Valls a totalement assumé comme une priorité le sujet de l’immigration illégale à Mayotte, lundi 13 janvier, à l’Assemblée nationale.
    Devant la commission des affaires économiques, le sujet n’était pourtant pas celui-là, au grand dam de la droite et des élus de Mayotte, d’ailleurs : pour M. Valls, dont c’était la première audition depuis sa prise de fonctions – depuis sa « prise de possession », a-t-il lâché dans un lapsus –, il s’agissait de défendre le projet de loi d’urgence consacré à la reconstruction du département ravagé par le cyclone Chido le 14 décembre 2024. La situation demeure tellement difficile sur le territoire, de nouveau frappé par une tempête le 12 janvier, que la rentrée scolaire est décalée au 27 janvier, a annoncé M. Valls, qui retournera sur place « à la fin du mois ».
    La loi d’urgence forme un texte technique de 22 articles qui permettra à l’Etat d’agir par ordonnance, et aux collectivités de déroger aux règles des marchés publics, de l’urbanisme et des expropriations afin de rebâtir au plus vite le 101e département français. Un établissement public est mis en place, dirigé par un général de l’armée de terre, Pascal Facon, sur le modèle du chantier de Notre-Dame de Paris. Le projet, amendé lundi 13 et mardi 14 janvier en commission, sera examiné en séance dans l’Hémicycle le 20 janvier.
    Les députés ont largement souligné les lacunes du texte, produit par l’administration sous le gouvernement finissant de Michel Barnier, le 18 décembre, et repris tel quel – les amendements du gouvernement de François Bayrou sur des sujets connexes comme l’extension de la politique de la ville ou la téléphonie mobile, considérés comme des cavaliers, ont été jugés irrecevables.Ainsi, aucune disposition ne vient corriger la pénurie chronique d’eau potable dont souffrait déjà l’archipel avant Chido. « Pourquoi ne pas avoir utilisé ce texte pour répondre à ce défi ? », a interrogé la présidente de la commission, l’« insoumise » Aurélie Trouvé, une question posée aussi par la députée du Doubs Dominique Voynet, au nom des Ecologistes. Le projet ne répond pas au déficit d’accès des Mahorais aux assurances, il ne garantit pas non plus que les entreprises locales soient servies par les marchés de reconstruction, a ajouté l’élue des Yvelines Marie Lebec, pour Ensemble pour la République, le groupe des députés Renaissance. Il fallait prévoir des mesures pour lutter contre les bidonvilles, dont la réinstallation anarchique a déjà commencé, ont regretté les élus de LIOT et du parti Les Républicains (LR).
    Les attentes, nombreuses, devraient être comblées dans la loi-programme sur Mayotte promise pour le mois de mars : des réponses « structurelles », jure M. Valls, en admettant le caractère « incomplet » de cette première réponse législative. Dans deux mois, c’est l’immigration qui risque de dominer la bataille parlementaire. « Sur ce sujet essentiel, le texte d’urgence est muet », a insisté sa rapporteuse, Estelle Youssouffa, désignée lundi.
    « Mayotte souffre de deux fléaux, l’habitat illégal et l’immigration clandestine, a souligné le ministre lors de son propos liminaire. Cette dernière constituera un volet primordial du second projet de loi sur lequel Bruno Retailleau travaille déjà. » M. Valls indique vouloir expulser chaque année non plus 25 000 étrangers en situation irrégulière mais « 35 000 ». Outre de nouveaux drones, radars et caméras, il envisage d’allonger encore la durée de résidence régulière des parents pour que leurs enfants accèdent à la nationalité française ou d’étendre l’aide au retour des ressortissants africains. Et promet un hypothétique « dialogue exigeant avec les Comores », qui revendiquent la souveraineté de Mayotte et dont partent la plupart des migrants.
    Le ministre n’a pas démenti Anchya Bamana, députée RN de Mayotte, qui a dénoncé la « submersion migratoire » de son île. « En matière d’immigration, si nous n’arrivons pas à résoudre le problème, nous n’arriverons pas à reconstruire », a-t-il répété. Face à un autre élu du RN, Antoine Golliot (Pas-de-Calais), il assure : « Le rideau de fer dont a parlé le précédent ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, il faut le mettre en œuvre. » A Aurélien Taché, député « insoumis » du Val-d’Oise, qui conteste la « politique du double standard » des droits républicains à Mayotte, il répond : « Je n’ai pas dit que j’étais favorable à la suppression du droit du sol, mais je sais ce que nous pouvons faire encore en matière de restriction. » Une proposition de loi pour restreindre le droit du sol devrait être examinée le 6 février à l’Assemblée nationale dans le cadre de la niche parlementaire de LR.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#comores#migrationirreguliere#cyclone#logement#droitdusol#politiquemigratoire#sante

  • Tensions avec l’Algérie : Gérald Darmanin propose de « supprimer » la dispense de visa pour la France dont bénéficie la nomenklatura
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/12/tensions-avec-l-algerie-gerald-darmanin-propose-de-supprimer-l-absence-de-vi

    Tensions avec l’Algérie : Gérald Darmanin propose de « supprimer » la dispense de visa pour la France dont bénéficie la nomenklatura
    Le Monde avec AFP
    Interrogé sur le contexte d’aggravation des tensions diplomatique entre Paris et Alger, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a annoncé, dimanche 12 janvier, vouloir « supprimer » l’accord intergouvernemental franco-algérien de 2013, qui permet à la nomenklatura algérienne de se rendre en France sans visa.
    « Il y a un accord de 2013, qui est un accord gouvernemental, qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien – il y en a des milliers – », de « venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement », a-t-il dit sur LCI.
    « Toucher les dirigeants ou la plupart des dirigeants algériens qui ont la position de décision d’humiliation, comme l’a évoqué le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, ça me paraît plus intelligent, plus efficace, et ça peut se faire très rapidement », a ensuite développé le garde des sceaux, estimant qu’« il faut supprimer cette facilité ». Cette « mesure de rétorsion » ne toucherait pas « les 10 % de nos compatriotes qui ont des liens de sang, de sol, de culture, y compris les pieds-noirs », a ajouté l’ancien ministre de l’intérieur.
    Les relations entre l’Algérie et la France, déjà tumultueuses, se sont envenimées ces derniers jours avec l’arrestation à Montpellier d’un influenceur algérien de 59 ans, Boualem Naman, dit « Doualemn », après une vidéo incitant à la violence diffusée sur TikTok. Mis dans un avion jeudi pour l’Algérie, il a été renvoyé en France le soir même. Conséquence de son retour sur le territoire français, sa rétention a été prolongée dimanche soir de vingt-six jours.
    Cette expulsion était « arbitraire et abusive », a estimé samedi le ministère des affaires étrangères algérien, rejetant les accusations françaises d’« escalade » et d’« humiliation ». « C’est un pays souverain qui entend le dire et ils ont raison, nous devons les respecter. Mais ils doivent nous respecter aussi. L’Algérie doit respecter la France, la France doit respecter l’Algérie », a réagi M. Darmanin, dimanche, estimant, en reprenant les mots de son successeur Place Beauvau, que « nous sommes dans un moment très critique et cette humiliation qu’on veut nous faire subir n’est pas acceptable ».
    L’ex-premier ministre, Gabriel Attal, avait, lui, appelé à « dénoncer » l’accord de 1968, qui confère un statut particulier aux Algériens en matière de circulation, de séjour et d’emploi en France. Cet accord, « on peut le dénoncer, le réviser, il a été révisé quatre fois, il est d’ailleurs devenu un peu obsolète », a abondé M. Darmanin.
    Un autre point de discorde entre la France et l’Algérie concerne l’arrestation à Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, malade. « Il doit retrouver la liberté le plus rapidement possible, l’Algérie, je pense, s’honorerait de le libérer », a déclaré dimanche le garde des sceaux.

    #Covid-19#migrant#migration#france#algerie#visas#politiquemigratoire#circulation#sante

  • En Calabre, la migration dans les veines Giovanni Manoccio
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/01/11/en-calabre-la-migration-dans-les-veines-giovanni-manoccio_6492175_4500055.ht

    En Calabre, la migration dans les veines Giovanni Manoccio
    Par Camille Buonanno
    Plus d’un an après la signature de l’accord controversé entre la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, et son homologue albanais, les 3 000 places des deux centres de rétention construits en Albanie pour les migrants illégaux restent vides. Les centres sont devenus opérationnels en octobre 2024, mais des juges italiens ont rejeté la détention des deux premiers groupes d’hommes qui y ont été transférés et qui ont ensuite été renvoyés dans la Péninsule.
    La Cour de justice de l’Union européenne doit maintenant réexaminer la question, mais dans l’intervalle, les transferts ont cessé. « Pour ceux qui travaillent dans ce domaine, il était évident que cet accord, c’était de la propagande, s’agace Giovanni Manoccio en se redressant sur son fauteuil en toile noire. Ce projet ne respecte ni la Cour constitutionnelle, ni le Parlement, ni les règles européennes. »
    Pull en maille vert à col rond, pantalon en velours côtelé, lunettes cerclées de noir, sous ses allures de grand-père, le retraité a conservé un esprit révolutionnaire. « J’étais le seul communiste dans une famille démocrate-chrétienne », raconte Giovanni Manoccio avec la fierté espiègle d’un adolescent rebelle. Un immense portrait d’Enrico Berlinguer, secrétaire du Parti communiste italien de 1972 à 1984, habille le mur de son bureau situé au deuxième étage d’un vieil immeuble d’Acquaformosa, en Calabre, dans le sud-ouest de l’Italie. Le village dont il a été le maire entre 2004 et 2014 est connu pour avoir accueilli et aidé des milliers de migrants grâce à l’association Don Vincenzo Matrangolo dont il a supervisé la création en 2010, avant d’en devenir le président, en 2019.
    Ici, parmi les 972 habitants du village, l’immense majorité est d’origine arbëresh. Les Arbëresh sont arrivés il y a cinq cents ans pour fuir l’invasion ottomane. Ces Italo-Albanais ont trouvé refuge dans les reliefs calabrais. Né à Acquaformosa comme ses parents, Giovanni Manoccio a hérité de ce long passé migratoire. « Je dis toujours qu’accueillir est dans notre ADN. On est simplement passé de peuple accueilli à peuple accueillant », résume-t-il.
    La construction de camps pour enfermer des migrants sur le sol albanais résonne forcément avec son histoire personnelle. Il déplore le manque de mobilisation contre le projet. « J’éprouve une colère incroyable envers les maires arbëresh qui se sont rendus à Tirana pour la fête de l’indépendance [le 28 novembre]. J’ai demandé à l’un d’entre eux d’organiser une protestation contre les centres, mais personne ne veut la faire », soupire-t-il.
    Depuis quatorze ans, son village a accueilli près de 4 000 personnes de 72 pays différents, avec des prises en charge différentes selon les profils : accompagnement pour obtenir le statut de réfugié, aide spécifique aux mineurs non accompagnés, cours d’italien… « J’ai toujours été très concerné par l’idée de droits universels. C’est une conviction profonde, à la fois culturelle, philosophique, humaine et religieuse. Accueillir des étrangers, c’était l’accomplissement de mes engagements politiques depuis ma jeunesse. »
    Le projet de l’association n’a pas tout de suite fait l’unanimité. « Il faut prendre en compte qu’Acquaformosa était un village fermé. Jusqu’aux années 1940-1950, on ne se mariait qu’entre Arbëresh, puis petit à petit avec des Italiens. Alors l’arrivée d’Africains, de réfugiés du monde entier, ça a été un peu difficile », se souvient Giovanni Manoccio. « Mais Giovanni est une personnalité charismatique, il a su démontrer aux habitants que l’arrivée d’étrangers était plein de ressources et non de contraintes », observe Simonetta Bonadias, psychologue au sein de l’association depuis 2014.
    « Cette initiative a apporté de réels bénéfices au village », affirme-t-elle en énumérant les retombées positives de cet apport de sang neuf, du sauvetage de l’école communale à la relance des commerces grâce à l’économie circulaire ou encore le mélange culturel quotidien. Dans ces villages dont la population est vieillissante, le modèle fonctionne et séduit. Huit communes alentour, dont sept à majorité arbëresh, ont depuis rejoint les programmes de l’association.
    Le sexagénaire a été condamné en octobre pour un préjudice financier lié à la gestion des centres d’accueil des migrants entre avril 2011 et décembre 2012, mais les juges ont tenu compte du fait qu’il n’y avait eu aucun enrichissement personnel. « De nombreuses associations ont aussi rencontré ces difficultés au début. Domenico [Lucano, ancien maire de Riace, en Calabre] a été condamné à une peine de quinze mois, pour des pratiques administratives jugées incorrectes. Mais il n’y a aucune intention malveillante, juste des erreurs. L’argent, on l’utilise toujours pour les familles qui arrivent », tient-il à préciser. Des familles qui se sont installées dans la durée. Depuis une décennie, des dizaines d’enfants de migrants sont nés dans le village. Six d’entre eux s’appellent Giovanni.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#routemigaroire#migrationirreguliere#accueil#calabre#albanie#sante#droit

  • Une voix pour les droits des travailleurs domestiques migrants

    Lorsque j’étais travailleuse domestique migrante, j’ai été victime d’abus de la part de mes employeurs. A présent, je veux susciter une prise de conscience pour que d’autres femmes indonésiennes puissent disposer des connaissances nécessaires pour éviter d’être exploitées. Aucune femme ne doit faire l’objet de violences venant de ses employeurs, comme cela fut mon cas.

    Je m’appelle Win Faidah et je suis originaire de East Lampung, en Indonésie. J’ai 40 ans, je suis mariée et j’ai deux enfants. Depuis ma sortie de l’école, je suis travailleuse domestique.

    Après mon mariage, un parent de mon époux m’a suggéré de partir à l’étranger comme travailleuse domestique. Il m’a dit que je pourrais gagner beaucoup d’argent et vivre dans de bonnes conditions. A l’époque, ma mère a refusé catégoriquement et m’a empêchée de partir.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/01/12/une-voix-pour-les-droits-des-travailleurs-dome

    #travail #domestique #migration

  • Trafic de visa : le faux ministre conseiller encaisse plus de 13 millions F Cfa, la Dic actionnée
    https://www.seneweb.com/news/Societe/trafic-de-visa-le-faux-ministre-conseill_n_460402.html

    Trafic de visa : le faux ministre conseiller encaisse plus de 13 millions F Cfa, la Dic actionnée
    Par : Seneweb-News - SenewebNews-RP | 11 janvier, 2025 à
    Floués, une dizaine de candidats à l’émigration ont actionné les limiers de la Division des investigations criminelles (Dic). Leurs plaintes visent un certain Mboup. D’après L’Observateur, qui donne l’information, le mis en cause se faisait passer pour « un ministre conseiller sous l’ancien régime » pour ferrer ses victimes.
    « À l’époque des faits, rembobine le journal, le Sénégal était [enlisé dans] une profonde crise politique, [donnant] un sérieux coup de frein aux activités économiques. [...]. C’est dans ce contexte difficile que huit jeunes sénégalais, hommes et femmes, vont faire la connaissance de A. Mboup, qui se présente [à eux] comme ministre conseiller. Les contacts ont été facilités par un certain O. Mboup, qui n’a pas manqué de dépeindre [l’escroc] comme étant une autorité digne de confiance ».
    Les plaignants, repris par la source, ont déclaré face aux enquêteurs que le mis en cause, arborant une autre casquette, celle de « chargé de la collecte de parrainages en France, en Italie, en Espagne, [entre autres pays], pour le compte de la coalition au pouvoir [Benno Bokk Yakaar], en prélude de la Présidentielle [du 24 mars dernier] » les « recevait séparément dans un somptueux cadre [situé] dans un quartier résidentiel de la capitale, [pour dissiper tout soupçon de doute chez ses clients]. »
    Mboup assure à S. Bâ, K. Fall, et F. Gning, qui constitue le premier groupe de candidats à l’émigration reçu par le mis en cause, « qu’il est dans les dispositions de les faire voyager dans le cadre du programme agricole que le gouvernement du Sénégal a noué avec l’Espagne ». Selon les termes de l’accord, chaque futur migrant devait verser, au total, 2 500 000 F Cfa. Mais, « le versement d’un acompte de 500 000 F Cfa était exigé pour faire partie du voyage fixé dans un délai d’un mois ». « N’ayant plus le moindre doute sur la fiabilité du projet », les candidats passent à la caisse et verse chacun 570 000 F Cfa, excepté F. Gning. La dame n’a remis que 500 000, par l’intermédiaire d’un proche mandaté, souligne le titre du Groupe futurs médias. Qui indique que Mboup a ainsi empoché, au total, 2 millions 210 mille.
    Mais, ce n’est pas fini puisqu’enchaîne L’Observateur, « dans le même sillage, A. Mboup dont la villa sise à Kounoune était épiée par certains de ses victimes, avait fini d’en mettre plein la vue à un autre groupe qui souhaitait voyager en Europe ». Il s’agit des nommés W. Diouf, W. Faye, H. Diaw, et A. Diaw, liste le quotidien d’information, indiquant « qu’ils avaient, à leur tour, pris pour parole d’évangile les assurances » du faux ministre conseiller. Ce dernier mettait en avant cette fois le programme « Xëyu ndaw ñi », une initiative de Macky Sall mise en œuvre depuis avril 2021, moyennant la somme de 2,5 millions, chacun.
    Ces nouveaux plaignants soutiennent toutefois avoir versé un acompte chiffré à plus de 11 millions contre la promesse de voyager dans un délai d’un mois. Sans nouvelles de Mboup, plus d’un an après, ils ont fini par actionner la Division des investigations criminelles (Dic). Après plusieurs convocations restées sans suite, le mis en cause sera « déniché à Kounoune ». Il a tout avoué. « Se voulant plus explicite, reprend L’Observateur, A. Mboup va révéler que dans le courant de l’année 2022, il avait fait la connaissance du sieur I. Mbaye, chef du personnel chargé du recrutement des nationalités, qui est établi en Espagne. Il assure que Mbaye l’avait sollicité pour une collaboration et un accompagnement de l’État du Sénégal, dans le programme "Xëyu ndaw ñi". »
    À l’en croire, « lors d’une visite en Espagne pour s’enquérir de la fiabilité du programme et des conditions de travail des jeunes sénégalais sélectionnés dans ce programme, Mbaye lui a fait visiter les champs où il comptait recruter des jeunes, en partenariat avec le ministère des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. » C’est au sortir de cette rencontre, soutient Mboup que son partenaire « lui a accordé un quota de 20 personnes sur le nombre de candidats postulants à ce programme » « Trouvant le projet intéressant, il dit s’en être ouvert à un proche, H. Diaw. C’est de là qu’a mûri le projet d’exploiter ce créneau pour faire voyager des candidats l’émigration vers l’Espagne. Cela moyennant la somme de 2 500 000 F Cfa par candidat, au titre de frais de dossiers. Une machination qui va lui procurer la faramineuse somme de 13 780 000 F Cfa. Seulement, déplore-t-il, les nouvelles autorités sénégalaises ont changé le mode de sélection de ces programmes. » Une donne qui, argue-t-il, « l’a amené à ne pas respecter ses engagements ».

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#trafic#visa#emigration#espagne#jeune#sante

  • Le Royaume-Uni annonce un plan pour sanctionner les passeurs de migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62172/le-royaumeuni-annonce-un-plan-pour-sanctionner-les-passeurs-de-migrant

    Le Royaume-Uni annonce un plan pour sanctionner les passeurs de migrants
    Par La rédaction Publié le : 10/01/2025
    Le gouvernement britannique a annoncé mercredi un plan pour s’attaquer financièrement aux réseaux de passeurs : il prévoit, comme pour les sanctions internationales, de geler les avoirs des passeurs et des fabricants de « small boats » qui collaboreraient avec les trafiquants. Mais la majorité des passeurs utilisent un réseau informel basé sur de l’argent liquide.
    Londres multiplie les mesures pour freiner les arrivées irrégulières au Royaume-Uni. Dernière en date : un régime spécifique de sanctions ciblant les réseaux de passeurs de migrants. « Je suis fier d’annoncer que le Royaume-Uni est sur le point de devenir le premier pays au monde à élaborer une législation pour un nouveau régime de sanctions ciblant spécifiquement l’immigration irrégulière et le crime organisé en matière d’immigration », a déclaré mercredi 8 janvier dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, David Lammy. « Cela contribuera à prévenir, combattre, dissuader et perturber l’immigration irrégulière et le trafic de migrants vers le Royaume-Uni ».
    Ce nouveau dispositif, qui doit entrer en vigueur dans le courant de l’année, permettra « de cibler les individus et entités qui organisent ces dangereuses traversées » de la Manche, et qui « réalisent d’importants profits en exploitant des personnes vulnérables », insiste le Foreign Office. Concrètement, les autorités britanniques prévoient, comme pour les sanctions internationales, de geler les avoirs des passeurs et des fabricants de « small boats » qui collaboreraient avec les trafiquants. Le but, selon le gouvernement : « Endiguer les flux financiers à leur source ».
    Le ministère des Affaires étrangères « prévoit de collaborer étroitement avec les alliés internationaux » pour mener à bien son projet. Mais cette mesure ne s’appliquera qu’aux avoirs britanniques des passeurs, souvent basés à l’étranger, qui utilisent rarement les réseaux bancaires traditionnels. La majorité des trafiquants utilisent un réseau informel basé sur de l’argent liquide. Ce plan est « très similaire aux pouvoirs utilisés contre les terroristes, ce qui nous permet de saisir leurs biens, de les empêcher de voyager et de les mettre hors d’état de nuire », pense le gouvernement. Les autres régimes de sanctions existants (contre certains dirigeants iraniens, ou encore les soutiens à la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine), prévoient notamment des gels d’avoirs, des restrictions financières ou encore des interdictions d’entrer sur le territoire britannique.
    Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis de renforcer la lutte contre les réseaux de passeurs, qu’il entend traiter « comme des terroristes ».
    Le gouvernement a notamment créé un nouveau centre de commandement dédié à la « sécurité des frontières » et a renforcé sa coopération avec ses partenaires européens pour traquer ces réseaux. Le Royaume-Uni a aussi signé l’an dernier un partenariat avec l’Irak qui vise à renforcer la collaboration des deux pays contre les réseaux de passeurs et de « travailler » à accélérer le retour des migrants irakiens dans leur pays, quand ils n’ont pas de titre de séjour valable au Royaume-Uni. Quelques mois plus tôt, Londres avait conclu des accords avec la Serbie, la Macédoine du Nord et le Kosovo destinés à « accroître le partage de renseignements et à intercepter les gangs criminels de passeurs ». Début novembre, Keir Starmer avait aussi annoncé la création d’un fonds de 90 millions d’euros consacré à la lutte contre les trafiquants opérant dans la Manche. L’argent doit notamment servir à financer des équipements de surveillance de haute technologie et 100 enquêteurs spécialisés contre les réseaux de passeurs.
    Mais malgré toutes ces mesures, les traversées de la Manche, à bord d’embarcations précaires et non adaptées à la navigation, ne faiblissent pas. Au contraire. En 2024, 36 816 personnes ont débarqué sur les rives britanniques depuis les côtes françaises. C’est 25 % de plus qu’en 2023. Ce chiffre est toutefois en deçà du record atteint en 2022, avec 45 774 arrivées. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, au moins 5 800 personnes ont par ailleurs été secourues en mer en 2024 côté français, et plus de 870 tentatives de traversée ont été empêchées par les forces de l’ordre déployées sur le littoral.
    Afin de gagner le Royaume-Uni, les migrants versent des milliers d’euros à des passeurs pour s’entasser sur des canots pneumatiques. Depuis plusieurs mois, les associations présentes dans le nord de la France dénoncent des montées à bord toujours plus chaotiques. Les causes sont nombreuses : canots surchargés, bousculades, violences de la part des forces de l’ordre françaises pour empêcher les départs. Résultat : les décès survenus sur cette route migratoire n’ont jamais été si nombreux. Au moins 76 personnes sont mortes noyées ou étouffées l’an dernier, faisant de 2024 l’année la plus meurtrière dans la Manche.

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