• « La France pourrait aller chercher au Sahel le personnel médical dont elle a besoin »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/11/13/la-france-pourrait-aller-chercher-au-sahel-le-personnel-medical-dont-elle-a-

    En ces temps de Covid-19, l’hôpital est sous tension. On se focalise beaucoup sur les budgets trop serrés et on oublie trop souvent que le personnel aussi fait défaut pour pouvoir augmenter le nombre de lits. Et pas de manière seulement conjoncturelle, même si son manque est plus criant aujourd’hui qu’hier. Avant l’épidémie déjà, il manquait plus de 1 000 infirmières et aides-soignantes en Ile-de-France. Chaque année, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) ferme des lits pour cette raison.
    Et pourtant, des infirmiers et infirmières formées pourraient les suppléer si on regardait vers le sud. Vers des pays d’Afrique subsaharienne, comme le Burkina Faso – que Res Publica, l’association que j’ai fondée il y a vingt ans, connaît très bien –, où plusieurs milliers de diplômés d’Etat attendent un emploi. Ils et elles ont réussi leur examen, à l’issue d’une formation suffisamment solide pour être capables d’ausculter, de faire un diagnostic et même d’établir l’ordonnance de patients qui ne verront jamais de médecin dans ce pays où ils font cruellement défaut. Ces jeunes professionnels attendent que l’Etat les recrute car, faute de couverture sociale, il n’existe évidemment pas de secteur libéral.Alors si d’un côté on manque de professionnels formés et si de l’autre ils sont trop nombreux pour avoir un travail, pourquoi ne pas accueillir ces renforts dans nos hôpitaux, après une formation complémentaire qui pourrait être mise en œuvre dans les nombreux dispensaires burkinabés ? Pourquoi ne pas accepter l’idée que nos infirmières sont au Sud ? D’ailleurs, ce questionnement pourrait être plus large, le confinement ayant montré que la main-d’œuvre ne manque pas seulement au sein du système médical. Au printemps, alors que 4 millions de personnes étaient au chômage et près de 8 millions au chômage technique en France, les agriculteurs n’ont pas trouvé suffisamment de monde pour ramasser toutes les fraises. Et plus récemment, début octobre, il a fallu organiser un pont aérien entre la Corse et le Maroc pour que la clémentine de Corse puisse être récoltée.
    On peut le regretter, mais c’est une réalité. Avec l’ouverture du marché du travail européen, la France, l’Allemagne et l’Italie ont pu compter sur la main-d’œuvre polonaise ou roumaine. Mais pour les mêmes raisons démographiques que dans le reste de l’Europe, cette main-d’œuvre n’est pas intarissable. Depuis une dizaine d’années, les entreprises technologiques de l’Union européenne (UE) se disputent les ingénieurs et informaticiens. L’Allemagne s’en sort pour l’heure en attirant les jeunes des pays méditerranéens : Portugal, Espagne, Italie, Grèce… Mais c’est plus au sud qu’est le véritable vivier.........

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