La francophonie dans les pays arabes : un tournant ?
Le rapprochement de trois informations issues de la presse ou d’un mail professionnel souligne un concomitance d’interrogations sur la francophonie au Liban et en Tunisie : déclin de l’apprentissage du français que ce soit manque de moyens ou manque motivation, montée de l’intérêt pour l’anglais et - très clairement au Liban, peut être également en Tunisie, ces sources ne le mentionnent pas - dédain voire négligence de l’arabe (littéral et classique) par les étudiants et les familles.
L’USJ, au défi d’une époque et d’un temps : le trilinguisme est-il le choix de demain ? - Fady NOUN - L’Orient-Le Jour
▻http://www.lorientlejour.com/article/908816/lusj-au-defi-dune-epoque-et-dun-temps-le-trilinguisme-est-il-le-choix
Mais c’est sur le plan des moyens, plutôt que des fins, que le colloque a soulevé le plus d’intérêt, parmi les présents. Et pour commencer, dans quelle langue l’USJ, université francophone dans un pays arabe, doit-elle diffuser son enseignement ? Derrière cette question appelant une réponse banale, quoique nuancée – ne serait-il pas plus profitable de donner certains cours en anglais, plutôt qu’en français ? – se cachait en fait un phénomène de société complexe qui affecte le Liban tout entier, et qui prend la forme de crises d’apprentissage et de transmission de l’arabe et du français, dans une société dont certains individus, de plus en plus nombreux, démissionnent, victimes d’une crise d’identité que ne peut ignorer l’USJ.
L’intervention du Pr Henri Awit, directeur de la Fondation de la pensée arabe, a permis de dégager certains des contours de cette double crise. Dans une séquence du colloque modérée par Hervé Sabourin, directeur du bureau Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la francophonie, M. Awit a expliqué que de larges pans de la société libanaise ont décidé de négliger l’apprentissage de la langue arabe, bien que selon lui « ce soit par l’arabe que les étudiants serviront le mieux leur pays ». Résultat, le Liban produit annuellement des centaines de jeunes candidats à l’émigration et une véritable crise de la culture arabe éclate au niveau de l’université. « Nous formons des étrangers », relevait l’un des intervenants. En cause aussi, bien entendu, un système scolaire et des méthodes d’apprentissage désuets, des programmes rétrogrades, qui rendent l’arabe rébarbatif.
L’exclusivisme francophone : un handicap
En outre, et en vis-à-vis, Henri Awit constate que « l’exclusivisme francophone, à côté de l’arabe, a fini par être un handicap ». Conclusion pratique, la perpétuation de la mission de l’USJ passe par de sérieux efforts de mise à niveau, y compris en arabe, l’adoption de l’anglais et, en fin de compte, la conversion au trilinguisme. Bref, toute une éducation à réviser, sinon à refaire, dès l’entrée à l’université. Une véritable révolution.
Des nuances ont pourtant été apportées à ces constatations difficiles par les Prs Guillaume Leyte, président de l’Université Panthéon-Assas, et Nassib Ziadé, président du conseil d’administration de la Chambre de résolution des conflits de Bahreïn. S’inscrivant un peu à contre-courant des sombres pronostics sur la pertinence à long terme de l’enseignement en français, le Pr Ziadé, a fortement souligné « l’hégémonie du juridisme francophone dans le monde arabe », qu’il considère comme une chance pour l’USJ, dont la faculté de droit s’est implantée à Dubaï. Et de surenchérir dans l’optimisme en affirmant que « dans une Afrique en expansion, le français va devenir la seconde langue ». « Au-delà de son rôle actuel d’apaisement dans le brasier régional, a-t-il ajouté, l’USJ en tant que relais et centre dépositaire du savoir pourrait jouer à l’avenir un rôle dans la reconstruction de la région et la formation des élites. »
Alphabétiser les gouvernances arabes
C’est dans le même esprit que Me Ibrahim Najjar, professeur à l’USJ et ancien ministre, modérateur du troisième temps du colloque, devait parler de la possibilité de créer une « École d’administration » à vocation arabe pour « alphabétiser » les techniques de gouvernance de notre environnement géographique et culturel.
Sur le plan juridique, « le Liban doit rester un pays contaminateur », a-t-il affirmé. Une conviction partagée par l’ancien ministre Ziyad Baroud, Fadia Kiwan et le Pr Adnane el-Amine, président de la « Lebanese Association for Educational Studies ». Le sentiment général est que le Liban n’a qu’à le vouloir pour rester le centre de rayonnement d’une culture juridique à la confluence du droit français et des droits du monde arabe. L’exploit de la traduction en arabe du code civil français semble avoir fourni à l’USJ un incroyable atout sur ce plan.
En Tunisie
Communiqué de l’association USF - Universitaires sans frontières (reçu par mail)
Universités Tunisiennes
Départements de français de Gafsa, Tozeur, Kairouan, Sousse
Un programme d’interventions se met en place dans le cadre d’une convention passée entre
– les Universités tunisiennes concernées,
– l’Institut Français de Tunisie,
– le GREF (Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières).
Objectif global du programme :
enrichir les pratiques du français en tant que langue, culture et discipline d’enseignement.
Les enseignants tunisiens, souvent formés en France, se heurtent aux niveaux très lacunaires des étudiants inscrits dans les départements de français.
Ils doivent de ce fait adapter leurs exigences, leurs savoir-faire et savoir-être pédagogiques.
Les étudiants, qui n’ont pas toujours choisi leur cursus, doivent être motivés.
Dispositif :
– deux séjours par an de quatre semaines dans les départements de français de chacune des quatre Universités partenaires.
– deux enseignants français pour chaque séjour.
Profil pédagogique :
– expériences universitaires,
– enseignement du français (lettres modernes, FLE…)
Compétences souhaitées :
– Animation d’équipes enseignantes (formation pédagogique, ingénierie éducative…).
– Animation d’ateliers (conversation, expressions orale et écrites, culture, théâtre…).
– Maîtrise de la didactique FLE.
Implication :
Participation à la mise en place en France d’une équipe stable chargée
– de mettre en place un dispositif pouvant prendre de l’ampleur,
– de programmer, de réguler et d’évaluer les interventions.
Contacts :
Michel Dousset, coordonnateur GREF des projets Universités tunisiennes.
Tél. +33 6 42 10 25 56
michel.dousset@orange.fr
avec copie à
Paul Rousset, Vice-président d’USF-AWB, responsable du Groupe Thématique Universitaire du GREF
Tél. +33 6 33 31 43 98
paulrousset@neuf.fr
Annonce de la création d’une université américaine en Tunisie en 2020
▻http://www.businessnews.com.tn/details_article.php?a=53130&t=520&lang=fr&temp=3
Une conférence de presse a été organisée, mardi 27 janvier 2014, pour annoncer la création en Tunisie d’une université américaine. L’ouverture du campus universitaire est prévue pour 2020 alors que les travaux de construction commenceront en 2017. Le coût du projet est estimé à 200 millions de dinars (MD) qui seront financés par l’université Montplaisir, la GFH (Gulf Finance House) ainsi que plusieurs banques dont Attijari Bank, Banque El Amen et plusieurs entreprises. Autre point important, le projet créera 1.000 postes d’emplois repartis entre enseignants universitaires, cadres supérieurs, techniciens, agents administratifs et ouvriers.
Le campus universitaire sera formé par plusieurs composantes, notamment des écoles et des facultés, un foyer universitaire, des restaurants, un complexe sportif, un hôtel, un centre d’affaires pour accueillir les ‘Start Up‘, etc. Plusieurs cursus seront proposés : médecine, pharmacie, économie, gestion, droit, journalisme, communication, architecture, ingénierie ... Ces établissements seront dotés de moyens pédagogiques modernes, des bibliothèques, des laboratoires et de personnel enseignant hautement qualifié, selon les responsables qui dirigent le projet.
Les procédures en vue de l’obtention de l’accréditation auprès des instances américaines ont été entamées. En attendant un « American Business Program » vient d’être lancé pour l’année universitaire 2014/2015 sous l’égide d’Université Montplaisir en partenariat avec des universités Américaines. A l’issue de son cursus l’étudiant recevra un double diplôme : un diplôme tunisien reconnu d’équivalence par le ministère de l’enseignement supérieur et un autre américain délivré par l’une des universités partenaires (Michigan State University, Clayton State University et Savannah State University). Ce partenariat est fondé sur le principe du 2+2. Pour la maîtrise, l’étudiant suivra son cursus du 1er cycle (2 années) à Tunis et continuera le 2éme Cycle à l’une des universités américaines partenaires. Pour le master, l’étudiant validera la première année à Tunis et la 2éme année au sein de l’une des universités aux USA.