• Quand la vie d’un Italien valait quelques sacs de charbon. Antonio, Giorgio e Daniela : « Lu trenu di lu suli » (1971)
    https://lhistgeobox.blogspot.com/2022/03/antonio-giorgio-e-daniela-lu-trenu-di.html

    « Les accidents mortels provoqués par les éboulements ou les coup de grisou sont légions. Le plus célèbres, car le plus meurtrier de ces drames, se déroule à proximité de Charleroi. Le 8 août 1956, à 8 heures du matin, au charbonnage du Bois du Cazier, à Marcinelle, à l’étage 975 m, un wagonnet, mal engagé dans sa remontée vers la surface, fracasse une poutrelle métallique, sectionnant des fils électriques, une conduite d’air comprimé et un tuyau d’huile. Immédiatement, un arc électrique se déploie et enflamme l’huile. L’incendie éclate et se répand à toute allure à cause de l’air comprimé du ventilateur utilisé dans des galeries composées de nombreuses boiseries. Ce banal incident technique provoque pourtant le décès de 262 victimes, dont 136 Italiens. Ce dernier chiffre est en tout point conforme à la proportion d’Italiens, de 50%, parmi les mineurs de la région de Charleroi. 44 000 Italiens travaillent alors dans les mines de Belgique sur un total de 142 000 mineurs.

    La mine du Bois du Cazier était connue pour sa dangerosité et sa vétusté. En 1956, les portes sont encore en bois et on a toujours recours à des chevaux. Le manque de sécurité y est flagrant. Bien qu’un accident similaire se soit produit quatre ans auparavant au même endroit, les ingénieurs n’ont pas cru nécessaire de modifier les installations. Seule prime la remontée du charbon, de toujours plus de charbon. Les chefs porions, particulièrement durs, harcèlent tous ceux qui se plaignent de leurs conditions de travail. Dans ces conditions, le nombre de syndiqués est insignifiant. »

    #mines #Belgique #Italie #immigration #charbon #chanson #histgeobox #Sicile

  • Révélations sur la mort de #migrants repoussés en mer par des garde-côtes grecs

    Un demandeur d’asile parti de Turquie accuse les garde-côtes grecs d’avoir jeté à l’eau deux de ses compagnons, qui sont morts noyés. Au terme de plusieurs mois d’enquête, en collaboration avec Lighthouse Reports, « Der Spiegel » et « The Guardian », Mediapart a reconstitué le fil des événements. Les garde-côtes grecs nient toute pratique illégale.

    Elisa Perrigueur, Jack Sapoch et Tomas Statius

    17 février 2022 à 09h00

    Samos (#Grèce), Izmir (Turquie).– 18 septembre 2021, aux alentours de 13 h 50. Un temps clair règne sur le parc naturel de la péninsule de Dilek, qui borde la mer Égée, dans le district turc de Kuşadası, face à l’île grecque de Samos. Un navire de garde-côtes turcs repère un corps dénudé. Il gît sur une crique rocheuse, au creux d’une baie isolée, non loin du village de Güzelçamlı. Deux jours plus tard, une autre dépouille est découverte, cette fois-ci par des navires, dans le même secteur. Il flotte à 200 mètres des rivages turcs.

    Ce sont les corps de Sidy Keita, un Ivoirien de 36 ans, et de Didier Martial Kouamou Nana, un Camerounais de 33 ans. Selon un pré-rapport d’autopsie, que Mediapart a pu consulter, le premier s’est noyé « en mer ». Quant au second, « il est hautement probable que la cause finale de son décès soit aussi la noyade », indique une source judiciaire turque, sans qu’aucune autopsie n’ait pu être pratiquée sur son corps abîmé.

    Les autorités s’interrogent : comment les deux hommes ont péri ? Un homme se dit en mesure de répondre à cette question. Il s’appelle Ibrahim*. Camerounais, il était présent lors du drame, soutient-il. Si le demandeur d’asile, au visage rond, reste flou sur son âge, il confie être un ancien de la marine, un mécanicien. Ce que confirme sa page sur le réseau professionnel LinkedIn et plusieurs photos issues de son compte Facebook.

    Aux policiers turcs, il explique avoir rallié Samos avec ses deux compagnons, avant que les garde-côtes grecs « ne les embarquent », et ne les renvoient en eau turque. Dans le bateau, les fonctionnaires hellènes leur auraient ordonné de ne « pas lever la tête ». Puis les auraient « frappés à coups de poing », avant de les « jeter à la mer », sans canot ni gilet de sauvetage, retranscrivent les policiers dans un procès-verbal, que nous avons pu consulter.

    Une version qu’Ibrahim nous a confirmée lors de quatre interviews réalisées entre octobre 2021 et février 2022. « Après être remonté à la surface de l’eau dans un état de choc, j’ai nagé jusqu’à la terre. » Ses deux camarades, eux, ne savaient pas nager : « En nous jetant à l’eau, les garde-côtes savaient qu’ils étaient en train de nous tuer. »

    Côté turc, le cas est pris au sérieux. Ankara entend se saisir de l’affaire pour mettre en cause son voisin grec.

    « Il n’existe aucune politique d’arrestations illégales et de refoulement dans le cadre opérationnel et juridique hellénique », indique la garde-côtière grecque, contactée par Mediapart et ses partenaires. Elle assure « enquêter sur chaque information communiquée sur des incidents présumés de mauvais traitements aux frontières, y compris des allégations de “pushbacks”, afin que les sanctions prévues par la loi soient imposées et que des comportements similaires soient évités à l’avenir » (voir les annexes).

    De son côté, la Commission européenne explique qu’elle n’a pas à répondre des accusations qui pèsent sur les troupes hellènes. « Si un tel traitement des personnes se confirme, ce serait intolérable », conclut-elle.

    Pendant six mois, Mediapart et ses partenaires de Lighthouse Reports, de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et du quotidien britannique The Guardian ont interviewé une vingtaine de témoins, exploité des documents exclusifs et analysé des photos, des vidéos, des données de téléphones portables…

    Au terme de cette enquête, nous sommes en mesure d’écrire que Didier et Sidy sont probablement morts après avoir été refoulés par les garde-côtes grecs depuis Samos. Une conclusion explosive et inédite. Depuis des mois, Athènes nie que ses troupes se livrent à des violences sur les demandeurs d’asile.

    La pratique n’est pourtant pas isolée. Rien que pour le mois de septembre 2021, les gardes-côtes turcs rapportent pas moins de trois incidents similaires, au cours desquels des réfugiés disent avoir été jetés à l’eau, sans canot de sauvetage : 29 au total depuis le début de l’année 2021.

    Le chiffre ne doit rien au hasard. C’est même une stratégie assumée par les gardes-côtes, indiquent deux gradés grecs qui requièrent l’anonymat. Elle aurait l’avantage de ne pas nécessiter le recours aux canots pneumatiques, coûteux, pour effectuer ces renvois illégaux. Mais aussi d’envoyer un message dissuasif de l’autre côté de la mer Égée.

    Le départ pour la traversée

    Le 14 septembre 2021, c’est à Izmir que Sidy Keita, Didier Martial et Ibrahim* se retrouvent avec 33 autres demandeurs d’asile. Les deux premiers ont déjà connu plusieurs tentatives infructueuses pour traverser le petit bras de mer.

    Didier a commencé le voyage il y a cinq mois. Il est encouragé par son frère, Séverin, établi en France depuis 2014. Au Cameroun, l’homme, garagiste, rêve depuis quelques années d’une vie meilleure. Il atterrit à Istanbul en mai 2021. Puis rallie Izmir et son quartier Basmane, point de rencontres des exilés et des passeurs. Un quartier que Sidy arpente depuis le 14 mars 2020 et son arrivée d’Abidjan.

    Le parcours d’Ibrahim est, quant à lui, plus nébuleux. L’homme a expliqué lors d’une audition face aux autorités turques le 17 septembre 2021 vivre depuis au moins cinq ans en Turquie, où il aurait enchaîné les petits boulots. À Mediapart, il confie être parti plus récemment.

    19 heures. Le groupe se met en route. Direction Kuşadası, une station balnéaire prisée, à une centaine de kilomètres au sud d’Izmir. C’est là-bas qu’ils doivent traverser. Depuis la marina, on croirait presque voir les côtes grecques, bien éclairées par les spots qui surmontent les hôtels club.

    La nuit tombe. Le groupe prend place dans un canot pneumatique. Sidy, Martial et Ibrahim sont là, attestent au moins sept membres du groupe que nous avons pu interviewer. « Je les avais rencontrés juste avant la traversée. En Turquie, je mangeais parfois avec eux », souligne Pascaline Chouake Nde. Cette mère de famille camerounaise voyage, elle, avec son mari Patrick Aimé Chouake et leur enfant. « Je vivais dans la même maison que Mars, le Camerounais », renchérit Marie*, une Congolaise, elle aussi membre du groupe. « J’étais à côté d’eux dans le bateau », poursuit Séverine*, Congolaise elle aussi.

    À 4 h 06, le Camerounais Didier Martial envoie un message à son frère Séverin. Une simple localisation, côté turc, au pied de l’hôtel qui leur a servi de planque. Le top départ de sa troisième tentative de traversée vers l’Europe.

    L’arrivée en Europe

    Le bateau vogue des heures durant. Le temps est clair. Il touche les côtes escarpées de l’est de l’île de Samos, entre 7 et 8 heures du matin. La zone, difficilement accessible, est un python de roche qui plonge dans la mer turquoise. Parmi le groupe, la tension est palpable. Un bateau de pêcheur mouille non loin du rivage. Son capitaine ne quitte pas des yeux l’embarcation et semble passer un coup de fil.

    Hasard ou non : un bateau fait alors son apparition dans la crique, là où le groupe vient d’accoster. Blanc, à coque grise, il est floqué du logo des garde-côtes grecs. Un signalement qui correspond à l’un des navires stationnés en permanence à Samos. Ce dernier, assurent les autorités grecques, était bien déployé dans la zone ce jour-là mais sur d’autres opérations de sauvetage.

    Les officiers débarquent. Ils sont rapidement rejoints par des dizaines d’autres policiers qui arrivent en haut de la colline qui domine la baie. Certains sont masqués. La plupart portent un uniforme sombre sans signe d’appartenance lisible. Impossible de savoir de quelle unité ils font partie. Le groupe est pris au piège.

    À 7 h 56, Valentin*, un jeune Camerounais dont c’est la première tentative, envoie une brève vidéo de la scène à une ONG qui vient en aide aux migrants fraîchement débarqués en Grèce, ainsi qu’une capture d’écran de sa localisation. Une manière de démontrer qu’il a bien posé le pied sur le sol grec, dans le cas où les policiers tenteraient de le repousser.

    Le message est suivi d’une note vocale. « Oui, bonjour grand, nous sommes à la traversée, on nous a attrapés. Des “ninjas” [auxquels il compare les policiers – ndlr]. Venez nous prendre s’il vous plaît. Venez nous prendre, vite, vite, vite, s’il vous plaît. » Puis, une autre note vocale parvient jusqu’à l’ONG, envoyée par un autre membre du groupe. À la fin de cette dernière, on entend un bruit sourd, qui pourrait être celui d’une détonation.

    À 10 h 25, HRLP (Human Rights Legal Project), une association locale d’aide aux demandeurs d’asile, avise la police locale, des membres du Haut Commissariat aux Réfugiés en poste sur l’île, ainsi qu’un fonctionnaire de la Commission européenne, de l’arrivée du groupe, dans un échange de courriels que nous avons pu consulter. La Commission confirme la réception de ce courriel mais répond qu’il « était directement adressé aux autorités grecques et à d’autres organisations [...] suffisamment informées de la présence de migrants à l’endroit indiqué pour assurer un suivi rapide et efficace ».

    Les violences des policiers grecs

    Ce jour-là, la violence des policiers grecs va loin, dénoncent les exilés. Ils sont 12 demandeurs d’asile à se souvenir des insultes, des coups de poing, des coups de feu. La plupart raconte s’être vus confisquer leurs effets personnels, téléphones ou argents. Certains assurent avoir subi des fouilles au corps humiliantes. « Il m’a mis la main à l’anus », rapporte ainsi Patrick Aimé Chouaké, lors d’une interview réalisée en décembre 2021 à Samos. « Et moi, dans le vagin pour me fouiller. Ils m’ont pris 500 euros », renchérit son épouse. Valentin* confirme : « Ils ont touché mes testicules. Les policiers cherchaient dans le vagin des femmes. Ce sont des hommes qui faisaient ça. Ils portaient des gants. »

    Le groupe est ensuite contraint de prendre place sur un autre bateau sur ordre des gardes-côtes. « Nous avons quitté Samos vers 9 heures. Ils nous ont fait tourner longtemps sur l’eau, jusqu’à 13 heures environ, retrace Marie*. Les gardes-côtes regardaient partout pour que personne ne nous repère. Une fois qu’ils se sont assurés que la zone était libre, ils nous ont placés sur deux canots pneumatiques, sans moteurs, ni eau. »

    À 14 heures, le groupe de 28 est repêché, indiquent les gardes-côtes turcs. Sur une vidéo filmée par l’équipe de sauvetage, des fonctionnaires remorquent un canot sans moteur. Avant de transférer les passagers, dont plusieurs enfants, sur un patrouilleur.

    Les évadés

    C’est depuis « la brousse », comme il qualifie la forêt, que Libya*, un Congolais âgé de presque 18 ans, observe la scène. Quelques arbres lui permettent de se cacher, tout comme ses deux compères. « Ce jour-là, c’était à la vie, à la mort », lâche le jeune garçon qui est parvenu à rejoindre le camp de Samos au terme de quatre jours de bivouac, sans boire, ni manger.

    Mais Libya* et ses compagnons ne sont pas les seuls à s’être fait la malle. Un autre petit groupe a réussi à tromper la vigilance des policiers. Parmi eux, Didier, Sidy et Ibrahim. Le groupe connaît les mêmes embûches. Mais a surtout le même but : rejoindre le camp de réfugiés de Zervou, à une trentaine de kilomètres dans les terres, où les demandeurs d’asile sont censés s’enregistrer.

    Depuis la « brousse », Sidy passe un coup de fil à Izmir. Rassure ses amis restés en Turquie. Ils sont trois à l’avoir vu en Grèce au cours d’un appel vidéo. « Il m’avait appelé alors que j’étais au travail, se souvient Eloge, depuis Istanbul où il séjourne toujours, quand il parlait, il avait l’air essoufflé, je me suis dit qu’il n’était pas encore arrivé au camp. » « J’étais content pour lui, c’est un peu comme mon petit frère », renchérit Jean-Baptiste, 46 ans, Ivoirien et originaire d’Abobo lui aussi.

    Le pushback

    Dans la matinée du 16 septembre, le lendemain de la traversée, les trois hommes se décident finalement à quitter la forêt. Ils veulent rejoindre le camp. À peine sortis des fourrées, ils sont arrêtés. « Des policiers en civil nous ont demandé nos papiers mais on n’en avait pas », se souvient Ibrahim.

    L’ un des policiers appelle des renforts. Quelques minutes plus tard, la maréchaussée est rejointe par trois hommes en noir, au volant d’une voiture banalisée. Une cagoule cache leur visage. « Des gardes-côtes », présume Ibrahim. Les trois hommes se font bastonner. On leur confisque leurs effets personnels avant d’être jetés dans la voiture, mains sur la tête, pour une demi-heure de route.

    Ibrahim, Sidy et Martial sont ensuite contraints d’embarquer dans un bateau, racé, à coque molle, qui dispose d’une petite cabine à l’avant. Une signalisation qui correspond au Rafnar, l’un des bateaux utilisés par les gardes-côtes grecs à Samos.

    Les trois hommes sont parqués à l’avant. Le bateau file pendant une trentaine de minutes, se rappelle Ibrahim, avant que les garde-côtes ne s’arrêtent. Selon son récit, moteur éteint, ils jettent Didier par dessus bord. Puis Sidy. « Ils ne disaient rien. De notre côté, on les suppliait. On leur demandait de nous ramener près de la côte », se souvient Ibrahim.

    Dans les flots, l’homme se démène. « Il y avait des vagues ce jour-là. » Un témoignage cohérent avec les données météorologiques. Il perd finalement de vue ses deux camarades. Didier est le premier à sombrer. Sidy le suit. Ibrahim prie : « Je me suis dit que je devais vivre pour livrer mon témoignage. »

    Combien de temps dure sa lutte dans la mer Égée ? Impossible à dire, mais Ibrahim finit par toucher terre. Probablement sur la presqu’île de Dilek, dont il décrit le rivage ciselé et la base militaire qui la domine. À quelques kilomètres seulement au sud d’où il avait pris la mer deux jours plus tôt. Les vagues renvoient finalement le corps de Sidy sur la plage. Il essaie de le réanimer mais le jeune Ivoirien est déjà mort.

    Ibrahim est désorienté. Il lui faut trouver un refuge pour la nuit. Il dort dans la forêt environnante. Le lendemain, alors qu’il chemine sur la route goudronnée la plus proche, la gendarmerie l’arrête et l’emmène au poste. Les militaires turcs recueillent son témoignage le lendemain, le 18 septembre 2021. Avant de se rendre sur la côte où ils découvrent le corps de Sidy Keita. Lors de sa déposition, Ibrahim prévient : « Un autre ami s’est perdu en mer. » Ce n’est que deux jours plus tard que le corps de Didier Martial est retrouvé.

    Retour au pays

    Des deux côtés de la mer Égée, la nouvelle de la mort de Didier et Sidy se répand comme une traînée de poudre. Les messages fusent de groupes en groupes sur WhatsApp. L’un d’eux parvient à Séverin, le frère de Didier. Il est prévenu dès le 16 septembre de la disparition de son cadet. Il prend la nouvelle en pleine face, s’effondre, rongé par la culpabilité.

    « Je n’arrête pas de me demander si c’est de ma faute. Je lui ai dit de venir en France, mais il voulait partir. » Les proches de Sidy, dont le jeune Soumaoro, 17 ans, sont missionnés pour aller reconnaître la dépouille de l’Ivoirien à la morgue d’Izmir. « C’était bien lui. Il était gonflé par l’eau », confie le jeune homme ému. Même chose pour les amis de Didier. L’identification se déroule le 22 septembre 2021, d’après un certificat que nous avons pu nous procurer.

    Dans les jours qui suivent, une veillée est organisée chez l’un des membres éminents de la communauté africaine d’Izmir. « Ça a été un vrai choc mais aussi une communion à la mémoire de nos frères qui sont morts en mer », se souvient Valentin.

    Les dépouilles des défunts connaissent des fortunes différentes. Celle de Didier est rapatriée au pays, grâce aux économies de Séverin. Elle est enterrée dans son village natal de Batchingou, à l’ouest du Cameroun. Il laisse derrière lui une femme, deux jeunes enfants, Divine et Louange, et une famille endeuillée.

    Le corps de Sidy, quant à lui, ne quitte pas les rivages d’Izmir. « Les Turcs nous avaient dit que nous avions deux semaines pour trouver de l’argent. Sinon, il serait enterré à Izmir », se rappelle Soumaoro. Impossible de trouver la somme dans le temps imparti. Sidy est enterré parmi le carré des indigents au cimetière d’Izmir.

    Le poids d’Ibrahim

    Ibrahim, lui, a de nouveau tenté la traversée. Fin novembre, il a finalement réussi à rallier la Grèce sans être refoulé. « Je n’avais pas le choix. Ce n’est pas possible de vivre en #Turquie. »

    Il est depuis enregistré comme mineur. De nombreux demandeurs d’asile croient pouvoir obtenir une protection plus grande de la part de l’État grec en se déclarant tels, mais la manœuvre peut s’avérer risquée. Face à nous, Ibrahim clame sa minorité. Tout comme son avocat. Une information que Mediapart et ses partenaires n’ont pu vérifier.

    Ibrahim est surtout détruit par l’histoire qu’il a vécue. « Je suis épuisé. À bout de force. J’ai l’impression qu’une partie de moi est restée dans l’eau. » Cette eau, que le marin considérait comme son amie, s’est retournée contre lui.

    Elisa Perrigueur, Jack Sapoch et Tomas Statius

    https://www.mediapart.fr/journal/international/160222/revelations-sur-la-mort-de-migrants-rejetes-la-mer-par-des-gardes-cotes-gr

  • La #Grèce, laboratoire des #solidarités et de la #répression

    « Un archipel des solidarités » propose une réflexion sur « un autre possible politique », en éclairant la force du « Nous » dans la diversité géographique de la Grèce. Des « #luttes communes » qui font face à des mesures globales destructrices. Entretien avec la co-autrice de cet ouvrage, Christiane Vollaire.

    #néolibéralisme #dette #austérité #réfugiés #migrants #Vollaire #Bazin

    https://blogs.mediapart.fr/nicolas-richen/blog/140222/la-grece-laboratoire-des-solidarites-et-de-la-repression

  • Greece to Hire 4,000 Bangladeshis Yearly

    Greece and Bangladesh signed a deal on Wednesday for Greece to employ 4,000 Bangladeshi workers annually.

    Bangladesh Expatriates’ Welfare and Overseas Employment Minister Imran Ahmad and Greek Migration Minister Notis Mitarakis signed the deal together in Dhaka.

    “Bangladeshi workers will be provided a 5-year temporary work permit,” Bangladesh’s expatriate ministry explained. “Under the agreement, seasonal workers will be hired in the agricultural sector.”

    The two countries have decided to expand the agreement as needed, potentially adding sectors and workers to the deal. Workers will have to leave Greece after the five-year period ends.

    Greece plans to present the deal for approval. This is Bangladesh’s first such employment contract in Europe.

    “Bangladeshi workers will be able to safely go to Greece to work legally now. They will be able to travel there with the employers bearing the expenses after the recruiting process is complete in Bangladesh,” Mitarakis remarked.

    Workers from this East Asian nation have confronted problems with human trafficking and rights violations in the past. This deal aims to facilitate a safe process for workers to come to Greece without infringing on their rights.

    Applicants are required to submit their own work contracts, travel documents, and proof of health insurance, as well as pay any expenses independently.

    Greece’s Migration Minister Notis Mitarakis signs deal with Bangladesh after Turkey clash

    This deal comes on the heels of Mitarakis’s back and forth with the Turkish government over accusations of migrant pushbacks on the Greek-Turkey border.

    Turkey’s interior minister, Suleyman Solyu, said that Greek guards were responsible for pushing the refugees away from the border into Turkey, where they died. The dead were part of a group of 22 people.

    Greece’s migration minister, Notis Mitarachi, denied Solyu’s allegations that Greek frontier units forcibly expelled the migrants.

    “The death of 12 migrants at the Turkish border near Ipsala is a tragedy. But the truth behind this incident bears no resemblance to the false propaganda pushed out by my counterpart,” he said in a statement.

    “These specific migrants never made it to the border. Any suggestion they did, or indeed were pushed back into Turkey, is utter nonsense.”

    Mitarakis insisted that Turkey should work on preventing such “dangerous journeys,” instead of wasting time with “baseless claims.” Mitarakis referenced a deal the EU made with Turkey to stop such migrant flows. “Turkey should assume its responsibilities if we want to prevent such tragedies from occurring again,” he added.

    Tensions between Turkey and Greece have deepened since 2020 when Turkey’s President Recep Tayyip Erdogan told asylum seekers to make their way to Europe through Greece.

    It is illegal under domestic, EU, and international law to deny migrants seeking asylum at the border. Despite this, numerous organizations have assembled proof that expulsions are a regular occurrence at the border.

    https://greekreporter.com/2022/02/10/greece-hires-bangladesh-workers
    #accord #accord_bilatéral #migrations #Bangladesh #Grèce #travailleurs #travailleurs_saisonniers #saisonniers #agriculture #migrants_bangladais

    ping @isskein @karine4

    • Same memorandum of shame signed with Pakistan

      Greece to give Pakistanis 5 years work visa

      Greece to give Pakistanis 5 years work visa from next year. The visa is based on seasonal employment which will allow total stay in Greece for five years. According to the news media sources, Notis Mitarakis, Minister of Immigration and Asylum, held talks this week in Pakistan with the country’s political leadership.
      he new visa will allow Pakistanis skilled and nonskilled workers to stay 9 months a year in Greece and 3 months in Pakistan. Greece and Pakistan have signed a memorandum of cooperation to stop the flow of illegal immigrants from Pakistan and provide Greece with human resources through legal immigration channels and tough immigration policies.
      Immigration and Asylum Minister Notis Mitarakis met with Pakistani Prime Minister Imran Khan as part of his official visit to Islamabad. According to the Greek Foreign Ministry, Mr. Mitarakis had talks with the Minister of Foreign Affairs and Human Resources Development, Mohammad Ayub Afridi, and the two Ministers exchanged views on ways to strengthen cooperation between Greece and Pakistan. immigration, but also the fight against irregularities in Greece.
      Notis Mitarakis, with his visit to Pakistan, seeks to support the legal immigration for the needs of the Greek economy, with the aim of combating the illegal arrivals of immigrants in Greece and on the other hand to return to Pakistan those who arrive in Greece. without having the right to stay in the country.
      He said:
      “We propose seasonal work of up to nine months a year versus long-term settlement,” Notis Mitarakis wrote in person about his talks in Pakistan.
      During the talks, Notis Mitarakis also noted:
      “We know very well why people move illegally from one country to another and become immigrants because in the past the history of Greece is similar to the history of Pakistan. Unfortunately, there was no strong close connection between Pakistan and Greece, which is why Pakistanis living in Greece face difficulties. Pakistan and the Hellenic Republic maintain friendly relations. A strong Pakistani diaspora of over 60,000 is an important economic and cultural bridge between the two countries. The visit will further strengthen the cooperation ties between Pakistan and Greece.”
      According to the press release of the Pakistani government, however:
      “The aim of the new policy will be to provide a visa for 5 years (seasonal immigrants). Every year the immigrant can stay in Greece for 9 months and spend the rest in his homeland. The three major policy objectives are:
      – the issuance of new visas through legal channels.
      – legalization of illegal immigrants
      – elimination of smuggling and illegal immigration
      On the other hand, the Greek side states that “the government’s goal is to support legal immigration to meet the needs of the Greek economy while combating illegal arrivals and the return of those who do not have the right to stay.
      Mr. Mitarakis and Mr. Afridi agreed on the need to promote legal migration routes at the expense of smuggling networks that endanger human lives. In this context, they co-signed a Declaration of Intent for the establishment of technical talks between the two ministries, as well as for the conclusion of a memorandum of cooperation in the near future, which will cover legal immigration issues and facilitate the return of irregular migrants.
      Mr. Mitarakis invited Mr. Afridi to visit Greece in the coming months, in order to continue their talks. The two ministers presented the results of their talks to the Pakistani prime minister, pledging to seek effective solutions to immigration issues. According to the Greek ministry, the Pakistani prime minister welcomed the Greek approach, congratulating the two ministries on their desire to strengthen cooperation on issues of legal immigration and the fight against irregularities.

      https://visa-guru.com/greece-to-give-pakistanis-5-years-work-visa

      #Pakistan #migrants_pakistanais

  • Réinventer le politique contre sa brutalisation
    https://metropolitiques.eu/Reinventer-le-politique-contre-sa-brutalisation.html

    En #Grèce, la violence des politiques antimigratoires s’ajoute à celle des mesures économiques d’ajustement. Christiane Vollaire et Philippe Bazin se sont rendus auprès de personnes et de lieux qui opposent à cette violence « un archipel des #solidarités ». Magnifique à tous points de vue, le livre de Christiane Vollaire et Philippe Bazin expose le résultat d’enquêtes menées en Grèce entre 2017 et 2020. Son originalité tient à l’association de deux démarches : #philosophie de terrain et #photographie #Commentaires

    / philosophie, #histoire, photographie, #migrants, Grèce, solidarité

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_bazin.pdf

  • COVID 19 : nouvelle alerte du CGLPL sur la situation des personnes enfermées | Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté
    https://www.cglpl.fr/2022/covid-19-nouvelle-alerte-du-cglpl-sur-la-situation-des-personnes-enfermees

    En dépit de l’extrême virulence de l’actuelle vague de l’épidémie et l’application de nouvelles mesures pour tenter de maitriser la situation sanitaire, pas un mot n’a été prononcé par les autorités sur la condition, pourtant très inquiétante, des prisons, des centres de rétention administrative, des locaux de garde-à-vue et des hôpitaux psychiatriques. Le CGLPL le déplore et estime impératif d’alerter une nouvelle fois les ministres de la santé, de la justice et de l’intérieur.
    Tout enfermement, sur fond de reprise épidémique, est un facteur de vulnérabilité auquel le gouvernement devrait, pourtant, accorder une attention particulière. Parce que la promiscuité y entraîne un risque de contagion accru et parce que ce risque ne se limitera pas à ces lieux.
    En prison, les efforts bénéfiques du printemps 2020 pour réduire la surpopulation ne sont plus que de lointains souvenirs, laissant place à une longue progression : les 62.935 détenus au 1er décembre 2020 sont devenus 69.992 au 1er décembre 2021. Or, la reprise épidémique exceptionnelle, conjuguée à la promiscuité insensée de la plupart des maisons d’arrêt, aggrave la progression du virus de manière affolante. De novembre à décembre, les nombre de prisonniers covidés a quadruplé. Début janvier, il a presque triplé, s’élevant à 1074.
    Si la vaccination a débuté il y a un an dans les prisons, il est désolant que son taux y soit inférieur au taux général (début décembre 2021, 57,6% des détenus avaient reçu au moins une dose contre 77,6% des « libres »). L’effort de tous, y compris des services sanitaires, doit contribuer à la faire progresser.

    #covid-19 #prison #psychiatrie #migrants #CRA #santé #vaccination

  • Aux frontières de l’Europe
    https://metropolitiques.eu/Aux-frontieres-de-l-Europe.html

    Alors que vingt-sept personnes exilées ont trouvé la mort dans la Manche en essayant de rejoindre le Royaume-Uni, le livre de Camille Schmoll éclaire la tragédie migratoire et la responsabilité des États et de l’Union européenne dans le sort des femmes migrantes, aux marges de l’Europe. C’est pendant une décennie (2010-2020) où la mer est devenue #frontière-cimetière pour les migrant·e·s indésirables de l’Europe que la géographe Camille Schmoll a mené sa recherche. À rebours des discours dominants, #Commentaires

    / #migrations, #migrants, frontière, #accueil, #féminisme

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_tyszler.pdf

  • Un navire bétailler arraisonné en Espagne pour trafic de migrants
    https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/shipping/41655-un-navire-betailler-arraisonne-en-espagne-pour-trafic-de-

    Publié le 29/11/2021
    Les autorités espagnoles ont arraisonné le 27 novembre, dans le port de Carthagène, le navire bétailler Elita, en provenance de Libye, soupçonné de participer à un trafic de migrants syriens.

    Le dernier navire de migrants sauvé du pire était un transporteur de bétail...
    https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/shipping/20551-le-dernier-navire-de-migrants-sauve-du-pire-etait-un-tran
    Le dernier navire de migrants sauvé du pire était un transporteur de bétail...
    Publié le 05/01/2015
    Affreuse ironie, le troisième navire de migrants récupéré - et sauvé du pire - par la Guardia Costiera italienne depuis le 20 décembre est un navire dédié au transport de bétail... Il s’agit de l’Ezadeen, 73 mètres, 2 300 tpl, construit en 1966, battant pavillon de Sierra Leone, enregistré comme appartenant à un armateur libanais.
    https://lemarin.ouest-france.fr/sites/default/files/styles/full/public/2015/01/05/1079615_ezadeen-les-migrants-ont-paye-entre-4000-et-8000-dollar

    #réfugiés #asile #migrations #migration #migrants #migrant #frontières #méditerranée #mourir_en_mer #Navires

  • L’Allemagne doit doubler son immigration pour maintenir son économie Blandine Milcent/asch
    https://www.rts.ch/info/monde/12671369-lallemagne-doit-doubler-son-immigration-pour-maintenir-son-economie.htm

    Pour conserver sa force économique malgré son déclin démographique, l’Allemagne devrait accueillir 400’000 étrangers par an, contre 200’000 actuellement, selon une étude de l’institut de recherche de l’agence fédérale pour l’emploi.

    Le nouveau gouvernement qui se met en place à Berlin projette de développer l’immigration choisie en mettant en place un système de points. En effet, l’Allemagne vieillit et le nombre de personnes en âge de travailler diminue inexorablement.

    Si rien ne change, il manquera 16 millions de travailleuses et travailleurs sur le marché de l’emploi en Allemagne d’ici à 2060. Le travail des femmes, la robotisation et les départs tardifs à la retraite ne suffiront pas à compenser cette tendance.

    Selon l’institut de recherche IAB, qui dépend de l’agence fédérale pour l’emploi, il faudrait doubler le nombre d’étrangers qui arrivent chaque année sur le sol allemand, soit passer de 200’000 actuellement à 400’000 par an. Faute de quoi l’Allemagne ne pourrait conserver sa puissance économique.

    « Moins de revenus »
    Johannes Fuchs, coauteur de cette étude, détaille son analyse dans La Matinale : « S’il y a toujours moins de personnes qui peuvent travailler en Allemagne, les entreprises seront obligées de réagir. Cela veut dire : réduire leurs activités et supprimer des emplois, fermer ou se délocaliser à l’étranger. »

    Le chercheur explique également que cette chute démographique mène vers des problèmes toujours plus importants pour financer les caisses de retraite ou de maladie. « Mais cela signifie aussi moins de croissance, moins de valeur produite, donc moins de revenus en Allemagne. Et cela aura un impact sur tout ce qui doit être financé dans le pays : les routes, les canalisations, l’électricité, tout cela doit être financé par le travail », poursuit-il.

    Et si ce chiffre de 400’000 étrangers par an reste un chiffre abstrait, dans un modèle purement économique. Il donne toutefois une bonne indication du grand défi démographique qui attend l’Allemagne dans les prochaines décennies.

    #migrations #migrants #économie #Allemagne #Démographie #migrants

  • En #Pologne, la solidarité s’improvise au secours de #migrants « traités moins bien que des #animaux » - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/211121/en-pologne-la-solidarite-s-improvise-au-secours-de-migrants-traites-moins-

    À la frontière avec la Biélorussie, ils sont nombreux à s’engager pour sauver des vies. Simples résidents, activistes, médecins, juristes… ils ou elles agissent en réseau pour venir au secours des exilés refoulés par Minsk comme par la Pologne.

    Hajnówka (Pologne).– À l’origine, Grzegorz (prénom modifié) n’a pas grand-chose d’un activiste. Cet employé de la construction vivait jusqu’ici une existence tranquille, à l’orée des forêts de Podlachie en Pologne. Sauf que sa vie a basculé il y a quelques semaines, depuis que des réfugiés en provenance de #Biélorussie parcourent régulièrement les forêts non loin de chez lui. Et ce, même si les tentatives de #passage de la #frontière polonaise sont en baisse depuis qu’un camp de plusieurs milliers d’exilés du côté de la Biélorussie, formé le 8 novembre, s’est retrouvé déserté une semaine plus tard.

    « C’est vrai qu’il y a un peu moins de passages, mais il y en a encore », assure le trentenaire joint au téléphone. Grzegorz est de ceux qui pensent que la frontière doit être défendue, mais pas à n’importe quel prix. « Si les migrants sont déjà sur le territoire polonais, on ne peut pas les traiter comme des balles de ping-pong et les renvoyer en Biélorussie. Ça ne veut pas dire qu’ils doivent rester dans l’Union européenne, il existe des moyens civilisés de les renvoyer chez eux. En revanche, on doit mettre en place un système et leur permettre qu’ils reçoivent de l’aide. En lieu et place de cela, les migrants sont traités moins bien que les animaux en Pologne. D’ailleurs, on ne les enregistre nulle part », confie cet homme qui vit à proximité de Narewka et consacre désormais plusieurs heures hebdomadaires à la rescousse de réfugiés, sans disposer de l’aide psychologique nécessaire.

    En général, il se rend sur place après avoir reçu une géolocalisation de la part de bénévoles de Grupa Granica, un collectif qui aide les migrants en détresse en Pologne depuis août – soit le début de la crise migratoire qui touche la Pologne orientale. Parfois, Grzegorz se promène dans la forêt et rencontre par hasard ces exilés venus de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak… ou encore d’Afrique subsaharienne. « La plupart des migrants que j’ai vus passer étaient affamés, assoiffés, trempés, leurs téléphones étaient sans batterie, certains avaient laissé leurs chaussures dans les marécages… J’ai vu des hommes pleurer et forcément ça fait quelque chose. Le plus dur, c’est quand on n’a aucune nouvelle de ces personnes. Parce que, mine de rien, on s’attache. » Pour Grzegorz, tout a commencé à la mi-octobre, à la suite d’un refoulement dont il a été témoin.

    La Pologne pratique depuis le début de cette crise - orchestrée par le régime de Minsk – un refoulement quasi systématique des migrants qu’elle parvient à intercepter à sa frontière avec son voisin, qu’ils soient éligibles à une protection - ou non – au sein de l’Union européenne. Ces refoulements ont été légalisés en août par le biais d’une ordonnance du ministère de l’intérieur, ainsi qu’avec l’entrée en vigueur d’un amendement à la loi sur les étrangers, le 23 octobre.

    « Tout au début, j’ai rencontré une famille kurde. J’ai consenti à être leur représentant légal dans le cadre d’une demande d’asile. Les gardes-frontières sont arrivés, je leur ai tout expliqué. Ils m’ont promis que la famille serait conduite au poste des gardes-frontières pour y effectuer la procédure. Ça a été un choc quand ces Kurdes m’ont annoncé par messagerie qu’ils étaient en Biélorussie et qu’ils avaient froid et soif. »

    Au départ, le trentenaire ne connaît personne mais réussit rapidement à obtenir des provisions de la part d’un internaute, qui faisait une collecte sur le Web pour les exilés. Puis il entre en contact avec les divers réseaux d’aide aux migrants actifs en Podlachie, dans l’est de la Pologne, et estime depuis avoir assisté environ deux cents personnes en l’espace d’un mois. Le week-end du 13 novembre, Grzegorz vient même au secours d’un groupe de 80 personnes. « On n’avait pas assez de provisions, alors je suis passé au centre d’aide de Michalowo, là n’importe quel bénévole peut se ravitailler. »

    À Michałowo, près de l’école, c’est dans plusieurs conteneurs que des bénévoles de WOSP - une organisation caritative polonaise - se relaient toutes les douze heures depuis le 5 novembre. Et cette municipalité de 6 000 habitants fait figure d’exemple en matière d’aide aux exilés. « Cela fait trois mois qu’a commencé la crise migratoire à Michałowo », précise Konrad Sikora, adjoint au maire. « Cet été, nos pompiers ont aidé à extraire des migrants coincés dans un marécage. Les habitants aidaient déjà par ailleurs les migrants. Mais nous avons compris qu’il n’y avait pas de temps à perdre, que les températures chuteraient vite. L’ensemble du conseil municipal a ainsi donné son accord pour que Michałowo mette en place un centre d’aide pour migrants, inauguré le 4 octobre dans notre caserne de pompiers, continue le quadragénaire. Honnêtement, on n’a rien fait de spécial et ça ne coûte pas grand-chose. »

    Rapidement, les pompiers bénévoles des hameaux rattachés à la commune de Michałowo, dont celui de Jałówka, situé dans la zone d’état d’urgence, rejoignent le mouvement, laissant eux aussi la porte de leurs locaux ouverte aux réfugiés. Et les pompiers de la caserne municipale de Michałowo se sont mis à faire des maraudes tous les deux jours, à la recherche de migrants aux prises avec le froid, la faim ou une condition physique dégradée.

    L’aide des habitants comme celle de Grzegorz est d’autant plus cruciale que sur une bande de 3 km de large, le long de 400 km de frontière avec la Biélorussie, la Podlachie vit sous état d’urgence depuis le 2 septembre. Les médias comme les ONG n’y ont pas accès. Seuls les résidents peuvent y pénétrer en montrant patte blanche aux checkpoints. Quand l’état de santé des migrants s’avère précaire, ses habitants sont alors en proie à un dilemme cornélien : d’une part, les ambulances (seule institution médicale autorisée à accéder à la zone sous état d’urgence) sont escortées par les forces de l’ordre ; d’autre part, il n’est pas rare qu’après une hospitalisation, les gardes-frontières escortent les anciens patients à la frontière bélarusse.

    C’est pour venir en renfort des ambulances mais également agir en toute discrétion qu’a été formé en octobre « Médecins à la frontière », un collectif bénévole de médecins qui a dû abréger sa mission pour cause de vandalisme. Les professionnels de PCPM – une équipe d’intervention humanitaire polonaise qui a fait ses preuves dans le monde entier – ont alors repris le flambeau. Mais ses médecins bénévoles se heurtent également à l’accès prohibé à la zone.

    Une chose est sûre cependant, si ce n’était cette solidarité mise en place à la frontière et les opérations de sauvetage pilotées notamment par Grupa Granica, où des bénévoles arrivent avec thé chaud, soupe, eau, vêtements, chaussures, couvertures thermiques, il y aurait eu bien plus de décès que la dizaine officiellement rapportée.

    « Je crains qu’il n’y ait bien plus de corps sans vie dans la zone d’état d’urgence notamment et dans les recoins marécageux. C’est ce que nous rapportent les résidents. C’est aussi pour cela que les autorités polonaises ont “besoin” de cette zone, pour mieux cacher ce qui s’y passe », ajoute Agata Kołodziej, employée d’Ocalenie, une organisation déployée sur le terrain hors zone d’état d’urgence et membre de Grupa Granica.

    À l’extérieur de la maison de Kamil Syller, une lumière verte scintille de nuit. Ce juriste, qui vit avec sa compagne et sa fille à quatre kilomètres de la frontière, a eu l’idée à la mi-octobre de signaler ainsi sa main tendue aux migrants, une initiative qui a été depuis répliquée dans toute la Pologne. « L’idée m’est venue lors d’une première intervention où j’ai vu des Médecins à la frontière sauver une femme en situation d’hypothermie. J’ai alors compris l’urgence de la situation », témoigne ce quarantenaire qui offre repas chaud, rechargement de téléphone, vêtements aux migrants toquant à sa porte. Lui et sa compagne partent également en expédition dans les forêts, équipés de ravitaillement, mais aussi de caméra infrarouge, afin de repérer toute personne sans force ou qui craindrait les forces de l’ordre.

    Bon tout de même hein, Grzegorz fait remarquer que : "il existe des moyens civilisés de les renvoyer chez eux". Ah bon ok...

  • Citation autour de la #catégorisation migrants/réfugiés, exemple de la frontière Pologne/Biélorussi par #Nando_Sigona :

    Many of these people have been trying to get through border defences into Poland where security forces are attempting to prevent them from crossing. According to some reports, they are “migrants”, to others, “refugees”. The BBC, for example, reports that Poland fears that Belarus “may try to provoke an incident with hundreds of migrants seeking to cross into the EU”. In the same article, the Belarusian border agency is reported saying “that ‘refugees’ were heading for the EU ‘where they want to apply for protection’.”

    Two observations follow: the people stranded at the border are “migrants” for Poland and “refugees” for Belarus. By applying the quotation marks in reporting Belarus’s position, the BBC is implicitly aligning itself with the Polish and EU narrative.

    This argument over terminology, as research on the 2015-16 Mediterranean border crisis has demonstrated. As I wrote at the time the way we label, categorise and, in turn, differentiate between those on the move – for example those who crossed the Mediterranean on unseaworthy boats – has had enormous implications on the kind of legal and moral obligations receiving states and societies feel towards them.

    https://theconversation.com/belarus-border-crisis-with-poland-loses-sight-of-the-people-trapped
    #réfugiés #migrants #terminologies #vocabulaire #catégorisation #asile #migrations #mots #frontières

    ping @karine4

  • La professionnalisation de l’assistance aux #migrants en #Tunisie
    https://metropolitiques.eu/La-professionnalisation-de-l-assistance-aux-migrants-en-Tunisie.html

    En Tunisie, la gestion des #migrations subsahariennes est devenue ces dernières années un nouveau secteur d’emploi. Camille Cassarini montre les effets de cette professionnalisation, qui se traduit notamment par l’incorporation des objectifs étatiques de contrôle des migrants par les #ONG. En Tunisie, la question de l’accueil des populations migrantes subsahariennes en situation irrégulière se pose de manière relativement récente. Jusqu’en 2011, la gestion de ces migrations s’opérait dans un cadre #Terrains

    / Tunisie, migrations, #droit, migrants, ONG, #accueil

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_cassarini.pdf

  • Didier Leschi : « L’action des grévistes de la faim a fait apparaître une incohérence dans la politique mise en œuvre », Propos recueillis par Julia Pascual
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/01/didier-leschi-l-action-des-grevistes-de-la-faim-a-fait-apparaitre-une-incohe

    Le patron de l’OFII est chargé d’une mission de médiation à Calais où, depuis plus de trois semaines, un prêtre et deux militants ont cessé de se nourrir pour dénoncer la situation des #migrants. Il se rend sur place, mardi, pour une nouvelle réunion.

    Depuis plus de trois semaines, un prêtre, Philippe Demeestère, et deux militants ont entamé, à Calais (Pas-de-Calais), une grève de la faim pour dénoncer la situation des migrants. Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’intégration et de l’immigration (OFII), fait le déplacement, mardi 2 novembre, et précise les enjeux de la situation au Monde.

    Voilà plus de trois semaines qu’un prêtre et deux militants sont en grève de la faim à Calais pour dénoncer la situation des migrants. Vous avez été chargé d’une mission de médiation le 27 octobre. Qu’est-ce qui fait obstacle à une sortie de crise ?

    Ce qui bloque aujourd’hui, c’est un débat autour de ce que les grévistes de la faim et un groupe d’associations appellent un moratoire sur les évacuations de campements. Depuis cinq ans, l’action de l’administration a permis que ne se reconstitue pas, à partir de petites implantations, la « jungle » qui a été démantelée il y a cinq ans, c’est-à-dire un campement où se sont entassées jusqu’à 10 000 personnes et qui accumulait tous les défauts de ce type de situation informelle : violence, emprise des passeurs, prostitution… une indignité totale. Aujourd’hui, il y a des tentatives régulières d’installer des petits campements par des personnes en attente d’un passage en Angleterre. Le débat avec les grévistes de la faim est un débat sur la légitimité de ces personnes à continuer de stationner à Calais dans de l’habitat informel. Il n’y a pas un droit des gens de demeurer à Calais pour être à portée de main des passeurs. L’Etat ne peut pas laisser libre cours à des traversées de la Manche extrêmement dangereuses. Faire un moratoire tel que proposé par certaines associations, c’est, en réalité, faire le jeu des passeurs.
    Dans le cadre de la médiation, je propose qu’un hébergement soit systématiquement offert aux personnes. Celui-ci ne peut pas se situer à Calais, pour des raisons matérielles, et parce que la dernière fois qu’une tentative d’hébergement en dur s’est faite à Calais, ça a participé au développement de la « jungle ».

    Vous proposez un hébergement systématique lorsqu’un campement est évacué. Ce n’était donc pas le cas jusque-là ?

    Ce n’était pas le cas jusqu’à présent. L’action des grévistes de la faim a fait apparaître une incohérence dans la politique mise en œuvre. Effectivement, les évacuations en urgence n’étaient pas assorties systématiquement d’une proposition d’hébergement. La proposition que je fais, en outre, c’est que ces évacuations ne soient plus faites par surprise mais que les personnes soient prévenues en amont et qu’un délai de trois quarts d’heure leur soit laissé pour récupérer leurs effets personnels.

    Confirmez-vous les confiscations de tentes ou d’affaires dénoncées par plusieurs associations ?

    Il est indéniable que, lors des évacuations, il n’y a pas d’attention portée aux effets personnels. Je considère qu’il y a là un problème. Mais aucun service de l’Etat ne vole ces effets. Pour mettre un terme à la suspicion, il faut laisser un temps pour que les personnes récupèrent leurs affaires, y compris les tentes. Cela dit, s’il s’agit uniquement de récupérer les tentes pour refuser les hébergements et s’installer ailleurs, cette attitude finira par poser problème.
    Lorsque les personnes acceptent d’être hébergées, elles repartent presque aussitôt pour tenter de nouveau de passer en Angleterre.

    C’est un éternel recommencement ?

    Calais est en face de l’Angleterre et les migrants qui y stationnent sont le reflet du chaos du monde et sont, pour certains, les rejetés de pays voisins de la France. La situation ne pourra pas se résoudre du jour au lendemain, il faut l’humaniser au maximum.

    Ne faudrait-il pas négocier avec les Anglais pour qu’ils considèrent ces demandeurs d’#asile ?

    Les rapports avec l’Angleterre se sont complexifiés depuis [que c’est la faute de] le Brexit. Il est difficile de faire fi d’un accord des autorités anglaises. A défaut, dire qu’on laisse passer les personnes dans des conditions dangereuses et pour le seul bénéfice lucratif des passeurs ne résoudra pas le problème.

    Pourquoi les personnes qui se trouvent à Calais ne demandent-elles pas l’asile en France ?

    Il y a des gens qui n’ont jamais demandé l’asile en Europe, il y a des gens qui ont bénéficié d’une protection humanitaire en Allemagne mais qui a pris fin, il peut aussi y avoir des déboutés de l’asile en Europe… On a, aujourd’hui, une image partielle de qui sont ces personnes. Je propose d’ailleurs de faire des diagnostics sociaux pour mieux individualiser les situations. Il y a aussi une forme de mirage anglais et il est difficile de faire comprendre aux gens que l’Angleterre n’est pas le paradis espéré.

    Un des bilans positifs de l’évacuation faite il y a cinq ans et que ceux qu’on a convaincus de déposer une demande d’asile en France, et qui ont été acceptés à ce titre, sont dans des parcours d’intégration aujourd’hui.

    A l’époque, l’application du règlement de #Dublin qui empêche un demandeur d’asile de demander une protection dans un autre Etat que celui par lequel il est entré en Europe, avait été suspendue. Ce n’est pas envisagé aujourd’hui ?

    La non-application de Dublin a été faite au cas par cas, quand les personnes ont accepté de quitter #Calais. Ça ne fait pas partie des choses qu’on met sur la table aujourd’hui et c’est une décision complexe qui ne relève pas de ma compétence.

    En quoi le contexte électoral pèse sur votre mission de médiation ?

    Personne n’a intérêt à ce que les difficultés autour de Calais soient portées à l’incandescence. L’immigration fait partie des sujets qui enflamment une partie de la société française et qu’il faut savoir traiter sans angélisme mais aussi sans oublier qu’on a affaire à des personnes humaines qui sont dans une situation de détresse. Il y a un équilibre à trouver. Le rappel du besoin de fraternité fait partie des prises de position importantes de l’Eglise. J’ai une très grande considération pour des actes comme ceux du père Philippe Demeestère, mais il faut que le sentiment de la vie l’emporte sur des tentations mortifères.

  • Migrants : enquête sur le rôle de l’Europe dans le piège libyen
    https://www.lemonde.fr/international/video/2021/10/31/migrants-enquete-sur-le-role-de-l-europe-dans-le-piege-libyen_6100475_3210.h

    Des données récoltées par « Le Monde » révèlent comment Frontex encourage les rapatriements de migrants vers la Libye plutôt que vers l’Europe. CAPTURE D’ÉCRAN SEAWATCH

    Des données de vol obtenues par « Le Monde » révèlent comment l’agence européenne Frontex encourage les rapatriements de migrants vers la Libye, malgré les exactions qui y sont régulièrement dénoncées par l’ONU.

    300 kilomètres séparent la Libye de l’île de Lampedusa et de l’Europe. Une traversée de la #Méditerranée périlleuse, que des dizaines de milliers de migrants tentent chaque année. Depuis 2017, lorsqu’ils sont repérés en mer, une partie d’entre eux est rapatriée en Libye, où ils peuvent subir tortures, viols et détentions illégales. Des exactions régulièrement dénoncées par les Nations unies.
    L’Union européenne a délégué à la Libye la responsabilité des sauvetages en mer dans une large zone en Méditerranée, et apporte à Tripoli un soutien financier et opérationnel. Selon les images et documents collectés par Le Monde, cela n’empêche pas les garde-côtes libyens d’enfreindre régulièrement des règles élémentaires du droit international, voire de se rendre coupables de violences graves.

    Surtout, l’enquête vidéo du Monde révèle que, malgré son discours officiel, l’agence européenne de gardes-frontières Frontex semble encourager les rapatriements de #migrants en Libye, plutôt que sur les côtes européennes. Les données de vol du drone de #Frontex montrent comment l’activité de l’agence européenne se concentre sur la zone où les migrants, une fois détectés, sont rapatriés en Libye. Entre le 1er juin et le 31 juillet 2021, le drone de Frontex a passé 86 % de son temps de vol opérationnel dans cette zone. Sur la même période, à peine plus de la moitié des situations de détresse localisées par l’ONG Alarm Phone y étaient enregistrées.

  • L’industrie de la sécurité tire profit de la crise climatique
    https://reporterre.net/L-industrie-de-la-securite-tire-profit-de-la-crise-climatique

    Le changement climatique est bon pour le #business. Du moins celui de la #sécurité. C’est ce que démontre un rapport publié ce lundi 25 octobre par l’organisation de recherche et de plaidoyer Transnational Institute. Intitulé « un #mur contre le #climat », il démontre que les pays les plus riches dépensent bien plus pour renforcer leurs frontières contre les #migrants que pour aider les pays pauvres, d’où ils viennent, à affronter la crise climatique.

    Il décortique les dépenses, dans ces deux domaines, des sept pays riches historiquement les plus émetteurs de gaz à effet de serre que sont les États-Unis, l’Allemagne, la France, le Japon, l’Australie, le Royaume-Uni et le Canada. Ils sont à eux sept responsables de 48 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Le Brésil, la Chine et la Russie, qui font partie des dix plus gros émetteurs aujourd’hui, ne sont pas inclus car, s’étant enrichis beaucoup plus récemment, ils ne sont pas considérés comme des responsables historiques.

    • La France pourrait avoir l’air de bon élève. A priori, elle dépense moins dans les contrôles aux frontières (1 milliard) que dans le financement climatique (1,6 milliard). Idem pour l’Allemagne (3,4 milliards dans la militarisation des frontières contre 4,4 milliards dans le financement climatique). Mais ce serait oublier qu’une grande partie des dépenses sécuritaires est déportée au niveau de l’Union européenne et de l’agence de contrôle des frontières Frontex. Celle-ci a vu son budget exploser, avec une augmentation de 2 763 % entre 2006 et 2021.

      #Frontex

  • Immigration. « Le dernier entré ferme la porte à clé » Pr Didier Raoult
    https://numidia-liberum.blogspot.com/2021/10/immigration-le-dernier-entre-ferme-la.html

    Espagnols, pieds-noirs, Portugais, Maghrébins, Africains : la France a une longue tradition de terre d’accueil.
Le fantasme de l’immigration est violent. Et il est souvent manié avec encore plus de violence par les enfants d’immigrés !

    C’est illustré par la parabole de l’ouvrier de la onzième heure, de l’Évangile selon Matthieu. On y voit un propriétaire terrien qui rémunère au même niveau tous ses employés, quelle que soit l’heure à laquelle ils ont commencé leur journée. Cette parabole était censée apaiser les premiers chrétiens choqués de voir des païens, juifs et non-juifs, ouvriers de la onzième heure, appelés comme eux dans la communauté des chrétiens. Elle voulait signifier que la générosité de Dieu dépasse la justice humaine.

    À Marseille et à Paris, dans ma jeunesse, les noms à consonance italienne, polonaise ou espagnole étaient moqués. Au début de ma carrière médicale, dans les quartiers nord de Marseille, le personnel de deuxième génération, issu des flux d’immigrants italiens, espagnols et pieds-noirs, se plaignait de l’immigration récente (portugaise et maghrébine). J’ai pris l’habitude de leur dire que celui qui pense « c’est le dernier arrivé qui ferme la porte » doit avoir en tête que cette porte aurait pu être fermée par ceux qui l’ont précédé. Ainsi ni Édouard Balladur, ni Nicolas Sarkozy, ni Manuel Valls, ni Éric Zemmour [1] ne seraient français sans le droit du sol, et sans la porte ouverte laissée par leurs ancêtres. Avec des hauts et des bas. Ainsi, le décret Crémieux de 1870 n’accorda la nationalité française automatique qu’aux juifs d’Algérie [2], alors que l’ordonnance royale de 1834 la donnait, de fait, à tous les résidents algériens, musulmans compris...

    Le fantasme nostalgique d’une France issue de la Gaule
    La France est peuplée de migrants et de leurs descendants. Il ne s’agit d’ailleurs pas de descendants de Gaulois, qui ne furent qu’un peuple parmi les envahisseurs de passage. Les Celtes ont traversé la France, quand les Grecs et peut-être les Phéniciens occupaient le littoral méditerranéen. Le fantasme nostalgique d’une France issue de la Gaule, qu’il n’a pas connue, d’un Éric Zemmour, avec le succès de son livre que l’on connaît, traduit surtout une névrose, associant peur du changement, ignorance et aveuglement. La France continentale européenne est une nation géographique, aux frontières majoritairement naturelles (mer et montagne) mais poreuses, placée au centre de l’Europe, elle a été le réceptacle de toutes les migrations d’Europe et du Sud, en particulier venues de pays qu’elle a d’abord envahis. La Bretagne, chère aux Le Pen, n’a jamais été colonisée par les Francs - alors ce ne sont pas de vrais Français ? -, mais par les Romains, pendant 500 ans, en dépit d’Astérix qui flatte notre imaginaire gaulois, puis au Sud par les Bretons venus en y important leur langue, du sud de l’Angleterre dont ils étaient chassés par les Saxons (que l’on retrouve magiquement écrite dans La Morte d’Arthur, de Thomas Malory). Au nord, la France fut envahie par les Normands scandinaves. Comme le chantait Maurice Chevalier « Et tout ça, ça fait d’excellents Français », ni plus ni moins xénophobes que les autres ! Ceux qui plaident pour la mémoire devraient relire l’histoire...
    Par le professeur Didier Raoult ; Publié le 20/01/2015 

      #en_vedette #raoult #didier_raoult #france #immigration #migrations #migration #racisme #frontieres #migrants #frontières #histoire #travail

  • sommaires – OULAVIESAUVAGE
    https://oulaviesauvage.blog/2021/10/10/sommaires

    ON NE SAIT PAS

    qui meurt.

    On apprend qu’une embarcation

    contenant

     { transportant

    65 migrants

    d’origine sub-saharienne

    a chaviré entre Ceuta

    et Algesiras

    qu’il n’y a eu

    aucun survivant

    on imagine la barque qui

    se retourne :

    la nouvelle

    a l’air de concerner

    l’embarcation de fortune

    le zodiac trop léger

    le plastique

    ou le bois

    de la coque

    le défaut de fabrication

    la panne de moteur

    l’objet — des années

    que le nom de celles et ceux qui meurent en risquant le passage

    est gommé par un chiffre,

    65,

    24,

    48,

    morts

    sommaires

    de migrants —

    parfois,

    note de bas de page

    post-scriptum

    15 enfants

    dont 2 en bas âge.

    ON NE SAIT PAS

    #Migrants #Méditerranée #pushback #naufragés #Europe #cimetière_marin

  • #Libye : preuves de #crimes_de_guerre et de #crimes_contre_l’humanité, selon des experts de l’#ONU

    Parmi les exactions dénoncées par la mission onusienne : des attaques contre des écoles ou des hôpitaux ou encore les violences subies par les migrants.

    Des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis en Libye depuis 2016, a conclu une #mission d’#enquête d’experts de l’ONU après une enquête sur place, indique l’AFP ce lundi, confirmant des faits dénoncés de longue date.

    La mission souligne que « les civils ont payé un lourd tribut » aux #violences qui déchirent la Libye depuis cinq ans, notamment en raison des attaques contre des écoles ou des hôpitaux. « Les #raids_aériens ont tué des dizaines de familles. La destruction d’infrastructures de santé a eu un impact sur l’#accès_aux_soins et les #mines_antipersonnel laissées par des #mercenaires dans des zones résidentielles ont tué et blessé des civils », souligne le rapport.

    Par ailleurs, les #migrants sont soumis à toutes sortes de violences « dans les #centres_de_détention et du fait des trafiquants », en tentant de trouver un passage vers l’Europe en Libye, a dénoncé l’un des auteurs de l’enquête. « Notre enquête montre que les #agressions contre les migrants sont commises à une large échelle par des acteurs étatiques et non étatiques, avec un haut degré d’organisation et avec les encouragements de l’Etat - autant d’aspects qui laissent à penser qu’il s’agit de crimes contre l’humanité ».

    Les #prisons

    Les experts soulignent aussi la situation dramatique dans les prisons libyennes, où les détenus sont parfois torturés quotidiennement et les familles empêchées de visiter. La #détention_arbitraire dans des #prisons_secrètes et dans des conditions insupportables est utilisée par l’Etat et les #milices contre tous ceux qui sont perçus comme une menace.

    « La violence est utilisée à une telle échelle dans les prisons libyennes et à un tel degré d’organisation que cela peut aussi potentiellement constituer un crime contre l’humanité », a souligné Tracy Robinson.

    Les auteurs du rapport notent que la justice libyenne enquête également sur la plupart des cas évoqués par la mission de l’ONU, mais notent que « le processus pour punir les gens coupables de violations ou de #maltraitances est confronté à des défis importants ».

    La mission composée de trois experts, Mohamed Auajjar, Chaloka Beyani et Tracy Robinson, a rassemblé des centaines de documents, interviewé 150 personnes et menée l’enquête en Libye même, mais aussi en Tunisie et en Italie.

    Cette mission indépendante a toutefois décidé de ne pas publier « la liste des individus et groupes (aussi bien libyens qu’étrangers) qui pourraient être responsables pour les violations, les abus et les crimes commis en Libye depuis 2016 ». « Cette liste confidentielle le restera, jusqu’à ce que se fasse jour le besoin de la publier ou de la partager » avec d’autres instances pouvant demander des comptes aux responsables.

    Le rapport doit être présenté au Conseil des droits de l’homme à Genève - la plus haute instance de l’ONU dans ce domaine - le 7 octobre.

    https://www.liberation.fr/international/afrique/libye-preuves-de-crimes-de-guerre-et-de-crimes-contre-lhumanite-selon-des

    #torture #migrations #rapport

  • Ambassador in limbo makes plea for Afghans to be allowed into EU

    Former Afghan government’s ambassador in Greece appalled by Athens’ media blitz against ‘illegal migrant flows’

    The centre-right government of the prime minister, Kyriakos Mitsotakis, unveiled the EU-funded initiative, saying its goal was “to make clear that Greece guards its borders in an organised way and does not allow illegal migration flows”.

    Amid fears of the country again becoming the gateway for thousands of Europe-bound refugees desperate to escape the excesses of Islamist hardliners still seeking international legitimacy, the Greek migration ministry admitted the move had been prompted by “the latest geopolitical developments in Afghanistan”.

    Under the campaign, mainstream Afghan newspapers and social media will be targeted in what officials have called a blitzkrieg of messaging aimed at dissuading Afghans from paying smugglers to help them flee.

    Platforms including YouTube will be employed, with videos reportedly being prepared to convey the unvarnished reality of what awaits people if they succeed in reaching Greece through irregular means. This week asylum seekers on Samos were moved into a “closed” and highly fortified reception centre – the first of five EU-funded facilities on Aegean isles – that is encircled by military-style fencing and equipped with magnetic gates more resonant of a prison than a migrant camp, NGOs say.

    #migration #Greece #Afghanistan #Taliban #refugees #borders #camps #asylum

    https://www.theguardian.com/world/2021/sep/27/ambassador-in-limbo-makes-plea-for-afghans-to-be-allowed-into-eu

    • les principaux journaux afghans et les médias sociaux seront ciblés dans ce que les autorités ont appelé un blitzkrieg de messages visant à dissuader les Afghans de payer des passeurs pour les aider à fuir.

      Des plates-formes telles que YouTube seront utilisées, avec des vidéos qui seraient préparées pour transmettre la réalité sans fard de ce qui attend les gens s’ils réussissent à atteindre la Grèce par des moyens irréguliers. Cette semaine, les demandeurs d’asile à Samos ont été transférés dans un centre d’accueil « fermé » et hautement fortifié – le premier des cinq établissements financés par l’UE sur les îles de la mer Égée – qui est entouré de clôtures de style militaire et équipé de portes magnétiques plus proches d’une prison que un camp de #migrants, disent les ONG.

      #union_européenne #asile #réfugiés

  • Les Néerlandais, champions du monde en taille, rétrécissent
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_les-neerlandais-champions-du-monde-en-taille-retrecissent?id=10843926

    Ils sont les plus grands du monde…, mais ils rapetissent : la génération de Néerlandais née en 2001 est plus petite que celle née en 1980, a indiqué vendredi une étude menée par l’Office central des statistiques (CBS).

    Un homme néerlandais de 19 ans mesure aujourd’hui en moyenne 182,9 centimètres, contre 183,9 cm pour un homme né en 1980. Une femme néerlandaise de 19 ans mesure en moyenne 169,3 centimètres contre 170,7 cm pour celles nées en 1980.

    Différents facteurs, notamment l’immigration et le régime alimentaire, expliquent probablement ce changement de taille, qui inverse un siècle et demi de croissance rapide dans le pays, a indiqué l’étude.

    « Au cours du siècle dernier, nous sommes devenus de plus en plus grands, mais depuis 1980, la croissance s’est arrêtée », a souligné l’étude.

    « Les hommes nés en 2001 perdaient en moyenne 1 centimètre par rapport à la génération de 1980, et les femmes en moyenne 1,4 centimètre. »

    Les Néerlandais restent tout de même les plus grands du monde
    Mais tout n’est pas perdu.

    « Les Pays-Bas restent la nation la plus grande du monde », a déclaré le CBS dans un communiqué.

    Les hommes néerlandais devancent ainsi ceux du Monténégro qui viennent en deuxième position, suivis par l’Estonie et la Bosnie. Les femmes néerlandaises sont plus grandes que celles du Monténégro, du Danemark et de l’Islande, a précisé le CBS, citant des chiffres d’un réseau mondial de scientifiques de la santé (NCD-RisC).

    Les hommes les plus petits se trouvent au Timor oriental, tandis que les femmes les plus petites sont localisées au Guatemala.

    Plusieurs raisons expliquent ce rétrécissement
    Les raisons derrière ce rétrécissement ne sont pas totalement claires.

    L’un des facteurs est, selon l’étude, l’immigration, « en particulier des personnes d’origine non occidentale », qui tendent à être plus petites.

    Mais la croissance a également « stagné » chez les Néerlandais dont les parents et grands-parents sont nés aux Pays-Bas, précise-t-elle. Les hommes n’ont plus grandi depuis les années 1980 tandis qu’il y a une « tendance descendante » chez les femmes.

    Cela pourrait s’expliquer par la « limite biologique » mais est aussi probablement lié à « de mauvaises habitudes alimentaires et un apport énergétique excessif durant la période de croissance ».

    L’étude se base sur des auto-mesures de 719.000 Néerlandais âgés de 19 à 60 ans.

    Les Néerlandais n’ont pas toujours été aussi grands
    Les Néerlandais n’ont cependant pas toujours été aussi grands.

    Au début du 19e siècle, ils étaient petits par rapport aux normes européennes, ne commençant à s’élever dans le classement qu’à partir des années 1840.

    Il y a un siècle, les hommes les plus grands se trouvaient même aux Etats-Unis ou en Scandinavie. Ce n’est qu’avec la génération née à la fin des années 1950 que les Néerlandais ont finalement remporté le titre.

    Les raisons expliquant la taille des Néerlandais restent obscures.

    Un mythe populaire, considérant que les amateurs de fromages néerlandais sont grands parce qu’ils consomment beaucoup de produits laitiers, a été déconstruit par les scientifiques.

    Une plus grande prospérité ainsi qu’une « sélection naturelle dans laquelle les hommes et les femmes plus grands avaient plus d’enfants que les couples plus petits » est probablement la vraie raison, a estimé le CBS.

    #décroissance #immigration #migrations #migration #migrants #malbouffe #alimentation #junk_food #nutrition #Pays_bas #pays-bas

  • Dossier : Les migrations des privilégié·e·s Garance Clément, Camille François et Claire Gellereau
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-dossiermp-intro.pdf

    Dans le contexte de l’Union européenne (UE), le privilège migratoire renvoie aux différents régimes de frontière qui s’appliquent aux citoyen·ne·s « communautaires » et « extra-communautaires » (Rodier 2001). Cette notion rappelle également combien, parmi les ressortissant·e·s des États membres de l’UE, certaines mobilités sont encouragées et valorisées –celles des étudiant·e·s et des cadres par exemple – quand d’autres sont au contraire stigmatisées –celles des Roms ou des travailleur·euse·s détaché·e·s peu qualifié·e·s (Potot 2016 ; Math et Spire2004). De ce point de vue, l’inquiétude générée par le Brexit chez les Français installés à Londres,au sein des milieux d’affaire ou vis-à-vis du programme d’échange universitaire Erasmus, a mis en lumière un phénomène migratoire si banalisé qu’il restait relativement impensé (Favell 2010).Évoluant dans un contexte de forte valorisation du « capital international5 » (Wagner 2011) et d’injonctions croissantes à la mobilité (Fol 2010), les migrant·e·s privilégié·e·s ont en commun depouvoir traverser les frontières internationales sans que leur intégrité physique et morale ne soit menacée, ni même parfois contrôlée. Ils s’apparentent de ce point de vue à des « migrants nonchalants » (Croucher 2012).

    Cette nonchalance peut toutefois caractériser des populations très diverses par leur origine et leurs ressources. La pandémie de Covid-19 et les restrictions de mobilité mises en place par les gouvernements à travers le monde mettent en lumière les limites de certains privilèges migratoires,tout en éclairant sous un jour nouveau les conditions inégales du confinement en contexte étranger,entre vacanciers retenus dans des « prisons dorées6 » et étudiant·e·s étranger·e·s isolé·e·s et précarisé·e·s par la crise sanitaire7. Ce dossier vise ainsi à démêler la pluralité des situations de privilège qui accompagnent la migration et invite à déconstruire l’homogénéité sociale supposée des migrant·e·s privilégié·e·s. Il s’intéresse aux classes moyennes et supérieures et examine la manière dont les positions sociales occupées dans les sociétés de départ se reconfigurent dans les sociétés d’arrivée.

    Alors que la mobilité internationale est un trait caractéristique des classes supérieures.
    . . . . . . .
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-dossiermp-intro.pdf

    #migrants #migrations #privilégiés #privilégiées #Brexit #frontières #injonctions à la #mobilité #classes_supérieures #société #internationnal #ue #Erasmus #ressortissants #ressortissantes #statistiques