#mon_oiseau_bleu

  • Un balai tombe dans l’escalier du garage
    Et déclenche une suite curieuse
    Notamment une excursion en montagne entre urophiles

    Dimanche matin
    Café free jazz écrire
    On devrait toujours être dimanche

    La liste des morts
    Dans Fantômes
    Est encore longue

    François Morellet, Martin Gray, Guy Hamilton
    Ronit Elkabetz, Imre Kertèsz, Jim Harrison
    Johan Cruyff, oui, un manchot, fameux

    À la fin de Fantômes dans le fichier
    Les noms des morts que je dois encore évoquer
    Tels un réservoir de récits et de fictions

    Keith Emerson, Nana Vasconcelos, George Martin
    Raymond Samuel Tomlinson, Nancy Reagan,
    François Dupeyron, Umberto Eco, Jacques Rivette

    Ludovic Janvier, Ettore Scola, Glenn Frey
    David Bowie, Pierre Boulez, Paul Bley
    Vilmos Zsigmond, André Turcat, Michel Galabru

    Michel Galabru,
    Michel Delpech
    David Douche

    Et quand je gomme un nom de cette liste
    Après avoir écrit le paragraphe le concernant
    J’ai le sentiment d’une suppression terrible

    Je fais une pause pour aller au marché
    Je me garde Nana Vasconcelos
    Pour m’y remettre, en écoutant la Serpillère

    La wassingue de Vasconcelos
    Nancy Reagan me redonne des bribes
    De Robert Heinecken (1930-2005)

    Dupeyron me ramène dans le Bronx
    Umberto Eco à Chicago
    Éric Chevillard devient un tueur en série

    http://www.desordre.net/musique/jarrett_you_dont_know_what_love_is.mp3

    Moment ataraxique
    Plier le linge
    En écoutant Jarrett au Blue Note

    Après
    J’arrête
    Jarrett

    Salade de haricots plats et œufs
    Tomates-cerises mozzarelle
    Courgettes crues à la menthe

    Haïkus
    De salades !
    Annonce-je

    Émile revient avec une coupe de manchots
    Les filles protestent contre mes préjugés
    Même les All Blacks ont ce genre de coupe : on rit

    Mes filles aiment bien
    Quand je leur parle de rugby
    Ça les fait rire (ce sont de drôles de filles)

    Une partie d’échecs longtemps
    Tendue entre Emile et moi
    Et soudain, un déluge d’échanges

    Je pense y avoir gagné un pion
    Emile me crucifie d’une fourchette
    Sa pointe est remarquable, j’abaisse mon roi

    Il monte se coucher
    C’est quoi déjà mon code pin
    Joueur d’échecs avec mémoire atrophiée

    J’hésite un peu à regarder
    La fin de Ma Mère
    Pas envie de faire des cauchemars

    #mon_oiseau_bleu

  • Précipités dans une fosse
    Pleine de chiens-squelettes
    Les enfants et moi nous faisons dévorer

    De bon matin, je travaille aux Fantômes
    Ecrivant à propos de Larry Coryell
    Je me souviens de Three Or Four Shades Of Blues

    http://www.desordre.net/musique/mingus/mp3

    Mingus
    Café
    Travaille !

    Travaillant aux Fantômes
    Nana Vasconcelos
    Tu me feras deux heures de berimbau

    Je passe de Mingus
    A la serpillère
    D’Egberto Gismonti

    Oui, on peut difficilement
    Ecrire
    La wassingue de Gismonti !

    Quand on joue au jeu
    Des je me souviens
    Incroyable ce qui remonte

    Une conversation téléphonique de cinq minutes
    Avec Irène Lindon, éditrice de Minuit
    Et ce sont deux pages qui affleurent

    Minuit, bonjour !
    Avait répondu la préposée
    Au téléphone

    Ceci dit le croisement de cinq minutes
    Avec Pacôme Thiellement au Kosmos
    Et de sont aussi deux pages d’enjeux souterrains

    De même la sombre histoire
    De la construction d’une bibliothèque
    Avec Daniel qui m’avait fait passer pour soiffard

    Samedi matin
    Café free jazz écrire
    On devrait toujours être samedi

    Longue, interminable même, discussion
    Avec Julia, dont je mesure la brillante intelligence
    Même si un calcul de pourcentage la met souvent en défaut

    Brève conversation téléphonique
    Avec B. qui nous replonge tous les deux
    Dans la vie à bord du Redoutable

    Je rejoins Mathieu et Adrien
    A L’Industrie , par égard pour Adrien
    Nous sautons rapidement l’introduction ovale

    Echange remarquable d’intelligence
    De part et d’autre à propos de l’Étreinte
    Et des cinq belles séquences filmées d’Adrien

    Le conseil de Mathieu
    Auquel j’adhère
    N’en faisons pas de trop

    Mathieu et moi
    Rions à propos du fauteuil
    À oreilles, Adrien, pas sûr

    Limite, retour
    Aux fondamentaux
    L’ovalie revient

    Mathieu et Adrien filent
    À leur dîner respectif
    Et moi au mien, une soupe froide

    Le soir
    Je remarque
    Que je suis lourd à l’encre

    Attendons
    Demain
    Matin

    La moitié de Ma Mère
    De Christophe Honoré
    Pas le meilleur des somnifères

    #mon_oiseau_bleu

  • Je paramètre
    Le traitement de texte
    Du nouvel Hemingway

    Discussion qui porte
    Au petit-déjeuner
    Avec Zoé

    Puis Zoé me fait mourir de rire
    En m’inventant une existence
    Fictive en open space

    Toussaint le soir
    Zoé le matin
    Guérison en cours

    Remplir les formalités en ligne
    Pour la licence de rugby d’Émile
    On n’avait pas tout ça dans les années septante

    Un homme en soutient un autre
    Au bord des larmes, au bord de tomber
    J’en suis ému, je voudrais me joindre à eux

    Je regarde désormais les jeunes femmes
    Portant leur bébé près de leur poitrine
    Avec l’attendrissement d’un grand-père

    Deux provinciaux égarés
    À la croix de Chavaux
    Me demandent, à moi ! le chemin du Tracé

    Je reçois un texte de Peugeot
    Une opération coup de poing
    Je redoute une nouvelle facture

    Je ne peux pas, tout de même pas
    Demander à mes collègues de parler un peu moins fort
    Je n’arrive pas à me concentrer sur le récit de mes rêves

    Les Fantômes
    Ont une matière textuelle
    Incroyablement malléable

    Je n’ai jamais écrit de la sorte
    À la fois confiant, curieux
    Et en partant tous azimuts

    Soirée admirablement ratée au Tracé
    Tracé confié à tout un gotha de poètes
    Post beat complètement ratés, mais conquérants

    J’ai tenté de m’accrocher un peu
    Tâchant de retrouver un peu l’ambiance
    Du Rainbo ou du Czar bar sur Division, las !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140924_jacques_demierre002.mp3

    Sur la scène du Tracé , cette année
    J’aurais écouté le trio Demierre/Philips/ Leimgruber
    Et des poètes ricains s’accompagnant avec des guitares folkloriques

    #mon_oiseau_bleu

  • Invraisemblable puissance érotique
    Du rêve de cette nuit
    La contemplation d’un paysage

    Je l’emmène au cirque de Navacelles
    Je découvre subitement sa nudité
    Je jouis !

    Comment négocier le début du jour
    Après cela, commençons
    Par une douche !

    Sarah me replonge
    Dans le quotidien
    En une fraction de seconde

    Quand on n’a que 18 ans
    Il peut arriver qu’on ait des pensées
    De jeune fille de douze ans, et ça surprend !

    J’attends l’heure du départ
    En lisant quelques pages du dernier Toussaint
    Et j’éclate de rire. Plusieurs fois

    Tous les matins Zoé me texte
    Pour me rassurer : « je suis dans le bus »
    Hier je lui fais remarquer que ce n’est pas original

    Ce matin, heure habituelle
    « Je suis dans la licorne
    Numéro 46 ! »

    Il n’est pas 8H13
    Et je lis déjà
    Deux auteurs comiques

    Zoé
    Et
    J.-P.T.

    Et vers dix heures
    Je décide de démarrer
    Une quête ardue et âpre

    Demande d’expertise
    Douze mails qui partent
    Avec cet objet lourd de sens

    Est-ce que les trois psychiatres
    Qui me répondent dans le quart d’heure
    Savent qu’ils m’envoient un signal douteux ?

    Et puisque j’en suis dans la lutte
    Contre le mensonge
    Je prends un collègue la main dans le sac

    Et donc lesté de tant de contrariétés
    Je pars prendre une pause méridienne
    Au café, au soleil, devant un tas de feuillets

    Et je prends un plaisir
    Rare, insigne à écrire
    A amender mes Fantômes

    Et je m’étonne
    D’une chasse aux fantômes
    Aussi productive

    Jusqu’au fantôme
    D’Henri Regnault
    À Garches, rue du 19 janvier 1871

    Je sors de l’open space
    L’esprit chamboulé
    Sans doute l’évocation de Chris Evert

    Ces Fantômes
    Me ramènent à des sentiments
    Enfouis : ce sont bien des fantômes

    Crises de rire à répétition
    En lisant Made in China
    De Jean-Philippe Toussaint

    Je peux bien l’avouer
    Made in china
    Est LE livre que je voulais écrire avec Chinois

    C’est marrant
    De s’endormir
    En riant

    #mon_oiseau_bleu

  • Je ne parviens pas du tout
    A recoller les bribes très éparses
    Et très floues de mon rêve

    Ne reste de ce rêve
    Que des idées générales
    Une conférence avec Jean-Luc

    http://www.desordre.net/musique/guionnet.mp3

    J’essaye même d’écouter
    Un disque de Jean-Luc pour
    Me reconnecter au rêve, peine perdue

    Enfin peine perdue
    C’est mal dire
    Plaisir de l’écoute, quand même

    Belle lumière dehors
    Qui monte dans mon dos
    Fatigué, trop dormi

    Je voudrais pouvoir écrire
    Mais ne pouvant faire mon échauffement
    Dans les Anguilles , rien ne vient

    En fin de matinée je reçois
    Un de ces mails toxiques, plein de mensonges
    Poison dont je sens la progression dans mes veines

    Déjeuner pollué, un peu
    Avec Nicolas du Kosmos
    Avant que le fil de la discussion ne me dévie

    J’ai entre les mains
    Le scénario du prochain film
    D’un cinéaste que je vénère

    J’aurais un vase Ming
    Entre les mains
    Je serais moins ému

    Sieste improductive
    Aussi bien sur le plan du repos
    Que, in fine , de la production onirique

    Je descends travailler
    Et l’intention d’en découdre
    Avec la machine à coudre

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3

    Je mets Nick Cave
    Il a pour mission de me secouer
    La red right hand

    Travaille !
    Je me dis tout haut
    Au milieu du garage

    Et Je
    M’y
    Mets

    Enfin
    Je m’y mets
    C’est pas gagné

    Les Fantômes
    Prennent forme
    Dit comme ça…

    Le soir, dîner
    Avec les filles
    Sushis

    Enfance maltraitée
    J’emmène Zoé
    Au cinéma après les sushis

    Barbara
    Mathieu Almaric
    Jeanne Balibar

    Certains plans de Barbara
    Ont la grâce surnaturelle
    Des derniers plans de E La Nave va

    http://www.desordre.net/musique/zappa.mp3

    Zoé : « qu’est-ce que tu reprocherais à ce film ?
    ― Rien, je n’aime pas Barbara, j’aurais aimé le même film
    À propos de Zappa ― avec Balibar en Zappa ? ― Oui !

    Jeanne Balibar
    Saurait très bien faire
    Zappa, elle sait tout faire

    #mon_oiseau_bleu

  • Je rencontre une femme merveilleuse
    Que j’ai bien du mal à emmener en voiture
    Je ne sais plus, en effet, où j’ai garé cette dernière

    http://www.desordre.net/musique/tom_waits.mp3

    Je ne m’explique pas bien
    En revanche ce désir au réveil
    D’écouter Tom Waits

    Des fois mon inconscient
    Ne se fatigue pas de trop et assure
    Une sorte de service minimum

    Je note malgré tout ce récit sans mystère
    Mais je le tance, ne fais pas trop la malin
    J’ai rendez-vous chez l’analyste à 13 heures

    Moment de gloire en réunion
    Vidéoprojecteur en panne
    Je fais mon exposé sans slides, yes !

    Je rêve
    D’une telle panne
    Depuis cinq ans !

    Personne avec qui prendre mon café
    Au BDP et je n’ai pas pris de lecture
    Du coup la serveuse m’entreprend !

    Si elle savait le rôle de tueuse en série
    Qu’elle a parfois dans mes rêves
    Elle se ferait moins enveloppante

    Une collègue, habituellement timide
    Surprend son monde dans l’open space
    Et m’invite à déjeuner ensemble, oui, moi

    Chouette échange et je comprends
    Qu’elle voulait me dire qu’un de nos jeunes nouveaux collègues
    Fait du Vjaying et que cela pourrait m’intéresser

    Un peu mon neveu
    Mais avec moi il va voir le sentiment
    Que les images font du ralenti !

    En cochant mentalement
    Mon rendez-vous chez l’analyste
    Je réalise que c’est avec moi-même que j’ai RDV

    Et de fait, dans le miroir
    De l’ascenseur récemment inspecté
    Je découvre mon visage, je suis calme

    J’entame la séance en annonçant
    Que j’interromps le récit de la fois dernière
    Pour une nécessaire digression

    Cela amuserait sans doute
    Mes lecteurs de savoir
    Que j’ai de telles prévenances avec mon psy

    Vous imaginez un peu le tableau
    Dans un de mes livres : attention
    Je vais digresser !

    En revanche avec mon psy
    Je fais comme avec mes lectrices et lecteurs
    Je recolle au récit en cours sans crier gare !

    Psy : ? Des rêves en ce moment ?
    Ego : ? une soixantaine de pages cet été
    Tête de Psy !

    Ego : ? Je suis un père anarchiste
    Psy : ? Doublé d’une mère juive
    Tête d’Ego !

    Léger relâchement du langage soutenu
    Avec psy ? « ça m’emmerde », dis-je
    Il m’encourage, il ne devrait peut-être pas

    Avant que je ne comprenne
    Que l’encouragement porte sur le ça
    Pas sur la merde, trop tard, je suis lancé

    Dans le métropolitain je fais la monnaie
    Sur un euro auprès d’un clochard
    Pour donner cinquante cents à son collègue

    Toute
    Ta
    Tête !

    And it’s six in the morning
    Gave me no warning
    I had to be on my way

    Tom Waits
    For
    What ?

    Le petit rêve un peu sot
    Tel que je m’en souvenais ce matin
    S’épaissit à l’écriture le soir pour devenir un vrai rêve

    Cela faisait longtemps
    Que je n’avais pas tant écrit
    En sortant de l’open space

    Frédéric Lordon, Amélie Nothom, Philippe Djian
    Xavier Lambours et William Klein
    Rejoignent la cohorte des Fantômes

    Il est 18H39
    Il est l’heure
    De l’invention de la photographie

    Il est 19H01
    Il est l’heure
    Du début du siècle

    Il est 19H18
    Il est l’heure
    de l’armistice

    Il est 19H25
    Il est l’heure
    De la mort de Proust

    Il est 19H33
    Il est l’heure
    De l’élection de Hitler

    Il est 19H42
    Il est l’heure
    De la conférence de Wannsee

    Il est 19H45
    Il est l’heure
    Du 8 mai

    Il est 19H47
    Merde il est l’heure
    D’y aller. Je suis en retard

    Now the sun’s coming up
    I’m riding with Lady Luck
    Freeway cars and trucks

    http://www.desordre.net/musique/guionnet.mp3

    Jean-Luc Guionnet
    Ou l’impossibilité d’avoir la moindre idée
    De ce que l’on va écouter d’une fois sur l’autre

    Jean-Luc Guionnet
    Thomas Bonvalet
    Virtuose des bouts de rien

    Julien Desprez
    Arnaud Rivière
    Ça vous remet droit

    Cela fait du bien
    De revenir
    Au Tracé provisoire

    Emmener Julia
    Au Tracé provisoire
    Transmission (en cours)

    N’empêche le pépé de Sara
    Est nettement plus rock’n’roll
    Que sa maman, ça nous fait rire

    #mon_oiseau_bleu

  • Rêve complexe dont je ne retiens
    Qu’une chose, les pitreries de mon cousin Raymond
    Au piano, dont je ne me demande pas de quoi il est le nom

    Cette note-là c’est un si
    Et cette note-ci c’est un la
    C’est ainsi

    J’emmène ma belle étudiante
    À la gare de Réseau Express Régional
    Avant-hier je lui donnais le biberon

    Du coup j’arrive fort tôt
    Dans un open space
    Désert et enténébré

    Et me voilà replongé
    De bon matin, avant huit heures
    Dans le ton comminatoire

    Je sors prendre un café
    Je croise mon amie Rachel avec qui
    I am pouring my heart out

    En fait c’est en me confiant
    À mes prochains que je mesure
    Le poids de ce que je porte

    Longue conversation téléphonique
    Avec Laurence fragilisée
    Je frissonne à l’ombre

    Et du coup je rentre
    Frigorifié
    Dans l’air climatisé

    J’écris de longs mails
    Que je corrige sans cesse
    Et que je n’envoie pas

    J’écris de longs mails
    Que je n’envoie pas
    Pour me donner le temps

    Le temps de réfléchir
    Le temps de mesurer
    Le temps d’anticiper

    Arrive l’heure du goûter
    Et c’est un autre costume qu’il faut revêtir
    Celui de père qui emmène sa Zoé chez la psy

    Dans la salle d’attente
    Je reprends la première impression
    Des Fantômes , que de corrections !

    Que de corrections !
    Que d’ajouts !
    Que de suppressions !

    Première relecture du tapuscrit
    Des Fantômes , encore onze fois
    Et cela ressemblera à des phrases

    Puis tu ouvres le dernier livre
    De Jean-Philippe Toussaint
    Et ce que tu lis coule de source

    Tu pousses du col
    Si cela se trouve Toussaint
    Aussi, reprend ses phrases douze fois

    Cuisiner le dîner, aller chercher
    Sarah au Réseau Express Régional
    Faire la vaisselle

    Ce n’est pas fini
    Faire la valise d’Emile
    Faire le support informatique de Sarah

    Il est 21H30 quand tu allumes ton ordinateur
    Il est 21H33 quand tu ouvres ton fichier
    À 21H45 tu n’as toujours pas pissé une ligne

    Tu considères l’écheveau
    Des corrections des Fantômes
    Tu n’as pas la force ce soir

    Au lit
    Avec
    Toussaint !

    Tomorow
    Is Another
    Day
    . Espérons-le !

    #mon_oiseau_bleu

  • Dans mes rêves
    Je pars aux sports d’hiver
    En voiture de sport !

    Dans mes rêves
    Mes amis et moi avons affaire
    Avec un propriétaire retors

    Dans les rêves
    Même quand je suis diplomate
    Mes amis me donnent tort

    Dans mes rêves
    Je roule en voiture de sport
    Mais je ne roule pas sur l’or

    Dans mes rêves
    Je sais tout faire
    Je suis très fort

    Catastrophe
    C’est dimanche matin
    Et plus de café !

    Sur le marché
    Une pluie d’automne vient salir
    Les courgettes de fin d’été

    Dimanche matin
    Matinée d’écriture
    Je chasse les Fantômes

    Travaillant désormais
    Sur quatre textes à la fois, immodestement
    Je me fais penser au peintre Arnulf Rainer

    Ich male
    Zehn oder zwanzig
    Bilder zur gleichen Zeit

    Un peu de flottement en fin de matinée
    Je cuisine des rates et je prépare
    Une grande salade de chicons, ça va

    Un peu de flottement en fin de matinée
    Je reçois le mail de Daniel
    En réponse au récit de mon rêve, ça va

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/wayne_shorter.mp3

    Un peu de flottement en fin de matinée
    J’écoute un vieux disque
    De Wayne Shorter (elle détesterait), ça va

    Brigitte Macron
    Entreprend de dépoussiérer
    L’Elysée

    Une artiste dissidente chinoise
    Se sert du Désordre pour organiser
    La fuite d’autres artistes dissidents

    La Sécurité Sociale
    M’écrit pour me dire que j’ai épuisé
    Mon crédit d’arrêts-maladie, je ne suis plus couvert

    L’artiste chinoise dissidente
    Et la Sécurité Sociale disparaissent
    Dans la bonde de la douche, après la sieste

    Pour ce qui est
    De la Sécurité Sociale
    Ce n’est pas dommage

    Promenade au Bois de Vincennes
    Quasi désert juste après une ondée
    Tour du lac des Minimes, le petit tour

    Zoé prend Emile et moi par les bras
    Elle ironise : « là, entre vous deux
    Je ne devrais pas me faire agresser ! »

    Je vais chercher
    Du pain frais
    Pour le goûter !

    Je prépare
    Un crumble
    Aux poires

    Pendant la cuisson
    Attendant que le sèche-linge
    Ait fait son office, j’écris, un peu

    Zoé retourne à ses devoirs
    Emile retourne à sa promenade
    Je retourne à la pile de linge

    Je suis surpris moi-même
    Par l’étrange portée
    De Fantômes . L’ai-je vraiment écrit ?

    Aberanne Salisburry
    Est très ponctuelle, c’est toujours
    À 21H23 qu’elle voudrait fµck me

    Patates douces
    Coriandre
    Fromage de feta

    Et soudain Émile
    Me révèle un incident
    Survenu il y a cinq ans !

    La portée de tout ceci
    La solidarité indéfectible de Zoé
    L’intelligence claire de mes enfants

    La profondeur
    Avec laquelle
    Cela s’insinue en moi

    Un petit quart d’heure
    De Comment je me suis disputé
    N’a pas le pouvoir de me dérider

    J’éteins
    Mais
    Je ne dors pas

    #mon_oiseau_bleu

  • Commande d’un film promotionnel
    Sorte de bande-annonce
    D’un nouveau documentaire critique de Shoah

    C’est quand même souvent
    Dans mes rêves
    Que l’on me commande des films !

    Sur le chemin du collège
    Zoé m’expose une théorie personnelle
    Qui me fait beaucoup rire

    Sur le chemin du collège
    Zoé se fout gentiment de ma poire
    Mon papa n’a pas des masses de talent mais il est opiniâtre

    Je reprends le chemin du psychologue
    Avec Émile
    Pour une nouvelle saison, la saison 15

    En avance sur l’heure du rendez-vous
    Circulation fluide du samedi matin
    Nous marchons un peu le long du canal de Bondy

    Dernière tentative de m’accrocher un peu
    Au Jerusalem d’Alan Moore
    Je rends les armes page 42

    Qui pourrait avoir assez de désir
    Pour 1300 pages de descriptions méticuleuses
    De l’ouverture d’un paquet de clopes ? Pas moi

    Julia accoure presque à mon chevet
    Mais c’est aussi moi qui lui viens en aide
    Que de psychologie familiale !

    Et l’étonnant remède que je trouve
    Pour apaiser les tensions de Julia
    L’emmener mardi au Tracé provisoire

    Saumon citron piment
    Riz et carottes au sésame
    Mimolette et gorgonzola

    En fait ma Grande Julia
    N’est pas assez nourrie
    De choses de l’esprit

    Et j’ajoute
    Et moi cela me fait de la compagnie
    Pour aller au Tracé !

    Me connectant à ma boîte mail
    Après la sieste : Olivia Dyson, Jessica Barker,
    Amelia Simpson et Sandra Gates veulent f*ck with me

    Je vais prendre l’air avec Émile
    Grande marche
    Au Parc des Guilands

    Lumières de fin d’après-midi
    Sur ciel sombre et changeant
    Un peu de pluie, du vent

    Assis dans l’herbe
    Avec Émile silencieux
    Je contemple et détaille la ville

    Émile : « toi tu préférerais
    Être dans les Cévennes non ?
    ― Tu dis cela a à cause de la vue ? ― oui »

    En marchant
    Je réfléchis à ma soupe
    De citrouille

    En marchant
    Je pense à elle de nouveau
    Mais pourquoi, mais pourquoi ?

    Dans ma purée de citrouille, des carottes
    Et des pommes de terre, du parmesan, du poivre
    De l’huile d’olive de la fleur de sel et de la mozzarelle

    De la crème fraîche
    Et du beurre aussi
    Et du basilic

    On peut mettre
    Plus de choses dans une purée
    Que dans un seul poème

    Soir qui tombe
    Fatigue qui nous engourdit
    Émile, Zoé et moi regardons un film

    Je tente des recherches improbables
    Sur Internet pour retrouver le nom
    D’une présentatrice de télévision en 1999 !

    Voilà où mène
    Parfois
    Mon désir de fiction

    Harry Dean Stanton est mort
    Et cela fait seulement quelques temps
    Que je n’ai plus peur des égorgeurs nocturnes

    #mon_oiseau_bleu

  • Je suis envoyé en mission secrète
    Au pays de la télévision
    Pour y sauver un artiste prisonnier médiatique

    Un bon rêve
    Et
    Ça repart

    Je ne digère pas très bien
    Le raz de marée d’émotions d’hier
    Je grossis à nouveau

    Open space désert et ensoleillé
    Je sirote mon café
    Je tente de faire la paix

    Je me demande ce que retient
    Mon inconscient des nombreux mails
    Que je reçois, intitulés I want to fu*k you

    Comment Macron a tué dans l’œuf
    L’émergence d’un front syndical
    Face au code du travail

    Pour échapper aux braconniers,
    Les éléphants marchent la nuit
    Et se cachent le jour

    On ne peut pas, à chaque fois, croiser, au BDP
    Qui, une auteure de notre connaissance
    Qui un saxophoniste. Dommage !

    Le positionnement de notre medium
    C’est de jeter des ponts entre les communautés

    Les choses qu’on entend au café, des fois

    Seiches sel et poivre et nouilles sautées
    Merveilleuse écoute de J., rire souvent
    Mais aussi, atteint au cœur, pleurs

    Un peu plus et cette belle jeune femme
    Me fonçait dessus, la tête en l’air
    Romane Bohringer !

    La Corée du Nord appelle
    La France à abandonner
    Son programme nucléaire

    La sonde Cassini
    A émis son dernier message
    En plongeant vers Saturne

    Patrick Henry,
    Détenu depuis quarante ans et malade,
    Va pouvoir sortir de prison

    Dreaming of f#cking you tonight
    What would you like to do with me ?
    I am thinking of f%cking you

    Si j’apprends, après coup
    La mort de Jeanne Moreau
    Est-ce que cela ne la sauve pas ?

    Et si j’apprends
    Que Bob Dole n’est toujours pas mort
    Est-ce que cela ne pourrait pas hâter les choses ?

    Et si j’apprends que contrairement
    À ce que je pensais une tel n’est pas mort
    Est-ce que cela ne pourrait pas l’immortaliser ?

    Longue conversation téléphonique
    Avec l’ancienne psychanalyste d’Émile
    Ecouter sa voix me rajeunit de dix ans

    «  Mais enfin zoé
    Qu’est-ce que tu as dans le crâne ?
    Un petit brésilien qui danse la samba »

    Apéro dinatoire entre voisins
    Certains que je croise depuis quatorze ans
    Et auxquels je dois demander comment ils s’appellent !

    Avant d’aller me coucher
    Je parcours les nécrologies récentes
    De quelques Fantômes de 2017

    Oui, cela n’a rien de raisonnable
    D’entamer un nouveau texte
    Je devrais me remettre à la photographie !

    Comme tous les soirs de la semaine
    Je regarde un quart d’heure
    De Comment je me suis disputé

    Comment je me suis disputé
    (Ma vie sexuelle)

    Véritable lecture du soir

    #mon_oiseau_bleu

  • Rêve de pissotière
    Électronique qui dénonce
    Ceux qui pissent debout

    Sarah
    Part
    À la fac !

    What
    A
    Man !

    Contrecoup d’hier soir
    Je pense à elle
    Et je sais qu’elle n’est pas seule

    Elle serait seule
    Je penserais
    Que je ne peux pas la rejoindre

    J’emmène
    Exceptionnellement
    Zoé au collège

    Mon nouvel embrayage
    Couine risiblement
    Crises de rire inextinguibles avec Zoé

    Nettement moins drôle
    La première réunion
    De la journée

    Encore moins drôle
    La conférence téléphonique
    Qui lui fait suite

    S’entendre dire
    Des phrases comme
    Nous devons l’exiger d’eux

    Au café, croiser Baptiste
    Le saxophoniste du Surnat’
    Longue conversation

    On parle de Profondo rosso
    On parle d’Esquif
    On n’est pas d’accord, on rit

    Baptiste me révèle que dans Esquif
    Les spectateurs tirent sur le filin de la funambule
    À hauteur de leur sens des responsabilités

    Je me souviens
    Des courbatures
    Du lendemain d’Esquif

    Étonnant aussi
    De voir comment on est rapidement
    De plain-pied au centre de nous-mêmes

    Récit des grandeurs
    Trompeuses des grands hommes
    Plus grands qu’eux-mêmes

    Et il faut une volonté toute particulière
    Pour s’arracher à une telle conversation
    En sachant qu’on repart vers l’open space

    Je remarque que le café
    Fourmille d’énergies et de projets en cours
    À la différence de là d’où je viens, pourtant

    Première fois en dix jours
    Que je rentre directement sans rendez-vous
    Rien, un soir à la maison avec les enfants !

    Je lis une critique d’Une fuite en Égypte
    J’y lis un extrait qui parle du personnage
    De Suzanne, j’aimerais bien rencontrer Suzanne

    PDJ, n’a sans doute pas lu les recommandations
    Du Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale
    Concernant le point-virgule

    « On doit éviter d’en faire un emploi excessif
    Et notamment de l’utiliser là où il faudrait
    Une virgule ou un point. »

    Non
    Sans doute
    Pas

    Dans les biographies fantaisistes
    Pour la quatrième de couverture
    D’Une Fuite en Égypte

    Philippe De Jonckheere
    Découvre, à 52 ans
    Le Traité de la ponctuation française

    Je pose mon clavier cinq minutes
    Sarah rentre de l’université
    Et un sac plein de questions

    On a bien du mal à se parler
    Avec Sarah ce soir
    Elle grandit, je vieillis

    Une bonne heure
    Des litres de pleurs
    Elle et moi, surtout moi

    Un jour, aurais-je le courage
    De regarder les sept dernières années
    Et n’en pas trop souffrir ?

    Pommes de terre sautées à l’ail
    Omelette au parmesan
    Soupirs d’aise des enfants

    Mais déjà en arrière-plan
    La pensée triste
    Nous quatre, c’est presque fini

    Combien, encore
    De dîners comme celui-là
    En semaine ?

    Sarah et Zoé qui chambrent
    Emile qui songe
    Et moi qui enregistre, pour plus tard

    Homme de 52 ans
    Constamment chahuté
    Par ses émotions

    Deux parties d’échecs
    Avec Emile
    Qui m’achève, même si

    Mi-septembre
    Et déjà aussi peu de forces
    Qu’en mai-juin ?

    Quelques échanges de messages avec elle
    C’est gentil de sa part, mais c’est étonnant
    À quel point c’est en deçà de mes fictions !

    Un funambule dont on élèverait sans cesse le filin
    On exigerait qu’il danse et qu’il jongle et on finirait
    Par agiter le filin. C’est moi. Et le funambule finit par tomber non ?

    #mon_oiseau_bleu

  • Un rêve
    Tout bête
    Tout simple

    À la retraite
    Je travaillerai dans une association
    Pour aider les jeunes gens avec les réseaux asociaux

    Mes jeunes gens à moi
    Dorment tous les trois profondément
    Cafés et écriture en silence, il est tôt

    C’est le premier mercredi depuis la rentrée
    L’emploi du temps n’est pas tout à fait le même
    J’ai le trac pour ce premier mercredi

    Première différence d’emploi du temps
    Je n’accompagne plus Sarah au stade excentré
    Au lieu de quoi j’écris en buvant du café

    Emploi du temps toujours
    Veiller au réveil d’Émile
    Ne pas oublier ses affaires de piscine

    Quand je pense que ce soir
    Je vais dans les jardins d’Actes Sud
    Pour la sortie de Jerusalem, emploi du temps

    Deux guitares encombrent désormais
    Ma chambre, rares sont les moments
    Où elles se font gratter le dos

    Iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
    Mon doigt reste appuyé
    Emile m’a fait peur en me surprenant

    Mes deux guitares inertes
    De temps en temps, un enchaînement d’accords
    Pas demain que je deviens musicien

    Dans la salle d’attente de l’orthophoniste
    Lisant Jerusalem , viennent parfois se superposer
    Des phrases comme la confiture est sur la table

    Dans la salle d’attente de la docteure
    Lisant Jerusalem , viennent parfois s’ajouter
    Des phrases, Maman il m’a pris mon jouet

    Les 1300 pages de Jerusalem
    S’épaississent donc
    Des phrases du quotidien d’un père

    Nouilles sautées à la séchuanaise
    Moqueries des filles
    Quetsches et café

    Je mange des quetsches
    En regardant le jardin détrempé
    Automne

    Le vieux gros célibataire
    Lave en hâte son seul pantalon sans trou
    Pour la soirée chez Actes Sud

    Le vieux gros célibataire
    Cire en hâte ses seules chaussures sans trou
    Pour la soirée chez Actes Sud

    Le vieux gros célibataire
    Porte des chaussettes trouées
    Pour la soirée chez Actes Sud

    Le vieux gros célibataire
    cherche en hâte un t-shirt propre
    Pour la soirée chez Actes Sud

    Si tu portes des chaussettes trouées
    Cire bien tes chaussures
    Vieux proverbe sicilien

    Le vieux gros célibataire
    Quand on y pense
    Quel cumul !

    Sarah au cheval, Émile aux échecs
    Zoé à la céramique, c’est mercredi
    Et le vieux gros célibataire écrit !

    La prolifération d’un seul détail
    Dans un rêve : une cabine téléphonique
    Et c’est un pont trentenaire entre Asie et USA

    J’écris désormais des récits
    Dans lesquels il faut des notes de bas de page
    Pour être compréhensibles des plus jeunes : PCV

    Et comment une envie de pisser
    Devient une aventure
    Qui s’étale sur presque trente ans

    https://goo.gl/maps/g5cuDAJ9ke52

    Je voulais vérifier le 948 N. Wolcott à Chicago
    Sur mon écran, la maison dans laquelle
    J’ai pris la photo accrochée sur le mur, derrière mon écran

    Dans les soirées
    La musique
    Fait parler de plus en plus fort

    Et on n’entend plus
    Ce que dit la personne
    Juste en face de vous

    Pour la soirée de sortie de Jerusalem La pluie battante sur la verrière
    Rend tout assourdissant

    Est-ce que vraiment moi
    Qui semble capable
    De parler à tout plein de gens ?

    Ou est-ce que cette soirée
    Grouille en fait
    De semblables ?

    André Markowicz et moi
    Reprenons presque
    Notre conciliabule de mars

    Longue conversation
    Avec Adrien
    Comment faire avec l’Étreinte

    Mathieu dit le plus grand bien qui soit
    D’Une Fuite en Égypte
    À qui veut l’entendre

    Je rencontre
    Mathilde Helleu
    À laquelle je dois tant

    Je rencontre
    Claro
    Je mentionne La Maison des feuilles

    Je parle dyslexie
    Avec Jérôme
    (Et avec Mathilde)

    Je rentre épuisé
    De vacarme
    Et de champagne

    Je peine à trouver le sommeil
    Et je peine à accepter
    Le lendemain qui ne chante pas

    #mon_oiseau_bleu

  • Je fais des relevés de bas-reliefs sous-marins
    Autour de la maison de mon ami Daniel
    Et je deviens la muse de Miquel Barceló

    C’est bon de commencer
    La journée
    Là où la précédente n’a pas fini

    C’est bon de commencer
    La journée
    Par un rêve dépaysant

    C’est bon de commencer
    La journée
    En rêvant à la peinture de Barceló

    Je m’entends, et je travaille, très bien
    Avec ce jeune collègue ingénieur
    Parce qu’il parle une langue intelligible : le français

    À la table voisine au BDP
    Une éditrice est interviewée
    Et enchaine de belles idées reçues

    L’éditrice interviewée se plaint notamment
    De ne pas trouver assez de rêves
    Dans les manuscrits qu’elle lit

    Je combats l’envie
    De lui donner
    Mon tapuscrit des Anguilles

    La fréquence des scènes de garagistes
    Dans mes rêves donne une indication
    Sur la note salée de la dernière réparation

    Chez W
    Lee Morgan (The Sidewinder)
    Dommage, elle n’en profite pas

    Chez W
    Lee Morgan
    Et je suis seul

    Chez W
    Je repense qu’hier
    Elle m’a appelé Philippe

    Elle sait
    Pourtant
    Qu’elle ne doit pas

    À son propos je construits des fictions
    Parfois douloureuses
    Et d’autres parfaitement indolores

    En fait si je ne maintenais pas
    Ce lien fictif entre elle et moi
    Penserai-je à elle si souvent ?

    Oui,
    Quand même
    Un peu

    Ça m’amuse quand même
    Une des spammeuses de cette nuit
    M’a écrit, elle s’appelle Ursula

    Le voisin de mon psychanalyste
    Écoute à plein volume
    Des émissions de télévision

    L’ascenseur chez mon psychanalyste
    A été vérifié la semaine dernière
    Ce n’est plus la date de notre premier baiser

    Cette maintenance a eu lieu
    Le jour suivant ma dernière séance
    Tellement productive et émancipatrice

    Quand j’y pense dans une même journée, je peux
    Être ingénieur en informatique, patient de psychanalyse
    Et auteur ayant rendez-vous avec mon éditeur

    Au café, en attendant mon éditeur
    La discussion pas très agréable à la table voisine
    À propos de droits au titre de l’œuvre originale

    Au café, en attendant mon éditeur
    Une femme immense
    Parle dans une langue étrange, russe ?

    Au café, en attendant mon éditeur
    Je relis et corrige un passage d’un texte
    Que je vais sans doute lui soumettre en 2025

    Mon éditeur : « je pense à toi
    Chaque fois que je regarde un match
    Et que je vois un gros raffut  »

    Raffut édité pour les dyslexiques ?
    L’Étreinte , comment faire à Rennes ?
    La place indéboulonnable des témoins (sujet libre)

    Mon cerveau continue de m’étonner
    Je peux à la fois comprendre cette discussion
    Et celle de ce matin avec un ingénieur

    Mes enfants ont décidément grandi
    Non seulement je peux rentrer un peu plus tard
    Mais ils ne me sautent pas dessus quand je rentre

    Je vais chercher Emile au rugby,
    Je ne regarde pas où je vais, je bouscule un homme
    Je m’excuse, il rit, c’est mon copain Éric, du rugby

    Rates au four
    Saumon fumé
    Crème et ciboulette

    Papa
    C’est
    Délicieux !

    Trois parties d’échecs avec Émile
    Un gambit de la dame
    Une Bird et une Alekhine

    Deux pages de Jerusalem
    Et au lit !
    À ce rythme-là, encore quatre ans

    #mon_oiseau_bleu

  • https://i1.wp.com/clothesonfilm.com/wp-content/uploads/2010/05/The-Big-Lebowski_Sam-Elliot_mid.bmp.jpg?fit=800%2C481

    Ça devient un peu
    La routine, non ?
    De noter mes rêves

    Au petit déjeuner
    Les simagrées de Zoé
    Me mettent en joie

    http://www.desordre.net/musique/smoke_on_the_water.mp3

    Sur l’autoradio
    Les simagrées de Pascal Comelade
    Me mettent en joie

    Dans l’open space
    Réfléchissons bien
    Peu de choses me mettent en joie

    L’auteur qui travaille
    A côté de moi au BDP
    Lit les œuvres complètes de Lénine

    Sommes-nous rentrés
    À mon insu, mais de plain-pied
    Dans la révolution prolétarienne des auteurs ?

    Non seulement je ne suis pas sûr
    Que je vais parvenir à écrire
    Trois textes à la fois, mais travailler en open space ?

    Au BDP je relis un passage des Anguilles
    Dans les marges duquel j’écris des poèmes
    Après avoir écrit, ce matin, dans celine.rtf

    Qu’est-ce que l’auteur
    Qui travaille sur Lénine
    Va penser de mon stakhanovisme ?

    L’âpreté de la conversation
    Voisine au BDP et qui concerne
    L’achat d’un bien immobilier

    L’auteur qui travaille sur Lénine
    Paraît tout aussi indisposé que moi
    Par cette conversation pleine de montants

    L’auteur qui travaille sur Lénine
    Vient de fusiller
    Une plaquette de chocolat

    Mon esprit d’escalier
    Une très jolie femme au café, tout sourire
    Me demande si je travaille à une thèse

    Non
    Un
    Roman

    Imaginez comme c’est facile
    Pour cette femme vraiment charmante
    De rebondir avec une réponse aussi laconique

    Et voilà
    Comme il est facile
    D’entrer en contact avec moi

    Si cela se trouve
    Cette femme
    Aurait été une amie précieuse

    Une passionnée de musique
    De peinture abstraite
    De littérature peut-être même

    Nous serions allés au concert
    Et de concert aux expositions
    Nous nous serions prêté nos livres

    Elle se serait confiée à moi
    Et moi à elle
    Et peut-être bien plus encore

    Non un roman !
    Ah ? Bon courage alors
    Fit-elle

    Et finalement cette femme
    Souffre du même esprit d’escalier que le mien
    Et pourtant nous serions faits l’une pour l’autre

    Ce dont nous continuerons
    De tout ignorer au motif
    Que « le rapport sexuel n’existe pas »

    Ça ne rigole pas de trop
    En réunion
    Avec le chef du chef

    Et en sortant de deux heures de réunion
    Où cela ne rigolait pas de trop
    Rejoindre Zoé pour son rendez-vous de psychologue

    Dans la salle d’attente
    De la psychologue de Zoé
    Lecture distraite de Jerusalem

    Un peu de tension au retour
    En passant près du Tracé provisoire
    Où je sais qu’elle répète, mais ça va

    Gnocchis frais
    Sauce au pesto, parmesan
    Un très morceau de cantal

    Et si j’allais me promener ?
    Émile qu’en penses-tu
    Plutôt une partie d’échecs ? Figures

    Je n’oppose pas une résistance
    Digne de ce nom
    Aux attaques d’Émile

    Mat
    Mat
    Et mat

    Je monte me coucher de bonne heure
    Je fouille dans les films récemment acquis
    The Big Lebowski ne peut pas me faire de mal

    The Big Lebowski
    Zoé peine à faire ses devoirs
    Vacarme de mes crises de rire

    Et qu’est-ce que j’essaye
    De masquer en riant si fort ?
    Je ne le sais que trop

    #mon_oiseau_bleu

  • Ma voiture est encore en panne
    Le garagiste installe un système
    De montagnes russes à l’arrière

    Je peine
    Avec les détails mécaniques
    De mon rêve

    Au marché la vision curieuse
    Du voisinage des clémentines
    D’avec des pêches !

    Rangement des courses
    Vaisselle, décorticage des crevettes
    Café, et, vite, retourner écrire

    Depuis hier soir
    Je ne tiens plus en place
    Début de La Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline

    La Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline
    Déjà trois mille mots
    Et toute la trame bien en tête

    La Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline
    Et je sais déjà ce que je vais faire
    Les six prochains mois

    La Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline
    Et s’effacent, dans l’action
    Des pensées qui m’ont fait souffrir

    La Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline
    Contre la pensée d’elle
    À peine croyable le pouvoir de la petite fille

    La Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline
    Mon oiseau bleu
    Les anguilles les mains mouillées

    Si tu crois que je peux écrire
    Trois textes en même temps
    Constate le nombre de tes maladresses

    Crevettes à la sauce de soja et à l’ail
    Dorade de Sébaste au curry
    Gâteau de châtaignes (reste de)

    Julien apprend à vivre
    Au nouvel ordinateur
    Et à me respecter aussi

    Et c’est bête à dire, bien sûr
    Mais avec une image d’ Andreï Roublev
    En fond d’écran et cela va déjà mieux

    Je fais part de mon nouveau
    Projet d’écriture à Julien
    Et je repars avec une liste de lectures

    Paul Veyne
    Comment écrit-on l’histoire
    Les Grecs ont-ils cru à leur mythe ?

    Sans parler de
    Histoire mondiale de la France
    De Patrick Boucheron (croisé la veille)

    Retour des enfants
    Qui se régalent
    De ma purée de patates douces

    Promenade digestive
    Avec Émile
    Sans parler de la discussion

    Le soir je contemple
    Le nouvel ordinateur
    Et ses nouvelles icônes

    Le soir je replonge
    Dans La Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline
    Et du coup, dans Céline et dans Hilberg

    #mon_oiseau_bleu

  • Courriel de John Cale
    Qui me demande de refaire
    Le site Internet du Velvet

    Dans les archives
    Que John Cale me confie
    Un film rare, Sarah Murcia dans Caroline says

    N’empêche cela arriverait
    Je ne serais pas
    Par quel bout commencer

    C’est presque rassurant
    Après le rêve torrentiel de la veille
    De faire un rêve qui tient en quatre lignes

    Café au lait
    Camembert
    Gelée d’airelles

    Échange de mails avec Dominique
    À la recherche d’un ou d’une musicienne
    Pour l’Étreinte , impressionné par certains noms

    Il faudrait
    Que je me mette
    Au travail

    Sous la poussière
    Le découragement
    Rangement du garage

    Sous la poussière
    Les éternuements
    Le Désordre se défend

    http://desordre.net/musique/augmentee/frith.mp3

    Fred Frith
    Lutte contre
    Le lave-linge

    L’imprimante
    Chauffe pour recracher
    Élever des chèvres en open space

    Petites rates et patates douces
    Cuites au four, huile, citron et Noilly
    Conté et Sancerre de Sarah

    Un jour, presque pour rire
    J’écris une longue lettre à un jeune auteur
    Six mois plus tard je dois la lire au théâtre

    J’accompagne Zoé au collège
    Nous traversons le Bois, très en retard,
    On s’en moque éperdument l’une et l’autre

    On ne peut pas recevoir
    Un courriel de John Cale
    Dans tous les rêves

    Ni même
    Pouvoir entendre et regarder
    Sarah Murcia faire sa Caroline, enfant

    Le nouvel ordinateur
    N’est pas très obéissant
    Mais je ne peux pas le gifler !

    Il est remarquable de constater à quel point
    Les nouveaux ordinateurs prennent
    Leur utilisateur pour un idiot

    J’imagine que l’on peut divorcer
    Assez facilement d’un ordinateur
    Ne fut-ce qu’en le revendant

    Je devais bien sentir qu’entre lui et moi
    Cela ne collerait pas, c’est le premier ordinateur
    Auquel je n’ai pas donné de nom

    Et si je me mettais
    À la musique ? À la contrebasse ?
    Et si je me remettais au dessin ?

    Dehors il pleut
    C’est samedi après-midi
    Et c’est mortel de confort

    Je lis
    J’écris
    Je relis

    Mais au lit
    Je suis
    Fort seul

    Le vieil ours
    Sort de son trou
    Et va au cinéma

    La Quinzaine claire
    Adrien Genoudet
    Du documentaire ?

    Ou alors du documentaire
    Qui prend prétexte à un sujet
    Pour en documenter un autre

    Dans un film d’Adrien Genoudet
    Si une personne s’assoupit et rêve
    C’est Albert Kahn qui fournit les images

    Un artiste ne fait pas grand-chose
    Mais regarde beaucoup, attend pas mal
    Et de temps en temps s’endort et rêve

    C’est chouette de croiser
    Julien et Guillaume
    Un vieil ours sort et va au ciné

    Le vieil ours
    Est habillé encore
    Faut voir comme

    Ramassant le verre de Margaux
    Tenant donc deux verres de vin (blanc et rouge)
    Il y a quinze degrés d’écart entre les deux

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Dans la voiture au retour
    Le disque de Pascal Comelade
    Est prisonnier de l’autoradio

    De retour à la maison
    Le vieil ours se demande
    S’il n’a trouvé le début de la suite

    La petite fille
    Qui sautait sur les genoux
    De Céline
    (je garde le titre)

    Le film que je voulais faire
    Aurait dû commencer
    Par un générique de fin

    Et
    C’est
    Parti !

    #mon_oiseau_bleu

  • L’impossible retranscription
    Du rêve de ce matin
    Tellement décousu (trois pages)

    Une fête dans un hôtel en Suisse
    L.L. de Mars entame un nouveau film
    D’Aurélien Fordada

    La fête ne semble jamais démarrer
    Et pourtant nous sommes saouls
    Et nous aimerions aller dormir

    Au retour crochet par une exposition
    D’une amie de Mona, Heidi
    Toutes petites œuvres à peine visibles

    Pendant tout ce temps
    J’ai laissé Émile sans surveillance
    À la maison, devant la télévision

    Petit déjeuner silencieux
    Mais pas sans tendresse avec Zoé
    Levée plus tôt pour me croiser

    Matin calme et pluvieux
    Je porte une nouvelle chemise
    J’écris dans un open space désert

    Je relis l’anguille de cette nuit
    Incapable de lui donner
    Une forme fixe, suivie

    Ce que j’écris et relis
    Imprimé sur quelques feuillets
    M’apparaît, au café, irréel

    Ce serait donc devenu cela
    Ce que je fais désormais
    De ma vie ?

    Et naturellement
    Je me demande bien
    De quel droit ?

    A quel moment de mon existence
    Vais-je comprendre que la vie
    A déjà commencé ?

    Je me fais l’effet d’un jukebox
    On remet un jeton (du café)
    Et je fais mon moulin à paroles

    Je croise l’employé municipal
    Responsable de l’arrachage de l’affichage
    Sauvage : quel artiste ! (Il ne le sait pas)

    Les gens autour de moi
    Vont comme un vendredi
    Moi je ne sais pas comment je vais

    Un échange par téléphone
    Si bref soit-il avec Dominique
    Et j’ai (de nouveau) envie de travailler !

    Je prends le point
    Je reviens vers toi
    Merci de ta compréhension

    Nés avant 1967 ?
    Ces aides auditives
    Vont changer votre vie

    Parfois
    Je tombe sur le mot juste
    Draisine

    L’armée chinoise
    Veut limiter la masturbation
    Chez ses recrues

    Le député El Guerrab, mis en examen,
    [Pour coups et blessures NDLR], devient membre
    De la commission de la défense de l’Assemblée

    Dîner
    Avec Julien
    Et Sarah

    Gaspacho et avocat
    Lasagnes aux épinards
    Comté, gâteau de châtaignes

    Julien et moi livrons
    Sarah de son Cosidor
    Je goûte le rouge des joues de Sarah

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Périphérique
    Nocturne
    Pascal Comelade

    Vendredi soir
    Un yaourt
    Aux airelles et au lit

    #mon_oiseau_bleu

  • Lever, tel un ressort
    A cinq heures, je me rue
    Sur Les Anguilles les mains mouillées

    Rêve tellement frustrant
    Et tellement littéral
    Elle ne veut plus me voir

    Pierre
    Feuille
    Ciseaux (et puits)

    Pour
    Sophie
    une histoire de piano :

    Un jour on détruit un vieux piano
    Dans une grange, quarante ans plus tard
    Ce piano vient vous hanter dans vos rêves

    Puis. Perdu du côté de Sèvres
    Secouru par un agriculteur
    Qui me fait cadeau d’un beau morceau de viande

    Un péage acrobatique
    Pour rejoindre la A13
    Poursuivi par une voiture de course

    Sons et lumière à Rocamadour
    Produit par une Marie Richeux
    Qui préférerait faire bûcheronne

    Il m’a fallu une heure, de 5 à 6
    Pour retranscrire ce rêve
    Long de deux pages

    Incapable
    Ensuite
    De me rendormir

    Le mélange riche et copieux
    Des ingrédients de la veille
    Aura donc produit ce rêve tortueux

    Je me demande s’il existe
    Des outils pour mesurer
    Les séismes en moi en ce moment

    Le plaisir, presque, de retrouver
    L’open space ce matin
    Surtout les photos de mes enfants

    Le soleil rougeoyant de l’aube
    Tombe sur ces petites images
    Apposées contre mon écran

    Les échanges de textes avec Zoé
    Qui m’écrit depuis le bus
    Moi qui réponds depuis le bureau

    Doucement
    Le
    Café !

    Doucement
    Les
    Cafés !

    Des fois
    Je trouve, tout de suite
    Le mot juste, séjourné

    Au café, tout un chacun
    Bat la mesure et fredonne en chœur
    Au refrain, I’m just a gigolo !

    La serveuse du BDP
    Vérifie son maquillage
    Dans le rétroviseur de son scooter

    Alors que s’éteignent les éléphants d’Afrique,
    Les Chinois ont pris le contrôle
    Des routes de l’ivoire

    Zuckerberg contre Trump,
    L’affiche dont rêve
    La Silicon Valley

    Au café, je me retourne subitement
    Et vois, en pleine clarté, au travers de la baie vitrée
    La consultation de photographies d’un téléphone de poche

    Est-il possible
    Que j’ai déjà vu
    Ces photographies ?

    Ces photographies
    Représentent la femme qui
    Les regarde sur son téléphone

    Mais alors
    Où ai-je déjà vu
    Ces photographies ?

    Je tente d’apercevoir
    Le visage de cette femme
    Que je vois de dos

    Chaque fois qu’elle est
    Sur le point de se retourner
    Un passant la masque

    Quand enfin j’aperçois son visage
    Je comprends que je ne la connais pas
    Mais que je sais qui elle est

    Et, oui
    Je l’ai déjà vue
    Nue. Dans un film.
    Le Défenseur des droits
    Préconise un « droit à l’erreur ».
    Toubon dangereux révolutionnaire !

    Au Togo, une marée humaine
    Dans les rues de Lomé
    À l’appel de l’opposition

    « Notons que la principale
    Qualité de Pierre Gattaz
    Est d’être sorti du vagin de sa mère ! »

    (@monolecte)

    Le jeune homme qui s’avance vers moi
    Sous la halle du marché à Montreuil
    Est l’auteur de l’Étreinte , Adrien

    J’aime qu’arrivant à la maison
    Adrien s’assoit comme s’il était déjà venu
    De tout temps

    Nous avons beaucoup à échanger
    Et nous avons aussi beaucoup de travail
    Quel désordre et quel labyrinthe !

    Où je découvre des méthodes de travail
    Et des façons de voir les choses
    Aux antipodes des miennes, envie de foncer

    Adrien et moi avons lu en même temps
    Tout ce qu’il y avait à lire à propos de la Shoah
    Mais pas au même âge !

    Je suis subjugué que parlant
    Des mêmes images
    Nous ne voyons pas les mêmes choses

    Photographies clandestines à Birkenau
    Shoot de Chris Burden
    Les sept pendues de Georges Méliès

    Avec Adrien nous avons en commun
    Que regardant de vieilles images
    Nous sachions regarder des morts

    #mon_oiseau_bleu

  • Martin entame une peinture rupestre
    Même pour ma rétrospective mon nom mal orthographié
    Ivre, je monte dans un bus de Moldaves

    Dès que j’ai fini
    De retranscrire mes rêves
    Ils disparaissent, entièrement

    Et pour ne pas aller de bon matin
    Sur Internet, je cherche
    Un renseignement dans mes livres

    Passe une femme dans la rue
    Qui parle fort au téléphone
    Je sais tout de son travail où elle va

    Un nouveau truc que je fais
    J’arrive aux rendez-vous à l’heure
    Et plus en avance : Sarah et moi synchrones

    À L’Industrie
    Un café allongé avec un verre d’eau
    Pour Sarah, un crème pour moi

    Russie
    Cévennes
    Bretagne

    Les échanges avec Sarah
    Quel bonheur !
    Et quelle profondeur !

    Je passe embêter Tiffanie
    Scènes de guerre chez Inculte
    Jerusalem, tremblement de terre

    Je repars avec deux sacs de toile pour les filles
    Un exemplaire de Jerusalem-pas-ma-tasse-de-thé
    Et deux exemplaires de l’Étreinte

    Retour à la maison
    Mail comminatoire
    Clafoutis aux poires

    http://www.desordre.net/musique/zappa.mp3

    Ménage et cuisine
    En écoutant Zappa comme un adolescent (fort)
    Je reçois ce soir ma livraison de miel cévenol

    Je trouve même le temps
    De travailler un peu
    Dans le garage

    http://www.desordre.net/musique/monk.mp3

    Monk
    Plays
    Ellington

    Thelonious Monk
    Oscar Petitford
    Kenny Clarke

    J’entame, retors
    La lecture
    De Jerusalem d’A. Moore

    Ça a dû demander
    Un peu de travail
    De traduire ça

    Le montant des chèques
    Que je paraphe en ce début d’année
    Scolaire me donne le tournis

    Quiche aux légumes
    Et fourme d’Ambert
    Salade et clafoutis

    Vingt-et-un
    Pots
    De miel

    Amusant de discuter avec Catherine
    De quelques problématiques propres
    À la vallée de la Cèze, à Fontenay

    Les vingt premières pages
    De Jerusalem allaient me laisser
    Sur le bord, quand tout d’un coup…

    Et quel genre de rêve fait-on
    Quand on lit le rêve d’Alma
    Avant de se coucher ?

    #mon_oiseau_bleu

  • Mardi, le personnage de mon psychanalyste
    Fait son retour dans mes récits
    Des Anguilles les mains mouillées , transfert en cours ?

    Des fois, quand je me réveille, mes rêves me font rire
    Mais alors j’ai le sentiment de rire à mes propres blagues
    Ce qui est pour le moins inélégant

    D’autres matins quand je me réveille
    Mes rêves me font pleurer
    Ou me font peur

    Et il est arrivé (rarement)
    Que mes rêves
    Me fassent éjaculer

    C’est la rentrée des trois enfants
    Et c’est le retour des habitudes-sillons
    Bagarre des filles pour l’accès à la douche

    Réveil de l’ours des cavernes, Émile
    Mon petit déjeuner solitaire et matinal
    Devoir houspiller Zoé à la traîne

    " Dire qu’on peut rayer
    La Corée du Nord de la carte
    C’est légitimer son programme nucléaire "

    Les migrants
    Cibles du trafic
    D’organes

    Amnesty international
    Alerte sur la recrudescence
    Des attaques de Boko Haram

    Tête de la serveuse
    Qui découvre
    Ma tête à moi

    Je relis mon rêve de ce matin
    Il est manifeste que mon inconscient
    Épie dans mon agenda : 5/9/17 13 H RDV ?

    Au café
    Je suis fort inspiré
    De retour au bureau, tout sec

    Quand j’ajoute des corrections au récit
    De rêves vieux de deux mois, quelles sont
    Les conséquences sur ma psyché ?

    Une mouche (à merde) se pose
    Circonspecte sur mon tapuscrit
    Sur une partie déjà relue : relit-elle ?

    Le retour
    De l’analysant
    En open space

     ? Où j’apprends pourquoi
    Je suis devenu photographe
    Et pourquoi cela ne m’intéresse plus

     ? Où j’apprends pourquoi
    J’aime raconter des histoires
    Et pourquoi cela m’intéressera toujours

     ? Où je comprends pourquoi
    Je suis devenu informaticien
    Et pourquoi je dois ne plus l’être

    Arrive donc parfois
    Ces moments dans l’existence
    Où l’on y voit un peu clair

    Mais les souterrains
    Visqueux par lesquels
    Il a fallu passer pour ça !

    Une photographie déchirée
    Un genou en terre et sa béquille
    Des pommes de terre pourries

    Un jour j’apprendrais
    À ne pas pleurer
    Les larmes qui ne sont pas les miennes

    Mais d’ici là
    Je n’ai plus peur la nuit
    Je ne mange plus de trop

    Macron appelle les propriétaires
    À baisser leurs loyers de cinq euros,
    Pour compenser les APL

    Ce soir je range le garage
    Pour en faire
    Une salle de cinéma !

    Maintenant que je ne suis plus photographe
    Je rentre chez un luthier
    Et je me mets à la contrebasse ?

    Est-ce si simple que cela
    Que je puisse écrire range ton garage
    Et le soir je trouve le courage de ?

    Et quelle seraient
    Les autres admonestations
    Les plus urgentes ?

    Retrouve le courrier du rectorat
    Finis de ranger la buanderie
    Et tu reprendras bien un peu de ménage

    Et maintenant que tu n’es plus photographe
    Si tu t’y remettais, un peu, pour voir
    Ce que fait un non-photographe

    Ce que tu comprends, enfin
    Tu es devenu photographe
    Pour réparer une photo déchirée

    Par perversité tu as aimé
    Les photographes retors
    Qui enlaidissaient leurs modèles

    Diane Arbus
    Gary Winogrand
    August Sanders

    Tu as aimé
    La saleté des tirages
    Médiocres et pleins de pétouilles

    Robert Frank
    Joël-Peter Witkin
    Robert Heinecken

    Tu as aimé
    Les images dures
    Et les images laides

    Bellocq, Weegee
    Et les photographies
    De la Commune de Disdéri

    Tu as aimé
    Les photographies
    De peu de choses

    Josef Sudek
    Cy Twombly
    Mario Giacomelli

    Tu as aimé
    Les grands
    Magiciens

    Lazlo Moholy-Nagy
    Robert Heinecken
    Barbara Crane

    Tu as aimé
    Les photographes
    Du vernaculaire

    Walker Evans
    Bart Parker
    Jean-Louis Garnell

    Tout cela, tous ceux-là
    Pour réparer
    Une photo déchirée

    Tu n’as pas réparé
    La photographie déchirée
    Et désormais tu t’en moques

    Tu te moques de cette image
    Que tu n’as pas réparée
    Comme de ton premier bain de révélateur

    Ne réparant pas cette image déchirée
    C’est comme si tu te réparais toi
    De ta propre déchirure

    #mon_oiseau_bleu

  • Pendant le week-end
    La Très Grande Entreprise
    A annexé l’ open space voisin

    Ouverture d’un café à la mode
    Où l’on ne vous sert jamais
    Ce que vous commandez

    Les rêves
    De cette nuit
    Sont des rêves de lundi !

    Appelant les enfants à la maison
    Depuis l’ open space , la douceur
    De leur voix et l’ambiance sonore de chez soi

    Corée du Nord :
    Les Etats-Unis prêts à utiliser
    Leurs capacités nucléaires

    Comment les parents
    Contournent la carte scolaire
    Et renoncent à la mixité

    Septembre, des jeunes gens
    Arrivent dans le monde du travail
    Leur dire de fuir, le ventre noué

    Déjeuner avec Zoé
    En entrée, à bouche que veux-tu, du rire
    Pour le plat de résistance et le dessert, aussi

    Des sushis
    Et du rire
    Et du nougat

    «  ? Je n’ai pas manqué un seul jour de classe
    L’année dernière ? Tu n’as pas été malade ?
     ? Si mais mon père me forçait à aller en classe »

    Elle a encore grandi
    Elle est jolie, ma fille Zoé
    Et maintenant elle a de la poitrine !

    Hier encore je la portais
    Dans le sac à viande
    Dans les rues de Fontenay

    Hier je lui donnais le biberon
    Lui changeais ses couches
    Et lui donnais le bain. Hier

    Et elle me fait rire
    Comme personne
    Zoé est le 7ème Monty Python

    Psychologue, orthophoniste, rugby,
    Échecs, céramique, orthophoniste
    Théâtre, équitation. Tout est calé !

    Je peux passer
    Des heures
    Sans penser à elle !

    Elle peut sans doute
    Passer des jours
    Sans penser à moi !

    Je change,
    Je peux trouver
    Une certaine paix à plier mon linge

    Je ne change pas
    Même pour faire des pâtes
    S’appliquer et ne négliger aucun raffinement

    Pâtes au saumon fumé
    Crème fouettée, pignons de pin
    Paprika et basilic

    Une belle promenade avec les enfants
    Deux belles parties avec Émile
    La belle soirée, un peu de lecture

    Nous cueillons
    Des marques-pages
    Sur un ginko

    Je rêve d’une bibliothèque
    Dont chaque livre aurait pour marque-page
    Des feuilles du même arbre

    Adrien Genoudet
    Me propose
    Une belle aventure

    #mon_oiseau_bleu

  • En catalogne
    Un référendum
    Pour rien

    Outre qu’il déstabilise
    L’Espagne
    En plein reprise

    Ne sera reconnu
    Ni par Madrid
    Ni par les autres pays de l’U.E.

    La galaxie
    Indépendantiste
    De Catalogne

    En Catalogne, la grande angoisse
    de la majorité silencieuse
    opposée à l’indépendance

    Ainsi va la vie
    A bord
    En une du Monde

    Je me demande si des fois
    Le Monde ne serait pas hostile
    A cette idée d’indépendance de la Catalogne

    Et je me demande si des fois
    Ce ne serait pas
    Purement idéologique, de droite

    #mon_oiseau_bleu

  • Je refuse de dénoncer une tueuse en série
    Un cas de conscience pour lequel mon analyste
    Ne peut m’aider, lui s’occupe de mon inconscient

    Note ton rêve
    Bois ton café
    File au marché

    Les fruits rouges reculent
    Remplacés par les premiers d’automne
    Mes préférés ! Raisin, figues et poires

    Je me refais un café,
    Je mets un disque
    Je range mes légumes

    L’odeur du basilic
    Et de la coriandre
    Mêlés ! Au travail !

    Assez écrit pour ce matin
    Occupe-toi de la chambre
    D’Émile qui rentre ce soir

    Mon amie J. qui reçoit
    De temps en temps
    Le récit de mes rêves, rit

    Dorade
    Au curry
    Et lait de coco

    Tel un amputé,
    En me levant de ma sieste
    Je recoiffe mes mèches fantômes

    Édouard Philippe
    Se compare
    À « un chef d’orchestre »

    Corée du Nord :
    Ce qu’il faut savoir
    Sur l’essai nucléaire et ses conséquences

    Tempête Harvey : à Houston,
    Le quartier Memorial baigne
    Dans un liquide marron, putride et toxique

    Phil , m’écrit Julien, si la police te demande tes papiers,
    Tu peux leur donner mon adresse pour venir les consulter.
    Sinon, tu peux aussi passer les récupérer quand tu le souhaites.

    Passant dans la salle de bain
    Je suis surpris par un intrus
    Mon reflet les cheveux courts

    Corvée de linge
    Clafoutis aux reines-claudes
    Grand coup d’aspirateur

    http://desordre.net/musique/jj_cale.mp3

    Où je découvre que J.J. Cale
    A produit un peu plus que la petite
    Dizaine d’albums que je connais

    Mais pourquoi ô grand pourquoi
    Internet n’existait pas quand j’étais jeune
    Maintenant, il est presque trop tard !

    Ce n’est pas comme si j’allais
    Aujourd’hui me mettre à écouter
    Tous ces albums inconnus de J.J. Cale

    http://www.desordre.net/musique/bartok_celesta.mp3

    Un dimanche passé à remuer la poussière
    En écoutant J.J. Cale, pourquoi pas ?
    Mais dimanche prochain ? Béla Bartók !

    Retourne à la poussière
    Me gendarme-je
    Écrivant

    Parfois le diariste
    Voudrait accélérer le cours de la vie
    Pour avoir plus de choses à écrire

    Mais le plus souvent
    Il n’aimerait autant pas
    Ça va bien assez vite comme ça, merci

    En fait je n’accroche pas tant que ça
    A tous ces albums inconnus de J.J. Cale
    Ce que j’aime dans le rock, c’est reconnaître

    Retour des enfants
    Manifestement contents
    De retrouver leur chez soi, propre

    Saumon au citron et piment
    Clafoutis aux Reines-Claudes
    Et grands éclats de rire

    Deux belles parties d’échecs avec Émile
    En revanche dans le ménage j’ai perdu une tour noire
    Remplacée par un gros tournevis à manche court

    Discussion fondatrice
    Avec Sarah, grandie
    Et pleine de discernement

    Réparations diverses
    Sur son ordinateur, Pupuce
    Des fois je suis un papa informaticien

    Sarah : « quand tu t’approches
    De Pupuce c’est comme quand
    Mon instructeur monte sur un cheval »

    Moi : « ― Tu veux dire que le cheval serre les fesses
    Sarah : ― Oui, il fait un peu moins le malin
    Moi : ― Les ordinateurs n’ont pas de fesses »

    Moi : « dans l’argot informatique
    On dit monter sur un serveur
    Pour le remettre d’aplomb »

    Étonnant de voir cette vie
    Réinsufflée dans une maison
    Propre et bien rangée

    Donald Trump
    Sans stratégie claire
    Face à la Corée du Nord

    Renvoyer les migrants en Libye,
    Le plan controversé
    De la Commission européenne


    « Fais de beaux rêves ! »
    Me lance ma fille Zoé
    En allant se coucher

    « Fais de beaux rêves »
    Dit l’auteur de Mon Oiseau bleu
    À celui des Anguilles les mains mouillées

    L’auteur des Anguilles les mains mouillées
    Et celui de Mon Oiseau bleu
    Sont, eux aussi, tête bêche

    #mon_oiseau_bleu

  • Évidemment
    Ce matin rêve
    De Solaris

    Et pour la première fois depuis
    Cinq mois, j’entends la benne à ordure
    Le samedi matin sans penser à son sexe

    Un jour j’irai vivre en théorie
    Parce qu’en théorie tout se passe bien
    Est écrit sur ma tasse de café

    En faisant le tri de mes brouillons
    D’Élever des chèvres en open space
    Je retrouve la transcription du rêve du 6/6

    Dans ce rêve j’occasionne le vol
    De la contrebasse de Jean-Luc
    Et je le retrouve à la mer

    J’avais fini par comprendre qu’il était prémonitoire
    Le relisant ce matin, je ne savais pas à quel point :
    Cet été j’étais invité par Jean-Luc et L. à la mer

    Dans le rêve je suis empêché d’y aller par elle
    Cet été j’ai été empêché d’y aller
    Par mon érysipèle

    Un jour
    J’irai vivre
    En théorie

    Me manque le courage
    C’est le dernier jour pour cela
    De terminer le ménage et le rangement

    Plusieurs cafés
    Quelques galettes de free jazz
    Sont moins fortes que la procrastination

    Une fois par an
    Je me fais
    Couper les cheveux

    Et cela change
    Considérablement
    Mon visage

    Je n’ai pas le temps de franchir le seuil
    De chez lui que Pierre me montre la photo
    De sa rencontre avec Jean-Pierre Rives

    Mais Pierre, Rives n’est pas plus grand que toi ?
    À l’époque on pouvait jouer 8 en équipe nationale
    Avec 180 cm sous la toise et moins d’un quintal !

    J’aime les sourires des enfants de Pierre
    Ce sont des sourires que j’ai connus
    Bien avant leur naissance

    À table j’explique aux petites
    Que leur père est un grand sorcier
    Il écoute les os et les muscles

    Lorsqu’elles reviennent de la piscine
    Les filles de Pierre ont sur elles
    Une odeur que je connais bien

    En revanche en partant de chez Pierre
    Je découvre que le bus 431 n’existe plus
    Et c’est à pied jusqu’à Suresnes

    Je passe à pied devant des lieux
    À la fois familiers
    Et défigurés par le temps

    Tel gymnase
    Où j’ai joué au volley
    Et dont j’ai été le gardien

    Telle grande barre d’immeuble
    Dans laquelle se trouvait le cabinet
    D’une merveilleuse orthoptiste

    Telle petite maison de banlieue
    Dans laquelle j’ai vécu une aventure
    Photographique grotesque !

    Et arrivé chez Julien et Maryam
    La vue de chez eux, celle
    Avec laquelle j’ai grandi

    Sur la petite terrasse
    Je travaille au téléphone
    Sur un spectacle

    Après les courriels
    Je découvre la voix
    D’Adrien Genoudet

    Je m’étonne moi-même
    Je suis en train de réciter la leçon
    De théâtre de Sébastien Michaud

    Du balcon je joins Dominique
    Qui, en me parlant
    Caresse le museau de chevaux

    Puis j’appelle Michele
    Que j’interromps
    À un mariage à Rome !

    Est-ce vraiment moi
    Qui fais tout cela
    Avec un téléphone de poche ?

    Je rejoins mes hôtes, on se congratule
    Depuis le bastingage de leur terrasse
    Devant nous, Paris, pas moins

    Je ris intérieurement, Paris, à plat, horizontal
    Et non vue de haut comme sur la couverture
    De L’Étreinte d’Adrien Genoudet

    Julien, Maryam, Guenael, Parisa
    Patrick, Nathalie, Poyan, Francesco
    Olivia et moi, quelle chaleur !

    J’en veux à mon correcteur orthographique
    De souligner, tels des intrus
    Les prénoms de mes trois amis perses

    On rit beaucoup ce soir
    On écoute aussi, on fait mieux connaissance
    Et les fromages de Suresnes sont délicieux

    Où je découvre que les fromages
    Proviennent de la crémerie
    Où mon père faisait son marché

    Patrick me parle
    D’ Une fuite en Égypte
    Dont il rit encore

    La scène de la morgue ! dit-il
    J’aurais donc fait rire avec le souvenir
    Le plus douloureux de toute une vie

    Comme souvent
    Avec la mafia rennaise
    On rit en parlant de L.

    Au-revoir
    Avec
    Effusion

    #mon_oiseau_bleu

  • Une omelette aux œufs d’autruche
    Du Vosne-Romanet hors d’âge
    Un riz à l’impératrice

    On rêve de drôles
    De choses
    Quand on est au régime

    Les matins qui font suite
    À ceux dont je n’ai pas retenu les rêves
    Sont des matins anxieux : vais-je rêver ?

    C’est la fin de l’été
    Je me lève
    Avant le jour

    Il me semble
    Que tout redevient industrieux
    Dans la ville, même les matins

    Je joue sur deux tableaux ce matin
    Les Anguilles les mains mouillées
    Et Mon Oiseau bleu

    Le matin, de bon matin
    J’écoute du free jazz
    Ça fait sourire ma voisine

    Ma voisine me connait
    Sûrement très bien, à la fois
    L’ours et le père de famille nombreuse

    On me relance, je dois suivre la formation
    De sensibilisation au blanchiment d’argent
    Soudain, je me cabre et refuse (à suivre)

    Réforme du code du travail :
    Macron gagne
    La première manche

    Orban veut faire payer
    Par Bruxelles
    La moitié de sa clôture anti-migrants

    Kenya :
    La Cour suprême annule
    L’élection présidentielle

    Cela faisait deux mois presque
    Que je n’étais plus retourné
    Dans mon temple de consommation

    Ce soir j’ai rendez-vous
    Avec un vieil ami
    Solaris d’Andreï Tarkosvki

    L’orage gronde
    Laisse espérer
    Une économie d’eau

    Mais, non, cet orage
    Est un orage de plaine
    De ville, à peine s’il crache

    https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=8c535114-2a8d-40f0-a338-37aa1424cd02

    Marie Richeux
    S’entretient
    Avec Mathieu Pernot

     ? Vous devriez analyser le sang de votre femme
     ? Pour quelle raison ?
     ? Cela vous dégriserait !

    Je me souvenais tellement bien
    De l’autoroute de Tokyo
    Moins de son passage en couleurs

    Je me souvenais parfaitement
    Des guirlandes accrochées aux ventilateurs
    Pour produire le bruit du vent

    Je me souvenais des chambres
    De celle du suicidé, de son désordre
    Et de sa très grande beauté, une installation

    Je me souvenais que le second
    Et l’avant-dernier plan
    Etaient la même image

    Je me souvenais de l’image
    Du cheval, je me souvins l’avoir évoquée
    Avec Sandy sur l’Île de Wight

    Je me souvenais des blousons
    En cuir des cosmonautes
    Et même de leur slip

    Je me souvenais des couloirs
    En désordre qui ressemblaient
    À une salle informatique en travaux

    Mais je n’avais plus aucun
    Souvenir du visage
    De Natalia Bondartchouk

    Je ne me souvenais
    Pas du petit film-souvenir
    Que Chris emporte avec lui

    Je me souvenais des trucages
    Et des effets spéciaux avec
    De la ficelle, mais pas à quel point !

    Et je ne me souvenais plus du tout
    Des mouvements des personnages
    Disparaissant à cour pour reparaître à jardin

    Mais la guirlande-peuplier
    C’était presque la raison
    De revoir Solaris de Tarkovski

    Dans la salle
    Un public cinéphile
    Silencieux, ébahi

    Il y a des années j’ai rêvé
    D’être parmi ce public
    Je voyais Solaris à Chicago

    #mon_oiseau_bleu