La suprématie de la voiture a réduit les moyens et les espaces publics alloués aux autres modes de déplacement.
J’habite à 1,5km de mon micro-bled et 4,5km du bled, des distances fort raisonnables que tout le monde faisait à pied quotidiennement il y a 100 ans. Seulement, aujourd’hui, il n’existe plus aucun chemin ou sentier pour faire ces distances à pied. Les routes se sont multipliées et beaucoup n’ont même pas un semblant de bas-côté praticable. Marcher le long de la route, même dans le bon sens (face aux bagnoles) est assez risqué et désagréable. Le faire en vélo, autre moyen de déplacement populaire et extrêmement peu coûteux pour ces petites distances est carrément dangereux sur les petites routes du Gers étroites et sans visibilité où tout le monde roule à tombeau ouvert (et ce n’est pas qu’une image).
Les sentiers se sont effacés, les chemins ont été découpés par la privatisation des campagnes par les agriculteurs qui ont tout clôturé. Il y a des batailles féroces autour des derniers chemins communaux que les communes trouvent coûteux à l’entretien et que les agriculteurs voient comme des entraves et des enclaves à annexer et labourer fissa : un petit coup de soc mal placé, et c’est torché.
Quant aux chemins privés, faut pas y penser.
Les seuls chemins préservés, le sont pour faire des parcours de randonnée à l’usage des touristes. Ils n’ont donc pas d’utilité pratique dans leur tracé (boucle à travers la campagne et non jonction entre lieux de vie). Ils existent par négociation avec les agriculteurs qui les possèdent et les ouvrent à la saison touristique. Ils sont souvent inaccessibles en dehors de l’été.
Pour marcher, quand on n’est pas touriste, il vaut mieux adhérer à un club de randonnée. Les parcours sont balisés, les sorties encadrées à dates et heures fixes, ce qui évite, théoriquement, de se prendre un coup de fusil perdu. Cela dit, c’est du loisir, pas de l’utilitaire.
Ce qui est remarquable dans cet espace rural, c’est qu’il est totalement inaccessible, dépourvu de tout espace de liberté, d’espaces communs, d’espace public.
Flâner n’est pas plus à l’ordre du jour que de vaquer à ses occupations.