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  • Savoir chercher. Pour une éducation à l’évaluation de l’information de Mônica Macedo-Rouet – Inter CDI
    http://www.intercdi.org/savoir-chercher-pour-une-education-a-levaluation-de-linformation-de-monica

    Recension du livre « Savoir chercher » de Mônica Macedo-Rouet à destination des documentalistes.

    C’est une lecture plutôt rare et très rafraîchissante en matière professionnelle, que propose Mônica Macedo-Rouet avec Savoir chercher. Pour une éducation à l’évaluation de l’information. Professeure des universités en Psychologie, la chercheuse est déjà connue dans le domaine info-documentaire, de par son travail souvent à la croisée entre Psychologie, Sciences de l’éducation et de la formation (SEF) et Sciences de l’information et de la communication (SIC). C’est dans le cadre de ce triptyque que s’inscrit l’ouvrage, qui convoque les recherches menées sur la question de l’évaluation de l’information dans ces trois disciplines, afin d’en faire une synthèse. Et ce ne sont pas seulement des états des lieux qui sont proposés, mais un travail de bilan et de perspectives.

    Saluons comme il se doit l’intérêt des éditions normandes C&F, dirigées par Hervé Le Crosnier, pour les questions d’information, de documentation, avec, au-delà d’écrits nombreux sur l’histoire de l’informatique et le paysage numérique contemporain, plusieurs ouvrages relatifs à des sujets importants pour les professeurs documentalistes. On rappellera ainsi la publication des travaux d’Anne Cordier sur le rapport des adolescents à la recherche d’information (2015), ou de Marion Carbillet et d’Hélène Mulot sur les communs dans l’éducation (2019).

    Pour discuter d’évaluation de l’information, Mônica Macedo-Rouet contextualise d’abord son propos, nous offrant un point de vue large sur la notion. En appui sur différentes études menées depuis plus de vingt ans, elle interroge la lecture sur écran, en comparaison avec la lecture sur papier. Ce qui l’amène à préciser et à définir plusieurs notions, comme celles de texte, d’hypertexte et d’hypermédia, directement liées à la lecture sur écran. C’est aussi l’occasion de traiter de la structure du document, de la structure du texte, rappelant à l’occasion que cette notion suppose des apprentissages, dès l’enseignement élémentaire, et ce, afin de favoriser chez les enfants le repérage de l’organisation des textes, notamment des ouvrages documentaires. L’auteure montre aussi toutes les limites de la lecture sur écran, et les difficultés qu’elle peut poser : du fait d’une lecture hypertextuelle parfois complexe, de logiques éditoriales qui ne sont pas toujours pertinentes pour une lecture efficace, et d’une lenteur et d’une superficialité qui semblent intrinsèques à ce mode de lecture. Il n’en ressort cependant pas l’idée d’abandonner l’écran, ce serait aller contre les usages et les pratiques. Il s’agit plutôt d’insister sur le fait que ce n’est pas un sujet à prendre à la légère, à la fois dans le domaine de l’édition où des efforts sont à faire, et dans le domaine de l’enseignement pour cerner ce qui peut et doit être mis en œuvre en matière pédagogique. L’auteure insiste également sur le besoin d’éviter une simple transposition, du document imprimé au document numérique, qui relève de deux modes différents de concevoir le document.

    C’est avec un même souci de synthèse que sont abordés les processus de recherche et d’évaluation, dans un contexte d’augmentation du nombre de sites web et du nombre d’utilisateurs d’Internet (avec aujourd’hui près de deux milliards de sites pour quatre milliards d’internautes potentiels). Un tel paysage informationnel suppose des compétences de recherche, avec alors, pour les enfants, des difficultés de méthode et de connaissance que rappelle l’auteure. Une piste pour dépasser ces difficultés est de maîtriser l’ensemble des étapes que compte une recherche d’information : par exemple les huit étapes du modèle TRACE, proposé par Jean-François Rouet en 2006, qui peut être un outil intéressant dans le cadre d’un travail pédagogique avec les élèves. La recherche est d’autant plus complexe que l’évaluation de la pertinence des sources apparaît, selon les études citées, particulièrement difficile pour les jeunes (des pistes possibles pour améliorer les pratiques sont données). L’évaluation de la qualité et de la crédibilité des sources est également étudiée, avec un regard particulier sur le contexte scolaire : il en ressort que les élèves ne sont pas indifférents à la question de l’évaluation, qui demande une mise en œuvre différenciée, selon les consignes données et les difficultés rencontrées. Là encore l’auteure s’attache à pointer ce qui pose problème, afin de proposer des solutions pédagogiques, mettant en avant à l’occasion des pistes de recherche non encore exploitées. Parmi les problèmes et/ou les obstacles relevés, on peut citer par exemple, en fin de primaire et début de collège en particulier, l’intérêt pour l’affichage des pages plutôt que pour la connaissance des sources, ou encore la difficulté à détecter les biais commerciaux et les conflits d’intérêts sur le web. Cela suppose des apprentissages, relatifs à la navigation web, au repérage d’informations, à la connaissance des questions techniques liées aux bases de données, au fonctionnement des moteurs de recherche, à l’évaluation des sources et à tout ce que cette notion recouvre (pertinence, fiabilité, autorité, typologie, etc.).

    L’auteure ne s’arrête pas à des préjugés, il n’est pas question de dire que les élèves savent tout faire parce qu’ils ont été bercés par le numérique ou qu’ils ne savent rien faire parce qu’ils n’ont que des usages superficiels. Non, il s’agit de regarder précisément les pratiques, d’en étudier les subtilités pour en tirer des pistes pédagogiques : par exemple, en contexte scolaire, expliciter les étapes de la recherche et de l’évaluation. Les élèves peuvent avoir envie d’évaluer les sources, encore faut-il qu’on leur explique comment faire, et qu’on leur apprenne à le faire. Ce n’est pas une démarche spontanée pour eux, des compétences sont nécessaires qui sont mises en exergue dans l’ouvrage : l’identification de l’auteur, l’évaluation de son niveau de compétence, ses intentions, les éventuels conflits d’intérêt. Ces savoirs et savoir-faire permettent notamment d’aider à repérer les fausses informations, auxquelles sont réservées quelques pages.

    Un chapitre est consacré à l’éducation, côté terrain : il est d’autant plus décevant que les chapitres précédents sont riches. Sans doute faut-il voir là le fait que les études relatives à ces apprentissages sont rares. L’auteure elle-même insiste sur la nécessité de commencer par analyser les dispositifs de formation dans le domaine. La limite du propos tient notamment dans le plaidoyer, présent dès le titre de l’ouvrage, « pour une éducation à l’évaluation de l’information ». On ne parle pas d’apprentissages, d’enseignement, mais bien d’une « éducation à », un domaine particulièrement flou, dont la transversalité cache mal des projets très ponctuels, non systématiques, qui s’appuient sur des « bonnes volontés », autant de limites que l’auteure n’aborde pas. Il manque une observation des pratiques réelles, aussi la proposition de cette nouvelle « éducation à », sans mention de pratiques et dispositifs, peut laisser dubitatif. Une autre limite de cet ouvrage, un écrit scientifique, toujours dans le même chapitre, est de voir l’Éducation aux médias et à l’information (EMI) englober l’éducation aux médias, la maîtrise et les cultures de l’information, ainsi que la culture de l’informatique. Cela crée une confusion entre la Media and information literacy (MIL) et l’EMI telle qu’institutionnalisée en France : en effet, telle que définie dans les programmes en France, l’EMI n’intègre pas la culture informatique dans son entier, des enseignements spécifiques existent en Technologie et en Sciences numériques et technologie (SNT). De même la prise en mains de l’EMI en France par le CLEMI, sujet d’un anachronisme dans l’ouvrage, peut amener selon certains points de vue à minorer l’importance de la maîtrise de l’information dans son ensemble, dans les documents institutionnels. De ces problématiques françaises, il n’est nullement question dans l’ouvrage, ce qui ne contribue pas à la clarté du propos. Ainsi, alors que la revue de la littérature portant sur les recherches est intéressante, le mélange effectué entre domaines scientifiques et dispositifs politiques ou éducatifs peut poser problème. En outre, l’apport des professionnels est peu envisagé. Si par exemple est cité le référentiel de compétences de 1997 de la FADBEN, devenue APDEN, ainsi que les travaux du GRCDI (2010-2012), rien n’est dit des travaux qui ont donné lieu au Wikinotions Info-Doc (2010) ou à la proposition de curriculum info-documentaire (2013).

    Ainsi, si l’ouvrage est riche en études scientifiques sur la lecture de l’information, sur la recherche et l’évaluation de l’information, avec des pistes intéressantes pour construire des séances et des progressions, les propositions plus politiques, elles, manquent sans doute de diversité, elles restreignent les possibles. L’engagement pour un dispositif spécifique, dans un ouvrage de ce type, de niveau universitaire, conduit à minorer d’autres voies ou à les ignorer. L’auteure fait la prouesse de ne citer qu’une fois les professeurs documentalistes, sans discuter de leurs apports ou de ce qu’on peut envisager pour l’avenir des apprentissages qu’ils peuvent mettre en œuvre. Quand des disciplines sont invoquées pour des expérimentations, le domaine de l’information-documentation n’apparaît pas, que ce soit seul ou même dans le cadre de dispositifs en collaboration. Et alors que des études citées montrent l’importance d’une expertise, une étude récente est mentionnée qui « montre la faisabilité d’un tel programme au sein des disciplines, sans bouleverser complètement la structure actuelle et sans demander des moyens très importants ». Après des réflexions pédagogiques, sur la nécessité d’un travail didactique, avec des pistes intéressantes pour avancer, ce sont des propositions « clé en main » qui sont faites, dans la voie typique des « éducations à ».

    Malgré ses limites, compte tenu de la perspective politique que prend l’ouvrage, on peut cependant souhaiter que tout professeur documentaliste le lise, pour prendre connaissance des voies pédagogiques que l’auteure met en avant, études à l’appui : explicitation des démarches de recherche et d’évaluation, séances spécifiques sur la notion de pertinence, mise en place de processus d’évaluation relatifs à la crédibilité et la qualité de pages, avec identification et évaluation des auteurs, catégorisation des différents types de sites web, etc. Cette synthèse est aussi une promesse de nouvelles recherches, pour mieux encore mesurer les capacités d’apprentissage des élèves dans le domaine, et les méthodes les plus efficaces. Ces travaux et ces pistes valent-elles la création d’une nouvelle « éducation à » ? Rien n’est moins sûr.

    Macedo-Rouet, Mônica. Savoir chercher. Pour une éducation à l’évaluation de l’information. Caen : C&F Éditions, 2022. 244 p. Préface d’Alexandre Serres.

    #Mônica_Macedo_Rouet #Savoir_Chercher #Inter_CDI

  • Mônica Macedo-Rouet, Savoir chercher. Pour une éducation à l’évaluation de l’information
    https://journals.openedition.org/lectures/60124

    Mônica Macedo-Rouet part d’un constat : « il n’y a pas de consensus parmi les acteurs de l’éducation sur “ce” qu’il faut enseigner en matière de littératie informationnelle1 et “comment” l’enseigner, même s’il existe aujourd’hui une reconnaissance quasi universelle de la nécessité d’éduquer à l’information (UNESCO, 2018) » (p. 104). En effet, à l’ère de la prolifération des contenus en ligne, il est communément admis que l’éducation à l’évaluation de l’information (EEI) constitue un enjeu démocratique majeur pour nos sociétés et qu’une éducation populaire sur le sujet doit s’ériger sur des fondations scientifiques solides. L’auteure se propose de dresser un état de la recherche internationale qui émerge dans ce domaine depuis une vingtaine d’années. Par ce travail, elle entend aussi toucher un large public et « donner des idées concrètes aux éducateurs sur les activités pédagogiques qui peuvent conduire à une meilleure attention et évaluation des sources d’information de la part des élèves » (p. 35).

    #Mônica_Macedo_Rouet #Savoir_chercher

  • Janvier 2023, L’Evaluation de l’information | Radio nomade
    http://www.radionomade.fr/janvier-2023-levaluation-de-linformation

    Un podcast avec Mônica Macedo-Rouet et Alexandre Serres autour du livre « Savoir Chercher »

    « L’Evaluation de l’information »

    Invité(e))s : Mônica Macedo-Rouet, professeure des Universités en psychologie à l’université CY Cergy Paris Université, précédemment professeure en sciences de l’éducation à l’université Paris 8, Alexandre Serres, maître de conférence honoraire en sciences de l’information et de la communication à l’université Rennes 2, membre fondateur du groupe de recherche sur les cultures et la didactique de l’information (GRCDI).

    Comment évaluer l’information ? Et d’ailleurs qu’est-ce qu’évaluer l’information ?

    C’est à ce questionnement que nos deux invités tentent de répondre au travers de leurs ouvrages respectifs.

    Alexandre Serres dans son livre de 2012 : « Dans le labyrinthe : évaluer l’information sur internet » aux éditions C&F, présente une sorte d’état des lieux sur le sujet, à l’heure du numérique, d’internet et des réseaux sociaux du web 2.0, sachant que nous sommes passés sur cette question, dit-il, de l’ordre du documentaire à l’ordre géostratégique. Entre brouillage formel, brouillage des sources, brouillage des genres au regard des seules ressources documentaires papiers d’avant, et l’apparition de nouvelles valeurs, comme celles du buzz, de l’affectif avec les likes par exemple, ou de l’évaluationnite mais aussi du collaboratif, Alexandre Serres rappelle les menaces qui planent sur internet, les trois dragons comme les nomme François Bernard Huygue, à savoir la désinformation, la mésinformation, et la surinformation, et appelle notamment de ses vœux le développement d’une éducation à l’évaluation de l’information,

    Finalement c’est à ce travail que Monica Macedo-Rouet tente justement de répondre de son côté dans son ouvrage : “Savoir chercher : pour une éducation à l’évaluation de l’information” édité tout récemment en 2022, également aux éditions C&F. En s’appuyant sur un vaste ensemble d’études et de recherches de ces 10, 20 dernières années, menées auprès de primaires, collégiens, lycéens comme étudiants, Monica Macedo-Rouet reconsidère tout d’abord la notion de lecture, lecture papier d’abord et/ou numérique, et au-delà lecture hypertextuelle ou multidocumentaire sur le web ou encore de l’hypermédia. Posant ainsi la nécessité d’appréhender aujourd’hui la lecture non plus seulement comme la lecture d’un simple texte mais également celle d’une recherche et d’une évaluation, Monica Macedo-Rouet réinterroge à la suite la question des sources, comme celles de la crédibilité et de la pertinence d’un contenu et d’une information. En témoignant ainsi de la pratique des enfants et adolescents sur cette question de l’évaluation de l’information, Monica Macedo-Rouet rappelle les courants qui ont précédé celle-ci, comme l’éducation aux médias, la maitrise de l’information ou la littératie multidocumentaire pour n’en citer que quelques-uns, pour finalement proposer à l’aune des nouvelles études engagées, auxquelles elle a elle-même largement participé, des pistes, des préconisations, dans le but de répondre à ce nouvel enjeu essentiel qu’est devenu aujourd’hui la nécessaire éducation à l’évaluation de l’information.

    Plus d’infos :
    https://cfeditions.com/savoir-chercher
    https://cfeditions.com/Labyrinthe
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    Article précédent Septembre 2022, Mémoire et engagement
    Publié dans FPP 106.3FM
    Étiqueté avec Ecole, Education, enfants, Livres, médias, Pédagogie, sociologie

    #Evaluation #Education_médias_information #Monica_Macedo_Rouet #Savoir_chercher #Alexandre_Serres #Dans_le_labyrinthe #Podcast

  • SAVOIR CHERCHER LA BONNE INFORMATION
    PAR JEAN-PHILIPPE ACCART
    https://bibliotheques.cfwb.be/fileadmin/sites/biblio/uploads/Documents/Lectures-cultures_PDF/LC31.pdf

    SAVOIR CHERCHER
    LA BONNE INFORMATION
    PAR JEAN-PHILIPPE ACCART
    consultant en sciences de l’information

    S’il est une thématique en pointe à l’heure actuelle, il s’agit bien de l’éducation à l’évaluation de l’information : documents, préconisations et recommandations diverses et officielles se succèdent tant du point de vue du monde de l’éducation que de celui des sciences de l’information.

    Les quotidiens de presse, comme Libération, décryp- tent également le vrai du faux dans une rubrique spéciale,
    et le site De Facto1 lancé récemment par l’Agence France-Presse (AFP) et Sciences Po allie chercheurs, journa- listes et professionnels de l’éducation aux médias et à l’information en vue de rétablir la vérité par rapport aux fausses informations. En réalité, ce sujet n’est pas nouveau, mais il a pris une place prépondérante dans l’actualité récente avec le phénomène devenu constant et préoccupant des fausses informations sur les réseaux.
    Ce nouveau livre des Éditions C&F ar- rive à point nommé pour faire le point et nous aider à « savoir chercher » en compagnie de son auteure, Mônica Macedo-Rouet, professeure en psycho- logie, dont les recherches portent sur la lecture numérique et la formation des jeunes à l’évaluation de l’information. Une préface bienvenue d’Alexandre Serres nous éclaire d’emblée sur l’enjeu démocratique de cette thématique :
    « Les enjeux de “l’évaluation de l’in- formation” à l’heure de la cyberguerre, de la “post-vérité” et de la vague com- plotiste ont complètement changé de nature, d’intensité et de gravité : ils touchent désormais aux fondements mêmes de nos sociétés et de notre vie politique, démocratique, sociale, sani- taire » (p. 14).
    Livre dense et fouillé, il prend pour ob- jet principal d’étude les jeunes publics. Au travers de cinq chapitres, celui sur « Les défis de la recherche et de l’éva- luation des informations en ligne » (chapitre 2) devrait particulièrement intéresser les professionnels de l’infor- mation et des bibliothèques, mais nous allons y revenir dans le déroulé.
    L’ouvrage aborde de nombreuses thé- matiques sur lesquelles il convient de s’attarder. La lecture sur écran (cha- pitre 1) pose une question qui revient régulièrement dans la presse ou les études sur le sujet : « Lit-on mieux (ou
    moins bien) sur écran ? » Les notions de texte, d’hypertexte et d’hypermédia sont explicitées, et permettent d’inter- roger, notamment, l’impact des cours mis en ligne et leur compréhension par les étudiants. L’auteure souligne que la compréhension peut également venir de sources hypermédia qui contiennent des informations non textuelles : il est maintenant avéré que les adolescents recherchent des informations sur des chaînes YouTube par exemple et sur les réseaux sociaux tel TikTok pour ne ci- ter que le plus connu d’entre eux.
    De nombreuses études scientifiques sur le thème de la lecture numérique montrent la moindre performance de
    la lecture sur écran par rapport à la lecture sur papier, notamment ce qui
    a trait à la mémorisation des informa- tions. Cependant, la recherche d’un mot dans un texte numérique est plus aisée, ainsi que la fouille de textes :
    la recherche d’information est ain-
    si facilitée et peut être vue comme un élargissement de la recherche d’infor- mation traditionnelle. « Les défis de la recherche et de l’évaluation des infor- mations en ligne » (chapitre 2) pose la question de l’évaluation de la qualité
    et de la crédibilité des informations. L’expertise documentaire est mise en avant : la qualité du document, la source sont les deux critères principaux que l’auteure souligne. « Comment les ado-
    lescents raisonnent sur l’information » (chapitre 3) intéressera les professeurs documentalistes et les bibliothécaires scolaires dans les lycées et collèges : il se fonde principalement sur le parcours scolaire et son influence sur l’évalua- tion de l’information et des sources. Ce parcours est positif par rapport au thème qui nous intéresse car il peut favoriser l’attention aux sources, mais les fausses informations ( fake news) investissent également ce domaine et nuisent aux efforts fournis.
    « L’éducation à l’évaluation de l’infor- mation, un champ de recherche émer- gent » (chapitre 4) s’appuie sur l’histo- rique de ce concept. Il revient sur des champs connexes tels que le media literacy (éducation aux médias), l’in- formation literacy (maîtrise de l’infor- mation), la culture informationnelle ou la computer literacy (culture informa- tique). Il aborde aussi la translittératie ou la littératie multidocumentaire qui étudie l’évaluation dans le processus de lecture.
    « Comment enseigner l’évaluation de l’information aux adolescents » (cha- pitre 5) est la question essentielle qui se pose actuellement et que l’auteure pose à bon escient : objets de toutes les convoitises (surtout commerciales), il est difficile de « capter » leur atten- tion plus de quelques minutes. Il est cependant important de commencer très jeune cet apprentissage et d’éveil- ler leur attention à ce sujet essentiel pour la société actuelle et future. En cela, hormis les parents, les profes- sionnel-le-s de l’éducation et ceux de l’information et des bibliothèques ont un rôle primordial à jouer : à chaque stade de la scolarité d’un individu (pe- tite école, collège, enseignement pro- fessionnel...), l’évaluation des sources peut et doit être enseignée.
    Il est bon de voir ce que la recherche nous dit au plan international, même si cette thématique est récente. Quatre méta-analyses sont exploitées par l’au- teure de l’ouvrage, nous ne prendrons que quelques extraits. Une définition de l’évaluation des sources est four-
    nie qu’il n’est pas inutile de transcrire ici : il s’agit de « la capacité à identi- fier et représenter les caractéristiques des sources pour prévoir, interpréter et évaluer le contenu et la pertinence des documents en fonction d’une tâche de lecture »2. Les deux auteurs de cette définition ont passé en revue dix-huit études publiées entre 1991 et 2017, conduites en milieu scolaire dans différents pays. La nature positive des interventions d’enseignants sur cette thématique en milieu scolaire est mise en avant, car elles facilitent la capacité des jeunes à évaluer les sources d’infor- mation et, dans une certaine mesure, à interpréter les documents. Mais, cette capacité est un peu différente s’il s’agit d’une recherche libre d’informations ou si les documents sont déjà sélec- tionnés. La recherche d’informations sur le web présente d’autres difficul- tés. L’aspect positif est encore amélio- ré si l’évaluation de certains critères est appuyée, tels les critères de sources (la profession de l’auteur par exemple). Les autres études internationales citées montrent que l’intégration des critères d’évaluation est nettement plus efficace quand elle est dispensée par des pairs (d’autres collégiens ou lycéens) et non par des enseignants.
    Mônica Macedo-Rouet souligne que les études anglo-saxonnes sur le sujet de l’éducation à l’évaluation de l’in- formation sont nombreuses et que la recherche française dans ce domaine doit être améliorée. Dans un chapitre conclusif détaillé, « Apprendre à éva- luer », l’auteure revient sur quelques éléments des chapitres 2 et 3 en vue de les compléter et met en exergue que cette compétence doit réellement faire partie du dispositif éducatif. Loin de s’arrêter là, elle insiste sur le fait que ces compétences informationnelles doivent être intégrées à tout âge : il faut des « interventions pédagogiques ciblées », proposer des « méthodes ro- bustes » d’évaluation qui ne reposent pas uniquement sur des enquêtes au- près des personnes concernées, ces en- quêtes montrant que l’appréciation de chacun de sa capacité à évaluer l’infor- mation peut être faussée.
    Enfin, la question primordiale soulevée par Mônica Macedo-Rouet tout au long de son ouvrage met l’accent sur le fait que la soci•été dans son ensemble est concernée.
    › Mônica MACEDO-ROUET, Savoir chercher. Pour une éducation à l’évaluation de l’information, pré- face d’Alexandre Serres. Caen : C&F Éditions, coll. « Éducations », 2022, 22 €. ISBN 978-2-37662-048-8.
    Notes
    (1) À propos – DE FACTO – Des clés pour mieux s’informer (defacto-observatoire.fr).
    (2) Eva Wennås Brante et Helge I. Stromso, « Sourcing in Text Comprehension : a Review of Interventions Targeting Sourcing Skills », Educational Psychology Review, vol. 30, n° 3, 2018, p. 40.

    #Monica_Macedo_Rouet #Savoir_chercher #Recension

  • Chercher l’information, cela s’apprend | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/chercher-linformation-cela-sapprend-1872866

    Comment éduquer les internautes à évaluer les sites Web en fonction de leur crédibilité ? Une universitaire propose une démarche scientifique pour atteindre cet objectif, indispensable à la survie de la démocratie.

    Par Jacques Henno
    Publié le 25 oct. 2022 à 18:14

    Le propos. Plus de cinq milliards de personnes, à travers le monde, sont désormais connectées à Internet. Elles y mènent, chaque jour, plus de sept milliards de requêtes. Le Web constitue désormais la première source d’information pour beaucoup d’internautes, alors même qu’ils n’ont jamais été préparés à utiliser cet outil, truffé de fake news et de sites aux sources douteuses. Comme l’explique Mônica Macedo-Rouet, professeure des universités en psychologie à CY Cergy Paris Université, au début de son enquête : « L’objectif de ce livre est de proposer une réflexion sur cette question primordiale pour l’éducation de demain : comment former tous les usagers d’Internet (enfants, adolescents, adultes) à la recherche et l’évaluation de l’information, tout en développant leur autonomie et leur libre arbitre ? »

    L’intérêt. Fidèle à une démarche universitaire, Mônica Macedo-Rouet s’intéresse à tous les aspects de la recherche d’information sur Internet. Ce qui débouche sur quelques découvertes inattendues, comme le fait que « la lecture sur écran reste moins aisée que l’imprimé ».

    La citation. « Aujourd’hui, des méta-analyses suggèrent que l’utilisation des hypertextes dans des situations pédagogiques (par exemple, pour la lecture d’un chapitre de manuel scolaire) devrait être réévaluée au vu des pertes de compréhension induites par la lecture d’hypertextes. »
    Savoir chercher. Pour une éducation à l’évaluation de l’information

    de Mônica Macedo-Rouet. Préface d’Alexandre Serres. C&F Editions, 244 pages, 22 euros.

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