• A Jéricho, l’attente des travailleurs gazaouis : « Ici, on meurt cent fois par jour quand on voit ce qu’il se passe chez nous »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/07/a-jericho-l-attente-des-travailleurs-gazaouis-ici-on-meurt-cent-fois-par-jou

    Un Gazaoui montre une photo de son frere, mort lors d’un bombardement dans la bande de Gaza. Camp d’entrainement des forces armees palestiniennes Al-Nwama, devenu un centre d’accueil des travailleurs Gazaouis expulses d’Israel suite aux attaques du 7 octobre. Jericho, Cisjordanie, le 4 novembre 2023.
    LUCIEN LUNG/RIVA PRESS POUR « LE MONDE »
    Ayant perdu leur permis de travail en Israël depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, des travailleurs gazaouis ont trouvé refuge en Cisjordanie. Depuis un mois, ils sont suspendus aux nouvelles en provenance de leurs familles prises sous les bombes. L’homme est terrassé par la douleur, il fond en larmes, tombe et hurle au milieu d’une foule de Palestiniens qui l’observent, impuissants. Fouad Al-Burai, début de cinquantaine grisonnante, vient d’apprendre que la quasi-totalité de sa famille est morte dans le bombardement de leur maison, dans le quartier de Jabaliya dans le nord de la bande de Gaza, cible de frappes israéliennes d’une ampleur inédite, ce samedi 5 novembre.
    Vingt-quatre victimes, vingt-quatre noms qui s’affichent sur le téléphone qui passe de main en main. Il ne reste à Fouad que deux enfants, un fils, sorti miraculeusement de la maison au moment du bombardement, et une fille, réfugiée à Rafah, dans le sud de l’enclave. Tous les autres, les oncles, tantes, cousins, nièces, enfants et petits-enfants, ont été fauchés par les bombardements israéliens qui, depuis un mois, frappent les civils de Gaza en représailles à l’attaque du 7 octobre, menée par le Hamas en Israël. Selon le ministère de la santé local dirigé par le mouvement islamiste, au moins 10 000 personnes ont été tuées, dont plus de 4 100 enfants.
    Ahmad Hassuneh montre une photo de sa femme et de leurs enfants, morts le 22 octobre 2023 dans le bombardement de leur maison de Deir Al-Balah, à Gaza.
    Comme Fouad Al-Burai, quelque 850 Gazaouis qui avaient un permis pour travailler en Israël sont réfugiés à Al-Nwama, une base d’entraînement des forces de sécurité palestiniennes située sur une petite colline des bords de Jéricho, en Cisjordanie. L’endroit est devenu l’un des centres d’accueil des quelque 5 000 travailleurs gazaouis expulsés par Israël après les attaques du 7 octobre. Le lendemain, leur permis a été annulé et comme plusieurs milliers d’autres ouvriers qui occupaient majoritairement des métiers dans le bâtiment, les services de nettoyage ou l’agriculture, ils ont été expulsés du territoire israélien. Ceux qui n’ont pas pu rejoindre la Cisjordanie occupée ont été arrêtés par les autorités israéliennes. Ils ont été renvoyés dans la bande de Gaza vendredi 3 novembre à l’aube. A Jéricho, en sécurité, les Gazaouis vivent dans les limbes, au rythme des notifications téléphoniques d’une guerre qui se mène chez eux, à un peu plus de 100 km de là, et touche leurs familles.
    De petits groupes sont installés un peu partout, au pied des murs des quatre baraquements spartiates qui accueillent les réfugiés dans de modestes chambres partagées, ou à l’ombre des quelques dattiers qui bordent la base. Du linge sèche aux fenêtres, dans les arbres, ou sur le panneau indiquant la zone de tir de la base. Mohamad Abou Taleb, le chef de la sécurité, explique, l’air gêné, « d’habitude, c’est interdit d’accrocher du linge dehors comme ça, mais bon là, étant donné les circonstances… ».
    Certains marchent seuls, les yeux rivés sur leurs téléphones, quand d’autres errent sans but, l’air hagard. Tous répètent, inlassablement, la même chose. « Il faut que nous rentrions à Gaza. La communauté internationale, les organisations, doivent tout faire pour nous ramener auprès des nôtres, explique Hassan, qui préfère taire son nom. Nous voulons enterrer nos morts. Et je préfère mourir là-bas que de vivre cette vie sans sens, loin des miens. »Le désespoir de ces Gazaouis, coincés depuis bientôt un mois, s’accroît à mesure que le nombre de victimes à Gaza augmente et qu’ils vivent l’impossibilité de leur retour. En fin de semaine dernière, l’annonce de l’expulsion vers l’enclave des quelques milliers de travailleurs bloqués depuis début octobre leur a donné un espoir de retour. Mais cet espoir a été rapidement douché lorsqu’ils se sont aperçus que l’Etat hébreu n’avait aucune intention de permettre leur transfert, les discussions avec l’Autorité palestinienne afin d’envisager leur renvoi dans la bande de Gaza étant inexistantes, comme le confirme le colonel Al-Ashkar, à la tête du camp Al-Namwa. Aussi, certains envisagent d’aller voir volontairement les soldats israéliens qui bouclent la ville afin d’être arrêtés et peut-être expulsés vers l’enclave. « Ici, on meurt cent fois par jour quand on voit ce qu’il se passe chez nous, lance Nasser Ichwa, alors qu’est-ce qui pourrait être pire ? »
    Ahmad Hassuneh marche tel un automate. Le jeune trentenaire a perdu cinquante-cinq membres de sa famille, dont sa femme et ses trois enfants, dans le bombardement de leur maison, à Deir Al-Balah le 22 octobre. Ne reste que son beau-père Khalid et son beau-frère Bilal. Tous deux travaillaient également en Israël le 7 octobre et sont aujourd’hui à ses côtés, réfugiés à Jéricho. Au crépuscule, une partie des Gazaouis rejoint la salle de prière d’un des bâtiments, d’autres s’agenouillent à l’extérieur. « Le monde entier a abandonné Gaza », lâche Amar, un ouvrier en bâtiment de 55 ans.
    Fouad, parti en sanglots après avoir appris le massacre de sa famille, n’est pas là. « Il s’est écroulé dans sa chambre, racontent ses camarades, son cœur est détruit. Il vient d’apprendre que ce qu’il restait de sa maison a de nouveau été bombardé. »

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  • Immigration irrégulière : 770 candidats interpellés aux larges des côtés Mauritaniennes, 13 parmi eux décédés et 12 hospitalisés
    https://www.dakaractu.com/Immigration-irreguliere-770-candidats-interpelles-aux-larges-des-cotes-Ma

    Immigration irrégulière : 770 candidats interpellés aux larges des côtés Mauritaniennes, 13 parmi eux décédés et 12 hospitalisés
    Dans un communiqué lu à Dakaractu ce 05 novembre 2023, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur (MAESE) informe que sept cent soixante-dix (770) compatriotes, parmi lesquels des enfants et des femmes, candidats à l’émigration irrégulière ont été secourus et pris en charge en territoire mauritanien depuis quelques jours.12 parmi eux sont hospitalisés et malheureusement 13 décès ont été enregistrés et les corps inhumés sur place. Le Ministère présente les condoléances du Gouvernement aux familles éplorées. Le ministère informe que ses services compétents sous la coordination du Ministre chargé des Sénégalais de l’Extérieur, ont débuté le rapatriement par la voie terrestre de ces compatriotes le samedi 04 novembre. Le MAESE remercie les Autorités mauritaniennes pour leur franche collaboration, attire l’attention des candidats à l’émigration irrégulière sur les dangers liés à ce phénomène et invite leurs parents et proches à davantage de sensibilisation dans ce sens.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#mauritanie#migrationirreguliere#MAESE#routemigratoire#mortalite#morbidite#sante

  • Quatre morts lors d’une nouvelle arrivée massive de migrants aux Canaries
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/11/06/quatre-morts-lors-d-une-nouvelle-arrivee-massive-de-migrants-aux-canaries_61

    Quatre morts lors d’une nouvelle arrivée massive de migrants aux Canaries
    Plus de 700 personnes ont été secourues dans la nuit de vendredi à samedi, alors qu’une alerte météorologique a été émise par les autorités locales en raison d’un fort vent et de vagues pouvant atteindre 5,5 mètres de haut.
    Quatre migrants sont décédés, parmi un groupe de plus de 700 personnes secourues dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 novembre à bord de quatre embarcations au large de l’île espagnole d’El Hierro, dans l’archipel des Canaries, selon les secours espagnols.Deux des quatre embarcations ont été repérées vendredi soir puis accompagnées jusqu’au port de La Restinga, dans le sud de cette petite île de 11 000 habitants, la plus à l’ouest de l’archipel, selon les sauveteurs en mer. Au total, 254 migrants se trouvaient à leur bord, tous en bonne santé, ont précisé sur X (anciennement Twitter) les services de secours. Parmi eux se trouvaient plusieurs mineurs.
    Une troisième embarcation a été prise en charge samedi à l’aube avec 238 migrants à bord. Treize d’entre eux ont été hospitalisés, dont deux sont décédés malgré les soins qui leur ont été apportés, selon les secours. Une quatrième et dernière embarcation a été secourue au même moment avec 247 migrants à son bord. Deux d’entre eux étaient décédés lorsque les secours les ont pris en charge et un troisième a été hospitalisé.Ces arrivées surviennent alors qu’une alerte météorologique a été émise par les autorités des Canaries en raison d’un fort vent et de vagues pouvant atteindre par endroits « 5,5 mètres de hauteur », selon les secours. Fortement empruntée depuis quelques années en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée, la route vers les Canaries, dangereuse et souvent meurtrière, a enregistré ces dernières semaines un afflux record de migrants. D’après les derniers chiffres du ministère espagnol de l’intérieur, l’archipel a vu arriver 30 705 migrants entre le 1er janvier et le 31 octobre, soit plus du double du chiffre enregistré sur la même période de 2022.
    Parmi eux, près d’un quart sont arrivés à El Hierro, devenue récemment la principale porte d’entrée en Espagne par la mer, les migrants cherchant à s’éloigner le plus possible des côtes africaines pour éviter les gardes-côtes. Ce nombre d’arrivées, qui dépasse largement la capacité d’accueil de cette petite île de 268 km2, a obligé les autorités à transférer plusieurs centaines de migrants vers d’autres îles de l’archipel. Le Monde avec AFP

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  • Trois migrants tués dans une fusillade à la frontière entre la Serbie et la Hongrie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/52889/trois-migrants-tues-dans-une-fusillade-a-la-frontiere-entre-la-serbie-

    Trois migrants tués dans une fusillade à la frontière entre la Serbie et la Hongrie
    Par La rédaction Publié le : 30/10/2023
    Trois migrants sont morts et un quatrième a été blessé vendredi dans une fusillade survenue près de la frontière entre la Serbie et la Hongrie. La zone est souvent le théâtre d’affrontements entre réseaux de passeurs et exilés, qui tentent d’entrer en Hongrie, membre de l’Union européenne, pour continuer leur route vers l’ouest. Un affrontement entre migrants a tourné au drame vendredi 27 octobre en Serbie, près de la frontière avec la Hongrie. Une fusillade s’est produite dans les bâtiments d’une ferme abandonnée près du village frontalier de Horgos. Trois exilés ont été tués et un quatrième a été blessé, a rapporté la télévision étatique RTS. La personne blessée a été transportée à l’hôpital et une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur ce drame. La nationalité des victimes n’a pas été précisée. D’importants effectifs policiers ont été dépêchés dans la zone, où se sont produits ces derniers mois des heurts parfois meurtriers entre réseaux de passeurs et groupe de migrants. Les actions de la police visent à « freiner la migration irrégulière et à élever le niveau de sécurité dans cette partie du pays, où les affrontements entre migrants sont fréquents, parfois avec usage d’armes à feu », a indiqué la police dans un communiqué.
    Quelques heures après l’incident, quatre ressortissants afghans et deux Turcs, soupçonnés de possession illégale d’armes à feu et d’explosifs, ont été interpellés, a annoncé la police. On ne sait pas en revanche si ces arrestations sont liées à la fusillade.Lors de la descente de police dans la région, deux fusils automatiques et des munitions ont été saisis. Soixante-dix-neuf exilés ont également été découverts et transférés vers des centres d’accueil du pays, a précisé la police dans le même communiqué. Samedi, deux personnes originaires du Kosovo, accusées de trafic de migrants et d’avoir fourni des armes, ont été interpellées. Les policiers ont par ailleurs trouvé 54 passeports turcs. En visite dans la région, le ministre de l’Intérieur, Bratislav Gasic, a promis que « nous ne bougerons pas d’ici tant que toutes les personnes responsables d’un acte ou d’un incident criminel n’auront pas été éliminées ».
    C’est dans cette zone frontalière que des centaines de migrants squattent dans des bâtiments abandonnés avant de tenter de franchir la frontière avec la Hongrie, membre de l’Union européenne (UE). Ils continuent ensuite leur route vers l’Europe de l’Ouest.
    La frontière serbo-hongroise se situe sur la route migratoire terrestre des Balkans vers l’Europe occidentale, qui mène de la Turquie à la Grèce et à la Bulgarie, puis à la Macédoine du Nord, à la Serbie ou à la Bosnie.La police serbe a effectué des descentes dans la zone frontalière à plusieurs reprises au cours des derniers mois, arrêtant des passeurs présumés et confisquant des armes. Le président Aleksandar Vucic a déclaré vendredi que la Serbie pourrait faire appel à l’armée « pour résoudre ce problème », a rapporté la télévision d’État RTS.

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  • Neuf corps de migrants ont été retrouvés en Méditerranée - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/52891/neuf-corps-de-migrants-ont-ete-retrouves-en-mediterranee

    Le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU a indiqué samedi sur le réseau social X (ex-Twitter) que neuf nouveaux corps de migrants avaient été retrouvés en Méditerranée ces derniers jours. Cinq ont été découverts sur une plage de Sicile. Les quatre autres se trouvaient dans un bateau en provenance de Libye retrouvé par l’ONG Sea-Eye.
    Le décompte macabre des morts en Méditerranée continue. Samedi 28 octobre, le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) a indiqué sur le réseau social X (ex-Twitter) que neuf nouveaux corps de migrants morts en Méditerranée avaient été retrouvés sur une plage de Sicile et dans une embarcation partie de Libye."Encore des morts en Méditerranée : cinq dus au naufrage d’un bateau de pêche en provenance de la Tunisie au large de Trapani (Sicile) et quatre corps retrouvés (par l’ONG) Sea-Eye sur un canot en provenance de Libye", a écrit la porte-parole du HCR en Italie, Chiara Cardoletti.
    Selon les médias italiens, les cinq premiers corps ont été retrouvés sur une plage de Marinella di Selinunte, dans le sud-ouest de la Sicile, tandis qu’une vingtaine de personnes provenant de la même embarcation ont été arrêtées à leur arrivée. D’après le témoignage d’un rescapé rapporté par RFI, une soixantaine de personnes étaient à bord. Mais aucun des disparus n’a encore été trouvé, malgré les recherches des garde-côtes et de la police, aidés par l’aéronautique militaire.
    Sea-Eye, de son côté, a indiqué avoir retrouvé vendredi quatre autres corps dans un bateau de migrants parti de Libye et qui a failli être intercepté par les garde-côtes libyens en pleine mer. Quarante-huit personnes ont pu être secourues dans l’opération dont une femme enceinte dans un état grave. La rescapée a été évacuée vers Lampedusa où elle a dû avorter.Dans une vidéo postée samedi sur X par l’ONG, on voit un bateau de garde-côtes approcher l’embarcation gonflable et la déstabiliser. On voit distinctement plusieurs migrants tomber alors à l’eau. Une femme montre un bébé qu’elle porte dans ses bras. « Plusieurs personnes sont tombées dans la mer et ont disparu. L’équipage a ensuite découvert quatre corps dans le bateau », précise l’ONG.
    Ce genre de situation n’est pas rare. Fin septembre, l’ONG Sea-Watch avait été témoin d’une agression en mer d’un navire des garde-côtes libyens envers une embarcation de migrants. Sur les images diffusées par l’ONG sur les réseaux sociaux, on voit l’embarcation couler et plusieurs personnes dans l’eau, après le passage du bateau à moteur. Selon l’ONG, environ 50 exilés se trouvaient à bord du canot. Sea-Watch avait qualifié cet incident de « tentative d’assassinat ». Selon l’ONG, les migrants ont été pris en charge sur le patrouilleur libyen et renvoyés dans le pays. Mais il n’a pas été possible de déterminer si des exilés ont perdu la vie au cours de cet événement.
    Depuis 2016, l’Union européenne (UE) fournit un soutien matériel et logistique à la Libye, dans le but de stopper les embarcations d’exilés en mer. Un accord dénoncé à maintes reprises par les ONG mais aussi les instances internationales. Les garde-côtes sont en effet régulièrement accusés de violences envers les migrants qui tentent d’atteindre les côtes européennes, mais aussi contre les ONG de sauvetage. La dernière altercation avec des humanitaires remonte à septembre dernier : l’Ocean Viking avait été visé par des tirs répétés provenant d’un navire des garde-côtes libyens alors que le navire humanitaire de SOS Méditerranée procédait à une opération de sauvetage dans les eaux internationales. Malgré les dangers de la traversée de la Méditerranée, les départs de migrants d’Afrique du Nord sont toujours très nombreux. Le nombre d’arrivées de migrants irréguliers en Italie a explosé malgré l’arrivée au pouvoir il y a un an de la coalition dirigée par Giorgia Meloni qui avait promis d’y mettre fin. Plus de 142 000 migrants sont arrivés à bord d’embarcations de fortune sur les côtes de la péninsule depuis janvier, contre 82 000 sur la même période l’an dernier, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

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  • Canaries : trois migrants décédés et plus de 200 personnes secourues au large de Tenerife - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/52919/canaries--trois-migrants-decedes-et-plus-de-200-personnes-secourues-au

    InfoMigrants
    Canaries : trois migrants décédés et plus de 200 personnes secourues au large de Tenerife
    Par La rédaction Publié le : 31/10/2023
    Selon les secours espagnols, trois migrants ont perdu la vie ces derniers jours lors de la traversée de l’Atlantique vers les Canaries. Deux corps ont été retrouvés dans une embarcation de fortune, tandis que la troisième victime est décédée lors de son arrivée à quai, à Tenerife. Ces dernières semaines, l’archipel fait face à des arrivées record. Au total, plus de 20 000 personnes ont débarqué aux Canaries depuis le début de l’année. Deux migrants ont été retrouvés morts lors du sauvetage d’une embarcation qui comptait 209 personnes à son bord, à 15 kilomètres au sud de Tenerife, au large des côtes nord-ouest de l’Afrique. Il y avait à bord à ce moment-là 210 exilés, dont 37 mineurs, a indiqué une porte-parole des sauveteurs en mer. Un troisième migrant est décédé à son arrivée sur l’île espagnole de Tenerife dans l’archipel des Canaries, ont annoncé lundi 30 octobre les secours espagnols

    #covid-19#migrant#migration#espagne#routemigratoire#traversee#atlantique#canaries#mortalite#migrationirreguliere#afrique

  • Guerre Israël-Hamas : à Kfar Bilu, dans la ferme des Polishuk, les volontaires ont remplacé les ouvriers
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/27/guerre-israel-hamas-a-kfar-bilu-dans-la-ferme-des-polishuk-les-volontaires-o

    Guerre Israël-Hamas : à Kfar Bilu, dans la ferme des Polishuk, les volontaires ont remplacé les ouvriers
    Par Raphaëlle Bacqué (Kfar Bilu, Israël, envoyée spéciale)
    Reportage Les Thaïlandais, employés à la cueillette des fruits, attendent d’être rapatriés dans leur pays. Les Palestiniens ne sont plus les bienvenus. Partout dans le pays, des bénévoles suppléent le manque de main-d’œuvre étrangère ou celle d’Israéliens rappelés par l’armée.
    Depuis des années, les Polishuk emploient pour la cueillette cinq ouvriers thaïlandais et deux Palestiniens de Gaza, logés sur place, dans ces maisons de bois qui donnent à cette ferme de Kfar Bilu, située à un peu plus d’une trentaine de kilomètres de Tel-Aviv, un petit air de banlieue américaine. Mais plus rien ne ressemble à « avant ». Depuis les attaques terroristes du 7 octobre, les Thaïlandais sont partis. Mardi, ils étaient alignés en longue file dans le hall de l’hôtel Intercontinental de Tel-Aviv, à attendre que l’ambassade de Thaïlande organise leur rapatriement. « Trois mille cinq cents des huit mille travailleurs venus en Israël ont déjà repris l’avion pour Bangkok », affirmait alors l’une des diplomates thaïlandaise. Et le flot ne tarit pas. Les deux ouvriers palestiniens ne reviendront pas non plus. « La police les a arrêtés », raconte encore Oded Polishuk, qui croit savoir qu’ils ont été emmenés jusqu’à Ramallah, la capitale de la Cisjordanie administrée par l’Autorité palestinienne, où se trouvent déjà de nombreux réfugiés. Depuis que la guerre menace, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza détenteurs d’un permis de travail sont interdits de séjour en Israël. Par crainte des attentats, dit-on. D’ailleurs, les Polishuk n’en veulent plus. « Comment pourrait-on encore avoir confiance après ce qui s’est passé ? », lance le frère d’Oded, Gal, un ingénieur qui vient de s’engager dans l’armée.
    Devant les grands cageots de fruits, trois personnes s’activent. Ce sont des volontaires qui, depuis une dizaine de jours, arrivent partout dans les restaurants, les hôpitaux ou les fermes afin de remplacer les soldats mobilisés ou les ouvriers qui font défaut. Shiraz Salomon et Morian Menuhin font partie de ces bénévoles. « Dans la vie normale », comme dit Shiraz, ces deux quinquagénaires, amis de plus de vingt ans, sont tous deux associés dans un cabinet d’architectes de Tel-Aviv. Jusque-là, ils rénovaient, à Jaffa, ce vieux quartier collé à Tel-Aviv où vivent juifs et arabes israéliens, des maisons et de beaux lofts de briques et de bois, que Shiraz montre sur son téléphone portable. « Victim of love », lit-on sur son tee-shirt pendant qu’elle trie de grosses grenades rouges. C’est une fille de gauche, charmante, généreuse, tout à fait « bobo ». Lui est une sorte de géant, bonhomme et rassurant.
    Alors qu’ils avaient manifesté de concert, ces derniers mois, contre le gouvernement Nétanyahou, Shiraz et Morian ont cessé de parler de politique. « Pour éviter de trop s’engueuler, dit-elle, parce qu’il a viré dans la paranoïa et la guerre, quand je reste attachée à la paix avec les Palestiniens. » Cela fait amèrement sourire Morian, qui la juge « naïve ». Mais enfin, ils sont venus tous les deux accomplir ce travail harassant de tri « plutôt que de ressasser toute la journée en regardant les nouvelles angoissantes à la télé ».
    Dans les champs, trois autres volontaires cueillent des clémentines. Ceux-là sont des Français venus en Israël il y a une douzaine d’années, d’un tout autre style que les architectes de Tel-Aviv. (...) ».

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  • A Dubaï, des migrants ont travaillé sous 42 °C pour que les bâtiments de la COP28 soient prêts à temps
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/27/a-dubai-des-ouvriers-migrants-ont-trime-sous-la-chaleur-pour-que-les-batimen

    A Dubaï, des migrants ont travaillé sous 42 °C pour que les bâtiments de la COP28 soient prêts à temps
    Par Ynès Khoudi
    Travailler sous 42 °C et un soleil écrasant, pour que les Etats du monde se réunissent au plus grand sommet annuel concernant la lutte contre le réchauffement climatique. Une enquête de l’ONG britannique FairSquare, publiée le 20 octobre, révèle que des ouvriers migrants, originaires d’Afrique et d’Asie du Sud, auraient travaillé début septembre à la rénovation des bâtiments de l’Expo City sous la chaleur.
    Ce sont ces locaux qui accueilleront les chefs d’Etat, les représentants et les médias lors de la COP28 du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Emirats arabes unis, première Conférence des parties à consacrer toute une journée à l’impact du changement climatique sur la santé. « Ils devraient commencer par s’occuper de cette question localement, là où des ouvriers migrants préparent les bâtiments de l’Expo City sous des températures qui font faire des malaises aux touristes », déclare James Lynch, fondateur et codirecteur de l’ONG.
    Selon les témoignages recueillis par les chercheurs, ainsi que les preuves visuelles qui ont été consultées par Le Monde, des ouvriers, dont le nombre est évalué entre 20 et 30, travaillaient, portaient des charges lourdes dans des chaleurs extrêmes et à un haut niveau d’humidité à des heures où le travail n’est pas légal aux Emirats.
    Le travail en extérieur est interdit, depuis une résolution ministérielle adoptée en 2022, de 12 h 30 à 15 heures du 15 juin au 15 septembre, tant les chaleurs peuvent se montrer extrêmes durant l’été. Les éléments avancés par FairSquare montrent que cette règle aurait été violée, en dépit des risques réels pour la santé des travailleurs. « Les risques du travail sous des chaleurs extrêmes peuvent être de court terme ou de long terme, explique Barrak Alahmad, chercheur au département de la santé environnementale à l’université Harvard (Etats-Unis), qui a notamment étudié les effets de l’environnement sur la santé des ouvriers migrants au Koweït. Il y a évidemment les risques d’insuffisance cardiaque, de crise cardiaque, les coups de chaleur potentiellement mortels, mais aussi des problèmes rénaux, avec des ouvriers qui finissent sous dialyse après quelques années. »
    Le chercheur souligne également les risques d’accidents du travail, qu’il juge « moins considérés », alors que, sous la pression de la température, les facultés mentales peuvent être altérées, ce qui peut mener à de graves accidents. « Quand on dépasse 40 degrés, le risque d’avoir un accident du travail grave augmente de 20 % comparé à la température estivale moyenne, qui est de 27 degrés. » Critique de la politique du mid-day ban, Barrak Alahmad précise : « Qui a dit qu’un corps ne pouvait pas souffrir de la chaleur à 10 heures du matin ? Ce type de politique n’est aucunement basé sur la science, qui ne raisonne pas en matière d’horaires. » Dans la région du Golfe, la température peut dépasser 40 degrés entre cent et cent cinquante jours par an.
    Pour que les aménagements soient prêts d’ici à la fin novembre, les ouvriers racontent dans des témoignages récoltés par FairSquare qu’ils ont dû outrepasser les risques malgré les douleurs. « La semaine dernière, j’ai cru mourir à chaque seconde passée à l’extérieur, mais il faut bien toucher un salaire », raconte l’un. Un autre travailleur s’exprime : « Bien sûr, j’ai des migraines et des vertiges, tout le monde en a avec cette chaleur, ce temps n’est pas fait pour les humains, je pense. » « La COP28 n’est que dans quelques semaines. La majorité des travaux se font le soir, mais certains doivent être faits à chaque moment possible. Nous n’avons plus de temps, on doit finir », conclut un ouvrier.
    En 2021, les chantiers de l’Expo 2020 avaient fait scandale pour le traitement des travailleurs migrants : les responsables de l’émirat avaient annoncé que trois ouvriers étaient morts et plus de soixante-dix grièvement blessés. Au Qatar, pays voisin, c’est la Coupe du monde de football 2022 qui avait été pointée du doigt, le Guardian révélant que 6 500 ouvriers seraient décédés en travaillant sur les infrastructures sportives entre 2010 et 2022.La version disponible en ligne de l’enquête de FairSquare, nommée « Ce temps n’est pas fait pour les humains », ne contient pas les preuves visuelles détenues par l’association ou de détails méthodologiques. « Faire de la recherche aux Emirats arabes unis, c’est très dangereux, affirme James Lynch. Nous étions obligés de publier ainsi pour que tout le monde soit en totale sécurité. C’est un symptôme de la crise des droits humains en cours aux Emirats. »
    Après les « printemps arabes », en 2011, et une pétition demandant des élections au suffrage universel dans l’Etat fédéral, le gouvernement des Emirats a resserré la surveillance et compliqué la diffusion de critiques. En 2018, un doctorant britannique, Matthew Hedges, a été arrêté, puis condamné à perpétuité pour espionnage supposé, lorsqu’il était en voyage de recherche pour sa thèse, qui portait sur les conséquences des « printemps arabes » sur les Emirats. Il a été gracié en novembre 2018, lors de la fête nationale, après les prémices d’une querelle diplomatique.

    #Covid-19#migration#migrant#dubai#travailleurmigrant#droithumain#cop28#emiratsarabesunis#sante#mortalite#rechauffementclimatique

  • « Non, l’aide médicale d’Etat n’est pas un scandaleux appât pour migrants ! »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/25/non-l-aide-medicale-d-etat-n-est-pas-un-scandaleux-appat-pour-migrants_61964

    « Non, l’aide médicale d’Etat n’est pas un scandaleux appât pour migrants ! »
    Tribune Nicolas Clément
    L’aide médicale d’Etat (AME) fait-elle de la France, comme le pense la droite, une sorte d’« open bar » sanitaire pour migrants ? D’abord un chiffre : l’AME représenterait près de 1,2 milliard d’euros, selon un rapport, publié en mai, de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire de l’Assemblee nationale sur « l’évaluation du coût des soins dispensés aux étrangers en situation irrégulière ».
    Très élevé en apparence, ce chiffre est à comparer au total de l’Assurance-maladie qui s’élevait à 236 milliards en 2022, montrent les données officielles de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) ; ainsi, cette aide ne compte que pour 0,5 % du total des dépenses de santé. En 2022, 411 364 personnes en ont bénéficié, soit, sur 67 millions de Français, un taux de 0,6 %.Contrairement à ce qui est bien souvent affirmé, le poids des bénéficiaires de l’AME dans le total des dépenses de santé est inférieur à leur poids démographique et leur « consommation sanitaire » est d’environ 16 % en dessous de la moyenne française. Par ailleurs, une étude de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) de l’université de Bordeaux estimait en novembre 2019 que seul un sans-papiers éligible sur deux en bénéficiait.Mais au fait, pourquoi avoir créé, en 1999, cette aide, régulièrement discutée ? Ses concepteurs avaient deux buts ; l’un humanitaire, pour assurer la couverture santé de personnes en situation difficile ; l’autre de santé publique, pour éviter les maladies contagieuses et ainsi nous protéger. Et c’est la somme de ces deux buts qui justifie ce dispositif. Or, souvent, seul le motif humanitaire est retenu dans les débats – soit pour le brandir en avant, soit pour le rejeter vigoureusement –, le motif sanitaire étant, lui, la plupart du temps, oublié.
    Pourtant, si on l’intégrait, le premier questionnement ne porterait pas sur le coût de l’AME mais sur la nécessité de tout faire pour limiter les non-recours. Paradoxe : pendant les deux ans de la crise sanitaire du Covid, on n’a cessé de nous alerter sur les risques de contamination alors que certains veulent soudain supprimer ce dispositif qui, en soignant les malades, limite les risques contagieux ! Du côté des bénéficiaires, la théorie de « l’appel d’air » est très loin d’être vérifiée, comme le montre le faible taux de recours déjà évoqué. L’expérience de terrain dans l’accompagnement vers la couverture médicale de très nombreux Roms roumains corrobore ces analyses de l’Irdes : la constitution du dossier de demande d’AME n’est pas simple et les personnes concernées ne s’y attellent que lorsqu’elles ont des soucis de santé, ce qui est loin d’être le plus courant.
    Il faut le répéter : même s’il y a des exceptions, la très grande majorité des étrangers qui viennent en France veulent avant tout un travail et des revenus et ne sont pas motivés par les protections sociales. Non, l’aide médicale d’Etat n’est pas un scandaleux appât pour migrants ! Et heureusement, car les conditions d’accès sont de plus en plus rudes. Un exemple ?
    Toute première demande d’AME doit être apportée en mains propres au service concerné ; on ne peut plus se contenter d’un envoi postal. Mais on perd ainsi un temps considérable de trajet et de file d’attente au guichet, et il faut désormais être accompagné d’un travailleur social pour pouvoir expliquer ce qu’on a répondu sur les divers documents exigés pour la demande. Trop lourde, cette étape pousse souvent à l’abandon.Cette mesure (ainsi que d’autres rendant l’accès plus difficile à l’AME) a été préconisée par un rapport conjoint de l’inspection générale des finances et de l’inspection générale de l’action sociale. Selon ses auteurs, 20 à 30 % des bénéficiaires d’une carte AME retireraient celle-ci dans un délai de plus de deux mois après notification. Cela s’expliquerait « dans certains cas par le fait que la personne réside dans son pays d’origine et ne prévoit un retour en France et un retrait de la carte AME qu’en cas de besoin de soins ».
    D’abord quelle est l’ampleur du « certains cas » qui, s’il n’est mesuré, n’a pas beaucoup de sens ? Surtout, c’est méconnaître la façon dont ces personnes reçoivent une information par courrier : un très grand nombre n’ont pas d’adresse physique, mais seulement une adresse postale gérée par une association domiciliatrice, dont les horaires ne sont pas toujours compatibles avec ceux des bénéficiaires, surtout s’ils travaillent ou si leur lieu de vie (au gré d’expulsions) s’est beaucoup éloigné du lieu de la domiciliation. Dès lors, le temps entre l’arrivée d’un courrier et sa récupération par l’intéressé est souvent fort long.
    Autre exemple de méconnaissance : on ne pouvait, au moment de la publication du rapport, demander l’AME qu’après trois mois de résidence en France, ce qui se vérifie en regardant le passeport et les derniers visas qui y figurent. Mais les auteurs ajoutaient qu’il « est probable que les personnes arrivées depuis moins de trois mois, aient renouvelé leur passeport auprès du consulat de leur pays » pour faire disparaître leur visa. On comprend mal la logique.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « La réforme de l’aide médicale d’Etat est une triple faute morale, économique et sanitaire »Mais, à la suite de la publication de ce rapport, le délai a changé : il est désormais de trois mois… après les trois premiers mois passés en France comme « touriste ». Il faut donc désormais avoir passé au moins six mois en France avant de pouvoir lancer une demande d’AME.
    Face à cette aide médicale, deux politiques sont actuellement à l’œuvre : l’une, directe et brutale, souhaitée notamment par Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, vise à la supprimer et la remplacer par un dispositif beaucoup plus limité ; l’autre, plus discrète mais très pernicieuse, consiste à accroître les obstacles et réduire de facto la proportion de bénéficiaires parmi ceux qui y seraient éligibles. A l’inverse de ces deux options, il importe de défendre l’AME, aussi bien par humanité que pour préserver notre population.
    Et cessons de pourrir la vie de ceux qui arrivent en France : dans De l’humiliation : le nouveau poison de notre société (Les liens qui libèrent, 2022) Olivier Abel montre bien les effets terribles à long terme des humiliations subies…
    Nicolas Clément est auteur de « La Précarité pour tout bagage. Un autre regard sur les Roms » (éditions de l’Atelier, 2022) et de « Une Soirée et une nuit (presque) ordinaires avec les sans-abri » (éditions du Cerf, 2015).

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  • Italie : SOS Méditerranée forcée de gagner un port « lointain » pour débarquer 29 migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/25/italie-sos-mediterranee-forcee-de-gagner-un-port-lointain-pour-debarquer-29-

    Italie : SOS Méditerranée forcée de gagner un port « lointain » pour débarquer 29 migrants
    Le Monde avec AFP
    Publié le 25 octobre 2023 à 20h04
    L’Ocean Viking, navire-ambulance de SOS Méditerranée, qui a secouru vingt-neuf migrants au large de la Libye mardi, devra débarquer ces rescapés à Ravenne, en Italie, un port « éloigné » de sa position actuelle impliquant « six jours de navigation supplémentaires », a dénoncé mercredi 25 octobre, l’ONG. « Après avoir passé huit heures en mer », ces personnes rescapées, qui « viennent en majorité de Syrie et du Soudan », deux pays en guerre, sont « épuisées », a ajouté SOS Méditerranée, précisant qu’elles sont désormais prises en charge à bord par ses équipes et celles de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
    A la suite d’un appel de détresse d’Alarm Phone – un numéro utilisé par les migrants rencontrant des difficultés lors de leur traversée de la Méditerranée – l’Ocean Viking a secouru mardi 24 octobre après-midi vingt-neuf personnes qui se trouvaient sur « une barque en fibre de verre impropre à la navigation dans les eaux internationales au large de la Libye », a rapporté dans un communiqué l’ONG basée à Marseille. Le centre de coordination des secours maritimes en Italie a demandé au bateau de l’ONG de mettre le cap vers le port éloigné de Ravenne, situé à 1 613 kilomètres, pour pouvoir débarquer les rescapés. Cette destination, à six jours de navigation, privera l’Ocean Viking « de toute possibilité de rechercher et de secourir des femmes, des hommes et des enfants en détresse en Méditerranée centrale » pendant un long laps de temps, a dénoncé l’ONG.L’Italie a récemment adopté un décret qui entrave en partie les activités des navires d’ONG, celles-ci étant désormais forcées de transporter les personnes secourues vers un port – souvent très lointain – dès la première opération, les empêchant de facto d’enchaîner les sauvetages. SOS Méditerranée a secouru près de 39 000 personnes en Méditerranée depuis 2016, principalement en Méditerranée centrale, la route migratoire la plus dangereuse du monde. Depuis janvier, 2 166 migrants ont disparu sur cette route, selon l’Organisation internationale pour les migrations, un chiffre bien supérieur aux 1 417 disparus en 2022.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#traversee#routemigratoire#ong#humanitaire#alarmephone#sosmediterranee#sante#mortalite#libye#syrie#soudan

  • En Tunisie, les autorités continuent de chasser des migrants à la frontière algérienne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/10/16/en-tunisie-les-autorites-continuent-de-chasser-des-migrants-a-la-frontiere-a

    En Tunisie, les autorités continuent de chasser des migrants à la frontière algérienne
    Par Nissim Gasteli(El-Amra, Tunisie, envoyé spécial)
    Paul-Edouard partage sa vie entre les plantations d’oliviers et le café depuis qu’il a trouvé un semblant de refuge dans une zone rurale en périphérie de la petite bourgade d’El-Amra, avec sa femme et sa fille de 5 ans, après avoir fui les violences anti-migrants qui ont secoué Sfax au début de l’été. Dans ce champ devenu dortoir, il dépose tous les soirs sa couverture au pied d’un arbre, installe son couchage puis s’allonge et s’endort, en attendant qu’un autre jour vienne. Au petit matin, lorsque le tenancier du café mitoyen ouvre son commerce, il migre vers la bâtisse et y passe toute la journée.
    C’est là que Le Monde l’a rencontré, le 9 octobre. Assis à une table, un expresso dans une main, une cigarette dans l’autre, ce Camerounais de 38 ans raconte avoir tenté de rejoindre l’Italie trois semaines plus tôt. Mais après avoir été intercepté en mer par la garde nationale tunisienne, il a été débarqué au port de Sfax puis transporté sur plusieurs centaines de kilomètres par les autorités avant d’être abandonné dans une zone désertique à la frontière algérienne, sans eau, ni nourriture, ni autre forme de procès. Données GPS et photographies à l’appui, il témoigne de ces pratiques que les autorités tunisiennes persistent à nier. Pour protéger son identité et celles des autres personnes interrogées, leurs prénoms ont été modifiés.
    Son récit commence comme celui de n’importe quelle traversée clandestine : sur une plage, de nuit, le départ du rafiot dans l’obscurité, puis devient vite celui de n’importe quelle interception de bâteau clandestin par la garde nationale. Les vagues, le moteur qui coupe, la tension avec les agents, le transbordage sur une vedette. A la mi-journée, Paul-Edouard est débarqué sur le port de Sfax avec 300 autres personnes, selon ses estimations.
    C’est là que les violences ont commencé. « Quand on est arrivés au port de Sfax, on a été tabassés », dit-il, en décrivant les coups portés par les agents des forces de sécurité. Ils sont alors retenus toute la journée sur le quai, « sans avoir à manger ou à boire », leurs téléphones sont confisqués. A la nuit tombée, quatre bus déboulent et les migrants sont forcés de monter à bord, sans connaître leur destination.Ils quittent la ville portuaire, escortés par des véhicules des forces de sécurité – comme le montre une vidéo qu’il a filmée, consultée par Le Monde. « On a roulé jusqu’à 4 heures du matin puis on nous a déposés sur une base de la garde nationale », se souvient-il. L’analyse des données GPS transmises révèle que les bus parcourent près de 300 km jusqu’au Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie. Ils sont transférés à l’arrière de pick-up, « chargés comme du bétail », puis déposés quelque part dans la montagne.
    Une fois les Tunisiens partis, les Subsahariens font face aux garde-frontières algériens et comprennent rapidement qu’ils ne sont pas les bienvenus. « On a subi des tirs de sommation de la part de l’armée algérienne qui nous a intimé l’ordre de retourner en Tunisie, affirme Paul-Edouard. On n’avait pas le choix, il y avait des femmes enceintes, des bébés, tout un tas de personnes blessées. On avait faim, on avait soif. Alors on est revenus en Tunisie. » En rebroussant chemin, il tombe sur l’unité qui les a expulsés. « Ils nous arrêtent à nouveau, nous mettent dans les pick-up. Ils nous amènent dans un autre camp. Il est environ 10 heures quand on arrive là-bas.
    Ils passent la journée du 20 septembre enfermés dans ce poste de la garde nationale non loin de Thala, toujours dans la même région de l’Ouest tunisien, en attendant la nuit tombée. Les agents les remettent alors dans des véhicules des forces de l’ordre et, à 22 heures, ils prennent la route en direction de la ville frontalière de Sakiet Sidi Youssef à une centaine de kilomètres plus au nord. Les gardes nationaux sont alors clairs : « Ils nous promettent que c’est notre dernier jour en Tunisie », se souvient Paul-Edouard. « Et si on s’entêtait à revenir, ils nous tireraient une balle dans la tête. C’est ce qu’ils nous ont dit. » En face de Paul-Edouard, dans ce café d’El-Amra, Emmanuel, jeune Camerounais de 18 ans, présent au moment des faits, acquiesce d’un signe de la tête.Abandonnés pour la seconde fois, livrés à eux-mêmes, les migrants décident de revenir en Tunisie, le 21 septembre au petit matin. Ils marchent alors pendant neuf jours, parcourant des dizaines de kilomètres à pied, entre montagnes et forêts afin d’éviter de tomber à nouveau sur les autorités du pays. Neuf nuits à dormir à même le sol dans un froid « frigorifique », se remémore Paul-Edouard, la voix tremblante. Ils finissent par rallier Tajerouine, une ville de la région et trouvent un transport clandestin qui les ramène dans les environs de Sfax.
    Deux semaines après les faits, Paul-Edouard et Emmanuel n’arrivent toujours pas à comprendre pourquoi les autorités leur ont fait subir un tel traitement. Dans ce café d’El-Amra, leur histoire trouve un écho : de nombreuses personnes rapportent elles aussi des expulsions au cours des semaines passées et des faits similaires. Le phénomène n’est pas nouveau. Au mois de juillet, plusieurs centaines de migrants avaient déjà été abandonnées dans le désert par les forces de sécurité tunisiennes.
    Les images de ces hommes, femmes et enfants abandonnés le long de la frontière tuniso-libyenne sous une chaleur extrême, sans eau ni nourriture, avaient alors largement circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias. Mais, début août, la signature d’un accord entre les ministres de l’intérieur des deux pays pour évacuer l’ensemble des migrants restant dans la zone laissait espérer la fin de ses pratiques. Or, une organisation humanitaire basée en Libye a confirmé au Monde, sous couvert d’anonymat, qu’au moins 3 700 migrants ont été expulsés de Tunisie vers la Libye depuis juin.
    Les autorités tunisiennes n’ont jamais reconnu ces expulsions. Interrogé par Le Monde, le porte-parole du ministère de l’intérieur, Faker Bouzghaya, a réfuté ses pratiques renvoyant à une déclaration du 3 août de son ministre, Kamel Feki, dans laquelle celui-ci soulignait « que les allégations sur les expulsions sont sans fondement ». Le porte-parole de la garde nationale, Houssem Jebabli, nie lui aussi de telles pratiques. « Ce n’est pas vrai, on a d’autres témoignages disant exactement le contraire. La Tunisie avait accueilli ces gens, et le Croissant-Rouge a fait de son mieux pour les migrants », déclare-t-il, sans donner plus de précisions. Une trentaine de cadavres a cependant été retrouvée dans la zone frontalière, selon la source humanitaire précédemment citée, et 80 personnes seraient toujours portées disparues. A El-Amra, la reprise des expulsions terrorise. « Du jour au lendemain, tu peux te retrouver dans le désert. Qui n’a pas peur ? Sans nourriture, sans eau, forcément tu as peur », explique Amadou, qui a été conduit vers la frontière algérienne avec son ami Félix fin septembre. A une autre table, Mohamed montre sur son téléphone une photo d’un jeune homme assis dans une zone désertique de la frontière libyenne : « Je n’ai pas de nouvelles de mon ami, on a été séparés là-bas, je ne sais pas ce qu’il est devenu. » Après un tel traumatisme, tous ont déjà pensé à rentrer chez eux, mais ont finalement exclu cette option. « Autant faire les 150 km qui nous séparent de Lampedusa. On caresse ce rêve », conclut Paul-Edouard.

    #Covid-19#migration#migrant#tunisie#algerie#frontiere#expulsion#violences#libye#afriquesubharienne#migrationirreguliere#sante#mortalite

  • Les ouvriers agricoles thaïlandais, victimes collatérales des attaques du Hamas
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/13/les-ouvriers-agricoles-thailandais-victimes-collaterales-des-attaques-du-ham

    Les ouvriers agricoles thaïlandais, victimes collatérales des attaques du Hamas
    Par Brice Pedroletti(Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)
    Publié le 13 octobre 2023 à 16h00, modifié le 14 octobre 2023 à 07h13
    Avec 24 morts et 16 personnes présumées kidnappées, la Thaïlande se retrouve au deuxième rang des pays étrangers pour le nombre de victimes derrière les Etats-Unis. Un lourd bilan, qui s’explique par le nombre de migrants thaïlandais travaillant dans l’agriculture en Israël : ils sont environ 30 000 à être employés dans des fermes et des kibboutz, dont 5 000 autour de la bande de Gaza. Ce n’est pas la première fois que cette population compte des victimes : deux ouvriers thaïlandais étaient morts, en mai 2021, après des tirs de roquettes.
    La plupart de ces migrants sont des hommes, originaires de l’Isan, la grande région rurale du nord-est de la Thaïlande, la plus pauvre du royaume, comme Somkuan Pansa-ard. Agé de 39 ans et employé dans une plantation de fruits depuis moins d’un an, l’homme avait eu le temps de parler à sa mère samedi 7 octobre alors que des assaillants fondaient sur son lieu d’habitation. Sa famille a appris dimanche qu’il n’avait pas survécu.
    Une partie des travailleurs thaïlandais tués l’auraient été dans le kibboutz Alumim, où la plupart des habitants auraient eu la vie sauve après de longues heures de combat. « Dans ce kibboutz, les gardes ont réussi à tuer un certain nombre de terroristes du Hamas et à les empêcher d’atteindre les principales zones d’habitation. Malheureusement, un groupe de terroristes a réussi à atteindre les quartiers d’habitation de plusieurs travailleurs agricoles thaïlandais et les a massacrés », rapporte le canal Telegram israélien South first responders qui archive les images envoyées par des équipes de premiers secours. Une vidéo montre l’intérieur de baraquements sens dessus dessous, avec d’épaisses traînées de sang sur le sol.
    Parmi les victimes du kibboutz Alumim figurent aussi dix étudiants népalais, selon Katmandou. Quatre autres, présents au même endroit ce jour-là, ont survécu. Ils faisaient partie d’un programme de onze mois de stages payés qui concernaient 269 étudiants venus de plusieurs universités du pays. La plupart des 5 000 Népalais vivant en Israël sont eux employés dans les services de santé ou d’aide à la personne. La veille de l’attaque, la page Facebook d’un des Népalais qui fait partie de la liste des victimes, Ganesh Nepali, montrait des images du kibboutz, sous le titre « vue nocturne d’Alumim », avec un cœur et deux drapeaux d’Israël : on y voit la haute barrière de sécurité, le ciel qui vire au rose, des allées paisibles bordées de bosquets de fleurs. Ironie du sort, trois jours auparavant, le 3 octobre, il avait écrit un long poste de commentaire sur le couvre-feu qui venait d’être décrété à Nepalgunj, une bourgade népalaise à la frontière indienne, après des incidents entre communautés hindoues et musulmanes locales, en s’accablant de « l’incapacité des personnes religieuses à accepter la culture de l’autre, ce qui conduit à des guerres de religion ».
    Les Thaïlandais font partie des travailleurs étrangers qui ont remplacé les Palestiniens en Israël à mesure que l’emploi de ceux-ci était soumis à des restrictions. Un accord bilatéral en 2012 a formalisé leur recrutement, avec un quota annuel passé à 6 500 ouvriers par an depuis 2022. Ils sont employés pour des contrats de deux ans, renouvelables jusqu’à un maximum de cinq ans et trois mois. Payés environ 1 500 dollars (1 422 euros), ils doivent s’acquitter d’au moins un mois et demi de salaire en « frais d’agence ».Depuis le week-end, l’un de ces travailleurs a livré sur X, anciennement Twitter, sous le pseudonyme de SuperBallAI, le récit de sa fuite avec d’autres migrants. « Plus de vingt-quatre heures se sont écoulées depuis l’incident, et les travailleurs thaïlandais se trouvant dans les zones dangereuses n’ont toujours pas reçu d’aide ni de plan d’évacuation vers une zone sûre », écrit-il le 8 octobre, avant de montrer tout un groupe de migrants qui partent sur un tracteur. Il s’indigne ensuite que son employeur l’ait revendu à un autre sans son accord.
    S’il a finalement réussi à être rapatrié en Thaïlande par un vol arrivé le 12 octobre, il a par ses tweets rappelé une réalité dérangeante : le traitement parfois désinvolte des droits de ces travailleurs étrangers par leurs employeurs. Dans un rapport datant de 2021 sur les droits bafoués des migrants thaïlandais à la santé, l’ONG israélienne de défense des droits des migrants Kav LaOved déplorait que « dans les zones ciblées par les tirs de roquettes lors des escalades du conflit, récemment dans la région de Gaza, les employeurs demandent souvent aux travailleurs de continuer à travailler dans les champs ou dans la ferme, sans abri, même si cela est interdit par le commandement du front intérieur israélien. Cette situation a entraîné de nombreuses blessures et de nombreux décès parmi les travailleurs. Le rapport demande que des abris soient mis à la disposition de tous les travailleurs situés à proximité des zones de combat. » Rien n’indique que ces recommandations aient été suivies. Un deuxième vol de rapatriés thaïlandais, dont certains blessés, est arrivé à Bangkok vendredi 13 octobre, après un premier qui a atterri jeudi. Au moins 5 000 Thaïlandais ont postulé pour quitter le pays depuis les événements de samedi. Samedi matin, le premier ministre Srettha Thavisin a indiqué que la Thaïlande « ne prendrait pas parti » dans le conflit entre Israël et le Hamas.

    #Covid-19#migrant#migration#israel#thailandais#nepalais#travailleursmigrants#conflit#crise#rapatriement#mortalite#sante

  • L’Ukraine au défi de l’exode des femmes et des adolescents
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/28/l-ukraine-au-defi-de-l-exode-des-femmes-et-des-adolescents_6191386_3210.html

    L’Ukraine au défi de l’exode des femmes et des adolescents
    Le départ des mères avec leurs enfants risque de creuser le déficit d’hommes mobilisables côté ukrainien dans les prochaines années, à mesure que l’affrontement avec les Russes se mue en guerre d’usure.
    Par Emmanuel Grynszpan
    Publié le 28 septembre 2023 à 10h05
    L’Ukraine mène un combat existentiel contre un ennemi numériquement quatre fois supérieur, tout en subissant une hémorragie d’une part de sa population, les femmes et les enfants, qui fuient vers des cieux plus cléments. La population du pays était estimée entre 38 et 42 millions le 24 février 2022. Entre 5 et 8 millions d’individus ont émigré, dont une proportion importante risque de s’installer définitivement à l’étranger, où les conditions d’accueil sont inégales mais où certains pays offrent des perspectives d’intégration alléchantes. Une émigration essentiellement féminine et infantile, car la loi martiale interdit aux hommes valides âgés de 18 à 60 ans de quitter le territoire national.
    Du fait qu’aucun recensement de la population n’a été réalisé depuis l’an 2000, les démographes ne disposent que d’estimations. Les flux migratoires très importants, qui ont commencé bien avant l’invasion russe, compliquent encore le tableau. « Les données officielles de la statistique ukrainienne ne sont pas utilisables, tant elles reposent sur des évaluations fondées sur une méthode remontant à l’époque soviétique », quand les autorités disposaient d’instruments de contrôle social rigides, note Alain Blum, démographe et directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques.
    Alors qu’en 1991 l’Ukraine se classait au 22e rang mondial sur la liste des pays les plus peuplés, elle est déjà tombée au 41e rang. « Nous avons déjà perdu 10 millions de personnes en trois décennies. C’est un rythme très rapide », note Oleksandr Gladoune, démographe et directeur du département de modélisation et de prévision démographiques de l’Institut Ptoukha à Kiev. Sa collègue Ella Libanova, directrice de ce même institut, fait remarquer que « la fécondité était déjà tombée à 1,2 enfant par femme en 2021. Ce qui est très loin du taux de remplacement (2,15 enfants par femme), compte tenu des taux de mortalité ukrainiens. » La guerre a accéléré la chute de la fécondité : 0,9 en 2022 et Ella Libanova estime l’indicateur à 0,7 en 2023 et 2024.
    Outre l’impact direct de la guerre (mortalité, émigration, déportations vers la Russie), d’autres facteurs auront un impact négatif, bien qu’indirect et différé, sur la situation démographique de l’Ukraine. Les démographes s’attendent à une poussée du taux de mortalité en Ukraine et à une détérioration de la santé des citoyens ukrainiens. Parmi les raisons, la dégradation des conditions de vie, le sentiment d’insécurité et de stress permanent, la perte de domicile, d’emploi ou de revenus ; la pénibilité des hivers causée par les bombardements russes sur les infrastructures énergétiques ; un accès plus restreint aux services de santé et aux médicaments ainsi qu’à une nourriture de bonne qualité. La guerre a un impact dévastateur sur la santé mentale, provoquant des syndromes post-traumatiques, et faisant basculer les plus fragiles vers la dépression.
    « En termes de dynamique et de structure, les pyramides des âges russe et ukrainienne se ressemblent beaucoup. La différence est bien sûr numérique, mais j’en vois une autre plus inquiétante : l’émigration féminine, analyse Alain Blum. Près de 80 % des départs concernent des femmes et des enfants et des adolescents bientôt en âge d’être enrôlés. Les mères ont tendance à vouloir les mettre à l’abri, ce qui va encore creuser le déficit d’hommes mobilisables dans les trois ans à venir. D’autre part, étant donné que les femmes jouent un rôle important à l’arrière, pour faire tourner l’économie, pour soutenir leurs maris combattants, leur départ massif aura des conséquences à moyen et long terme, en affaiblissant le pays. Cela pourrait dégrader le système de santé avec des effets sur la mortalité et la prise en charge des blessés. »
    La sociologue Ioulia Shukan, maître de conférences à l’université Paris-Nanterre, observe que « les femmes ukrainiennes circulent beaucoup, font des allers-retours entre l’Ukraine et leurs pays d’accueil. Mon interrogation porte surtout sur les enfants, qui, en s’intégrant dans les systèmes éducatifs des pays d’accueil, sont susceptibles à terme de fixer avec eux les mères. »
    L’évolution démographique dépend donc en partie des politiques d’intégration des pays d’accueil à l’égard des réfugiés ukrainiens. Certains, pour résoudre leurs propres problèmes démographiques, sont susceptibles de chercher à les retenir, ce qui pourrait devenir une source de tensions entre Kiev et ses alliés européens. « C’est à ce niveau que le gouvernement peut agir : en offrant des conditions décentes après-guerre, en adoptant un modèle européen de développement démocratique et économique, et par ailleurs une politique migratoire attractive », explique Oleksandr Gladoune.
    Sollicité de son propre aveu par le gouvernement et l’état-major, ce spécialiste des projections démographiques avance une hypothèse alarmiste de 30 à 31 millions d’habitants à l’horizon 2037. « Sachant qu’il est impossible de poser une hypothèse sans poser un cadre, nous avons choisi de construire notre scénario sur la reconquête complète du territoire, revenu aux frontières de 1991 [donc incluant la Crimée et le Donbass], et sur la fin de la guerre au début 2025. » Sa collègue Ella Libanova descend jusqu’à 24 millions d’Ukrainiens au cours de la prochaine décennie.
    Ce scénario est supposé sonner l’alarme sans sombrer dans le fatalisme. Dans les moments critiques, le peuple ukrainien a déjà fait preuve d’une étonnante résilience et d’une capacité à inverser des dynamiques qui semblaient inarrêtables. Face à l’adversité actuelle, les Ukrainiens ont fait montre d’une cohésion, d’une capacité à se défendre et d’un patriotisme insoupçonnables il y a encore dix ans. Des qualités cruciales pour rebondir après-guerre.

    #Covid-19#migration#migrant#ukraine#guerre#emigration#mortalite#morbidité#santementale#demographie#femme#enfant#territoire#frontiere#politiquemigratoire#circulation

  • Plus de 2 500 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus en Méditerranée en 2023, selon l’ONU
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/29/plus-de-2-500-migrants-morts-ou-disparus-en-mediterranee-depuis-le-debut-de-

    lus de 2 500 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus en Méditerranée en 2023, selon l’ONU
    Cela représente une augmentation de près de 50 % par rapport à la même période en 2022. Au total, 186 000 personnes sont arrivées dans le sud de l’Europe depuis le 1ᵉʳ janvier, soit une hausse de 83 %.
    Le Monde avec AFP
    Publié le 29 septembre 2023 à 01h05, modifié le 29 septembre 2023 à .
    Le nombre de migrants qui ont essayé de traverser la Méditerranée vers l’Europe a significativement augmenté en 2023, selon les Nations unies, entraînant mécaniquement une hausse du nombre de personnes mortes ou portées disparues lors de ces tentatives périlleuses.
    « Au 24 septembre, plus de 2 500 personnes ont été comptabilisées comme mortes ou disparues » depuis le début de l’année, soit une augmentation de près de 50 % en comparaison « aux 1 680 personnes lors de la même période » en 2022, a déclaré, jeudi 28 septembre, Ruven Menikdiwela, directrice du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). « Des vies sont également perdues sur terre, loin de l’attention du public », a-t-elle insisté lors d’une réunion du Conseil de sécurité, à New York, consacrée à la crise des migrants en Méditerranée.
    « Le voyage depuis l’Afrique de l’Ouest ou depuis l’est de l’Afrique – [notamment depuis] la Corne de l’Afrique – vers la Libye, et [depuis] la côte [vers l’Europe] reste l’un des plus dangereux au monde, a souligné Mme Menikdiwela. Les réfugiés et les migrants voyageant sur les routes terrestres depuis l’Afrique subsaharienne risquent la mort et des violations graves des droits humains à chaque étape. »
    Selon les chiffres de l’ONU, entre le 1er janvier et le 24 septembre 2023, au total 186 000 migrants sont arrivés dans le sud de l’Europe (Italie, Grèce, Chypre et Malte), dont 130 000 en Italie, « soit une augmentation de 83 % par rapport à la même période en 2022 ». Quant aux pays de départ, entre janvier et août 2023, plus de 102 000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée depuis la Tunisie, et 45 000 depuis la Libye. Sur ce nombre, 31 000 ont été secourus en mer ou ont été interceptés et débarqués en Tunisie, et 10 600 en Libye, a ajouté Ruven Menikdiwela.
    Evoquant les récentes arrivées massives sur l’île de Lampedusa, elle a souligné que l’Italie « ne pouvait pas répondre seule aux besoins » de ces migrants. Avant de répéter l’appel du HCR à « la mise en place d’un mécanisme régional de débarquement et de redistribution » des personnes arrivées par la mer. Une question controversée parmi les Etats membres de l’Union européenne (UE).
    L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, qui avait demandé cette réunion du Conseil de sécurité, a d’ailleurs mis en cause l’UE, dénonçant sa responsabilité dans le « piège mortel » que représente la Méditerranée. « Nous avons l’impression que l’Union européenne mène une guerre non déclarée contre les migrants, qui meurent parce qu’ils n’ont pas d’autre voie plus sûre », a-t-il lancé. « L’UE ne s’occupe de la question migratoire que lorsqu’il s’agit des Ukrainiens », a-t-il ajouté, déplorant que les autres migrants ne jouissent pas du « même niveau de solidarité ». La Russie « comme toujours est absente dès qu’il s’agit de répondre concrètement aux crises humanitaires », a répondu l’ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière, évoquant les contributions russes au budget du HCR. « La présence [du groupe paramilitaire russe] Wagner au Sahel contribue à l’instabilité de la région, qui nourrit le terrorisme et conduit à des déplacements de population », a ajouté le diplomate français.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sahel#onu#ue#crise#mediterranee#hcr#routemigratoire#conseildesecurite#mortalite

  • En Libye, les travailleurs étrangers rescapés « sont parmi les plus détruits psychologiquement par la catastrophe » de Derna
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/23/en-libye-les-travailleurs-etrangers-rescapes-sont-parmi-les-plus-detruits-ps

    En Libye, les travailleurs étrangers rescapés « sont parmi les plus détruits psychologiquement par la catastrophe » de Derna
    Par Nissim Gasteli et Madjid Zerrouky (envoyés spéciaux à Derna, en Libye)
    Publié le 23 septembre 2023 à 10h05, modifié le 24 septembre 2023 à e
    Venus d’Egypte, du Soudan ou du Tchad, de nombreux immigrés, saisonniers ou plus permanents, doivent surmonter le traumatisme de l’inondation sans le secours des solidarités familiales. Ils seraient quelque 100 000 dans les zones affectées par les inondations.
    La mort a fini par congédier Awad au dernier moment. Le 11 septembre, alors qu’on s’apprêtait à refermer le sac mortuaire dans lequel il avait été placé, un spasme a alerté les employés des services funéraires de Derna et l’a ramené dans le monde des vivants. Dans la nuit, la crue du Wadi Derna venait d’emporter un tiers de cette ville libyenne de 100 000 habitants, pulvérisant ou projetant des blocs d’habitation entiers dans la mer.
    (...)Des jeunes psychologues de l’hôpital psychiatrique de la ville préviennent : « Ici se trouvent ceux, petits et grands, qui sont parmi les plus détruits psychologiquement par la catastrophe. Ils ont vécu les mêmes scènes d’horreur que beaucoup d’entre nous, mais ils sont isolés et ne peuvent pas compter sur les solidarités familiales. » La ville compte 40 000 déplacés.
    Fiévreux, le visage marqué, les avant-bras et les mains anormalement gonflés, Awad est toujours sous le choc quand il se présente à nous. Solitaire quand les autres rescapés devisent en groupe à l’extérieur ou font le ménage à l’intérieur. Comme tous les habitants de Derna, il commence par raconter « son » 11 septembre : « C’était le jour du jugement dernier. Je m’étais barricadé avant de dormir dans le restaurant quand, vers 2 h 30, j’ai entendu un son terrifiant [la rupture du premier barrage, à 1 kilomètre en amont de la ville]. L’immeuble roulait sur lui-même. J’ai repris conscience quatre heures plus tard après avoir vomi de l’eau. Ils m’avaient déshabillé et commençaient à m’envelopper. Techniquement, j’étais mort, raconte-t-il d’une traite. Je n’habitais Derna que depuis deux semaines… »
    Près de 8 000 migrants et travailleurs étrangers
    De sa vie d’avant, il ne lui reste qu’un compte Facebook et les téléphones que lui prêtent ses compatriotes et compagnons d’infortune. Parmi eux, Mohamed Al-Saïd, 29 ans, Saïd Al-Masry, 26 ans, et Ahmad Mohamad, 24 ans. Assis à l’ombre de quelques arbustes sur une couverture, les trois amis sont originaires du village égyptien décimé de Nazlat Al-Sharif, une petite commune de la vallée du Nil d’où de nombreux jeunes étaient partis travailler en Cyrénaïque (province de l’est de la Libye, frontalière de l’Egypte) pour nourrir leur famille. Officiellement, soixante-quinze d’entre eux sont morts à Derna. Ils seraient davantage, selon les trois amis. « Environ 120 habitants de notre village sont décédés ou disparus », estime Mohamed, le pied bandé. Il s’est blessé sur des tessons de bouteille en escaladant un mur lors de la montée des eaux. Tous trois travaillent dans le secteur du bâtiment. « Beaucoup d’entre nous sont des travailleurs saisonniers, qui viennent ici pour quelques mois. D’autres restent un, deux ou trois ans avant de repartir en Egypte », précise Saïd Al-Masry.
    Selon l’Organisation internationale pour les migrations, la ville comptait près de 8 000 migrants et travailleurs étrangers au moment de la catastrophe, sur plus de 100 000 vivant dans les zones affectées par les inondations, la plupart originaires d’Egypte, du Tchad et du Soudan. Près de 430 d’entre eux auraient perdu la vie dans la nuit du 11 septembre, selon des bilans encore très parcellaires. Les autorités égyptiennes, qui faisaient état de plus de 120 corps identifiés jeudi, restaient sans nouvelles de 300 de leurs ressortissants.
    Les Egyptiens se rendent depuis des décennies en Libye pour y chercher du travail, « attirés par la prospérité relative du pays, structurellement plus riche et moins peuplé que l’Egypte », explique Jalel Harchaoui, chercheur associé au Royal United Services Institute for Defence and Security Studies. La migration de travail vers la Cyrénaïque est d’abord un enjeu socio-économique : pour Le Caire, elle offre des débouchés professionnels à ses ressortissants et leur permet de soutenir financièrement leurs familles restées au pays, afin d’éviter toute gronde sociale. « L’accueil continu des Egyptiens en Libye est perçu par les autorités égyptiennes comme un dû, vu les défis démographiques et économiques croissants de l’Egypte », précise l’universitaire. Dans ce contexte, le sort des travailleurs égyptiens est imbriqué dans les relations entre leur pays et le pouvoir de Benghazi, principale ville de la Cyrénaïque. Début juin, les autorités de l’Est libyen ont mené de larges opérations d’arrestations et d’expulsions contre les migrants égyptiens. Près de 4 000 auraient été reconduits aux frontières, selon des sources sécuritaires égyptiennes citées par Reuters. En Egypte, cette politique a été perçue comme une « humiliation », survenant à un moment de tensions entre Le Caire et Benghazi, ajoute M. Harchaoui. La situation s’est depuis apaisée, permettant aux Egyptiens de poursuivre leurs occupations professionnelles dans l’Est.(...)
    Les grandes villes de la Cyrénaïque ne sont pas les seules à attirer la main-d’œuvre venue d’ailleurs. La région du djebel Akhdar et ses multiples exploitations agricoles s’appuient sur de nombreux travailleurs migrants. Les dégâts provoqués par la tempête, qui a ravagé les cultures sur des milliers d’hectares, pourraient faire basculer l’avenir de beaucoup d’entre eux. « Je devais être payé mi-septembre, mais mon patron ne m’a pour l’instant rien donné », explique Naïm, 21 ans, employé d’un élevage de poulets près de la ville de Gandoula.
    Originaire du nord du Tchad, Naïm garde aujourd’hui l’entrée d’une exploitation vide de toute vie et d’activités. « Je gagne 1 000 dinars [190 euros] et je suis soutien de ma famille qui est restée là-bas. Enfin, je gagnais… », explique d’un ton doux le jeune homme. Il ne s’en cache pas, il se rêvait un avenir au-delà de l’horizon libyen : « J’espérais constituer un petit pécule pour quitter ce pays un jour. Je n’ai plus rien. Même mes papiers d’identité ont été emportés par l’eau. »
    La Cyrénaïque est aussi un point de départ majeur vers l’Europe. Depuis la fin de l’année 2022, un corridor reliant l’est de la Libye à l’Italie s’est rouvert, sur lequel s’élancent de vétustes chalutiers embarquant plusieurs centaines de personnes. La route est empruntée par de nombreux Egyptiens, qui ont représenté le premier contingent d’arrivées en Italie en 2022, avec 21 301 personnes, mais aussi par des Syriens qui y voient une alternative à la route des Balkans, désormais difficile d’accès, et des Bangladais.Mais, pour les trois rescapés de l’Institut technique de Derna, pas question de bouger pour le moment. « Nous resterons ici jusqu’à ce que nous retrouvions nos disparus. Puis nous retournerons en Egypte. Si telle est la volonté de Dieu », annoncent, fatalistes, Mohamed, Saïd et Ahmad. Revenu d’entre les morts, Awad, lui, n’a que faire du destin. « Ce sont des erreurs humaines, assène-t-il. Nous sommes venus dans ce pays pour travailler, pas pour finir au fond de la mer à des kilomètres [des immeubles entiers ont été repérés à 3 kilomètres de la côte, leurs habitants toujours piégés à l’intérieur]. Qui s’occupait des barrages ? Qui a permis qu’on construise sur des sols dangereux ? Je ne demande pas des comptes à Dieu, j’en réclame aux autorités libyennes. »

    #Covid-19#migrant#migration#libye#travailleurmigrant#mortalite#inondation#crise#humanitaire#egypte#soudan#tchad#sante#santementale#routemigratoire

  • Une migrante retrouvée morte sur une plage du Pas-de-Calais
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/26/pas-de-calais-une-migrante-retrouvee-morte-sur-une-plage-de-sangatte_6191043

    Une migrante retrouvée morte sur une plage du Pas-de-Calais
    Sur une vidéo transmise par l’association Utopia 56, mardi, une femme est étendue inanimée au bord de l’eau, dans la nuit, entourée de plusieurs personnes, dont l’une au moins porte un gilet de sauvetage.
    Une migrante a été retrouvée morte, mardi 26 septembre, sur une plage de la Côte d’Opale, dans le Pas-de-Calais, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès d’une source proche du dossier et d’une association d’aide aux migrants. La victime a été retrouvée inanimée à Blériot-Plage, dans la commune de Sangatte, d’où des exilés ont tenté de rejoindre l’Angleterre sur des embarcations de fortune. « Les sapeurs-pompiers sont intervenus ce matin » à Blériot-Plage « pour porter secours à une jeune femme en arrêt cardio-respiratoire », a précisé la préfecture du Pas-de-Calais à l’AFP. « Malgré leur intervention, elle a été déclarée décédée. » « A cette heure, les circonstances exactes du décès ne sont pas établies », a-t-elle ajouté. « Une enquête est en cours sous l’autorité du procureur de la République de Boulogne-sur-Mer. »
    Selon le parquet, qui a ouvert une enquête pour « recherche des causes de la mort », la victime serait « une ressortissante érythréenne née en 1999 ». Son corps est « en cours d’examen ».
    Il s’agirait, d’après les premiers éléments de l’enquête, d’une Erythréenne née en 1999. La police judiciaire est sur place pour déterminer l’origine de sa mort. Contactée par l’AFP, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord dit ne pas avoir été mobilisée pour un décès en mer dans la nuit de lundi à mardi, mais de nombreuses tentatives de traversées ont eu lieu en raison des conditions météo favorables.« Il y avait une grosse fenêtre météo pour les traversées cette nuit, ce qui a généré beaucoup de tensions et des bagarres » sur le littoral, a expliqué à l’AFP Nikolaï Posner, un responsable de l’association Utopia 56. Cette dernière a reçu « beaucoup d’appels » d’urgence sur sa ligne téléphonique dans la nuit, a-t-il précisé.
    Sur une vidéo transmise par l’association, une femme brune en jean et baskets est étendue inanimée au bord de l’eau, dans la nuit, entourée de plusieurs personnes, dont l’une au moins porte un gilet de sauvetage. La vidéo a été reçue initialement vers 5 h 30, mardi, par Utopia 56, qui gère un numéro d’urgence pour les migrants sur le littoral nord.
    Les derniers décès de migrants dans la Manche remontent au 12 août, quand six Afghans âgés de 21 à 34 ans ont perdu la vie dans le naufrage d’une embarcation, en raison, selon les premiers éléments de l’enquête, d’« une avarie moteur ». Quatre personnes ont été mises en examen et incarcérées en France quelques jours après le naufrage pour homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, aide au séjour irrégulier en bande organisée et association de malfaiteurs. Ce naufrage est le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis celui survenu en novembre 2021, quand au moins 27 migrants avaient péri.

    #Covid-19#migrant#migration#france#pasdecalais#traversee#manche#mortalité#sante#frontiere#routemigratoire

  • Au Mexique, 11 policiers reconnus coupables du meurtre de 17 migrants à la frontière avec les Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/au-mexique-11-policiers-reconnus-coupables-du-meurtre-de-17-migrants-a-la-fr

    Au Mexique, 11 policiers reconnus coupables du meurtre de 17 migrants à la frontière avec les Etats-Unis
    Douze policiers, faisant partie d’une unité d’élite, ont été accusés de meurtre. Mais l’un d’entre eux a accepté de coopérer avec le bureau du procureur de l’Etat mexicain de Tamaulipas et a été reconnu coupable d’abus de pouvoir.
    Le Monde avec AFP
    A l’issue de trois mois de procès, le juge Patricio Lugo Jaramillo a déclaré coupable 11 policiers du meurtre de 17 migrants originaires d’Amérique centrale, « tués par balles et brûlés par la suite » à la frontière avec les Etats-Unis en 2021, a annoncé le bureau du procureur de l’Etat mexicain de Tamaulipas. Les peines doivent être prononcées dans les prochains jours et pourraient aller jusqu’à cinquante ans de réclusion. Un douzième fonctionnaire de police est reconnu coupable d’abus de pouvoir.
    Les faits remontent au 23 janvier 2021 quand les autorités découvrent une camionnette incendiée contenant les restes calcinés de 19 personnes. La quasi-totalité d’entre elles sont des migrants venus du Guatemala pour tenter d’entrer illégalement aux Etats-Unis via le Mexique. Leurs corps ont été retrouvés à Camargo, une commune de l’Etat de Tamaulipas, dans le nord-est du pays, le long de la frontière avec les Etats-Unis.
    Parmi les 19 victimes, les restes de deux Mexicains ont été identifiés comme étant ceux des passeurs ayant conduit les migrants jusqu’à la frontière avec les Etats-Unis, selon les autorités. Ce meurtre fait partie des plus sanglants jamais recensés au Mexique, où les exilés tentant de rejoindre les Etats-Unis s’exposent à de nombreux dangers. En août 2010, un groupe de 72 migrants avait été assassiné par des narcotrafiquants présumés, dans le même Etat de Tamaulipas.
    Sur les douze policiers accusés de meurtre, un a accepté de coopérer avec le bureau du procureur et a été reconnu coupable d’abus de pouvoir. Ils faisaient tous partie d’une unité d’élite de la police et avaient d’abord affirmé avoir trouvé les corps des migrants assassinés.
    C’est le fonctionnaire coopérant avec les autorités mexicaines qui a révélé que c’étaient eux qui avaient tiré sur les migrants avant d’incendier leurs corps retrouvés à Camargo. L’Etat de Taumalipas, situé sur la côte du golfe du Mexique, est le plus court chemin pour arriver aux Etats-Unis en venant du sud. Mais la région est dangereuse en raison de la présence de bandes, qui enlèvent, rançonnent et assassinent des migrants. Le Mexique est par ailleurs secoué par des violences qui ont fait plus de 420 000 morts depuis décembre 2006, date à laquelle le gouvernement fédéral a lancé une opération militaire controversée de lutte contre la drogue. La vague de violences a submergé le système judiciaire et les meurtres restent en majorité impunis.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#violence#sante#mortalite#droit#frontiere#routemigratoire#police#postcovid

  • Méditerranée : 68 migrants sauvés par le bateau « Ocean-Viking », l’Italie lui assigne un débarquement 1 500 km plus loin
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/10/mediterranee-68-migrants-sauves-par-le-bateau-ocean-viking-l-italie-lui-assi

    Méditerranée : 68 migrants sauvés par le bateau « Ocean-Viking », l’Italie lui assigne un débarquement 1 500 km plus loin
    Le navire-ambulance de l’ONG SOS Méditerranée est intervenu au large de la Libye, dimanche matin. Les autorités italiennes lui ont assigné le port d’Ancône, situé dans la mer Adriatique, pour les débarquer.
    Le Monde avec AFP
    L’Ocean-Viking, navire-ambulance affrété par SOS Méditerranée, a secouru soixante-huit migrants en détresse dans les eaux internationales au large de la Libye dans la matinée du dimanche 10 septembre, a annoncé l’ONG humanitaire basée en France. Les naufragés ont été trouvés sur « une embarcation en bois à double pont qui avait quitté Zouara, en Libye, la nuit dernière, a précisé l’ONG dans un communiqué. Plusieurs d’entre [eux] souffrent du mal de mer et sont actuellement soignées par l’équipe médicale de SOS Méditerranée et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) à bord de l’Ocean-Viking. » Pour débarquer ces soixante-huit rescapés, les autorités italiennes ont assigné au bateau le port… d’Ancône, situé dans la mer Adriatique, « à 1 560 kilomètres (soit quatre jours de navigation) de la zone d’opération », a déploré SOS Méditerranée. Sur des photos publiées par l’ONG sur X (ex-Twitter), on y voit plusieurs dizaines de migrants entassés dans un bateau de fortune portant des gilets de sauvetage orange. Fin août, l’Ocean-Viking avait déjà secouru en mer 438 migrants en détresse dans les eaux internationales au large de la Libye et de la Tunisie avant de faire route vers Gênes (nord de l’Italie), le port sûr éloigné qui lui avait été assigné par les autorités italiennes pour débarquer les personnes rescapées.
    La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’agence onusienne estime que depuis début 2023, 2 013 migrants y ont disparu contre 1 417 sur toute l’année 2022. En juin, un naufrage présenté comme l’un des plus graves impliquant des migrants en Méditerranée, a fait au moins 82 morts, mais en Méditerranée orientale. L’Ocean-Viking avait été retenu durant dix jours en juillet par les autorités italiennes qui lui reprochaient des défaillances de sécurité, mais il avait été autorisé à reprendre la mer le 21 juillet.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#routemigratoire#OIM#tunisie#libye#italie#traversee#associationhumanitaire#traversee#mortalite

  • Migration : « Inscrivons l’obligation d’identification des défunts anonymes dans le droit européen »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/30/migration-inscrivons-l-obligation-d-identification-des-defunts-anonymes-dans

    Migration : « Inscrivons l’obligation d’identification des défunts anonymes dans le droit européen »
    Tribune. Le 9 août, quarante et une personnes ont été portées disparues au large des côtes de Lampedusa (Italie). Les témoignages des quatre survivants nous permettent de savoir que l’embarcation était partie des côtes tunisiennes avec quarante-cinq passagers, dont trois enfants. Cette énième tragédie vient s’ajouter à la longue liste des drames survenus en mer ces dernières années. Elle survient près de dix ans après le naufrage du 3 octobre 2013, là encore au large de Lampedusa, l’une des plus grandes tragédies maritimes du XXIe siècle.
    Dans la nuit du 13 au 14 juin, le naufrage d’une embarcation au large des côtes grecques a entraîné la disparition de plusieurs centaines de personnes. En raison de l’absence de renflouage de l’épave et d’examens médico-légaux, l’identité des hommes, femmes et enfants disparus dans cette tragédie ne sera pas formellement établie.
    Cette absence de collecte de données post mortem ainsi que l’absence d’activation de procédures de collecte de données ante mortem des proches des disparus soulèvent de nombreuses questions éthiques et juridiques. Elles entravent en effet la possibilité pour les proches des défunts de faire leur deuil en l’absence de corps, ou d’engager les démarches administratives habituelles en cas de décès, démarches qui nécessitent précisément un certificat de décès.
    Au cours des décennies 2000 et 2010, les disparitions anonymes au sein et aux portes de l’Europe ont significativement augmenté. Ce phénomène est intimement lié à la dangerosité croissante des migrations transfrontalières, et notamment des traversées par voies maritimes. Au-delà des disparus en mer, dont l’identité précise demeure bien souvent inconnue, il faut reconnaître la hausse des disparitions anonymes sur le territoire européen. Nous observons l’arrivée croissante, dans nos services médico-légaux de Paris et de Milan, de corps sans aucun élément d’identité et pour lesquels la prise en charge ne fait pas l’objet d’un protocole. Si ce protocole existe pour les victimes de catastrophe, il est rarement appliqué aux morts du quotidien.
    Une telle réalité s’inscrit dans un contexte plus général où les sciences médico-légales ont fait des progrès significatifs, notamment en ce qui concerne le prélèvement, le croisement et l’archivage des données morphologiques, biométriques et génétiques. La mise en œuvre d’efforts concertés à l’échelle européenne permettrait d’appliquer le cadre législatif qui donnerait une chance à ces corps anonymes d’être un jour identifiés.
    En inscrivant dans le droit européen une obligation étatique d’identification des défunts anonymes, imposant la collecte de données scientifiques ante mortem auprès des proches (photographies, radiographies, matériel clinique et génétique) et la comparaison avec les données post mortem recueillies lors d’autopsies complètes sur les corps anonymes, il nous serait ainsi possible de mettre en place et de consolider des bases de données biométriques contenant les caractéristiques et profils génétiques afin de maximiser les chances d’identifier les corps anonymes.
    En réponse à l’onde de choc suscitée par le naufrage du 18 avril 2015, l’Italie avait pris l’initiative de renflouer l’épave du chalutier située à 400 mètres de profondeur, afin de permettre à des travaux d’identification des quelque mille victimes d’être engagés. Cette initiative n’a pas été reconduite lors des naufrages successifs et, dans un silence relatif, nos sociétés se sont habituées à ce que des hommes, des femmes et des enfants puissent disparaître sans laisser de trace et sans que leurs proches soient dûment informés.
    Alors que nous nous préparons à commémorer les 10 ans de la tragédie du 3 octobre 2013, il nous semble nécessaire de transformer l’émotion en action. Nous appelons à un engagement collectif pour mettre en œuvre les efforts nécessaires afin d’accélérer et de garantir la recherche d’identité des défunts anonymes, rendant ainsi à leurs familles les proches disparus qu’elles recherchent encore. Cela ne peut se faire sans un nouvel effort législatif à l’échelle de l’Europe.
    Charles Autheman, consultant international spécialisé dans les droits humains ; Cristina Cattaneo, professeure titulaire en médecine légale à l’institut Labanof, université de Milan ; Tania Delabarde, anthropologue légiste, Institut médico-légal de Paris ; Bertrand Ludes, professeur de médecine légale, directeur de l’Institut médico-légal de Paris

    #Covid-19#migrant#migration#france#italie#mediterranee#mortalite#corps#donnéesbiometriques#identité#migrationirreguliere#sante

  • Au Sénégal, Fass Boye, port d’embarquement clandestin pour les Canaries
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/29/au-senegal-fass-boye-port-d-embarquement-clandestin-pour-les-canaries_618699

    Au Sénégal, Fass Boye, port d’embarquement clandestin pour les Canaries
    Plus de 1 500 km séparent le village de pêcheurs du territoire espagnol. Malgré la grande dangerosité de cette route migratoire, les jeunes, désœuvrés, sans espoir, continuent de partir.
    Par Théa Ollivier(Fass Boye, Sénégal, envoyée spéciale)
    A l’abri sous une paillote de fortune sur la plage de sable blanc, Babacar Dièye regarde quelques pêcheurs sortir deux maigres caisses de poissons de leur pirogue colorée. Des gestes répétés à maintes reprises avec son frère de 37 ans qui a disparu dans le bateau secouru le 15 août au large du Cap-Vert, qui avait pour objectif de rejoindre clandestinement les îles espagnoles des Canaries. « Je suis encore sous le choc… Nous n’avons pas de corps, ni personne pour nous expliquer les raisons de son décès, c’est trop dur », se lamente le pêcheur, qui a pris en charge la veuve et les quatre enfants du disparu.Selon un communiqué du ministère des affaires étrangères, l’embarcation avait quitté le 10 juillet la localité de Fass Boye, à 150 km au nord de Dakar, avec officiellement 101 passagers à bord – autour de 150 selon les habitants du village. Sur les 38 rescapés, tous originaires de Fass Boye, 37 ont été rapatriés mardi 22 août au Sénégal par un avion militaire. Sept corps ont été retrouvés mais ils ont été enterrés au Cap-Vert faute de pouvoir les transporter.
    Galam Boye, habitant du village, a fait partie de la délégation qui est allée reconnaître les corps et chercher les rescapés. « Les jeunes avaient tous très peur, criaient et ne voulaient parler à personne. Ils étaient traumatisés psychologiquement par le voyage. J’ai pleuré, ils étaient très maigres et perdaient la mémoire », témoigne en espagnol ce père de famille qui a habité plusieurs années en Espagne, après avoir réussi en 2006 à rejoindre les îles Canaries par la mer.Mais cette fois-ci, le trajet ne s’est pas déroulé comme prévu. Le regard dans le vague, Galam Boye répète les récits rapportés par les jeunes qu’il a rencontrés. « Au bout de dix jours en mer, le carburant était terminé, ils sont partis à la dérive. Cinq jours plus tard, ils ont épuisé les réserves d’eau et de nourriture. Ils jetaient quotidiennement à la mer le corps de ceux qui étaient décédés », relate-t-il sans respirer. Les rescapés ont finalement été sauvés au bout de trente-six jours de mer. « Deux d’entre eux avaient des blessures autour du cou, on m’a raconté qu’ils devenaient fous et voulaient sauter de la pirogue… Ils les ont donc attachés avec une corde », continue Galam Boye.
    Mais au village, impossible de rencontrer les survivants. Tous ont été confiés aux hôpitaux pour soigner leurs blessures physiques et psychologiques. Allongé sur une natte sur la plage, Ahmed Diop Mbaye a du mal à imaginer l’horreur qu’a traversée son fils, Ali Mbaye, pêcheur de 30 ans, qui est encore hospitalisé dans une clinique privée de Mboro, à moins de 30 km de là. « Il est malade car la nourriture manquait sur le bateau. Il n’a pas mangé pendant plusieurs jours et il a bu l’eau de la mer, ses pieds et ses yeux sont gonflés », témoigne le père de famille, qui remercie Dieu de lui avoir rendu son fils.
    Abdou Karim Sarr, une cinquantaine d’années, n’a pas eu cette chance : cinq membres de sa famille ont disparu, dont son fils. Dans la grande concession familiale, les femmes assises à l’ombre sur des nattes, égrènent leur kurus, le chapelet musulman, et refusent de parler de peur de pleurer. Même s’il n’était pas au courant de leur départ, M. Sarr comprend le désespoir des plus jeunes. « Ils ont voulu aller en Europe pour espérer une vie meilleure car ici nous n’avons pas les moyens de nous nourrir. Le poisson manque : il y a quelques années, nous pouvions ramener deux ou trois tonnes par sortie, mais maintenant nous avons du mal à avoir 500 kg », témoigne-t-il tout en plaidant pour « une diminution du nombre de licences de pêche accordées aux bateaux étrangers. ».
    En 2006, Galam Boye avait quitté le village pour les mêmes raisons. « Nous ne vivions pas bien de la pêche. Aujourd’hui, rien n’a changé. Des bateaux étrangers viennent toujours pêcher dans notre mer et épuiser nos ressources », alerte-t-il, assurant qu’en six mois les pêcheurs de sa famille n’arrivent pas à gagner un million de francs CFA (environ 1 500 euros). Mais le risque est trop élevé de voyager par la mer, prévient Galam Boye. Lui avait été arrêté en 2006 à son arrivée aux Canaries et a été incarcéré pendant trois ans, accusé d’être le capitaine du bateau, avant d’être expulsé quelques années plus tard. « J’avais un travail en prison, je gagnais 500 euros par mois et je pouvais aider ma famille. Moi, je préfère retourner en prison en Espagne que vivre ici », témoigne le pêcheur.
    Les premières pirogues clandestines ont commencé à partir en 2006 puis se sont arrêtées autour de 2014 avant de reprendre aujourd’hui. Plus de 800 milles nautiques (1 500 km) séparent Fass Boye des Canaries qui rendent cette route migratoire particulièrement longue et dangereuse. Dans ce village de pêcheurs, la rareté des ressources halieutiques s’amplifie avec le réchauffement climatique et l’installation d’usines de farine de poisson dans la région.
    Mais ce regain de départs à Fass Boye, devenu une plaque tournante de l’émigration clandestine, ne peut pas s’expliquer par cette unique raison alors que la deuxième activité économique est le maraîchage. « Les prix de vente ne sont pas bons, car les cultivateurs sont trop nombreux et nous vendons tous notre production en même temps car nous n’avons aucun moyen de stockage », constate Ibrahima Diop, 42 ans, qui a perdu plusieurs amis en mer. « Je sais que l’Etat ne peut pas nous donner du travail, mais il peut nous aider à investir, comme dans l’achat d’un frigo, car nous n’avons pas les moyens », propose-t-il.
    Dans ce village isolé, accessible par une seule route abîmée, l’autre enjeu de taille est l’accès au foncier pour les jeunes générations alors que plus aucun terrain n’est disponible, ni pour habiter ni pour cultiver. « Nous faisons face à un boom démographique : les jeunes se marient tôt et font rapidement des enfants mais ils ne peuvent pas se projeter dans les dix prochaines années », explique Moustapha Gueye, un membre de la société civile. Ils rêvent donc d’Europe alors que ceux qui sont revenus d’Espagne ont réussi à construire leur maison.« Ceux qui sont partis en pirogue développent le village. Moi aussi je veux réussir dans la vie, avoir un travail, des femmes et des enfants », prévient un jeune commerçant de 17 ans, qui préfère taire son nom, mais se dit prêt à risquer le voyage vers l’Espagne dès qu’il aura réuni la somme nécessaire.
    Si les motivations de départ sont avant tout économiques, certains pointent égalmeent des raisons politiques. A six mois de l’élection présidentielle prévue en février 2024, Alexandre Gubert Lette, directeur exécutif de l’association Teranga Lab, pointe ainsi du doigt l’instabilité politique qui encourage les départs. « L’avènement de l’opposant Ousmane Sonko qui est maintenant derrière les barreaux a un impact clair sur les jeunes populations, alors que les manifestations sont étouffées et réprimées. Cela accentue le sentiment d’être dans un pays où la justice n’est pas impartiale et contribue à alimenter le désespoir des jeunes qui veulent partir », observe-t-il.
    La recrudescence de départs vers les îles Canaries touche tout le nord de la côte ouest-africaine. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 126 personnes sont mortes ou ont disparu entre le continent et les îles espagnoles au premier semestre 2023. Mais, d’après l’association Caminando Fronteras, le bilan est bien plus lourd. L’ONG qui défend les droits des migrants a recensé jusque-là 778 victimes. A Dakhla, ville du Sahara occidental, des milliers de ressortissants sénégalais, dont certains originaires de Fass Boye, ont été interceptés par les autorités marocaines puis rapatriés. Pour faire face, le gouvernement sénégalais a présenté fin juillet une stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière qui vise à « réduire drastiquement le phénomène à l’horizon 2033 », selon le ministre de l’intérieur Antoine Félix Diome.
    Dans l’attente de sa mise en œuvre, ce sont les autorités locales qui tentent de dissuader les jeunes de partir. Vendredi, jour de grande prière, le prêche de l’imam les conseillant de rester travailler au village résonne dans les rues de Fass Boye. Entouré d’une foule venue prier pour les morts du dernier drame, le religieux n’a que peu de chances d’être entendu, dès lors il demande à Dieu « d’accueillir les victimes au paradis ».
    Théa Ollivier(Fass Boye, Sénégal, envoyée spéciale)

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#immigrationirreguliere#routemigratoire#mortalite#traversee#atlantique#sante#santementale#fassboye#OIM#dakhla#rapatriement#politiquemigratoire

  • Le naufrage d’un bateau de migrants fait quatre morts au large de l’île de Lesbos, en Grèce
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/28/le-naufrage-d-un-bateau-de-migrants-fait-quatre-morts-au-large-de-l-ile-de-l

    Le naufrage d’un bateau de migrants fait quatre morts au large de l’île de Lesbos, en Grèce
    Aucun détail ni sur les conditions du naufrage ni sur l’identité des personnes n’a été publié pour l’instant par les autorités.
    Le Monde avec AFP
    Quatre personnes ont péri, lundi 28 août, dans le naufrage d’une embarcation de migrants, au large de Lesbos, île de mer Egée. Dix-huit autres personnes auraient survécu, ont déclaré les gardes-côtes grecs, après avoir secouru le bateau en difficulté. Un des patrouilleurs « a repéré et secouru vingt-deux étrangers au large de l’île de Lesbos dont quatre » étaient morts, a signalé la police portuaire dans un bref communiqué.
    « Ils ont tous été transférés au port de Mytilène », chef-lieu de Lesbos, passage habituel de migrants venant des côtes occidentales proches de la Turquie, ajoute le document. Aucun détail, ni sur les conditions du naufrage ni sur l’identité des personnes, n’a été publié pour l’instant par les autorités.
    La police portuaire grecque, avec l’aide de l’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, patrouille régulièrement dans la zone maritime dans l’Est de la mer Egée, en face de la Turquie, d’où de nombreux migrants tentent de passer en Grèce à destination, souvent, de l’Europe occidentale. Malgré de nombreuses opérations de sauvetage, par les autorités grecques, des embarcations en difficulté, de nombreux naufrages ont lieu dans cette zone faisant souvent des victimes. Les autorités grecques sont souvent accusées par des médias et ONG des droits humains d’avoir procédé à des refoulements illégaux de migrants vers les eaux turques afin de limiter le nombre d’arrivées sur le sol grec.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#lesbos#turquie#frontex#traversee#mortalite#routemigratoire#sante#ue#mediterranee

  • Migrants tués en Arabie saoudite : l’Ethiopie annonce une enquête conjointe
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/22/migrants-tues-en-arabie-saoudite-l-ethiopie-annonce-une-enquete-conjointe_61

    Migrants tués en Arabie saoudite : l’Ethiopie annonce une enquête conjointe
    L’Arabie saoudite, elle, conteste les conclusions d’un rapport affirmant que ses gardes-frontières auraient tué des « centaines » de migrants éthiopiens.
    Le Monde avec AFP
    Le gouvernement éthiopien a annoncé, mardi 22 août, qu’il allait mener une enquête conjointe avec l’Arabie saoudite, après la publication, la veille, d’un rapport de Human Rights Watch (HRW) accusant des gardes-frontières saoudiens d’avoir tué des « centaines » de migrants éthiopiens entre mars 2022 et juin 2023. « Le gouvernement éthiopien enquêtera rapidement sur l’incident en collaboration avec les autorités saoudiennes », a annoncé le ministère des affaires étrangères dans un communiqué publié sur le réseau social X (anciennement Twitter). « A ce stade critique, il est fortement recommandé de faire preuve de la plus grande retenue et de ne pas faire de déclarations inutiles jusqu’à ce que l’enquête soit terminée », ajoute le ministère, assurant que « les deux pays, malgré cette malheureuse tragédie, entretiennent d’excellentes relations de longue date ». Dans son rapport, l’ONG affirme que les gardes-frontières saoudiens ont tué des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe via la frontière avec le Yémen, entre mars 2022 et juin 2023.
    Les autorités saoudiennes contestent les faits rapportés par l’ONG. Une source gouvernementale a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que ceux-ci sont « infondés et ne reposent pas sur des sources fiables ». « La France suit étroitement le respect des droits de l’homme en Arabie saoudite et au Yémen », souligne le ministère des affaires étrangères français dans une déclaration à l’AFP. « Nous abordons ces questions avec les autorités saoudiennes, y compris au plus haut niveau, et les appelons au respect du droit international et à la protection des populations civiles », a ajouté le Quai d’Orsay.Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a salué mardi « l’annonce par le gouvernement éthiopien d’une enquête conjointement avec les autorités d’Arabie saoudite » à la suite de ces accusations qui suscitent l’« inquiétude ». « Nous soulèverons cette question avec les autorités d’Arabie saoudite et aussi avec les autorités houthistes de facto au Yémen », a ajouté M. Stano, lors d’un point presse à Bruxelles. Les Etats-Unis, partenaires de longue date de la monarchie du Golfe, ont également appelé à l’ouverture d’une enquête. « Nous avons fait part de nos inquiétudes concernant ces allégations au gouvernement saoudien », a précisé un porte-parole du département d’Etat. « Nous appelons les autorités saoudiennes à conduire une enquête approfondie et transparente et à respecter leurs obligations en vertu du droit international », a-t-il ajouté.Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a par ailleurs jugé le rapport de HRW « très inquiétant ». « Je sais que notre bureau des droits humains est au courant de la situation et a eu des contacts [sur place], mais il est très difficile pour lui de confirmer la situation à la frontière », a-t-il déclaré.
    Le rapport s’appuie sur des entretiens avec trente-huit migrants éthiopiens qui ont tenté de passer en Arabie saoudite via le Yémen, sur des images satellites, des vidéos et des photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ». Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ». Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW.« Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie » de balles, témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courait pour sauver nos propres vies ». HRW appelle Riyad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations. Des centaines de milliers d’Ethiopiens travaillent en Arabie saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans.

    #Covid-19#migrant#migration#arabiesaoudite#yemen#ethiopie#frontiere#mortalite#ONU#droit#violence#asile#routemigratoire#corneafrique#postcovid

  • Le Sénégal rapatrie les survivants d’une tentative meurtrière de rallier l’Europe
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/22/le-senegal-rapatrie-les-survivants-d-une-tentative-meurtriere-de-rallier-l-e

    LeSénégal rapatrie les survivants d’une tentative meurtrière de rallier l’Europe
    L’embarcation avait été repérée le 14 août au large de l’archipel du Cap-Vert, avec officiellement trente-huit rescapés à bord.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 10h31
    Le Sénégal a rapatrié lundi 21 août du Cap-Vert une quarantaine de ressortissants ayant survécu à une traversée qui devait les mener en Europe et qui a coûté la vie à une soixantaine de migrants, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les rescapés, tous des hommes, jeunes pour la majorité et secourus la semaine passée à bord d’une pirogue au large du Cap-Vert, ont été ramenés au pays par un avion militaire sénégalais qui s’est posé en fin d’après-midi sur une base aérienne dans le centre de Dakar. Ils faisaient partie des cent Sénégalais et un Bissau-Guinéen qui se sont embarqués le 10 juillet dans la localité de pêcheurs de Fass Boye (ouest) pour essayer de gagner l’Europe par l’océan Atlantique en longeant les côtes africaines. Leur embarcation a été repérée le 14 août au large de l’archipel cap-verdien, avec officiellement trente-huit rescapés. Les secours ont récupéré sept dépouilles. Celles-ci seront inhumées au Cap-Vert, a indiqué la ministre déléguée des Sénégalais de l’extérieur, Annette Seck Ndiaye. La décision a été prise en concertation avec les familles, a précisé devant des journalistes la ministre déléguée, revenue du Cap-Vert avec ses compatriotes.Des proches des survivants sont venus les accueillir à leur arrivée. L’un des rescapés est resté au Cap-Vert et y est soigné « parce que son état de santé ne lui permettait pas de faire le voyage », a indiqué la ministre déléguée. Des milliers d’Africains fuyant la pauvreté ou la guerre ou espérant une vie meilleure empruntent chaque année cette même route maritime pour tenter de gagner l’Europe, malgré la dangerosité du périple qui tue des centaines d’entre eux. Ils voyagent à bord de modestes bateaux ou pirogues à moteur fournis par des passeurs monnayant le voyage. Beaucoup accostent aux Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée de l’Europe.

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  • Pirogue de Fass-Boye échouée au Cap Vert : 37 rescapés rapatriés à Dakar, 7 corps inhumés sur place – le soleil
    https://lesoleil.sn/pirogue-de-fass-boye-echouee-au-cap-vert-37-rescapes-rapatries-a-dakar-7-co

    Pirogue de Fass-Boye échouée au Cap Vert : 37 rescapés rapatriés à Dakar, 7 corps inhumés sur place
    22 août 2023
    Trente-sept rescapés de la pirogue de migrants sénégalais récemment secourue au large du Cap-Vert, après l’échec de leur tentative de se rendre en Espagne, sont arrivés lundi soir à Dakar, à bord d’un avion de l’armée de l’air sénégalaise. Les rapatriés sont rentrés en compagnie de la ministre des Sénégalais de l’extérieur, Annette Seck, et de quelques proches qui étaient au Cap-Vert depuis dimanche pour organiser leur retour au bercail.
    Peu avant le départ des rapatriés, le délégué à la Santé de l’île de Sal, José Rui Moreira, a rassuré sur l’état de santé des migrants sénégalais, soulignant qu’ils sont « bien rétablis et, donc, capables de voyager« .
    Le processus de rapatriement s’est « très bien passé« , a souligné de son côté le représentant de la communauté sénégalaise du Cap-Vert, Médoune Ndiaye. Un migrant souffrant de problèmes rénaux, a toutefois été évacué vers l’hôpital Agostinho Neto de Praia pour hémodialyse. Il sera rapatrié plus tard dès que son état le permettra.
    A noter également que les sept corps sans vie sont inhumés sur place. Ce, après concertations avec des membres de leurs familles qui ont fait le déplacement en compagnie de la délégation officielle du ministre des Sénégalais de l’extérieur. Alertée par un navire espagnol, la police maritime du Cap-Vert avait secouru le 15 août dernier au large de l’île de Sal une pirogue à bord de laquelle se trouvaient 46 migrants dont huit avaient perdu la vie. Selon les informations recueillies auprès des autorités cap-verdiennes, la pirogue transportait à son départ du Sénégal deux Bissau-Guinéens et 99 Sénégalais, dont un enfant de 12 ans et trois adolescents âgés entre 15 et 16 ans.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#afrique#traversee#capvert#atlantique#routemigratoire#mortalite#rapatriement#sante#guineebissau#mineur#postcovid

  • Des « centaines » de migrants éthiopiens tués par les garde-frontières saoudiens, selon Human Rights Watch
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/21/des-centaines-de-migrants-ethiopiens-tues-par-les-garde-frontieres-saoudiens

    Des « centaines » de migrants éthiopiens tués par les garde-frontières saoudiens, selon Human Rights Watch
    L’ONG de défense des droits humains s’appuie sur des témoignages, des images satellites, des vidéos et des photos publiées sur les réseaux sociaux.
    Le Monde avec AFP
    Les garde-frontières saoudiens ont tué depuis 2022 des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du golfe Persique passant par sa frontière avec le Yémen, a dénoncé, lundi 21 août, l’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW).
    Des centaines de milliers d’Ethiopiens travaillent en Arabie saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans. « Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée, à l’abri du regard du reste du monde », a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW. Les « milliards dépensés » dans le sport et le divertissement « pour améliorer l’image de l’Arabie saoudite » ne devraient pas détourner l’attention de « ces crimes horribles », a-t-elle fustigé. Les ONG accusent régulièrement Riyad d’investir dans les grands événements sportifs et culturels pour « détourner l’attention » des graves violations des droits humains et de la crise humanitaire au Yémen où l’armée saoudienne est impliquée. Le meurtre « généralisé et systématique » des migrants éthiopiens pourrait même constituer un crime contre l’humanité, estime l’ONG. Des experts de l’ONU ont fait état d’« allégations préoccupantes » selon lesquelles « des tirs d’artillerie transfrontaliers et des tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes ont tué environ 430 migrants » dans le sud de l’Arabie saoudite et le nord du Yémen durant les quatre premiers mois de 2022. Le nord du Yémen est largement contrôlé par les Houthis, des rebelles que les Saoudiens combattent depuis 2015 en soutien aux forces pro-gouvernementales. HRW s’appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens qui ont tenté de passer en Arabie saoudite depuis le Yémen, sur des images satellites, des vidéos et des photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ».
    Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les garde-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ». Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW. « Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie » de balles, témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courait pour sauver nos propres vies ». HRW appelle Riyad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations.

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