• #Keith_Barron : un nouvel Indiana Jones à la recherche d’or en #Bretagne

    En 2023, la #start-up #Breizh_Ressources a discrètement déposé trois #permis_de_recherches #minières concernant 42 communes entre la Bretagne et le #Maine-et-Loire. Officiellement, l’entreprise basée à Lorient espère trouver de l’or et une quarantaine d’autres minerais. Aux manettes, on retrouve un géologue chercheur d’or et une société canadienne immatriculée aux Bermudes.

    – La start-up Breizh Ressources a déposé trois permis exclusifs de recherche minière pour identifier la présence de certains minerais dans les sous-sols, dans un périmètre qui couvre plus de 850 km² et 42 communes, soit l’équivalent de 17 fois la surface de Rennes.
    – Bien que la société soit basée à Lorient, Breizh Ressources est dirigée par le Britannico-Canadien Keith Barron, connu pour avoir découvert l’une des plus grandes mine d’or au monde.
    – Keith Barron est également à la tête de la société #Aurania_Resources basée à Toronto et immatriculée aux #Bermudes, actionnaire unique de Breizh Ressources.

    Un nouvel épisode d’Indiana Jones se prépare-t-il en Bretagne ? Depuis quelques mois, un individu au profil romanesque a fait irruption dans l’ouest de la France à la recherche d’un trésor perdu. Keith Barron, géologue de nationalités britannique et canadienne résidant en Suisse, a la soixantaine, une barbe grise et des yeux qui pétillent quand il parle d’or. Il est président de la start-up Breizh Ressources, basée à Lorient, spécialisée dans l’#exploration_minière, qui a déposé trois #permis_exclusifs_de_recherches_minières (#PERM) entre juillet et octobre 2023.

    Objectif : réaliser des démarches de #prospection dans un périmètre qui couvre plus de 850 km² et 42 communes situées entre la Bretagne historique et le Maine-et-Loire. La démarche, qui n’a été rendue publique qu’au début de l’année 2024, n’a pas manqué d’intriguer la population locale et les médias.

    Sur le papier, le CV de Keith Barron est hors du commun. En Europe, l’entrepreneur est encore peu connu. Mais il est célèbre dans le milieu minier américain. Dans la presse spécialisée, il est même présenté comme une star : c’est lui qui a découvert l’une des plus grandes mine d’or au monde, en 2006, la Fruta Del Norte, au Sud-Est de l’Équateur.

    L’histoire racontée par le géologue est digne d’un film d’aventure. Tout a commencé en 1998 en Équateur. Selon Keith Barron, cette année-là, il s’installe à Quito, la capitale, pour améliorer son espagnol, après avoir obtenu son diplôme en géologie à l’University of Western Ontario et avoir travaillé en Guyane et au Vénézuéla.

    Il est hébergé par une famille dont le père est professeur d’histoire, spécialiste des toutes premières cartes de la région amazonienne. Partageant son attrait pour les minerais, ce dernier attire l’attention du géologue sur deux sites, anciennement exploités par les conquistadors espagnols et recouverts par la jungle depuis : Sevilla del Oro et Logrono de los Caballeros (au sud de Quito).

    Keith Barron découvre l’une des plus grosses mines d’or au monde

    Le jeune homme se lance alors dans la recherche des cités oubliées, après avoir passé deux mois à étudier des documents dans des bibliothèques aux États-Unis et à Ottawa, au Canada. Une fois sur le terrain, la quête prend un tournant inattendu : Keith Barron et deux collègues trouvent des brèches aurifères dans la Cordillera del Condor (chaîne de montagnes à l’est de la cordillère des Andes, NDLR), située à proximité des deux cités.

    Pendant cinq ans, les trois hommes explorent minutieusement une zone de plus de 90 hectares quand, en mars 2006, ils tombent sur le jackpot : le site de la Fruta Del Norte, riche de 10 millions d’onces d’or (une once équivaut à 31,10 g). Deux ans plus tard, le trio vend la mine à la multinationale Kinross pour 1,2 milliard de dollars canadiens. Le magazine spécialisé The Northern Miner sacre alors Keith Barron et ses deux acolytes « personnalités minières de l’année ». Keith Barron entre dans la légende.

    Voilà pour ce qu’on appelle « le storytelling ». Mais William Sacher, enseignant canadien, chercheur à Quito, en Équateur, et titulaire d’un doctorat en géosciences, met en garde : « C’est un joli narratif qui parle de vieilles cartes, de flair, de chance et d’intuition. C’est un discours destiné aux investisseurs, mais la réalité, selon moi, est bien différente ».

    Pour William Sacher, les géologues spécialisés dans la recherche de minerai ont, avant tout, une démarche pragmatique : « Ils travaillent à l’aide de techniques spécifiques, de relevés scientifiques réalisés dans les sols par des organismes spécialisés (comme le Bureau de recherches géologiques et minières, BRGM, en France) et ils s’appuient sur des consultants expérimentés au niveau local ».

    Certains auraient également d’autres compétences un peu moins avouables : « Ils savent trouver les bonnes personnes pour avoir les bonnes infos et ils savent négocier pour repérer puis accéder aux bons endroits. Dans certains pays, ils peuvent même aller jusqu’à corrompre des fonctionnaires », croit-il savoir.

    Un beau discours destiné à séduire les investisseurs

    La nécessité d’élaborer un beau « storytelling » est liée au secteur dans lequel évolue Aurania Resources. Elle est ce qu’on appelle une « junior » dont le principal objectif est d’explorer les sous-sols à la recherche de minerai. Si elle en trouve, elle cède ensuite un permis d’exploiter, après approbation du ministère des Finances et de l’Industrie, à une « major » dont l’objectif est alors d’extraire le minerai trouvé.

    Dans la chaîne alimentaire du monde minier, les « juniors » sont les entreprises qui prennent le plus de risques financiers : « il faut un sacré alignement des planètes pour que l’endroit exploré puisse devenir, concrètement, une mine », souligne Williams Sacher.

    Les « juniors » font des hypothèses sur le contenu des sols, mais n’ont pas de certitude. Et elles mettront du temps à avoir des données solides : il faut entre trois et six ans pour réaliser des analyses exhaustives. Autant dire un siècle pour les investisseurs.

    C’est pourquoi, comme l’expliquent Brice Laurent et Julien Merlin, respectivement sociologues aux Mines ParisTech et au CNRS, dans leur article L’ingénierie de la promesse : le renouveau minier et la mine responsable : « les incertitudes géologiques ne permettent aux juniors d’estimer précisément les ressources que très tard, ce qui les oblige à réaliser un travail de conviction, reposant à la fois sur des éléments matériels et discursifs […], le travail réalisé par les juniors associe donc étroitement exploration géologique et communication adressée aux investisseurs. »

    Une société basée à Toronto, immatriculée aux Bermudes

    Derrière la belle histoire, il y a la réalité, plus prosaïque. Le siège social d’Aurania Resources est à Toronto, au Canada, mais elle est immatriculée au registre du commerce et des sociétés dans les Bermudes. Son principal actionnaire demeure Keith Barron, qui détient 43 % des actions, aux côtés d’autres investisseurs comme Haywood securities Inc, une société d’investissement canadienne, qui en possède 29 %, ou encore Citibank Canada, une banque canadienne, qui en détient 6 %.

    Son objet est ainsi défini : « l’exploration minière axée sur la sélection, le jalonnement ou l’acquisition de propriétés minières et l’exploration de ces propriétés pour des gisements potentiellement riches en or, cuivre, argent et autres matières premières de valeurs ».

    Son projet phare reste la poursuite du vieux rêve entamé par Keith Barron sur la piste de l’or en Équateur. Nommé « Lost Cities-Cutucu », le projet est composé de 42 permis d’exploitation qui couvrent plus de 2.000 km².

    Les opérations d’exploration en Bretagne représentent une stratégie typique des « juniors », si l’on en croit Brice Laurent et Julien Merlin qui citent le témoignage du président d’une junior interrogé au cours de leur recherche : « multiplier les projets d’exploration permet à la fois de minimiser le risque géologique, mais aussi de convaincre les investisseurs qu’au moins un projet d’exploration aboutira à une découverte valorisable. Une junior qui ne miserait que sur un seul projet ne serait pas perçue comme crédible sur les marchés financiers. »

    Réflexion que confirme Brezih Ressources : « les sociétés juniors fonctionnent sur le même principe que les start-ups, par exemple dans la recherche médicale et le développement de vaccins : elles doivent simultanément attirer des investisseurs privés via l’émission d’actions et mener des travaux de recherche pour éventuellement déboucher sur des découvertes ».

    Le géologue à l’assaut des sous-sols bretons

    Le géologue aux allures d’Indiana Jones a demandé, via la société Breizh Ressources, l’autorisation d’explorer les sous-sols bretons à la recherche d’or et d’une quarantaine d’autres minerais. À ce propos également, Keith Barron déroule une belle histoire. Son intérêt pour la Bretagne aurait été réveillé en juin 2022, quand il apprend que le Muséum national d’histoire naturelle de Paris (MNHN) expose le plus gros échantillon de pépite jamais trouvé en France. Il s’agit d’une pépite d’or de 3,3 kg découverte à Hennebont (56), qui contient 1,1 kg d’or (mêlé à du quartz), acquise par la Banque de France en 2022 et mise en dépôt au musée.

    Il explique que son équipe aurait contacté le musée pour en savoir plus. Celui-ci lui aurait alors appris que Le Journal du Morbihan avait déjà fait mention de cette pépite en juillet 1875 en ces termes : « Des ouvriers étaient occupés à casser des pierres sur le grand chemin qui conduit à Kervignac. Une d’elles, étant plus dure, que les autres, fut jetée de côté par le cantonnier […] le caillou en question, provenant d’une carrière de quartz, contenait un filon d’or d’une assez grande étendue, et qu’un expert aurait estimé, dit-on, valoir plus de cinq cents francs. »

    Puis, toujours selon l’histoire racontée par le géologue, une rencontre achève de le convaincre en juin 2023 de la nécessité de lancer des investigations dans la région. Keith Barron rencontre un exposant (désirant rester anonyme) au salon des minéraux de Sainte-Marie-aux-Mines, en Alsace, qui lui montre un échantillon aux caractéristiques équivalentes à celle du spécimen exposé au Muséum d’histoire naturelle, lui aussi trouvé dans la région d’Hennebont.

    Le géologue n’a plus aucun doute : il faut aller explorer ce sol breton. Vérifications faites par Splann ! auprès des différents acteurs concernés, les éléments concernant les pépites d’or sont véridiques. En revanche, le MNHN déclare ne jamais avoir été contacté par l’équipe de Keith Barron, « au titre de son expertise scientifique ».

    À partir de juin 2023, les démarches sont allées bon train. La société Aurania Resources, dirigée par Keith Barron, a constitué Breizh Ressources en septembre 2023. Son objet est « l’étude géologique, l’exploration des ressources minérales, l’étude et l’exécution de solutions de dépollution, traitement et valorisations d’anciens rejets miniers ».

    Le 21 juillet 2023, alors que Breizh Ressources était encore en cours de constitution, la société a déposé un premier permis d’exploration minière baptisée « Epona », qui concerne les communes de Kervignac, Nostang, Hennebont et Languidic. Puis, un deuxième le 5 octobre 2023, « Bélénos », étendu sur 440 km², deux départements et 18 communes. Et enfin, le 11 octobre 2023, « Taranis », couvrant 360 km², trois départements et 20 communes. À noter que les noms de ces permis font référence à des divinités gauloises de la mythologie celtique.

    Quant aux notices d’impact destinées à évaluer les éventuels dégâts environnementaux causés par ce type de recherches, elles ont été effectuées par le bureau d’ingénierie ENCEM Sud-Est, basé Vénissieux, près de Lyon, entre le 4 et le 19 juillet 2023 pour le dossier Epona et entre le 12 et le 28 juillet pour les dossiers Bélénos et Taranis [lire « Breizh Ressources, la société minière la plus discrète de l’ouest »].

    De son côté, Breizh Ressources relativise cette impression d’urgence en expliquant que ses géologues avaient « identifié depuis longtemps l’intérêt géologique du Massif armoricain » mais que leurs démarches avaient été freinées, jusque-là, par « le manque de volonté politique et la faible prise de conscience de l’importance de relocaliser l’approvisionnement en métaux stratégiques ».
    « Un pays à forte tradition minière »

    L’objet des trois permis de recherche ne se limite pas à l’or. Breizh Ressources a étendu ses investigations à une quarantaine d’autres minerais, dont l’antimoine, l’étain, le titane, le zirconium et le lithium. Selon ces documents, le total des opérations d’exploration s’élève à 1,95 million d’euros pour les deux premières phases de recherches des trois PERM. Et, si les résultats sont concluants, il faudra investir à nouveau pour financer la suite des opérations.

    C’est pourquoi Keith Barron est à la recherche de capitaux frais. Comme il aime le souligner, il s’est personnellement investi dans Aurania Resources : il a prêté 3 millions de dollars canadiens à la société en 2023. Le géologue, qui est régulièrement invité dans des émissions américaines et canadiennes de sites spécialisés ensuite retransmises sur le net, en profite pour tenter de convaincre des investisseurs potentiels.

    Dans ces vidéos, il déroule les éléments de son « storytelling » breton : la fameuse pépite à la taille inédite, les articles de journaux datant du début du siècle ou encore la légende de Jules César qui a fait fortune en Gaule avant de remonter à Rome. Il précise également que les métaux critiques, comme l’antimoine et le nickel, sont majoritairement importés en Europe et que le « vieux continent désire être autosuffisant ».

    Il parle même d’un fonds de 500 millions d’euros mis en place par Emmanuel Macron pour soutenir les investissements dans le secteur. Il s’agit, en effet, d’un fonds dédié aux métaux critiques créé en mai 2023 et l’État y participe via la Caisse des dépôts et consignations.

    Il prévient cependant que les démarches en France ne sont pas si faciles : « C’est un peu une black box (boîte noire, NDRL), il y a beaucoup de bureaucratie. Cela prend du temps mais nous travaillons avec les autorités. Les sous-sols sont la propriété de l’État, donc il faut une licence, ou quelque chose comme ça, pour extraire. »

    Tout en se montrant optimiste quant à l’issue des demandes : « C’est un pays qui a une longue histoire minière. Et puis partout, on a besoin d’emplois, non ? » In fine, on se demande si l’homme n’espère pas réitérer son exploit et gagner une deuxième fois le jackpot comme il l’a fait en Équateur lorsqu’il lâche « I am trying to do it again » dans un cri du cœur.

    Les vidéos et l’histoire d’Aurania Resources mettent beaucoup en avant Keith Barron. C’est lui qui a signé les documents officiels du PERM et qui s’est exprimé publiquement en un premier temps auprès des investisseurs. Mais il est entouré d’une équipe dont deux hommes sont particulièrement actifs en France : Jean-Paul Pallier et Stefan Ansermet.

    Le premier est d’origine bretonne, diplômé à l’Université de Brest et a débuté sa carrière au BRGM en Guyane en 1995 avant de rejoindre Aurania Resources en 2009. Le deuxième est conseiller spécial et a été l’un des fondateurs de l’entreprise. Ce sont eux qui portent les projets d’Aurania Resources en France via Breizh Ressources : ce sont les interlocuteurs des collectivités locales concernées par les trois PERM et des associations sur le terrain [lire notre second volet].

    Fin 2024, Jean-Paul Pallier est même apparu dans la presse au travers d’un article titré : « Breizh Ressources est une start-up qui ne gagne pas d’argent ».

    Les deux collaborateurs de Keith Barron ont également fait parler d’eux récemment en Corse où Aurania Resources a créé une entité au même profil que Breizh Ressources, #Corsica_Ressources : elle est implantée au niveau local, mais a, comme principal actionnaire, Keith Barron. Là-bas, l’équipe est intéressée par le nickel présent dans les galets et le gravier de deux plages du #Cap_Corse.

    On ne sait pas ce que va trouver le géologue dans les sous-sols français. Mais une chose est sûre : il est parti en quête de #minerai, d’aventures et de gloire.

    https://splann.org/enquete/intoxication-miniere-en-bretagne/keith-barron-recherche-or-bretagne
    #extractivisme #Canada #Corse #France

    • De l’or en Bretagne ? Les sous-sols du massif armoricain suscitent la convoitise d’une société minière canadienne | Le Télégramme
      https://www.letelegramme.fr/bretagne/de-lor-en-bretagne-les-sous-sols-du-massif-armoricain-suscitent-la-conv

      Le projet a de quoi faire rêver ou inquiéter. Un groupe canadien souhaite pouvoir explorer le sous-sol breton afin d’y trouver de l’or, entre autres métaux stratégiques. Trois demandes ont été déposées, sur lesquelles Bercy pourrait se prononcer d’ici à la fin de l’année.

      Le sous-sol breton attise les convoitises. Or, cuivre, étain, zinc, antimoine, terres rares… Près de dix ans après l’abandon des projets Variscan, le massif armoricain est dans le viseur de Breizh ressources, une société lorientaise qui souhaite sonder les richesses souterraines à la recherche de métaux précieux pour de nombreuses technologies de pointe. Pour pouvoir conduire ses travaux, cette filiale du canadien Aurania a déposé, en 2023, trois demandes de permis exclusif de recherche. « Les dossiers sont en cours d’instruction », indique Guillaume Mamias, responsable environnement et relations institutionnelles chez Breizh ressources.

      Baptisé Taranis, le dossier le plus conséquent vise une zone de 360 km² sur 20 communes, de Ruffiac (56) à Guémené-Penfao (44) en passant par le nord de Redon (35). Le deuxième dossier, Belenos, cible, quant à lui, 441 km² et 18 communes en Loire-Atlantique et dans le Maine-et-Loire, tandis que le dernier, Epona, s’intéresse à une surface de 51 km² sur quatre communes à l’est de Lorient (Hennebont, Languidic, Nostang et Kervignac).


      Les Fougerêts, dans le Morbihan, fait partie de la zone couverte par le dossier Taranis.
      Nicolas Créach

      L’or d’abord ?
      Dans ses dossiers soumis aux services de l’État, Breizh ressources s’intéresse à une vingtaine de métaux critiques. « Mais si on regarde bien, on parle 35 à 40 fois d’or et très peu du reste… », pointe Jean Baranger, membre du collectif de riverains Stop Taranis. S’il est convaincu que le précieux métal est le principal objectif, c’est parce que, sous l’effet de la hausse de la demande, son cours s’est envolé. « Il était à 45 000 euros le kilo en 2022, on parle du double aujourd’hui. »

      Le métal doré est, par ailleurs, au cœur des interventions du président d’Aurania, Keith Barron. Connu pour avoir découvert une mine d’or en Équateur, dans les années 2000, l’homme en est convaincu : « Il y a une ou plusieurs sources d’or en ancienne Gaule dont on a perdu la trace », lance-t-il en 2023, lors d’un symposium.

      Si nous n’étions intéressés que par l’or, nous serions allés dans le Limousin ou au Canada.

      Breizh ressources l’assure toutefois : ses recherches seront bien « polymétalliques ». Certes, l’or permettrait de solvabiliser le projet mais « c’est plus une boussole qu’une fin en soi car lorsqu’on en trouve, c’est le signe de la présence potentielle d’autres métaux », explique Guillaume Mamias. Qui ajoute : « Si nous n’étions intéressés que par l’or, nous serions allés dans le Limousin ou au Canada ».


      Dans le Morbihan, un projet de recherche cible quatre communes : Languidic (photo), Hennebont, Nostang et Kervignac.
      Photo Le Télégramme/Nicolas Créach

      Une nouvelle consultation publique
      À l’étude depuis plusieurs mois, les demandes de Breizh ressources ont fait l’objet d’une consultation publique en ligne organisée par les préfectures, entre fin juin et fin juillet 2024. « Les habitants n’ont pas été prévenus. Tout s’est fait dans un contexte chahuté de dissolution de l’Assemblée nationale et de Jeux olympiques », déplore Pauline Pennober, de l’association Eau et rivières de Bretagne. « On a juste reçu un e-mail, un parmi d’autres… En plus, il y avait une erreur dans l’URL de la consultation », se souvient Didier Hurtebize, le maire de Saint-Congard (56), commune concernée par le projet Taranis. Breizh ressources, elle, dit multiplier les rencontres avec les élus afin d’expliquer ses projets.

      Des projets évalués par l’Autorité environnementale, qui a publié son avis et ses recommandations en février 2025. Breizh ressources a eu un mois pour éventuellement modifier ses dossiers et attend désormais une nouvelle consultation. Selon le ministère de l’Industrie et de l’Énergie, celle-ci sera lancée « entre mi-mai et mi-juin ». Bercy pourrait ensuite se prononcer sur les demandes de permis d’ici à la fin de l’année.

      Un territoire minier est un territoire sacrifié.

      Inquiétudes environnementales
      Alors qu’il ne s’agit que de sonder des terrains, la fronde, menée par Eau et rivières, s’organise pour alerter sur les conséquences des mines qui pourraient voir le jour : déchets, pollution, bruit, fortes consommations d’eau et d’énergie. « Un territoire minier est un territoire sacrifié », souligne Pauline Pennober, reprise par la députée LFI de Redon, Mathilde Hignet, dans une intervention à l’Assemblée, début mars.

      Face à ces arguments, Breizh ressources reconnaît que ses activités auront un impact mais souligne que « l’époque des mines à la "Germinal" est révolue » et veut croire en un modèle « responsable ». Tout en rappelant l’importance de la recherche minière pour la souveraineté, dans un contexte de concurrence mondiale acharnée, Guillaume Mamias fait valoir qu’il y a entre 1 et 5 % de chances d’aboutir à une mine et que le processus prend dix à quinze ans minimum. « Un permis de recherche n’est pas la voie royale vers une mine, c’est le début du chemin. »

  • Le #Mali bloque les exportations de #Loulo-Gounkoto, sa plus grande mine d’#or (#Barrick)

    Le Mali est en conflit depuis quelques mois avec Barrick, propriétaire de sa plus grande #mine_d’or, afin de récupérer un manque à gagner estimé à 500 millions $. Dans le cadre de ce différend, Bamako a déjà emprisonné quatre employés de Barrick et émis un #mandat_d’arrêt contre le PDG #Mark_Bristow.

    Les exportations d’or de Loulo-Gounkoto, la plus grande mine d’or du Mali, sont bloquées par le gouvernement. C’est du moins l’annonce faite lundi 16 décembre par le propriétaire de la mine, le canadien Barrick Gold, qui précise que le maintien de ce #blocage pourrait le contraindre à « suspendre ses opérations ».

    Au moment de la publication, le gouvernement malien n’a pas confirmé ce blocage des #exportations. L’information intervient néanmoins alors que les relations entre Bamako et la compagnie canadienne sont tendues. Plusieurs employés de Barrick ont été arrêtés en novembre et sont détenus depuis en attente de leur procès, alors que le PDG du groupe, Mark Bristow, fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis à son encontre par Bamako. Le gouvernement accuse les dirigeants de diverses #malversations_financières et réclame à la compagnie environ 500 millions $ d’après Reuters.

    Après un audit des mines d’or ayant révélé un manque à gagner de 300 à 600 milliards FCFA, le gouvernement malien a en effet entamé depuis quelques mois des #négociations avec les compagnies pour récupérer ces sommes. Bamako cherche également à obtenir l’application du nouveau #code_minier à toutes les mines du pays. Adoptée en 2023, la nouvelle #loi augmente la participation de l’État dans les mines et devrait générer 500 milliards FCFA de #recettes_minières supplémentaires chaque année.

    « Depuis le 25 novembre, plusieurs membres de l’équipe de direction malienne de Barrick sont emprisonnés sur la base d’accusations infondées. Ceci, dans un contexte d’actions inquiétantes telles que des réclamations fiscales et douanières sans fondement et l’annonce d’un mandat d’arrêt illégitime à l’encontre du président-directeur général de Barrick », dénonce la compagnie.

    Barrick, seul contre tous ?

    Selon le nouveau communiqué de Barrick, aucun terrain d’entente n’est visible à l’horizon pour clore le différend avec le gouvernement. Pourtant, la compagnie avait annoncé fin septembre être parvenue à un accord avec les autorités, au lendemain de l’arrestation de quatre de ses employés. Quelques jours plus tard, le gouvernement malien dénonçait le non-respect des engagements pris par Barrick, avec à la clé une menace à peine voilée de non-renouvellement de l’un des permis de la compagnie arrivant à expiration en 2026.

    Barrick reste donc l’un des derniers producteurs d’or du Mali à poursuivre le bras de fer avec le gouvernement, qui a déjà fait plier la plupart des autres compagnies. Qu’il s’agisse des canadiens #B2Gold et #Allied_Gold, ou de l’australien #Resolute_Mining, les autres propriétaires de mines d’or industrielles au Mali ont en effet accepté de verser un montant cumulé dépassant 200 millions $. Bamako a également obtenu l’application des termes du nouveau code minier à certaines mines, notamment les deux mines de #lithium en cours de construction.

    S’il est difficile d’indiquer la direction dans laquelle les deux parties comptent orienter le différend au cours des prochaines semaines, rappelons qu’une suspension effective de la production d’or à Loulo-Gounkoto impacterait négativement la production et les revenus miniers du Mali pour 2024. En 2023, la mine a livré près de 700 000 onces d’or et contribué à l’économie locale pour plus d’un milliard de dollars, selon Barrick.

    https://www.agenceecofin.com/actualites-industries/1612-124397-le-mali-bloque-les-exportations-de-loulo-gounkoto-sa-plus-
    #mines #extractivisme #minières #Australie #Canada

  • #Intoxication minière en #Bretagne

    #Glomel : 1 400 habitants. #Imerys : 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le mastodonte de l’#industrie_minière pèse lourd dans cette petite commune des #Côtes-d’Armor. La #multinationale s’agrandit encore : elle vient d’obtenir l’autorisation d’ouvrir une nouvelle fosse, un quatrième immense cratère, à creuser sur 80 mètres de profondeur pour extraire de l’#andalousite, un matériau résistant aux hautes températures utilisé, entre autres, dans les fours industriels.

    https://splann.org/enquete/intoxication-miniere-en-bretagne
    #minières #toxicité #France #mines #extractivisme #cartographie #visualisation #argent #démocratie_locale #contamination #pollution

  • Le #Mali reçoit 45 millions $ après le départ de #Leo du #lithium de #Goulamina

    L’australien #Leo_Lithium, copropriétaire de la première mine de lithium du Mali, a décidé cette année de vendre l’intégralité de sa participation à son partenaire de coentreprise, le chinois #Ganfeng_Lithium. La transaction implique le paiement d’impôts au profit du gouvernement malien.

    Le reste de la somme dû à Leo Lithium, 171,2 millions $ en plus des intérêts, devrait être payée par #Ganfeng d’ici le 30 juin 2025. En attendant de connaitre la part de l’État malien sur ce paiement, il faut souligner que les revenus que le gouvernement malien vise grâce à l’exploitation de Goulamina sont beaucoup plus significatifs. Après un accord conclu avec Ganfeng, le ministre malien de l’Économie, Alousséni Sanou, a indiqué en mai 2024 que la mine devrait rapporter plus de 100 milliards FCFA (160 millions $) chaque année au Mali.

    Pour rappel, le calendrier de développement de Goulamina prévoit une entrée en production en 2024. Bien que les prix du lithium aient significativement baissé ces derniers mois et contribué à des suspensions de projets de lithium, aucun changement n’a encore été annoncé pour cet actif capable de livrer annuellement 500 000 tonnes de concentré de lithium. La mine devrait être détenue et exploitée à 65 % par Ganfeng Lithium, contre 30 % pour le gouvernement malien et 5 % pour les investisseurs locaux.

    https://www.agenceecofin.com/actualites-industries/2711-123812-le-mali-recoit-45-millions-apres-le-depart-de-leo-du-lithi
    #mines #Australie #Chine #Chinafrique #minières #extractivisme

  • « Nous assistons à une escalade de la #prédation_minière »

    Une nouvelle #ruée_minière a commencé et touche aussi la #France. Au nom de la lutte contre la crise climatique, il faudrait extraire de plus en plus de #métaux. Celia Izoard dénonce l’impasse de cette « #transition » extractiviste. Entretien.

    Basta/Observatoire des multinationales : Il est beaucoup question aujourd’hui de renouveau minier en raison notamment des besoins de la transition énergétique, avec la perspective d’ouvrir de nouvelles mines en Europe et même en France. Vous défendez dans votre #livre qu’il ne s’agit pas du tout d’un renouveau, mais d’une trajectoire de continuité. Pourquoi ?

    #Celia_Izoard : Les volumes de #métaux extraits dans le monde aujourd’hui augmentent massivement, et n’ont jamais cessé d’augmenter. Ce qui est parfaitement logique puisqu’on ne cesse de produire de nouveaux objets et de nouveaux équipements dans nos pays riches, notamment avec la #numérisation et aujourd’hui l’#intelligence_artificielle, et qu’en plus de cela le reste du monde s’industrialise.

    En conséquence, on consomme de plus en plus de métaux, et des métaux de plus en plus variés – aussi bien des métaux de base comme le #cuivre et l’#aluminium que des métaux de spécialité comme les #terres_rares. Ces derniers sont utilisés en très petite quantité mais dans des objets qui sont partout, comme les #smartphones, et de façon trop dispersive pour permettre le #recyclage.

    Et la production de tous ces métaux devrait continuer à augmenter ?

    Oui, car rien ne freine cette production, d’autant plus qu’on y ajoute aujourd’hui une nouvelle demande qui est un véritable gouffre : celle de métaux pour le projet très technocratique de la transition. « Transition », dans l’esprit de nos élites, cela signifie le remplacement des #énergies_fossiles par l’#énergie_électrique – donc avec des #énergies_renouvelables et des #batteries – avec un modèle de société inchangé. Mais, par exemple, la batterie d’une #voiture_électrique représente souvent à elle seule 500 kg de métaux (contre moins de 3 kg pour un #vélo_électrique).

    Simon Michaux, professeur à l’Institut géologique de Finlande, a essayé d’évaluer le volume total de métaux à extraire si on voulait vraiment électrifier ne serait-ce que la #mobilité. Pour le #lithium ou le #cobalt, cela représenterait plusieurs décennies de la production métallique actuelle. On est dans un scénario complètement absurde où même pour électrifier la flotte automobile d’un seul pays, par exemple l’Angleterre ou la France, il faut déjà plus que la totalité de la production mondiale. Ce projet n’a aucun sens, même pour lutter contre le #réchauffement_climatique.

    Vous soulignez dans votre livre que l’#industrie_minière devient de plus en plus extrême à la fois dans ses techniques de plus en plus destructrices, et dans les #nouvelles_frontières qu’elle cherche à ouvrir, jusqu’au fond des #océans et dans l’#espace

    Oui, c’est le grand paradoxe. Les élites politiques et industrielles répètent que la mine n’a jamais été aussi propre, qu’elle a surmonté les problèmes qu’elle créait auparavant. Mais si l’on regarde comment fonctionne réellement le #secteur_minier, c’est exactement l’inverse que l’on constate. La mine n’a jamais été aussi énergivore, aussi polluante et aussi radicale dans ses pratiques, qui peuvent consister à décapiter des #montagnes ou à faire disparaître des #vallées sous des #déchets_toxiques.

    C’est lié au fait que les teneurs auxquelles on va chercher les métaux sont de plus en plus basses. Si on doit exploiter du cuivre avec un #filon à 0,4%, cela signifie que 99,6% de la matière extraite est du #déchet. Qui plus est, ce sont des #déchets_dangereux, qui vont le rester pour des siècles : des déchets qui peuvent acidifier les eaux, charrier des contaminants un peu partout.

    Les #résidus_miniers vont s’entasser derrière des #barrages qui peuvent provoquer de très graves #accidents, qui sont sources de #pollution, et qui sont difficilement contrôlables sur le long terme. Nous assistons aujourd’hui à une véritable #escalade_technologique qui est aussi une escalade de la #prédation_minière. La mine est aujourd’hui une des pointes avancées de ce qu’on a pu appeler le #capitalisme_par_dépossession.

    Comment expliquer, au regard de cette puissance destructrice, que les populations occidentales aient presque totalement oublié ce qu’est la mine ?

    Il y a un #déni spectaculaire, qui repose sur deux facteurs. Le premier est la religion de la #technologie, l’une des #idéologies dominantes du monde capitaliste. Nos dirigeants et certains intellectuels ont entretenu l’idée qu’on avait, à partir des années 1970, dépassé le #capitalisme_industriel, qui avait été tellement contesté pendant la décennie précédente, et qu’on était entré dans une nouvelle ère grâce à la technologie. Le #capitalisme_post-industriel était désormais avant tout une affaire de brevets, d’idées, d’innovations et de services.

    Les mines, comme le reste de la production d’ailleurs, avaient disparu de ce paysage idéologique. Le #mythe de l’#économie_immatérielle a permis de réenchanter le #capitalisme après l’ébranlement des mouvements de 1968. Le second facteur est #géopolitique. Aux grandes heures du #néo-libéralisme, le déni de la mine était un pur produit de notre mode de vie impérial. Les puissances occidentales avaient la possibilité de s’approvisionner à bas coût, que ce soit par l’#ingérence_politique, en soutenant des dictatures, ou par le chantage à la dette et les politiques d’#ajustement_structurel. Ce sont ces politiques qui ont permis d’avoir par exemple du cuivre du #Chili, de #Zambie ou d’#Indonésie si bon marché.

    Les besoins en métaux pour la #transition_climatique, si souvent invoqués aujourd’hui, ne sont-ils donc qu’une excuse commode ?

    Invoquer la nécessité de créer des mines « pour la transition » est en effet hypocrite : c’est l’ensemble des industries européennes qui a besoin de sécuriser ses approvisionnements en métaux. La récente loi européenne sur les métaux critiques répond aux besoins des grosses entreprises européennes, que ce soit pour l’#automobile, l’#aéronautique, l’#aérospatiale, les #drones, des #data_centers.

    L’argument d’une ruée minière pour produire des énergies renouvelables permet de verdir instantanément toute mine de cuivre, de cobalt, de lithium, de #nickel ou de terres rares. Il permet de justifier les #coûts_politiques de la #diplomatie des #matières_premières : c’est-à-dire les #conflits liés aux rivalités entre grandes puissances pour accéder aux #gisements. Mais par ailleurs, cette transition fondée sur la technologie et le maintien de la #croissance est bel et bien un gouffre pour la #production_minière.

    Ce discours de réenchantement et de relégitimation de la mine auprès des populations européennes vous semble-t-il efficace ?

    On est en train de créer un #régime_d’exception minier, avec un abaissement des garde-fous réglementaires et des formes d’extractivisme de plus en plus désinhibées, et en parallèle on culpabilise les gens. La #culpabilisation est un ressort psychologique très puissant, on l’a vu durant le Covid. On dit aux gens : « Si vous n’acceptez pas des mines sur notre territoire, alors on va les faire ailleurs, aux dépens d’autres populations, dans des conditions bien pires. » Or c’est faux. D’abord, la #mine_propre n’existe pas.

    Ensuite, la #loi européenne sur les #métaux_critiques elle prévoit qu’au mieux 10% de la production minière soit relocalisée en Europe. Aujourd’hui, on en est à 3%. Ce n’est rien du tout. On va de toute façon continuer à ouvrir des mines ailleurs, dans les pays pauvres, pour répondre aux besoins des industriels européens. Si l’on voulait vraiment relocaliser la production minière en Europe, il faudrait réduire drastiquement nos besoins et prioriser les usages les plus importants des métaux.

    Peut-on imaginer qu’un jour il existe une mine propre ?

    Si l’on considère la réalité des mines aujourd’hui, les procédés utilisés, leur gigantisme, leur pouvoir de destruction, on voit bien qu’une mine est intrinsèquement problématique, intrinsèquement prédatrice : ce n’est pas qu’une question de décisions politiques ou d’#investissements. L’idée de « #mine_responsable » n’est autre qu’une tentative de faire accepter l’industrie minière à des populations en prétendant que « tout a changé.

    Ce qui m’a frappé dans les enquêtes que j’ai menées, c’est que les industriels et parfois les dirigeants politiques ne cessent d’invoquer certains concepts, par exemple la #mine_décarbonée ou le réemploi des #déchets_miniers pour produire du #ciment, comme de choses qui existent et qui sont déjà mises en pratique. À chaque fois que j’ai regardé de plus près, le constat était le même : cela n’existe pas encore. Ce ne sont que des #promesses.

    Sur le site de la nouvelle mine d’#Atalaya à #Rio_Tinto en #Espagne, on voir des panneaux publicitaires alignant des #panneaux_photovoltaïques avec des slogans du type « Rio Tinto, la première mine d’autoconsommation solaire ». Cela donne à penser que la mine est autonome énergétiquement, mais pas du tout. Il y a seulement une centrale photovoltaïque qui alimentera une fraction de ses besoins. Tout est comme ça.

    Le constat n’est-il pas le même en ce qui concerne le recyclage des métaux ?

    Il y a un effet purement incantatoire, qui consiste à se rassurer en se disant qu’un jour tout ira bien parce que l’on pourra simplement recycler les métaux dont on aura besoin. Déjà, il n’en est rien parce que les quantités colossales de métaux dont l’utilisation est planifiée pour les années à venir, ne serait-ce que pour produire des #batteries pour #véhicules_électriques, n’ont même pas encore été extraites.

    On ne peut donc pas les recycler. Il faut d’abord les produire, avec pour conséquence la #destruction de #nouveaux_territoires un peu partout sur la planète. Ensuite, le recyclage des métaux n’est pas une opération du saint-Esprit ; il repose sur la #métallurgie, il implique des usines, des besoins en énergie, et des pollutions assez semblables à celles des mines elles-mêmes.

    L’accent mis sur le besoin de métaux pour la transition ne reflète-t-il pas le fait que les #multinationales ont réussi à s’approprier ce terme même de « transition », pour lui faire signifier en réalité la poursuite du modèle actuel ?

    Le concept de transition n’a rien de nouveau, il était déjà employé au XIXe siècle. À cette époque, la transition sert à freiner les ardeurs révolutionnaires : on accepte qu’il faut des changements, mais on ajoute qu’il ne faut pas aller trop vite. Il y a donc une dimension un peu réactionnaire dans l’idée même de transition.

    Dans son dernier livre, l’historien des sciences #Jean-Baptiste_Fressoz [Sans transition - Une nouvelle histoire de l’énergie, Seuil, 2024] montre que la #transition_énergétique tel qu’on l’entend aujourd’hui est une invention des #pro-nucléaires des États-Unis dans les années 1950 pour justifier des #investissements publics colossaux dans l’#atome. Ils ont tracé des belles courbes qui montraient qu’après l’épuisement des énergies fossiles, il y aurait besoin d’une #solution_énergétique comme le #nucléaire, et qu’il fallait donc investir maintenant pour rendre le passage des unes à l’autre moins brutal.

    La transition aujourd’hui, c’est avant tout du temps gagné pour le capital et pour les grandes entreprises. Les rendez-vous qu’ils nous promettent pour 2050 et leurs promesses de #zéro_carbone sont évidemment intenables. Les technologies et l’#approvisionnement nécessaire en métaux n’existent pas, et s’ils existaient, cela nous maintiendrait sur la même trajectoire de réchauffement climatique.

    Ces promesses ne tiennent pas debout, mais elles permettent de repousser à 2050 l’heure de rendre des comptes. Ce sont plusieurs décennies de gagnées. Par ailleurs, le terme de transition est de plus en plus utilisé comme étendard pour justifier une #croisade, une politique de plus en plus agressive pour avoir accès aux gisements. Les pays européens et nord-américains ont signé un partenariat en ce sens en 2022, en prétendant que certes ils veulent des métaux, mais pour des raisons louables. La transition sert de figure de proue à ces politiques impériales.

    Vous avez mentionné que l’une des industries les plus intéressées par la sécurisation de l’#accès aux métaux est celle de l’#armement. Vous semblez suggérer que c’est l’une des dimensions négligées de la guerre en Ukraine…

    Peu de gens savent qu’en 2021, la Commission européenne a signé avec l’#Ukraine un accord de partenariat visant à faire de ce pays une sorte de paradis minier pour l’Europe. L’Ukraine possède de fait énormément de ressources convoitées par les industriels, qu’ils soient russes, européens et américains. Cela a joué un rôle dans le déclenchement de la #guerre. On voit bien que pour, pour accéder aux gisements, on va engendrer des conflits, militariser encore plus les #relations_internationales, ce qui va nécessiter de produire des #armes de plus en plus sophistiquées, et donc d’extraire de plus en plus de métaux, et donc sécuriser l’accès aux gisements, et ainsi de suite.

    C’est un #cercle_vicieux que l’on peut résumer ainsi : la ruée sur les métaux militarise les rapports entre les nations, alimentant la ruée sur les métaux pour produire des armes afin de disposer des moyens de s’emparer des métaux. Il y a un risque d’escalade dans les années à venir. On évoque trop peu la dimension matérialiste des conflits armés souvent dissimulés derrière des enjeux « ethniques ».

    Faut-il sortir des métaux tout comme il faut sortir des énergies fossiles ?

    On a besoin de sortir de l’extractivisme au sens large. Extraire du pétrole, du charbon, du gaz ou des métaux, c’est le même modèle. D’ailleurs, d’un point de vue administratif, tout ceci correspond strictement à de l’activité minière, encadrée par des #permis_miniers. Il faut cesser de traiter le #sous-sol comme un magasin, de faire primer l’exploitation du sous-sol sur tout le reste, et en particulier sur les territoires et le vivant.

    Concrètement, qu’est ce qu’on peut faire ? Pour commencer, les deux tiers des mines sur la planète devraient fermer – les #mines_métalliques comme les #mines_de_charbon. Ça paraît utopique de dire cela, mais cela répond à un problème urgent et vital : deux tiers des mines sont situées dans des zones menacées de #sécheresse, et on n’aura pas assez d’#eau pour les faire fonctionner à moins d’assoiffer les populations. En plus de cela, elles émettent du #CO2, elles détruisent des territoires, elles déplacent des populations, elles nuisent à la #démocratie. Il faut donc faire avec une quantité de métaux restreinte, et recycler ce que l’on peut recycler.

    Vous soulignez pourtant que nous n’avons pas cessé, ces dernières années, d’ajouter de nouvelles technologies et de nouveaux objets dans notre quotidien, notamment du fait de l’envahissement du numérique. Réduire notre consommation de métaux implique-t-il de renoncer à ces équipements ?

    Oui, mais au préalable, quand on dit que « nous n’avons pas cessé d’ajouter des nouvelles technologies polluantes », il faut analyser un peu ce « nous ». « Nous » n’avons pas choisi de déployer des #caméras_de_vidéosurveillance et des #écrans_publicitaires partout. Nous n’avons pas choisi le déploiement de la #5G, qui a été au contraire contesté à cause de sa consommation d’énergie.

    La plupart d’entre nous subit plutôt qu’elle ne choisit la #numérisation des #services_publics, instrument privilégié de leur démantèlement et de leur privatisation : l’usage de #Pronote à l’école, #Doctissimo et la télémédecine dont la popularité est due à l’absence de médecins, etc. Dans le secteur automobile, la responsabilité des industriels est écrasante. Depuis des décennies, ils ne cessent de bourrer les véhicules d’électronique pour augmenter leur valeur ajoutée.

    Ces dernières années, ils ont massivement vendu d’énormes voitures électriques parce qu’ils savaient que le premier marché de la voiture électrique, c’était d’abord la bourgeoisie, et que les bourgeois achèteraient des #SUV et des grosses berlines. Donc quand je dis que nous devons réduire notre #consommation de métaux, j’entends surtout par-là dénoncer les industries qui inondent le marché de produits insoutenables sur le plan des métaux (entre autres).

    Mais il est vrai que nous – et là c’est un vrai « nous » - devons réfléchir ensemble aux moyens de sortir de l’#emprise_numérique. Du point de vue des métaux, le #smartphone n’est pas viable : sa sophistication et son caractère ultra-mondialisé en font un concentré d’#exploitation et d’#intoxication, des mines aux usines d’assemblage chinoises ou indiennes.

    Et bien sûr il a des impacts socialement désastreux, des addictions à la #surveillance, en passant par la « #surmarchandisation » du quotidien qu’il induit, à chaque instant de la vie. Là-dessus, il faut agir rapidement, collectivement, ne serait-ce que pour se protéger.

    https://basta.media/nous-assistons-a-une-escalade-de-la-predation-miniere
    #extractivisme #minières #électrification #acidification #contamination #hypocrisie #relocalisation #prédation #guerre_en_Ukraine #militarisation #déplacement_de_populations #dématérialisation #industrie_automobile

  • L’extraction minière menace fortement la #biodiversité

    L’extraction minière est une #bombe_à_retardement pour la biodiversité. Près de 8 % des vertébrés – 4 642 espèces exactement – seraient menacés par l’extraction minière, d’après une étude menée par des chercheurs de l’université de Cambridge, au Royaume-Uni. Parmi les espèces de vertébrés étudiées, les poissons se trouvent être les plus menacés par nos activités minières, notamment offshore. Viennent ensuite les reptiles, les amphibiens, les oiseaux et, enfin, les mammifères. Les espèces frayant dans des habitats d’eau douce sont particulièrement touchées. La menace est globalement répartie sur la planète entre Amérique du sud, Afrique de l’Ouest, et Arctique.

    Les mines ont une empreinte directe sur 101 583 km2 dans le monde. La #pollution provenant des mines de #minéraux_métalliques affecte 479 200 km de rivières et 164 000 km2 de plaines inondables. L’extraction minière entraîne tout un ensemble de #menaces directes et indirectes pour la biodiversité, dont la principale est la perte et/ou la dégradation de l’#habitat sur les sites concernés.

    Pour autant, la biodiversité peut être affectée à distance du site : d’après l’étude, 37 % de la masse terrestre (non antarctique) se trouve actuellement à moins de 50 km d’une mine. Or, les impacts hors des sites existent bel et bien : l’exploitation artisanale de l’or à petite échelle est la plus grande source de pollution par le #mercure à l’échelle mondiale ; l’extraction de ressources peut accroître la #déforestation jusqu’à 70 km de distance des sites miniers en Amazonie ; l’exploitation du sable modifie la structure du lit des #rivières et les niveaux d’eau dans l’ensemble des deltas fluviaux.

    Une industrie lucrative

    Dans les environnements marins, les marées noires peuvent toucher de vastes zones. En 2010, l’explosion sous-marine de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon avait provoqué une marée noire sur 15 000 km2 dans le golfe du Mexique.

    Avec la demande croissante de minéraux métalliques et/ou de matériaux de construction, l’exploitation minière a la pelleteuse en poupe, ce qui fait de ce secteur une des industries les plus lucratives au monde, avec un chiffre d’affaires total de 863 milliards d’euros en 2022 pour les 40 plus grandes entreprises du secteur.

    Dans sa précipitation à fournir nos sociétés en produits miniers, cette industrie rechigne à protéger son environnement plus ou moins immédiat. Ainsi, entre 2000 et 2018, l’exploration et l’extraction minière ont causé 78 % des opérations de réduction ou de déclassement d’aires protégées dans le monde. Rien qu’en Afrique subsaharienne, le nombre de mines situées à moins de 10 km d’une aire protégée a augmenté de 250 % sur la même période !

    https://reporterre.net/L-extraction-miniere-menace-fortement-la-biodiversite

    #mines #minières #extraction_minière #extractivisme #menace

  • Accordo UE-Serbia sul litio: tanta retorica, poche garanzie ambientali
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Serbia/Accordo-UE-Serbia-sul-litio-tanta-retorica-poche-garanzie-ambientali

    Il 19 luglio a Belgrado UE e la Serba hanno firmato un memorandum per un partenariato strategico sulle materie prime strategiche, soprattutto litio. Ambientalisti e analisti lamentano però l’assenza di garanzie per la salvaguardia dell’ambiente e della salute dei cittadini

    • Serbia, proteste contro lo sfruttamento di litio

      È passata poco più di una settimana dall’accordo sul litio firmato da Serbia e Unione europea, e i cittadini serbi hanno già iniziato a protestare in diverse città.

      Venerdì 19 luglio, durante un vertice “sulle materie prime critiche” organizzato con tanta fretta e altrettanta discrezione a Belgrado, il presidente serbo Aleksandar Vučić ha accolto il vicepresidente della Commissione europea Maroš Šefčovič (con delega al Green Deal europeo) e il cancelliere tedesco Olaf Scholz, oltre ai rappresentanti di Mercedes-Benz e Stellantis.

      Quell’incontro è stato l’occasione per firmare un “memorandum d’intesa” col quale l’UE e il Paese balcanico si sono impegnati a collaborare per creare una catena di approvvigionamento del litio reciprocamente vantaggiosa.

      “Sono orgoglioso di ciò che abbiamo iniziato oggi, 6 miliardi di euro di nuovi investimenti sono in arrivo”, ha commentato Vučić, secondo cui il litio serbo sarà esportato già a partire dal 2028 e principalmente sotto forma di batterie e componenti prodotti in Serbia, e sarà venduto solo a partner europei, “nonostante l’interesse dei produttori cinesi”.

      #Rio_Tinto torna in campo

      L’accordo segna un primo passo verso lo sfruttamento del litio nel Paese, una questione che ha profondamente scosso la società serba negli ultimi anni. Sono passati infatti 20 anni da quando il gruppo anglo-australiano Rio Tinto ha scoperto quello che sostiene essere il più grande giacimento di litio in Europa, nella valle di Jadar, nella Serbia occidentale: una miniera in grado di produrre fino a 58.000 tonnellate di litio all’anno, sufficienti ad alimentare più di un milione di veicoli elettrici.

      Secondo l’economista serbo Dragan Lončar, autore dello studio sull’impatto economico del progetto pubblicato nel 2021, il giacimento serbo sarebbe sufficiente a sostenere 30 anni di scavi su un’area di 300 ettari.

      La miniera darebbe lavoro a circa 1.200 persone e l’indotto ad altre 4.000, con un salario medio di circa 1.200 euro al mese, il 40% in più rispetto al salario medio del Paese. Negli ultimi giorni il governo serbo ha parlato addirittura di 20mila posti di lavoro nelle nuove fabbriche di batterie e componenti per auto elettriche.

      Non tutti però sono convinti da queste cifre. Sulle colonne di Radar , l’economista serbo Boško Mijatović nota che considerando il prezzo del litio di circa 11mila dollari alla tonnellata e la produzione annuale stimata di 58mila tonnellate, il valore del litio serbo si aggirerebbe attorno a 615 milioni di euro l’anno.

      “Non è una somma molto elevata, raggiunge il valore di una normale azienda”, commenta Mijatović, che aggiunge: “Cosa ancora più importante, dalla rendita mineraria la Serbia riceverebbe il 5%, che dà un reddito di 31 milioni di euro! Una cifra modesta, per non dire miserabile. Certamente non sufficiente a correre il minimo rischio perché la produzione di litio si faccia in Serbia”.

      I rischi sono un elemento fondamentale in questa storia. L’estrazione del litio è infatti un processo estremamente inquinante e per questo l’opposizione al progetto è stata feroce in Serbia, con tanto di iniziativa popolare, firmata da 38mila cittadini, che chiede il divieto dell’estrazione del litio (un’iniziativa che aspetta, per il momento invano , di essere messa all’ordine del giorno in parlamento).

      Nel gennaio 2022, dopo mesi di proteste di massa, l’esecutivo serbo ha ritirato “definitivamente” i permessi concessi a Rio Tinto. Un paio di settimane fa, però, la Corte costituzionale serba ha dichiarato illegittima quella decisione, permettendo al governo di Belgrado di far ripartire il cantiere. “Non ci sarà alcun progetto senza una protezione totale [dell’ambiente], e porteremo qui i migliori esperti d’Europa”, ha detto il presidente serbo Vučić il 19 luglio, ma senza riuscire a rassicurare la popolazione.
      Cittadini in piazza

      All’inizio della scorsa settimana, infatti, migliaia di persone hanno manifestato nella città di Valjevo, nella parte occidentale del Paese. Tra loro, c’era anche Ratko Ristić, professore presso la Facoltà di Scienze Forestali di Belgrado.

      “La popolarità dell’Unione europea è appena crollata nuovamente in Serbia. Bruxelles non vuole mettere in pericolo l’ecosistema e la salute dei suoi abitanti, ma non ha problemi a farlo qui da noi”, esclama Ratko Ristić. “La Germania ha riserve di litio molto più grandi delle nostre. La verità è che noi garantiamo bassi standard di protezione ambientale, nessun controllo e una manodopera a basso costo. Per Rio Tinto va bene, ma per noi è un disastro”, continua il professore.

      I detrattori del progetto temono l’inquinamento del fiume Jadar (affluente della Drina e quindi della Sava, che attraversa Belgrado), ma denunciano anche la distruzione di centinaia di ettari di terreni agricoli e lo sfollamento forzato delle persone che vi abitano.

      Anche la mancanza di trasparenza ha suscitato l’indignazione dell’opinione pubblica. Secondo Florian Bieber, specialista di Balcani presso l’Università di Graz in Austria, la mancanza di trasparenza è una strategia governativa deliberata.

      “È successo tutto molto rapidamente, nel bel mezzo dell’estate. È difficile per l’opposizione mobilitare le folle in questo periodo”. D’altra parte, Vučić è appena uscito vittorioso dalle elezioni parlamentari e locali, quindi ha campo libero per i prossimi quattro anni”, analizza il politologo.

      Quanto all’Unione Europea, “ha deciso di barattare la democrazia e lo Stato di diritto con il litio”, accusa Florian Bieber, secondo cui “questo accordo rafforza l’autoritarismo nei Balcani”.

      “Vučić ha falsificato le elezioni, non c’è libertà di stampa nel Paese, non ci sono più istituzioni indipendenti, eppure Bruxelles lo premia. Questo è un duro colpo per i politici e i cittadini serbi filo-europei”, conclude Florian Bieber.

      Dopo la manifestazione a Valjevo, delle proteste sono state organizzate la settimana scorsa anche a Loznica, Grocka, Preljina, Koceljeva e Negotin.

      Questa settimana, fa sapere N1 , una nuova ondata di sit-in si terrà invece a Kraljevo, Šabac, Aranđelovac, Ljig, Kosjerić i Mladenovac.

      Il cantiere di Rio Tinto nella valle dello Jadar è infatti solo la punta dell’iceberg. “Ci sono oggi una sessantina di località in Serbia in cui diverse imprese stanno cercando permessi per lo sfruttamento del litio”, prosegue la televisione regionale N1.

      Queste località sono concentrate lungo un asse che taglia la Serbia da nord-ovest, nei pressi di Loznica, fino a sud-est, nei dintorni di Bor. Forse è anche per questo che la società serba sembra così unita e reattiva sull’argomento.

      Sembra quasi che abbia ragione Srđan Mitrašinović, consigliere comunale a Šapac intervistato da N1, secondo cui sul litio “il popolo serbo è da un lato della barricata, Rio Tinto e il governo sono dall’altro”.

      https://www.balcanicaucaso.org/aree/Serbia/Serbia-proteste-contro-lo-sfruttamento-di-litio-232628
      #résistance

    • Serbie : « question de vie ou de mort », le projet de mine de lithium largement rejeté par la population

      La capitale serbe se prépare à une mobilisation ce samedi 10 août pour s’opposer à un projet de mine de lithium porté par le géant australien Rio Tinto dans l’ouest de la Serbie. Depuis sa relance mi-juillet, le projet fait face à une fronde inédite à travers tout le pays.

      Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont attendues ce samedi à Belgrade avec un seul mot d’ordre : l’abandon pur et simple du projet controversé d’extraction de lithium.

      Pour Zlatko Kokanovic, vice-président d’une association écologiste et fer de lance du mouvement, cette bataille est une question de survie : « L’avenir du monde ce n’est pas le lithium ou les batteries électriques, ce qui compte c’est d’avoir une eau propre, un air pur et une terre capable de donner une nourriture saine y compris dans 1000 ans. Les mines laissent derrière elles des trous noirs, des plaies béantes sur notre planète. C’est donc une question de vie ou de mort », assène le militant au micro de Jelena Tomic du service international de RFI.
      « Nous allons radicaliser le mouvement partout en Serbie. »

      Un ultimatum, lancé au gouvernement par les organisations environnementales il y a 40 jours, arrive à expiration. L’agriculteur et père de cinq enfants qui vit à proximité du site d’extraction promet un durcissement du mouvement : « Nous allons radicaliser le mouvement partout en Serbie. Nous n’avons pas de pays de substitution. C’est pourquoi nous devons être tous ensemble, unis. C’est le seul moyen de nous protéger de ce fléau. »

      Un temps suspendu, l’exploitation de la mine par Rio Tinto a été relancée à la mi-juillet avec la signature d’un partenariat entre Belgrade et l’Union européenne (UE). Le militant exclut tout compromis : « Que ce soit Rio Tinto, les Chinois ou les Allemands, on s’en fiche. Il n’y a aucun compromis possible. Nous devrions être tous égaux et avoir les mêmes droits garantit par la Constitution. Les Chinois possèdent entre 90 et 96% des terres rares et détiennent le monopole dans ce commerce. On nous a même proposé que le lithium soit exploité chez nous et traité dans un autre endroit. Ce qui serait juste hypocrite et scandaleux de notre part, que d’accepter que ce lithium soit transporté ailleurs dans notre pays et que cet acide toxique détruise la santé de nos concitoyens. »
      L’UE se moque de la santé des enfants serbes selon Zlatko Kokanovic

      Le pari sera-t-il gagné dans cette bataille de David contre Goliath ? Le doute est permis au vu des énormes intérêts de l’UE qui souhaite réduire sa dépendance vis-à-vis des matières premières en provenance de Chine. D’où le ressentiment de Zlatko Kokanovic : « Il est clair pour tout le monde ici que les pays de l’Union européenne veulent avoir notre lithium, crucial pour sa transition écologique, et pour que leurs enfants respirent un air pur et soient en bonne santé, au détriment de notre santé, de celle de nos enfants et de notre environnement. Ils envisagent tout simplement de transformer les Balkans en une grande décharge. Et la deuxième raison qui les poussent à vouloir notre lithium est qu’ils souhaitent se libérer de leur dépendance vis à vis de la Chine, car les chinois possèdent entre 90 et 96% des terres rares et détiennent le monopole dans ce commerce. On nous a même proposé que le lithium soit exploité chez nous et traité dans un autre endroit. Ce qui serait juste hypocrite et scandaleux de notre part, que d’accepter que ce lithium soit transporté ailleurs dans notre pays et que cet acide toxique détruise la santé de nos concitoyens. »

      https://www.rfi.fr/fr/europe/20240810-serbie-question-de-vie-ou-de-mort-le-projet-de-mine-de-lithium-largemen

      #résistance

  • Dove sono i metalli rari in Italia

    Se lo sta chiedendo il governo, che ha approvato un decreto per sfruttare vecchi giacimenti e aprire nuove miniere.

    Dopo le sollecitazioni ricevute negli ultimi anni dall’Unione Europea, lo scorso 20 giugno il governo italiano ha approvato un decreto per sostenere la ricerca delle cosiddette “materie prime critiche”, un gruppo di metalli particolarmente necessari per il settore tecnologico e per la transizione energetica. Le materie prime critiche servono soprattutto all’industria dei microchip e dei componenti elettronici o per la produzione di batterie dei veicoli elettrici. Alcune hanno nomi più conosciuti, come il rame, il litio, il silicio e il nichel, altre sono meno note come il bismuto, il boro, il cobalto, il gallio, il germanio, il magnesio e il manganese, la grafite naturale, il titanio e il tungsteno.

    Fino a qualche decennio fa in Italia c’erano diversi giacimenti di questi metalli, miniere via via abbandonate perché dai costi insostenibili soprattutto se paragonati a quelli delle importazioni. Tuttavia negli ultimi anni l’aumento della richiesta dei metalli rari ha invertito questo rapporto: ora comprarli all’estero e importarli è molto costoso, mentre è più vantaggioso e politicamente strategico sfruttare vecchi giacimenti o trovarne di nuovi.

    Con queste premesse il governo ha approvato una serie di misure: semplificare le procedure per consentire alle compagnie minerarie di cercare nuovi giacimenti, finanziare una mappatura più completa delle aree sulla base di studi geologici, realizzare un piano nazionale delle materie prime con una definizione più puntuale dei finanziamenti per questo settore. L’obiettivo è spingere le compagnie a investire nella ricerca di nuovi giacimenti.

    Il ministro dell’Ambiente e della Sicurezza energetica, Gilberto Pichetto Fratin, ha detto che il programma esplorativo dovrà essere pronto entro il 24 maggio 2025. Se ne occuperà l’ISPRA, l’istituto superiore per la protezione e la ricerca ambientale, a cui sono stati dati 3,5 milioni di euro per realizzare una mappa dei possibili giacimenti, la nuova carta mineraria dell’Italia. Grazie alla nuova carta potranno essere aggiornati e migliorati i censimenti fatti dall’ISPRA negli ultimi anni.

    Uno degli ultimi censimenti è stato pubblicato nell’atlante dei dati ambientali, aggiornato al 2023, e comprende i giacimenti sfruttati in passato e ora da rivalutare.

    Nel documento dell’ISPRA si legge che l’Italia è «totalmente dipendente» dai mercati esteri, ma anche che sul territorio esistono mille possibili giacimenti: i più interessanti sono nell’arco alpino, in Liguria, nella fascia tirrenica tra Toscana e Campania, in Calabria e in Sardegna. «La coltivazione di minerali metalliferi è stata progressivamente abbandonata a cavallo dei due secoli non per esaurimento delle risorse ma, nella quasi totalità, per le convenienti condizioni economiche dei mercati esteri delle materie prime e per la mancanza di lungimiranza della politica industriale mineraria», dice lo studio.

    Risultano attive soltanto due miniere di fluorite (a Bracciano, in provincia di Roma, e a Silius, in Sardegna) e una ventina di feldspato tra Piemonte, Toscana, Lazio, Calabria e Sardegna. C’è poi un giacimento di titanio in Liguria, uno di cobalto in Piemonte, di litio in Lazio. Negli ultimi anni sono stati dati permessi per cercare zinco, cobalto, titanio e nichel in particolare sull’arco alpino.

    Il decreto prevede anche che le compagnie minerarie titolari delle concessioni, già attive o future, dovranno dare allo Stato tra il 5 e il 7 per cento dei prodotti estratti. Questa sorta di tassa finanzierà il fondo nazionale del Made in Italy per sostenere nuovi investimenti e un’ulteriore ricerca di materie prime critiche.

    In merito all’impatto ambientale, su cui c’è una maggiore sensibilità rispetto al passato, il governo ha incaricato l’ISPRA di vigilare sui progetti di ricerca dei metalli insieme alle soprintendenze dei territori interessati. L’ISPRA potrà bloccare i permessi se verranno rilevate irregolarità, per esempio trivellazioni in punti non consentiti. L’istituto dovrà anche coinvolgere gli enti locali, in particolare i comuni, per spiegare in modo approfondito i lavori previsti, l’impatto delle ricerche e dell’eventuale apertura di nuove miniere.

    https://www.ilpost.it/2024/07/14/mappa-metalli-rari-italia
    #Italie #extractivisme #Alpes #permis #mines #minières #Italie #terres_rares #matières_premières_critiques #transition_énergétique #batteries #extractivisme #décret #matières_premières_critiques #microchip #électronique #lithium #cuivre #cobalt #tungstène #titan #mines #minières #ISPRA #Gilberto_Pichetto_Fratin #matières_premières #concessions #cartographie #visualisation #carte

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    #métaliste sur l’#extraction de #terres_rares dans les #Alpes :
    https://seenthis.net/messages/1013289

  • Permessi in mano straniera : il vero #business è rivenderli

    La crescita della domanda delle materie prime critiche ha rimesso le miniere al centro dell’agenda politica italiana. Ma sono compagnie extra-UE a fare da protagoniste in questa rinascita perché la chiusura delle miniere negli anni ’80 ha spento l’imprenditoria mineraria italiana.

    “Nelle #Valli_di_Lanzo l’attività mineraria risale al XVIII secolo, quando il cobalto era utilizzato per colorare di blu tessuti e ceramiche. Poi l’estrazione non era più conveniente e le miniere sono state chiuse negli anni ‘20” dice a IE Domenico Bertino, fondatore del museo minerario di Usseglio, Piemonte. Adesso, grazie a una società australiana, i minatori potrebbero tornare a ripopolare le vette alpine.

    Secondo Ispra quasi tutti i 3015 siti attivi in Italia dal 1870 sono dismessi o abbandonati. Ma la crescita della domanda di materie prime critiche (CRM) ha fatto tornare le miniere al centro dell’agenda politica.

    “Abbiamo 16 materie critiche in miniere che sono state chiuse oltre trent’anni fa. Era più facile far fare l’estrazione di cobalto in Congo, farlo lavorare in Cina e portarlo in Italia” ha detto a luglio il ministro delle imprese e del made in Italy Adolfo Urso, ribadendo la volontà del governo di riaprire le miniere. Oltre al cobalto in Piemonte, ci sono progetti per la ricerca di piombo e zinco in Lombardia, di litio nel Lazio e di antimonio in Toscana.

    I protagonisti di questa “rinascita mineraria”, che dovrebbe rendere l’Italia meno dipendente da paesi terzi, sono compagnie canadesi e australiane. Dei 20 permessi di esplorazione attivi, solo uno è intestato a una società italiana (Enel Green Power).

    La ragione è che “le scelte politiche fatte negli anni ‘80 hanno portato alla chiusura delle miniere. E così la nostra imprenditoria mineraria si è spenta e la nuova generazione ha perso il know how” spiega Andrea Dini, ricercatore del CNR.

    La maggior parte sono junior miner, società quotate in borsa il cui obiettivo è ottenere i permessi e vendere l’eventuale scoperta del giacimento a una compagnia mineraria più grande. “Spesso quando la società mineraria dichiara di aver scoperto il deposito più grande del mondo, il più ricco, il più puro, cerca solo di attrarre investitori e far decollare il valore del titolo” spiega Alberto Valz Gris, geografo ed esperto di CRM del Politecnico di Torino, promotore di una carta interattiva (http://frontieredellatransizione.it) che raccoglie i permessi di ricerca mineraria per CRM in Italia.

    Tra le junior miner presenti in Italia spicca Altamin, società mineraria australiana che nel 2018 ha ottenuto i primi permessi di esplorazione (https://va.mite.gov.it/it-IT/Oggetti/Info/1760) per riaprire le miniere di cobalto di Usseglio e Balme, in Piemonte. “Finora sono state effettuate solo analisi in laboratorio per capire la qualità e quantità del cobalto” spiega Claudio Balagna, appassionato di mineralogia che ha accompagnato in alta quota gli esperti di Altamin. “Ma da allora non abbiamo saputo più nulla", dice a IE Giuseppe Bona, assessore all’ambiente di Usseglio, favorevole a una riapertura delle miniere che potrebbe creare lavoro e attirare giovani in una comunità sempre più spopolata.

    A Balme, invece, si teme che l’estrazione possa inquinare le falde acquifere. “Non c’è stato alcun dialogo con Altamin, quindi è difficile valutare quali possano essere i risvolti eventualmente positivi" lamenta Giovanni Castagneri, sindaco di Balme, comune che nel 2020 ha ribadito l’opposizione “a qualsiasi ricerca mineraria che interessi il suolo e il sottosuolo”.

    “Le comunità locali sono prive delle risorse tecniche ed economiche per far sentire la propria voce” spiega Alberto Valz Gris.

    Per il governo Meloni la corsa alla riapertura delle miniere è una priorità, con la produzione industriale italiana che dipende per €564 miliardi di euro (un terzo del PIL nel 2021) dall’importazione di materie critiche extra-UE. Tuttavia, a oggi, non c’è una sola miniera di CRM operativa in Italia.

    Nel riciclo dei rifiuti le aziende italiane sono già molto forti. L’idea è proprio di puntare sull’urban mining, l’estrazione di materie critiche dai rifiuti, soprattutto elettronici, ricchi di cobalto, rame e terra rare. Ma, in molti casi, la raccolta e il riciclo di queste materie è oggi ben al di sotto dell’1%. “Un tasso di raccolta molto basso, volumi ridotti e mancanza di tecnologie appropriate non hanno permesso lo sviluppo di una filiera del riciclaggio delle materie critiche”, dice Claudia Brunori, vicedirettrice per l’economia circolare di ENEA, l’Agenzia nazionale per le nuove tecnologie, l’energia e lo sviluppo economico sostenibile. Oltre alla mancanza di fondi: nel PNRR non sono previsti investimenti per le materie prime critiche.

    Un’altra strategia è estrarre CRM dalle discariche minerarie. Il Dlgs 117/08 fornisce indicazioni sulla gestione dei rifiuti delle miniere attive, ma non fornisce riferimenti per gli scarti estrattivi abbandonati. Così “tali depositi sono ancora ritenuti rifiuti e non possono essere considerati nuovi giacimenti da cui riciclare le materie” denuncia l’ISPRA (Istituto superiore per la protezione e la ricerca ambientale), che chiede una modifica normativa che consenta il recupero delle risorse minerarie.

    https://www.investigate-europe.eu/it/posts/permessi-in-mano-straniera-il-vero-business-rivenderli
    #extractivisme #Alpes #permis #mines #minières #Italie #terres_rares #matières_premières_critiques #transition_énergétique #Alberto_Valz_Gris #permis_d'exploration #Usseglio #Piémont #Adolfo_Urso #plomb #zinc #Lombardie #Latium #Toscane #antimoine #Enel_Green_Power #junior_miner #Altamin #Australie #Balme #urban_mining #recyclage #économie_circulaire #déchets

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    ajouté à la métaliste sur l’#extraction de #terres_rares dans les #Alpes :
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  • Mine games

    Rare earths are to the 21st century what coal was to the 19th and oil to the 20th. Our everyday electronics - and Europe’s climate goals - depend on them. But China controls almost all supply chains. Can Europe free itself from this dependence?

    Your mobile has them. Your laptop as well. They are likely in the toothbrush you used this morning. E-scooters are full of them. So are electric cars.

    Rare earths and other minerals are essential for wind and solar power installations, defence, and for the gadgets that we now rely upon in our daily lives. The demand for critical raw materials is going to skyrocket in the years ahead, far beyond current supply.

    There is no “climate neutrality” ahead without them. This implies more mining than ever before. “We, eight billion of us, will use more metal than the 108 billion people who lived before us,” according to Guillaume Pitrón, author of the book Rare Metals War.

    The political headache is that Europe depends heavily on imports of these critical raw materials, primarily from China.

    China controls EU supply of critical raw materials
    The trade in rare earths and other materials is controlled by the Chinese. Russia and Chile are significant suppliers as are some European nations.

    European dependency on Russian gas was a wake-up call last year, when Russia invaded Ukraine. Now the EU urgently wants to reduce the similar dependency on Chinese supplies of rare earth elements, lithium, bismuth, magnesium and a series of other critical minerals.

    European consumers have for decades not had to be much concerned with the environmental destruction and pollution that often comes with mining. Now, governments haste to revive mining across the continent – and to fast-track processes that otherwise may take a decade or more.

    https://www.youtube.com/watch?v=qzw9-1G9Sok

    Investigate Europe reporters have unearthed what lies beneath these “green mining” ambitions. We have broken into a mountain of dilemmas, challenges and questions that come with Europe’s pressing need for minerals.

    To what extent will Europe be practically able to revive a mining industry that it has long abandoned? How can governments secure social acceptance for new mines if they are to fast-track permit processes? What kind of autonomy can come in an industry dominated by global companies?

    https://www.investigate-europe.eu/themes/investigations/critical-raw-materials-mining-europe
    #minières #mines #extractivisme #Europe #Chine #dépendance #indépendance #terres_rares #neutralité_climatique #transition_énergétique #importation #lithium #bismuth #magnésium #green_mining #industrie_minière #autonomie

    disponible en plusieurs langues, français notamment :
    https://www.investigate-europe.eu/fr/themes/investigations/critical-raw-materials-mining-europe

    • Écocides et #paradis_fiscaux : révélations sur les dérives du soutien européen à l’industrie minière

      Pour développer l’industrie des #batteries_électriques ou des éoliennes, l’Union européenne finance des entreprises minières au travers du programme #Horizon. Une partie de ces fonds soutient des sociétés impliquées dans des catastrophes environnementales, voire, pour l’une d’entre elles, domiciliée dans un paradis fiscal.

      C’est une immense tâche blanche, un entrelacs de tuyaux et de cuves, au milieu d’un écrin vert-bleu, à l’embouchure du fleuve Amazone, au #Brésil. Ici, l’usine de la société minière française #Imerys a laissé un souvenir amer aux communautés autochtones. En 2007, plusieurs dizaines de familles ont été contraintes à l’exil lorsque le leader mondial de la production de minéraux industriels a déversé 200 000 m3 de #déchets_toxiques dans les rivières alentour. #Cadmium, #baryum et autres #métaux_lourds cancérigènes se sont déposés au fond des cours d’eau dans lesquels puisent les populations, aux confins de la plus grande forêt pluviale du monde.

      De l’autre côté du globe, dans le #désert_de_Gobi, en #Mongolie, #Orano, (ex-#Areva), exploite des gisements d’#uranium. Cette fois, le géant français du combustible nucléaire est suspecté d’avoir injecté dans le sol « d’énormes quantités d’#acide_sulfurique », contaminant les #eaux_souterraines au #strontium — mortel à très haute dose — et à l’#arsenic, selon une enquête judiciaire mongole. « Moutons, chèvres, chevaux qui naissent handicapés, eau souterraine polluée, femmes qui font des fausses couches… » : l’association locale #Eviin_huch_eh_nutgiin_toloo, interrogée récemment par Reporterre, énumère les conséquences sanitaires potentiellement désastreuses de l’exploitation d’Orano.

      Plus loin au sud, près de l’équateur, l’île d’#Halmahera, en #Indonésie, fait face aux effets dévastateurs de l’exploitation récente de #nickel, à #Weda_Bay, en partie détenue par le groupe métallurgique et minier français, #Eramet. Là aussi, les terres sont détruites, et les populations autochtones déplacées. Sa filiale calédonienne, la société #Le_Nickel, est à l’origine d’une importante #pollution au #fuel constatée en avril 2023. Environ 6 000 litres de combustible se seraient échappés d’une conduite percée.

      Ces trois sociétés françaises n’ont pas pour seul point commun d’être impliquées dans des scandales environnementaux : elles bénéficient des largesses du programme européen Horizon. D’après notre enquête, la société française Eramet a touché 1,9 million d’euros, entre 2019 et 2022. Quant à Orano et Imerys, elles ont reçu respectivement 2,3 millions d’euros et 312 637 euros du programme européen. Parmi les prérequis indispensables à l’obtention de ces #subventions, figurait celui de « ne pas nuire à l’un des six objectifs environnementaux » présent au cœur du “#green_deal” européen, le #pacte_vert, en français. À commencer par la prévention contre les #risques_de_pollution ou la protection des écosystèmes. Sollicitée, la Commission européenne se contente de déclarer qu’elle accorde « une attention approfondie » aux enjeux environnementaux.

      Quinze sociétés impliquées dans des crimes environnementaux

      Doté d’un budget de 95 milliards d’euros sur sept ans (2021-2027), le programme européen Horizon, initié en 2014, et financé en grande partie sur fonds publics, a pour mission de soutenir la #recherche et l’innovation au sein de l’Union européenne. Avec l’émergence des besoins en batteries électriques, en #éoliennes et autres industries liées au secteur de la #transition_énergétique, ce soutien se dirige en grande partie vers le secteur minier, d’après notre analyse des données mises en ligne par l’UE. Avec une nette accélération ces dernières années : sur les 667 millions d’euros réservés à ce type de projets, entre 2014 et 2023, près de la moitié ont été attribués à partir de 2020.

      Projets financés par le programme de l’UE Horizon, en lien avec la loi sur les #matières_premières_critiques

      Depuis 2014, Horizon a financé 95 projets de ce type. Ceux-ci ont reçu 667 millions d’euros distribués entre 1 043 organisations. Les 67 présentés dans le graphique ont reçu plus de 2 millions d’euros.

      En plus des trois entreprises françaises ayant bénéficié du fonds Horizon malgré leur lien avec des pollutions environnementales, Disclose et Investigate Europe ont identifié douze autres sociétés problématiques. À chaque fois, celles-ci ont été impliquées dans des catastrophes environnementales. Leurs liens avec lesdites catastrophes sont accessibles en quelques clics sur Internet.

      Un exemple : l’entreprise minière suédoise #Boliden. Elle a perçu près de 2,7 millions d’euros dans le cadre de huit appels à projets Horizon. La dernière fois, c’était en novembre 2019. Or, cette société spécialisée dans la production de #zinc et de #cuivre a un lourd passif en matière de dégradation des écosystèmes. En 1998, près de Séville, en Espagne, le barrage d’un bassin de décantation d’une mine de #pyrite lui appartenant s’est rompu, déversant des eaux polluées sur plus de 40 km de terres agricoles. Dans les années 1980, Boliden a également été épinglé pour avoir exporté des milliers de tonnes de #déchets_miniers depuis la Suède vers #Arica, au nord du #Chili. Les #boues_toxiques d’arsenic liées au stockage sont pointées par des locaux pour être vraisemblablement à l’origine de #cancers et #maladies chez des milliers de résidents, lui valant d’être un cas d’étude dans un document du Parlement européen.

      Défaillances en chaîne

      Les données analysées réservent d’autres surprises. Alors que l’Union européenne ne cesse de défendre la nécessité de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine et de la Russie, surtout depuis la pandémie et le conflit russo-ukrainien, le #programme_Horizon semble souffrir de quelques défaillances. Et pour cause, selon l’examen détaillé des entreprises bénéficiaires, il est arrivé à au moins trois reprises que les fonds versés par l’UE terminent soit sur le compte en banque d’un acteur étatique chinois, soit sur celui d’oligarques russes.

      Dans le premier cas, il s’agit du dossier déposé par la #Soil_Machine_Dynamics, une entreprise britannique leader dans le domaine de la robotique sous-marine. Celle-ci a reçu 3,53 millions d’euros du budget d’Horizon pour un projet baptisé #Vamos. Il visait à développer une technique permettant d’extraire des minéraux à des profondeurs jusque-là inaccessibles. Le projet a démarré le 1er février 2015. Mais, cinq jours plus tard, le fonds d’investissement privé Inflexion a cédé l’entreprise à #Zhuzhou_CSR_Times_Electric, dont l’actionnaire majoritaire est l’État chinois. Le projet Vamos, passé sous pavillon chinois, est resté actif jusqu’au 31 janvier 2019.

      Le second cas fait référence à la société #Aughinish_Alumina. L’entreprise basée en Irlande raffine la #bauxite, la roche dont est extraite l’#alumine utilisée pour produire l’#aluminium. En 2018, elle a reçu 563 500 euros en provenance de l’Union européenne pour sa participation à un projet visant à étudier la réutilisation des résidus de bauxite. Or, cette entreprise minière appartient depuis 2007 à #Rusal, un groupe russe qui domine le secteur et dont l’un des principaux actionnaires n’est autre qu’#Oleg_Deripaska. Réputé proche de Vladimir Poutine, ce dernier figure sur la liste des oligarques russes sanctionnés par le Royaume-Uni et les États-Unis… et l’Europe.

      Des fonds publics européens atterrissent dans un paradis fiscal

      Un autre cas intrigue, celui de la société #Lancaster_Exploration_Limited, spécialisée dans l’exploration de terres rares. L’entreprise a participé à un projet Horizon qui promettait de développer de nouveaux « modèles d’exploration pour les provinces alcalines et de carbonatite » destinés à l’industrie européenne de haute technologie. Pour ce projet, elle a perçu plus de 168 000 euros de la part de l’Europe, alors que son siège social est situé dans les #îles_Vierges britanniques, paradis fiscal notoirement connu. Interrogé sur ce cas précis, un porte-parole de la Commission européenne explique que l’institution peut mettre fin à un contrat la liant avec une société qui se serait rendue coupable d’infractions avec ses « obligations fiscales » ou qui aurait été « créé sous une juridiction différente, avec l’intention de contourner les obligations fiscales, sociales ou autres obligations légales dans le pays d’origine. »

      Reste à savoir si l’Union européenne prendra des mesures contre des sociétés ne respectant manifestement pas leurs obligations. D’autant plus que l’acquisition d’une souveraineté dans le secteur des #matières_premières critiques et des terres rares est l’une des priorités affichées par l’exécutif européen. La Commission a d’ailleurs présenté, en mars dernier, le #Critical_Raw_Materials_Act, consistant à relancer l’activité minière sur le continent. Grâce, notamment, aux centaines de millions d’euros que le programme Horizon destine aux professionnels du secteur.

      https://www.investigate-europe.eu/fr/posts/eu-horizon-scheme-millions-funding-mining-companies-environmental
      #paradis_fiscal #fisc #évasion_fiscale #écocide