• « Une vie de subsistance » : les migrants d’Agadez inquiets de la fin des distributions des bons alimentaires du HCR - InfoMigrants
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    « Une vie de subsistance » : les migrants d’Agadez inquiets de la fin des distributions des bons alimentaires du HCR
    Par Leslie Carretero Publié le : 18/06/2025
    Le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a mis fin aux distributions de coupons alimentaires à destination des exilés - excepté pour les personnes vulnérables - du centre d’Agadez, au Niger, en raison d’une baisse des financements étrangers. Cette annonce a créé un vent de panique chez les quelque 2 000 migrants hébergés dans la structure, qui craignent de ne pas parvenir à subvenir à leurs besoins.
    Les derniers bons alimentaires d’un montant de 22 000 francs CFA (environ 33 euros) ont été distribués début juin. Désormais, les migrants vivant dans le centre du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) à Agadez, au Niger, devront subvenir seuls à leurs besoins. « La décision de réduire l’aide alimentaire de manière anticipée a été particulièrement difficile à prendre », affirme à InfoMigrants une responsable de la communication du HCR. « Cette transition a dû être accélérée en raison des réductions du financement humanitaire mondial », notamment du soutien américain. « À ce jour, le financement pour les opérations du HCR au Niger en 2025, estimé à 138 millions de dollars américains, n’est assuré qu’à hauteur de 24 % », ajoute-t-elle.
    À partir de juillet, l’aide alimentaire ne sera distribuée qu’aux exilés dits vulnérables (femmes enceintes, enfants non accompagnés, personnes malades ou handicapées…). « À ce jour, environ 270 personnes ont été identifiées pour continuer à bénéficier d’une assistance alimentaire, en fonction de leur situation de vulnérabilité », précise la responsable de l’agence onusienne.Très peu donc, au regard des quelque 2 000 migrants accueillis, parfois depuis des années, dans le centre humanitaire d’Agadez. La plupart sont originaires du Soudan mais on compte aussi quelques Camerounais ou Centrafricains.
    La structure d’Agadez, ouverte en 2018, héberge des réfugiés et demandeurs d’asile, dont la plupart ont été expulsés par les forces algériennes en plein désert. « Parmi eux, on compte 800 réfugiés statutaires. Le reste sont des demandeurs d’asile en attente du traitement de leur dossier » par les autorités nigériennes, avait déclaré en avril à InfoMigrants Emmanuel Gignac, l’ancien représentant du HCR au Niger.Le délai de traitement des dossiers d’asile par les autorités nigériennes - qui peut durer trois ou quatre ans – et les difficultés d’intégration des réfugiés statutaires dans le pays obligent les migrants à rester des années dans la structure. Depuis plus de 250 jours, des exilés manifestent quotidiennement pour réclamer leur départ du centre d’Agadez et être transférés dans une autre localité ou un pays tiers. La situation dans le camp est devenue explosive ces derniers mois.
    C’est peu dire que les dernières annonces ont créé un vent de panique, et renforcé la méfiance des migrants envers les institutions. « Tout le monde est inquiet », assure Daniel*, un demandeur d’asile camerounais hébergé à Agadez depuis quatre ans. « On se demande comment on va se nourrir dans les prochains mois alors qu’il y a très peu de travail pour nous dans la région ». Le jeune homme d’une trentaine d’années a trouvé un petit boulot dans un atelier de climatisation de la ville. « Je suis payé à la tâche : s’il y a du travail, tant mieux ; sinon, je ne touche pas d’argent », explique-t-il. Daniel gagne 2 500 francs CFA (près de quatre euros) lorsqu’il travaille de 8h à 20h. Une somme dérisoire, qui lui permet tout juste de survivre. « Certains n’ont même pas cette chance. Il y a très peu d’opportunité au Niger, la priorité est donnée aux Nigériens dans tous les domaines », rapporte le Camerounais. C’est une vie de subsistance ici". D’autant que les exilés disent se sentir bloqués à Agadez. Pour quitter la région, un résident du centre doit être muni d’un document signé par la Direction régionale de l’État civil, délivré au compte-goutte. Certains ont tenté de s’installer ailleurs mais ont été arrêtés par les autorités sur la route et renvoyés dans la structure.
    Le HCR dit « entendre ces inquiétudes et les prendre très au sérieux » mais insiste sur « une plus grande autonomie » des migrants via l’intégration dans la société nigérienne. « Nous encourageons les demandeurs d’asile et réfugiés à mettre à profit les opportunités de formation professionnelle mises à leur disposition ainsi que les activités génératrices de revenus proposées », martèle l’agence onusienne. Selon elle, « des dizaines de postes de formation professionnelle restent disponibles pour les réfugiés au niveau régional ». De plus, dix hectares de terre ont été mis à disposition des exilés pour des activités agricoles. « En 2024, 213 personnes qui avaient exprimé le souhait de participer au programme d’autonomisation – réfugiés et membres des communautés hôtes – ont déjà bénéficié de diverses initiatives », indique encore la responsable de la communication de l’agence. « L’intégration locale apparaît comme l’option actuellement disponible pour l’immense majorité des réfugiés », estime-t-elle.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#UNHCR#refugie#agadez#hummanitaire#sante

  • « La situation se détériore » : en marge du G7, l’amer constat de Keir Starmer sur les traversées de la Manche - InfoMigrants
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    « La situation se détériore » : en marge du G7, l’amer constat de Keir Starmer sur les traversées de la Manche
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 18/06/2025
    Malgré de multiples mesures dissuasives et répressives mises en place par Londres et Paris depuis des années, les traversées de la Manche par les migrants ne diminuent pas. Au contraire. Critiqué et sous pression de l’opposition dans son pays, Keir Starmer, le Premier ministre britannique a reconnu, en marge du G7, que la situation migratoire « se détériorait ».
    En marge du sommet du G7 au Canada, le Premier ministre britannique Sir Keir Starmer a admis, mardi 17 juin, que la crise des petits bateaux dans la Manche se « détériorait ». Un constat d’échec d’autant plus dur à formuler que l’homme fort de Londres avait « promis » de « briser les gangs [de passeurs] » qui se livrent au trafic d’êtres humains vers le Royaume-Uni en organisant les traversées de la Manche.
    Pour Keir Starmer, « la migration devrait être une priorité clé compte tenu de la détérioration de la situation dans la Manche », et la France et le Royaume-Uni devraient continuer à « travailler en étroite collaboration » pour « trouver des moyens novateurs de faire avancer les choses ». Comprendre : enrayer les traversées illégales entre les deux pays. Les deux dirigeants, français et britannique, ont convenu de se focaliser sur cette question migratoire lors du prochain sommet entre le Royaume-Uni et la France. Le président français est attendu du 8 au 10 juillet à Londres pour une visite d’État.
    16 000 arrivées sur les côtes britanniques
    Car pour l’heure, les traversées ne cessent pas, au contraire. Depuis le début de l’année, un peu plus de 16 000 migrants ont atteint les côtes britanniques depuis les plages du nord de la France, selon les chiffres du Home office. C’est 42 % de plus qu’à la même période l’année dernière. « Il s’agit d’un défi sérieux qui exige des réponses sérieuses », a encore déclaré Keir Starmer aux journalistes présents au sommet canadien.
    Mardi 17 juin, plusieurs tentatives de traversées ont eu lieu simultanément au départ de la Picardie et du Pas-de-Calais. La semaine dernière, une centaine de migrants ont été interceptés dans la Manche. Le samedi 31 mai, 1 195 migrants ont débarqué au Royaume-Uni à bord de 19 embarcations. Un tel nombre d’arrivées en une seule journée n’avait pas été atteint depuis septembre 2022 (où 1 305 personnes avaient été débarquées).
    Sous pression, le premier ministre travailliste est pour l’heure critiqué pour ses résultats. Chris Philp, député de l’opposition, a déclaré que sous la direction de Keir Starmer, la crise de la Manche était en train d’échapper à tout contrôle. « Les trafiquants rient, les bateaux continuent d’arriver et la réponse du Labour [travaillistes, ndlr] est de former une autre task force et d’organiser un sommet. C’est faible et embarrassant », a déclaré le député.Comme ses prédécesseurs, le Premier ministre a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière sa priorité. Les accords se sont multipliés ces dernières années. En 2023, le précédent gouvernement conservateur avait finalisé un accord pour donner à la France près de 500 millions d’euros sur trois ans pour militariser davantage la frontière française et empêcher les migrants de faire la traversée.
    Dernier rendez-vous officiel en date : en février 2025. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français, et Yvette Cooper, son homologue britannique, ont prolongé jusqu’en 2027 leur traité contre l’immigration clandestine, par lequel les Britanniques financent une partie des contrôles menés côté français.
    Pour faire face à cette hausse des départs depuis les côtes françaises, la France envisage de changer de doctrine : autoriser les forces de policer à intercepter les migrants en mer. Jusqu’à présent, le droit maritime interdit aux policiers d’entrer dans l’eau et d’interpeller les bateaux. Ainsi, la France devrait « faire évoluer » le dispositif actuel « afin de pouvoir agir dans les eaux peu profondes, jusqu’à 300 mètres des côtes, et ainsi intercepter les ’taxi-boats’, tout en respectant les principes de la convention des Nations unies sur le droit de la mer », a détaillé une source au ministère de l’Intérieur.
    Interrogé par InfoMigrants en décembre 2023, le procureur de la République de Saint-Omer avait émis des réserves au sujet de ces interceptions maritimes. « Le préfet a donné des consignes extrêmement claires aux forces de l’ordre sur le fait de ne jamais mettre en péril la vie des migrants », avait-il dit. Mais des dérives existent. Le 13 juin, France Info relatait l’interception violente dans la Manche, vers Gravelines, d’un canot de migrants. Des policiers, entrés dans l’eau avec leurs boucliers et leurs casques, ont lancé des gaz lacrymogène vers des exilés pour empêcher leur small boat de partir. Un photographe britannique, présent lors de la scène, a vu une famille avec enfants au milieu des fumées, contrainte de rebrousser chemin vers la plage. Les syndicats de police y ont vu une opération « exceptionnelle ». « Nos collègues sont juste très engagés, surtout qu’il y a quelques jours, on nous reprochait d’avoir laissé partir un bateau soi-disant sans rien faire », a justifié un responsable syndical de la police.
    En 2021, Priti Patel, alors ministre de l’Intérieur britannique, avait déjà pressé la France de mettre en place ce genre d’opérations. Mais ce projet avait été rapidement abandonné suite au refus de la France de mener des pratiques contraires au droit maritime international.
    Particulièrement dangereuses, les traversées de la Manche dans ces frêles embarcations pneumatiques provoquent régulièrement des drames. L’année 2024 a été la plus meurtrière recensée depuis 2018 : 78 personnes sont mortes dans une vingtaine de naufrages recensés, selon l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim). Avec les contrôles de sécurité renforcés, les exilés prennent de plus en plus de risques pour passer entre les mailles du filet et déjouer la surveillance des autorités. Depuis le début de l’année, au moins 15 personnes sont mortes dans ces traversées.

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  • Plus de 4 000 membres des forces de l’ordre mobilisées mercredi et jeudi pour mener des contrôles dans les gares et les bus à la recherche de « clandestins », annonce Bruno Retailleau
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/18/bruno-retailleau-annonce-le-deploiement-de-4-000-membres-des-forces-de-l-ord

    Plus de 4 000 membres des forces de l’ordre mobilisées mercredi et jeudi pour mener des contrôles dans les gares et les bus à la recherche de « clandestins », annonce Bruno Retailleau
    Le Monde avec AFP
    Quelque 4 000 forces de l’ordre seront mobilisées mercredi 18 juin et jeudi 19 juin, lors d’opérations de contrôle nationales dans les gares et les bus contre l’immigration illégale, a annoncé mercredi le ministre de l’intérieur. « Dans ces quarante-huit heures, on va mobiliser 4 000 gendarmes, des policiers, des douaniers, des forces Sentinelle pour interpeller des clandestins », a détaillé Bruno Retailleau sur les médias réactionnaires Cnews et Europe 1. « Depuis le début de l’année, nous en avons interpellé 47 000 », a affirmé le ministre, qui a fait de la lutte contre l’immigration son thème de prédilection.Dans une note adressée notamment aux préfets, consultée par l’Agence France-Presse (AFP), le ministre de l’intérieur a donné des instructions pour que soit menée une opération nationale de contrôle « des trains à destination des pays voisins et des grandes métropoles françaises, en arrivée comme en départ ».
    Celui qui est aussi le chef de file des Républicains a vanté dans ce document une « augmentation conséquente d’interceptions d’ESI [étrangers en situation irrégulière] ces dernières semaines (+ 28 %) » et une « opération nationale de contrôle des flux », menée les 20 et 21 mai, ayant débouché sur plus de 750 interpellations. Mercredi, le ministre de l’intérieur a déclaré avoir « réintroduit de façon beaucoup plus serrée qu’avant » le contrôle aux frontières, avec une « force frontière » composée de policiers, de gendarmes, de douaniers et de militaires. « Ce que je veux dire, c’est que les clandestins ne sont pas les bienvenus en France, de la façon la plus ferme et la plus définitive », a-t-il insisté.
    La mesure a été dénoncée à gauche et par les associations de défense des migrants. « Le ministre de l’intérieur lance une grande campagne de discrimination raciale et d’abus de pouvoir. Ce n’est pas écrit comme ça, mais on le sait (et comme il en est très fier, il le dit à tout le monde) », a dénoncé, sur X, l’association Utopia 56. Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) a dénoncé « une opération xénophobe prenant pour bouc émissaire les plus précaires parmi les précaires. »
    Au moment où le premier ministre, François Bayrou, doit célébrer, au mont Valérien, le 85e anniversaire de l’appel du général de Gaulle, la députée communiste des Hauts-de-Seine, Elsa Faucillon, a souligné : « L’appel du 18 juin de Retailleau : organiser une chasse aux étrangers dans les trains ! ». Le député France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis Thomas Portes a dénoncé « une grande traque aux étrangers dans les gares et les trains de tout le pays », précisant que cela lui « rappel[ait] les heures sombres de notre pays ».
    Plusieurs syndicats (CGT, Solidaires et FSU) ont fustigé ce dispositif. Ces opérations « s’apparentent à des rafles », ajoute leur communiqué, déplorant une « escalade nauséabonde visant des travailleurs et travailleuses qui se rendent sur leur lieu de travail et qui aujourd’hui et demain, un peu plus que d’habitude, le feront la peur au ventre ».Depuis qu’il a été nommé Place Beauvau, M. Retailleau occupe le terrain médiatique pour se positionner en pourfendeur d’une société multiculturelle. Il multiplie les annonces contre les migrants et les associations d’aide à ces derniers. Moins d’un an après la promulgation de la loi Darmanin sur l’immigration, le ministre de l’intérieur a annoncé une nouvelle loi sur le sujet en 2025. Le 23 janvier, M. Retailleau a diffusé une nouvelle circulaire visant à durcir les critères de régularisation, en demandant aux préfets de privilégier les travailleurs dans les métiers en tension et d’exiger sept années de présence en France pour tous les autres. Depuis sa prise de fonction à Matignon, François Bayrou va dans le même sens, exprimant la nécessité de maîtriser l’immigration et réclamant un débat sur le droit du sol.

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#politiquemigratoire#etranger#frontiere#xenophobie#sante

  • Au moins 60 migrants, dont des femmes et des enfants, présumés morts après deux naufrages au large de la Libye
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/18/au-large-de-la-libye-au-moins-60-migrants-disparus-apres-deux-naufrages_6614

    Au moins 60 migrants, dont des femmes et des enfants, présumés morts après deux naufrages au large de la Libye
    Le Monde avec AFP
    Au moins 60 migrants, dont des femmes et des enfants, sont présumés morts après deux naufrages distincts en Libye – d’où les départs vers l’Italie s’accélèrent – selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Parmi les disparus figurent six Erythréens, cinq Pakistanais, quatre Egyptiens et deux Soudanais.
    La première tragédie a eu lieu le 12 juin près du port d’Alshab, dans l’ouest de la Libye et « la deuxième » s’est produite le 13 juin près de Tobrouk, dans l’Est. Selon l’OIM, 21 personnes ont été portées disparues lors du premier naufrage et, « selon l’unique survivant, sauvé par des pêcheurs, 39 personnes ont disparu en mer » pour le second. Trois corps ont été retrouvés sur la rive les jours suivants.
    « L’OIM demande de nouveau à la communauté internationale d’intensifier les opérations de recherche et sauvetage et de garantir un débarquement sûr des rescapés », a déclaré Othman Belbeisi, son directeur régional. Selon l’OIM, depuis le début de l’année, au moins 743 personnes ont péri en tentant de traverser la Méditerranée, dont 538 en Méditerrannée centrale qui « reste la route migratoire la plus meurtrière au monde » à cause de « pratiques de trafic de plus en plus dangereuses, de capacités de sauvetage limitées et de restrictions croissantes sur les opérations humanitaires ».
    En 2025, les départs vers l’Italie sont redevenus plus fréquents à partir de la Libye que depuis la Tunisie voisine, qui a obtenu en 2023 pour 255 millions d’euros d’aides européennes en échange d’une lutte renforcée contre l’immigration clandestine.
    Au 15 juin, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’Organisation des Nations unies (ONU), les débarquements sur les côtes italiennes étaient en hausse de 15 % sur un an, avec 26 781 migrants, dont 24 560 provenaient de Libye et 1 505 de Tunisie.
    En Tunisie, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, une organisation non gouvernementale, a récemment déploré l’absence – depuis juin 2024 – de bilans officiels des naufrages de migrants, dénonçant une volonté de « ne pas divulguer ces informations » alors qu’au début de juin « des dizaines de corps, probablement de migrants, ont été retrouvés sur des plages de Sfax et de Mahdia ». Le porte-parole de la garde nationale, Houssem Eddine Jebabli, a confirmé « la découverte de 32 corps non identifiés entre le 1ᵉʳ et le 11 juin » sur ces plages, sans autres détails.

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  • Plus de 10 500 migrants interceptés en mer par les gardes-côtes libyens depuis le début de l’année - InfoMigrants
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    Plus de 10 500 migrants interceptés en mer par les gardes-côtes libyens depuis le début de l’année
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 17/06/2025
    Selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM), 10 634 exilés ont été stoppés en mer Méditerranée centrale par les gardes-côtes libyens, depuis le début de l’année, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe. Parmi eux, 9 000 hommes et environ 1 000 femmes. Ils étaient 7 800 l’année dernière sur la même période.
    Les interceptions en mer Méditerranée centrale augmentent. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM), 10 634 exilés ont été arrêtés par les forces maritimes libyennes entre le 1er janvier et le 14 juin 2025 en Méditerranée centrale, dans leur tentative de rejoindre les côtes européennes. C’est 37% de plus que l’année dernière à la même période (7 781 interceptions).Parmi les interceptés, 9 000 sont des hommes, 1 000 des femmes et 360 des enfants.
    La totalité des personnes qui tentent la traversée de la Méditerranée embarquent, depuis les plages libyennes, sur des canots vétustes en bois, en fibre de verre ou en métal, complètement inadaptés à de tels trajets en mer. Ils sont généralement arrêtés dans les eaux territoriales libyennes ou dans les eaux internationales – avec le soutien de l’Union européenne (UE).
    Depuis 2017, en effet, un accord entre la Libye et l’Italie soutenue par Bruxelles autorise Tripoli à prendre en charge la coordination des sauvetages en Méditerranée centrale (tâche qui incombait auparavant à Rome ou à La Valette, à Malte). Le but : « endiguer » les arrivées de migrants en Europe. Depuis cet accord, non seulement la Libye est autorisée à arrêter les embarcations de migrants qui partent de ses côtes mais le pays bénéficie aussi d’une aide financière et logistique de l’Union européenne : Rome équipe les autorités libyennes et les forme aux interceptions.
    Ces arrestations en pleine mer ont été maintes fois dénoncées par les ONG, rapportant des faits de violences sur les exilés, et des intimidations envers les humanitaires qui mènent des sauvetages dans les eaux internationales.En juin 20254, par exemple, l’ONG allemande Sea-Watch avait diffusé une vidéo montrant des garde-côtes libyens, munis de bâtons, frapper des migrants qui venaient d’être secourus par un navire marchand. Sous la menace, les exilés avaient été forcés de descendre du pétrolier pour monter sur le patrouilleur libyen.
    Des navires d’ONG ont aussi été victimes d’intimidations de la part des Libyens qui n’hésitent pas à faire usage de leurs armes. Début avril 2024, des gardes-côtes de Tripoli avaient ouvert le feu en direction de l’un des canots de sauvetage du bateau humanitaire Mare Jonio. L’équipage était en train de secourir une embarcation de migrants lorsque les autorités libyennes sont intervenues, provoquant un mouvement de panique.Surtout, les exilés, ramenés contre leur gré en Libye, se retrouvent quasi-systématiquement en prison où ils sont soumis à des traitements inhumains (tortures, passages à tabac, humiliations, viols, voire assassinats) dans ces centres de détention officiels - et officieux.
    Le compte « Refugees in Libya » sur les réseaux sociaux se fait souvent l’écho de ces exilés emprisonnés. En novembre 2023, la rédaction avait relayé les images - insoutenables - de trois hommes et deux femmes violemment battus par des trafiquants d’êtres humains en Libye. Les victimes étaient détenues dans la ville de Bani Walid, à environ 200 km de Tripoli, et suppliaient qu’on leur vienne en aide.
    Malgré les enquêtes médiatiques sur le comportement des autorités libyennes et les multiples condamnations des ONG, Bruxelles n’est jamais revenu sur cet accord. Pis, ce dernier fait des émules. La Grèce a envisagé, au mois de juin, un partenariat similaire avec Tripoli pour faire face aux arrivées en Crète par la Méditerranée orientale (notamment depuis Tobrouk, à l’est de la Libye).

    #Covid-19#migrant#migration#libye#italie#UE#mediterranee#routemigratoire#trafic#sante#migrationirreguliere

  • Sénégal : sept ans de prison pour le convoyeur d’une pirogue ayant chaviré au large de Mbour en septembre dernier - InfoMigrants
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    Sénégal : sept ans de prison pour le convoyeur d’une pirogue ayant chaviré au large de Mbour en septembre dernier
    Par RFI Publié le : 18/06/2025
    Au Sénégal, le convoyeur de la pirogue qui avait chaviré en septembre dernier au large de Mbour, avec à son bord une centaine de passagers, a été condamné lundi à sept ans de prison ferme. Ce drame de la migration clandestine, qui avait fait au moins 29 morts et des dizaines de disparus, avait suscité une vive émotion, jusqu’à pousser le président de la République à se rendre sur les lieux.
    Lundi 17 juin, Cheikh Sall, organisateur et pilote d’une pirogue ayant chaviré en septembre au large de Mbour, au Sénégal, a été condamné à sept ans de prison ferme. Son complice à deux ans, et tous deux devront verser cinq millions de francs CFA (équivalent à 7 600 euros) de dommages et intérêts aux familles des victimes.
    Les deux hommes étaient jugés suite au naufrage d’une pirogue ayant fait au moins 26 morts et des dizaines de disparus, près de Dakar. Ce drame avait ému tout le pays et poussé le président de la République à se rendre sur les lieux du drame.
    Lors de la dernière audience, il y a un mois, le procureur avait retenu contre Cheikh Sall ainsi que contre son complice les chefs d’homicide involontaire, trafic de migrants et mise en danger de la vie d’autrui. Mais il n’avait requis que deux ans de prison ferme. Pas suffisant face à la gravité des faits avaient alors estimé plusieurs représentants de la société civile. Le juge du tribunal de grande instance de Mbour leur a donc donné raison lundi.
    Fait notable : les familles des victimes, en grande majorité proches de Cheikh Sall – qui a lui-même perdu quatre enfants dans la tragédie – ont retiré leur plainte au cours de la procédure, après lui avoir accordé leur pardon. Ce geste n’a toutefois pas modifié l’appréciation du juge, qui a estimé que le retrait des plaintes ne diminuait en rien « la gravité exceptionnelle des faits ». Plusieurs associations de soutien aux migrants interrogées par RFI saluent une décision inédite par sa sévérité, et espèrent qu’elle dissuadera de futurs passeurs.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#routemigratoire#migrationirreguliere#trfaic#droit#sante#mortalite

  • A Los Angeles, le couvre-feu est levé mais la garde nationale reste déployée dans l’attente d’une décision de justice
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/18/a-los-angeles-le-couvre-feu-est-leve-dans-l-attente-d-une-decision-de-justic

    A Los Angeles, le couvre-feu est levé mais la garde nationale reste déployée dans l’attente d’une décision de justice
    Le calme est revenu dans la mégapole californienne, tandis que le gouverneur de Californie tente de reprendre le contrôle de la garde nationale envoyée par Donald Trump face aux manifestants contestant sa politique migratoire.
    Le Monde avec AFP
    Le couvre-feu instauré dans le centre-ville de Los Angeles aura duré une semaine. La maire de la mégapole californienne, Karen Bass, a décidé, mardi 17 juin, de lever cette mesure exceptionnelle lancée le 10 juin pour mettre fin aux violences et aux dégradations constatées lors de manifestations contre la politique de Donald Trump. L’indignation d’une partie de la population était née d’une vague d’interpellations musclées de sans-papiers par la police de l’immigration (ICE).
    Le président américain a alors accusé les autorités locales démocrates d’avoir perdu le contrôle de la ville, et a envoyé 4 000 soldats de la garde nationale de Californie, ainsi que 700 militaires des marines. Une décision largement dénoncée par les responsables locaux, qui ont accusé Donald Trump d’instrumentaliser la situation.
    Malgré des images spectaculaires de voitures de taxis sans chauffeur incendiés, des pillages et des heurts avec la police, les incidents se sont concentrés sur quelques rues du centre-ville. Le couvre-feu nocturne décidé par la maire démocrate couvrait à peine 13 km² de cette ville tentaculaire. Cette mesure « a largement contribué à protéger les magasins, les restaurants, les entreprises et les communautés résidentielles contre les malfaiteurs qui se moquent du sort de la communauté immigrée », a estimé la démocrate mardi, en annonçant sa levée.
    Depuis ce week-end, où la marche « No Kings » (« Pas de rois ») a vu des milliers de personnes protester dans le calme, la tension est largement retombée à Los Angeles. Mardi, le centre-ville était peuplé de passants circulant au milieu de nombreux commerces encore barricadés et parfois recouverts de graffitis. Mais la maire s’est dite prête « à réinstaurer » un couvre-feu si besoin.
    En intensifiant son offensive anti-immigration à Los Angeles, Donald Trump s’est attaqué à la Californie, Etat sanctuaire pour les sans-papiers, avec une importante population immigrée. Son déploiement de la garde nationale, sans le consentement du gouverneur de l’Etat – qui a aussi autorité sur ce corps militaire – est une première depuis 1965 aux Etats-Unis.
    Le gouverneur, Gavin Newsom, a dénoncé une manœuvre autoritaire et lancé une procédure judiciaire pour en récupérer le contrôle. La semaine dernière, un juge fédéral lui a donné raison, en estimant ce déploiement illégal et que la violence constatée, limitée à quelques quartiers, est « bien loin » de la « rébellion » invoquée par le gouvernement fédéral. Mais l’exécution de sa décision a immédiatement été repoussée, le temps qu’une cour d’appel de San Francisco puisse examiner l’appel du ministère de la justice.
    Une trentaine de personnes poursuivies
    Lors d’une audience devant la cour mardi, le représentant du ministère, Brett Shumate, a affirmé que les « membres de la garde nationale sont essentiels » à Los Angeles. Leur mission est de « protéger les bâtiments fédéraux contre de nouvelles violations et des émeutes violentes impliquant des feux d’artifice, des cocktails Molotov et des morceaux de béton lancés sur les agents » de la police de l’immigration, a-t-il insisté, en rappelant qu’ils n’ont « pas de mission de maintien de l’ordre ».
    De son côté, le représentant de la Californie, Samuel Harbourt, a déclaré que les forces de l’ordre locales « font leur travail » et gèrent la situation. La police de Los Angeles a effectué près de 600 arrestations depuis le début des manifestations et, mardi, le procureur local a annoncé des poursuites contre une trentaine de personnes.Dans ces conditions, le déploiement de la garde nationale est une « mesure extrême » et injustifiée, selon M. Harbourt. Elle risque « d’aggraver encore les tensions et le risque de violence dans la ville de Los Angeles ». Attendue dans les prochains jours, la décision de la cour d’appel sera scrutée de près. L’affaire aura des conséquences importantes sur le pouvoir d’un président américain pour utiliser l’armée sur le sol national, et pourrait remonter jusqu’à la Cour suprême, à majorité conservatrice. « Je suis convaincu que le bon sens prévaudra ici », a estimé, mardi, M. Newsom, dans un communiqué en marge de l’audience. « L’armée américaine a sa place sur le champ de bataille, pas dans les rues américaines », a ajouté le gouverneur démocrate.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#ICE#politiquemigratoire#immigration#droit#sante#californie

  • En cinq mois, près de 1 900 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65189/en-cinq-mois-pres-de-1-900-migrants-sont-morts-en-tentant-de-rejoindre

    En cinq mois, près de 1 900 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne
    Par Leslie Carretero Publié le : 17/06/2025
    D’après le dernier rapport de l’ONG Caminando Fronteras, 1 865 personnes ont péri en mer en tentant de rejoindre le sol espagnol entre le 1er janvier et le 31 mai. La majorité des décès ont été enregistrés dans l’Atlantique, avec 1 482 morts.Cent treize. C’est le nombre de « tragédies » documentées sur la route vers l’Espagne entre le 1er janvier et le 31 mai 2025 par l’ONG espagnole Caminando Fronteras dans son dernier rapport paru mardi 17 juin.
    Au total durant les cinq premiers mois de l’année, 1 865 migrants ont péri en tentant de rejoindre le sol espagnol, toutes routes confondues, selon Caminando Fronteras. Parmi eux, 342 enfants et 112 femmes. La majorité des accidents se sont produits dans l’Atlantique sur le chemin vers les Canaries, avec 1 482 morts recensés.D’après l’ONG, la plupart des départs de canots vers l’archipel espagnol se concentre désormais sur la côte mauritanienne. Parmi les 1 482 personnes décédées sur la route des Canaries, 1 318 étaient parties de Mauritanie - 110 du Sénégal et de la Gambie, 54 du le sud du Maroc).Le rapport révèle par ailleurs que 38 embarcations ont disparu en mer Méditerranée ou dans l’Atlantique avec l’ensemble des passagers à bord.
    L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), elle, compte 40 morts sur la même voie à cette même période. Un écart avec les chiffres de Caminando Fronteras qui s’explique par des méthodologies distinctes. Caminando Fronteras s’appuie sur les appels de détresse des migrants en mer ou de leurs familles pour élaborer ses rapports. L’OIM quant à elle répertorie « tous les naufrages dont on est certains à 100%, nous sommes très stricts à ce sujet », avait expliqué l’an dernier à InfoMigrants Flavio di Giacomo, porte-parole du bureau de coordination méditerranéen de l’OIM. Des articles de presse et des témoignages indirects font partie des sources exploitées.
    « Il est plus facile d’avoir des certitudes sur la route de la Méditerranée que sur celle de l’Atlantique, plus longue, et dont les bateaux sont plus difficiles à repérer, avait-il admis. Ce chemin en plein océan est très dangereux, c’est donc probable qu’il y ait beaucoup de naufrages dont personne n’entend parler », avait ajouté le responsable de l’OIM.Dans son rapport, Caminando Fronteras pointe du doigt les services de sauvetages des différents États et estime que ces morts auraient pu être évitées. « Dans de nombreux cas, les ressources adéquates ne sont pas mobilisées, ou celles déployées sont clairement insuffisantes », signale l’ONG dans son rapport.
    Les militants regrettent par ailleurs que les opérations de sauvetage ne soient pas immédiatement lancées dès qu’une alerte est donnée - par les migrants ou les ONG. « Ces services partent du principe que, tant qu’il n’y a pas de naufrage imminent, il n’y a pas d’urgence réelle à intervenir, même si les navires ne présentent pas les garanties minimales de sécurité nautique », note Caminando Fronteras. Une pratique qui, selon l’ONG, multiplie les risques de drames. « L’activation limitée des ressources aériennes est particulièrement préoccupante » car elle « réduit considérablement les chances de sauvetage » en cas d’accident. « Les services de secours adoptent une approche restrictive envers les embarcations de migrants », déplorent les humanitaires.
    L’an dernier à la même période, Caminando Fronteras avait comptabilisé 5 054 personnes décédées sur les voies menant à l’Espagne, dont 4 808 dans l’océan Atlantique. Le nombre de morts en 2025 est donc en forte diminution par rapport à 2024. Une chute des décès qui s’explique par une autre baisse : celle des arrivées de migrants sur les côtes espagnoles.
    Entre le 1er janvier et le 31 mai, 15 000 personnes ont débarqué en Espagne, contre 20 715 à la même période de 2024, soit une baisse de 27%, d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur espagnol. La chute des arrivées est encore plus importante aux Canaries cette année, avec près de 11 000 débarquements en 2025, contre 17 000 durant les cinq premiers mois de 2024 (-35%).La route des Canaries est active depuis 2005. Un an plus plus tard est survenue la « crise des cayucos » : près de 32 000 personnes avaient débarqué dans l’archipel, du jamais vu. Mais le déploiement sécuritaire qui s’opère dans l’océan Atlantique depuis 2007 avait tari petit à petit cette route, au profit de celle de la Méditerranée centrale.
    Puis à partir de 2018, les conditions de vie des Subsahariens en Libye, la militarisation des routes qui mènent au nord de l’Afrique, ou encore la surveillance accrue des garde-côtes marocains en Méditerranée ont poussé, de nouveau, les migrants sur la route des Canaries. Et depuis la fin de la pandémie de Covid-19, les arrivées sur les îles espagnoles sont quasi quotidiennes.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#atlantique#mortalite#sante#routemigratoire#migrationirreguliere

  • Dix ans de contrôle à la frontière franco-italienne : les associations dénoncent une « mise en danger » constante - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65172/dix-ans-de-controle-a-la-frontiere-francoitalienne--les-associations-d

    Dix ans de contrôle à la frontière franco-italienne : les associations dénoncent une « mise en danger » constante
    Par La rédaction Publié le : 16/06/2025
    Une centaine de personnes était rassemblée dimanche, à l’appel d’Amnesty International, pour mettre en lumière les violations des droits des exilés depuis le rétablissement des contrôles entre la France et l’Italie. Depuis dix ans, le rétablissement de ces contrôles a engendré des formes de « mise en danger » et de « contrôles discriminatoires », sans faire baisser les arrivées puisque celles-ci repartent à la hausse ces dernières semaines.
    « Nous profitons de la journée mondiale des réfugiés le 20 juin pour commémorer les dix ans de la fermeture des frontières et dénoncer les violations des droits des personnes migrantes, leur mise en danger et les contrôles discriminatoires », introduit Christine Poupon, représentante d’Amnesty International dans les Alpes-Maritimes, auprès de l’AFP. Il y a dix ans, en juin 2015, les autorités commençaient à instaurer un contrôle systématique à la frontière franco-italienne - dont la légalité, déjà à l’époque, était contestée.
    Cette réintroduction du contrôle aux frontières intérieures a été officialisée en novembre 2015, initialement dans l’optique de la COP21 qui se tenait cette année-là. Puis, au motif des attentats du 13 novembre 2015. Depuis lors, la France reconduit ce dispositif tous les six mois. Pour rappel, ce type de contrôle est autorisé par le code Schengen « en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure d’un État ».
    Le 7 mars 2025, le Conseil d’État, saisi par des associations, a jugé que ces contrôles étaient bien conformes au nouveau règlement Schengen et proportionnés face aux menaces pesant sur la France. Les contrôles sont actuellement en vigueur jusqu’au 31 octobre.
    « Grâce à la pression que nous avons exercée, nous avons obtenu des avancées, notamment pour les mineurs non accompagnés qui ne sont plus renvoyés systématiquement en Italie mais, quand leur minorité est reconnue par la police aux frontières, remis à l’Aide sociale à l’enfance », note Christine Poupon. « Récemment, nous avons pu observer aussi que certains migrants étaient relâchés avec une convocation pour se rendre à la plate-forme des demandeurs d’asile à Nice ».
    L’une de ces avancées avait été obtenue sur le plan juridique. Le 2 février 2024, le Conseil d’État avait annulé un article du code des étrangers (Ceseda) qui permettait aux forces de l’ordre de prononcer des refus d’entrée aux étrangers arrivés aux frontières françaises en situation irrégulière, sans leur laisser la possibilité de demander l’asile. Le Conseil d’État s’était alors appuyé sur un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de septembre 2023 : selon les juges européens, la France était jusque-là dans l’illégalité et devait se conformer à la directive « retour » qui prévaut en UE.
    Mais ce répit a été de courte durée. Avec l’application du nouveau code Schengen, les règles changent. Cette révision publiée en mai 2024 renforce la possibilité de contrôles aux frontières intérieures. Auparavant d’une durée maximum de deux ans, ceux-ci peuvent désormais s’étendre sur une période de trois ans. Surtout : le nouveau code prévoit une procédure de « transfert » autorisant un État membre à renvoyer une personne arrêtée dans la zone frontalière vers l’État membre d’où elle provient. À la condition que ces transferts s’opèrent dans le cadre d’une coopération bilatérale.
    Sur le terrain franco-italien, les associations constatent depuis l’hiver dernier que les refoulements ont bel et bien repris. « On a recueilli plusieurs témoignages de personnes qui ont exprimé leur volonté de demander l’asile mais soit elles ont été totalement ignorées, soit les conditions d’entretien étaient inadaptées, parfois sans interprète », détaillait alors à InfoMigrants Isabelle Lorre, coordinatrice du programme Migration frontière transalpine à Médecins du Monde.
    Ces contrôles constants, ainsi que la récente reprise des refoulements, n’empêchent pas les arrivées. Bien au contraire : ces dernières semaines, les associations constatent une hausse importante de celles-ci. Côté italien, quelque 1 687 passages ont été recensés par le refuge Fraternita Massi sur la commune italienne de Oulx au mois de mai, contre 369 en 2024. Soit une augmentation de 357 % sur un an. En 2023, le refuge avait enregistré 876 arrivées à la même période.
    Côté français, la préfecture des Hautes-Alpes contactée par Infomigrants affirme qu’au mois de mai, « 1 004 ESI [étrangers en situation irrégulière, ndlr] dont 425 majeurs et 579 MNA [Mineurs non- accompagnés, ndlr] ont été interpellés » à la frontière, contre 291 l’année dernière à la même période.Depuis le début de l’année, la préfecture décompte 1 437 majeurs et 1 197 « individus se déclarant mineurs non accompagnés » interpellés à la frontière, soit au total 2 634 interceptions.Ces arrivées saturent les rares places d’accueil disponibles. Au niveau du point de passage du col de Montgenèvre, ces places se concentrent pour la plupart aux Terrasses Solidaires de Briançon. « On a accueilli deux fois plus de personnes au premier trimestre 2025 qu’à la même période l’année dernière », y relève Émile Rabreau, chargé de communication à l’association Refuges Solidaires qui gère l’accueil des exilés.
    Pour rappel, sur toute l’année 2024 dans les Alpes-Maritimes, 15 000 personnes en situation irrégulière avaient été interpellées le long des 100 kilomètres de frontière avec l’Italie. Un chiffre en large baisse par rapport à l’année précédente, puisque 42 000 personnes avaient été interpellées en 2023, toujours selon la préfecture.
    Face à cette situation compliquée, des militants se sont rassemblés dimanche dans la ville frontalière de Vintimille (Italie), à l’appel d’Amnesty International, pour dénoncer les violations de droits dont sont victimes les exilés depuis la « fermeture des frontières » de 2015. Ce rassemblement s’est tenu au niveau du mémorial créé fin 2022 par des citoyens solidaires au niveau du pont Saint-Ludovic, face à la mer. Ce pont marque la frontière entre l’Italie et la France : Vintimille d’un côté, Menton de l’autre. Une première stèle y avait été déposée pour Ahmed Zia Safi, âgé de 16 ans, renversé sur l’autoroute non loin de là, le 7 novembre 2022.
    Quarante-huit personnes sont décédées entre 2016 et 2025, selon une base de données de citoyens solidaires et de chercheurs rendue publique par la Ligue des droits de l’Homme de Nice mi-février. Elles venaient d’Érythrée, du Soudan, de Libye, du Tchad, du Népal, du Bangladesh ou encore d’Afghanistan. Les plus jeunes avaient 16 ans.
    La région la plus mortifère est celle de ce passage Vintimille-Menton. Face aux contrôles quasi systématiques dans les trains entre ces deux villes, les exilés tentent des voies alternatives dangereuses. Par exemple, la marche le long de la voie ferrée, de l’autoroute ; ou, la montée dans des camions. Mais aussi le passage par la montagne : entre 7 et 10 heures de marche - si l’on ne se perd pas -, sur des chemins escarpés. Le surnom de cette voie-là dit toute sa dangerosité : « Le sentier de la mort ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#italie#alpesmaritimes#routemigratoire#migrationirreguliere#frontiere#sante

  • « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/15/fiere-d-etre-brune-a-los-angeles-le-sursaut-de-solidarite-de-la-jeunesse-lat

    « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Les jeunes latinos ont montré samedi 14 juin à Los Angeles qu’ils n’avaient pas peur de descendre dans la rue pour défendre leur communauté. Donald Trump est prévenu. « Tu t’attaques à la mauvaise génération », lançait une pancarte brandie par une étudiante d’ascendance mexicaine, dans le rassemblement organisé dans la deuxième ville du pays.
    Dans tout le pays, la « No Kings day » (« la journée sans roi »), a dépassé les attentes. Le groupe 50501, l’un des organisateurs, a estimé le nombre des manifestants à 11 millions dans plus de 2000 localités. A Los Angeles, quelque 20 000 personnes se sont pressées dans Downtown, le centre-ville, entre la mairie et le Centre de détention fédéral où sont conduits les sans papiers arrêtés depuis le 6 juin. Une autre Amérique existe. Au premier rang, celle des jeunes issus de l’immigration.
    Les jeunes sont venus en force. En groupe, avec banderoles et drapeaux, dans une atmosphère pleine d’énergie et de klaxons. L’un porte le jersey de l’équipe mexicaine de foot. Un autre sa planche de surf, barrée d’une inscription réclamant le départ de la police de l’immigration du paysage de Los Angeles, et celui de Trump, de Washington.La génération L.A est dans la rue, par solidarité. Au nom des parents, des grands-parents, et de tous ceux qui n’ont pas, comme elle, la chance d’être protégés par leur passeport américain. « Les jeunes manifestent pour défendre les droits de leurs parents, explique un étudiant d’origine péruvienne. Pour nous, c’est très personnel. »
    Angie Larroque, une patissière de 34 ans, est « fière d’avoir été élevée par des immigrants ». Elle rend hommage à leur parcours. « Pour que ce qu’ils ont enduré ne soit pas oublié. » Hector explique qu’il essaie de « donner une voix » à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Ceux que les raids de l’ICE, la police de l’immigration, ont contraint à se terrer chez eux, qui ne vont plus au travail et envoient les enfants faire les courses à leur place.
    Selon une étude de 2020 de l’Université de Californie du Sud, la ville compterait près de 900 000 immigrés sans papiers, dont beaucoup installés aux Etats-Unis depuis plus de dix ans. Près d’une personne sur cinq vit dans une famille dont un membre au moins est en situation irrégulière.
    Assis sur l’herbe, dans le Parc Gloria Molina, l’espace vert au pied de la mairie, nommé d’après la première latina conseillère municipale de la ville, trois filles et un garçon venus de la localité de Pomona, mettent la dernière touche de feutre à leurs pancartes. L’une s’inquiète de la détresse américaine. « Can we fix our nation’s broken heart ? » (« Pouvons-nous réparer le cœur brisé de notre nation ? »), titre d’une chanson de Stevie Wonder. « Il y a toujours eu des expulsions. Mais il faut que cela soit fait dans la dignité », plaide Derrick, 28 ans, en masters de sociologie.
    Nicole (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), 23 ans, explique pourquoi certains membres de sa famille sont toujours en situation irrégulière, après plus de vingt ans aux Etats-Unis. « Cela prend des années pour obtenir une régularisation. Il faut payer un avocat. » Ses parents ont investi d’abord dans leur maison et, elle leur en est « reconnaissante », dans son éducation. Régulièrement, les élus du Congrès promettent d’ouvrir « une voie vers la citoyenneté » aux plus de 11 millions de sans papiers mais la réforme n’a jamais été adoptée. On en est plus loin que jamais. « Les gens sont arrêtés alors qu’ils sont au palais de justice pour leur convocation », s’indigne Jessica, 23 ans.
    En s’en prenant aux migrants, Donald Trump s’attaque à une ville dont 36 % des habitants sont nés hors des Etats-Unis. Où « tous les pays du monde, tous sans exception » sont représentés, affirmait vendredi la maire, Karen Bass, en plaidant une nouvelle fois pour l’arrêt des raids indiscriminés menés par la police de l’immigration.
    Dans le comté de Los Angeles, plus de 2 millions d’habitants ont moins de 25 ans. Face à des discours qui les ostracisent, les jeunes latinos ne craignent pas de revendiquer leur identité. Ils sont Américains, la peur a changé de camp. Une fille affiche sur son T-shirt sa « fierté d’avoir la peau brune ». Une autre vante son « héritage mexicain ». Charlie Mejia, instructeur de boxe dans un club de fitness, porte haut son affiche en lettres majuscules : « Ça se prononce Los Angeles », une manière de rappeler où l’administration Trump est venue semer le chaos : dans une ville qui porte la mémoire mexicaine dans ses noms de rues, sa culture, et considère que les hommes n’ont jamais traversé une frontière. « C’est la frontière qui les a traversés », comme l’écrit le journaliste Enrique Acevedo, dans le Washington Post.
    Tous les drapeaux sont de sortie, à commencer par le mexicain, qui donne de l’urticaire aux républicains. Une bannière qui se veut le signe de la résistance à « l’effacement » souhaité par la droite et propagé par les généralisations venimeuses de Donald Trump – qui dès 2016 qualifiait les Mexicains de « violeurs ». « Non, à la stigmatisation de toute une population, s’indigne Mark Gonzalez, membre de l’assemblée de Californie. D’accord, nous sommes dans la construction, dans la restauration. Mais nous sommes aussi médecins, professeurs et élus politiques », disait-il au lendemain de l’humiliation infligée à Alex Padilla, le premier latino à représenter la Californie au Sénat, expulsé manu militari d’une conférence de presse tenue par Kristi Noem, la secrétaire à la sécurité intérieure.
    La surprise, c’est la présence en nombre de drapeaux américains. Il est vrai que ce 14 juin est dit « flag day », la célébration annuelle de la bannière étoilée et que les organisateurs en ont distribué à la foule. Il y a d’autres drapeaux, encore. Le Salvadorien, bleu et blanc, tout comme le Nicaraguayen. Un grand costaud porte même les bannières de Guam et de Samoa sur une perche. « On ne pouvait pas ne pas venir manifester », dit Jeremy le surfeur. C’est l’identité de Los Angeles qui est attaquée.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#californie#ICE#politiquemigratoire#expulsion#latino#sante

  • La police belge met au jour un gigantesque réseau de prostitution
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/16/la-police-belge-met-au-jour-un-gigantesque-reseau-de-prostitution_6613583_32

    La police belge met au jour un gigantesque réseau de prostitution
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)
    Au bout d’une enquête qui aura duré plus de huit années, la police belge a mis au jour un gigantesque réseau sino-belge de prostitution qui aurait exploité un millier de jeunes Chinoises. A Gand, la chambre du conseil a, le 10 juin, renvoyé vers un tribunal correctionnel 38 prévenus, qui seront jugés à l’automne, notamment pour trafic d’êtres humains, proxénétisme, blanchiment, faux et usage de faux, et appartenance à une organisation criminelle.
    La justice n’a, dans un premier temps, pas communiqué sur ce dossier, baptisé « Lotus », considéré comme « l’un des plus importants de l’histoire judiciaire du pays » par une source policière. Il est désormais détaillé et révèle les secrets et l’ampleur inédite de cette organisation. A partir d’une perquisition menée en juin 2017 à Anvers, les enquêteurs ont découvert une structure tentaculaire qui regroupait plusieurs « cellules » autonomes dirigées chacune par un chef et dotées de recruteurs, de chauffeurs, d’employés d’un centre d’appels devant organiser les rendez-vous, ainsi que de coursiers chargés de convoyer l’argent et de distribuer les préservatifs.
    Myria, le centre fédéral pour la migration, s’est constitué partie civile dans cette affaire, qui n’est pas la première touchant à des réseaux étrangers de prostitution mais, à coup sûr, la plus spectaculaire. L’organisation démantelée ferait d’ailleurs partie d’un ensemble plus vaste, géré depuis une ville espagnole – sans doute Barcelone, selon le quotidien néerlandophone De Standaard, qui a livré des détails sur l’affaire samedi 14 juin – et doté de ramifications en France, en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas et en République tchèque.
    La saisie des téléphones de deux prostituées lors de la perquisition d’Anvers, en 2017, avait indiqué qu’elles avaient été contraintes de travailler en Italie, en Pologne et en Slovaquie. Dans des appartements privés ou des locations Airbnb, ce qui permettait d’échapper aux contrôles de police.
    Les jeunes femmes chinoises étaient généralement recrutées par le biais de sites Web promettant à « des jolies filles qui veulent gagner de l’argent » de mener une vie de luxe en Europe ou d’y bénéficier gratuitement d’opérations de chirurgie esthétique. Une fois arrivées en Belgique, elles étaient contraintes de se prostituer durant deux années au moins et étaient fréquemment déplacées d’un endroit à un autre. Certaines se voyaient ensuite offrir la possibilité d’exercer des fonctions dans le groupe mafieux : opératrices dans l’un des centres d’appels établis dans le royaume, puis dirigeantes de ceux-ci. Un seul de ces centres d’appels établi à Bruxelles gérait 911 comptes sur des sites de rencontre, ont découvert les policiers.
    Même s’ils s’entouraient du plus grand secret, les organisateurs du réseau, dont des Belges, étaient forcés de communiquer entre eux, et c’est ce qui aura causé leur perte. Ils échangeaient sur la messagerie chinoise WeChat. La création de comptes sur des sites de rencontre afin d’attirer des clients a également laissé des traces qu’ont suivies les inspecteurs de la police judiciaire fédérale, aidés par Europol. Aucune des jeunes femmes identifiées n’a voulu, ou osé, porter plainte, y compris celles qui se voyaient offrir un statut de témoin protégé, mais elles ont livré quelques renseignements qui ont permis d’identifier des dirigeants et des membres actifs de la structure.
    Une première vague d’arrestations de 25 suspects a eu lieu en février 2023, à Bruxelles, dans trois autres villes belges et à Barcelone. L’un des principaux membres de l’organisation serait un Chinois de 80 ans, propriétaire d’un hôtel et d’appartements dans le centre de la capitale belge. Selon le parquet fédéral, lui et sa famille, présents en Belgique depuis cinquante ans, auraient gagné des centaines de milliers d’euros grâce à la location de chambres dans lesquelles des jeunes femmes étaient contraintes de se prostituer. Un homme de 51 ans a été identifié comme le dirigeant présumé du réseau mafieux en Espagne, un autre suspect, de nationalité chinoise et appréhendé en Norvège, a été extradé il y a quelques jours vers la Belgique.
    Les principaux prévenus risquent des peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison et cinq d’entre eux sont, en outre, suspectés de complicité de meurtre : une femme qu’ils auraient forcée à se prostituer avait été assassinée dans la banlieue d’Anvers en janvier 2023Un premier procès de proxénètes chinois présumés avait eu lieu en 2018 devant la cour d’appel de Bruxelles. Trois prévenus étaient poursuivis pour tentative d’exploitation sexuelle de jeunes filles mineures non identifiées, mais la cour avait jugé que les faits n’étaient pas établis. Depuis, la prostitution de jeunes Chinoises, notamment à Bruxelles, est régulièrement confirmée, ce qui semble indiquer que les proxénètes ont adapté leurs méthodes en recourant notamment au dark Web. Le travail du sexe a été totalement dépénalisé en Belgique en 2022, ce qui permet à des femmes d’échapper aux poursuites, mais l’activité de réseaux criminels exploitant des jeunes filles précarisées persiste, dénoncent plusieurs organisations.

    #Covid-19#migration#migrant#chine#belgique#traite#prostitution#sante#droit#trafic

  • Des enfants français devenus majeurs dans les camps syriens demandent leur rapatriement
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/16/des-enfants-francais-devenus-majeurs-dans-les-camps-syriens-demandent-leur-r

    Des enfants français devenus majeurs dans les camps syriens demandent leur rapatriement
    Le Monde avec AFP
    Une délégation française composée d’associations, d’un élu et d’avocats, de retour de camps en Syrie où sont détenues des familles françaises de djihadistes présumés de l’organisation Etat islamique (EI), a relayé la volonté d’une vingtaine d’enfants et de mères d’être rapatriés en France, lundi 16 juin.
    Depuis la défaite de l’EI en Syrie, il y a plus de cinq ans, les forces kurdes contrôlent plusieurs camps et prisons dans la région, où sont retenues des dizaines de milliers de personnes soupçonnées de liens avec l’organisation djihadiste. Parmi elles figurent environ 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises, selon la délégation, qui était composée notamment d’Amélie Morineau, présidente de la commission libertés et droits de l’homme du Conseil national des barreaux (CNB) et de l’eurodéputé (Les Ecologistes) Mounir Satouri.
    Le groupe s’est rendu dans le camp Roj ainsi que dans les centres Orkesh et Houri et dans la prison d’Alaya. Ils sont revenus « avec des demandes de consentement » à rentrer, qui ont été filmées, de cinq jeunes détenus ainsi que de quatre mères demandant le rapatriement de leurs enfants âgés de 6 à 16 ans et, pour trois d’entre elles, leur retour à elles aussi, a déclaré Marie Dosé, lors d’une conférence de presse. Les dernières demandes ont été refusées par les autorités françaises, selon elle.
    « Ça suffit, ce cauchemar », témoigne notamment dans une vidéo prise par la délégation et diffusée lundi Adem, 22 ans, dont le nom de famille n’a pas été donné, emmené de force en Syrie quand il avait 11 ans. Selon Matthieu Bagard, président du pôle expertise Syrie de l’ONG Avocats sans frontières France, leur séjour en Syrie est la preuve que les conditions sécuritaires actuelles « n’empêchent pas non plus les rapatriements effectués par un très grand nombre d’autres pays », dont l’Allemagne et la Russie. Et ce, y compris depuis que les nouvelles autorités islamistes ont renversé le président Bachar Al-Assad et pris le pouvoir en décembre. « Les soldats-enfants, en droit international, sont des victimes de guerre », a rappelé Marie Dosé, annonçant avoir déposé, en France, le 10 avril, auprès du doyen des juges d’instruction, une plainte pour détention arbitraire et traitement inhumain et dégradant.
    En février, l’administration kurde a annoncé, en coordination avec l’ONU, son intention de vider d’ici à la fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de djihadistes. La France, frappée par des attentats djihadistes fomentés par l’EI, notamment en 2015, a cessé les rapatriements à l’été 2023 après avoir mené quatre opérations en un an, malgré plusieurs condamnations internationales dont celle, en 2022, de la Cour européenne des droits de l’homme.

    #Covid-19#migrant#migration#france#syrie#mineur#rapatriement#droit#sante

  • Une centaine de migrants tentant d’atteindre le Royaume-Uni secourus dans la Manche en vingt-quatre heures
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/14/une-centaine-de-migrants-secourus-dans-la-manche-en-vingt-quatre-heures_6613

    Une centaine de migrants tentant d’atteindre le Royaume-Uni secourus dans la Manche en vingt-quatre heures
    Le Monde avec AFP
    Une centaine de migrants tentant de gagner le Royaume-Uni à bord d’embarcations clandestines ont été secourus dans la Manche en vingt-quatre heures, ont annoncé samedi 14 juin les autorités françaises. En tout, 99 candidats à l’exil ont été secourus dans plusieurs opérations distinctes entre jeudi soir et vendredi soir, explique la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Premar), dans un communiqué. La nuit de jeudi à vendredi a été marquée par de nombreux départs d’embarcations de migrants, souligne la Premar. Selon le décompte des autorités britanniques, 919 migrants ont traversé la Manche vendredi, sur quatorze embarcations.
    L’une des opérations de sauvetage menées vendredi portait sur une embarcation qui prenait l’eau au large de Dunkerque, détaille la Premar. Un patrouilleur de service public a récupéré à son bord 63 personnes. Les seize autres occupants du canot ont refusé dans un premier temps d’être secourus alors que l’embarcation continuait de se dégonfler. Ils ont finalement été récupérés par deux autres navires et ramenés sur les côtes françaises.
    En début de soirée vendredi, alors que le département du Pas-de-Calais était classé en vigilance orange aux orages et que les conditions météorologiques se sont dégradées, neuf occupants d’une embarcation ont été secourus. Dans la soirée de jeudi, « une embarcation flottante mais sans moteur » avait aussi été repérée à la dérive et les trois personnes qui se trouvaient à bord récupérées.
    Depuis le début de l’année, au moins quinze personnes sont mortes dans la Manche, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) à partir de chiffres officiels. En 2024 elles étaient 78, un record depuis l’apparition en 2018 des traversées de la Manche en « small boats », ces embarcations clandestines précaires souvent surchargées.

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  • La Libye, dernière escale avant l’Europe pour les migrants du Bangladesh
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/11/la-libye-derniere-escale-avant-l-europe-pour-les-migrants-du-bangladesh_6612

    La Libye, dernière escale avant l’Europe pour les migrants du Bangladesh
    Par Mustapha Kessous
    Bangladesh-Libye-Italie. Ce trajet, long de près de 8 000 km, est aujourd’hui l’itinéraire le plus emprunté par les migrants bangladais souhaitant rallier l’Europe. Du 1er janvier au 9 juin, sur les 57 222 exilés arrivés sur le Vieux Continent – principalement par voie maritime (bassin méditerranéen et océan Atlantique) –, 5 840 personnes sont originaires de ce pays d’Asie du Sud, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), faisant d’elles le premier contingent de migrants clandestins à entrer en Europe.
    Ces ressortissants bangladais débarquent sur les côtes italiennes, à Lampedusa ou à Naples, après avoir transité par la Libye. Au premier semestre 2025, ils représentent 37 % des 22 734 migrants partis de ce pays d’Afrique du Nord, loin devant les Erythréens (1 748) et les Pakistanais (1 705). Comme en 2024 : sur les 66 617 arrivées en Italie, 14 284 personnes, soit environ 21 %, venaient de ce pays lointain.« Il ne s’agit pas d’un flux [migratoire] nouveau, mais il prend de l’importance d’année en année », précise Flavio Di Giacomo, un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les Bangladais représentaient 14,5 % des arrivées en Italie en 2022, autour de 12 % en 2020 et en 2021, seulement 3,3 % en 2015.
    La raison de ce périple compliqué est simple : si les conditions de vie imposées aux migrants en Libye sont souvent inhumaines, « il est très facile de se rendre là-bas. Un visa touriste ou un permis de travail suffit », relate Shahanur Islam, président de The Justice Makers Bangladesh in France, une association basée en banlieue parisienne qui documente les violations des droits de migrants bangladais et les accompagne dans leurs démarches juridiques et administratives.
    « Dans les faits, la Libye est facilement accessible. Ce ne sont pas des visas mais des papiers ou des passeurs qu’on achète. Rien ne semble dissuader d’aller en Libye », ajoute Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). « Les gens partent aussi à cause de la misère et de la récente crise politique », explique par ailleurs Shahanur Islam.
    En août 2024, le régime de la première ministre Sheikh Hasina – critiquée pour sa dérive autocratique – a été renversé, après quinze ans passés au pouvoir, par un mouvement d’étudiants, confrontés au chômage de masse. Dix-huit millions de Bangladais âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi. « Partir est donc une solution et tout un système existe pour quitter le pays », souligne le juriste.
    Les autorités du Bangladesh encouragent depuis des années la migration de sa main-d’œuvre pour soutenir la croissance de ce pays de 171 millions d’habitants. Selon l’OIM, chaque année, quelque 500 000 personnes partent travailler à l’étranger, notamment dans le golfe Persique. Plus de 11 millions de Bangladais résident hors de leurs frontières et les fonds envoyés par cette diaspora sont conséquents pour l’économie nationale. En 2023, les transferts d’argent s’élevaient à près de 22 milliards de dollars (19 milliards d’euros), soit 5 % du PIB national, selon la Banque mondiale.
    Ce « système » s’appuie sur un réseau d’agences de recrutement, dont plus de 1 700 opèrent au Bangladesh, certaines de manière officieuse. « C’est alors que tout commence », indique Shahanur Islam. Des intermédiaires, appelés dalals – courtiers en bengali –, recrutent des candidats au départ pour ces agences. « Ils promettent un bon travail dans le bâtiment ou dans le nettoyage et de s’occuper des démarches administratives », précise-t-il. « Un réseau de passeurs sophistiqué les aide à obtenir des visas et des billets d’avion », ajoute Chris Borowski, porte-parole de l’agence européenne des frontières, Frontex.
    Il en coûtera entre 3 000 et 4 500 euros aux candidats au voyage pour se rendre en Libye, qui pour financer leur départ « doivent vendre leurs biens ou contracter des prêts qui deviennent excessifs, les menant à une situation de servitude pour dettes [une forme de travail forcé assimilée à de l’esclavage] », notait Felipe Gonzalez Morales, alors rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains des migrants, après sa visite effectuée au Bangladesh en janvier 2023.
    C’est donc par avion, souvent avec une escale en Turquie ou aux Emirats arabes unis, que ceux-ci rejoignent la Libye, où les réseaux de passeurs prospèrent notamment du fait de la rivalité entre deux autorités concurrentes. L’une basée à Tripoli, reconnue par l’ONU, et l’autre à Benghazi, dans l’est du pays, sous l’égide du maréchal Khalifa Haftar. Dans un rapport publié le 3 juin, Frontex s’inquiète ainsi que « la Libye orientale demeure un carrefour essentiel pour les migrants » et que « l’aéroport Benina de Benghazi y joue un rôle crucial ».
    Selon Adala for All, une ONG basée en France, qui promeut l’accès à la justice et les droits humains en Afrique du Nord, Berniq Airways, compagnie liée au clan Haftar, faciliterait l’entrée des migrants bangladais en Libye grâce à une liaison aérienne Dubaï- Benghazi, ouverte depuis avril 2024. « A leur arrivée, ces migrants se voient accorder des visas d’entrée », précise l’organisation.
    Mais une fois sur place, nombre d’entre eux ne trouvent pas le travail qu’ils attendaient. Certains migrants sont enlevés, torturés puis rançonnés par des policiers, des militaires ou des groupes armés, et contraints d’appeler leurs proches pour leur demander de l’argent en échange de leur libération, comme a pu le rapporter l’ONG Human Rights Watch (HRW). Une fois relâchés, il faut trouver un travail, de l’argent pour payer la traversée de la Méditerranée qui peut coûter jusqu’à 4 000 euros. Selon l’OIM, en 2024, un peu plus de 21 000 Bangladais, âgés de 20 à 39 ans, sur les quelque 800 000 migrants, vivaient en Libye.
    « Il y a une particularité complexe avec les migrants bangladais : tous ne veulent pas venir en Europe, soutient Flavio Di Giacomo. Beaucoup auraient préféré rester travailler en Libye, mais la façon dont ils sont traités les pousse à traverser la Méditerranée. » Ce constat rejoint celui de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) qui, après une mission au Bangladesh en 2023, notait : « La frontière entre migration légale et illégale est floue et, du fait de la prévalence de la corruption et de la vulnérabilité des candidats au départ, un parcours migratoire à l’origine légal peut facilement basculer dans l’illégal, voire dans l’exploitation. »
    A leur arrivée en Italie, les Bangladais cherchent à s’y établir ou se dirigent en France pour obtenir l’asile, constituant ainsi la deuxième nationalité la plus représentée parmi les demandeurs. En 2023, sur les 8 568 dossiers présentés à l’Ofpra, 520 ont obtenu le statut de réfugié. « Malgré les dangers, ils continueront à partir », répète le juriste Shahanur Islam. Par la Libye ou ailleurs. « On commence à voir des Bangladais traverser l’Atlantique, rien de massif, quelques centaines, relate Chris Borowski, de Frontex. Les réseaux sont capables d’organiser des voyages jusqu’aux Canaries. »

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  • Quarante-huit heures pour quitter la France : une Franco-Algérienne sous le coup d’une OQTF incompréhensible
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/11/quarante-huit-heures-pour-quitter-la-france-une-franco-algerienne-sous-le-co

    Quarante-huit heures pour quitter la France : une Franco-Algérienne sous le coup d’une OQTF incompréhensible
    Par Simon Roger
    Dans la file d’attente du poste de douane de l’aéroport Roissy - Charles-de-Gaulle, le 2 juin vers 9 heures, Soraya (le prénom a été modifié à sa demande) pensait déjà aux retrouvailles avec ses parents, quelques heures plus tard à Alger, la ville où elle a grandi et où elle retourne fréquemment. Mais c’est à un tout autre scénario que cette femme de 58 ans, qui possède la double nationalité algérienne et française, a été confrontée, jusqu’à la notification, le 2 juin au soir, d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) assortie d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) d’un an.
    Elle n’a pas bénéficié du délai de départ volontaire, généralement fixé à trente jours, et est sommée de quitter la France sous quarante-huit heures. Pour étayer cette mesure d’OQTF, la Préfecture de police de Paris indique dans le courrier remis à Soraya – dont Le Monde a pris connaissance – qu’elle ne « justifie pas d’une résidence effective et permanente dans un local affecté à son habitation principale ». L’intéressée vit pourtant en France depuis 1993, elle y a obtenu son certificat de nationalité française quatre ans plus tard, y a fondé une famille et jouit d’une situation professionnelle stable.
    Contactée par Le Monde, la Préfecture de police n’a pas donné suite à nos questions. « Elle se contente de cocher des cases, de reproduire des phrases stéréotypées, alors que ses services ont à leur disposition les informations nécessaires pour vérifier les éléments qui semblent poser problème », déplore Samy Djemaoun, l’avocat de Soraya. Cette dernière aurait également, d’après la préfecture, « contrefait, falsifié ou établi sous un autre nom que le sien un titre de séjour ou un document d’identité et de voyage ».
    « Ces mots sont forts, mais surtout ils ne correspondent pas à la réalité des faits », réagit Me Djemaoun. La « contrefaçon » dénoncée renvoie à une erreur d’état civil et non à un acte intentionnel : « Je suis française par ma mère, qui elle-même avait obtenu la nationalité par son père, car elle était mineure au moment où il avait engagé la démarche. L’administration s’est rendu compte, bien plus tard, que ma mère était majeure, à un mois près, quand la nationalité française lui a été accordée, détaille Soraya. Par conséquent, ma mère aurait dû engager elle-même la demande pour que je puisse bénéficier, à mon tour, de la naturalisation. »
    Une procédure est diligentée contre Soraya et aboutit en 2001 à une décision de justice constatant l’extranéité. La mère de famille la conteste par voie d’avocat. Dès lors, elle n’aura plus aucune nouvelle de ce dossier. Elle poursuit sa vie normalement, jusqu’à cette journée du 2 juin où elle est retenue tout l’après-midi dans une cellule de la direction de la police aux frontières (PAF) de Roissy, avant que son mari ne soit autorisé à venir la chercher à 19 heures.
    « Dans ces locaux, on m’appelle par mon nom de jeune fille, on me demande de retirer mes bagues, mon soutien-gorge et mes chaussures, et je rejoins la cellule n° 3 dans l’attente de mon audition par un officier de police judiciaire », témoigne Soraya, qui vit depuis dans l’angoisse d’un contrôle d’identité, alors que sa carte d’identité et ses passeports français et algérien lui ont été confisqués.
    Dans la matinée du 2 juin, elle a déjà dû faire face aux questions et remarques d’une fonctionnaire qui lui répète qu’elle est en situation irrégulière, qu’elle risque d’être placée en centre de rétention administrative et que la seule option qui lui reste est de prendre l’avion pour Alger car elle dispose d’un billet d’avion et d’un passeport algérien en règle. « Mais ma vie est ici, se justifie Soraya. J’y ai un mari, deux grands garçons et une fille qui est encore petite. »En près de vingt-cinq ans d’existence de ce côté-ci de la Méditerrannée, elle a obtenu à trois reprises le renouvellement de son passeport, et a vu aussi sa carte d’identité renouvelée. Elle a toujours circulé sans entrave hors de France. Et a donc été considérée comme une citoyenne française de bonne foi… jusqu’au 2 juin.
    L’avocat de Soraya va déposer un recours devant le tribunal administratif compétent afin de contester l’OQTF et l’IRTF qui lui ont été notifiées. L’exécution de l’OQTF sera dans ce cas-là suspendue jusqu’à ce que le juge statue sur le recours. Il a six mois pour le faire. Pour Me Djemaoun, sa cliente ne peut être éloignée puisqu’elle est éligible à un titre de séjour : elle démontre une présence continue sur le sol français depuis dix ans, est parent d’enfant français et son conjoint est un Français. « Ce que fait Bruno Retailleau, cette façon de lâcher la bride aux forces de police, peut expliquer certaines décisions et certains comportements », avance le mari de Soraya. « Le contexte est particulier en ce moment, reconnaît cette dernière. Mais j’ai connu un autre contexte, particulier lui aussi, lorsque nous sommes arrivés en France en 1993. L’Algérie basculait dans une guerre civile terrible. La France, à l’époque, nous a offert la possibilité de construire notre vie. »

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  • Irlande du Nord : nouvelle nuit de violences anti-immigrés, des actes « racistes », selon la police
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/12/en-irlande-du-nord-neuf-policiers-blesses-et-six-arrestations-apres-des-viol

    Irlande du Nord : nouvelle nuit de violences anti-immigrés, des actes « racistes », selon la police
    Le Monde avec AFP
    Neuf policiers ont été blessés et six personnes ont été arrêtées, dont trois adolescents, à l’issue d’une troisième nuit de violences anti-immigration en Irlande du Nord, a annoncé, jeudi 12 juin, la police.
    Les heurts se sont principalement produits dans la ville de Ballymena, où des individus s’en sont pris à nouveau aux forces de l’ordre, en jetant vers elles cocktails Molotov, feux d’artifice et autres projectiles, ainsi qu’une hachette, selon la police, qui a de nouveau eu recours à un canon à eau pour disperser la foule.Un centre de loisirs, où des familles déplacées par les émeutes à Ballymena avaient été logées temporairement, a été incendié à Larne, à une trentaine de kilomètres de là, sans qu’aucun blessé soit à déplorer.
    Ballymena est l’épicentre de ces émeutes, provoquées par l’inculpation de deux adolescents pour la tentative de viol d’une jeune fille dans cette ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Belfast.
    La police, qui a qualifié ces violences de « racistes », n’a pas communiqué sur l’origine des deux jeunes. Selon les médias britanniques, ils se sont exprimés par l’intermédiaire d’un interprète roumain lors de leur comparution lundi au tribunal. Les violences, au cours desquelles des habitations ont été incendiées, se sont produites dans un quartier où vit une importante population immigrée. Des incidents ont aussi eu lieu mercredi soir à Carrickfergus et Newtownabbey, non loin de Belfast, ainsi qu’à Coleraine, dans le nord de la province britannique, où le trafic des trains et des bus a dû être interrompu. Des rassemblements ont eu lieu à Belfast, mais se sont déroulés « majoritairement dans le calme », selon la police.
    Six personnes ont été arrêtées pendant la nuit – deux hommes d’une vingtaine d’années, un trentenaire, et trois adolescents – et « d’autres arrestations suivront », a déclaré la police, se disant déterminée à « identifier tous les responsables de ces désordres criminels ». Six personnes avaient déjà été arrêtées lors des nuits précédentes. Neuf policiers ont été légèrement blessés, ont ajouté les forces de l’ordre. Trente-deux autres avaient été blessés précédemment. Ryan Henderson, responsable de la police d’Irlande du Nord, a de nouveau condamné un « comportement criminel complètement inacceptable ». « Ce que nous avons vu hier soir a provoqué de la peur et d’énormes perturbations pour les populations, notamment dans notre réseau de transport », a-t-il souligné.

    #Covid-19#migrant#migration#irlandedunord#immigration#violence#sante

  • « Si on n’était pas là, les exilés seraient dans les rues » : à la frontière franco-italienne, les refuges débordés par un nouvel afflux de migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65068/si-on-netait-pas-la-les-exiles-seraient-dans-les-rues--a-la-frontiere-

    « Si on n’était pas là, les exilés seraient dans les rues » : à la frontière franco-italienne, les refuges débordés par un nouvel afflux de migrants
    Par Louis Chahuneau Publié le : 12/06/2025
    À Oulx, en Italie, comme à Briançon, côté français, les refuges qui accueillent les migrants de part et d’autre des Alpes ont enregistré une forte hausse des arrivées au mois de mai, principalement des Érythréens et Éthiopiens. La préfecture des Hautes-Alpes confirme elle aussi cette augmentation. Les associations qui gèrent les lieux d’accueil dans la région redoutent une saturation cet été.
    L’été s’annonce chargé du côté de la frontière franco-italienne des Hautes-Alpes. D’Oulx, ville frontalière italienne, à Briançon, côté français, les refuges pour migrants ont observé une forte hausse du nombre de passages au mois de mai, là où les pics sont traditionnellement attendus plus tard dans l’été. Quelque 1 687 passages ont été recensés par le refuge Fraternita Massi d’Oulx au mois de mai, contre 369 en 2024 soit une augmentation de 357 % sur un an. En 2023, le refuge avait enregistré 876 arrivées à la même période.
    "Le nombre de passages a augmenté à partir d’avril jusqu’à devenir énorme au mois de mai, lors duquel on a accueilli jusqu’à 130 nouveaux migrants en une journée, contre une trentaine d’habitude. Depuis une semaine, on observe une décrue, mais on sait bien que ces fluctuations dépendent des débarquements à Lampedusa, explique Silvia Massara, bénévole au refuge Fraternita Massi, contactée par la rédaction. Fin avril, l’agence de gardes-côtes européenne Frontex avait en effet enregistré une forte hausse des débarquements sur l’île italienne due à de bonnes conditions météorologiques pour traverser la Méditerranée centrale.
    1 000 interpellations au mois de mai 2025, contre 291 en mai 2024
    Contactée par InfoMigrants, la préfecture des Hautes-Alpes confirme elle aussi une hausse importante des passages de la frontière franco-italienne sur le mois de mai : « 1004 ESI [étrangers en situation irrégulière, ndlr] dont 425 majeurs et 579 MNA ont été interpellés » à la frontière, contre 291, l’année dernière à la même période.
    De manière plus large, les autorités affirment que depuis le début de l’année, 1437 majeurs et 1197 « individus se déclarant mineurs non accompagnés (MNA) » ont été interpellés à la frontière soit, au total, 2 634 interceptions. À Briançon, première ville française après le franchissement de la montagne, les Terrasses solidaires se disent elles aussi débordées depuis plusieurs semaines : « On a accueilli deux fois plus de personnes au premier trimestre 2025 qu’à la même période l’année dernière », détaille Émile Rabreau, chargé de communication à l’association Refuges Solidaires qui gère l’accueil des exilés. Parmi les nouveaux arrivants du mois de mai, 82 % sont des Érythréens et des Éthiopiens, et 33 % sont des mineurs non accompagnés, selon les statistiques du refuge d’Oulx consultées par InfoMigrants. « On accueille beaucoup de femmes et d’enfants par rapport aux mois précédents, et beaucoup de mineurs non accompagnés, parfois jusqu’à 30 par jour », constate Silvia Massara.
    Pour faire face à cet afflux, le refuge, qui peut accueillir jusqu’à 80 migrants pour quelques nuits, a dû disposer des matelas à même le sol, tandis que les Terrasses solidaires ont installé des tentes humanitaires sur leur toit. Mais ce n’est pas le seul problème : « Comme ils arrivent en tongs, notre principale préoccupation est de leur trouver des chaussures », ajoute la bénévole.
    Le plus fréquemment, ces migrants arrivent de Libye jusqu’à l’île de Lampedusa avant de remonter l’Italie jusqu’aux Alpes. Une fois arrivés à Oulx, ils tentent de traverser les montagnes à pied, en passant par le col de Montgenèvre, situé à 1 850 mètres de hauteur, ou plus rarement celui de l’Échelle. « Ce sont des profils particulièrement marqués psychologiquement, quand ce ne sont pas des personnes blessées physiquement, qui plus est après une traversée en haute montagne », explique Émile Rabreau de Refuges Solidaires.
    Face à la militarisation de la frontière et à la multiplication des forces de l’ordre constatées ces dernières années, les exilés prennent de plus en plus de risque : « Les migrants réussissent à passer d’une manière ou d’une autre, mais la crainte des jeunes de croiser les militaires les amènent à traverser la montagne par des endroits périlleux. On a des jeunes qui ont mis jusqu’à 12 heures pour atteindre Briançon », rapporte Silvia Massara. Ces dernières années, plusieurs migrants ont d’ailleurs trouvé la mort en tentant de passer la chaîne montagneuse, comme la Nigériane Blessing Matthew en 2018, dont les circonstances du décès demeurent floues.
    L’hiver, les températures glaciales, le brouillard et le sol glacé rendent la traversée très dangereuse, mais des accidents peuvent aussi intervenir en plein été. En août 2023, un corps de migrant avec des écorchures au niveau des genoux avait été découvert sur la route militaire des Gondrans, entre Briançon et Montgenèvre.
    C’est justement pour éviter ce genre d’incidents que les associations d’aide aux migrants tentent de faire de la prévention des risques, au lieu d’encourager le passage de la frontière. « L’enjeu pour nous est de savoir qu’on peut les accueillir dignement, leur fournir une alimentation saine, un accès aux soins, et une mise à l’abri, même si c’est normalement le devoir de l’État », explique Émile Rabreau.
    Mais à Briançon comme à Oulx, les refuges sont confrontés depuis quelques mois à des pertes de financements qui compliquent encore plus la situation. « On a traversé l’année 2024 en grande difficulté, et ça s’est aggravé depuis. Les frais continuent, et les aides n’arrivent pas. Depuis que la mairie d’Oulx est passée à droite, elle met un point d’honneur à fermer notre refuge », souligne Silivia Massara. Le refuge soutenu par le curé de Bussolin, Don Luigi Chiampo, survit grâce aux financements de la ville de Bardonnèche, de la région et des dons privés.
    À Briançon, la donne n’est pas tellement différente. « Depuis deux mois, l’association est victime d’une grave crise de financement. Les fondations dont on dépend ont subi des coupes budgétaires. On se demande comment on va continuer à travailler dans de bonnes conditions », s’inquiète Émile Rabreau. Refuges Solidaires a divisé par deux le nombre de ses salariés et compte sur la solidarité des bénévoles (plus de 600 en 2024) et la générosité de la population pour palier le manque d’argent. Et Émile Rabreau de conculre : « Si on n’était pas là, les exilés seraient dans les rues ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#alpes#briancon#routemigratoire#humanitaire#frontiere#sante

  • Tunisie : des « dizaines de corps » de migrants retrouvés sur des plages de Mahdia et Sfax - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65079/tunisie--des-dizaines-de-corps-de-migrants-retrouves-sur-des-plages-de

    Tunisie : des « dizaines de corps » de migrants retrouvés sur des plages de Mahdia et Sfax
    Par La rédaction Publié le : 11/06/2025
    Selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants en Tunisie, des « dizaines de corps » ont été retrouvés depuis dimanche sur des plages de Mahdia et Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. L’organisation regrette que les autorités n’aient pas communiqué sur ce sujet et demande plus de « transparence ».
    Nouvelles découvertes macabres sur les côtes tunisiennes. Depuis dimanche 8 juin, « des dizaines de corps » ont été retrouvés sur des plages de Mahdia et Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, a indiqué mardi 10 juin dans un communiqué le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux exilés dans le pays. Ces cadavres sont « probablement ceux de migrants en situation irrégulière » morts lors de naufrages au large de la Tunisie, ajoute l’organisation.
    Le FTDES regrette que les « autorités publient rarement des données détaillées sur les noyades survenues le long des côtes tunisiennes depuis juin 2024 », allant jusqu’à parler de « morts dissimulés ». Ainsi, l’association « exige davantage de transparence dans le dossier migratoire ». La Tunisie, dont le littoral se trouve à certains endroits à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa, est devenue ces dernières années l’un des principaux points de départ en Afrique du Nord des exilés cherchant à gagner l’Europe.
    Mais la route maritime vers les côtes européennes est quasiment bloquée, Tunis ayant conclu à l’été 2023, sous l’impulsion de l’Italie toute proche, un partenariat avec l’Union européenne (UE) contre l’immigration irrégulière. Depuis cette date, C’est la double peine pour les exilés présents en Tunisie : ils sont non seulement régulièrement violemment interceptés en mer quelques minutes après leur départ mais aussi victimes d’une véritable « chasse à l’homme ». Ils sont arrêtés dans les rues, les commerces, en mer, dans leur maison ou sur leur lieu de travail et expulsés dans le désert, vers les zones frontalières de la Libye et de l’Algérie.
    Après leur interpellation, les exilés risquent aussi de finir en centre de détention pour « séjour irrégulier » aux côtés de prisonniers de droit commun.Les lieux de vie sont également ciblés par les autorités. Les campements de migrants disséminés dans les champs d’oliviers à El-Amra, en périphérie de Sfax, sont régulièrement détruits par les policiers, laissant les exilés dans le plus grand dénuement.
    Une politique dénoncée depuis des années par les associations et les instances internationales. « Les scènes de mort sur les côtes, les expulsions vers la frontière, les incendies et la destruction des camps, ainsi que les témoignages de personnes en déplacement et de réfugiés, contredisent le discours officiel sur les leçons humanitaires à tirer de la gestion des migrants », signale le FTDES.
    Dans ce contexte, le président tunisien a demandé, en mars, à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des migrants irréguliers vers leurs pays. En 2024, un nombre record d’exilés étaient retournés chez eux via l’OIM : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023, ce qui représentait déjà une hausse de 45 % par rapport à 2022."Il faut que les organisations responsables fassent leur travail dans les plus brefs délais et que les pays de l’UE contribuent au financement du retour des personnes dans leurs pays. Cela nécessite plus que les 20 millions d’euros répartis entre trois pays maghrébins", a aussi exhorté fin avril le député de Sfax Tarak Mahdi, joint par InfoMigrants.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#migrationirreguliere#mortalite#sante#routemigratoire

  • Manifestation à New York contre la politique migratoire de Trump
    https://www.dakaractu.com/Manifestation-a-New-York-contre-la-politique-migratoire-de-Trump_a262249.

    Manifestation à New York contre la politique migratoire de Trump
    « Pas de haine, pas de peur, les immigrants sont les bienvenus ». Quelques milliers de personnes ont marché mardi en début de soirée dans les rues de New York pour protester contre la politique migratoire de Donald Trump, selon une équipe de l’AFP sur place.
    Les manifestants, incluant de nombreux jeunes, se sont réunis au Foley Square, une place près de tribunaux d’où des migrants ont été arrêtés vendredi dernier par les forces de l’ordre, pour marcher dans le sud de Manhattan. « ICE, hors de New York », pouvait-on lire sur de nombreuses affiches en référence à la police fédérale de l’immigration qui multiplie les arrestations de migrants ou demandeurs d’asile ces dernières semaines aux Etats-Unis, prélude par ailleurs à des heurts musclés à Los Angeles.
    « Je suis ici pour défendre ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix ici », a expliqué à l’AFP une femme dans la vingtaine née aux Etats-Unis d’une mère mexicaine sans statut officiel. « Franchement, ce pays ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans les immigrés. Je suis ici pour eux », a-t-elle ajouté en requérant l’anonymat.
    « La peur est là au quotidien, dès le premier jour où ils sont venus ici et ont traversé la frontière. Chaque jour, quand ils vont travailler, ils ont peur d’être arrêtés et que la moindre petite chose puisse entraîner leur expulsion », a-t-elle poursuivi.
    Plusieurs manifestants avaient le visage couvert afin de ne pas être identifiés et subir de possibles représailles, tandis que d’autres affichaient des drapeaux palestiniens. « Je suis ici pour défendre l’immigration, m’opposer au ICE et soutenir la Palestine libre. Toutes ces luttes sont liées entre elles », a dit à ce propos Cara, 23 ans.
    « J’ai peur pour les miens. Je ne veux pas vivre dans une société où j’ai peur pour la santé de ma famille ou d’autres familles », a raconté Jacqueline, une Américaine de 23 ans d’origine mexicaine.
    La situation dans la première ville américaine est jusqu’à présent plus calme qu’à Los Angeles où ont lieu depuis vendredi des affrontements entre forces de l’ordre et des manifestants opposés aux expulsions musclées de sans-papiers.
    Le président américain Donald Trump a déployé à Los Angeles des milliers de soldats, dont 700 Marines, des militaires d’active, contre l’avis des autorités californiennes qui estiment que la situation est sous contrôle. « New York sera toujours un lieu de manifestation pacifique, mais nous n’allons pas tolérer la violence et l’anarchie », a déclaré mardi le maire de la ville, Eric Adams qui a dit compter non pas sur l’armée mais la police locale, le NYPD, qui est « parée à toute éventualité ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#newyork#expulsion#droit#sante#ICE

  • A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/11/a-los-angeles-la-peur-des-rafles-je-pensais-qu-ils-cherchaient-les-criminels

    A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Elle est prostrée, sur un banc de Grand Park, à l’écart de la manifestation. Noemi Ciau est sans nouvelles de son mari depuis déjà plus de vingt-quatre heures. Jesus Cruz a été arrêté, dimanche 8 juin, à la station de lavage auto de Westchester, près de l’aéroport de Los Angeles, où il travaillait depuis dix ans. Elle n’a pas encore prévenu le dernier de leurs quatre enfants. Sur la pancarte que quelqu’un a donnée à la mère de famille, il est écrit que la police de l’immigration (ICE) n’est pas la bienvenue à Los Angeles, ville de près de 4 millions d’habitants, dont une moitié de Latino-Américains, et que « nul être humain n’est illégal ». Elle porte le panneau, à l’envers, mécaniquement, tête baissée. « Je voudrais juste savoir où ils l’ont emmené », murmure-t-elle.
    Jesus Cruz, 51 ans, vivait à Los Angeles depuis trente ans. Il était environ 15 heures, dimanche, quand un véhicule banalisé a déposé les agents de l’immigration à la station de lavage. Sept employés ont été emmenés. Noemi Ciau n’ignorait pas que le gouvernement de Donald Trump avait décidé de s’en prendre aux sans-papiers. Elle n’avait jamais vraiment eu de craintes pour son mari, malgré son absence de papiers en règle. Elle pensait que la police « cherchait les criminels ». Ce même dimanche, Arturo Vasquez, 48 ans, faisait laver sa voiture dans un autre car wash, à Culver City. Il n’y travaillait pas, il n’était qu’un client. Il a été arrêté devant ses enfants. Avant d’être menotté, il a demandé à l’un de ses fils, Brian, 16 ans, de lui promettre de s’occuper de son frère et de leur mère. Deux jours plus tard, la famille ne savait toujours pas où il était détenu.
    Au cinquième jour des raids de la police de l’immigration dans l’agglomération de Los Angeles, le scénario est devenu familier. Des habitants, établis de longue date dans une ville qui se fait une fierté de sa diversité, sont brusquement séparés de leur famille, victimes d’un système qui a toléré leur présence pendant des décennies sans parvenir à une régularisation de leur situation, faute de consensus des responsables politiques.
    Sans prévenir, l’ICE débarque à l’endroit ciblé, parfois dans des véhiculés banalisés, pour éviter que sa présence soit immédiatement relayée sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours, elle s’est attaquée aux stations de lavage de voitures, confirme Flor Rodriguez, du Clean Car Wash Worker Center, une association qui lutte contre l’exploitation des quelque 10 000 carwasheros de Los Angeles.
    La police de l’immigration est aussi intervenue dans une bibliothèque à Whittier, dans le sud-est de la ville, et dans des entreprises. La chaîne de magasins de bricolage Home Depot est l’une de ses cibles. Les journaliers ont l’habitude de s’y regrouper pour trouver du travail. Selon The Wall Street Journal, c’est Stephen Miller, architecte de la politique d’expulsion de Donald Trump, qui leur a conseillé de viser cet établissement populaire parmi les ouvriers de la construction.
    La Coalition for Humane Immigrant Rights a recensé des opérations dans une maison de retraite, une boutique de donuts ou la fabrique de vêtements Ambiance. A l’école élémentaire Gratts Learning Academy, dans le quartier de Westlake du centre de Los Angeles, la rumeur a couru d’une rafle imminente, des véhicules de police ayant été aperçus sur un parking voisin. Les parents se sont dispersés, les enfants sont restés désemparés. La population est terrifiée, s’est désolée Karen Bass, la maire démocrate de Los Angeles : « Les gens ne savent pas s’ils doivent aller travailler, aller à l’école. » Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a dénoncé, lui aussi, la cruauté des rafles. « Ils ont arrêté des cuisiniers, des couturières, des laveurs de vaisselle. Ils traumatisent nos communautés, s’est-il indigné. Cela semble être [leur] but. »
    La maire de Los Angeles, Karen Bass, lors d’un rassemblement organisé contre les raids de la police de l’immigration à Grand Park, Los Angeles, le 10 juin 2025.
    La police a annoncé que 45 personnes avaient été arrêtées dans la journée de dimanche. Lundi, cinq raids ont eu lieu. Les ONG de défense des migrants estiment à une centaine le nombre d’interpellations depuis le 6 juin. Un bilan plutôt maigre, compte tenu des moyens déployés. Lundi, le Pentagone a chiffré à 134 millions de dollars (117 millions d’euros) le coût du déploiement des 700 marines dépêchés de la base de Twentynine Palms, dans le désert californien.
    La Californie a été le premier Etat à se déclarer en totalité « sanctuaire » pour les migrants, un terme correspondant à une politique de protection codifiée par la loi sur les valeurs californiennes de 2017. Elle limite la coopération entre forces locales et agences fédérales pour les expulsions, sauf pour crimes graves. Les migrants en situation irrégulière se sont habitués à une réelle impunité concernant leur situation administrative. Ils paient des impôts, leurs enfants sont, pour la plupart, américains.
    Les descentes de police ont créé un choc encore plus important qu’ailleurs, comme en témoigne l’ampleur de la mobilisation pour faire reculer la police. Lundi, la municipalité de Glendale, au nord de Los Angeles, a préféré résilier un contrat qui la liait depuis dix-huit ans avec l’ICE pour héberger des migrants en attente d’expulsion. Les responsables scolaires ont, eux, annoncé qu’ils allaient protéger les écoles à l’approche des cérémonies de fin d’année.
    Grâce aux réseaux sociaux, les images circulent ; choquantes, comme celle d’une future mère bousculée par un policier ; déchirantes, comme celles montrant des mères de famille refusant de toutes leurs forces de monter dans les véhicules policiers. A chaque fois, le contraste est saisissant entre les migrants, désarmés, en tee-shirt, robe, sandales, et les agents de l’ICE en tenue de combat. La mission a changé, a dénoncé Karen Bass. « Au début, il était question de criminels violents, de trafiquants de drogue. Je ne sais pas comment ça peut coller avec ces images que l’on voit maintenant de gens courant sur les parkings de Home Depot. »
    Au début de sa campagne d’expulsion, la Maison Blanche estimait avoir marqué des points dans l’opinion en montrant des « criminels » menottés par-delà leurs tatouages, accusés d’être membres de gangs vénézuéliens. Aujourd’hui, elle risque d’en perdre avec ses rafles organisées devant les établissements scolaires et les magasins de bricolage.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#ICE#expulsion#californie#etatsanctuaire#doit#sante

  • Au procès d’un maraîcher jugé pour avoir fait travailler des sans-papiers dans des conditions indignes : « Qui c’est qui va ramasser mes tomates ? J’ai pas le choix ! »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/11/au-proces-d-un-maraicher-juge-pour-travail-dissimule-qui-c-est-qui-va-ramass

    Au procès d’un maraîcher jugé pour avoir fait travailler des sans-papiers dans des conditions indignes : « Qui c’est qui va ramasser mes tomates ? J’ai pas le choix ! »
    Par Pascale Robert-Diard (Le Mans, envoyée spéciale)
    A Saint-Paterne-Le Chevain (Sarthe), bourg de 2 000 habitants près d’Alençon, Jean-Luc Pottier cultive les tomates, les herbes aromatiques et les poursuites judiciaires. Le maraîcher de 64 ans qui s’avance, mardi 10 juin, à la barre du tribunal correctionnel du Mans a le corps sec, la peau tannée, les cheveux très blancs, les yeux très bleus. Il porte bermuda, tee-shirt et chaussettes mi-basses dans des mocassins fatigués. La liste des faits qui lui sont reprochés est longue comme le bras : travail dissimulé, rétribution inexistante ou insuffisante de plusieurs personnes vulnérables, traite d’êtres humains, blanchiment, fraude fiscale aggravée, violation délibérée d’obligation de sécurité ou de prudence.
    Les parties civiles à son procès se prénomment Enkbold, Abdoulaye, Soulimane, Moufida, Mohamed, Mamoudou, Mahdi, Mamar, Armen, Tamaz, Anvar, Wahid, Mate, Anis, Aliou. Ils viennent d’Algérie, d’Arménie, de Russie, du Sénégal, de Georgie ou de Mongolie. Tous sont sans papiers. Non déclarés, payés entre 6,50 et 8 euros de l’heure en espèces, ils ont travaillé plusieurs mois, certains plusieurs années, dans la serre de Jean-Luc Pottier. Quinze heures par jour. Six, voire sept, jours sur sept en période de récolte. Le montant de la fraude au préjudice de la Mutuelle sociale agricole est estimé à 520 000 euros.
    C’est la deuxième fois que Jean-Luc Pottier est jugé pour travail dissimulé. « Dissimulé, c’est pas un mot pour moi. Moi, je suis un homme de la vérité », dit-il. Il est d’ailleurs « content d’être là » pour s’expliquer. Alors, oui, il ne déclarait pas ses salariés. « Je trouve personne pour travailler dans mon entreprise. La régularisation, j’ai essayé une fois, j’y suis pas arrivé. J’ai convoqué France Travail, impossible de trouver des salariés. Qui c’est qui va ramasser mes tomates ? J’ai pas le choix. » L’emploi d’un mineur ? Il reconnaît aussi. « Il était mineur mais costaud. » Et, non, ça ne lui a pas posé de problème. « Ben, mon fils, il a travaillé quand il était mineur. Moi, j’ai travaillé à 11 ans. » La traite d’être humains ? Alors, là, Jean-Luc Pottier ne comprend vraiment pas. « J’ai jamais été cherché personne. Ce sont eux qui viennent me voir. Ils se connaissent tous, ils font venir les copains. C’est du bouche-à-oreille. »
    Aux gendarmes qui l’interrogeaient pendant l’enquête, il avait déclaré : « Je suis comme l’abbé Pierre. Des gens frappent à ma porte et je leur donne du travail. » « Bon, l’abbé Pierre, avec ce qu’il a fait, on n’aurait pas cru, c’est plus un bon exemple, concède-t-il. Mais, chez moi, c’est un peu la maison du bon Dieu. Je prends ceux qui se présentent. Pour eux, c’était une chance. Moi, j’ai pas eu cette chance-là. » Les journées à rallonge, la pression, les cris, les insultes dénoncées par ses employés ? Même incompréhension. Au contraire, assure-t-il, « il y a une bonne ambiance dans mon entreprise. » Des exclamations et des rires fusent sur les bancs des parties civiles. Jean-Luc Pottier se retourne, furieux. « Si vous êtes pas contents aujourd’hui… » La présidente le rappelle à l’ordre, il poursuit : « Oui, ils font des heures, mais c’est parce qu’ils n’avancent pas ! Moi, je ne les force pas. C’est eux qui me disent : “On veut des heures, on veut de l’argent.” Vous savez, les personnes non déclarées me coûtent très très cher, parce qu’elles avancent doucement. La victime, c’est moi ! Je travaille énormément. C’est sûr qu’au prix où on m’achète mes tomates, je peux pas en vivre. »
    Depuis un an, son contrôle judiciaire lui interdit de gérer son entreprise. Un administrateur a remis de l’ordre dans la comptabilité et, officiellement, c’est désormais son jeune fils qui dirige l’exploitation. Les nouveaux employés, trouvés par l’intermédiaire des sœurs bénédictines – un « miracle », dit-il – sont « dûment déclarés, avec des fiches horaires ». « Tout a changé, on est sur les rails », affirme le maraîcher. « Moi, je fais des tomates extraordinaires. Sur les marchés, tout le monde se déchire pour les avoir. Si on me ferme l’entreprise, je m’élimine direct. Je mets tout mon argent dans mes tomates. Ça fait sept générations qu’on est maraîchers. J’adore mon travail, je me contente de peu. » Le 20 mai, Jean-Luc Pottier a été contrôlé sur un marché à Versailles. Celui qui l’aidait à décharger le camion était un de ses anciens employés, en situation illégale, revenu dans l’exploitation après le passage de l’inspection du travail. « Je voudrais le déclarer, parce que c’est un ami. Vous pourriez m’aider ? », demande-t-il tout à trac au tribunal.
    Contre le maraîcher récidiviste, le procureur a requis deux ans d’emprisonnement ferme. Jugement le 7 juillet.

    #Covid-19#migrant#migration#france#agriculture#traite#economie#travailleurmigrant#droit#sante

  • A Los Angeles, les syndicats en première ligne pour défendre les migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/10/a-los-angeles-les-syndicats-en-premiere-ligne-pour-defendre-les-migrants_661

    A Los Angeles, les syndicats en première ligne pour défendre les migrants
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Dans le centre de Los Angeles, la mobilisation semble chaque jour monter davantage contre les raids de la police de l’immigration et le déploiement de la garde nationale. « C’est notre ville, ce sont nos rues, explique Elizabeth Strater, vice-présidente du syndicat des ouvriers agricoles United Farm Workers. On ne va pas laisser faire sans réagir. » Les syndicalistes manifestaient, lundi 9 juin, aux pieds de la mairie de Los Angeles, sous les jacarandas de Grand Park. Ils étaient plus d’un millier, aux couleurs de leurs organisations respectives. Violet pour les membres de l’Union internationale des employés des services (SEIU), le puissant syndicat des services. Jaune pour celui des travailleurs de l’alimentation et du commerce. Dans la foule, les panneaux hostiles au « dictateur qui kidnappe les papas et les mamans » ou à la United States Immigration and Customs Enforcement (ICE), la police de l’immigration. « Arrêtez les raids ! », « Nous sommes tous des migrants ».
    Principale revendication : obtenir la libération de David Huerta, le chef du SEIU pour la Californie, une figure importante de la scène californienne. Agé de 58 ans, ancien agent d’entretien, le syndicaliste a été arrêté, vendredi, devant l’entrepôt d’une entreprise de vêtements soupçonnée d’employer des immigrés en situation irrégulière, où la police était venue perquisitionner. La justice lui reproche d’avoir fait obstruction à l’opération. Une vidéo le montre poussé à terre par un agent. Il a été légèrement blessé.
    L’administration Trump ignorait-elle qui il était ? A-t-elle voulu montrer, une nouvelle fois, que « nul n’est au-dessus de la loi fédérale » ? L’incarcération de M. Huerta a contribué au déclenchement des protestations désormais quotidiennes devant le centre de détention, dans Downtown LA. Elle a aussi suscité l’émotion des élus nationaux. En même temps qu’à Los Angeles, des manifestations ont eu lieu, lundi, à Washington, à Boston et à San Francisco pour réclamer sa libération.
    En début d’après-midi, David Huerta a été remis en liberté sous caution, mais il reste poursuivi pour complot empêchant l’action de la police fédérale. Un agent en civil a affirmé l’avoir vu consulter son téléphone et envoyer des messages, alors que des manifestants essayaient de tourner en rond devant la grille pour perturber les entrées. Pour Elizabeth Strater, il n’est pas surprenant que la mobilisation soit importante. « En Californie, on ne s’attaque pas au mouvement ouvrier », dit-elle. Les syndicats sont un facteur important d’intégration pour les Latinos. Ils offrent des bourses d’études aux enfants, des aides judiciaires, voire des possibilités de régularisation aux sans-papiers. « Est-ce que Trump se rend compte que les membres de la garde nationale qu’il a mobilisés sont, eux aussi, les enfants d’agents d’entretien ou d’ouvriers agricoles ? », interroge la responsable.
    Le Golden State est aussi l’Etat qui compte le plus grand nombre de personnes en situation irrégulière, notamment dans la Vallée centrale, où plus de la moitié des travailleurs agricoles sont sans statut légal. Mme Strater se moque des propos des partisans du président, qui prétendent « libérer » la Californie de ses « criminels » sans papiers. « Un Américain sur trente-cinq habite dans le comté de Los Angeles, souligne-t-elle. Et ils veulent nous libérer ? Mais l’Amérique, c’est nous ! »

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#californie#politiquemigratoire#travailleurmigrant#syndicat#sante#migrationirreguliere#integration

  • Après les opérations contre les migrants à Los Angeles, le Mexique s’inquiète du sort de ses ressortissants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/10/politique-migratoire-de-donald-trump-le-mexique-s-inquiete-du-sort-de-ses-re

    Après les opérations contre les migrants à Los Angeles, le Mexique s’inquiète du sort de ses ressortissants
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Lundi 9 juin, la conférence de presse quotidienne de la présidente mexicaine a exceptionnellement commencé par la lecture d’un communiqué sur les « événements de Los Angeles », comme les a qualifiés Claudia Sheinbaum : « Les Mexicains qui vivent aux Etats-Unis sont des travailleurs honnêtes ; la majorité a la citoyenneté américaine ou une résidence légale. Nous lançons donc un appel respectueux mais très ferme aux autorités américaines pour qu’ils soient traités dignement. »
    Le ministre des affaires étrangères, Juan Ramon de la Fuente, a ensuite pris la parole pour donner des chiffres : 42 Mexicains ont été arrêtés depuis le 6 juin à Los Angeles. « Sur les 40 millions de Mexicains qui vivent aux Etats-Unis, seuls 4,9 millions sont illégaux et 95 % de ces clandestins vivent dans ce pays depuis plus de cinq ans. » En rappelant ces données, le gouvernement mexicain entend d’abord répondre au président américain, Donald Trump, qui évoque sans cesse « une invasion par des criminels venus de l’étranger ».
    Il cherche aussi à rassurer la population, inquiète face aux images violentes de Los Angeles, présentée au Mexique comme « la deuxième plus grande ville mexicaine au monde après Mexico » en raison de ses 3,8 millions de descendants. Tout le week-end, les photos des manifestants détenus et les opérations de la police migratoire américaine ont alimenté les commentaires sur le racisme dont font l’objet les Latinos aux Etats-Unis.
    Le Mexique avait préparé depuis février des installations à la frontière pour recevoir des migrants refoulés par les Etats-Unis, jusqu’à présent bien peu utilisées. Depuis les manifestations à Los Angeles, les Mexicains ont désormais le sentiment que les expulsions de masse vont commencer. « Nous sommes à un tournant, le plus difficile, le plus complexe, le plus violent. Pas à cause des manifestations mais de l’appareil d’Etat, qui (…) cherche à réaliser l’un des rêves de Trump : celui de la déportation massive », a déclaré Tonatiuh Guillén, ancien commissaire de l’Institut national de migration, au site Aristegui noticias. Comme de nombreux éditorialistes, ce sociologue de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) craint l’adoption du prochain budget aux Etats-Unis : « Donald Trump veut donner à la police migratoire les moyens d’intervenir partout : aller chercher les personnes chez elles, sur les lieux de travail, dans les écoles, les églises. Il n’y a pas de limite. »
    Si elles deviennent massives, ces expulsions auront des conséquences économiques quasi immédiates au Mexique : les « remesas », les envois de devises des migrants, ont atteint un nouveau record en 2024 : 64,5 milliards de dollars (56,5 milliards d’euros) en 2024, soit 4 % du produit intérieur brut, selon la Banque du Mexique. Cet argent est souvent indispensable pour les familles les plus démunies : les dix Etats les plus pauvres du pays en reçoivent plus de la moitié.Le gouvernement mexicain a condamné les violences des manifestations du week-end, mais le parti au pouvoir, Morena, avait organisé un rassemblement mardi, devant l’ambassade des Etats-Unis à Mexico. Dans la soirée de lundi, celle-ci a finalement été repoussée « à une date ultérieure ». Plus tôt dans la journée, des manifestants ont brûlé des drapeaux américains et une effigie de Donald Trump devant les grilles de l’ambassade. Le rassemblement avait été convoqué par le slogan « Personne n’est illégal sur une terre volée ». Une allusion au fait que la Californie faisait partie du territoire mexicain jusqu’en 1846 et que nombre de Mexicains la considèrent toujours comme leur terre.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#politiquemigratoiore#expulsion#californie#sante

  • En Italie, les référendums sur la naturalisation et le droit du travail, voulus par l’opposition, échouent
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/09/en-italie-les-referendums-sur-la-naturalisation-et-le-droit-du-travail-voulu

    En Italie, les référendums sur la naturalisation et le droit du travail, voulus par l’opposition, échouent
    Par Allan Kaval (Rome, correspondant)
    L’Italie progressiste avait une occasion de se compter. L’échec est patent. Alors que la législature qui a vu arriver à la présidence du conseil la figure d’extrême droite Giorgia Meloni est entrée dans sa seconde moitié, sans que le socle électoral de la coalition se soit érodé, les principales forces d’opposition ont perdu leur pari. Lundi 9 juin, à la fermeture des bureaux de vote ouverts la veille, les référendums d’initiative populaire sur le droit du travail et l’accès à la citoyenneté, voulus par l’opposition, n’ont pas réuni suffisamment de votants pour que leurs résultats soient validés, le taux de participation étant resté bien inférieur au quorum, fixé à 50 % des inscrits plus une voix. A la sortie des urnes, la participation pour l’ensemble des scrutins plafonnait à moins de 30,6 %.
    Les Italiens étaient invités à s’exprimer sur cinq questions distinctes. Trois d’entre elles visaient à revenir sur des mesures législatives ayant retiré des garanties aux employés en cas de licenciement ou ayant facilité, pour les employeurs, l’usage des contrats à durée déterminée. Un autre référendum renforçait les responsabilités des entreprises donneuses d’ordre en cas d’accident du travail dans le cadre de sous-traitance, une problématique récurrente en Italie et très présente dans les médias.
    Le oui l’a très largement emporté sur ces questions liées au monde du travail, avec des résultats qui, bien qu’oscillant entre 87,1 % et 88,8 % des voix, resteront sans effets faute de participation. En revanche, le référendum le plus attendu et le plus débattu a donné lieu à un score beaucoup plus modeste. Portant sur les modalités d’accès à la citoyenneté, il devait ouvrir la voie au passage à cinq années de séjour régulier nécessaires pour effectuer une demande de naturalisation, contre dix aujourd’hui. Seuls 60 % des votants se sont prononcés en faveur de cette évolution.
    « Il s’agit d’une défaite claire pour l’opposition qui, en plus d’échouer à rassembler les électeurs, s’est montrée divisée », analyse Lorenzo Pregliasco, fondateur de l’institut de sondages YouTrend. De fait, si le front était large, il s’est avéré confus. Ainsi, le Parti démocrate (centre gauche) défendait le oui aux cinq questions mais comptait en interne des voix centristes dissidentes concernant celles liées au droit du travail, sur lesquelles s’est en revanche singulièrement impliquée la Confédération générale italienne du travail, le principal syndicat (gauche) du pays. Les antisystèmes du Mouvement 5 étoiles, qui ont gouverné avec la Ligue (droite radicale) en 2018-2019, n’avaient, pour leur part, pas donné de consigne à leurs électeurs sur la question portant sur la citoyenneté.
    Ce thème, récurrent lui aussi, avait surgi de nouveau au lendemain des Jeux olympiques de Paris 2024. L’Italie se découvrait une nouvelle fois, à travers les histoires familiales de ses champions, un pays divers où des communautés d’origine étrangère étaient désormais inséparables du corps national, malgré des conditions d’accès à la nationalité restrictives. Les résultats de lundi ont de quoi congeler ces débats à moyen terme, confortant la droite nationaliste. « L’écart entre les scores du oui sur les questions sociales et sur la citoyenneté montre que, quand les thèmes identitaires sont en jeu, même l’électorat de gauche se montre prudent », explique Lorenzo Pregliasco, qui souligne que le poids de l’abstention aux référendums est le corollaire d’une crise profonde, la participation n’ayant été que de 64 % aux élections législatives de 2022. Exception faite d’un scrutin de 2011, aucun référendum d’initiative populaire organisé en Italie n’a jamais atteint le quorum.
    Le scrutin sans lendemain de dimanche et lundi a fourni un succès à peu de frais aux forces d’extrême droite et de droite qui composent le gouvernement Meloni. Pour célébrer cette issue, Fratelli d’Italia, le parti de la présidente du conseil, qui avait déclaré qu’elle se rendrait dans son bureau de vote mais ne placerait pas de bulletin dans l’urne, a choisi un message élémentaire. Sur son compte Instagram, la formation d’extrême droite a fait publier une photographie des principaux leaders de l’opposition, accompagnée de cette mention : « Vous avez perdu. » En lettres capitales.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#regularisation#referendum#immigration#citoyennete#sante

  • Comment Donald Trump exploite les heurts à Los Angeles pour durcir sa politique migratoire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/09/comment-donald-trump-exploite-les-tensions-a-los-angeles-pour-durcir-sa-poli

    Comment Donald Trump exploite les heurts à Los Angeles pour durcir sa politique migratoire
    Piotr Smolar
    Une surréaction calculée et préméditée, juridiquement contestable, aux conséquences imprévisibles : ainsi se résume le recours à la garde nationale par Donald Trump, dans la soirée du 7 juin, face à des scènes de violences urbaines très localisées, apparues dans deux villes de l’agglomération de Los Angeles (Californie). Cette décision controversée, qui permet au président de court-circuiter le gouverneur démocrate, Gavin Newsom, a entraîné, dès dimanche, le déploiement sur place de 300 premiers soldats pour protéger de façon préventive des bâtiments fédéraux.
    Plusieurs rassemblements, d’abord pacifiques, puis émaillés de quelques heurts, ont eu lieu en ville et sur l’autoroute 101 dans une atmosphère de tension accrue. Le récit recherché par la Maison Blanche était posé : l’ordre fédéral contre le chaos, la traque des clandestins étant contrariée par des élus démocrates laxistes et des émeutiers extrémistes. « Ils crachent, on frappe », a résumé Donald Trump. La formule lapidaire voulait marquer une sévérité. Elle disait aussi, en creux, à quel point la menace réelle était grossie, dans la chambre d’écho des réseaux sociaux, malgré les images spectaculaires de taxis Waymo sans chauffeur incendiés et couverts de graffitis.
    La veille, des affrontements avaient eu lieu dans deux villes situées en périphérie de Los Angeles, Paramount et Compton, en raison de la multiplication des opérations coup de poing menées par les policiers de l’ICE, l’agence chargée du contrôle des frontières et de l’immigration. Une loi de 1878, le Posse Comitatus Act, interdit, en principe, l’utilisation de soldats sur le plan intérieur, pour des missions dévolues à la police. Mais une exception antérieure existe, l’Insurrection Act (1807). Si la loi fédérale ne peut plus être appliquée dans la pratique, en raison d’un défi sécuritaire et politique grave lancé à l’autorité du gouvernement, alors l’intervention de l’armée peut se justifier. Or rien, dans les événements de ces derniers jours à Los Angeles, ne relève de ce cadre d’exception.
    Pour l’heure, Donald Trump s’est gardé d’invoquer ce texte de 1807. Mais il n’excluait pas de faire appel aux marines, dont un bataillon de 700 hommes était mobilisé lundi. Quelle serait la barre qualificative ? « La barre sera ce que j’en pense, a répondu le président. Si nous voyons un danger pour notre pays et nos citoyens, nous serons très, très forts en termes de loi et d’ordre. »
    La préméditation de Donald Trump et de ses conseillers ne fait aucun doute. Dès avril 2024, dans un entretien au magazine Time, le candidat républicain de l’époque justifiait la mobilisation de la garde nationale contre l’immigration illégale, aux frontières comme à l’intérieur du pays. Ce serait illégal en vertu du Posse Comitatus Act, rétorquaient les journalistes. « Eh bien, ce ne sont pas des civils, lâchait Donald Trump, au sujet des clandestins. Ce sont des gens qui ne sont pas légalement dans notre pays. Une invasion comme aucun pays n’en a probablement vu un jour. » Dimanche, le président ne disait pas autre chose du déploiement ordonné, dans un message sur Truth Social. L’objectif : « Libérer Los Angeles de l’invasion des migrants. »
    Le milliardaire n’a pas toujours manifesté le même entrain pour défendre l’intégrité du pays et ses institutions. Le 6 janvier 2021, alors que des milliers de manifestants donnaient l’assaut au bâtiment du Capitole pour empêcher la certification de l’élection présidentielle, Donald Trump, assis devant la télévision à la Maison Blanche, n’avait pas demandé l’intervention de la garde nationale. Il en avait ensuite tenu pour responsable la speaker démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, élue de Californie. En revanche, l’ancien secrétaire à la défense, Mark Esper, avait raconté dans ses mémoires que Donald Trump, en 2020, s’était enquis auprès de l’état-major s’il était possible de tirer dans les jambes des manifestants, lors des protestations ayant suivi la mort de George Floyd.
    Depuis des jours, à Los Angeles, la pression de la police fédérale ne cessait de monter, avec des interpellations de clandestins en plein jour. Paramount est une cité ouvrière essentiellement peuplée de migrants hispaniques, employés notamment dans l’industrie hôtelière et la restauration. Samedi matin, en face d’un magasin de bricolage Home Depot, des agents de l’ICE ont été signalés, provoquant assez vite un rassemblement. Les réseaux sociaux ont diffusé la nouvelle à grande vitesse, tandis que les incidents débutaient : grenades assourdissantes et gaz lacrymogène du côté de la police, jets de pierre et d’autres objets du côté des manifestants. Une voiture a été incendiée et du matériel urbain détérioré.
    Le décret présidentiel de Donald Trump prévoit le déploiement de 2 000 membres de la garde nationale de Californie pendant au moins soixante jours. Les juristes s’interrogent sur la marge de manœuvre des effectifs rassemblés à Los Angeles. Ont-ils le droit de répondre à des émeutiers ? De les interpeller ? Le message est clair : les autorités passent à une nouvelle phase dans la confrontation avec les villes dites « sanctuaires », gouvernées par des démocrates, accusées de faire obstruction aux interpellations fédérales. Fin avril, Donald Trump a demandé à son administration de préparer la liste des Etats ou des villes se mettant en travers de son chemin répressif. Renouant avec une très ancienne thématique de son premier mandat, il a promis que les fonds alloués à ces supposés « sanctuaires » – un terme ne correspondant à aucune réalité objective en droit – seraient coupés, ouvrant ainsi un nouveau front en justice.
    Publié ce week-end, un sondage CBS News/YouGov révélait que 54 % de la population américaine soutient la campagne d’expulsion menée par l’administration. Mais le périmètre de cette campagne n’est jamais clairement défini par les autorités. Il fut d’abord question des criminels clandestins endurcis, cible prioritaire. Mais il semble à présent ne plus y avoir de graduation, pour remplir l’objectif de 3 000 expulsés par jour, fixé par l’administration américaine. Dès lors, cette question est devenue particulièrement polarisée. Selon ce même sondage, 82 % des démocrates et 51 % des indépendants désapprouvent la ligne suivie, applaudie, en revanche, par 93 % des républicains.
    Dans un message sur son réseau Truth Social, dans la nuit de samedi à dimanche, Donald Trump félicitait déjà les soldats de la garde nationale pour leur intervention, alors même qu’ils n’étaient pas encore déployés. « Ces manifestations d’extrême gauche, par des instigateurs et des fauteurs de troubles souvent payés, ne seront pas tolérées, écrivait le président. Par ailleurs, à partir de maintenant, on ne sera plus autorisé à porter des masques lors de manifestations. »
    Cette escalade tombe particulièrement bien sur un plan politique pour Donald Trump, qui a subi l’onde de choc de sa séparation avec Elon Musk. Cette crise sécuritaire attisée permet aussi de mettre la pression sur les sénateurs républicains qui traînent les pieds, au sujet du « Big Beautiful Bill ». Ce train de dépenses essentiel pour la Maison Blanche, renforçant, entre autres, les moyens de la sécurité intérieure, a passé l’épreuve de la Chambre des représentants. Mais un nombre menaçant de sénateurs conservateurs pensent, comme Elon Musk, que ce projet de loi est bien trop dépensier. A la lumière des événements de Los Angeles, l’exécutif leur demandera de choisir : être du côté de l’ordre ou du côté des émeutiers. Du président ou des élus extrémistes et laxistes.
    L’appel à l’armée pour une mission de maintien de l’ordre n’a guère de sens, sauf si l’on tient compte de la logique choisie par l’administration Trump en matière migratoire, le cœur de cette crise. Cette logique repose sur une militarisation partielle de cette politique, pour organiser la plus vaste campagne d’expulsion de clandestins de l’histoire américaine, conformément à la promesse de campagne de Donald Trump, qui parle, sans justification, de 21 millions de clandestins dans le pays.
    Pour cela, la Maison Blanche a d’abord privilégié des symboles, comme l’utilisation très onéreuse d’appareils militaires pour mener des vols de reconduite. Elle a aussi annoncé l’utilisation – très limitée à ce jour – de la base de Guantanamo (Cuba), symbole funeste de la lutte antiterroriste sans fin, comme centre de rétention. Elle a également appuyé sa campagne sur un texte très poussiéreux, l’Alien Enemies Act (1798). Celui-ci donne au gouvernement le droit d’expulser, sans recours aucun, les ressortissants d’un pays en guerre avec les Etats-Unis ou fomentant une invasion dans ce pays. Sa dernière utilisation remonte à la seconde guerre mondiale, lorsque des dizaines de milliers de Japonais avaient été emprisonnés sans procès.
    La maire Karen Bass a promis que Los Angeles continuerait de se tenir aux côtés de tous ceux qui « appellent notre ville leur maison ». Elle a dénoncé une « escalade chaotique », décidée par la Maison Blanche, diffusant la « peur » au sein de la population. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a, pour sa part, mis en cause la « fabrication d’une crise », en estimant que Donald Trump « espère plus de chaos pour pouvoir justifier plus de répression, plus de peur et plus de contrôle ». Le gouverneur a appelé les citoyens en colère à ne pas employer la violence et à s’exprimer pacifiquement.
    Mais l’administration Trump n’a pas fini d’exploiter ces événements, à la fois pour punir les élus démocrates et la Californie en général, et pour l’exemple. Dans le Wisconsin, la juge Hannah Dugan, du comté de Milwaukee, a été arrêtée et poursuivie pour avoir permis à un sans-papiers de se dérober à son interpellation par des agents de l’immigration, à l’intérieur même de l’enceinte du tribunal. Le 9 mai, c’est le maire de Newark (New Jersey), Ras Baraka, qui avait été interpellé devant le centre de rétention de Delaney Hall, alors qu’il demandait à connaître les conditions de détention de migrants arrêtés. Le piège est classique dans le trumpisme comme dans tout mouvement autoritaire. La contestation de la ligne suivie est, par définition, illégitime. Et répréhensible.

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