• Picasso, séparer l’homme de l’artiste
    https://www.venuslepodcast.com/episodes/picasso,-s%C3%A9parer-l'homme-de-l'artiste

    Cet épisode a mis du temps à arriver, mais c’était le temps nécessaire pour digérer et retranscrire tout ce qu’il y a à dire sur Picasso (enfin presque). Figure du génie par excellence, Picasso est une icône quasi-intouchable, auréolée d’une mythologie qu’il a lui-même entretenue, que des centaines d’expositions et de records en salles de ventes continuent à alimenter. Au-delà de cette figure mythique... Source : Vénus s’épilait-elle la chatte ?

    • Au-delà de cette figure mythique, Picasso était un homme particulièrement violent et misogyne, qui a passé sa vie à écraser les personnes moins puissantes et moins privilégiées que lui. Le caractère destructeur de Picasso est loin d’être limité à sa vie privée, il a au contraire nourri une immense partie de son travail et c’est précisément pour ça qu’il est valorisé. Le cas de Picasso permet de réfléchir sur la façon dont les valeurs virilistes impactent tous les aspects de la culture occidentale, de l’esthétisation des violences sexistes et sexuelles à la fabrique des génies.

      On a parlé de tout ça avec mon invitée Sophie Chauveau, autrice de Picasso, le Minotaure, mais aussi de division sexuée du travail et de charge mentale, de Dora Maar et des artistes que Picasso a brisé·es, d’appropriation culturelle, de subversion et de l’impunité qu’on accorde aux hommes puissants.

      #misogynie #haine #violences_masculine #grand_homme #masculinité #virilité #art #amour #hétérosexualité #picasso #violophilie #boys_club #male_alphisme #homophobie #pédocriminalité #malegaze #sadisme #proxenetisme #viol #pédoviol #appropriation_culturelle

      La nature existe pour que nous puissions la violer

      Picasso

      Apollinaire s’est fait connaitre en écrivant sur Picasso, le geni et la notoriété en histoire de l’art ce sont des hommes qui écrivent leur admiration pour d’autres hommes. Plus tard Clouzot fera pareil avec « Le mystère Picasso » - le film est déclaré tresor national et il est toujours encensé.

      Paul Eluard offrit sa femme à Picasso en signe d’admiration- Picasso l’appelait (Paul) Madame Picasso pour marqué sa soumission à lui et le dévalorisé par le marqueur du féminin.

      Max Jacob vivait pendant un moment avec Picasso - les deux étaient en galère sauf que Max Jacob travaillait pour entretenir Picasso dont il était amoureux et le laisser peindre. Pendant la seconde guerre Max Jacob est déporté et Picasso qui aurait pu lui sauvé la vie a refusé de l’aider et l’a laisser mourir.

      Au moment ou il se met en couple avec Thérèse Walter qui à 17 ans il s’identifie au Minotaure et en fait l’image du violeur ( alors que c’est un monstre devoreur d’enfant et non violeur à l’origine) et il se représente en violeur - il y a plus de 50 oeuvres de Picasso intitulée le viol.

      L’intelligence de Dora Marre était un défi pour lui et il s’est employé à la brisé et la soumettre aussi bien psychologiquement, artistiquement et socialement. Il la battait jusqu’à évanouissement - c’est la série des femmes qui pleurent. Cette série est une sublimation des violences misogynes. Lassé de sa victime il la confie à Lacan qui la fait interné et subir des électrochocs. Après elle est entrée au couvent et à disparu.

      Il a remplacé Dora Marre par Françoise Gillot et lui a fait du chantage pour qu’elle vive avec lui, lui fasse deux enfants et mette sa carrière en suspend pour le servir et lui permettre de travailler 18h par jour sur ses oeuvre. Au moment ou Françoise Gillot devait accouché il a refusé qu’on l’hospitalise car il n’avait pas que ca à faire. A chaque fois qu’il détruisait une femme il y puisait une nouvelle inspiration. Les femmes lui servaient de servantes et d’objet à détruire pour y puiser l’art qui fera tant rêver les autres hommes.

      Picasso « fit cadeau » à un ami de deux jeunes filles mineurs dont il à voler les papiers d’identité. Il etait applaudit pour cela.

      L’idée que l’art est subversif est faux, la subversion est en fait l’exercice déchainé de la domination.

      Pour son interet sur l’art africain et précolombien, il est purement formel et jamais il ne s’est interessé à d’autres, autres cultures, autres personnes, tout est uniquement tourné vers son ego.

      après les centaines et les centaines d’expo sur Picasso, avec des approche toutes plus variées pour faire valoir son oeuvre et son geni, il est temps de montrer comment son oeuvre exprime ses crimes. Ses tableaux vendus des millions sont des trophées de viols de femmes et de mineures, de passages à tabac de femmes et de mineures, et on adore toujours ca comme du grand arts.

  • « Je tremble d’être définitivement chassée de ma vocation » : chez les dominicaines du Saint-Esprit, une religieuse dans la tempête
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/25/je-tremble-d-etre-definitivement-chassee-de-ma-vocation-chez-les-dominicaine

    Avec sa guimpe blanche, son voile noir et son rosaire pendu à la ceinture, mère Marie Ferréol semble échappée de La Religieuse (1966), le film de Jacques Rivette. Cette religieuse des dominicaines du Saint-Esprit garde sur son visage les restes de la bonne humeur qui, depuis cinquante-cinq ans, fait sa personnalité, mais elle a perdu 10 kg en quelques semaines, ses cheveux ont blanchi et elle se dit « terrorisée » depuis le 22 avril. Ce jour-là, le cardinal Marc Ouellet, l’un des hommes les plus influents de la curie romaine, a signé son décret de renvoi définitif de la communauté catholique dont elle est membre depuis trente-quatre ans.

    Cette sanction, assortie d’une interdiction de toute vie communautaire, est rarissime, on en compte moins d’une dizaine par an dans le monde. C’est encore plus rare quand le motif n’est pas celui de « mœurs scandaleuses ». « Jamais je ne me consolerai de me voir arracher mon habit, confie la religieuse, réfugiée dans une abbaye d’Auvergne où, sur les conseils de son avocate, elle a fini par accepter de rencontrer Le Monde, samedi 22 mai. Je tremble d’être définitivement chassée de ma vocation, qui est ma raison de vivre. » Il ne lui reste, en effet, que quelques jours avant l’expiration du délai d’examen de sa supplique (une lettre de deux pages) et de l’épais recours qu’elle a déposés auprès du pape. Surtout, elle assure n’avoir aucune idée de la « faute grave » dont on l’accuse et qui donne à cette affaire des relents de procès en sorcellerie.

    « Mère Marie Ferréol sait très bien ce qu’elle a fait. » Dom Nault est un grand homme brun au visage émacié mais toujours souriant, même lorsqu’il lâche ce genre de formules. Il nous reçoit dans la sublime abbaye normande Saint-Wandrille, près d’Yvetot (Seine-Maritime). Les amoureux d’histoire et de littérature savent que c’est ici, au tout début du XXe siècle, que s’étaient installés la comédienne Georgette Leblanc et l’écrivain Maurice Maeterlinck, futur Prix Nobel. Lui traversait le réfectoire et la salle du chapitre à patins à roulettes pour se détendre entre deux poèmes, tandis qu’elle montait des spectacles de théâtre dans les ruines de l’abbaye. Jean-Charles Nault préfère dire « que ce lieu est habité par la prière depuis quatorze siècles et que quarante moines y ont été canonisés ». Avant d’ajouter : « Tout ceci nous oblige. »
    « Audits externes »

    Dom Nault s’éloigne régulièrement de son abbaye pour mener des visites canoniques dans diverses communautés monastiques françaises. Et aussi, plus rarement, des visites apostoliques, commandées, elles, par le Vatican. « Des sortes d’audits externes, si vous voulez. Le droit canonique a tout inspiré. » C’est ainsi qu’en 2020 le pape en personne l’a « chargé », explique-t-il, de l’inspection des dominicaines du Saint-Esprit. Cet institut regroupe une centaine de religieuses qui rayonnent autour de la maison-mère de Pontcallec, dans le Morbihan, et de cinq autres communautés. L’ensemble est à la fois « intello » et très « traditionnel » : latin obligatoire dès la 6e, enseignement de préférence philosophique et littéraire (l’école ne prépare pas au bac scientifique), comme à Saint-Pie-X, son école de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), où Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, fut élève et a « trouvé la foi », dit-elle, durant les messes en latin.

    #paywall #intégrisme #catholicisme #RN #civitas #misogynie #sexisme #manif_pour_tous #ivg #pédocriminalité #violophilie #fascisme

    Le "Dom Nault" décrit complaisamment comme "un grand homme brun au visage émacié mais toujours souriant, même lorsqu’il lâche ce genre de formules." n’est pas seulement un grand homme brun souriant, il est surtout aussi brun à l’intérieur qu’a l’extérieur puisque c’est un adepte de Jerôme Lejeune, promoteur du viol prolongé par gestation forcée.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Charles_Nault

  • « Le genre et la sexualité structurent la question climatique » - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/220521/le-genre-et-la-sexualite-structurent-la-question-climatique

    Cara Daggett est professeure adjointe au département des sciences politiques de l’université publique de Virginia Tech (à Blacksburg, dans l’État de Virginie). Elle effectue ses recherches sur l’#écologie_politique_féministe et se penche tout particulièrement sur les #énergies_fossiles.

    En 2018, elle a défini le terme de « #pétro-masculinité » qui, selon elle, permet de mieux appréhender comment l’#extraction et la consommation de combustibles fossiles tel le #pétrole sont emblématiques de la société conservatrice occidentale et de la #masculinité hégémonique.

    Elle a publié en 2019 l’ouvrage The Birth of Energy : Fossil Fuels, Thermodynamics, and the Politics of Work (Duke University Press), qui retrace la généalogie des énergies fossiles, étroitement liée à la domination capitaliste occidentale, à l’émergence du travail industriel et à l’expansion coloniale.

  • « L’Agisme genrée »
    Le mouvement #advancedstyle célèbre l’élégance des femmes âgées et leur apporte un sentiment de puissance
    https://theconversation.com/le-mouvement-advancedstyle-celebre-lelegance-des-femmes-agees-et-le

    Âgisme genré dans la mode

    Le marché de la mode, qui est bourré de règles discriminatoires sur ce qu’on doit porter et surtout ce qu’on ne doit pas porter lorsqu’on est une femme de 50 ans et plus, rend l’engagement durable difficile. Ces règles demandent notamment de ne plus montrer son corps en évitant les vêtements moulants, courts ou décolletés, d’adopter une garde-robe et un maquillage sobres et de proscrire les styles ultramodernes et avant-gardistes.

    Nous avons constaté que, en réaction à cette réalité, les consommatrices devenues influenceuses se lancent dans un « militantisme de la mode » en ligne, exigeant des créateurs qu’ils créent du prêt-à-porter adapté à leur corps en transformation.

    Dans le domaine du marketing d’influence, ce militantisme consiste également à choisir les marques que l’on souhaite promouvoir et avec lesquelles on veut collaborer, et celles qu’on préfère éviter. Les influenceuses refusent généralement d’être « la vieille de service » d’une campagne publicitaire.

    Âgisme genré dans l’industrie de la beauté

    La majorité des influenceuses du style avancé rejettent également l’industrie de la beauté anti-âge qui transforme le vieillissement en maladie. Cette industrie, qui se chiffre en milliards de dollars, entretient le faux espoir qu’on peut trouver la jeunesse éternelle dans un pot.
    Helen Mirren dans un costume sombre avec des boutons dorés et des bottes à talons aiguilles
    L’actrice Helen Mirren pose pour les photographes lors du 70efestival international du film de Berlin, en février 2020. (AP Photo/Markus Schreiber)

    Nous avons constaté que ces femmes choisissent de rendre les cheveux grisonnants naturels, les rides et les cicatrices à la mode grâce à leurs publications Instagram. Cela fait des lustres que les marques de cosmétiques disent aux femmes d’un certain âge que les cheveux grisonnants sont un problème honteux qu’elles doivent cacher, alors que pour les hommes du même âge, on voit là une sorte de sex-appeal mature. La chevelure grise devient ainsi un élément caractéristique de la résistance de ces influenceuses qui est au cœur de leur militantisme.

    C’est pas tellement que le sujet de ce compte instagram m’intéresse, mais je trouve que l’expression « agisme genré » comme utilisé dans cet article est remarquable pour sa capacité à invisibilise les femmes et c’est assez fort de le faire alors que c’est le sujet de l’article.
    #misogynie #genre #invisibilisation #femmes #sexisme #langage

  • Manon Garcia : « La philosophie a implicitement écarté la moitié de l’humanité de sa réflexion »

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/manon-garcia-la-philosophie-a-implicitement-ecarte-la-moitie-de-lhumanite

    La philosophe Manon Garcia s’en est récemment agacée dans un tweet. « C’est pénible les classements de la Bibliothèque nationale de France : je découvre que mon livre et mon recueil de philosophie féministe sont classés en féminisme et non en philosophie. Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir est en littérature et en féminisme, pas en philo. La philosophie féministe n’est pas de la philosophie ? » L’anecdote illustre parfaitement ce que démontre le recueil Philosophie féministe (patriarcat, savoirs, justice), que l’autrice d’On ne naît pas soumise, on le devient (Flammarion, 2018) fait paraître chez Vrin. Alors que dans les pays anglo-saxons la philosophie féministe est valorisée comme un champ à part entière de la discipline, la France considère encore bien souvent que philosophie et féminisme ne peuvent aller de pair. Les dix textes majeurs ici rassemblés et présentés par cette spécialiste de Simone de Beauvoir, professeure à l’université de Yale à partir …

    #philosophie #phallosophie #sexisme #misogynie #féminisme #male_gaze #invisibilisation #femmes #paywall

    • très drôle la sculpture !

      Ça me donne l’occasion de poster ici sur le nommage des rues des philosophes féministes. Je crache pas dans la soupe, c’est bien qu’il y ait des noms de rues portées par des femmes et il n’y en aura jamais assez.
      Mais là à Cugnaux, banlieue de Toulouse, dans un quartier sorti de terre il y a moins de 50 ans (à vue d’œil), ça m’a fait doucement marrer que le #pâté_de_rues aux noms de femmes soit jouxté par l’avenue pompidou (quand même plus large une avenue, allez hop, un président couillu), à égalité avec le pâté de rues aux noms de fleurs, ou celui des rues aux noms de régions. Je me demande comme ce n’est pas loin du grand supermarché si il ne vont donner des noms de produits « rue du boudin blanc », « rue du dentifrice à deux couleurs », « rue des promotions », « Allée du moins 30% » pour égayer un peu leur ennui et stimuler leur créativité.

      il y a vraiment un truc à étudier là-dedans sur le mode de fonctionnement des élites.

      Tiens, promène toi par ici, tu vas rire !

      https://www.openstreetmap.org/#map=18/43.53198/1.34732

      #féminisme
      #quota_cantonné
      #Simone_Weill
      #phallocrate
      #la_plus_grosse

    • Yoan Capote
      Cuban, b. 1977•
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      Yoan Capote is a Cuban sculptor of great talent, and one of his country’s most promising contemporary artists. Capote’s work is known to be “solid”, “irreverent”, “provocative”, “non-conformist”, and deals principally with interactions between individuals and their psychological experiences. His pieces often merge human organs with inanimate objects, rearranging the human body and reinventing the purpose of everyday life objects. Yoan Capote held many exhibitions all over the world.
      Yoan Capote
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      Racional, 2006
      Marble and metal
      33 3/10 × 15 1/2 × 10 7/10 in
      84.5 × 39.4 × 27.3 cm

      https://www.artsy.net/artwork/yoan-capote-racional-1

    • Les dix textes majeurs ici rassemblés et présentés par cette spécialiste de Simone de Beauvoir, professeure à l’université de Yale à partir de juillet 2021, prouvent exactement le contraire. Michèle Le Dœuff, Nancy Bauer, Sandra Harding, Geneviève Fraisse ou Christine Delphy expliquent pourquoi les femmes ont été si rares dans la discipline, se demandent si la philosophie est une science sexiste et ce que peut apporter le féminisme à la pensée (et pas seulement aux femmes). Certains textes s’opposent aussi, lorsqu’il s’agit par exemple de savoir si « le multiculturalisme nuit aux femmes ». Preuve que la philosophie féministe n’est pas un courant de pensée monolithe.

      On voit la philosophie comme une discipline objective et abstraite alors que le féminisme est du côté de l’engagement politique. Une philosophie féministe, est-ce que ça existe ? Comment la définir ?

      Il n’y a pas de contradiction entre philosophie et féminisme. Comme l’ont montré entre autres les philosophes féministes, c’est une illusion que de croire que la philosophie telle qu’elle a été pratiquée pendant près de deux millénaires était apolitique et objective. La position sociale dans laquelle on se trouve se reflète dans les questions que l’on se pose et l’histoire de la philosophie reflète les préoccupations de ceux qui s’y attellent. Par exemple, de Sénèque à Machiavel, certains philosophes ont été conseillers politiques, il est évident que cette position sociale a un effet sur la façon dont ils pensent le pouvoir. Et qu’ils vont nécessairement le penser différemment qu’une femme qui n’a pas le droit de participer à la vie de la cité parce qu’elle est femme. On peut dire que la philosophie féministe est une branche de la philosophie qui est informée par des considérations féministes et qui contribue aux combats féministes. C’est une certaine façon d’interroger le monde – comment est-ce que les rapports de genre structurent notre pensée, nos sociétés ? – qui conduit la philosophie à s’attaquer à de nouveaux objets ou à considérer ses objets traditionnels de façon nouvelle. Un exemple très simple : l’histoire de la philosophie a été marquée par une pensée binaire entre le soi et l’autre, mon corps et le monde extérieur. Une fois que l’on réfléchit à l’expérience de la grossesse, ces questions se posent différemment puisque mon corps peut alors inclure un corps étranger qui est à la fois moi et non-moi. Le fait que cette expérience ne soit pas entrée en ligne de compte dans la philosophie traditionnelle du corps, invite à se demander que faire du principe de non-contradiction ou des catégories binaires dont je parlais, mais ça peut aussi conduire à des questionnements philosophiques sur la façon dont le savoir est produit.

      Rousseau, Hegel ou Comte… leurs écrits ne sont pas tendres avec les femmes (1). La philosophie est-elle sexiste ?

      L’histoire de la philosophie est sexiste, oui, mais sans doute en grande partie parce que la philosophie est fille de son temps. Dans l’ensemble, la culture, la pensée, l’art ont été sexistes – mais aussi racistes, classistes – jusque très récemment. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas lire ces philosophes ou que la philosophie soit bonne à jeter à la poubelle. En revanche, il me semble important d’une part de les recontextualiser, c’est-à-dire de se demander ce que cela voulait dire de tenir de tels propos à cette époque. Par exemple, quand on pense au fait que Comte est contemporain de Mill [dans De l’assujettissement des femmes (1869), John Stuart Mill défend le droit de vote des femmes, ndlr] son sexisme est plus difficile à comprendre que lorsqu’on lit Rousseau à l’aune des théories du XVIIIe siècle sur les femmes. D’autre part, il faut se demander quelle place joue le sexisme dans leur système de pensée. C’est ce que montre la philosophe américaine Nancy Bauer dans un texte reproduit dans le recueil (2) : le problème, c’est de savoir si le sexisme est nécessaire à la pensée du philosophe en question. Le sexisme d’Aristote, par exemple, paraît moins indissociable de sa pensée que celui de Schopenhauer ou de Nietzsche de la leur.

      Pourtant des femmes philosophes ont existé : la penseuse cynique grecque Hipparchia (IVe siècle avant notre ère), la théologienne anglaise Mary Astell qui publie ses Réflexions sur le mariage en 1730… Pourquoi sont-elles si méconnues ?

      D’abord, la réalité est que les femmes n’étaient généralement pas considérées comme des êtres humains à part entière et donc dans leur immense majorité elles n’avaient pas accès à l’éducation, elles devaient se consacrer au travail manuel et au travail domestique ou, chez les plus favorisées, à l’organisation de la vie sociale. En tout cas, il était hors de question qu’elles soient des penseuses. Il y a par conséquent fort peu de femmes philosophes. Et dans les rares cas où des femmes ont pu accéder à la pensée, cela a très souvent été, comme l’a montré Michèle Le Dœuff, dans le cadre d’une relation amoureuse ou au moins amicale avec un penseur : Hipparchia, Héloïse, Elisabeth de Bohème, Harriet Taylor et d’une certaine manière Beauvoir. Elles sont ainsi passées à la postérité comme des compagnes. Et puis, prosaïquement, ces femmes ont souffert de tous les clichés sur les femmes savantes, leurs travaux ont été considérés comme mineurs si jamais ils portaient sur des sujets peu sérieux comme… les femmes. C’est un cercle vicieux !

      Quel est l’apport majeur de la philosophie féministe ?

      Son premier apport est sans doute de rendre visible le fait que la philosophie n’avait jusque-là pas pensé la féminité – ni la masculinité d’ailleurs. Quand Beauvoir ouvre Le Deuxième Sexe avec la question « qu’est-ce qu’une femme ? », ce qui saute aux yeux, c’est que cette question n’avait jusque-là jamais été sérieusement posée par la philosophie. Ça veut tout de même dire que la philosophie, avec son ambition universaliste, avait implicitement écarté la moitié de l’humanité de sa réflexion, ce n’est pas rien ! Plus généralement, on peut dire que la philosophie féministe est faite de trois grandes contributions : une critique du canon philosophique ; l’introduction de nouveaux objets pour l’analyse philosophique (le genre, mais aussi la vulnérabilité, les violences domestiques par exemple) ; le développement de nouvelles façons de penser des questions traditionnelles de la philosophie, comme je le montrais à partir de l’exemple de la grossesse qui renouvelle la façon de penser le corps.

      Pourquoi le concept d’« oppression » est-il central dans la philosophie féministe ?

      Le concept d’oppression n’a pas été inventé par les philosophes féministes mais elles l’ont transformé : alors que pendant longtemps, on ne parlait d’oppression que pour désigner les effets du pouvoir des tyrans, les Américaines Marilyn Frye et Iris Young ont montré qu’il y avait oppression dès lors que des phénomènes structurels et systématiques créent des groupes sociaux dont les membres de l’un ont du pouvoir sur les membres de l’autre par le simple fait d’appartenir à ce groupe. Par exemple, les hommes sur les femmes, les riches sur les pauvres, les blancs sur les non-blancs. Parler d’oppression c’est, sur le plan descriptif, montrer que la société est structurée par des contraintes institutionnelles injustes et inégales et, par conséquent, sur le plan normatif, mettre en évidence la nécessité d’un changement social vers une société plus juste.

      En prenant pour objet la sphère domestique, la philosophie féministe a montré que le privé est politique puisque s’y joue une grande partie de la domination sur les femmes.

      La sphère privée est un des sujets centraux de la philosophie féministe. Par exemple, quand on réfléchit au consentement sexuel, on ne fait rien d’autre que d’analyser la façon dont les rapports intimes sont traversés par des rapports de pouvoir. Montrer que le pouvoir ce n’est pas seulement celui d’un gouvernement sur les citoyens mais que la société est un tissu de rapports de pouvoir et de domination qui viennent se déployer y compris dans la famille ou dans le couple est un des apports décisifs de la philosophie féministe.

      Si elle a émergé en France avec Beauvoir, la philosophie féministe s’est développée principalement dans les pays anglo-saxons depuis les années 70, où en est-elle aujourd’hui en France ?

      Elle a continué, bien après Beauvoir, à se construire en France, avec Michèle Le Dœuff, Colette Guillaumin et Sarah Kofman, par exemple. Mais c’est vrai que ces philosophes féministes en France ont été en quelque sorte mises en retrait de la vie universitaire et ont eu du mal à faire des émules. Puis est venue une nouvelle génération, notamment avec Elsa Dorlin et Sandra Laugier, qui a fait revenir la philosophie féministe en France, tant et si bien qu’elle est un des champs les plus dynamiques en ce moment, avec beaucoup de chercheuses comme Camille Froidevaux-Metterie ou Vanina Mozziconacci, mais aussi beaucoup d’étudiant·e·s et de doctorant·e·s qui s’intéressent à ce champ et en développent les possibilités.

      Depuis quelques années, des polémiques virulentes opposent les féministes « universalistes » et « intersectionnelles », ou « deuxième » et « troisième vague »… peut-on réconcilier ces deux camps ?

      Certes, il y a des désaccords parfois très forts parmi les féministes mais ils sont surtout la marque de la vitalité de la pensée féministe. Plus vous avez de gens différents qui luttent ensemble, plus il est probable que ces gens se disputent au sujet de leurs luttes ! C’est salutaire et cela nous permet à toutes d’avancer.

      L’intersectionnalité, en considérant la multiplicité des identités et des facteurs de domination, ne met-elle pas en péril le fait de penser « les femmes » ? Ne met-elle pas ainsi la philosophie féministe dans une impasse ?

      Pourquoi on ne pourrait plus parler « des femmes » ? On peut tout à fait parler d’elles sans postuler qu’elles ont exactement la même expérience du fait d’être des femmes. Je crois qu’il est très important d’arrêter de laisser l’extrême droite dicter nos façons de penser les concepts de la recherche en sciences sociales. Le concept d’intersectionnalité est un concept sérieux et, comme beaucoup de concepts de sciences sociales, tous les chercheurs et chercheuses ne s’accordent pas sur sa définition, sur son emploi. Mais il faut arrêter le fantasme qui consiste à en faire un cheval de bataille d’idéologies séparatistes et dangereuses, ce n’est tout simplement pas le cas ! Il faut lire les philosophes féministes qui travaillent sur ces sujets comme Uma Narayan, Serene Khader ou Soumaya Mestiri. Le discours consistant à dire que l’intersectionnalité interdirait de parler « des femmes » transforme une question réelle et importante – quel est le sujet du féminisme si on ne pense pas que toutes les femmes sont opprimées de la même manière ? – en une affirmation fausse, dont la fonction est simplement de faire peur aux gens en disant « regardez tous ces gens qui luttent contre de multiples oppressions, en fait ils veulent détruire la lutte des femmes ! » C’est du fantasme, et du fantasme raciste.

      (1) Hegel écrivait : « Les femmes peuvent avoir de la culture, des idées, du goût de la finesse, mais elles n’ont pas l’idéal » ; et Auguste Comte : « C’est afin de mieux développer sa supériorité morale que la femme doit accepter avec reconnaissance la juste domination pratique de l’homme… »

      (2) La philosophie féministe est-elle un oxymore ? de Nancy Bauer (2003).

      #intersectionnalité

  • Une fois de plus le droit de légitime défense est refusé aux femmes !

    Anaëlle est une jeune femme de 26 ans, déscolarisée à 15 ans, en situation de prostitution depuis ses 17 ans.

    Rappelons que le droit applicable définit le fait de recourir à la prostitution d’autrui, comme une violence sexuelle (loi 2016) et comme une atteinte portée à la dignité Humaine de l’autre (Convention des Nations-Unies de 1949).

    Un de ses « clients réguliers » était un homme de 52 ans. Cet homme l’a violée le 16 août 2017 avec un sextoy. Pour s’arracher à ce viol qu’elle était en train de subir, Anaëlle a saisi un couteau et a porté plusieurs coups, dont son client décèdera. Se défendre était nécessaire et légitime. Ce droit lui sera pourtant refusé par la justice.

    Vulnérable, exploitée, elle est poursuivie pour meurtre. À l’issue d’un procès d’une rare violence, elle vient d’être condamnée dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 mai à dix ans de prison par la Cour d’assises de l’Ain.

    Il est indubitable que la situation de prostitution d’Anaëlle a influencé la cruauté de ce verdict. Y aurait-il un régime dérogatoire pour les femmes les plus vulnérables, contre qui tout est possible ? L’argent exonère-t-il du crime de viol ? La domination masculine est-elle fondée en droit ?

    La justice a commis une faute lourde car Anaëlle est victime.

    Rappelons les obligations qui s’imposent à l’institution judiciaire s’agissant des victimes de viols : Le droit international, la Cour Européenne des Droits de l’Homme notamment, est clair : le viol est un « acte grave, qui met en jeu des valeurs fondamentales et des aspects essentiels de la vie privée ». La CEDH oblige les institutions judiciaires des Etats à protéger les femmes et tout particulièrement les personnes vulnérables.

    Un viol est un crime, « un viol c’est un meurtre psychique » pour reprendre les termes de Gisèle Halimi.

    Le droit international impose également aux juges d’interpréter la loi à la lumière des connaissances actuelles dont la société dispose sur les réactions et les conséquences traumatiques des viols sur les victimes.

    Les juges doivent connaître et maîtriser la victimologie, les notions de trauma, de dissociation, de décorporalisation notamment. C’est leur travail. Un procès d’assises n’est pas un comptoir de bar tabac ! Ils ne peuvent se faire les porte-voix d’idéologies sexistes et de faux savoir arriérés sans commettre une faute lourde et engager la responsabilité de l’Etat.

    L’obligation positive de ne pas faire subir aux femmes victimes de violences de « victimisation secondaire » lors des procédures emporte des conséquences très claires.

    Or, dans cette affaire le droit a été bafoué !

    L’avocat général, qui représente le peuple, l’intérêt de la société, a commis une faute lourde en tenant ces propos inacceptables : « Dire qu’elle est violée sauvagement et faire l’amour trois jours après… » : pour l’avocat général, son comportement signerait un « cynisme incompatible avec son récit victimaire ».

    Une telle méconnaissance de la question est effrayante et honteuse en 2021, alors que toute la société depuis 5 ans ne parle que de ça et que de gros progrès ont été faits en victimologie et dans la compréhension de ces faits par les spécialistes depuis plus longtemps encore !

    Alors que la Convention d’Istanbul qui date de 2011 apporte des éclairages scientifiques sur les conséquences des viols, alors que la jurisprudence de la CEDH mais aussi de la Cour de Cassation le précisent clairement depuis plus de dix ans.

    Près de 50 % des crimes jugés aux assises sont des viols, et il existe encore des magistrats incompétents sur ces questions.

    Dans quel monde vivons-nous pour que de tels propos soient tenus dans l’enceinte d’un lieu où la justice est supposée s’exercer pour défendre les faibles et les victimes ?

    Le sens de cette décision est inacceptable et surtout contraire à tous les droits : Les femmes doivent-elles laisser les hommes les violer ?

    Nous demandons au Ministère Public, de présenter des excuses à Anaëlle pour ces propos innommables et qui couvrent de honte la Justice.

    Nous exigeons que le Parquet général se désolidarise et forme appel de cette décision afin de requérir l’acquittement d’Anaëlle qui est victime dans cette affaire. Il a 10 jours pour le faire à compter de la date de la décision, soit jusqu’au 16 mai : il y a urgence !

    La légitime défense est un droit naturel et imprescriptible. Ce droit ne saurait être interdit aux femmes contre les violences masculines.

    Nous demandons à Monsieur Éric Dupond-Moretti de condamner ces propos de l’Avocat général, et de respecter les obligations de formation initiale et continue des magistrats et des experts à la victimologie et à la traumatologie, pour que de tels propos ne soient plus jamais entendus dans une cour d’assises ou ailleurs !

    Anaëlle a été contrainte de se défendre contre l’homme qui la violait en le tuant. Elle est victime. Elle doit être protégée et respectée.

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/080521/une-fois-de-plus-le-droit-de-legitime-defense-est-refuse-aux-femmes

    #prostitution #misogynie #putophobie #viol #culture_du_viol #injustice #légitime_défense

  • Ça y est, notre pitre facho malfaisant a officiellement sévit : Règles de féminisation | Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports
    https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo18/MENB2114203C.htm

    Dans le cadre de l’enseignement, la conformité aux règles grammaticales et syntaxiques est de rigueur. Deux conséquences en découlent.

    En premier lieu, il convient de proscrire le recours à l’écriture dite « inclusive », qui utilise notamment le point médian pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot employé au masculin lorsque celui-ci est utilisé dans un sens générique. L’adoption de certaines règles relevant de l’écriture inclusive modifie en effet le respect des règles d’accords usuels attendues dans le cadre des programmes d’enseignement. En outre, cette écriture, qui se traduit par la fragmentation des mots et des accords, constitue un obstacle à la lecture et à la compréhension de l’écrit. L’impossibilité de transcrire à l’oral les textes recourant à ce type de graphie gêne la lecture à voix haute comme la prononciation, et par conséquent les apprentissages, notamment des plus jeunes. Enfin, contrairement à ce que pourrait suggérer l’adjectif « inclusive », une telle écriture constitue un obstacle pour l’accès à la langue d’enfants confrontés à certains handicaps ou troubles des apprentissages.

  • STRATEGIES PATRIARCALES: PICASSO OU COMMENT SABOTER UNE FEMME | Irrédentiste !
    https://sporenda.wordpress.com/2021/04/19/strtegies-patriarcales-picasso-ou-comment-saboter-une-femme

    Car c’est ça que recherchait Picasso dans ses liaisons : prendre une femme belle, jeune, apparemment forte, souvent artiste, fière, indépendante, débordante de vie et de créativité, et se nourrir de sa vitalité, de sa jeunesse et de ses idées. Et une fois qu’il l’avait cannibalisée, pressée comme un citron, transformée en loque humaine à force de maltraitances, la quitter (sans cesser de la tourmenter) et passer à une autre pour recommencer le cycle : de muse à proie consommée et sadisée, pour finir en kleenex usagé. « Il y a deux sortes de femmes–disait-il–les déesses et les tapis-brosse ». Et ce dont ce magicien noir dérivait une jouissance perverse, c’était de transformer une déesse en tapis-brosse. Et après de la mépriser pour s’être laissé faire.

  • La femme-objet ne fait pas vendre, elle rend malheureuse
    http://www.slate.fr/story/207608/publicite-vuitton-lea-seydoux-femme-objet-sac-nudite-vendre-nicolas-ghesquiere

    En mettant le corps parfait de #Léa_Seydoux dans une position lascive entre des draps pour vendre un sac, #Nicolas_Ghesquière fait comme s’il n’avait jamais entendu parler de « male gaze ».

    Avril 2021. On sait qu’on est encore loin de l’égalité mais on avance. Les femmes affirment leur parole, leur présence, leurs modes d’existence divers, leurs désirs de se représenter différemment.

    Et puis, un jour d’avril 2021, c’est l’accident. La sortie de route. Le déraillement complet. Brusquement, sur internet, on voit apparaître une nouvelle campagne de pub...

    « J’avoue que j’ai été un peu agacée par la pub avec Léa Seydoux qui se roule nue à côté d’un sac à main »
    Titiou Lecoq
    #regard_masculin

  • Confiance dans la justice : non le #viol n’est pas un crime moins grave que les autres ! - Actu-Juridique
    https://www.actu-juridique.fr/droit-penal/confiance-dans-la-justice-non-le-viol-nest-pas-un-crime-moins-grave-q

    Pour redonner confiance en cette justice tant décriée par l’opinion publique, il a décidé (entre autres mesures) de créer une nouvelle juridiction : la cour criminelle. Une sorte de salade mixte de tribunal correctionnel (qui juge les délits) et de cour d’assises (qui juge les crimes). Cette cour sera composée de cinq magistrats. Et uniquement de cinq magistrats. Adieu jury populaire, tirage au sort, boules en bois et récusation de jurés, si chers à la France depuis la Révolution Française.

    Cette cour criminelle jugera les crimes punis de 15 à 20 ans de prison comme le viol, si le projet de loi présenté mercredi dernier est adopté par les parlementaires.

    Entendons-nous bien : en France, les infractions les plus graves, celles que l’on appelle « crimes », sont jugées par une juridiction un peu particulière, la cour d’assises, qui est composée de trois magistrats, mais aussi et surtout de français comme vous et moi, tirés au sort pour juger ce que l’humanité tient pour le plus grand mal : les violeurs, les assassins, les terroristes, notamment. On estime que chaque année, 40.000 français rendent cette justice aux côtés des magistrats, en condamnant des accusés aux plus lourdes peines de prison prévues par le code pénal : 15 ans, 20 ans, 30 ans voire la perpétuité. Cette justice-là est ainsi non pas rendue « au nom du peuple français », mais par le peuple français lui-même à qui l’on confie l’immense pouvoir de condamner ou d’acquitter.

    Le code pénal ne fait pas de différence entre les crimes, si ce n’est au stade de l’importance de la peine de prison encourue. Tous les crimes sont graves : ce sont les actes les plus terribles qu’un homme puisse commettre. Ces actes méritent donc une justice d’exception. Une justice hors du commun rendue par les français.
    Le viol, cette mort intérieure

    Mais ça, c’était avant que le Garde des Sceaux vienne préciser que sa réforme était justifiée parce qu’il existe des « crimes plus graves », ceux punis par plus de 20 ans de prison.

    Dont le viol ne fait pas partie.

    Le viol serait donc « moins grave » que les autres crimes. L’acte de pénétration, par violence, contrainte, menace ou surprise, prévu par l’article 222-23 du code pénal, serait « moins grave » que le trafic de stupéfiants en bande organisée, ou l’empoisonnement, ou la séquestration d’un mineur de 15 ans. Et ne devrait donc plus être jugé par les français eux-mêmes.

    L’histoire de la criminalisation du viol ne remonte pas au Moyen âge. Elle est si récente, que nombre d’entre nous en ont été les témoins. Celle qui l’incarna, Gisèle Halimi, immense avocate, ne nous a quittés que l’année dernière, après avoir lutté durant toute sa vie pour que les viols, dont les victimes sont majoritairement des femmes, soient considérés comme ce qu’ils sont : une mort intérieure. Une ignominie intime. Un saccage de vie. La victoire fut remportée en 1975, au procès d’Aix en Provence. C’est là que Maître Gisèle Halimi s’est battue et a obtenu que cet acte de pénétration forcée soit traité de la même façon qu’un meurtre et soit jugé par une cour d’assises, composée de français tirés au sort. Cette affaire judiciaire retentissante a donné naissance à la loi du 23 décembre 1980 qui a modifié la définition du viol.

    Serions-nous alors en train de faire un bond en arrière de 40 ans ?

  • Existe-t-il un rire à la française ? - Ép. 1/4 - Histoire du rire
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-cours-de-lhistoire/histoire-du-rire-14-existe-t-il-un-rire-a-la-francaise

    Existe-t-il un rire à la française ? Le 10 novembre 1894 paraît le premier numéro de l’hebdomadaire « Le Rire » : quel titre ! Le journal justifie son choix : "Le Rire a pensé que son titre était le meilleur des programmes et il remplacera les promesses habituelles – qu’il tiendra sans avoir besoin de les faire – par une proposition de nature à plaire à ses lecteurs". Le journal lance un appel à contributions avec les deux thèmes favoris des humoristes : « L’AD-MI-NI-TRA-TION : cette inépuisable source de gaîté et notre belle-mère à tous ». Administration et belle-mère seraient-elles les deux mamelles d’un rire à la française ? (Xavier Mauduit)

    https://cdn.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2021/03/df80e040-ca4f-4ee6-b988-8412b4b62449/838_cdh_2903.webp

    #radio #audio #podcast #rire #humour

  • Déni de réalité et misogynie au cube.
    Je tombe sur cette vidéo titré "Caroline Mecary : « Dans l’opposition à la PMA pour toutes, il y a un fond homophobe inconscient »"
    https://www.youtube.com/watch?v=SDm-9F7PtGc


    Alors que

    Le Sénat a voté mardi un amendement au projet de loi bioéthique excluant les femmes célibataires de l’extension de la PMA, mais pas les couples de femmes . Il s’agit de l’une des mesures phare du texte du projet de loi bioéthique, actuellement en deuxième lecture au Sénat.

    https://www.lepoint.fr/societe/pma-pour-toutes-les-femmes-celibataires-exclues-du-projet-de-loi-par-le-sena

    Du coup je titrerait plutot "« Dans l’opposition à la PMA pour toutes, il y a une grosse couche de misogynie parfaitement assumée de tous les cotés" » car il faudra m’expliqué en quoi l’autorisation de la PMA est homophobe alors que ce sont les femmes célibataires uniquement qui en sont exclues.
    C’est une double invisibilisation des femmes - d’abord prétendre que les lesbiennes sont discriminées alors qu’elles ne le sont pas - et ensuite appelé les lesbiennes des homos alors que les gays ne sont absolument pas concernés et que les lesbiennes sont invisibilisées.

    • Les couples de femmes mariées n’ont pas droit à la PMA (corrige moi si je me trompe mais j’en suis quasi certain). Donc toutes les femmes qui ne sont pas en couple avec des hommes sont discriminées. Donc c’est lesbophobe. Ensuite les lois françaises parlent d’homophobie pour regrouper les discriminations faites aux homosexuel·les (cf https://www.senat.fr/lc/lc129/lc129_mono.html). Donc c’est ce mot qu’une avocate doit employer pour dénoncer une loi française.

    • Il semble que tu ai raison @fsoulabaille , ca dépend des dates, le 2 et 3 février seuls les femmes célibataires étaient exclues et le 4 avec le critère médical les couples lesbiens sont exclus aussi avec les femmes célibataires. La loi discrimine donc bien les femmes seuls et les lesbiennes. OK pour la ref au nom de la loi, c’est logique qu’une juriste utilise les terminologie législatives. Je comprend mieux maintenant.
      –----
      le 2 février

      « La chambre haute a d’abord rejeté par 122 voix pour et 174 voix contre (33 abstentions) les amendements (LR et centristes) visant à supprimer l’article 1er ouvrant la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Mais le Sénat a ensuite adopté à main levée un amendement du sénateur LR Dominique de Legge prévoyant de limiter l’ouverture de la PMA aux couples de femmes. »

      https://www.ouest-france.fr/societe/famille/pma/debats-nourris-au-senat-autour-de-l-extension-de-la-pma-7140730
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      le 3 février

      Ce mardi, le Sénat a voté mardi un amendement au projet de loi bioéthique excluant les femmes célibataires de l’extension de la procréation médicalement assistée ( PMA), écornant la mesure phare du texte qui pourra toutefois être rétablie par les députés. Résultat, l’article 1er du projet de loi visant à ouvrir l’accès à la PMA à toutes les femmes a fait le plein d’abstentions chez ses partisans, qui l’ont jugé « dénaturé » par les modifications apportées. L’article a été rejeté par 48 voix pour, 132 contre et 152 abstentions. Dans les faits, le Sénat a donc vidé de sa substance le projet de loi, examiné bioéthique en deuxième lecture.

      https://www.20minutes.fr/societe/2967947-20210202-pma-toutes-senat-exclut-femmes-celibataires

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      le 4 février

      "Ils ont introduit dans le texte un « critère d’infertilité médicalement diagnostiqué ou la non transmission d’une maladie d’une particulière gravité ». Les couples hétérosexuels seront contraints de prouver ce critère médical. Ce qui exclut de fait les femmes seules et les couples de femmes, qui, elles, ne pourront pas être systématiquement remboursées."

      https://information.tv5monde.com/terriennes/pma-pour-toutes-la-france-dit-oui-ou-presque-320566
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      le 4 février

      « les associations LGBT et celles représentant les mères célibataires étaient furieuses, jeudi 4 février, après le rejet par le Sénat de l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux célibataires.

      Le Sénat, à majorité de droite, a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi le projet de loi de bioéthique, amputé de sa mesure phare : l’ouverture de la PMA à toutes les femmes. Cette disposition pourra, toutefois, être rétablie par les députés. »

      ...

      non seulement l’avancée fondamentale que représente la PMA pour de nombreuses femmes a été supprimée, mais les sénateurs avaient préalablement honteusement écarté les femmes seules », a rappelé, pour sa part, Bénédicte Blanchet, de l’association Mam’ensolo.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/02/04/les-associations-furieuses-du-rejet-de-l-extension-de-la-pma-a-toutes-les-fe
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      #lesbophobie #misogynie #sexisme #PMA #discrimination

    • Ici le rapport de la commission sur la PMA de sept 2019 ou des lacano-freudien·nes sont auditionné·es https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/csbioeth/l15csbioeth1819032_compte-rendu#

      En tant que tel, même dans l’adoption, le fait même d’être femme seule est un facteur de risque.

      L’effacement symbolique du père est un vrai problème – pour moi, c’est l’un des problèmes essentiels. On efface à la fois son rôle symbolique et réel. Il ne faut pas oublier l’effet d’un père réel sur son enfant, c’est-à-dire l’existence d’interactions qui lui sont propres et que l’enfant n’aura pas ailleurs – ce ne seront pas les mêmes interactions avec l’oncle, le grand-père ou l’ami. L’impact de l’effacement ne se fait pas sentir seulement dans la réalité, mais aussi de façon symbolique, parce que la société va dire qu’elle n’a pas besoin d’un père pour un enfant – pour travailler depuis 20 ans dans le monde de la protection de l’enfance, je sais que cela posera un vrai problème. Cette inutilité, cet effacement du père du fait de la logique poursuivie par l’État aura des conséquences sur le plan de la protection de l’enfance et par rapport au champ de la prévention.

      #patriarcat #lacan

  • Truismes à Sciences Porcs
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1463

    Les « réseaux sociaux » et les médias les plus huppés (Le Monde, Radio France, etc.) retentissent des glapissements de la jeunesse dorée à propos des turpitudes d’un de ses maîtres, et du sexisme en vigueur à l’école du pouvoir : #Sciences Porcs. Une ancienne élève nous écrit pour rappeler l’obscénité dont il n’est jamais question : la violence de classe qui y règne, notamment à Sciences Po Paris, tous sexes confondus. * Je n’avais pas prévu d’écrire sur Sciences Po. Depuis mon diplôme, au début des années 1990, j’ai préféré passer sur mon séjour rue Saint-Guillaume. Mais les mots-clés de l’actualité font remonter la bile. #Sciences Porcs, en effet. Ces jeunes gens outragés me rappellent la violence prise en pleine face à peine arrivée à Paris, tout juste bachelière et fort naïve. Ça commence le premier jour, (...)

    #Faits_divers

    • La personne qui écrit ce texte se plein qu’on dénonce les violences sexuelles qu’elle dit n’avoir jamais subit, mais rapporte avoir subit des moqueries sur son accent et n’étais pas invité à toutes les soirées. C’est effectivement problématique et elle a du souffrir. Mais cette dévalorisation des victimes de violences sexuelles qui arrivent enfin à se faire un peu entendre (glapissement de la jeunesse dorée + la ccl du texte que j’ai collé plus bas) la décrédibilise et rend son message inaudible. Lorsqu’elle dit que deux autres étudiantes des classes moyennes ne sont pas venus, qu’est-ce qui lui fait dire que c’est pas à cause de violences sexuelles subit justement ? Et qu’est ce qui fait dire à cette méritante étudiante des classes moyennes que ces violences sexuelles ne touche que les élèves des classes supérieurs et jamais celles des classes moyennes ? C’est malheureux pour cette femme qui a tant mérité par son travail d’être première ministre et ne m’as pas été.

      La ccl du texte est monstrueuse de culpabilisation des victimes :

      La morale de cette histoire,
      C’est que les hommes sont des cochons.
      La morale de la morale,
      C’est que les truies aiment les cochons.

      PMO = Porcs & main d’œuvre.
      #misogynie #mérite #victime_blaming

  • « Il y a une telle impunité que les artistes se croient au-dessus de tout, comme s’ils faisaient partie d’une société à part : le monde de l’art »

    https://www.streetpress.com/sujet/1612782917-metoo-harcelement-sexuel-beaux-arts-etudiantes-professeur-ag

    Le monde de l’art... Je me grille définitivement tout de suite ou j’essaie de m’y faire une place ? Je ne plaisante pas, c’est une question permanente dans mon esprit.

    Il y a quelques années maintenant chez un ami avocat, j’ai croisé un peintre catégorie « art contemporain ». Quand je lui ai demandé de quel catégorie d’art contemporain il se réclamait, il m’a répondu « de celle qui se vend. »

    Il y un truc que les gens comprennent mal de moi, c’est que je suis une personne qui essaie à chaque instant de ne pas sortir d’une ligne de conduite. J’ai des croyances, des certitudes, sur ce que la société doit être pour qu’on y soit bien. Féminisme, écologie par exemple. Mais pas seulement. J’ai un rapport à l’argent très compliqué. C’est simple, on se déteste lui et moi. Et moi plus que lui je pense car à chaque fois que je m’en éloigne, il revient à la charge. Bref...

    Donc un « artiste » s’était présenté à moi comme le font les représentants de commerce. T’imagines si je n’en avais jamais rencontré d’autres avant lui ? Déjà que d’être un working class hero c’est pas facile, alors si en plus il faut devenir un enfoiré pour en sortir, ça désabuse vite fait.

    Bon, lui c’est pas le pire. Lui il m’a seulement parlé de pognon. Un cran au-dessus il y en a une ribambelle d’autres qui t’expliquent leur technique en long, en large et en travers. C’est une façon comme une autre de combler le vide de leur message. Je les apprécie à leur juste valeur, du peintre sur parquet vernis jusqu’au sculpteur sur chewing-gum mastiqué. Mais bon, déjà ceux-ci ne parlent plus d’argent, c’est appréciable.

    Il y a l’immense marécage de ceux qui peignent des culs, des teuchs et des teubs. « C’est ce qui ce vend le mieux. » m’a dit un jour l’un de ceux qui les exposent. Je comprend bien. Ça vous explique pourquoi on voit des culs partout : c’est vendeur.

    Je vais pas être courtois ; ça participe à l’abrutissement des masses. J’ai mis des siècles à le comprendre mais yo la tengo maintenant. Si t’es seulement cap’ de peindre des culs, ton travail ne m’éduque pas à penser à autre chose qu’à mon propre cul. Et à être malheureux plus tard quand je serai trop frippé.

    Et puis voilà, on a fait presque tout le tour, il reste les autres. Les autres qui sont un peu tout ça mais beaucoup autre chose. Et là, tu peux tranquillement écrire au féminin. Et comme je suis feignant et que j’ai pas envie de donner de leçons essaie de comprendre tout seul le lien entre mon verbiage et la citation du départ

    François Isabel, artiste.

    PS : En France, une étudiante sur 10 est victime d’agression sexuelle

    • Le monde de l’art... Je me grille définitivement tout de suite ou j’essaie de m’y faire une place ? Je ne plaisante pas, c’est une question permanente dans mon esprit.

      Ne t’en fait pas ce n’est pas en critiquant le coté mercantil de l’art que tu va te grillé dans l’art, à mon avis c’est un lieu commun de la profession pour exhibé sa pureté sacrée (l’art est à la croisée du religieux et du mércantilisme) mais en fait l’art dans un monde capitaliste est de l’art capitaliste et c’est pas une activité détachée du matérialisme, c’est une activité qui fait semblant d’en être détaché. Il y a beaucoup de mondes de l’art, ou de milieux artistiques et ils ne sont pas tous aussi spéculatifs les uns que les autres, même si il s’agit tout de même d’un milieu marchand. Il y a une idéalisation de l’art et de la culture comme si c’etait une activité noble et qui élevait l’esprit, mais il ne s’agit peut être au fond que de signes appartenance de classe (art spéculatif, art institutionnel, art brut, art naïf, art et de propagande capitaliste. Dans un monde patriarcale, l’art dominant sera de la propagande patriarcale, d’ou ton impression que le cul fait vendre, mais c’est pas vraiment le cul qui fait vendre, c’est l’humiliation sexuelle des groupes dominés qui l’est. Je te recommande cet entertiens de G. de Lagagnerie que j’ai mis plusieurs fois sur seenthis mais qui m’a beaucoup apporté en prescision sur ces questions
      https://www.youtube.com/watch?v=FH5liBXAMIY

    • Pour le coté faussement détaché de l’argent de l’art, je suis toujours épatée par la question que les gens me posent systématiquement lorsque je dit que je suis artiste.
      Immanquablement on me demande si j’en vie, et là selon les réponses
      A- Oui, on me questionne sur ce que c’est comme art et on poursuit sur le sujet avec intérêt.
      B-Non, la personne n’en a plus rien à fiche et change de sujet, car si tu fait pas d’argent avec ton art alors il n’a aucune valeur et plus la peine de perdre du temps à en discuté.
      Et c’est pas le milieu qui réagit ainsi, c’est la grande majorité de la population. En somme c’est que la grande majorité ne s’interesse qu’à la création artistique « de celle qui se vend. » mais ils te le dirons de manière plus détourné que ton exemple.

    • Merci @mad_meg :)

      C’est vrai que j’ai commencé par l’aspect capitaliste du « monde de l’art » et que je n’ai abordé que le coté mercantile de ceux qui peignent des zizis et des zezettes. Mais j’aurais peut-être du insister sur les peintres en zizis. C’est surtout ceux-là qui m’agacent. Je me retiens d’écrire des noms, ça ne serait pas correct, il ont le droit de manger après tout.
      J’imagine que la vocation leur est venue tôt, sur les bancs de l’école en dessinant des bites à la point du compas sur leur table. Ils ont transformé ce loisir en activité lucrative. Moi, pauvre naze, j’envoyais des poèmes à une fille de ma classe, ça n’a jamais rapporté un centime la poésie.
      Souvent ce sont les mêmes qui te disent qu’ils n’aimaient pas l’école. En fait ils devraient plutôt dire qu’ils n’avaient pas le temps de l’aimer, leur bite les occupait beaucoup trop.
      Ce sont les mêmes que tu retrouves dans tous les milieux/mouvements politico-culturels, les mêmes qui se disent « hors systèmes » ou « esprits libres ». Tu parles... Ce sont juste des obsédés derrière un masque d’artiste militant. Je les déteste vicéralement parce qu’ils prennent la place d’autres bien moins tarés.

      ça fait 4 ans que je fréquente un peu certains auxquels je pense. Je commence à les voir s’empoisonner d’avoir trop mangé le foie de leurs amis. C’est bien. Karma !

    • les dessinateurs de kiki vendent bien ; mais à qui ?

      ça serait intéressant de savoir qui c’est qui aime tant les images de kiki qu’ils/elles les affichent qui dans leur salons et qui dans leur bureaux.

      et encore plus hilarant de savoir ce que ça dit d’eux

    • Ca a l’air interessant @val_k
      je colle ici le texte pour archivage

      Laurent Cauwet
      La domestication
      de l’art
      Politique et mécénat

      Les poètes et les artistes sont comme tout le monde, ils doivent se nourrir et se loger, ils ont besoin d’argent. Mais la marchandisation générale a bouleversé la relation qu’ils avaient nouée avec le pouvoir politique et les mécènes depuis le temps des Médicis. La culture – le ministère de la Culture, mais pas seulement – est devenue une entreprise, explique Laurent Cauwet. Les poètes et les artistes sont ses employés, qui ont des comptes à rendre à leur employeur. « La prolétarisation des savoir-faire de l’art et de la pensée oblige à pratiquer avec plus ou moins de subtilité l’autocensure et le formatage des œuvres commandées. » L’entreprise culture, qui prône un humanisme universel, va exporter le bon art et la bonne parole dans les quartiers populaires pour éduquer la plèbe – dès lors, on peut se demander « quelle peut être la place d’un artiste ou d’un poète, rémunéré par ce même État qui rémunère les policiers qui insultent, frappent, emprisonnent et tuent ? »

      Le mécénat privé est l’autre face de l’entreprise culture : Vuitton (LVMH, Bernard Arnault) et son « grand oiseau blanc » au bois de Boulogne, « cadeau aux Parisiens » ; Benetton et son projet Imago Mundi, collection de petites œuvres commandées à des artistes du monde entier, mais pas aux ouvrières d’Asie, d’Afrique et d’Europe de l’Est qu’il exploite, ni aux indiens Mapuches de Patagonie qu’il chasse de leurs terres ; la fondation Cartier s’opposant à ce que Frank Smith lise un texte où il est question de Gaza (« On ne peut pas aborder un tel sujet à la fondation »), etc.

      La culture, qu’elle soit une commande publique ou un investissement privé, est devenue une « entreprise » de pacification tout à fait profitable.

      « L’art reste avant tout une industrie qui participe à la pacification sociale. » Zones Subversives, janvier 2018

      « L’écoute du monde par l’art est devenu un bruit où résonnent les discours de politiques économiques et culturelles qui aliènent l’art et perdent le monde. » Diacritik, septembre 2017
      Laurent Cauwet

      Laurent Cauwet est responsable de la cellule éditoriale Al Dante (publication de livres, journaux d’interventions poétiques et/ou politiques, organisations de rencontres, festivals et autres manifestations, ouverture de l’espace culturel autonome Manifesten/ Marseille...) depuis 1994.

    • Je repasse par ici et ton dernier message me pose pas mal de question @fsoulabaille
      Je croi pas qu’il y a eu une époque dans laquelle les artistes étaient des femmes, et je parle de croyances car ca me semble pas possible d’avoir de certitude sur ce point. Je ne croie pas à un matriarcat originel. Je me demande si cette image, fort belle, est vraiment comparable à ce qu’on appelle de l’art en occident dans la période moderne. Définir ce qu’est l’art est en soi une question insoluble. Admettons que ca soit des silhouettes de mains de femmes. Dans ce cas ca pourrait très bien etre les traces faites par des femmes juste après qu’on les aient excisées et j’y verrai pas l’expression d’une age ou les femmes étaient artistes même si les traces de leur souffrances sont très décorative, mystérieuses et émouvantes pour nous aujourd’hui.

    • @mad_meg Sincèrement, j’admire ton pessimisme. J’ai beau me forcer je n’y arrive pas :) J’ai toujours envie de croire à d’autres sociétés moins horribles.
      Sinon, je pense aussi qu’à aucune période les artistes étaient uniquement des femmes. Ces mains par exemple sont un mélange de maines de femmes et d’hommes (à priori car on n’en a aucune certitude). Je pensais faire un peu d’humour sur les artistes non domestiquéEs, c’est tout.

  • « Tout le monde savait » : Claude Lévêque, une omerta au nom de l’art
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/tout-le-monde-savait-claude-leveque-une-omerta-au-nom-de-l-art_6066318_3246.

    Qui n’a jamais aperçu l’artiste entouré d’adolescents plus ou moins jeunes, à un vernissage, un dîner de galerie ? Qui n’a jamais entendu de rumeurs ? « C’était comme un nuage flottant autour de lui, reconnaît une conseillère de collectionneurs qui le connaît, et s’en méfie, depuis trente ans. Tout le monde savait qu’il aimait s’entourer de jeunes éphèbes, et un bon nombre craignait le pire. Mais comment agir contre un homme qui a une telle aura, quand on n’a que des rumeurs, et qu’on n’est pas témoin de ses manœuvres ? Contre un artiste qui exerce une telle fascination, car il a produit une œuvre incroyable ? »

    • Claude Lévêque, une omerta au nom de l’#art

      Alors qu’une partie du milieu est sidérée d’apprendre que le plasticien fait l’objet, depuis 2019, d’une enquête préliminaire pour « #viols et #agressions_sexuelles sur mineurs », d’autres semblent moins surpris.

      Alors qu’une partie du milieu est sidérée d’apprendre que le plasticien fait l’objet, depuis 2019, d’une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs », d’autres semblent moins surpris.

      Au milieu des années 1980, une artiste qui préfère rester anonyme s’était aventurée à demander à un galeriste parisien qui exposait Claude Lévêque pourquoi il ne représentait aucune femme artiste : « Je n’ai peut-être pas d’artiste femme, mais j’ai un pédophile », s’était-elle entendu rétorquer. Plaisanterie tordue, aveu, provocation ? « En tout cas, ça résume bien le contexte, raconte-t-elle aujourd’hui. Je m’étais tue, mais, quand je visitais les expositions, je vous assure que je ne lâchais pas mon petit garçon de l’oeil. »

      « Comment une telle carrière est-elle possible, alors que depuis des années "ÇA SE SAVAIT ?" », interroge la critique d’art Marie Chênel dans un Tweet très relayé. Il résume la sidération du milieu de l’art depuis les révélations du Monde, le 10 janvier, concernant la plainte du plasticien Laurent Faulon contre l’artiste Claude Lévêque et l’enquête ouverte par le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis), en mai 2019, pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans . M. Faulon, un sculpteur de 51 ans, dénonce des « abus sexuels » subis entre ses 10 et 17 ans de la part de M. Lévêque, assurant qu’il était, comme sa famille, sous son « emprise . Le journal en ligne Mediapart a lui aussi publié une longue enquête, le 13 janvier, qui accable l’artiste.

      L’enquête judiciaire est en cours, et la présomption d’innocence prévaut. Mais dans le milieu de l’art, où Claude Lévêque était si connu, chacun s’interroge. Qui n’a jamais aperçu l’artiste entouré d’adolescents plus ou moins jeunes, à un vernissage, un dîner de galerie ? Qui n’a jamais entendu de rumeurs ? « C’était comme un nuage flottant autour de lui, reconnaît une conseillère de collectionneurs qui le connaît, et s’en méfie, depuis trente ans. Tout le monde savait qu’il aimait s’entourer de jeunes éphèbes, et un bon nombre craignait le pire. Mais comment agir contre un homme qui a une telle aura, quand on n’a que des rumeurs, et qu’on n’est pas témoin de ses manoeuvres ? Contre un artiste qui exerce une telle fascination, car il a produit une oeuvre incroyable ? »

      Filleuls, neveux, assistants...

      Ces adolescents qui l’entourent, Claude Lévêque les présente comme ses filleuls, ses neveux, ses assistants, voir comme ses « fils . Ces doudous et nounours qu’il trimballe autour du monde, qu’il sort en plein repas, qu’il déploie dans chaque recoin de ses deux maisons, ont été, selon l’artiste, dans ses interviews, « donnés par des amis, souvenirs trop intimes pour en parler . Son obsession pour le monde de l’enfance est considérée comme une « sublimation artistique », la part de fantasme d’un adulte qui est bien plus à l’aise avec les enfants qu’avec le monde des grands.

      Et puis, comment condamner sur la base de « racontars » ? « On lui aurait donné le bon Dieu sans confession », admet l’artiste Jonathan Loppin, dont la compagne, Julie Faitot, a envoyé un signalement à la justice concernant Claude Lévêque en février 2019. Pendant les quinze ans que dura leur amitié, il avoue avoir été subjugué par cette star prête à défendre corps et âme le moindre squat, toujours disposée à prendre fait et cause pour la veuve et l’orphelin : « Claude apparaît comme un nounours au charisme fort, et un vrai aimant à enfants. En fait, il sait les ferrer. Quand j’ai compris que ces doudous étaient sans doute ceux de ses victimes, des trophées, j’ai pris une énorme claque. »

      « Je l’ai toujours vu bouleversé par la beauté des jeunes garçons, elle le secouait, et il l’assumait, ses premières oeuvres en témoignent », souligne un habitant de Nevers (Nièvre), proche des Faulon. Enfant, il a connu Lévêque comme moniteur de centre aéré dans les années 1970, sans jamais entendre de rumeurs pouvant l’incriminer. Depuis quelques jours, il fouille dans sa mémoire. « J’essaie d’analyser le phénomène d’emprise, détaille-t-il. En abordant l’environnement de cet adulte entouré de jeunes hommes, on avait d’abord un sentiment de malaise, mais la situation était ensuite validée par les proches ; familles, amis, tous semblaient acter ce qui se passait. Le trouble ressenti était alors étouffé par cette validation collective. En outre, j’en ai été témoin à deux reprises, Claude entretient aussi une relation très forte avec les mères des enfants, dont je ne sais comment elle s’articule, une relation presque amoureuse. Mécanique qu’il semble, hélas, avoir affinée avec le temps. »

      Collectionneurs, experts, galeristes, conservateurs, critiques, artistes : cette validation a été tout aussi collective dans le milieu de l’art, même si certains tenaient scrupuleusement leurs distances. « Les institutions lui ont fait confiance, à cause de la fascination qu’exerce son oeuvre, mais aussi de son engagement pour les causes sociales, politiques, analyse une directrice de musée. Tout cela était-il un écran de fumée ? Tout comme ces références à l’enfance, sans cesse convoquée, sacralisée, sanctuarisée : elles faisaient la beauté et la pureté de son travail ; désormais, elles peuvent ressembler à un sacrifice. »

      « Si c’est vrai, c’est un séisme, auquel je peine à me résoudre, glisse un autre conservateur. Ses oeuvres des années 2000, pleines d’un danger punk qui fascine, ont été un choc esthétique pour toute une génération. Nous nous sommes construits en partie avec elles. » Un artiste éperdu d’admiration pour Claude Lévêque, « bouleversé par le témoignage de Laurent Faulon », s’avoue tout autant « blessé, et en colère » : « J’ai la sensation d’avoir été manipulé, comme tout le monde de l’art l’a été. J’ai aujourd’hui l’impression que, avec toutes ces oeuvres mettant en scène l’enfance, il nous disait : "Regardez, je vous mets ça sous le nez, et vous ne voyez rien !" »

      Qu’il mette la même énergie à préparer la Biennale de Venise (2009) qu’à exposer à l’école élémentaire Pierre-Budin, à la Goutte d’Or (Paris 18e), lors d’une résidence artistique en 2012 ? Cela relevait de son engagement social. Qu’il peigne de noir les fenêtres de l’appartement mis à disposition par l’école, juste au-dessus des salles de classe ? On y voyait sa marque punk. Qu’il se déclare, un an après, toujours ami avec l’un des bambins de 8 ou 9 ans qui collabora au projet, le plus curieux, le plus créatif ? On l’admirait alors pour n’avoir pas pris la grosse tête. Tout cela peut aujourd’hui faire frémir.

      Dans les archives du Quotidien de l’art, nous avons retrouvé les paroles de l’enfant que nous avions rencontré au sein de l’école pendant la préparation de leur exposition « Seasons in the Abyss . Il interpellait ainsi l’artiste : « Je t’ai amené mon nounours, parce que je lui ai percé le cerveau. Avant, il bougeait dans son Jacuzzi, il faisait très chaud, c’était le feu, et je lui ai percé la tête ... « Le trou dans la tête », c’est aussi une phrase gravée par Lévêque sur un lit tout rouillé d’enfant, dans une oeuvre de 1986.

      #Aveuglement_collectif

      Pour comprendre aujourd’hui ce qui a pu relever d’un aveuglement collectif, les témoignages affluent, chacun s’employant à replacer une pièce dans un puzzle qui, trop longtemps, n’a pas fait sens. L’un se rappelle cette chambre d’enfant, dans la maison de Montreuil (Seine-Saint-Denis) de #Lévêque, « avec ses petites bagnoles sur les étagères », qu’il disait destinée « aux amis qui venaient avec leurs petits . L’autre, ces manèges abandonnés dans sa maison de campagne. Une troisième, l’aveu de cette mère « manifestement perdue, dans un monde parallèle, qui me racontait que Claude Lévêque dormait dans la chambre de son fils de 15 ans, et qui semblait comme flattée qu’il ait été "choisi". J’ai pris mes distances, désespérée qu’il soit impossible de lui faire comprendre que son môme était en danger .

      Galeriste et commissaire d’exposition, Stéphane Corréard dénonce aujourd’hui ce qu’il considère comme une omerta. « Beaucoup savaient, tout le monde pouvait se douter, personne n’est surpris, résume-t-il. Alors pourquoi avons-nous toléré, abrité, protégé, pendant des décennies, un supposé prédateur sexuel, un pédocriminel récidiviste ? Parce que, dans notre milieu, personne ne dit rien, jamais. La parole est cadenassée, le fonctionnement clanique. »

      Comment l’expliquer ? « La tolérance de notre milieu pour la transgression, y compris sexuelle, y est pour beaucoup », suggère-t-il. Un artiste pourrait donc franchir toutes les lignes rouges ? Laurent Faulon se souvient en tout cas très bien « des commissaires et artistes qui venaient dîner à la maison : avec Lévêque, on était comme un couple recevant des invités. Sauf que j’avais 15-16 ans. Tous découvraient les bricolages que j’avais faits dans l’atelier, et me disaient : "Tu as une oeuvre incroyable, ne t’embête pas à faire les Beaux-Arts, tu sais déjà tout !" . C’est ainsi que Laurent Faulon s’est retrouvé exposé à la Fondation Cartier de Jouy-en-Josas (Yvelines) ou au Magasin de Grenoble, à pas même 18 ans. Sans plus de questions, juste pour la reconnaissance de son talent naissant.

      Poursuivant son analyse, Stéphane Corréard évoque aussi le « souvenir de l’époque glorieuse où l’avant-garde était menacée de toute part, notamment par les réactionnaires et l’extrême droite. Nous avons alors pris le pli d’une opposition facile entre "pro" et "anti" art contemporain qui est devenue factice, mais qui continue de structurer largement le fonctionnement de notre monde de l’art . Impossible de dénoncer sur la foi de racontars, certes. « Mais ces directeurs de musée, qui racontent de façon anonyme avoir refusé que Lévêque partage une chambre d’hôtel avec un ado, n’avaient-ils pas obligation, en tant que fonctionnaires, de dénoncer des crimes dont ils avaient eu connaissance dans le cadre de leurs fonctions ? »

      Comme tous, il en est cependant conscient : la mécanique à l’oeuvre est complexe à déconstruire. Qu’un artiste puissant s’écroule, et tout un système s’effondre : ceux qui le collectionnent, le louent, l’honorent, le capitalisent. « Les relations entre les acteurs organisent la valeur de l’oeuvre en mettant l’artiste sur un piédestal, dans une relation romantique à l’art, explique ainsi un directeur d’institution. Les jeux de pouvoir sont réels, et pas seulement financiers, à tous les maillons de la chaîne, on ne peut se permettre que l’image de l’auteur soit entachée. Les liens d’interdépendance et les rapports de domination organisent le silence, à quoi s’ajoute la peur d’être blacklisté du milieu. Ils neutralisent toute possibilité de prise de parole. L’autocensure est forte, jusqu’à se frapper soi-même de cécité. La structure protège son capital. »

      Averti de la plainte de Laurent Faulon peu après son dépôt, le Mamco de Genève a pris position dès 2020, en faisant disparaître de son site toute mention de Claude Lévêque, qui y a exposé en 2003. Il est, pour l’instant, le seul. « Avec l’équipe de conservation, nous avons décidé un moratoire immédiat sur la présence de ses oeuvres en nos murs, explicite Lionel Bovier, son actuel directeur. Je n’ai jamais travaillé avec cet artiste, ni avec ses oeuvres d’ailleurs. Mais, de mon point de vue, le discrédit qui est aujourd’hui jeté sur son travail sera absolument irrémédiable si les accusations se révèlent fondées. Il ne m’appartient pas de me prononcer sur les conséquences légales des actes qui sont relatés, mais je peux témoigner de cela : je ne pourrai plus jamais regarder ce travail sans y trouver des indices des crimes qui lui sont reprochés. Par conséquent, le musée que je dirige ne montrera ni ne diffusera son travail dans le futur. »

      #pédophilie #pédocriminalité #Laurent_Faulon #abus_sexuels #emprise #rumeurs #fantasme #validation_collective #enfance #omerta #silence #impunité #transgression #domination #pouvoir #autocensure #cécité

    • Affaire Claude Lévêque : collectionneurs et musées s’accrochent aux œuvres devenues embarrassantes

      https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/affaire-claude-leveque-collectionneurs-et-musees-s-accrochent-aux-uvres-deve

      https://www.lalsace.fr/culture-loisirs/2021/01/16/l-embarrassant-claude-leveque

      #censure #appel_à_la_censure

      Je tiens à rappeler que Springora n’ a jamais exigé la disparition des livres de Matzneff, c’est Gallimard qui s’achète une conscience en le faisant.

      Par ailleurs, le type doit répondre des ses actes, et il mériterait surtout des soins et une gigantesque psychothérapie (plutôt que la taule et la censure), mais il me semble au contraire très important de pouvoir continuer à voir ses oeuvres, même et surtout les pires, en sachant ce que l’on savait déjà, certes plus ou moins, mais en sachant au moins que le type n’était pas là pour rigoler et qu’il nous parlait bien de choses sombres et dégueulasses.

    • Dager je déteste et je comprend pas pk on le voie dans toutes les expos d’art brut. Sinon par rapport à la censure de Matzneff et Leveque le plus ahurissant c’est qu’on accusera les victimes d’etre #cancel_culture alors que ce sont les liberaux qui en sont les instigateurs dans un geste revisionniste. Parfois ce sont aussi les pedosexuels qui censurent pour être « les cowboys de leur sujet ».

    • L’ancien commissaire à la carrière exemplaire, médaillé d’honneur de la police nationale, n’avait sans doute jamais imaginé se retrouver là, derrière la barre de la 28e chambre du tribunal correctionnel de Paris, quelques mois à peine après avoir quitté l’institution policière et mis un terme à près de quarante ans d’un investissement sans faille. En longue veste de cuir et costard-cravate sombre, les mains jointes et le teint blafard, il fait face à 61 ans à la présidente du tribunal qui le juge, ce mardi, pour voyeurisme. Tout juste retraité, il a été surpris cet été dans les allées du grand magasin parisien BHV en train de filmer sous les jupes de clientes à l’aide d’une microcaméra fixée sur une de ses chaussures. On n’en saura guère plus sur le dispositif technique employé, mais on sait que ce prévenu féru d’informatique dirigea, dans les années 1990, le novateur service d’enquête sur les fraudes aux technologies de l’information (Sefti) avant de devenir, vingt ans plus tard, numéro deux de la police du Val-de-Marne.

      Quand les vigiles du BHV le repèrent, il « passe son pied » doté d’une caméra micro SD sous les jupes de clientes en vue de tourner des vidéos de quelques minutes. Ce qu’il avait déjà fait, quelques semaines plus tôt, dans une autre grande surface, afin d’apercevoir, selon la présidente, « les parties intimes cachées sous les habits ». « Comment expliquer ce passage à l’acte chez une personne au parcours tout à fait exemplaire ? », lance la procureure qui ne cache pas son incompréhension face à des faits « regrettables » qui auraient pu, « si les victimes en avaient été informées, être vécues comme une atteinte sérieuse à leur personnalité et leur intimité ». D’une voix à peine audible malgré l’exiguïté de la salle, le prévenu, dos voûté, répète ce qu’il a dit, déjà, quand il a été entendu dans la foulée et a reconnu immédiatement les faits.
      « Electrochoc »

      Son masque de protection ne facilitant pas son élocution, l’ancien policier répète le « mal-être » qui l’a envahi quand, à peine retraité en juin dernier, il a quitté la police pour de bon. A cela s’est ajouté un départ de la capitale qui semble l’avoir déstabilisé. Et le passage à l’acte ? « Je ne sais pas comment l’expliquer », dit-il en se courbant un peu plus. « Quand j’ai été interpellé, lors des faits, ça m’a fait comme un électrochoc ». Il cherche ses mots :"« Je n’ai pas compris, je savais parfaitement que des vigiles se trouvaient dans ce magasin, j’étais complètement à côté de la réalité des choses »."

      L’expertise psychiatrique à laquelle il a été soumis n’a révélé ni anomalie mentale ni état dangereux. L’ancien commissaire n’a pas tardé, toutefois, à débuter une thérapie dont il dit avoir « vraiment besoin ». Il fait état d’un épisode dépressif passé lié à des problèmes de santé et une succession de décès de proches, d’une « envie d’en finir » déjà ressentie. « J’ai voulu tenir, ne pas montrer une image de faiblesse », souffle-t-il. Son départ en retraite a réactivé chez lui, avance-t-il, « ce sentiment d’une fin de vie. »

      « Quel lien faites-vous entre cet épisode dépressif et ces faits qui sont presque de nature sexuelle ? », le coupe alors la présidente. « Je ne suis pas psychiatre », répond le prévenu en évoquant pêle-mêle « une pulsion de vie, d’existence, un besoin de trouver quelque chose. » Il ajoute, hésitant : « Je ne sais pas, j’en parle beaucoup avec ma psychothérapeute ».

      La présidente : « Vous êtes-vous mis à la place de ces femmes ? »

      Le prévenu : « C’est inadmissible. »

      La présidente : « Avez-vous pensé à ce qu’elles peuvent ressentir ? »

      Le prévenu : « Je ne sais pas comment le qualifier. Du dégoût ».

      Sa femme, épousée il y a quarante ans, ne le lâche pas des yeux. « Elle m’a beaucoup soutenu, nous en avons beaucoup parlé », dit celui qui dit s’être engagé bénévolement, depuis, auprès d’une association caritative, ce qui l’aide à structurer sa nouvelle vie.
      « Mini-pétage de plombs »

      La procureure rappelle l’existence du délit de voyeurisme, punissable d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Puis revient sur le « mal-être profond » du prévenu et ce départ à la retraite qui a pu « créer une sorte d’effondrement, le sentiment d’être inutile ». Tout en maintenant son interrogation sur la relation entre cet état et le délit, elle souligne « une prise en compte des faits et une reconnaissance » et insiste sur l’importance du suivi thérapeutique. Avant de requérir la culpabilité du prévenu et l’ajournement du prononcé de la peine - soit le fait de se prononcer sur la peine dans plusieurs mois - avec mise à l’épreuve ainsi que la garantie de la poursuite des soins. « Il a vécu la fin de sa carrière dans laquelle il s’est extrêmement investi comme une petite mort », a ensuite déclaré l’avocat du prévenu, Thibault de Montbrial. « C’était quasiment voué à l’échec », poursuit celui qui qualifie les faits de « mini pétage de plombs ». Le tribunal déclare finalement son client coupable tout en le dispensant de peine au vu des « mesures » qu’il a lui-même mis en place « susceptibles de permettre qu’il n’y ait pas réitération », ainsi que de sa « situation familiale et professionnelle ». Du bout des lèvres, l’ancien commissaire remercie le tribunal puis quitte la salle à pas feutrés.

      #agression_sexuelle #police #justice #sexisme_d’état #violophilie #misogynie #culture_du_viol

    • Les femmes devraient cesser de payer leurs impôts vu qu’elles ne bénéficient pas de la protection de l’état contrairement aux hommes. Il est évident que les femmes sont de simples défouloir mis à disposition des hommes, blancs, et flics manifestement. Agresser des femmes est un divertissement pour retraités de la police, du bétail pour reprendre gout à la vie quant on peut plus tabasser des prostituées en GAV. Alors pourquoi financé cet etat misogyne qui subventionne les violences sexuelles et leur impunité ?

  • #MeToo : dans la gastronomie, l’espoir d’un changement
    https://www.mediapart.fr/journal/france/261220/metoo-dans-la-gastronomie-l-espoir-dun-changement?onglet=full

    Mediapart a recueilli pendant plusieurs mois des dizaines de témoignages de salarié·e·s de la restauration. Violences physiques, psychologiques, sexuelles, propos racistes et homophobes, conditions de travail éprouvantes : le tableau est atterrant. De plus en plus de voix s’élèvent pour que ça change.

    e me suis demandé si j’allais m’embarquer dans cette affaire. Je sais qu’il a une puissance financière et médiatique que je n’ai pas, mais j’ai réfléchi. J’ai peur, mais j’ai encore plus peur d’avoir des regrets. » Florence Chatelet, 41 ans, est la patronne de By DEHESA, qui fournit depuis 2011 des produits artisanaux d’exception à de nombreux chefs étoilés, au Canada, en Europe et en Asie.

    Le 27 novembre, comme Libération l’a révélé, elle a déposé plainte à Paris contre le chef Guy Martin, pour viol et agression sexuelle. Une enquête préliminaire a été ouverte le 2 décembre par le parquet de Paris.

    Entre 2014 et 2015, Florence Chatelet vend ses produits à deux restaurants dont la carte est supervisée par Guy Martin, également chef et propriétaire du très chic Grand Véfour, deux étoiles Michelin depuis 2008.

    En 2015, au terme d’un rendez-vous professionnel en face-à-face, Florence Chatelet raconte qu’il l’aurait « plaquée contre la porte ». « Il commence à m’embrasser dans le cou, sur la bouche, il touche mon corps, je sens sa main sur mes fesses et sur mon sexe. Je lui ai mis un coup de genou dans les couilles et je me suis barrée », affirme-t-elle. Depuis ce jour, dit-elle, « ma relation commerciale avec le groupe Guy Martin a cessé ».

    Florence Chatelet prétend n’avoir parlé à personne de ce qui s’est passé ce jour-là jusqu’en 2017 : « J’ai réalisé que j’ai été traversée d’abord par un sentiment de honte, puis une certaine forme de dissociation entre mon esprit et mon corps. Je ne pouvais pas l’accepter. »

    De son côté, Guy Martin, via son service presse, indique qu’il « n’a aucune information sur le dépôt d’une plainte et n’a pas de commentaire à faire. Il conteste formellement les accusations portées contre lui, comme il l’a déjà fait lorsqu’elles ont été avancées pour la première fois ». Il est présumé innocent.

    Un secteur en ébullition

    Depuis le printemps, le milieu de la restauration, durement éprouvé par le Covid-19, est en ébullition. Fin mars, un questionnaire est lancé sur les violences en cuisine, entre autres par Camille Aumont-Carnel, créatrice du compte Instagram « Je dis non chef ! », qui publie depuis 2019 les récits de victimes ou témoins de ces violences (voir notre Boîte noire).

    • Il y a un passage sur le Drouant, resto dans lequel se passe les prix Goncourt et Renaudot. Grandes cérémonies de l’invisibilisation des femmes. Renaudot qui a primé #matzneff en 2014

      Aujourd’hui, Stéphanie ne regrette pas sa démarche. « Mais c’est dur de trouver du taf avec un prud’hommes sur le dos, car les gens considèrent que tu es procédurier. »

      C’est le risque que prend Thomas*. À 28 ans, l’ancien sous-chef a saisi en juin dernier les prud’hommes de Paris pour travail dissimulé, rappels de salaire, non-respect des temps de repos, manquement de l’employeur à son obligation de sécurité, harcèlement moral, contre son dernier employeur, la société Drouant.

      De mi-mai 2018 à décembre 2019, il a travaillé au sein du prestigieux restaurant parisien, le Drouant, à deux pas de l’opéra Garnier, et célèbre pour accueillir chaque année les jurys de deux prix littéraires, le Goncourt et le Renaudot. En cuisine, c’est le chef Émile Cotte qui règne depuis 2018.

      Dans sa saisine du conseil des prud’hommes, Thomas, que Mediapart a rencontré, décrit un rythme de travail dantesque, allant jusqu’à provoquer un « malaise dans la rue » et « une fracture de fatigue ». Selon le cuisinier, il était fréquent qu’il effectue des journées de 9 heures à 20 heures, voire minuit, « sans pause le midi pour déj et le soir pour dîner », et « pas de pause l’après-midi, à peine le temps pour aller aux toilettes ». Il accuse aussi le chef d’avoir tenu devant lui des propos « humiliants, vexatoires, à caractère homophobe ».

      Thomas, qui est homosexuel, n’en était pas à ses débuts quand il arrive chez Drouant. Il avait déjà travaillé pour Cotte, et cela faisait plusieurs années qu’il travaillait dans la restauration. C’est après la réouverture du restaurant, un temps fermé pour travaux, à l’automne 2019 que Thomas n’a plus supporté. Il évoque des violences physiques – des « pincements aux bras, aux pectoraux », confirmés par plusieurs témoins –, des cris, des insultes.

      « Des gens ont peur, moi je ne veux plus, dit Thomas. Cotte est un très bon cuisinier, mais en terme de management, c’est “marche ou crève” ».

      Pour corroborer son récit, Thomas produit plusieurs messages envoyés par Émile Cotte et consultés par Mediapart : ce dernier parle de lui à plusieurs reprises comme du « PD ». Dans un message, il dit : « PD et negros inclus. L’ensemble du personnel. » Un jour de février 2019, Thomas est malade, son chef lui écrit sur Messenger : « Ça va mieux aujourd’hui ? / Tu as du sucer une queue pas propre, gros dégueulasse. » Le 7 décembre 2019, Thomas est en arrêt : « Comment ça va le PD / Pas mort. » Le 9 janvier 2020 : « Alors alors pas mort encore / toujours des morilles sur le bout du gland. »

      « Le plus souvent, pour être tranquille, je laissais passer, explique Thomas. C’est un engrenage, surtout avec cette hiérarchie qu’on connaît en cuisine. » En défense, Drouant produit d’ailleurs plusieurs échanges entre Thomas et le chef, laissant apparaître une forme de camaraderie.

      Dans un autre message, le chef parle de « puputtes ». Un mot qu’une autre ancienne de chez Drouant, interrogée par Mediapart, se rappelle avoir entendu. Plusieurs ex-collègues de Thomas ont d’ailleurs accepté de témoigner dans le cadre de sa procédure.

      « Les femmes subissaient aussi des blagues grivoises », raconte Thomas. Deux ex-salariées du restaurant nous l’ont également raconté. Interrogé par Mediapart, Émile Cotte se défend de « toute accusation de violence ou de discrimination ». Il évoque une « amitié de sept ans » avec Thomas, qui s’est brutalement terminée l’hiver dernier ; il parle de lui comme d’un « très bon pro » et qu’il était, avec lui, « dans l’état d’esprit d’un grand frère ».

      Et quand on l’interroge sur les reproches faits par Thomas, et par certains de ses collègues, Émile Cotte indique qu’il est « conscient d’être parfois dur et exigeant », et que les horaires de travail ont pu être « importants ». « C’est un métier parfois difficile et stressant. Mais c’était ma troisième ouverture pour le groupe et jamais je n’ai reçu la moindre plainte », explique-t-il.

      Quant aux messages produits par Thomas, il s’agit, d’après lui, « d’échanges privés, grivois, de franche rigolade ». Il envisage simplement avoir pu « peut-être être maladroit ». « Je peux passer pour le rugbyman bourru, je ne sais pas… Mais je n’ai jamais eu de volonté de nuire à quiconque », affirme encore Émile Cotte.

      La société Drouant, elle, rapporte que Thomas n’a jamais remonté la moindre alerte avant le premier courrier envoyé par son avocate, et qu’« alors que Émile Cotte a travaillé dans plusieurs de nos établissements, personne n’a jamais rapporté de violences en cuisine ». Quant aux messages figurant au dossier, ils relèvent, selon Drouant, d’une relation d’ordre privé : « Nous, employeurs, ne pouvons nous ingérer dans une relation personnelle », explique la DRH Nathalie Lemoine.

      L’audience aux prud’hommes pour Thomas est prévue le 19 janvier prochain.

  • Médias
    « Des propos sexistes toutes les 11 minutes » à l’émission phare de RTL
    https://www.bastamag.net/Emission-Les-grosses-tetes-sur-RTL-Des-propos-sexistes-toutes-les-11-minut

    Sexisme, transphobie, racisme, âgisme, classisme, validisme, grossophobie… L’émission Les Grosses têtes sur RTL collectionne les propos discriminatoires selon une étude de l’Association des journalistes lesbiennes, gays, bi·e·s, trans et intersexes.

    36 heures d’écoutes et 24 émissions : pendant cinq semaines une vingtaine de membres de l’Association des journalistes lesbiennes, gays, bi·e·s, trans et intersexes (AJL) ont écouté Les Grosses têtes sur RTL, animée par Laurent Ruquier. Le bilan est un amas de déclarations sexistes, homophobes ou racistes. Les femmes y sont régulièrement dévalorisées ou sexualisées, et on ne s’y gêne pas pour les réduire à leur condition de « mère », de « ménagère » ou à déballer leur vie privée et sentimentale. « Des remarques qu’il faut qualifier de systémiques, tellement elles sont récurrentes et appuyées, détaille l’AJL. Des propos sexistes toutes les 11 minutes et jusqu’à 16 dans la même émission. Ça fait beaucoup en une heure et demie. » La sexualité des chroniqueuses est également évoquée allègrement : 19 fois sur les 24 émissions. Par exemple, le 15 octobre, Laurent Baffie présume que Christine Ockrent « doit se taper tellement de mecs ». Cinq jours plus tard, on demande à Arielle Dombasle et Isabelle Mergault si elles aiment simuler.

    L’AJL comptabilise au total « 159 déclarations sexistes, 66 déclarations homophobes et transphobes, 51 déclarations racistes, 29 déclarations grossophobes, 25 déclarations âgistes, 17 déclarations banalisant des crimes sexuels et des violences », ainsi que des propos « classistes » (teintés de mépris social) ou validistes (discriminatoires envers un handicap). Concernant les déclarations racistes par exemple, elles sont présentes dans 80 % des émissions écoutées. Les noms sont tournés en dérision, les accents imités, la communauté asiatique y est fétichisée, les roms et roumains stigmatisés, avec des sorties telles que « Arrête de faire la manche, on dirait une Roumaine ! ». L’association a particulièrement été surprise du caractère répétitif des propos et de l’acharnement.
    « Elle gueule comme une goudou, comme un routier ! »

    Les minorités semblent presque être le fond de commerce du programme. L’AJL explique que « sur les 24 émissions que nous avons écoutées, 83 % comprennent des propos LGBTIphobes ». Le 21 septembre dernier, Christine Bravo déclare au micro ne pas aimer François Hollande : « Il n’en faut pas moins à Jeanfi Janssens [un humoriste, ndlr] pour lui lancer : “Lesbienne !” Et lorsque Laurent Ruquier lui demande de répéter, celui-ci confirme : “Lesbienne !” Puis ajoute : “Je savais que tu allais virer goudou ! Elle gueule comme une goudou, comme un routier !” ».

    Dès qu’elle sont évoquées, les orientations de genre ou orientations sexuelles deviennent des insultes, sans oublier les stéréotypes qui vont avec. D’autres fois, les chroniqueurs refusent de reconnaître que les femmes trans sont des femmes ou les réduisent à leur apparence physique. « La lesbophobie et la transphobie sont, certes, minoritaires parmi les propos problématiques relevés, ajoute l’AJL. Mais, lorsque les identités lesbiennes et trans sont évoquées, c’est systématiquement de manière dégradante. »

    #sexisme #misogynie #homophobie #lesbophobie #violophilie #transphobie

  • Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes ([Reprod.]) / par S -M * Maréchal, Sylvain (1750-1803). Auteur du texte
    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k42699t/f4.item
    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k42699t/f4.highres

    Encore peu soucieux des droits des femmes, comme la majorité des hommes révolutionnaires, il rédige en 1801 un texte, très controversé, sur un Projet de loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes.

    #misogynie #historicisation #anarchisme #manarchiste #anarcouille #masculinisme

    • PROJET

      DÉFENSE
      D’APPRENDRE A LIRE AUX FEMMES ;
      Par S*M*

      AUX CHEFS DE MAISON,

      AUX PERES DE FAMILLE,
      ET AUX MARIS.

      Qui plus que vous doit sentir
      la nécessité et l’urgence de la Loi
      dont le Projet vous est adrcssé
      et soumis à votre prudence ? Les
      bons ménages deviennent rares ;
      et c’est vous, les premiers, qui
      porte/ la peine des préjugés et
      des abus qui ont envahi l’édu-
      cation des femmes.

      Vous tiendrez donc la main
      à ce Règlement ; il vous intéresse
      plus peut-être encore que les
      femmes qui en sont l’objet prin-
      cipal.

      Les puissances mâles et fc-
      melles du Bas -Empire de la
      Littérature vont s’agiter à la
      promulgation de la présente Loi.
      On prononcera malédiction sur
      le Législateur indiscret et témé-
      raire. Déjà en butte aux prêtres,
      comment n’a-t-il pas craint de
      leur donner les femmes de let-
      tres pour auxiliaires ? La coali-
      tion des femmes dé lettres et-des
      prêtres est une rude chose
      mais que pourra-tdîe si les bons
      esprits, si les tètes saines oppo-
      sent leur égide, et placent cette
      Loi sous lebouclier de la raison ?
      Les bonnes mères de famille,
      les excellentes femmes de mé-
      nage, les épouses sensibles, les
      jeunes filles naïves et toutes
      naturelles, vengées enfin du,
      méprisant abandon où on les
      reléguait sauront peut être
      quelque gré au Rédacteur de
      cette Loi, et rendront justice à
      la pureté de ses intentions.

      iv

      Nous ne sommes point dupes
      (s’écrieront quelques flatteurs
      des femmes) Vies ménagement
      qu’on prend ici pour faire en-
      tendre que les deux sexes ne
      doivent pas être rangés précisé-
      ment sur la même ligne dans
      la grande échelle des êtres et
      qu’il faut placer un sexe au-des-
      sous de l’autre.

      Il faut répondre:ce n’est point
      là du tout la pensée du Légis-
      lateur des femmes.JDans le plan
      qu’il s’est tracé de la nature, il
      n’y a pas un. seul être inférieur
      v

      à un autre. Toutes les produc-
      tions sorties de ses mains sont
      autant de chef,-d’oeuvres ; et par-
      mi une infinité de chef-d’oeuvres,
      il seroit absurde d’établir ou de
      supposer des préférences.

      Les deux sexes sont parfaité-
      nfen égaux ; c’est-à-dirc, aussi
      parfaits l’un que l’autre, dans ce
      qui les constitue. Rien dans la
      nature n’est comparable à un
      bel homme, qu’une belle femme.
      Ajoutons pour finir il n’y a
      rien de plus lâid au monde qu’un
      homme singeant la femme si
      ce n’cst une femme singeant
      l’homme.

      Ce Projet de Loi ne pouvait
      paraître plus à propos qu’au
      moment où l’on s’occupe de l’or-
      ganisa tion définitive des études.-
      Vous remarquerez que dans
      son rapport, si estimable, sur
      l’Instruction publique Chaptal
      garde le pl.us profond silence tou-
      chant lcs femmes ; il ne leur sup-
      pose aucunement la nécessité
      d’apprendre à lire, à écrire, etc.
      Par logerait-il l’opinion que lèur

      *lj

      esprit naturel n’a pas besoin
      de culture ?

      Nota. Celles d’entre les femmes qui
      prendront a, coeur ce projet de Lôi,
      pourrons se permettre les réclama’
      tions et sont invitées à les adresser
      au Rédacteur : il s’empressera d’y faire
      droit, autant que possible.

      Mais il prévient qu’il ne répondra
      aux injures que par son silence ac-
      coutumé des injures ne sont point
      des raisons.
      AUX FEMMES.

      Si l’on vous interdit l’arbre delà science,
      Conservez sans regret totre douce ignorance,
      Gardienne des vertus, et ihèred£« plaisirs ;

      PROJET

      LOI,

      lire
      aux Femmes.

      MOTIFS DE LA LOI.
      Ço n sidérant ;

      i°i \£vt l’amour honnête le chaste hymen
      la tendresse maternelle la piété filiale la
      reconnaissance des bienfaits etc., sont
      antérieurs à l’invention de l’alphabet et de
      l’écriture, et à l’étude des langues ; ont sub-
      sistc, et peuvent encore subsister sans eUes.

      Considérant :

      2°. Les incoûvcnicns graves qui résultent
      pour les deux sexes, de ce que les femmes
      tachent lire.

      Considérant

      5°. Qu’apprendre à lire aux femmes est
      un hors-d’oeuvre nuisible à leur éducation
      naturelle c’est un Itixc dont l’effet fut
      presque toujours l’altération et la ruine des
      moeurs.

      Considérant :

      Que cette fleur d’innocence qui ca-
      ractérise une vierge, commence à perdre
      de son velouté, de sa fraîcheur du moment
      que l’art et la science y touchent du mo-
      ment qu’un maître en approche. La pre-
      mière leçon que reçoit une jeune fille est

      (3)

      le premier pas qu’on l’oblige à faire pour
      s’éloigner de la nature.

      Considérant :

      5°. Que l’intention de la bonne et sage
      nature a été que les femmes exclusivement
      occupées des soins domestiques, s’honore-
      raient de tenir dans leurs mains non pas
      un livre ou une plume, mais bien une
      quenouille ou uu fuseau.

      Consi dérant :

      Combien une femme qui lie sait pas
      lire est réservée dans ses propos, pudibonde
      dans ses manières parcimonieuse en pa-
      roles, timide et modeste hors de chez elle,
      égale et indulgente. Combien au coti-
      traire, celle clui sait lire et écrire a de
      penchant a la médisance à l’amour propre,
      au dédain de tous ceux et de toutes celles
      qui en saveut un peu moins.

      Considérant :

      Combien il est dangereux de cultiver
      l’esprit des femmes, d’après la Réflexion
      morale de la Rochefoucaull qui les con-
      ttaissait si bicn « L’esprit de la plupart
      des femmes sert plus à fortifier leur folie
      U que leur raison. »

      Considérant :

      Que la nature elle-même, en pour-
      voyant les femmes d’une prodigieuse apti-
      tude harler semble avoir voulu leur
      épargner le soin d’apprendre à lire il
      écrire.

      CONSIDÉRANT :

      9°. Que le joli habil des femmes dédom-
      magera avec usure de l’absence de leur style.
      Considérant :

      io°. « Que chaque sexe a son rôle. Celui
      (5)

      de l’homme étant d’instruire etde protéger,
      suppose une organisation forte dans toutes
      ses parties. Le rôle de la femme doit être
      bien moins prononcé. Douceur et sensibi-
       » lité en sont les deux principaux caractères.
      Tous ses droits, tous ses devoirs tous ses
       » talens se bornent là et ce lot vaut peut-
       » être bien l’autre. »

      (Galerie des Femmes célèbres, in-f.)
      Considéra ni :

      ii°. « Que la société civile, dans la distri-
       » bution de ses rôles, n’en a donné qu’un
       » passif aux femmes. Leur empire a pour
       » limites le seuil de la maison paternelle ou
      maritale. C’est là qu’elles rôgnenl véritable-
      ment. C’est là que par leurs soins journa-
       » liers elles dédommagent les hommes des
      travaux et des peines qu’ils endurent hors
       » de leurs foyers. Compagnes tendres et son-
      )1 ’mises, les femmes ne doivent prendre

      ....

    • Ca m’étonnerai pas que le mec soit homophobe mais dans ton exemple je voie plutot du spécisme que de l’homophobie car on peu très bien imiter l’autre sexe sans être homo ni trans. Mais c’est fort possible que dans la tête de ce type, le fait de permettre aux femmes de lire les conduira à l’homosexualité.

  • Propos du pape sur les femmes en 2020
    https://www.nouvelobs.com/idees/20201202.OBS36880/livre-du-pape-francois-la-colere-de-la-theologienne-anne-soupa.html

    Lorsqu’il doit parler des femmes, le pape François revêt sa tenue de camouflage. Serré dans son treillis, casque encouronné de fougères, il avance dans la jungle d’une Eglise catholique divisée qui, en chacun de ses camps, fait de la question des femmes le marqueur de ses revendications. D’un côté un clan conservateur arc-bouté sur le maintien d’un pouvoir clérical et masculin, de l’autre des femmes qui demandent à être reconnues et que les opinions publiques relaient et soutiennent. D’un côté la tradition, de l’autre les droits humains.
    « Cher pape François… », par la rabbin Delphine Horvilleur

    En stratège, le pape commence par se chercher des alliées. Femmes, je vous aime… Les femmes sont fortes, dit-il, elles ont « le souci de la Création et des pauvres ». Sa méthode pour les promouvoir ? L’infusion. Afin de « changer la culture institutionnelle ». Mais que pourra faire une poignée de femmes consultantes contre les crocodiles de la curie ? Elles seront avalées toutes crues ! Derrière le miel des mots, je ressens la brutalité de cette énième assignation faite aux femmes, réduites à un sachet de thé dans une tasse. Mais le plus dur est à venir. A la dernière phrase, le pape assène : les femmes qui demandent la prêtrise, non seulement se trompent, mais alimentent le cléricalisme, et de façon « irrespectueuse ».
    Anne Soupa : « Le successeur de Barbarin à Lyon, c’est la mainmise des ultras »

    J’incline à penser que le couperet cinglant de cette chute est la réponse – qui n’est jamais venue – à ma candidature de mai dernier à la charge d’archevêque de Lyon. Pourtant, je postulais à être un évêque selon la tradition des origines de l’Eglise, donc laïc, donc non clérical. Réponse inquiétante de rigidité, révélatrice d’un cruel manque d’empathie… Le pape aurait-il senti passer les balles et voulu couper court à toute velléité de changement ? En tout cas, il peut maintenant mettre son treillis à la poubelle et reboutonner sa soutane blanche. Les conservateurs ne le croqueront pas encore cette fois-là.

    #misogynie #catholicisme

  • Eglise : mais où sont les filles chez les enfants de chœur ?
    https://www.leparisien.fr/societe/eglise-mais-ou-sont-les-filles-chez-les-enfants-de-choeur-06-12-2020-8412

    Un siège sur trois, une rangée sur deux. En ce dimanche de messe dans les églises hexagonales, les curés vont expérimenter avec leurs fidèles le nouveau protocole sanitaire défini cette semaine par le gouvernement. A leurs côtés, pour les assister directement, notamment au moment de la consécration, des enfants de chœur masqués respectant les gestes barrière, une croix ou un cierge entre les mains. Parmi eux, une très grande majorité de garçons. Car dans beaucoup de paroisses encore, les filles n’approchent pas l’autel, chasse gardée masculine. La mixité, pourtant autorisée depuis un demi-siècle, peine à conquérir certaines nefs.

    Alors à l’heure où « l’invisibilité » des femmes dans l’Eglise est dénoncée par certaines voix catholiques, la faible proportion de servantes d’autel est montrée du doigt par les féministes ayant la foi. C’est le cas de la bibliste Anne Soupa qui a fait grand bruit au printemps dernier en candidatant au poste d’archevêque de Lyon. « Il y a eu un recul sur cette question. C’est l’exaltation du sexe masculin, le triomphe de la quéquette ! C’est plus que conservateur, c’est réactionnaire. Le problème est français. A Rome, par exemple, il y a des petites filles servantes », souligne la présidente du Comité de la jupe qui promeut « l’égalité des femmes et des hommes au sein de l’Eglise ».
    « La mixité n’est pas à mettre dans tous les lieux d’éducation »

    Mais pourquoi les demoiselles ne revêtent-elles pas l’aube, chaque dimanche, dans de nombreuses paroisses ? Selon certains clercs, être servant d’autel peut donner envie de devenir prêtre. « Traditionnellement, on estime que c’est une école de vocations sacerdotales », avance un ecclésiastique du nord-ouest de la capitale.

    Pour Bruno Lefevre Pontalis, aux commandes de la paroisse Saint François-Xavier située dans les beaux quartiers de Paris et qui n’accueille que des servants, la raison est « plutôt pastorale ». « Je me suis aperçu que lorsqu’il y a des enfants de chœur filles, les garçons s’en vont vers 14 ans. A cet âge-là, ils fonctionnent bien dans la non-mixité », observe ce curé, estimant que « la mixité n’est pas à mettre dans tous les lieux d’éducation ».

    A ses yeux, cette exclusivité masculine dans son église n’a « jamais » donné lieu à des remarques directes de la part de ses fidèles. « Quand ça marche bien, on hésite à changer les choses », confie-t-il. Sur le parvis du lieu de culte lors de la sortie d’une messe avant le reconfinement, les avis sont pourtant partagés. « Il n’y a pas de prêtres filles, donc pas d’enfants de chœur filles », argumente un préado. « C’est le rite, c’est normal », pense sa maman.

    Pour une autre fidèle, en revanche, « ça devrait changer ». « Les femmes dans l’église sont cantonnées à certaines tâches. Un jour, dans une autre paroisse, j’ai vu des servantes d’autel et j’étais très contente », s’enthousiasme-t-elle. Elle est convaincue que « si les prêtres décidaient de mélanger garçons et filles, ça passerait ici ». « C’est comme avec la communion. Les femmes la distribuent aujourd’hui mais il y a 15 ans, ça aurait choqué », poursuit son voisin.
    « Les femmes sont impures, elles ne touchent pas au sacré, voilà des conceptions tout sauf chrétiennes ! »

    Le père Bruno Lefevre Pontalis, qui s’appuie sur un vivier de 40 enfants de chœur garçons, ne projette pas dans l’immédiat d’expérimenter la mixité mais « réfléchit » à intégrer dans les offices des servantes d’assemblée. Une fonction réservée aux filles, différente de celle de servant d’autel, qui est apparue dans de nombreuses paroisses. Les servantes d’assemblée, qui portent une cape, accueillent à l’entrée les paroissiens, distribuent les feuilles de cantiques, procèdent à la quête, portent les offrandes jusqu’au pied de l’autel…
    En France, les petites filles ont plutôt des fonctions de servantes d’assemblée, portant cape et restant loin du chœur pendant la messe./Ciric/Corinne Simon
    En France, les petites filles ont plutôt des fonctions de servantes d’assemblée, portant cape et restant loin du chœur pendant la messe./Ciric/Corinne Simon

    Mais contrairement à leurs camarades masculins, elles ne sont guère ou pas du tout présentes dans le chœur et restent éloignées des prêtres au cours de la messe. Ce qui fait bondir la théologienne Anne Soupa. « C’est une différenciation des tâches extrêmement inégalitaire. La sacralité autour de l’Eucharistie demeure une affaire masculine. Les femmes, elles, sont impures, elles ne touchent pas au sacré, voilà des conceptions tout sauf chrétiennes ! » s’indigne-t-elle. Aux membres du clergé qui refusent d’entendre parler de servantes d’autel et redoutent la mixité, elle suggère une solution : « Une messe, les filles montent à l’autel et la suivante, c’est au tour des garçons… »
    « Un sujet que nous devons travailler »

    Responsable du département des servants d’autel à la Conférence des évêques de France (CEF), le père Laurent Jullien de Pommerol ne veut prendre parti ni pour la mixité des enfants de chœur, ni pour la non-mixité, ni pour la différenciation des fonctions, même si cette dernière a, depuis quelques années, « amené une certaine paix ». « La question, c’est : Qu’est-ce qu’on peut proposer aux filles pour qu’elles ne soient pas exclues ? On est encore au milieu du gué. Il y a une vraie éducation humaine et spirituelle à faire pour que chacun ait sa juste place », martèle-t-il. « C’est un sujet que nous devons travailler. Je ne sais pas pourquoi il est aussi crispé en France. C’est une question fortement débattue, qui n’est pas paisible. En Allemagne par exemple où il y a une mixité totale, ce n’est pas un débat », observe celui qui est aussi curé de la Croix-Rousse à Lyon (Rhône).

    S’il existe « une grande disparité » des situations dans notre pays, c’est, en partie, parce que la hiérarchie de l’Eglise de France ne s’est pas clairement positionnée sur ce thème très sensible. « Il n’y a pas de documentation, pas d’orientations publiées par les évêques », souligne-t-il. Il reconnaît que « théologiquement et d’un point de vue scripturaire (NDLR : d’après les Ecritures), il est difficile de justifier l’absence des filles en tant que servante ». Pour autant, l’avenir ne semble pas s’orienter vers un partage égal des tâches, lui qui a constaté ces derniers temps dans des paroisses confiées à des « jeunes prêtres » peu de groupes d’enfants de chœur « complètement mixtes ».
    Autorisées à servir la messe depuis un demi-siècle

    Il a fallu attendre la fin des années 1960, dans la foulée du concile Vatican II ayant ouvert l’Eglise au « monde moderne » pour que les filles soient autorisées enfiler l’aube d’enfant de chœur, à l’autel, aux côtés des prêtres. Cela s’inscrivait dans un mouvement plus large d’accès à la liturgie des laïcs, au titre, notamment, de leur baptême. L’instruction romaine Redemptionis sacramentum de 2004, sous l’autorité du pape Jean-Paul II, a rappelé que « les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l’autel, au jugement de l’évêque diocésain. »En pratique, le choix se fait en fonction des habitudes et de la mentalité de la paroisse, conformément aux vœux de son curé. En 2011, le Vatican avait donné l’exemple en matière de mixité en permettant à des filles de servir une messe présidée par le pape Benoît XVI en voyage en Allemagne.

    #catholicisme #discrimination #sexisme #ségrégation #misogynie #mixité

  • En prison, des avocates victimes de discriminations sexistes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/141120/en-prison-des-avocates-victimes-de-discriminations-sexistes

    Août 2020. Sur le parking de la maison d’arrêt de Seysses, en Haute-Garonne, non loin des murs blanc cassé et orange de l’entrée, dans sa voiture, Stella Bisseuil se contorsionne pour retirer son soutien-gorge. L’avocate est venue voir un client. Mais les agents pénitentiaires viennent de refuser de la laisser entrer, le portique sonnant à son passage, même pieds nus et délestée de ses bijoux. « Cela ne pouvait plus être que mon soutien-gorge et ils n’avaient aucun matériel approprié du type détecteur manuel », retrace Me Bisseuil, depuis son cabinet toulousain.

    Ce jour-là, quand elle voit arriver la directrice adjointe, elle pense qu’elle va l’aider. « Mais elle m’a confirmé que, tant que le portique sonnait, je ne pourrais pas entrer et que la seule solution consistait à retirer mon soutien-gorge ! J’ai protesté en disant que je n’allais pas retourner à mon véhicule pour l’utiliser comme vestiaire, mais elle m’a rétorqué qu’il n’y avait rien d’autre à faire et que, sinon, je devais repartir », précise Me Bisseuil dans sa saisine du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) du 19 août.

    L’avocate reste incrédule aujourd’hui : « La maison d’arrêt comme moi sommes garantes des droits des détenus : nous aurions donc dû trouver une solution ensemble. Cet épisode est révélateur du mépris pour celles et ceux qui viennent de l’extérieur. »

    Stella Bisseuil a déposé, le 25 octobre, un recours devant le tribunal administratif pour « excès de pouvoir » contre la maison d’arrêt de Seysses, auquel Mediapart a eu accès. Elle signale que sa réaction n’est « pas conforme aux principes de dignité des personnes et de non-discrimination des femmes ». Selon elle, l’administration a tout faux : « La direction s’est justifiée en disant que, d’habitude, ils proposent les toilettes pour se déshabiller. Mais aucun texte ne préconise de se déshabiller. Il y a uniquement une circulaire (du 20 février 2012) selon laquelle on passe un détecteur manuel de métaux. » Sollicitée, la direction n’a pas répondu.

    Dominique Simonnot, récemment nommée contrôleuse des lieux de privation de liberté, déplore la situation : « Qu’on ose faire déshabiller une avocate sur un parking, c’est dément. »

    Le cas de Me Bisseuil est loin d’être isolé. L’Association des avocats pour la défense des droits des détenus (A3D) avait déjà saisi, en décembre 2019, le CGLPL, relatant huit problèmes de retrait de soutien-gorge.

    Manifestation des avocat·e·s contre la réforme des retraites, en janvier 2020. © Nicolas Guyonnet / Hans Lucas via AFP Manifestation des avocat·e·s contre la réforme des retraites, en janvier 2020. © Nicolas Guyonnet / Hans Lucas via AFP

    Ainsi, à Grasse, en février 2018, l’A3D racontait qu’une avocate convoquée pour une commission de discipline s’était vu interdire l’accès à la maison d’arrêt : « L’agent refusait [de lui passer le détecteur manuel dit “poêle”] et l’invitait à retirer son soutien-gorge, lui suggérant de sortir pour se dévêtir », alors qu’il neigeait. Elle avait pu se rhabiller dans une salle d’attente dont elle apprendrait qu’elle était sous vidéosurveillance.

    À Fleury-Mérogis, en 2017, un surveillant avait invité une avocate à enlever son soutien-gorge dans sa voiture, comme cela « se faisait toujours ». Venue par les transports en commun, elle n’avait pu s’exécuter et on lui avait interdit d’entrer.

    Idem en 2015 à Villefranche-sur-Saône, où la cheffe de détention avait signalé à une avocate que « la prochaine fois [elle] mettrait une brassière ». À Caen, en 2017, des agents auraient exigé d’une avocate portant un corset pour raisons médicales qu’elle le retire dans une salle de fouille présentée comme « salle de repos ».

    L’avocate Adélaïde Jacquin évoque, pour Mediapart, un moment « humiliant ». À la maison d’arrêt d’Orléans, en novembre 2019, à la sonnerie du portique, les surveillants lui suggèrent d’aller dans son véhicule retirer son soutien-gorge, mais elle est venue en train. « Toutes les familles de détenus passaient, je me suis recroquevillée au-dessus de mon sac, pour que l’on me voie moins que debout. J’étais agenouillée face au casier en train de faire glisser mon soutien-gorge dans ma manche. »

    Sans espace pour remettre son sous-vêtement, elle est restée ainsi. « J’étais choquée. Après, il a fallu ne rien laisser transparaître avec mon client, car il est hors de question qu’un problème personnel vienne affecter sa défense. »

    Désormais, Me Jacquin part « du principe que ça va prendre plus de temps pour [elle] que pour un homme d’entrer en détention. C’est inadmissible qu’il y ait encore des résidus de disparités machistes dans la façon dont on traite les avocates aujourd’hui ».

    Me Élise Arfi a subi un traitement similaire en juin 2017, à Fresnes. Après un tweet, un syndicat pénitentiaire avait déposé plainte contre elle pour injures – plainte classée sans suite. « J’avais dit que le problème, ce n’était pas le portique, mais le gros porc qui m’avait demandé d’enlever mon soutien-gorge. » Selon elle, le surveillant lui avait affirmé que, si elle se déshabillait dans le sas, il « porterait plainte pour exhibition sexuelle ».

    « J’ai dû l’enlever dans une contre-allée. J’étais en débardeur, c’était l’été. J’ai quand même une grosse poitrine, raconte Me Arfi. Je l’ai remis dans les toilettes, c’était humiliant, de l’intimidation. Le directeur s’est excusé. Mais le stress que cela provoque n’est pas acceptable. »

    « Cette question ne doit plus relever arbitrairement de l’administration pénitentiaire locale : il faut obtenir une réponse nationale », indique Me Amélie Morineau d’A3D. La CGLPL a déjà saisi « en janvier et en septembre » 2020 la direction de l’administration pénitentiaire. « La réponse fut qu’il était interdit, sous peine de recadrage par le chef de détention ou de blâme, d’obliger une avocate à se déshabiller. On voudrait au moins que cela soit respecté », explique l’ancienne journaliste.

    La CGLPL précise qu’elle va relancer l’administration et assure « réfléchir à intégrer » ce sujet dans son axe de réflexion sur l’exercice des droits de défense.

    Mais ces problèmes récurrents ne concernent pas que des avocates. Pour Flore Dionisio, secrétaire nationale de la CGT Insertion-probation, conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) depuis vingt ans, les réflexions sexistes font partie des murs de la prison : « Le soutif qui sonne, ça arrive souvent, mais nos collègues banalisent pour pouvoir travailler. Même s’il y a parfois des remarques déplacées, de l’humour à la con, on prend sur nous, parce qu’on a besoin de voir les détenus, que le temps est précieux. »

    La CPIP note qu’il arrive qu’il y ait des « remarques sur le physique, sur l’habillement, de la part des surveillants, et que, par conséquent, des collègues ont tendance à gommer la manière de s’habiller, à éviter les décolletés ».

    Elle se félicite tout de même des progrès : « On parle plus de sexisme désormais et la présence des professionnelles femmes se banalise. » En revanche, elle s’interroge sur la formation à l’École nationale d’administration pénitentiaire (Enap) : « Est-ce qu’il n’y aurait pas des actes sexistes dès l’école qui seraient repris ensuite ? Il faudrait rappeler en formation ce qu’est le sexisme. »

    Sollicitées par Mediapart, l’Enap ne nous a répondu. L’administration pénitentiaire, quant à elle, n’a pas souhaité commenter, « un recours étant en cours ».

    Hélène D., psychologue en maison d’arrêt depuis 2007, relativise : « C’est dix fois pire dans le milieu médical. » Elle se remémore tout de même des événements récents. Une fois, dit-elle, avec une autre psychologue à l’entrée, un surveillant lui a demandé : « Et moi, qui s’occupe de moi ? » Elle se souvient aussi d’un surveillant qui lui avait dit lors d’une sonnerie au portique : « Vous n’avez pas un piercing au téton ? » « Ce sont des glissements, une attitude plus que limite », pointe Hélène D.

    Louisa*, trentenaire et infirmière dans une unité de soins en milieu pénitentiaire depuis un an, relate plusieurs incidents « déplacés » : « Le jour où je suis arrivée, le surveillant médical m’a raconté qu’un surveillant de l’entrée l’avait appelé pour lui dire : “Attention, y a un avion de chasse qui arrive.” C’est déplacé, vulgaire, mais est-ce que c’est sexiste ? J’ai aussi eu une altercation avec un surveillant qui avait dit à une surveillante : “Essaye de m’arranger un coup avec cette infirmière, la Rebeu avec un gros cul.” Et comme je n’ai pas voulu, il m’a mal parlé pendant une distribution de médicaments. » Dans la foulée, Louisa avertit un cadre de la prison.

    Elle évoque également de « la drague à deux balles » quand, alors qu’elle est seule le week-end, nombre de surveillants lui demandent du Doliprane. Elle assure avoir été obligée de les recadrer en leur précisant qu’elle était infirmière pour les détenus. Elle décrit aussi « une dinguerie d’un surveillant » en octobre 2020, un dimanche, alors qu’ils n’étaient que tous les deux dans l’unité. Il lui demande si elle peut regarder un problème de peau au mollet. Elle accepte, lui dit d’aller dans le box et de remonter son pantalon. Quand elle arrive, il n’a plus de pantalon.

    « J’étais tellement gênée, je lui ai lancé : “C’est rien, prends une crème.” Il m’a dit qu’il voulait me montrer autre chose sur ses cuisses, j’ai répondu sèchement : “Tu te rhabilles, t’iras voir un dermato.” Et je suis partie vite. » Elle en parle à une collègue le soir même, qui lui conseille d’appeler la gradée. Elle n’a pas osé le faire par manque de temps, d’envie et par crainte que cela ne lui « attire des ennuis ».

    #discrimination #femmes #justice #prison #sexisme #misogynie

  • Les dérives du management de McDonald’s en France : sexisme, harcèlement, agressions sexuelles
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/13/sexisme-harcelement-agressions-sexuelles-des-salaries-denoncent-le-managemen

    « Mediapart » et « Streetpress » ont recueilli 78 témoignages de salariés qui décrivent un environnement où la violence professionnelle est systémique. Une plainte avait déjà été déposée par une coalition internationale de syndicats devant l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) le 18 mai. Les enquêtes de Mediapart et Streetpress viennent confirmer des situations de sexisme, d’agressions sexuelles et de harcèlement moral et sexuel chez McDonald’s. Durant deux mois d’enquête, les (...)

    #McDonald's #beauté #discrimination #GigEconomy #harcèlement #travail

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