• Les Gilets Jaunes, l’économie morale et le pouvoir | Samuel Hayat -
    https://samuelhayat.wordpress.com/2018/12/05/les-gilets-jaunes-leconomie-morale-et-le-pouvoir

    (...)Difficile de ne pas être saisi par le mouvement en cours. Tout y est déconcertant, y compris pour qui se fait profession de chercher et d’enseigner la science politique : ses acteurs et actrices, ses modes d’action, ses revendications. Certaines de nos croyances les mieux établies sont mises en cause, notamment celles qui tiennent aux conditions de possibilité et de félicité des #mouvements_sociaux. D’où sinon la nécessité, du moins l’envie, de mettre à plat quelques réflexions issues de la libre comparaison entre ce que l’on peut voir du mouvement et des connaissances portant sur de tout autres sujets. A côté des recherches sur le mouvement en cours, espérons que l’éclairage indirect que donne la confrontation à d’autres terrains pourra dire quelque chose de différent sur ce qui a lieu.

    La situation

    Les images rapportées par les médias comme les déambulations personnelles pendant les événements du 1er décembre ont donné à voir un Paris jamais vu, ni en 1995, ni en 2006, ni 2016, trois moments pourtant où l’espace-temps habituel des mobilisations parisiennes s’était trouvé profondément déformé. Certains ont pu parler d’émeutes ou de situation insurrectionnelle. C’est possible, et pourtant rien ne ressemble à ce qui a pu avoir lieu durant les insurrections de 1830, 1832, 1848 ou 1871. Toutes ces insurrections avaient lieu au quartier, mettant en jeu des sociabilités locales, un tissu relationnel dense permettant aux solidarités populaires de se déployer. Mais le 1er décembre, le feu a pris au cœur du Paris bourgeois, dans ce nord-ouest parisien qui n’avait jusqu’ici jamais été vraiment le théâtre de telles opérations. Loin d’être menées par des forces locales, érigeant des barricades pour délimiter un espace d’autonomie, ces actions ont été le fait de petits groupes mobiles, habitant souvent ailleurs.

    Évidemment, les sociabilités locales jouent dans la formation de ces groupes. Il suffit de regarder ailleurs qu’à Paris pour voir la réappropriation collective d’un territoire, la formation de liens durables… Mais le 1er décembre, ces solidarités se sont déplacées dans un espace de manifestation lui-même plutôt habituel : les lieux du pouvoir national. On est là dans un registre tout à fait moderne, n’en déplaise à ceux qui parlent de jacqueries : c’est bien d’un mouvement national et autonome dont il s’agit, pour reprendre les catégories clés par lesquelles Charles Tilly qualifie le répertoire d’action typique de la modernité. Mais les règles de la manifestation, fixées de longue date (on situe généralement leur formalisation en 1909[3]), sont ignorées : pas de cortège, pas de responsables légaux, pas de parcours négocié, pas de service d’ordre, pas de tracts, de banderoles, d’autocollants, mais des myriades de slogans personnels inscrits au dos d’un gilet jaune.

    Toute la pratique du #maintien_de_l’ordre en est bouleversée, et on a pu voir combien les professionnels de la répression, malgré leur nombre, leur armement, leur entraînement, s’étaient trouvés débordés, incapables d’assurer même leur propre sécurité, sans parler de celle des biens et des personnes. On peut penser que les forces de l’ordre ne vont pas accepter longtemps de se faire ainsi malmener, et les violences policières, déjà très nombreuses, risquent d’encore s’amplifier [comme le confirme déjà des lynchages policiers le 1/12 et les innombrables tirs #policiers qui ont mutilés au moins quatre #lycéens ce derniers jours, ndc] , comme les appels à l’extension de l’usage de la force, voire à l’état d’urgence. Cet échec du maintien de l’ordre physique est allé de pair avec un échec encore plus complet du maintien de l’ordre symbolique : un président en déplacement pour un sommet international, un gouvernement inaudible (la rançon à payer pour un pouvoir personnel s’étant entouré de courtisans médiocres pour qu’aucune ombre n’en affaiblisse l’éclat), le pseudo-parti au pouvoir (LREM) occupé le même jour à élire un nouveau délégué général, comme si de rien n’était. (...)

    Les #revendications, justement, méritent qu’on s’y attarde. On en sait peu sur la manière dont elle a été composée, mais une liste de 42 revendications a été diffusée et largement reprise, tant dans les groupes que par les médias. Ces revendications possèdent quelques traits remarquables qui ont déjà été relevés : elles sont majoritairement centrées sur les #conditions_de_vie, bien au-delà de la seule question du prix de l’essence ; elles contiennent des prises de position contre la libre circulation des #migrants ; elles proposent des changements institutionnels qui renforcent le contrôle citoyen sur les élu.e.s, dont la rémunération se trouverait d’ailleurs ramenée au #salaire_médian. Cette liste a été qualifiée de « magma de revendications hétéroclite ». Il me semble au contraire qu’elle est profondément cohérente, et que ce qui lui donne sa cohérence est aussi ce qui a permis à la mobilisation des gilets jaunes de prendre et de durer : elle s’ancre dans ce que l’on peut appeler l’#économie_morale des #classes_populaires.

    L’économie morale des #Gilets_Jaunes

    Le concept d’économie morale est bien connu des chercheur.e.s en sciences sociales. Il a été développé par l’historien E. P. Thompson pour désigner un phénomène fondamental dans les mobilisations populaires au XVIIIe siècle : celles-ci faisaient appel à des conceptions largement partagées sur ce que devait être un bon fonctionnement, au sens moral, de l’économie. Tout se passait comme s’il allait de soi que certaines règles devaient être respectées : le prix des marchandises ne devait pas être excessif par rapport à leur coût de production, des normes de réciprocité plutôt que le jeu du marché devaient régler les échanges, etc. Et lorsque ces normes non écrites se trouvaient bafouées ou menacées par l’extension des règles du marché, le peuple se sentait tout à fait dans son droit en se révoltant, souvent à l’initiative de #femmes, d’ailleurs. Leur mobile était bien économique, mais pas au sens habituel : ils n’étaient pas mus par des intérêts matériels au sens strict, mais par des revendications morales sur le fonctionnement de l’économie.

  • « Changer de système ne passera pas par votre caddie »

    En rendant cheap la nature, l’argent, le travail, le care , l’alimentation, l’énergie et donc nos vies - c’est-à-dire en leur donnant une #valeur_marchande - le capitalisme a transformé, gouverné puis détruit la planète. Telle est la thèse développée par l’universitaire et activiste américain #Raj_Patel dans son nouvel ouvrage, intitulé Comment notre monde est devenu cheap (Flammarion, 2018). « Le capitalisme triomphe, non pas parce qu’il détruit la nature, mais parce qu’il met la nature au travail - au #moindre_coût », écrit Patel, qui a pris le temps de nous en dire plus sur les ressorts de cette « #cheapisation » généralisée.

    Raj Patel est professeur d’économie politique à l’université du Texas d’Austin. À 46 ans, c’est aussi un militant, engagé auprès de plusieurs mouvements, qui a travaillé par le passé pour la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce. Logique, quand on sait qu’il se définit lui-même comme « socialiste », ce qui « n’est pas facile au Texas », nous précise-t-il dans un éclat de rire. Patel a déjà écrit sur les crises alimentaires, dont il est un expert. Il signe aujourd’hui un nouvel ouvrage, Comment notre monde est devenu cheap, co-écrit avec Jason W. Moore, historien et enseignant à l’université de Binghampton.

    Ces deux universitaires hyper-actifs y développent une nouvelle approche théorique pour appréhender l’urgence dans laquelle nous nous trouvons, mêlant les dernières recherches en matière d’#environnement et de changement climatique à l’histoire du capitalisme. Pour eux, ce dernier se déploie dès le XIVème siècle. Il naît donc avec le #colonialisme et la #violence inhérente à l’#esclavage, jusqu’à mettre en place un processus de « cheapisation » généralisé, soit « un ensemble de stratégies destinées à contrôler les relations entre le capitalisme et le tissu du vivant, en trouvant des solutions, toujours provisoires, aux crises du capitalisme ». Une brève histoire du monde qui rappelle, sur la forme, la façon dont Yuval Harari traite l’histoire de l’humanité, mais avec cette fois une toute autre approche théorique, que Raj Patel n’hésite pas à qualifier de « révolutionnaire ».

    Entretien autour de cette grille de lecture, qui offre également quelques perspectives pour sortir de ce que les auteurs appellent le « #Capitalocène », grâce notamment au concept d’ « #écologie-monde ».

    Usbek & Rica : Des scientifiques du monde entier s’accordent à dire que nous sommes entrés depuis un moment déjà dans l’ère de l’#Anthropocène, cette période de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre. Mais vous allez plus loin, en parlant de « Capitalocène ». Le capitalisme serait donc la cause de tous nos problèmes ?

    Raj Patel : Si vous avez entendu parler de l’Anthropocène, vous avez entendu parler de l’idée selon laquelle les humains sont en grande partie responsables de la situation désastreuse de notre planète. À ce rythme, en 2050, il y aura par exemple plus de plastique que de poissons dans les océans. Si une civilisation survient après celle des humains, les traces qui resteront de notre présence seront le plastique, la radioactivité liée aux essais nucléaires, et des os de poulet. Mais tout cela n’est pas lié à ce que les humains sont naturellement portés à faire. Il y a quelque chose qui conduit les humains à cette situation. Et si vous appelez cela l’Anthropocène, vous passez à côté du fond du problème. Ce n’est pas l’ensemble des comportements humains qui nous conduit à la sixième extinction. Il y a aujourd’hui beaucoup de civilisations sur Terre qui ne sont pas responsables de cette extinction de masse, et qui font ensemble un travail de gestion des ressources naturelles formidable tout en prospérant. Et ces civilisations sont souvent des populations indigènes vivant dans des forêts.

    Mais il y a une civilisation qui est responsable, et c’est celle dont la relation avec la nature est appelée « capitalisme ». Donc, au lieu de baptiser ces phénomènes Anthropocène, appelons-les Capitalocène. Nous pouvons ainsi identifier ce qui nous conduit aux bouleversements de notre écosystème. Il ne s’agit pas de quelque chose d’intrinsèque à la nature humaine, mais d’un système dans lequel évolue un certain nombre d’humains. Et ce système nous conduit vers une transformation dramatique de notre planète, qui sera visible dans l’étude des fossiles aussi longtemps que la Terre existera.

    Vous établissez, avec votre co-auteur, une histoire du capitalisme fondée sur sept choses « cheap ». Quelles sont-elles, et comment êtes vous parvenus à cette conclusion ?

    Dans ce livre, nous évoquons les sept choses que le capitalisme utilise pour éviter de payer ses factures. C’est d’ailleurs une définition courte du capitalisme : un système qui évite de payer ses factures. C’est un moyen de façonner et de réguler les relations entre individus, et entre les humains et la reste de la vie sur Terre. Ces sept choses sont la nature « cheap », l’argent « cheap », le travail « cheap », le care « cheap », l’alimentation « cheap », l’énergie « cheap » et les vies « cheap ». Nous sommes parvenus à cette conclusion en partie grâce à un raisonnement inductif fondé sur l’histoire, mais aussi en s’intéressant aux mouvements sociaux d’aujourd’hui. Par exemple, le mouvement Black Lives Matter ne proteste pas uniquement contre l’inégalité historique qui résulte de l’esclavage aux Etats-Unis. Ses membres se penchent aussi sur le changement climatique, l’équité entre les genres, le travail, la réforme agraire ou la nécessaire mise en place de meilleurs systèmes alimentaires et de systèmes d’investissement solidaires qui permettraient à des entreprises d’émerger.

    C’est une approche très complète, mais l’idée qui importe dans la structuration des mouvements sociaux est celle d’intersectionnalité. Et on peut identifier nos sept choses « cheap » dans presque tous les mouvements intersectionnels. Tous les mouvements visant à changer l’ordre social se tiennent à la croisée de ces sept choses.

    Vous expliquez que la nourriture est actuellement peu chère, mais que cela n’a pas été le cas à travers l’histoire. Dans votre introduction, vous prenez pour exemple les nuggets de MacDonald’s pour illustrer votre théorie des sept choses « cheap ». Pourquoi ?

    Il n’a pas toujours été possible d’obtenir un burger ou quelques chicken nuggets pour un euro ou deux. Au XIXème siècle, les ouvriers anglais dépensaient entre 80 et 90% de leurs revenus en nourriture. Aujourd’hui, nous consacrons à peu près 20% à l’alimentation. Quelque chose a changé. Et le nugget est devenu un fantastique symbole la façon dont le capitalisme évite de payer ses factures.

    Reprenons nos sept choses « cheap ». La nature « cheap » nous permet de retirer un poulet du monde sauvage et de le modifier en machine à produire de la viande. Cette approche de la nature est assez révélatrice de la façon dont le capitalisme opère. La deuxième chose, c’est le travail : pour transformer un poulet en nugget, il vous faut exploiter des travailleurs. Et partout dans le monde, ces ouvriers avicoles sont extrêmement mal payés. Une fois que les corps de ces ouvriers sont ruinés par le travail à la chaîne, qui va veiller sur eux ? Généralement, cela retombe sur la communauté, et particulièrement sur les femmes. C’est cela que j’appelle le « cheap care ». Les poulets sont eux-mêmes nourris grâce à de la nourriture « cheap », financée par des milliards de dollars de subventions. L’énergie « cheap », c’est-à-dire les énergies fossiles, permet de faire fonctionner les usines et les lignes de production. Et l’argent « cheap » permet de faire tourner l’ensemble, parce que vous avez besoin de taux d’intérêt très bas, et que les grandes industries en obtiennent des gouvernements régulièrement. Et enfin, vous avez besoin de vies « cheap » : il faut reconnaître que ce sont les non-blancs qui sont discriminés dans la production de ce type de nourriture, mais aussi que les consommateurs sont considérés comme jetables par l’industrie.

    Vous insistez sur le fait que le capitalisme est né de la séparation entre nature et société, théorisée notamment par Descartes. Et que cette naissance a eu lieu au XIVème siècle, dans le contexte de la colonisation. On a donc tort de dire que le capitalisme est né avec la révolution industrielle ?

    Si vous pensez que le capitalisme est né au cours de la révolution industrielle, vous êtes en retard de trois ou quatre siècles. Pour que cette révolution advienne, il a fallu beaucoup de signes avant-coureurs. Par exemple, l’idée de la division du travail était déjà à l’oeuvre dans les plantations de cannes à sucre à Madère à la fin du XIVème siècle ! Toutes les innovations dont on pense qu’elles proviennent de la révolution industrielle étaient déjà en place quand les Portugais ont apporté la production de sucre, l’esclavage et la finance à Madère.

    Quant à la division du monde entre nature et société, il s’agit là du péché conceptuel originel du capitalisme. Toutes les civilisations humaines ont une façon d’opérer une distinction entre « eux » et « nous », mais séparer le monde entre nature et société permet de dire quels humains peuvent faire partie de la société, et d’estimer qu’on est autorisé à exploiter le reste du monde. Les colons arrivant en Amérique considéraient ceux qu’ils ont baptisé « Indiens » comme des « naturales ». Dans une lettre à Isabelle Iʳᵉ de Castille et Ferdinand II d’Aragon, Christophe Colomb se désole de ne pouvoir estimer la valeur de la nature qu’il a devant lui aux Amériques. Il écrit aussi qu’il reviendra avec le plus d’esclaves possibles : il voit certains hommes et la nature comme des denrées interchangeables car ils ne font pas partie de la société. Cette frontière entre nature et société est propre au capitalisme, et c’est pourquoi il peut utiliser les ressources fournies par la nature tout en la considérant comme une immense poubelle.

    Le capitalisme fait partie, selon vous, d’une écologie-monde, un concept forgé par votre co-auteur. En quoi ?

    Nous nous inspirons de Fernand Braudel et du concept d’économie-monde. En résumé, l’historien explique que si l’on veut comprendre comment fonctionne le monde, on ne peut pas prendre l’Etat-nation comme unité fondamentale d’analyse. Il faut comprendre que cet endroit est défini par son rapport aux autres endroits, tout comme les humains sont définis par leurs relations aux autres humains. On doit également penser au système dans lequel le pays que l’on étudie se trouve.

    L’économie n’est qu’une façon de penser la relation entre les humains et le tissu du vivant. Par exemple, Wall Street est une façon d’organiser le monde et la nature. Les traders qui y travaillent font de l’argent en faisant des choix, et en les imposant via la finance et la violence qui lui est inhérente. Le tout pour structurer les relations entre individus et entre les humains et le monde extra-naturel. Ce que nous faisons, c’est que nous replaçons tout cela dans son écologie, et c’est pourquoi le concept d’écologie-monde fait sens. Si vous vous intéressez à la façon dont les humains sont reliés les uns aux autres, vous devez choisir la focale d’analyse la plus large possible.

    Vous dites qu’il est plus facile d’imaginer la fin du la planète que la fin du capitalisme. Pourquoi ?

    J’expliquais dernièrement à mes étudiants que nous avons jusqu’à 2030 si l’on veut parvenir à une économie neutre en carbone. Et ils étaient désespérés et désemparés. Ce désespoir est un symptôme du succès du capitalisme, en cela qu’il occupe nos esprits et nos aspirations. C’est pourquoi il est, selon moi, plus facile d’envisager la fin du monde que celle du capitalisme. On peut aller au cinéma et y admirer la fin du monde dans tout un tas de films apocalyptiques. Mais ce qu’on ne nous montre pas, ce sont des interactions différentes entre les humains et la nature, que certaines civilisations encore en activités pratiquent actuellement sur notre planète.

    Je vis aux Etats-Unis, et tous les matins mes enfants doivent prêter serment et répéter qu’ils vivent dans « une nation en Dieu » [NDLR : « One nation under God »]. Mais les Etats-Unis reconnaissent en réalité des centaines de nations indigènes, ce que l’on veut nous faire oublier ! Tous les jours, on nous apprend à oublier qu’il y existe d’autres façons de faire les choses, d’autres possibilités. Cela ne me surprend pas que certains estiment impossible de penser au-delà du capitalisme, même si les alternatives sont juste devant nous.

    Parmi ces alternatives, il y en a une qui ne trouve pas grâce à vos yeux : celle du progrès scientifique, incarnée en ce moment par certains entrepreneurs comme Elon Musk.

    Ce que je ne comprends pas, c’est que ceux que nous considérons comme nos sauveurs sont issus du passé. Beaucoup pensent qu’Elon Musk va sauver le monde, et que nous allons tous conduire des Tesla dans la joie. Mais si on regarde ce qui rend possible la fabrication des Tesla, on retrouve nos sept choses « cheap » ! Les travailleurs sont exploités, notamment ceux qui travaillent dans les mines pour extraire les métaux rares nécessaires aux batteries. Et Musk lui-même s’attache à éliminer les syndicats... Je suis inquiet du fait que l’on fonde nos espoirs sur ces messies.

    Des initiatives comme celle du calcul de son empreinte écologique ne trouvent pas non plus grâce à vous yeux. Pourquoi ?

    Parce qu’il s’agit d’un mélange parfait entre le cartésianisme et la pensée capitaliste. C’est une façon de mesurer l’impact que vous avez sur la planète en fonction de vos habitudes alimentaires ou de transport. À la fin du questionnaire, on vous livre une série de recommandations personnalisées, qui vous permettent de prendre des mesures pour réduire votre empreinte écologique. Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de mal à ça ? Evidemment, je suis d’accord avec le fait qu’il faudrait que l’on consomme moins, particulièrement dans les pays développés.

    Pourtant, présenter le capitalisme comme un choix de vie consiste à culpabiliser l’individu au lieu de condamner le système. C’est la même logique qui prévaut derrière la façon dont on victimise les individus en surpoids alors que leur condition n’a pas grand chose à voir avec leurs choix individuels, mais plutôt avec leurs conditions d’existence. On ne pourra pas non plus combattre le réchauffement climatique en recyclant nos déchets ! Du moins, pas uniquement. En mettant l’accent sur le recyclage, on sous-estime l’immensité du problème, mais aussi notre propre pouvoir. Parce que si vous voulez changer de système, ça ne passera pas par ce que vous mettez dans votre caddie, mais par le fait de s’organiser pour transformer la société. Et c’est l’unique façon dont une société peut évoluer. Personne n’est allé faire les courses de façon responsable pour mettre un terme à l’esclavage ! Personne n’est sorti de chez lui pour acheter de bons produits afin que les femmes obtiennent le droit de vote ! Tout cela dépasse le niveau des consommateurs. Il va falloir s’organiser pour la transformation, c’est la seule façon de combattre.

    C’est pour ça que le dernier mot de votre livre est « révolution » ?

    Si nous continuons comme ça, la planète sur laquelle nous vivons sera en grande partie inhabitable. Si je vous dis que j’ai l’idée révolutionnaire de transformer le monde pour le rendre inhabitable, vous me répondrez qu’il faudrait que j’évite de faire ça. Le problème, c’est que si je vous dis que j’ai l’idée révolutionnaire de se détourner du capitalisme pour vivre mieux qu’aujourd’hui, vous me diriez la même chose. On choisit sa révolution. Soit on essaye de maintenir les choses comme elles sont, avec leur cortège d’exploitation, de racisme et de sexisme, la sixième extinction de masse, et la transformation écologique pour prétendre que tout va bien se passer. Soit on accueille le changement à venir, et on tente de s’y connecter.

    Les systèmes sociaux meurent rapidement. Le féodalisme a par exemple disparu pendant une période de changement climatique et d’épidémies. Plusieurs expériences ont été tentées pour remplacer le féodalisme, et parmi elles, c’est le capitalisme qui a gagné. Ce que je veux dire, c’est que nous pouvons choisir le monde que nous voulons construire maintenant pour être capables de supporter l’après-capitalisme. On peut choisir sa révolution, mais la chose qu’on ne peut pas choisir, c’est de l’éviter. Le capitalisme nous rend aveugles à la révolution qu’il opère lui-même à la surface de la planète en ce moment.

    Donc, selon vous, il faudrait se tourner vers le concept d’écologie-monde pour reprendre espoir ?

    Une partie de ce que l’on voulait faire avec Comment notre monde est devenu cheap, c’était d’articuler théoriquement ce qui est déjà en train d’advenir. Je suis très inspiré par ce que met en place le mouvement paysan La Via Campesina. Ce mouvement international qui regroupe des petits paysans fait un travail incroyable, notamment en Amérique du Sud, en promouvant l’agroécologie.

    L’agro-écologie est un moyen de cultiver la terre qui est totalement à l’opposé de l’agriculture industrielle. Au lieu de transformer un champ en usine en annihilant toute la vie qui s’y trouve, vous travaillez avec la nature pour mettre en place une polyculture. Cela vous permet de lutter contre le réchauffement en capturant plus de carbone, et de vous prémunir contre ses effets en multipliant le type de récoltes. Enfin, vous vous organisez socialement pour soutenir le tout et gérer les ressources et leur distribution, ce qui ne peut se faire sans combattre le patriarcat. Voilà un exemple de mouvement fondé autour d’une lutte contre l’OMC et qui a évolué en une organisation qui combat les violences domestiques, le patriarcat et le réchauffement climatique. C’est un exemple concret, et presque magique, d’intersection entre les choses « cheap » que nous évoquons dans notre livre. Et tout cela est rendu possible parce que le mouvement est autonome et pense par lui-même, sans s’appuyer sur de grands espoirs, mais sur l’intelligence de chaque paysan.

    Votre livre compte 250 pages de constat, pour 10 pages de solution. Est-ce qu’il est vraiment si compliqué que ça d’accorder plus de place aux solutions ?

    Il y a déjà des organisations qui travaillent sur des solutions. Mais pour comprendre leur importance et pourquoi elles se dirigent toutes vers une rupture d’avec le capitalisme, on s’est dit qu’il était de notre devoir de regrouper un certain nombre d’idées qui parcourent le monde universitaire et le travail de nos camarades au sein des mouvements sociaux. Notre rôle me semble être de théoriser ce qui se passe déjà, et de nourrir nos camarades intellectuellement. Et ces sept choses « cheap » pourraient être une nouvelle manière d’appréhender nos systèmes alimentaires et tout ce que l’on décrit dans l’ouvrage, mais pas seulement. Le cadre théorique pourrait aussi s’appliquer à la finance, au patriarcat ou au racisme, et permettre aux mouvements en lutte de se rendre compte qu’il faut qu’ils se parlent beaucoup plus. Nous n’avions pas l’objectif de faire un catalogue de solutions, encore moins un programme politique : beaucoup d’acteurs engagés font déjà de la politique, et c’est vers eux qu’il faut se tourner si vous voulez changer les choses maintenant, sans attendre l’effondrement.

    https://usbeketrica.com/article/changer-de-systeme-ne-passera-pas-par-votre-caddie
    #intersectionnalité #mouvements_sociaux #post-capitalisme #capitalisme #alternatives #nature #responsabilité #résistance

    • Comment notre monde est devenu cheap

      « Cheap » ne veut pas simplement dire « bon marché ». Rendre une chose « #cheap » est une façon de donner une valeur marchande à tout, même à ce qui n’a pas de #prix. Ainsi en va-t-il d’un simple nugget de poulet. On ne l’achète que 50 centimes, alors qu’une organisation phénoménale a permis sa production : des animaux, des plantes pour les nourrir, des financements, de l’énergie, des travailleurs mal payés…
      Déjà, au XIVe siècle, la cité de Gênes, endettée auprès des banques, mettait en gage le Saint Graal. Christophe Colomb, découvrant l’Amérique, calculait ce que valent l’eau, les plantes, l’or… ou les Indiens. Au XIXe siècle, les colons britanniques interdisaient aux femmes de travailler pour les cantonner aux tâches domestiques gratuites. Jusqu’à la Grèce de 2015, qui remboursait ses dettes en soldant son système social et ses richesses naturelles.
      Le capitalisme a façonné notre monde : son histoire, d’or et de sang, est faite de conquêtes, d’oppression et de résistances. En la retraçant sous l’angle inédit de la « cheapisation », Raj Patel et Jason W. Moore offrent une autre lecture du monde. De cette vision globale des crises et des luttes pourrait alors naître une ambition folle : celle d’un monde plus juste.

      https://editions.flammarion.com/Catalogue/hors-collection/documents-temoignages-et-essais-d-actualite/comment-notre-monde-est-devenu-cheap

      #livre

  • Jean-Baptiste Fressoz, Pour une lecture politique des systèmes énergétiques, 2014
    À propos de Timothy Mitchell, Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole, traduit de l’anglais par Christophe Jaquet, Paris, La Découverte, 2013
    https://sniadecki.wordpress.com/2018/04/05/fressoz-mitchell

    Le livre tire sa force de son attention aux formes matérielles de la production : le charbon (contrairement au pétrole) doit être extrait des mines morceau par morceau, chargé dans des convois, transporté par voie ferrée ou fluviale, puis chargé de nouveau dans des fourneaux, fourneaux que des chauffeurs doivent alimenter, surveiller et nettoyer. La pesanteur du charbon donnait ainsi aux mineurs le pouvoir d’interrompre le flux énergétique alimentant l’économie. Leurs revendications, jusqu’alors constamment réprimées, durent enfin être prises en compte : à partir des années 1880, les grandes grèves minières contribuèrent à l’émergence de syndicats et de partis de masse, à l’extension du suffrage universel et à l’adoption des lois d’assurance sociale. Une fois prise en compte l’affinité historique entre charbon, démocratisation et avancées sociales, la transition énergétique vers le pétrole prend un sens politique intéressant. Par exemple, selon l’auteur, l’un des objectifs du plan Marshall était d’affaiblir les syndicats de mineurs pour ancrer l’Europe de l’Ouest dans le camp occidental. Les fonds de l’European Recovery Program servirent ainsi à l’achat de pétrole (premier poste de dépense), à la construction de raffineries ou au développement de l’industrie automobile. Pipelines et tankers, en réduisant les ruptures de charge, créaient un réseau énergétique beaucoup moins intensif en travail, plus flexible et résolument international. L’approvisionnement énergétique du capitalisme industriel, dorénavant global (dans les années 1970, 80 % du pétrole était exporté), rendait ce dernier beaucoup moins vulnérable aux revendications des travailleurs nationaux.

    #démocratie #énergie #charbon #pétrole #Histoire #mouvements_sociaux #politique #flux #gestion_des_flux #Jean-Baptiste_Fressoz #Timothy_Mitchell #recension

  • Un revers pour #Deliveroo en #Belgique
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/260318/un-revers-pour-deliveroo-en-belgique

    Un coursier Deliveroo, le 7 avril 2017 à Paris. © Reuters / Charles Platiau. Selon une institution belge, les modalités de travail proposées par la plateforme Deliveroo « sont incompatibles avec une qualification de travail indépendant ». C’est une victoire pour le collectif de travailleurs mobilisés contre Deliveroo depuis des mois en Belgique.

    #Economie #mouvements_sociaux #social

  • A #londres, #Uber est en difficulté
    https://www.mediapart.fr/journal/international/210318/londres-uber-est-en-difficulte

    Un taxi traditionnel à Londres, le 24 septembre 2017. © Reuters / Eddie Keogh La justice britannique a donné raison à un groupe de chauffeurs contre l’entreprise californienne, à deux reprises depuis octobre 2016. Au centre de l’action en justice se trouve le droit des chauffeurs à un salaire minimum et à des congés payés. Deuxième volet de notre série sur les batailles de l’ubérisation en Europe.

    #International #Economie #mouvements_sociaux #Royaume-Uni #taxis #ubérisation

  • En #Belgique, #Deliveroo gagne la première manche
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/190318/en-belgique-deliveroo-gagne-la-premiere-manche

    Un coursier Deliveroo, le 7 avril 2017 à Paris. © Reuters / Charles Platiau. Manifestations, grèves, occupation. Des coursiers belges ont tout tenté face à Deliveroo. Ils ont perdu. Mais le conflit s’est déplacé sur le terrain juridique. L’entreprise a-t-elle le droit d’imposer le statut d’indépendant à l’ensemble des livreurs à vélo ? L’enjeu est crucial pour le droit du travail belge… et au-delà.

    #Economie #mouvements_sociaux #social

  • En #Belgique, #Deliveroo a gagné la première manche d’un long bras de fer #social
    https://www.mediapart.fr/journal/international/190318/en-belgique-deliveroo-gagne-la-premiere-manche-d-un-long-bras-de-fer-socia

    Un coursier Deliveroo, le 7 avril 2017 à Paris. © Reuters / Charles Platiau. Manifestations, grèves, occupation. Des coursiers belges ont tout tenté face à Deliveroo. Ils ont perdu. Mais le conflit s’est déplacé sur le terrain juridique. L’entreprise a-t-elle le droit d’imposer le statut d’indépendant à l’ensemble des livreurs à vélo ? L’enjeu est crucial pour le droit du travail belge… et au-delà.

    #International #mouvements_sociaux

  • Manifester pour lever la « chape de plomb » des violences sexistes au travail
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070318/manifester-pour-lever-la-chape-de-plomb-des-violences-sexistes-au-travail

    À l’occasion de la journée du droit des #femmes, ce #8_mars, de nombreuses manifestations, et une grève, sont organisées pour dénoncer les #discriminations et les violences faites aux femmes dans le cadre professionnel. Un collectif de 29 associations et syndicats a organisé une consultation, aux résultats édifiants.

    #France #Economie #journée_du_droit_des_femmes #manifestation #mouvements_sociaux

  • Mélenchon mise sur la gauche radicale italienne
    https://www.mediapart.fr/journal/international/030318/melenchon-mise-sur-la-gauche-radicale-italienne

    Distribution de tracts d’une militante de #Potere_al_Popolo !, à Gênes en février 2018. © Amélie Poinssot. Potere al Popolo ! est une coalition de #mouvements_sociaux et de petits partis de gauche née de la mobilisation d’un centre social à Naples. Elle devrait réaliser un score confidentiel aux législatives, ce dimanche 4 mars. Mais elle a pu compter sur un soutien de poids pendant sa campagne : Jean-Luc Mélenchon. Explications.

    #International #insoumis #Italie #Jena-Luc_Mélenchon #Libres_et_égaux

  • Aux législatives italiennes, Mélenchon mise sur la gauche radicale
    https://www.mediapart.fr/journal/international/030318/aux-legislatives-italiennes-melenchon-mise-sur-la-gauche-radicale

    Distribution de tracts d’une militante de #Potere_al_Popolo !, à Gênes en février 2018. © Amélie Poinssot. Potere al Popolo ! est une coalition de #mouvements_sociaux et de petits partis de gauche née de la mobilisation d’un centre social à Naples. Elle devrait réaliser un score confidentiel aux législatives, ce dimanche 4 mars. Mais elle a pu compter sur un soutien de poids pendant sa campagne : Jean-Luc Mélenchon. Explications.

    #International #insoumis #Italie #Jena-Luc_Mélenchon #Libres_et_égaux

  • Entre #Notre-Dame-des-Landes et le #Larzac, une longue histoire de soutien
    https://www.mediapart.fr/journal/france/100218/entre-notre-dame-des-landes-et-le-larzac-une-longue-histoire-de-soutien

    Préparation de la fête de la victoire de Notre-Dame-des-Landes, le 9 février 2018 (©Vladimir Vasiliev) Des milliers de personnes sont attendues à Notre-Dame-des-Landes samedi 10 février pour la fête de la victoire, au lendemain de l’expiration de la déclaration d’utilité publique de l’aéroport. Ces quarante ans de lutte doivent autant au Larzac que des mobilisations du Grand Ouest.

    #France #agriculture #Ecologie #mouvements_sociaux

  • Entre #Notre-Dame-des-Landes et le #Larzac, une longue histoire de soutiens
    https://www.mediapart.fr/journal/france/100218/entre-notre-dame-des-landes-et-le-larzac-une-longue-histoire-de-soutiens

    Préparation de la fête de la victoire de Notre-Dame-des-Landes, le 9 février 2018 (©Vladimir Vasiliev) Des milliers de personnes sont attendues à Notre-Dame-des-Landes samedi 10 février pour la fête de la victoire, au lendemain de l’expiration de la déclaration d’utilité publique de l’aéroport. Ces quarante ans de lutte doivent autant au Larzac que des mobilisations du Grand Ouest.

    #France #agriculture #Ecologie #mouvements_sociaux

  • Le droit à l’information
    http://www.laviedesidees.fr/Un-ouvrage-revient-sur-le-processus-d-elaboration.html

    Un ouvrage revient sur le processus d’élaboration du droit à l’information en Inde. Il révèle que le rôle de la société civile a été exagéré au détriment de celui de l’État, et des acteurs internationaux, afin de servir la portée symbolique du droit à l’information et sa valeur de manifestation de la vitalité de la démocratie indienne.

    Livres & études

    / #information, #droits_de_l'homme, #élites, #mouvements_sociaux

    #Livres_&_études

  • How Protest Works - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2017/10/21/opinion/sunday/how-protest-works.html

    When social scientists do uncover evidence of a movement’s influence, we have tended to focus on three main pathways by which movements gain power: cultural, disruptive and organizational. On its own, each pathway turns out to be limited in its effect. But movements that have managed to combine all three, such as the civil rights movement in the 1950s and ’60s, have had lasting impact.

    How does a movement manage to combine cultural, disruptive and organizational power? In some cases, this is accomplished through a division of labor. For example, in the civil rights movement, prominent leaders linked the language of rights, the symbols and rituals of the black church, and the Gandhian approach to civil disobedience; student activists fueled disruption through direct-action protests; and the National Association for the Advancement of Colored People, with hundreds of local organizations and leaders across the country, challenged the powers supporting the status quo in their communities and through the courts.

    #Mouvements_sociaux #Organisation #Activisme

  • Demain à Nantes : « Genèse d’archives photographiques militantes : enquête et problèmes d’enquête ».
    http://www.msh.univ-nantes.fr/39153318/0/fiche___actualite/&RH=1459760605895

    Première journée d’étude, jeudi 28 septembre, entre 10h et 16h30, dans les locaux de la Maison des sciences de l’homme (MSH-Ange Guépin), près du stade Marcel Saupin. L’entrée est libre et les débats sont ouverts au public.

    Avec notamment Xavier Nerrière de PUI http://lespui.eu, André Gunthert de « L’image sociale » https://imagesociale.fr ...

    #photo #pratique #militance #mouvements_sociaux #représentation #image_sociale

  • Gallo Lassere Davide, Contre la #loi_travail et son monde. Argent, #précarité et #mouvements_sociaux, Eterotopia, coll. « À présent », 2016, 104 p.

    Ce premier essai théorico-politique publié après la mobilisation contre la « loi travail » du printemps 2016 en France allie théorie critique et analyse immanente d’un conflit social. Le contexte dans lequel se situe le livre de Davide Gallo Lassere est bien connu. Dans une situation marquée, d’un côté, par la restructuration néolibérale du marché du travail accentuée pendant le dernier quinquennat et, de l’autre, par l’état d’urgence et les politiques qui tendent à devenir une forme de gouvernement « normale » du capitalisme1, les énergies produites par le mouvement d’opposition à la « loi El Khomri » ont représenté un souffle culturel et social nouveau. Une mobilisation commencée sous le signe de l’activité syndicale la plus traditionnelle s’est transformée en un mouvement inscrit dans le cycle de lutte mondial qui a commencé en 2011. Pour l’auteur, la dialectique entre la participation incandescente des secteurs précarisés de la jeunesse, l’élan vers l’expérimentation de démocratie directe de « #Nuit_Debout » et la combattivité de la base syndicale a été le dénominateur commun du mouvement.


    https://teth.revues.org/961
    #livre #France

  • http://www.zones-subversives.com/2017/07/sophie-wahnich-et-la-democratie.html

    La gauche intellectuelle et politique apparaît comme un tas de ruines. L’histoire et l’imaginaire universaliste de la Révolution française peuvent lui donner un nouveau souffle. Mais ce sont uniquement les luttes sociales qui permettent de transformer le monde.


    https://www.editions-lignes.com/LE-RADEAU-DEMOCRATIQUE.html
    @vacarme #Zones_subversives #mouvements_sociaux #éditions_lignes

    • La « gauche » en ruine c’est le PS ? Parceque je trouve qu’en ce moment la gauche intellectuelle et politique se porte plutôt mieux qu’il y a quelques années mais c’est probablement une déformation causé par ma fréquentation de seenthis.

      Édit : j’ai fini par lire l’article que je commentais. C’est vraiment dommage que cette historienne fasse une impasse total sur la question des femmes. Je suis aussi un peu gêné par cette affirmation « Mais l’historienne reste pourtant distante d’une gauche autoritaire à la Mélenchon. »
      L’historienne parle de nuit debout comme d’un renouveau, il me semble que c’est chez les Insoumis qu’on retrouve ce mouvement et que Mélanchon a su mettre d’autres que lui en avant lors de la dernière campagne présidentielle et surtout aux législatives.


    • http://tempscritiques.free.fr/spip.php?page=ouvrage&id_ouvrage=10

      La première édition de ce livre date de 1987.(Nautilus)
      Dans une première partie, l’auteur mettait en évidence l’échec de la théorie du prolétariat à saisir les transformations du rapport social et la crise de représentation de ce prolétariat par ses médiations traditionnelles (syndicats, partis, références aux pays du bloc socialiste). Ceci était analysé à l’aune de la défaite du dernier assaut révolutionnaire de notre temps (1968-1978). Dans une seconde partie, il cherchait à mettre en rapport ce contexte et le phénomène de la lutte armée tel qu’il s’est développé, en RFA et en Italie surtout, mais aussi en France, comme réponse à ce vide politique.
      On pourrait penser ces questions dépassées, aujourd’hui que l’idée même de révolution semble avoir été enterrée. Nous pensons qu’il n’en est rien et cela pour au moins deux raisons : la première est que si ces mouvements de lutte armée ont été défaits, ils ont posé à leur manière et dans leurs limites la question du rapport entre mouvement de lutte, légalité et violence sociale ; la seconde est que l’Etat lui-même relance sans arrêt la question de ce niveau de violence légitime, mais à son profit cette fois, en criminalisant la moindre lutte (anti-G8 à Gênes, arrachage d’OGM, « affaire Tarnac », « usagers pris en otage » par les grévistes des transports publics) et en répandant partout la peur des nouvelles classes dangereuses.

      Préface : http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article249#_ftn26
      #ultra_gauche #anarchisme #autogestion #gauchisme
      #École_de_Francfort
      source : http://blog.tempscritiques.net/archives/1897#footnote_6_1897

  • Naomi Klein : « Le cabinet de copains de Trump a peut-être l’air très fort, mais ces gens ont peur » Solidaire - Naomi Klein - 15 Février 2017

    L’activiste canadienne Naomi Klein voit dans le nouveau gouvernement des États-Unis un coup d’État très clair des grandes entreprises. Dans un article qu’elle a écrit pour The Nation et que nous publions ci-dessous traduit en français, elle explique comment ce coup d’État a été inspiré par la peur. En effet, dans le monde entier, l’influence des mouvements sociaux qui menacent les intérêts de l’establishment ne cessent de croître. Klein estime donc que ces mouvements ont désormais une tâche difficile mais nécessaire. Et que « nous pouvons toujours les vaincre ».

    Zoomons sur Washington et observons ce qui s’y passe. Les gens qui possèdent déjà une part absolument obscène de la richesse de notre planète, et dont la fortune ne cesse d’augmenter d’année en année – les derniers chiffres montrent que huit hommes possèdent autant que la moitié de l’humanité –, sont bien déterminés à s’emparer d’encore davantage. Les personnalités-clés qui composent le cabinet de Donald sont non seulement des ultra-riches, mais ces individus ont amassé leur argent en nuisant aux personnes les plus vulnérables de notre planète, et à la planète elle-même. Cela fait apparemment partie du profil requis pour le job.

    Les gens qui possèdent déjà une part absolument obscène de la richesse de notre planète sont bien déterminés à s’emparer d’encore davantage.
    Il y a le banquier des produits pourris, Steve Mnuchin, le choix de Trump pour occuper les fonctions de ministre van Finances. Sa « machine à expulsions », illégale, a mis des dizaines de milliers de gens à la porte de leur logement.

    Passons des hypothèques à la malbouffe, c’est-à-dire à Andrew Puzder, que Trump a nommé ministre de l’Emploi. En tant que CEO de son empire du fast-food, cela ne lui suffisait pas de payer ses travailleurs d’un salaire scandaleux tout à fait insuffisant pour vivre, mais son entreprise a également été condamnée pour vol dans divers procès : des travailleurs n’étaient pas payés pour leur tâche et pour leurs heures supplémentaires.

    Après la malbouffe, la fausse science. Pour diriger les Affaires étrangères, Trump a désigné Rex Tillerson. En tant que cadre de direction puis CEO d’Exxon Mobil, Tillerson a financé des recherches prétendument scientifiques et en amplifié la diffusion, tout en exerçant en coulisses un lobbying intense contre les actions internationales totalement pertinentes en faveur du climat. Ces manœuvres ont fortement contribué au fait que le monde a perdu des décennies pour sortir des combustibles fossiles et ont grandement accéléré la crise climatique. En conséquence, d’innombrables personnes perdent déjà actuellement leur habitation à cause de tempêtes et de la montée du niveau des océans, meurent à cause de sécheresses et de canicules et, au bout du compte, des millions de gens verront leur pays être submergé par les eaux. Comme toujours, les gens qui sont frappés en premier lieu et le plus fortement sont les plus pauvres, et essentiellement des non-Blancs.

    Des logements volés. Des salaires volés. Des cultures et des pays volés. Tout cela est immoral. Et tout cela rapporte énormément d’argent.

    Sous le feu
    Mais un contre-courant populaire s’est développé. Et c’est précisément la raison pour laquelle ce gang de CEO – et les secteurs dont ils sont issus – se sont inquiétés à juste titre de voir leur fête approcher de la fin. Ils ont pris peur. Les banquiers comme Mnuchin se rappellent l’écroulement financier de 2008, lors duquel on a ouvertement parlé de nationalisation des banques. Ils ont assisté à la montée du mouvement Occupy et vu la résonance qu’a eue le message anti-banques de Bernie Sanders durant sa campagne.

    Des patrons du secteur des services comme Andrew Puzder ont une peur bleue de la force croissante de Fight for $15 (le mouvement qui lutte pour le salaire horaire minimum de 15 dollars, NdlR), qui a engrangé des victoires dans des villes et des États de tout le pays. Et, si Bernie avait gagné cette primaire qui fut étonnamment serrée, le mouvement aurait bien pu avoir un champion à la Maison blanche. On peut imaginer l’effroi que cela représente pour un secteur qui repose fondamentalement sur l’exploitation du travail afin de maintenir les prix très bas et les profits très hauts.

    Il ne faut pas se leurrer : le mouvement pour le climat constitue pour Exxon Mobil une menace existentielle.
    Et personne n’a plus de raisons de craindre la montée des mouvements sociaux que Tillerson. Suite à l’essor mondial du mouvement pour le climat, Exxon Mobil est sous le feu sur tous les fronts. Des oléoducs transportant son pétrole sont bloqués non seulement aux Etats-Unis mais aussi ailleurs dans le monde. Les campagnes pour le désinvestissement s’étendent comme des feux de forêt et entraînent l’incertitude pour les marchés. Et, au cours de l’année dernière, diverses tromperies effectuées par Exxon ont fait l’objet d’enquêtes judiciaires. Il ne faut pas se leurrer : le mouvement pour le climat constitue pour Exxon Mobil une menace existentielle. Les objectifs concernant le réchauffement de la Terre figurant dans les accords climatiques de Paris sont totalement incompatibles avec la consommation de tous les combustibles fossiles que des entreprises comme Exxon ont dans leurs réserves, ce qui constitue la source de leur valeur sur le marché. C’est pourquoi les propres actionnaires d’Exxon ont posé de plus en plus de questions embêtantes pour savoir s’ils étaient sur le point de se retrouver avec des paquets d’actions n’ayant plus aucune valeur.

    Le monde de l’entreprise prend le contrôle du gouvernement
    Telle est la toile de fond de la victoire de Trump. Nos mouvements ont commencé à gagner. Je ne dis pas qu’ils étaient assez forts. Ils ne l’étaient pas. Je ne dis pas que nous étions suffisamment unis. Nous ne l’étions pas. Mais quelque chose était bel et bien en train de basculer. Et, plutôt que de courir le risque que les mouvements continuent à progresser, ce gang de porte-parole de l’industrie des combustibles fossiles, de colporteurs de malbouffe et de prêteurs prédateurs se sont alliés pour prendre le contrôle du gouvernement et protéger leurs richesses mal acquises.

    Trump et ses lieutenants rigolent bien des faibles protestations quant aux conflits d’intérêts – toute l’affaire n’est qu’un seul très grand conflit d’intérêts.
    Que ce soit clair : ceci n’est pas un changement pacifique du pouvoir. C’est une prise de contrôle des commandes par le monde de l’entreprise. Ceux qui achetaient les deux plus grands partis pour défendre leurs intérêts ont décidé qu’ils en avaient marre de jouer le jeu. Apparemment, tous ces dîners fins avec les politiciens, toutes ces cajoleries et pots-de-vin légalisés insultaient leur sentiment de pouvoir de droit divin.

    Désormais, ils suppriment l’intermédiaire et font ce que tout grand chef fait quand il veut que quelque chose soit fait comme il l’entend : ils le font eux-mêmes. C’est Exxon qui est ministre des Affaires étrangères. C’est Hardee qui est ministre de l’Emploi. C’est General Dynamics qui est ministre de la Défense. Et, pour tout le reste, ce sont les types de Goldman Sachs. Après avoir privatisé l’État par petits morceaux pendant des décennies, ils ont décidé de s’emparer du gouvernement lui-même. La dernière frontière du néolibéralisme. C’est pourquoi Trump et tous ses lieutenants qu’il a nommés rigolent bien des faibles protestations quant aux conflits d’intérêts – toute l’affaire n’est qu’un seul très grand conflit d’intérêts.

    Surfer sur la peur de Trump
    Bon, alors, que faisons-nous ? En premier lieu, nous devons toujours nous rappeler leurs faiblesses, même s’ils exercent le pouvoir de manière brute. La raison pour laquelle le masque est tombé et que nous voyons maintenant sans fard la manière dont les grandes entreprises dirigent les choses, ce n’est pas parce que ces grandes entreprises se sentaient toutes-puissantes, c’est parce qu’elles étaient en panique.

    Une partie de la base de Trump regrette déjà son vote, et cette partie ne fera qu’augmenter.
    En outre, une majorité d’Américains n’a pas voté pour Trump. 40 % sont restés chez eux et parmi ceux qui sont allés voter, une nette majorité a voté pour Clinton. Trump a gagné grâce à un système truqué. Et même dans ce système, il n’a pas gagné. Ce sont Clinton et l’establishment du Parti démocrate qui ont perdu. Trump n’a pas gagné avec un enthousiasme débordant et un haut pourcentage de voix. L’establishment du Parti démocrate n’a pas jugé important de mener campagne autour d’améliorations concrètes de la vie des gens. Ils n’avaient pour ainsi dire rien à offrir aux gens dont la vie a été ruinée par les attaques néolibérales. Ils ont pensé qu’ils pouvaient surfer sur la peur de Trump, et cela n’a pas marché.

    La bonne nouvelle, c’est : tout ceci rend Donald Trump incroyablement vulnérable. C’est le type qui est arrivé au pouvoir en racontant les plus gros et les plus éhontés de mensonges, en se vendant comme le champion des travailleurs qui s’opposerait enfin au pouvoir des grandes entreprises et à leur influence à Washington. Une partie de sa base regrette déjà son vote, et cette partie ne fera qu’augmenter.

    L’heure est à l’optimisme
    Qu’est-ce qui nous attend d’autre ? Ce gouvernement va très vite tomber sur le dos de tout le monde. On parle d’un budget du « choc et de l’effroi », (« shock and awe » est un terme militaire qui désigne l’écrasement de l’adversaire et l’anéantissement de sa volonté de combattre par l’emploi d’une très grande puissance de feu et des démonstration de force spectaculaires, NdlR) : en dix ans, 10 trillions ( c’est-à-dire 10 milliards de milliards) de dollars seront supprimés. La tronçonneuse sévira sur tout, des programmes contre la violence envers les femmes aux arts, du soutien aux énergies renouvelables aux polices de proximité. Ils pensent clairement que cette stratégie de Blitzkrieg va nous renverser. Mais ils pourraient être surpris – cela pourrait bien tous nous unir pour une cause commune. Si l’ampleur de la Marche des femmes en est un signe, nous sommes alors bien partis.

    Ce gouvernement va très vite tomber sur le dos de tout le monde.
    Construire des coalitions solides en des temps de politique de bunker est un dur travail. Il faut affronter des questions difficiles avant que le progrès soit possible. Et le financement de fondations et la culture de la célébrité parmi les activistes peuvent monter les gens et les mouvements les uns contre les autres au lieu d’encourager la collaboration. Mais les difficultés ne peuvent pas mener au désespoir. Pour reprendre une phrase populaire de la gauche en France, « l’heure est à l’optimisme, laissons le pessimisme pour des temps meilleurs ».

    Personnellement, je ne peux pas vraiment mobiliser de l’optimisme. Mais, en ce moment où tout est menacé, nous pouvons et nous devons faire appel à notre détermination la plus inébranlable.

    Naomi Klein

    #Naomi_Klein #Etats_Unis #Trump #Peur #mouvements_sociaux #establishment #Steve_Mnuchin #malbouffe #Andrew_Puzder #fausse_science #Rex_Tillerson #Exxon_Mobil #Climat #vol #CEO #Mnuchin #Andrew_Puzder #prêteurs_prédateurs #General_Dynamics #Goldman_Sachs #Hardee #shock_and_awe #Blitzkrieg


    • À propos de : Francis Dupuis-Déri, La peur du peuple ...

      Repenser le peuple, son pouvoir et son histoire

      Dans un premier chapitre définitionnel, intitulé « Qu’est-ce qu’un peuple ? », Dupuis-Déri distingue cinq sens principaux du mot « peuple » : le « peuple mythique » du contrat social qui quitte l’état de nature en fondant l’État ; le « peuple juridique », c’est-à-dire l’ensemble formé par les citoyens que reconnaît administrativement un État ; le « peuple-identité », soit la communauté homogène d’un point de vue ethnique ; le « peuple social » fait référence à l’ensemble des « classes sociales subalternes » opposé à l’élite dominante. Chacun de ces quatre « peuples » n’a pas de lien intrinsèque avec la démocratie directe car ils ne désignent pas un peuple qui chercherait à se gouverner lui-même ; en revanche – c’est surtout le cas du « peuple-identité » et du « peuple-social » – ils peuvent faire l’objet de « démophilie », selon la formule de Giovanni Sartori, de la part de chefs populistes qui entendent s’appuyer sur le peuple pour le gouverner. Se différenciant de ces quatre définitions, la cinquième définition du « peuple politique » renvoie précisément à un peuple qui « s’assemble pour délibérer » et tente de s’autogouverner en refusant toute prétention de l’élite à le gouverner. C’est non sur la base d’une substance mais d’un processus d’action collective qu’il forme un sujet politique. Cependant, la notion de « peuple politique » n’est pas nécessairement exclusive puisque le peuple qui s’assemble peut coïncider avec le « peuple social » ou le « peuple identité » ou des composantes issues de chacun d’eux. Ce qu’est le « peuple » est donc variable et change en fonction des contextes, des rapports de force et des critères inclusifs et exclusifs qui le délimitent...

      #Diaporama #Stratégie #anarchie #anarchisme #gouvernement #histoire #mouvements_sociaux #pouvoir #pouvoir_populaire #Francis_Dupuis_Déri #La_peur_du_peuple

  • Géographie de la lutte
    http://www.laviedesidees.fr/Geographie-de-la-lutte.html

    Les mouvements « Occupy » ont remis en avant l’importance, souvent négligée, de la dimension spatiale des mouvements sociaux. Un ouvrage collectif récent permet de relancer le questionnement sur la diversité de ces usages de l’espace dans les contestations politiques.

    Livres & études

    / #espace, #mobilisation, #militantisme

    #Livres_&_études

  • Quelles nouvelles #masses pour résister à l’ordre capitaliste ?
    http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=6091

    Pour être valides d’un point de vue politique, les critiques du #Capitalisme doivent posséder – ou trouver – une base sociale. Du XIXe au XXe siècle, on nomma « question ouvrière » la critique […]

    #Analyses #Lutte_des_classes_en_Chine #Lutte_des_classes_en_Europe #Classes-sociales #luttes_de_classe #mouvements_sociaux

    • La classe moyenne émergente représentait l’avant-garde du développement capitaliste dans l’Euro-Amérique du XIXe siècle. Plus maintenant. Le capitalisme financier et les compagnies multinationales ont depuis longtemps usurpé ce rôle. Aujourd’hui, les classes moyennes doivent choisir leur camp dans des sociétés ultra-polarisées : soit contre les pauvres avec les oligarques, soit avec le peuple contre les oligarques. Toute critique du capitalisme au XXIe siècle, pour être viable, devra englober une grande partie de la classe moyenne, en abordant certaines de ses préoccupations essentielles tout en cherchant à l’entraîner dans une direction critique et égalitaire. (…) Il faudra dire et marteler la compatibilité de ces préoccupations avec les exigences populaires d’inclusion et d’égalité, et leur incompatibilité avec les pratiques d’élites financières irresponsables, de capitalistes magouilleurs et de régimes corrompus ou autoritaires. Les classes moyennes – en particulier leurs composantes salariées et libérales – sont potentiellement ouvertes aux critiques du capitalisme, notamment celles qui sont liées à l’environnement et à la qualité de vie. Cependant, au vu de l’inconstance politique des classes moyennes, tout virage progressiste nécessitera la mobilisation d’une force populaire majeure au sein des deux premiers courants mentionnés précédemment : les populations pré-capitalistes envahies ou laissées pour compte, et les travailleurs défendant leurs droits dans la sphère de production.

  • Comment la #violence vient aux groupes
    http://www.laviedesidees.fr/Comment-la-violence-vient-aux-groupes.html

    S’appuyant sur les derniers développements de la sociologie des #mouvements_sociaux, Donatella della Porta propose un modèle novateur pour penser les violences armées clandestines. Sans s’encombrer du concept de #terrorisme, elle vise à identifier les divers mécanismes à l’œuvre dans la lutte politique armée.

    Livres & études

    / violence, terrorisme, mouvements sociaux

    #Livres_&_études

  • Le Paris des barricades
    http://www.laviedesidees.fr/Le-Paris-des-barricades.html

    En analysant trois daguerréotypes représentant la rue du Faubourg-du-Temple les 25 et 26 juin 1848, l’historien Olivier Ihl dessine une « géographie barricadière » de Paris et retrace un moment d’histoire urbaine. Ces clichés donnent à voir la matérialisation d’une aventure collective au début de la Deuxième République.

    Livres & études

    / #révolution, #mouvements_sociaux, #photographie

    #Livres_&_études

  • L’après #Orlando : repasser son drapeau
    http://www.minorites.org/index.php/3-lagence/1605-lapres-orlando-repasser-son-drapeau.html
    Où j’apprends un nouveau sigle - #dink - et qu’une boulette de papier, une bombe c’est la même chose.

    Dans une marrée de drapeaux arc-en-ciel, le premier ministre du Québec Philipe Couillard (dont le parti a un historique de corruption à faire pâlir certaines dictatures, à titre informatif), accompagné de ses ministres « de la diversité » (deux femmes blanches, cis et straight), s’est rendu à la vigile organisée conjointement par Fierté Montréal et le Collectif Carré Rose, sous un important dispositif de sécurité. Coupons court : un militant trans* et latino, que les organisateurs se félicitaient d’avoir invité « à faire un discours dans le but d’être le plus inclusifs possible » a lancé une boulette de papier sur le premier ministre. Prenez note, c’est important pour la suite : il a lancé une boulette de papier. Un « acte violent » pour le fondateur de Collectif Carré Rose, Louis-Alain Robitaille, « un geste qui fait reculer la cause », pour Éric Pineault, président de Fierté Montréal et carrément une « trahison » pour son vice-président.

    Cette totale désolidarisation de la soi-disant « communauté LGBT » (dont la voix médiatique est clairement mâle, cis, blanche, en santé et bien nantie) illustre à merveille l’agenda politique d’un mouvement qui a oublié Stonewall (et ses militant.es de première ligne trans, afro-américain.es et latinx), qui marche main dans la main avec un gouvernement qui mène des politiques hétérosexistes en matière de procréation assistée, qui se fout éperdument du traitement des personnes LGBTQI ailleurs dans le monde (Couillard est d’ailleurs plutôt fan de l’Arabie Saoudite)… La liste est longue, mais pour en revenir à l’incident de la boulette de papier (à laquelle la plupart des journaux mainstream et sensationnalistes continuent de référer comme « objet non identifié »), lancée par ce « jeune radical » qui s’est « abaissé au rang de tous ceux qui commettent des actes terroristes », cet « enfant soldat » autoproclamé qui eut un jour le malheur d’avoir « la haine dans les poumons », ce « coucou » qui a agi dans des « [circonstances similaires à celles dans lesquelles] le premier ministre israélien Yitzhak Rabin avait été assassiné »… Eh bien cet incident a brillamment éclipsé, à l’échelle du Québec, l’aval du forage pétrolier à l’île naturelle d’Antiscosti, l’octroi du droit d’expropriation aux pétrolières et les coupures de 242 millions en santé commandées par le premier ministre Couillard, qui par ailleurs se sentait plutôt bien ce matin-là, malgré le traumatisme de l’éventualité d’un paper cut meurtrissant sa peau de pêche.

    #québec #homonationalisme #queertrucs