#Critique_techno sans #catastrophisme
Bref, « l’observation de la loi de #Moore sur les cinquante dernières années ne garantit nullement sa validité dans le futur ». Comme il le souligne encore « l’examen rétrospectif des études prospectives montre que le futur obéit rarement aux prévisions. Le progrès est convulsif ! Il n’existe pas de déterminisme technologique. » Mais surtout, souligne Ganascia, il y a un paradoxe logique à la Singularité : comment une rupture technologique pourrait-elle se déduire d’une loi reposant sur la régularité du cours de la technologie ?
(…) Pour la philosophe et historienne Bernadette Bensaude-Vincent, les promesses visent non pas à prédire, mais à rendre inéluctable la trajectoire technologique, à installer un #déterminisme, à faciliter l’acceptation sociale des technologies. *Les schémas à l’oeuvre pour la Singularité semblent se répéter dans les promesses des nanotechnologies, de la biologie de synthèse comme dans celles de la convergence #NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives). Le possible devient un horizon hors de tout horizon temporel : une simple propagande. « La réalisation des promesses dans un avenir proche ou lointain n’est pas primordiale. » Les promesses n’ont pas pour but de refléter le réel, mais d’élargir les possibles, quand bien même ils ne rencontrent jamais de confirmation. « Même si les réalisations se font attendre les concepts ne sont pas remis en question. » Le futur qu’incarne les promesses fonctionne surtout comme un outil de gouvernance pour la compétition économique. Elles permettent de fédérer et mobiliser les infrastructures de recherche et les inscrire dans la culture sociotechnique ambiante. Pour elle, l’avenir est confisqué par la promesse technoscientifique, et la politique reléguée à un seul espace de régulation.
Pour le sociologue Olivier Glassey, qui pointe dans l’ouvrage combien le social, plus que la technique est devenu l’horizon des technologies de l’information, l’ensemble des discours performatifs sur l’avènement du web social, contribue surtout à instaurer la croyance dans l’inéluctabilité des changements annoncés, que ce soit ceux promouvant l’empowerment ou l’inclusion de tous, comme ceux qui prédisent pouvoir bientôt « capturer techniquement le social ». « Le social n’est plus uniquement l’horizon de la promesse, il est son carburant » : les big data réalisent leurs propres accomplissements !
Dans l’avant dernier paragraphe @hubertguillaud y a « or » au lieu de « hors » si je comprends bien. Autrement merci de lire tous ces livres pour nous !