• Les #statistiques du HCR sur les #traversées de la #Méditerranée révèlent un nombre croissant de morts et de tragédies en mer

    Ceci est un résumé des déclarations de Shabia Mantoo, porte-parole du HCR - à qui toute citation peut être attribuée - lors de la conférence de presse du 10 juin 2022 au Palais des Nations à Genève.

    Alors que le nombre de réfugiés et de migrants qui franchissent la Méditerranée pour rejoindre l’Europe est moins élevé qu’en 2015, ces périples sont de plus en plus meurtriers. C’est ce que révèle un nouvel article basé sur la visualisation des données et rendu public ce jour par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

    Depuis le pic de 2015, au cours duquel plus d’un million de réfugiés et de migrants avaient traversé la Méditerranée vers l’Europe, le nombre de personnes qui effectuent ces voyages a connu une évolution à la baisse, et ce avant même la pandémie de Covid-19. En 2021, 123 300 traversées individuelles ont été rapportées, et avant cela 95 800 en 2020, 123 700 en 2019 et 141 500 en 2018.

    Malgré cette baisse du nombre de traversées, le nombre de pertes en vies humaines a fortement augmenté. L’année dernière, quelque 3231 personnes ont été déclarées décédées ou portées disparues en mer en Méditerranée et dans le nord-ouest de l’Atlantique, contre 1881 en 2020, 1510 en 2019 et plus de 2277 en 2018. Un nombre de personnes plus important encore pourrait avoir perdu la vie sur la route à travers le désert du Sahara et dans les zones frontalières éloignées.

    Le HCR n’a cessé de dénoncer l’horreur et les dangers auxquels sont confrontés les réfugiés et les migrants qui ont recours à ces voyages. Beaucoup d’entre eux sont des personnes qui fuient les conflits, la violence et les persécutions. L’article basé sur la visualisation des données se concentre spécifiquement sur la route de l’Est et de la Corne de l’Afrique vers la Méditerranée centrale.

    Outre le nombre croissant de décès en mer, le HCR reste préoccupé par le fait que les décès et les abus sont également très fréquents le long des routes terrestres, le plus souvent dans et à travers les pays d’origine et de transit, notamment l’Érythrée, la Somalie, Djibouti, l’Éthiopie, le Soudan et la Libye - où l’écrasante majorité des menaces et des incidents sont signalés.

    Au cours de leur périple, les réfugiés et les migrants n’ont guère d’autre choix que de s’en remettre à des passeurs pour traverser le désert du Sahara, ce qui les expose à des risques élevés d’abus. Depuis la Libye et la Tunisie, beaucoup tentent de traverser la mer, le plus souvent vers l’Italie ou Malte.

    Dans de nombreux cas, ceux qui survivent à la traversée du Sahara et tentent la traversée maritime sont abandonnés par leurs passeurs, tandis que certains de ceux qui partent de Libye sont interceptés et renvoyés dans le pays, où ils sont ensuite détenus. Chaque année, des milliers de personnes périssent ou disparaissent en mer sans laisser de traces.

    Appelant à une action accrue pour prévenir les décès et protéger les réfugiés et les demandeurs d’asile qui entreprennent ces périples, le HCR a publié une stratégie de protection et de solutions mise à jour, ainsi qu’un appel de fonds en avril dernier.

    L’appel de fonds préconise une augmentation de l’assistance humanitaire, du soutien et des solutions apportées aux personnes qui ont besoin d’une protection internationale et aux survivants de violations flagrantes des droits humains. Il couvre quelque 25 pays répartis dans trois régions différentes, reliées par les mêmes routes terrestres et maritimes qu’empruntent les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés. Parallèlement, le HCR exhorte les États à garantir des alternatives sûres aux dangereuses traversées et à s’engager à renforcer les interventions humanitaires, de développement et de paix pour faire face aux problèmes en matière de protection et de solutions.

    Le HCR s’est également joint à d’autres organisations des Nations Unies pour exhorter les États à adopter des mesures garantissant que les réfugiés et les migrants recueillis en mer soient débarqués dans des lieux où leur vie et leurs droits fondamentaux sont protégés.

    Le nouvel article du HCR basé sur la visualisation des données et intitulé « Pas de fin en vue » est disponible ici : https://storymaps.arcgis.com/stories/71d23940eade4ce887a44749a8cdaad0

    https://www.unhcr.org/fr-fr/news/briefing/2022/6/62a36b14a/statistiques-hcr-traversees-mediterranee-revelent-nombre-croissant-morts.html
    #décès #morts #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #asile #migrations #réfugiés #chiffres

    ping @isskein @karine4

  • Mort de #Blessing, 20 ans, à la frontière : un témoin sort de l’ombre pour accuser les gendarmes

    La Nigériane #Blessing_Matthew a été retrouvée noyée dans les Alpes en 2018, après que des gendarmes ont tenté de l’interpeller. Alors qu’un non-lieu a été prononcé, un témoin clé parle aujourd’hui pour la première fois et met en cause les forces de l’ordre. Mediapart l’a rencontré. Une sœur de Blessing et l’association Tous migrants demandent la réouverture du dossier. Révélations.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/300522/mort-de-blessing-20-ans-la-frontiere-un-temoin-sort-de-l-ombre-pour-accuse
    #décès #morts_aux_frontières #asile #migrations #frontières #Hautes-Alpes #Briançon #La_Vachette #Briançonnais #France #gendarmes #border_forensics #mourir_aux_frontières #Blessing

    Une enquête à laquelle je suis très fière d’avoir contribué :-)

    voir aussi ce fil de discussion :
    https://seenthis.net/messages/957606

    • L’enquête sur le site de Border Forensics :
      Introduction

      La mort de Blessing Matthew - Une contre-enquête sur la violence aux frontières alpines

      Le 9 mai 2018, le corps d’une jeune femme noire est découvert dans la rivière de la Durance, bloquée par la retenue d’eau du barrage de Prelles, situé sur la commune de Saint-Martin-de-Queyrières en aval de Briançon, dans les Hautes-Alpes françaises.

      Une enquête a été ouverte, permettant d’identifier la jeune femme quelques jours plus tard comme étant Blessing Matthew, âgée de 21 ans et originaire du Nigeria. Elle avait été vue pour la dernière fois le 7 mai alors que la gendarmerie mobile tentait de l’interpeler avec ses deux compagnons de route, Hervé S. et Roland E, dans le village de La Vachette, à 15 kilomètres de la frontière franco-italienne.

      Au-delà de la douleur de sa famille et de ses deux compagnons de route, la mort de Blessing a suscité une vive émotion dans le Briançonnais. Elle a concrétisé les craintes, exprimées à plusieurs reprises par la société civile, concernant la militarisation de la frontière haute-alpine et ses conséquences dangereuses pour les personnes en migration. C’est le premier cas documenté de personne en exil décédée depuis 2015 dans le Briançonnais - 2 autres personnes y ont trouvé la mort depuis.

      Le 14 mai 2018, Tous Migrants, une association défendant les droits des migrant·es dans le Briançonnais, a transmis un signalement concernant la mort de Blessing au procureur de la République de Gap, en lui exposant les faits rapportés par une des personnes qui l’accompagnaient le jour de sa disparition. Ce signalement a été suivi d’une plainte, déposée le 25 septembre 2018 par une des sœurs de Blessing, Christiana Obie, auprès du procureur de la République de Gap pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « homicide involontaire ».

      Le 10 décembre 2018, l’officier de police judiciaire en charge de l’enquête a transmis au tribunal de Gap la synthèse des résultats de celle-ci, qui conclut que les éléments constitutifs des infractions alléguées ne sont pas démontrés.

      Le 3 mai 2019, la sœur de Blessing et Tous Migrants se sont constitués partie civile dans une nouvelle plainte. Le 18 juin 2020, le tribunal de Gap a déclaré la plainte irrecevable et prononcé un non-lieu ab initio. L’ordonnance du juge d’instruction a été confirmée par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble le 9 février 2021.

      Jusqu’à ce jour, le processus judiciaire n’a pas permis de faire la lumière sur les circonstances qui ont mené à la mort de Blessing, ni de déterminer qui en est responsable. Mais la famille de Blessing n’a pas abandonné sa quête de vérité et de justice : selon les mots de Christiana Obie, « ma sœur continuera à hurler » tant que la vérité ne sera pas connue et que la justice n’aura pas été faite.

      C’est pour soutenir cette demande de vérité et de justice de la famille de Blessing que Border Forensics a mené une contre-enquête, en collaboration avec Tous Migrants et grâce à la contribution d’un de ses compagnons de route, Hervé. Les enjeux de notre enquête vont également au-delà du cas de Blessing. Son décès représente un cas parmi les 46 mort·es en migration à la frontière franco-italienne répertorié·es depuis 2015. Or, comme pour Blessing, aucune responsabilité n’a été déterminée pour ces morts. Les pratiques de mise en danger à la frontière des personnes en exil ont ainsi pu être perpétuées sans entraves. C’est également pour contribuer à mettre fin à cette impunité, et pour que ces pratiques cessent, que nous avons mené cette enquête.

      https://www.borderforensics.org/fr/investigations/blessing-investigation

      Avec 3 #vidéos produites :

      1) le témoignage in situ d’un des compagnons de route de Blessing, Hervé :
      https://vimeo.com/714978117

      2) une interview des deux soeurs de Blessing et Hervé :
      https://vimeo.com/715094941

      3) une partie de la vidéo qui reconstruit les déclarations contradictoires des gendarmes :
      https://vimeo.com/715020037

      #Alpes #montagne #frontière_sud-alpine #violent_borders #reconstitution

    • Une émission de A l’air libre dédiée à l’enquête :
      Mort de Blessing Matthew : les gendarmes mis en cause

      Le 7 mai 2018, la jeune migrante Blessing Matthew est morte noyée près de Briançon. La justice a prononcé un non-lieu à l’égard des gendarmes. De nouveaux éléments mis au jour par Border Forensics pourraient aboutir à une réouverture de l’enquête.

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=175&v=uYFiMVXFY28&feature=emb_logo

      https://www.mediapart.fr/journal/france/300522/mort-de-blessing-matthew-les-gendarmes-mis-en-cause

    • Newsletter de Tous Migrants, 30.05.2022

      Quatre ans après sa mort,
      nous demandons toujours vérité et justice pour Blessing !

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      Le 9 mai 2018, le corps d’une jeune femme est découvert dans la Durance au barrage de Prelles, une dizaine de kilomètres en aval de Briançon (Hautes-Alpes, France). La jeune femme est identifiée quelques jours plus tard comme étant Blessing Matthew, âgée de 21 ans et originaire du Nigeria. Elle avait été vue pour la dernière fois le 7 mai, entre 4 heures et 5 heures du matin, alors que des gendarmes mobiles tentaient de l’interpeler avec ses deux compagnons de route, Hervé S. et Roland E, dans le hameau de La Vachette, situé au pied du col de Montgenèvre, à proximité de la frontière franco-italienne.
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      ­Au-delà de la douleur de sa famille et de ses deux compagnons de route, la mort de Blessing a suscité une vive émotion dans le Briançonnais. Elle a concrétisé les craintes, maintes fois exprimées par la société civile, concernant la militarisation de la frontière haute-alpine et ses conséquences dangereuses pour les personnes exilées. C’est le premier cas documenté de personne exilée décédée dans le Briançonnais, depuis la décision du gouvernement français de rétablir les contrôles fixes aux frontières en 2015.
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      Ce drame intervient dans un contexte de très vives tensions.

      Le 22 avril 2018, alors que le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire occupe le col de l’Échelle, trois personnes venues manifester leur solidarité avec les personnes exilées sont arrêtées et placées en détention provisoire. Le même jour, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, décide de l’envoi de renforts immédiats des forces de l’ordre à la frontière. C’est ainsi qu’est déployé dans le Briançonnais, le 24 avril, un escadron de gendarmerie mobile de Drancy dont plusieurs membres seraient impliqués dans la poursuite et la chute dans la Durance de Blessing Matthew.

      Les témoignages des personnes exilées recueillis à Briançon attestent fréquemment de pratiques de course-poursuites, de mise en danger, et de violences physiques et verbales de la part des gendarmes mobiles, de la police aux frontières et des militant·es de Génération Identitaire. C’est dans ce contexte que survient la disparition de Blessing Matthew, le 7 mai 2018, puis la découverte de son corps deux jours plus tard.

      Le 14 mai 2018, suite à la mort de Blessing, Tous Migrants adresse un signalement auprès du Procureur de la République de Gap, exposant les faits rapportés par les personnes qui l’accompagnaient le jour de sa disparition, ainsi que les possibles infractions des forces de l’ordre : mise en danger délibérée de la vie d’autrui, homicide involontaire, violence volontaire, non-assistance à personne en danger, discrimination d’une personne en raison de son apparence. Ce signalement est suivi par le dépôt d’une plainte, le 25 septembre 2018, par la famille de Blessing.

      Un an plus tard, un communiqué de presse du procureur de Gap, transmis le 7 mai 2019, informe que le parquet a classé sans suite cette enquête au motif d’absence d’infraction. Suite à cela, l’association Tous Migrants se constitue partie civile pour soutenir la demande de vérité et de justice de la famille de Blessing. Le 15 novembre 2019, le procureur de Gap prend des réquisitions de non-recevabilité de cette constitution de partie civile, et de non-lieu ab initio concernant la plainte de la sœur de Blessing. Ces réquisitions sont confirmées par l’ordonnance du 18 juin 2020 du doyen des juges d’instruction du tribunal de Gap, puis par la décision du 9 février 2021 de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble.

      La démarche en justice de Tous Migrants aux côtés de la famille de Blessing a au moins permis à l’association de prendre connaissance du dossier d’enquête du procureur, et notamment des déclarations des gendarmes mobiles. Tous Migrants a analysé ces déclarations et constaté leurs nombreuses incohérences, contradictions et zones d’ombres, notamment au regard de la topographie des lieux, des conditions de visibilité et du déroulement des événements. L’association a également constaté que les gendarmes enquêteurs ne semblent pas avoir examiné en détail ces incohérences et contradictions, ni cherché à clarifier les zones d’ombre, ni tenté de reconstituer le déroulement précis des faits et gestes des gendarmes mobiles. Bien au contraire, ils ont délivré un récit qui nous parait occulter ces incohérences, contradictions et zones d’ombre au profit d’un plaidoyer pro domo.

      Tous Migrants a alors contacté Border Forensics afin que leur équipe de chercheur·es puisse mobiliser les méthodes d’analyse spatio-temporelle développées dans le cadre des enquêtes déjà menées auparavant, notamment en Méditerranée. Border Forensics a mené sa propre contre-enquête, en collaboration avec Tous Migrants et grâce à la contribution fondamentale d’un des compagnons de route de Blessing Matthew, Hervé S. L’analyse de Border Forensics, a permis, grâce au témoignage précis et cohérent d’Hervé S. in situ, de confirmer et de préciser la reconstitution des événements. Selon ce témoignage, en poursuivant Blessing, les gendarmes l’ont mise en danger, menant à sa chute dans la Durance et à sa mort.

      De plus, Border Forensics a réalisé une analyse spatio-temporelle des déclarations des gendarmes qui a fait émerger les nombreuses omissions, contradictions et zones d’ombre de l’enquête de police judiciaire concernant les conditions qui ont mené à la mort de Blessing. L’analyse produite remet ainsi en cause les conclusions de l’enquête de police judiciaire disculpant les gendarmes.

      Le témoignage d’Hervé S. et l’analyse spatio-temporelle des déclarations des gendarmes mobiles, constituent des éléments nouveaux qui permettent à la famille de Blessing de demander la réouverture de l’instruction judiciaire, ce que vient de faire Maître Vincent Brengarth.

      Seule la réouverture de l’instruction pourra déterminer de manière définitive les événements ayant mené à la mort de Blessing et d’établir les responsabilités. Quatre ans après le drame, il est urgent que la justice française réponde enfin à la demande de vérité et justice de la famille de Blessing. « Ma soeur continuera de hurler et hurler » tant que justice ne sera pas faite, dit sa soeur Christiana Obie.

      Nous rappelons qu’à ce jour, que ce soit pour la mort de Blessing ou pour d’autres personnes exilées décédées à cette frontière, aucune responsabilité n’a été déterminée. Les pratiques de mise en danger à la frontière des personnes en exil par les forces de l’ordre ont ainsi pu être perpétrées sans entrave.

      Une dizaine de jours après la disparition de Blessing Matthew, le 18 mai 2018, une seconde personne exilée a été trouvée morte à quelques kilomètres seulement de La Vachette : il s’agit de Mamadi Condé, un homme de 43 ans, de nationalité guinéenne. Depuis la mort de Blessing et de Mamadi, et du fait de l’aggravation de la politique de militarisation de la frontière et de refoulements systématiques des personnes exilées aux mépris de leurs droits, cinq autres décès et une disparition certaine sont survenues dans le même secteur, entre les Hautes-Alpes françaises et la Vallée de Suse côté italien : Mohamed Fofana (25 mai 2018), Douala Gakou (15 novembre 2018), Tamimou Derman (7 février 2019), Mohamed Ali Bouhamdi (7 septembre 2019), Mohammed Mahayedin (22 juin 2021), Fathallah Belafhail (2 janvier 2022), Ullah Rezwan Sheyzad (26 janvier 2022). S’ajoutent toutes les personnes gravement blessées, parfois mutilées et handicapées à vie.

      C’est également pour que cessent les pratiques mortifères de contrôle des frontières, et l’impunité pour celles-ci, que nous nous battons pour que que justice soit rendue pour la mort de Blessing.
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    • Décès de Blessing Matthew : sa famille, Tous Migrants et Border Forensics réclament justice

      (Revue de Presse) Lundi 30 mai, Tous Migrants et Border Forensics ont organisé une conférence de presse au Centre International de Culture Populaire, avec l’appui de VoxPublic, afin de réclamer vérité et justice autour du décès de Blessing Matthew. Nigériane et âgée de 21 ans, la jeune migrante avait été retrouvée morte le 9 mai 2018 dans la Durance, en amont de Briançon (Hautes-Alpes). Elle avait été vue pour la dernière fois le 7 mai 2018, alors que des gendarmes mobiles tentaient de l’interpeller. Tous Migrants s’était alors immédiatement constituée partie civile, mais le procureur de Gap avait classé l’affaire sans suite.

      Aujourd’hui, Tous Migrants avec la famille de Blessing Matthew demandent la réouverture de l’enquête, sur la base d’un nouveau témoignage à même de rebattre toutes les cartes. Leur avocat, Me Vincent Brengarth, a déposé vendredi 27 mai une demande de réouverture de l’instruction. Partenaire de Tous Migrants dans ce combat, l’ONG Border Forensics a comparé les différentes versions des gendarmes et le témoignage, et a annoncé, reconstitutions à l’appui, avoir repéré de nombreuses incohérences et contradictions dans les dépositions des gendarmes et dans le dossier . Pour la toute première fois, des associations réunies ont réussi à documenter la possible responsabilité des forces de l’ordre dans le décès d’une personne exilée.

      La conférence de presse, tenue en présentiel au CICP et retransmise en ligne, a réuni pas moins de 70 à 80 personnes dont une quinzaine de journalistes, ainsi que des responsables associatifs, et politiques ainsi que des universitaires et chercheurs. Avec beaucoup d’émotion, Tous Migrants et Border Forensics ont présenté leurs revendications et les éléments avancés pour la réouverture du dossier. Christiana Oboe, la sœur de Blessing, était présente par visioconférence et a délivré un message poignant à une assemblée bouleversée par la force de ses propos. Elle demande la vérité, la justice, et formule le vœu que de tels drames ne se reproduisent plus.

      https://www.voxpublic.org/Sa-famille-Tous-Migrants-et-Border-Forensics-reclament-justice-pour-Bless

      déjà signalé par @simplicissimus ici :
      https://seenthis.net/messages/962883

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      sur la même page, la revue de presse tenue par Vox Public...

    • Mort d’une exilée à la frontière franco-italienne : un témoignage pointe la responsabilité des forces de l’ordre

      Un témoignage inédit pourrait relancer l’enquête sur la mort de Blessing Matthew, jeune réfugiée nigériane décédée dans des circonstances troubles dans les Alpes. Sa famille et l’association Tous Migrants espèrent la réouverture du dossier.

      En mai 2018, Blessing Matthew, jeune femme nigériane, est retrouvée noyée dans la Durance, à quelques pas de la frontière entre la France et l’Italie. Elle est la première personne exilée décédée dans le Briançonnais (Hautes-Alpes). Âgée de seulement 21 ans, elle essayait de fuir les forces de l’ordre lorsqu’elle est tombée dans la rivière, qui, près de sa source, prend des allures de torrent avant de traverser les Alpes provençales. Jusqu’à présent, les circonstances de la noyade de la jeune femme restaient troubles, sans que l’on sache si les forces de l’ordre présentes dans les environs ont directement joué un rôle.

      Depuis ce jour, sa famille et l’association Tous Migrants tentent de retracer les événements qui ont conduit à son décès. « Un parcours du combattant pour obtenir la vérité », regrette Vincent Brengarth, leur avocat. L’enjeu est de savoir si les forces de l’ordre ont été témoins de la scène, ou même si elles peuvent être tenues responsables de la noyade. Dans le dossier, clos définitivement en février 2021, les récits des agents présents divergent, tant sur les lieux que sur l’heure de la tentative de contrôle. Entre ces témoignages contradictoires et une enquête pénale close hâtivement, connaître le fin mot de l’affaire semblait vain.

      Jusqu’à ce dernier rebondissement : le compagnon de route de Blessing, Hervé, décide de témoigner sur les circonstances de sa mort. Le 30 mai 2022, l’association Tous Migrants et Border Forensics – organisation de recherche de preuves dans des cas de morts aux frontières – organisent une conférence de presse pour présenter de nouveaux éléments. Non seulement le témoignage d’Hervé est inédit, mais il vient appuyer les analyses spatiales et temporelles de Border Forensics. Tout semble coller. Les gendarmes pourraient être tenus responsable de la mort de la Nigériane de 21 ans. Reste à rouvrir le dossier pénal.
      Un témoignage clé sur la responsabilité des forces de l’ordre

      Même avec cette avancée de taille, quatre ans plus tard, l’affaire est toujours aussi douloureuse à répéter. La voix de Michel Rousseau, de Tous Migrants, tremble en racontant la nuit des événements : « Le 7 mai 2018, entre 4 et 5 heures du matin, trois personnes exilées marchent sur la route en direction de Briançon. À l’entrée du hameau de La Vachette, des torches s’allument dans la nuit. Puis, des cris : « Police, police ». Elles courent en direction de l’église. L’un arrive à se cacher. Blessing était poursuivie par des gendarmes. Elle a traversé un jardin où Hervé était lui aussi caché. Il la voit, elle fuit, éclairée par les torches des gendarmes. Et puis, elle s’est retrouvée bloquée par la rivière ... » Sa voix s’arrête dans un sanglot.

      En partenariat avec Tous Migrants, l’organisation Border Forensics publie le 30 mai une analyse fine et complète des événements. Le dossier, particulièrement détaillé, est le fruit d’un an de travail. Dans l’une des vidéos publiées, ses équipes retournent dans le petit village de La Vachette avec Hervé. L’homme, sous couvert d’anonymat et capuche sur la tête, parcourt le village, racontant chaque étape de cette course-poursuite nocturne. Arrivé dans un jardin près de l’église, il se serait caché dans les herbes hautes.

      Blessing, elle, était encore poursuivie par deux gendarmes. Il raconte les entendre crier : « Arrête toi, si tu t’arrêtes pas, on va tirer. » Elle court jusqu’au bout du jardin, jusqu’à la rivière, où il entend la jeune femme dire « Leave me, leave me » (« Lâchez-moi, lâchez-moi »), puis tomber. Il l’entend de nouveau. Son cri, « Help me, help me » (« Aidez-moi, aidez-moi »), se fait de plus en plus lointain, comme emporté par le courant. Cette nuit-là, aucun secours n’a été appelé, aucun des gendarmes ne semble avoir tenté de secourir Blessing. Son corps sera retrouvé 13 km en aval, bloqué dans une retenue d’eau.

      Le témoignage d’Hervé est, selon l’avocat de la famille de Blessing et de Tous Migrants, « de nature à rebattre totalement les cartes ». « Son récit éclaire les incohérences du dossier, ajoute l’avocat Vincent Brengarth. On comprend mieux les contradictions des témoins. » Si l’on en croit ce déroulé, les gendarmes pourraient alors être accusés de « non-assistance à personne en danger », si ce n’est d’ « homicide involontaire ».
      « Blessing a été traitée comme une citoyenne de seconde zone »

      Hervé n’a pas été entendu dans le dossier. L’homme, sans papiers, ne s’est pas présenté aux forces de l’ordre. « C’est compliqué pour une personne exilée de faire confiance à la police », euphémise Michel Rousseau, pour expliquer ce silence de quatre ans. L’avocat Vincent Brengarth complète : « La justice n’était même pas en capacité de le convoquer, aucun élément dans le dossier ne donnait son identité précise. » Son témoignage, couplé aux éléments réunis par Border Forensics, pourraient constituer un motif de réouverture de l’enquête. La demande a été déposée auprès du procureur de la République ce 27 mai.

      « C’est un dossier exceptionnel, d’une exceptionnelle gravité, souligne l’avocat. Blessing a été traitée comme une citoyenne de seconde zone. Comme si le devoir de vérité n’était pas le même pour tout le monde. » Dans ce dossier, c’est la première fois que l’on renseigne la possible implication de la police ou de la gendarmerie dans la mort d’une personne exilée. Un premier espoir pour faire justice dans les 46 morts de migrants - décomptées par Border Forensics - à la frontière franco-italienne depuis 2015. « On veut montrer qu’on peut documenter ces morts aux frontières, que c’est possible, que l’on peut obtenir vérité et justice », espère Agnès Antoine, de Tous Migrants.

      La sœur de Blessing vient interpeller les journalistes présents ce 30 mai. Christiana Obie se tient droite devant son écran d’ordinateur, mais sa webcam peine à cacher ses joues brillantes de larmes. « Ma sœur n’est plus. Elle est morte. Mais je veux travailler à ce que ce la prochaine victime ne soit pas la vôtre. Je veux éviter à d’autres de ressentir la douleur que ressent ma famille aujourd’hui. »

      Blessing a été la première victime des politiques répressives aux frontières, mais elle n’a malheureusement pas été la dernière. Quelques jours après la découverte de son corps, Mamadi Condé, guinéen de 43 ans, est retrouvé mort, non loin de La Vachette. La liste est longue, et elle ne prend pas en compte les blessés, handicapés à vie et traumatisés par cette traversée dangereuse. Dès décembre 2017, des associations, via le Collectif Citoyen de Névache, écrivaient au président de la République leurs craintes et leur colère quant au traitement des migrants : « Devons nous attendre des morts pour que nos institutions réagissent humainement ? »

      Un appel dans le vide. Les années suivantes, dans les Hautes-Alpes et sur le versant italien des montagnes, ont été meurtrières, du fait de la répression et de la militarisation de la zone. Les associations s’accordent pour dire que 2018 a marqué l’apogée de ces épisodes de répression aveugle et de traitements « inhumains ». « Les vols, les violences envers les exilés, c’était quotidien en 2018 », dénonce la militante associative Agnès Antoine. Comme elle, beaucoup ont observé ce durcissement sur le terrain, lors des maraudes. « Cette politique ne pouvait qu’aboutir à ce genre de drame. »

      Cristina Del Biaggio, enseignante-chercheuse spécialiste des migrations et collaboratrice de Border Forensics dans leurs recherches, ajoute : « La mort de Blessing n’est pas un cas isolé, elle est le fait d’une conjoncture entre politiques et pratiques policières. »

      Lorsque la jeune nigériane les a franchies, les Alpes étaient déjà devenues une zone « transformée en environnement hostile par nos politiques migratoires ». Elles le sont toujours. Rien qu’en janvier 2022, les montagnes ont encore vu deux victimes. Fathallah Belafhail, marocain de 31 ans, et Ullah Rezwan Sheyzad, 15 ans, venu d’Afghanistan, sont décédés en essayant de rejoindre une nouvelle vie.

      https://basta.media/mort-de-Blessing-Matthew-a-la-frontiere-franco-italienne-un-temoignage-poin

    • La mort neuve de Blessing Matthew

      Personne ne fera revenir Blessing Matthew à la vie. Elle est morte noyée dans la Durance le 7 mai 2018 après avoir été coursée par les gendarmes. Une mort « accidentelle » d’après la justice qui avait, le 9 février 2021 déclarée un « non lieu » pour clore le procès intenté aux gendarmes par par sa famille et l’association « Tous Migrants » pour homicide involontaire, en quelque sorte une mort sans responsable, une mort anonyme parmi les 46 migrant.es décédé.es sur la frontière depuis la militarisation de celle-ci.
      Blessing Matthew était nigériane, elle portait un nom anglais que l’on pourrait traduire par « celle qui est bénie », ou encore par « bénédiction ». Elle était migrante et recherchait une terre « bénie ». Elle n’a trouvé ni liberté, ni égalité, ni fraternité encore moins de bénédiction. La mort, glaçante d’effroi, horrible dans sa suffocation nocturne, l’attendait au hameau de la Vachette.
      Un « non-lieu » comme une immense injustice. Pourtant, il y avait un lieu, la Durance. Pourtant, il y avait lieu, matière à poursuivre, rien qu’en considérant les témoignages contradictoires des gendarmes : elle est passée par là, non par ici et nous ailleurs ! Il y avait un témoin, son camarade de fuite mais il n’a pas pu parler, refoulé sans ménagement en Italie. L’Italie en tant que « non-lieu » pour l’oubli, un ailleurs voulu comme définitif sans un « au revoir » possible.
      « La seule chose que je veux, c’est la justice » affirme lors de la conférence de presse du 30 mai, la sœur de Blessing. « Que la justice se remette en route » demande Michel Rousseau au nom de « Tous Migrants ». Rouvrir l’instruction pour mettre la justice dans son cheminement véritable, celui de l’enquête impartiale. Des faits nouveaux le permettent.
      D’abord, le témoignage d’Hervé, celui qui fuyait avec elle, aussi apeuré qu’elle, mais qui a réussi à se cacher. Un témoin capital pour donner une « mort neuve » à Blessing Matthew. Ensuite, le travail méthodique, digne d’une enquête policière, mené par « Border Forensics » suit, point par point, les recoupements, les contradictions entre les récits des gendarmes et celui d’Hervé. Cette enquête est visible sur leur site : https://www.borderforensics.org.
      Le parquet de Gap a tous les éléments pour rouvrir l’instruction. Le fera-t-il ? Le devoir de justice le réclame : il est impossible de voler une deuxième fois la réalité de sa mort à Blessing Matthew.

      https://alpternatives.org/2022/06/02/la-mort-neuve-de-blessing-matthew

    • Réouverture de l’instruction dans l’affaire Blessing Matthew : le parquet de Gap ne se considère pas « compétent »

      Proches et association de la jeune nigériane morte noyée dans la Durance en mai 2018, à Val-des-Prés, espèrent rouvrir l’instruction judiciaire avec des « charges nouvelles ».

      dimanche 12 juin, le procureur de la République de Gap a fait savoir au Dauphiné Libéré « qu’après étude de la demande », il « considère que le parquet de Gap n’est pas compétent pour traiter la requête en réouverture d’une information judiciaire sur charges nouvelles » dans l’affaire de la mort de Blessing Matthew.

      Le 27 mai dernier, les avocats de la sœur de la jeune exilée, morte noyée dans la Durance le 7 mai 2018 à La Vachette (Val-des-Prés), et de l’association Tous migrants avaient déposé auprès du parquet gapençais une demande de « reprise de l’information judiciaire sur charges nouvelles ». Blessing Matthew, une Nigériane de 20 ans, était décédée après une tentative d’interpellation par des gendarmes mobiles alors qu’elle tentait de rejoindre Briançon depuis l’Italie avec deux autres personnes migrantes.

      Des nouveaux éléments à charge contre les gendarmes selon les proches de la victime

      Les proches de Blessing Matthew et Tous migrants ont toujours pointé l’action des forces de l’ordre comme étant responsable du décès de la jeune femme. Néanmoins, après une plainte classée sans suite, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble avait confirmé en février 2021 un non-lieu dans cette affaire.

      Fin mai, association et proche espéraient rouvrir l’instruction avec le témoignage – inédit jusqu’ici – d’Hervé S., l’un des migrants présents la nuit du drame ; et avec une contre-enquête menée par l’ONG Border Forensics.

      « Seul le procureur général est compétent »

      Cependant, le procureur de Gap Florent Crouhy a décidé de ne pas trancher lui-même la réouverture ou non de l’instruction. « En effet, ce dossier a fait l’objet d’un non-lieu par arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble en date du 9 février 2021, rappelle-t-il.

      https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2022/06/12/reouverture-de-l-instruction-dans-l-affaire-blessing-matthew-le-parquet-

      #compétence

    • Mort de Blessing Matthew : le procureur de Gap se dit incompétent pour rouvrir une information judiciaire

      La migrante nigériane avait été retrouvée morte dans la Durance en 2018 lors d’un contrôle de gendarmerie après avoir franchi la frontière italienne. La justice a décidé par deux fois de prononcer un non-lieu dans ce dossier.

      Me Vincent Brengarth a annoncé la couleur fin mai, évoquant « un témoignage de nature à rebattre totalement les cartes » dans l’affaire Blessing Matthew. L’avocat de la sœur de la migrante nigériane, qui s’était noyée dans la Durance (Hautes-Alpes) lors d’un contrôle de gendarmerie en 2018, affirme avoir retrouvé un des témoins de la scène, dont le récit inédit diffère de la version des forces de l’ordre.

      À la lumière de ce témoignage, l’avocat a effectué une « demande de réouverture d’information judiciaire » auprès du procureur de la République de Gap. Interrogé par BFM DICI, Florent Crouhy a indiqué ce dimanche qu’il se déclarait incompétent pour traiter la requête émise par Me Vincent Brengarth, rappelant que ce dossier « a fait l’objet d’un non-lieu par arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble en date du 9 février 2021 ».

      La justice a à deux reprises estimé qu’aucun élément ne permettait d’étayer les accusations d’homicide involontaire, de mise en danger de la vie d’autrui et de non-assistance à personne en danger visant les gendarmes.

      L’avocat redirigé vers le procureur de la cour d’appel

      Selon Florent Crouhy, « seul le procureur général est compétent pour apprécier l’opportunité d’une réouverture sur charges nouvelles et en saisir la chambre de l’instruction ». Le procureur de la République de Gap précise ainsi avoir invité Me Vincent Brengarth à se rapprocher du procureur général de la cour d’appel de Grenoble pour lui faire part du nouveau témoignage.

      Celui-ci provient d’Hervé, un membre du « groupe d’exilés pourchassés par les gendarmes » après avoir été expulsés vers l’Italie, a annoncé Me Vincent Brengarth lors d’une conférence de presse suivie par l’Agence France-Presse (AFP) au moment du dépôt de la requête.

      « Il a vu que Blessing Matthew cherchait à se cacher. Il y a eu de façon évidente un contact avec l’un des gendarmes. (...) Il dit : ’J’ai vu le (gendarme) la saisir par le bras, elle se débattait, ils se tiraillaient’ », a-t-il développé.

      « Que justice soit rendue »

      Des paroles qui jettent à ses yeux une lumière sur « les différentes incohérences » qui se dégagent des récits des gendarmes. Et l’avocat de surenchérir : « On a le sentiment que les investigations n’ont jamais véritablement été menées à leur terme ».

      Christiana Obie Darko, la sœur de la victime, s’était également exprimée au cours de cette conférence de presse, fin mai : « Tout ce que je veux, c’est que justice soit rendue pour ma sœur, pour qu’elle puisse reposer en paix ».

      Avant l’apparition de la version d’Hervé, le parquet de Gap avait affirmé que « les circonstances précises dans lesquelles (Blessing Matthew) aurait chuté dans la Durance demeurent inconnues en l’absence de témoignage direct ».

      https://www.bfmtv.com/bfm-dici/mort-de-blessing-matthew-le-procureur-de-gap-se-dit-incompetent-pour-rouvrir-

  • "#Vidas_sin_rasto" : Pour les droits des personnes décédées et disparues à la frontière Sud et ceux de leurs familles

    #MANIFESTE POUR LES DROITS DES PERSONNES DECEDEES ET DISPARUES A LA FRONTIERE SUD ET CEUX DE LEURS FAMILLES

    Le nombre de personnes qui décèdent le long des routes migratoires, depuis les pays d’origine jusqu’à l ’Europe, via l’Espagne et la #frontière_sud est incommensurable. Il ne cesse de croître. Les données de l’année dernière (2021) le prouvent, puisqu’on estime à 2.126 au moins les personnes mortes ou disparues sur cette route migratoire vers l’Espagne, c’est-à-dire 24% de plus que l’année passée [1].

    Ce chiffre est le plus élevé depuis qu’a été enregistré officiellement le premier décès, en 1988, sur la plage de Los Lances (Tarifa, Cadiz). Un total de 12.2082 [2]vies tragiquement perdues, en un peu plus de trente ans. Un bilan qui aurait pu être évité. Les politiques migratoires actuelles, basées sur l’externalisation et la militarisation des frontières, ainsi que l’absence de voies sûres et légales, sont responsables du fait que des personnes s’engageant dans un projet migratoire ne parviennent pas toutes à destination. De nombreuses familles cherchent à savoir si leur proche est arrivé, s’il a péri en mer Méditerranée ou s’il a disparu dans l’océan atlantique.
    Une famille cherchant un proche est confrontée à des obstacles insensés. Le plus souvent, les réponses dépendent de la bonne volonté des individus engagés à titre personnel plus que des politiques ou des moyens qui devraient pourtant garantir les droits, à la frontière sud, des personnes décédées, disparues et de leurs familles.

    Cette absence de protection institutionnelle et de cadre légal, qui tiendrait compte de la dimension transnationale, fragilise les droits fondamentaux et affecte la dignité humaine, les droits post mortem et le droit des familles à connaître la vérité. Inaction et opacité volontaires punissent et torturent les unes, les familles, déshumanisent les autres, ceux et celles qui ont décidé, contraints ou non, d’entreprendre ce parcours migratoire.

    Nous exigeons de l’État espagnol qu’il défende clairement, devant les institutions européennes, un autre modèle migratoire, basé sur les droits et sur la mise en place de voies légales et sûres, afin d’en finir avec les souffrances, les morts et les disparitions à la frontière sud.

    Il s’agit, de manière urgente, immédiate :
    1. D’instaurer un bureau des personnes décédées et disparues, qui puisse apporter aide et soutien aux familles, tant en ce qui concerne les plaintes, la recherche et la localisation des proches, qu’en ce qui concerne le processus d’identification des corps.

    2. D’adapter le cadre juridique existant, en matière de disparition à la réalité transnationale des migrations, dans l’objectif de simplifier les démarches administratives dans lesquelles les familles sont quotidiennement prises.

    3. De mettre en place des protocoles, et d’adapter les outils et ressources des instituts de médecine légale dans le souci d’un traitement équitable en ce qui concerne l’identification des morts de la migration : les proches ont le droit de connaître la vérité, quel que soit le lieu où le corps a été retrouvé.

    4. D’établir un protocole spécifique concernant des banques de données ADN. En étroite coordination et dans un esprit de coopération avec les pays d’origine, ce protocole doit servir à la recherche, à la localisation et l’identification des personnes décédées à la frontière sud, et à garantir la comparaison systématique de l’ADN de la personne décédée et de celui de ses proches.

    5. D’offrir, sur la spécificité de ces réalités migratoires et des besoins des familles des personnes décédées et disparues, des formations aux fonctionnaires de l’Administration publique et aux associations et entités engagées dans le processus migratoire.

    6. D’établir des accords avec les pays d’origine et de transit pour veiller conjointement aux droits des personnes décédées ou disparues, de ceux de leurs familles, par la mise en œuvre de mesures de soutien et d’accompagnement nécessaires, aussi nombreuses soient-elles.

    7. D’entériner les engagements pris par la signature des pactes internationaux, et de garantir les moyens nécessaires à leur mise en œuvre en ce qui concerne la sauvegarde de la vie.

    https://migreurop.org/article3105.html

    #campagne #décès #mourir_aux_frontières #migrations #réfugiés #frontières #morts #ceux_qui_restent #celleux_qui_restent

  • Report a Missing Migrant

    If you know someone who went missing crossing the U.S.-Mexico border, please fill out this form as a first step to submitting a missing persons report with the Colibrí Center for Human Rights.

    If you wish to report someone in the desert who is in need of emergency assistance, please call 911. If you wish to report someone who disappeared in recent days or weeks, please see our “Active Search” guide before filling out the form.

    Once you complete and submit this online form, #Colibrí staff will be in touch with you to take the full report. It may take up to a week for you to receive this call, but you can be sure that Colibrí staff will call you back as soon as possible.

    Colibrí staff take every precaution to ensure the privacy and security of families. The information you report will remain confidential and will only be used to find missing people and help identify people who have died. Colibrí is not a law enforcement agency and does not inquire about immigration status.

    Colibrí does not charge for its services. All of its efforts are completely free for the families.

    If your loved one disappeared crossing the border through California, New Mexico, Texas, or within Mexico, please understand that Colibrí has limited ability to help find your loved one. Even so, Colibrí would like to include you in the Family Network, where you might find support.

    https://colibricenter.org/missing-migrant-form

    #missing_migrants #formulaire #décès #morts #frontières #migrations #réfugiés #database #base_de_données #USA #Mexique #morts_aux_frontières #Colibri #recherche #celleux_qui_restent

  • La #marchandisation des #frontières - Comment la #militarisation de l’UE alimente les réseaux de trafic entre l’#Afrique_du_Nord et l’#Espagne

    Ces dernières années ont été marquées par de très nombreuses traversées du nord du Maroc vers le sud et vers le Sahara occidental. De manière concomitante, les personnes impliquées dans les trafics illégaux ont également étendu leurs réseaux vers le sud. Cependant, ce changement n’est pas seulement d’ordre géographique mais aussi, et de manière substantielle, de nature. Jusqu’en 2019, où la militarisation des frontières du nord a atteint un pic, les traversées était organisées de manière relativement décentralisée ou collective : un groupe d’ami·es se rassemblait pour acheter un canot pneumatique pour traverser le détroit de Gibraltar, ou bien des groupes plus importants organisaient le passage des barrières de Ceuta et Melilla. L’hyper sécurisation des frontières du nord, orchestrée par l’Union européenne, a privé les voyageur·ses de ces modes d’organisation horizontaux. Désormais, ils doivent compter sur des réseaux de trafic de plus en plus centralisés. Ainsi, cette militarisation a non seulement favorisé des organisations qui sont plus verticales, mais elle a aussi diminué le nombre d’itinéraires possibles pour les voyageur·ses. Cela débouche sur une demande accrue vers une offre réduite d’itinéraires, et, en conséquence le marché est inondé de services de maigre qualité : des voyages avec un mauvais équipement ou dans des conditions météo dangereuses. Ce qui augmente le taux de décès. Ce phénomène est illustré, entre autres, par la prévalence actuelle des canots pneumatiques sur la route de l’Atlantique. Les membres d’Alarm Phone Maroc signalent également la hausse du prix d’un voyage, qui est passée d’environ 200 à plusieurs milliers d’euros, voire jusqu’à 5000 euros. Le fait que des personnes soient prêtes à payer ces sommes est révélateur autant de leur désespoir que de l’absurdité du discours de l’Union européenne : qui choisirait de payer 2000 euros s’iel pouvait avoir un visa pour 200 euros, soit un dixième ? Ces personnes ne « choisissent » pas de payer des passeurs – iels n’ont pas d’autre solution.

    Une autre représentation erronée est celle selon laquelle le cœur du problème serait les « passeurs ». Comme le montre cette analyse sur plusieurs régions, ce type de trafic des frontières ne serait pas possible sans une corruption d’état bien enracinée. Il faut donner de l’argent à des auxiliaires de police marocains qui patrouillent le long de la côte. Pour certaines traversées (notamment, les dénommés « Voyages VIP »), des personnes de la Marine marocaine sont payées pour ne pas faire d’interception. Des fonctionnaires espagnols, également, ont la réputation de recevoir de l’argent en sous-main, en particulier aux frontières des enclaves de Ceuta et Mellila – secteur où le trafic a quasiment disparu ces deux dernières années car le Covid-19 a provoqué la fermeture des frontières terrestres. Les réseaux du trafic s’étendent de chaque côté des frontières. Ils impliquent la population locale, des entreprises et les autorités sur les deux rives de la Méditerranée. Et n’oublions pas que le principal bénéficiaire du trafic aux frontières a toujours été et sera toujours l’économie europénne. Sans la main-d’œuvre bon marché des exilé·es, qui cultiverait les champs au sud de l’Europe, qui nettoierait les toilettes, qui garnirait les rayons des entrepôts ?

    Aussi, à Alarm Phone, nous faisons une analyse plus nuancée des « passeurs » et de leur rôle. Au fil des ans, nous avons rencontré des personnes très différentes impliquées dans le trafic aux frontières : celles qui gagnent de l’argent en organisant des voyages en bateau parce qu’elles n’ont pas d’autre source de revenus stables, celles qui organisent même gratuitement des voyages par bateau pour des personnes vulnérables (par exemple des femmes et des enfants), mais aussi celles qui exploitent avec brutalité les besoins d’autrui pour s’enrichir. Voici pourquoi nous utilisons des termes plus nuancés que celui de « passeurs ». Dans les communautés des voyageur·ses, les organisateurs sont appelés « Chairman ». En effet, il s’agit souvent de personnes qui, outre leur rôle d’organisateurs, jouissent d’une forte reconnaissance au sein de leur communauté, et gèrent une sorte d’agence de voyage. Ce sont bien des trafiquants, et nous n’hésiterions pas à les nommer ainsi et à dénoncer des pratiques d’exploitation si nous les rencontrions. Mais il y a toujours eu des agents de voyage qui font de leur mieux pour offrir un service indispensable. C’est pourquoi nous utilisons dans ce rapport les trois désignations (trafiquant, agent de voyage, Chairman), selon le contexte.

    Le rapport qui suit met en évidence le fonctionnement du trafic des frontières dans différentes régions en Méditerranée occidentale et sur la route Atlantique. Nous espérons qu’il montrera comment le vrai problème du commerce des frontières ne réside pas dans les trafiquants individuels et les agents de voyage. Si le commerce des frontières est florissant, c’est lié à deux facteurs étroitement associés, a) des politiques frontalières racistes de l’Union européenne, qui ne permet pas d’itinéraire légal, militarise les frontières et pousse les migrant·es à avoir recours à des réseaux centralisés et souvent basés sur l’exploitation, b) les structures capitalistes qui permettent aux fonctionnaires d’état et aux populations locales de s’enrichir et aux économies européennes de prospérer.
    2 Nouvelles des régions
    2.1 La Route de l’Atlantique
    Le commerce des frontières entre le Sahara occidental, le Maroc et les Îles Canaries.

    Au cours des dernières années, le commerce sur la Route de l’Atlantique a explosé. C’est une conséquence directe de la fermeture des itinéraires plus au nord. Les trafiquants et les agents de voyage qui auparavant travaillaient dans le nord se sont désormais installés dans le Sahara occidental : « Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de “Chairmans” qu’en 2019. En raison des gros changements à Tanger et Nador, les Chairmans qui y travaillaient sont maintenant ici [au Sahara occidental] et des intermédiaires sont eux aussi devenus des Chairmans, explique A. d’Alarm Phone Maroc.

    Ces trafiquants et ces agents de voyage ont également déplacé leurs réseaux de recrutement. De nombreux passagers qui quittent le Sahara occidental ou le sud du Maroc n’y vivent pas, en fait : iels sont dans des camps et des quartiers habités par des migrant·es, à Tanger, Casablanca, Nador, etc. et ne se déplacent vers le sud que quelques jours avant leur départ. Le recrutement pour les passages se fait de bouche à oreille. En général, ce sont des Sub-saharien·nes fraîchement arrivé·es en avion de leur pays d’origine, des personnes vivant dans les villes mentionnées ci-dessus, ou bien des voyageur·ses marocains, surtout ceux et celles des régions les plus pauvres. Les trafiquants et les agents de voyage,quant à eux, ne vivent pas non plus près des lieux de départ, mais résident ailleurs.

    Le pic énorme de la demande, depuis 2020, a provoqué une forte hausse des bénéfices des trafiquants. Lors d’un entretien exceptionellement accordé au journal La Vanguardia, un agent de voyage marocain nous a dit qu’il gagnait € 70 000 en deux mois seulement. L’augmentation de la demande, cependant, a également pour conséquence la vente par des opérateurs douteux de services d’une qualité encore inférieure à ceux qui sont sur le marché, et qui sont déjà peu adéquats et dangereux. Comme l’explique B., militant d’Alarm Phone, « en même temps, les passagers sont plus souvent plumés par des organisations malhonnêtes, et ces voyages mal préparés provoque de nombreux décès et la disparition de bateaux ».

    Selon un agent de voyage, il faut verser environ €20 000 par voyage pour le carburant et l’équipement, alors que celui-ci doit être fourni par les agents de voyage (bateau en bois, coque en fibre ou en aluminium, dispositif de navigation, etc.). Il faut souvent y ajouter €10 000 pour la corruption de fonctionnaires. A., militant de Laayoune, explique comment les trafiquants collaborent avec des autorités de l’état susceptibles d’être corrompues :

    « Les bateaux qui partent d’ici, Laayoune ou Tarfaya, vous devez payer les garde-côtes, la police militaire. Si vous ne le faites pas, vous ne pouvez pas trouver un lieu de départ, puisqu’il y a un poste de contrôle tous les deux kilomètres. Les Marocains qui travaillent avec les trafiquants [sub-sahariens] vont s’arranger pour que les policiers soient payés et donc ne regardent pas quand des migrants embarquent ».

    Ceux et celles qui peuvent payer plus, pour ce qu’on appelle un voyage VIP (en général entre € 3000 et € 5000), peuvent embarquer pour une traversée grâce à des « cadeaux » plus importants, et éviter ainsi d’être interceptés non seulement près des côtes mais aussi plus loin en mer. Le voyageur ou la voyageuse ordinaire paye habituellement entre € 2000 et € 2500 pour une place sur un bateau. S’iel veut acheter plusieurs essais en un seul paiement (la version dite « garantie », le prix est plus élevé, € 3000 ou plus.

    En outre, le réseau de corruption entre les trafiquants bien rémunérés et des fonctionnaires est dense, et s’étend bien au-delà des départs de bateau. Quand des trafiquants sont arrêtés, ils encourent en général une peine entre 5 et 20 ans de prison. Mais la règle est différente pour les riches. Les trafiquants peuvent verser un gros “cadeau” et quitter la prison après quelques mois seulement. Cela signifie que les agents de voyage qui purgent vraiment leur peine de prison ne sont le plus souvent que du menu fretin. Il est intéressant de noter ce que l’agent de voyage de Dakhla interviewé par La Vanguardia en dit :

    « Pour la police et pour nous, les « trafiquants », la migration est intéressante. Nous gagnons de l’argent ensemble. Tous les deux ou trois mois, ils arrêtent un trafiquant pour montrer qu’ils font leur travail, mais je n’ai pas peur, j’ai de bons contacts ».

    Bien sûr, ces réseaux ne se limitent pas à la police (militaire) et aux trafiquants. Récemment un salarié de Caritas Meknès a été accusé d’avoir participé au trafic et d’avoir reçu sur son compte en banque personnel de substantielles sommes d’argent au cours des dernières années. Inutile de le préciser, la corruption flambe des deux côtés de la Méditerranée, avec des résidents locaux qui font partie des réseaux de trafic actifs dans les Îles Canaries. Ceci est bien illustré par le cas des bateaux et des moteurs abandonnés dans le port d’Arguineguin, Grandes Canaries. Une fois que les bateaux ont été remorqués au port par Salvamento Maritimo, les moteurs et le carburant sont volés et revendus pour € 300, puis ré-exportés vers la Mauritanie et le Sénégal par des petites entreprises espagnoles, par exemple des sociétés de matériel électronique, puis revendus dans les pays de départ jusqu’à €4000. Début octobre, un réseau de ce type, qui impliquait des travailleurs locaux du port d’Arguineguin ainsi que des habitants des villes voisines a été démantelé par les autorités espagnoles, lors de la découverte d’un conteneur avec 52 moteurs. Pendant longtemps, les autorités locales ne se sont pas préoccupées de ces bateaux et moteurs abandonnées, et ont laissé s’installer une espèce de cimetière de bateaux. L’automne dernier, le Ministre de l’intérieur a sous-traité avec une société la destruction de ces bateaux. Depuis, un peu plus 100 de ces bateaux ont été détruits pour la somme de € 60 000.

    Si nous abordons le commerce des frontières sur la route de l’Atlantique, nous ne pouvons pas ignorer les bateaux qui transportent de la drogue. Ils représentent une part très lucrative du modèle économique associé aux réseaux de trafic au Maroc et en Espagne. Ces navires, cependant, qui arrivent en général à Lanzarote, ne contactent jamais Alarm Phone : en conséquence, nous ne les intégrerons pas dans cette analyse.
    Traversées & Sauvetages : un mur invisible en Atlantique

    Cette nouvelle année a vu une augmentation supplémentaire des traversées et des arrivées. En tout, pour la région Ouest Méditerranée et Atlantique, 7430 personnes ont réussi à traverser en janvier et février. Pour mémoire, il y a eu 3915 arrivées sur la même période en 2021. Ce bond des arrivées est encore plus net sur la Route des Canaries, où l’arrivée de 5604 personnes, jusqu’à maintenant pour cette année, constitue une hausse de 119% par rapport aux deux premiers mois de 2021.

    Comme ces chiffres le montrent, les voyages jusqu’aux Îles Canaries représentent 3/4 de toutes les arrivées en Espagne. La route de l’Atlantique est toujours l’itinéraire le plus meurtrier vers l’Europe, avec une estimation de plus de 4404 décès et personnes disparues en 2021, selon le collectif Caminando Fronteras. Des naufrages importants continuent à se produire, pour les mêmes raisons que nous avons expliquées en détail dans nos rapports précédents. Par exemple, des bateaux se perdent en mer et disparaissent complètement (comme les 52 personnes qui ont quitté Tarfaya le 4 janvier ou les 60 personnes qui sont également parties la première semaine de janvier) ou par chance, sont secourus dans des lieux très éloignés (par exemple le bateau gambien avec 105 survivants et 17 décès, qui a été secouru à 800 km au sud des Canaries après 19 jours en mer en décembre ou les 34 personnes qui ont quitté Dakhla le 3 novembre, dont seulement 20 ont survécu aux trois semaines en mer). Une autre raison est que de nombreux bateaux rencontrent des problèmes peu après avoir quitté les côtes marocaines ou sahariennes. Ceci tient au choix des organisateurs, qui utilisent du matériel défectueux ou tout simplement ne prennent pas en compte les conditions météo. Par exemple, nous voyons de nombreux cas de canots pneumatiques percés ou de pannes de moteur.

    Ces deux problèmes sont liés à l’indifférence des autorités. Dans plusieurs cas, Alarm Phone a alerté les autorités marocaines rapidement, mais les opérations de secours ont été retardées de plusieurs heures avec pour conséquence de terribles tragédies. Nous portons le deuil des 45 personnes (43 par noyades, 2 à l’hôpital) lorsque la marine marocaine n’a pas réagi au naufrage de 53 personnes le 16 janvier et celui des quatre personnes que l’on a laissé se noyer le 6 février, parce que MRCC Madrid a délégué la responsabilité du sauvetage à Rabat, qui ne l’a pas organisé assez tôt.

    Ce cas met en évidence une orientation politique très troublante concernant l’Atlantique : la création d’un mur invisible en mer. Alarm Phone constate une tendance : de plus en plus d’opérations SAR sont déléguées aux autorités marocaines, bien que les bateaux soient dans la zone de chevauchement des deux zones SAR. En considérant que les bateaux qui relèvent à la fois de la responsabilité des autorités espagnoles et marocaines sont le problème de Rabat, l’état espagnol, en fait, applique une politique d’interception « où cela est possible ». Ceci peut être une réaction à la hausse du stock de téléphones satellites des agents de voyage. Depuis l’été dernier, de plus en plus de bateaux en ont été équipés. Avec un téléphone satellitte, les voyageur·ses en mer peuvent appeler les autorités et Alarm Phone et donner leur position GPS exacte. Cependant, dans plusieurs cas, quand la position GPS donnée est dans la zone SAR dont le Maroc revendique aussi la responsabilité dans le cadre de leur occupation du Sahara Occidental, des interceptions ont été organisées conjointement par les autorités espagnoles et marocaines.

    La création de ce mur invisible n’est pas la seule évolution inquiétante. La route de l’Atlantique est également en train de s’étendre vers le nord. Certaines communautés marocaines ont commencé à organiser des départs depuis des villes aussi lointaines qu’Al Jadida (près de Casablanca). Cela représente un voyage de 650 km vers le sud jusqu’à Lanzarote. De même, pendant cette période, certains sauvetages ont eu lieu très au nord des Canaries, comme celui de 35 personnes à 210 km au nord-est de Lanzarote, le 18 janvier.

    Les bateaux partent également toujours de plus loin au sud, mais moins souvent qu’à la fin de 2020. En 2021, 55% de tous les bateaux qui sont arrivés aux îles Canaries étaient partis du Sahara occidental, 26% du sud du Maroc, par exemple de Tan-Tan ou Guelmim. Cela correspond également à une baisse du pourcentage des voyages en provenance des pays du Sud. Maintenant, seulement un cinquième de toutes les arrivées sont des bateaux partant de la Mauritanie, de la Gambie, du Sénégal. La plupart des départs se font entre Boujdour et Tan-Tan, ce qui explique la très forte proportion d’arrivées vers la partie est des îles Canaries. Lanzarote, Fuerteventura et Gran Canaria reçoivent la quasi-totalité des arrivées. La moitié des voyageur·ses sont des ressortissant·es marocain·es, suivie par la Guinée, le Sénégal, la Côte d’Ivoire. Pour les voyageur·ses marocain·es, les expulsions ont repris après la réouverture des frontières par le Maroc début février.

    Les services d’accueil à Lanzarote sont connus pour être saturés. L’acheminement d’un plus grand nombre de bateaux secourus vers le port d’Arguineguin, à Gran Canaria, et le transfert des migrant·es vers Fuerteventura ne changent pas faire grand-chose à la situation. Jusqu’à très récemment, à leur arrivée dans le port d’Arrecife, les voyageur·ses étaient conduit·es dans un bâtiment industriel situé à quelques kilomètres de la ville et se voyaient attribuer un espace dans cet ancien entrepôt industriel. Les gens étaient retenus pour en quarantaine pendant 72 heures, et testés pour le Covid-19. Les conditions de détention étaient inhumaines : pas de lits convenables, pas d’intimité, pas de douches et pas d’espace sécurisé pour les mineur·es et les femmes. Des militant·es et des défenseur·ses des droits de l’homme ont fait campagne contre la “nave de la vergüenza“, l’”entrepôt de la honte”, et se sont plaints des conditions inhumaines auprès des autorités et d’un médiateur, qui ont à leur tour demandé la fermeture de cet espace. Au moment où nous finalisions ce rapport, le ministère de l’Intérieur a annoncé que la “nef” avait été vidée et que les nouveaux·elles arrivant·es seraient conduit·es au centre d’hébergement temporaire (CETI en espagnol) situé juste en face. Reste à savoir si cela se traduira par un changement significatif et un hébergement décent.

    2.2 Tanger, Ceuta et le détroit de Gibraltar : Une diminution des départs

    L’augmentation des traversées vers les îles Canaries s’est accompagnée d’une diminution des tentatives depuis Tanger, une route autrefois très fréquentée. Il y a environ 5 ans, tous les un ou deux mois, on entendait encore parler de Boza (arrivée) de 1 à 2 bateaux. Mais depuis le Covid-19 et, ajouté à cela, la fermeture des frontières, on n’entend plus beaucoup parler de Boza à Tanger.

    Sur la période de ce rapport, Alarm Phone n’a observé que 3 cas autour de Tanger. Le 5 novembre, sept personnes en détresse à l’Est de Tanger sont rentrées au Maroc de manière autonome. Le 9 novembre, un bateau avec 13 personnes à bord (dont 1 femme) a été intercepté par la Marine Royale, et le 12 décembre, 3 autres personnes ont été interceptées. Le seul cas du début de l’année 2022 s’est cependant avéré être un Boza. Le 10 janvier, Alarm Phone a été informé que 3 personnes étaient parties de Fnideq, près de Ceuta, dans un kayak en plastique. De l’eau pénétrait dans l’embarcation. Alarm Phone a informé les autorités mais a perdu le contact avec le bateau. Le lendemain, le syndicat CGT Salvamento Maritimo a annoncé que trois Marocains avaient été secourus et emmenés à Algeciras.

    L’une des principales raisons de la rareté des départs et de la rareté encore plus grande des réussites réside dans le fait que les autorités marocaines ont renforcé la sécurité et intensifié la militarisation de la frontière. Les personnes subsahariennes en exil vivent dans un état d’insécurité au Maroc car les attaques contre les personnes perçues comme migrant·es sont fréquentes. K., militant·e d’Alarm Phone à Tanger, rapporte :

    “La vie quotidienne est pleine de problèmes et vous êtes soumis à une répression massive. Les violations quotidiennes des droits de l’homme et les arrestations arbitraires vous laissent dans un état constant de panique ou d’anxiété. Mais la réalité est que, même face à toutes ces politiques, les gens ne désespèrent pas et cherchent toujours des moyens de voyager, mais la situation devient de plus en plus difficile pour les personnes en déplacement”.

    Cela entraîne une perte d’espoir et pousse de nombreuses personnes à se rendre à Laayoune, où les attaques et les arrestations ne sont pas aussi fréquentes et où il est encore possible d’effectuer la traversée.

    Les Marocain·es travaillant dans les associations qui organisent la continuité des voyages dans le nord du pays ne sont plus très actif·ves, en raison du renforcement de la sécurité et de la militarisation des frontières. Dans le Nord, ce ne sont plus que des petits groupes de personnes qui organisent le voyage, peut-être en raison d’un manque de demande. Parfois, ceux qui tentent de passer en Europe sont interceptés par la Force Auxiliaire (police militaire) sur terre ou par la Marine Royale en mer. Lorsque des personnes sont en détresse ou en danger en mer, la Marine Royale est contactée, mais il arrive souvent qu’elle n’arrive pas à temps.

    Des personnes en exil à Tanger nous ont dit que les prix pour les voyages depuis le Nord-Ouest sont variables, mais il est évident que la militarisation de la région a entraîné une augmentation massive des prix, et la professionnalisation du commerce frontalier. Pour les petits bateaux auto-organisés, chaque personne contribue entre 150 et 250 euros, mais le prix peut atteindre 500 à 750 euros. Les prix dépendent de la taille et de la qualité du matériel. Mais en raison de la militarisation massive de la zone frontalière de Tanger, il est désormais presque impossible d’organiser des voyages entre ami·es. Les gens continuent à faire la traversée, mais, en raison de l’augmentation de la surveillance des frontières, les voyageur·ses sont devenu·es dépendant·es de structures centralisées et paient entre 4000 et 6000 € pour le voyage. Ce prix est exorbitant, et montre que non seulement les voyageur·ses doivent rassembler eux-mêmes des sommes importantes, mais aussi qu’il permet à toutes les personnes impliquées dans ce trafic de réaliser de gros profits. Le prix représente un bon salaire pour les trafiquants, bien sûr, mais ils ne sont pas les seuls à en tirer profit. Lorsqu’il s’agit de corrompre la Marine Royale, pour les grands groupes, les chiffres sont énormes. Les chiffres qui nous ont été rapportés sont de l’ordre de 30 000 à 50 000 € pour les bateaux à moteur, mais les pots-de-vin peuvent atteindre 70 000 à 100 000 €.

    Il est clair que les gains réalisés grâce à cette augmentation absurde de l’action de l’armée et de la police se font au détriment des voyageurs : “C’est un non-sens absolu. C’est devenu un gagne-pain pour de nombreuses personnes. L’UE et le Maroc ont fait de l’exil un commerce vraiment rentable” commente K. de Tanger.
    2.3 Nord-est du Maroc : La répression continue dans la région de Nador

    Les forêts autour de Nador restent soumises à de fréquentes descentes de police, à la répression de l’État et à la violence envers les personnes Noires. Dans le cadre de cette répression, de nombreux·ses intermédiaires subsaharien·nes ont été arrêté·es ces dernières années.

    Les conditions de vie dans les camps sont loin d’être sûres. Le 24 janvier, elles ont entraîné la mort de 3 enfants. Ils sont morts étouffés après que leur abri de fortune en bâche ait pris feu dans la forêt de Gourougou (nord-ouest du Cimetière Sidi Salem, Nador). Leur mère, Happiness Johans, est décédée à l’hôpital quelques jours plus tard. En réaction, l’AMDH Nador a écrit une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur pour demander que les personnes en exil soient autorisé·es à louer des maisons à Nador.

    Nador est non seulement un point de rassemblement pour les communautés de voyageur·ses subsaharien.nes, mais aussi un point de départ pour les ressortissant·es marocain·es qui se rendent en Espagne. Ils et elles souffrent également de la répression. Les arrestations et les expulsions inhumaines de mineur·es marocain·es à Nador continuent. L’AMDH de Nador rapporte que le 1er janvier, près de 80 mineur.es et jeunes non accompagné·es ont été embarqué·es de force dans des bus et emmené.es à Casablanca. Aucun·e d’entre eux·elles n’était originaire de cette ville.

    Les ressortissant·es marocain·es continuent de se rendre en Espagne continentale par voie maritime, mais ils et elles s’organisent très différemment des voyageur·ses subsaharien·nes. La région du Rif ne fait pas exception. Plutôt que des équipes professionnelles, ce sont des ami·es qui se réunissent pour planifier et organiser la traversée. Ils et elles mettent en commun leurs ressources pour obtenir l’équipement nécessaire et, dans certains cas, pour soudoyer les officiers militaires qui surveillent les zones de départ. Les ami·es et les membres de la famille peuvent également fournir un soutien matériel pour le voyage. Comme nous ne disposons pas d’autres informations concrètes sur la manière dont les ressortissant·es marocain·es parviennent à surmonter le système frontalier, et de même pour d’autres communautés, par exemple les ressortissant·es syrien·nes et yéménites, nous pouvons seulement décrire la manière dont les voyageur·ses subsaharien·nes passent par Nador.
    Le commerce frontalier autour de Nador : Les prix ont augmenté de façon spectaculaire

    Le système établi autour du passage vers l’Europe via Nador a connu des changements fondamentaux au fil des ans. Les prix ont augmenté de façon spectaculaire pour les voyages à partir de cette région. Un membre local d’Alarm Phone, qui vit dans les forêts de Nador depuis 2001, se souvient que jusqu’en 2010, on pouvait obtenir une place dans un bateau pour seulement 300 €. Puis, entre 2010 et 2014, un nouveau système a vu le jour dans les forêts : le système “garantie” Les gens voyagent désormais avec “garantie”. Ils et elles effectuent un paiement unique plus élevé, mais sont assuré·es d’avoir autant de tentatives de traversée qu’il en faut pour atteindre l’Europe. Il s’agit peut-être d’une réponse aux taux d’interceptions élevés, tant sur terre que sur mer. Il faut désormais souvent plusieurs tentatives pour réussir la traversée. Le prix de la “garantie” est passé à 1500 euros. Vers 2018, les prix sont montés jusqu’à 3 500 € et, pour une femme avec des enfants, jusqu’à 4 500 €.

    Pour comprendre comment les prix sont déterminés dans les forêts, il faut savoir que les négociations se font par le biais d’intermédiaires au sein des communautés subsahariennes. Ces intermédiaires rencontrent régulièrement les président·es des différentes communautés subsahariennes. Ils travaillent également avec des organisateur·ices de départs marocain·es. L’agent·e marocain·e demande aux intermédiaires une somme par tête pour organiser les bateaux. Cette somme est payée par le ou la futur·e passager·e, qui doit également verser une commission à l’intermédiaire.

    L’agent·e et l’intermédiaire négocient le prix par tête. Les voyageur·ses uni·es pourraient exercer une grande influence sur les agent·es dans ces négociations, car les Marocain·es n’ont aucun autre lien avec leurs client·es potentiel·les. Mais la loi de l’offre et de la demande favorise les trafiquant·es. Les possibilités de voyage, les places dans les canots pneumatiques, se font rares depuis quelques années maintenant et certaines communautés subsahariennes ont accepté de payer des sommes plus élevées aux trafiquant·es marocain·es afin de s’assurer une place. Cela a entraîné une hausse des prix au niveau mondial. Il s’agit d’une activité très rentable pour les agents de voyage.

    Nous savons que, face aux hausses de prix exorbitantes, les communautés ont tenté d’organiser elles-mêmes leurs voyages afin d’exercer une pression pour faire baisser les prix. Néanmoins, contrairement à la situation d’un Etat où la loi aurait permis à un syndicat de maintenir les prix à un niveau abordable, la criminalisation du commerce a mis les acheteur.euses à la merci d’un marché absolument non réglementé. Dans un contexte où le client se voit menacé de ne pas partir ou d’être tabassé s’il ne règle pas le montant d’avance, c’est le vendeur qui détient tout le pouvoir. Il n’est pas surprenant que des tentatives de négociations collectives au sein de groupes de client.es disparates aient échoué. Aujourd’hui, un.e candidat.e à la traversée est susceptible de payer jusqu’à 2600 euros d’avance au passeur et 900 euros à l’intermédiaire pour une place dans un bateau, aux côtés de 59 autres voyageur.euses.

    Les chefs des communautés ainsi que les intermédiaires ont toujours eu accès à une liste de personnes vivant dans les forêts et n’ayant pas les moyens de payer pour le voyage, c’est-à-dire souvent des mères seules, mais aussi d’autres personnes n’étant pas en mesure de rassembler assez d’argent. Les chefs notent également les noms de “celles et ceux qui ne posent pas problème” dans les camps, c’est-à-dire des personnes qui suivent les codes et les règles destinées à assurer la sécurité de la communauté dans ces camps. Progressivement, au fil des années, des places gratuites ont été libérées pour ces personnes à bord des bateaux. Les prix ayant aujourd’hui atteint de tels montants, pouvant aller jusqu’à 3500 euros pour une place, cette forme de solidarité n’est plus réalisable. La situation des personnes sans moyens financiers est désormais sans espoir. L’unique moyen qu’il leur reste d’atteindre l’Espagne est de passer par-dessus les barrières de Melilla – option qui, mises à part quelques rares exceptions, n’est envisageable que pour des hommes.

    Autour de Noël et du Nouvel An, de nombreuses tentatives collectives pour franchir les barrières de Melilla ont eu lieu. Ces tentatives ont été reçues violemment par les autorités espagnoles et marocaines. D’après le Ministre des affaires étrangères espagnol, plus de 1000 personnes ayant essayé de franchir les barrières de Ceuta et de Melilla ont été interceptées dans cette courte période. Les barrières frontalières de Melilla sont de plus en plus militarisées. La présence d’unités militaires armées y est désormais permanente. Néanmoins, le 2 mars, alors que nous rédigions le présent rapport, 2500 personnes sont parvenues à organiser une tentative pour franchir ces barrières. 500 d’entre elles environ ont réussi à rejoindre Melilla. C’est un énorme Boza. En terme d’arrivées, il s’agit de l’une des tentatives les plus fructueuses aux frontières de Melilla. Bienvenue en Espagne !
    Les cas Alarm Phone de ces derniers mois : 27 personnes ont disparu sans laisser de traces

    Pendant la période que couvre ce rapport, 16 embarcations en partance du Nord-Est du Maroc ont contacté l’Alarm Phone. 7 des 8 bateaux partis en novembre et en décembre entre Temsamane/Al Hoceïma et Nador sont bien arrivés à Motríl et à Almería. Seul un bateau, transportant 15 personnes, a été intercepté par la Marine Royale. Durant la toute première semaine de janvier, Alarm Phone a été impliqué dans deux cas : un bateau parti de Tazaghine a dû retourner au Maroc, un autre, parti de Nador avec 13 personnes à son bord, a été secouru jusqu’à Almería.

    Le 8 janvier, on informe Alarm Phone qu’un bateau transportant environ 36 personnes est parti de Nador pendant la nuit. Le MRCC Rabat confirmera plus tard l’interception du bateau. Nous déplorons le fait qu’une autre embarcation, ainsi que les 27 personnes qui étaient à son bord, parties de Nador quelques heures seulement après la première, aient disparu sans laisser de traces​​​​​​​. 9 des passager.es étaient des femmes.

    En février, deux bateaux qui avaient contacté Alarm Phone après leur départ d’Al Hoceïma ont été secourus et amenés en Espagne. Un autre bateau a été intercepté par la Marine Royale. Le 12 février, on informe Alarm Phone de la disparition en mer d’Alborán d’un bateau transportant 7 personnes, après être parti de Bouyafar à l’aube. Ce n’est qu’après deux jours et une grande pression exercée par les proches des passager.es ainsi que par Alarm Phone qu’il a été possible de découvrir que les voyageur.euses avaient été secouru.es, emmené.es à Motril et immédiatement placé.es en détention. Comme nous l’avons tweeté à propos de ce cas, “nous condamnons le silence des autorités qui relève d’un racisme structurel à l’encontre des personnes en mouvement. #LibertéDeMouvement.”
    2.4. Oujda et la frontière algérienne : les traversées deviennent plus dangereuses

    La situation à Oujda et à la frontière entre l’Algérie et le Maroc reste dangereuse et a empiré ces dernières semaines. Les quatre dernières mois ont été le théâtre d’arrestations de personnes, mineur.es y compris, qui mendiaient, ainsi que de refoulements répétés à la frontière.

    Bien des personnes ayant pour volonté de traverser la frontière qui sépare le Maroc de l’Europe doivent d’abord passer par l’Algérie. Puisque cette frontière est fermée depuis longtemps – y compris pour des personnes ayant des documents officiels leur permettant de voyager entre ces deux pays – traverser cette frontière est évidemment très difficile pour des personnes ne bénéficiant pas d’une telle permission. “Difficile” signifie presque toujours que cela coûte cher. Historiquement, les hommes devaient payer entre 150 et 200 euros, parfois même 250 euros, pour pouvoir traverser cette frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc. Les femmes devaient payer entre 300 et 400 euros et les personnes malades et/ou handicapées (physiques) devaient payer 500 euros.

    Le 5 janvier dernier, le Maroc a officiellement établi une zone militaire à la frontière avec l’Algérie. Jusqu’alors, le Maroc était divisé en deux zones militaires, Nord et Sud. La création de cette troisième zone est due au conflit qui n’a cesse de s’intensifier entre le Maroc et l’Algérie. La frontière a été renforcée et équipée tant matériellement qu’en ressources humaines. En conséquence, traverser la frontière est également devenu plus coûteux et, récemment, le nombre de personnes qui la traversent a drastiquement baissé. Les prix ont doublé, voire triplé dans certains cas. Pour des hommes physiquement valides, le prix minimal est désormais de 250 euros, le double pour des femmes, et le triple pour des personnes (physiquement) handicapées ainsi que pour des femmes enceintes. On dit que les prix vont parfois jusqu’à 1000 euros. Ils dépendent des aptitudes physiques, plus particulièrement de la capacité à courir et de l’endurance. Désormais, traverser cette frontière est, en fait, surtout lié au transport de drogues et se fait en coopération avec les forces militaires marocaines qui, en échange, en profitent financièrement. On conseille aux personnes qui traversent d’avoir de l’argent et un smartphone sur elles afin de pouvoir payer leur sortie de prison si elles devaient être découvertes pendant la traversée.

    Les personnes qui souhaitent traverser sont souvent exploitées mais, n’ayant aucune autre option, elles ne peuvent pas l’éviter. Des femmes sont souvent violées dans la zone frontalière et tombent enceintes ou contractent des maladies sexuellement transmissibles. De nombreuses personnes meurent pendant la traversée. D’autres meurent après l’arrivée du fait des épreuves vécues. Cela est particulièrement courant en hiver en raison du manque de vêtements appropriés au climat ou parce qu’elles glissent sur le sol détrempé et tombent dans le fossé inondé de la frontière et s’y noient. Lorsque quelqu’un meurt en traversant la frontière, la personne qui mène le groupe ne peut appeler personne à l’aide sous peine d’être envoyée en prison. Même après la traversée, presque personne n’a le courage de recenser les morts qui ont eu lieu dans la zone frontalière : des personnes disparaissent sans que leur mort n’ait été consignée où que ce soit. Après avoir traversé la frontière, particulièrement en hiver, les personnes souffrent des conséquences physiques de ce parcours dangereux. La traversée peut durer de 2 à 3 jours, mais va parfois jusqu’à une semaine.

    Alors même que traverser la frontière devenait plus dangereux, les conditions de logement des personnes changeaient aussi. Alors qu’auparavant les personnes vivaient en plus grands groupes plus ou moins en auto-gestion, il est aujourd’hui plus courant de louer son propre petit espace dans un appartement bondé. Lorsque la police découvre qu’un grand nombre de personnes habitent dans un même appartement, elle s’y introduit de force et arrête les personnes sans papiers pour les déporter en Algérie en pleine nuit. A la fin de l’année dernière, par exemple, la police a arrêté 20 personnes à leur domicile. Nous avons été informé.es que sept personnes bénéficiant des papiers qu’il fallait ont été relâchées, que sept autres personnes ont été emmenées à la zone frontalière durant la nuit et que trois personnes ont été arrêtées pour privation de liberté et traffic d’êtres humains.

    Le début d’année a vu le nombre de rafles aux domiciles des personnes augmenter. Ces rafles se concentrent au niveau des quartiers habités par les migrant.es : Andalous et Ben Mrah, quartiers où les descentes de police sont de plus en plus fréquentes. En janvier, 16 personnes ont été arrêtées pour privation de liberté à Sidi Yahya, un autre quartier d’Oujda, et sont actuellement poursuivies en justice.

    En conséquence des mesures de contrôle liées au Covid-19, le “pass sanitaire”, l’attestation de vaccination en vigueur au Maroc, a été introduit de sorte que les personnes qui n’en bénéficient pas ne puissent pas faire leurs courses ou utiliser les transports en commun. L’accès au vaccin est variable. Il nous a été rapporté que des personnes sans titre de séjour ont pu être vaccinées au Maroc tant qu’elles étaient en mesure de montrer un passeport en règle. Néanmoins, le pass sanitaire n’est pas accessible à des personnes venant de traverser la frontière algérienne ou pour des personnes n’ayant pas les bons passeports. Cela signifie qu’elles ne peuvent pas voyager facilement. Le coût des transports est doublé, au moins, car les conducteurs cachent les personnes pour échapper aux contrôles.
    2.5. L’Algérie et les départs pour l’Espagne

    La tendance que nous avions remarquée dans les précédents rapports s’est poursuivie dans la période couverte par ce rapport. De novembre 2021 à mars 2022, le nombre de départs de jeunes hommes, de familles et de femmes parties des rives algériennes n’a cessé d’augmenter, en conséquence du retour de bâton du mouvement social de 2019, de la désillusion qui lui a succédée et des difficultés économiques dont la grande majorité de la population algérienne a fait l’épreuve et qui n’ont fait qu’empirer en contexte de pandémie.

    Sur le plan politique, les militant.es et les syndicalistes algérien.nes, ainsi que toute personne ayant été engagée dans le hirak, font toujours face à une répression impressionnante. Récemment, plusieurs organisations et de nombreux individus ont publié une déclaration dénonçant la criminalisation par les autorités algériennes des partis politiques, des syndicats et des bases d’organisations politiques. La répression ne mène pas seulement à l’exil d’un grand nombre de personnes algériennes. Elle rend également difficile l’obtention d’informations sur le terrain concernant la situation des voyageur.euses, car la menace de criminalisation force le silence de nombreux.ses citoyen.nes et militant.es.

    Dans un article publié par le site français Mediapart, un homme algérien résidant en Espagne demande : “Pourquoi on est autant à fuir l’Algérie ?,Tebboune [le président algérien] va se faire soigner en Allemagne et moi, je dois rester mourir ici ?”

    La défaillance du système de santé pousse de nombreuses personnes à quitter le pays. D’après un article du site algérien algeriepartplus, “les ressortissant.es algérien.nes sont les plus nombreux.ses à demander un visa pour avoir accès à un traitement dans les hôpitaux français”.

    Dans cette optique, il n’est pas surprenant que le nombre de départs depuis novembre soit resté très élevé et ait compté quelques pics pendant la période. Par exemple, la période entre le 30 décembre et le 4 janvier a vu le nombre de départs exploser, ce que les médias algériens ont largement documenté. Près de 40 bateaux sont partis de la côte algérienne en direction de la péninsule espagnole. D’expérience, nous savons que le nombre de départs augmente autour des périodes de fêtes nationales (par exemple autour de l’Aïd au Maroc). La Croix Rouge a recensé le passage de 312 personnes à ses bureaux d’Almeria. La moitié d’entre elles était arrivée au cours des 24h précédentes, entre le 31 décembre et le 1er janvier, d’après un article d’Infomigrants.

    Si de nombreux bateaux rejoignent avec succès les côtes espagnoles, bien d’autres ont un destin tragique. D’après l’ONG Caminando Fronteras, pas moins de 169 harragas algériens ont été portés disparus en 2021 et les corps sans vie de 22 d’entre eux ont été retrouvés par le Salvamento Maritimo. Entre le 1er et le 5 janvier, 30 Algérien.nes sont mort.es dans leur tentative pour entrer en Europe. Nos pensées vont, comme toujours, aux familles et aux proches des défunt.es.

    Notre emploi du mot “tragique” ne doit pas dissimuler où est la responsabilité de ces crimes : d’une part, le fait que les structures politiques algériennes n’offrent aucune perspective sociale et économique, d’autre part le refus délibéré des pays européens de permettre une route migratoire régulière ainsi que la militarisation des frontières que ces mêmes pays mettent en place. Combinés, ces facteurs forcent les gens à inventer et à risquer des chemins chaque fois plus dangereux vers un futur vivable.
    Le soutien porté par à Alarm Phone aux Algérien.nes qui voyagent vers l’Espagne

    Ces derniers mois, Alarm Phone a porté assistance à six bateaux partis d’Algérie en direction de l’Espagne (le 5 novembre, le 20 et le 30 décembre, le 11 et le 13 février). L’un d’entre eux transportait 9 personnes parties de Capdur (Béjaïa) le soir du 30 décembre et a finalement échoué sur l’île du Congrès (Espagne). Elles ont été finalement refoulées jusqu’à Nador, au Maroc.

    Les voyageur.euses algérien.nes ne font pas seulement face aux risques en mer. Une fois arrivé.es en Europe, le risque de déportation est désormais de plus en plus grand. A la mi-novembre, une entrevue entre les ministres de l’Intérieur algériens et espagnols a eu pour issue la décision du gouvernement algérien de débloquer l’équivalent de 6,4 millions d’euros pour financer le rapatriement des harragas algériens en 2022. Depuis lors, les déportations ont dramatiquement augmenté. Le 20 février, une trentaine d’Algérien.nes a été déportée d’Espagne vers Oran ou Ghazaouet. Le 1er février déjà avait eu lieu une déportation au cours de laquelle 40 Algérien.nes ont été expulsé.es de force dans le port d’Almeria. D’après l’un de nos contacts à Oran, le risque d’arrestations et de poursuites judiciaires pour les personnes déportées de force vers l’Algérie est très élevé. Cela fait partie intégrante de la dure criminalisation des harragas par l’Etat algérien dont il était déjà question lors d’un précédent rapport. La procédure de déportation ajoute donc un nouveau risque à la liste de ceux que les personnes en mouvement connaissent déjà et nourrit la corruption en Algérie puisque le seul moyen pour les personnes déportées de sortir de prison est de soudoyer quelqu’un.
    Un commerce frontalier florissant

    Il est clair que le déchaînement général et continu des politiques répressives à l’encontre des personnes en mouvement a créé les conditions propices au développement d’un commerce frontalier prolifique géré par des organisations clandestines en constante expansion. Dans un article intitulé “Algérie : Le trafic de migrants vers l’Espagne a généré près de 60 millions d’euros en 2021” Jeune Afrique met en avant une enquête menée en 2021 par la police espagnole montrant que “ces réseaux disposent aujourd’hui d’une flotte de « bateaux-taxis », des embarcations dotées de puissants moteurs de 200 à 300 chevaux permettant de gagner rapidement les côtes espagnoles et d’effectuer plusieurs rotations par semaine.”

    En Algérie, les organisations illicites impliquées dans le business des frontières sont devenues de plus en plus puissantes et structurées. En 2020, les observateurs.rices avaient déjà noté un changement dans le mode opératoire des voyageurs et voyageuses lié au rôle croissant des organisations criminelles dans l’organisation des traversées. Historiquement, l’exil des personnes algériennes était organisé de manière autonome. Des groupes d’une dizaine de personnes mettaient en commun leurs ressources pour financer un bateau et un moteur, puis préparaient correctement leur voyage avant de prendre la mer. Au cours des trois dernières années, la militarisation et la répression contre les voyageurs et voyageuses ont augmenté. Cela est allé de pair avec la corruption de la police des frontières. Cela a rendu possible le développement de puissantes organisations du marché noir. Celles-ci dominent désormais le marché. Nos contacts à Oran nous disent que l’organisation du passage clandestin telle qu’elle s’est développée en Algérie repose largement sur des pratiques systématiques de corruption au sein de la police des frontières. En outre, les départs autonomes sont désormais très difficiles, voire impossibles, car les trafiquants surveillent avec attention les côtes et les plages, à l’affût des départs de bateaux qui ne font pas partie de leur flotte.

    Ce phénomène est, selon Mediapart, particulièrement notable dans la région d’Oran, région à partir de laquelle la majorité des départs ont eu lieu au cours des derniers mois. Un pêcheur d’Oran raconte que “la marine n’arrive plus à faire face à la situation. Même quand elle tente de les stopper, [les passeurs] arrivent à leur échapper car leurs embarcations sont plus rapides. […] Certains jours, j’ai compté jusqu’à 11 bateaux de passeurs au mouillage”. Selon la chercheuse Nabila Mouassi, également citée dans l’article de Mediapart, “la mafia travaille sur un pied d’égalité avec l’État.”

    Quant au prix du passage, “tou.te.s les adolescent.e.s d’Oran et des villages alentours peuvent vous le dire”, affirme un contact local à Oran. Il varie de 750 à 4000 euros, selon le type de bateau, la qualité du moteur, la fourniture d’un GPS/téléphone satellite, etc.

    3 Naufrages et personnes disparues

    Au cours des quatre derniers mois, nous avons recensé plus de 200 décès et plusieurs centaines de personnes disparues dans la région de la Méditerranée occidentale. Alarm Phone a été témoin d’au moins dix naufrages et de cas de décès dus à un retard des secours ou à une absence d’assistance. Ces cas de “laissé.es pour compte” sont des évènements si courants qu’ils doivent être considérés comme faisant partie intégrante du régime mortel des frontières.

    Malgré tous les efforts déployés pour recenser les mort.e.s et les disparu.e.s, nous pouvons être sûr.e.s que le nombre réel de personnes qui sont mortes en mer en tentant de rejoindre l’UE est bien plus élevé. Nous voulons nous souvenir de chacun et chacune d’entre elles et eux et commémorer chaque victime inconnue afin de combattre le système politique qui les a tué.e.s.

    Le 8 novembre 2021, un bateau avec des ressortissant.es gambien.nes et sénégalais.es est parti de Gambie pour tenter d’atteindre les îles Canaries. C’était un groupe d’environ 165 personnes. Après deux jours, leurs proches ont perdu le contact avec elleet eux. Aucune nouvelle des voyageurs et voyageuses depuis. 35 des passager.e.s étaient originaires de Gunjur. Le village reste sous le choc et dans la confusion. (source : AP)

    Le 11 Novembre, quatre corps sans vie sont repêchés et trois personnes sont déclarées disparues. Les personnes décédées se sont noyées à proximité de la côte de Oued Cherrat, Skhirat, Maroc.

    Le 14 Novembre, un bateau est retrouvé, à environ 40 miles au sud de Gran Canaria, Espagne, avec sept corps sans vie à bord. Le bateau avait passé au moins six jours en mer. Une huitième personne est morte après le secours dans le port de Arguineguin, Gran Canaria, Espagne

    Le 15 Novembre, deux personnes meurent dans une embarcation à la dérive au Sud de Gran Canaria, Espagne. Il y a 42 personnes survivantes.

    Le 18 Novembre, un corps sans vie est rejeté sur la côte à Nabak, 16km au Nord de Dakhla, au Sahara Occidental.

    Le 18 novembre, un bateau avec deux corps sans vie et 40 survivant.es est retrouvé à la dérive à 216 km au sud de Gran Canaria, en Espagne.

    Le 19 novembre, un corps sans vie est retrouvé après le chavirement d’un bateau à moteur dans les alentours de la côte de Sarchal, Ceuta, Espagne.

    Le 20 novembre, Mutassim Karim est porté disparu alors qu’il tentait de rejoindre Melilla, en Espagne, à la nage. L’ONG AMDH pointe du doigt la Guardia Civil comme responsable du décès et demande l’ouverture d’une enquête sur cette disparition.

    Le 23 novembre, un bateau avec 34 personnes est retrouvé par un navire marchand à 500 km au sud de Gran Canaria. 14 personnes sont mortes et seules 20 personnes survivent après 3 semaines en mer.

    Le 25 novembre, une femme tombe à l’eau alors qu’un bateau de 58 personnes est intercepté par la marine marocaine au large de Laayoune, au Sahara occidental. Une autre personne était morte avant l’interception.

    Le 26 novembre, deux personnes meurent et quatre sont portées disparues après qu’un dinghy/zodiac ait chaviré au sud de Gran Canaria, en Espagne.

    Le 27 novembre, la mort de deux personnes est confirmée après qu’un bateau transportant 57 personnes ait chaviré pendant une opération de secours au sud-est de Fuerteventura, sur les îles Canaries, en Espagne. Quatre personnes sont toujours disparues.

    Le 27 novembre, deux corps sans vie sont retrouvés en mer, à Punta Leona et à El Desnarigado-Sarchal, à Ceuta, en Espagne.

    Le 30 novembre, cinq mineurs – Ahmed, Tarik, Yahya, Alae et Brahim – sont portés disparus dans le détroit de Gibraltar, au Maroc. Ils avaient quitté Ceuta deux semaines plus tôt dans un radeau sans moteur avec la péninsule pour cap. Nous sommes toujours sans nouvelle.

    Le 1er décembre, au moins 40 personnes perdent la vie après le naufrage d’un bateau au large de Tarfaya, au Maroc.

    Le 2 décembre, la dépouille d’un bébé est retrouvée à bord d’un bateau au large des côtes de Fuerteventura. Le bébé faisait partie d’un groupe de presque 300 personnes qui voyageaient dans cinq bateaux différents en direction de Fuerteventura en Espagne. L’Alarm Phone a été informé qu’un sixième bateau avait fait naufrage non loin de la plage de Tarfaya. 22 personnes ont été déclarées disparues et 13 personnes ont été retrouvées mortes.

    Le 6 décembre, un bateau avec 56 personnes à son bord arrive à Gran Canaria, en Espagne. Un bébé, deux femmes et un homme meurent avant d’avoir atteint l’île.

    Le 6 décembre, les dépouilles de trois personnes s’échouent sur le rivage, sur la plage de Beni Chiker, à Nador, au Maroc, très probablement après une tentative de traverser la frontière de Melilla.

    Le 6 décembre, un bateau transportant 20 personnes est secouru au sud de La Gomera, îles Canaries, Espagne. On y retrouve un corps mort.

    Le 8 décembre, 29 personnes meurent après qu’un bateau ait chaviré en Atlantique, au large de Laayoune, au Sahara occidental. 31 personnes survivent au naufrage.

    Le 9 décembre, un corps est retrouvé à 50km au nord de Dakhla, au Sahara occidental.

    Le 12 décembre, un corps mort échoue sur la plage de Fnideq au Maroc. Il semble s’agir du corps d’une personne ayant tenté d’atteindre Ceuta à la nage.

    Le 13 décembre, un corps est retrouvé près de la plage de Sarchal, à Ceuta, en Espagne.

    Le 14 décembre, un corps échoue sur la plage municipale de Tanger au Maroc.

    Le 14 décembre, un corps est retrouvé près de la Corniche de Nador au Maroc. La personne est probablement décédée au cours de sa tentative pour traverser la frontière de Melilla en Espagne.

    Le 17 décembre, un corps est retrouvé sur un bateau de 60 personnes au Sud-est de Gran Canaria, dans les îles Canaries, en Espagne.

    Le 18 décembre, 17 personnes meurent en mer entre la Gambie et les îles Canaries, en Espagne. Un bateau composé de 105 survivant.es est retrouvé à 800kms au sud de Tenerife. Le bateau avait quitté la Gambie 19 jours plus tôt.

    Le 18 décembre, 35 personnes meurent dans le naufrage d’un bateau transportant 52 personnes, au large de Boujdour, au Sahara occidental.

    Le 20 décembre, deux corps sont retrouvés près de la frontière algérienne à Touissite, Jerada, au Maroc.

    Le 21 décembre, un corps est retrouvé à Playa de los Muertos, à Almeria, en Espagne.

    Le 21 décembre, un bateau de 15 personnes fait naufrage au large de la côte d’Arzew en Algérie. Seules huit personnes ont survécu.

    Le 23 décembre, trois personnes meurent et trois disparaissent après qu’un bateau de 10 personnes ait chaviré à 3kms au large de Chlef, Mostaganem, en Algérie.

    Le 23 décembre, deux corps sont retrouvés à Ras Asfour, à Jerada, au Maroc (près de la frontière algérienne).

    Le 30 décembre, un corps sans vie est rejeté sur la plage de Ténès, Chlef, Algérie.

    Le 30 décembre, un corps sans vie est retrouvé près du port de Beni Haoua, Chlef, Algérie.

    Le 31 décembre, deux corps sans vie sont découverts sur la côte de Cherchell, Tipaza, Algérie.

    Le 31 décembre un corps sans vie est repêché en mer près de BouHaroun, Tipaza, Algérie.

    Le 31 décembre, six survivants et trois corps sans vie sont repêchés après un naufrage à 35 miles nautiques de la côte d’Almeria, Espagne.

    Le 03 janvier 2022, trois personnes meurent et dix personnes disparaissent dans deux naufrages au large de Cabo de Gata, Almería, Espagne.

    Le 04 janvier, deux bateaux avec 103 survivant·es et deux corps sans vie sont trouvés par des navires de la marine américaine lors de manœuvres dans l’Atlantique. Les survivant·es sont transféré·es à la Marine Royale.

    Le 04 janvier, Alarm Phone est informé de la disparition d’un bateau avec 52 personnes à bord. Le bateau était parti avec 23 hommes, 21 femmes et huit enfants de Tarfaya, au Maroc.

    Le 04 janvier, Alarm Phone est informé d’un cas de détresse avec 63 personnes à bord au large de Tarfaya, Maroc. Cinq personnes meurent en mer avant l’arrivée des secours et six personnes doivent être soignées à l’hôpital.

    Le 07 janvier, après plusieurs jours de dérive, un bateau est secouru à 26 km des côtes d’Alicante, en Espagne. Cinq personnes peuvent être secourues, au moins 12 personnes sont portées disparues.

    Le 07 janvier, Alarm Phone est informé de la disparition d’un bateau qui avait quitté Ain-El Turk, Algérie, le 03 janvier avec 12 personnes à bord. Le bateau semble avoir sombré en emportant tou.tes les passager·es.

    Le 08 janvier, Alarm Phone est témoin du naufrage d’un bateau avec 27 personnes à bord au large de Nador, au Maroc. Cinq corps en décomposition sont retrouvés près de Malaga, en Espagne, 15 jours plus tard. 22 personnes sont portées disparues.

    Le 9 janvier, Alarm Phone Maroc est informé qu’un bateau avec 12 personnes à bord a fait naufrage au large des côtes algériennes. Seules deux personnes ont survécu, dix personnes sont toujours portées disparues.

    Le 11 janvier, un corps sans vie est retrouvé dans l’eau au large de Rocher Plat, Tipaza, Algérie.

    Le 12 janvier, un corps en décomposition est rejeté sur le rivage à Plage Gounini, Tipaza, Algérie.

    Le 13 janvier, un bateau avec 60 voyageur·ses est perdu. Il était parti une semaine auparavant à destination des îles Canaries, en Espagne.

    Le 14 janvier, dix personnes meurent dans un naufrage au large des côtes algériennes. Seules trois personnes peuvent être sauvées après 12 jours de dérive.

    Le 16 janvier, Alarm Phone est informé d’un cas de détresse avec 55 personnes à bord. Lorsque les secours arrivent enfin, deux personnes sont déjà décédées et dix seulement peuvent être sauvées. 43 personnes sont toujours portées disparues. Le naufrage a eu lieu près de Tarfaya, au Maroc. Il est rapporté que deux personnes sont décédées à l’hôpital.

    Le 16 janvier, le corps d’un jeune homme est rejeté sur la côte orientale de Fuerteventura. Le jour suivant, le corps d’une jeune femme est également retrouvé.

    Le 17 janvier, une personne est retrouvée sans vie dans l’un des deux canots pneumatiques secourus au sud-est de Gran Canaria, en Espagne.

    Du 16 au 25 janvier, cinq corps sans vie sont rejetés sur le rivage sur différentes plages autour de Málaga, en Espagne :

    Le 16 janvier, un corps mort est retrouvé sur la plage de Cabo Pino, à l’est de Marbella, en Espagne.
    Le 17 janvier, deux corps morts sont retrouvés sur la plage de Las Verdas, à Benalmádena, en Espagne.
    Le 23 janvier, un corps est retrouvé flottant près de la plage de La Caleta, Malaga, Espagne.
    Le 24 janvier, un corps est retrouvé flottant à côté de la plage de Nerja, Espagne.

    Comme 17 personnes ont disparu lors de leur traversée vers Almeria entre le 16 et le 25 janvier, nous supposons que ces corps font partie des personnes qui se sont noyées dans les différents naufrages de cette période.

    Le 18 janvier, le corps sans vie d’une personne qui voyageait dans un bateau avec neuf autres hommes est repêché au large de Carboneras, Almeria, Espagne.

    Le 24 janvier, il n’y a toujours aucune trace d’un bateau avec 43 personnes qui avait quitté Nouadhibou, Mauritanie, le 5 janvier. Parmi ces personnes qui tentaient de prendre la route des îles Canaries, sept femmes et deux enfants

    Le 25 janvier, 19 personnes meurent et neuf personnes survivent à un naufrage à 77 km au sud-est de Lanzarote, en Espagne.

    Le 1er février, au moins deux personnes meurent lorsqu’un bateau pneumatique chavire à 100 km au large de Plage David, Ben Slimane, Maroc. Le nombre de personnes disparues n’est pas clair. Le bateau transportait environ 50 personnes, mais seules sept d’entre elles ont été secourues.

    Le 01 février, Alarm Phone Maroc rapporte qu’une personne est décédée pendant l’opération de sauvetage d’un bateau avec 58 personnes au large de Tarfaya, au Maroc.

    Le 02 février, au moins un homme meurt et un autre est évacué par hélicoptère vers un hôpital après qu’un bateau avec environ 50 personnes à bord, chavire à 35 km au sud de Morro Jable, Fuerteventura, îles Canaries, Espagne.

    Le 05 février, Alarm Phone Maroc découvre le naufrage d’un bateau transportant 58 personnes, survenu au large de Tarfaya, au Maroc. Huit personnes n’ont pas survécu à la tragédie selon les recherches d’Alarm Phone.

    Le 6 février, Alarm Phone est alerté du naufrage d’un bateau pneumatique transportant 52 personnes à 75 miles nautiques au sud-ouest de Boujdour, Sahara Occidental. En raison des conditions météorologiques difficiles et du mauvais état du bateau, les personnes à bord sont en grand danger. Le téléphone d’alarme informe immédiatement les autorités mais les secours sont retardés pendant des heures. Quatre personnes sont mortes avant l’arrivée du navire de sauvetage.

    Le 7 février, un bateau avec 68 personnes à bord fait naufrage à 85 km au sud de Gran Canaria, îles Canaries, Espagne. 65 personnes sont secourues mais trois personnes avaient sauté du bateau pneumatique et ont perdu la vie avant le début des opérations de sauvetage.

    Le 13 février, les restes d’une personne sont rejetés sur la plage de Targha, Chefchaouen, Maroc.

    Le 22 février, 40 personnes sont secourues après neuf jours de dérive au large de la côte de Sidi Ifni, au Maroc. Trois personnes étaient déjà décédées.

    Le 23 février, Alarm Phone est informé d’un naufrage avec 87-94 personnes au large de la côte d’Imtlan, Sahara Occidental. Trois corps sans vie sont récupérés à bord après quatre jours en mer, 47 personnes sont secourues, mais 37-44 personnes sont toujours portées disparues.
    4 Journée internationale de lutte : CommémorActions 2022 à l’occasion du 6 février

    Le travail de Alarm Phone consiste principalement à soutenir par téléphone les personnes en détresse pendant leur traversée. Mais dans la plupart des cas, le travail va bien au-delà. En plus de documenter les refoulements illégaux et l’absence d’assistance de la part des autorités, nous finissons parfois par soutenir les familles dans la recherche de leurs proches disparu.e.s. Lorsqu’un bateau disparaît, les proches restent souvent sans information pendant des mois, ne reçoivent pratiquement aucun soutien de l’État et se sentent livré.es à eux et elles -mêmes dans la tentative de retrouver leurs proches. C’est souvent le cas en Gambie, point de départ habituel des bateaux sur la route de l’Atlantique. Malheureusement, Alarm Phone n’est pas vraiment en action dans cette région mais certain.es de nos camarades activistes qui y vivent nous ont parlé d’un cas dans lequel iels se sont retrouvé.es impliqué.es fin janvier :

    Le 8 novembre 2021, un bateau avec des ressortissant.e.s gambien.ne.s et sénégalais.e.s est parti de Gambie pour rejoindre les îles Canaries. C’était un groupe d’environ 165 personnes, dont 8 femmes. Après deux jours, leurs proches ont perdu le contact avec elle et eux et n’ont plus de nouvelles depuis. Alarm Phone a rencontré plusieurs familles à Gunjur, en Gambie. Elles sont toujours désespérément à la recherche d’un groupe de 35 jeunes de leur village qui faisaient partie des passager.es du bateau. Jusqu’à aujourd’hui, elles n’ont reçu aucun soutien des gouvernements dans leur tentative de retrouver leurs proches.

    Selon le Comité International de la Croix-Rouge (ICRC), seulement “13 % des personnes qui se sont noyées en route vers l’Europe en Méditerranée et dans l’océan Atlantique entre 2014 et 2019 ont été retrouvées ou enterrées en Europe du Sud.” Étant donné que les funérailles sont une étape importante dans le processus de deuil, ne pas pouvoir enterrer les parents et ami.es perdu.es ou rester dans l’incertitude quant à leur sort empêche les gens de trouver comment surmonter leur chagrin. Malgré cela, ça peut donner d’autant plus de force pour sortir de sa supposée impuissance, passer à l’action ensemble et commémorer publiquement les personnes disparu.e.s tout en dénonçant le régime frontalier meurtrier et les responsables de ces morts.

    C’est pourquoi, chaque année depuis le massacre de Tarajal en 2014, des milliers de personnes à travers le monde descendent dans la rue le 06 février, Journée Mondiale de Lutte, en réponse à l’appel à l’action pour organiser des “commémorActions” décentralisées et locales. Ce sont des actions pour commémorer les personnes qui sont mortes, ont disparu ou ont été forcées de disparaître au cours de leurs voyages à travers les frontières. Cette année, de telles commémorations ont eu lieu au Cameroun, en Gambie, en Tunisie, au Mali, au Maroc, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal, en Turquie, au Mexique, en France, en Allemagne, en Grèce, à Malte, en Serbie, en Slovénie, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni et ailleurs.
    Vous pouvez trouver une collection de vidéos et de photos sur les médias sociaux (#CommemorActions). En parallèle, notre projet sœur “Missing at the Borders ” recueille des images de toutes les villes où des actions commémoratives ont eu lieu. Voici quelques images des événements que les activistes d’Alarm Phone ont (co-)organisés le 6 février 2022 :

    En septembre 2022, une autre grande #commémorAction aura lieu en Tunisie. Nous espérons vous voir là bas, ou à l’une des nombreuses manifestations dans la lutte quotidienne contre l’inhumaine politique migratoire des puissants. Continuons à commémorer les personnes, pas les chiffres, et luttons ensemble pour la liberté de circulation pour toutes et tous !

    https://alarmphone.org/fr/2022/03/31/la-marchandisation-des-frontieres
    #asile #migrations #réfugiés #commémoration #morts_aux_frontières #décès #morts #route_atlantique #Atlantique #Sahara_occidental #Maroc #Canaries #mur_invisible #Tanger #Ceuta #Détroit_de_Gibraltar #Gibraltar #Nador #Oujda #Algérie #commerce_frontalier #naufrages #disparitions

  • Mai 2018 Hautes-Alpes : un corps qui pourrait être celui d’une migrante découvert dans la #Durance

    –-> je refais ici un fil de discussion (pour archivage) autour de la mort de #Blessing_Matthew (son identité à été dévoilée quelques jours après la découverte du cadavre)

    Le parquet n’exclut pas qu’il s’agisse d’une migrante. La victime ne correspond à aucune disparition inquiétante.

    Macabre découverte dans la Durance (Hautes-Alpes). Le corps d’une jeune femme noire a été découvert, mercredi 9 mai, dans la rivière, annonce le parquet de Gap. « Cette découverte ne correspond pas à une disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui permette d’identifier la personne et donc de dire s’il s’agit d’une personne migrante », a précisé le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland.

    Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. « N’ayant pas en l’état d’éléments susceptibles d’être de nature criminelle, l’enquête a été ouverte du chef de ’recherche des causes de la mort’ », a indiqué le magistrat. Une autopsie sera réalisée lundi matin à l’institut médico-légal de Grenoble. « Les empreintes digitales seront exploitées afin de tenter de déterminer l’identité de la personne », a ajouté le procureur, invitant toute personne ayant des informations pouvant permettre de l’identifier à se manifester auprès de la gendarmerie.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/hautes-alpes-le-corps-d-une-jeune-femme-noire-decouvert-dans-la-durance

    Ce que craignait les professionnels de la montagne est en train de se réaliser ? Des cadavres qui font surface à la fonte des neiges ?

    https://seenthis.net/messages/688734#message693469

    #frontières #mourir_aux_frontières_alpines #morts #décès #migrations #asile #réfugiés #Alpes #montagne #mourir_aux_frontières #violent_borders #frontière_sud-alpine #Saint-Martin-de-Queyrières
    –—

    ajouté à la liste des personnes en situation migratoire mortes dans les #Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/800822

    elle-même ajoutée à la métaliste sur les mort·es aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Elle s’appelait #Mathew_Blessing...
      Communiqué de presse de Tous Migrants, 14.05.2018

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant « police, police ». Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.
      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.
      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :
      ➢ Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      ➢ Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      ➢ Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.
      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.
      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :
      « Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter ».
      L’article R.434-19 du même code dispose également que :
      « Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger ».
      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.
      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des « identitaires » qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.
      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.
      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.
      Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.
      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.
      Briançon, le 14 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2151764471721787

    • Le corps retrouvé dans la Durance serait celui d’une migrante qui fuyait la police

      Selon une association, la jeune femme marchait en direction de Briançon lorsqu’elle a été surprise par des policiers.

      L’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances de la mort d’une jeune femme noire retrouvée dans la Durance (Hautes-Alpes) le 9 mai. Selon le procureur de Gap, Raphaël Balland, le corps n’a pas encore été « formellement » identifié.

      Mais pour l’association « Tous Migrants », qui vient en aide aux réfugiés dans la région depuis des mois, la jeune victime est une Nigériane de 21 ans qui voyageait avec deux hommes, également étrangers.
      Des policiers « dissimulés dans les fourrés »

      D’après « Tous Migrants », le 7 mai dernier, à l’aube, tous les trois marchaient sur une route nationale en direction de Briançon, lorsqu’ils auraient été surpris.

      Cinq policiers « dissimulés dans les fourrés » auraient fait irruption, provoquant la dispersion du groupe et une course-poursuite dans un village traversé par la Durance. Un des hommes y a été interpellé mais la jeune femme n’a plus donné signe de vie depuis, selon la même source.

      L’association, qui dénonce « les pratiques policières reposant sur des guets-apens », indique dans un communiqué avoir signalé ces éléments au parquet « afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances de ce drame ».

      http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-corps-retrouve-dans-la-durance-serait-celui-d-une-migrante-qui-fuyait-

    • Hautes-Alpes : la jeune noyée noire était-elle poursuivie par la police ?

      Mathew Blessing, 21 ans, Nigériane, n’a plus donné de nouvelles après avoir été poursuivie par la police le 7 mai, vers 5 heures du matin à La Vachette, hameau de la commune de Val-des-Prés (Hautes-Alpes). L’endroit se situe à 1 400 mètres d’altitude, juste sous le col frontalier de Montgenèvre qui constitue l’un des axes de passage importants des migrants d’Italie vers la France, malgré une importante présence policière.

      Deux jours plus tard, à quinze kilomètres en aval et de l’autre côté de la ville de Briançon, le corps d’une jeune femme noire a été retrouvé dans la Durance, sur un petit barrage. L’autopsie a établi qu’elle « serait décédée à la suite d’une noyade » selon le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, qui précise que « la jeune femme n’a pas encore été formellement identifiée » malgré l’appel à témoin lancé la semaine dernière.

      Le collectif briançonnais Tous migrants, qui regroupe les citoyens de la vallée engagés dans le soutien aux migrants, et notamment ceux qui vont leur porter assistance en altitude, n’a « quasiment aucun doute » sur le fait que la disparue et la noyée sont la même personne, dit l’un de ses membres, Michel Rousseau. Selon le communiqué de Tous migrants publié lundi soir, la jeune femme disparue marchait en direction de Briançon, après avoir réussi à passer la frontière, en compagnie de deux hommes dont les témoignages amènent l’association à redouter le pire : une noyade de la jeune femme lors de sa tentative d’échapper aux policiers. « La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes […]. Cinq policiers dissimulés dans les fourrés ont surgi brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant "police, police". Les trois personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champs en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’église. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les cinq policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. »

      Tous migrants, en raison « d’un faisceau d’indices concordants », a déposé lundi soir un signalement auprès du procureur de Gap. L’association soupçonne l’existence de délits de « mise en danger délibéré de la vie d’autrui », « homicide involontaire par imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité », « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « non-assistance à personne en danger », « discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence », ainsi que manquements au code de déontologie des policiers. Michel Rousseau est catégorique : « La gendarmerie dispose de tous les éléments que nous communiquons, nous ne sommes pas là pour faire une justice parallèle » et le parquet de Gap annonce qu’il « ne communiquera plus d’éléments sur les investigations en cours » d’ici la fin de l’enquête.

      Tous migrants exige solennellement « l’interdiction des pratiques policières de guet-apens et de chasse à l’homme » et « le rétablissement de l’Etat de droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte ». Avec d’autres associations, elle appelle à une veillée funèbre ce mercredi soir à La Vachette. Face aux eaux tumultueuses et glaciales de la Durance, gonflées par la fonte des neiges.

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/15/hautes-alpes-la-jeune-noyee-noire-etait-elle-poursuivie-par-la-police_165

    • Texte reçu par email, via @isskein, qui l’a reçu par une personne qu’elle ne connaît pas.
      Un texte poignant, qui vaut la peine d’être relayé :

      15 mai à 22:26
      Hautes-Alpes : Collomb envoi des renforts, un mort !
      Ou Génération Identitaire l’avait rêvé, les policiers l’ont fait.

      Ca y’ est, c’est sur toutes les lèvres... ce qui devait arriver, arriva. Ou devrait-on plutôt dire que c’est ce qu’ils ont décidé qui vient d’ arriver : la mort. Une jeune fille nigérianne a perdu la vie suite à une course poursuite avec la police lundi dernier 7mai, vers les 5h du matin, au niveau de la Vachette (pied du col de Montgenèvre). Son corps a été retrouvé immergé dans la Durance au barrage de Prelles, 10 km en aval, 3 jours plus tard.

      La militarisation de la Haute Vallée ne peut conduire qu’à des drames comme celui-ci. En plus d’empêcher illégalement des exilés de demander l’asile en France, elle leur ôte la vie, les traquant comme des animaux.

      NON la Haute Durance ne deviendra pas un tombeau à ciel ouvert.

      Pendant tout l’hiver, des dizaines de maraudeurs, de militants ont empêché la mort de frapper dans nos montagnes. Nous ne laisserons ni la police, ni les identitaires transformer la vallée en cimetière.

      Nous appelons à deux RENDEZ-VOUS ce MERCREDI 16 MAI

      11h30 devant le poste de police de Montgenèvre pour une assemblée, discussion, repas.
      20h30 à la Vachette (au croisement avec la route nationale), lieu du départ de la course poursuite meurtrière pour une veillée funèbre (ramenez des bougies et des fleurs, rassemblement en noir) pour les exiléEs.

      Nous demandons donc sans délais :
      – Le retrait immédiat des forces de police à la frontière.
      – La liberté de circulation pour toutes et tous.

    • Briançon • Elle s’appelait Mathew Blessing…

      A dix kilomètres de Briançon, une jeune femme nigériane, Mathew Blessing, âgée de 21 ans, a disparu le 7 mai dernier autour de 5h du matin. Son corps a été retrouvé dans la Durance, à proximité directe d’une prise d’eau du barrage de Prelles, sur la commune de Saint-Martin-de-Queyrières…

      Une coordination solidaire a été constituée, afin d’éclaircir les conditions du décès de Mathew, de suivre les résultats d’autopsie, de rechercher des proches éventuels, ainsi qu’organiser une commémoration et le retour de son corps vers son pays.

      Notre ami et collègue Sadık Çelik fait partie de cette coordination, en tant qu’automédia, et nous a fait parvenir le communiqué publié.

      Il nous fait aussi savoir qu’aujourd’hui des proches étaient arrivéEs sur place. Il y aura une enquête complémentaire indépendante à l’endroit où la jeune femme a été retrouvée morte. Un procureur de Gap a été saisi de l’affaire et a annoncé jusqu’alors un “décès par noyade”. Une plainte est déposée à la gendarmerie, et le communiqué de presse a suivi.

      Un rassemblement se déroulera demain, à 8h30, le 16 mai, à la mémoire de Mathew.

      Rappelons que ce n’est pas la première victime de cette chasse à l’homme aux frontières. En octobre, une enquête ouverte après la chute de deux migrants dans un ravin, au col de l’Echelle au-dessus de Briançon, survenue en août, fut classée sans suite. Ils avaient fuit une patrouille de gendarmerie…

      –-------

      Voici le communiqué de presse publié le 14 mai 2018, par “Tous migrants” sur leur page Facebook.
      Elle s’appelait Mathew Blessing…
      COMMUNIQUE DE PRESSE

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant”police, police”. Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.

      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.

      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :

      Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.

      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.

      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :

      Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter.

      L’article R.434-19 du même code dispose également que :

      Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger

      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.

      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des “identitaires” qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.

      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.

      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      • Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.

      • Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.

      • Nous exigeons le respect par tous de notre devise “liberté, égalité, fraternité”, à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Briançon, le 14 mai 2018

      –-------

      Entre les “arrestations” musclées et récurrentes dans les gares de la région, les destructions de moyens de survie, les poursuites judiciaires contre les “aidants”, l’abandon cet hiver en haute montagne, et l’acceptation tacite de l’aide de milices fascistes et identitaires dans leur chasse à l’homme, on aurait beaucoup de difficultés à reconnaître une “politique d’accueil et d’asile”, pourtant vantée dans un nouveau texte de loi récent en cours de vote vers le Sénat.

      Là encore, les “forces de l’ordre” font un travail d’Etat au service d’une idéologie de repli identitaire, électoralement dirigé. Le libéralisme économique destructeur de droits sociaux s’accompagne d’une politique répressive à l’encontre de celles et ceux qui résistent, et s’acharne contre les plus faibles, qui fuient la prédation économique et les guerres. L’alliance contre nature du suprématisme et du libéralisme est “en marche”, concernant les politiques migratoires…

      Rappelons que cette idéologie n’est pas majoritaire en France, comme le prouve d’ailleurs l’accueil qui est fait aux marcheurs, partis de la région, en route pour Calais et Londres, via Paris.

      Le décès de la jeune Mathew Blessing est la conséquence directe de cette guerre anti-migrants qui s’avance masquée derrière les rictus hypocrites des politiciens entrés en compétition avec l’extrême droite…

      https://www.youtube.com/watch?v=TiWCo6EeNoI&feature=emb_logo

      https://www.kedistan.net/2018/05/15/briancon-elle-mathew-blessing

    • Briançon • Chronique d’une mort annoncée

      Un récit traduit de l’Italien, fait par Le “Rifugio Autogestito Chez Jesus”, et paru dans le Quotidien Piémontais, qui précise et complète l’article d’hier, à propos du décès d’une jeune migrante près de Briançon.

      Une semaine a passé depuis la mort de B. Cinq jours depuis que le cadavre d’une jeune femme “peut-être migrante” a été retrouvé, dans le fleuve qui passe sous Briançon, la Durance.

      Voici les faits.

      Un groupe d’une petite dizaine de personnes part de Clavière pour rejoindre Briançon à pied. Nous sommes dimanche soir, et comme chaque nuit les exilé·e·s qui tentent d’arriver en France se trouvent obligé·e·s d’éviter la route autant que possible et de passer par la montagne pour éviter les contrôles d’identité.

      Le groupe commence son chemin, et puis se sépare : la femme a des difficultés à marcher et a besoin d’aide et de soutien. Deux personnes restent avec elle, et les trois se détachent du groupe. Ils marchent sur la route, en se cachant dès qu’ils aperçoivent des lumières de phares ou entendent des bruits.

      La police a mis en place une véritable chasse aux migrant·e·s, plus féroce que jamais ces derniers jours. Ils se cachent sur les sentiers, pour surprendre, torches en main, ceux qui tentent la traversée, et font des rondes en voiture sur les routes. Ils se postent aussi aux entrées de Briançon, et à côté des carrefours, mettant en place de réels postes de blocage.

      Les trois personnes marchent pendant une quinzaine de kilomètres et se trouvent alors à 4 ou 5 kilomètres de Briançon. A la hauteur de la Vachette, cinq agents de la police nationale les attendent. Ils surgissent de derrière les arbres à gauche de la route. Il est entre quatre et cinq heures du matin, lundi 7 Mai. Les policiers se mettent à leur courir après. Le groupe se met en fuite, et entre dans le village de la Vachette. Un des trois réussit à se cacher, et les deux autres, un homme et une femme, courent sur la route. L’homme court plus vite, il cherche à attirer la police, qui parvient à l’attraper et le ramène directement en Italie.

      La femme, elle, disparaît.

      La police continue ses recherches dans le village de la Vachette pendant quatre heures. La rivière est en crue, et les policiers concentrent leurs recherches sur les rives de la Durance et autour du pont. Puis ils s’en vont. Cette façon de faire est tout à fait différente des pratiques habituelles de la police, pendant ces nuits de contrôle : en général, après avoir attrapé quelques personnes, ils ne recherchent les fugitifs et fugitives restant·e·s que durant quelques dizaines de minutes. Les recherches concentrées dans la zone du fleuve indiquent clairement que les policiers avaient compris que quelque chose de très grave avait eu lieu.

      50 heures plus tard, Mercredi 9 Mai, un cadavre de femme est retrouvé bloqué à la digue de Prelles, à 10 km au Sud de Briançon. Il s’agit d’une femme d’un mètre 60, aux longs cheveux noirs tressés. Des cicatrices sur le dos, un collier serti d’une pierre bleue.

      Le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, a annoncé la nouvelle le jour suivant, en précisant que “Cette découverte ne correspond à aucune disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui nous permette d’identifier la personne et donc de dire si il s’agit d’une personne migrante”.

      Lourde déclaration du procureur. Les disparitions de personnes exilées ne sont donc pas inquiétantes, sous prétexte qu’on ne les signale pas ? Les soutiens de B. étaient au contraire très inquiets : mais comment se tourner vers la police pour déclarer des disparus, quand ils risquent d’être maltraités, et leurs soutiens réprimés ?

      De plus, le procureur ment, car la police savait qu’une femme avait disparue après une poursuite.

      Très peu de journaux ont relevé la nouvelle. Il semblerait que personne n’ait souhaité publier celle-ci. L’intérêt est d’ensevelir cette histoire, pour éviter un scandale face aux violences policières. Deux cas de femmes enceintes refoulées avaient déclenché des réactions publiques en mars dernier.

      Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. Le magistrat a annoncé que “n’ayant pas d’éléments qui font penser à la nature criminelle du décès, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort”. Mais cela aussi est faux. La nature du décès est criminelle.

      Ce n’est pas une mort accidentelle, ce n’est pas une erreur. Ceci est un homicide. Celui d’une jeune femme nigérianne de 21 ans. Cinq policiers les ont poursuivis. Cette femme, B, est morte à cause d’eux et de la politique qui dirige, contrôle et légitime leurs actions.

      B. est morte parce que la frontière ne peut pas être traversée en sécurité par les personnes sans papiers.

      B. n’est pas morte à cause de la montagne, par erreur, elle n’est pas morte dans la neige cet hiver. Elle est morte parce qu’elle était en train d’essayer d’échapper à la police, qui s’adonne de façon toujours plus violente à la chasse aux migrant·e·s.

      Elle a été tuée par ces cinq agents, comme le système de la frontière le leur ordonne.

      Il s’agit d’un homicide avec des mandataires et des exécutants.

      Le Procureur de Gap et la préfète sont autant responsables que les policiers qui l’ont tuée, compte tenu des directives assassines qu’ils donnent.

      Les responsables sont aussi la magistrature et le tribunal, qui criminalisent les solidaires qui cherchent à éviter ces morts en rendant la traversée la plus sûre possible. Les responsables sont tous les politiciens qui fondent leur campagne électorale sur la différence de couleur de peau et de nationalité des personnes.

      Si cela continue, les morts se multiplieront.

      14 maggio, Rifugio Autogestito Chez Jesus

      https://www.kedistan.net/wp-content/uploads/2018/05/briancon-chez-jesus-refugies-sadik-celik-1.jpg
      https://www.kedistan.net/2018/05/16/briancon-chronique-mort-annoncee

    • LA FRONTIERA UCCIDE

      La militarizzazione è la sua arma.

      Una donna è morta. Un cadavere ancora senza nome è stato ritrovato mercoledì all’altezza della diga di Prelles, nella Durance, il fiume che scorre attraverso Briançon.

      Una donna dalla pelle nera, nessun documento, nessun appello alla scomparsa, un corpo senza vita e senza nome, come le migliaia che si trovano sul fondo del Mediterraneo.

      Questa morte non è una disgrazia inaspettata, non è un caso, non è “strana” per tanti e tante. Non c’ entra la montagna, né la neve o il freddo.

      Questa morte è stata annunciata dall’inverno appena passato, dalla militarizzazione che in questi mesi si è vista su queste montagne e dalle decine di persone finite in ospedale per le ferite procuratesi nella loro fuga verso la Francia. È una conseguenza inevitabile della politica di chiusura della frontiera e della militarizzazione.

      Questa morte non è una fatalità. È un omicidio, con mandanti e complici ben facili da individuare.

      In primis i governi e le loro politiche di chiusura della frontiera, e ogni uomo e donna in divisa che le porta avanti.

      Gendarmi, polizia di frontiera, chasseurs alpins, e ora pure quei ridicoli neofascisti di Géneration Idéntitaire, pattugliano i sentieri e le strade a caccia dei migranti di passaggio da questi valichi alpini. Li inseguono sui sentieri e nella neve sulle motoslitte; li attendono in macchina in agguato lungo la strada che porta a Briançon e quelle del centro città. Molti i casi quest’inverno di persone ferite e finite all’ospedale in seguito alle cadute dovute alle fughe dalla polizia.

      Quella donna era una delle decine di migranti che ogni giorno tentano di andare in Francia per continuare la propria vita. Per farlo, ha dovuto attraversare nella neve, a piedi, quella linea immaginaria che chiamano frontiera. Perché i mezzi di trasporto, sicuri, le erano preclusi data la mancanza di documenti e per la politica razziale di controllo che attuano al confine. Poi è scesa sulla strada, quei 17 chilometri che devono percorrere a piedi per raggiungere la città. È lungo quel tratto che deve essere inceppata in un blocco della polizia, come spesso viene raccontato dalle persone respinte. Probabilmente il gruppo di persone con cui era, che come lei tentava di attraversare il confine, si è disperso alla vista di Polizia o Gendarmerie alla ricerca di indesiderati da acchiappare e riportare in Italia, nel solito gioco dell’oca che questa volta ha ucciso.

      Questa donna senza nome deve essere scivolata nel fiume mentre tentava di scappare e nascondersi, uccisa dai controlli poliziesci. L’ autopsia avverà a Grenoble nella giornata di lunedì, solo allora sarà possibile avere maggiori dettagli sulla causa della morte.

      La frontiera separa e uccide.

      Non dimentichiamo chi sono i responsabili.

      Texte vu sur la page FB du refuge Chez Jesus : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=373079166510819&id=362786637540072
      Repris ici aussi : https://hurriya.noblogs.org/post/2018/05/12/frontiera-uccide-militarizzazione-sua-arma

    • "La migrante morta per scappare ai gendarmi è mia sorella: fatemela vedere"

      “Quello a Briançon è il corpo di mia sorella Blessing, ma i gendarmi mi impediscono di vederla”. È arrabbiata la sorella di #Blessing_Mathew, la giovane nigeriana, morta cadendo nella Durance, il fiume che da Montgenevre scorre verso il sud della Francia, mentre cercava di scappare dai gendarmi che pattugliano il confine per impedire ai migranti di valicarlo. “Sono andata dai poliziotti francesi al confine, volevo vedere mia sorella per aver conferma che fosse morta, ma me lo hanno impedito perché dicono che non ho i documenti per entrare nel loro Paese”.

      La donna ha un regolare permesso di soggiorno italiano, ma la sua carta d’identità non è valida per l’espatrio. Per questo ora si trova in Italia, a Claviere, negli spazi occupati sotto la chiesa del paese dal collettivo solidale con i migranti, in attesa di poter identificare il corpo di sua sorella. “Mi hanno prelevato del Dna per paragonarlo con quello del cadavere – racconta – Ma dicono ci vorranno 15 giorni per i risultati. Poi mi hanno interrogato a lungo, ma non mi hanno permesso di andare a vederla. Ho dato ai gendarmi anche le foto di mia sorella, non ci sono dubbi che sia lei. Poco lontano da dove è caduta hanno trovato una borsa con i suoi documenti”.
      Da Bari la donna ieri è arrivata a Torino per cercare di capire cosa fosse successo a sua sorella Blessing, 21 anni, scomparsa all’alba di lunedì 7 maggio. Il gruppo che era con la giovane si è sfaldato all’altezza di Vachette, il paese che si trova al fondo della lunga discesa da Montgenevre. Una pattuglia di gendarmi li ha sorpresi nel buio mentre cercavano di raggiungere Briançon e li ha inseguiti fin dentro l’abitato. Tre sono rimasti indietro, uno è stato catturato e rispedito in Italia, uno è riuscito a scappare ed è arrivato al centro Tous Migrants che è diventato il punto di riferimento per i migranti che usano la rotta alpina per raggiungere la Francia. Di Blessing però nessun traccia, se non quella borsa trovata lungo il fiume.
      Secondo il racconto di alcuni testimoni gli uomini delle forze dell’ordine francese hanno battuto le rive per alcune ore, prima di rinunciare. Segno che forse avevano capito cos’era accaduto. Il suo corpo è stato trovato solo tre giorni dopo nella diga di Prelles, a Saint Martin de Queyrières. Ancora oggi i gendarmi non hanno confermato né l’identità, né la dinamica della morte, su cui indaga la procura di Gap. “L’altro giorno qualcuno ha contattato mia madre in Nigeria dicendo che mia sorella aveva avuto un incidente – ricorda – Così ho chiamato la polizia e saputo cos’era successo. I gendarmi mi hanno fatto vedere i suoi vestiti, ma non so se fossero suoi perché non abitiamo insieme. Lei stava in un centro d’accoglienza a Torino”.

      Proprio da questo documento si è risaliti all’identità della giovane, ma il sospetto dei militanti del collettivo Chez Jesus – che per oggi hanno convocato un presidio al posto di confine di Claviere - è che le forze dell’ordine non vogliano confermare l’identità subito per far scemare la
      tensione che sta creando la notizia di una migrante morta al confine mentre cercava di fuggire dalla gendarmerie. “Ho chiesto loro cosa fosse successo, chi c’era con lei quando è caduta in acqua, quanto tempo ci è rimasta e chi l’ha trovata, ma non mi hanno risposto – attacca la sorella di Blessing – Voglio sapere cosa è accaduto a mia sorella e poterla salutare prima della sepoltura, non capisco perché me lo impediscano”.


      http://torino.repubblica.it/cronaca/2018/05/16/news/_la_migrante_morta_per_scappare_ai_gendarmi_e_mia_sorella_fatemela

    • Ce midi devant la PAF à Montgenèvre, #Benoît_Ducos, un citoyen solidaire s’est adressé aux forces de l’ordre.

      A MESDAMES ET MESSIEURS LES POLICIERS ET GENDARMES

      "Mesdames, messieurs les Policiers et Gendarmes,

      Nous ne voulons pas qu’après l’enfer libyen et le cimetière méditerranéen, le passage de cette frontière se transforme en un nouvel obstacle meurtrier pour les exilés qui souhaitent venir en France.

      Nous vous demandons de cesser immédiatement les méthodes de cow-boys que vous employez ainsi que cette stratégie de la peur, de l’intimidation et de la répression des solidarités à laquelle vous jouez en mettant en pratique guets-apens, course-poursuites et chasses à l’homme envers des personnes parce qu’elles sont noires de peau ou qu’elles font preuve d’humanité.
      Nous ne sommes plus aujourd’hui dans la bavure isolée mais dans la répétition systématique de graves atteintes aux droits fondamentaux des personnes de la part de fonctionnaires en charge normalement de protéger l’intérêt public.

      Un policier ou un gendarme se doit, dans l’exercice de ses fonctions de faire preuve de discernement.
      Où est il ce discernement lorsque vous osez poursuivre l’été dernier des jeunes exilés entre deux tunnels, dans la nuit noire, et que deux d’entre eux tombent dans un ravin, échappant à la mort par miracle mais dont l’un deux demeure gravement handicapé ?
      Où est il ce #discernement lorsque vous osez poursuivre en pleine nuit des exilés épuisés par la route et poussez l’un deux vers les eaux glaciales d’une rivière gonflées par la fonte des neige ?
      Où est il ce discernement lorsqu’une femme enceinte de 9 mois est interceptée ici même et que l’un d’entre vous ose lui rétorquer « ma mère à moi a bien accouché dans la neige, tu peux donc bien le faire aussi et même si c’est là devant la PAF ça ne me dérange pas » ?
      Où est il ce discernement lorsque des mineurs, isolés de surcroit, sont systématiquement refoulés. Où est il ce discernement lorsque des exilés pour vous échapper racontent qu’ils ont du traverser la rivière en crue à plusieurs reprises au péril de leur vie.
      Où est il ce discernement lorsque des personnes prônant la haine raciale vous remettent en main des exilés qu’ils ont intercepté et que vous osez les remercier pour le bon boulot qu’ils ont fait ?

      Un policier ou un gendarme se doit, même hors de l’exercice de ses fonctions, de porter assistance aux personnes en danger.

      Tous vous avez trainé vos guêtres sur les bancs de l’école. Je pense qu’un certain gouvernement de Vichy collaborant avec l’Allemagne nazie pour exterminer les juifs vous dit quelque chose. Rappelez vous, pendant cette période des solidaires et des fonctionnaires ont pris des risques pour les protéger et ont été traqués eux aussi.

      J’espère que vous faîtes le lien avec ce qui se passe aujourd’hui et que vous voyez de quelle machine vous êtes les serviteurs.
      La France en vous demandant d’agir ainsi ne respecte ni ses engagements internationaux ni les droits fondamentaux des êtres humains.

      Nous avons tous honte de cette situation et de ce qui se passe ici, certains d’entre vous aussi. Nous le savons parce qu’ils nous l’ont confié.

      Serons nous, un jour, comme ces femmes tunisiennes qui refusent désormais d’aller à la pêche parce les poissons qu’elles ramènent dans leurs filets se sont nourris de la chair de leur enfants ? N’oserons nous plus boire l’eau de nos sources ni mettre un pied sereinement en montagne parce que nous savons que des amis exilés y ont laissé leur vie, traqués comme du gibier.

      Mesdames, messieurs les policiers et gendarmes, posez vous simplement cette question car ce n’est pas un scénario improbable : que voudriez vous que l’on fasse pour vous si vous étiez un jour dans la situation de ces gens qui fuient leur pays ? Si un jour, vous deviez tout abandonner, si un jour vous deviez marcher pour échapper à la mort.
      Osez, vous poser cette question et allez jusqu’au bout du raisonnement. Que souhaiteriez-vous tous que l’on vous fasse, hormis du bien.
      Si vous n’êtes pas responsable du bien que vous ne faites pas, vous êtes par contre entièrement responsable du mal que vous faîtes.

      Les vrais femmes et hommes libres sont celles et ceux qui osent aller chercher leur rêve au bout du chemin, celles et ceux qui veillent contre les injustices.
      En acceptant d’obéir à des directives et des injonctions inhumaines vous trahissez chaque jour les valeurs que vous êtes sensés servir et qui sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Elles font pourtant la fierté de vos drapeaux sur lesquels sont inscrits ’République Française’. Chaque jour bafouées, elles font de vous les véritables personnes en situation irrégulière.
      Posez vos képis et cessez cette mascarade car vous n’êtes que les serviteurs de lois injustes et nombre d’entre vous le savent déjà.
      Si vous vous demandez encore << mais pourquoi le ferais-je >>, dites vous que parfois désobéir c’est se couvrir d’honneur.
      Pour Blessing, pour tous ceux qui souffrent au passage de cette frontière, pour tous ceux qui arrivent pour demander de l’aide et un peu de paix, pour nous tous, pour que nous n’ayons plus honte de notre pays, Mesdames, Messieurs les Policiers et Gendarmes, ayez le courage de le faire."

      Montgenèvre le 16 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152643054967262

    • La frontière tue

      elle s’appelait
      elle s’appelle elle s’appellera

      silence

      parfois il vaut mieux le silence
      que de parler à travers ou au travers
      d’appeler au calme
      de parler au nom

      la frontière
      les papiers
      ses agents armés
      la traque
      la peur
      la rivière
      la mort

      fascistes État le travail est le même
      l’histoire sait

      administration
      uniforme
      banal

      expulsions
      déportations
      colonisation

      la terreur c’est l’État
      la Justice son sacre

      balland bigot macron collomb
      ce sont eux que la rivière devrait emporter
      ça ne suffira pas

      soyons la crue et non la berge
      soyons les sources qui percent la roche
      que nos larmes forment un torrent de rage

      elle est morte en passant par la montagne
      tuée par la frontière
      et ceux qui la défende

      ne confondons pas le torrent
      et ceux qui nous poussent
      à l’eau

      https://valleesenlutte.noblogs.org/post/2018/05/14/la-frontiere-tue

    • SO SORRY
      Que la terre lui soit légère

      Ce soir à la Vachette, au bord de la Durance ces quelques mots adressés à la famille de Blessing.

      Comment vous dire ? / So Sorry

      A vous les sœurs de Blessing, à vous tous les membres de sa famille et tous ses amis, qui avez perdu le sourire de Blessing, comment vous dire notre tristesse, notre désarroi, notre colère de savoir que c’est dans notre pays, dans nos montagnes que Blessing s’est perdue à jamais ?
      Comment vous dire combien chacun d’entre nous voudrait s’associer profondément à votre chagrin de l’avoir perdue si jeune, en plein espoir d’une vie meilleure ?

      Mais nous avons si honte des sombres événements qui se produisent dans nos montagnes depuis de nombreux mois, que nous osons à peine vous adresser ces quelques mots de compassion.
      Certains d’entre nous sillonnent les montagnes pour tenter de vous protéger contre ces drames nocturnes, d’autres vous accueillent dans les refuges solidaires ou dans leurs maisons, et vous accompagnent dans vos longs et douloureux périples, parfois à leurs risques et périls.
      Mais comment vous dire notre impuissance à permettre que vous soyez toujours accueillis dans le respect et la dignité, malgré toute notre bonne volonté ?

      Nous ne connaissions pas Blessing mais chacun de nous peut se reconnaître en elle, qui aspirait simplement à construire sa vie.
      Comment vous dire que nous saluons le courage qu’il lui a fallu, ainsi qu’à vous tous, pour tout quitter et arriver jusqu’à nous, dans l’espoir d’un possible que vous ne trouvez plus chez vous ?

      La mort de Blessing, nous la portons tous en nous, non seulement comme un drame personnel, mais aussi comme un échec de notre France soit-disant des droits de l’homme, de notre Europe qui ne sait pas ouvrir ses portes.
      Comment vous dire que nous ne voulons pas que sa mort soit vaine, que nous nous battrons pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli, et pour que les lois changent ou soient appliquées ?

      Comment vous dire que chacune des fleurs, chacune des bougies que nous allumons ce soir pour Blessing, est un désir de s’associer à votre peine, un chuchotement de réconfort à votre oreille.

      Comment vous dire que jamais plus nous ne pourrons regarder les belles rivières de nos vallées : La Clarée, la Durance, sans penser à Blessing, à vous tous, au combat de solidarité qui est le nôtre ?

      Puisse Blessing nous donner la force de ne jamais baisser les bras.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152699918294909

    • La noyée de la Durance serait bien la migrante Nigériane de 21 ans

      Le procureur de la République de Gap a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.
      Dans un communiqué cette après-midi, le procureur de la République de Gap Raphaël Balland a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles (Saint-Martin-de-Queyrières) serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.

      « En l’absence d’élément formel d’identification de la jeune femme décédée par noyade et retrouvée dans la Durance le 9 mai 2018, une expertise génétique a été effectuée par l’IRCGN [Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, NDLR] par comparaison du profil génétique de cette jeune femme avec celui d’une femme de nationalité nigériane, vivant en Italie, et qui s’était présentée auprès des enquêteurs le 15 mai 2018 comme étant possiblement sa sœur qu’elle n’avait plus revue depuis environ 10 ans », précise le magistrat.

      Il poursuit : « Ce jour, cette expertise a conclu à une très forte probabilité qu’il s’agissait effectivement de sa sœur (2000 fois plus probable que par rapport à une personne qui ne serait pas sa sœur). Il s’agirait donc de Blessing Matthew, autrement appelée Blessing Obie. »

      Cette comparaison de profil génétique s’ajoute à d’autres éléments recueillis par les gendarmes ces derniers jours, selon Raphaël Balland, dont des témoignages et « la découverte le 7 mai 2018 par les gendarmes d’un sac contenant un certificat médical au nom de Blessing Matthew à proximité de la Durance sur la commune de Val-des-Prés ».

      « Les investigations [...] se poursuivent pour compléter les éléments d’identité de cette jeune femme et tenter de connaître les circonstances précises de ce décès », conclu le magistrat gapençais.


      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2018/05/18/la-noyee-de-la-durance-serait-bien-la-migrante-nigeriane-de-21-ans

    • COMMUNIQUE DE PRESSE de Tous Migrants du 22.05.2019

      MAMADOU, BLESSING
      Deux morts à en dix jours à la frontière franco-italienne
      Protégeons les humains, pas les frontières

      Ce vendredi 18 mai en fin d’après-midi, des randonneurs ont découvert le corps de Mamamdou, un migrant mort d’épuisement en tentant de passer la frontière franco-italienne. Son compagnon d’infortune a lui aussi frôlé le drame.

      Il y a 10 jours, une jeune femme Nigériane, Blessing Matthew avait été retrouvée noyée dans la Durance. Elle avait été effrayée en amont par un contrôle de police.

      Depuis des mois des habitants du Briançonnais sont mobilisés pour accueillir les personnes exilées dignement et pour tenter d’éviter les drames. Chaque nuit, des solidaires, traqués eux aussi par la Police, ont veillé et porté secours aux exilés en grande difficulté dans la neige et le froid… pour que les Alpes ne soient pas une autre Méditerranée, un cimetière à ciel ouvert.
      Déjà deux drames de trop depuis la fonte des neiges… deux drames qui ne sont pas des accidents, mais bien la conséquence d’une politique mortifère.

      Aujourd’hui, c’est la politique toujours plus répressive du gouvernement, l’envoi de renforts de gendarmerie, le non-respect de la loi et le bafouement des droits humains qui obligent ces hommes et ces femmes à prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles de police et qui conduit à ces drames.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que nos montagnes constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, la traversée de la Méditerranée, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le respect des droits des personnes étrangères qui frappent à notre porte.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Que les morts reposent en paix. Que les vivants soient protégés. Sans relâche.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2155513458013555:0

    • Deux migrants morts mais pas de coupable pour le parquet

      Le procureur de la République de Gap vient de classer “sans suite” les enquêtes judiciaires relatives aux décès de Blessing Matthew et Mamadi Conde survenus en 2018 dans le Briançonnais. Pour le parquet, aucune infraction n’a été commise par les forces de l’ordre pourtant pointées du doigt par les associations de défense des migrants.

      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2019/05/08/deux-migrants-morts-mais-pas-de-coupable-pour-le-parquet

    • Blessing, migrante noyée dans la Durance : des mois de silence et un dossier en souffrance

      Il y a un an, le corps de Blessing Matthew était retrouvé contre un barrage des Hautes-Alpes. La Nigériane, qui venait de franchir la frontière, fuyait une patrouille de gendarmes. Le parquet a écarté lundi leur responsabilité, ce que contestent sa sœur et l’association Tous migrants.

      C’était il y a un an. Le 7 mai 2018, Blessing Matthew s’est noyée dans la Durance à La Vachette (Hautes-Alpes), un lieu-dit de Val-des-Prés situé sur la route de Briançon. Cette Nigériane de 20 ans venait juste de passer la frontière franco-italienne, de nuit, en groupe et par les sentiers, dans le secteur du col de Montgenèvre. Selon ses compagnons de traversée, la dernière fois qu’elle a été vue, peu avant l’aube, elle était poursuivie par les forces de l’ordre, boitillante, épuisée et terrifiée, sur les berges du torrent en crue printanière. Le 9 mai, son corps est retrouvé à dix kilomètres en aval, flottant contre un barrage EDF du village de Prelles. La jeune femme ne porte plus que sa culotte, un anneau d’argent et un collier avec une pierre bleue. C’est le premier cadavre retrouvé depuis le début de l’afflux de migrants à la frontière des Hautes-Alpes, en 2016. Depuis, les corps de trois autres Africains ont été découverts dans la montagne. L’histoire de Blessing est pourtant une tragédie à part. Parce que c’était une femme, alors qu’elles sont ultra-minoritaires sur la frontière, parce que c’était la première victime, et parce que les conditions de sa mort restent troubles.

      Le 25 septembre 2018, sa sœur aînée, Christina, qui vit en Italie, pays dont elle a la nationalité, porte plainte « contre X, pouvant être les représentants de l’autorité publique » pour « homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger ». Depuis, le parquet de Gap, à l’exception d’une demande d’identité de témoins cités dans la plainte, ne s’était plus manifesté. Sept longs mois de silence donc. Jusqu’au classement sans suite, lundi soir, par le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, de l’enquête « pour recherche des causes de la mort » ouverte à la découverte du corps.

      Confiée aux gendarmes de Briançon et à ceux de Marseille pour la partie « tentative d’interpellation » de Blessing, l’enquête a conclu « à l’absence d’infraction » de la part des gendarmes mobiles. La plainte de Christina, reçue « en phase de clôture de l’enquête » n’a pas changé sa nature, ni donné lieu à la saisine de l’Inspection générale de la gendarmerie, détaille le procureur : « Les gendarmes n’ont distingué que trois silhouettes dans la nuit, sans déceler qu’il y avait une femme » et « n’ont pas entamé de course-poursuite mais ont mis en œuvre un dispositif de recherche des trois migrants dans la zone de fuite. »

      Trop tard et trop peu pour Christina et l’association briançonnaise Tous migrants : elles se sont constituées partie civile auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de Gap, comme le permet la loi lorsque le parquet ne donne pas suite à une plainte dans un délai de trois mois. Maeva Binimelis, du barreau de Nice, signe la nouvelle plainte au nom des trois avocats de Christina et de Tous migrants.

      L’ouverture d’une instruction, désormais incontournable, permettra aux parties civiles d’avoir accès à l’enquête : « J’ai des doutes sur sa qualité. Le parquet a-t-il fait tout ce qui était en son pouvoir ? » interroge l’avocate. Christina, « terriblement choquée », veut « éclaircir les zones d’ombre. Que s’est-il passé cette nuit-là ? Est-ce un accident ? Quel rôle ont joué les forces de l’ordre ? »
      Lampes torches

      La nouvelle plainte s’appuie sur une version différente de celle des enquêteurs, établie par le travail des militants de Tous migrants, mobilisés dès la découverte du corps. Ils retrouvent Roland, l’un des compagnons de Blessing, Nigérian lui aussi, au principal lieu d’accueil de Briançon, celui de l’association Refuges solidaires qui a accueilli 8 550 migrants depuis juillet 2017. Roland leur raconte que Blessing, épuisée, Hervé (un troisième Nigérian) et lui-même ont été surpris par cinq « policiers » vers 5 heures du matin après avoir marché toute la nuit. Lampes torches allumées près d’eux, ils crient « police ! » Les trois Nigérians détalent vers La Vachette, en contrebas. Roland se cache à l’entrée du hameau, voit les autres s’enfuir et les forces de l’ordre patrouiller longuement avant de partir. Si Roland n’a pas été arrêté, Hervé a été interpellé ce matin-là puis reconduit à la frontière, selon le monde opératoire classique dans les Hautes-Alpes : 1 899 « non-admissions » en 2017, 3 409 en 2018, et 736 déjà en 2019 selon la préfecture, en application de la règle européenne prévoyant que les demandes d’asile doivent être faites dans le premier pays d’arrivée.

      Gisèle Peyronel est une des trois personnes qui viennent entretenir sa tombe. Photo Eric Franceschi

      Tous migrants localise Hervé dans un camp de Turin et son témoignage, recueilli par l’avocat italien de Christina, confirme et précise celui de Roland. Les « policiers » qui « leur courent après » ont leurs armes à la main et menacent de tirer, assure-t-il. Caché en contrebas de l’église, au-dessus de la Durance, il aperçoit Blessing sur l’autre rive, accroupie dans un pré, des lampes torches allumées non loin d’elle. Repéré, il s’enfonce dans des taillis et ne la voit plus, mais il l’entend crier et appeler à l’aide pendant plusieurs minutes. Puis plus rien. Les « policiers » continuent à chercher sur la rive.

      Un troisième témoin rencontré par Tous migrants, J., séjournant dans un gîte à proximité, a été réveillé au petit matin par un « déploiement impressionnant » : des ordres sont criés, trois utilitaires de la gendarmerie sont stationnés dans la rue, une dizaine de gendarmes fouillent les jardins, les abords de la rivière. Michel Rousseau, pilier de Tous migrants, détaille ce recueil de témoignages, mission habituelle de l’association : « Ces témoins, choqués mais clairs dans leurs propos, nous ont parlé en toute connaissance de cause. Nous avons vérifié leurs récits sur les lieux. Tout se tient. » Dès le 14 mai 2018, l’association alerte le procureur, par signalement. Ses militants, puis Roland, sont ensuite entendus par les gendarmes. L’association, en parallèle, dénonce publiquement « les pratiques policières révoltantes reposant sur des guets-apens et des courses poursuites ». Ce signalement auprès du procureur avait été le premier. Depuis, Tous migrants, sous l’égide de Me Binimelis, en a déposé huit autres, reprochant aux forces de l’ordre violences, délaissements de personnes vulnérables, faux en écriture publique, destructions de documents, vols, injures à caractère racial… Deux victimes ont même porté plainte pour « violences aggravées » et « vol aggravé ».

      L’avocate explique que le parquet ne lui a fait part d’aucune prise en compte de ces signalements et plaintes. « Il y a pour moi deux poids et deux mesures : pour les militants solidaires, la machine pénale va jusqu’au bout, mais lorsqu’on suspecte des représentants de la force publique, aucune suite ne semble être donnée. » Depuis un an, 10 militants solidaires ou maraudeurs ont été condamnés à Gap pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire », dont deux, à de la prison ferme.
      « Mise en danger »

      Contacté par Libé , le procureur de Gap assure que « la totalité des signalements et plaintes a été traitée », donnant lieu soit « à des vérifications auprès des services potentiellement concernés », soit « à l’ouverture d’enquêtes préliminaires », dont il ne précise pas la nature, soit à leur ajout« à d’autres procédures en cours ». Il déplore la « posture » de Tous migrants qui consiste à lui fournir des « éléments quasi inexploitables : des témoignages anonymes, ne permettant pas d’identifier les forces de l’ordre visées ».

      Hervé, le témoin clé concernant Blessing, n’a ainsi pas été entendu, explique le procureur qui regrette que Tous migrants ne lui ait pas communiqué « les éléments du témoignage » de cet homme et son identité complète. Les enquêteurs l’avaient joint par téléphone au début de l’enquête mais il avait « refusé de revenir en France pour témoigner », dit le procureur…

      Sur la même période, les témoignages d’infractions commises par les forces de l’ordre, en particulier de par la police aux frontières, se sont multipliés. Les chasses à l’homme - ou « chasses au Noir », comme le lâche Maeva Binimelis - n’ont par ailleurs jamais cessé. « C’est tous les jours, à pied, en quad ou à motoneige, avec des jumelles infrarouges et même des chiens parfois », détaille un maraudeur briançonnais. La Commission nationale consultative des droits de l’homme, institution officielle venue en inspection à Briançon, a invité l’Etat, en juillet, à « prendre immédiatement les mesures qui s’imposent à la frontière franco-italienne pour mettre fin aux violations des droits fondamentaux et aux pratiques inhumaines », à « sortir du déni » et à « modifier radicalement sa politique responsable de la mise en danger d’êtres humains ». La préfecture des Hautes-Alpes indique que « ce rapport à portée nationale n’appelait pas de réponse locale, même si certains faits, appréciations et interprétations pourraient être discutés ».

      Treize ONG, menées par Amnesty et l’Anafé, ont lors d’une mission en octobre récolté « de nombreux témoignages de violation des droits […] et de menaces proférées par les policiers » et déposé 11 référés-liberté, dont 8 pour des mineurs isolés refoulés. La préfecture fustige ce rapport « outrancier et erroné », assurant que les forces de l’ordre « exercent leurs missions dans le strict respect de la loi » et ont « pour consigne constante de considérer en toutes circonstances l’état de vulnérabilité des personnes ». Elle ajoute que signalements et plaintes sont du ressort de la justice et qu’elle n’en a « pas été destinataire ». Michel Rousseau gronde : « Ce qui se passe ici révèle la violence directe, brutale et barbare de notre système. »

      Dans un recoin du cimetière de Prelles, à l’écart, Blessing repose sous un tumulus de terre. Il y a toujours des fleurs fraîches sur sa tombe.

      https://www.liberation.fr/france/2019/05/07/blessing-migrante-noyee-dans-la-durance-des-mois-de-silence-et-un-dossier-en-souffrance_1725550/?redirected=1&redirected=1

    • 12.01.2021

      Hautes-Alpes : Un avocat tente de relancer l’affaire de la migrante retrouvée morte

      Classée sans suite, l’affaire de la migrante retrouvée morte noyée dans les Hautes-Alpes est en passe d’être relancée

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap, l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.​

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me Vincent Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier.

      Pourchassée dans la forêt

      L’association avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête. « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth.

      L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits. « Un témoin confirmant qu(e la migrante) a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également. Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie.

      https://www.20minutes.fr/justice/2951195-20210112-hautes-alpes-avocat-tente-relancer-affaire-migrante-retro

    • Hautes-Alpes : le délibéré de l’appel pour relancer l’affaire Blessing Matthew fixé au 9 février

      Chaque hiver, des migrants tentent de franchir la frontière à pied dans le froid glacial des nuits montagnardes. Depuis une semaine, presque chaque nuit, des interventions de secours ont lieu à la frontière franco-italienne du Briançonnais. Samedi soir, sept personnes « en transit » étaient activement recherchées vers Cervières. Plus tôt, quatre autres migrants étaient secourus à Montgenèvre. Lundi dernier, une dizaine d’entre eux étaient retrouvés en situation de péril au col de Montgenèvre.

      Si la problématique migratoire est bien moins importante aujourd’hui, elle ne cesse d’être présente au quotidien dans les Hautes-Alpes à travers les secours à personne, l’accueil solidaire ou les dossiers en justice.

      A ce titre, l’affaire Blessing Matthew pourrait bien être relancée par l’avocat de l’association Tous migrants. Le dossier, classé sans suite par le parquet de Gap en 2019, a été examiné mardi dernier par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble. Maître Vincent Brengarth avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020. L’association Tous migrants avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite. Selon l’avocat, la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap qui n’est pas indépendant ». De même, un témoin a affirmé que « la migrante a été pourchassée dans la forêt » et n’a pas été entendu.
      Pour mémoire, Blessing Matthew était une jeune Nigériane de 21 ans qui avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières le 7 mai 2018 après avoir traversé la frontière. Elle a été inhumée dans le cimetière du village de Prelles.

      Maître Vincent Brengarth attend maintenant le 9 février prochain, date à laquelle sera rendu le délibéré qui pourrait ou non relancer l’affaire :

      https://www.dici.fr/actu/2021/01/18/hautes-alpes-delibere-de-l-appel-relancer-l-affaire-blessing-matthew-fixe-9-fev

    • Mort d’une jeune Nigériane en 2018 : l’avocat de Tous migrants veut relancer l’affaire

      #Blessing_Matthew avait été retrouvée noyée le 9 mai 2018, au barrage de Saint-Martin-de-Queyrières, dans les Hautes-Alpes. Le parquet de Gap avait, un an plus tard, classé l’affaire de la mort de la jeune femme sans suite. Au grand dam de l’association #Tous_migrants qui n’a, depuis, de cesse de la relancer.

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap , l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.

      L’affaire devant la cour d’appel de Grenoble

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me #Vincent_Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier. L’association avait déposé une #plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le #classement_sans_suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête.

      « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth. L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits.

      « Un témoin confirmant [que la migrante] a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également.

      Elle venait de franchir la frontière

      Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à #Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie. Sa sœur avait alors porté plainte en accusant les gendarmes d’avoir tendu un « véritable #guet-apens » au groupe dans lequel Blessing Matthew figurait.

      Décision le 9 février

      L’enquête avait déterminé que les gendarmes mobiles « s’étaient identifiés à haute voix » avant un contrôle, provoquant la fuite de la jeune femme et de ses deux compagnons.

      Selon le parquet de Gap, « les circonstances précises dans lesquelles [elle] aurait chuté dans la Durance demeurent inconnues en l’absence de témoignage direct ». La section de recherches de Marseille avait finalement « conclu à l’absence d’infraction susceptible d’être retenue à l’encontre des gendarmes mobiles », avait relevé le parquet. La décision a été mise en délibéré au 9 février.

      https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2021/01/13/mort-d-une-jeune-nigeriane-en-2018-l-avocat-de-tous-migrants-veut-relanc

  • #Covid-19 : l’estimation de l’OMS sur le nombre de #morts fait grincer des dents à New Delhi
    https://www.rfi.fr/fr/europe/20220417-covid-19-l-estimation-de-l-oms-sur-le-nombre-de-morts-fait-grincer-des-

    En deux années de pandémie, le Covid a déjà fait près de 6 millions de morts. En tout cas officiellement. Le chiffre réel est, de l’avis même de l’OMS, beaucoup plus élevé. L’agence serait arrivée au chiffre de 15 millions de #décès liés directement ou indirectement au Covid, dont une grande partie rien qu’en Inde. Une estimation qui fait grincer des dents à New Delhi.

    • Même pas possible de parler de vérité pour le coup, ou inversement.

      Sérieusement cet article est à décorer.

      Je suis très inquiet plus par la petitesse de l’article compte tenu de l’importance du sujet, plus inquiet encore que dans un même si petit article il soit quand même possible dans un même paragraphe de parler d’un chiffre réel et tout aussi bien d’une estimation pour le même sujet. Ou de juger une imperfection pour proposer une estimation. Même si ce n’est pas entièrement faux c’est intellectuellement absurde. Du grand art RFI.

      Et de citer l’OMS avec autant de faciliter qu’il leur semble impossible de mettre un lien vers la source, le fameux document bloqué par New Delhi que personne n’a vu, selon Le Monde.
      D’autant qu’en cherchant la source on tombe sur un article plus récent (3 jours) sur exactement le même sujet de l’Inde (d’ailleurs j’en décompte 4 en tout - Inde ceci Inde cela) avec un document lié non pas à l’OMS mais au Center for Global Development qui par leur autonomie affichées ne semblent pas avoir de lien avec l’OMS.

      Ceinture noire pour RFI.

  • Dominique Costagliola : « Le #storytelling de McKinsey sur le #Covid n’est pas scientifique » - L’Express
    https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/dominique-costagliola-le-storytelling-de-mckinsey-sur-le-covid-n-est-pas-sc

    Il y a quand même déjà près de 18 000 #morts du Covid depuis le début d’année. Cent personnes meurent en moyenne tous les jours en ce moment. Mais cela ne pose aucun problème à personne. A ce rythme, le nombre de décès à la fin de l’année sera considérable - peut-être encore 40 000 !

    Par le passé, on a adopté des mesures en matière de #sécurité routière, notamment avec l’obligation du port de la ceinture, alors qu’il y avait moins de décès que cela. Chaque mort évitable est un échec. Il faut bien sûr une balance, en prenant en considération l’ensemble des facteurs. On constate aujourd’hui une #désorganisation dans certains secteurs, comme les compagnies aériennes, au Royaume-Uni, du fait des absences pour Covid. Donc, l’absence de mesure peut avoir un effet économique délétère. Aujourd’hui, on ne discute pas des enjeux globaux. Et si une part de ces personnes contaminées développent des pathologies dans le futur, cela nous coûtera plus cher, y compris en termes de capacité de travail.

    Pour l’instant, il y a des incertitudes sur les #Covid_longs, sur les effets neurologiques ou cardiovasculaires à moyen terme de l’infection. Mais on ne peut pas faire comme si cela n’existait pas. On ne voit jamais la logique scientifique des décisions prises par le gouvernement. Au final, elles sont toujours basées sur l’opinion d’une seule personne, le président, alors que les décisions de santé publique devraient être collectives.

    • Le cabinet McKinsey, qui fait aujourd’hui l’actualité, avait même publié un rapport en octobre dernier, « Pandemic to endemic, how the world can learn to live with Covid-19 », dans lequel le masque est présenté comme une contrainte. En faisant cela, on ne réussira jamais, comme en Asie, à dire aux personnes touchées par une maladie infectieuse respiratoire qu’il est recommandé de mettre un masque pour éviter de contaminer ses voisins. McKinsey n’a aucune compétence en santé publique. Avec un tel message dépeignant le masque comme une contrainte, on tue définitivement un outil de prévention dont on pourrait pourtant avoir à nouveau besoin bientôt.

      […]

      Je comprends qu’il ne peut pas y avoir uniquement des aspects sanitaires dans les décisions prises par les responsables politiques. Il y a un équilibre à gérer. Mais il faudrait au moins qu’une partie de leur raisonnement soit basée sur des éléments scientifiques et de santé publique, c’est-à-dire sur l’idée d’une solidarité vis-à-vis des personnes les plus fragiles. Le masque pourrait servir dans le futur. Mais on a tiré à boulet rouge sur lui.

  • Deux personnes en situation migratoire enterrées à Oulx et Bardonecchia (mortes probablement 2015 et 2016) :

    «Un corpo di giovane uomo, senza documenti, probabilmente proveniente da un paese arabo viene trovato morto lungo un sentiero nel Comune di Oulx. E’ il secondo morto ignoto trovato in alta Valle di Susa, che si trova a fare i conti con l’emergenza umanitaria delle popolazioni in fuga da guerre e carestie.

    Un corpo di giovane uomo, senza documenti, probabilmente proveniente da un paese arabo viene trovato morto lungo un sentiero nel Comune di Oulx. Otto mesi fa è stato seppellito nel cimitero del piccolo comune valsusino: morto ignoto, gli inquirenti non sono riusciti a identificarlo. Come nel cimitero di Lampedusa, dove le immagini delle croci di legno senza nome hanno fatto il giro del mondo, anche nelle Valli olimpiche, a pochi chilometri da Torino o Lione, ci sono tombe anonime di persone morte nel tentativo di passare la frontiera. «E’ il secondo morto ignoto trovato in alta Valle di Susa – racconta il sindaco di Oulx Paolo De Marchis –, il primo l’aveva trovato una signora che portava il cane a passeggio su un sentiero nei dintorni di Campo Smith, a Bardonecchia», e oggi riposa anche lui con la sua croce anonima, in un cimitero in alta valle.»

    https://issuu.com/dislivelli/docs/68_webmagazine_giugno16

    #Oulx #Bardonecchia #Val_de_Suse #Val_Susa

    #migrations #asile #réfugiés #décès #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #frontière #frontière_sud-alpine #Alpes

    –—

    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière des Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/800822

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Migranti: quei morti ignoti nei sentieri alpini al confine con la Francia

      C’è una croce anonima nel piccolo cimitero di Oulx, comune di 2.500 anime in Alta Val di Susa. È di un giovane uomo, forse di origine araba, trovato morto lungo uno dei sentieri che portano in Francia. Nelle valli che hanno ospitato le Olimpiadi, simbolo di un mondo che non conosce frontiere, ogni notte decine di migranti cercano di attraversare il confine. «È il secondo morto ignoto trovato in alta Valle di Susa. Il primo l’aveva trovato una signora che portava il cane a passeggio su un sentiero nei dintorni di Campo Smith, a Bardonecchia, e oggi riposa anche lui con la sua croce anonima, in un cimitero in alta valle», racconta il sindaco di Oulx Paolo De Marchis, intervistato da Dislivelli, bella rivista di montagna dell’omonima associazione. Il primo piano del numero di Giugno della rivista, intitolato «Non passa lo straniero», racconta quel che sta succedendo lungo i sentieri che attraversano cime e passi delle Alpi e portano in Francia, Svizzera o Austria.

      https://www.redattoresociale.it/article/notiziario/migranti_quei_morti_ignoti_nei_sentieri_alpini_al_confine_con_la_fr

    • Morti ignoti nelle Valli olimpiche

      Un corpo di giovane uomo, senza documenti, probabilmente proveniente da un paese arabo viene trovato morto lungo un sentiero nel Comune di Oulx. Otto mesi fa è stato seppellito nel cimitero del piccolo comune valsusino: morto ignoto, gli inquirenti non sono riusciti a identificarlo. Come nel cimitero di Lampedusa, dove le immagini delle croci di legno senza nome hanno fatto il giro del mondo, anche nelle Valli olimpiche, a pochi chilometri da Torino o Lione, ci sono tombe anonime di persone morte nel tentativo di passare la frontiera.

      «E’ il secondo morto ignoto trovato in alta Valle di Susa – racconta il sindaco di Oulx Paolo De Marchis –, il primo l’aveva trovato una signora che portava il cane a passeggio su un sentiero nei dintorni di Campo Smith, a Bardonecchia», e oggi riposa anche lui con la sua croce anonima, in un cimitero in alta valle. Il fenomeno delle persone straniere che tentano di passare la frontiera clandestinamente non è nuovo per la Valle di Susa, ma dall’ottobre dell’anno scorso la situazione è peggiorata. Capita di vedere all’imbrunire lungo la strada statale che sale in alta valle, verso Bardonecchia, furgoni che si fermano per far scendere due o tre persone alla volta, che si avviano verso la frontiera. «Ne abbiamo visti personalmente sia io che i miei assessori», spiega il sindaco. Probabilmente le organizzazioni di trafficanti di esseri umani hanno individuato la valle come una delle possibili vie di accesso alla Francia. «Nonostante le forze dell’ordine negli ultimi tempi abbiamo aumentato gli sforzi per presidiare il territorio – continua De Marchis – capita spesso di vedere persone incamminarsi sui sentieri, lungo la pista da fondo di Claviere, sulle sponde della Dora Riparia o lungo la statale in direzione della frontiera. Sui sentieri del mio comune ogni anno nella stagione dello scioglimento delle nevi troviamo indumenti, scarpe o altre tracce abbandonate», segnale del passaggio di immigrati verso la frontiera. In valle è capitato più di una volta di raccogliere la testimonianza di immigrati clandestini che una volta passata la frontiera ed essersi incamminati per qualche chilometro giù per la Valle della Maurienne, sono stati intercettati dalla Gerdarmerie francese che li ha riportati in Italia.
      «La notte capita di passare nei pressi di vecchi casolari abbandonati e scorgere delle luci», continua il sindaco, e sono i piccoli fuochi improvvisati da immigrati di passaggio che cercano riparo. «Una sera nella vecchia stazione di Beaulard si è sviluppato un incendio – ricorda De Marchis – che ha fatto saltare la linea a 380 volt della stazione. Ricordo che da casa mia ho visto dei lampi e delle fiammate incredibili. Siamo subito accorsi. Un ragazzo esausto si era addormentato con la sigaretta accesa che gli ha incendiato la coperta». Pochi mesi prima un altro incendio, in un casolare abbandonato di fronte al centro commerciale Le Baite di Oulx. Sempre causato da persone che cercavano riparo per la notte.
      Alcuni dei migranti diretti al confine, nelle Valli Olimpiche, sono i minorenni non accompagnati che vengono intercettati dagli inquirenti e portati presso le strutture del Consorzio Intercomunale Socio Assistenziale Valle di Susa, il Conisa, di cui De Marchis è presidente: «Abbiamo 12 ragazzi minorenni in carico attualmente, tutti arrivati negli ultimi sei mesi. Li abbiamo distribuiti tra i centri disponibili della bassa valle tra Susa, Rubiana e Almese. Ma ora non abbiamo più posti disponibili e stiamo chiedendo aiuto ai consorzi socio assistenziali vicini». La presa in carico di minori non accompagnati, sia italiani che stranieri, è obbligatoria per i centri socio assistenziali di tutto il territorio nazionale. E il Conisa non si sottrae certo al suo dovere. Ma l’alto onere economico, la scarsità di posti a disposizione e i forti ritardi nei rimborsi da parte dell’Asl mettono oggi a dura prova la tenuta del consorzio montano.

      http://www.dislivelli.eu/blog/morti-ignoti-nelle-valli-olimpiche.html

  • Livreurs UberEats ou Deliveroo, ils risquent leurs vies pour un burger | Lina Rhrissi
    https://www.streetpress.com/sujet/1646309485-livreurs-ubereats-deliveroo-morts-route-accident-uberisation

    Poussés par des algorithmes, les livreurs UberEats et Deliveroo risquent leurs peaux, forcés d’aller toujours plus vite pour des revenus de plus en plus bas. Depuis trois ans, 11 sont morts sur les routes. Et les blessés se comptent par milliers. Source : StreetPress

  • Asile, une industrie qui dérape

    Le traitement des demandes d’asile en Suisse est devenu une véritable industrie, avec des #centres_fédéraux gérés principalement par des sociétés privées. Employés mal payés, manque cruel de formation, dérapages violents, dérives bureaucratiques, accès aux soins problématique : des témoignages et des documents d’enquêtes pénales inédits permettent de percer la boîte noire des centres fédéraux d’asile.

    https://pages.rts.ch/emissions/temps-present/12754866-asile-une-industrie-qui-derape.html

    #Budget de fonctionnement des centres : 215 millions en 2021, dont 57 mio à l’encadrement et 60 millions à la sécurité (min 53’50) :

    Dans le reportage, l’histoire de #Sezgin_Dag est racontée. Sezgin décède dans un taxi qui était en train de l’amener à l’hôpital (à partir de la minute 3’06).

    #asile #migrations #réfugiés #privatisation #business #Suisse #ORS #Protectas
    #violence #accélération_des_procédures #procédures_accélérées #accès_aux_soins #souffrance #témoignage #industrie_de_l'asile #business #SEM #Securitas #coût #dysfonctionnement #Boudry #cellule_de_réflexion #décès #morts #suicides #automutilations #traumatismes #dérapages #Gouglera #injures #violence_systématique #frontaliers #conditions_de_travail #plan_d'exploitation_hébergement (#PLEX) #fouilles #nourriture #alimentation #punitions #privations_de_sortie #mesures_disciplinaires #horaires #pénalité #formation #spray #agents_de_sécurité #salaires #centres_pour_récalcitrants #récalcitrants #Verrières #centres_spécifiques #centre_des_Verrières #disparitions #délinquance #optimisation #sécurité #prestations #société_anonyme

    –-
    Ajouté à la métaliste sur #ORS en Suisse :
    https://seenthis.net/messages/884092

  • War of words over migrant deaths at Greece-Turkey border

    In early February, 19 migrants froze to death at the Greek-Turkish border. Ever since, both Ankara and Athens have been blaming each other for the deaths, yet providing no evidence of what actually happened.

    On February 2, Turkish Interior Minister Süleyman Soylu published four disturbing images on his Twitter account. The pictures showed several men, seemingly unconscious, lying in the mud on a dirt track in the middle of nowhere.

    Soylu wrote: “12 of the 22 migrants pushed back by Greek Border Units, stripped off from their clothes and shoes have frozen to death. EU is remediless, weak and void of humane feelings.”

    It did not take long for Greek Migration and Asylum Minister Notis Mitarachi to respond. In a video message, he said: “The statements of the Turkish leadership regarding the tragic incident in which people lost their lives in Turkey were unacceptable. It is Turkey’s responsibility to prevent illegal departures.” He later added that the “migrants in questions never reached the border.”

    How Mitarachi can be sure of that remains unclear. A source within the Greek Ministry told DW “that there were absolutely no records of these people at all.” This, however, does not prove whether or not the victims set foot on Greek soil.

    For its part, Turkey has not provided any evidence to back up its allegations against Greece either. In the meantime, seven more people discovered near the Evros River along the border have died, bringing the death toll to 19.

    Lack of transparency

    Independent researcher Lena Karamanidou is reluctant to believe either side. She feels that there are too many allegations and a lack of transparency. Having grown up in the Evros region, she is now based in Glasgow and has been monitoring migration movements at the Greek-Turkish border for many years.

    Karamanidou pointed out that there is a history of pushbacks in the Evros region dating back to the 1980s.

    She told DW that people regularly lose their lives either while attempting to cross the border or during a pushback. “The unusual element of this incident is not that people lost their lives,” she explains, “but the high number of deaths.”
    Increased anti-migrant sentiment in Greece

    Karamanidou does not share the Greek interior minister’s theory that the victims failed to reach Greece. “We know from multiple reports by human rights organizations and NGOs [nongovermental organizations] that people who cross the border are not necessarily registered, especially prior to pushbacks.”

    She said that political discourse on migration in Greece has always been “hostile, nationalist, and racist” — but that anti-migrant sentiment has intensified over the past two years.

    Karamanidou believes that the government and mainstream media close to the government share responsibility for this: “They actively promote such discourse, including through representations of migration as a national security threat linked to Turkey,” she said.

    According to Karamanidou, this ongoing propaganda war between Athens and Ankara, which is being fought at the expense of asylum-seekers, has a long history in both countries.

    “Greek and Turkish national identities have been shaped through narratives of this enmity [...] responses to migration in Greece have long blamed Turkey for not controlling migration or not cooperating on migration control,” she asserted.

    EU divided on migration policy

    Meanwhile, the European Union continues struggling to find common ground on matters of migration. Several member states are not willing to take in asylum-seekers at all. As a result, the EU is now focusing on keeping its borders closed.

    With regard to Greece, countless media reports have documented illegal pushbacks, irregularities in the country’s asylum system and police violence against migrants.

    But despite evidence of this and numerous indications of Greece’s mishandling EU funds, EU Commissioner for Home Affairs Ylva Johansson has refrained from officially reprimanding Athens or launching an infringement procedure.

    Her only reaction so far has been to express “great concern,” insisting that Athens investigate cases of illegal practices, and to state publicly that border protection must be in accordance with EU law.

    Carefully timed tweet?

    Soylu’s tweet about the dead migrants at the Greek-Turkish border came during an informal meeting of the European Home Affair Ministers in Lille, France — an event attended by both Johansson and Mitarachi.

    Given the political turmoil between Ankara and Athens, and also between Ankara and the EU, it is hard to imagine that the timing was a coincidence.

    When asked that evening at a press conference about the incident at the Greek-Turkish border, Commissioner Johansson said: “This should never have happened, that migrants who try to enter the European Union lost their lives.”

    She added that Mitarachi had assured her that the victims had not entered Greece, but said that the incident needed to be investigated further.

    DW got in touch with her office for an update regarding this investigation, but the commissioner was not available for an interview.

    German response to the migrant deaths

    Human rights organizations were hoping that Germany’s new government and its new foreign minister, Annalena Baerbock of the Green Party, would be more vocal regarding the situation at the EU’s external borders.

    The German Foreign Office issued a statement about the death of the migrants, saying: “It’s important to find out the actual circumstances of the incident.”

    Experts have been demanding installation of an independent border-monitoring system in Greece, which would assure that authorities there play by the rules. Athens, however, refuses such a mechanism, saying that the situation is under control.

    The German Foreign Office told DW that the German government “generally supports the installation of an independent border mechanism,” adding that it is “important that nongovernmental actors, e.g. NGOs, are also granted access in order to observe the situation at the external borders of the EU.”

    https://www.dw.com/en/war-of-words-over-migrant-deaths-at-greece-turkey-border/a-60729270
    #décès #morts #mourir_aux_frontières #asile #migrations #réfugiés #frontières #Grèce #Turquie #Evros

    • 12 people found frozen to death near Turkey’s border with Greece

      Turkish minister claims Greek border guards pushed back people whose bodies were ‘stripped of shoes and clothes’

      The bodies of 12 refugees believed to have frozen to death have been found in an area straddling Turkey’s frontier with Greece, igniting a war of words between the two countries.

      After the bodies were found on Wednesday, Ankara’s interior minister, Süleyman Soylu, accused Greek guards of deliberately pushing the refugees back across the border. Several reportedly showed signs of frostbite while some were found near the İpsala crossing point “without shoes and stripped of their clothes”, he tweeted.

      Soylu said the dead had been among a group of 22 people pushed back into Turkey, and shared blurry photographs of eight of the recovered bodies, including three in just shorts and T-shirts.

      “They behave like thugs,” he said of the Greek border patrols, while accusing the EU of being “helpless, weak and inhumane”.

      Greece’s migration minister, Notis Mitarachi, rejected any suggestion of Hellenic frontier units forcibly expelling the refugees.

      “The death of 12 migrants at the Turkish border near Ipsala is a tragedy. But the truth behind this incident bears no resemblance to the false propaganda pushed out by my counterpart,” he said in a statement.

      “These specific migrants never made it to the border. Any suggestion they did, or indeed were pushed back into Turkey, is utter nonsense.”

      Mitarachi said that instead of making “baseless claims” Ankara should uphold its commitment to stop such “dangerous journeys”, referring to a deal reached between the EU and Turkey to stem migrant flows. “Turkey should assume its responsibilities if we want to prevent such tragedies from occurring again,” he said.

      Information on where the refugees were from, or when they had made the perilous crossing, was not released. But officials in the Turkish border city of Edirne clarified that among the dead was a migrant who had submitted to frostbite after being rushed to the local hospital.

      This is not the first time that the two regional adversaries – long at loggerheads over an array of disputes – have argued over the fate of migrants crossing their shared land and sea frontiers.

      But friction over the problem has worsened since early 2020, when a border crisis erupted after Turkey’s president, Recep Tayyip Erdoğan, encouraged thousands of asylum seekers to enter Europe via Greece.

      NGOs have also stepped up criticism of Athens, saying despite persistent denials they have collated ever more proof of the pushbacks.

      The practice of turning away people seeking international protection is illegal under domestic, EU and international law.

      On Wednesday Nils Muižnieks, Amnesty International’s Europe director, said the group had documented evidence of collective expulsions occurring since 2013, describing them as de facto migration policy.

      Greece had always rejected the accusations with “anger, frustration and denial”, he told a virtual conference organised by the European Centre for Constitutional and Human Rights. “But my own view is that pushbacks have become more brazen, not just at borders but deep into Greek territory,” said Muižnieks, a former commissioner for human rights at the Council of Europe.

      In an atmosphere that had become ever more permissive because of limited monitoring, reports of people being injured or strip-searched had also increased. “Much more violence is being used. We’re hearing of broken spines, hands and strip searches,” he added.

      While Turkey hosts about 3.7 million Syrian refugees and is regarded as a major transit route for those fleeing poverty and war in Africa, Asia and the Middle East, Greece is seen as the easiest gateway into the EU.

      Since Athens reinforced Aegean sea borders after the 2020 crisis, growing numbers of refugees have elected to cross into the country via its north-eastern land frontier with Turkey, despite Greek authorities also erecting a 40km steel wall last year along the border.

      https://www.theguardian.com/world/2022/feb/02/turkey-accuses-greece-of-pushing-back-people-who-later-froze-to-death

    • Turkish interior minister accuses Greek authorities of pushbacks resulting in death

      Turkish Interior Minister Süleyman Soylu has lashed out at Greek authorities repeatedly in recent days, accusing the country of the deliberate mistreatment of migrants. Soylu has slammed Greece for committing acts of gross negligence amounting to manslaughter on at least two recent occasions.

      Soylu’s verbal attack on Greece started after he supported claims being discussed by the Turkish public accusing Greece of throwing three migrants into the Aegean Sea, alleging this resulted in the death of one. It was not clear when exactly this event was supposed to have taken place but appeared to be of a recent nature:

      At the end of January on Twitter, Soylu had specified that two of the migrants had been rescued while the other one had died. The alleged incident, which Soylu said amounted to “barbarism” and “murder,” took place off the Aegean coast near the tourist resort town of Çeşme.

      In his tweet, Soylu also said that “the European Union, that beacon of freedom and human rights, continues to sleep,” adding that the “murderous Frontex will have to answer for this.”

      Last words: ’I can’t swim’

      In the tweet, an Arabic-speaking man, whose identity is concealed, is seen recounting the alleged series of events with the help of an interpreter.

      The migrant claims that after all his belongings were confiscated by the Greek Coast Guard, he and the other two family members he was traveling with, were given life jackets which were too small for them.

      Despite protesting that some of them didn’t even know how to swim, they reportedly were left to fend for themselves in the cold waters of the Aegean Sea, the migrant says. He also specified that the individual who was reported to have drowned was his cousin.

      “The Greek Coast Guard gave us lifejackets before they left us in the sea, but they were for children and did not fit us. My cousin told them that he did not know how to swim. But they didn’t listen to him. They threw us into the water, where he drowned,” the unidentified man said.

      Politicized suffering

      Soylu lashed out one more time on Twitter at Greece on Wednesday, alleging that 12 migrants at the Greek-Turkish Ipsala land border near the Evros River had frozen to death after being pushed back and stripped naked by Greek border forces.

      The tweet was accompanied by images of blurred out people, who appeared to be dead.

      Soylu further politicized the alleged incident by saying that the EU is “void of humane feelings,” and adding that “Greek border units are heartless towards victims, but tolerant towards FETO,” referring to the infamous Turkish religious movement which Turkish President Recep Tayyip Erdogan accuses of having orchestrated a coup attempt against him in 2016.

      FETO is the Turkish government’s name for the so-called Hizmet Movement, spearheaded by exiled preacher Fethullah Gülen. The organization is banned in Turkey as a terrorist group; hundreds of its adherents have fled Turkey to neighboring Greece and other countries in a bid to avoid arrest in recent years.

      Turkey has been under a constant state of emergency for over five years now, ever since the failed coup, giving police, military, judges and courts extraordinary powers to prosecute Gülen’s supporters.

      Illegal pushbacks at sea

      In the past year, the Turkish government has repeatedly accused Greece of pushing back asylum seekers, which would be in clear violation of international law and human rights.

      Several NGOs have also made statements claiming that Greece, with help from the EU, is trying to keep migrants away from entering Greek waters, and even of returning migrants to Turkish waters. However, there have also been counterclaims, saying Turkey moves migrants it intercepts in its own waters to Greek waters.

      The EU has also voiced concern over allegations of such pushbacks at sea, but in a series of investigations, Brussels has exonerated its Frontex agency from any complicity in the alleged pushbacks.

      Bot the Greek and the Turkish government have repeatedly denied conducting such pushback tactics.

      https://www.infomigrants.net/en/post/38298/turkish-interior-minister-accuses-greek-authorities-of-pushbacks-resul

      #Ipsala

  • #Valsusa : cadavere sui binari in alta valle, forse travolto da un treno

    Sarebbe un migrante morto da alcune ore
    Macabra scoperta in Valsusa: cadavere sui binari del treno in alta valle. L’uomo, decapitato e con numerose lesioni, è sprovvisto di documenti potrebbe essere un migrante. L’uomo ritrovato cadavere, decapitato e con numerose lesioni, lungo i binari della linea ferroviaria a #Salbertrand, in Valsusa. La vittima, in iniziale stato di decomposizione e senza documenti, secondo una prima ricostruzione della Polizia Ferroviaria potrebbe essere un migrante travolto dal convoglio nel tentativo di attraversare i binari.

    https://www.lagendanews.com/valsusa-cadavere-sui-binari-in-alta-valle-forse-travolto-da-un-treno


    https://twitter.com/nos_pas/status/1488588461384814599

    #migrations #asile #réfugiés #décès #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #frontière #frontière_sud-alpine #Alpes

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    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière des Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/800822

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Cadavere di un uomo trovato vicino ai binari a Salbertrand, forse è di un migrante che tentava la traversata

      È stato travolto da un treno diversi giorni fa e non è ancora stato identificato.

      Il cadavere di un uomo africano, quasi certamente un migrante anche se ancora non è stato identificato, è stato trovato nella mattinata di ieri, mercoledì 26 gennaio 2022, vicino ai binari della linea ferroviaria Torino-Modane a Salbertrand da personale delle Ferrovie dello Stato impegnato in alcuni interventi di manutenzione. Il corpo era in avanzato stato di decomposizione anche se, secondo il medico legale intervenuto sul posto insieme agli agenti della polizia ferroviaria, le ferite che presentava erano del tutto compatibili con quelle di un urto con un treno in transito. Un incidente ferroviario avvenuto quindi diversi giorni fa e di cui nessuno si sarebbe mai accorto. L’ipotesi più probabile è che l’uomo stesse tentando la traversata delle Alpi per raggiungere la Francia seguendo i binari e non si sia accorto dell’arrivo del convoglio, anche se non si esclude che sia stato un tragico gesto volontario. Chiaramente l’identificazione potrà permettere di svelare almeno parte della vicenda.

      https://www.torinotoday.it/cronaca/cadavere-ferrovia-salbertrand-26-gennaio-2022.html

    • L’investito dal treno è stato identificato: era un ragazzino di 15 anni che stava cercando di raggiungere la Francia

      Era partito dall’Afghanistan diversi mesi fa, le sue ultime tracce a fine novembre prima di scomparire
      Non era di un uomo africano, come ipotizzato in un primo momento dagli investigatori, ma un giovanissimo afgano, #Ullah_Rezwan_Sheyzad di appena 15 anni, il cadavere trovato vicino ai binari della ferrovia Torino-Modane a Salbertrand la mattina di mercoledì 26 gennaio 2022. Il ragazzo è stato identificato dalla polizia ferroviaria grazie alle impronte digitali ed è confermato che si trattava di un migrante che stava seguendo il tracciato della linea con lo scopo di arrivare a Parigi, dove aveva alcuni connazionali che gli avrebbero trovato una sistemazione. Il medico legale intervenuto sul posto non aveva dubbi sul fatto che fosse stato travolto da un treno, probabilmente per una sua distrazione. Il giovane aveva lasciato l’Afghanistan qualche mese prima dell’insediamento dei talebani. Le sue ultime tracce accertate erano della fine di novembre 2021 in una comunità della provincia di Udine, da cui era ripartito alla volta della Francia facendo perdere le proprie tracce. Il viaggio, però, gli è stato fatale. La sua famiglia è stata rintracciata.

      https://www.torinotoday.it/cronaca/identificato-cadavere-investito-treno-salbertrand-26-gennaio-2022.html

    • Dall’Afghanistan alla morte lungo i binari in Val di Susa: storia di Ullah, 15 anni e un sogno spezzato

      Era scappato da Kabul a giugno, prima del ritorno dei talebani. Il suo corpo è stato trovato lungo i binari della ferrovia. Aveva ancora indosso il suo zainetto

      15 anni e tutta la vita davanti. Una vita finita in Val di Susa, lungo i binari del treno di Salbertrand. La storia di Ullah Rezwan Sheyzad finisce così, in un lungo viaggio dall’Afghanistan, il suo paese, verso la Francia e Parigi, dove il ragazzo voleva raggiungere dei parenti. Ullah, scrive oggi La Stampa, era partito a giugno. Il suo corpo senza vita è stato trovato sui binari dal personale impegnato a dei lavori di manutenzione della linea ferroviaria. Aveva ancora indosso il suo zaino: dentro una power bank, un cappello di lana e una felpa. Nella tasca dei pantaloni un biglietto: «Chiedi di loro», con nomi e numeri di telefono afgani. «Arrivo a Parigi, trovo un lavoro e aiuto la mia famiglia. Sono qui per questo», raccontava a chi gli aveva dato riparo a Bosco di Museis a Cercivento, in provincia di Udine. «Hanno mandato me in Europa perché parlo un po’ di inglese». «Abbiamo cercato in tutti i modi di dissuaderlo, facendogli capire che avrebbe fatto meglio a restare qui. Gli abbiamo spiegato che i sentieri della Valle di Susa sono impervi e pericolosi, soprattutto in questi mesi, ma non ha voluto sentire ragioni. Era un ragazzino, eppure sentiva di avere in mano il futuro della sua intera famiglia», racconta Renato Garibaldi, responsabile della comunità Bosco di Museis: «Aveva 15 anni, l’età di una delle mie figlie», si legge su La Stampa.

      Il viaggio

      Questo adolescente già grande aveva deciso di andare via dall’Afghanistan pochi mesi prima del ritorno dei talebani al potere nel paese, ad agosto. Un passaggio che, con la partenza degli americani dopo 20 anni, aveva acceso per un attimo troppo breve i riflettori sul martoriato paese degli Aquiloni, ora abbandonato dagli occidentali. 6 mila dollari per quasi 6mila chilometri a un passeur per viaggiare tra Asia e Europa e via, attraverso Afghanistan, Pakistan, Iraq, Turchia, Bulgaria, Serbia, Croazia, Slovenia, l’Italia. Il 3 novembre era stato intercettato dalla polizia in provincia di Udine e identificato. Non ha documenti e viene affidato prima alla struttura Aedis di Udine e poi alla comunità di Cercivento.

      «Ho un compito. Andare a Parigi e costruire il futuro della mia famiglia», raccontava all’interprete ripercorrendo la sua storia già troppo lunga. A Bosco di Museis resta solo una settimana, poi riparte con un altro coetaneo che era invece in viaggio verso il Belgio, da sua sorella. A piedi, perché qualsiasi mezzo – senza documenti e senza Green Pass – è proibito, costeggiando i binari della ferrovia. «Anche l’altro ragazzo era ospite da noi. Non abbiamo più avuto sue notizie, preghiamo perché sia riuscito ad arrivare da sua sorella», dicono dalla comunità. La polizia scientifica di Torino è riuscita a dare un’identità al suo cadavere grazie alle impronte digitali. Ora la famiglia vorrebbe «venire in Italia per salutarlo un’ultima volta», dice l’interprete che ha dato loro la notizia.

      https://www.open.online/2022/02/01/afghanistan-ullah-rezwan-sheyzad

    • Ullah Rezwan Sheyzad, 15 anni, afgano: come molti aveva lasciato la sua terra prima della frettolosa ritirata occidentale. Anche per lui, bambino, c’è un cammino lungo che lo porta ad attraversare l’Iran, la Turchia e da lì la scelta, perlopiù effettuata dai giovani che viaggiano soli, di attraversare la Bulgaria, la Serbia, la Croazia e la Slovenia fino ad arrivare in Italia. Come nel caso precedente (quello di Fathallah Belafhail, ndr) il percorso scelto è quello più veloce, ma anche viabile solo per giovani o per piccoli gruppi. In meno di un anno arriva in Italia, viene fermato e accolto a Cercivento nella comunità Bosco di Museis, indi riprende il cammino e transita per la Valle di Susa: la meta è il ricongiungimento con la sorella a Parigi. Viene trovato il 26 gennaio 2022, travolto da un treno, lungo le rotaie che collegano Salbertrand a Oulx. Un ragazzo di 15 anni è dunque morto sotto un treno anche se poteva per legge valicare il confine e chiedere legittimamente protezione.

      https://mediciperidirittiumani.org/si-ritorna-a-morire-alla-frontiera-nord-ovest-delle-alpi

  • Missing in #Brooks_County: A tragic outcome of U.S. border and migration policy

    Since the 1990s, tens of thousands of migrants have died painful deaths, usually of dehydration and exposure, on U.S. soil. Their remains are only occasionally found. The migrants began taking ever more hazardous routes after the Clinton and subsequent administrations started building up border-security infrastructure and #Border_Patrol presence in more populated areas.

    The crisis is particularly acute in a sparsely populated county in south #Texas, about 70 miles north of the border, where migrants’ smugglers encourage them to walk around a longstanding Border Patrol highway checkpoint. Many of them get lost in the hot, dry surrounding ranchland and go missing.

    The WOLA Podcast discussed the emergency in Brooks County, Texas in October 2020, when we heard from Eddie Canales of the South Texas Human Rights Center.

    Eddie features prominently in “Missing in Brooks County,” a new documentary co-directed and produced by Lisa Molomot and Jeff Bemiss. Molomot and Bemiss visited the county 15 times over 4 years, and their film shows the crisis from the perspective of migrants, family members, Border Patrol agents, ranchers, humanitarian workers like Eddie, and experts trying to help identify remains and help loved ones achieve closure.

    One of those experts, featured in some of the most haunting scenes in “Missing in Brooks County,” is anthropologist Kate Spradley of Texas State University, who has sought to bring order to a chaotic process of recovering, handling, and identifying migrants’ remains.

    In this episode of the podcast, Lisa Molomot, Jeff Bemiss, and Kate Spradley join WOLA’s Adam Isacson to discuss the causes of the tragedy in Brooks County and elsewhere along the border; why it has been so difficult to resolve the crisis; how they made the film; how U.S. federal and local government policies need to change, and much more.

    https://www.wola.org/analysis/missing-in-brooks-county-a-tragic-outcome-of-u-s-border-and-migration-policy
    #USA #Etats-Unis #décès #morts #mourir_aux_frontières #Mexique #frontières #asile #migrations #réfugiés #contrôles_migratoires #désert #déshydratation #weaponization #frontières_mobiles #zones_frontalières #checkpoints #chiens #statistiques #chiffres #chasse #propriété_privée #prevention_through_deterrence #mortalité
    #podcast #audio

  • Climate change makes it deadlier to cross the US-Mexico border

    Getting across the desert is already dire—and it’s likely to become worse in the coming decades.

    The climate crisis has created what is an estimated millions of climate refugees. In the Americas alone, communities have experienced extreme weather events like Hurricane Maria in 2017 over the Caribbean, Hurricane Eta in 2020 across Central America, and Hurricane Iota over the same area less than a month later.

    Combine that with deficient human rights for poor and Indigenous communities across some Latin American countries and consistent drought in Central America, and it means that more people are heading to the US-Mexico border for work opportunities in the states. As of 2021, the Pew Research Center found that migrant encounters with border patrol were at an all time high.

    And when those migrants manage to make it to the border, be it in a caravan or with a small group being led by a coyote, they are met with miles of desert. Some volunteer groups, like Humane Borders, attempt to leave water and other necessary supplies for migrants crossing the desert in the Southwest US. But it may not be enough to keep all of the travelers safe and healthy while crossing.

    In addition to calculating how the climate crisis is pushing people away from their homes, reseachers have also found that it’s further endangering the migrants who move through the desert to avoid being caught by border patrol. An interdisciplinary team associated with various schools including the University of Idaho and the University of California published a paper in Science this past December that found the climate crisis will make border crossing even more dangerous than it already is because the arid terrain that migrants cross is only going to get hotter and harder to navigate.

    [Related: You can’t escape climate change by moving to New Zealand]

    “We find that migrants’ journey will become significantly more dangerous over the next 30 years,” said Reena Walker, graduate student in science at the University of Idaho and co-lead author of the study via an Idaho University press release. “By 2050, the already severe costs of traversing the desert will likely increase by over 30 percent.”

    Ryan Long, an associate professor at the University of Idaho and senior author of the study, said in a press release that the effects of dehydration while crossing into Arizona’s desert have led to thousands of deaths. Crossing is already deadly due to the long stretches of desert that migrants must cross, making the increase of mortalities in the future daunting to think about. The group of researchers were able to trace the highest rates of death to areas of the Sonoran Desert in Arizona where water loss is more likely to occur.

    “Access to sufficient amounts of drinking water to support the high rates of water loss experienced during the journey likely makes the difference between life and death for many migrants,” Long said.

    Jason De León, an anthropology professor at UCLA and a co-author of the study, says that the models assumed that migrants walked in a straight line from the border and through the desert “from point A to point B.” De León, who directs the the Undocumented Migration Project (UMP), a long-term study that looks at border crossing with a combination of ethnographic, archaeological, visual, and forensic approaches, also acknowledges that in real life, migrants often circumnavigate areas to avoid detection, which will only add to the stress on their bodies.

    [Related: 4 new myths about climate change—and how to debunk them]

    “[Researchers] found that even with the least-cost analysis going from point A to point B in a straight line, it’s still heavy. There’s still a significant amount of trauma that the body experiences—you cannot carry enough water to survive,” De León says. “Yet people miraculously do because they end up finding cattle tank water, they drink their own urine, they push their bodies to the extreme … But a significant amount of people die.”

    The irony isn’t lost on De León that the migrants that are being displaced by climate issues from Latin America are the same people struggling to survive exposure and severe dehydration when crossing into America.

    “The US needs to take accountability for the migrant deaths that are happening at the US-Mexico border because of our own policies,” he says. “We are one of the primary contributors to global warming.”

    https://www.popsci.com/environment/us-mexico-border-climate-change
    #climat #changement_climatique #frontières #mortalité #asile #migrations #réfugiés #USA #Etats-Unis #Mexique #désert #déshydratation #Arizona #désert_du_Sonoran #Sonoran #eau #eau_potable #décès #morts #mourir_dans_le_désert

    • Migrants Crossing U.S.-Mexico Border Subject to Dehydration, Death, U of I Study Finds

      Rates of water loss experienced by migrants attempting to cross the desert from Mexico into the U.S. are sufficient to cause severe dehydration and to explain patterns of migrant mortality, according to a University of Idaho study.

      The extreme weather of desert environments can impose significant challenges to human survival, and migrants who attempt to enter the U.S. through the Sonoran Desert likely experience severe dehydration and associated conditions such as disorientation and organ failure that can lead to death, according to the study published in the journal Science. Scientists from the University of Idaho, Princeton University, the University of California and the University of Wisconsin sought to quantify the costs, in terms of water lost through respiration and sweating, of the migrant journey, and how variation in those costs corresponded to patterns of migrant mortality.

      “Over the past several decades, thousands of men, women and children have died attempting to circumvent border protection efforts and cross from Mexico into the United States,” said Ryan Long, associate professor of wildlife sciences at U of I and senior author of the study. “Because official ports of entry are heavily fortified, many migrants attempt to enter the U.S. by crossing remote desert regions.”

      Using a detailed model of human physiology and heat transfer, scientists predicted rates of water loss experienced by each using the common border crossing between Nogales, Mexico, and Three Points, Arizona, during the summer months, and related those costs to the distribution of migrant deaths in the desert.

      The researchers also explored how rates of water loss among migrants attempting to make the crossing are predicted to change as the climate warms.

      “We find that migrants’ journey will become significantly more dangerous over the next 30 years,” said Reena Walker, graduate student at U of I and co-lead author of the study. “By 2050, the already severe costs of traversing the desert will likely increase by over 30%.”

      “We provide the first empirical evidence that the physiological stresses experienced by humans attempting to cross the Sonoran Desert into the U.S. are sufficient to cause severe dehydration and associated conditions that can lead to death,” Long said. “Our study provides strong evidence that patterns of migrant mortality in the desert can be explained by spatiotemporal variation in the physiological costs experienced during the journey; a disproportionately large percentage of migrant deaths occur in areas where the predicted rates of water loss are highest.”

      The study shows the amount of drinking water carried by a typical migrant is likely not sufficient to prevent severe dehydration, and this deficit will only increase as the climate warms, Long said.

      “Access to sufficient amounts of drinking water to support the high rates of water loss experienced during the journey likely makes the difference between life and death for many migrants,” he said.

      https://www.uidaho.edu/news/news-articles/news-releases/2021-fall/121621-migrants

    • Physiological costs of undocumented human migration across the southern United States border

      Political, economic, and climatic upheaval can result in mass human migration across extreme terrain in search of more humane living conditions, exposing migrants to environments that challenge human tolerance. An empirical understanding of the biological stresses associated with these migrations will play a key role in the development of social, political, and medical strategies for alleviating adverse effects and risk of death. We model physiological stress associated with undocumented migration across a commonly traversed section of the southern border of the United States and find that locations of migrant death are disproportionately clustered within regions of greatest predicted physiological stress (evaporative water loss). Minimum values of estimated evaporative water loss were sufficient to cause severe dehydration and associated proximate causes of mortality. Integration of future climate predictions into models increased predicted physiological costs of migration by up to 34.1% over the next 30 years.

      https://www.science.org/doi/10.1126/science.abh1924
      #physiologie

  • Plus de 4 400 migrants sont morts ou ont disparu en mer en tentant de rejoindre l’Espagne en 2021, selon le bilan d’une ONG espagnole

    Selon l’ONG Caminando Fronteras, l’immense majorité de ces migrants ont perdu la vie en tentant d’atteindre les #Canaries depuis le nord-ouest de l’Afrique. Ce terrible bilan fait de l’année 2021 la plus meurtrière depuis au moins 2015.

    « Ce sont les chiffres de la douleur », a déploré la coautrice du rapport. Plus de 4 400 migrants sont morts ou ont disparu l’an dernier lors de leur traversée en mer vers l’Espagne, soit deux fois plus qu’en 2020, selon un bilan publié par l’ONG espagnole Caminando Fronteras, lundi 3 janvier. L’immense majorité des corps (à 94 %) de ces 4 404 personnes n’ont jamais été retrouvés, ces dernières sont donc comptabilisées comme des disparus.

    Ce terrible bilan dressé par l’ONG – qui établit ses chiffres grâce aux appels de migrants ou de leurs proches sur ses numéros d’urgence – fait de l’année 2021 la plus meurtrière depuis au moins 2015, date à laquelle remontent les premiers travaux de l’ONG. En 2020, Caminando Fronteras avait recensé 2 170 morts ou disparus.
    Lire aussi Article réservé à nos abonnés Le nombre d’arrivées de migrants aux Canaries a doublé depuis le début de l’année

    Le bilan de cette ONG pour 2021 est bien supérieur à celui de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui a recensé au moins 955 morts ou disparus dans la traversée, depuis le Maroc et l’Algérie, vers l’archipel des Canaries et 324 vers l’Espagne continentale et l’archipel des Baléares.

    Cette agence onusienne estime cependant aussi que l’année 2021 a été extrêmement meurtrière, la plus meurtrière depuis 1997 selon ses données et celles de l’ONG espagnole APDHA.

    « Féminisation » des routes migratoires

    Selon Caminando Fronteras, l’immense majorité de ces migrants ont disparu en tentant d’atteindre les Canaries depuis le nord-ouest de l’Afrique. Cette route, très dangereuse, est beaucoup plus empruntée ces dernières années en raison du renforcement des contrôles en Méditerranée, a expliqué María González Rollán, coautrice du rapport annuel de l’ONG. Elle a également souligné la « féminisation » des routes migratoires vers l’Espagne : 628 femmes et 205 enfants sont morts ou ont disparu en 2021, selon l’ONG.
    Lire aussi : L’odyssée des femmes africaines vers l’Europe

    La coordinatrice de Caminando Fronteras, Helena Maleno, a dénoncé « le manque de moyens » pour les sauvetages et mis en avant la responsabilité des « organisations criminelles » de passeurs, ainsi que le manque de coordination entre l’Espagne et le Maroc en raison de leur brouille diplomatique.

    Cette crise, provoquée par l’accueil pour des raisons médicales, en Espagne, du chef des indépendantistes du Sahara occidental, avait entraîné l’arrivée de plus de 10 000 migrants mi-mai dans l’enclave espagnole de Ceuta, à la faveur d’un relâchement des contrôles par Rabat.

    L’Espagne demeure l’une des principales portes d’entrée des migrants clandestins en Europe. Au moins 37 385 migrants sont arrivés sur ses côtes en 2021, selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’intérieur.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/01/03/plus-de-4-400-migrants-sont-morts-ou-ont-disparu-en-mer-en-tentant-de-rejoin

    #migrations #asile #réfugiés #Espagne #décès #morts #mourir_aux_frontières #îles_Canaries #frontières

  • 23.12.2016 Migrante travolto dal treno a #Latte di Ventimiglia : muore sul colpo

    L’uomo al momento dell’impatto si trovava sui binari ed era diretto in Costa Azzurra.

    Ennesimo dramma dell’immigrazione questa sera sulla linea ferroviaria Ventimiglia – Cannes all’altezza di Latte, ancora in territorio italiano.

    Un migrante di circa 25 anni è stato investito da un treno in corsa composto da un locomotore e tre carrozze. Lo straniero, al momento dell’arrivo del convoglio, si trovava sui binari e probabilmente stava camminando verso la Francia. Era vestito con jeans e giubbotto. Con sé aveva uno zainetto contenente pochi oggetti.

    Con lui forse c’erano altri compagni di sventura, tanto che gli inquirenti cercano di ricostruire nel dettaglio la disgrazia.

    L’impatto col locomotore è stato violentissimo tanto che per il migrante non c’è stato nulla da fare. Lo straniero è morto sul colpo. A dare l’allarme è stato il macchinista. Poco dopo si sono precipitati vigili del fuoco e militi della Croce Rossa Italiana, Croce Verde Inutili i soccorsi pur tempestivi.

    La linea ferroviaria è rimasta bloccata e il treno numero “86060”, partito alle 20.33 da Ventimiglia e diretto a St. Raphael è rimasta fermo per i rilievi del caso, oltre all’arrivo di un sostituto macchinista come prescrive il regolamento Sncf in casi di incidente.

    Dopo il sopralluogo dei carabinieri è arrivata la polizia che, coadiuvata dalla scientifica, ricostruirà la dinamica della tragedia. Anche i binari, dopo le autostrade, dunque, si dimostrano triste scenario in cui persone perdono la vita per cercare di raggiungere la Francia. Già altre volte il personale viaggiante aveva segnalato la presenza di persone sui binari soprattutto di notte che avrebbero rischiato di essere travolte da treni in corsa che viaggiano tra la Riviera e la Costa Azzurra.

    https://www.riviera24.it/2016/12/migrante-travolto-dal-treno-a-latte-muore-sul-colpo-243543

    –-> événement qui date de 2016, sauvegardé ici pour des raisons d’archivage

    #Vintimille #asile #migrations #réfugiés #morts #mourir_aux_frontières #frontière_sud-alpine #France #Italie

    –—

    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
    https://seenthis.net/messages/784767

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • 23 décembre 2016 un jeune Algérien de 25 ans. Identité inconnue

      Mort en traversant la voie ferrée sur la ligne Vintimille- Cannes.

      L’accident s’est produit à 20h 30 tout près de la frontière franco-italienne. Le jeune homme était arrivé à 17h30, au centre de la Croix Rouge. Il n’avait pas de papier sur lui mais portait un badge avec sa photo.

      http://roya06.unblog.fr/2017/04/08/hommage-funebre-aux-refugies-tues-par-la-frontiere-cercle-de-silence-2

    • Travolto da un treno, migrante muore a Ventimiglia

      Tragedia in serata sulla linea ferroviaria Ventimiglia-Cannes: un uomo, molto probabilmente un migrante, è stato travolto e ucciso mentre stava attraversando i binari all’altezza della galleria #Mortola, nella frazione di Latte, diretto verso il confine con la Francia.

      Sul posto, oltre ai soccorritori, che hanno tentato inutilmente di salvare la vita all’uomo, sono arrivati i carabinieri e gli agenti della polizia Ferroviaria per ricostruire la dinamica dell’incidente e cercare di risalire all’identità della vittima.

      https://www.ilsecoloxix.it/imperia/2016/12/23/news/travolto-da-un-treno-migrante-muore-a-ventimiglia-1.31336944

    • Ventimiglia, giovane migrante muore travolto dal treno

      Stava costeggiando la ferrovia nella frazione Latte per arrivare in Francia. Nei mesi scorsi tre persone erano state travolte sull’autostrada.

      E’ un algerino di circa 25 anni, il cui nome è ancora in fase di accertamento, il migrante travolto e ucciso da un treno delle linee francesi a Ventimiglia mentre cercava di raggiungere la Francia costeggiando la ferrovia. Il giovane si era registrato, intorno alle 17.30 di ieri, al centro di accoglienza del Parco Roja di Ventimiglia e dopo aver cenato si è allontanato con una trentina di migranti di nazionalità diverse per tentare di espatriare.
      Assieme al gruppo di persone aveva appena imboccato la ferrovia, ma non si è accorto dell’arrivo del convoglio e è stato investito. In queste ore, gli operatori della Croce Rossa che gestiscono il centro stanno cercando di mettersi in contatto con un parente della vittima che si trova a Milano, per concludere assieme alla polizia le procedure di identificazione e iniziare quelle di rimpatrio della salma. Al centro di accoglienza di Ventimiglia ci sono alcuni amici della vittima che stanno contribuendo al riconoscimento.
      Lo scorso anno erano stati registrati alcuni investimenti in territorio francese, mentre dall’estate a oggi sono tre i migranti morti sull’autostrada al confine tra Italia e Francia, dove da qualche tempo si può leggere un’avvertenza: «Possibili pedoni, prudenza». Il vescovo di Ventimiglia monsignor Suetta, celebrando il rito funebre per Milet Tesfamariam Bouhlel, la diciassettenne eritrea travolta da un tir a ottobre, aveva parlato di «vittime della frontiera».

      https://genova.repubblica.it/cronaca/2016/12/23/news/ventimiglia_giovane_migrante_muore_travolto_dal_treno-154774225

    • A la frontière italienne, des cheminots résistent à la « chasse aux migrants »

      Le rétablissement des contrôles à la frontière italienne tue : cinq morts depuis août 2016, dont un sur la voie ferrée allant de Vintimille à Nice. Dans deux notes, la SNCF demande aux cheminots de la région Paca de signaler les « groupes » de migrants à bord des trains. Et de réacheminer en Italie les migrants arrêtés dans la journée. Plusieurs agents refusent cette « délation » et cette « chasse aux migrants ».

      Le 23 décembre 2016, dans le secteur de Latte un peu après Vintimille (Italie), un train régional circulant vers Nice heurte un groupe de migrants cheminant vers la France sur la voie ferrée. Un jeune homme, sans papiers d’identité, est projeté sur le ballast et tué sur le coup. Ses compagnons s’enfuient avant l’arrivée des secours et de la police ferroviaire. Il est 20 h 38, l’accident a lieu au point kilométrique 255,4, tout près de la frontière franco-italienne. D’après La Reppublica, la victime est un Algérien d’environ 25 ans.
      En tongs, Chérif, un Ivoirien de 28 ans, s’éloigne du centre-ville de Vintimille où « il y a trop de policiers » avant de tenter de se rendre en France de nuit en suivant la voie ferrée. © LF
      Pour la SNCF, cette mort est répertoriée à la fois comme un accident de personne et un accident du travail, car le conducteur du TER, traumatisé, est placé en arrêt de travail. C’est le cinquième accident impliquant des migrants – et le premier mortel – enregistré sur la ligne Vintimille-Menton depuis début août 2016.

      Le 5 août 2016, un jeune Soudanais de 27 ans est grièvement blessé par un train français dans le dernier tunnel côté italien. Souffrant d’un trauma crânien, il est évacué par hélicoptère à l’hôpital San Martino de Gênes. « Alors que je circulais avec le train aux abords d’un poste frontière, j’ai aperçu trois individus sur la voie, j’ai percuté l’un d’eux », relate le conducteur du train dans le registre de la SNCF. À l’arrivée des secours, les deux autres personnes ont disparu.

      Le 11 août, côté français, un Soudanais saute en pleine nuit d’un pont ferroviaire, vraisemblablement pour échapper à une patrouille militaire. Il serait toujours hospitalisé, entre la vie et la mort. « Une enquête judiciaire avait été initiée qui n’est pas achevée à ce jour mais dont il résulte des premiers éléments que la personne avait voulu éviter de croiser une patrouille du dispositif Sentinelle qui approchait, explique le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre. Elle serait alors sortie des voies sans avoir réalisé dans l’obscurité qu’elle pouvait se trouver au niveau d’un pont. » Comme il a eu lieu côté français à la différence des précédents, c’est le seul accident grave enregistré par la justice française.

      Le 31 août, un conducteur français signale un accident de personne côté italien et le trafic est interrompu sur la ligne. Selon la presse italienne, son TER a « frôlé » un groupe de trois ou quatre migrants dans la zone de Vintimille. Ayant ressenti un heurt, le conducteur a alerté les secours et la police italienne. À leur arrivée, une fois de plus, ils ne trouvent personne.

      Le 1er octobre 2016, à 22 h 20, un conducteur français ressent un heurt juste avant de desservir la gare de Menton-Garavan, le premier arrêt côté français. Il fait nuit. Après des recherches, le conducteur voit des personnes s’enfuir, mais ne trouve ni blessé, ni défunt.

      En cas d’accident de personne, la procédure est toujours la même à la SNCF. Le conducteur du train doit s’arrêter, descendre inspecter les rails et prévenir le poste de régulation qui arrête la circulation, le temps que la police et les secours interviennent. Selon Cyrille Poggi, représentant du personnel conducteur CGT pour les Alpes-Maritimes et le Var, cette ligne Vintimille-Nice est devenue la hantise des « mécanos ». « Ils sont traumatisés car il y a beaucoup d’accidents de personne à cause des réfugiés dans les tunnels, explique le syndicaliste âgé de 37 ans. La ligne est tortueuse, avec des tunnels pas éclairés, une mauvaise visibilité. Un train met 300 à 800 mètres à s’arrêter. Des roues en métal sur un rail en métal, ça freine très mal. Souvent, les accidents se passent la nuit : les réfugiés transitent en groupe et on ne retrouve pas les corps. » Après un accident, un autre conducteur doit impérativement venir relever le premier, « ce qui impacte la productivité pour la SNCF, c’est pourquoi la direction veut remettre en place le sifflement dans les tunnels ».

      « Nous circulons toujours avec le risque de heurter des gens, redoute un contrôleur, sous couvert d’anonymat. Les conducteurs surtout sont soumis à un stress quand ils franchissent les tunnels. À chaque trajet, nous croisons du monde, plutôt très tôt ou en fin de journée. » Au point que les « mécanos » ont pris pour habitude de « klaxonner systématiquement dans les tunnels de leur propre initiative, car ça fait des années que cela dure ». Depuis le printemps 2011 plus précisément, et les révolutions arabes qui ont transformé Vintimille en porte d’entrée de la France pour des milliers de Tunisiens. Un autre conducteur, entré à la SNCF en 1998, se souvient avoir toujours entendu parler d’accidents avec des migrants dans cette zone. « À l’époque, on les appelait des clandestins, mais aujourd’hui ça c’est accentué, dit-il. C’est très dangereux : ils marchent au milieu de la voie sur les traverses, car c’est plus facile que sur les bords en pente avec les cailloux. Ils ne sont pas habitués à la vitesse de nos trains. D’autant qu’ils ignorent, comme beaucoup de Français, qu’un train on ne l’entend pas arriver et que ça ne s’arrête pas en quelques minutes. »

      De Vintimille, deux lignes rejoignent la France : la plus empruntée passe par Menton et la côte, l’autre par les montagnes et la vallée de la Roya. Depuis le rétablissement des contrôles aux frontières en novembre 2015 par la France, les agents qui travaillent sur ces deux lignes croisent quotidiennement des migrants marchant le long des voies pour éviter les contrôles policiers à bord des trains. « Avant, plein de migrants passaient à Menton, Sospel et Tende, constate un guichetier. Maintenant, nous ne les voyons plus aux guichets, ils marchent sur les voies. »

      Il arrive cependant encore que certains se perdent et se retrouvent à proximité des gares. « En allant chercher la rame pour le premier train à Breil-sur-Roya, cela nous arrive de marcher sur quelqu’un qui a dormi près des rames dehors, dit un conducteur. Il commence à faire sacrément froid, il va y avoir des drames. » C’était un soir de la fin septembre. Un agent SNCF trouve sur le quai à Breil-sur-Roya « un jeune migrant apeuré et affamé ». « Il commençait à faire froid », explique l’agent, qui a hébergé le « gamin »une nuit au foyer local SNCF, puis l’a caché dans le local de conduite du premier train pour Nice.

      Pour échapper aux contrôles, les candidats au passage se dissimulent également sous les sièges ou dans la locomotive de queue quand le conducteur a oublié de fermer la fenêtre. « Sur la ligne venant de Breil-sur-Roya, on sent la détresse, il y en a de 14 ou 15 ans, raconte ce contrôleur, agacé par leur présence. Ils se cachent dans des zones dangereuses : les tableaux électriques, les soufflets, les armoires à matériel. Ce n’est plus gérable. » Le 21 décembre 2016, dans un train pour Nice, deux jeunes migrants nigérians n’ont dû leur salut qu’à une patrouille de la police ferroviaire italienne en gare de Vintimille. L’attention des policiers italiens a été attirée par de faibles coups provenant d’une armoire électrique, relate la presse italienne. À l’intérieur de cet espace exigu, les fonctionnaires ont découvert deux jeunes hommes, l’un évanoui, l’autre épuisé et très faible. Le passeur, qui leur aurait fait miroiter un passage en France contre 150 euros, les avait ensuite enfermés dans ce placard. « Tous les passeurs sont équipés de clefs de berne (carrées) qui ouvrent les cabines et les armoires », assure un agent SNCF.

      Sans avoir vécu d’accident aussi tragique, plusieurs agents refusent de participer à ce qu’ils appellent « une chasse aux migrants » et dénoncent l’ambiguïté de la SNCF à ce sujet. « Nous nous battons pour que la SNCF arrête de collaborer à la chasse aux migrants, dit Najim Abdelkader, 36 ans, secrétaire CGT cheminots du secteur de Nice. Malheureusement la SNCF a mis à disposition de la préfecture des locaux (d’anciens appartements loués à des cheminots) à Menton-Garavan pour le refoulement des réfugiés. Et dans les trains, les CRS fouillent les placards techniques et les toilettes, c’est donc que la SNCF leur a fourni nos clefs. »

      Nous nous sommes procuré une note de service interne à l’établissement public intitulée « Mesures sûreté pour s’adapter au contexte migratoire ». Non datée et diffusée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, celle-ci incite les chefs d’escale et les contrôleurs à signaler au Poste de commande national sûreté (PCNS) la présence de « groupes en gare prenant le train » ou « à bord » « afin de pouvoir localiser les événements et permettre à la SNCF de travailler en coordination avec les services de l’État et les associations ».La note indique également qu’après une « réunion de crise » le 26 juillet 2016, associant la direction de la sûreté de la SNCF, la Direction départementale des territoires, la Suge et la police aux frontières, ont été décidés « le renforcement de la présence des autorités dans les gares et les trains en fonction des remontées de la SNCF » et l’« organisation d’opérations coup de poing ». Ce qui semble quelque peu étranger à la mission première de l’établissement public, chargé par la loi du 4 août 2014 de concourir au « service public ferroviaire et à la solidarité nationale ainsi qu’au développement du transport ferroviaire, dans un souci de développement durable ».

      « On nous demande de signaler tout groupe de migrants, c’est de la délation », estime un contrôleur de la région Paca, sous couvert d’anonymat. Selon la loi, c’est uniquement en cas de fraude qu’un contrôleur peut « exiger la production d’un document d’identité ».Si le fraudeur n’a aucun papier sur lui, les agents peuvent prévenir un officier de police judiciaire (OPJ) et retenir le contrevenant jusqu’à l’arrivée de cet officier. Beaucoup des migrants venant d’Italie voyageant avec des billets, certains agents remarquent qu’ils n’ont pas à leur demander leurs papiers d’identité, encore moins à les signaler au Poste de commande national sûreté. « Nous ne faisons pas de contrôle au faciès. Ce n’est pas “Tiens, deux Blacks, on va leur demander leur billet”, c’est lors du contrôle de tout le train qu’on tombe éventuellement dessus », affirme Najim Abdelkader.

      « Est-ce que tu en as ? »

      À Menton-Garavan, premier arrêt côté français, les CRS et gendarmes mobiles sont en gare du premier au dernier train, de 5 heures du matin à minuit. Ce déploiement policier agace le syndicaliste qui souligne qu’en 2011, à la suite d’une vague d’agressions, la CGT cheminots avait demandé en vain plus de renforts policiers. « Et aujourd’hui les autorités trouvent un nombre incalculable de CRS pour chasser des réfugiés de notre pays ! »

      Pour faciliter les contrôles policiers, la SNCF a modifié ses horaires, allongeant l’arrêt en gare de Menton-Garavan et ajoutant une halte pour les TGV partant de Vintimille. « Les associations d’usagers criaient à cause des retards », explique un agent. Les contrôles continuent cependant de s’effectuer de façon discriminatoire, malgré la condamnation définitive de l’État français en novembre 2016. « Un contrôle d’identité fondé sur des caractéristiques physiques associées à une origine réelle ou supposée, sans aucune justification objective préalable, est discriminatoire : il s’agit d’une faute lourde qui engage la responsabilité de l’État », avait rappelé à cette occasion la Cour de cassation.

      Mais à Menton-Garavan, il est matériellement impossible aux CRS et gendarmes mobiles de contrôler en quelques minutes une soixantaine de passagers, voire le triple le vendredi, jour de marché à Vintimille. « Les CRS demandent rarement les papiers à tout le monde, c’est au faciès, confirme Nadjim Abdlekader. À Vintimille, les patrouilles franco-italiennes filtrent sur le quai. Ils ne laissent monter que les passagers de couleur blanche et demandent leurs papiers aux bronzés. » Le délégué syndical explique avoir été lui-même contrôlé alors qu’il accompagnait en civil dans le train des jeunes qui passaient l’examen de contrôleur. « À Menton-Garavan, un fonctionnaire de police m’a demandé mes papiers, pas aux gens autour. » « Même des collègues en uniforme, arabes ou noirs, sont contrôlés, relate de son côté Cyrille Poggi. Parfois, les policiers contrôlent plusieurs fois des mecs connus juste pour leur faire sentir qu’ils ne sont pas bienvenus. Le fait que cette situation dure, ça se banalise, ça fait sauter des barrières chez les forces de l’ordre. »

      Les agents SNCF sont directement sollicités par les forces de l’ordre. Le représentant syndical, également conducteur, décrit : « Les policiers viennent nous demander : “Est-ce que tu en as ? – De quoi tu parles ? Moi je ne sais pas reconnaître une personne en situation irrégulière.” Les policiers nous montrent le visage pour dire noir. Ils m’ont aussi déjà demandé mes clefs de service pour ouvrir une cabine. » Un contrôleur relate les mêmes scènes : « Moi, les gendarmes me demandent : “Vous en avez vu ?” Je reste neutre car, au bout d’un moment, on a l’impression de faire de la délation. Ces gens-là essaient de fuir un pays en guerre. » Avec le temps, ces contrôles discriminatoires deviennent « routiniers ». « On s’y est habitué, dit un cheminot. Ça s’est banalisé. On sait qu’à Vintimille, les policiers italiens et français sur le quai vont filtrer les voyageurs et qu’à Menton-Garavan, les CRS vont fouiller le train et quand ils auront fini, ils nous donneront l’autorisation de repartir. Que peut-on faire ? Notre direction nous a bien fait comprendre qu’il ne fallait pas faire passer de gens et que nous nous exposions à des sanctions. D’autant que nous sommes dans une région de droite et que ça se ressent aussi chez les cheminots. Nous avons quelques agents qui sont de zélés délateurs. Le cheminot est un citoyen comme un autre, il regarde TF1 et a des problèmes de pouvoir d’achat... »

      Parfois, racontent plusieurs agents, ce sont les usagers eux-mêmes qui dénoncent des migrants : « Ils sont en dessous du siège ! » « Ça se retourne parfois contre eux, dit en riant un conducteur. Ça m’est arrivé une fois qu’un client appelle les CRS en disant que certains étaient encore cachés, qu’il avait travaillé en Afrique et savait que c’étaient des voleurs, qu’ils venaient en France pour vendre de la drogue, etc. Le CRS lui a demandé de quel droit il faisait ça, comment il savait qu’il s’agissait de clandestins, et s’il avait lui-même ses papiers. Il a fini sur le quai, car le contrôleur s’est aperçu que ce client n’avait pas de titre de transport et l’a invité à descendre ! »

      Mais parfois, le contrôle dérape. Fin août, Cyrille Poggi affirme ainsi avoir assisté à une scène très violente avec sortie d’arme à Sospel. « Il y avait énormément de réfugiés dans le train, les deux gendarmes voulaient que je ferme les portes, dit-il. Ils voulaient bloquer des réfugiés dans le train en attendant des renforts. Mais ce n’est pas notre travail, j’ai refusé. Ils ont appelé le PC de la SNCF pour changer la signalisation et m’empêcher de partir. Les réfugiés qui avaient des baskets sont partis en courant, ceux en tongs ou pieds nus sont restés bloqués. Un gendarme a fait usage du Taser. Le plus gradé, à bout, a fait des sommations, et j’ai cru qu’il allait tirer. Alors que les réfugiés n’étaient pas menaçants, au contraire, ils voulaient s’enfuir ! » Une autre fois, « sur le premier train partant à 4 h 53 de Vintimille », relate-t-il, à Menton-Garavan des gendarmes ont demandé à voyager dans sa cabine pour pouvoir bloquer les portes à un arrêt suivant. « Ils voulaient qu’à Beaulieu-sur-Mer [juste avant Nice – ndlr], j’enferme les passagers et que leurs renforts montent par ma cabine pour coincer les réfugiés dans le train. Mais pour monter en cabine, il faut une autorisation spéciale, les conducteurs ont besoin de concentration. »

      À Menton-Garavan, plutôt que de faire réadmettre en Italie les étrangers arrêtés, les forces de l’ordre les remettent désormais directement dans le dernier train en direction inverse, pour Vintimille. Sans plus de formalité, ni de billet, par groupes d’une trentaine de personnes. Pour vaincre les réticences de ses agents, la SNCF a affiché en salle des contrôleurs à Nice une note rappelant l’obligation légale des transporteurs à « prendre en charge les personnes qui nous sont confiées ». Le code des étrangers prévoit en effet que lorsqu’un étranger non européen se voit refuser l’entrée en France, « l’entreprise ferroviaire qui l’a acheminé est tenue, à la requête des autorités (…), de mettre à disposition de ces autorités des places permettant le réacheminement de cet étranger au-delà de la frontière française ».

      « Il s’agit souvent de familles avec bébé qui se retrouvent à dormir en gare de Vintimille, dit Najim Abdelkader. De plus en plus de conducteurs refusent de les prendre. Ce qui a causé quelques altercations des plus courageux avec les CRS. » Un agent a accepté de nous raconter une de ces confrontations. « En septembre, à Menton-Garavan dans le sens Nice-Vintimille, cinq CRS ont essayé de me remettre un groupe d’une quinzaine de migrants, dont au moins dix mineurs, explique-t-il sous couvert d’anonymat. Je refuse, car ce sont des mineurs isolés. Les CRS me disent qu’il y a leurs parents. Je demande les papiers le prouvant. J’ai fait le départ de mon train. Au retour les CRS m’attendaient énervés, ils ont sortis leurs portables et m’ont pris en photo et filmé. “Qui vous a donné l’autorisation de repartir ?” Moi ça me rappelle 39-45, ces méthodes. »

      Selon la loi française, tout mineur non accompagné doit être pris en charge par la police et placé dans un foyer par l’aide sociale à l’enfance (ASE) du département concerné. Mais la préfecture des Alpes-Maritimes prétexte du rétablissement des contrôles aux frontières pour leur refuser cette protection. L’argutie est la suivante : lorsque les mineurs sont contrôlés sur un des treize points de passage autorisés (PPA) des Alpes-Maritimes, comme la gare de Menton-Garavan ou celle de Sospel, ces étrangers sont considérés comme “non entrés” en France et donc “non admis”. « Les CRS me disent que ça [la protection des mineurs non accompagnés – ndlr], c’est pour la France, pas la frontière, relate l’agent déjà cité. Mais Menton-Garavan, c’est une gare française ! »

      Après Menton-Garavan, les contrôles deviennent aléatoires. Certains migrants, ayant payé un billet jusqu’à Paris, se font interpeller à Cannes et retenteront leur chance dans un prochain train ou le long des voies. D’autres parviennent à rejoindre la gare de Marseille Saint-Charles où on les croise, errant par petits groupes, sans bagage. Les moins fortunés empruntent les bus Macron, une clientèle que l’ancien ministre de l’économie, promoteur de la libéralisation des bus longue distance, n’avait sans doute pas anticipée. Un guichetier, habitué à ces clients, leur conseille en anglais de s’éloigner de la gare en attendant le départ de leur bus de nuit, afin d’éviter les contrôles policiers.

      « Dans le TGV pour Paris, la majorité des réfugiés ont des billets, parfois à 180 euros en première classe, quand la seconde est pleine, dit Najim Abdlekader. S’ils n’ont pas de billet, nous essayons d’avoir leur identité, ils ont parfois des lettres d’association demandant aux contrôleurs d’être bienveillants à leur égard. » En l’absence de papiers d’identité, les agents sont censés alerter un OPJ, qui montera au premier arrêt ou attendra sur le quai à l’arrivée à Paris. Mais débordés par l’état d’urgence, les policiers ne se déplacent plus. « La plupart des contrôleurs ne le font pas, il y a plutôt une solidarité qu’une chasse à l’homme, assure le syndicaliste. Souvent, les collègues donnent une bouteille d’eau ou paient un sandwich dans le TGV. Beaucoup ont conscience qu’ils fuient la mort et de ce qui leur est déjà arrivé. »

      Dans un TGV pour Paris, on croise ainsi un contrôleur apportant une bouteille d’eau à deux jeunes Soudanais, de 16 et 24 ans, sans billets. Les voyageurs ont marché de Vintimille à Nice et n’ont pas dormi « depuis quatre nuits ». « Un voyageur sans billet, c’est toujours problématique, souligne le contrôleur en question. Mais ils sont toujours très propres, très polis et calmes. Même quand nous devons leur demander de descendre à Avignon, ils ne font jamais d’histoire."

      http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2017/01/a-la-frontiere-italienne-les-cheminots-resistent-a-la-chass

  • 22.11.2016 un jeune Nigérian de 23 ans Alimonu Kingsley

    Mort emporté par la crue du fleuve la Roya. Avec d’autres, il avait quitté la structure de Caritas en Italie, dans l’espoir d’arriver en France. Il avait cherché refuge sous un pont.

    http://roya06.unblog.fr/2017/04/08/hommage-funebre-aux-refugies-tues-par-la-frontiere-cercle-de-silence-2

    –-> événement qui date de 2016, sauvegardé ici pour des raisons d’archivage

    #Vintimille #asile #migrations #réfugiés #morts #mourir_aux_frontières #frontière_sud-alpine #France #Italie

    –—

    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
    https://seenthis.net/messages/784767

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Ventimiglia: proseguono le ricerche del migrante disperso da questa mattina sul fiume Roja

      Quanto accaduto stamane, infatti, conferma i problemi che si vengono a creare per la massiccia presenza di migranti che, quando non trovano spazio nei luoghi di accoglienza (al Parco Roja ed alla chiesa di Sant’Antonio) si ‘inventano’ rifugi e luoghi dove poter trascorrere la notte.

      E’ stata una mattinata che dimostra quanto sia sempre più drammatica la situazione dei migranti nella città di Ventimiglia. Anche se l’Amministrazione comunale, la Croce Rossa, la Caritas e le associazioni sul territorio continuano a lavorare alacremente per cercare di ridurre al minimo i disagi dei profughi ed anche dei residenti, purtroppo ci sono sempre casi di emergenza.

      Quanto accaduto stamane, infatti, conferma i problemi che si vengono a creare per la massiccia presenza di migranti che, quando non trovano spazio nei luoghi di accoglienza (al Parco Roja ed alla chiesa di Sant’Antonio) si ‘inventano’ rifugi e luoghi dove poter trascorrere la notte. E’ quanto accaduto proprio oggi, sotto il ponte dell’autostrada che congiunge alla barriera di confine, sul fiume Roja. Cinque migranti, tre uomini e due donne, si erano rifugiati in una piccola tenda, per sfuggire dalla pioggia che, da domenica pomeriggio cade incessantemente. Ma non hanno fatto i conti con la forza del fiume che si è ingrossato proprio per le precipitazioni ed oggi alcuni passanti hanno dato l’allarme.

      Sul posto sono intervenuti gli agenti della Polizia Municipale, i Vigili del Fuoco, Carabinieri, Polizia, i tecnici della Autofiori e la Protezione Civile. Per poter raggiungere i 5 migranti è stata fatta portare dai responsabili della A10 una pedana che viene utilizzata a ‘sbalzo’ per gli interventi esterni alle carreggiate. Intanto, sul cavalcavia sotto il ponte sono anche arrivati gli altri soccorritori e pure il Sindaco della città di confine, Enrico Ioculano.

      Verso le 10.30, improvvisamente, due dei migranti hanno deciso di gettarsi in acqua (come si può vedere nelle immagini). Nel frattempo l’elicottero dei Vigili del Fuoco, che era appena arrivato, si è messo a scandagliare dall’alto il letto del Roja e, pochi minuti dopo uno dei due migranti è stato trovato, in un cespuglio sul greto. Gli altri tre rimasti sono stati tratti in salvo dal Saf dei Vigili del Fuoco e portati sulla carreggiata dell’autostrada per essere caricati sulle ambulanze e quindi in ospedale.

      Sul greto ed alla foce del Roja sono scattate le ricerche dell’uomo, sempre con l’ausilio dei Vigili del Fuoco, che hanno fatto arrivare i loro sommozzatori, ma anche con le altre forze dell’ordine e la Guardia Costiera. I pompieri stanno controllando insieme agli uomini della Capitaneria, con le moto d’acqua mentre l’elicottero continua a controllare il letto del fiume dall’alto. Per ora, purtroppo dell’uomo nessuna traccia.

      L’ipotesi più terribile e che, ovviamente, sia stato risucchiato dai vortici del fiume e che sia annegato, ma i soccorritori sperano sia riuscito ad aggrapparsi a qualche ramo ed è per questo che stanno battendo, palmo a palmo, tutta la zona. Un’altra ipotesi è quella che l’uomo sia riuscito a guadagnare rapidamente la riva e che sia fuggito. Le ricerche proseguiranno per tutta la giornata.

      https://www.sanremonews.it/2016/11/22/mobile/leggi-notizia/argomenti/cronaca/articolo/ventimiglia-proseguono-le-ricerche-del-migrante-disperso-da-questa-matti

    • Ventimiglia, migrante disperso nel Roja in piena

      Salvati altri quattro stranieri bloccati su un pilone dall’ondata di piena del fiume, in corso le ricerche


      Proseguono le operazioni di soccorso dei migranti rimasti bloccati sotto il ponte del fiume a Ventimiglia per via della piena del Roja. Il 115 ha soccorso quattro migranti due uomini e due donne, mentre un quinto risulta disperso ed a riguardo è stato anche allertato l’elisoccorso e una squadra di sommozzatori che si trova alla foce del Roja per recuperare il corpo del migrante trascinato via dalla corrente.

      Il gruppetto di migranti aveva cercato riparo per la notte per via delle forti piogge, sotto il cavalcavia che conduce sulla strada statale 20 del Tenda, rimanendo bloccati dalla piena del fiume.Sul posto è presente, oltre alle forze dell’ordine ed ai soccorritori, anche il sindaco di Ventimiglia Enrico Ioculano che per più volte ha urlato ai migranti di non gettarsi in acqua.

      Sull’estremo ponente della Liguria ci sono state forti piogge nella nottata; fino alle 15 l’allerta è gialla, ed è stata prorogata sino alla stessa ora di domani mentre resta arancione, sempre fino a domani pomeriggio, su Genova e il savonese, dove però si registrano solo allagamenti e pochi danni: due le case evacuate alle spalle del quartiere di Voltri, una terza sgomberata dopo che un fulmine ha incendiato la lavatrice.

      https://genova.repubblica.it/cronaca/2016/11/22/news/ventimiglia_migrante_disperso_sul_greto_del_roja_in_piena-15253401

  • 21.10.2016 Un jeune migrant tué sur l’autoroute près de Menton

    C’est l’une des routes d’entrée vers la France et l’espoir d’un monde meilleur. Un jeune migrant d’origine africaine a été tué samedi dans la nuit sur l’autoroute A8 à proximité de Menton (Alpes-Maritimes) après avoir été percuté par une voiture et être tombé d’un viaduc, selon Nice-Matin. C’est le troisième à mourir sur cet axe rapide depuis début septembre.

    Projeté par-dessus le parapet

    L’identité de la victime n’a pas encore pu être établie et l’enquête a été confiée à la gendarmerie. L’accident s’est produit vers une heure du matin lorsqu’une automobiliste se dirigeant vers l’Italie a percuté la personne au sortir d’un tunnel, avant le viaduc de Sainte-Agnès. Le jeune homme a été projeté par dessus le parapet et son corps, retrouvé par les secours en contrebas.

    Selon les gendarmes, plusieurs personnes avaient déjà été signalées en début de nuit sur cette portion d’autoroute empruntée par les migrants pour passer clandestinement d’Italie en France, certaines ayant été récupérées et emmenées au poste de la police aux frontières.

    En septembre dernier, ce même viaduc avait déjà été le lieu d’un accident mortel lorsqu’un migrant, à la vue d’une patrouille de gendarmerie, avait sauté sans voir le vide en dessous. Plus récemment, le 7 octobre, une jeune Erythréenne de 17 ans avait été tuée sur la même autoroute, mais côté italien, après avoir été percutée par un poids lourd.

    https://www.leparisien.fr/faits-divers/un-jeune-migrant-tue-sur-l-autoroute-pres-de-menton-22-10-2016-6240525.ph

    –-> événement qui date de 2016, sauvegardé ici pour des raisons d’archivage

    –-> selon cette source c’est le 22.10.2016 :

    Another fatality reported in 2016, on October 22, involved a foreigner who was run over by a car as he was crossing the A8 highway in Menton.

    https://www.infomigrants.net/en/post/34723/young-migrant-electrocuted-on-train-roof-near-italyfrance-border

    #Vintimille #asile #migrations #réfugiés #morts #mourir_aux_frontières #frontière_sud-alpine #France #Italie

    –—

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    • Ventimiglia, ricostruite grazie al supporto della CRI le ultime ore di vita di Alì, l’ultima vittima della frontiera

      Fondamentale l’assistenza e l’opera di mediazione dei volontari della Croce Rossa presenti al Parco Roja

      Ventimiglia. Si chiamava Alì Ahmad e aveva 18 anni. E’ morto falciato da un furgoncino e poi sbalzato nella scarpata sottostante mentre tentava di attraversare l’autostrada a piedi all’altezza del viadotto di Saint Agnès, così come aveva fatto, prima di lui, la sedicenne eritrea Milet Tesfamariam. Alì e Milet sono due dei tanti giovani che ogni giorno sfidano la morte per raggiungere la Francia. Loro, però, la sfida non l’hanno vinta.

      Da Lampedusa, dove era sbarcato insieme ad un gruppo di amici sudanesi come lui, era arrivato a Ventimiglia il 30 settembre, quando aveva raggiunto il Parco Roja. E’ questo quanto ricostruito dal centro di cooperazione Italia-Francia insieme con le autorità francesi e con il supporto fondamentale della Croce Rossa. E’ stata proprio la prefettura di Nizza a chiedere l’aiuto della CRI che gestisce il campo di accoglienza nella città di confine. Qui sono stati accompagnati i tre amici del giovane sudanese che si trovavano con lui in autostrada al momento della tragedia. E, sempre al Parco Roja, è stato accompagnato un altro giovane sudanese, che ha dichiarato di essere cugino di Alì Ahmad e che, in questi giorni, era ospite del campo di Como.

      La polizia francese si è avvalsa del mediatore culturale della Croce Rossa e della professionalità del responsabile del centro di accoglienza Valter Muscatello per ricostruire l’esatta dinamica dell’incidente interrogando i tre amici che si trovavano con la vittima al momento del sinistro la notte tra il 21 e il 22 ottobre scorso.

      Ora che è stata fatta chiarezza sull’incidente e che la vittima ha finalmente un nome, si provvederà al rimpatrio della salma. E’ stato infatti contattato il consolato del Sudan a Parigi che si farà carico di rimpatriare la salma del giovane. La Croce Rossa si è fatta portavoce delle richieste degli amici di Alì, chiedendo alle autorità francesi di rispettare il rito musulmano: la salma verrà lavata e avvolta in un telo bianco prima di essere adagiata in una cassa. Volontà, questa, che la procura di Nizza si è fatta carico di rispettare.

      https://www.riviera24.it/2016/10/ventimiglia-ricostruite-grazie-al-supporto-della-cri-le-ultime-ore-di-vita

  • 06.09.2016 Vintimille-Menton. Mortelle frontière

    Début septembre, un jeune exilé a été retrouvé mort sous un viaduc aux abords de #Menton. La pression policière pourrait en être à l’origine.

    Personne ne connaît son nom. Personne ne portera la funeste nouvelle à ses parents, de l’autre côté de la Méditerranée. Il est tombé, dans la nuit du 5 au 6 septembre, d’un pont autoroutier à la hauteur du village de #Saint_Agnés, à la sortie de Menton, et ne s’est jamais relevé. Pour les autorités, c’est un migrant « d’origine africaine ». Pour des dizaines de personnes indignées, c’est un homme dont la mort symbolise les conséquences de la pression policière grandissante, à la frontière franco-italienne, pour barrer la route aux réfugiés.

    « Fuyant sans doute une patrouille de la gendarmerie, il a été trouvé mort sous le viaduc », indique le communiqué appelant à se rassembler en sa mémoire, le 18 septembre. La préfecture refuse de faire tout commentaire sur les circonstance du drame : « L’enquête est en cours. » En tout cas, ce soir-là, des policiers ont donné l’alerte après avoir vu une personne sauter du pont.

    Les témoignages évoquant des exilés marchant, perdus, sur l’autoroute et des contrôles parfois musclés sont légion. Un autre jeune, soudanais, est actuellement entre la vie et la mort à la suite d’une chute dans la même zone et dans des conditions similaires. Et le procureur de la République juge « incroyable que l’on n’ait pas plus d’accidents ».

    L’#A8 coupe en six endroits la route de #Saint-Agnès. Selon une source anonyme de la Croix-Rouge, le jeune exilé décédé serait tombé au niveau du premier croisement, juste après l’entrée d’autoroute de Menton. Au pied de l’immense pylône de béton, une pente abrupte, plantée de buissons et de ronces, est jonchée d’habits et de chaussures abandonnés. Difficilement accessible, l’endroit est indiscutablement un lieu de passage.
    « Un véritable black-out a été instauré par les autorités ! »

    Mais plus étonnants sont ces mètres de rubalise sur lesquels est inscrit « Polizia Municipale ». Déchiquetés en dizaine de morceaux, ils s’éparpillent dans les fourrés trop peu épais pour amortir la chute mortelle du jeune Africain. Qu’est venue faire une police municipale italienne à plusieurs kilomètres de la frontière, sous un pont autoroutier ?

    « Un véritable black-out a été instauré par les autorités ! s’indigne Martine Landry, responsable d’Amnesty International dans les Alpes-Maritimes. Depuis le renvoi, par l’Italie, de quarante-huit Soudanais à Khartoum, les réfugiés ont peur de la police et veulent rapidement passer la frontière, quitte à prendre des risques encore plus importants. »

    À Vintimille, depuis le début de l’été, les autorités pourchassent quotidiennement les exilés afin de les faire monter dans des bus en direction du sud de l’Italie. Au mois d’août, par ailleurs, deux cents réfugiés ont forcé les barrages aux postes frontières de Menton. « Ce jour-là, on a assisté à de véritables scènes de chasse à l’homme, reprend Martine Landry. La police courait au milieu des touristes en criant : “Arrêtez-les !” »

    Durant l’été, la tension est indéniablement montée d’un cran entre policiers et réfugiés, des deux côtés de la frontière.

    Quotidiennement, exilés et citoyens solidaires en témoignent. Dans l’église Sant’Antonio di Padova, sur les rives de la Roya, des familles sont mises à l’abri. Dans la cour, Micky, un jeune Érythréen au regard doux, se lève difficilement de son banc. Il a la jambe plâtrée et se déplace avec des béquilles. « J’ai passé la frontière par les montagnes, raconte-t-il, fataliste. Des policiers se sont mis à me courir après. À un moment, j’ai sauté. J’ai fait une chute de cinq à six mètres. Ils m’ont laissé là et sont repartis. Moi, je me suis endormi. » À son réveil, le lendemain, Micky a choisi de rebrousser chemin jusqu’au poste frontière pour demander de l’aide. Il a été conduit à l’hôpital, puis orienté vers l’église. « Je suis parti pour fuir la guerre au Darfour, explique Adam, un Soudanais plus âgé. Et on apprend que des gens peuvent mourir ici poursuivis par la police ! Bien sûr qu’on a peur… J’espère passer en France le plus vite possible. »

    Autre exemple de l’acharnement policier à l’œuvre dans la région : lundi 19 septembre, un groupe de femmes arrive chez Hubert. C’est un militant associatif français qui accueille régulièrement chez lui, à Tourrettes-sur-Loup, des exilés ayant franchi la frontière grâce aux réseaux de solidarité. Une des jeunes femmes fait un malaise. Hubert appelle les pompiers qui se déplacent mais refusent de la prendre en charge parce qu’elle n’a pas de papiers. Ils repartent. Deux policiers sonnent alors à la porte. Ils constatent que vingt-cinq personnes sont hébergées dans la maison. Ce n’est pas une surprise. Le lieu a déjà fait l’objet de plusieurs reportages dans la presse locale et nationale. Le lendemain, trente policiers armés investissent l’endroit. La plupart des réfugiés parviennent à s’enfuir dans les bois avoisinants. Hubert est placé en garde à vue et neuf personnes sont interpellées, dont la jeune exilée malade. Tous ont été illégalement reconduits en Italie et placés dans des bus en direction des hotspots du sud du pays. Lundi, encore, douze mineurs sont parvenus, depuis Vintimille, à rejoindre en groupe la commune de Breil-sur-Roya, en France. « Des militaires armés leur ont couru après dans les rues et jusque sur les voies de chemin de fer », explique Nathalie, une habitante du village. Les jeunes ont finalement échappé aux soldats en se réfugiant derrière des rochers aux abords des rails. Ils ont ensuite été pris en charge par la population, qui a décidé de les protéger. Celui qui est tombé, dans l’anonymat, sous le viaduc de Saint Agnés est mort de n’avoir pas eu cette chance.

    https://www.humanite.fr/vintimille-menton-mortelle-frontiere-616750
    –-> événement qui date de 2016, sauvegardé ici pour des raisons d’archivage

    #Vintimille #asile #migrations #réfugiés #morts #mourir_aux_frontières #frontière_sud-alpine #France #Italie

    –—

    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
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    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Menton : Un jeune migrant retrouvé mort sous un viaduc d’autoroute

      Il a trouvé la mort sous un viaduc autoroutier. Le corps d’un migrant a été découvert près de . « On n’a pas l’identité, c’est un jeune, d’origine africaine, précise la gendarmerie départementale. L’enquête de l’inspection générale de la gendarmerie nationale doit déterminer ce qui s’est réellement passé et notamment si le jeune a eu peur en voyant la patrouille et a sauté. »

      Dans la nuit de lundi à mardi, vers trois heures, des gendarmes, escortant des étrangers en situation irrégulière, ont aperçu trois migrants marchant sur l’autoroute et ils ont eu l’impression que l’un d’eux enjambait le parapet, selon . Son corps a été retrouvé après des recherches menées à l’aube sous le viaduc de Sainte-Agnès, le plus haut village littoral d’Europe.

      Depuis le début de l’année, 18.662 migrants interpellés

      Une enquête similaire est ouverte pour un Soudanais hospitalisé entre la vie et la mort depuis des semaines après une chute de plusieurs mètres. Il avait paniqué et sauté d’un pont ferré à la vue d’une patrouille, selon le parquet de .

      Depuis le début de l’année, 18.662 migrants ont été interpellés dans les Alpes-Maritimes (+8 % sur un an) et refoulés vers l’Italie qui les réadmet plus facilement depuis le rétablissement de la frontière après les attentats parisiens du 13 novembre 2015.

      « Les conditions sont parfois sordides »

      Ces étrangers fuyant surtout des pays africains instables, Soudan, Erythrée, Comores mais aussi la Syrie en guerre et l’Afghanistan, tentent de plus en plus souvent le passage par les montagnes.

      « Les conditions sont parfois sordides, avec des gens entassés, trimballés, jetés sur l’autoroute A8, laissés sous un tunnel ferroviaire. C’est incroyable que l’on n’ait pas plus d’accident », s’était ému lundi le procureur Jean-Michel Prêtre.

      https://www.20minutes.fr/nice/1921323-20160908-menton-jeune-migrant-retrouve-mort-sous-viaduc-autoroute

    • Le corps d’un jeune homme retrouvé sous le viaduc de Sainte-Agnès

      Il n’avait aucun papier sur lui. Une enquête, confiée à l’inspection générale de la gendarmerie nationale, est en cours pour déterminer l’identité de l’individu retrouvé mort ainsi que pour préciser les circonstances du drame.

      Le corps d’un homme mort a été retrouvé hier matin sous le viaduc de Sainte-Agnès près de Menton. Il s’agirait d’un migrant qui aurait fait une chute mortelle.

      Selon le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, c’est une équipe de gendarmes mobiles qui a donné l’alerte.

      Dans la nuit de lundi à mardi, vers 3 heures du matin, alors qu’ils ramenaient des étrangers en situation irrégulière dans les locaux de la Police aux frontières à Menton, les militaires ont aperçu un groupe de trois personnes marchant sur l’autoroute.

      À ce moment-là, ils ont eu le sentiment que l’une des personnes passait au-dessus du parapet de l’autoroute.

      Au lever du jour, mardi matin, les recherches effectuées par les gendarmes dans ce secteur escarpé et difficile d’accès ont amené à la découverte du corps d’une personne.

      (#paywall)

      https://www.nicematin.com/vie-locale/le-corps-dun-jeune-homme-retrouve-sous-le-viaduc-de-sainte-agnes-76505

  • 11.02.2021, Rachid

    Soutien pour Rachid, jeune homme exilé de 23 ans décédé à la frontière franco-italienne

    Le 1er Février dernier, Rachid, un jeune marocain de 23 ans que notre association avait suivi dans son parcours, a disparu en tentant de passer la frontière entre la France et l’Italie pour la énième fois. Ses amis ont eu de ses nouvelles 5 jours plus tard, il se trouvait dans le coma dans un hôpital italien. Après 2 lourdes opérations, Rachid est décédé le jeudi 11 février 2021.

    Toute sa famille étant restée au Maroc, des procédures ont été engagées pour organiser le rapatriement de son corps. Covid étant, il a fallu qu’il passe par la France avant de pouvoir rentrer au Maroc, engendrant des frais à la hauteur de 3800€.

    Diverses initiatives ont émergé pour collecter des fonds afin de venir en aide à la famille de Rachid et les soutenir dans ce moment difficile. Des ventes de gâteaux et des événements ont notamment été organisés mais la somme reste élevée, c’est pourquoi j’organise cette cagnotte. J’en appelle ainsi à votre générosité pour prendre part à cette initiative, il n’y a pas de petit montant, chaque soutien compte.

    https://www.leetchi.com/c/appel-a-soutien-pour-rachid-jeune-refugie-de-23-ans-decede-a-la-frontiere-f

    –-> événement qui date de février 2021, sauvegardé ici pour des raisons d’archivage

    #Vintimille #asile #migrations #réfugiés #morts #mourir_aux_frontières #frontière_sud-alpine #France #Italie

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  • 03.06.2021 Tragedia a Ventimiglia, migrante muore annegato

    É accaduto nei pressi dello stabilimento Sirena in passeggiata Oberdan.

    Dramma nel pomeriggio nella città di confine dove un migrante è annegato nello specchio acqueo antistante il ristorante Sirena, in passeggiata Oberdan, a Ventimiglia.

    Secondo una prima ricostruzione il giovane straniero si trovava in acqua per lavarsi, o semplicemente per rinfrescarsi, quando sarebbe scivolato dalla battigia, finendo nella parte in cui il fondale è più profondo. Poi, spinto dalla corrente del fiume Roja, che sfocia a pochi metri dal luogo della tragedia, è stato trascinato al largo. Insieme a lui c’era un altro giovane straniero, che forse ha tentato di aiutare l’amico rischiando anch’esso la vita.

    I due giovani sono stati visti in difficoltà dal bagnino del vicino stabilimento balneare, che è subito accorso per recuperarli e riportarli sulla spiaggia. Ma solo uno dei due giovani è stato salvato. Per l’altro migrante, nonostante i tentativi di rianimazione da parte del bagnino, non c’è stato nulla da fare.

    https://www.riviera24.it/2021/06/tragedia-a-ventimiglia-migrante-muore-annegato-696411

    –-> événement qui date de juin 2021, sauvegardé ici pour des raisons d’archivage

    #Vintimille #asile #migrations #réfugiés #morts #mourir_aux_frontières #frontière_sud-alpine #France #Italie

    –—

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