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    France : un rapport d’associations dénonce d’importantes disparités territoriales dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers
    Par Clémence Cluzel Publié le : 11/07/2025
    Publié jeudi 3 juillet, le rapport de deux associations de défense des droits des migrants alerte sur les nombreuses défaillances et disparités d’un département à un autre dans la prise en charge des mineurs non accompagnés étrangers en France. Ces inégalités dans l’accès au droit affectent aussi la reconnaissance de leur statut de mineur et contraignent des centaines de jeunes à survivre sans protection, dans la rue.
    "Critères subjectifs" pour déterminer l’âge, mineurs laissés à la rue, traumatismes ignorés, évaluation sommaire des documents d’identité, manque de structures adaptées... sont autant de défaillances dans la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) en France dénoncées dans le rapport "Des droits au hasard du département d’arrivée ?” des associations Utopia 56 et l’Association d’Accès aux Droits des Jeunes et d’Accompagnement vers la Majorité (AADJAM), publié ce 3 juillet. L’enquête, menée entre fin 2024 et début 2025, dans 53 structures réparties dans 38 départements, dresse un constat accablant. Des "défaillances systémiques", des "dysfonctionnements administratifs" et des "disparités majeures" ont été relevés dans les départements de l’Hexagone concernant l’accueil et la prise en charge provisoire d’urgence des mineurs isolés étrangers. L’évaluation de la minorité ainsi que la mise à l’abri relèvent de la responsabilité des départements - et non de l’État - au regard de leurs compétences en matière de protection de l’enfance.
    Ainsi, "iI y a des différences de traitement importantes selon l’endroit du territoire où les jeunes arrivent", rapporte à l’AFP Angelo Fiore, membre d’Utopia 56, et corédacteur du rapport. "Cela a de lourdes conséquences dans la construction de leur avenir".
    Cet accès au droit, qui se fait “au hasard des départements d’arrivées des MNA”, entrave aussi la reconnaissance de leur minorité et accentue leur vulnérabilité. Chaque mois, de nombreuses personnes se déclarant mineures se retrouvent sans protection à la rue après avoir été décrétées majeures par les départements. Or, après dépôt d’un recours, un mineur sur deux est finalement reconnu comme tel par un juge des enfants. Durant le traitement de ce recours, qui peut durer un an et demi, les jeunes ne sont pas pris en charge par les autorités et sont ainsi livrés à eux-mêmes.
    Ces dernières années, la mission de la protection de l’enfance assurée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) se retrouve confrontée à la politique migratoire toujours plus répressives des autorités françaises. Celle-ci s’illustre notamment par des expulsions brutales des lieux occupés par les personnes se déclarant mineures. Selon le collectif Le Revers de la Médaille entre février et mai 2024, 828 jeunes ont été expulsés de leurs lieux de vie à Paris.
    Ces MNA sont principalement originaires de Guinée, Côte d’Ivoire, Tunisie, Bangladesh mais aussi de Gambie et du Cameroun. Majoritairement masculins, ces jeunes ont fui des conflits, des situations de violences, la pauvreté ou sont en rupture familiale. En 2024, l’ASE protégeait officiellement 13 554 MNA en France.
    Si dès son arrivée en France un mineur isolé exilé peut demander une protection dans son département d’arrivée, son premier défi est de "comprendre où et comment accéder à celle-ci", note le rapport, avec de plus grandes difficultés pour identifier un interlocuteur la nuit et les weekends. Déjà confrontés à un long parcours d’exil souvent émaillé de violences, des jeunes ont rapporté avoir été confrontés à un refus de prise en charge dans certains départements.Pourtant, la loi leur impose d’assurer un accueil provisoire d’urgence auprès des MNA pour une durée maximum de cinq jours, renouvelable par deux fois. Depuis 2013, les frais de prise en charge reviennent aux départements qui peuvent être remboursés par l’État, suivant conditions. Le montant s’élève à 90 euros journaliers durant 14 jours.
    Dans la capitale, c’est l’association France Terre d’asile qui gère l’évaluation et la mise à l’abri de ces jeunes, au sein de l’Accueil des mineurs non accompagnés (AMNA). "En moyenne, nous avons 130 jeunes qui arrivent par semaine" rapportait en avril dernier Béatrix Allan, directrice du service d’évaluation au sein de l’AMNA.“Depuis 2015, nous faisons le constat d’une augmentation croissante du nombre de jeunes se déclarant mineurs non accompagnés venus de différents pays. Alors que 1 500 jeunes se présentaient pour une évaluation en 2015, ils étaient 10 500 en 2023, avec un nombre de présentations totalement inédit. En 2024, nous estimons le nombre à 8 500” indique la Ville de Paris. Les MNA représentent aujourd’hui 30% des enfants pris en charge par cette mairie qui, de par ses compétences départementales en matière de protection de l’enfance, leur consacre un budget global de 80 millions d’euros.
    “L’année 2023 a été marquée par une forte augmentation du nombre de mineurs non accompagnés pris en charge ainsi que de personnes se présentant comme MNA entraînant une saturation des dispositifs d’accueil”, appuie la Direction générale de la Cohésion Sociale (DGCS). En juin dernier, la commission d’enquête parlementaire définissait la protection sociale de l’enfance comme un “système qui craque de toutes parts” et dans lequel les MNA sont les “oubliés des oubliés”.La Direction indique que "les services de l’État sont attentifs aux situations et aux difficultés rencontrées par les départements” et “sont pleinement mobilisés pour les soutenir". En 2024, la création d’une “instance de dialogue renforcée avec les départements” et le gouvernement a permis de dégager "sept chantiers prioritaires” dont l’un portait sur la prise en charge des mineurs non accompagnés.
    Mais si la DGCS juge qu’il y a une "bonne appropriation par les départements" du guide de bonnes pratiques édité en 2019 par le ministère en charge des Solidarités afin d’harmoniser le traitement des mises à l’abri et évaluation de minorités, les conclusions du récent rapport dressent un autre constat.
    L’accueil est loin d’être uniforme sur le territoire, certains départements mènent en effet une fronde contre ce dispositif d’accueil et prise en charge qui est coordonné par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ). La Seine Saint-Denis a suspendu temporairement l’accueil de nouveaux MNA en 2011 tout comme la Mayenne et l’Alsace en 2013. Aujourd’hui encore, plusieurs départements sont peu enclins à s’acquitter de ce devoir. Sollicité par la rédaction, le département des Alpes-Maritimes, qui connait un fort afflux de migrants, dont de MNA, depuis l’Italie depuis ces dix dernières années n’a pas répondu à nos questions.
    Manque de structures adaptées, placement dans des hôtels en violation de la loi Taquet, encadrement aléatoire faute de personnel, non-respect du temps de répit avant l’évaluation, absence de bilan de santé pourtant obligatoire… Les défaillances dans la prise en charge sont nombreuses et discriminantes par rapports aux traitements appliqués aux autres enfants en France.
    “Les pratiques observées varient d’un territoire à un autre, ce qui questionne doublement sur le traitement accordé à ces enfants migrants en France” souligne le rapport. Preuve d’un manque d’harmonisation des pratiques, un jeune reconnu non mineur dans un département peut l’être dans un autre après un nouveau dépôt.
    Le déroulement des enquêtes sociales destinées à évaluer la minorité de la personne a aussi déjà été plusieurs fois épinglé, notamment en 2018 dans un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW). Les entretiens express, parfois sans interprète, ainsi que la mise en doute quasi systématique de l’authenticité des documents d’identité transmis sont décriés par les associations. L’évaluation de l’âge se base également sur des critères "très subjectifs", pointe Angelo Fiore. Des "délits au facies" selon les associations qui ne prennent pas toujours en compte les traumatismes vécus et les stigmates qui peuvent affecter l’apparence physique de la personne.
    “Les consignes données aux évaluateurs sont claires : tout doute sur la minorité doit profiter au jeune”, se défend la ville de Paris qui indique avoir créé une plateforme pour renforcer les compétences des travailleurs sociaux à travers une permanence juridique et des formations pour permettre un meilleur accompagnement des MNA dans leur parcours. C’est en grande partie sur cette évaluation sociale que se base ensuite le président du conseil départemental pour statuer sur la minorité et l’isolement d’un jeune étranger isolé.
    Alors que la loi stipule effectivement qu’en cas de suspicion, le doute doit bénéficier à l’individu, la réalité est autre. Au niveau national, le taux de reconnaissance de la minorité est en baisse constante ces dernières années : d’environ 52% en 2016, il est descendu à 19% en 2021 pour légèrement remonter à 23% en 2023.
    L’accès à l’information et à la justice restent aussi difficile d’accès pour des mineurs isolés, ne parlant pas toujours la langue et ne maitrisant pas les rouages administratifs. Le recours gracieux devant un juge des enfants, seul habilité à reconnaitre la minorité, pour contester une non-reconnaissance de minorité est souvent ignoré de ces jeunes. Les délais d’attente de la procédure sont également assez longs et éprouvants.
    Jusqu’à la décision de la justice, "la présomption de minorité" doit être garantie rappelle la commission d’enquête parlementaire et permettre au présumé mineur de continuer à bénéficier de l’accueil provisoire et d’un accompagnement. Le juge des enfants a en effet la possibilité de prononcer un placement provisoire pendant le temps de l’instruction. Or selon le recensement de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de mars 2024, un mineur en recours sur trois vivait à la rue au niveau national. Une proportion probablement sous-estimée. En situation d’extrême vulnérabilité, nombre de MNA se retrouvent à survivre dans la rue, sans aucun soutien. “Chaque jour, dix jeunes sont mis à la rue et se retrouvent sans protection”, y compris lorsqu’ils présentent des graves problèmes de santé ou qu’il s’agit de jeunes filles enceintes.
    Pourtant “dans un cas sur deux, ils sont reconnus comme mineurs après leur recours auprès d’un juge pour enfants, parfois après avoir passé plus de 18 mois à survivre à la rue”, assure le rapport. Sur 2 550 jeunes ayant saisi un juge des enfants en 2023 suite à un refus par le département, 1 550 ont été reconnus mineurs, soit 61% des cas. Cependant, beaucoup restent exclus du dispositif et sortent des radars de la protection de l’enfance. D’autres sont devenus majeurs entre temps.Les associations, à qui les départements peuvent également déléguer la prise en charge des MNA, jouent alors un rôle crucial pour pallier les carences institutionnelles dans l’hébergement, l’accompagnement ainsi que l’aide à la scolarisation des MNA. En l’absence de protection, ils sont privés d’accès à l’éducation, d’un logement ainsi que d’un suivi social, médical et psychologique. Déjà très vulnérables, ils subissent durement cette exclusion qui aggrave leur santé mentale et peut accentuer leurs traumatismes. L’insécurité et leur situation irrégulière les rendent aussi plus susceptibles d’être victimes d’exploitation par des réseaux criminels et soumis aux violences.

    #Covid-19#migrant#migration#france#MNA#politiquemigratoire#ASE#politiquemigratoire#sante#santementale#droit#minorite

  • Une quinzaine de migrants mineurs « habitent » le kiosque à musique des Réformés, les associations se mobilisent
    https://www.laprovence.com/article/region/4473538384865914/marseille-une-quinzaine-de-migrants-mineurs-habitent-le-kiosque-des-refo


    Devant le cinéma l’Artplexe, sur la Canebière (1er), les mineurs non accompagnés ont installé des tentes en guide de campement de fortune.
    / Photo Théo Bessard

    Ces mineurs non accompagnés veulent le droit « d’aller à l’école » ou encore « de se soigner ». L’Addap 13, qui évalue leur situation, a refusé de les prendre en charge, les considérant majeurs. Le Secours catholique et Médecins sans frontières tirent la sonnette d’alarme.

    "Nous sommes des gamins comme les autres", "Si vous nous laissez dans la rue, c’est elle qui va nous prendre", ou encore "Je pensais la route plus dure que l’arrivée". Autour du kiosque à musique des Réformés, à #Marseille (1er), des pancartes attirent l’œil mais détournent aussi le regard.

    Derrière, on peut voir des silhouettes frêles et courbées dans des tentes de fortune : ce sont une quinzaine de migrants qui se présentent tous comme « mineurs non accompagnés » (#MNA), certains ayant quitté leur pays d’origine, comme la Guinée ou le Cameroun, pour [merci CMA CGM] trouver de quoi se soigner et avoir accès à l’éducation gratuite.

  • Soutien à Utopia 56 - l’Offensive !
    https://blogs.mediapart.fr/loffensive/blog/060725/soutien-utopia-56

    À Lille, Utopia 56 se concentre sur l’accompagnement et l’hébergement des mineur·es non accompagné·es. Lors du dernier conseil municipal, le PS s’est lâchement attaqué à l’association.

    Les mineurs en recours qui survivaient dans un square à Faches-Thumesnil, ont été mis à l’abri dans un bâtiment réquisitionné par la mairie de Faches, en lien avec la Préfecture, suite à une action de visibilisation des jeunes et de leurs soutiens. Comme à chaque fois, cette mise à l’abri concernait un certain nombre de jeunes à un instant T, mais chaque semaine de nouveaux jeunes se font remettre à la rue par le Département suite à la remise en cause de leur minorité.

    Depuis mai 2025, un nouveau camp de Mineurs Non Accompagnés (#MNA) en recours s’est donc inévitablement formé, avec de nouveaux jeunes, au parc Barbusse au Faubourg de Béthune. Coincé•es dans des démarches administratives interminables, laché•es par toutes les instances qui se renvoient la responsabilité de leur prise en charge dans l’illégalité la plus totale, ces jeunes sont encore une fois laissé•es sans aide institutionnelle et la responsabilité de solidarité portée par les associations et collectifs qui les suivent.

    Interpellée en conseil municipal le 20 juin à ce sujet par la conseillère verte Mélissa Camara, l’équipe municipale s’est couverte de honte.

    C’est Marie-Christine Staniec-Wavrant qui prend la première réponse. L’adjointe entre autres aux “Lutte contre les exclusions, Initiatives solidaires et hébergement d’urgence[...]” a dégainé une série d’accusations et déclarations mensongères. Sans que l’association ne soit mentionnée dans la question initiale, elle s’est lancée dans une diatribe contre Utopia 56.

    Elle accuse l’association d’instrumentaliser les jeunes, les ayant “ramené•es sur Lille parce qu’il ne se passe rien à Fâches”. Déjà, les jeunes concerné•es par le parc Barbusse ne sont pas les mêmes qu’à Fâches, dont le maire a été au bout de ce qu’il pouvait avec les moyens limités à sa disposition et qui continue à se battre pour trouver une solution au niveau de la MEL. Il reste que l’accusation n’est qu’un tissu de mensonges.

    (...) Mme Staniec-Wavrant a un plan : un fascicule qui liste les structures ouvertes… pour
    les majeurs ! Face à une urgence sanitaire aiguë, à la mairie, on gouverne avec des Powerpoint faux
    et inutiles aux concerné•es.

    #campements #PS

  • France : un rapport parlementaire dénonce la « prise en charge low cost » des mineurs isolés étrangers - InfoMigrants
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    France : un rapport parlementaire dénonce la « prise en charge low cost » des mineurs isolés étrangers
    Par Leslie Carretero Publié le : 10/04/2025
    Un nouveau « cri d’alarme » face à un système « qui craque de toutes parts ». Un rapport de la commission d’enquête parlementaire alerte, une nouvelle fois, sur les conditions d’accueil des enfants pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Il s’agit du « 13e publié sur la crise de la protection de l’enfance depuis 2022 », assure à l’AFP Didier Tronche, président de la Cnape, la principale fédération d’associations de protection de l’enfance.
    Dans le document de plus de 500 pages, une petite partie s’intéresse aux mineurs non accompagnés (MNA) accueillis en France. Et le constant des députés est sans appel : ces jeunes « subissent trop souvent une prise en charge low cost ». En 2023, 46 200 MNA et ex-MNA étaient pris en charge par l’ASE, soit environ 21% du total. Ce chiffre a doublé en seulement quelques années, passant de 20 000 à plus de 40 000 entre 2015 et 2019.
    Dès leur arrivée sur le sol français, les jeunes étrangers doivent faire face à leurs premières difficultés. L’évaluation de leur âge « repose sur un ensemble d’indices pas toujours objectifs », signalent les auteurs du rapport. Les entretiens sont « souvent extrêmement lapidaires, voire expéditifs », alors qu’ils conditionnent leur protection en France.
    En 2022, un rapport de la Défenseure des droits dénonçait déjà que les jeunes se déclarant mineurs soient « confrontés à des processus d’évaluation peu respectueux de leurs droits, à la remise en question de leur état civil, de leur identité, de leurs parcours et leur histoire, et à des réévaluations multiples de leur situation ».
    Résultat : « Certains jeunes sont déclarés majeurs à tort et se retrouvent exclus des dispositifs de protection de l’enfance, les condamnant à l’errance et à la précarité, même dans le cadre d’un appel de cette décision », rapportent les députés. Lorsque les mineurs isolés sont déboutés par les services départementaux - qui ont la charge de l’accueil des enfants - ils déposent le plus souvent un recours auprès du juge des enfants. Durant cette période d’attente, qui peut durer plus d’un an, les jeunes sont livrés à eux-mêmes dans les rues.
    C’est dans ce contexte que le collectif des jeunes du parc de Belleville a vu le jour en octobre 2023, au moment de l’évacuation de ce lieu squatté pendant plusieurs semaines par des mineurs en recours. Le collectif, soutenu par des associations, s’est installé l’an dernier à la Maison des Métallos, et plus récemment de la Gaîté Lyrique. Le théâtre parisien a été violemment évacué par les forces de l’ordre en mars, après plus de trois mois d’occupation par environ 400 personnes. Les jeunes se sont, un temps, installés sur les quais de Seine, avant d’en être délogés par la police le 1er avril.
    Pour éviter cette errance et la précarité qui va avec, la commission d’enquête de l’Assemblée nationale reprend une vieille demande des associations : opter pour la présomption de minorité « jusqu’à la décision de justice lorsqu’il saisit le juge pour contester la décision du département ». Autrement dit, les députés souhaitent que les jeunes bénéficient d’un accueil provisoire dès leur premier entretien jusqu’à la décision finale du juge des enfants.
    Une proposition de loi en ce sens a d’ailleurs été déposée le 21 janvier 2025 par le député Jean-François Coulomme de la France insoumise (LFI).
    Le rapport pointe par ailleurs un fait encore plus grave : la différence de traitement entre les MNA et les jeunes Français pris en charge par l’ASE. « Globalement, les MNA bénéficient souvent de conditions de prise en charge dégradées par rapport aux autres enfants et jeunes bénéficiaires de l’ASE », note la commission d’enquête, qui s’appuie sur leurs observations et sur les témoignages des travailleurs sociaux. La disparité se fait surtout sur le logement. « Les conditions d’hébergement des MNA sont souvent parmi les plus précaires qui existent en protection de l’enfance », insistent les députés.
    Les mineurs isolés étrangers étaient surreprésentés parmi les jeunes placés à l’hôtels, lorsque ce type d’hébergement était encore autorisé par la loi. La loi Taquet de 2022 interdit depuis le 1er février 2024 de loger des mineurs, étrangers ou français, dans des hôtels. Mais certains départements continuent d’héberger des jeunes dans ces structures, « en toute illégalité ». Selon le rapport, 5% de l’ensemble des jeunes pris en charge par l’ASE sont hébergés dans les hôtels sociaux. Et parmi eux, 95% sont des mineurs étrangers.
    Ce mode d’hébergement est pourtant totalement inadapté à cette population isolée, sans famille et sans entourage en France, et sans une connaissance de la langue française pour la plupart. « Ils se retrouvent ainsi sans repères » et « deviennent des cibles faciles pour les réseaux criminels, la prostitution ou le travail clandestin », préviennent les rapporteurs.
    La France a été condamné à plusieurs reprises « en raison de carences dans sa procédure de mise à l’abri et d’évaluation des MNA », rappelle la commission d’enquête. Dernier jugement en date : en janvier 2025, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné la France pour « absence de protection » d’un mineur guinéen. Sa minorité avait été rejetée une première fois par les autorités françaises, pour finalement être reconnue un an plus tard. Durant ce laps de temps, le jeune migrant a été livré à lui-même, à la rue.

    #Covid-19#migrant#migration#france#MNA#CEDH#ASE#droit#sante#politiquemigratoire

  • « En moyenne, nous avons 130 jeunes qui arrivent par semaine » : à l’AMNA, la structure qui évalue l’âge des mineurs isolés à Paris - InfoMigrants
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    « En moyenne, nous avons 130 jeunes qui arrivent par semaine » : à l’AMNA, la structure qui évalue l’âge des mineurs isolés à Paris
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 02/04/2025
    Depuis le mois de juin 2022, France terre d’asile est en charge de l’évaluation de la minorité des jeunes migrants étrangers à Paris. Leur dispositif baptisé Accueil des mineurs non accompagnés, ou AMNA, a évalué près de 12 000 jeunes en 2024, majoritairement des Guinéens, des Ivoiriens et des Maliens. Et 30% d’entre eux ont été reconnus mineurs à l’issue de la procédure et pris en charge par les autorités.Ils sont une quinzaine de jeunes à patienter dans les locaux de l’AMNA* (Accueil des mineurs non accompagnés), dans le 13e arrondissement parisien, ce lundi 31 mars 2025. Il est 10h. Silencieux, ils attendent d’être appelés par le personnel de France terre d’asile (FTDA). Ils sont Ivoiriens, Guinéens, parfois Gambiens ou même Bangladais. Depuis deux ans, l’association a la délicate mission d’évaluer leur âge.
    Si ces jeunes étrangers, en situation irrégulière, sont reconnus mineurs, ils pourront être pris en charge par les autorités au titre de la protection de l’enfance. Dans le cas contraire, ils seront considérés comme majeurs, et bien souvent, c’est le retour à la rue qui les attend. Mais comment se déroule l’entretien à l’AMNA ? À quoi les jeunes doivent-ils s’attendre ? Ont-ils droit à un hébergement pendant la procédure ?Entretien avec Béatrix Allan, directrice du service d’évaluation au sein de l’AMNA.
    1/ L’AMNA est donc la seule structure à évaluer l’âge des jeunes étrangers qui arrivent à Paris et veulent faire reconnaître leur minorité ?
    Béatrix Allan : Oui. Il faut savoir que les jeunes ne nous connaissent pas trop sous l’appellation ’AMNA’. À Paris, on dit plutôt : ’Tolbiac’ ou ’Les rendez-vous de Tolbiac’.Ici, pas besoin de prendre rendez-vous, on vient spontanément, on est ensuite orientés par le personnel de France terre d’asile.En moyenne, on accueille 130 jeunes par semaine. En ce moment, la fréquence est légèrement plus basse. Mais le plus souvent, la moitié des jeunes qu’on reçoit sur l’ensemble de la semaine se présentent à nous le lundi. On parle d’une quarantaine de personnes. Plus la semaine avance, moins ils sont nombreux. Souvent, le samedi on accueille moins d’une dizaine de jeunes. Quand ils arrivent, les jeunes passent par ce qu’on appelle un pré-accueil où l’on enregistre leur identité, on évalue leur état de santé. Nous travaillons avec cinq infirmiers et deux psychologues au sein de l’AMNA. L’évaluation de leur âge ne se fait pas tout de suite. On les laisse ’atterrir’ avant. Concrètement, il y a un délai moyen de cinq jours environ entre le moment où ils arrivent et le moment où ils sont reçus. On ne les ’interroge’ pas tout de suite. Après le passage en pré-accueil, les jeunes vont être mis à l’abri et se reposer, ils peuvent se faire soigner en fonction des pathologies détectées. On peut les diriger vers une PASS ou vers une de nos psychologues. Ce n’est que trois ou quatre jours plus tard qu’ils reviendront dans nos locaux pour leur entretien d’évaluation de la minorité et de l’isolement.
    2/ Tous les jeunes sont-ils automatiquement hébergés durant leur évaluation ?
    Oui, leur mise à l’abri est automatique. Nous avons deux foyers pour les garçons dans les 11e et 12e arrondissements parisiens. Nous faisons en sorte qu’il y ait toujours des places disponibles. Nous avons également un centre pour les filles dans le 20e arrondissement. En tout, nous avons quelque 100 places d’hébergement, mais le nombre de lits peut augmenter si davantage de jeunes se présentent. Dans ces foyers exclusivement dédiés à la prise en charge des jeunes, ils sont encadrés par des animateurs, des éducateurs, ils peuvent avoir accès à des activités sportives, le plus souvent, ils se tournent vers le foot... C’est un temps de répit bienvenu pour ces personnes qui ont souvent des parcours migratoires compliqués.Je répète et j’insiste, tous les jeunes qui passent par nos locaux auront un endroit où dormir le soir pendant toute la durée de leur évaluation.
    3/ Comment détermine-t-on l’âge d’un adolescent, j’imagine que l’évaluation est subjective et donc délicate ?
    Ce n’est pas simple en effet. Il faut savoir que tous nos évaluateurs suivent une formation obligatoire de trois ou cinq jours pour acquérir des connaissances juridiques, comprendre l’enjeu de cette évaluation, préparer leur entretien, les former à recueillir les paroles d’un enfant ou d’un adolescent, les aider à analyser les éléments entendus pendant l’entretien. On les sensibilise aussi à la psychologie de l’enfance. L’idée, ce n’est pas d’avoir le même rapport final pour chaque jeune Ivoirien ou Guinéen qu’on reçoit, nous sommes là pour individualiser chaque entretien. En 2024, les principaux pays d’origine des jeunes reçus dans les locaux de l’AMNA étaient : la Guinée (32%), la Mali (26%), la Côte d’Ivoire (15%), la Gambie (4%) et le Bangladesh (3%).
    4/ En se présentant à l’AMNA, les jeunes ne sont pas obligés de se soumettre aux relevés de leurs empreintes et de passer par le fichier AEM ?
    Pour faire reconnaître leur minorité, les jeunes migrants arrivant en France doivent passer par une nouvelle procédure de plus en plus utilisée : le fichier AEM (Appui à l’évaluation de la minorité). Ce système implique de passer par la case préfecture dès l’arrivée dans le département. Les craintes des associations ? Que le préfet ne place un jeune en centre de rétention avant tout recours.
    Non, les jeunes ne sont absolument pas obligés de passer par le fichier AEM.En revanche, nous sommes obligés de les en informer. Nous leur disons que le fichier existe et nous leur faisons signer un document qui recueille leur consentement ou non. La plupart des jeunes refuse de donner leurs empreintes.
    5/ Présenter des papiers d’identité ou un extrait d’acte de naissance ne suffit pas à obtenir une réponse positive de l’AMNA ?
    Les pièces d’identité et les actes de naissance sont des éléments qui nous aident évidemment, ce sont des ’indices’ particulièrement importants, mais ils sont pris en compte parmi d’autres. Idem avec l’apparence physique. Nous ne nous arrêtons pas à ça en disant : ’Ah il fait plus vieux que 15 ans’. C’est humain de jauger le physique d’une personne, mais nous apprenons aux évaluateurs que les physionomies changent, notamment en fonction du parcours de vie des jeunes.Encore une fois, nous croisons tous les éléments d’un récit. Nous cherchons à savoir quelle est la composition familiale, la scolarité de la personne évaluée. Nous faisons aussi un important travail de recherche sur les pays d’origine. La scolarité n’est pas la même dans tel ou tel pays. On apprend à nos évaluateurs à utiliser les repères des jeunes et à ne pas se baser sur nos références à nous. Nous travaillons aussi avec des traducteurs, par téléphone ou physiquement. Souvent, nous faisons appel à des professionnels qui parlent le soninké, le malinké, le bambara, l’arabe et maintenant le bengali aussi. Le recours à un traducteur est fortement encouragé pour bien comprendre le récit de la personne évaluée. L’idée est de mettre le jeune en confiance pour qu’il puisse livrer son récit dans les meilleures conditions possibles - et pouvoir ensuite rassembler un faisceau d’indices. Ce qui nous permettra d’évaluer la cohérence de ce faisceau avec l’âge allégué par le jeune. Encore une fois, nous avons pour mission d’individualiser chaque entretien, d’avoir un rapport d’évaluation final propre à chaque jeune.
    5/ Ce n’est pas vous qui prenez la décision finale mais la Ville de Paris...
    Oui, à la fin de chaque évaluation, un rapport est écrit. L’évaluateur va débriefer avec un coordinateur. Ce rapport est relu par une tierce personne. Un deuxième entretien est même possible en cas de doute sur certains éléments d’un récit, ce que nous appelons un « entretien complémentaire ».Ensuite, à la fin de l’évaluation, nous émettons une conclusion qui plaide ou ne plaide pas en faveur de la minorité d’un jeune. C’est ensuite la Ville de Paris qui étudie les dossiers que nous leur transmettons et prend la décision finale. En terme de chiffres, l’AMNA a reçu 12 288 jeunes en 2023 et 11 736 en 2024. Selon la Mairie de Paris, en 2024, 30% de ces jeunes ont reçu une réponse favorable, soit environ 3 500 personnes. Un chiffre stable par rapport à 2023 où 31% avaient reçu une réponse positive, soit environ 3 800 jeunes. « La stabilité de ce taux tient à la grande qualité du partenariat avec FTDA et de la conclusion des rapports qui plaide en faveur de la minorité en cas de doute », ajoute le service de la Prévention et Protection de l’enfance à la Mairie de Paris.
    6/Que se passe-t-il une fois que le jeune reçoit la réponse ?
    L’AMNA remet la décision de la Ville de Paris aux jeunes. En cas de réponse positive, le jeune est donc reconnu mineur. Il va patienter dans son foyer parisien le temps de lui trouver une place sur le territoire national.Une fois reconnu mineur, un jeune peut rester dans le département où il a été évalué ou être orienté vers un autre département. Dans tous les cas, son orientation a pour but de mieux distribuer la prise en charge des mineurs non accompagnés sur l’ensemble des départements français.
    Si la personne n’est pas reconnu mineure, nous lui expliquons les alternatives qui s’offrent à elle : nous lui expliquons qu’elle peut demander un recours auprès d’un juge pour enfant, et nous la dirigeons vers les dispositifs de protection de droit commun. À FTDA, nous plaidons pour que ces jeunes, vulnérables, soient mis à l’abri tout au long de leurs procédures administratives.À Paris, la situation des jeunes dits « en recours » qui ont fait appel de la décision négative de la Ville de Paris, est très précaire. Considérés comme majeurs, en situation irrégulière, ils errent dans les rues de la capitale sans hébergement, dépendants exclusivement des associations pour survivre, en attendant leur audience devant un juge pour enfant.
    Les associations estiment qu’ils se comptent par plusieurs centaines. Entre les mois de décembre et mars 2024, environ 400 jeunes en recours ont occupé la Gaîté Lyrique avant d’en être expulsés. Avant ce squat, ils avaient occupé la Maison des Métallos, et encore avant, le parc de Belleville. À chaque fois, les forces de l’ordre les ont expulsés.
    7/ Quel est le profil des jeunes que vous recevez ?
    Nous avons déjà eu des ’très jeunes’, des profils de moins de 12 ans, mais c’est très rare. Les jeunes qui se présentent à nous disent avoir 16 ans ou 16 ans et demi la plupart du temps. L’écrasante majorité sont des garçons, seuls 4% ou 5% sont des filles. Les jeunes filles ont généralement un parcours émaillé d’événements traumatogènes, elles représentent plus des deux tiers des consultations psychologiques à l’AMNA. Elles sont hélas davantage victimes de traites, de prostitution forcée, d’agressions.

    #Covid-19#migrant#migration#france#MNA#minorite#politiquemigratoire#sante#santementale

  • «Pallier les manquements de l’État» : à Calais, MSF héberge à ses frais des migrants en chambres d’hôtel - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62635/pallier-les-manquements-de-letat--a-calais-msf-heberge-a-ses-frais-des

    « Pallier les manquements de l’État » : à Calais, MSF héberge à ses frais des migrants en chambres d’hôtel
    Par Leslie Carretero Publié le : 05/02/2025 Dernière modification : 06/02/2025
    Médecins sans frontières loue, depuis début décembre et jusqu’à fin mars, 10 chambres dans un hôtel privé de Calais pour y héberger des migrants vulnérables (familles et mineurs non accompagnés). Au total 29 places sont mises à la disposition des exilés, qui peuvent y rester quelques nuits. L’ONG médicale regrette de devoir utiliser ses fonds personnels pour « pallier les manquement de l’État » dans le nord de la France. Entretien avec Feyrouz Lajili, coordinatrice du projet de MSF à Calais.

    #Covid-19#migrant#migration#france#calais#routemigratoire#MNA#migrationirreguliere#MSF#sante#accueil

  • Jeunesses africaines en exil

    Par Raphaël Krafft. LSD donne la parole aux Mineurs Non Accompagnés (MNA) originaires d’Afrique subsaharienne. Au terme d’un voyage long et dangereux, ils butent en France sur un parcours semé d’embûches pour être reconnus mineurs et aller à l’école.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-jeunesses-africaines-en-exil
    #MNA #mineurs_non_accompagnés #migrations #réfugiés #enfants #enfance #parcours #reconnaissance #tri #minorité #mijeurs #école #asile
    #podcast #audio
    ping @karine4

  • « Nous sommes débordés » : à Lanzarote, les nombreuses arrivées de migrants mettent à mal le système d’accueil - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62149/nous-sommes-debordes--a-lanzarote-les-nombreuses-arrivees-de-migrants-

    « Nous sommes débordés » : à Lanzarote, les nombreuses arrivées de migrants mettent à mal le système d’accueil
    Par La rédaction Publié le : 09/01/2025
    Une centaine de migrants ont passé la nuit du 6 au 7 janvier sur un quai du port d’Arrecife, à Lanzarote, en raison du manque de places disponibles sur l’île des Canaries. Tout l’archipel espagnol tire la sonnette d’alarme face aux capacités limitées d’accueil des migrants - qui arrivent chaque jour ou presque sur les côtes canariennes.
    Au moins 120 personnes ont passé la nuit du lundi 6 au mardi 7 janvier sur les quais du port d’Arrecife à Lanzarote, après leur arrivée sur des embarcations de fortune. Selon le journal espagnol Canarias Ahora, des familles avec enfants se trouvaient parmi les exilés : onze femmes, dont une enceinte, quatre mineurs accompagnés et onze mineurs isolés, détaille le journal.
    L’arrivée d’un grand nombre de migrants durant la journée du 6 janvier a obligé le Consortium d’urgence de Lanzarote à déployer en urgence des tentes sur le quai - une mesure exceptionnelle - et à offrir des matelas pour que les migrants puissent dormir dans des conditions décentes.Dans les heures qui ont précédé la soirée du 6 janvier, les opérations de secours se sont enchaînées : 250 personnes avaient rejoint Lanzarote à bord de quatre bateaux pneumatiques. Le premier a été secouru à 66 kilomètres de l’île avec 72 hommes et une femme à bord. Le second a été repéré par le Salvamento Marítimo avec 68 autres migrants à bord, dont deux mineurs et trois femmes. En fin de journée, les autorités maritimes ont porté assistance à deux autres embarcations transportant chacune 51 et 58 personnes.
    Les jours suivants, les opérations ont continué. Au total, plus de 800 migrants sont arrivés à Lanzarote dans les premiers jours de l’année 2025. « Nous sommes débordés, les centres sont saturés, nous devons continuer à ouvrir de nouvelles installations », a déclaré aux médias Marciano Acuña, un élu de l’ile qui s’inquiète aussi de la fragilité des personnes débarquées : une femme qui a accouché sur un canot pendant la traversée et l’arrivée d’une jeune fille de 15 ans avec « un bébé d’un an et quelques mois », a précisé Marciano Acuña.
    Le problème de l’accueil des exilés n’est pas nouveau. Chaque jour ou presque, des embarcations chargées de migrants accostent à Lanzarote et sur les îles canariennes (El Hierro, Grande Canaries, Tenerife...). Le système d’hébergement sature régulièrement avec des conséquences dramatiques sur la prise en charge des migrants, notamment les mineurs isolés.
    Fin octobre 2024, on dénombrait par exemple près de 6 000 jeunes migrants pris en charge dans l’archipel, pour une capacité de seulement 2 000 places réparties dans 81 centres d’accueil. Et les alternatives manquent. Par manque d’espace, « il est difficile d’agrandir les capacités » d’accueil, avait déjà constaté la Croix-Rouge espagnole, jointe par InfoMigrants en 2023. Depuis des années, les ONG locales dénoncent une faillite de l’État de droit, tandis que les autorités canariennes lancent des cris d’alarme. Elles supplient Madrid d’augmenter le nombre de transferts vers le continent espagnol - ce qui permettrait de répartir les migrants parmi les régions espagnoles et de désengorger l’archipel.
    Le gouvernement socialiste n’est pas sourd à ce signal d’alarme et souhaite réformer l’article 35 de la loi Immigration, qui acterait notamment l’accueil obligatoire des mineurs non accompagnés dans les différentes structures du pays (sur le continent), lorsqu’un territoire (comme les Canaries) dépasse 150 % de sa capacité d’accueil. Mais la réforme bloque, car l’exécutif et l’opposition ne parviennent pas à s’entendre. Pourtant, la situation est plus que jamais urgente. Cette saturation a des conséquences déplorable sur la population migrante : la détérioration des soins de santé, pourtant indispensables aux exilés après des jours passés dans l’océan Atlantique, sans eau ni nourriture en quantité suffisante. Pour rappel, le trajet jusqu’aux Canaries depuis les côtes ouest-africaines dure plusieurs jours, dans une embarcation à la merci des intempéries et des forts courants. La soif, la faim, les brûlures causées par le mélange d’eau de mer et de carburant rendent le périple cauchemardesque, pour ceux qui y survivent.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#routemigratoire#migrationirreguliere#atlantique#MNA#accueil#famille#sante#lanzarote

  • Expulsions de migrants illégaux : le Maroc met en cause des « obstacles » en Europe - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60434/expulsions-de-migrants-illegaux--le-maroc-met-en-cause-des-obstacles-e

    Expulsions de migrants illégaux : le Maroc met en cause des « obstacles » en Europe
    Par La rédaction Publié le : 09/10/2024
    Le Maroc s’est exprimé mardi au sujet des expulsions de migrants irréguliers depuis l’Europe, renvoyant aux pays européens la responsabilité dans les difficultés de rapatriement de ses ressortissants. Le Maroc s’est exprimé mardi 8 octobre sur la polémique qui a suivi la mort de Philippine, une étudiante de 19 ans retrouvée enterrée dans un bois à Paris. Rabat a estimé que les difficultés de renvois des migrants irréguliers marocains étaient la responsabilité des pays européens alors que le principal suspect du meurtre de Philippine est un Marocain de 22 ans qui était sous obligation de quitter le territoire (OQTF).
    Rabat se dit prêt à reprendre les migrants irréguliers marocains et critique ceux qui « font de l’immigration un fonds de commerce politicien ». Le Maroc est accusé d’avoir tardé à délivrer le laissez-passer permettant le renvoi du principal suspect du meurtre de Philippine qui avait déjà été condamné pour viol.
    « Le Maroc est prêt à rapatrier tout migrant irrégulier dont il est attesté qu’il est Marocain et est parti depuis le territoire marocain », a affirmé le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, lors d’une conférence de presse à Rabat, avec le chef du gouvernement régional espagnol des Canaries, Fernando Clavijo.
    « Le Maroc est prêt mais est-ce que l’autre partie est capable de le faire ? », s’est-il interrogé, estimant que Rabat n’avait « pas à recevoir de leçons » en matière de lutte contre l’immigration clandestine.
    Selon des sources judiciaires, les autorités marocaines n’ont pas répondu à de multiples demandes de la France pour valider le laissez-passer consulaire. Le Maroc argue, lui, que la demande n’avait pas été émise par le bon service en France. « Si ces migrants ne reviennent pas, c’est en raison d’obstacles de l’autre partie », a-t-il insisté, appelant à trouver « des solutions aux lacunes dans les lois et procédures qui créent un appel d’air pour les migrants ».
    « Il y a eu des directives claires pour les autorités marocaines afin de travailler avec la France et l’Espagne pour rapatrier les mineurs non-accompagnés », a encore indiqué Nasser Bourita, estimant que « les obstacles n’ont pas émané du Maroc mais des procédures de ces pays ». Ce n’est pas la première querelle entre les deux pays. Depuis des années, le président Emmanuel Macron tente de convaincre Rabat - et les pays du Maghreb - à reprendre leurs ressortissants plus rapidement. L’exécutif a souvent annoncé des baisses de délivrance de visas pour forcer les autorités marocaines (algériennes et tunisiennes) à réadmettre leurs ressortissants irréguliers visés par des mesures d’éloignement. Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a dit début octobre souhaiter l’allongement de la durée maximale de rétention des migrants en situation irrégulière et conditionner la « politique de visas à la délivrance des laissez-passer » consulaires. Estimant être « trop généreux, sans être payé de retour », Bruno Retailleau a indiqué qu’en 2023, la France a délivré au Maroc 238 750 visas, mais n’a obtenu « que 725 laissez-passer ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#espagne#maroc#OQTF#MNA#visas#retention#rapatriement#politiquemigratoire#sante

  • Immigration irrégulière aux Îles Canaries : 1500 migrants ont débarqué sur les îles en deux jours…
    https://www.dakaractu.com/Immigration-irreguliere-aux-Iles-Canaries-1500-migrants-ont-debarque-sur-

    Immigration irrégulière aux Îles Canaries : 1500 migrants ont débarqué sur les îles en deux jours…
    Ils sont environ 1500 migrants à débarquer illégalement sur les îles Canaries en l’espace de deux jours. Ils viennent souvent de l’Afrique de l’Ouest, notamment du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie, mais également du Maroc, dans les villes frontalières à l’Espagne. L’afflux de migrants constaté ces derniers jours est surtout dû aux conditions favorables de la mer. Rappelons que l’Espagne, particulièrement le gouvernement autonome des Iles Canaries, fait face à des difficultés pour gérer la prise en charge des migrants clandestins et plus particulièrement les mineurs non accompagnés qui sont plus de 5800 dans l’île. Le nouveau protocole d’accueil des migrants mineurs non accompagnés a fait l’objet de contestations avant d’être suspendu par le Parquet supérieur.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#espagne#canaries#gambie#mauritanie#routemigratoire#migrationirreguliere#maroc#MNA#sante

  • Identification des migrants mineurs aux Îles Canaries : sur les 5300 enfants et adolescents, 1700 sont d’origine sénégalaise…
    https://www.dakaractu.com/Identification-des-migrants-mineurs-aux-Iles-Canaries-sur-les-5300-enfant

    Identification des migrants mineurs aux Îles Canaries : sur les 5300 enfants et adolescents, 1700 sont d’origine sénégalaise…
    Identification des migrants mineurs aux Îles Canaries : sur les 5300 enfants et adolescents, 1700 sont d’origine sénégalaise…
    DakarActu avait annoncé, il y a quelques jours, précisément le 12 septembre, le changement du protocole d’accueil des migrants mineurs non accompagnés qui arrivent dans les îles canariennes de manière irrégulière. D’après nos confrères de La Provincia, sur les 5300 enfants et adolescents placés sous la tutelle du gouvernement régional canarien, 1700 mineurs sont des Sénégalais.
    Le journal révèle qu’en juillet, un accord de collaboration avec le Sénégal a été signé avec les Îles Canaries (Espagne) pour accélérer la documentation et l’identification des mineurs migrants du pays qui arrivent aux îles de manière irrégulière et sans la compagnie d’un membre adulte de leur famille. Le gouvernement canarien est confronté depuis quelque temps à des difficultés financières pour la prise en charge sanitaire des migrants mineurs non accompagnés qui ont fini par envahir l’archipel.
    En effet, l’Espagne a un accord avec le Sénégal pour collaborer au contrôle des frontières depuis près de deux décennies. Ce qui explique la présence du détachement de la Guardia Civil Espagnole.
    Ainsi, il y a à peine deux semaines, lors de sa tournée africaine, le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a rencontré le président Bassirou Diomaye Faye pour aborder la nécessité d’encourager le retour des migrants irréguliers, comme un message aux mafias, renseigne le journal canarien La Provincia.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#espagne#canaries#mineur#MNA#accueil#sante#droit#retour

  • Immigration : en Espagne, le sort des mineurs isolés nourrit des tensions
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/08/immigration-en-espagne-le-sort-des-mineurs-isoles-nourrit-des-tensions_62724

    Immigration : en Espagne, le sort des mineurs isolés nourrit des tensions
    Par Sandrine Morel (El Vellon et Fuenlabrada [Espagne], envoyée spéciale)
    Le calme semble revenu dans le village espagnol d’El Vellon, en ce début août. Deux mois ont passé depuis les incidents qui se sont produits autour du centre d’accueil pour mineurs étrangers de cette commune de 2 000 habitants, située à 50 kilomètres au nord de Madrid. Le 9 juin, des habitants en colère ont tenté de pénétrer à l’intérieur du bâtiment pour en découdre avec les jeunes migrants qu’ils accusaient d’avoir commis une agression – sur qui ? les versions divergent – et d’avoir volé deux téléphones portables. L’accueil des mineurs étrangers non accompagnés, les menas (pour menores extranjeros no acompañados, « mineurs étrangers non acccompagnés »), comme on les appelle en Espagne, provoque, ces derniers mois, de fortes tensions politiques. Jusqu’ici absente des controverses politiques, l’immigration est désormais devenue, de ce côté des Pyrénées aussi, un sujet inflammable.
    Devant la porte du centre d’accueil, un pavillon loué par le gouvernement régional de la Communauté de Madrid, un travailleur social réticent à parler à la presse assure que les onze jeunes migrants isolés hébergés « ne veulent pas d’histoires ». Chez les élus locaux, les opinions sont tranchées. La maire socialiste d’El Vellon, Catalina Llorente, a affirmé, en juin, que « 90 % des méfaits attribués à ces jeunes n’ont pas été commis par eux », tandis que le maire conservateur de la localité voisine de Pedrezuela, Rodrigo Garcia, les a accusés de « semer la panique et de mettre en danger le vivre-ensemble pacifique des citoyens ».
    Les habitants du village, eux aussi, sont divisés. « Ces jeunes sont l’objet d’une campagne de dénigrement orchestrée par la droite, estime Gustavo Diaz, conseiller fiscal de 46 ans, qui réside à 40 mètres du pavillon. Avant même l’installation du centre, l’association des jeunes du village a publié un communiqué pour dire qu’ils [les menas] représentaient un danger et qu’elle n’en voulait pas. La semaine dernière, il y a eu une agression au couteau, ils ont été accusés alors que ce n’était pas eux. Dès qu’il y a un incident ou une agression dans le coin, ils sont les boucs émissaires… »
    Laura (les personnes citées par leur prénom ont souhaité conserver l’anonymat), qui promène son chien, a participé à une manifestation, le 12 juin, devant les portes du centre, pour exiger sa fermeture. Elle affirme, au contraire, que « ces jeunes sont agressifs, ils s’en prennent aux jeunes d’ici et ne s’intègrent pas ». Raul, un quinquagénaire employé d’une entreprise d’entretien des routes, attablé à un café de la place du village, les juge responsables du sentiment d’insécurité qui l’« empêche de sortir le soir dans son village avec [ses] enfants ». « Moi, je parle avec les jeunes, l’interrompt Susana, une femme de ménage de 41 ans. Ils sont passés par des expériences difficiles, ils sont sympas, et l’un d’eux m’a même offert un bracelet », dit-elle en montrant une fine chaîne argentée autour de son poignet.
    Ces tensions interviennent dans un contexte de pression migratoire accrue. Entre le 1er janvier et le 31 juillet, 27 600 migrants sont entrés illégalement en Espagne par la mer, dont 21 500 par les îles Canaries, soit une augmentation de 152 % par rapport à 2023, selon le ministère de l’intérieur. Dans les embarcations de fortune qui débarquent dans l’archipel, 10 % à 15 % des arrivants sont des mineurs isolés, selon l’Office des réfugiés de l’ONU.
    La plupart viennent du Mali (43 %) et du Sénégal (20 %), mais aussi du Maroc (9 %), dont les ressortissants sont de plus en plus nombreux à emprunter la dangereuse route canarienne pour gagner l’Europe, du fait des contrôles accrus dans le détroit de Gibraltar. Si, au 31 décembre 2023, sur les quelque 15 000 personnes de 16 à 23 ans bénéficiant d’un permis de résidence, comme mineur non accompagné ou ancien mena, les Marocains comptaient pour 68 %, leur proportion ne cesse de baisser.Cet afflux de mineurs isolés a poussé le président des Canaries, Fernando Clavijo (régionaliste), à tirer la sonnette d’alarme, en juin, et à demander aux autres régions autonomes espagnoles de prendre en charge, par solidarité, une partie de ces jeunes. « Nous devons honorer les traités internationaux, respecter les droits des enfants et les droits humains », a-t-il insisté, le 28 juillet, appelant les gouvernements locaux à ne pas « transformer un drame humanitaire en un problème politique ».
    Près de 6 000 mineurs isolés se trouvent sur l’archipel des Canaries, alors que le nombre de places pour les accueillir est de 2 000. Cependant, et alors que des centaines d’entre eux sont entassés dans les centres existants et sous des tentes installées en urgence, les autres régions n’ont accepté de prendre en charge que 350 jeunes. Un chiffre encore trop élevé pour le parti d’extrême droite Vox qui, en représailles au feu vert donné par le Parti populaire (droite, PP), a rompu, le 12 juillet, ses accords de coalition formés avec la droite dans les régions de Castille-et-Léon, Valence, Aragon et Murcie.
    Le 26 juillet, le PP, Vox et Junts (droite indépendantiste catalane) ont voté contre le projet de loi du gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, visant à organiser de manière automatique la répartition des mineurs isolés sur l’ensemble du territoire en fonction des places disponibles. Mercredi 7 août, le gouvernement andalou a accusé Madrid de transférer des mineurs sur la péninsule au mépris de la loi.Les communautés autonomes accusent le gouvernement central d’improviser. « Nous avons besoin d’ordre aux frontières et d’un financement dans la durée pour assurer l’accueil des mineurs », déclare la directrice générale chargée de l’enfance, de la famille et de la natalité du gouvernement régional (PP) de Madrid, Silvia Valmaña. « Pedro Sanchez doit aussi décréter une situation d’urgence, afin que nous disposions d’instruments législatifs souples et d’une base légale pour les décisions à prendre dans l’urgence. »
    La dernière décision du gouvernement régional de Madrid fait polémique. Pour accueillir les mineurs étrangers isolés, qu’ils arrivent des Canaries ou de l’aéroport de Barajas, où certains profitent de l’escale pour demander l’asile, la région de Madrid veut aménager un ancien centre de recherche du groupe aéronautique EADS, un bâtiment de 4 000 mètres carrés abandonné depuis 2009 et situé en marge de la commune de Fuenlabrada, située à 20 kilomètres au sud de Madrid.
    D’un côté se trouve l’immense zone industrielle de Cobo Calleja et ses centaines d’entrepôts de vente en gros. De l’autre, le parc de la Cantueña, colline pelée et jaunie par le soleil, s’étendant sur 120 hectares. Accolé à l’autoroute de Tolède et soumis au vrombissement incessant des voitures, le site, qui devrait accueillir, dès septembre, 96 menas, pourrait difficilement être plus isolé. Pis, la passerelle qui traverse l’autoroute conduit à une autre zone industrielle dominée par les néons d’un club de strip-tease et de passes.« Ni l’endroit ni le type d’accueil ne sont corrects, c’est une sorte de grand conteneur pour cacher ces jeunes et faire comme s’ils n’existaient pas, s’insurge Javier Ayala, le maire socialiste de Fuenlabrada et principal opposant au centre. La droite me traite de raciste. Nous demandons, au contraire, de traiter ces jeunes comme des personnes et pas des numéros, de les installer par petits groupes dans de petites structures intégrées aux quartiers, pour qu’ils aient accès à des programmes socio-éducatifs. »
    « Il s’agira d’un centre de premier accueil pour des jeunes de 16 à 18 ans, où ils disposeront d’une aide médicale d’urgence, apprendront l’espagnol et pourront commencer une formation professionnelle, le temps que l’administration s’occupe de leurs papiers, rétorque Mme Valmaña. Ils n’y resteront que trois à cinq mois avant de rejoindre une structure plus petite et adaptée à l’insertion. » Les centres de la région de Madrid, selon l’élue, se trouvent à la « limite de leurs capacités », et le nombre de menas est passé de « 1 300 pris en charge sur toute l’année 2023 à 1 500 sur les six premiers mois de 2024 ». « Auparavant, l’Espagne n’était qu’une porte d’entrée en Europe, à présent, beaucoup viennent ici avec l’intention d’y rester », ajoute Mme Valmana.
    « Nous continuons à traiter un phénomène structurel, comme s’il s’agissait d’une situation d’urgence, regrette Andres Conde, directeur de Save the Children Espagne. Alors que nous avons besoin d’un mécanisme stable et d’une coresponsabilité de l’ensemble du territoire, nous voyons une utilisation politique du problème et une prolifération des discours haineux. Pourtant, selon les données de la police, rien ne permet de dire que les mineurs isolés commettent plus de délits que la population nationale du même âge. »
    Occupé à baisser l’auvent du bar Casa del Bacalao, sur la place de la mairie d’El Vellon, Anas, 18 ans et un visage encore enfantin, boucles noires et regard brillant, a quitté le centre de menas cette année, mais il est resté dans le village où il s’est fait une place. « C’est un gentil garçon », dit la responsable de la cuisine, Nina Carvalho, originaire du Portugal. Le jeune raconte le périple qui, il y a un an, l’a mené de son village, dans la région d’Agadir, aux Canaries, à bord d’un bateau pneumatique, à la recherche d’un « bon travail ». « Au Maroc, on est payé 5 ou 7 euros par jour, au mieux », dit-il.La traversée a duré trois jours avant qu’il n’accoste à Lanzarote. De là, il a été transféré au centre d’El Vellon. « Celui qui a mis le bazar en juin est parti, et depuis ça va mieux dans le village », dit-il, avant d’aller faire des livraisons avec un jeune Espagnol d’origine marocaine, Jawad Yahyaoui, 28 ans, qui l’a pris sous son aile. « Ce n’est pas facile d’arriver ici sans parents, sans famille, il n’y a rien dans ce village, pas même un centre commercial. Et ces jeunes veulent juste travailler… », assure-t-il.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les mineurs étrangers non accompagnés, si loin de leurs parents : « Je ne peux pas tout raconter à ma mère. Ça la tuerait »
    A ses côtés, Fouad, 21 ans, opine du chef. Lui a quitté le Rif marocain, il y a trois ans. « Je suis parti d’Alhucemas à bord d’un bateau gonflable et je suis arrivé à Malaga », après la traversée du détroit de Gibraltar, raconte-t-il. Il a tenté d’être pris en charge dans des centres pour mineurs en Andalousie et au Pays basque, bien qu’il soit majeur. Il a fini par arriver à El Vellon, où vit un oncle, et il fait des petits travaux de jardinage pour gagner sa vie. Quand il obtiendra des papiers, il retournera voir sa mère qui « pleure depuis trois ans » et cherchera un meilleur emploi, en Espagne ou en France.

    #Covid-19#migration#migrant#migrationirreguliere#espagne#maroc#senegal#mali#MNA#accueil#hebergement#routemigratoire#politiquemigratoire#sante

  • En Espagne, la répartition des mineurs non accompagnés brise les coalitions de la droite avec Vox
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/13/en-espagne-la-repartition-des-mineurs-non-accompagnes-brise-les-coalitions-d

    En Espagne, la répartition des mineurs non accompagnés brise les coalitions de la droite avec Vox
    Par Sandrine Morel (Madrid, correspondante)
    Il y a tout juste un an, quatre régions espagnoles viraient à droite à la faveur d’accords de coalition généralisés entre le Parti populaire (PP) et l’extrême droite Vox. La communauté de Valence, l’Estrémadure, l’Aragon et la Murcie suivaient ainsi le chemin tracé en 2022 par le gouvernement de Castille-et-Léon. S’y ajoutaient les Baléares, gouvernées en solitaire par le PP, mais soutenu au Parlement par un accord de législature avec Vox. Seules trois régions autonomes restaient aux mains du parti socialiste.
    Jeudi 11 juillet dans la soirée, l’expérience a tourné court. Le président du parti d’extrême droite, Santiago Abascal, a mis à exécution la menace qu’il brandissait depuis des jours : « sortir des gouvernements » de coalition avec le PP et leur « retirer leur soutien parlementaire ». « Nous ne serons pas les complices de l’immigration massive », s’est-il justifié, mettant en cause la décision du PP d’accepter la répartition de près de 350 mineurs étrangers non accompagnés (Menas) dans les régions qu’il gouverne. Une initiative destinée à décharger – légèrement – les centres d’accueil spécialisés des Canaries, débordés par l’afflux de migrants.
    Dans la nuit, tous les ministres régionaux de Vox ont démissionné, – ou ont été limogés de manière préventive par le PP –, à l’exception de l’unique représentant de l’extrême droite en Estrémadure, Ignacio Higuero de Juan, qui a préféré abandonner son parti. « Vox ne représente pas en ce moment mes idéaux », a déclaré ce ministre régional chargé de la gestion forestière et du monde rural. Ailleurs, la décision de Vox risque de plonger ces régions dans la paralysie et l’instabilité politique.
    En perte de vitesse depuis plus d’un an, Vox se trouve sous pression du fait de la montée d’un nouveau mouvement antisystème d’ultradroite mené par le youtubeur et commentateur politique Alvise Perez, La fête est terminée. Ce dernier a créé la surprise en obtenant 4,6 % des voix et trois sièges au Parlement européen en juin – deux fois moins que Vox – après avoir renchéri sur les thèmes fétiches de l’extrême droite. M. Perez qualifie Vox d’« extrême droite aisée ».Son irruption sur la scène politique n’est sans doute pas étrangère à la décision de Vox de redevenir un parti tribunitien, misant sur le durcissement d’un discours xénophobe et sécuritaire. « Nous ne serons pas complices des viols, des vols et des coups de machettes [des Menas] », avait déclaré M. Abascal le 8 juillet, n’hésitant pas à stigmatiser les mineurs isolés, l’une des cibles préférées de Vox, pour mieux menacer le PP de rupture. « Je n’accepterai le chantage de personne, avait répondu Alberto Nuñez Feijoo, le président du PP. Nous allons respecter nos obligations et nos engagements, et nous serons cohérents et solidaires avec la situation exceptionnelle que traversent les Canaries. » L’archipel espagnol situé au large des côtes du Sud marocain est la principale porte d’entrée des migrants en Espagne. Or, durant le premier semestre 2024, le nombre d’arrivées de migrants par mer a presque triplé par rapport au premier semestre 2023, passant de quelque 7 000 à plus de 19 000.
    « Nous sommes incapables de préserver les droits des enfants », a déploré Fernando Clavijo Batlle, le président du gouvernement des Canaries, le 10 juillet, lors de la réunion entre le gouvernement et les régions qui a permis de sceller le système de « répartition volontaire » des mineurs isolés. Selon le gouvernement canarien, les îles accueillent actuellement 5 600 enfants et adolescents non accompagnés, alors que leur capacité d’accueil se limite à 2000 places. Il demande donc le transfert sur la péninsule de 3 000 mineurs isolés.
    Cependant, le système espagnol ne permet pas au gouvernement de contraindre les régions autonomes, responsables des politiques sociales, à les accueillir. Le gouvernement indépendantiste de Catalogne a ainsi refusé tout transfert, alléguant que son système d’accueil des Menas est lui aussi débordé, avec plus de 2 300 mineurs isolés et anciens jeunes sous tutelle de moins de 23 ans. Le PP n’a lui accepté que 350 mineurs au total pour les dix régions qu’il gouverne, accusant le gouvernement de manquer de « politique migratoire ».L’exécutif, dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, espère néanmoins convaincre le PP de soutenir une réforme des lois d’immigration, afin que la répartition des mineurs au sein des différentes régions du royaume devienne obligatoire dès que les capacités d’accueil sur un territoire dépassent les 150 %. C’est le cas aux Canaries, mais aussi dans les villes autonomes de Ceuta et Melilla, enclavées sur la côte marocaine et confrontées elles aussi à la saturation de leurs structures d’accueil.

    #Covid-19#migration#migrant#espagne#MNA#canaries#maroc#immigration#migrationirreguliere#politiquemigratoire#sante

  • « Je ne veux pas rester ici » : en Bulgarie, des arrivées record de mineurs non accompagnés - InfoMigrants
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    « Je ne veux pas rester ici » : en Bulgarie, des arrivées record de mineurs non accompagnés
    Par Maïa Courtois Publié le : 13/06/2024
    Près de 4 000 mineurs isolés ont déposé une demande de protection en Bulgarie en 2023. Un record. L’immense majorité vient de Syrie et d’Afghanistan. Mais l’Etat bulgare peine à proposer des solutions à ces enfants, en dehors d’un hébergement dans des centres pour demandeurs d’asile, sans aucun suivi rapproché. Reportages à Sofia et Harmanli.
    Maïa Courtois, envoyée spéciale en Bulgarie
    Sur le bord d’une route nationale au bitume brûlant, sur laquelle les voitures défilent à toute vitesse, deux enfants sont assis. Protégé des regards par quelques arbres bordant un sentier herbeux, le plus petit des deux mange une glace. Le plus grand, S., a 15 ans. Plein d’énergie, il explique que le garçon à ses côtés, M., n’en a que 9.
    Devant eux : le centre d’Harmanli, petite ville de quelques milliers d’habitants, située à cinquante kilomètres de la frontière avec la Turquie. C’est le premier point d’arrivée en Bulgarie, porte de l’Europe, pour les exilés venant de Turquie. Derrière eux : le centre d’accueil et d’enregistrement pour les demandeurs d’asile, où S. et M. sont tous deux hébergés.
    Comme l’immense majorité des demandeurs d’asile se trouvant actuellement à Harmanli, S. et M. sont Syriens. « Ici, dans ce centre, la situation est bonne », glisse S., juste avant que M., qui a peur d’en dire davantage à des inconnus, ne lui suggère de décamper. En une seconde, les deux petits s’évaporent, non sans un geste d’au revoir et de larges sourires.
    Mi-mai, les autorités bulgares ont inauguré une nouvelle zone d’accueil, entièrement dédiée aux mineurs non-accompagnés et aux familles, dans l’enceinte du centre de Harmanli. Géré avec l’aide du Haut commissariat pour les réfugiés des Nations Unies (HCR) et de l’Unicef notamment, cette zone a une capacité d’accueil de 98 personnes. Malgré nos demandes adressées au responsable du centre de Harmanli, nous n’avons pas eu l’autorisation d’y entrer.
    Cette inauguration répond à un besoin urgent : les arrivées de mineurs non-accompagnés sont en hausse. 2023 a été une année record. Sur les 22 518 demandes d’asile enregistrées par les autorités bulgares, près de 4 000 émanaient de mineurs isolés. L’année précédente, en 2022, ils étaient déjà près de 3 300.
    « L’âge de ces mineurs que nous accompagnons a également chuté en 2023 », observe Diana Radoslavova, coordinatrice de Voice in Bulgaria, qui évoque des enfants seuls d’à peine 13 ans. Une centaine de mineurs isolés arrivés en 2023 a en effet moins de 14 ans. Cette ONG a mis en place un Centre d’aide juridique, dont les permanences se tiennent dans un bureau à Sofia, la capitale du pays, pour appuyer les exilés, y compris les mineurs isolés, dans leur demande de protection internationale.
    Entre janvier et avril 2024, d’après les dernière statistiques de la State Agency for Refugees (la division ministérielle en charge des demandeurs d’asile et réfugiés), 358 mineurs non accompagnés sont arrivés en Bulgarie et y ont demandé une protection. Plus de la moitié (191) viennent de Syrie. La seconde nationalité la plus importante : les Afghans. Suivis des mineurs égyptiens et, à la marge seulement, des enfants marocains, irakiens et pakistanais.
    Les enfants afghans sont hébergés, eux, plutôt à Sofia. Tout un étage du centre d’accueil et d’enregistrement de Voenna Rampa, en périphérie de la capitale, est réservé à ces mineurs non-accompagnés. Pour y accéder, les transports en commun sont rares et distants. Il faut cheminer plusieurs dizaines de minutes entre les entrepôts logistiques, les poids lourds plein de rouille et les décharges de ferraille d’une zone industrielle.
    Sur cette route peu hospitalière, Shahzada, 17 ans, et Khan Agha, 16 ans, marchent d’un bon pas. C’est l’heure pour eux de rejoindre la distribution du repas à l’intérieur du centre, sac plastique dans les mains. Khan Agha a quitté son pays, l’Afghanistan, il y a un an et demi. Puis il a passé plus d’un an en Turquie : « Je travaillais dans une petite ville turque, dans une usine, pour gagner ma vie et payer le passeur ». C’est aussi le cas de son ami Shahzada, parti sur les routes plus tôt, et arrivé six mois avant lui sur le territoire turc.
    « Soit on reste ici, soit on reprend notre route » vers l’Europe de l’ouest.
    (...) Khan Agha assure avoir réussi à passer de la Turquie vers la Bulgarie « sans difficulté ». Shahzada ne peut pas en dire autant : la première fois qu’il a tenté de passer, début 2024, « les garde-frontières bulgares m’ont arrêté et refoulé. Ils ont pris mon portable et mon argent ». La seconde tentative fut la bonne. Les deux jeunes hommes sont sur le territoire bulgare depuis une dizaine de jours seulement. Leur plan pour la suite ? « C’est 50/50. On ne s’est pas encore décidés : soit on reste ici, soit on reprend notre route » vers un pays plus à l’ouest de l’Europe, confient-ils, un peu perdus.
    Ici, au centre de Voenna Rampa, le troisième étage, donc, est entièrement dédié à l’hébergement des mineurs. « Il y a beaucoup d’Afghans. Le repas n’est pas mal, c’est suffisant », décrivent les deux jeunes sans se plaindre.Chaque fin d’après-midi, à 18 heures, les portes du centre se ferment. Elles ne rouvriront qu’à 9 heures le lendemain matin.
    Alors en cette fin de matinée, certains jeunes ont besoin d’aller prendre l’air. Comme Kamran, 17 ans, qui vient de sortir du centre avec deux amis, juste pour faire un tour. Lui aussi se trouve à Sofia depuis une dizaine de jours. Il a quitté l’Afghanistan fin 2022, avant de passer plus de huit mois en Turquie. En revanche, de son côté, aucune hésitation : « Je ne veux absolument pas rester en Bulgarie. Je veux aller en Allemagne. Puisque je suis mineur, on ne va pas me renvoyer ici », espère-t-il. Kamran n’est pas du tout à l’aise avec les conditions de vie à Voenna Rampa. « Le repas qu’on nous donne ici n’est ni bon ni suffisant. C’est ce qu’on donne aux prisonniers. » Surtout, il se sent mal accompagné : « Il y a un médecin, mais qui prescrit un seul médicament pour toutes sortes de douleurs. »
    Malgré nos sollicitations, l’accès à Voenna Rampa nous a aussi été refusé : « Aucun journaliste ni aucune caméra n’est autorisé à entrer dans le centre », nous fait savoir l’agent de sécurité, qui contrôle fermement les entrées et sorties.
    « Ces centres devraient être la dernière option pour ces enfants », fustige Diana Radoslavova, de Voice in Bulgaria. « Surtout les plus jeunes qui ont autour de 13 ans, voire en-dessous, 10 ans... Pour eux, nous devrions mobiliser le système de protection de l’enfance bulgare, et seulement en tout dernier recours les placer dans ces centres ». Or, très peu de mineurs isolés accèdent au dispositif national de protection de l’enfance. Les places sont rares, une fois les enfants bulgares pris en charge. Plusieurs ONG intensifient cette année leur travail de sensibilisation auprès de familles d’accueil bulgares, pour répondre au manque de solutions. « Personne ne veut d’eux », déplore Diana Dimova, responsable de l’ONG Mission Wings basé à Harmanli, qui organise des activités ludiques et sportives pour les enfants du centre. « Souvent, nous créons ici un lien avec des enfants qui, quelques mois après, disparaissent dans la nature. Nous perdons leur trace. Il est arrivé que l’on apprenne plus tard que certains sont morts plus loin, seuls, à une autre frontière. C’est le sujet le plus douloureux pour moi ».

    #Covid-19#migrant#migration#bulgarie#routemigratoire#MNA#sante#santementale#droit#enfance

  • Mineurs isolés : 27 organisations saisissent le Conseil d’État pour non-respect de la Convention des droits de l’enfant - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57066/mineurs-isoles--27-organisations-saisissent-le-conseil-detat-pour-nonr

    Mineurs isolés : 27 organisations saisissent le Conseil d’État pour non-respect de la Convention des droits de l’enfant
    Par La rédaction Publié le : 14/05/2024
    Vingt-sept organisations ont décidé de saisir le Conseil d’État pour contraindre la France à respecter la Convention internationale des droits de l’enfant. En janvier 2023, l’ONU avait estimé que la France avait violé plusieurs dispositions de cette Convention. Les organisations déplorent que rien n’ait été fait depuis pour y remédier. Des refus de prise en charge par les départements, des documents d’état civil écartés, une absence de représentant légal... Mardi 14 mai, 27 organisations ont annoncé avoir saisi le Conseil d’État pour contraindre la France à respecter les dispositions de la Convention des droits de l’enfant dans l’accueil des mineurs isolés.
    Parmi ces organisations figurent la Fondation Abbé Pierre, la Ligue des droits de l’Homme, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières, le Secours Catholique Caritas France, le syndicat de la Magistrature, Unicef France ou encore la Cimade.
    Le 25 janvier 2023, le Comité de l’ONU pour les droits de l’enfant a estimé que la France avait violé plusieurs dispositions de cette Convention, notamment en évaluant sommairement l’âge des mineurs étrangers et en les laissant sans protection adéquate. Il avait demandé à Paris de prendre les mesures nécessaires dans un délai de 180 jours."Malgré les demandes formulées par l’ONU et relayées à de nombreuses reprises par nos organisations, aucune mesure n’a été prise par le gouvernement", dénoncent les associations.Au contraire, selon elles, les violations « s’amplifient et s’aggravent ». Ces derniers mois, « plusieurs conseils départementaux ont ainsi décidé, en toute illégalité, de suspendre l’accueil et la prise en charge de nouveaux mineurs non accompagnés », soulignent-elles.
    « Les documents d’état civil présentés par les enfants pour attester de leur minorité sont souvent écartés ou jugés insuffisants, sans pour autant que leur soit proposée une aide pour récupérer des actes valides auprès des autorités de leur pays », notent-elles. Et « contrairement aux exigences des textes internationaux, la France persiste à ne pas désigner de représentant légal chargé de les assister durant toute la procédure »."Cette situation est source de grande insécurité pour ces enfants" et « conduit à les écarter des dispositifs de protection », déplorent les associations.
    Les besoins essentiels de ces jeunes ne sont même pas toujours satisfaits. « Des centaines d’enfants et adolescents continuent d’être laissés à la rue pendant plusieurs mois entre la décision de refus de protection des départements et celle du juge des enfants qui reconnaît finalement leur minorité et leur isolement », dénoncent ainsi les organisations. Selon une enquête menée par la Coordination nationale jeunes exilés en danger (CNJED) auprès d’une centaine d’associations et collectifs actifs dans 83 départements, « au moins 3 477 jeunes isolés étrangers » seraient en cours de procédure pour faire reconnaître leur minorité en France. Et parmi eux, plus d’un tiers, au mois de mars, étaient à la rue sans aucune solution de logement.
    À Paris, depuis le début du mois d’avril, environ 250 mineurs non accompagnés en recours occupent la maison des Métallos, un établissement culturel parisien. Ils réclament des hébergements durables, l’accès à la scolarité et dénoncent, comme de nombreuses associations, le « nettoyage social » à l’approche des Jeux olympiques. Certains de ces jeunes sont actuellement hébergés dans des gymnases de la capitale mais doivent prochainement être transférés vers des « sas régionaux ».De son côté, Action contre la faim (ACF) a fait, fin 2023, le constat que ces jeunes souffraient de la faim. Dans une enquête réalisée auprès d’une centaine de jeunes exilés étrangers pendant 4 jours en octobre et novembre 2023, au sein de 4 dispositifs fréquentés par les jeunes à Paris : la Halte Humanitaire (1er), le Coucou Crew (18e), la permanence inter-asso- ciative du mercredi matin au jardin Pali Kao (20e), et la permanence d’Utopia 56 à l’Hôtel de ville (1er), l’ONG a constaté que plus de la moitié des jeunes interrogés par ACF (53 %) étaient en situation de « faim sévère » et 39 % en situation de faim modérée. Seuls 8 % des jeunes ont déclaré n’avoir que peu ou pas faim.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mineur#MNA#CIDE#ONU#convention#droisenfants#conseildetat#sante

  • More than 50,000 unaccompanied child migrants went missing in Europe : Survey

    Highest number in Italy with nearly 23,000, notes Lost in Europe project

    More than 50,000 unaccompanied child migrants went missing after arriving in Europe, a survey by a European journalism project revealed Tuesday.

    “Italy has the highest number of registered missing unaccompanied minors, with 22,899, followed by Austria (20,077), Belgium (2,241), Germany (2,005), and Switzerland (1,226),” according to the Lost in Europe project, which gathered data from 13 European countries from 2021 - 2023.

    It said the number of missing children may be even higher because data is often unreliable and incomplete, and many European countries do not collect data on missing unaccompanied minors.

    “These shocking findings underscore the seriousness of the issue, with thousands of children missing and their whereabouts unknown,” it said.

    Aagje Ieven, head of Missing Children Europe, said, “The increased number of reports on missing unaccompanied minors serves as a sharp reminder of the giant iceberg that looms beneath the surface.”

    https://www.aa.com.tr/en/europe/more-than-50-000-unaccompanied-child-migrants-went-missing-in-europe-survey/3206605

    #disparitions #MNA #mineurs_non_accompagnés #enfants #enfance #migrations #asile #réfugiés #Italie #Autriche #Belgique #Allemagne #Suisse

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    A mettre en lien avec les statistiques et chiffres des « enfants réfugiés disparus en Europe » —> l’exemple d’Ancona montre les raisons des départs de #MNA des centres d’accueil en Italie :
    https://seenthis.net/messages/714320

  • How European countries wrongfully classify children seeking asylum as adults

    Thousands of children seeking protection in Greece, Italy, and the UK have likely been registered as adults – a failure with serious consequences.

    In July 2015, a Gambian teenager named Omar boarded a dinghy in Libya and crossed the Mediterranean Sea. Hours after landing in Italy, he was accused of steering the boat and arrested for people smuggling – a charge levelled against many asylum seekers and migrants attempting to reach Europe.

    Omar, whose name has been changed to protect his identity, told Italian authorities that he was 16 – a minor. But they didn’t believe him and X-rayed his hand and wrist to determine his age. Based on the results of the medical exam, authorities determined Omar was over 18.

    The exam that was used can have a margin of error of over two years, and many medical organisations believe it to be inaccurate. But it is still administered in numerous European countries.

    Omar was sent to Pagliarelli prison, the largest adult carceral facility in Sicily, to await trial. After months being there, he was able to connect with a lawyer, Cinzia Pecoraro, who had successfully defended other detainees facing smuggling charges.

    “You could see from his face he was a child,” Pecoraro, reflecting on her first visit to see Omar, told Solomon. “You can’t stay here,” she remembers telling him.

    But by the time Pecοraro was able to prove Omar was a minor, he had already spent a year in adult prison. Nearly a decade later, “he remains traumatised,” Pecoraro said. “He stutters, and he’s afraid of everything.”

    Omar’s case isn’t isolated. Solomon and The New Humanitarian spent more than six months investigating the wrongful classification of asylum seeking minors as adults in Greece, Italy, and the UK, speaking to over 30 lawyers, doctors, and human rights advocates, and analysing court documents and reports. The reporting showed that:

    - Unaccompanied children seeking asylum in all three countries have been repeatedly classified as adults, including by border security force officials who sometimes arbitrarily decided the age of asylum seekers;

    - The assessment systems that are used to determine people’s ages are unreliable, poorly implemented, and often violate the legal rights of children;

    - And that systemic issues – including a lack of qualified interpreters – makes it difficult for children who are wrongfully qualified as adults to appeal their cases.

    ‘Consequences can be disastrous‘

    Every year, tens of thousands of children undertake dangerous journeys to Europe on their own, often in search of safety or to reunite with relatives. In 2023, more than 41,500 unaccompanied children applied for asylum in EU countries.

    Over the past decade, that number has ebbed and flowed, along with the overall number of asylum seekers reaching Europe, from a low of around 13,500 in 2020 to a high of nearly 92,000 in 2015. In the UK, out of around 75,000 asylum applications submitted last fiscal year (ending in October), around 4,600 came from unaccompanied minors.

    It is difficult to know how many children have been wrongfully classified as adults because many cases are never documented.

    Italy does not collect data on the number of age classification cases that have been challenged and overturned. Numerous requests by Solomon and The New Humanitarian to the Greek Ministry of Migration and Asylum for data have gone unanswered. A document provided by the ministry to the Greek parliament, however, said that, between the end of April 2021 and the end of March 2023, there were 1,024 age dispute cases. In 37% of these cases, the people involved were found to be children.

    Meanwhile, in the UK, between the start of 2020 and September 2023, there were 9,681 age dispute cases. In 55% of these, the people were found to be children.

    The stakes for children when are high. Obtaining an accurate age assessment can make the difference between having access to shelter or being forced to live on the streets and between gaining legal status or being deported.

    Like Omar, other children wrongfully classified as adults have been tried in the adult criminal justice system.

    In one high-profile case, six young Afghan asylum seekers were accused of starting the fire that burned down the notorious Moria refugee camp on the Greek island of Lesvos in September 2020. Two of them were already registered as minors. Three of the other four said they were under 18, but were tried as adults after being given an age assessment exam. They were convicted and sentenced to 10-year jail terms.

    Last month, a judge in an appeals case found the three of the defendants who said they were minors were in fact under 18 at the time of the fire and that the age assessment exam they had been given had not followed procedures. The judge declared a mistrial, and the three defendants will now be tried again as minors. They have been released from prison – although they are barred from leaving Greece – as they await their new trial, but only after spending three and a half years in a prison for inmates between the ages of 18 and 25.

    In general, children being incorrectly classified as adults during trials leads to harsher sentences, and time spent in adult prisons increases the likelihood of them being exposed to violence and abuse.

    Outside the criminal justice system, children wrongfully classified as adults are also denied rights, such as access to education, and face bureaucratic barriers to reuniting with family members in other European countries.

    “These consequences can be disastrous,” Monica Mazza, a psychologist based in Turin, Italy and a member of the Italian Society of Migration Medicine, told Solomon. “They can affect [minors] for long periods of their life.”
    ‘There’s bias built into the system’

    The problem of minors being classified as adults is a symptom of often overburdened and under-resourced asylum systems in EU countries and the UK, according to some of the experts Solomon spoke to.

    Governments say that they use age assessments to protect minors and to prevent adults from pretending to be children to try to gain easier access to legal status, protection from deportation, and better services. But some experts say the dysfunction of asylum systems – which in many places (including the UK, Italy, and Greece) are being made increasingly draconian as a strategy to try to deter migration – creates an incentive for some people to try to game the system.

    “If you know that after turning 18 you’re screwed, then you do anything to remain 17 your whole life,” said Nikolaos Gkionakis, a psychologist and co-founder of Babel Day Center, which provides mental health services to asylum seekers and migrants in Athens, Greece.

    At the same time, minors also sometimes claim to be adults, according to lawyers Solomon spoke to, especially when they have relatives in other European countries and want to avoid getting stuck in formal family reunification processes that often move at a glacial pace. “They know they’d end up stuck in a childcare facility,” Rosa Lo Faro, a lawyer who works with asylum seekers and migrants in Catania, Italy, said.

    Underaged girls who are victims of human trafficking are also often forced by traffickers to claim that they are over 18 so they don’t end up in the more robust child protection system. “This is why an accurate age assessment process is important,” Mazza, the Turin-based psychologist, added.

    At best, however, the evaluation methods EU countries and the UK rely on when doubts are raised to determine people’s age have their limitations. At worst, they are fundamentally flawed.

    With hundreds of thousands of people applying for asylum each year, accurately categorising applicants as adults or children, and channelling them into the corresponding system, presents a significant challenge. A few countries (including the UK, Serbia, and Ireland), have relied on visual and biographical age assessments to do this. But many European countries (including Italy and Greece), frequently use medical testing, despite numerous warnings from experts and medical associations that they are inaccurate and unethical.

    “There is no scientific test that can be used to tell you precisely how old a child is in terms of looking at their age for immigration and asylum purposes,” says professor Andew Roland, a consultant in paediatric emergency medicine and officer for child protection at the UK’s Royal College of Paediatrics and Child Health. “The methods that have been proposed to be used in this age assessment process, the answer that they give is often an age range.”

    One of the most commonly used methods – which was used on Omar – is a bone age assessment done by x-raying the hand and wrist using the Greulich-Pyle atlas. Developed in the 1950s using data gathered from Caucasian children, the test doesn’t take ethnicity or other variables, such as socioeconomic background and nutritional status, into account.

    “It’s important to know that there’s bias built into the system,” Ranit Mishori, a senior medical advisor for Physicians for Human Rights who has written about the inaccuracy of medical age assessments, told Solomon.

    In 2018, the European Society of Pediatric Radiology recommended against using the Greulich-Pyle atlas, as well as other bone measurement methods, as age assessment tests. Despite this, the Greulich-Pyle atlas continues to be widely used.

    In 2019, the World Medical Association (WMA) released a statement recommending that “medical age assessments only be carried out in exceptional cases and only after all non-medical methods have been exhausted”.

    “There is conflicting evidence about the accuracy and reliability of the available methods of age assessment, which may generate significant margins of error,” the statement said.

    Countries like Italy and Greece, however, continue to use medical age assessments as the primary method to determine the age of minors.
    ‘Without observing basic fairness’

    In addition to concerns about the accuracy of tests, authorities often disregard laws on how age assessments are supposed to be conducted.

    In Greece and Italy, medical testing is only supposed to be conducted after a psychosocial assessment by social workers, child psychologists, and neuropsychiatrists. But lawyers and NGO workers said this step is often skipped in both countries.

    In Greece, this is often due to a shortage of qualified professionals. In 2021, for example, age assessments on the island of Lesvos were suspended for six months because of a lack of qualified personnel. During this time, people who said they were minors but were not believed by authorities were placed in tents with hundreds of adults at the reception centre on the island.

    One Afghan asylum seeker who claimed to be 16 was placed in a tent with 180 men where he was threatened with rape before eventually being attacked with a knife in the toilets.

    In Italy, a recent report found that out of 102 local health authorities (the main institutions that conduct age assessments), only 29 implemented a 2017 law aimed at improving the asylum system for children, which included a more comprehensive age assessment procedure involving a social worker and a psychological or neuropsychiatric evaluation. Instead, most still use age assessments that heavily rely on medical exams.

    In addition to the Greulich-Pyle atlas, Italy is one of several countries – including Germany, Austria, and Croatia – that still uses highly intrusive sexual maturation genital exams to determine age. “A minor can decide not to do it, but he could be declared over eighteen,” Alice Argento, an Italian immigration lawyer, said.

    In the UK, where authorities have relied almost exclusively on visual and psychosocial age assessments in recent years, issues have still arisen.

    On 14 December 2020, an asylum seeker – who is referred to as MA in court documents – arrived in the UK in the back of a lorry after being separated from his mother. Police picked him up at a gas station in the middle of the night after he asked for help. His age assessment happened at noon the following day. Lasting just 42 minutes, the assessment concluded he was 20 years-old – despite his claims that he was 16.

    “I had only just arrived and I was very tired and so I was not certain of what happened or what was said,” MA said in a witness statement. “The interpreter was there, but they were only on the phone and there was no one there to look out for me, just the two people who were asking me many questions. It was a very difficult experience.”

    MA ended up spending three days in an immigration removal centre before being sent to an accommodation for adult asylum seekers. According to his lawyers, he wasn’t given a copy of his age assessment or made aware that he could challenge the result.

    In June 2022, a High Court judge noted that MA had been given an age assessment that was unlawful. “Hundreds of children were subject to this guidance and age disputed under a truncated process that operated without observing basic fairness or providing young people with an appropriate adult,” MA’s lawyers said in a statement.
    ‘Life changing implications’

    Under a legal principle called favor minoris (favouring the minor) international law requires that asylum seekers who declare themselves to be under 18 should be treated as minors until their age can be confirmed. This principle is often disregarded.

    In Greece, for example, children spent months stranded in camps for adults. “Through correspondence with the authorities, we found out that the presumption to minority was not applied in cases where minors who were wrongly registered as adults were waiting for the age assessment results,” said Dimitra Linardaki, who works with the NGO Fenix.

    In Italy, “there is no favor minoris”, immigration lawyer Nicola Datena said. Instead of being protected, children are often left at the mercy of a system that questions them, he added.

    Unaccompanied minors often don’t know that they can challenge an age misclassification, and they struggle to access quality legal representation. The onus for overturning an incorrect age classification is almost entirely on the children, according to experts. And lawyers in Italy said that authorities sometimes intentionally register minors as adults to allow them to be deported. The Italian Ministry of Interior has not responded to The New Humanitarian’s request for comment on this allegation.

    As political attitudes toward migration in Europe continue to shift rightward, there is little sign of governments being interested in improving or replacing current age assessment systems, despite the clearly documented problems. In fact, in the UK, as part of its efforts to crack down on migration, the government has announced that it intends to introduce medical age testing.

    While the flaws in current approaches are apparent, the question remains: what would a better system look like?

    Some medical associations advocate for the use of multiple assessment tools, combining psychosocial and medical exams that involve X-rays and CT scans. But other medical experts worry about the risks associated with exposing children to radiation. “You have to balance the risks of these exams with the benefits. And all this radiation really kind of gives me a pause,” said Mishori from Physicians for Human Rights.

    “These decisions that have been taken have absolutely life changing implications for some of the most vulnerable young people in our society,” said Roland, from the UK’s Royal College of Paediatrics and Child Health. “To base some of those decisions on unspecific scientific outcomes, to expose those young people to radiation – it really is not ethically acceptable; it’s not scientifically robust.”

    Overall, the flaws in age assessment systems are reflective of the problems within European asylum systems as a whole, lawyers, researchers, and migration experts said. With the focus on reducing migration rather than providing people protection, “what’s missing is the willingness to do a good job,” Argento said.

    https://wearesolomon.com/mag/focus-area/migration/how-european-countries-wrongfully-classify-children-seeking-asylum-as-
    #enfants #enfance #asile #migrations #réfugiés #Grèce #Italie #UK #Angleterre #âge #MNA #mineurs_non_accompagnés #test #test_osseux #estimation

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    sur les tests osseux pour déterminer l’âge, voir aussi :
    – la position de la Société Suisse de Pédiatrie : https://asile.ch/2017/05/29/position-de-societe-suisse-de-pediatrie-determination-de-lage-jeunes-migrants
    – la position des Sociétés Suisses de Radiologie Pédiatrique (SSRP) ainsi que d’Endocrinologie et Diabétologie Pédiatriques (SSEDP) : https://asile.ch/2016/09/01/paediatrica-lage-osseux-ne-permet-de-determiner-lage-jeunes-requerants-dasile

  • « Ils sont à la rue » : 116 jeunes migrants en recours expulsés d’un gymnase à Toulouse - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55547/ils-sont-a-la-rue--116-jeunes-migrants-en-recours-expulses-dun-gymnase

    « Ils sont à la rue » : 116 jeunes migrants en recours expulsés d’un gymnase à Toulouse
    Par Maïa Courtois Publié le : 01/03/2024
    À l’aube, ce vendredi, 116 jeunes migrants ont été expulsés du gymnase Saint-Sernin de Toulouse où ils avaient trouvé refuge. Auparavant, ces derniers avaient déjà été évacués par la préfecture d’un bâtiment universitaire. Considérés ni mineurs ni majeurs par l’administration, la plupart sont en recours pour faire reconnaître leur minorité. Les bénévoles peinent depuis de longs mois à obtenir leur mise à l’abri. L’expulsion du gymnase Saint-Sernin à Toulouse a débuté un peu avant 6 heures du matin, ce vendredi 1er mars. Pas moins de 116 jeunes exilés y étaient abrités et accompagnés par des associations et citoyens solidaires. « La police a été aperçue vers 5h30 dans le quartier, donc on a été prévenus. Les jeunes se sont réveillés dans le calme, ils ont rassemblé leurs affaires », raconte Fred, membre du collectif toulousain AutonoMIE.Une trentaine de CRS accompagnés de la police aux frontières (PAF) ont mené l’opération. Les forces de l’ordre « ont défoncé la porte arrière du gymnase avec un bélier. Sachant que la porte de devant était ouverte... Ils n’avaient pas besoin de faire ça », soupire Fred.
    La préfecture de Haute Garonne évoque, elle une « opération, qui a duré 45 minutes et qui s’est déroulée dans le calme et sans heurt » dans son communiqué paru ce vendredi. Objectif : « empêcher que ce bâtiment public, qui n’est pas destiné à de l’hébergement, ne devienne un squat pérenne dans des conditions de sécurité et de salubrité indignes. Il va pouvoir retrouver sa fonction première », justifie la préfecture.Cet après-midi, les bénévoles ont réussi à négocier un accès au gymnase pour récupérer les affaires restantes : duvets, papiers d’identité, vêtements... Depuis une semaine, la centaine de jeunes exilés avait trouvé refuge dans ce gymnase appartenant à la mairie.
    La collectivité avait saisi un juge des référés dès samedi dernier, à leur arrivée, en vue d’une expulsion. Le tribunal administratif lui a donné raison, en ordonnant, mercredi, une évacuation « sans délai ». Le juge des référés a considéré que « l’occupation en cause faisait obstacle (...) à l’utilisation normale » de l’infrastructure sportive.
    Les jeunes ont donc été sortis, ce vendredi, « par petits groupes, autour de la place, pour éviter qu’ils ne se rassemblent », raconte Fred. « Ils sont à la rue, pour l’instant. Et on ne se fait pas d’illusion : si on appelle le 115 pour cent personnes, on ne leur trouvera jamais de place ». Pour l’heure, aucune opération de mise à l’abri n’a été déployée. La préfecture affirme dans son communiqué que « l’ensemble des occupants du squat de l’université avaient fait l’objet in situ d’une évaluation individuelle des services de l’État et du conseil départemental » et que les personnes mineures se seraient déjà vues proposer un hébergement.Elle justifie donc, en ce qui concerne le gymnase : « Dans la mesure où ce sont les mêmes personnes (...) Elles ne peuvent prétendre à aucune une prise en charge immédiate ».
    Ce « squat de l’université » que mentionne la préfecture correspond en fait à la précédente occupation, juste avant celle du gymnase.
    Pendant plus d’un an, un bâtiment de l’université Paul-Sabatier avait été occupé par ces jeunes exilés. 267 occupants en avaient été expulsés le 23 février. Une partie s’était donc installée, dès le lendemain, dans le gymnase.Pour mieux comprendre la situation, il faut rappeler que l’immense majorité des jeunes - ceux de l’université, comme ceux du gymnase -, sont en recours pour faire reconnaître leur minorité. Ils sont en attente d’une décision du juge des enfants, après un premier refus de la DDAEOMI, le dispositif d’évaluation départemental, délégué à l’ANRAS (Association nationale de recherche et d’action sociale).Une telle procédure de recours implique plusieurs mois d’attente. Or, durant ce laps de temps, les jeunes restent « très souvent en errance, sans hébergement ni prise en charge éducative, dans l’attente du prononcé de la décision du juge des enfants », expose la Défenseure des Droits dans un rapport sur les MNA paru en février 2022.
    Il n’existe pas, en effet, d’obligation pour le département de garder ces jeunes à l’abri le temps du recours. D’où l’argumentaire de la préfecture. À noter : entre l’expulsion de l’université et celle du gymnase, « au moins un jeune a été reconnu mineur par le juge des enfants », et donc envoyé vers un hébergement dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance, souligne Fred.
    Lors de l’expulsion de l’université le 23 février, six jeunes avaient été, à l’inverse, envoyés « au Centre de rétention administrative en vue de leur reconduite dans leur pays d’origine », rapporte le communiqué de la préfecture de ce vendredi. Ce que les autorités oublient de préciser, c’est qu’entre-temps, ces jeunes envoyés en CRA « ont tous été libérés en raison d’une faute de procédure lors des contrôles de police », retrace encore Fred.Ce vendredi, plusieurs jeunes du gymnase ont été, eux, emmenés dans les locaux de la Police aux frontières pour approfondir les contrôles. « Au moins l’un d’eux a, depuis, été libéré », précise Fred.
    Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (DVD) a salué « l’efficacité » de l’action des forces de l’ordre de ce vendredi, tout en reconnaissant que « le problème de fond reste entier », sur son compte X (ex-Twitter). La faute, selon lui, aux bénévoles : « Nous subissons en continu des squats organisés par certains réseaux très militants, sous couvert associatif, qui se servent de la misère de leurs occupants pour les manipuler à des fins politiques, à travers des occupations successives d’immeubles privés ou de bâtiments publics ».En réalité, l’entre-deux administratif dans lequel se trouve ces jeunes, considérés ni mineurs ni majeurs, créé un cycle ininterrompu d’expulsions. « En permanence, c’est la même problématique », s’exaspère Fred.
    Avant l’occupation de l’université, 141 jeunes sans solution d’hébergement avaient survécu plusieurs semaines dans un campement aux abords du palais de justice de Toulouse. Jusqu’à leur évacuation en septembre 2022.
    Un « dispositif d’évaluation et d’intervention » avait été déployé par la préfecture pour réorienter ces jeunes. 137 mineurs en recours auprès du juge des enfants - une situation similaire à celle d’aujourd’hui, donc -, avaient été orientés vers des centres d’hébergement.Preuve que les collectivités peuvent agir pour de la mise à l’abri. D’autant qu’il existe un historique important, à Toulouse : pendant deux ans, une centaine de jeunes avait trouvé refuge dans les bâtiments de l’Ehpad des Tourelles. Un accord-cadre, signé en février 2020 avec la mairie qui finançait le lieu, avait permis leur hébergement. Mais à cause de conditions d’accueil dégradées amenant des incidents, la collectivité avait fait volte-face et demandé une expulsion, mise en oeuvre par la préfecture en août 2022.Antoine Bazin, coordinateur programme et actions mobiles de Médecins du Monde, avait alors regretté auprès d’Infomigrants la perte « d’un lieu unique où il y avait des mineurs isolés au même endroit ». Le responsable craignait de « perdre le fil avec certains jeunes qu’on ne va pas forcément retrouver », suite à cette évacuation propice à « briser des parcours de soin déjà précaires ». (..).

    #Covid-19#migrant#migration#france#mineur#sante#DDAEOMI#PAF#MNA#accueil

  • Les mineurs étrangers non accompagnés, si loin de leurs parents : « Je ne peux pas tout raconter à ma mère. Ça la tuerait »
    https://www.lemonde.fr/intimites/article/2024/01/20/les-mineurs-etrangers-non-accompagnes-si-loin-de-leurs-parents-je-ne-peux-pa

    Les mineurs étrangers non accompagnés, si loin de leurs parents : « Je ne peux pas tout raconter à ma mère. Ça la tuerait »
    Par Audrey Parmentier
    Patrice, 17 ans, est fier de présenter l’appartement où il a été placé, dans le 19e arrondissement de Paris : « Ici, c’est la chambre d’un Malien, là celle d’un Ivoirien et voici ma chambre. » L’adolescent camerounais, qui (comme tous les autres mineurs interrogés) a décidé de ne pas dévoiler son identité, montre une pièce ordonnée à la décoration sommaire. Posée sur son bureau dégagé, une pochette bordeaux. A l’intérieur, une boîte d’antidépresseurs. « C’est le psychiatre qui me les a prescrits. »
    Celui qui suit une formation de menuiserie a traversé de nombreuses étapes avant d’arriver à Paris. S’il a quitté le Cameroun, c’est pour une seule personne : sa mère malade. « Elle vendait des beignets dans la rue, elle s’est intoxiquée avec la fumée », relate ce mineur non accompagné (MNA) arrivé en France en mai 2022. A Douala, capitale économique, son père tenait le foyer à bout de bras. « Il est mort il y a trois ans à cause d’une maladie à l’estomac. » Patrice gagnait un peu d’argent pour nourrir sa mère et son frère jumeau : il portait les sacs des clients dans les supermarchés contre une poignée de francs CFA. Une rémunération insuffisante qui l’a poussé à traverser la frontière sans prévenir sa famille.
    « Ma mère n’aurait jamais accepté que je parte », confie Patrice. Sa vie, il l’avait d’abord imaginée au Nigeria, où il est resté deux jours avant de marcher vers l’Europe : Niger, Algérie puis Libye. Assis sur son lit, le jeune homme raconte son calvaire à Tripoli : il y est fait esclave et emprisonné à deux reprises. « Ces choses sont trop douloureuses, je ne peux pas les raconter à ma mère. Ça la tuerait. » La veille, Patrice lui a encore envoyé de l’argent : « Mon éducatrice me conseille de tout garder, mais je ne veux pas. Ce n’est pas grave si je ne mange pas. » De la précarité qu’il connaît à Paris, sa mère ne saura rien. « Ici, c’est pire que la Libye. Quand tu arrives en France, tu penses que le cauchemar s’arrête, mais non. »
    A son arrivée dans la capitale, Patrice est évalué par le Département, qui refuse sa prise en charge, estimant que le jeune homme n’est pas mineur. Sans ressources, Patrice vit plusieurs mois dans le bois de Vincennes, le temps de former un recours devant le tribunal des enfants. En octobre 2022, il est placé par l’aide sociale à l’enfance (ASE). D’abord dans un hôtel à Châtillon (Hauts-de-Seine), puis dans cet appartement, en septembre 2023.
    Un parcours similaire à celui d’une grande majorité des mineurs non accompagnés. En attendant une date d’audience pour la reconnaissance de leur minorité, et ainsi leur prise en charge par l’ASE, ils subissent la précarité et dorment dehors. « Je mentais à ma famille, car la vérité était trop dure. Je disais que je mangeais à ma faim et que je dormais dans un lit », se souvient Thierno (prénom modifié), 17 ans, maintenant placé dans un foyer de l’ASE des Yvelines.
    Cacher la vérité permet de camoufler une désillusion amère : « Quand j’étais au pays, je voyais les choses en grand. Aujourd’hui, je me rends compte que les professeurs de géographie nous ont menti. » Le jeune homme guinéen a longtemps rêvé d’Europe. C’est d’ailleurs pour rejoindre le « Vieux Continent » qu’il a abandonné le nid familial contre l’avis de ses parents.« J’ai pris cette décision à 50 %. Un ami de mon oncle voulait que je parte avec lui et il m’a emmené », raconte ce fils d’un commerçant et d’une mère au foyer. Pendant deux mois, sa famille reste sans nouvelles de lui. « Je ne voulais pas l’avoir au téléphone, j’avais peur que ma mère me dise de revenir », ajoute Thierno, les larmes aux yeux. Parler de ses parents, cela lui fait « remonter des émotions ».
    Une fois en France, une chape de plomb s’abat sur le passé de ces garçons. Un silence alimenté par le processus de reconnaissance de leur minorité. Au cours d’une évaluation, les MNA doivent prouver deux choses : avoir moins de 18 ans et être isolés. Pour satisfaire aux critères de l’évaluateur, il leur est conseillé de dire, par exemple, que leurs parents sont morts. Même si cela n’est pas toujours vrai.Ces adolescents marchent sans arrêt sur un fil, rapporte Noémie Paté, chercheuse en sociologie et maîtresse de conférences à l’Institut catholique de Paris. « D’un côté, le juge des enfants les encourage à renouer avec leur famille, mais de l’autre, ces jeunes savent que le titre de séjour est facilité quand ils n’ont plus de contact avec leurs parents. » En 2022, 14 782 mineurs non accompagnés sont entrés dans le dispositif de protection de l’enfance.
    « Je regrette de n’avoir personne qui veille sur moi, explique Thierno, qui vit douloureusement la séparation d’avec sa famille. Hier, j’avais mal au ventre. L’éducatrice de l’ASE ne répondait pas et je voulais aller aux urgences. Quand tu as tes parents, ce sont eux qui s’occupent de ça. » Il se tourne vers Marie (qui préfère ne pas donner son nom), bénévole aux Midis du Mie, une association d’aide aux adolescents étrangers. C’est elle qu’il a contactée récemment pour une opération chirurgicale. En deuxième année de CAP boulangerie, Thierno a été mis en arrêt maladie pendant trois semaines après son opération. Angoissé, il essaie d’arracher quelques paroles rassurantes à Marie : « Tu penses que mon patron me croit ? » A plusieurs reprises, il répète ressentir « une pression » du fait de se retrouver livré à lui-même.
    En face de lui, Adama acquiesce. Flanqué d’un tee-shirt de l’équipe de France orange et violet, le jeune Malien, 19 ans, a besoin d’une vingtaine de minutes avant de se sentir à l’aise. « Il faut se cogner la tête pour se souvenir », plaisante le jeune homme avant de dérouler son histoire. En 2018, il quitte la Mauritanie direction « la tour Eiffel ». Une décision qu’il prend seul : il ment à sa mère, lui disant qu’il part à Nouakchott, la capitale. A la place, il rejoint le Maroc avec d’autres jeunes de son âge. A 14 ans, Adama laisse derrière lui un petit boulot de berger payé au lance-pierre et quatre sœurs. « Je ne regrette pas, je n’avais pas d’avenir en Mauritanie », justifie celui qui, sur les 475 euros gagnés par mois grâce à son CAP plomberie, envoie un peu d’argent à sa mère. « J’ai mis du temps avant de lui dire que j’étais à Paris, elle était très inquiète. »
    Son titre de séjour en poche, Adama est fier de son parcours. Son prochain objectif : retourner en Mauritanie pour rendre visite à sa famille qu’il n’a pas vue depuis cinq ans. Selon Noémie Paté, « certains jeunes voient le départ comme un acte d’émancipation. Ils prennent la route dans l’objectif de rompre avec la tradition parentale et de conquérir une place sociale ». L’un des schémas classiques est celui de l’aîné de la fratrie qui migre en Europe pour subvenir aux besoins de sa famille.
    Loin de leurs proches, et malgré leur maturité, ces jeunes continuent à avoir des besoins d’enfant. « Les MNA veulent être protégés, aller à l’école, avoir un lieu sûr… », considère Marie Rose Moro, cheffe de service de la Maison de Solenn, qui abrite dans le 14e arrondissement de Paris une antenne destinée aux mineurs non accompagnés. En 2022, plus de 150 jeunes y ont bénéficié d’un suivi psychologique.De temps en temps, l’intervention des parents est indispensable. Comme pour ce jeune Afghan, Massoud, qui a plusieurs tentatives de suicide à son actif. « Il avait fait le trajet depuis un camp de réfugiés en Iran avec son cousin qu’il avait perdu sur la route en Allemagne. A cause de cela, il disait avoir failli à sa mission de “chef de famille”. Il ne se sentait plus digne d’en faire partie », narre Marie Rose Moro. Face à cette situation d’urgence, la pédopsychiatre retrouve sa mère grâce à la Croix-Rouge : « Au téléphone, elle l’a rassuré et Massoud allait beaucoup mieux. »
    D’autres jeunes n’ont pas cette chance. A l’instar de Jean, un Camerounais de 16 ans, qui n’a jamais connu sa mère. Et son père ? Un voile se pose sur ses yeux : « Il était violent et voulait me mettre dans la magie noire… C’est pour cela que j’ai voulu m’échapper. » Emmitouflé dans une polaire orange fluo, le jeune homme décrit une vie sans parents : « Dès 9 ans, je dormais seul dans les rues. Très vite, je ne pouvais plus réfléchir comme un bébé. » Lui-même le constate, son enfance lui a été confisquée.
    En septembre 2023, Jean est arrivé en France et a été accueilli par une dame retraitée à Versailles, grâce au réseau de l’association d’aide aux personnes étrangères Utopia 56. Depuis, il se remet à rêver, surtout au basket, son sport préféré. « Je vais percer. Je dois me fixer la barre très haut pour réussir », dit ce fan des Lakers. Son hébergeuse lui a déjà offert un ballon, un équipement et des chaussures, pour un nouveau départ.

    #Covid-19#migration#migrant#france#MNA#sante#santementale#minorite#ASE#ONG

  • Face à la vague de froid en Ile-de-France, la détresse de jeunes exilés « ni majeurs ni mineurs » aux yeux de l’Etat
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/19/face-a-la-vague-de-froid-en-ile-de-france-la-detresse-de-jeunes-exiles-ni-ma

    Face à la vague de froid en Ile-de-France, la détresse de jeunes exilés « ni majeurs ni mineurs » aux yeux de l’Etat
    Par Fatoumata Sillah
    Lasso Camara a regardé, dans un froid glacial, les flocons de neige recouvrir Paris dans la nuit de mercredi à jeudi. Le thermomètre est descendu jusqu’à − 5 °C. Paire de gants, chaussettes, pulls et couette issus de dons ne suffisent pas à le réchauffer. Le jeune Guinéen de 17 ans, arrivé à Paris il y a trois semaines, dort dans une tente sous le pont de Notre-Dame, en face de la Seine, et ce, depuis le mardi 9 janvier. C’était sa première nuit dehors, alors qu’une vague de froid touchait déjà l’Hexagone avec des températures négatives sur presque tout le territoire. L’adolescent n’a pas trouvé de solution d’hébergement d’urgence.
    Aux yeux des associations, Lasso est un « mijeur » (contraction de mineur et majeur). Aux yeux de l’Etat, il n’entre dans aucune case administrative. Ni officiellement mineurs ni majeurs, ces exilés n’ont pas obtenu la reconnaissance de leur minorité à leur arrivée en France, après une évaluation du département où ils ont tenté leur chance. Leurs documents d’identité, quand ils en ont, les preuves écrites de leurs parcours, ainsi que leurs récits, témoignent pourtant du contraire. S’ensuit alors une bataille administrative durant laquelle ils sont exclus des dispositifs de protection de l’enfance et ne peuvent prétendre aux aides réservées aux majeurs.
    « Des évaluateurs partent du principe que ces jeunes sont malhonnêtes », plutôt que de prouver leur minorité, « ils vont tenter de prouver qu’ils mentent et qu’ils sont incohérents », analyse Patricia Mothes, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’Institut catholique de Toulouse, dont les recherches portent notamment sur la scolarisation des enfants migrants.
    Après que le plan Grand Froid a été déclenché, le gouvernement a annoncé le déblocage d’une enveloppe correspondant à 10 000 places supplémentaires d’hébergement d’urgence en Ile-de-France. Paris a ouvert un gymnase pour mettre à l’abri cinquante jeunes durant quelques jours. Mais Lasso n’a pas obtenu de place. Ni lui, ni la centaine de migrants de toutes nationalités qui dorment dans les trente-neuf tentes de son campement, ou les près de six cents autres dispersés dans au moins une vingtaine de sites, identifiés par l’association de défense des exilés Utopia 56, dans Paris et sa première couronne.
    Le 115, numéro d’urgence pour les personnes sans abri, est, lui, saturé. « Quand on l’appelle, on ne nous répond pas, ou on nous rappelle que seuls les majeurs sont pris en charge. Quand on appelle le 119 [service de protection d’enfants en danger], personne ne vient nous chercher », rapporte Yacoub Cissé, 16 ans et voisin de Lasso. Alors, c’est la rue et pendant les épisodes de grand froid, « vraiment, c’est dur ». « Moi, j’ai cru que j’étais à la limite de mourir cette nuit. Il faisait tellement froid », témoigne, toujours choqué, Sekouba Traoré, 16 ans. Dans une boucle WhatsApp dédiée aux jeunes et aux familles qui campent dehors, Utopia 56 a diffusé des messages audio expliquant comment reconnaître une hypothermie et appeler les secours. Quand le jour se lève, Lasso, Yacoub et lui s’affairent à trouver des couches de vêtement en plus pour les prochaines nuits, si possible une couette et une couverture de survie pour le toit de la tente. « J’aimerais bien avoir au moins trois couvertures et plus de chaussettes », dit Lasso, qui espère, autrement, récupérer le duvet d’un de ses compagnons, là depuis plus longtemps, auquel il souhaite d’être enfin pris en charge par l’aide sociale à l’enfance.
    A Utopia 56, « on fait des maraudes chaque soir », raconte Alice Bertrand, chargée des mineurs non accompagnés au sein de l’association. Dans la nuit de mercredi 17 à jeudi 18 janvier, trois bénévoles d’une vingtaine d’années font le tour de l’est et du centre de la capitale. « Bonsoir, c’est Utopia, on a du thé et du café », annoncent-ils à leur arrivée dans les campements qu’ils ont identifiés en amont. En anglais, en français ou avec des traducteurs, selon la langue de leurs interlocuteurs, « avez-vous besoin de gants, manteaux ou chaussures ? », demandent Elias Hufnagel, Maëlle Foix et Thomas Dufermont.
    Dans leur voiture, ils ont des cartons de produits d’hygiène, de vêtements, quelques Sheltersuit, cette veste imperméable et coupe-vent qui peut se transformer en combinaison une fois zippée sur un sac de couchage, et des tentes. Même si Alice Bertrand et Thomas Dufermont constatent que les dons ont été nombreux cet hiver, les dix-neuf tentes que les bénévoles peuvent distribuer sont insuffisantes par rapport à la demande. « En ce moment, nous comptons entre 90 et 150 nouveaux mineurs non accompagnés par semaine », selon Alice Bertrand. Utopia se prépare par ailleurs à récupérer – « aujourd’hui, demain, on ne sait pas » – les jeunes à l’abri dans le gymnase ouvert à Paris lorsque le plan Grand Froid sera désactivé et qu’ils se retrouveront à la rue. Des tentes leur seront données pour leur première nuit.
    En France, il n’existe aucune donnée fiable sur le nombre précis de mineurs non accompagnés présents sur le territoire, selon l’ONG Médecins du monde. Le ministère de la justice communique seulement sur le nombre de jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. En 2022, ils étaient 14 782, pour la plupart originaires de Côte d’Ivoire, de Guinée, de Tunisie, du Mali, d’Afghanistan ou encore du Bangladesh. L’association médicale et humanitaire estime toutefois que, dans 70 % des cas, la prise en charge est rejetée. Ces jeunes doivent faire une demande de recours pour que leur minorité soit finalement reconnue et faire valoir leur droit à être mis à l’abri. Le délai entre la saisine du juge des enfants et sa décision varie selon le département. « A Créteil, dans le 94 [Val-de-Marne], ça peut aller jusqu’à sept mois », d’après Renaud Mandel, de l’organisation Accompagnement et défense des jeunes isolés étrangers (Adjie). Le dossier de Lasso est à Créteil. Dans six mois et huit jours, il devra s’y représenter pour une première audience avec un juge. A l’issue de celle-ci, le magistrat peut demander des investigations complémentaires, comme un examen de maturation osseuse, pouvant prolonger de plusieurs semaines la décision, ou se prononcer. En attendant, Lasso sait qu’il continuera de dormir dehors. « On s’y habitue », lâche-t-il.
    Le traitement de ces jeunes migrants avant la reconnaissance de leur minorité ou lors de leur recours juridique est dénoncé par de nombreuses ONG, qui estiment que la Convention internationale des droits de l’enfant n’est pas respectée. La Cour européenne des droits de l’homme avait aussi condamné la France, en 2019, pour avoir infligé un « traitement dégradant » à un mineur isolé afghan lorsqu’il était en France. Cet enfant, âgé de 11 ans à l’époque, n’avait pas été pris en charge par les autorités. Il avait vécu environ six mois dans le bidonville de Calais (Pas-de-Calais). Unicef France a également interpellé la France à plusieurs reprises sur la situation de ces jeunes.
    L’Adjie a, de son côté, alerté, une nouvelle fois, la Mairie de Paris, en vain. « Nous vous demandons de bien vouloir, en urgence, demander la prise en charge de ces jeunes » face « à la situation de danger du fait de leur minorité et de leur isolement ». La vague de froid « ajoute un danger potentiel de mort pour ces jeunes aux organismes déjà affaiblis par de longues semaines d’errance dans les rues de la capitale », a écrit Renaud Mandel à Anne Hidalgo et Dominique Versini, l’adjointe à la maire de Paris en charge des droits de l’enfant et de la protection de l’enfance. « Avant on avait une réponse, maintenant plus personne nous répond », regrette-t-il. Dominique Versini n’a pas répondu aux sollicitations du Monde. Pas plus que le ministère du logement, dont le cabinet est vide dans l’attente de la nomination de toute l’équipe du gouvernement de Gabriel Attal. L’adjointe à la maire de Paris en charge des solidarités, de l’hébergement d’urgence et de la protection des réfugiés, Léa Filoche, renvoie, elle, vers l’Etat.

    #Covid-19#migrant#migration#france#MNA#hebergement#urgence#ASE#ong#campement#minorite#iseolement#sante

  • La justice suspend la décision de l’Ain de ne plus héberger les mineurs étrangers isolés
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/21/la-justice-suspend-la-decision-de-l-ain-de-ne-plus-heberger-les-mineurs-etra

    La justice suspend la décision de l’Ain de ne plus héberger les mineurs étrangers isolés
    Le conseil départemental de l’Ain avait décidé de suspendre, pour au moins trois mois à compter de décembre, la prise en charge des nouveaux mineurs étrangers non accompagnés (MNA), faute de « capacités d’accueil et d’encadrement ».
    Le Monde avec AFP
    La justice a suspendu la décision du conseil départemental de l’Ain de ne plus assurer pendant au moins trois mois l’accueil des nouveaux mineurs étrangers non accompagnés, notant leur « particulière vulnérabilité ». Le tribunal administratif de Lyon, saisi en référé par cinq associations d’aide aux migrants dont la Ligue des droits de l’homme (LDH), a suspendu la mesure « jusqu’à ce qu’il soit statué sur les conclusions de la requête au fond », selon une copie du jugement rendu mercredi 20 décembre. « Cet accueil est une mission de service public obligatoire », a commenté sur X Me Lionel Crusoé, l’un des avocats des associations, dénonçant une mesure « illégale ».
    Depuis 2013, dans le cadre de leur mission de protection de l’enfance, les départements ont la responsabilité de l’accueil, de l’évaluation, de l’hébergement et de la prise en charge des mineurs étrangers isolés. Mais le 30 novembre, le président Les Républicains (LR) du conseil départemental de l’Ain, Jean Deguerry, avait annoncé que l’hébergement des jeunes migrants n’était plus possible dans son département faute de « capacités d’accueil et d’encadrement » malgré l’ouverture « de plus de 150 places » en 2023. Selon l’élu, parmi les 252 arrivées directes enregistrées depuis le mois de janvier (contre 131 pour l’ensemble de l’année 2022), « une accélération flagrante » s’est opérée depuis septembre avec une moyenne de 43 arrivées mensuelles contre 23 entre janvier et août.
    Depuis le début de l’année, les arrivées de migrants ont fortement augmenté sur les côtes italiennes, provoquant un afflux en France de mineurs isolés. Avant l’été, plusieurs autres départements avaient déjà évoqué une situation « intenable ». En octobre, le conseil départemental du Territoire de Belfort avait annoncé qu’il allait plafonner la prise en charge de ces mineurs.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#MNA#hebergement#departement

  • Trieste capolinea: diventare adulti lungo la rotta balcanica
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Italia/Trieste-capolinea-diventare-adulti-lungo-la-rotta-balcanica-229074

    Trieste, città di frontiera, è l’ultima fermata della rotta balcanica. Nel 2023 i dati hanno registrato un incremento degli arrivi dei minori non accompagnati. Cosa vuol dire crescere lungo la rotta balcanica? Cosa succede una volta arrivati a Trieste? Un’analisi

  • Union européenne : accord décisif pour la réforme de la politique migratoire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/20/union-europeenne-accord-decisif-pour-la-reforme-de-la-politique-migratoire_6

    Union européenne : accord décisif pour la réforme de la politique migratoire
    Par Philippe Jacqué (Bruxelles, bureau européen)
    A Bruxelles, le futur pacte migratoire n’aura entraîné ni psychodrame, ni crise politique. Mercredi 20 décembre, à 8 h 17, un accord a été trouvé au terme de quarante-huit heures de négociations acharnées entre les représentants des Etats membres et les eurodéputés pour réformer la politique migratoire européenne. Les négociateurs ont validé les cinq règlements les plus importants du pacte. « Nous avons fait une percée sur les cinq piliers-clés du pacte sur les migrations et l’asile, a clamé, mercredi matin sur le réseau social X, le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas. L’Europe tient enfin ses promesses en matière de migration. »
    « Ce pacte permettra une meilleure protection des frontières extérieures de l’Union, mettra en place plus de solidarité entre Etats et protégera mieux les plus vulnérables et les demandeurs d’asile, le tout fondé sur les valeurs de l’Europe », a assuré dans une vidéo la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson. Pour la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, « ce pacte garantira une réponse européenne efficace à ce défi européen ». « L’extrême droite rêvait d’un échec, l’extrême gauche s’est battue pour faire échouer les négociations, mais nous sommes parvenus à dépasser nos clivages pour construire une majorité au centre », assurait l’eurodéputée Fabienne Keller (Renew Europe).
    Après deux ans d’échanges stériles
    L’emphase des déclarations des responsables européens est à la mesure du soulagement de la Commission, qui a proposé dès 2020 aux Etats membres une vaste refonte de la politique migratoire, après l’échec de la réforme portée par la Commission Juncker. Après deux ans d’échanges stériles, les négociations autour de cette réforme se sont accélérées une fois que les sujets ont été séparés en plusieurs textes, facilitant les discussions.
    Avec l’augmentation, ces deux dernières années, des arrivées de migrants irréguliers, un consensus, toujours plus dur et ferme pour renforcer les frontières de l’UE, a progressivement émergé entre les Vingt-Sept. Paradoxalement, l’arrivée au pouvoir de la dirigeante italienne d’extrême droite Giorgia Meloni a facilité l’adoption de certains textes, l’Italie jouant nettement le jeu d’une approche européenne et plus seulement nationale. Cette refonte de la politique migratoire dans l’UE prévoit une harmonisation des règles d’accueil des migrants. Les Etats conservent la responsabilité des personnes arrivant chez eux et devront procéder à l’examen d’asile, mais des mesures ont été prévues pour soulager les pays en première ligne, qu’il s’agisse des pays du sud de l’Europe, où arrive l’essentiel des migrants venant d’Afrique ou d’Asie via différentes routes migratoires, ou des pays d’Europe orientale faisant face à une instrumentalisation géopolitique, à l’image des arrivées orchestrées en 2021 par la Biélorussie en Pologne et en Lituanie.
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    Concrètement, un système de « solidarité obligatoire » est prévu en cas de pression migratoire forte. Les Etats membres disposant de capacités d’accueil ou de moyens devront soit accueillir certains demandeurs d’asile, soit soutenir financièrement ou par des dons en nature les Etats en première ligne. La principale innovation de cette réforme est cependant le développement d’un filtrage aux frontières de l’Europe, doublée d’une procédure accélérée d’étude des demandes d’asile. Seuls les mineurs isolés seront exonérés de cette procédure à la frontière, au contraire des familles accompagnées de leurs enfants. Dans la dernière ligne droite des débats, les eurodéputés espéraient faire évoluer les Etats sur ce point et inclure les familles avec mineurs. Sans succès.
    Cette nouvelle procédure accélérée aux frontières concernera notamment les migrants des pays dont le taux d’acceptation de l’asile est inférieur à 20 %, ainsi que tous les demandeurs qualifiés de « risque pour la sécurité ». Selon un diplomate au fait des discussions, « un Afghan, dont l’asile est aujourd’hui accepté à 90 % dans l’UE, pourra faire sa demande d’asile dans le pays où il arrive. En revanche, les migrants ne venant pas d’une zone de guerre ou n’étant pas persécutés verront leur demande traitée à la frontière ». Au bout de cette période, les pays pourront organiser le retour de ces personnes dans leurs pays d’origine ou vers des Etats tiers dits « sûrs », étant donné que les chances d’obtenir l’asile sont très faibles, justifient les Etats.
    Quelque 30 000 places d’accueil devront au minimum être offertes selon le pacte pour recevoir les demandeurs d’asile et procéder à l’examen de leur demande. « Comme nous prévoyons des procédures de trois mois maximum, nous pourrons accueillir par ce biais quelque 120 000 personnes chaque année en Europe », calcule un diplomate. Cela reste néanmoins théorique, la complexité des textes du pacte, ainsi que les diverses dérogations prévues – un des dix règlements prévoit de larges dérogations en cas de crise migratoire avérée – vont rendre très difficile son application de manière homogène dans l’ensemble des pays.
    Cela va surtout entraîner la multiplication de centres de rétention fermés, qui risquent d’être rapidement saturés. A la fin de novembre, l’agence Frontex avait enregistré quelque 355 000 entrées irrégulières dans l’UE depuis le début de l’année, en hausse de 17 % par rapport à la même période de 2022. Les ONG critiquent d’ores et déjà ce pacte : « Il existe actuellement un risque majeur que le pacte aboutisse à un système mal rodé, coûteux et cruel qui s’effondre au moment de sa mise en œuvre et laisse des problèmes cruciaux sans réponse », jugeaient récemment une cinquantaine d’ONG, dont Amnesty International, la Cimade ou Save the Children, dans une lettre ouverte aux colégislateurs négociant le pacte.

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