• L’école des villes contre l’école des champs (France 3 Nouvelle-Aquitaine)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/ecole-villes-contre-ecole-champs-1436105.html

    200 à 300 classes vont être fermées à la rentrée prochaine en zones rurales en France, pour permettre notamment le dédoublement des classes en réseau prioritaire, en ville. La priorité fixée par le gouvernement laisse un goût amer à la campagne.

    Avec ce titre, tout est dit : la gestion comptable de la pénurie se traduit concrètement par la mise en concurrence des territoires et notamment des territoires délaissés : quartiers populaires et zones rurales.

    Le ministre a beau démentir avec l’agacement de l’expert omniscient, l’effet ressenti sur le terrain se confirme de semaine en semaine :
    – Education : pourquoi tant de fermetures de classes ? (Le Parisien)
    http://www.leparisien.fr/societe/education-pourquoi-tant-de-fermetures-de-classes-07-03-2018-7594245.php
    – Fermeture de classes en milieu rural : l’offensive contre Blanquer monte (Les Échos)
    https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/0301382654089-fermeture-de-classes-en-milieu-rural-loffensive-contre-blanqu

    Comme l’indiquaient Marion Audrain et Sylvain Grandserre, cette gestion des uns contre les autres est une bombe à retardement politique aux effets prévisibles désastreux :

    Dès lors, chacun comprend que le généreux principe du dédoublement ne pourra se faire qu’au détriment d’autres écoles, et donc d’autres enfants. […] Monte le sentiment que ce sont les écoles rurales qui vont faire les frais de l’apparente générosité ministérielle en direction des classes en difficulté. Bref, l’impression que l’on déshabille la campagne pour habiller la banlieue. […]
    Visiblement, la menace d’un éclatement de nos territoires semble peu prise au sérieux par des décideurs politiques urbains, souvent parisiens, qui n’ont vu aucun bureau de vote de la capitale placer le FN en tête du 1er tour des élections présidentielles (avec une moyenne de 5 % des votes pour ce parti à Paris).
    Rappelons-leur qu’au 2nd tour, dans nombre de nos campagnes, Marine Le Pen a été portée à des scores qui devraient appeler une toute autre vigilance, avec des villages atteignant les 70 % ! Comment expliquer à cet électorat - qui ne connaît des banlieues en général, et de l’immigration en particulier, que ce qu’en montre le journal télévisé - que l’école centenaire va fermer pour donner plus de moyens à des enfants qu’ils considèrent comme « étrangers » et « pas de chez nous » ?
    […] Et selon l’UNICEF, 2,5 à 3 millions d’enfants de notre pays vivent sous le seuil de pauvreté. Est-il bien raisonnable de vouloir ainsi les opposer, les mettre en concurrence ? […]
    Nous, enseignants en quartier sensible ou à la campagne, refusons qu’on nous oppose, qu’on oppose nos familles, qu’on oppose nos élèves.
    Source : “Carte Scolaire : la bombe à retardement (Marion Audrain et Sylvain Grandserre)”
    https://seenthis.net/messages/671269

    C’est bien cela qu’illustre le panneau sur cette image issue d’une mobilisation en milieu rurale…

    Le plus terrible c’est qu’il n’y a pas « 12 élèves par classe dans les quartiers » comme indiqué sur cette affiche :
    – seuls les CP et CE1 sont concernés avec déploiement progressif sur 3 ans (2017 : CP dédoublés en REP+ ; 2018 : CP dédoublés en REP et CE1 en REP+ ; 2019 : CE1 dédoublés en REP) donc les CE2-CM1-CM2 des quartiers classés « éducation prioritaire » ne sont et ne seront pas concernés.
    – la communication ministérielle a glissé de « CP à 12 élèves » à « CP dédoublés » et dans la réalité les classes peuvent tendre plutôt vers 16 (ce qui est moins que 28 mais 30% de plus que 12)
    – la contrainte du « à moyens constants » avant de venir pénaliser les écoles rurales s’applique d’abord aux écoles populaires concernées par les dédoublements de classes : (i) fermeture des dispositifs (maîtres supplémentaires voire RASED) dont elles bénéficiaient et (ii) augmentation à la marge des effectifs des autres classes de l’école accueillant des élèves avec un profil identique mais âgés de 2-3 ans de plus avec ce que ça implique en terme d’accompagnement et de gestion de classe.

    Ainsi, les deux territoires les plus fragiles de la République vont souffrir du manque d’ambition scolaire et de la doxa indépassable du « à moyens constants »… et pourtant mis en concurrence leurs habitant.e.s vont construire le fantasme de l’Autre qui captent tous les moyens… nourrissant en retour un double sentiment « d’abandon » pour le plus grands profits de l’extrême-droite.

    NB : sur @seenthis ces dernières semaines :
    – Enseignement : les écoles rurales sacrifiées pour ouvrir des doubles classes en ville   ? (Sud Ouest.fr)
    https://seenthis.net/messages/668582
    – Maternelles et écoles rurales risquent de payer le prix des CP et CE1 à douze élèves (Le Monde)
    https://seenthis.net/messages/670352
    – Les #écoles_rurales se sentent sacrifiées par l’Éducation nationale (@mediapart)
    https://seenthis.net/messages/670914
    – Classes à 12 élèves : le prix à payer (Blog L’instit’humeurs)
    https://seenthis.net/messages/671739
    – Classes de CP à douze élèves : une réforme à marche forcée (Le Monde)
    https://seenthis.net/messages/672283

    #éducation #école #dédoublement_CP #territoires #ruralité #école_rurale #carte_scolaire #quartiers_populaires #éducation_prioritaire #moyens_constants #mise_en_concurrence_des_territoires

  • Carte Scolaire : la bombe à retardement (Marion Audrain et Sylvain Grandserre)
    http://www.meirieu.com/FORUM/carte_scolaire_bombe_retardement.pdf

    Dès lors, chacun comprend que le généreux principe du dédoublement ne pourra se faire qu’au détriment d’autres écoles, et donc d’autres enfants. Au-delà des traditionnelles fermetures de classes, il va falloir renoncer aux dispositifs ambitieux du « plus de maîtres que de classes » ou à la « scolarisation dès 2 ans », mais aussi revoir les effectifs des enseignants des Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED), sans parler des postes de remplaçants. Du coup, l’effet de « vase communicant » crée un réel malaise dont atteste la presse locale. Monte le sentiment que ce sont les écoles rurales qui vont faire les frais de l’apparente générosité ministérielle en direction des classes en difficulté. Bref, l’impression que l’on déshabille la campagne pour habiller la banlieue. C’est d’autant plus dommage que le contraire avait été affirmé par le Président de la République (17/07/2017) lors
    de la première conférence nationale des territoires : « Il n’y aura plus aucune fermeture de classes dans les zones rurales ».

    Visiblement, la menace d’un éclatement de nos territoires semble peu prise au sérieux par des décideurs politiques urbains, souvent parisiens, qui n’ont vu aucun bureau de vote de la capitale placer le FN en tête du 1er tour des élections présidentielles (avec une moyenne de 5 % des votes pour ce parti à Paris).
    Rappelons-leur qu’au 2nd tour, dans nombre de nos campagnes, Marine Le Pen a été portée à des scores qui devraient appeler une toute autre vigilance, avec des villages atteignant les 70 % ! Comment expliquer à cet électorat - qui ne connaît des banlieues en général, et de l’immigration en particulier, que ce qu’en montre le journal télévisé - que l’école centenaire va fermer pour donner plus de moyens à des enfants qu’ils considèrent comme « étrangers » et « pas de chez nous » ? Comment lutter contre le sentiment d’abandon quand ces populations ont vu fermer tour à tour un tribunal, la maternité, le bureau de Poste, les bureaux d’EDF ou de GDF, l’hôpital, la gare ? Depuis plusieurs années - avec une troublante continuation des gouvernements successifs de droite comme de gauche - un lent mouvement de concentration est à l’œuvre qui voit disparaître les petites structures à taille humaine au bénéfice de plus grands ensembles où il n’est guère prouvé que l’on apprendrait mieux. Le saviez-vous : désormais près de 40 % des communes n’ont plus d’école !
    Pourtant, le débat, bien que relevant d’un vrai choix de société, n’a jamais été rendu
    public. L’Observatoire des inégalités constate que les trois quarts des élèves défavorisés n’étudient pas dans des établissements de zones prioritaires. Et selon
    l’UNICEF, 2,5 à 3 millions d’enfants de notre pays vivent sous le seuil de pauvreté.
    Est-il bien raisonnable de vouloir ainsi les opposer, les mettre en concurrence ?
    […]
    Nous, enseignants en quartier sensible ou à la campagne, refusons qu’on nous oppose, qu’on oppose nos familles, qu’on oppose nos élèves. D’où qu’ils soient, ces enfants sont nos élèves. Ils méritent respect, attention, considération, ambition, loin des effets d’annonce et des tactiques politiciennes. Que notre système éducatif se donne les moyens de ses ambitions. Nous appelons le ministère de l’Éducation nationale à réagir d’urgence pour désamorcer la bombe à retardement qu’il a lui-même enclenchée. A quoi vont servir nos leçons de grammaire et de calculs si nos jeunes grandissent dans la haine les uns des autres ?

    #éducation #école #carte_scolaire #territoires #éducation_prioritaire #école_rurale #moyens_constants #mise_en_concurrence_des_territoires

  • Maternelles et écoles rurales risquent de payer le prix des CP et CE1 à douze élèves (Le Monde)
    http://www.lemonde.fr/education/article/2018/02/16/ces-ecoles-qui-risquent-de-payer-le-prix-des-dedoublements-de-classes_525785

    En milieu rural et dans les maternelles, la communauté éducative dénonce les fermetures de classes et la hausse des effectifs qui en découle.

    Primaire : L’école rurale "dépouillée" selon le Snuipp (Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/02/19022018Article636546211190321879.aspx

    L’éducation prioritaire étant principalement située en zone urbaine, on assiste donc à un véritable redéploiement. Au niveau régional comme dans l’Académie de Toulouse où 89 postes sont créés avec 130 postes supplémentaires pour le seul département de la Haute-Garonne, aux dépens des départements ruraux de l’Ariège, des Hautes-Pyrénées, du Lot, du Gers, du Tarn et du Tarn-et-Garonne. Même logique à l’intérieur des départements avec des fermetures dans les écoles rurales pour permettre le dédoublement dans les centres urbains.

    Les écoles rurales payent depuis quelques années les politiques des "réformes à moyens constants", les luttes hyper-locales (au niveau des villages) ne sont d’habitudes relayées que par la presse locale.

    Quelques exemples :

    – Les maires défendent les écoles rurales (Hautes-Pyrénées, La Dépêche)
    https://www.ladepeche.fr/article/2018/01/24/2727796-les-maires-defendent-les-ecoles-rurales.html
    – Carte scolaire : sept écoles disparaissent en Dordogne (Dordogne, Sud-Ouest)
    http://www.sudouest.fr/2018/02/17/sept-ecoles-disparaissent-4209842-2006.php
    – Fermeture de classes : la fronde des écoles rurales qui s’estiment “sacrifiées” (Centre-Val de Loire, France Infos)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/fermeture-classes-fronde-ecoles-rurales-qui-s-estiment-
    – Carte scolaire : quand les écoles rurales se rebellent (Seine-Maritime, ParisNormandie.fr)
    http://www.paris-normandie.fr/actualites/societe/carte-scolaire--quand-les-ecoles-rurales-se-rebellent-BE12258382

    #éducation #fermeture_classe #écoles_rurales #ruralité #territoires #inégalités #mise_en_concurrence_des_territoires