• "Les routes de la migration africaine mènent rarement à l’Europe"

    Les migrations africaines sont bien plus diverses et complexes qu’on ne pourrait le penser. Non seulement la proportion d’Africains qui décident de tenter l’aventure vers l’étranger est relativement faible, mais la plupart des migrants ne cherchent pas à aller vers l’Europe : ils restent sur le continent. Les Presses Universitaires du Québec viennent de publier un ouvrage collectif qui s’éloigne des approches réductrices sur ce sujet. Il s’intitule Migrations et gouvernance en Afrique et ailleurs . La chercheuse Sylvie Bredeloup est l’un de ses auteurs. Elle est notre invitée.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/30537/les-routes-de-la-migration-africaine-menent-rarement-a-l-europe
    #Migrations_Sud-sud #migrations_Sud-nord #migrations #Afrique

    ping @_kg_ @rhoumour @karine4 @isskein @fbahoken @reka

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    ajouté au fil de discussion sur les #statistiques et #chiffres en lien avec les « routes migratoires africaines » (et la relativisation des migrations Sud —> Nord) :
    https://seenthis.net/messages/482464

    • Migrations et gouvernance en Afrique et ailleurs

      Phénomène ancien et objet de controverses dès les années 1970, la migration a surtout été appréhendée sous l’angle des flux Sud-Nord. Au cours de la décennie 2010-2020, la situation créée par les flux de « réfugiés syriens » a été particulièrement médiatisée. Elle a été présentée pour l’essentiel sous l’angle de la menace existentielle qu’elle est supposée représenter pour les sociétés d’accueil, que ce soit pour leur l’identité, leur sécurité, leur marché du travail ou leur système de protection sociale. Or, cette lecture est réductrice à plus d’un titre, car les migrations se présentent comme des configurations complexes et multiples dans l’espace et dans le temps. En effet, elles sont aussi influencées par des contextes internes, des innovations sociales et des contextes régionaux et internationaux.

      https://www.puq.ca/catalogue/livres/migrations-gouvernance-afrique-ailleurs-3978.html
      #livre

    • #Sylvie_Bredeloup : « Les routes de la migration africaine mènent rarement à l’Europe »

      Les migrations africaines sont bien plus diverses et complexes qu’on ne pourrait le penser. Non seulement la proportion d’Africains qui décident de tenter l’aventure vers l’étranger est relativement faible, mais la plupart des migrants ne cherchent pas à aller vers l’Europe : ils restent sur le continent. Les Presses Universitaires du Québec viennent de publier un ouvrage collectif qui s’éloigne des approches réductrices sur ce sujet. Il s’intitule Migrations et gouvernance en Afrique et ailleurs. La chercheuse Sylvie Bredeloup est l’un de ses auteurs. Elle est notre invitée.

      RFI : On va tout de suite faire tomber deux mythes avec vous, le premier mythe c’est celui selon lequel l’Afrique serait une terre d’immigration, en tout cas plus que le reste du monde.

      Sylvie Bredeloup : Oui, d’abord, contrairement aux idées reçues, la migration n’est pas un phénomène massif, puisque la migration internationale ne concerne que 3,2% de la population mondiale. Et quant aux Africains, ils ne sont pas plus grands voyageurs que les autres, voire peut-être moins que les autres, puisque selon les sources des Nations unies, notamment en 2015, ces migrants ouest-africains ne représentaient que 2,9% de l’ensemble de la population ouest-africaine.

      Donc c’est vraiment un phénomène minoritaire ?

      Oui, c’est un phénomène minoritaire.

      Quand les populations africaines émigrent, elles ne vont pas vers l’Europe, elles vont plutôt vers d’autres pays du continent…

      Oui, tout à fait. Contrairement à ce mythe tenace qui est répandu, les routes de la migration africaine mènent rarement en Europe. Plus des deux tiers, voire les trois quarts des Africains, restent à l’intérieur du continent.

      Est-ce qu’à l’intérieur du continent africain, certains pays attirent plus particulièrement les migrants que d’autres ?

      Oui, on parle de cinq pôles récepteurs. D’abord le Nigeria et la Côte d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest. Le premier, avec ses champs de pétrole et ses mines de pierres semi-précieuses… le second, avec ses plantations de café et cacao attirent une population africaine importante. Troisième pôle, cette fois en Afrique centrale : le Gabon, pays beaucoup moins peuplé, avec ses chantiers de construction, mais aussi ses hydrocarbures… à l’instar de la Libye, en Afrique du nord, qui a continué aussi à attirer des populations des pays voisins. Tout cela, en dépit des exactions et des expulsions répétées. Puis, dernier pôle récepteur : l’Afrique du Sud, dont les mines d’or et de diamant continuent d’attirer aussi une multitude d’ouvriers : Zimbabwéens, Mozambicains… Et depuis la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud a aussi accueilli un nombre croissant de migrants ouest-africains, ou encore de République démocratique du Congo, qui eux travaillent plutôt dans les zones urbaines, dans le commerce et l’artisanat.

      Ce que vous expliquez dans votre texte, c’est que, jusque dans les années 1980, on était globalement en Afrique dans un régime que l’on pourrait décrire comme un régime « de laisser faire », avec une circulation assez libre des personnes, mais que dans les années 1980, justement, se sont mises en place progressivement des politiques de contrôle plus restrictives.

      Oui, il se trouve que la crise économique mondiale a aussi contribué à redessiner la carte des mouvements intra-africains. Et les textes qui pendant longtemps n’avaient pas été appliqués, ont fini par l’être. Les cartes de séjour et visas d’entrée et de sortie ont été instaurés. Les tarifs de ces cartes et de ces visas ont augmenté aussi notablement. L’accueil des étrangers au travail salarié a également été restreint. Je renvoie à la politique généralisée que l’on a appelée d’« ivoirisation », de « zairisation » de « gabonisation » des cadres et ensuite du commerce. À partir des années 1980, dans les pays d’accueil, ces mesures ont eu pour effet de plonger les communautés étrangères dans une vulnérabilité accrue, incitant certains d’entre eux à reprendre la route.

      Ce qui est particulièrement intéressant dans le chapitre que vous avez rédigé, c’est que vous revenez sur la façon dont se déroule concrètement cette migration pour les migrants africains. Et vous expliquez notamment que la migration par étapes est un scénario qui est fréquent pour les migrants africains. Comment se passe concrètement, cette migration par étapes ?

      Il se trouve que l’Afrique devient autant une terre d’écueil qu’une terre d’accueil. Les conditions d’hospitalité n’étant plus réunies, les migrants ne peuvent plus tabler sur les solidarités traditionnelles, sur la famille, sur les compatriotes… Donc même si ceux qui partent ne sont pas les plus pauvres, le passage des frontières a un coût important et les économies faites avant de partir sont vites liquidées. Les migrants sont donc conduits à travailler en chemin pour se renflouer. Ce qui est sûr, dans tous les cas, c’est que leur voyage s’étale dans le temps et effectivement se mesure dorénavant en années. Donc non seulement le nombre d’étapes se multiplie, mais l’attente à ces étapes s’éternise aussi. Une collègue -Claire Escoffier- a montré que cela faisait en moyenne dix-neuf mois que des migrants subsahariens qu’elle avait rencontrés au Maroc, avaient quitté leur pays d’origine. Un autre collègue -Mohamed Saïd Musette- dans une recherche conduite en Algérie, a montré que si dans les années 2000, le temps passé dans les lieux de transit ne dépassait pas six mois, en 2006 les migrants y restaient deux années et plus. Moi-même, en Libye, j’ai rencontré deux migrants camerounais qui ne se souvenaient plus depuis combien d’années ils s’étaient arrêtés à Sebha, qui se trouve aux portes du grand désert. Ils se disaient en panne. Et en fait, ils avaient perdu la notion du temps, comme si leur horloge interne s’était détraquée. Et c’est seulement en asseyant de faire coïncider le moment de leur arrivée dans la ville avec des événements importants qui s’étaient déroulés dans le monde, qu’ils ont réalisé que leur séjour en Libye pouvait se mesurer objectivement en années.

      https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invit%C3%A9-afrique/20210301-sylvie-bredeloup-les-routes-de-la-migration-africaine-m%C3%A8nent-rarem

  • Which countries have the most immigrants?

    The proportion of immigrants varies considerably from one country to another. In some, it exceeds half the population, while in others it is below 0.1%. Which countries have the most immigrants? Where do they come from? How are they distributed across the world? We provide here an overview of the number and share of immigrants in different countries around the world.

    According to the United Nations, the United States has the highest number of immigrants (foreign-born individuals), with 48 million in 2015, five times more than in Saudi Arabia (11 million) and six times more than in Canada (7.6 million) (figure below). However, in proportion to their population size, these two countries have significantly more immigrants: 34% and 21%, respectively, versus 15% in the United States.

    Looking at the ratio of immigrants to the total population (figure below), countries with a high proportion of immigrants can be divided into five groups:

    The first group comprises countries that are sparsely populated but have abundant oil resources, where immigrants sometimes outnumber the native-born population. In 2015, the world’s highest proportions of immigrants were found in this group: United Arab Emirates (87%), Kuwait (73%), Qatar (68%), Saudi Arabia, Bahrain, and Oman, where the proportion ranges from 34% to 51%.

    The second group consists of very small territories, microstates, often with special tax rules: Macao (57%), Monaco (55%), and Singapore (46%).

    The third group is made up of nations formerly designated as “new countries”, which cover vast territories but are still sparsely populated: Australia (28%) and Canada (21%).

    The fourth group, which is similar to the third in terms of mode of development, is that of Western industrial democracies, in which the proportion of immigrants generally ranges from 9% to 17%: Austria (17%), Sweden (16%), United States (15%), United Kingdom (13%), Spain (13%), Germany (12%), France (12%), the Netherlands (12%), Belgium (11%), and Italy (10%).

    The fifth group includes the so-called “countries of first asylum”, which receive massive flows of refugees due to conflicts in a neighbouring country. For example, at the end of 2015, more than one million Syrian and Iraqi refugees were living in Lebanon, representing the equivalent of 20% of its population, and around 400,000 refugees from Sudan were living in Chad (3% of its population).

    Small countries have higher proportions of immigrants

    With 29% immigrants, Switzerland is ahead of the United States, while the proportion in Luxembourg is even higher (46%). Both the attractiveness and size of the country play a role. The smaller the country, the higher its probable proportion of foreign-born residents. Conversely, the larger the country, the smaller this proportion is likely to be. In 2015, India had 0.4% of immigrants and China 0.07%.

    However, if each Chinese province were an independent country – a dozen provinces have more than 50 million inhabitants, and three of them (Guangdong, Shandong, and Henan) have about 100 million – the proportion of immigrants would be much higher, given that migration from province to province, which has increased in scale over recent years, would be counted as international and not internal migration. Conversely, if the European Union formed a single country, the share of immigrants would decrease considerably, since citizens of one EU country living in another would no longer be counted. The relative scale of the two types of migration – internal and international – is thus strongly linked to the way the territory is divided into separate nations.

    The number of emigrants is difficult to measure

    All immigrants (in-migrants) are also emigrants (out-migrants) from their home countries. Yet the information available for counting emigrants at the level of a particular country is often of poorer quality than for the immigrants, even though, at the global level, they represent the same set of people. Countries are probably less concerned about counting their emigrants than their immigrants, given that the former, unlike the latter, are no longer residents and do not use government-funded public services or infrastructure.

    However, emigrants often contribute substantially to the economy of their home countries by sending back money and in some cases, they still have the right to vote, which is a good reason for sending countries to track their emigrant population more effectively. The statistical sources are another reason for the poor quality of data on emigrants. Migrant arrivals are better recorded than departures, and the number of emigrants is often estimated based on immigrant statistics in the different host countries.

    The number of emigrants varies considerably from one country to another. India headed the list in 2015, with nearly 16 million people born in the country but living in another (see the figure below); Mexico comes in second with more than 12 million emigrants living mainly in the United States.

    Proportionally, Bosnia and Herzegovina holds a record: there is one Bosnian living abroad for two living in the country, which means that one-third of the people born in Bosnia and Herzegovina have emigrated (figure below). Albania is in a similar situation, as well as Cape Verde, an insular country with few natural resources.

    Some countries are both immigration and emigration countries. This is the case of the United Kingdom, which had 8.4 million immigrants and 4.7 million emigrants in 2015. The United States has a considerable number of expatriates (2.9 million in 2015), but this is 17 times less in comparison to the number of immigrants (48 million at the same date).

    Until recently, some countries have been relatively closed to migration, both inward and outward. This is the case for Japan, which has few immigrants (only 1.7% of its population in 2015) and few emigrants (0.6%).
    Immigrants: less than 4% of the world population

    According to the United Nations, there were 258 million immigrants in 2017, representing only a small minority of the world population (3.4%); the vast majority of people live in their country of birth. The proportion of immigrants has only slightly increased over recent decades (30 years ago, in 1990, it was 2.9%, and 55 years ago, in 1965, it was 2.3%). It has probably changed only slightly in 100 years.

    But the distribution of immigrants is different than it was a century ago. One change is, in the words of Alfred Sauvy, the “reversal of migratory flows” between North and South, with a considerable share of international migrants now coming from Southern countries.


    #migrations_nord-sud #migrations_sud-sud #migrations_sud-nord #migrations_nord-nord #visualisation

    Today, migrants can be divided into three groups of practically equal size (figure above): migrants born in the South who live in the North (89 million in 2017, according to the United Nations); South-South migrants (97 million), who have migrated from one Southern country to another; and North-North migrants (57 million). The fourth group – those born in the North and who have migrated to the South – was dominant a century ago but is numerically much smaller today (14 million). Despite their large scale, especially in Europe, migrant flows generated since 2015 by conflicts in the Middle East have not significantly changed the global picture of international migration.

    https://theconversation.com/which-countries-have-the-most-immigrants-113074
    #statistiques #migrations #réfugiés #monde #chiffres #préjugés #afflux #invasion

    signalé par @isskein

  • Migration between poor countries rising faster than to rich ones – study

    IOM says figures are reminder to wealthy nations that others are coping with bigger influxes with fewer resources

    http://www.theguardian.com/world/2016/apr/20/migration-between-poor-countries-rising-faster-than-to-rich-ones-study?

    #Migrations_Sud-sud #migrations_Sud-nord #migrations

    C’est dans le rapport IOM :

    South-South migration flows (across developing countries) continued to grow compared to South-North movements (from developing to developed countries): in 2015, 90.2 million international migrants born in developing countries resided in other countries in the Global South, while 85.3 million born in the South resided in countries in the Global North.


    http://gmdac.iom.int/global-migration-trends-factsheet

    #chiffres #statistiques #2015 #monde

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    voir aussi la métaliste à partir du #livre de #Stephen_Smith : « La #ruée vers l’#Europe. La jeune #Afrique en route pour le Vieux Continent » :


    https://seenthis.net/messages/673774
    (intéressant surtout pour les commentaires critiques de ce livre)