• Un país movilizado contra la barbarie
    https://www.cetri.be/Un-pais-movilizado-contra-la

    Las manifestaciones del 15 de mayo marcan el inicio de un ciclo de resistencia al (des)gobierno que existe actualmente. Luego de anunciar un corte del 30 por ciento del presupuesto de las Universidades Federales, una onda de rechazo a esta medida se propagó rápidamente por todo el territorio. El propio Bolsonaro viendo la antipatía que causaba esta decisión del ejecutivo, decidió llamar al Ministro de Educación, Abraham Weintraub, para solicitarle que echara pie atrás en esta resolución. Sin (...)

    #El_Sur_en_movimiento

    / #Le_Sud_en_mouvement, #Mouvement_étudiant, #Brésil

  • #Soudan. Le grondement de colère de la jeunesse
    https://www.cetri.be/Soudan-Le-grondement-de-colere-de

    Cette insurrection dont les médias parlent si peu · Voilà un mois que le Soudan est en insurrection, et la jeunesse est en première ligne. Elle se révolte contre un régime militaire en place depuis trente ans et dont la faillite est totale sur les plans économique, social et politique. Pourtant, ce mouvement, similaire à celui qui a saisi le monde arabe à l’hiver 2010-2011 rencontre peu d’échos à (...)

    #Le_Sud_en_mouvement

    / Soudan, #Orient_XXI, #Mouvement_étudiant, #Islamisme, Démocratie & participation

    #Démocratie_&_participation

  • « # Congolais Telema ! ». Petite sociologie de l’engagement en contexte congolais
    https://www.cetri.be/Congolais-Telema-Petite-sociologie

    Le maintien au pouvoir de Joseph Kabila a suscité au Congo une opposition populaire tenace, qui s’est traduite par l’investissement régulier de la rue : marches, émeutes, sits in et journées villes mortes se sont succédés depuis 2015, en dépit d’un contexte autoritaire de plus en plus oppressant. Qu’est-ce qui pousse certains Congolais à s’engager dans des actions collectives risquées contre le « glissement » du président Kabila ? Si les causes de la révolte paraissent aller de soi, dans un pays où la (...)

    Livres & études

    / #Analyses, #Le_regard_du_CETRI, Livres & revues divers, Congo (RD), #Mouvement_étudiant, #Luttes, Relations entre mouvements sociaux & (...)

    #Livres_&_études #Livres_&_revues_divers #Congo_RD_ #Relations_entre_mouvements_sociaux_&_gouvernements

  • Mobilisation contre la réforme du Lycée et la sélection à l’Université - Brice Le Gall

    https://www.bricelegall.com/Reportages/Mobilisation-contre-selection-Universite/i-ZB6cJxP

    Mobilisation contre la réforme du Lycée et la sélection à l’Université
    France, février 2018 - ?

    Les réformes du lycée, du baccalauréat et de l’entrée à l’université, contre lesquelles s’amorce une contestation au début du mois de février 2018, partagent à la fois une même méthode et les mêmes présupposés. Elles auront aussi, on peut en faire le pari, des effets analogues en termes d’accroissement des inégalités sociales et territoriales.

    Élaborées dans la précipitation, sans concertation avec les familles et les professionnels concernés, et sans presque aucune consultation des travaux scientifiques existants, ces réformes révèlent d’abord l’autoritarisme managérial du gouvernement Macron : A l’instar du recours aux ordonnances au moment de la réforme du code du travail ou concernant le statut de la SNCF, Il s’agit pour le gouvernement d’agir vite, de façon spectaculaire, en court-circuitant autant que possible les négociations collectives afin de suggérer aux média ou à « l’opinion » le dynamisme et l’efficacité de son action politique.

    #france #mouvement_étudiant #cartographie

  • Dossier : l’Université saisie par le capitalisme, entre marchandisation et résistances
    http://www.contretemps.eu/universite-capitalisme-marchandisation-resistances

    L’Université est au cœur du processus de marchandisation néolibérale, au moins depuis le début des années 2000. Mise en concurrence des équipes de recherche, mise en marché de l’enseignement supérieur, libéralisation ou augmentation des frais d’inscription, développement des établissements privés, introduction de logiques commerciales et d’acteurs capitalistes… la marchandisation prend plusieurs formes et transforme les conditions de travail et d’existence des universitaires, des personnels administratifs et techniques, mais aussi des étudiant·e·s. Si les mobilisations ont été nombreuses – en France comme ailleurs (Chili, Québec, etc.) –, avec plus de défaites que de victoires, ces résistances ont contribué à former une jeunesse fortement mobilisée contre le capitalisme néolibéral et ont posé les jalons d’un projet d’Université – libérée des impératifs marchands, gratuite et émancipatrice.

    #Diaporama #Dossiers #école #enseignement #enseignement_supérieur #mouvement_étudiant #néolibéralisme #système_éducatif #université #marchandisation #Résistances

  • La loi du Travail…#OnVautMieuxQueCa ? Vraiment ?

    https://labyrinthes.wordpress.com/2016/03/15/la-loi-du-travail-onvautmieuxqueca-vraiment

    1. Toute élection constitue une fraude électorale. Qu’un gouvernement ait le « courage politique » de contrevenir radicalement aux promesses prononcées lors de sa campagne ne devrait plus surprendre. Non pas seulement parce que l’histoire du parlementarisme et de la représentation politique en général est l’histoire de ces promesses non tenues, des revirements de situation et des trahisons politiques – non pas tant parce que cela est habituel, quoique prenant parfois des proportions inattendues, mais parce que cela est institutionnel : la politique spectacle et l’arbitraire gouvernemental est ce qui est institué, légitimé et promu par l’électoralisme et la « représentation politique ».

    2. La Loi Travail dite El Khomri n’est pas à proprement parler une trahison, mais la suite logique de la loi du travail en régime capitaliste : elle signe et manifeste la conviction des classes dominantes selon laquelle le rapport de force leur est actuellement favorable. Renforcer l’exploitation des salariés en vue de renforcer les entreprises, d’augmenter la croissance et la compétitivité, soit, en d’autres termes, de raffermir et d’accroître la puissance du fric, du business – du capital… –, s’inscrit dans la dynamique naturelle de l’économie marchande et du travail subordonné. Qu’un gouvernement de gauche s’affranchisse du masque derrière lequel il tentait auparavant de déguiser ces régressions, qu’il prétendait pouvoir compenser par de nouveaux droits pour les travailleurs, marque un changement de rythme, non de direction. Défendre le Code du Travail, comme ensemble de droits visant à réguler l’avidité et le cynisme des employeurs dans le cadre du « lien de subordination permanent » constitué par le contrat de travail, devrait nous rappeler que pareils droits représentent des compromis qui, quelque-soit les améliorations que nous pouvons en tirer au quotidien, ne sont que des pis-aller toujours précaires modérant une situation d’exploitation, de subordination – de domination – que nous devons viser à abolir, si nous ne voulons pas qu’elle croisse.

    3. De fait, le retrait d’une réforme qui dégrade les conditions d’exploitation du travail ne peut être considéré comme une victoire uniquement pour les syndicats et leurs représentant·e·s qui, à l’occasion des mobilisations réclamant le maintien de la situation actuelle, disposent d’une certaine publicité, et d’un tremplin à leurs carrières. Si le fait de devoir repousser ou de ralentir l’évolution du degré de subordination de chacun vis-à-vis de l’économie est en quelque-sorte un échec pour un gouvernement et les organisations patronales qu’il représente (encore que cela prépare malgré tout la suite), il n’y a là pas plus de victoire pour les salarié·e·s qu’il n’y en a pour les « citoyen·e·s » lorsqu’ils parviennent à « faire barrage au front national ». A minima, une bataille victorieuse des travailleurs·euses (et étudiant·e·s, et chomeurs·euses…) lors d’un mouvement social implique une augmentation de leurs droits. Mais chaque bataille devrait être l’occasion de se souvenir que nous ne gagnerons la guerre qu’ils nous font que lorsque nous organiserons nous même, collectivement, le travail et l’économie en général. Lorsque nous organiserons collectivement nos moyens de vivre. Lorsque nos vies ne seront plus subordonnées à l’accroissement de richesse et de pouvoir de quelques-uns.

    4. Une « mobilisation de la jeunesse », un « mouvement étudiants et lycéen », voilà l’enclosure idéale pour un mouvement social qui logiquement devrait avant tout être le mouvement de celles et ceux qui sont le plus directement humilié·e·s par la loi du travail. Non pas les futur·e·s diplomé·e·s des universités, mais celles et ceux qui triment d’ores et déjà, sous le régime actuel du code du travail, et celles et ceux que le marché du travail exclu en attendant de pouvoir en faire de simili-esclaves (par le travail en prison, le conditionnement du RSA à un travail obligatoire, des contrats « uberisés », etc.). Le narcissisme collectif avec lequel jouent les représentant·e·s syndicaux du milieu étudiant lorsqu’ils font clamer que « le gouvernement est foutu, la jeunesse est dans la rue » n’est pas seulement empreint d’une puérilité d’autant plus pathétique que le slogan est usé. Il vise aussi à s’accaparer le mouvement, à en faire « sa » mobilisation, et par là, prend le risque de démobiliser, de marginaliser ou d’invisibiliser celles et ceux qui ne font pas partie de cette jeunesse plus ou moins privilégiée. Les médias et politiques ne s’y trompent pas, et sauront en jouer, eux aussi. Déjà, on laisse entendre que si les futurs diplomé·e·s s’opposent à cette réforme, c’est en négligeant l’intérêt des salarié·e·s les plus précaires ou exploité·e·s, c’est au nom d’un certain égoïsme, qui ne se soucie pas véritablement du chômage auquel sont condamné·e·s les plus pauvres, les non-diplomé·e·s… Le fait est si habituel que le mot de « jeunesse » évoque et invoque, dans ce contexte, non pas n’importe quel jeune, mais celui-ci qui, issue de classes plus ou moins moyennes, craint d’être déclassée. Devra-t-on s’étonner si, de nouveau, les ouvriers et ouvrières, les salarié·es en tout genre, les plus directement concerné·e·s par la réforme, se contentent finalement d’être spectatrices et spectateurs d’une lutte qui devrait être aussi la leur, et si, à un moment donné, les jeunes refoulé·e·s de « la jeunesse » n’intègrent les cortèges étudiants qu’en vue de quelques rackets ?

    5. Lorsqu’un mouvement social réclame avec détermination le retrait d’un projet de loi, il obtient éventuellement sa re-négociation, probablement son report. Lorsqu’il commence à réclamer de nouveaux droits, à contre-courant de la réforme, il a quelque chance d’obtenir son retrait. Lorsqu’un mouvement social s’accompagne une critique radicale du travail, de l’économie, des dominations et inégalités instituées, lorsque finalement il prend l’allure d’un mouvement qui dépasse la posture revendicative, qu’il sort du jeu du « dialogue social » entre « partenaires sociaux », pour devenir l’expression d’un ras-le-bol exprimant une conscience suffisamment claire de l’arnaque continue que représentent les rapports sociaux existant, il a quelque chance d’obtenir de nouveaux droits, et se donne la possibilité de grossir les rangs d’une dissidence qui fasse véritablement sens, qui soit à la hauteur de la situation, et renverse, un moment au moins, le rapport de force. Début mars, prônant le « dialogue et le respect », François Hollande formule ses craintes : « Rien ne serait pire que l’immobilisme ou de tout mettre en cause ». L’immobilisme : voilà la victoire recherchée par les syndicats étudiants ; tout mettre en cause : voilà ce que peut un mouvement qui ne se laisse pas kidnapper par les tactiques et tacticien·e·s syndicaux. Au même moment, Myriam El Khomri lançait à son propre camp une formule que nous devrions pouvoir reprendre à notre compte : « il faut frapper vite et fort, y compris en bousculant ».

    #loi_travail #luttes #réforme #travail #exploitation #mouvement_étudiant #El_Khomri #capitalisme #syndicat #démocratie_représentative #autogestion

  • Une expérience de militantisme à l’université.

    Cet article a été écrit en 2007 suite au mouvement étudiant contre la LRU (Loi de Réforme des Universités) aussi appelé Loi Pécresse.

    Troisième et dernière partie :
    On constate en effet que ma demande de conserver une entrée accessible aux personnes en fauteuil durant le blocage a été acceptée trois jours. « Pour des questions de visibilité et de sécurité mettre le piquet de grève devant les marches était plus pratique, mais ne t’inquiète pas, tu demandes et on t’ouvre ».
    D’autre part durant les AG la plupart des votes se font à main levée, c’est un autre confrère handicapé qui me l’a fait remarquer. Je demande, en réunion de comité, qu’une solution soit trouvée pour les étudiants qui ne peuvent pas lever la main, ma demande sera prise en compte pour la dernière AG. Enfin, le vote statuant sur la question du blocage se fait par couloirs : les pour d’un côté, les contre de l’autre. Première AG : il y a des marches devant le couloir « pour », ainsi un étudiant en fauteuil ne peut que voter contre le blocage, ce n’est pas très productif, je gueule. Deuxième AG : c’est l’inverse, les fauteuils ne peuvent voter que « pour », c’est mieux mais bon, je gueule. Troisième AG : les deux couloirs sont accessibles mais un membre de la tribune informe trois fois tous les étudiants que : « les couloirs ont été déplacés pour permettre aux handicapés de voter normalement », était-ce vraiment nécessaire ?

    Quelques perspectives en guise de conclusion.
    D’abord, bien sûr, poser la nécessité absolue de voir les étudiants handicapés, non pas seulement consultés mais bien maîtres des décisions qui les concernent. Il ne faut pas se faire avoir au piège d’exiger des « handicapés pour s’occuper des handicapés ». Le problème ne vient pas de l’ignorance des professionnels ou de leur manque de bonne volonté, mais bien d’une volonté politique. En ça, le combat nécessaire des étudiants handicapés est le même que celui des étudiants. Les spécificités matérielles, techniques, voire, éventuellement, médicales n’obligent, pour aucune d’elles, la délégation des décisions les concernant à une institution extérieure aux étudiants et à l’université. Il est urgent d’arrêter de considérer les problèmes liés au handicap comme des problèmes extérieurs, consensuels, apolitiques et du même coup les étudiants handicapés comme des objets ou des enjeux. Le soi-disant « problème du regard des gens » n’est que le symptôme du désengagement complet des collectivités au profit d’une individualisation des responsabilités et d’une dépolitisation des enjeux. On se souviendra que de nombreuses situations étaient, naguère, prises pour apolitiques, avant d’être socialisées à l’après-guerre, et, prises en charge (au moins en partie) en tant que problèmes politiques (la vieillesse avec le versement des retraites, la maladie avec la sécu, la pauvreté (notamment étudiante) avec le versement du chômage, du RMI, de bourses pour les étudiants). Le slogan d’Act-Up qui affirmait que le Sida était une maladie politique paraît, en ça, visionnaire.
    Ensuite, un travail syndical paraît nécessaire et urgent pour permettre la conscientisation des étudiants concernés. Mais il faut d’abord s’interroger sur les conditions sociales qui aboutissent à rendre les étudiants handicapés encore plus réactionnaires que la moyenne des étudiants. Il est donc tout aussi urgent de créer les espaces de débat et de solidarité qui permettraient la réflexion et la conscience des étudiants concernés de leur propre condition, alors que les institutions ou service accueillant les élèves et lycéens handicapés ne laissent aucune place à cette forme d’engagement social. On pourrait alors enfin envisager de vraies perspectives de lutte.
    Mais l’un des seuls aspects qui paraît alors spécifique est celui de la compensation de l’impossibilité de militer « comme les autres ». Là où les conditions pour permettre la bonne scolarité des étudiants handicapés ne sont pas réunies, elles paraissent encore plus difficiles à réunir pour le domaine très spécifique du militantisme. Est-ce alors aux syndicats ou aux comités de mobilisation de prévoir, même pendant une situation de crise (blocage, occupation, réunion organisée dans l’urgence…) les conditions d’accueil d’acteurs handicapés ? Comment, d’autre part, sensibiliser les étudiants handicapés aux luttes qui les concernent lorsque les militants sont des étudiants valides ?
    De manière réciproque, il faut, sans doute, faire un vrai travail de formation auprès des militantes et des militants et sortir du réflexe corporatiste pour faire intégrer, une bonne fois pour toutes, les problématiques liées au handicap à l’ensemble du terrain de lutte sociale.

  • Une expérience de militantisme à l’université.

    Cet article a été écrit en 2007 suite au mouvement étudiant contre la LRU (Loi de Réforme des Universités) aussi appelé Loi Pécresse.

    #militantisme #handicap #mouvement_étudiant #Bordeaux #2007 #LRU #compensation #fac

    Deuxième partie :

    Etudiant depuis sept ans, j’ai connu deux universités différentes de Bordeaux et ce parcours m’a donné l’occasion de rencontrer pas mal d’étudiants concernés par l’accueil lamentable des administrations et des relais handicap. La stratégie adoptée par les universités face à un étudiant qui revendique de meilleures conditions d’études, qui se plaint trop souvent de devoir faire le tour d’un bâtiment pour accéder à un amphi ou qui refuse de demander à un collègue de lui photocopier ses cours est toujours la même. « C’est un râleur, il n’est jamais content alors que tout le monde est tellement gentil avec lui. D’ailleurs, la preuve, les autres étudiants ne se sont jamais plaints ».
    Ce qui est faux : certains se plaignent, mais de manière individuelle et encore faut t-il savoir écouter. A de rares occasions nous avons tout de même pu nous regrouper, à trois ou quatre, sur des problématiques précises suffisamment visibles pour la télé. En mai 2005 nous avons ainsi pu alerter France 3 et avoir droit à trois minutes du flash local. Au prix d’images ridicules où trois handicapés franchissaient vaillamment les portes de l’Université un temps plein fut libéré trois mois plus tard par l’administration.
    Mais cette expérience reste unique. Les contraintes organisationnelles empêchent, pour une part, les étudiants concernés de se réunir, d’échanger leurs expériences et de revendiquer ensemble. Mais la raison la plus importante est le manque de conscience des étudiants de leur propre condition d’oppression.
    En octobre 2007 commence le mouvement étudiant contre la loi LRU. Le blocage de l’université Bordeaux 3 est voté en Assemblée Générale. Je souhaite alors prendre part au maximum au mouvement dans cette université ainsi réinvestie. Le rythme imposé aux militants est largement insoutenable pour moi, on s’absente quelques heures, on loupe une réunion et on ne comprend plus rien. C’est pourquoi je décide de m’investir sur les problématiques que je maîtrise à savoir celles du handicap. J’inscris bien sûr ma démarche dans celle, plus globale, d’opposition à une loi qui remet en cause le service public. Il y a tout à faire, profitons-en.

    Suite à la seconde assemblée générale, les étudiants handicapés ont le plaisir de recevoir un mail du relais handicap les informant que le blocage est maintenu. L’expéditrice du mail (E.) déplore ainsi cette « mauvaise nouvelle » et nous demande de :

    « ne pas perdre de temps, ces journées sans cours ne sont pas des vacances, continuez si vous le pouvez à travailler chez vous ou en petits groupes. »

    Très en colère je réponds donc ceci :

    « E. ,
    merci beaucoup de relayer des infos liées au blocage. Je te demande cela dit de te contenter de mails strictement informatifs. Même handicapé, notre esprit critique est suffisamment aiguisé, je crois, pour nous laisser seuls juges de la portée d’un événement. 

    Je n’en profiterais pas pour faire état des conséquences que peut avoir la LRU sur les conditions d’accueils des étudiants handicapés (ni sur ton propre poste).

    Les étudiants de Bordeaux III sont tous tenus d’avoir obtenu un bac (ou équivalent), cela est largement suffisant pour décider nous même de nos activités durant le blocage.

    Cordialement,

    R. »

    Le mail de E. préjuge ainsi de la situation de victime des personnes handicapées.Ils seraient d’abord passifs devant ce mouvement social et surtout évidemment hostiles.
    Par un excès d’enthousiasme je commets l’erreur d’envoyer ma réponse à l’ensemble des étudiants handicapés. Je reçois dans les jours suivants plusieurs messages de reproches plus ou moins violents concernant la réponse faite à E. .
    Beaucoup de messages témoignent d’abord de la mauvaise compréhension de mes reproches faits au Relais handicap. Ainsi je n’apprécie pas l’aide apportée au quotidien par E. et V., mon mail était agressif (« rabaisser un professionnel du handicap est inacceptable. »). Mes critiques faites sur les stéréotypes systématiquement renvoyés aux étudiants passent complètement à la trappe :

    « Ca ne se fait pas…car elle a écrit ce message dans de bonnes intentions »

    C’est en fait bien plus qui m’est reproché. En évoquant les difficultés rencontrées à l’université, en refusant d’être absolument remerciant des services apportés par le Relais handicap et en me permettant de faire des reproches à son personnel j’ai remis en cause une autorité intouchable. La fonction professionnelle donne ainsi une légitimité que je ne dois pas remettre en cause : « laisse les gens compétents faire leur travail ». Une étudiante prie même E. de m’excuser en lui expliquant que tout le monde ne pense pas comme moi.
    C’est enfin le principe même de revendication qui est contesté :

    « on n’a pas le droit de profiter de notre situation d’handicapé pour tout le temps se plaindre »

    Une étudiante me dit même que contrairement à moi elle ne « porte pas son handicap en bannière » et me conseille : « occupe toi de ton handicap tu as l’air de mal le vivre ».
    Ces phrases ne témoignent pas seulement d’une méconnaissance de la notion de droit à compensation et d’un contresens fait sur la notion d’autonomie qui reviennent au final à un déni manifeste de la situation de handicap, elles sont le témoin criant d’une situation de grande oppression sociale. D’après mon propre vécu il me semble que, pour beaucoup d’étudiants concernés, l’accès à l’université représente une victoire exceptionnelle (on ne s’en étonne pas si on regarde la proportion d’étudiants chez les personnes handicapées, 0,24 % en 2005), une extraction de la condition de personne handicapée. Il paraît donc inconcevable de revendiquer sur des questions spécifiques liées au handicap et encore plus inconcevable de s’organiser à plusieurs. D’autre part, pour beaucoup cette « ascension sociale » est accompagnée d’injonctions de l’environnement (familial et professionnel) à « ne pas se plaindre ». « On te permet d’être étudiant, d’être parmi les autres, c’est exceptionnel, regarde comme tu as de la chance, et en plus tout le monde est tellement bon avec toi alors qu’ils n’y sont pas obligés ». On retrouve le statut exceptionnel de la personne handicapée tout juste tolérée. Invoquer les théories concernant la culpabilité renvoyée, explicitement ou insidieusement, aux personnes handicapées demanderait un développement beaucoup plus long. Pour résumer, si je proteste et que je n’ai pas de raisons de me plaindre c’est bien que je suis aigri et très malheureux de mal vivre mon handicap.
    Toujours est-il que cette anecdote témoigne de la grande misère sociale et politique des étudiants handicapés dont beaucoup ont intégré les représentations de leur propre oppression. Ils en sont donc moteurs. Alors que le rôle du Relais handicap serait non seulement de travailler à l’amélioration des conditions d’accueil mais aussi de faire prendre conscience aux intéressés de leurs droits d’étudiants, celui-ci entretient en fait une infantilisation qui passe notamment par un tutoiement systématique.
    Dans l’une des réponses des étudiants à mon mail une phrase retient mon attention : « Soyez conscients que pour certains le blocage représente un vrai cauchemar. »

    To be continued …

  • Une expérience de militantisme à l’université.

    Cet article a été écrit en 2007 suite au mouvement étudiant contre la LRU (Loi de Réforme des Universités) aussi appelé Loi Pécresse.
    #militantisme #handicap #mouvement_étudiant #Bordeaux #2007 #LRU #compensation #fac

    Première partie :

    Les universités françaises doivent donner à tous les étudiants qui les fréquentent les mêmes moyens d’étudier. Qu’en est-il pour les étudiants handicapés ? De moins en moins enfermés dans des foyers, ayant de plus en plus de moyens pour vivre à peu près « normalement », les personnes handicapées comptent de plus en plus d’écoliers, de lycéens, d’étudiants, de travailleurs, de citoyens impliqués dans la vie sociale.
    Au fil des années, les étudiants handicapés ont donc été de plus en plus nombreux. Les handicaps peuvent être de plusieurs types (sensoriel, mental, moteur…) chacun d’eux entraîne des besoins spécifiques qui doivent (et qui peuvent aujourd’hui) être compensés par des aides techniques ou humaines. Par exemple, un fauteuil électrique permet de compenser une incapacité à marcher. On peut estimer qu’un fauteuil électrique est un bon moyen de compensation tant qu’il permet d’accéder aux mêmes fonctions de déplacement que la marche à pied. Un escalier rend évidemment un fauteuil inefficace, un ascenseur permet alors de compenser l’impossibilité de déplacement causée par l’escalier.
    Bref, pour faire face aux diverses difficultés et questions posées par l’accueil des étudiants handicapés, chaque université dispose d’un chargé de mission. C’est en fait un membre du corps enseignant ou du personnel administratif qui est particulièrement chargé de cette mission.
    Celui-ci n’est pas particulièrement formé, il dispose de peu de moyens alloués spécifiques et assure sa mission en plus de sa première fonction (d’enseignant ou d’administratif). Son rôle se limite donc la plupart du temps à accueillir les étudiants handicapés en début d’année et à organiser des conditions particulières d’examen.
    A Bordeaux quelques temps-pleins spécifiquement dédiés à l’accueil des personnes handicapés ont pu être débloqués, à vrai dire un par université. Ainsi depuis quelques années existe à Bordeaux III un relais handicap, le même type de bureau est ouvert à Bordeaux I et Bordeaux II depuis moins de deux ans. Les personnes employées dans ces relais handicaps n’ont toujours pas de formation spécifique mais ont en revanche une bonne volonté exemplaire qu’elles ne manquent pas de faire valoir comme principale preuve de leur légitimité.
    Pourtant, cela ne suffit largement pas. Les besoins spécifiques des personnes lourdement handicapées motrices (par exemple) ne s’expriment évidemment pas dans la seule période des examens, mais bien durant toute l’année universitaire. Et ils ne s’expriment pas seulement à propos des problèmes d’accessibilité des bâtiments.
    Les problèmes d’infrastructures sont loin d’être les seuls à gêner la bonne scolarisation des étudiants. Ils sont bien souvent l’arbre médiatisé qui cache la forêt. Un mec en fauteuil coincé devant un escalier c’est très photogénique. Cela permet en plus, non seulement de dresser le constat que personne n’y peut rien dans l’instant (« ça a mal été conçu au départ ») mais aussi de montrer le personnel de l’administration « tout faire » pour rendre, malgré tout, les conditions d’accueil les meilleures possibles. En effet, il y aurait beaucoup à faire, car en dehors des difficultés d’accès, les problèmes sont multiples.
    Un étudiant lourdement handicapé moteur qui ne peut pas écrire lui-même, qui a besoin d’aide pour appeler un ascenseur, pour aller aux toilettes, pour manger, pour enfiler et enlever son manteau ou encore pour éteindre son téléphone en début de cours, passe à peu près tout son temps universitaire à galérer. En cours, celui-ci a intérêt à être attentif car il ne peut pas prendre de notes, il devra donc trouver, à la fin du cours, un « gentil-camarade » qui accepte de l’accompagner et de photocopier ses notes. Tant pis si le « gentil-camarade » écrit mal, s’il ne prend pas bien les notes, s’il ne vient pas à tous les cours, s’il écrit en rose fluo, s’il a autre chose à faire. Pour l’ensemble des prestations toilette-repas, notre ami handicapé a le choix entre se retenir et ne pas manger, demander à un « gentil-camarade » ou s’organiser à faire venir, à l’université, des auxiliaires de vie qui interviennent habituellement à son domicile et à d’autres horaires. Cette dernière possibilité présente pour notre ami un coût en énergie et en organisation difficilement imaginable. Il doit prévoir plusieurs jours à l’avance l’heure à laquelle il souhaitera aller aux toilettes par exemple.
    Dernier problème pour notre ami : le travail personnel. Dans son ambition d’autonomisation de l’étudiant, l’université prévoit un minimum de cours pour un maximum de travail personnel (recherches, dossiers à rendre, etc.). L’étudiant doit alors travailler chez lui ou en bibliothèque et ce travail ne peut se faire sans aide (secrétariat, prise de notes sous la dictée, aide à la recherche dans des grosses encyclopédies). Encore une fois l’université ne prévoit pas d’aide spécifique, enfin presque pas, pas pour tout le monde, et pas en début d’année.
    Pour ce problème particulier, on pourrait facilement imaginer que l’université, via les relais-handicap, trouve des étudiants intéressés pour ce genre d’emplois, précaires mais sympathiques. Les étudiants handicapés auraient ainsi à leur disposition un certain nombre d’étudiants sous contrat avec la fac liés par un cadre professionnel et évacuant du même coup les problèmes d’organisation et de demande.
    Car aujourd’hui, c’est cette fameuse demande à des collègues que l’université envisage comme évidente sans voir les aspects néfastes. En étant toujours dans une relation de demande à ses collègues étudiants, la personne handicapée est placée en position de complète dépendance, et sacrifie en fait son intégration sociale aux nécessités matérielles. L’université ne veut pas entendre qu’en étant obligée de demander de l’aide à un camarade, et ce dès la première heure du premier cours, une personne handicapée propose son handicap comme premier et seul élément de relation sociale. Il ne s’agit pas, bien sûr, de nier auprès des autres étudiants le handicap et ses conséquences. Mais en le considérant à sa juste valeur, en donnant à la personne les moyens de compensation dont elle a besoin, le handicap est socialement et littéralement effacé. Libre à elle, après coup, d’en faire part, dans le cadre de sa relation sociale comme aspect plus ou moins important de sa vie.
    En s’appuyant sur la bienveillance individuelle des étudiants, sur le soi-disant devoir d’aider son prochain, l’université transforme bien la solidarité collective en charité individuelle. Et ce n’est pas seulement un problème de principe. En appliquant cette politique irresponsable, l’université met l’étudiant dans des situations aux conséquences relationnelles et sociales dramatiques (en étant, par exemple, obligé de demander de l’aide à des amis pour aller aux toilettes). Outre l’état de misère sociale et relationnelle dans lequel sont souvent tenues les personnes handicapées, outre aussi les conséquences désastreuses sur le taux de réussite à l’université, cette politique est le symptôme du désengagement progressif de l’université dans sa mission de service public.
    Etre seul prestataire d’enseignement, en offrant un service aux conditions normées et en déléguant toutes les tâches spécialisées à des prestataires de services extérieurs (ménage, entretien, traduction en langue des signes, auxiliaires de vie, secrétariat…), voilà ce à quoi aspirent les administrations de l’université.
    En 2005 a été créée la MDPH (maison départementale des personnes handicapées), cette institution regroupe l’ancienne COTOREP augmentée de tous les dispositifs de financement pour permettre la compensation humaine ou technique du handicap. Et en effet tous les dispositifs de compensation sont relativement simplifiés pour les personnes handicapées. Cela présente en revanche le danger d’un service tout dédié au handicap vers lequel est systématiquement renvoyé l’usager de n’importe quelle institution dès lors qu’il est atteint d’un handicap. « Votre emploi du temps ne vous convient pas car certaines salles de cours ne sont pas accessibles ? Adressez-vous à la MDPH pour les besoins particuliers entraînés par votre handicap. » ; « Vous avez envie de pisser entre deux cours ? Nous avons à votre disposition des toilettes accessibles. Un accompagnement ? Une aide humaine ? Cela relève du soin, pas de l’université, adressez-vous à la MDPH. ». Ces deux exemples sont très différents mais relèvent de la même logique : considérer le handicap comme un cas à part, un élément malheureux qui relève de l’exceptionnel et qui, sous prétexte de besoins spécifiques, nécessite l’intervention d’une institution spécifique et autrement spécialisée.
    Si l’université ne veut même pas discuter, sous couvert de l’évidence, de sa responsabilité dans l’accompagnement aux toilettes, elle est davantage mise en porte-à-faux pour ce qui concerne ces fameux besoins d’accompagnements « pédagogiques ». C’est que la MDPH, pour le moment, n’est pas claire : les allocations individuelles couvrent les besoins « vitaux » pas les besoins « pédagogiques ». L’université a donc davantage de difficultés à se justifier dans son refus de financement et d’organisation de l’aide pédagogique.
    Depuis deux ans l’université accepte donc de donner, au cas par cas, une enveloppe, censée couvrir les dépenses liées à l’embauche de secrétaires. Elle en profite aussi pour exprimer son grand regret de ne pas voir la MDPH prendre en charge ce surcoût. Elle incite enfin les étudiants concernés à poursuivre les demandes auprès de la MDPH tout en rendant cette enveloppe de plus en plus exceptionnelle et de plus en plus difficile à obtenir.
    To be continued …

    • Je ne suis plus, ni étudiant ni Bordelais mais je ne suis pas vraiment sûr malgré l’amélioration progressive des conditions d’étude des étudiants et étudiantes handicapés que des moyens de compensation précis est été d’avantage mis en place depuis. J’attend que des étudiants et des étudiantes d’aujourd’hui me disent si un accompagnement total est aujourd’hui pensable ...

  • Mardi 28 janvier – 19h30 - Café-Librairie Michèle Firk

    Discussion avec les auteurs d’ On s’en câlisse.
    Histoire de la grève du printemps 2012, Québec.

    « On s’en câlisse » (« On s’en fout » en québécois) raconte et s’inspire de la plus longue grève étudiante de l’histoire du Québec au printemps 2012. 8 mois de mouvement Confrontés au départ à une hausse des frais de scolarité, les étudiants, huit mois durant, se sont lancé dans une résistance acharnée, révélant ainsi des puissances insoupçonnées jusqu’alors dans la métropole de Montréal.

    “On s’en câlisse” est un récit précis d’une mémoire tactique du mouvement.

    Deux ans après son début, nous pouvons maintenant discuter des formes communes qu’il entretient avec de récents mouvements. Le mouvement québécois n’est qu’un exemple parmi d’autres mais il peut dire beaucoup du présent.

    Le café librairie Michèle Firk est une librairie et un café.
    Il se trouve à Montreuil, près du métro Croix-de-Chavaux, dans la Parole errante, au 7 rue François Debergue.
    On y trouve des romans, des tracts, des revues, des essais et des bandes-dessinées. L’occasion se mélange au neuf et les petits éditeurs y ont une bonne place.
    On y vient pour farfouiller, bouquiner, boire un café, participer à une discussion autour d’un livre ou d’une lutte ou juste comme ça.

    http://michelefirk.noblogs.org

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