• Kristin Ross : les Soulèvements de la Terre sont une forme de Commune contemporaine | Mediapart | 20.04.23

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/200423/kristin-ross-les-soulevements-de-la-terre-ont-reussi-reorienter-le-regard-

    Professeure de littérature comparée, spécialiste de l’histoire et de la culture françaises, Kristin Ross revisite au fil de ses livres l’histoire de la Commune. Plutôt que d’explorer un passé révolu, elle s’attache à transporter dans le présent les inventions et pratiques révolutionnaires toujours actuelles des communard·es ainsi que de celles et ceux qui en héritent.

    Dans son nouveau livre, La Forme-Commune. La lutte comme manière d’habiter (La Fabrique), elle part à la recherche de la manière dont se gèrent les communs quand l’État se retire. Et revisite des expériences fondatrices de la fin du XXe siècle : la Commune de Nantes en mai 1968, la lutte contre l’aéroport de Narita au Japon dans les années 1970 et la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Elle y parle aussi des Soulèvements de la Terre, mouvement qu’elle soutient et avec lequel elle a marché contre la mégabassine de Sainte-Soline

    • Pour moi, les Soulèvements de la Terre sont un exemple contemporain d’une forme-Commune car ils ont réussi à créer un front commun, et ils l’ont créé à partir de groupes et de gens très différents. C’est une forme très spécifique. Ce n’est pas un parti politique, ce n’est pas une organisation basée sur une classe sociale ou une ethnicité, et pourtant, c’est très organisé. Je ne dis pas que les Soulèvements de la Terre sont une réincarnation de la Commune de Paris. Mais ils sont la manifestation d’une manière de gérer des communs qui éclot quand l’État se retire. Cette forme peut s’appeler « Commune ». Ce terme a eu bien des sens historiquement. Il a désigné les villes bourgeoises du Moyen Âge, la part la plus radicalement démocratique de la Révolution française, des communautés paysannes à la campagne, les désirs qui s’exprimaient dans les réunions ouvrières à la fin du Second Empire : c’est-à-dire un monde basé sur l’association et la coopération. Étymologiquement, la commune signifie l’association et le partage d’intérêts.

      Dans le cas des Soulèvements de la Terre, ce qui a créé leur besoin de s’associer est lié à la défense du vivant contre les assauts continus du capitalisme. Et ces assauts sont très violents. En particulier, les groupes qui composent les Soulèvements de la Terre ont choisi de défendre ce qu’il reste de terres agricoles en France. Les Communes sont marquées par le pragmatisme : elles sont ancrées dans des situations locales, et elles se confrontent aux conditions écologiques du présent. Elles font aussi un usage très créatif des ressources du présent. Il y a une dimension existentielle dans la forme-Commune : vous prenez la responsabilité d’organiser votre vie quotidienne avec d’autres. Or, quand les gens vivent différemment, souvent l’État le voit d’un mauvais œil.

      Comment définissez la « forme-Commune » ?

      Elle implique une forme très pragmatique d’intervention dans les conditions du présent, et la circonscription à une situation très locale. Les Soulèvements de la Terre ont retravaillé la forme archaïque de l’association et du travail ensemble pour l’adapter aux nouvelles conditions d’aujourd’hui et créer une boîte à outils complètement actuelle.

      Cette nouveauté, on l’a découverte sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, avec la fabrication d’une solidarité dans une extrême diversité. Toute personne qui a assisté à des assemblées générales à la ZAD sait qu’on pouvait y voir des naturalistes, des avocats, des paysans à l’ancienne, des paysans super modernes, des lesbiennes séparatistes, des militants, des élus, des commerçants. Un arc époustouflant de gens qui s’attelaient à la dure tâche de s’entendre les uns avec les autres, et d’essayer de faire quelque chose ensemble. C’est la forme qui crée le plus de panique dans les élites car elle suppose que les gens soient capables de faire des alliances étendues. Kropotkine [géographe militant et théoricien du communisme libertaire au XIXe siècle – ndlr] dit que la solidarité n’est pas un sentiment, n’est pas quelque chose que l’on ressent, pas une éthique personnelle. C’est une stratégie révolutionnaire. Et c’est la plus importante de toutes les stratégies.
      [...]
      Je suis une historienne un peu spéciale. Je ne crois pas que le passé nous enseigne quoi que ce soit. Ce n’est pas un donneur de leçons. Je ne crois pas que la lutte de Narita enseigne la moindre chose aux Soulèvements de la Terre. Ou que la Commune de Nantes ait appris des choses au Larzac. Le passé n’a pas de relation pédagogique avec nous.

      Ce qui m’intéresse, c’est l’inverse : comment un mouvement contemporain comme les Soulèvements de la Terre nous fait changer de regard sur le passé. De nouveau, le Larzac devient visible. Et la lutte des agriculteurs contre l’aéroport de Narita dans l’histoire du Japon depuis la Seconde Guerre mondiale peut se voir comme le mouvement le plus important de l’époque .

      Je crois que c’est le cas pour toutes ces luttes des terres depuis les années 1970. On peut maintenant les percevoir de nouveau et les percevoir différemment. Ces luttes d’ampleur, qui ont duré si longtemps, on voit qu’elles ont permis à tout le monde de réaliser pour la première fois qu’il ne suffisait pas de se battre pour l’égalité. Il fallait tenir cet objectif avec un autre : la défense des conditions de la vie sur la planète. Avec cette lecture, les années 1960 et 1970 deviennent principalement le moment où tant de gens prennent conscience de cette contradiction majeure entre le développement capitaliste et les conditions écologiques de la vie.

    • Un des 1ers commentaires de l’article :

      https://iaata.info/Contre-le-phagocytage-des-luttes-par-les-Soulevements-de-la-Terre-5870.html

      Publié le 18 avril 2023

      [Phagocyter v. tr. : absorber et détruire]

      L’objectif de ce texte est de mettre en garde contre les pratiques, les objectifs, et la ligne politique des Soulèvements de la Terre. Il s’appuie sur une connaissance directe des luttes à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes jusqu’en 2018, où les futurs leaders des Soulèvements s’étaient illustrés, et sur plusieurs témoignages récents de personnes s’étant rendues à des événements organisés par eux. Il n’a pas pour but de décourager quiconque de se rendre à ces événements, mais vise à partager certaines inquiétudes et certaines méfiances, en particulier d’un point de vue anti-autoritaire.

      *

      Les chefs des Soulèvements de la Terre (« Benoît Feuillu » ou « Basile Dutertre » par exemple) sont donc ceux-là même qui, à la ZAD, sont parvenus à transformer et à contrôler la lutte à leur profit, avec des méthodes souvent brutales voire violentes [...].

      du même « lenous » :

      Lutter et/ou se faire manipuler au nom d’une lutte ? Soulèvements de la terre versus État : même combat. https://nantes.indymedia.org/posts/86985/lutter-et-ou-se-faire-manipuler-au-nom-d-une-lutte-soulevements-de

      des barbouzes ?

  • La macronie, bientôt finie ?
    https://lundi.am/La-macronie-bientot-finie

    Le mouvement contre la réforme des retraites au seuil du soulèvement
    [Bilan d’étape]

    L’annonce, jeudi 16 mars, de l’utilisation du 49.3 par le gouvernement pour imposer sa réforme des retraites a propulsé le mouvement de contestation dans une nouvelle dimension. Malgré une répression féroce, un drôle de mélange de colère et de joie se propage sur tout le territoire : manifestations sauvages, blocages surprises d’axes routiers, envahissement de centres commerciaux ou de voies ferrées, jets d’ordures sur les permanences de députés, feux de poubelles nocturnes, coupures ciblées d’électricité, etc. La situation est désormais ingérable et le président n’a plus d’autre corde à son arc que de promettre qu’il tiendra coûte que coûte et de sombrer dans une fuite en avant de violence. Les jours qui viennent seront donc décisifs : soit le mouvement se fatigue, mais tout indique le contraire, soit le quinquennat Macron s’effondre. Ce texte propose de faire un bilan d’étape et d’analyser les forces en présence ainsi que leurs stratégies et objectifs à court et moyen termes.

    SEUL CONTRE TOUS

    Si l’on considère les deux forces officiellement en présence, la situation à cela de particulier qu’aucune ne peut officiellement se permettre de perdre. D’un côté, nous avons le « mouvement social » dont on pense régulièrement qu’il a disparu mais qui revient toujours faute de mieux. Les plus optimistes voient en lui le prélude nécessaire à la construction d’un rapport de force qui peut mener jusqu’au soulèvement voire à la révolution. Les plus pessimistes considèrent au contraire qu’il est a priori compromis, que la canalisation et la ritualisation du mécontentement populaire participe de la bonne gestion de l’ordre des choses et donc de son maintien, de son renforcement.

    Quoi qu’il en soit, sur le papier, ce « mouvement social » a tout pour gagner : les syndicats sont unis, les manifestations font nombre, l’opinion publique lui est largement favorable, et si le gouvernement est démocratiquement élu, il est massivement minoritaire. Les astres sont donc alignés, les feux sont au vert, dans des conditions aussi objectivement favorables, si le « mouvement social » perd, cela signifie qu’il ne pourra plus jamais imaginer ou prétendre gagner quoi que soit.

    En face, il y a Emmanuel Macron, son gouvernement et quelques fanatiques qui croient en lui. Eux se savent minoritaires mais c’est de là qu’ils puisent leur force, Macron n’est pas un président qui s’est fait élire pour être aimé ou même apprécié, il incarne le terminus de la politique, son adhésion pure et parfaite à l’économie, à l’efficacité, à la performance. Il ne voit pas le peuple, la vie, les gens, seulement des atomes dont il faut extraire de la valeur. Macron est une sorte de droïde méchant qui veut le bien de ses gouvernés envers et contre eux. Son idée de la politique, c’est un tableau Excel : tant que les calculs sont bons et le résultat positif, il continuera d’avancer au pas de charge. A contrario, il sait que s’il hésite, tremble ou se dédit, il ne pourra plus prétendre gouverner quoi que ce soit ou qui que ce soit.

    Un face à face n’est cependant pas une symétrie. Ce qui menace le « mouvement social » c’est la fatigue et la résignation. La seule chose qui pourrait faire renoncer le président c’est le risque tangible et proche d’un soulèvement. Ce que nous constatons depuis le 49.3 du jeudi 16 Mars, c’est que la donne est en train de changer. Toute négociation avec le pouvoir étant devenue caduque, le « mouvement social » est en train de se déborder et de se dépasser. Ses contours deviennent pré-insurrectionnels.

    • D’un côté, nous avons le « mouvement social » dont on pense régulièrement qu’il a disparu mais qui revient toujours faute de mieux.

      Ce sont des millions de travailleurs. Il s’agit, pour le dire avec une analyse de classe, de la classe ouvrière. Pour le moment, des manifestants souvent ni syndiqués ni attirés par les cortèges de la CFDT, des manifestants et de grévistes qui viennent d’entreprises petites ou moyennes, des milieux employés, techniciens, agents de maîtrise ou cadres, qui participent rarement aux journées nationales de grève. Dans les grandes entreprises où des syndicats pro-patronaux sont majoritaires, et pour lesquels appeler à la grève est un quasi-sacrilège, les syndicats ont appelé aux manifestations et y ont amené de nombreux travailleurs, mais il n’y a pas de grève.

      En face, il y a Emmanuel Macron, son gouvernement et quelques fanatiques qui croient en lui.

      Non, la Terre n’est pas plate. Il faut avoir une analyse de classe pour aller au-delà du ressenti dominant qui borne toutes choses aux apparences. En face, certes, il n’y a Macron et ses sbires – bref, l’État et ses moyens –, mais qu’accessoirement. Bien plus réellement, et sans doute moins spectaculaire, il y a en face la classe possédante, celle à laquelle appartient l’État et dont Macron – ni plus ni moins qu’un domestique en chef – n’est que le chien de garde, le serviteur. Personnaliser les enjeux en les réduisant à la personnalité misérable d’un serviteur politique de la bourgeoisie, c’est contribuer à dissimuler les vrais enjeux.

      Pas étonnant, dès lors, que pour Lundimatin, l’enjeu soit une représentation de la valeur travail :

      Mais que se cache-t-il réellement derrière cet affrontement et sa mise en scène ? Qu’est-ce qui serre les cœurs, donne du courage ou de la rage ? Ce qui se joue, c’est très certainement le rejet du travail.

      D’un côté le travail comme participation singulière à la vie collective, à sa richesse et à sa créativité. De l’autre, le travail comme forme particulière de l’effort individuel dans l’organisation capitaliste de la vie, c’est-à-dire le travail comme peine et comme exploitation.

      #mouarf. Non, ce qui se joue n’est pas une conception du travail, ce qui se joue et que l’on trouve dans la feuille de route de tous les gouvernements bourgeois, dans tous les pays, c’est comment réduire au maximum la part de richesses qui revient aux classes populaires, sous toutes les formes, pour augmenter la part versée directement aux capitalistes. Le grand patronat se contrefout de votre conception du travail, ce qui importe à ses yeux, c’est que son personnel politique mène la guerre au monde du travail, quitte à tailler davantage dans les retraites, dans le budget des écoles, des hôpitaux, quitte à réduire au maximum le pouvoir d’achat des familles populaires et l’indemnisation du chômage, etc.

      En repoussant à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, et en accélérant le passage à 43 annuités requises pour une pension à taux plein, le gouvernement ne défend pas une idéologie, il attaque frontalement la condition ouvrière, et ce dans un seul but : amplifier la ponction sur le monde du travail pour gaver le monde du capital.

      la forme qu’a pris l’effort commun et collectif dans cette société est invivable, humiliant, souvent dénué de sens et mutilant. Si on y réfléchit bien, on ne s’est jamais battu pour la retraite, toujours contre le travail.

      Non, on se bat pour ne pas travailler 2, 3, 4 ans de plus, on se bat pour disposer d’une vraie retraite, et nous savons que ce n’est pas tant le travail qui pose problème que le travail exploité – qui le détourne des intérêts de l’humanité et nous pourrit l’existence.

      Le capitalisme n’a jamais été autre chose que l’organisation objective et économique de l’humiliation et de la peine.

      Oui, sans doute, en termes moraux. Mais c’est bien davantage un rapport social de production qui a eu sa nécessité historique. Ce qu’il organise, c’est la reproduction et l’accumulation du capital en tirant une plus-value sur chaque journée de travail de chaque travailleurs sur cette planète. La question n’est pas d’ordre moral, elle est sociale et historique.

      Je passe les longues considérations sur la police pour n’en garder qu’une :

      Répétons-le, on ne gagne jamais « militairement » contre la police. C’est un obstacle qu’il s’agit de tenir en respect, d’esquiver, d’épuiser, de désorganiser ou de démoraliser.

      Il faudra pourtant écraser la police pour mener la révolution sociale. Car je ne parle plus d’émeutes de rue, auxquelles, en effet, les CRS sont bien préparés, mais je parle d’occupation des usines, des dépots, des entrepôts, des bureaux par des millions de travailleurs, contre lesquels les Macron de demain enverront des milices et l’armée. Et alors il ne s’agira plus seulement d’esquiver « quelques charges et gaz lacrymogènes », de « contenir des dispositifs policier », mais, non seulement de sauver sa peau, mais de s’emparer des moyens de production et de neutraliser définitivement les forces de répression de la bourgeoisie.

      Cette phrase étrange :

      plus personne n’attendra indéfiniment la grève générale d’une classe ouvrière et d’un monde du travail émiettés par 30 années de néo-libéralisme, le geste politique le plus évident, spontané et efficace est désormais le blocage des flux économiques, l’interruption de l’écoulement normal des marchandises et des humains.

      Or, qui et quoi, sinon la classe ouvrière en grève générale pourra bloquer les flux économiques, interrompre (j’ajoute la production) l’écoulement normal des marchandises et des humains ?

      Des gilets-jaunes ? Dont lundimatin croit pouvoir penser, sans rire, que Macron les « craint par dessus tout » ? Eux qui précisément, en occupant des ronds-points et en manifestant tous les samedis après midi pendant des mois, sans jamais (ou trop rarement) tenter d’entrainer à leur suite les travailleurs des grandes entreprises, n’ont au final rien bloqué ni rien obtenu, sinon une démoralisation encore plus profonde et mortifère ?

      En attendant, pour avoir une chance réelle de l’emporter, il faudra non seulement des manifestations massives, mais surtout des grèves frappant les capitalistes au portefeuille. Il faut que des secteurs importants de la classe ouvrière (notamment du secteur privé) se lancent dans le mouvement. C’est à cette condition, si celui-ci est suffisamment déterminé, que la bourgeoisie elle-même ira demander à son valet Macron de retirer sa réforme. Et ensuite, face à une classe ouvrière renforcée, mobilisée et consciente, il deviendra possible d’imposer d’autres reculs au pouvoir politique et au patronat.

      Tout se joue donc maintenant, et au-delà. La gauche est en embuscade, prête à vendre un échappatoire électoral, une illusion référendaire, voire la construction de la 4e Internationale.

      Mais où lundi matin va-t-il chercher tout ça ? Oui, la gauche – c’est du reste sa fonction – aura à coeur si le mouvement se renforce, de l’entrainer dans quelques impasses dont il ne se relèvera que difficilement. Mais quel rapport avec la 4e Internationale dont les plus jeunes députés de LFI ignorent probablement tout ?

      Une manière un peu ridicule, je l’ai compris, de moquer en réalité l’extrême gauche communiste révolutionnaire qui maintient que le prolétariat n’obtiendra de victoire générale et définitive qu’à condition de s’organiser pour faire plier l’appareil d’État de la classe possédante. Mais « se confronter au plus vite à la question centrale de tout soulèvement », « se doter de points de repères et de retrouvailles », « des lieux pour construire la complicité et la solidarité », « des lieux où se retrouver et s’organiser », n’est-ce pas cela le rôle d’un parti ouvrier de masse ? En attendant de pouvoir apporter les moyens d’achever partout ce système ?

      Je finis sur un accord :

      Pour que le mouvement perdure et esquive la récupération autant que la répression, il lui faudra se confronter au plus vite à la question centrale de tout soulèvement : comment déployer les moyens de son auto-organisation ?

      Précisément. « L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes ». Mais pour cela, il leur faudra se construire, sur la base de leurs luttes, de leur expérience, d’une organisation de fer. Pas seulement des « discussions en air libre », ou une « Maison du Peuple », ou « une occupation de la Bourse du travail », ou encore « Nuit Debout, les Gilets Jaunes, les Soulèvements de la Terre », mais un outils de classe capable d’écraser physiquement l’État de la bourgeoisie et ses moyens de répression (dont il n’a jusqu’ici utilisé que l’essentiel).

      Je ne conçois pas autrement le rôle du parti. Comme la seule manière pour les travailleurs eux-mêmes de se donner les moyens de liquider ce monde. Non pas seulement d’organiser «  le blocage du pays  », mais de renverser les rapports sociaux et de tout faire fonctionner selon leurs propres priorités en prenant le contrôle des moyens de production et d’échange.

  • Une lignée prometteuse.

    Charles de Courson.
    Léonel de Moustier, son grand-père maternel, est l’un des 80 parlementaires à avoir refusé les pleins pouvoirs au maréchal Philippe Pétain en 1940. Il fut incarcéré et déporté au camp de concentration de Neuengamme où il mourut d’épuisement le 8 mars 1945.
    Charles de Courson est également un descendant de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, qui vota pour l’exécution de Louis XVI.

  • État de droit vs état de "droite" : dérives d’un #maintien_de_l'ordre assujetti à l’idéologie du #trouble_à_l'ordre_public, tout est configuré pour que soient acceptées les #violences_policières

    Sebastian Roché : « Un certain degré de brutalité est accepté au prétexte du maintien de l’ordre » - Basta !
    https://basta.media/sebastien-roche-un-certain-degre-de-brutalite-est-accepte-au-pretexte-du-ma

    Une autre particularité du maintien de l’ordre en France est d’envoyer face aux mouvements sociaux des unités non ou très peu formées… Comment cela a-t-il pu se produire ?

    Ces unités sont clairement constituées pour faire peur, pour sidérer les gens. C’est leur but. Pendant les gilets jaunes, les DAR (détachements d’action rapide), les blindés à roues de la gendarmerie nationale, les hélicoptères, les drones, sont destinés à montrer la supériorité matérielle de la police. Tout comme les policiers en civil, équipés de casques de motos et de leurs propres matraques – cela fait penser à la police sud-américaine peu sous contrôle de la loi. Ce qui a provoqué cela, c’est probablement le sentiment qu’a eu Emmanuel Macron d’être submergé lors du mouvement des Gilets jaunes.
    Le pouvoir a alors confondu une série d’incidents – quand par exemple des Gilets jaunes ont tenté de forcer la porte d’un ministère avec un engin de chantier trouvé par hasard à proximité – avec une tentative planifiée de renversement de régime. Le mouvement des Gilets jaunes, ce n’est pas la préparation par les Soviets de la prise du pouvoir en Russie en 1917 ! Quand on qualifie d’« extrêmement violent » des groupes dont la principale revendication est d’introduire un référendum d’initiative populaire, c’est que l’on n’a pas compris le désespoir des citoyens.

    • #mouarf Le comportement de la police peut varier d’une période à une autre, parce qu’il est en large partie déterminé par la violence des rapports sociaux eux-mêmes. Mais il n’y a pas, et il n’y aura jamais de «  bonne police  » tant que la société sera construite sur les bases de l’exploitation (État de droit ou pas). Pour que les violences policières cessent, il faudra que cessent les violences de classe.

    • Je ne vois pas où l’article parle de « bonne police » (sauf à citer Sarkozy, ce qui, tu en conviens, n’est pas contreproductif). L’article est intéressant dans le sens où il compare des situations de violences de classes différentes suivant les états de l’UE et met en évidence le contexte social lié aux actions répressives de la police. Bon, bref : je ne vais pas paraphraser ce qui est dit dans l’article, je t’invite juste à le relire.

      Pour que les violences policières cessent, il faudra que cessent les violences de classe.

      ... et réciproquement.
      Continuons à nous payer de mots et à enfoncer des portes ouvertes. Pendant ce temps, les crapules fascistoïdes arment leurs « polices ».

    • Le chercheur interviewé ne pose jamais fondamentalement la question du pouvoir, il déplore seulement que celui-ci « ne regarde plus la manifestation comme une colère collective, mais uniquement comme un trouble potentiel à l’ordre public ». Partant, il ne propose aucune solution d’ordre social, mais, en chercheur partisan de l’ordre existant, proposent que ce pouvoir bonifie sa « culture politique » (sa vision des choses) et prenne d’autres « décisions politiques » – des décisions plus « protectrice des droits individuels » comme, par exemple, l’institution de « mécanisme de contrôle ». C’est peut-être enfoncer une porte ouverte que de rappeler que la police (à l’instar de l’État) est une arme de classe contre les travailleurs, il ne me semble pas que l’auteur fasse beaucoup mieux en faisant mine de croire que la lutte contre les violences et les exactions policières passerait par une réforme de la police ou du ministère de l’Intérieur. Cette lutte, elle se fera sur le terrain des masses en lutte, et nulle par ailleurs. C’est par leur nombre, par leur force collective, par leur organisation, que ces masses en lutte devront trouver les moyens de s’opposer à la police, de contre-attaquer face à ses attaques, voire de la vaincre – et certainement pas du côté de l’État et de ses administrateurs. Car quoi qu’il soit décidé aujourd’hui pour encadrer et contrôler la police, le jour où, dans une période révolutionnaire, celle-ci sera lâchée sur les manifestants, les grévistes, les militants, elle ne fera aucun détail, quitte à massacrer et à assassiner en masse. Et alors il n’y aura aucune vision ni aucun texte de loi pour les rappeler à l’ordre – si je puis dire.

    • https://www.liberation.fr/france/2019/08/27/l-ecole-des-commissaires-evince-un-sociologue-critique-a-l-egard-de-la-po

      Directeur de recherche au CNRS et spécialiste des relations entre police et population, le chercheur avait dénoncé plusieurs fois, pendant le mouvement des gilets jaunes, un usage disproportionné de la force, ainsi que la faiblesse du contrôle des agents. « L’école reste dans un système dirigé par le ministre de l’Intérieur, je pense que j’ai déplu au prince et que c’est une décision politique », estime-t-il.

    • L’exécutif affaiblit une fois de plus le « dialogue social » dont il se revendique pourtant.

      #mouarf Au lieu de : « l’exécutif, fidèle à sa devise ‘servir le capital quoi qu’il en coûte‘, amplifie le saccage social et emmerde les « partenaires sociaux ». »

      Du reste, pourquoi se priverait-il ? Même en leur crachant dessus, même en témoignant à leur égard du cynisme le plus décomplexé, Il sait qu’il pourra toujours compter sur les directions syndicales pour ruiner toute riposte digne de ce nom.

  • Un micro de Macron dans la photocopieuse | Blob Mediapart | 02.05.22

    https://blogs.mediapart.fr/mouais-le-journal-dubitatif/blog/020522/tribune-la-gauche-c-est-aussi-les-anarchistes

    Mais de ça, à l’évidence, tout le monde s’en fout. Seul le gouvernement de Macron semble y accorder un certain intérêt, lui qui, à l’époque de Castaner, avait envisagé dans un rapport de criminaliser les anarchistes (et les vegan – alors les anar’ vegan, on ne vous raconte pas) au même titre que les djihadistes, les tenants donc pour des terroristes à « dé-radicaliser ». Et encore récemment, un micro des services de renseignement a été trouvé dissimulé dans la photocopieuse de la librairie anarchiste Libertad, à Paris.

  • Soupçons de financement libyen en 2007 : Nicolas Sarkozy mis en examen pour « association de malfaiteurs »
    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/soupcons-de-financement-libyen-en-2007-nicolas-sarkozy-mis-en-examen-pour

    « J’ai appris cette nouvelle mise en examen avec la plus grande stupéfaction », a réagi l’ancien chef de l’Etat sur sa page Facebook, estimant son « innocence à nouveau bafouée par une décision qui ne rapporte pas la moindre preuve d’un quelconque financement illicite ».

    #sarkozy #multi_récidiviste

  • Rachida Dati, très chère conseillère de Carlos Ghosn
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/10/rachida-dati-tres-chere-conseillere-de-carlos-ghosn_6051625_3224.html

    La justice enquête sur les 900 000 euros versés, à partir de 2010, par la filiale néerlandaise de Renault-Nissan à l’ex-députée européenne, pour une prestation de conseil auprès de Carlos Ghosn. Les juges soupçonnent un emploi de complaisance et des faits pouvant relever du trafic d’influence et de la corruption passive.

    C’est un puits sans fond…

    • Un beau contrat : 1000 euros de l’heure pour un « forfait » de 300 heures l’an durant trois ans

      Le rendez-vous touche à sa fin, ce 30 mai 2017, dans un restaurant de son « fief ». Maire depuis 2008 du 7e arrondissement de Paris, l’un des plus chics de la capitale, Rachida Dati se raconte longuement, en vue d’un portrait pour Le Monde.

      Avec son franc-parler habituel, elle bifurque sur ses craintes, alors que les juges, à l’époque, multiplient les offensives, contre l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy ou le nouveau président (La République en marche) de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand : « J’ai une boule au ventre, pourtant je n’ai rien à me reprocher, mais je me dis, qu’est-ce qu’on va me trouver ? Je suis devenue parano. A force, avec l’affaire Ferrand et le reste, ça fait flipper. »

      On l’avait revue pour un autre entretien, quelques mois plus tard, et celle qui était encore députée européenne avait évoqué la suite de sa carrière politique, alors que la loi interdisant de cumuler un mandat local et de parlementaire européen allait entrer en vigueur.

      « En 2019, il faudra choisir entre ici [le Parlement européen] et la mairie. La politique, ça va être un truc de rentier ou de naze parce qu’on ne pourra plus être avocat et député par exemple. Je resterai maire, et je trouverai un boulot, j’aimerais bien m’investir dans une fondation par exemple. » Elle assurait aussi vouloir revêtir, à nouveau, la robe de magistrate. Sa vraie passion, jurait-elle.

      Evoquant l’enquête sur le financement de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy, dont elle avait été la porte-parole, Rachida Dati confiait enfin : « J’habite toute seule avec ma fille Zohra. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on sonne à 6 heures du matin et qu’on défonce la porte… Ils ramassent tout le monde ! Du coup, j’ai vérifié : j’ai retrouvé fiches de paie, virements… Mais ce qui me fait flipper, pour Zohra, c’est qu’ils viennent faire une perquiz. » Elle avait ajouté, violemment : « Tout ça à cause de tocards qui se sont rempli la panse… »

      Et voilà aujourd’hui que trois juges, chargées d’une enquête sur les fonds généreusement versés par une filiale de Renault-Nissan, ne sont pas loin de penser que Rachida Dati, elle aussi, s’est « rempli la panse ». Les magistrates ont formalisé leurs soupçons dans une ordonnance, en octobre 2019. Le Monde y a eu accès. Il apparaît ainsi que les perquisitions ont été instructives. Notamment au siège de Renault, où les enquêteurs ont mis la main sur une mystérieuse pochette estampillée « R. D. ».

      Le cauchemar de Rachida Dati est devenu réalité le 22 octobre 2019, à 7 h 30. Avec sa fille de 10 ans, elle a vu débarquer dans son appartement de l’avenue de la Tour-Maubourg, entre le Champ-de-Mars et les Invalides, trois juges d’instruction et trois policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales.

      Mais les enquêteurs n’ont pas frappé à sa porte pour mener une perquisition dans le cadre d’une procédure visant Nicolas Sarkozy, comme d’habitude ; non, cette fois, c’est bien l’ex-garde des sceaux elle-même qui est directement visée par la justice, dont les investigations, ralenties au printemps par la crise du Covid-19, se sont intensifiées ces dernières semaines. Au point de faire peser une sérieuse menace sur les ambitions nationales de l’ancienne ministre de la justice, présentée, à droite, comme une présidentiable possible depuis sa campagne pour la Mairie de Paris, jugée très réussie malgré sa défaite face à Anne Hidalgo. La voici donc lestée d’un sérieux boulet…

      Les doutes des enquêteurs

      Car le dossier judiciaire, dont Le Monde a pu prendre connaissance, atteste des doutes des enquêteurs sur la nature, mais aussi la réalité, des prestations facturées à une filiale de Renault par Mme Dati – qui n’a pas encore été entendue.

      Les policiers n’ont pas vraiment trouvé de trace concrète de son activité pour Renault, si ce n’est quelques actions s’apparentant à du lobbying, par ailleurs rigoureusement proscrites pour un député européen.

      Depuis l’été 2019, les juges Bénédicte de Perthuis, Patricia Simon et Cécile Meyer-Fabre conduisent une information judiciaire, ouverte pour « corruption, trafic d’influence et abus de biens sociaux », visant les fonds versés par RNBV, la filiale néerlandaise de l’Alliance Renault-Nissan, au profit de Mme Dati et du criminologue #Alain_Bauer, une procédure ouverte en marge de la tentaculaire affaire Carlos Ghosn. M. Bauer avait été missionné pour repenser la sécurité au sein du groupe ; sa société, AB Conseil, a été rémunérée 1 million d’euros entre 2012 et 2016.

      L’ancienne ministre de la justice, de son côté, a perçu – en sa qualité d’avocate, assure-t-elle – la somme de 900 000 euros hors taxes entre 2010 et 2012, soit 25 000 euros par mois. Une période durant laquelle elle percevait déjà près de 15 500 euros mensuels – sans compter les frais de représentation – au titre de ses mandats d’élue européenne, de conseillère de Paris et de maire du 7e arrondissement.

      A son tour d’être éclaboussée par une affaire de possible rémunération de complaisance, comme François Fillon, à qui, en bonne sarkozyste, elle voue une haine tenace…

      « Je ne dis pas que je suis vertueuse, mais je fais gaffe à tout, je n’ai jamais été citée dans la moindre affaire, nous confiait-elle encore au printemps 2017. Par respect pour ma famille, jamais je n’ai failli, et ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer. Je suis avocate, je ne prends pas beaucoup de dossiers, je suis sur la responsabilité sociale d’entreprise. Par exemple, j’ai bossé pour Orange. Mais je fais super attention, tout est clair, déclaré à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique… »

      Pourtant, ce sont précisément ses activités d’avocate, mais aussi de députée européenne – elle a siégé à Strasbourg de 2009 à 2019 –, qui ont attiré l’attention de la justice, opportunément aiguillée par une plainte d’une actionnaire de Renault, Danièle Coutaz-Repland. Auditionnée par les juges en septembre 2019, Mme Coutaz-Repland, défendue par Me Jean-Paul Baduel – dont la constitution de partie civile est en cours d’examen –, s’est indignée que Mme Dati, « magistrate et députée européenne, ait perçu à partir de 2009 plusieurs centaines de milliers d’euros pour un travail dont la matérialité est quasi inexistante ». « En sa qualité de membre du Parlement européen, dénonçait la plaignante, elle [était] susceptible de se prononcer sur l’application de textes législatifs concernant la situation des sociétés Renault et Nissan en Europe, et notamment en France, et [était] par ailleurs membre de la commission en charge des problèmes industriels. »

      Interrogations chez Renault

      Retour en 2009. Elue en juin au Parlement européen, Rachida Dati quitte le ministère de la justice, où elle avait été propulsée par son mentor, Nicolas Sarkozy, deux ans auparavant. La voici donc à la fois députée européenne, conseillère de Paris et maire du 7e arrondissement de la capitale, où elle a été élue l’année précédente. Et comme elle tient à rester en prise avec le réel – ou à financer son confortable train de vie, persiflent ses détracteurs –, elle décide de devenir avocate. Avant même d’enfiler la robe (elle prêtera serment le 17 février 2010), elle touche déjà le gros lot : un juteux contrat de consultante octroyé par le tout-puissant patron du groupe Renault-Nissan, Carlos Ghosn.

      Dans la convention d’honoraires adressée le 28 octobre 2009 à M. Ghosn, Rachida Dati définit les contours de la mission que ce dernier s’apprête à lui confier. « Pour faire suite à nos récentes discussions, je vous confirme que je serais honorée de vous assister dans la détermination de la conduite de la politique d’extension internationale de votre groupe, notamment dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb », décrit-elle. Concrètement, l’ex-locataire de la Place Vendôme se propose de participer « à des réunions de travail périodiques et/ou exceptionnelles, avec vous-même et/ou les équipes que vous me désignerez, étant entendu qu’il est important que, dans le cadre de mes relations professionnelles avec votre groupe, vous soyez mon principal interlocuteur ».

      Rachida Dati en vient à l’essentiel : sa rémunération. « Afin d’assurer une certaine stabilité à notre relation, condition nécessaire pour me permettre de comprendre et appréhender toutes les spécificités de votre groupe et de pouvoir vous fournir la meilleure assistance possible, explique-t-elle, je vous propose de fixer ma rémunération sur une base forfaitaire annuelle ; celle-ci s’élèverait à 300 000 euros hors taxes, dont 100 000 euros hors taxes payables à la date de signature de la présente à titre de provision. Cette rémunération correspond à une disponibilité d’environ 300 heures par an. » Le calcul est simple : la consultante Dati sera payée 1 000 euros de l’heure…

      Au sein du groupe automobile, seul l’entourage proche de M. Ghosn est informé de l’existence du contrat. Et pour cause : si la convention d’honoraires rédigée par Mme Dati prévoit que les informations reçues par elle seront « strictement confidentielles », elle précise à M. Ghosn que « les conditions de notre collaboration le seront également, et toute communication sur notre partenariat devra avoir reçu l’accord préalable de l’autre partie ». Rachida Dati ne rapportera qu’à Carlos Ghosn, discrétion assurée…

      Dans le premier cercle de M. Ghosn, des interrogations se font rapidement jour. Mouna Sepehri, conseillère spéciale du PDG de Renault, s’en ouvre au directeur juridique du groupe, Christian Husson, dans un mail du 5 janvier 2010. Certes, concède Mme Sepehri, « un relais et un buzz au Parlement européen ne peuvent qu’être utiles », mais elle ajoute : « Je pense au fond de moi que le vrai effet utile de R. D. et ses capacités de facilitation devraient se situer pour nous au Maghreb et au Moyen-Orient. »

      Quelques semaines plus tôt, Mme Sepehri s’était déjà inquiétée, dans un mail adressé à M. Ghosn, des conditions de rémunérations de Mme Dati, celle-ci lui ayant sans tarder fait parvenir sa première facture, de 119 600 euros (les 100 000 euros d’avance plus la TVA). « Elle est en nom propre de R. D., domiciliée chez son avocat [Me David de Pariente]. Ce dernier lui-même m’a indiqué hier attendre la prestation de serment de R. D., car il ne savait pas comment ensuite rétrocéder cette somme à sa cliente », s’étonne Mme Sepehri.

      Coquille vide

      Confidentiel, le contrat – qui sera renouvelé en 2011, puis en 2012 – liant Mme Dati au groupe de M. Ghosn va resurgir dix ans plus tard, après l’arrestation de l’industriel au Japon, en novembre 2018, à la faveur d’un rapport du cabinet d’audit Mazars, mandaté par la nouvelle direction de Renault-Nissan après la chute du PDG.

      Daté du 11 juillet 2019 et récemment versé au dossier judiciaire, le document porte sur la gestion de RNBV, une société néerlandaise sans pouvoir de décision ni salarié, détenue à parts égales par Renault et Nissan, officiellement afin de générer des synergies entre les deux marques, mais consolidée dans les comptes d’aucune des deux structures. Cette entité est suspectée par les enquêteurs d’être en fait une coquille vide destinée à assurer de discrètes rémunérations.

      « Cette structure néerlandaise a engagé des dépenses sans lien avec son objet social, et d’autres pour lesquelles le cabinet Mazars n’a pu obtenir de justification, notamment en ce qui concerne Mme Rachida Dati », résument les juges dans une ordonnance du 21 octobre 2019. Le cabinet Mazars pointe ainsi le fait que le contrat entre Mme Dati et RNBV a été conclu alors qu’elle n’était pas encore avocate. « Signer un contrat par anticipation est interdit, la question est de savoir pourquoi la convention a été antidatée », s’interroge Me Baduel.

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      L’audit révèle encore que le contrat prévoyait la remise de rapports annuels, dont nulle trace n’a été trouvée. Les juges s’étonnent ainsi qu’« aucune facture de cette dernière n’apparaisse dans la comptabilité de Renault ; le nom de Rachida Dati ne figurait pas non plus sur la déclaration annuelle des salaires ».

      Traduction des magistrates : Mme Dati a perçu 900 000 euros en trois ans « dans des conditions qui interrogent sur leur manque de transparence. La question de la réalité de ces prestations se pose dès lors ». D’autant plus qu’en sa qualité de députée européenne, elle était « susceptible de se prononcer sur l’application de textes législatifs concernant la situation des sociétés Renault et Nissan en Europe, et notamment en France, étant d’ailleurs membre suppléante de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie ».

      Reprenant à leur compte les conclusions de l’audit, les juges insistent sur le fait que l’ancienne ministre « a commencé à intervenir pour le groupe Renault en 2009 alors qu’elle n’était pas avocate et pas autorisée à remplir une mission de conseil ». « Rachida Dati, en déduisent les magistrates, aurait pu dissimuler, sous couvert d’une activité d’avocat qu’elle n’avait jamais exercée auparavant, des prestations qu’elle n’était pas autorisée, compte tenu de son mandat, à fournir au groupe Renault ou à l’Alliance Renault-Nissan. »

      Travail de lobbyiste

      Parmi les quelques prestations effectuées par Mme Dati dont les enquêteurs ont trouvé mention dans la pochette siglée « R. D. » découverte lors d’une perquisition en juillet 2019 au siège de Renault figure l’organisation, le 7 décembre 2010, d’Etats généraux de l’emploi des jeunes en Europe, où furent conviés grands patrons français et députés européens.

      « L’intervention de Rachida Dati semble s’inscrire dans une opération de communication, voire de communication de crise, sans lien direct avec la profession d’avocat, ni avec une mission d’assistance dans la détermination de la conduite d’expansion internationale du groupe, notamment dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb », épinglent les juges, qui observent par ailleurs, sur la foi de documents saisis en perquisition, que cet événement a aussi été l’occasion pour M. Ghosn « de rencontrer des personnes influentes ».

      Ainsi ce courriel de Mme Sepehri, adressé le 18 novembre 2010 à son patron : « Rachida Dati suggère que vous participiez au 3e panel (les horaires étant flexibles selon vos possibilités). Elle est tout à fait disposée à vous faire participer à un autre panel si vous le souhaitez. Vous pouvez intervenir en même temps que Gérard Mestrallet par exemple, ou Antonio Tajani (ce qui peut nous être utile, étant précisé par ailleurs que A. Tajani est un proche de M. Berlusconi). »

      Dans une note manuscrite, non signée, destinée à M. Ghosn, saisie par les policiers, il est indiqué, à propos de M. Tajani, membre de Forza Italia et nommé en février 2010 commissaire européen aux industries (il présidera ensuite le Parlement européen, entre 2017 et 2019) : « C’est lui qui fait la réglementation, si demain il y a un amendement qui vous embête ou qui vous arrange, on a besoin de lui. »

      Pour les magistrates, cette journée du 7 décembre 2010 a clairement été présentée à M. Ghosn « comme l’occasion de nouer des contacts en vue d’une action de lobbying auprès du Parlement européen ». Dans son courriel du 5 janvier 2010 destiné à M. Husson, Mme Sepehri listait d’ailleurs, parmi les sujets à évoquer avec Mme Dati, « le renouvellement du règlement sur la distribution automobile, Rachida ayant pris des positions à Strasbourg plutôt non conformes à notre souhait ».

      De nombreux documents internes au groupe automobile témoignent de l’activisme mené par Renault afin de tenter de peser sur les directives européennes. Comme cette note, consacrée à un projet d’homologation de véhicules en Inde nécessitant un changement de la réglementation européenne, où il est indiqué que « l’objectif de l’Alliance [est] d’influencer l’élaboration d’une réglementation favorable ». « Autre priorité de lobbying pour Renault sur ce texte : Twizy et la possibilité de rouler sur voie rapide », ajoute la note, à propos de sa mini-voiture électrique biplace.

      Une autre note, du 3 mars 2010 et barrée du tampon « STRICTEMENT CONFIDENTIEL », en réalité un compte rendu d’une réunion tenue le 25 janvier 2010, dit ceci : « La question a été abordée de la différence d’approche entre les industriels allemands et les industriels français à l’égard du Parlement européen, et de la nécessité pour les Français, et Renault en particulier, de plus clairement faire connaître leurs orientations et souhaits. La question de la distribution sélective a également été abordée. R. D. soulignant une relative fluidité de circulation d’informations avec les concessionnaires. »

      Pour les juges, cette note « confirme l’intérêt de Renault pour ces questions sur lesquelles Rachida Dati intervenait, alors qu’elles se situaient dans un domaine manifestement sans aucun rapport avec la mission déterminée dans la convention d’honoraires du 28 octobre 2009 ». En clair : Mme Dati aurait été rémunérée pour un travail de lobbyiste. Or, la charte de déontologie de l’Association des avocats lobbyistes prévoit que cette activité est « incompatible » avec tout mandat électif, national comme européen…

      Les trois juges d’instruction le soulignent : « Le fait de solliciter et de percevoir des honoraires pour conseiller le groupe Renault dans la promotion de ses droits et de ses intérêts auprès du Parlement européen, susceptible de prendre des mesures normatives le concernant, alors que Rachida Dati est députée européenne, serait constitutif du délit de corruption d’agent d’une organisation internationale publique ou de trafic d’influence d’une organisation internationale publique. »

      Conclusion sans ambiguïté

      Les magistrates font valoir que de nombreux documents découverts au cours de l’enquête « font référence aux capacités de facilitation de Rachida Dati, sans lien apparent avec une activité juridique ou judiciaire ». La note confidentielle du 3 mars 2010 évoque ainsi le rôle susceptible d’être joué par Mme Dati auprès du régime iranien afin d’asseoir l’implantation du groupe dans la République islamique : « Nous sollicitons votre aide afin d’identifier les personnes clés disposant de l’influence nécessaire en Iran nous permettant de revoir le schéma de rentabilité et/ou schéma business actuellement en vigueur avec une gouvernance locale extrêmement précaire. »

      Autre curiosité, dans le fameux dossier « R. D. » saisi chez Renault, les policiers ont exhumé un courrier du 10 mars 2010 dans lequel il est proposé à M. Ghosn de participer au groupe économique de haut niveau constitué par le président Sarkozy et composé de représentants d’entreprises françaises, israéliennes et palestiniennes, notamment dans le domaine de l’automobile, afin de favoriser le processus de paix au Proche-Orient.

      La conclusion des juges à propos des missions très spéciales confiées par Renault à Rachida Dati est sans ambiguïté, puisqu’elles considèrent que « l’examen des pièces figurant au dossier fait d’ores et déjà apparaître que ces prestations seraient susceptibles de recouvrir notamment la qualification de corruption passive ou de trafic d’influence ».

      Si Carlos Ghosn, contacté via son avocat, Me Jean-Yves Le Borgne, n’a pas souhaité s’exprimer – « M. Ghosn réserve ses explications aux autorités judiciaires, déclare l’avocat. Je ne doute pas qu’elles seront de nature à lever toute interrogation quant à la collaboration entre RNBV et Mme Dati » –, le conseil de Mme Dati, Me Olivier Pardo, a, lui, vivement réfuté les soupçons dont sa cliente est l’objet. « Mme Dati a signé une convention d’honoraires au forfait, rappelle-t-il, ce qui signifie qu’elle devait toucher la même chose, quelle que soit la quantité de travail fourni. Et, en fonction des demandes de son client, il y a eu des moments où elle a beaucoup travaillé, et d’autres très peu. » Selon lui, c’est M. Ghosn qui aurait été « à l’initiative » du recrutement de Mme Dati : « Il en a eu l’idée lorsqu’elle a annoncé qu’elle allait devenir avocate. »

      Me Pardo l’assure, « Mme Dati a fait son job d’avocate et rien d’autre, rien à voir avec son statut de députée européenne, d’ailleurs, beaucoup de parlementaires sont avocats. Elle n’est jamais intervenue en faveur de Renault au Parlement de Strasbourg ». Interrogé sur l’absence de traces matérielles du travail de l’ex-garde des sceaux, l’avocat assure que c’était « à la demande du client, il ne voulait pas d’écrits mais souhaitait que Mme Dati participe à des réunions avec lui et son staff. Apparemment, c’était courant avec M. Ghosn ».

      Me Pardo conteste que le contrat accordé à sa cliente ait été dissimulé : « Tout était transparent, assure-t-il, que ce soit du côté de Renault, avec les commissaires aux comptes, ou de son côté, puisqu’elle a déclaré ces sommes à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. » Pour l’avocat, « cette affaire fait l’objet d’une instrumentalisation évidente, à l’image de la plainte qui en est à l’origine, sans compter que les faits, vu leur ancienneté, semblent prescrits ».

      En écho à sa cliente, qui avait dénoncé, lors de l’ouverture de l’enquête, des « manœuvres » politiciennes, Me Pardo conclut : « Rachida Dati est une personnalité politique qui pèse de plus en plus, qu’il y ait des manipulations et des calculs politiques autour d’un dossier judiciaire de cette nature est une évidence. » Pour Me Baduel, à l’inverse, « les règles, comme la loi, n’ont pas été respectées dans cette affaire. On est clairement en présence de rémunérations occultes, volontairement dissimulées, une pratique que la justice devra sanctionner ».

      Gérard Davet
      Fabrice Lhomme

    • HS le nom de cette asso est terrible, je vais l’apprendre par cœur ajouté à sa charte de déontologie pour pouvoir les citer dignement

      charte de déontologie de l’Association des avocats lobbyistes

      #mouaaahhh

    • Le « Monde d’après » vu par R.D. :

      « En 2019, il faudra choisir entre ici [le Parlement européen] et la mairie. La politique, ça va être un truc de rentier ou de naze parce qu’on ne pourra plus être avocat et député par exemple. Je resterai maire, et je trouverai un boulot, j’aimerais bien m’investir dans une fondation par exemple. »

  • Quand des villes refusent d’être vendues à des multinationales

    Écrasées de #dettes, poussées à la #marchandisation, les villes sont sommées de se vendre aux multinationales. Mais partout dans le monde, des municipalités cherchent à se réapproprier leur #pouvoir_d’agir.

    Comment les élus locaux et les citoyens peuvent-ils s’opposer à la main-mise grandissante des firmes ? C’est tout l’objet d’une publication inédite, parue ce jeudi 27 février, intitulée Villes contre multinationales, éditée par Ritimo. De la privatisation de l’eau à l’essor d’Airbnb en passant par la « smart city » connectée en 5G, « les villes sont devenues un champ de bataille face au poids croissant des grandes entreprises », peut-on lire en introduction.

    La publication réunit une série d’articles rédigés par des journalistes, des militants, des élus et des chercheurs européens, membres d’Enco, un réseau de médias et d’ONG « qui se consacrent à enquêter et informer sur les entreprises multinationales et leur pouvoir ».

    Un travail qui tombe à pic, à deux semaines des élections municipales : « On espère donner des idées aux candidats et futurs élus, casser ce sentiment qu’il n’y a pas d’alternatives, pas de possibilités de s’opposer aux multinationales », explique Olivier Petitjean, membre de l’Observatoire des multinationales, joint par Reporterre. De l’Espagne au Royaume-Uni, en passant par la Tchéquie et la France, de nombreuses municipalités ont en effet cherché à se réapproprier leur pouvoir d’agir.

    Car il s’agit bien d’une reconquête démocratique. Depuis la crise financière de 2008, « la pression économique et politique sur les villes s’est considérablement accrue, soulignent les auteurs. Nombre d’entre elles se sont retrouvées écrasées de dettes, poussées à vendre des biens, privatiser des services publics, réduire leurs dépenses. » Les fonds financiers en quête de nouveaux placements profitables ont investi le secteur du tourisme et de l’immobilier, mais également celui des nouvelles technologies.

    Laia Forné, sociologue espagnole spécialiste des questions d’urbanisme, de démocratie et de communs, évoque ainsi une « marchandisation des villes » :

    La gouvernance urbaine de nos villes a été basée sur une coopération entre les secteurs public et privé qui a mené à la privatisation de biens fondamentaux comme la terre, le logement, l’eau et le patrimoine municipal, tout en créant des structures de gouvernance opaques et antidémocratiques. Le modèle de gouvernance qui a prévalu était celui de la concession public-privé, où le secteur privé engrange les bénéfices de grands projets spéculatifs tandis que le secteur public en assume les risques. »

    L’un des principaux leviers des firmes réside ainsi dans la spéculation immobilière, comme le raconte Max Carbonell, membre de l’Observatoire de la dette dans la globalisation (ODG), et militant espagnol du mouvement pour le logement. Blackstone, une des multinationales qui possèdent le plus de propriétés (ou « actifs financiers ») au monde, a acquis de nombreux bâtiments à Barcelone, notamment un immeuble dans le quartier de Raval, l’un des plus pauvres de la ville.

    « Blackstone n’y voyait qu’un actif financier sur lequel spéculer et se préparait à mettre les familles à la rue pour pouvoir le revendre – ou le relouer – à un prix bien plus élevé, écrit-il. [Pour Blackstone et d’autres sociétés du même type, le] mode opératoire commun se résume à "buy it, fix it, sell it", acheter, réparer, revendre). »

    Aujourd’hui, les villes du monde sont sommées d’entrer en compétition les unes avec les autres sur le marché international pour attirer le maximum de touristes et d’opportunités d’affaires financières et immobilières possibles (avec tous les secteurs d’activité qui leur sont liés). En d’autres termes : on vend des villes, on vend notre ville, à des investisseurs du secteur du tourisme et de l’immobilier.

    À Barcelone, une mobilisation populaire portée par le Syndicat des habitants du Raval (SHR) a finalement contraint Blackstone à négocier : en 2019, l’entreprise a fini par accepter que les familles restent et paient un loyer modéré, en partie financé par la municipalité.

    Ainsi, la publication Villes contre multinationales diffuse des exemples de luttes locales, souvent longues et difficiles, tant la puissance des firmes apparaît illimitée. En Croatie, le journaliste Igor Lasic explique comment la société Razvoj Golf, porteuse d’un projet de golf géant dans la ville touristique de Dubrovnik, a porté plainte en 2017 contre l’État auprès d’un tribunal d’arbitrage dans le cadre d’un accord de libre-échange, réclamant 500 millions d’euros de compensation pour le blocage de ses projets par un mouvement citoyen.

    À Bruxelles, le chercheur Kenneth Haar relate les manœuvres d’Airbnb auprès de la Commission européenne « pour reprendre la main » face à la contestation croissante des métropoles comme Amsterdam ou Berlin : « La Commission fait depuis lors pression sur les États membres [leur] faisant savoir que les restrictions trop strictes aux activités d’Airbnb et des autres plateformes peuvent contrevenir à la législation européenne ».
    « La "ville intelligente" n’est qu’un nouveau nom pour la ville privatisée »

    Nouveau cheval de Troie des multinationales, le concept de « smart cities » a le vent en poupe. Selon Olivier Petitjean, « la "ville intelligente" n’est qu’un nouveau nom pour la ville privatisée ». Pour les entreprises comme Suez et Veolia, « la "smart city" est surtout promue comme un moyen d’intégrer la gestion des services publics locaux comme l’eau, les déchets, le transport public, le chauffage urbain, l’éclairage, la gestion des équipements, pour rendre le tout plus "efficient" ». Au-delà, ces « smart cities » sont une aubaine pour les géants du numérique et les plateformes comme Google, Uber, Amazon, Airbnb ou Deliveroo car elles permettent non seulement « une collecte massive de données sur les habitudes individuelles et les tendances urbaines, mais aussi de ce fait une capacité d’influencer la fabrique même des villes (par exemple ses flux de trafic, le développement économique de certains quartiers, etc.) sans contrôle par les élus locaux ».

    Le combat des David citadins contre les Goliath multimillionnaires serait-il perdu d’avance ? « La bataille est en cours, dit Olivier Petitjean. Il existe des marges de manœuvre, mais il y a besoin que les villes créent des alliances, échangent leurs idées, fassent contre-poids aux multinationales. » Pour lui, « la transition écologique et sociale est une opportunité pour que les villes sortent de la dépendance aux multinationales. Pour réduire ses déchets, une ville peut décider de s’engager dans une démarche zéro déchet, en impliquant les citoyens, plutôt que de s’en remettre à la construction d’un nouvel incinérateur par une multinationale comme Suez. »

    De fait, les 200 pages de la publication regorgent d’initiatives portées par des villes. Hazel Sheffield, journaliste anglaise, détaille l’histoire de Preston, petite ville de 140.000 habitants dans le nord de l’Angleterre, fortement touchée par la désindustrialisation, qui « a réorienté radicalement ses achats publics pour favoriser le tissu économique et social local, plutôt que les grandes entreprises ». « Les gros contrats, par exemple pour la rénovation du marché de Preston, sont divisés en lots plus petits pour permettre aux PME de répondre aux appels d’offres, et des clauses sociales y sont attachées, comme de garantir aux travailleurs des salaires décents », raconte-t-elle. Bien que les règles européennes, d’inspiration néolibérale, ne soient pas favorables à de telles clauses, « tant que les autorités assurent une procédure équitable, elles peuvent sélectionner les fournisseurs en fonction d’une série de critères dont le prix, mais aussi la qualité, le risque, la valeur sociale et d’autres facteurs », précise la journaliste. Les achats de services, de travaux et de fournitures des villes de l’Union européenne représentent près de 2.000 milliards d’euros par an, soit environ 14 % du PIB de l’Union. « Le potentiel de transformation de ces nouvelles politiques progressistes de marchés publics est donc énorme », note aussi Olivier Hoedeman, co-fondateur du Corporate Europe Observatory.
    L’eau à Grenoble, la gestion des ordures à Naples... Autant d’exemples de remunicipalisation

    Outre les achats publics, la publication met en avant de multiples exemples de (re)municipalisation : l’eau à Paris et Grenoble, les terres agricoles à Mouans-Sartoux ou Vannes, la gestion des ordures à Naples ou la distribution d’électricité dans certaines communes espagnoles.

    Pour la sociologue Laia Forné, cette reconquête n’est possible et durable qu’à travers la mise en place d’un « municipalisme public-citoyens », alliant élus et mouvements sociaux. À Barcelone, le nouveau système qui oblige les grandes développeurs immobiliers à consacrer 30 % de leurs opérations à du logement social, en fournit un bon exemple : « Tandis que la municipalité apportait le savoir-faire technique pour rédiger une législation adaptée, les mouvements sociaux pour le logement ont mobilisé l’opinion publique et exercé une pression politique suffisante pour dépasser les logiques partisanes. » Elle parle également de « co-responsabilité », illustrée par la création du programme barcelonais de « Patrimoine citoyen », dont l’objectif est « de créer des cadres innovants associant citoyens et institutions pour gérer les ressources publiques, y compris les édifices publics, les vergers urbains, l’espace public et certains services sociaux. »

    « Les élus ne peuvent pas tout, les villes sont face à des pouvoirs puissants et riches, conclut Olivier Petitjean. Il est donc essentiel que les municipalités volontaristes soient soutenues par des mouvements sociaux. Il est aussi nécessaire que ces villes se mettent en réseau, s’allient pour peser face aux multinationales. Et surtout, il faut une bonne dose de courage. »

    https://reporterre.net/Quand-des-villes-refusent-d-etre-vendues-a-des-multinationales

    #villes #géographie_urbaine #résistance #multinationales #Barcelone #eau #Grenoble #remunicipalisation #Blackstone #Airbnb #Bruxelles #smart_cities #ville_intelligente #ubérisation #Preston #désindustrialisation #UK #Angleterre #Naples #ordures #Mouans-Sartoux #Vannes #terres #Espagne #municipalisme_public-citoyens #co-responsabilité #patrimoine_citoyen #mouvements_sociaux #réseaux #livre #ressources_pédagogiques #urban_matter

    –---

    Pour @etraces :

    Nouveau cheval de Troie des multinationales, le concept de « smart cities » a le vent en poupe. Selon Olivier Petitjean, « la "ville intelligente" n’est qu’un nouveau nom pour la ville privatisée ». Pour les entreprises comme Suez et Veolia, « la "smart city" est surtout promue comme un moyen d’intégrer la gestion des services publics locaux comme l’eau, les déchets, le transport public, le chauffage urbain, l’éclairage, la gestion des équipements, pour rendre le tout plus "efficient" ». Au-delà, ces « smart cities » sont une aubaine pour les géants du numérique et les plateformes comme Google, Uber, Amazon, Airbnb ou Deliveroo car elles permettent non seulement « une collecte massive de données sur les habitudes individuelles et les tendances urbaines, mais aussi de ce fait une capacité d’influencer la fabrique même des villes (par exemple ses flux de trafic, le développement économique de certains quartiers, etc.) sans contrôle par les élus locaux ».

  • Emmanuel Todd : "On doit faire des exemples avec des peines de prison"

    https://yetiblog.org/archives/24276

    Le plus important de ce que dit Todd :

    « Nous saurons que le monde a changé quand ceux qui nous ont mis dans ce pétrin en supprimant les stocks de masques seront devant un tribunal – et je ne parle pas d’une simple commission parlementaire. On nous demande de croire que les gens qui ont péché sous les régimes précédents et qui sont toujours là ont fait leur examen de conscience. C’est trop facile ! Il faut en finir avec l’impunité.

    On doit faire des exemples, avec des peines de prison et des sanctions financières. La société française a besoin de morale, et il n’y a pas de morale sans punition. Mais ce n’est pas seulement une question de principe. Il existe maintenant un vrai risque d’explosion sociale, parce que les Français savent que leurs dirigeants sont incapables de les protéger. Si l’on accepte encore et toujours un pouvoir qui raconte n’importe quoi grâce à sa maîtrise des moyens de communication et qui s’entête à ne pas régler les problèmes économiques, l’étape suivante ne sera pas une lutte des classes civilisée, mais la guerre civile. »

    je dois dire que je suis quand même stupéfait de constater dans quel état de vulnérabilité nos hauts fonctionnaires politiciens nous ont mis.

    [...]

    Souveraineté européenne plus souveraineté nationale, ce qui est un non-sens pratique. J’en déduis que Macron est hors de la réalité, idiot ou psychotique. . Un gouvernement doit immédiatement régler le problème du déficit de production des biens essentiels

    [...]

    Le problème, c’est que, comme le montre de façon éclatante la pandémie, nous n’avons plus d’appareil industriel. Aucun système, qu’il soit libéral, social-démocrate ou je ne sais quoi, ne peut assurer la sécurité de ses citoyens sans appareil industriel.

    [...]

    « L’avenir appartient aux manipulateurs de symboles » , disait Robert Reich, ministre du Travail de la première administration Clinton, dans les années 1990. Sauf que la manipulation des symboles, contre le Covid-19, ça ne marche pas. Ce qui impressionne la maladie, ce sont les respirateurs et les masques. Le coronavirus est le jugement dernier sur la globalisation. On envoie les usines en Chine, elle nous envoie un virus, mais garde la production de masques et de médicaments. Nous sommes ridicules.

  • Atlas de l’Anthropocène

    Préface de Jan Zalasiewicz, postface de Bruno Latour

    François Gemenne, Aleksandar Rankovic, Thomas Ansart, Benoît Martin, Patrice Mitrano, Antoine Rio

    Presses de Sciences Po | Hors collection 25€
    « Atlas, dans la mythologie, représente un géant capable de tenir la
    Terre sur ses épaules sans en être écrasé. Mais quand Gérard Mercator publie en 1538 ce qu’il décide d’appeler un Atlas, le rapport des forces s’est complètement inversé : un "Atlas" est un ensemble de planches, imprimées sur du papier, quelque chose que l’on feuillette et que le cartographe tient dans sa main ; ce n’est plus la Terre que l’on a sur le dos et qui nous écrase, mais la Terre que l’on domine, que l’on possède et que l’on maîtrise totalement. Près de cinq siècles après, voilà que la situation s’inverse à nouveau : paraît un “Atlas” qui permet aux lecteurs de comprendre pourquoi il est tout à fait vain de prétendre dominer, maîtriser, posséder la Terre, et que le seul résultat de cette idée folle, c’est de risquer de se trouver écrasé par Celle que personne ne peut porter sur ses épaules. » Bruno Latour

    Changement climatique, érosion de la biodiversité, évolution
    démographique, urbanisation, pollution atmosphérique, détérioration
    des sols, catastrophes naturelles, accidents industriels, crises
    sanitaires, mobilisations sociales, sommets internationaux… Voici le
    premier atlas réunissant l’ensemble des données sur la crise
    écologique de notre temps.

    http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/livre/?GCOI=27246100070300

  • Les gauches se sont enfin parlé, en vue de s’entendre
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070719/les-gauches-se-sont-enfin-parle-en-vue-de-s-entendre

    Socialistes, anciens « frondeurs », écolos, Insoumis, hamonistes, communistes, mais aussi gilets jaunes, associatifs et intellectuels… Le temps d’un week-end dans la Nièvre, la gauche a recommencé à se parler lors du « Festival des idées ». Un moment fondateur ?

    #GAUCHE_S_ #Christian_Paul,_Europe_Ecologie_Les_Verts,_génération.s,_la_charité_sur_loire,_festival_des_idées,_La_France_insoumise,_Yannick_Jadot,_François_Mitterrand,_parti_socialiste

  • Pourquoi Donna Strickland n’était pas sur Wikipédia avant d’avoir son Nobel de physique

    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/10/03/pourquoi-donna-strickland-n-etait-pas-sur-wikipedia-avant-d-avoir-son-nobel-

    Lorsque #Donna_Strickland a obtenu le prix #Nobel de physique mardi 2 octobre, collectivement avec deux autres scientifiques, pour ses travaux sur les lasers, la chercheuse canadienne n’avait pas de page #Wikipédia, contrairement à ses deux confrères. Pourtant, au mois de mai, un brouillon de page à son nom avait été soumis pour création – avant d’être rejeté par un éditeur de l’encyclopédie en ligne.

    Ce rejet a, depuis mardi, valu de nombreuses critiques à l’encyclopédie, sur laquelle les scientifiques femmes sont nettement moins bien représentées que leurs homologues masculins. Plus de 80 % des notices biographiques du site sont en effet consacrées à des hommes, et la disproportion est encore plus importante pour les scientifiques.

    #Jimmy_Wales, le fondateur de Wikipédia, a réagi à la polémique, soulignant qu’il s’agissait d’un sujet « important ». « C’est l’une des choses qui doit changer sur Wikipédia », a-t-il déclaré dans un message publié sur Twitter.

    [...]

    L’encyclopédie a-t-elle failli ou non dans ce dossier ? « Journalistes, si vous vous apprêtez à reprocher à Wikipédia sa couverture des femmes, commencez par balayer devant votre porte », s’est agacée #Katherine_Muahahar, directrice de la fondation Wikimédia, consacrée à promouvoir l’encyclopédie. « Nous sommes un miroir des discriminations du monde, nous n’en sommes pas la source. Nous ne pouvons pas écrire d’articles sur ce que vous ne couvrez pas. »

    Elle a également égratigné le monde de la recherche : « Quand vous ne reconnaissez pas, n’écrivez pas, ne publiez pas ou ne favorisez pas les femmes, les queers, les personnes de couleur et les autres, vous les effacez, eux et leurs contributions. »

    La faute est-elle du côté de Wikipédia, des médias, de la recherche ? « Nous vivons dans un monde où une femme a remporté un prix Nobel sans même avoir été promue professeure, et vous vous demandez pourquoi les femmes quittent le monde universitaire », déplore ainsi une jeune chercheuse sur Twitter. « Entre son statut et la débâcle de la page Wikipédia, ce qui est sûr, c’est que son travail n’est (ou du moins, n’était) pas considéré comme il aurait dû. Ce qui semble récurrent chez les femmes dans le monde universitaire. »

    #page_à_supprimer

  • Argent libyen, Cécilia Sarkozy, la guerre : les vérités de l’interprète de Kadhafi
    https://www.mediapart.fr/journal/international/100418/argent-libyen-cecilia-sarkozy-la-guerre-les-verites-de-l-interprete-de-kad

    Nicolas Sarkozy et #Mouammar_Kadhafi avec leurs interprètes. A l’arrière de Kadhafi, Moftah Missour.i © DR Diplomate et interprète personnel de Kadhafi pendant vingt-cinq ans, #Moftah_Missouri revient dans un long entretien à Mediapart sur la relation entre #Nicolas_Sarkozy et le dirigeant libyen mort en 2011. Premier tête-à-tête enregistré, versements d’argent, infirmières bulgares, document révélé par Mediapart, la visite de 2007, la guerre… : il dit tout.

    #International #France #affaire_des_financements_libyens #Brice_Hortefeux #Claude_Guéant #Ziad_Takieddine

  • #affaire_libyenne : les derniers développements
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040418/affaire-libyenne-les-derniers-developpements

    © Mediapart Quels sont les liens entre Djouhri et Guéant ? Djouhri va-t-il être remis à la #France ? Hortefeux est-il le talon d’Achille de Sarkozy ? Sarkozy a-t-il servi les intérêts de Kadhafi ? Les éclairages de Fabrice Arfi.

    #International #alexandre_djouhri #Brice_Hortefeux #Claude_Guéant #Mouammar_Kadhafi #Nicolas_Sarkozy

  • Kadhafi : les anciens #ministres de Sarkozy racontent
    https://www.mediapart.fr/journal/france/250318/kadhafi-les-anciens-ministres-de-sarkozy-racontent

    Ils ont assisté à la visite de #Mouammar_Kadhafi à Paris en décembre 2007, puis vu la #France entrer en guerre contre sa dictature trois ans plus tard. Plusieurs d’entre eux étaient encore au #gouvernement lorsque Mediapart a publié ses premières enquêtes sur l’affaire libyenne. Aujourd’hui, beaucoup d’anciens ministres de #Nicolas_Sarkozy tombent de haut. Et témoignent.

    #argent_libyen #Justice #libye

  • #Sarkozy : nos explications et celles de Frédéric Lefebvre
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230318/sarkozy-nos-explications-et-celles-de-frederic-lefebvre

    © DR Les journalistes de Mediapart Fabrice Arfi et Karl Laske reviennent sur leurs six années d’enquête à propos de l’affaire libyenne. Sur le plateau également, Frédéric Lefebvre.

    #International #France #Djouhri #Guéant #Hortefeux #kadhafi #Koussa #libye #Missouri #Mouammar_Kadhafi #Nicolas_Sarkozy #Saleh #Senoussi #Takieddine #Woerth

  • Mise en examen de #Sarkozy: nos explications
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230318/mise-en-examen-de-sarkozy-nos-explications

    © DR Les journalistes de Mediapart Fabrice Arfi et Karl Laske reviennent sur leurs six années d’enquête à propos de l’affaire libyenne. Sur le plateau également, Frédéric Lefebvre.

    #International #France #Djouhri #Guéant #Hortefeux #kadhafi #Koussa #libye #Missouri #Mouammar_Kadhafi #Nicolas_Sarkozy #Saleh #Senoussi #Takieddine #Woerth

  • Sarkozy en garde à vue, le fils de Kadhafi candidat à la présidentielle : une « justice divine » ? par @raialyoum - Actuarabe
    http://actuarabe.com/sarkozy-en-garde-a-vue-le-fils-de-kadhafi-candidat-a-la-presidentielle-un

    Que Sayf Al-Islam Kadhafi soit libre après avoir été innocenté et se présente à la présidentielle libyenne alors que le premier artisan du complot pour attaquer la Libye et renverser Kadhafi croupit derrière les barreaux est un paradoxe que certains appelleront « justice divine », en disant que le Créateur « accorde des délais mais n’oublie pas ». Les mains de Sarkozy et de ses alliés libyens et britanniques sont couvertes du sang de plus de 35 000 Libyens tombés en martyr dans les bombardements des avions de l’OTAN.

    Silvio Berlusconi, l’ancien Premier ministre italien, a reconnu lui-même que Sarkozy avait « fabriqué » la révolution libyenne afin de se venger du général Kadhafi, qui avait combattu ardemment l’influence française en Afrique et était à l’initiative de l’Union africaine ainsi que d’une monnaie unique africaine (le dinar africain), destinée à prendre la place du dollar et de l’euro, et pour laquelle il avait réuni assez d’or et de métaux précieux.

    L’ex-Président américain, Barrack Obama, a exprimé son grand regret d’avoir donné son accord à l’intervention militaire de l’OTAN en Libye. Il a déclaré qu’il s’agissait d’une des plus grandes erreurs de sa présidence, après avoir pris connaissance du « montage » et des campagnes de désinformation. Il a accusé Sarkozy et son partenaire David Cameron, ancien Premier ministre britannique, d’en être à l’origine.

    • #Béchir_Saleh, l’ancien argentier de #Mouammar_Kadhafi, a été blessé par balles vendredi 23 février. Il a été gravement atteint, mais d’après son avocat, Béchir Saleh devrait s’en sortir. Cette agression intervient dans des circonstances troubles. Et ce, alors que la #justice_française souhaiterait toujours l’entendre dans l’affaire du financement de la campagne de Nicolas #Sarkozy en 2007.
      http://www.rfi.fr/afrique/20180226-bechir-saleh-ex-tresorier-kadhafi-blesse-balles-afrique-sud

      Pas un crime crapuleux, selon un proche de Saleh

      La police sud-africaine a conclu à un crime dans le but de voler, mais Mustapha el-Zaidi, un proche de Béchir Saleh, évoque l’existence d’une tentative d’assassinat et demande aux autorités sud-africaines de faire toute la lumière sur cette affaire. « L’opération n’acquiert pas un aspect criminel parce que ceux qui l’ont effectué n’ont rien volé, ni les papiers importants qui étaient dans la voiture, ni l’argent, il y en avait aussi, ni la voiture en elle-même. C’est une opération organisée dans un but certainement autre que le vol, croit savoir le président du délégué général du Mouvement national populaire libyen, lancé en 2012. Béchir Saleh est membre du Conseil exécutif de ce parti.

      Mustapha el-Zaidi reprend : « Cette opération est différente dans ses caractères des crimes de vols très répandus à #Johannesburg. Il est sûr que le motif n’était pas banal et que le but n’était pas de voler. Ils étaient cinq personnes et ils ont voulu assassiner Béchir Saleh. Nous n’accusons personne, mais nous souhaitons que les autorités d’Afrique du Sud ainsi que les chefs africains, avec qui le docteur Béchir Saleh possède des relations bonnes et personnelles, veillent à ce qu’il y ait une enquête sérieuse sur cette tentative d’assassinat. Béchir Saleh est toujours dans un état critique, il est toujours aux soins intensifs sous assistance respiratoire. Il souffre des déchirements aux intestins et dans les voies urinaires. Selon les médecins, il a été touché par des #balles_explosives. »

      #RFI

  • La droite fait le service minimum
    https://www.mediapart.fr/journal/france/200318/la-droite-fait-le-service-minimum

    Le placement en garde à vue de l’ancien président #Nicolas_Sarkozy n’a suscité que de faibles réactions dans les rangs de la droite. Nadine Morano, bien seule sur le front, a raccroché au nez d’un journaliste puis diffusé un message accusant le juge Tournaire de « harcèlement ». Mais le parti s’est contenté d’un communiqué de trois phrases, que plusieurs cadres n’ont même pas relayé.

    #France #affaire_libyenne #Les_Républicains #Mouammar_Kadhafi

  • #Kadhafi a-t-il financé #Nicolas_Sarkozy ?

    Nicolas #Sarkozy est en garde à vue ce 20 mars 2018 pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Plongée dans les coulisses de cette affaire tentaculaire.

    Une histoire à base de barbouzes, d’intermédiaires, de grands patrons, d’hommes politiques et de porteurs de mallettes... On se croirait dans une mauvaise série US.

    https://www.franceculture.fr/politique/kadhafi-t-il-finance-nicolas-sarkozy

    #politique

  • #Alexandre_Djouhri, l’encombrant de Londres…
    https://reflets.info/alexandre-djouhri-lencombrant-de-londres

    C’est probablement le cauchemar récurrent de Nicolas #Sarkozy et de ses amis depuis quelques temps : Alexandre Djouhri a été arrêté à Londres sur la base d’un mandat d’arrêt international émis par les juges français […]

    #France #Monde #Politique #Alain_Marsaud #Bachir_Saleh #Bernard_Squarcini #Claude_Guéant #Dominique_de_Villepin #Kadhafi #Libyan_African_Investment_Portfolio #Mouammar_Kadhafi #René_Grouman #Serge_Tournaire

  • Une intelligence artificielle pour griller les menteurs au tribunal
    https://motherboard.vice.com/fr/article/ev5ny4/une-intelligence-artificielle-pour-griller-les-menteurs-au-tribuna

    L’analyse des micro-expressions du visage permet d’identifier les menteurs avec 90% de précision. Les tribunaux sont les lieux du doute perpétuel. Si les procédures qui encadrent l’activité des magistrats et des jurés sont très rigides, un procès reste, à de nombreux égards, une affaire de subjectivité. Aux États-Unis, on parle de reasonable doubt : pour décider de la culpabilité d’un accusé, un juge ou un jury doit se forger une opinion qui dépasse le « doute raisonnable » en s’appuyant sur des preuves (...)

    #biométrie #émotions

    • Le système est parvenu à identifier les menteurs avec 90% de précision, un score bien supérieur aux performances humaines en la matière.

      bien supérieur, #mouais
      Extrait de l’abstract de l’article original :

      Using various classifiers, our automated system obtains an AUC of 0.877 (10-fold cross-validation) when evaluated on subjects which were not part of the training set. Even though state-of-the-art methods use human annotations of micro-expressions for deception detection, our fully automated approach outperforms them by 5%. When combined with human annotations of micro-expressions, our AUC improves to 0.922.

      D’ailleurs, le véritable lien vers l’article commenté est celui-ci
      • pour le résumé
      Deception Detection in Videos
      https://arxiv.org/abs/1712.04415

      • pour l’article en pdf
      https://arxiv.org/pdf/1712.04415.pdf

      Le lien, erroné donc, dans le texte est cependant fort intéressant : il pointe vers un article montrant l’extrême facilité pour un « attaquant » de perturber les résultats des algorithmes de #deep_learning en polluant, même légèrement, la base d’apprentissage sans intervenir sur l’algorithme. Ce type d’attaque est difficilement détectable.

      [1712.05526] Targeted Backdoor Attacks on Deep Learning Systems Using Data Poisoning
      https://arxiv.org/abs/1712.05526

      We conduct evaluation to demonstrate that a backdoor adversary can inject only around 50 poisoning samples, while achieving an attack success rate of above 90%. We are also the first work to show that a data poisoning attack can create physically implementable backdoors without touching the training process. Our work demonstrates that backdoor poisoning attacks pose real threats to a learning system, and thus highlights the importance of further investigation and proposing defense strategies against them.

      #data_poisoning
      variante malveillante du célèbre principe #GIGO #garbage_in_garbage_out

    • Par ailleurs, un risque d’erreur de 1 sur 8 (pour 0,877 sous la courbe, sans intervention humaine) est très largement supérieur à l’estimation du taux d’erreur judiciaire dans les condamnations à mort états-uniennes (4,1%) …

      Il est vrai que l’étude sur le sujet mentionne que les cours sont plus exigeantes sur les critères de preuve lorsque la peine encourue est plus élevée, a fortiori capitale.

      États-Unis : plus de 4% des condamnés à mort seraient innocents (avril 2014)
      http://www.lefigaro.fr/international/2014/04/29/01003-20140429ARTFIG00151-etats-unis-plus-de-4-des-condamnes-a-mort-seraien
      et l’étude référencée
      Rate of false conviction of criminal defendants who are sentenced to death
      http://www.pnas.org/content/111/20/7230

      Significance
      The rate of erroneous conviction of innocent criminal defendants is often described as not merely unknown but unknowable. We use survival analysis to model this effect, and estimate that if all death-sentenced defendants remained under sentence of death indefinitely at least 4.1% would be exonerated. We conclude that this is a conservative estimate of the proportion of false conviction among death sentences in the United States.

  • La justice donne de nouveau raison à Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/221117/la-justice-donne-de-nouveau-raison-mediapart

    © Reuters La note libyenne révélée par Mediapart en 2012, attestant d’une promesse de financement de la campagne de 2007, n’est ni un faux matériel ni un faux intellectuel, selon la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. Cette décision judiciaire est une défaite pour l’ancien président de la République française.

    #France #Béchir_Saleh #Bernard_Squarcini #Brice_Hortefeux #Corruption #libye #Mouammar_Kadhafi #Moussa_Koussa #Nicolas_Sarkozy #Ziad_Takieddine