#mon_oiseau_bleu

  • Dans une tour immense
    Du quartier des affaires
    Des sociétés de prod porno

    C’est devenu le nouveau standard de l’industrie
    On emploie des comédiens en doublure
    D’acteurs et d’actrices pornos

    Mauvaise humeur partagée
    Avec Sarah, trop tôt
    Sans doute pour l’échange tendre

    J’aime arriver tôt le lundi
    Dans un open space noir
    Cela rend le cauchemar supportable

    Un café
    Un petit tour sur seenthis
    Et un récit de rêve

    En allant chez mon ami dentiste
    J’ai salopé son travail
    J’écoute Adèle Van Reeth

    Quand je serai à la retraite
    J’écouterai Adèle Van Reeth
    Tous les matins

    Approchant du cabinet
    Il est question du dentiste Sussman
    Dans A Serious Man des frères Coen

    J’ai dans un petit pot
    Ma fausse dent descellée
    Comme la dent du patient goy

    Échange avec mon ami dentiste
    J’en suis ému
    Ce que nous avons en commun lui et moi

    Je découvre qu’Éric Chevillard
    Tente de masquer son méfait
    Et méprise davantage son lectorat fidèle

    Come to bed love
    I can’t, someone
    Is wrong on the Internet

    Ma cheffe multiplie les lapsus
    À propos d’un collègue qu’elle dit enceinte
    Elle est subjuguée par mon interprétation

    Je ne suis pas très inspiré
    Aujourd’hui
    Dans l’open space

    Je prends le temps d’aller au café
    En sortant du travail
    Je travaille d’arrache-pied

    Il y a quand même beaucoup
    D’agitation tout autour, du bruit
    De la mauvaise musique, et je travaille !

    Mon verre de thé à la menthe
    Réchauffe ma main
    Et mon cœur !

    Je devrais aller au café
    Tous les soirs
    En sortant du turbin !

    « Je suis dans le riz »
    Me texte Zoé
     ? Ne sois pas nouille !

    Il y a peu j’ai fait remarquer à Zoé
    Que son message je suis dans le bus
    Manquait de variété, elle a corrigé le tir

    Florilège
    Je suis dans la licorne
    Numéro 46

    Je suis dans le transport
    En commun
    Par voie routière

    Je suis dans la navette
    Je suis dans les carottes
    Je suis dans l’arbre

    Je suis dans la chaussure
    Je suis dans le caca
    Je suis encore en vie

    Je suis dans le décor
    Je suis dans l’engin à roulette
    Je suis dans la piscine

    Je suis dans ton estime
    Je suis dans une casserole
    Je suis dans les choux

    Je suis dans le coffre
    Je suis dans une benne à ordure
    Je suis dans le riz
    , donc

    Je travaille un peu sur le manuscrit
    Des Anguilles les mains mouillées
    Dans la salle d’attente du CMPP

    Retour en métropolitain
    Zoé me fait rire, à distance
    De ses grimaces, celle du strabisme partiel !

    Émile a préparé une quantité
    De sauce au pesto
    Qui devrait nous nourrir une semaine

    N’écoutant que mon courage
    Je ressors, direction la Dynamo
    Baillant au volant

    Première partie, Wallumrød
    Deuxième partie Illegal Crowns
    Troisième partie : surprise !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/dans_les_arbres.mp3

    Je me laisse emporter
    Par moments, mais ce n’est pas
    Dans les arbres

    En tout cas, cela fait du bien
    Des musiciens qui jouent
    Sur de toutes petites choses

    Entracte
    Sarah Murcia
    Me saute dessus !

    Elle a passé
    Les deux derniers jours
    Dans le Désordre dit-elle !

    Je manque d’attention
    Pour les Illegal Crowns
    Fatigué et écho

    Et donc Sarah me raconte un peu
    Son odyssée dans le Désordre
    On a beaucoup en partage

    Mais surtout
    Beaucoup
    À échanger

    À échanger
    Plus tard
    Peut-être

    Sarah me fait beaucoup rire
    Elle parle de jouer dans un trio
    Comme si c’était avec Mitterrand et Mauroy

    S’adressant à des amis musiciens
    On devrait retourner voir au Tracé
    On devrait faire une sortie scolaire

     ? Le patron c’est Pierre
     ? Non le patron c’est Pierre
    Ce n’est pas le même Pierre

    J’ai toujours adoré
    Ce genre de fausses querelles
    Je ne savais pas qu’un jour avec une contrebassiste

    Je raccompagne Gilles Coronado
    Où il est question de dessin industriel
    Et d’informatique bancaire

    Quand j’y repense
    Un concert tous les soirs
    Depuis vendredi soir

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/pifarely_trace_provisoire.mp3

    Sarah Murcia, Dominique Pifarély
    De la violence dans les détails
    Christian Wallumrød, Illegal Crowds

    #mon_oiseau_bleu

  • Pas de trace de rêve
    Pourtant ma position au réveil
    Laisse peu de doutes : j’ai dû rêver

    Je boucle le marché
    Avant la tempête, je déballe mes légumes
    En pensant aux maraîchers dans la tourmente

    Dimanche matin
    Tempête cafés
    Et du travail !

    Champignons farcis
    Rattes au four
    Kakis

    Je pars avec Émile entre deux averses
    Encourager mes copains
    Contre Saint-Quentin

    Ça a à peine commencé
    Que Léo perce, raffute
    Et passe après contact : essai !

    Vincennes fait un match plein
    Domine, occupe le terrain
    Est intraitable en défense

    Un ancien dirigeant
    Peine à reconnaître le grand corps d’Émile
    Il est très ému : ce sont des souvenirs, de beaux souvenirs

    Sur ce même terrain
    Émile a longtemps été
    Un enfant égaré

    Désormais il serre des mains en arrivant
    Pendant que les pères se souviennent
    De leurs exploits passés en regardant les jeunes

    Nouvel essai de Vincennes, belle combinaison
    Dans les tribunes, des enfants admiratifs
    De leur entraineur, Léo. Il déchire, disent-ils

    Avant de remonter dans la voiture
    J’urine en lisière de bois, dans un fossé
    Rempli, je les vois avec retard, de préservatifs usagés

    Tiens ce serait une autre photographie possible
    Pour un article de presse à propos de prostitution
    Un fossé boueux, jonché de préservatifs

    Un fossé boueux, jonché de préservatifs
    C’est tout de suite un peu moins racoleur
    Que les habituels bas résilles, non ?

    De la violence dans les détails
    Nicolas Stephan
    Avec Antonin Rayon au piano

    Tout d’un coup, en plein solo de piano
    Je me souviens que j’ai oublié
    D’éteindre le téléphone d’Émile

    Émile doit sentir que je suis inquiet
    Assis à côté de moi il marmonne
    De plus en plus fort

    Je finis par partir avec Émile
    Qui se confond en excuses
    Je marmonnais c’est ça ?

    Ce n’est pas de ta faute Emile
    C’est de la mienne, je me suis mis
    A penser à ton téléphone et j’ai créé de la tension

    Roulés au thon
    Quenelles
    Poires

    Je tente une nouvelle fois
    De me servir du nouvel ordinateur
    Quelques progrès, micoscopiques

    Je me couche
    A la fois frustré
    Et amusé

    Est-ce que frustré et amusé
    N’est pas, en définitive
    Mon état d’esprit habituel ?

    #mon_oiseau_bleu

  • Retour à Chicago
    Je loue une voiture
    Et je conduis sur LSD

    Je retourne voir Paul et Lynn
    Nos anciens propriétaires
    Sur Wolcott, les enfants ont peu vieilli

    Je cuisine des galettes coréennes
    Et j’emmène les enfants et Lynn
    Au bois de Vincennes (du côté de Skokie)

    Nous perdons souvent notre ballon
    Dans le lac des Minimes
    Jusqu’à retrouver un cimetière de cuirs

    Deux semaines
    Que je n’avais plus fait de tels rêves
    Je n’aime pas l’engourdissement en le tapant

    Tous les matins
    Je lutte contre cet engourdissement
    Pour écrire mes rêves

    Petit-déjeuner
    Emile est allé chercher
    Du pain frais, confiture

    Nous partons chez le psy
    Sous une pluie fine
    Qui me privera de lecture dans le jardin

    Dans le jardin du psy
    C’est à peine croyable
    Des framboises !

    Je pars marcher le long du canal de Bondy
    De l’autre côté vit un ami que je vois rarement
    Il suffirait de traverser mais l’eau est froide

    Au lieu de quoi je m’offre un café
    Sur les grands écrans quand j’entre
    Les manchots se transforment en rugbymen

    Je me demande quel sera le prix
    À payer à force de tant
    Tordre le réel, et si c’était gratuit ?

    De retour à la maison
    Jardinage avec Émile
    Sous la bruine

    Les filles émergent
    Trois heures
    Qu’Émile et moi sommes levés

    Nous sommes le 11 novembre
    Il est 11 heures et 11 minutes
    Il fait une température de 11°C

    (Demain, à la même heure, nous serons
    Le 12 novembre, il sera 10 heures et 9 minutes
    Et il fera une température de 9°C). Tout fout le camp

    Je tente un peu de rangement
    C’est un temps à cela
    Émile m’aide !

    Saumon piment citron
    Haricots vert frits à l’ail
    Oranges (les premières)

    Je dois repasser mon épreuve de philo du bac
    Sous peine d’annulation de tous mes diplômes
    Même ma certification de gardien d’écluse

    Mes trimestres de retraite sont en jeu
    Le sujet de l’épreuve de philosophie : l’amour
    Et ne me viennent à l’esprit que des paroles de Yes

    Les anguilles de sieste
    Quand je les attrape
    Ont des formes surprenantes

    Un café
    La vaisselle, me voilà lancé
    La wassingue (din’tout’eul’barraque)

    De temps en temps
    Je pose la wassingue
    Et j’écris un poème-javel

    http://www.desordre.net/musique/tom_waits.mp3

    J’écoute de vieux vinyles
    De Tom Waits
    Et je danse avec le manche du balai-brosse

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/pifarely_trace_provisoire.mp3

    Concert de Dominique
    En quartet
    À l’Atelier du Plateau

    On ne connait un musicien
    Qu’au centième concert sans doute
    Je suis encore loin du compte

    Ces quatre-là étaient, ce soir
    D’humeur princière
    Sourires accrochés à leurs lèvres

    Faut dire cela ne doit pas être triste
    De jouer avec un batteur
    Aussi versatile que François Merville

    François Merville
    Fait
    Des merveilles

    Parfois c’est comme si Dominique
    Se souvenait qu’il était
    Un musicien de jazz et swingue ! Et quel !

    Et dire qu’un couteau de cuisine
    Auquel ne manquait pas la lame
    A manqué de tout détruire

    Tous les duos
    À l’intérieur
    D’un quartet !

    Violon batterie
    Batterie contrebasse
    Contrebasse piano

    Piano violon
    Violon contrebasse
    Contrebasse piano

    Piano batterie
    J’en oublie ?
    Avec ces quatre-là, c’est bien possible

    Au bar pendant que François
    Déglutit son curry
    Je l’ennuie avec mes marottes

    Dominique et moi
    Portons de grandes écharpes
    Très ressemblantes

    Je parle tronçonneuses
    Avec Antonin
    Pianiste délicat

    François et moi finissons
    Par avoir des habitudes
    Pour le transport de ses fûts

    En tout cas, désormais
    Je sais à quelle adresse
    Livrer toute cette vaisselle

    Pour François
    Batteur paradoxal
    Amicalement. Dédicace

    J’échange mon baril
    De points-virgules
    Contre du swing paradoxal en vrac

    Je travaille un peu avec l’élan du quartet
    Qui saura plus tard retrouver le passage
    En question. Même pas moi

    #mon_oiseau_bleu

  • Je joue le rôle d’un dictateur
    J’oppresse le public
    Qui me renverse, c’est un triomphe

    Petit-déjeuner avec Zoé
    On boit du thé
    On s’envoie des piques

    Je la dépose au collège
    Elle me parle de son dernier devoir
    De géographie : dans ses sources seenthis !

    Je remonte la rue de Paris
    Sombre et déserte
    Je coupe l’autoradio, Macron

    En relisant les lignes
    D’il y a un mois
    Je revis bien de la frustration

    Et quelles images
    Choisir pour accompagner ces lignes
    Sur seenthis ?

    Souffle
    Sur l’open space
    Un vent de cafés

    Déjeuner
    Avec Julien
    Cafés

    Je ne parviens pas du tout à écrire
    Cette longue lettre à Nicolas Humbert
    A propos de Step Across The Border

    En deux heures et demie de temps
    Je dois combiner, le temple de consommation,
    La visite médicale d’Émile et le théâtre d’Adèle

    Vite fait, pas très bien fait
    Je me prépare une soupe que j’avale
    Avant de partir au Triton

    Avant le concert
    Je croise Sylvaine, du coup
    Sarah Murcia m’embrasse !

    https://www.youtube.com/watch?v=W-7LEa_S_rw

    Sarah Murcia prend beaucoup de risques
    Univers musical bien personnel
    Pas nécessairement mitoyen du mien

    https://www.youtube.com/watch?v=XmJQpdb0VBs

    Après le concert
    J’ai l’occasion de croiser brièvement
    Kamilya Jubran !

    https://www.youtube.com/watch?v=z7LIOnOC5yM

    J’échange brièvement
    Avec Gilles Coronado
    Il figure dans Frôlé par un V1

    À la faveur d’un incident sans gravité
    Je fais la connaissance d’Oana
    Qui se révèle être le double de Suzanne !

    Oana
    Est
    Peintre

    Avec Oana que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam
    On parle tout de suite de Paul Klee
    Et on enchaine sur la correspondance image/musique

    Impression curieuse
    Que celle d’échanger
    Avec Suzanne !

    On échange
    Nos url
    Sur des post-it

    On échange nos url
    Comme on faisait
    Au XXème siècle

    Je propose à Sarah
    De raccompagner sa famille
    Contrebasse comprise ? sourrit-elle

    Ah mais j’ai déjà transporté une contrebasse
    Ah oui ? La contrebasse de Chevillon
    Ah alors pas n’importe quelle contrebasse

    On rit
    Mais elle a son propre van
    Pour sa monture

    De retour à la maison
    Je tape l’url d’Oana
    Les tableaux de Suzanne !

    Confiant
    Je lui envoie la description de l’atelier de Suzanne
    Pas de réponse, comme au XIXème siècle

    Le soir je m’offre une soirée de travail
    Tom Waits, Mule variations
    Je me couche tard, j’écris bien

    #mon_oiseau_bleu

  • Il n’y a plus de tampon à la maison
    Sarah trouve cela injuste
    Surtout quand on sait le nombre de disques

    Papa n’oublie pas
    De prendre du papier toilette
    Demain aux courses

    Rêve et
    Réalité mêlés
    Comme dans un rêve

    J’aime les petits déjeuners
    Matinaux avec Sarah
    Même ceux silencieux

    Message de Zoé
    Reçu en open space
    « Je suis dans une casserole »

     ? Je te surveille
    Comme
    Le lait sur le feu

    Automne gris
    Automne froid
    Automne sans feuilles

    Pause méridienne
    Grande marche dans Montreuil
    Je ne croise personne

    Grande marche dans Montreuil
    Je m’aventure près de chez elle
    On y démonte une tour

    Je m’aventure près de chez elle
    On démonte une tour
    Que j’ai photographiée de nombreuses fois

    On démonte une tour
    Que je photographiais en sortant du ciné
    Et dont je lui envoyais les images

    Il y avait l’image d’une lune gonflable
    Il y avait une image du film que j’allais voir
    Et une image que la tour qu’on démonte désormais

    Une sorte
    De haïku
    Visuel

    Dans la salle d’attente de l’EMPRO
    Je lis Peter Handke
    C’est son sosie qui finit par m’accueillir

    Bel échange avec
    Psychiatre (Peter Handke), psychologue
    Et Émile

    Je rentre de bonne heure
    Je trouve un peu de courage
    Je nettoie ma table de travail

    Une fois la table nettoyée et rangée
    Il y a de la place pour les deux ordinateurs
    L’ancien et le nouveau

    Le nouveau sur lequel je n’arrive
    À presque rien
    Pas même écrire

    Et du coup l’ordinateur neuf
    Reste neuf pendant que
    Le vieux est de plus en plus vieux

    Je m’interroge à propos
    Du mépris avec lequel
    Je regarde et traite tout ceci

    Je descends préparer la soupe
    Sentiment d’être infiniment plus utile
    Soupe de courges par une courge

    Potimarron
    Patisson
    Butternut

    Huile d’olive
    Fleur de sel
    Poivre

    Émile explique
    Ses nouvelles intentions
    De faire du rap

    Je me demande
    Si Émile n’est pas en train
    De prendre le pouvoir dans le garage

    Émile prend le pouvoir dans le garage
    Comme font tous les garçons
    De son âge !

    Depuis quatorze ans
    Dans le garage, on écoutait du free jazz
    Dorénavant, du rap

    Je tente une nouvelle série
    De photographies
    Intitulée les Moindres gestes

    Je me remets très doucement à la photographie.
    Je me suis donné de nouvelles règles.
    Très peu d’images.

    Toujours arranger un peu les choses.
    S’appliquer sur chaque image.
    Se laisser guider uniquement par le plaisir.

    Ne pas en faire tous les jours.
    En faire autant que je veux.
    Recadrer, modifier, retoucher.

    Pas d’effets de série.
    Pas de collages.
    Pas d’images animées.

    Ne pas dater.
    Ne pas contextualiser.
    Faire le contraire d’avant

    Aller se coucher
    Heureux
    Presque

    #mon_oiseau_bleu

  • Julia voudrait me faire écouter
    Le rap d’Émile
    Mais tombe sur des images embarrassantes

    Bref échange avec Emile
    Bref échange de T-shirt aussi
    Apparemment le linge est désordre

    Je télécharge les images
    Qu’Adrien m’a envoyées
    Et je tente une nouvelle affiche

    Nous partons en hâte avec Zoé
    Chez l’orthophoniste
    Le récent bilan me soucie

    Quelques pages de pur génie
    De Handke avec son Histoire en soi
    Qu’écrire soi-même après pareille lecture ?

    I dig love chante-je avec Zoé
    En voiture, Zoé tu connais ?
    Papa je ne connais que ta version

    http://www.desordre.net/musique/beatles.mp3

    Rentrés à la maison
    J’installe le vieux All Things Must Pass
    Sur la platine, Zoé l’entend pour la première fois

    http://www.desordre.net/musique/wyatt.mp3

    Souvenir de Sarah qui avait reconnu
    Une autre de mes rengaines
    Song For Che de Robert Wyatt

    Je donne la dernière main
    À l’affiche de l’Étreinte
    J’aurais dû faire graphiste

    Pour faire la cuisine
    J’allume le poste
    Pierre Michon !

    Je m’applique à mes nouilles sautées
    Elles sont épicées avec précision
    « Ça va piquer un peu », dis-je aux filles

    Nettoyage du réfrigérateur
    Une expérience biologique
    Était apparemment en cours

    En revenant de déposer Sarah au cheval
    J’allume l’autoradio, France Culture
    Interroge philosophiquement le personnage de Potter

    Hier, sur France Culture,
    Dans La Dispute (quelle idée aussi !)
    J’entendais que le dernier OrelSan donnait à penser

    Rendez
    Nous
    Michon

    Un peu moins de Waouh
    Un peu plus de tss tss
    Operation petticoat de B. Edwards

    Un peu moins de J.K. Rowlings
    Et d’OrelSan
    Et un peu plus de Michon

    J’écoute
    La Soustraction des fleurs
    Avec Zoé, « c’est beau », dit-elle

    Les prostituées du bois de Vincennes
    Trompent l’attente de leurs clients
    En consultant leur téléphone de poche

    Théorie du ruissellement
    Contre
    Paradise papers

    Je fais un peu le taxi
    Ou le chauffeur de ministre
    En fin de journée

    J’assiste à la fin d’entraînement
    De rugby d’Émile
    Ses camarades font de ces trucs !

    Avec mon copain Fred
    On rigole qu’au même âge
    On ne savait pas jouer comme ça

    La passe au pied
    D’une aile à l’autre
    A remplacé le recentrage

    Quiche aux légumes
    Salade aux éclats de pecorino
    Clémentines, les premières

    Tous bien fatigués
    Je tente de réapprendre
    À me servir d’un ordinateur

    J’abandonne vite
    L’attrait de la lecture du soir
    Tellement supérieur

    #mon_oiseau_bleu

  • Au Tracé provisoire
    Tout le monde tombe se blesse et git
    Sophie, elle, restée debout, joue

    Les rêves que l’on fait
    Après la projection
    De Step Across The Border

    Avec Sarah
    Bref échange au petit-déjeuner
    A propos de Corps et âme d’Ildikó Enyedi

    Plaisir d’apprendre
    Que Sarah, Satoko, Clément et Juliette
    Ont suivi ma prescription de Corps et âme

    Ce que Sarah me raconte
    De la vie à la fac
    Plaisir d’apprendre cette vie et ses engagements

    Zoé a appelé se marraine
    Et a organisé son week-end
    À Rennes après l’Étreinte. 13 ans !

    Émile descend en short
    Pour le petit-déjeuner
    Émile tu vas avoir froid. Grognement

    À la radio, ce n’est pas tous les jours
    L’avocat William Bourdon
    Avant qu’on n’oublie les Paradise Papers

    On oubliera les Paradise Papers
    Comme on a oublié les Panama Papers
    Comme on a oublié les Wikileaks

    William Bourdon tonne
    Qu’on fragilise les démocraties
    Peine perdue, cela se voit d’ici

    Monde dans lequel il y a
    Les Paradise papers
    Et Step Across The Border

    Dans Step Across The Border
    Fred Frith parle d’influer localement
    Sur des petites choses

    Step Across The Border
    Et tout est plus beau
    Même l’open space ce matin

    J’entame une longue lettre
    À Nicolas Humbert
    Step Across The Border comme horizon

    J’offre le Baleinié
    A mon collègue Julien
    Fous rires dans l’open space

    Je descends déjeuner
    Je tends l’oreille aux mille bruits de la rue
    C’est aussi cela l’effet Step Across The Border !

    Déjeuner vite expédié
    Métropolitain
    Café. Relecture des Anguilles

    Séance entièrement polluée
    Par l’agacement aux dessins
    De mon psy pour se concentrer

    Je ne rebondis sur aucun
    De ses coups
    Trop amortis, qui ne portent pas

    Je finis par monter au filet
    Le récit d’un rêve. Il me lobe
    D’une longue balle en cloche, liftée

    Je peux difficilement croire
    Que j’ai échangé avec lui
    A propos de tel ancien collègue

    Je sors
    Le sentiment
    D’un saignement

    Et si tout allait plutôt bien
    Et que je refusais de l’admettre
    Par pure habitude ?

    Et bien que je saigne
    Je me sens délié comme
    Je ne l’étais pas ces derniers temps

    Je reporte studieusement
    Mes corrections dans mes rêves
    En revenant, troublé, de chez l’analyste

    J’aide Sarah avec son questionnaire
    À propos de l’informatique et de ses usages
    Sarah obtient une très bonne note !

    Tentative de potimarron farci
    Pendant que ça cuit
    Je vais chercher Émile au rugby

    Discussions près de la main courante
    Pendant qu’Émile et un camarade
    Se passent le relai d’exercices de sprint

    Mon potimarron farci
    Est immangeable
    Rire des enfants !

    Deux parties d’échecs
    A couteaux tirés
    Avec Emile : 1 partout

    Je remonte la séquence
    Du Cinquième élément
    Que nous citons dans l’Étreinte

    Pendant que le fichier charge
    Je fais le tri dans mes nouvelles
    Tentatives photographiques : indécis !

    Je lis quelques pages
    De l’Essai sur le fou de champignons
    Je m’endors la lumière allumée, j’éteins

    J’éteins
    Et j’allume
    Mon respirateur

    #mon_oiseau_bleu

  • Capitaine d’un sous-marin
    Je me porte au secours d’une frégate
    Dont mon père est le capitaine

    Les discussions pleines d’intelligence
    Avec ma fille Sarah
    Sur le chemin de la gare

    Les discussions pleines de rire
    Avec ma fille Zoé
    Au petit-déjeuner

    Les discussions pleines de surprises
    Avec mon fils Émile
    Dès son réveil grognon quand même

    Circulation fluide
    Dans les petites rues
    De Montreuil

    Dans le parking (pas réveillés)
    Je croise (difficilement)
    La voiture du gardien de nuit (on se sourit)

    Le soleil
    Se lève
    Sur l’open space

    Grosse session de travail
    Sur Frôlé par un V1
    Au café, frigorifié

    Le soleil
    Se couche
    Sur l’open space

    Sortie de l’école de Zoé
    Longue discussion avec Delphine
    Une parente d’élève très investie

    Les citadins découvrent
    Que les poules ont des poux
    Tout un monde

    Une pensée pour Cécile
    Une Fuite en Égypte
    Perd une lectrice

    Hier, Tanya m’apprenait
    Que Phil lisait
    Une Fuite en Égypte

    Entente tacite
    Avec Floriane
    J’emmènerai Zoé à Rennes

    Regard de Zoé
    Qui s’illumine à mesure
    Que je lui parle de Rennes

    Avec l’irlandaise psychologue
    Accord sur l’essentiel
    Zoé va tellement mieux, il faut continuer

    Il faut continuer
    Je ne peux pas continuer, il faut continuer
    Je vais donc continuer
    (Samuel Beckett)

    Discussion libre avec Zoé
    Nous commandons des pâtes
    Par téléphone à Émile

    Pâtes au pesto
    C’est lundi
    Ce n’est donc pas raviolis

    Ce soir est un grand soir
    Un soir de ciné-club
    Step Across The Border, j’y monte

    Step Across The Border
    Nicolas Humbert & Werner Penzel
    Quelle claque cinématographique !

    Step Across The Border
    Dans la tête de Fred Frith
    Littéralement

    Step Across The Border
    Un de ces miracles cinématographiques
    Qui nous plonge au cœur du mystère

    Step Across The Border
    Nous plonge au cœur du mystère
    De la musique, de l’art

    Step Across The Border
    Quand apparait Robert Frank à l’écran
    Et je pensais à lui depuis le début du film

    Step Across The Border
    Traversé par des fantômes
    Jonas Mekkas, Robert Frank

    http://www.desordre.net/musique/bittova.mp3

    Step Across The Border
    Traversé par des anges
    Iva Bittova, John Zorn, Tom Cora…

    Step Across The Border
    Fred Frith joue du violon
    Aux mouettes

    Step Across The Border
    J’écrivais la semaine dernière de jouer
    De la contrebasse aux sangliers

    Step Across The Border
    Beauté du montage en argentique
    A couper le souffle

    Step Across The Border
    Montre le cœur même de la recherche
    Quand même Frith gratouille en faisant n’imp

    Step Across The Border
    Le son de mon réveil
    Je suis donc en train de rêver ?

    Step Across The Border
    La générosité de Nicolas Humbert
    Qui explique le montage en argentique

    Step Across The Border
    Les bobines pré montées
    Et qu’Humbert assemble à l’épaisseur

    Step Across The Border
    Nicolas Humbert, enfin quelqu’un qui a vu
    Conversations in Vermont de Robert Frank

    Je troque mon Robert Frank
    Dans les lignes de sa main
    Contre le DVD de Step Across The Border

    En partant
    Nicolas Humbert
    M’embrasse

    Tout ceci n’a pas pu avoir lieu
    A seulement cent mètres
    De ma maison ? Si !

    Avant d’aller me coucher
    Je me repasse le début de
    Step Across The Border

    #mon_oiseau_bleu

  • Elle me poursuit encore dans mes rêves
    Mais même en rêve je parviens
    Un peu, à la repousser

    Dans mon rêve, une nouvelle discipline
    De photographie : photographier
    Des événements futurs

    Petit déjeuner gargantuesque
    Rires et discussions
    Visite de l’atelier de Martin

    Parmi les bustes
    Que peint Martin
    Un que je reconnais bien

    Belle marche dans les ondulations
    Du Morvan, lumière changeante
    Pas de champignon mais un bel objet rouillé

    François nous reçoit
    Soupe de citrouille
    Lentilles riz, et un armagnac, et quel !

    François raconte une histoire (avec talent)
    Interminable (qu’il fait durer, durer, durer…)
    Avec une chute minuscule (j’adore)

    Une belle partie d’échecs avec Angelo
    Un verre d’Armagnac, un conte
    Et c’est l’heure de retourner travailler

    Retour à Autun
    Martin me file un coup de main
    Avec l’affiche de l’Étreinte

    Isa au sommet de sa sorcellerie
    Galettes coréennes
    Aux moules et crevettes. Extraordinaire

    Lesté de ma galette coréenne
    Je prends la route, haleine de poireaux
    Et musique à fond

    Je passe devant un troupeau
    De moutons aux yeux albinos
    Dans les phares de ma voiture

    Dans les phares de ma voiture
    Des moutons insomniaques
    Comptent les voitures qui passent

    http://www.desordre.net/musique/eels.mp3

    Les Eels chantent : I need some sleep
    I’ve tried counting sheep
    But there’s one I always miss
    . Je ris

    Dans une station-service déserte
    Un couple de vieux Russes
    Se dispute

    Un pâtisson
    Un potimarron
    Un butternut

    Un morceau de conté
    De la sauce de soja
    Et des rires. Souvenirs d’Autun

    Maison endormie
    Dans laquelle
    Je m’endors sans délai

    I need some sleep
    I’ve tried counting sheep
    But there’s one I always miss

    Je repense
    Aux moutons
    Insomniaques

    #mon_oiseau_bleu

  • Altercation
    Sur le parking de l’hôtel
    On a rayé mon automobile

    Moqueries amicales
    Habituelles
    Et matinales

    Je fais provision
    D’un long morceau
    De comté

    Je fais provision
    De poisson et je cuisine
    Deux gâteaux de marrons

    Dorades au barbecue
    Pleurotes à la crème
    Conté. Sieste

    Promenade
    Au temple de Janus
    Tel un rite

    On traverse le pont de l’Arroux
    Sous un ciel orageux
    Une vache se regarde dans l’eau

    Des trombes d’eau s’abattent
    Un orage tonne, bien au chaud
    À travailler sur l’affiche de l’Étreinte

    Bien au chaud à travailler sur l’affiche
    Sur le nouvel ordinateur
    Sept mois que je n’avais pas ouvert Photoshop®©™

    Je sais encore faire du graphisme
    Je travaille avec lenteur
    Nouvel ordinateur

    Je sais encore produire une affiche
    Je suis encore capable
    D’intuitions

    Dîner chez Karim et Sarah
    Soupe aux trois courges
    Gâteaux de marrons, lait de poule

    Karim me parle d’Apnées
    Et me demande si je suis capable
    De le jouer devant n’importe qui

    Je réponds à Karim
    Que je ne sais pas ce qu’est un public
    Fragile, je veux bien jouer avec des rappeurs

    Et je ris de mon audace
    Et je ris que mes filles
    Et je ris de ce que cela va donner

    #mon_oiseau_bleu

  • Tandis que je sors du studio d’enregistrement
    L’ingénieur du son me confie qu’on devrait passer
    Tout l’enregistrement en italique.

    Je fais mon sac en hâte
    Ce soir je pars à Autun
    Couronnement d’une semaine riche

    Miettes de croissant
    C’est vendredi
    Sur mon clavier

    À la terrasse du BDP avec Julien
    On croise Hélène, pas vue depuis depuis…
    Souvenirs des Arts Déco

    En route pour Autun
    Manou Farine reçoit Daruysh Shayegan
    Atiq Rahimi et Mahmoud Chokrollahi

    Comme à son habitude, elle laisse les microphones ouverts
    Et ses invités prestigieux entre eux
    A la fin de l’émission : ils parlent en perse !

    Lever d’une pleine lune rousse
    Sur la plaine d’Avallon
    Comme l’apparition d’une amie

    Martin et Isa
    Transformés
    Par le Japon

    Récits du Japon
    Morgon
    Tempura de cabillaud

    Martin et Isa
    Décalés
    Seul le soir

    Premières ébauches
    De l’affiche de l’Étreinte
    Quelques pages de Handke

    #mon_oiseau_bleu

  • Deux matins sans rêve
    Le sentiment de dépossession
    Mais qui vole qui ?

    Sarah me soutient et me fait rire
    Régis me répond, il a compris
    Ma demande, pourtant incompréhensible

    Je ne vais
    Pas
    Si mal

    Le suspect de l’attentat de New York
    Inculpé, Trump demande
    La peine de mort

    Journée d’open space
    On ne peut pas, tous les jours
    Rencontrer une merveilleuse Grecque au café

    Journée d’open space
    Journée molle, son seul nerf, tendu
    Le vacarme d’un souffleur de feuilles mortes

    Déjeuner
    Café et marche
    Avec Julien

    Je lui fais découvrir le parc des Guilands
    Qui recèle de trésors géo localisés
    Je n’aurais jamais cru

    La réalité, même triviale d’un parc
    S’épaissit désormais
    De dimensions virtuelles. Pas anodines

    Nous redescendons par des venelles
    Que je ne connaissais pas à Bagnolet
    En plein dans La Phrase urbaine de Bailly

    Je m’arrête dans un café où j’ai mes habitudes
    Plaisir d’un bref échange avec le couple de cafetiers
    Un peu de lecture : Essai sur le fou de champignons

    Retour dans l’open space
    Rien n’a bougé, rien n’a changé
    Mesure exacte de la vacuité

    J’ai bien marché ce midi
    Je sens sur moi une odeur
    De dehors et de sueur

    Rendez-vous à la nuit tombante
    À Belleville où je n’étais plus allé depuis, depuis…
    Vingt ans, est-ce possible ?

    Adrien légèrement en retard
    Je lui en veux, je suis harcelé
    Par les prostituées

    Nous traversons un petit atelier de bijouterie
    Au sous-sol duquel un studio d’enregistrement
    Sous une immense trappe

    http://www.desordre.net/musique/ellington.mp3

    Après la première prise d’Adrien
    Je fais mon Duke Ellington parlant de Coltrane
    Il ne fera pas mieux, on ne va pas l’embêter

    Faute de liserons d’eau
    On dîne chez Laurence et Ransley
    On rit beaucoup

    À l’autoradio on donne raison
    À un professeur de droit parce qu’il vend
    Ses livres à cent mille exemplaires

    Le professeur de droit
    Insiste lourdement à propos
    Des mérites d’IBM et justement se trompe

    Je conduis
    En colère contre
    Tant de propagande

    Je rentre exténué
    De cette semaine
    Tous azimuts

    #mon_oiseau_bleu

  • Je laisse filer le rêve de ce matin
    Par paresse
    Et parce qu’il m’ennuie !

    Je me mets en chemin
    Mes pas sont lourds, ma tête aussi
    J’ai envie de vivre une belle aventure

    Quand tu croises par hasard cet ami dans la rue
    Et qu’il sent l’alcool à dix heures du matin
    Tu tâches de lui maintenir ta tendresse

    Sarah, excuse-moi je vais avoir
    Un quart d’heure de retard, j’ai eu
    Une discussion pas très fructueuse avec un agent

    De loin dans le couloir du métropolitain
    Tu aperçois la minuscule silhouette
    D’une collègue que tu apprécies

    Et la suivant des yeux
    Tu constates qu’elle croise
    Sarah qui ne te reconnait pas

    Des fois je me demande
    Si ce que j’écris n’a pas quelques pouvoirs
    Sur le réel

    Deux cafés crème
    Et nous sommes assez rapidement
    Dans le vif du sujet avec Sarah

    Deux heures d’un échange
    À la fois touffu et riche
    Puis je m’assombris, je pense à Émile

    Avec une bienveillance
    Pleine de nuance
    Sarah me reconstruit un sourire

    Nous nous quittons, je me dis que je vais aller
    Embêter Tiffanie, chercher de la lecture
    J’oublie que nous sommes le premier novembre

    Je me rends compte
    Que je ne ressens pas la pression habituelle
    Sur ma fesse droite

    Excusez-moi je crois
    Que j’ai perdu mes papiers
    Où vous êtes assise

    Désolée, je don’t speak French
    Sorry to trouble you, I was sitting here
    And I have lost my wallet

    Cette jeune femme est étonnamment
    Jolie et souriante,
    Elle s’excuse que je m’excuse

    Par politesse, ça se fait
    Quand on veut regarder sous les fesses d’une femme
    Je lui demande d’où elle vient ?

    De Grèce des Îles de la Cyclade, vous connaissez ?
    Je n’en connais que les descriptions d’Homère
    Ça a dû changer depuis. Rires

    Trois heures plus tard
    Une salade de haricots
    Et trois cafés plus tard

    Nous avons discuté de politique
    D’urbanisme (qu’elle étudie), de féminisme
    D’autisme, d’éducation des enfants, d’altérité

    C’était merveilleux
    Ses yeux pétillaient d’intelligence et de culture
    Ni elle ni moi n’étions attendus

    Trois heures plus tard
    Je l’ai rendue à son travail
    Je suis reparti j’étais transformé

    Je ne sais même pas
    Comment
    Elle s’appelle

    Pas une fois pendant trois heures
    N’avons-nous reçu d’appels ou de messages
    Ni regardé nos montres. Par quel miracle ?

    Dans le métropolitain je souris bêtement en pensant
    Que ce qui a pu permettre ce petit miracle
    Notre grande différence d’âge

    Et si le début du grand âge
    Me fait de tels cadeaux
    Je bénis l’andropause

    Je passe à la librairie
    Essai sur le fou de champignons
    Une histoire en soi
    . Peter Handke

    Ma fille Sarah m’envoie une photographie d’elle
    Elle a croisé son idole, qu’écrira-t-elle
    Dans trente ans à propos de ces frôlements ?

    Soupe
    Morbier
    Cognac

    Je ressors une vieille galette
    De Larry Coryell
    Barefoot boy

    The killing of a sacred deer
    De Yórgos Lánthimos
    Journée grecque !

    L’étrangeté effrayante
    De Yórgos Lánthimos
    Ses dialogues hachés

    #mon_oiseau_bleu

  • Je m’allie à un marchand
    Du marché de Montreuil
    Pour un buffet de 20 personnes

    On me commande une fresque
    D’inspiration médiévale
    On me paie en Vosne-Romanée

    Ce matin je conduis
    En étant d’une tristesse
    Insondable et inexplicable

    Je n’ai le cœur à rien
    Je reçois un message de Sarah
    Pour déjeuner : je deviens souriant

    Déjeuner avec Sarah
    Clément et Juliette
    Salade de lentilles aux crevettes

    Je fais une tournée de cafés
    Pour toutes et tous
    Et je repars au travail, laissant les miens

    Je croise Philippe Rebbot
    Qui a l’air de mauvais poil
    Tirant derrière lui un chien neurasthénique

    Ce n’est pas aujourd’hui
    Que je vais l’aborder
    Pour lui dire que j’ai rêvé de lui

    Certains emploient Philippe Rebbot
    Dans leurs films
    Moi je l’engage pour mes rêves

    Sitôt rentré, le four à 150°
    Trois œufs, 500g de crème de marron
    100g de beurre, une heure et demie

    Ce soir je suis invité
    Par les amis de remue.net
    En l’honneur de Phil

    Sereine, Sebastien, Iris, Esther
    Chantal, Patrice, José, Dominique
    Laurent, fort malade

    On lève nos verres
    « À Phil ! »
    On ne va pas plus loin

    Sébastien évoque la soirée en son honneur
    Le 13 janvier à la Maison de la poésie
    Je donnerai une cassette. Rires

    Et puis c’est sujets libres
    Beaucoup de rires
    Et de sourires

    José nous ravit
    En nous expliquant reconnaître
    Les pervers à leur nombril

    Sébastien et moi
    Nous nous montrons le nombril
    Depuis le temps qu’on se connaît

    Avant de partir
    J’entrouvre la porte de la chambre des petites
    C’est Adrien qui a raison : je suis un père

    Je m’endors
    Epuisé, tard
    Et saoul !

    #mon_oiseau_bleu

  • J’échange avec une femme
    Que je viens de rencontrer à propos
    Des mérites comparés entre ménopause et andropause

    De jeunes femmes
    Que j’ai connues enfant
    Sont enceintes, Sarah comprise

    Je suis invité à une partie
    De street volley-ball
    Je suis de nouveau jeune

    J’écris mon rêve, parfaitement réveillé
    Je déjeune de bon appétit
    Je fais ma toilette de bonne humeur, lundi

    Autoradio
    Théorie du ruissellement
    Et premiers de cordée : peigne-culs

    Je remarque que toutes les fois
    Où j’ai tenté de marquer au maillot le déluge médiatique
    Ce dernier a vaincu en provocant ma nausée

    Je ne fais plus de petits poèmes
    Avec les odes à Macron
    Dans le journal

    Un matin dans l’open space
    Je découvre qu’un collègue
    Au téléphone, est russe !

    Allez je fais une exception, parlant
    Des sommes en liquide reçues pour la campagne de 2007
    E Woerth : « cet argent me gênait, nous avons même pensé le détruire »

    Et Claude Guéant, lui
    Louait un coffre grande taille à la BNP
    Pour stocker des discours de Sarkozy

    Est-il possible que toute une journée
    D’open space
    Soit à ce point vide, de sens ?

    Par bonheur, il est prévu de répéter avec Adrien
    Sinon c’était toute la journée qui passait
    Par-dessus bord !

    On finit de détailler les cinq dernières pages
    On prend une longue respiration
    Et on file de bout en bout, sans les images

    A la fin on se regarde
    Je crois qu’on a déjà réussi
    Quelque chose

    Soupe de poivrons et d’oranges
    Heure d’hiver
    Saison des soupes

    Lecture du soir
    Songes du soir
    Fatigue du soir

    #mon_oiseau_bleu

  • Mon inconscient
    N’a pas su broder
    Avec la richesse de la veille

    Je mets le disque de Michele, DADADA
    Et je me colle à réparer les dégâts de la veille
    Une sacrée vaisselle !

    La scène-salon est de nouveau prête
    Pour la répétition du jour
    Une italienne et une allemande ?

    Ce matin c’est décidément
    Le calme avant la tempête
    Je vais me promener !

    Ce matin c’est décidément
    Le calme avant la tempête
    Je lis !

    Ce matin c’est décidément
    Le calme avant la tempête
    J’écoute de la musique !

    Une pendule en panne
    Depuis quelques temps qui se remet
    En marche pile à l’heure à l’heure d’hiver

    Je vais me promener
    Sous une pluie fine et pénétrante
    Dans des rues grises et désertes

    Je réalise à mon insu
    Une œuvre de land-art, ma marche
    Vue de haut a la forme d’une pièce de puzzle

    Raviolis aux épinards
    Ricotta
    Brousse

    Adieu allemande
    Et italienne
    Répétition reportée

    J’allais faire une sieste
    Je suis réveillé par les éboueurs
    Je nous fais un café, j’adore ces trois-là

    Je retourne à la sieste
    Je me réveille en soupirant
    Combien de fois ce rêve de jalousie ?

    Le notant malgré tout
    Je reprends celui de la veille
    Auquel je trouve une complexité cachée

    Le Jeune Karl Marx de Raoul Peck
    Me donne le tournis
    Pour les langues emmêlées

    L’allemand
    L’Anglais
    Le Français

    ― Ça va ?
    ― Nicht besonders
    ― I’ll walk you home

    Tageslichtspeilschock
    Jour lumière spectacle choc
    La sidération quand on sort d’un cinéma en pleine lumière du jour

    Au loin, l’avenue de la République
    Conduit l’œil vers le crépuscule parisien
    Et je rentre chez moi fort seul

    Relisant mes poèmes
    Je constate que ceux rédigés
    Par Le Monde ont disparu

    Ce n’est pas tant que je ne lis plus
    Le journal, c’est que je peine à le digérer
    Je mange par nécessité, mais cela me pèse

    La nuit tombe plus tôt
    Pour la première fois
    L’hiver approche, les raclettes aussi

    Dimanche de fatigue
    Ai-je donné tout ce que j’avais
    Hier ? Oui !

    Pendant que la soupe cuit
    Je répète seul
    Notamment le passage le plus long

    Drôle de sensation
    Celle de parler tout haut
    Dans sa chambre seul

    Je me demande si je ne préférais pas
    Dire ce texte devant cinq cents personnes
    Ça tombe bien, le premier décembre, à Rennes

    De Beaux Lendemains
    D’Atom Egoyan
    Terrible démonstration narrative

    De Beaux Lendemains
    Petites causes, immenses effets
    Labyrinthe obscurci de la vie, surtout à la fin

    Je peine à trouver le sommeil
    Mon respirateur est opiniâtre
    Pas autant que moi, insomnie

    Milieu de la nuit
    Le bras de fer continue
    Avec le respirateur : il gagne

    #mon_oiseau_bleu

  • Rêve d’un fleuve qui fait des vagues
    Immenses dans lesquelles je me noie
    Tandis que Zoé continue de surfer, loin

    Un rêve peut à la fois
    Etre fait d’images magnifiques
    Et angoisser et étrangler

    Je ne me laisse pas tromper
    Par les lumières de l’Est
    Je vois des nuages venant de l’Ouest

    Si seulement je pouvais bénéficier
    De tels éclairages
    Dans ma vie amoureuse, fort seul

    Et tout d’un coup mon salon
    Devient une scène
    Adrien et moi répétons L’Étreinte

    Première vraie italienne
    À froid, pour voir
    Les coupes nous amènent à une heure trente !

    Filets de poisson sauce curry
    Adrien épaté
    Pamplemousse, cafés, on y retourne

    De temps en temps on crie
    De temps en temps
    On soupire et on chuchote

    Adrien a une intuition
    L’extrait de conte, je ne voudrais pas le lire
    Comme on lit une histoire aux enfants ?

    C’est un peu ça la différence
    Entre Adrien et moi
    J’ai déjà raconté des histoires à des enfants !

    J’ai une intuition
    Je montre la fameuse scène du Cinquième élément
    Je coupe le son : c’est monstrueux !

    On se ménage des espaces courts
    D’improvisation
    On s’amuse comme des petits fous

    À deux
    On fait une foule
    Angoissée

    En fin d’après-midi
    Nous sommes rejoints par Bertrand
    L’éclairagiste

    Mes blessures de collaboration
    Avec un certain éclairagiste
    Sont vives ! Je suis prudent

    Puis nous sommes rejoints
    À la fois par le Cambodge
    Et par le XXIème : Skype ©™® !

    On peut donc travailler
    Et se montrer des croquis
    Avec le Cambodge

    Jerusalem in my heart
    Musique épouvantable
    Images admirables

    Les oreilles n’ont pas de paupières
    Le soliste laboure sans imagination
    Le projectionniste, lui, crée un univers

    Les Oiseaux-tempête font un peu mieux
    Mais les images sont moins surprenantes
    Le sentiment d’être la personne la plus âgée

    Un peu de lecture
    Shottsfreude
    De Ben Schott

    Einsiedelei
    Dreikäsehochregression
    Entlistungfreude

    #mon_oiseau_bleu

  • Je m’en doutais un peu
    Le rêve de cette nuit
    Va demander du travail

    L’homme à la clef
    Me tourne le dos
    Ignore-t-il qui je suis ?

    Je fabrique un album de photos
    Pour venir en aide à une jeune fille
    Qui glisse dans l’addiction

    Je croise mon ancienne psychanalyste
    Elle voudrait que je lui rende le livre de Lacan
    Qu’elle m’a prêté et m’interroge pour vérifier que je l’ai lu

    Vous-savez-qui
    A bien travaillé ces derniers temps
    Elle va acheter sa maison pour 190.000

    La transparence de tout ceci
    Je joue avec le feu
    Avec/contre beaucoup bien plus habituée au feu

    Mon ancienne psychanalyste
    A compris que je lui avais dérobé
    Son catalogue de Basquiat

    Je cherche dans cette direction
    De pure intuition
    Mais sans McEnroe, je ne vois rien

    Et dire que McEnroe est en vacances
    Avec 190000, je peux payer 3800 séances de psy
    De la Traumdeutung Assistée PAr Ordinateur

    Dans le temple de consommation
    La caissière commente
    Le bien-fondé de TOUS mes achats

    « On doit bien manger chez vous
    Mais on ne doit pas rigoler tous les jours »
    Cette femme est sous-employée

    Au courrier, lettre d’un expert
    Mots qui font tellement mal
    Insuffisance, irréversible, irrémédiable

    Insuffisance
    Irréversible
    Irrémédiable

    Insuffisance
    Irréversible
    Irrémédiable, mon cul

    Seul à la maison
    Vaincu
    Effondrement, passager

    Seul à la maison depuis ce matin
    Et quelques rappels : vieux, seul
    Père de l’irréversible, vaincu

    Vaincu
    Mon
    Cul

    Vaincu
    Mais
    Poète

    J’entends la voix de mon entraîneur
    Depuis le fin fond des années septante
    Allez Philippe, tu te relèves et tu y retournes

    Sardines
    Gnocchis
    Roquefort

    C’est vrai qu’on mange bien chez moi
    Mais c’est vrai aussi
    Qu’on ne rigole pas tous les jours

    Une poire
    Un café
    Sieste, seul

    Tests de robotique
    Dans le bois de Vincennes
    On manque de pression

    Les anguilles de sieste
    Sont décidément difficiles
    À attraper, en plus d’être courtes

    Télétravail
    Juste en sortant de sieste
    Coup de téléphone d’un patron

    Télétravail
    Je me réveille, légère odeur de brûlé
    Merde le gâteau de châtaigne pour Michele et Raffaella !

    http://www.desordre.net/musique/zorn.mp3

    Télétravail
    Je travaille en écoutant
    John Zorn !

    La CAF au sommet de son art
    M’informe que ma situation a changé
    Au premier décembre 2016, Ah bon ?

    La CAF au sommet de son art
    M’informe que j’ai trop perçu
    Deux mille et quelques euros, Zut !

    La CAF au sommet de son art
    M’informe que ce n’est pas grave, ouf !
    Ils vont retenir 500 euros les 4 prochains mois

    Un expert psychiatre au sommet de son art…
    Non là, ce ne serait vraiment pas poétique
    Peigne-cul !

    « Ainsi va la vie à Bord du Redoutable ! »
    Je retrouve le souvenir doux
    De l’ironie de B. et du Redoutable

    Temps radieux
    Je me déconnecte du télétravail
    J’ouvre la fenêtre et monte le son

    Et d’abord un petit coup d’aspirateur
    Ensuite un petit coup de wassingue
    La vie d’artiste et ses saletés peut commencer

    En chemin vers chez Michele et Raffaella
    Je croise Gaëlle et Péguy à la terrasse d’un café
    Elles me payent un verre de Bourgueil

    Gaëlle me pose, d’emblée
    Des questions
    Qui comptent

    Mes fleurs font tellement plaisir à Rafaella
    Michele m’étreint tellement fort
    Et ça sent tellement bon dans leur cuisine

    Je les supplie presque de s’engueuler
    En italien à propos
    De la cuisson des pâtes

    Michele le percussionniste de poche
    Son set désormais : une caisse claire
    Tout le reste dans sa tête

    https://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/max_roach.mp3

    Je repense à un concert de Max Roach
    Il s’était approché sur le bord de la scène
    Avec seulement la casse claire : vingt minutes !

    https://www.youtube.com/watch?v=Bt6o5qzoSwE

    On rit beaucoup de nos mécompréhensions
    On parle beaucoup de musique
    Michele m’offre un nouveau disque : DADADA

    http://www.desordre.net/musique/evans_vanguard.mp3

    Raffaella parle de Bill Evans donnant
    Un concert avec une seule main
    Michele : « Bill Evans, même avec un doigt ! »

    Le cri de joie de Raffaella
    En découvrant
    Mon gâteau de châtaigne

    Quel plaisir
    Je vais bientôt pouvoir les remmener
    Au Tracé provisoire !

    Je ne manque pas de remarquer
    Toutes sortes de signes et de sous-entendus
    Dans un mail d’elle. On ne peut pas être en paix !

    #mon_oiseau_bleu

  • Ai-je été insistant à ce point ?
    Elle me reçoit dans sa chambre
    Et ne fait pas mystère d’y recevoir d’autres hommes

    Son dernier amant n’était autre
    Que Miguel Barcello
    Qui a peint les draps

    L’étreinte qu’elle m’impose
    Est mécanique, seulement sexuelle
    Je l’encourage à la douceur, en vain

    Petit-déjeuner avec Émile
    Pas facile d’échanger
    Le pédopsy hier : « il faut le laisser un peu tranquille »

    Pas facile de freiner
    Après des années
    D’efforts de sollicitations

    Autoradio, une archive
    La voix de Vaclal Havel
    En fait celle de sa traductrice

    De bon matin
    Un collègue peste
    Il va mal

    Je suis tout seul avec lui
    Je lui offre un café
    Ça lui fait du bien

    Il s’étonne que je semble en connaître un rayon
    Des problématiques de personne aidante
    Moi ce n’est pas ma mère, c’est mon fils

    À l’ouverture des mails le jeudi matin
    C’est souvent un assaut
    De contrariétés

    Les certitudes d’un collègue
    Sont son plus efficace aveuglement
    Et moi qu’est-ce qui m’éblouit ?

    « Tu avais laissé ta session ouverte sur ta prose »
    Me dit mon collègue ? Mon oiseau bleu
    Je lui fais remarquer que ce sont des vers, pas de la prose

    Un jour je pousse le CV d’un ami
    Auprès d’un ami libraire
    Un jour je suis servi par mon ami

    Le Balainié
    Me sauve du suicide
    Et me fait mourir de rire

    Où je découvre que je jubjote
    Du matin jusqu’au soir
    Et seulement quand je dors, je ne jubjote plus

    Jubjoter : émerger d’un rêve sans savoir
    La fin et tenter d’y retourner
    Pour connaître la suite

    Dîner en tête à tête
    Avec Émile
    Et parties d’échecs digestives

    Au Tracé provisoire, avant le concert
    De vieilles vidéos des années 80, mon nom au générique
    De l’une d’elles : aucun souvenir, encore une œuvre fantôme

    Sauvagerie admirable de beauté
    Mariachi au Tracé Provisoire
    Dans la fosse et qui se débat

    Et quand elle pose sa guitare
    Encore chaude, encore vivante
    Elle reste accroupie ; étonnante jeunesse

    Quel excellent médicament
    Contre la fossilisation
    De mon esprit !

    En revanche
    Cela fait l’effet d’un café bien fort
    Avant d’aller chercher le sommeil

    Mais est-ce seulement cette musique
    N’est-ce pas plutôt ?
    Non rien !

    #mon_oiseau_bleu

  • Je développe une application, je fais fortune
    J’investis cette fortune dans un documentaire
    À propos d’un Néerlandais qui hérite

    Le Néerlandais désormais fortuné
    Investit cette richesse dans la construction
    D’une maison cubique dessinée par un architecte russe

    Mes poupées russes à moi
    Sont cubiques
    Comme des cubes de Rubik

    Dans le café récemment repris
    Une étagère pleine de bons livres
    Les livres de vos clients égarés

    Disant cela, je me pose la question
    De savoir ce qui est égaré
    Les livres ou les clients ?

    «  ? Non, on les a trouvés comme ça
    Je les garde pour l’effet décoratif ! »
    Voltaire, Nietzsche, Spinoza

    J’entame L’Antéchrist
    Une demi-douzaine de pages
    Un café philo finalement

    Dans la rue, un homme court après la factrice
    Il est vêtu d’un splendide costume trois-pièces
    Et de pantoufles au motif écossais, pour l’effet décoratif

    Avec l’orthophoniste on explique à Zoé
    Les dernières découvertes orthoptiques
    Concernant la dyslexie : « il faut me crever quel œil ? » Zoé

    Avec Zoé on décide une mauvaise fois pour toutes
    De ne plus jouer au jeu des Twingos
    Du coup on en compte 28 sur notre trajet

    « J’ai l’oeil ! »
    Dit-elle
    En riant

    Riz frit
    Carottes, poivrons et noix de cajou
    Œufs brouillés à la sauce de soja

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3

    Vaisselle
    Nick Cave
    Café

    Je prends mon élan pour
    Centre équestre-pédopsychiatre
    Cercle d’échecs-atelier de céramique

    La fascination dans le regard de cet enfant
    En écoutant un musicien du métropolitain
    Jouer de la scie

    Deux jolies jumelles
    Habillées à l’identique
    Se recoiffent de concert

    Un vendeur de tours Eiffel noir
    Pactise et sympathise
    Avec toute une équipe de touristes asiatiques

    Au Trocadéro, une femme vient de télécharger
    L’application du musée de l’Homme et regarde
    Des photographies de crâne sur son téléphone de poche

    Elle passe de l’une à l’autre images
    De crânes
    En les chassant du pouce sur l’écran

    Après avoir fini de lire
    La Domestication de l’art
    Promenade dans les beaux quartiers

    J’ai beau chercher du regard
    Les forces du désordre cachées
    Pour protéger tant de richesses, rien !

    Qu’Émile et moi
    Pouvons être
    Mal habillés !

    Les regards sur nous
    Tout un poème
    Un poème de la suffisance

    Amis
    Ces quartiers ne sont pas
    Du tout protégés

    Le pédopsychiatre complimente Émile
    Qui a perdu un peu de poids (2 ou 3 kg)
    Pas une remarque pour ma perte de 20 kilos

    Le pédopsychiatre
    Me fait toucher du doigt
    Certaines de mes contradictions

    Mes contradictions
    Et mon découragement
    Encore de l’abnégation me demande-t-il

    C’est comme s’il avait compris, fin psychologue
    Que pour atteindre Émile
    Il fallait désormais atteindre le père de son patient

    Deux hommes âgés
    Se retrouvent au Trocadéro
    Et s’étreignent avec affection

    Le marchant de crêpes a changé
    Ce n’est plus la généreuse dame algérienne
    Qui aimait la maladresse d’Émile

    À la place
    Un jeune qui tente
    De m’arnaquer

    En calcul mental
    Je suis hyper fort
    Et rapide

    Il plaide l’erreur, mais je connais son stratagème
    Que j’expose mathématiquement au grand jour
    Un sur deux à la puissance n moins un

    Et je suis content de ne pas être habituellement
    Prisonnier de mon esprit d’escalier
    « À défaut de changer de crèmerie, je change de crêperie »

    Dans le métropolitain
    Je donne l’euro rescapé de l’arnaque misérable
    À un pauvre homme

    Dans le métropolitain
    Je lis l’annexe de La Domestication de l’art
    C’est implacable, Dominique avait raison

    Anarchiste
    Et
    Propriétaire

    Anarchiste
    Et
    Employé

    Anarchiste
    Et
    Artiste, auteur

    Lourd
    Cumul
    Des entraves !

    Rentré à la maison j’aide Zoé
    Avec son devoir d’histoire
    Les doléances du Tiers-État

    Je cuisine des rates au four
    Ail, huile d’olives et, j’hésite
    Un fond bourgeois de Noilly-Prat

    Le croisement de deux piétons, pourquoi ces deux-là ?
    Me donne l’idée d’augmenter l’effet de tête bêche
    Mon Oiseau bleu à l’italienne, les Anguilles verticales

    Il est l’heure de l’invention de la photo, 18H39
    Après la leçon d’histoire, ça me tombe dessus
    La photo a été inventée 50 ans après le 14 juillet

    Il est l’heure de l’invention de la photo, 18H39
    L’heure de retourner les rates
    Dans le four, parfum du Noilly-Prat bourgeois

    Émile défend vaillamment son roi
    Attend patiemment que je relâche l’initiative
    Et me crucifie en deux coups

    Eric Clapton m’écrit
    Pour me proposer du Viagra©®&™
    Il vieillit. She’s all right, she’s all right… Cealis

    Je me botte le cul
    Pour ressortir, épuisé
    Et aller voir Corps et âme

    Pendant la réclame mon voisin
    De derrière me fait rire, il ponctue
    Les slogans de « C’est pas vrai ! »

     ?
    Il me rappelle mon ami Jim
    À Chicago qui, au milieu de chaque film, sans crier gare
    Au pire moment chuchotait : «  can this really happen ?  »

    Corps et âme
    D’Ildikó Enyedi
    Le personnage principal est autiste

    Le personnage principal est autiste
    Le film n’est pas réducteur
    Le personnage autiste n’est pas caricatural

    Le personnage autiste n’est pas caricatural
    Et sert de révélateur
    Des contradictions des neurotypiques

    Or les autistes ne sont-ils pas une chance
    Pour les neurotypiques
    Un miroir sans aucune déformation ?

    Je sors du film
    Complètement chamboulé
    Mais heureux

    Je m’endors
    En souriant
    C’est pas si souvent

    #mon_oiseau_bleu

  • Je laisse filer le rêve de ce matin
    En pleine conscience
    De sa médiocrité, en ai-je le droit ?

    N’empêche c’est dingue
    Le temps que je passe en voiture en rêve
    L’empreinte carbone de mes rêves n’est pas neutre

    Je me fais gentiment houspiller par Sarah
    Je conduis mal sur le chemin de la gare
    D’après elle je viens de perdre six points

    Je repasse par la maison sans entrain
    J’ai encore oublié cette fois-ci mon badge
    L’empreinte carbone de mes oublis est délétère

    Jour sans entrain, vraiment sans entrain
    Dans l’ascenseur, j’anticipe
    Ma séance de psychanalyse, pas inspiré

    Je tente de me mettre au travail
    Sans entrain, sans inspiration
    Pas sans efficacité, hélas !

    Tu fais une pause
    Tu prends un café
    Tu écris un peu : ça repart

    Un matin sans noter le récit de mes rêves
    Est un matin sans échauffement
    C’en est presque dangereux

    Je dérape
    Sur une feuille
    D’artichaut

    Je sors prendre une pause au café
    Je croise Zoé, on sourit tous les deux
    Tous les deux surpris, un peu gênés

    Je relis le récit de mes derniers rêves
    Juste avant de monter chez mon psychanalyste
    Comme un cancre révise sa leçon au dernier moment

    Je fais la buse
    Je plane
    Et je fonds

    J’ai longtemps fait la buse
    J’ai longtemps plané
    Fondre est tellement bref

    Dans mon œil pourtant
    Je jurerais que j’ai reçu l’éclat
    Bref que j’ai attendu avec patience

    «  ? Vous n’aimez donc pas Soulages ?
     ? Non c’est tout ce que je déteste, l’esprit français
     ? C’est de la détestation ou de la haine ?

     ? Non juste de la détestation
     ? J’ai la haine très rare
     ? Qui haïssez-vous ?

     ? Personne vraiment
    Les hommes et les femmes politiques de droite
     ? Cela fait beaucoup de personnes

     ? Dans mon esprit
    Ce n’est qu’une seule personne
    Une seule personne haïssable, la droite

     ? Et dans vos rêves
    Pas de désir de violence ?
     ? Longtemps si, mais plus depuis longtemps

     ? Comment s’exprimait cette violence ?
     ? Cela ressemblait à scène finale d’un James Bond »
    Tête du psychanalyste (je parlais de Proust il y a cinq minutes)

    En pénétrant dans la cabine de l’ascenseur
    Je jurerais que je pèse moins lourd
    Au plus léger enfoncement de la cabine dans la cage

    Transition professionnelle : j’utilise des images
    Tu me demandes de stocker une boîte d’allumettes
    Dans un container, et les allumettes sont mouillées

    Cette fois-ci
    Je crois
    Qu’il a compris !

    C’est inutile et coûteux
    C’est ça ?
    Exactement, coûteux et inutile

    Transition professionnelle
    Séance de travail avec Adrien
    Sur L’Étreinte , ne pas avoir peur

    On nous donne la grande salle pour notre lecture
    Généralement on commence les lectures petit-petit dans un café
    Adrien et moi débutants sur une scène nationale

    Du coup je jurerais
    Que je fais davantage
    Porter ma voix. Prétentieux !

    Sarah
    Émile
    Zoé dînent

    Ils se sont fait
    À dîner, seuls
    Je rentre vidé

    J’envoie à Adrien
    Les derniers éléments
    Je crois que je vais lire un peu

    La Domestication de l’art
    Me laisse peu d’espoir
    Un pion à mon travail, un pion dans mon travail

    Et quand je note mes rêves
    First thing in the morning
    Pas la moindre émancipation ?

    #mon_oiseau_bleu

  • Dans une biennale d’art contemporain
    On m’attribue fautivement une œuvre
    Je ne comprends pas que c’est une moquerie

    Sarah et moi mal réveillés ce matin
    Sur le chemin de la gare
    Fous rires et on se cogne

    Open space complètement noir
    Je tâtonne pour me faire un café
    Comme autrefois dans le labo-photo

    Il n’est pas huit heures
    Et déjà j’envoie des mails
    On entre dans l’automne froid

    Je découvre
    Best of luck with that wall
    De Josh Begley

    Je redécouvre la grande frise
    Des cent photographies
    Du New York Times

    Danna Ferrato
    Michael Nichols
    Stanley Forman

    L’une photographie l’invisible violence domestique
    L’autre un crocodile vue du dessous
    Une femme et son enfant tombent du cinquième

    Déjeuner préparé par Zoé
    Avalé sur le pouce, bon
    Deux cafés chez Clément et Juliette, bons

    Il reste deux mois à cette année maudite
    Aurais-je la force
    D’aller jusqu’au bout ?

    Émile régresse aux échecs
    Cela m’inquiète beaucoup
    Il s’obstine et échoue

    Gnocchis aux épinards et au four
    Déluge de soupirs d’aise
    Petits pois au beurre pour qui n’aime pas les épinards

    Bref échange téléphonique avec Julien
    Il m’échange ses deux barils de Paul Veyne
    Contre mon baril de Laurent Cauwet

    La blague habituelle de l’ouvreur du Keaton
     ? Je m’excuse mais ma carte de famille nombreuse n’est pas à jour
     ? Mais vos enfants, eux, sont à jour ? - Oui !

    Happy End de Michael Hanecke
    Le sentiment confortable, oui, confortable
    D’entrer dans une maison connue

    En revanche, rapidement
    Le montage habituellement au scalpel
    Paraît complétement détraqué

    Les images sont grandioses
    La mise en scène admirable
    Mais le montage… que s’est-il passé ?

    Malgré tout la chute
    À la fois la fin en elle-même
    Et son happy end, drolatique

    De retour du cinéma
    Je me demande malgré tout si Happy End
    N’est pas, avant tout, pour Hanecke un effort d’autodérision

    Quelques pages de La Domestication de l’art
    Avant d’éteindre, pas nécessairement
    La plus apaisante des lectures du soir. Colère

    La Domestication de l’art de Laurent Cauwet
    Et moi, qui, bêtement, pensais m’émanciper en écrivant
    J’apprends que je travaille pour un maître plus puissant encore

    #mon_oiseau_bleu

  • La troisième guerre mondiale est finie
    Le monde est en reconstruction
    Des concours ont lieu dans les entreprises

    Je nourris le projet d’une plateforme
    De libre accès universel au patrimoine mondial
    Je suis doublé par un projet de commerce de friandises

    Au marché, j’apprends, avec une tristesse
    Mélangée de soulagement
    Que la maraîchère prend sa retraite bientôt

    Je vais regretter ses légumes, ses fruits
    Mais aussi ses conseils
    À la fois de cuisson et de conservation

    Elle m’en donne un dernier
    Mettez vos carottes les gros bouts
    Dans le fond

    Avec Émile on donne au rosier
    Une dernière chance
    Une coupe biseautée à mi-troncs

    Je soulage et paille
    Les lauriers
    Je rafraîchis le lilas

    Dans un mois
    On ratiboise
    Les anémones du Japon

    En attendant
    Récolte ultime des tomates
    Confiture de tomates vertes

    Mon amie Laurence
    Est guérie !
    Une CRP normale <5mg/l

    Ce que parfois je gouglis
    Pour écrire un poème
    « CRP normale dans le sang »

    Darnes de truite et riz
    Salicorne frit
    Yaourt confiture de tomates vertes

    Je ne sais pas si cela est un songe
    Me levant de sieste
    Je suis poussé à certaines corrections

    Longue marche dans le bois
    Dont sont faits les rêves
    Avec Émile et Zoé

    Zoé m’explique comment
    Certains arbres sont déjà
    Pour elle, des souvenirs d’enfance

    Je lui réponds
    Que dans les Cévennes
    C’est un pareil pour moi

    «  ? Et c’est pour ça
    Que parfois
    Tu es triste dans les Cévennes ? ? Oui

     ? Mais pourtant tu nous dis toujours
    Que tu as eu une enfance heureuse ?
     ? C’est pour ça justement que je suis triste

     ? Et c’est maintenant que tu es triste ?
     ? Non maintenant je suis heureux
     ? Je ne suis pas sûre de comprendre. ? Moi non plus »

    De retour à la maison
    Négociation pour un coup de main
    Pour plier le linge

    http://desordre.net/musique/coleman_free_jazz.mp3

    «  ? Est-ce qu’on peut mettre de la musique ?
     ? Oui, est-ce que je mets un disque d’Ornette Coleman
     ? Non de la musique… ? Ah de la musique ?

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/louise_attaque.mp3

     ? Oui de la musique ! ? Bon ben d’accord »
    Quand je vais mettre ces t-shirts cette semaine
    Est-ce que j’entendrais du reggae ? Pitié !

    «  ? Excuse-moi, je suis un peu préoccupé en ce moment
     ? Bah Papa, on s’en est rendu compte
     ? J’ai des soucis ? Au travail ? Oui

     ? C’est le blues du dimanche soir ?
     ? Non, à mon autre travail, ce que j’écris
     ? Rassure-moi Papa, tu ne viens pas de commencer un nouveau texte ?

     ? Si, et il est…
     ? Très compliqué ?
     ? Oui ? On va encore prendre cher

     ? En fait c’est une cinquantaine de récits
     ? Qui doivent raconter une seule histoire ?
     ? Oui ? Bah ça c’est ce que tu fais d’habitude ?

     ? Oui, mais je vieillis
     ? Tu te souviens plus de ce que tu as écrit
    D’une fois sur l’autre ? ? Oui ! »

    N’empêche
    Oui, je vieillis
    Je suis épuisé

    Roulés thon guacamole
    Lentilles et carottes
    Fruits à volonté

    Discours de vieux con
    À propos d’informatique
    Avec Sarah ! Carelessness

    Discours de vieux con
    À propos de tabagie
    Avec Émile ! Hopelessness

    Discours de vieux con
    A propos de paresse
    Avec Zoé ! Sense of humour failure

    C’est dimanche soir
    Et si je regardais un film ?
    Le Havre d’Ari Kaurismaki avec Zoé !

    #mon_oiseau_bleu

  • Pour faire plaisir aux enfants
    J’adopte
    Deux bébés tyrannosaures

    «  ? Papa réveille-toi, c’est l’heure
    Qu’est-ce que tu as-tu es tout agité
     ? Je rêvais que j’étais en train de jouer au football ! »

    Je dépose Zoé à sa commission
    Hier elle était interviewée
    Le sérieux de cette adolescente !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3

    Retour à la maison
    Je mange mon petit déjeuner
    En écoutant Nick Cave

    Je monte dans ma chambre
    Café et Nick Cave
    Et je reprends mon récit de football

    Mon plaisir chaque matin
    Chercher la paire d’images
    Pour aller avec Mon Oiseau bleu

    Découpeuse / Découplé / Découpoir /
    Découpure / Découragé / Décourageant, ante /
    Découragement / Décourager / Décourageur, euse /

    Découronnement / Découronner / Décours /
    Découru, ue / Décousure / Découvert
    (À) Découvert / Découverte / Découvrable

    Découvreur / Découvrir / Décramponner /
    Décrapouiller / Décrassage et Décrassement/
    Décrasser / Décrassoir / Décréditement /

    Décréditer / Décrêpage / Décrêpeler /
    Et Décrêper / Décrépit / Décrépissage
    Décrépit, ite / Décrépitation / Décrépiter /

    Décrépitude / Decrescendo / Décret /
    Décrétale / Décréter / Décret-loi /
    Décri / Décrier / Décriminalisation /

    Décriminaliser / Décrire / Décrispation
    Décrisper / Décrochage / Décrocher /
    Décrochez-moi-ça / Décroiser / décroissance /

    Décroît / Décroître / Décrottage /
    Décrotter / Décrottoir / Décrue /
    Décryptage et Décryptement / Décrypter /

    Décrypteur, euse / Déçu, ue / Décuire /
    Décuiter / De cujus / Décullotage /
    Déculottée / Déculotter / Déculpabilisation

    Mon dictionnaire des synonymes
    Est resté ouvert hier soir
    En cherchant un synonyme à Découverte

    Matinée d’écrivain
    Après-midi de père de famille nombreuse
    Je ne sais ce qui est le plus fatigant

    Longue promenade
    Dans Fontenay et Nogent
    Avec Émile

    Une boulangère qui n’avait plus
    Vu Émile depuis dix ans
    Manque de s’évanouir

    Son pain est toujours aussi bon
    Dommage que ce ne soit pas
    La porte à côté

    Du coup je nous prépare
    Un goûter et c’est comme si
    Émile redevenait un petit garçon

    Papa je t’appelle pour te dire
    De ne pas t’inquiéter
    Je suis partie fumer de la drogue. Zoé

    Je constate la saleté dans la maison
    Elle est habitée par des adolescents
    Dont le père est un auteur un peu occupé là

    Le plaisir que je prends à écrire
    Ma propre nécrologie dans Fantômes
    J’en écris même deux différentes

    Dans l’une je suis un artiste incompris
    Et toujours en retard d’une rame
    Et dont on ne sait que faire du travail post mortem

    Dans l’autre
    Je prends le maquis
    Contre le gaz de schiste

    Dans les deux,
    Je meurs suicidé et centenaire
    Et dévoré par les sangliers

    Lasagnes aux épinards
    Et à la mozzarelle
    Compote de pommes

    Monuments men
    De George Clooney
    Avec Émile et Zoé

    Je lance une machine à laver
    Je fais la vaisselle
    Et je me remets au travail

    Il arrive de temps en temps
    Que la profusion de mes corrections
    Me décourage et que je préfère lire

    #mon_oiseau_bleu

  • Un thé à la cardamone
    Avec Sarah
    À Chicago, 943N Wolcott

    Croiser Clément et les enfants
    En route pour les Cévennes
    Sur une aire d’autoroute

    Émile est très fort au ping-pong
    Une nouvelle thérapie
    Pour les enfants autistes

    Audition d’enfants
    Qu’il faut surveiller
    Dans un bain de boue noire

    Cynthia portant des bas crême
    Disparaît
    Dans le bain de boue

    Etaient-ce dans un seul rêve
    Ou est-ce une suite de rêves
    Mis bout à bout ? je ne me souviens pas

    Je dépose Zoé au collège
    Je prends les informations
    Je ne supporte plus les informations

    Je ne supporte plus les louanges
    Du gamin-président
    Et encore moins l’exégèse de ses dires

    Je suis très remonté
    Je décide de détourner cette hargne
    Sur mon travail : dix mails en une heure !

    Il fait un temps radieux
    Je bois un café, je me sens bien
    N’était-ce un pincement au cœur, trois fois rien

    Je m’assois à ma table du BDP
    Tout juste si les habitués ne s’écartent pas
    Dos au soleil, jamais sans penser à B.

    Pause méridienne fort productive
    Je creuse de nouvelles galeries
    Dans Frôlé par un V1 , récit protéiforme

    La transition est rude
    Réunion à propos de demandes d’évolution
    Sur l’application dont je suis la maîtrise d’ouvrage

    La transition est glissante
    Je passe dans un théâtre
    Convaincre à propos des Apnées

    La transition est douce
    J’accompagne Zoé à un entretien
    Radiophonique à propos de son école

    La transition est désespérante
    Après avoir déposé Zoé au théâtre
    Je vais dans le temple de consommation

    La transition est impossible
    Après avoir rangé mes courses
    Je tente d’écrire de la poésie

    Je ne me foule pas de trop
    Pour le dîner en tête-à-tête avec Zoé
    Raviolis aux épinards, eau salée

    Fatigue
    Trop d’ingénierie informatique
    Pour une seule journée

    Je me passe quelques sketchs
    De Coffee & Cigarettes
    De Jim Jarmush

    Zoé sort de la salle de bain inquiète
    Je suis en train de m’étrangler de rire
    Je me couche sourire aux lèvres

    #mon_oiseau_bleu