• En #Libye, les oubliés

    #Michaël_Neuman a passé une dizaine de jours en Libye, auprès des équipes de Médecins Sans Frontières qui travaillent notamment dans des #centres_de_détention pour migrants. De son séjour, il ramène les impressions suivantes qui illustrent le caractère lugubre de la situation des personnes qui y sont retenues, pour des mois, des années, et celle plus difficile encore de toutes celles sujets aux #enlèvements et aux #tortures.

    La saison est aux départs. Les embarcations de fortune prennent la mer à un rythme soutenu transportant à leur bord hommes, femmes et enfants. Depuis le début de l’année, 2300 personnes sont parvenues en Europe, plus de 2000 ont été interceptées et ramenées en Libye, par les garde-côtes, formés et financés par les Européens. Les uns avaient dès leur départ le projet de rejoindre l’Europe, les autres ont fait ce choix après avoir échoué dans les réseaux de trafic d’êtres humains, soumis aux tortures et privations. Les trajectoires se mêlent, les raisons des départs des pays d’origine ne sont souvent pas univoques. En ce mois de février 2020, ils sont nombreux à tenter leur chance. Ils partent de Tripoli, de Khoms, de Sabrata… villes où se mêlent conflits, intérêts d’affaires, tribaux, semblants d’Etat faisant mine de fonctionner, corruption. Les Libyens ne sont pas épargnés par le désordre ou les épisodes de guerre. Pourtant, ce sont les apparences de vie normale qui frappent le visiteur. Les marchés de fruits et légumes, comme les bouchons qui encombrent les rues de Tripoli en témoignent  : la ville a gonflé au rythme des arrivées de déplacés originaires des quartiers touchés par la guerre d’attrition dont le pays est le théâtre entre le gouvernement intérimaire libyen qui règne encore sur Tripoli et une partie du littoral ouest et le LNA, du Maréchal Haftar, qui contrôle une grande partie du pays. Puissances internationales – Italie, France, Russie, Turquie, Emirats Arabes Unis – sont rentrées progressivement dans le jeu, transformant la Libye en poudrière dont chaque coup de semonce de l’un des belligérants semble annoncer une prochaine déflagration d’ampleur. Erdogan et Poutine se faisant face, le pouls du conflit se prend aujourd’hui autant à Idlib en Syrie qu’à Tripoli.

    C’est dans ce pays en guerre que l’Union européenne déploie sa politique de soutien aux interceptions et aux retours des ‘migrants’. Tout y passe  : financement et formation des gardes côtes-libyens, délégation du sauvetage aux navires commerciaux, intimidation des bateaux de sauvetage des ONG, suspension de l’Opération Sophia. Mais rien n’y fait  : ni les bombardements sur le port et l’aéroport de Tripoli, ni les tirs de roquettes sur des centres de détention situés à proximité d’installation militaire, pas davantage que les témoignages produits sur les exécrables conditions de vie qui prévalent dans les centres de détention, les détournements de financements internationaux, ou sur la précarité extrême des migrants résidant en ville n’ébranlent les certitudes européennes. L’hypocrisie règne  : l’Union européenne affirme être contre la détention tout en la nourrissant par l’entretien du dispositif libyen d’interception  ; le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés condamne les interceptions sans jamais évoquer la responsabilité des Européens.

    Onze centres de détention sont placés sous la responsabilité de la Direction chargée de l’immigration irrégulière libyenne (la DCIM). La liste évolue régulièrement sans que l’on sache toujours pourquoi, ni si la disparition d’un centre signifie véritablement qu’il a été vidé de ses détenus, ou qu’ils y résident encore sous un régime informel et sans doute plus violent encore. Une fois dans ces centres, les détenus ne savent jamais quand ils pourront en sortir  : certains s’en échappent, d’autres parviennent à acheter leur sortie, beaucoup y pourrissent des mois voire des années. L’attente y est physiquement et psychologiquement dévastatrice. C’est ainsi le lot des détenus de Dar El Jebel, près de Zintan, au cœur des montagnes Nafusa, loin et oubliés de tous : la plupart, des Erythréens, y sont depuis deux ans, parfois plus.

    La nourriture est insuffisante, les cellules, d’où les migrants ne sortent parfois que très peu, sont sombres et très froides ou très chaudes. Les journées sont parfois rythmées par les cliquetis des serrures et des barreaux. Dans la nuit du samedi 29 février au dimanche 1er mars 2020, une dizaine de jours après mon retour, un incendie sans doute accidentel à l’intérieur du centre de détention de Dar El Jebel a coûté la vie à un jeune homme érythréen.

    Nous pouvons certes témoigner que le travail entamé dans ces centres, l’attention portée à l’amélioration des conditions de vie, les consultations médicales, l’apport de compléments alimentaires, mais aussi et peut-être surtout la présence physique, visible, régulière ont contribué à les humaniser, voire à y limiter la violence qui s’y déploie. Pour autant, nous savons que tout gain est précaire, susceptible d’être mis à mal par un changement d’équilibre local, la rotation des gardes, la confiance qui se gagne et se perd, les services que nous rendons. Il n’est pas rare que les directeurs de centre expliquent que femmes et enfants n’ont rien à faire dans ces endroits, pas rare non plus qu’ils infligent des punitions sévères à ceux qui auraient tenté de s’échapper  ; certains affament leurs détenus, d’autres les libèrent lorsque la compagnie chargée de fournir les repas interrompt ses services faute de voir ses factures réglées. Il est probable que si les portes de certains centres de détention venaient à s’ouvrir, nombreux sont des détenus qui décideraient d’y rester, préférant à l’incertitude de l’extérieur leur précarité connue. Cela, beaucoup le disent à nos équipes. Dans ce pays fragmenté, les dynamiques et enjeux politiques locaux l’emportent. Ce qu’on apprend vite, en Libye, c’est l’impossibilité de généraliser les situations.

    Nous savons aussi que nous n’avons aucune vocation à devenir le service de santé d’un système de détention arbitraire  : il faut que ces gens sortent. Des hommes le plus souvent, mais aussi des femmes et des enfants, parfois tout petits, parfois nés en détention, parfois nés de viols. L’exposition à la violence, la perméabilité aux milices, aux trafiquants, la possibilité pour les détenus de travailler et de gagner un peu d’argent varient considérablement d’un centre à l’autre. Il en est aussi de leur accès pour les organisations humanitaires.

    Mais nous savons surtout que les centres de détention officiels n’abritent que 2000, 3000 des migrants en danger présents en Libye. Et les autres alors  ? Beaucoup travaillent, et assument une précarité qui est le lot, bien sûr à des degrés divers, de nombreux immigrés dans le monde, de Dubaï à Paris, de Khartoum à Bogota. Mais quelques dizaines de milliers d’autres, soit par malchance, soit parce qu’ils n’ont aucun projet de vie en Libye et recourent massivement aux services peu fiables de trafiquants risquent gros  : les enlèvements bien sûr, kidnappings contre rançons qui s’accompagnent de tortures et de sévices. Certains de ces «  migrants  », entre 45 000 et 50 000, sont reconnus «  réfugiés ou des demandeurs d’asiles  » par le Haut-Commissariat pour les réfugiés : ils sont Erythréens, Soudanais, Somaliens pour la plupart. De très nombreux autres, migrants économiques dit-on, sont Nigérians, Maliens, Marocains, Guinéens, Bangladeshis, etc. Ils sont plus seuls encore.

    Pour les premiers, un maigre espoir de relocalisation subsiste  : l’année dernière, le HCR fut en mesure d’organiser le départ de 2400 personnes vers le Niger et le Rwanda, où elles ont été placées encore quelques mois en situation d’attente avant qu’un pays, le plus souvent européen, les accepte. A ce rythme donc, il faudrait 20 ans pour les évacuer en totalité – et c’est sans compter les arrivées nouvelles. D’autant plus que le programme de ‘réinstallation’ cible en priorité les personnes identifiées comme vulnérables, à savoir femmes, enfants, malades. Les hommes adultes, seuls – la grande majorité des Erythréens par exemple – ont peu de chance de faire partie des rares personnes sélectionnées. Or très lourdement endettés et craignant légitimement pour leur sécurité dans leur pays d’origine, ils ne rentreront en aucun cas ; ayant perdu l’espoir que le Haut-Commissariat pour les réfugiés les fassent sortir de là, leur seule perspective réside dans une dangereuse et improbable traversée de la Méditerranée.

    Faute de lieux protégés, lorsqu’ils sont extraits des centres de détention par le HCR, ils sont envoyés en ville, à Tripoli surtout, devenant des ‘réfugiés urbains’ bénéficiant d’un paquet d’aide minimal, délivré en une fois et dont on peine à voir la protection qu’il garantit à qui que ce soit. Dans ces lieux, les migrants restent à la merci des trafiquants et des violences, comme ce fut le cas pour deux Erythréens en janvier dernier. Ceux-là avaient pourtant et pour un temps, été placés sous la protection du HCR au sein du Gathering and Departure Facility. Fin 2018, le HCR avait obtenu l’ouverture à Tripoli de ce centre cogéré avec les autorités libyennes et initialement destiné à faciliter l’évacuation des demandeurs d’asiles vers des pays tiers. Prévu à l’origine pour accueillir 1000 personnes, il n’aura pas résisté plus d’un an au conflit qui a embrasé la capitale en avril 2019 et à la proximité de milices combattantes.

    D’ailleurs, certains d’entre eux préfèrent la certitude de la précarité des centres de détention à l’incertitude plus inquiétante encore de la résidence en milieu ouvert  : c’est ainsi qu’à intervalles réguliers, nous sommes témoins de ces retours. En janvier, quatre femmes somalies, sommées de libérer le GDF en janvier, ont fait le choix de rejoindre en taxi leurs maris détenus à Dar El Jebel, dont elles avaient été séparées par le HCR qui ne reconnaissaient pas la légalité des couples. Les promesses d’évacuation étant virtuelles, elles sont en plus confrontées à une absurdité supplémentaire  : une personne enregistrée par le HCR ne pourra bénéficier du système de rapatriement volontaire de l’Organisation Internationale des Migrations quand bien même elle le souhaiterait.

    Pour les seconds, non protégés par le HCR, l’horizon n’est pas plus lumineux : d’accès à l’Europe, il ne peut en être question qu’au prix, là encore, d’une dangereuse traversée. L’alternative est le retour au pays, promue et organisée par l’Organisation internationale des Migrations et vécue comme une défaite souvent indépassable. De tels retours, l’OIM en a organisé plus de 40 000 depuis 2016. En 2020, ils seront probablement environ 10 000 à saisir l’occasion d’un «  départ volontaire  », dont on mesure à chaque instant l’absurdité de la qualification. Au moins, ceux-là auront-ils mis leur expérience libyenne derrière eux.

    La situation des migrants en Libye est à la fois banale et exceptionnelle. Exceptionnelle en raison de l’intense violence à laquelle ils sont souvent confrontés, du moins pour un grand nombre d’entre eux - la violence des trafiquants et des ravisseurs, la violence du risque de mourir en mer, la violence de la guerre. Mais elle est aussi banale, de manière terrifiante : la différence entre un Érythréen vivant parmi des rats sous le périphérique parisien ou dans un centre de détention à Khoms n’est pas si grande. Leur expérience de la migration est incroyablement violente, leur situation précaire et dangereuse. La situation du Darfouri à Agadez n’est pas bien meilleure, ni celle d’un Afghan de Samos, en Grèce. Il est difficile de ne pas voir cette population, incapable de bouger dans le monde de la mobilité, comme la plus indésirable parmi les indésirables. Ce sont les oubliés.

    https://www.msf-crash.org/index.php/fr/blog/camps-refugies-deplaces/en-libye-les-oublies
    #rapport_d'observation #torture #détention #gardes-côtes_libyens #hypocrisie #UE #EU #Union_européenne #responsabilité #Direction_chargée_de_l’immigration_irrégulière_libyenne (#DCIM) #Dar_El_Jebel #Zintan #montagne #Nafusa (#montagnes_Nafusa) #attente #violence #relocalisation #Niger #Rwanda #réinstallation #vulnérabilité #urban_refugees #Tripoli #réfugiés_urbains #HCR #GDF #OIM #IOM #rapatriement_volontaire #retour_au_pays #retour_volontaire

    ping @_kg_

  • De la #neige_artificielle pour sauver les #glaciers_alpins

    Les glaciers alpins disparaissent en raison du réchauffement climatique. Alors que dans les #montagnes certains font appel à la divine providence, des chercheurs tentent de freiner la fonte grâce à des solutions technologiques. Mais sera-ce suffisant ?


    https://www.swissinfo.ch/fre/s%C3%A9rie-sur-les-glaciers-suisses--3000-4500-m%C3%A8tres_de-la-neige-artificielle-pour-sauver-les-glaciers-alpins/45170356
    #glaciers #Alpes #changement_climatique #climat #technologie #Suisse

  • Le numéro 0 de la revue #Nunatak , Revue d’histoires, cultures et #luttes des #montagnes...


    Sommaire :

    La revue est disponible en ligne :
    https://revuenunatak.noblogs.org/files/2016/09/nunatakzero.pdf

    Je mettrai ci-dessous des mots-clés et citations des articles...

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    métaliste des numéros recensés sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/926433

    #revue #montagne #Alpes #montagnes

  • Quand l’exploitation minière divise la Grèce

    Dans une vaste plaine au coeur des #montagnes du nord de la Grèce, quatre mines de charbon laissent un paysage dévasté. Alors que cet ensemble d’exploitations à ciel ouvert, principal pourvoyeur d’emplois de la région, s’étend toujours plus, les glissements de terrain se multiplient, ravageant les villages environnants.

    Entre relogements aléatoires, maladies liées à l’extraction du lignite et refus d’indemnisations, le combat des citoyens pour se faire entendre se heurte à un mur.


    https://www.arte.tv/fr/videos/084754-002-A/arte-regards-quand-l-exploitation-miniere-divise-la-grece
    #extractivisme #Grèce #charbon #mines #pollution #énergie #destruction #IDPs #déplacés_internes #travail #exploitation #centrales_thermiques #sanctions #privatisation #DEI #lignite #santé #expropriation #villes-fantôme #agriculture #Allemagne #KFW #Mavropigi #effondrement #indemnisation #justice #migrations #centrales_électriques #documentaire #terres #confiscation #conflits #contamination #pollution_de_l'air

    ping @albertocampiphoto @daphne

    • Athènes face au défi de la fin de la #houille

      La Grèce, longtemps troisième productrice de charbon d’Europe, veut fermer la plupart de ses centrales thermiques en 2023 et mettre fin à sa production d’ici à 2028. En Macédoine-Occidentale, les habitants s’inquiètent des conséquences socio-économiques.

      Kozani (Grèce).– Insatiables, elles ont absorbé en soixante-cinq ans plus de 170 kilomètres carrés, dans la région de Macédoine-Occidentale, dans le nord de la Grèce. Les mines de #lignite ont englouti des villages entiers. Les excavateurs ont méthodiquement déplacé la terre et creusé des cratères noirâtres. Les forêts se sont métamorphosées en d’immenses plaines lacérées de tapis roulants. Tentaculaires, ceux-ci acheminent les blocs noirs de lignite jusqu’aux imposantes #centrales_thermiques, au loin.

      Contraste saisissant avec les îles idylliques qui font la célébrité du pays, ce paysage lunaire est surnommé « le #cœur_énergétique » de la Grèce. Quatre #mines_à_ciel_ouvert s’étirent ainsi aujourd’hui des villes de #Kozani à #Florina.

      « Il fallait trouver toujours plus de lignite pour produire l’#électricité du pays », précise le contremaître Antonis Kyriakidis, attaché à ce territoire sans vie qui lui donne du travail depuis trente ans. La recherche de cet « #or_noir » a créé des milliers d’#emplois, mais a dangereusement pollué l’atmosphère, selon plusieurs études.

      L’ensemble de ce #bassin_minier, le plus important des Balkans, propriété de la compagnie électrique grecque #D.E.I – contrôlée par l’État – va cependant bientôt disparaître. Le gouvernement de droite Nouvelle Démocratie a programmé l’arrêt des dernières centrales thermiques dans deux ans et la fin de la production de lignite en 2028, suivant l’objectif de #neutralité_carbone de l’UE d’ici à 2050.

      La production annuelle d’électricité tirée de la combustion de lignite est passée de 32 GW à 5,7 GW entre 2008 et 2020. Trois centrales sont aujourd’hui en activité sur les six que compte la région. Il y a quinze ans, 80 % de l’électricité grecque provenait du charbon extrait de ces mines, ouvertes en 1955, contre 18 % aujourd’hui.

      Seule la nouvelle unité « #Ptolemaida_V » continuera ses activités de 2022 à 2028. Sa construction a commencé il y a six ans, alors que la #décarbonisation n’était pas officiellement annoncée. La Grèce veut désormais privilégier le #gaz_naturel en provenance de Russie ou de Norvège, grâce à différents #gazoducs. Ou celui tiré de ses propres ressources potentielles en Méditerranée. Elle souhaite aussi développer les #énergies_renouvelables, profitant de son climat ensoleillé et venteux.

      Selon le plan de sortie du lignite, dévoilé en septembre 2020 par le ministère de l’environnement et de l’énergie, la Macédoine-Occidentale deviendra une région « verte » : on y développera l’« agriculture intelligente »*, le photovoltaïque ou le tourisme. Une grande partie des mines de D.E.I seront réhabilitées par l’État, enfouies sous des lacs artificiels. La #transition sera assurée, détaille le plan, à hauteur de 5,05 milliards d’euros, par différents fonds nationaux et européens, dont 2,03 milliards issus du #mécanisme_européen_pour_une_transition_juste (#MJT). Le gouvernement espère aussi attirer les investisseurs étrangers.

      Dubitatif dans son bureau lumineux, Lazaros Maloutas, maire centriste de Kozani, la plus grande ville de cette région qui compte 285 000 habitants, peine à imaginer cette métamorphose dans l’immédiat. « Tout le monde est d’accord ici pour dire que la #transition_énergétique est nécessaire, mais l’agenda est beaucoup trop serré », explique-t-il.

      Il insiste poliment sur le fait que « les autorités doivent échanger davantage avec les acteurs locaux ». Il garde en mémoire cet épisode de septembre 2019, lorsqu’il a appris « avec surprise » le calendrier précis de la décarbonisation « à la télévision ». À des milliers de kilomètres, depuis le sommet Action Climat de l’ONU à New York, le premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, annonçait que les mines et centrales thermiques du coin fermeraient d’ici à 2028.

      « Le ministre de l’énergie n’est ensuite venu ici qu’à deux reprises en 2020 », ajoute Lazaros Maloutas, qui a boycotté l’une de ses visites, comme d’autres élus locaux avec lesquels il a formé l’Association des communes énergétiques.

      Cette transition constitue pourtant un « enjeu majeur », martèle de son côté Anastasios Sidiropoulos, le responsable de l’#Agence_régionale_de-développement (#Anko), située à quelques bâtiments de la mairie de Kozani. « Plus qu’une transition écologique, c’est une #transition_économique totale qui se joue ici. »

      En dépit du déclin de la production ces dix dernières années, « les mines et centrales restent fondamentales pour l’#économie_locale ». « La compagnie D.E.I emploie 3 100 salariés, mais le secteur fait aussi vivre au moins 5 000 intermittents et travailleurs indépendants », détaille-t-il. Il s’alarme du contexte régional déjà déprimé dans lequel s’inscrit cette transition : une population vieillissante, un taux de chômage de 26 %, des jeunes qui fuient les communes, etc. « Selon nos études de terrain, il faudrait se donner jusqu’à 2040 pour réussir cette transition », affirme Anastasios Sidiropoulos.

      Il compare avec amertume l’échéance de sortie de lignite de la Grèce, troisième producteur de charbon de l’Union européenne (UE), à celle de l’Allemagne ou de la Pologne. Berlin se donne vingt-neuf ans pour fermer progressivement ses dix mines à ciel ouvert. Varsovie prévoit aussi la fermeture de ses treize mines de lignite d’ici à 2049.

      L’effondrement de la « montagne » D.E.I

      En Grèce, la compagnie d’électricité D.E.I veut toutefois aller vite. La crise de la dette a affaibli l’entreprise qui a privatisé une partie de ses activités depuis 2014. Ses cheminées vieillissantes et ses mines lui coûtent 300 millions d’euros par an, notamment en raison de la #taxe_carbone et du système d’échange de quotas d’émission.

      D.E.I assure qu’elle ne fuit pas ces terres qu’elle a totalement acquises en 1975. « Nous avons une #dette_morale envers les personnes qui ont soutenu D.E.I toutes ces années. Notre engagement est absolu », insiste d’un ton solennel Ioannis Kopanakis, le directeur général adjoint de la compagnie qui assure, dans un courriel, que les 3 100 employés « auront tous une alternative ». Le sort incertain des milliers de #travailleurs_indépendants inquiète toutefois les syndicats.

      D.E.I conservera certains terrains où elle érige déjà avec #RWE, le géant allemand de l’électricité, le plus grand #parc_photovoltaïque du pays, d’une puissance de 2 GW. Avec l’arrivée de nouvelles entreprises, les riverains craignent la chute des #salaires, autrefois fixes chez D.E.I. « Il existe un tel manque de transparence sur les plans des nouveaux investisseurs que les habitants ont l’impression que l’on donne le territoire aux étrangers », relève pour sa part Lefteris Ioannidis.

      L’ancien maire écologiste de Kozani (2014-2019) milite vivement en faveur d’une transition « très rapide, car il y a urgence ». Mais il reconnaît que la mentalité régionale d’« État charbonnier est difficile à changer », avec une relation de quasi-dépendance à un employeur. Les investisseurs étrangers étaient jusqu’ici absents de la #Macédoine-Occidentale, où D.E.I avait tout absorbé. « C’était une montagne ici, elle faisait partie du paysage », précise Lefteris Ioannidis.

      Son ombre plane sur les villages perdus, desservis par des routes vides aux panneaux rouillés et stations-essence abandonnées. À #Agios_Dimitrios, les six cents habitants ont vue sur l’imposante centrale thermique du même nom qui barre l’horizon. L’un d’eux, Lambros, dénonce le rôle de l’État, qui « n’a jamais préparé cette transition pourtant inéluctable. Elle arrive violemment ». Il a davantage de mal à en vouloir à D.E.I qu’il n’ose critiquer publiquement, comme d’autres ici qui entretiennent un sentiment ambivalent à son égard. « D.E.I, c’était Dieu ici. Elle est notre bénédiction comme une malédiction », dit cet homme charpenté, dont la fumée de cigarette s’échappe dans l’air chargé de poussière.

      « Il y avait un problème de #pollution, des #cancers ou #maladies_respiratoires, mais les ouvriers fermaient les yeux car ils mangeaient à leur faim. Ils avaient des tarifs réduits sur l’électricité, se remémore le villageois. C’était une fierté de produire l’électricité de tout le pays et maintenant on va importer du gaz d’Azerbaïdjan [grâce au #gazoduc_transadriatique – ndlr]. J’ai aussi peur qu’on déplace le problème pour des raisons économiques et non environnementales. » Il craint l’importation de lignite depuis les Balkans voisins qui, contrairement à la Grèce, taxent faiblement les émissions de carbone. Il sait que d’autres pays de l’UE l’on fait en 2019, « pourquoi pas la Grèce », interroge-t-il. Lambros redoute la montée des #prix de l’électricité ou du chauffage pour les habitants.

      L’un des défis pour la région est en effet de conserver ces bas #tarifs et l’indépendance énergétique obtenue avec ces centrales polluantes. La ville d’#Amynteo a tenté une initiative en ce sens, en inaugurant il y a six mois une nouvelle centrale #biomasse. Une cheminée fumante se dresse à côté d’une ancienne centrale thermique en friche où errent quelques chiens.

      Les deux fours ingurgitent des tonnes de résidus de tournesols, blé, copeaux de bois venu de Grèce, de Bulgarie et d’Ukraine, permettant de chauffer 8 000 foyers. « Notre but, à terme, est de brûler uniquement de la biomasse locale en provenance des champs alentour », assure le directeur, Kostas Kyriakopoulos. Il rappelle toutefois que si une centrale biomasse peut alimenter quelques milliers de foyers, « elle ne peut pas couvrir les besoins en chauffage à grande échelle ».

      https://www.mediapart.fr/journal/international/050621/athenes-face-au-defi-de-la-fin-de-la-houille
      #DEI

  • #Croatie : dans les #montagnes, la police traque les #réfugiés

    Ce sont des randonneurs pas comme les autres. Dans les refuges de montagne du massif de #Risnjak, non loin de la frontière croato-slovène, les hommes des forces spéciales paradent en expliquant leurs tristes exploits contre les réfugiés, qui tentent de chercher un peu de chaleur ou de nourriture. Un randonneur choqué a témoigné dans une lettre ouverte auprès de la rédaction H-Alter. Morceaux choisis.

    Le samedi 15 juin, un groupe de randonneurs arrive au #refuge de Risnjak, dans le but d’y passer la nuit avant d’entamer le lendemain l’ascension du sommet. Mais à l’entrée du refuge, ils tombent sur une scène inattendue : un fusil automatique trône sur une table et deux membres des forces spéciales discutent avec la gérante du refuge. Ils sont là pour la « protéger des réfugiés », explique-t-elle. Cet hiver, certains seraient entrés par effraction dans le refuge et l’auraient « dévasté ». Pourtant, on ne voit nulle trace de dégradation, pas la moindre fenêtre cassée. Les malheureux étaient simplement à la recherche de chaleur et de nourriture.

    Au cours de la soirée, les #militaires sont au centre de l’attention : fiers de leurs exploits, ils expliquent qu’ils patrouillent constamment dans la forêt pour chasser les réfugiés, confisquer leurs affaires et les renvoyer en Bosnie-Herzégovine. Certains migrants, se vantent-ils, se font attraper pour la vingtième fois, et « crèvent de trouille devant eux ». Pourtant, ils reconnaissent eux-mêmes qu’aucun cas de violence envers des locaux ou des randonneurs n’a été signalé. Le seul crime de ces « bêtes sauvages et dangereuses », répète notre témoin, est donc d’avoir voulu dormir au chaud et volé des boîtes de conserve dans des résidences secondaires et des refuges.

    Malgré tout, la soirée se déroule dans une atmosphère relativement chaleureuse, on nourrit avec enthousiasme Pablo, le renard mascotte du refuge, et son ami le blaireau. Même les animaux sauvages sont ici, semble-t-il, plus humains que les étrangers : à 23h, alors que les #militaires sont rentrés, c’est au tour des réfugiés de s’approcher du refuge, à la recherche d’eau. Un jeune couple leur en donne, sans avoir le temps de les avertir de se cacher. Les militaires se ruent dehors en hurlant Lay on the ground, frappent les hommes à terre à coups de matraque, tirent au-dessus de la tête de ceux qui s’enfuient. L’un des réfugiés, paniqué, tombe dans la pente et se blesse, mais nul ne sait ce qu’il advient de lui, car les militaires font rentrer tout le monde dans le refuge et les enferment à clé « pour leur propre sécurité ».

    Le lendemain, nulle trace des réfugiés. Les militaires affirment en avoir « attrapé six », et devant le refuge, les braises d’un feu exhalent une odeur de plastique brûlé : les restes fumants des affaires confisquées aux malheureux. L’atmosphère est délétère. Si certains randonneurs choqués gardent le silence, d’autres se félicitent ouvertement des actes des militaires, qui les protègent contre ces hordes sauvages venues envahir la chrétienté. « Il y a des choses qui différencient les hommes des bêtes, et eux, ce sont des bêtes », lance un marcheur satisfait.

    « Dans une situation où tu as d’un côté des gens qui demandent de l’eau, de l’autre ceux qui répondent à cette prière par des coups de matraque et des tirs de fusil, avec l’approbation de la majorité de l’assistance, alors, il est vraiment temps de se demander qui sont les hommes, et qui sont les bêtes, et dans quel camp toi, dans cette situation, tu te ranges », conclut notre témoin, qui refuse que de tels actes soient perpétrés en son nom.

    https://www.courrierdesbalkans.fr/Croatie-dans-les-montagnes-les-forces-speciales-traquent-les-refu
    #montagne #police #asile #migrations #réfugiés #frontière_sud-alpine #frontières #Slovénie #violence #violences_policières

    Publié aussi dans ce rapport :
    https://www.borderviolence.eu/wp-content/uploads/Final-June-Report.pdf

    • Na strani zvijeri

      H-Alter je primio pismo planinara koji je u subotu svjedočio nasilju nad izbjeglicama na Risnjaku. Pismo prenosimo u cijelosti. “U domu sam ugledao automatsku pušku na stolu i specijalce kako razgovaraju s upraviteljicom. Oko 23 sata, došle su i izbjeglice. Tražili su vode. Specijalci su izjurili van, počeli ih odmah mlatiti, a jedan od (ili više) policajaca počeo je pucati, direkt iznad njihovih glava. U situaciji kad s jedne strane imaš ljude koji pitaju za vodu, a s druge one koji na to odgovaraju pucnjavom i pendrecima, uz većinsko odobravanje ostalih, stvarno se moraš zapitati jesi li na strani ljudi, ili na strani zvijeri”.

      Pismo prenosimo u cijelosti.

      U subotu, 15. lipnja, krenuli smo na vrh Risnjaka u čijem smo podnožju planirali prenoćiti u planinarskom domu. Kad smo došli u dnevni boravak planinarskog doma, ugledao sam automatsku pušku na jednom stolu i dvoje specijalaca kako razgovaraju s upraviteljicom doma. U početku nam ništa nije bilo jasno, no ubrzo smo saznali da je specijalna policija postala dio domske svakodnevice.

      Nismo dobili neko službeno objašnjenje zašto su među nama naoružani specijalci u punoj spremi, ali nam je upraviteljica doma rekla da nas “oni čuvaju od izbjeglica”. Kako je vrijeme prolazilo, kroz razgovore u veseloj i prisnoj atmosferi, kakva je inače karakteristična za planinarske domove, situacija nam je pomalo postajala jasnija. Upraviteljica je vrlo ljuta na te “migrante” budući da je jedna ili više skupina izbjeglica koji bježe kroz planine da bi došli do Slovenije, ove zime provalila u dom, kako bi se sklonili, najeli i ugrijali.

      O tom i sličnim događajima (ulazak u vikendice, planinarska skloništa), kao što se može vidjeti uglavnom po planinarskim stranicama i lokalnim medijima, priča se kao da su došli “divljaci”, “oni”, i u ovom konkretnom slučaju “devastirali dom” jadnoj ženi. Na ovaj način su razgovarali specijalci, upraviteljica i dio planinara a nitko od ostalih prisutnih (bilo nas je petnaestak) nije naglas pokušao osporiti takvu retoriku.

      Iako u takvoj atmosferi ni ja nisam ništa rekao, u sebi sam razmišljao da, iako je do provale uistinu došlo, teško je pričati o devastaciji, osobito u kontekstu u kojem se provala dogodila - nad prostorom se nije iživljavalo, prozori nisu razbijeni, sve prostorije funkcioniraju, od sanitarnih, kuhinje, do soba... Dakle, ako uzmemo u obzir tko je provalio i zašto, prije bi se moglo govoriti o osnovnoj ljudskoj potrebi i preživljavanju, nego o devastaciji.

      Tu večer svi zajedno sjedili smo ispred doma, a u centru pažnje su bili specijalci koji su odgovarali na razna pitanja, ali i davali neka svoja razmišljanja i interpretacije situacije. Saznali smo da konstantno patroliraju šumama, da je cijeli Risnjak pod kamerama i da su tu da love izbjeglice. To rade u koordinaciji s bosanskom policijom. Na pitanje, što rade kada ih “ulove”. Odgovarali su da im uzmu stvari te ih vraćaju u BiH.

      Tijekom tih razgovora ispričali su i razne “dogodovštine”, uz puno smijeha. Primjerice, kako su jednog migranta ulovili već dvadeseti put pa ih je preklinjao da ga ovaj put puste. Kako mnogi migranti već znaju proceduru pa im više i ne moraju ništa objašnjavati. Kako ih krijumčari ostave podno Risnjaka i kažu im da su u Sloveniji pa oni lutaju po brdima izgubljeni.

      Jedan od specijalaca konstatirao je i da ih se “oni boje više od svega”, na što je bio osobito ponosan. Čulo se i komentara o tome kako smrde i kako su glupi, no važno je spomenuti da je jedan od specijalaca istaknuo i da do sada nije zabilježen niti jedan slučaj nasilja migranata prema nekome od mještana ili općenito ljudima koje sretnu putem.

      Radi se o tisućama ljudi koji lutaju šumama gladni, žedni, promrznuti, prestrašeni, a “krimen” zbog kojeg se poziva na linč protiv njih i dehumanizira ih se jest to što upadaju u vikendice, skloništa i planinarske domove u potrazi za hranom i skloništem na svom dugom i mučnom putu.

      Unatoč tome što je rečeno da još nije zabilježeno nikakvo nasilje, generalna atmosfera je ta da su migranti opasni i da je jako dobro što ih specijalci love, te se većina u razgovoru priklanjala tom stavu. Glasno su se smijali na šale specijalaca i njihove dogodovštine prilikom “lova na izbjeglice”.

      Izdvojio bih jedan moment - na Risnjaku uz dom živi lisica Pablo, koju svi obožavaju. Vole je hraniti, upraviteljica joj svakodnevno daje ostatke hrane (lisici se ponekad priključe jazavci i pokoji medo) komentirajući kako “ona to nit’ ne jede, već zakopava”. Jedan specijalac je s vrlo velikim žarom pričao kako je Pablu jedno jutro dao mesni doručak, zatim mazao paštetu koju je ovaj lizao s kruha, te je tom prilikom snimio i lijepi video.

      Slušajući te priče i gledajući kako taj isti čovjek koji lovi izbjeglice istovremeno s takvim žarom i obzirnošću hrani već prejedenu lisicu, po glavi mi se stalno vrtilo - čak i lisica ima pravo na ime i svu humanost koja uz imenovanje ide. Istovremeno, na izbjeglice se uglavnom ne gleda kao na ljude, čak kao ni na živa bića, već u najboljem slučaju smetnju koju je potrebno ukloniti.

      Pablo je došao i tu večer i svi su ga oduševljeno hranili, a malo kasnije došao je i jazavac, što je izazvalo opće veselje. Istu večer, oko 23 sata, došle su i izbjeglice. Vani je bilo još nekoliko ljudi, dok su specijalci bili u domu na katu.

      Došlo ih je nekoliko, i tražili su vode, na što im je jedan mlađi par odmah pružio bočicu, te su sjeli na pod premoreni i pili vodu. Mladi par nije ih ni stigao upozoriti na to da su u blizini specijalci, već su specijalci izjurili van na dojavu jedne od osoba koja je vidjela dolazak izbjeglica.

      Izletjeli su van s pendrecima urlajući “lay on the ground” ("lezite na pod") i počeli ih mlatiti. Izbjeglice su počele bježati, na što je jedan od (ili više) policajaca počeo pucati iz oružja, iznad njihovih glava. U toj suludoj situaciji, i strahu, jedan od izbjeglica strčao se niz provaliju i prema izjavi jednog očevica, “cijeli se polomio” (ne možemo biti sigurni kolike su bile ozljede jer nakon toga više nitko od nas nije smio napustiti dom) - te je jedan od šestorice uhvaćenih (kako saznajemo od specijalaca kasnije i idućeg dana).

      Očevici koji su vidjeli događaje ispred doma u dnevnom su nam boravku u šoku prepričavali kako su “došli migranti i tražili vode, na što su ih specijalci mlatili i pucali iznad njih”. Na to je reagirala upraviteljica doma i stala u obranu specijalaca ustvrdivši da ih “nisu mlatili” te da su oni “dobri dečki”, iako, koliko mi je poznato, ona uopće nije bila prisutna na mjestu događaja i nije mogla znati što se točno dogodilo. Bez obzira na to, djevojku koja je svjedočila događaju upraviteljica je posjela za stol i objasnila zašto su postupci specijalaca opravdani.

      Usprkos tome, svi su saznali što se dogodilo. Nakon petnaestak minuta u zajedničku prostoriju uletio je jedan od specijalaca. Vrlo zadihan, pozvao je upraviteljicu da dođe pričati s njim. Pritom je nas ostale krenuo smirivati, govorivši nam da smo sigurni, da se to tu njima događa svaki dan, da se ne bojimo.

      Ne znam na koga je pritom mislio. Je li mislio - da se ne bojimo izbjeglih ljudi koji su došli moliti vode? Ili njih koji su automatskim puškama pucali iznad njihovih glava, u neposrednoj blizini ostalih planinara? Jedini strah koji sam osjećao jest pred onima koji mlate ljude, zastrašuju ih pucanjem te zatim love po šumama kako bi im oduzeli sve stvari i vratili ih u Bosnu (i potencijalno prebili, jer ako se ne libe to raditi pred svima nama, strah me kako se prema njima odnose kad nema svjedoka), a još više, prema onima koji to odobravaju.

      Nakon toga su nas zaključali u dom te više nismo mogli izlaziti do jutra, “radi naše sigurnosti”, uz odobravanje ostalih planinara. Ono što me najviše zapanjilo u cijeloj situaciji jest to kako se priča od prvotne verzije da “policija mlati i puca po migrantima koji su samo tražili vode” promijenila u to da je “ovo bila samo izvidnica” i da ih “ima sedamdesetak” te da je dobro što je tu policija da nas “štiti”.

      O mlaćenju i pucanju više nije bilo ni riječi (bar ne naglas) dok se dio planinara dodatno raspištoljio (smatrajući da sad imaju opravdanje, da je situacija pogodna) i počeo migrante nazivati zvijerima, i onima koji su došli ratovati protiv nas kršćana – uz “ogradu” da ima među njima uglađenih i visokoobrazovanih, koji nisu "takvi“, što god to “takvi” trebalo značiti.

      Tek me tada obuzela prava jeza - kada sam vidio kako se fokus priče u 10 minuta, uz navođenje upraviteljice, specijalaca i nekoliko glasnijih planinara počeo premještati s onoga čemu smo svjedočili - bezrazložnog nasilja nad izbjeglicama koji traže vode - na to da su oni opasne zvijeri. Postupak specijalaca pritom ne samo da se pravdao, već im se počelo tepati do te razine da su ih jutro nakon neki prozvali našim “anđelima čuvarima”. Naravno, bilo je par disonantnih glasova, i upravo zahvaljujući njima dobio sam više informacija od ove varijante “službene priče” koja se počela formirati ubrzo nakon događaja.

      Nakon što smo se ujutro probudili, pili smo kavu na otvorenom ispred doma. Atmosfera je bila uzavrela - ljudi su uzbuđeno pričali o događajima od prošle noći dok su specijalci podnosili izvještaj da su ih “noćas ulovili šestero”.

      Dio glasnijih planinara nije se libio izjavljivati kvalifikacije o izbjeglicama koje nisu ništa doli rasističke. Svojim su paranojama i strahovima pridavali znanstveni karakter i objašnjavali nam razliku između nas i zvijeri.

      Pritom sam primijetio da cijelo dvorište smrdi na spaljenu plastiku i vidio kako tik do nas tinjaju ostaci vatre.

      Uskoro sam saznao da su to stvari koje specijalci uzimaju izbjeglicama (dobili smo i slikovite prikaze kako im noževima odrežu naramenice s ruksaka čim ih uhvate....), ruksaci i odjeća... Njih se, navodno, redovno pali (ispred doma u nacionalnom parku “civilizirane države”). Tamo su između ostalog završile i plahte te madraci koje su migranti koristili kad su bili u domu, valjda jer ono što oni zaprljaju, “normalan čovjek” više ne može koristiti.

      Ovo iskustvo mi je pokazalo kako lako postaje opravdati nasilje nad ljudima, čak i kada se dogodi pred našim očima. U stanju smo nasilje nad ljudima interpretirati kao da se ustvari dogodilo nešto drugo. Nakon što su izbjeglice uspješno stigmatizirani i dehumanizirani, ljudi su, prestrašeni od strane medija i rasista koji lažu i kapitaliziraju taj strah, spremni opravdati nasilje. Gube sposobnost empatije, suosjećanja s patnjom drugog živog bića.

      Ne pišem ovo kako bi stigmatizirao ljude u domu, jer krivnja ionako nije individualna. Ovaj primjer jasno je pokazao kako se ljudi u atmosferi straha, nacionalizma, zatrovani ponavljajućim pričama o “drugima” i “vječitoj mržnji nas i njih” osjećaju sigurnije i superiornije kao dio neke mitske zajednice, u ovom slučaju "bijelih kršćana“. Kako ti ljudi lako povjeruju da se oni samo “brane” jer ih drugi “napadaju” – drugi koji goloruki, žedni i gladni danima lutaju po planinama koje ne poznaju.

      Danima me prati jeza od ovog događaja, jeza od toga da je nasilje tako blizu, da se vrši i u “moje ime”, da je toliko prisutno i da je vjerojatno pitanje vremena kad će dodatno eskalirati na zajedničku katastrofu ogromne većine nas i veselje onih koji (će) na tom nasilju i ratu profitiraju.

      Na kraju svega, u glavi mi se ne prestaje vrtjeti rečenica koju je jedan od planinara izrekao ujutro nakon cijelog događaja: “Postoje stvari koje čovjeka odvajaju od zvijeri, a oni su upravo to, zvijeri”. Uz mnoga pitanja i odgovore koje sam htio uputiti onome koje to izrekao, na kraju bih ga pitao samo jedno.

      U situaciji kad s jedne strane imaš ljude koji mole za vodu, a s druge one koji na tu molbu odgovaraju pucnjavom i pendrecima, uz većinsko odobravanje ostalih, stvarno se moraš zapitati jesi li ti u toj situaciji na strani ljudi, ili na strani zvijeri.

      http://www.h-alter.org/vijesti/na-strani-zvijeri

  • Un #barrage suisse sème le chaos en #Birmanie

    L’#Upper_Yeywa, un ouvrage hydroélectrique construit par le bureau d’ingénierie vaudois #Stucky, va noyer un village dont les habitants n’ont nulle part où aller. Il favorise aussi les exactions par l’armée. Reportage.

    Le village de #Ta_Long apparaît au détour de la route en gravier qui serpente au milieu des champs de maïs et des collines de terre rouge, donnant à ce paysage un air de Toscane des tropiques. Ses petites demeures en bambou sont encaissées au fond d’un vallon. Les villageois nous attendent dans la maison en bois sur pilotis qui leur sert de monastère bouddhiste et de salle communale. Nous sommes en terre #Shan, une ethnie minoritaire qui domine cette région montagneuse dans le nord-est de la Birmanie.

    « Je préférerais mourir que de partir, lance en guise de préambule Pu Kyung Num, un vieil homme aux bras recouverts de tatouages à l’encre bleue. Je suis né ici et nos ancêtres occupent ces terres depuis plus d’un millénaire. » Mais Ta Long ne sera bientôt plus.

    Un barrage hydroélectrique appelé Upper Yeywa est en cours de construction par un consortium comprenant des groupes chinois et le bureau d’ingénierie vaudois Stucky à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest, sur la rivière #Namtu. Lors de sa mise en service, prévue pour 2021, toutes les terres situées à moins de 395 mètres d’altitude seront inondées. Ta Long, qui se trouve à 380 mètres, sera entièrement recouvert par un réservoir d’une soixantaine de kilomètres.

    « La construction du barrage a débuté en 2008 mais personne ne nous a rien dit jusqu’en 2014, s’emporte Nang Lao Kham, une dame vêtue d’un longyi, la pièce d’étoffe portée à la taille, à carreaux rose et bleu. Nous n’avons pas été consultés, ni même informés de son existence. » Ce n’est que six ans après le début des travaux que les villageois ont été convoqués dans la ville voisine de #Kyaukme par le Ministère de l’électricité. On leur apprend alors qu’ils devront bientôt partir.

    Pas de #titres_de_propriété

    En Birmanie, toutes les #terres pour lesquelles il n’existe pas de titres de propriété – ainsi que les ressources naturelles qu’elles abritent – appartiennent au gouvernement central. Dans les campagnes birmanes, où la propriété est communautaire, personne ne possède ces documents. « Nous ne quitterons jamais notre village, assure Nang Lao Kham, en mâchouillant une graine de tournesol. Nous sommes de simples paysans sans éducation. Nous ne savons rien faire d’autre que cultiver nos terres. »

    Le gouvernement ne leur a pas proposé d’alternative viable. « Une brochure d’information publiée il y a quelques années parlait de les reloger à trois kilomètres du village actuel, mais ce site est déjà occupé par d’autres paysans », détaille Thum Ai, du Shan Farmer’s Network, une ONG locale. Le montant de la compensation n’a jamais été articulé. Ailleurs dans le pays, les paysans chassés de leurs terres pour faire de la place à un projet d’infrastructure ont reçu entre six et douze mois de salaire. Certains rien du tout.

    Ta Long compte 653 habitants et 315 hectares de terres arables. Pour atteindre leurs vergers, situés le long de la rivière Namtu, les villageois empruntent de longues pirogues en bois. « La terre est extrêmement fertile ici, grâce aux sédiments apportés par le fleuve », glisse Kham Lao en plaçant des oranges et des pomélos dans un panier en osier.

    Les #agrumes de Ta Long sont connus loin à la ronde. « Mes fruits me rapportent 10 800 dollars par an », raconte-t-elle. Bien au-delà des maigres 3000 dollars amassés par les cultivateurs de riz des plaines centrales. « Depuis que j’ai appris l’existence du barrage, je ne dors plus la nuit, poursuit cette femme de 30 ans qui est enceinte de son troisième enfant. Comment vais-je subvenir aux besoins de mes parents et payer l’éducation de mes enfants sans mes #vergers ? »

    Cinq barrages de la puissance de la Grande Dixence

    La rivière Namtu puise ses origines dans les #montagnes du nord de l’Etat de Shan avant de rejoindre le fleuve Irrawaddy et de se jeter dans la baie du Bengale. Outre l’Upper Yeywa, trois autres barrages sont prévus sur ce cours d’eau. Un autre, le Yeywa a été inauguré en 2010. Ces cinq barrages auront une capacité de près de 2000 mégawatts, l’équivalent de la Grande Dixence.

    Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un plan qui a pour but de construire 50 barrages sur l’ensemble du territoire birman à l’horizon 2035. Cela fera passer les capacités hydroélectriques du pays de 3298 à 45 412 mégawatts, selon un rapport de l’International Finance Corporation. Les besoins sont immenses : seulement 40% de la population est connectée au réseau électrique.

    L’Etat y voit aussi une source de revenus. « Une bonne partie de l’électricité produite par ces barrages est destinée à être exportée vers les pays voisins, en premier lieu la #Chine et la #Thaïlande, note Mark Farmaner, le fondateur de Burma Campaign UK. Les populations locales n’en bénéficieront que très peu. » Près de 90% des 6000 mégawatts générés par le projet Myitsone dans l’Etat voisin du Kachin, suspendu depuis 2011 en raison de l’opposition de la population, iront à la province chinoise du Yunnan.

    Les plans de la Chine

    L’Upper Yeywa connaîtra sans doute un sort similaire. « Le barrage est relativement proche de la frontière chinoise, note Charm Tong, de la Shan Human Rights Foundation. Y exporter son électricité représenterait un débouché naturel. » L’Etat de Shan se trouve en effet sur le tracé du corridor économique que Pékin cherche à bâtir à travers la Birmanie, entre le Yunnan et la baie du Bengale, dans le cadre de son projet « #Belt_&_Road ».

    Le barrage Upper Yeywa y est affilié. Il compte deux entreprises chinoises parmi ses constructeurs, #Yunnan_Machinery Import & Export et #Zhejiang_Orient_Engineering. Le suisse Stucky œuvre à leurs côtés. Fondé en 1926 par l’ingénieur Alfred Stucky, ce bureau installé à Renens est spécialisé dans la conception de barrages.

    Il a notamment contribué à l’ouvrage turc #Deriner, l’un des plus élevés du monde. Il a aussi pris part à des projets en #Angola, en #Iran, en #Arabie_saoudite et en #République_démocratique_du_Congo. Depuis 2013, il appartient au groupe bâlois #Gruner.

    Le chantier du barrage, désormais à moitié achevé, occupe les berges escarpées de la rivière. Elles ont été drapées d’une coque de béton afin d’éviter les éboulements. De loin, on dirait que la #montagne a été grossièrement taillée à la hache. L’ouvrage, qui fera entre 97 et 102 mètres, aura une capacité de 320 mégawatts.

    Son #coût n’a pas été rendu public. « Mais rien que ces deux dernières années, le gouvernement lui a alloué 7,4 milliards de kyats (5 millions de francs) », indique Htun Nyan, un parlementaire local affilié au NLD, le parti au pouvoir de l’ancienne Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi. Une partie de ces fonds proviennent d’un prêt chinois octroyé par #Exim_Bank, un établissement qui finance la plupart des projets liés à « Belt & Road ».

    Zone de conflit

    Pour atteindre le hameau de #Nawng_Kwang, à une vingtaine de kilomètres au nord du barrage, il faut emprunter un chemin de terre cabossé qui traverse une forêt de teck. Cinq hommes portant des kalachnikovs barrent soudain la route. Cette région se trouve au cœur d’une zone de #conflit entre #milices ethniques.

    Les combats opposent le #Restoration_Council_of_Shan_State (#RCSS), affilié à l’#armée depuis la conclusion d’un cessez-le-feu, et le #Shan_State_Progress_Party (#SSPP), proche de Pékin. Nos hommes font partie du RCSS. Ils fouillent la voiture, puis nous laissent passer.

    Nam Kham Sar, une jeune femme de 27 ans aux joues recouvertes de thanaka, une pâte jaune que les Birmans portent pour se protéger du soleil, nous attend à Nawng Kwang. Elle a perdu son mari Ar Kyit en mai 2016. « Il a été blessé au cou par des miliciens alors qu’il ramenait ses buffles », relate-t-elle. Son frère et son cousin sont venus le chercher, mais les trois hommes ont été interceptés par des soldats de l’armée régulière.

    « Ils ont dû porter l’eau et les sacs à dos des militaires durant plusieurs jours, relate-t-elle. Puis, ils ont été interrogés et torturés à mort. » Leurs corps ont été brûlés. « Mon fils avait à peine 10 mois lorsque son papa a été tué », soupire Nam Kham Sar, une larme coulant le long de sa joue.

    Vider les campagnes ?

    La plupart des hameaux alentour subissent régulièrement ce genre d’assaut. En mai 2016, cinq hommes ont été tués par des soldats dans le village voisin de Wo Long. L’armée a aussi brûlé des maisons, pillé des vivres et bombardé des paysans depuis un hélicoptère. En août 2018, des villageois ont été battus et enfermés dans un enclos durant plusieurs jours sans vivres ; d’autres ont servi de boucliers humains aux troupes pour repérer les mines.

    Les résidents en sont convaincus : il s’agit d’opérations de #nettoyage destinées à #vider_les_campagnes pour faire de la place au barrage. « Ces décès ne sont pas des accidents, assure Tun Win, un parlementaire local. L’armée cherche à intimider les paysans. » Une trentaine de militaires sont stationnés en permanence sur une colline surplombant le barrage, afin de le protéger. En mars 2018, ils ont abattu deux hommes circulant à moto.

    Dans la population, la colère gronde. Plusieurs milliers de manifestants sont descendus dans la rue à plusieurs reprises à #Hsipaw, la ville la plus proche du barrage. Les habitants de Ta Long ont aussi écrit une lettre à la première ministre Aung San Suu Kyi, restée sans réponse. En décembre, une délégation de villageois s’est rendue à Yangon. Ils ont délivré une lettre à sept ambassades, dont celle de Suisse, pour dénoncer le barrage.

    « L’#hypocrisie de la Suisse »

    Contacté, l’ambassadeur helvétique Tim Enderlin affirme n’avoir jamais reçu la missive. « Cette affaire concerne une entreprise privée », dit-il, tout en précisant que « l’ambassade encourage les entreprises suisses en Birmanie à adopter un comportement responsable, surtout dans les zones de conflit ».

    La Shan Human Rights Foundation dénonce toutefois « l’hypocrisie de la Suisse qui soutient le #processus_de_paix en Birmanie mais dont les entreprises nouent des partenariats opportunistes avec le gouvernement pour profiter des ressources situées dans des zones de guerre ».

    La conseillère nationale socialiste Laurence Fehlmann Rielle, qui préside l’Association Suisse-Birmanie, rappelle que l’#initiative_pour_des_multinationales_responsables, sur laquelle le Conseil national se penchera jeudi prochain, « introduirait des obligations en matière de respect des droits de l’homme pour les firmes suisses ». Mardi, elle posera une question au Conseil fédéral concernant l’implication de Stucky dans le barrage Upper Yeywa.

    Contactée, l’entreprise n’a pas souhaité s’exprimer. D’autres sociétés se montrent plus prudentes quant à leur image. Fin janvier, le bureau d’ingénierie allemand #Lahmeyer, qui appartient au belge #Engie-Tractebel, a annoncé qu’il se retirait du projet et avait « rompu le contrat » le liant au groupe vaudois.

    https://www.letemps.ch/monde/un-barrage-suisse-seme-chaos-birmanie
    #Suisse #barrage_hydroélectrique #géographie_du_plein #géographie_du_vide #extractivisme
    ping @aude_v @reka

  • Le numéro 1, un très beau numéro de la revue
    #Nunatak , Revue d’histoires, cultures et #luttes des #montagnes...

    Sommaire :

    Une sensation d’étouffement/Aux frontières de l’Iran et de l’Irak/Pâturages et Uniformes/La Banda Baudissard/
    À ceux qui ne sont responsables de rien/Des plantes dans l’illégalité/Conga no va !/Mundatur culpa labore

    La revue est disponible en pdf en ligne (https://revuenunatak.noblogs.org/numeros), voici l’adresse URL pour télécharger le numéro 1 :
    https://revuenunatak.noblogs.org/files/2017/03/Nunatak1HiverPrintemps2017.pdf

    Je mettrai ci-dessous des mots-clés et citations des articles...

    –—

    métaliste des numéros recensés sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/926433

  • « Parce que nous ne sommes pas le troupeau de ces vingt seigneurs »

    Incarcéré depuis 4 mois suite au #G20 de #Hambourg, Fabio 19 ans, tient tête à la justice

    Arrêté lors des journées d’émeutes qui ont secoué le G20 de Hambourg les 7 et 8 juillet 2017, Fabio est accusé de jet de projectile et de rébellion. Il est incarcéré depuis 4 mois à la prison de #Billwerder et comparaissait le 7 novembre dernier devant le #tribunal pour mineur d’Altona à Hambourg. Nous reproduisons ici la déclaration qu’il a faite ce jour-là devant ses juges et qui contient plus de vérité, de sincérité et de justesse que tous les solipsismes inconséquents de procureurs.

    Les prochaines audiences de son procès auront lieu les 27 novembre et 7 décembre prochain.

    Madame la juge, messieurs les jurés, madame le procureur, monsieur l’assistant du tribunal pour mineurs.

    Vous, aujourd’hui, vous êtes appelés à juger un homme. Vous l’avez appelé un « criminel agressif » et « irrespectueux de la dignité humaine ». Personnellement je ne prête aucune attention aux appellations que vous m’attribuez. Moi, je suis seulement un garçon de bonne volonté.

    Avant tout je voudrais dire que probablement ces messieurs les politiciens, ces messieurs les commissaires de police et ces messieurs les magistrats pensent qu’en incarcérant et arrêtant quelques jeunes cela puisse arrêter la contestation dans les rues. Probablement ces messieurs pensent que les prisons suffisent à éteindre les voix rebelles qui s’élèvent de partout. Probablement ces messieurs pensent que la répression arrêtera notre soif de liberté, notre volonté de construire un monde meilleur.

    Et bien ces messieurs se trompent. Et c’est l’Histoire qui leur donne tort.

    Parce qu’un nombre incalculable de garçons et de filles sont passés, comme moi, devant un tribunal comme celui-ci.

    En effet aujourd’hui c’est à Hambourg, hier à Gênes et encore avant à Seattle.

    Vous, vous essayez d’empêcher la propagation des voix de la révolte qui s’élèvent partout par n’importe quel moyen « légal », par n’importe quel moyen « procédurier ».

    Quoiqu’il arrive, peu importe la décision qui sera prise par ce tribunal, elle n’aura aucune influence sur notre protestation. Il y aura encore tout autant de garçons et de filles qui, portés par les mêmes idéaux descendront dans les rues d’Europe. Se préoccupant guère de ces prisons que dans un essoufflement, vous vous efforcez de remplir de prisonniers politiques.

    Mais venons-en donc à l’essentiel, madame la juge, messieurs les jurés, madame le procureur, monsieur l’assistant du tribunal pour mineur.

    Venons-en donc à l’essentiel.

    Comme vous pouvez l’imaginer, je veux user de mon droit de ne pas faire de déclarations en rapport avec le fait spécifique pour lequel vous me poursuivez. Toutefois je voudrais porter l’attention sur les motivations qui poussent un jeune ouvrier d’une petite ville reculée des Pré-alpes orientales à venir à Hambourg.

    Pour manifester son propre désaccord avec le sommet du G20.

    G20. Rien que le nom a déjà en soi, quelque chose de pervers.

    Vingt hommes et femmes représentants des vingt pays les plus riches et les plus industrialisés du globe, s’asseyent autour d’une table. Ils s’asseyent tous ensemble pour décider de notre futur. Oui, j’ai bien dit ceci : le notre. Le mien, ainsi que celui de toutes les personnes assises aujourd’hui dans cette salle, tout comme celui des sept milliards de personnes qui habitent cette belle planète Terre.

    Vingt hommes décident de notre vie et de notre mort.

    Évidemment, la population n’est pas invitée à ce joli banquet. Nous, nous ne sommes que le stupide troupeau des puissants de la Terre. Spectateurs totalement soumis de ce théâtre où une poignée de personnes tiennent entre leurs mains l’humanité toute entière.

    Moi, madame la juge, j’ai beaucoup pensé avant de venir à Hambourg.

    J’ai pensé à monsieur Trump et à ses États-Unis d’Amérique qui sous le drapeau de la démocratie et de la liberté s’érigent comme les gendarmes du monde entier. J’ai pensé aux nombreux conflits déclenchés par le géant américain aux quatre coins de la planète. Du Moyen-Orient à l’Afrique. Tout ceci pour s’accaparer du contrôle de telle ou telle ressource énergétique. Peu importe si ceux qui meurent, ce sont toujours les mêmes : civils, femmes et enfants.

    J’ai pensé aussi à monsieur Poutine. Nouveau tsar de Russie, qui dans son pays viole systématiquement les droits de l’Homme et se moque de toute opposition.

    J’ai pensé aux Saoudiens et à leurs régimes fondés sur la terreur avec qui nous, les occidentaux nous faisons des affaires en or.

    J’ai pensé à Erdogan qui torture, tue et emprisonne ses opposants.

    J’ai pensé aussi à mon pays, où à coup de lois-décret chaque gouvernement supprime sans trêve les droits des étudiants et des travailleurs.

    En bref, les voici les protagonistes du somptueux banquet qui s’est tenu à Hambourg en juillet dernier. Les plus grands va-t’en-guerre et assassins que le monde contemporain connaisse.

    Avant de venir à Hambourg j’ai pensé aussi à l’inégalité qui frappe, aujourd’hui, de plein fouet notre planète. Cela me semble presque évident de répéter qu’en effet 1% de la population la plus riche du monde possède la même richesse que les 99% le plus pauvre. Cela me semble presque évident de répéter que les quatre-vingt cinq hommes les plus riches du monde possède la même richesse que 50% de la population la plus pauvre. Quatre-vingt cinq hommes contre trois milliards et demi. Ces quelques chiffres suffisent à donner une idée.

    Ensuite, madame la juge, messieurs les jurés, madame le procureur, monsieur l’assistant du tribunal pour mineurs, avant de venir à Hambourg j’ai pensé à ma terre : à #Feltre. Le lieu où je suis né, où j’ai grandi et où je veux vivre. La citadelle médiévale qui est sertie comme une gemme dans les Pré-alpes orientales. J’ai pensé aux montagnes qui, au crépuscule, se teignent de rose. Aux magnifiques paysages que j’ai la chance de voir depuis ma fenêtre. A la beauté qui traverse ce lieu.

    Puis, j’ai pensé aux fleuves de ma belle vallée, violés par les entrepreneurs qui veulent les concessions pour y construire des centrales électriques, sans se préoccuper des dommages pour la population et pour l’écosystème.

    J’ai pensé aux #montagnes, frappées par le #tourisme_de_masse ou devenues lieu d’entraînements militaires.

    J’ai pensé à ce magnifique endroit où je vis, qui est en passe d’être bradé à des hommes d’affaires sans scrupules, exactement comme d’autres vallées à chaque coin de la planète, où la beauté est détruite au nom du #progrès.

    Dans la lignée de toutes ces pensées, j’ai donc décidé de venir manifester à Hambourg. Pour moi, venir ici était un devoir avant d’être un droit.

    J’ai trouvé cela juste de m’opposer à ces politiques scélérates qui sont en train de pousser le monde vers le gouffre.

    J’ai trouvé cela juste de me battre pour que quelque chose soit au moins un peu plus humain, digne et équitable.

    J’ai trouvé cela juste d’aller dans la rue pour répéter que la population n’est pas un troupeau et qu’elle doit être consultée dans les choix.

    Le choix de venir à Hambourg a été celui d’une prise de parti. Le choix d’être du côté de ceux qui demandent des droits et contre ceux qui veulent leurs en enlever. Le choix d’être du côté de tous les oppressés du monde et contre les oppresseurs. Le choix de combattre les puissants, grands et petits, qui utilisent le monde comme si c’était leur jouet et qui ne se soucient pas du fait que c’est toujours la population qui en fait les frais.

    J’ai fait mon choix et je n’ai pas peur s’il doit y avoir un prix à payer injustement.

    Néanmoins il y a autre chose que je voudrais vous dire, que vous me croyiez ou non : je n’aime pas la violence. Mais j’ai des idéaux et pour ceux-ci j’ai décidé de me battre.

    Je n’ai pas fini.

    Dans une époque historique où partout dans le monde s’érigent de nouvelles frontières, se déroule du nouveau fil barbelé, se dressent de nouveaux murs des Alpes à la Méditerranée, je trouve cela merveilleux que des milliers de jeunes, de chaque coin de l’Europe, soient disposés à descendre ensemble dans les rues d’une seule et même ville pour leur propre futur. Contre chaque frontière. Avec comme seule intention commune, le fait de rendre le monde meilleur par rapport à comment nous l’avons trouvé.

    Parce que madame la juge, messieurs les jurés, madame le procureur, monsieur l’assistant du tribunal pour mineurs, parce que nous ne sommes pas le troupeau de ces vingt seigneurs. Nous sommes des femmes et des hommes qui voulons avoir le droit de disposer de notre propre vie.

    Et pour cela nous combattons et nous combattrons.

    https://lundi.am/fabio-hambourg
    #résistance #justice #injustice #frontières #destruction #richesse #pauvreté #inégalités #centrales_hydroélectriques #violence

    #beau

    ping @_kg_

    • Zurück auf Los

      Der Prozess gegen den G20-Gegner Fabio V. muss wohl von vorn beginnen. Das ist ärgerlich, aber nicht zu ändern.

      Elf Prozesstage sind abgehandelt, rund ein Dutzend Zeugen gehört, unzählige Beweise gesichtet worden – und kurz vor Schluss stellt sich heraus: Es war wohl alles umsonst. Der Prozess gegen den jungen Italiener Fabio V., der sich bei einer Anti-G20-Aktion des schweren Landfriedensbruchs schuldig gemacht haben soll, droht zu platzen. Die Vorsitzende Richterin ist hochschwanger. Nun hat sie sich krankgemeldet, weitere Termine können vorerst nicht angesetzt werden. Bald wird die Frau in den Mutterschutz verabschiedet, wie es dann weitergeht, war bis Redaktionsschluss offen. Womöglich muss der Prozess unter einem anderen Richter komplett neu aufgerollt werden.

      Zurück auf Los. Hätte man das nicht verhindern können?

      Kritik gab es an der Verteidigung: Sie habe den Prozess mit immer neuen Anträgen unnötig in die Länge gezogen, um sich über die Ziellinie des Mutterschutzes zu retten. Denn die Richterin schien zu einer Verurteilung zu tendieren. Zwar nur zu einfachem, nicht zu schwerem Landfriedensbruch, aber eben nicht zu einem Freispruch. Ist also die Verteidigung schuld an diesem unbefriedigenden Ende und dem Mehraufwand, der nun droht? Mitnichten. Es ist ihr gutes Recht, Anträge zu stellen. Nicht wenigen von ihnen wurde stattgegeben.

      Aber war es nicht zu vermeiden, eine schwangere Richterin einzusetzen? Das System lässt bei der Richterauswahl wenig Spielraum. Strafprozesse ausländischer Jugendlicher werden nach Tatort vergeben. Fabio V.s Richterin ist für jenen Altonaer Ortsteil zuständig, in dem V. festgenommen wurde. Dass Richter nicht willkürlich benannt werden, schützt vor Einflussnahme.

      Und warum kann sich nicht ein neuer Richter auf Basis der bereits erhobenen Beweise einarbeiten und dann urteilen? In Strafprozessen gilt die Prämisse: Alle Beweise müssen unmittelbar gewürdigt werden, damit nichts verfälscht wird.

      Das alles ist aufwendig. Es macht das abrupte Ende dieses Prozesses zum Ärgernis. Aber es ist notwendig und richtig.

      https://www.zeit.de/2018/10/g-20-prozess-gegner-fabio-v-neubeginn

      G-20-Prozess gegen Fabio V. geplatzt

      Hamburg. Der Prozess gegen den italienischen G-20-Gegner Fabio V. vor dem Amtsgericht Hamburg-Altona ist geplatzt. Am 3. ­April hat das Gericht die Aussetzung des Verfahrens beschlossen, teilten die Verteidiger von Fabio V., Gabriele Heinecke und Arne Timmermann, am Dienstag gegenüber junge Welt mit. Damit sei »endgültig, dass das Verfahren neu aufgerollt werden muss«. Ende Februar war der Prozess wegen Schwangerschaft der Richterin unterbrochen worden. Fabio V. war am 7. Juli 2017 bei einer Demonstration im Industriegebiet Rondenbarg festgenommen worden, saß viereinhalb Monate in Untersuchungshaft. Ihm wird keine konkrete Tat vorgeworfen, sondern nur die Anwesenheit bei der Demo. Fabio V. ist nach Italien zurückgekehrt. Einen Hinweis des Gerichts, ob und wann das Verfahren neu beginnen kann, gebe es nicht, teilten seine Anwälte mit.

      https://www.jungewelt.de/artikel/330548.g-20-prozess-gegen-fabio-v-geplatzt.html

  • Politis | Erri de Luca “Porter secours n’est pas un choix mais un devoir”
    https://asile.ch/2018/05/25/politis-erri-de-luca-porter-secours-nest-pas-un-choix-mais-un-devoir

    Selon Erri De Luca, quand la fraternité est illégale, il faut désobéir. L’écrivain italien a lancé un appel en soutien aux « trois de Briançon », une Italienne et deux Suisses qui encourent dix ans de prison pour avoir aidé des migrants à passer la frontière. Dans cet entretien de la revue Politis, il évoque […]

  • Balayer et effacer : une nouvelle appli photo gomme les pylônes des remontées mécaniques

    Bonne nouvelle pour les amateurs d’activités de plein air : l’#appli « #ClearAlps » sera prête pour le début de la saison de randonnée. Son objectif : améliorer les photos de montagne.

    http://www.cipra.org/fr/nouveautes/balayer-et-effacer-une-nouvelle-appli-photo-gomme-les-pylones-des-remontees-mecaniques/@@images/6a036351-717c-4bc6-ae7c-2b8e476921e0.jpeg
    http://www.cipra.org/fr/nouveautes/balayer-et-effacer-une-nouvelle-appli-photo-gomme-les-pylones-des-remontees-m
    #in/visibilité #paysage #représentations #photographie #manipulation #imaginaire #Alpes #montagnes #app #géographie_culturelle

    Les Alpes comme elles sont, ce ne sont pas les Alpes comme on les rêvent et comme on se les représentent... du coup, en un clic on efface ce qui est en décalage entre rêve/représentation et #réalité.

    @franz42 —> à mettre en lien avec le travail de #piero_Zanini, #Armin_Linke #Renato_Rinaldi, et notamment le film #Alpi :

    Alpi is the result of seven years of research on contemporary perceptions of the landscape of the Alps, juxtaposing places and situations across all eight bordering nations and spanning the territories of four languages. In the film, the Alps are encountered like an island that is connected to various global transformations. We undertook many journeys in the alpine region, which, ironically, led us as far as Dubai. The film shows the Alps as a key location, owing to its delicacy and environmental importance, where one can observe and study the complexity of social, economic, and political relationships. In the Europe of today, the Alps are a hotbed for modernity and its illusions.

    http://www.arminlinke.com/alpi

    Pour voir la bande-annonce :
    https://vimeo.com/21761195

    cc @albertocampiphoto @philippe_de_jonckheere

  • #Une_autre_montagne

    Sur les terres de Turquie, un dicton dit « Si un de tes yeux pleure, l’autre ne peut rire ».

    A l’est, le #Bakur, le Kurdistan de Turquie. A l’est, ce sont les couvre-feux, les blocus, les occupations de l’armée turque. C’est une #paix qu’on espère et qui n’arrive jamais. Ce sont des femmes dans les #montagnes, qui se lèvent, qui font face, quitte a prendre les armes.

    Burcu et Sinem vivent a #Istanbul avec cet oeil qui pleure. Elles vont rencontrer Ergül dans un petit village de la région de la Mer Noire, qui a participé aux luttes révolutionnaires de la fin des années 70 étouffées par le coup d’état militaire de 80.

    Le temps d’échanger leurs expériences d’organisation de femmes et du çay. Les époques se mêlent et c’est toujours la #guerre, la #répression et une #violence au quotidien contre laquelle elles se soulèvent. Kurdes, mères, féministes. Il y a de la résistance et de la solidarité dans leurs mots, dans leurs pas, dans leurs cris, dans les rythmes qu’elles tapent sur leurs « erbane » (percussions) contre le #nationalisme, la guerre, le #patriarcat.


    http://www.kedistan.net/2017/03/26/documentaire-une-autre-montagne
    Ici la bande annonce :
    https://vimeo.com/209661727

    #femmes #résistance #Kurdistan #Turquie #histoire #film #documentaire #témoignage #montagne #féminisme #luttes

  • The Earth2014 grids offer topography data with global coverage at 1 arc-minute (about 1.8 km) spatial resolution and may be suitable for applications such as global gravity modelling, particularly forward modelling, geo-visualisation (Fig. 1) and geophysical studies.


    http://www.iapg.bgu.tum.de/9321785--~iapg~forschung~Topographie~Earth2014.html

    #datasource #océans #montagnes #topographie #cartographie

  • Rural Albania, the bet of those who stay

    Wild, untamed mountains, poverty, and massive depopulation. In the villages of northern Albania, some resist the temptation to escape to the city and hope for a new beginning, made of sustainable rural development and alternative tourism. Our report


    https://www.balcanicaucaso.org/eng/Areas/Albania/Rural-Albania-the-bet-of-those-who-stay-184918

    #Albanie #dépopulation #ceux_qui_restent #exode_rural #tourisme #alternatives #résistance #montagnes #celleux_qui_restent

  • Montagnes et montagnards des Suds dans la mondialisation touristique : imaginaires et pratiques
    Isabelle Sacareau
    Montagnes et montagnards des Suds dans la mondialisation touristique : imaginaires et pratiques [Texte intégral]
    Mountains and Mountain Dwellers of the Global South and the Globalisation of Tourism : Imaginaries and Practices [Texte intégral | traduction]
    Etienne Jacquemet
    Pourquoi vient-on voir l’#Everest ? Représentations collectives et pratiques touristiques dans la région du #Khumbu [Texte intégral]
    Why Do People Come to See Mount Everest ? Collective Representations and Tourism Practices in the Khumbu Region [Texte intégral | traduction]
    Lucie Dejouhanet
    Le tourisme dans les montagnes du centre du #Kérala (#Inde du Sud) : à la croisée des regards posés sur les populations forestières [Texte intégral]
    Tourism in the Mountains of Central Kerala (South India) : at the Crossroads of Attitudes Towards Forest Populations [Texte intégral | traduction]
    Evelyne Gauché
    Mise en tourisme d’un village shui dans la province montagneuse du #Guizhou (sud de la #Chine) : imaginaires et instrumentalisation politique du paysage [Texte intégral]
    Tourismification of a Shui Village in the Mountainous Province of Guizhou (South China) : Imaginaries and the Use of Landscape for Political Ends [Texte intégral | traduction]


    https://journals.openedition.org/rga/3827
    #revue #montagnes #montagnards #tourisme

  • Wispernet
    http://www.wispernet.co.za/?page_id=1249

    A network was built covering some 40 000km² in the Southern and Eastern Cape and the Little and Great Karoo. Repeaters were installed on various mountains, some only accessible by helicopter.
     
    In 2007 Wispernet was born to take technology into the Broadband Wireless Internet sphere. Although a new concept, the principal remained the same with the transmitting and receiving of signals.

    #cccp #montagnes #internet #Afrique_du_Sud

  • Les 10 plus grosses multinationales au monde pèsent davantage, financièrement, que 180 États - Observatoire des multinationales
    http://multinationales.org/Les-10-plus-grosses-multinationales-au-monde-pesent-davantage-finan
    http://multinationales.org/IMG/arton925.jpg?1473755751

    Il s’avère ainsi que les 10 principales entreprises mondiales (Walmart, Apple, des géants du pétrole comme Shell, Sinopec, China National Petroleum, BP et Exxon ou de l’automobile comme Toyota et Volkswagen, et l’entreprise d’électricité chinoise State Grid) sont plus riches que les 180 pays les plus « pauvres » de la planète ensemble (parmi lesquels l’Irlande, Israël, l’Indonésie et l’Afrique du Sud...). Sur les 100 premières entités économiques au niveau mondial, 67 sont des multinationales (dont les français Total, Axa, BNP Paribas et Société générale), contre seulement 63 il y a un an seulement. Sur les 200 premières, 153 sont des entreprises. Walmart, première entreprise mondiale, pèse davantage financièrement que l’Espagne, l’Australie ou les Pays-Bas [1].

    • Le triomphe des pornographes est une victoire du pouvoir sur la justice, de la cruauté sur l’empathie, et des profits sur les droits humains. Je pourrais faire cet énoncé à propos de #Walmart ou de #McDonalds et les progressistes en conviendraient avec enthousiasme. Nous comprenons toutes et tous que Walmart détruit les économies locales, dans un processus d’appauvrissement implacable des communautés partout aux États-Unis, qui est maintenant presque achevé. Cette entreprise dépend aussi de conditions de quasi #esclavage pour les travailleuses et travailleurs chinois qui produisent les #montagnes_de_merde à vil prix que vend Walmart. En bout de ligne, le modèle de #croissance sans fin du #capitalisme est en train de détruire le monde. Pas une personne de gauche ne prétend que les merdes produites par Walmart équivalent à la liberté. Personne ne défend Walmart en disant que son personnel, américain ou chinois, choisit d’y travailler. Les gauchistes comprennent que les gens font ce qu’ils doivent faire pour survivre, que n’importe quel emploi est meilleur que le chômage, et que le travail au salaire minimum sans prestations sociales est un motif de révolution, pas une défense de ces conditions. Il en est de même chez McDonalds. Personne ne défend ce que McDonalds fait aux animaux, à la terre, aux travailleuses et aux travailleurs, à la santé et à la communauté humaine ; personne ne souligne que les personnes qui s’épuisent debout devant des bacs de graisse bouillante ont consenti à transpirer toute la journée ou que les éleveuses et éleveurs de porcs ont volontairement signé des contrats qui assurent à peine leur survie. La question en jeu n’est pas leur consentement, mais bien les impacts sociaux de l’injustice et de la hiérarchie, la façon dont les entreprises sont essentiellement des #armes_de_destruction_massive. Mettre l’accent sur le seul moment du choix individuel ne nous mènerait nulle part...

      http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2016/09/09/le-triomphe-des-pornographes/#more-24773

  • Le Parc national de #Samaria (#Montagnes_Blanches, #Crète). Des gorges entre défi de la fréquentation et empilement de protections

    Cet article propose une analyse de la fréquentation touristique et des modalités de protection du #parc_national des Montagnes Blanches (ou de Samaria) en Crète (#Grèce). Situé au sud-ouest de l’île, occupant 48 km², cet espace protégé créé en 1962 connaît une grande notoriété en raison de ses #gorges difficiles d’accès et marquées par un resserrement au niveau des « Portes de fer ». Dans un contexte de difficultés socio-économiques en Grèce, mais aussi de problèmes chroniques de gestion de l’environnement dans ce pays, l’article pose la question de l’efficacité de la #gouvernance d’un #espace_protégé parcouru par 210 000 visiteurs en moyenne par an. Cette gestion s’appuie sur des financements et des dispositifs de protection empilés nationaux et européens conduisant à une « surprotection » dont les effets environnementaux semblent peu probants et qui s’apparente davantage à une #labellisation.


    http://mediterranee.revues.org/7275
    #tourisme
    signalé par @ville_en

  • Un interview intime... *#Yann_Arthus-Bertrand*

    Darius Rochebin reçoit Yann Arthus Bertrand. Dans le sillage de la Fête nationale, il présente les beautés de la #Suisse photographiées du ciel, selon une technique qu’il a éprouvée dans le...

    Arthus-Bertrand : « Je ne supportait pas l’#école et l’#autorité »
    "On peut toujours réaliser ses #rêves, il faut essayer"

    Darius Rochebin : « Vous avez survolé la terre entière, le plus bel endroit c’est quoi ? »
    Arthus-Bertrand : « #Chez_moi, avec ma famille, de loin »

    « Il n’y a pas d’endroits moches, il n’y a pas de paysages moches. Mon travail c’est d’essayer d’esthétiser »
    "Etre un #écolo, c’est aimer la #vie et penser que la vie est belle. C’est de s’aimer soi-même et surtout d’aimer les autres. L’#écologie_politique est morte car elle est dans le combat, alors qu’elle devrait être plutôt dans l’#amour"
    #beauté #laideur #moche #paysage #esthétique #esthétisation

    http://www.rts.ch/video/emissions/pardonnez-moi/6042355-yann-arthus-bertrand.html

    #interview #témoignage #photographie

    « La Suisse ressemble à ce qu’on croit », dit Arthus-Bertrand
    « Il n’y a pas de publicité en Suisse » (—> dans le sens, des panneaux publicitaires)

    Darius Rochebin : « Vous avez filmé la terre entière, et la Suisse ça ressemble à quoi ? »
    Arthus-Bertrand : « ça ressemble à la Suisse, à l’image qu’on retrouve sur les boîtes de chocolat, c’est-à-dire les #vaches, les #montagnes, les #glaciers ! Et puis les petites #fermes. On sent que ce n’es pas si facile que ça, vous voyez des #paysans qui avaient 20-30 vaches. On m’a dit ’non non , mais ils sont très aidées ! » Ils sont peut-être aidés, mais n’empêche que c’est une vie difficile. "

    Minute 11 : images de glaciers et montagnes...

    L’association de Arthus-Bertrand au #Congo, #association_Badao :
    http://www.associationbadao.org
    v. dès la minute 16’ des images tournées au Congo dans l’#orphelinat
    Le film #Marie_Thérèse_et_ses_enfants :
    https://www.youtube.com/watch?v=YjgDikqDbBU

    Minute 19’10 sur le #végétarisme et les #abattoirs : « Ce qui est étonnant c’est qu’on n’arrive pas à filmer les abattoirs des élevages industriels. On ne peut pas faire entrer les caméras, ce qui montre bien qu’il y a un truc qui est gênant pour tout le monde »
    Il parle d’un #film qui l’a fait décidé à devenir végétarien, je pense que c’est celui-ci, « #Alma » :
    http://www.almathefilm.com
    Bon après, dans l’interview, quand il parle de cela... je ne sais pas... il fait des liens entre consommation de viande et production de CO2, entre démographie/croissance démographique et problèmes écologiques... il fait ses analyses d’une façon un peu trop simpliste peut-être...

    #mythe #stéréotype #chateau_de_Chillon #chutes_du_Rhin

    L’interview est intéressant, mais sur ce coup, les questions du journaliste... mah !

  • #Livre, #lecture :
    Vidosav STEVANOVIC, « La même chose »

    Ils sont onze, exilés à Paris ou survivants là-bas, perdus dans les décombres d’une ville fantôme de l’est de l’Europe. Simon est un petit garçon agile comme un chat, les yeux grands ouverts sur le souvenir des cadavres de ses parents assassinés. Sela est seule au monde, dans une ville qui n’est plus une ville, avec un bébé dans le ventre - et la faim, la soif, les balles et la mort qui l’attendent à la sortie. Mais il y a aussi le peintre aveugle, qui n’a pas toujours été aveugle, qui palpe et qui entend au fond de lui ce vide obscur, parfois tonitruant, qui l’étreint. Et le Professeur, que des rhumatismes paralysent - souvenir d’enfance et de guerre du temps où sa famille fut massacrée et jetée dans une fosse. Et le sniper, appelé « le Sixième », l’œil rivé au viseur, et qui se gave de mille-feuilles avec l’argent que lui rapportent ses crimes. Et, surtout, il y a l’écrivain, qui n’a pas de nom, qui vit dans une ville rayée des cartes et de l’Histoire et qui raconte l’horreur et la mort, la rage et le désir de vengeance.« Ici l’on ne survit que si l’on meurt. » Avec une violence rarement atteinte et une grande maîtrise littéraire, Vidosav Stevanovic raconte, après les tourbillons d’une guerre qui ont anéanti un peuple, des êtres dont il ne reste plus que des chairs béantes et des consciences torturées avec, à la bouche, un goût de mort, de vengeance et de haine.

    http://www.amazon.fr/La-m%C3%AAme-chose-Vidosav-Stevanovic/dp/2715219261

    3 #citations sur la #guerre, les #soldats, l’ #altérité, l’ #extermination la #vie_en_commun, les #frontières, les #murs :
    « Les soldats sont eux aussi des hommes, mais d’autres hommes, différents, les mêmes de l’extérieur, différents de l’intérieur. Ce qui tue, ce ne sont pas les fusils, les canons et les obus, ce sont les soldats »
    Vidosav Stefanovic, La même chose, Mercure de France, 1999, p.32.

    « Il voit cet enfant errer dans les rues qui ne sont plus des rues, cherchant une nourriture inexistante dans des maisons qui étaient autrefois des maisons, ce sont maintenant des ruines où vivent des gens affamés qui mourront bientôt »
    Vidosav Stefanovic, La même chose, Mercure de France, 1999, p.69.

    « La vie en commun est malgré tout indispensable. Autrement la haine n’est pas possible, la vengeance n’est pas possible. Autrement l’extermination mutuelle n’est pas possible. Si nous nous séparions, nous divisions, si nous élevions des murs entre nous, dressions des frontières et des obstacles, une trentaine de visages sur ces photographies resteraient figés, à regarder dans le vide et sans sourire, sans aucune expression, pâlis, invengés.
    Les uns sans les autres nous deviendrions des autres, et ces autres ne pourraient rien faire contre cuex-mêmes »
    Vidosav Stefanovic, La même chose, Mercure de France, 1999, p.139.

    Une citation sur le #masque et le #visage :
    « ’Ce n’est pas un vrai visage, dit Simon. C’est un masque que cet homme a revêtu comme on revêt un uniforme, un masque qui s’est collé à son visage. Si je lui arrachais son masque, dessous je ne trouverais rien’ »
    Vidosav Stefanovic, La même chose, Mercure de France, 1999, p.97.

    Une citation sur les #viols, la #guerre et les enfants nés de viols :
    « ’Chassez ce monstre de mon ventre, dit Sela. Aidez-moi à être de nouveau légère et seule ; que ma peau soit claire et propre. Pourquoi vous taisez-vous ? Si vous ne savez plus parler, sautez, agitez les bras, battez-vous, frappez ce monstre en moi pour que je sois à nouveau fraîche et belle et que ma peau soit claire et pure’ »
    Vidosav Stefanovic, La même chose, Mercure de France, 1999, p.99.

    3 citations sur les #montagnes :
    « ’Mon peuple est en petit nombre, il y a bien des nôtres aussi dans les plaines et dans les villes, mais nous ne reconnaissons que ceux des montagnes, ceux qui descendent pour exterminer ceux de la plaine, détruire les villes »
    Vidosav Stefanovic, La même chose, Mercure de France, 1999, p.119.

    « Tout est dans ma tête de même que tout l’argent est sur mon compte, tous mes tableaux sur mes murs dans le séjour, je n’ai plus besoin de rien sauf de prendre chaque après-midi le thé sur la terrasse, avec devant moi la vue sur Paris qui m’appartient comme jadis les montagnes, si ce n’est qu’il est plus beau que les montagnes »
    Vidosav Stefanovic, La même chose, Mercure de France, 1999, p.139.

    « Le Professeur ne sera plus ni professeur ni docteur. Ce sera un vieillard qui ne peut pas mourir, c’est en vain qu’il restera là assis à attendre la mort, il n’aura ni encre ni plume, ses deux amis ne viendront pas, la nuit, de la montagne qui se dresse vers le nord, ils ne lui enverront plus d’obus avant-coureurs. ’Revenez’, dira le Professeur. Mais personne ne viendra. ’Je veux vivre’, dira le Professeur. Mais il ne vivra pas tant qu’au nord il y aura des montagnes »
    Vidosav Stefanovic, La même chose, Mercure de France, 1999, p.164.

    #ex-Yougoslavie #exil #réfugié