Ceuta : face à la glamourisation sur TikTok des traversées irrégulières, le Maroc continue de sévir - InfoMigrants
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Ceuta : face à la glamourisation sur TikTok des traversées irrégulières, le Maroc continue de sévir
Par La rédaction Publié le : 04/10/2024
Plus de 150 personnes ont été arrêtées au Maroc pour avoir incité sur les réseaux sociaux, et notamment sur TikTok, la jeunesse marocaine à traverser à la nage la frontière maritime qui sépare le Maroc de l’enclave espagnole de Ceuta. Ces derniers jours, ce sont environ 3 000 jeunes qui ont tenté d’entrer illégalement à Ceuta. Mi-septembre, les autorités du royaume avaient déjà interpellé une soixantaine de personnes.
Cent cinquante-deux personnes ont été arrêtées au Maroc pour incitation à l’immigration clandestine sur les réseaux sociaux vers l’enclave espagnole de Ceuta, a annoncé jeudi 3 octobre un porte-parole du gouvernement. Ces derniers jours, 3 000 jeunes, d’origine marocaine pour la plupart, se sont massés à Fnideq, une ville du nord du Maroc proche de Ceuta, pour tenter d’entrer sur le territoire espagnol.
« Toutes les tentatives ont été déjouées », a déclaré le porte-parole Mustapha Baitas. Des vidéos diffusées par les médias marocains montrent à ce propos des jeunes jetant des pierres sur les forces de sécurité non loin de la frontière. « Aucun décès n’a été signalé », a précisé Mustapha Baitas, assurant que les autorités avaient agi dans le respect de la loi.
Le 16 septembre, la police marocaine avait déjà empêché 500 jeunes migrants d’entrer dans l’enclave espagnole. Et 60 personnes, dont des mineurs, avaient été interpellées le 11 septembre dans plusieurs villes marocaines, pour « fabrication et diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux incitant à l’organisation d’opérations collectives d’émigration clandestine », selon une source policière à l’AFP. Fin août aussi, la police judiciaire marocaine avait interpellé au moins six personnes, dont un mineur. Les suspects avaient entre 20 et 31 ans et le mineur 16 ans, précisait la presse locale.
Le Maroc continue donc de serrer la vis face à cette immigration irrégulière. « Certains jeunes gens sont incités [à immigrer] par des inconnus sur les réseaux sociaux », a ajouté le porte-parole Mustapha Baitas. Des appels à une « migration massive » le 15 septembre avaient en effet circulé sur les réseaux sociaux. Pourtant ces traversées de la frontière qui se font dans l’eau, parfois avec palmes et combinaison, sont immensément dangereuses voire mortelles : chaque année, les courants, l’hypothermie et les blessures contre les rochers font des victimes.
Un cadavre flottant au milieu des douves des murailles royales de Ceuta a été découvert le 14 août. Il portait une combinaison en néoprène et des palmes. Le 7 août, un autre corps avait été découvert à 800m de la plage de Chorrillo, à l’est de l’enclave espagnole. Le corps, « en état de décomposition avancé », portait lui aussi une combinaison en néoprène. Pourtant, rien ne semble arrêter les jeunes Marocains : les autorités du royaume chérifien ont déjoué pour le seul mois d’août plus de 11 300 tentatives d’émigration irrégulière, selon le ministère de l’Intérieur. Du côté de Melilla, l’autre enclave espagnole au Maroc, plus de 3 300 opérations ont été avortées sur la même période.
Cet été justement, les images de Chaimae El Grini, une Marocaine de 19 ans, tout sourire en combinaison et des palmes aux pieds débarquant sur le sol espagnol, étaient devenues virales, cumulant des millions de vues. D’autres vidéos postées sur TikTok principalement sous les hashtags « Harragas » (terme qui signifie « brûleurs de frontières » en français et qui désigne les migrants maghrébins) ou « Ceuta », montrent des traversées supposées faciles avec des jeunes souriants, arrivant sur les plages ou marchant dans les rues de l’enclave espagnole - au son de musiques triomphales.
Au cours des huit premiers mois de l’année, le Maroc a empêché au total 45 000 personnes d’émigrer illégalement vers l’Europe, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. D’après des statistiques officielles, ces départs s’expliquent par un manque de perspective criant pour la jeunesse marocaine : un jeune de 15 à 24 ans sur quatre dans le pays ne se trouve ni sur le marché de l’emploi, ni en formation, ni ne suit une scolarité.
Jusqu’en 2020, les traversées à la nage vers l’enclave espagnole étaient quasi inexistantes, mais elles se sont intensifiées ces dernières années. Avant, les migrants tentaient d’escalader les grillages de barbelés qui séparaient les deux territoires. Mais « les contrôles espagnols et marocains se sont intensifiés autour des routes, de la zone terrestre et des grillages », expliquait en 2021 à InfoMigrants, le chercheur marocain, Ali Zoubeidi. « Les candidats à l’immigration ont cherché de nouveaux moyens pour entrer dans les enclaves, comme la nage ».
Outre Ceuta (et Melilla), la voie d’accès principale des migrants vers l’Espagne reste la route de l’Atlantique vers les Canaries. Les départs se font depuis les côtes nord-ouest de l’Afrique (Maroc, Sénégal, Mauritanie, principalement). Plus de 22 300 migrants sont arrivés aux Canaries du 1er janvier au 15 août, en hausse de 126 % sur un an.
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