• Ana

    Assise, le regard oscillant entre paisible et perdu, Ana tourne le dos à la fenêtre. C’est que le paysage est frustrant : des pins cachent l’embouchure du Rio Miño dans l’Atlantique et ses longues plages qui se rejoignent presque à marée basse. Là où l’eau douce rencontre les vagues de l’océan. Sur la rive droite du fleuve se trouve la Galice espagnole, sur l’autre le Portugal. Entre les deux, les ruines d’un couvent dominent une petite île. A travers le cadre de verre pourtant, ni côtes de sable ni immensité bleue. Pas d’horizon. Des canapés confortables invitent à prendre le temps de se relaxer, de somnoler, mais Ana préfère s’asseoir à une petite table, dos droit et mains jointes en appui au niveau des poignets. La même posture de bienséance qu’elle adoptait lors des repas de midi avec ses employeurs à Genève.
    Lors de son départ de La Guardia, première aventure au-delà de sa terre natale, elle approchait des trente ans. Ce jour-là, elle a laissé derrière elle les fortes marées, les fruits de mer fraîchement pêchés, les petites montagnes verdoyantes et le vent salé. Sa jeune sœur, plus téméraire, avait fait le voyage quelques années auparavant. Prétextant à sa mère des vacances à Barcelone, elle était partie s’installer à Genève encouragée par une connaissance. Comme pour tant de Galiciens dans les années 60, la Suisse représentait la possibilité d’un autre futur, plus prospère. Le pays recherchait de la main-d’œuvre ouvrière bon marché et les offres d’emploi étaient nombreuses. En Espagne, au contraire, ni la dictature ni les conditions économiques de la région ne laissaient beaucoup de place à l’espoir, surtout avec quelques années d’école primaire comme seul bagage. Au village, le destin de la plupart des hommes se résumait à la pêche, partir au loin sur l’océan, parfois pour plusieurs semaines. Pour les femmes, cela signifiait longue attente et prières. Prier pour que leurs hommes ne se fassent pas engloutir par une vague ; ou que son gagne-pain ne soit avalé par un plus gros poisson, mieux mécanisé.

    http://asile.ch
    #Genève #migrations #exil #Espagne #migrants_espagnols

  • Liquid migration, grounded lives: considerations about future mobility and settlement among Polish and Spanish migrants in Norway

    The 2004 EU extension and the 2008 financial crisis triggered new migration flows within Europe, and subsequent debates about what the novelty of these migration flows consists of. We draw on adult Polish and Spanish migrants’ in Norway’s considerations about future mobility and settlement, and explore how these situate themselves in relation to conceptualisations of intra-European migration as ‘liquid’. Family concerns, economic factors and working life conditions in countries of origin appear as significant in migrants’ reflections about the future. This seems to contrast with conceptualisations of intra-European migration as ‘liquid’ in the sense of increasing individualisation, lifestyles of mobility and a migrant habitus. Rather a ‘normal life’ is emphasised by migrants’ underscoring desires to lead more grounded lives, under less ‘liquid’ conditions. Migrants’ already established lives in Norway, together with deregulated labour markets in Poland and Spain, are experienced as reasons not to return. Migrants’ considerations about the future suggest that key characteristics of South–North and East–West intra-European migration flows to Norway, appear to be converging: with a trend of transition to longer-term settlement and a wish for more grounded lives, where dignity is central and ongoing mobility is less prominent.

    http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/1369183X.2016.1211004
    #migrations #Norvège #Espagne #Pologne #migrants_espagnols #migration_économique #migrants_économiques #migrants_polonais
    cc @reka