• Serge Sur : « Le Moyen-Orient est un tombeau du #droit_international »
    https://archive.ph/2023.11.28-171223/https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/28/serge-sur-le-moyen-orient-est-un-tombeau-du-droit-international_6202791_3210

    En provoquant la mort de milliers de civils, Israël mène-t-elle des actions militaires « disproportionnées » dans la bande de Gaza ? Cette notion de proportionnalité est-elle inscrite dans le droit international ?

    Pour répondre à cette question, il faut d’abord établir le statut de la bande de Gaza. Si vous considérez que c’est un territoire occupé, comme l’est la Cisjordanie, alors la légitime défense ne peut être invoquée et les non-combattants ne peuvent être pris pour cible . C’est le régime des territoires occupés, défini par la IVe Convention de Genève de 1949, qui est applicable. La légitime défense s’applique uniquement contre les attaques extérieures, sinon il s’agit de maintien de l’ordre. En résumé, vous avez le droit de neutraliser les combattants, de les éliminer. Mais les non-combattants, vous ne devez pas y toucher. Et ce principe est intangible.

    Mais Israël réfute occuper la bande de Gaza…

    C’est bien là tout l’enjeu. Israël considère que la bande de Gaza, même si elle n’est pas un Etat indépendant en tant que tel, est administrée de manière indépendante par une autorité, en l’occurrence le Hamas. C’est à mon avis juridiquement contestable, mais si on part de ce présupposé, Israël peut s’estimer en état de légitime défense à la suite de l’attaque du 7 octobre. C’est d’ailleurs le point de vue qu’ont adopté la plupart des Etats, notamment la France, qui ont dit qu’Israël avait le droit de se défendre.

    […]

    À ma connaissance l’#ONU considère #Gaza comme un territoire occupé, ce que Serge Sur ne précise malheureusement pas.

    Plus largement, le Moyen-Orient, dans son ensemble, est un tombeau du droit international. Tous les moyens de guerre légaux ou illégaux y ont été employés. On a recouru au terrorisme, aux assassinats ciblés, à la torture, à des prises d’otages, on y a tenté de produire illégalement des armes de destruction massive, on a utilisé la force de manière illicite. Et tout le monde, pas seulement les pays du Moyen-Orient. L’agression américano-britannique contre l’Irak en 2003 était une violation énorme du droit international ! Mais il ne s’est rien passé. Sur le plan du droit de la guerre, le #Moyen-Orient est un espace de transgression généralisée.

  • Henry Laurens : « On est sur la voie d’un processus de destruction de masse » à Gaza, entretien avec Rachida El Azzouzi (19 novembre 2023).

    Pour l’historien, spécialiste de la Palestine, professeur au collège de France, « l’effondrement des conditions sanitaires et l’absence de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse » dans la bande de Gaza.

    L’historien et universitaire Henry Laurens est l’un des plus grands spécialistes du #Moyen-Orient. Professeur au Collège de France où il est titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du #monde_arabe, il a mis la question palestinienne au cœur de son travail. Il est l’auteur de très nombreux livres dont cinq tomes sans équivalent publiés entre 1999 et 2015, consacrés à La question de Palestine (Fayard).
    Dans un entretien à Mediapart, il éclaire de sa connaissance l’exceptionnalité du conflit israélo-palestinien et le « corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer » dans lesquels les deux peuples sont pris depuis des décennies. Il dit son pessimisme quant à la résolution du conflit qui peut durer « des siècles » : « Vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. Aujourd’hui, ils sont 500 000 dont quelques dizaines de milliers qui sont des colons ultrareligieux et armés. »

    Plus d’une vingtaine de rapporteurs de l’organisation des Nations unies (ONU) s’inquiètent d’« un génocide en cours » à Gaza. Est-ce que vous employez ce terme ?

    Il y a deux sens au terme de « génocide ». Il y a le #génocide tel que défini par l’avocat polonais Raphael Lemkin en 1948, la seule définition juridique existante, aujourd’hui intégrée au protocole de Rome créant la #CPI [Cour pénale internationale – ndlr]. Lemkin a été obligé, pour que ce soit voté par les Soviétiques et par le bloc de l’Est, d’éliminer les causes politiques du génocide – massacrer des gens dans le but de détruire une classe sociale –, parce qu’il aurait fallu reconnaître le massacre des koulaks par les Soviétiques.

    La définition de Lemkin implique que ceux qui commettent un génocide appartiennent à un autre peuple que celui des victimes. D’où le problème aussi qu’on a eu avec le #Cambodge, qu’on ne pouvait pas appeler un génocide parce que c’étaient des Cambodgiens qui avaient tué des Cambodgiens. Là, on est dans une définition étroite. C’était le prix à payer pour obtenir un accord entre les deux Blocs dans le contexte du début de la #guerre_froide.

    Vous avez ensuite une définition plus large du terme, celui d’une destruction massive et intentionnelle de populations quelles qu’en soient les motivations.

    Il existe donc deux choses distinctes : la première, ce sont les actes, et la seconde, c’est l’intention qui est derrière ces actes. Ainsi le tribunal international pour l’ex-Yougoslavie a posé la différence entre les nettoyages ethniques dont la motivation n’est pas génocidaire parce que l’#extermination n’était pas recherchée, même si le nombre de victimes était important, et les actes de génocide comme celui de Srebrenica, où l’intention était claire.

    On voit ainsi que le nombre de victimes est secondaire. Pour Srebrenica, il est de l’ordre de 8 000 personnes.

    L’inconvénient de cette #logique_judiciaire est de conduire à une casuistique de l’intentionnalité, ce qui ne change rien pour les victimes. 

    Au moment où nous parlons, le nombre de victimes dans la bande de #Gaza est supérieur à celui de Srebrenica. On a, semble-t-il, dépassé la proportion de 0,5 % de la population totale. Si on compare avec la France, cela donnerait 350 000 morts.

    Le discours israélien évoque des victimes collatérales et des boucliers humains. Mais de nombreux responsables israéliens tiennent des discours qui peuvent être qualifiés de génocidaires. L’effondrement des conditions sanitaires et l’absence même de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse avec des controverses à n’en plus finir sur les intentionnalités. 

    La solution à deux États n’est plus possible.

    La crainte d’une seconde « #Nakba » (catastrophe), en référence à l’exil massif et forcé à l’issue de la guerre israélo-arabe de 1948, hante les #Palestiniens. Peut-on faire le parallèle avec cette période ?

    La Nakba peut être considérée comme un #nettoyage_ethnique, en particulier dans les régions autour de l’actuelle bande de Gaza où l’#intentionnalité d’expulsion est certaine. Des responsables israéliens appellent aujourd’hui à une #expulsion de masse. C’est d’ailleurs pour cela que l’Égypte et la Jordanie ont fermé leurs frontières.

    Dans l’affaire actuelle, les démons du passé hantent les acteurs. Les juifs voient dans le 7 octobre une réitération de la Shoah et les Palestiniens dans les événements suivants celle de la Nakba.

    Faut-il craindre une annexion de la bande de Gaza par Israël avec des militaires mais aussi des colons ?

    En fait, personne ne connaît la suite des événements. On ne voit personne de volontaire pour prendre la gestion de la bande de Gaza. Certains responsables israéliens parlent de « dénazification » et il y a une dimension de vengeance dans les actes israéliens actuels. Mais les vengeances n’engendrent que des cycles permanents de violence.

    Quelle est votre analyse des atrocités commises le 7 octobre 2023 par le Hamas ?

    Elles constituent un changement considérable, parce que la position de l’État d’Israël est profondément modifiée au moins sur deux plans : premièrement, le pays a subi une invasion pour quelques heures de son territoire, ce qui n’est pas arrivé depuis sa création ; deuxièmement, le 7 octobre marque l’échec du projet sioniste tel qu’il a été institué après la Seconde Guerre mondiale, un endroit dans le monde où les juifs seraient en position de sécurité. Aujourd’hui, non seulement l’État d’Israël est en danger, mais il met en danger les diasporas qui, dans le monde occidental, se trouvent menacées ou, en tout cas, éprouvent un sentiment de peur.

    Le dernier tome de votre série consacrée à « La question de Palestine » (Fayard) était intitulé « La paix impossible » et courait sur la période 1982-2001. Vous étiez déjà très pessimiste quant à la résolution de ce conflit, mais aussi concernant l’avenir de la région, comme si elle était condamnée à demeurer cette poudrière. Est-ce que vous êtes encore plus pessimiste aujourd’hui ? Ou est-ce que le #conflit_israélo-palestinien vous apparaît soluble, et si oui, quelle issue apercevez-vous ?

    La réelle solution théorique serait d’arriver à un système de gestion commune et équitable de l’ensemble du territoire. Mais un État unitaire est difficile à concevoir puisque les deux peuples ont maintenant plus d’un siècle d’affrontements.

    Qu’en est-il de la solution à deux États, dont le principe a été adopté en 1947 par l’ONU, après la fin du mandat britannique ? Est-elle possible ?

    La solution à deux États n’est plus possible dès lors que vous avez 500 000 colons, dont quelques dizaines de milliers qui sont des #colons ultrareligieux et armés. Vous avez une violence quotidienne en #Cisjordanie. La sécurité des colons ne peut se fonder que sur l’insécurité des Palestiniens. Et l’insécurité des Palestiniens provoque la violence qui engendre l’insécurité des colons.

    C’est un cercle vicieux et vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette #décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. On pouvait, sans trop de dégâts, faire une décolonisation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. 

    Aujourd’hui, nous sommes dans une position de domination, et cette solution peut prendre des siècles parce qu’il y a l’exceptionnalité juive qui crée une exceptionnalité israélienne qui elle-même crée une exceptionnalité palestinienne. C’est-à-dire que sans être péjoratif, les Palestiniens deviennent des juifs bis.

    Qu’entendez-vous par là ?

    Nous sommes depuis le 7 octobre devant un grand nombre de victimes. Mais ces dernières années, nous en avons eu bien plus en Irak, en Syrie, au Soudan et en Éthiopie. Cela n’a pas provoqué l’émoi mondial que nous connaissons aujourd’hui. L’émotion a été suscitée parce que les victimes étaient juives, puis elle s’est déplacée sur les victimes palestiniennes. Les deux peuples sont dans un corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer.

    Les années 1990 ont été marquées par les accords d’Oslo en 1993. Relèvent-ils du mirage aujourd’hui ?
     
    Non, on pouvait gérer une décolonisation. Mais déjà à la fin des accords d’Oslo, il n’y a pas eu décolonisation mais doublement de la #colonisation sous le gouvernement socialiste et ensuite sous le premier gouvernement Nétanyahou. Ce sont l’occupation, la colonisation, qui ont amené l’échec des processus. Il n’existe pas d’occupation, de colonisation pacifique et démocratique.

    Aujourd’hui, c’est infiniment plus difficile à l’aune de la violence, des passions, des derniers événements, des chocs identitaires, de la #haine tout simplement. Qui plus est, depuis une trentaine d’années, vous avez une évolution commune vers une vision religieuse et extrémiste, aussi bien chez les juifs que chez les Palestiniens.

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre.

    Vous voulez dire que le conflit territorial est devenu un conflit religieux ?

    Il a toujours été religieux. Dès l’origine, le mouvement sioniste ne pouvait fonctionner qu’en utilisant des références religieuses, même si ses patrons étaient laïcs. La blague de l’époque disait que les sionistes ne croyaient pas en Dieu mais croyaient que Dieu leur avait promis la Terre promise.

    Le projet sioniste, même s’il se présentait comme un mouvement de sauvetage du peuple juif, ne pouvait fonctionner qu’en manipulant les affects. Il était de nature religieuse puisqu’il renvoyait à la Terre sainte. Vous avez une myriade d’endroits qui sont des #symboles_religieux, mais qui sont aussi des #symboles_nationaux, aussi bien pour les #juifs que pour les #musulmans : l’esplanade des Mosquées, le tombeau des Patriarches, le mur des Lamentations. Et puis il y a les gens qui se sentent mandatés par Dieu.

    De même, les musulmans ont cherché des alliés en jouant sur la solidarité islamique. Dès les années 1930, la défense de la mosquée Al-Aqsa est devenue un thème fédérateur.

    Pourquoi est-il devenu difficile d’invoquer une lecture coloniale du conflit depuis les massacres du Hamas du 7 octobre ?

    Le sionisme est à l’origine un corps étranger dans la région. Pour arriver à ses fins, il a eu besoin d’un soutien européen avant 1914, puis britannique et finalement américain. Israël s’est posé comme citadelle de l’#Occident dans la région et conserve le #discours_colonial de la supériorité civilisatrice et démocratique. Cet anachronisme est douloureusement ressenti par les autres parties prenantes.

    Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les responsables sionistes n’hésitaient pas à se comparer à la colonisation britannique en Afrique noire avec la nécessité de mater les protestations indigènes. 

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre. La constitution de l’État juif impliquait un « transfert » de la population arabe à l’extérieur, terme poli pour « expulsion ». La #confiscation des #terres détenues par les Arabes en est le corollaire. Les régions où ont eu lieu les atrocités du 7 octobre étaient peuplées d’Arabes qui ont été expulsés en 1948-1950.

    Dire cela, c’est se faire accuser de trouver des excuses au terrorisme. Dès que vous essayez de donner des éléments de compréhension, vous vous confrontez à l’accusation : « Comprendre, c’est excuser. » Il faut bien admettre que le #Hamas dans la bande de Gaza recrute majoritairement chez les descendants des expulsés. Cela ne veut pas dire approuver ce qui s’est passé.

    Le slogan « From the river to the sea, Palestine will be free » (« De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ») utilisé par les soutiens de la Palestine fait polémique. Est-ce vouloir rayer de la carte Israël ou une revendication légitime d’un État palestinien ?

    Il a été utilisé par les deux parties et dans le même sens. Les mouvements sionistes, en particulier la droite sioniste, ont toujours dit que cette terre devait être juive et israélienne au moins jusqu’au fleuve. Le parti de l’ancêtre du Likoud voulait même annexer l’ensemble de la Jordanie.

    Chez certains Palestiniens, on a une vision soft qui consiste à dire que « si nous réclamons un État palestinien réunissant la bande de Gaza et la Cisjordanie, nous considérons l’ensemble de la terre comme la Palestine historique, comme partie de notre histoire, mais nous ne la revendiquons pas dans sa totalité ».

    Israël depuis sa fondation n’a pas de #frontières définies internationalement. Il a toujours revendiqué la totalité de la Palestine mandataire, voire plus. Il a ainsi rejeté l’avis de la Cour internationale de justice qui faisait des lignes d’armistice de 1949 ses frontières permanentes.

    Cette indétermination se retrouve de l’autre côté. La libération de la Palestine renvoie à la totalité du territoire. D’autres exigeaient la carte du plan de partage de 1947. Pour l’Organisation de libération de la Palestine (#OLP), faire l’#État_palestinien sur les territoires occupés en 1968 était la concession ultime.

    Les Arabes en général ont reçu sans grand problème les réfugiés arméniens durant la Grande Guerre et les années suivantes. Ces Arméniens ont pu conserver l’essentiel de leur culture. Mais il n’y avait pas de question politique. Il n’était pas question de créer un État arménien au Levant.

    Dès le départ, les Arabes de Palestine ont vu dans le projet sioniste une menace de dépossession et d’expulsion. On ne peut pas dire qu’ils ont eu tort…

    Le mouvement islamiste palestinien, le Hamas, classé #terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, est aujourd’hui le principal acteur de la guerre avec Israël…

    Définir l’ennemi comme terroriste, c’est le placer hors la loi. Bien des épisodes de décolonisation ont vu des « terroristes » devenir du jour au lendemain des interlocuteurs valables. 

    Bien sûr, il existe des actes terroristes et les atrocités du 7 octobre le sont. Mais c’est plus une méthodologie qu’une idéologie. C’est une forme de guerre qui s’en prend aux civils selon les définitions les plus courantes. Jamais un terroriste ne s’est défini comme tel. Il se voit comme un combattant légitime et généralement son but est d’être considéré comme tel. Avec l’État islamique et le 7 octobre, on se trouve clairement devant un usage volontaire de la cruauté.

    La rhétorique habituelle est de dire que l’on fait la guerre à un régime politique et non à un peuple. Mais si on n’offre pas une perspective politique à ce peuple, il a le sentiment que c’est lui que l’on a mis hors la loi. Il le voit bien quand on dit « les Israéliens ont le droit de se défendre », mais apparemment pas quand il s’agit de Palestiniens.

    D’aucuns expliquent qu’Israël a favorisé l’ascension du Hamas pour qu’un vrai État palestinien indépendant ne voie jamais le jour au détriment de l’#autorité_palestinienne qui n’administre aujourd’hui plus que la Cisjordanie. Est-ce que le Hamas est le meilleur ennemi des Palestiniens ? 

    Incontestablement, les Israéliens ont favorisé les #Frères_musulmans de la bande de Gaza dans les années 1970 et 1980 pour contrer les activités du #Fatah. De même, après 2007, ils voulaient faire du Hamas un #sous-traitant chargé de la bande de Gaza, comme l’Autorité palestinienne l’est pour la Cisjordanie. 

    Le meilleur moyen de contrer le Hamas est d’offrir aux Palestiniens une vraie perspective politique et non de bonnes paroles et quelques aides économiques qui sont des emplâtres sur des jambes de bois. 

    Quel peut être l’avenir de l’Autorité palestinienne, aujourd’hui déconsidérée ? Et du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, pressé par la base de renouer avec la lutte armée et le Hamas ?

    Le seul acquis de l’Autorité palestinienne, ou plus précisément de l’OLP, c’est sa légitimité diplomatique. Sur le terrain, elle est perçue comme un sous-traitant de l’occupation israélienne incapable de contrer un régime d’occupation de plus en plus dur. Elle est dans l’incapacité de protéger ses administrés. Le risque majeur pour elle est tout simplement de s’effondrer.

    Le Hamas appelle les Palestiniens de Cisjordanie à se soulever. Un soulèvement généralisé des Palestiniens peut-il advenir ?

    En Cisjordanie, on a surtout de petits groupes de jeunes armés totalement désorganisés. Mais la violence et la répression sont devenues quotidiennes et les violences permanentes. À l’extérieur, l’Occident apparaît complice de l’occupation et de la répression israéliennes. L’Iran, la Chine et la Russie en profitent.

    Le premier tome de votre monumentale « Question de Palestine » s’ouvre sur 1799, lorsque l’armée de Napoléon Bonaparte entre en Palestine, il court jusqu’en 1922. Avec cette accroche : l’invention de la Terre sainte. En quoi cette année est-elle fondatrice ?

    En 1799, l’armée de Bonaparte parcourt le littoral palestinien jusqu’à Tyr. En Europe, certains y voient la possibilité de créer un État juif en Palestine. Mais l’ouverture de la Terre sainte aux Occidentaux est aussi l’occasion d’une lutte d’influences entre puissances chrétiennes. 

    Dans le tome 4, « Le rameau d’olivier et le fusil du combattant » (1967-1982), vous revenez sur ce qui a été un conflit israélo-arabe, puis un conflit israélo-palestinien. Est-ce que cela peut le redevenir ?

    Jusqu’en 1948, c’est un conflit israélo-palestinien avant tout. En 1948, cela devient un #conflit_israélo-arabe avec une dimension palestinienne. À partir de la fin des années 1970, la dimension palestinienne redevient essentielle.

    Ben Gourion disait que la victoire du sionisme était d’avoir transformé la question juive en problème arabe. Les derniers événements semblent montrer que le #problème_arabe est en train de redevenir une #question_juive.

    Le rôle des États-Unis a toujours été déterminant dans ce conflit. Que nous dit leur position aujourd’hui ? 

    La question de Palestine est en même temps une question intérieure pour les pays occidentaux du fait de l’histoire de la Shoah et de la colonisation. Il s’y ajoute aux États-Unis une dimension religieuse du fait du biblisme protestant et du « pionniérisme ». Les Palestiniens leur semblent être quelque part entre les Indiens et les Mexicains…

    La « République impériale » vient encore de montrer son impressionnante capacité de projection militaire dans la région, mais aussi son incapacité à obtenir un règlement politique satisfaisant.

    Pourquoi ce conflit déclenche-t-il autant de passions et clive-t-il autant dans le monde entier, où comme en France, le président appelle à « ne pas importer le conflit » ?

    C’est un conflit gorgé d’histoire. La Terre sainte est celle des trois religions monothéistes. Le conflit lui-même porte avec lui la mémoire de la Shoah et de la colonisation, d’où l’extraordinaire position d’exceptionnalité des acteurs.

    Vous avez écrit cinq tomes sur la question de Palestine. Après l’ultime « La Paix impossible », quel pourrait être le sixième ?
     
    Peut-être le retour de la question juive, mais c’est loin d’être une perspective encourageante.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/191123/henry-laurens-est-sur-la-voie-d-un-processus-de-destruction-de-masse-gaza

    #discours_génocidaire #religion (s) #sionisme

  • https://www.humanite.fr/monde/bande-de-gaza/derriere-la-guerre-a-gaza-gaz-petrole-et-pipelines

    Se réserver les routes du gaz, de pétrole. Devenir un hub mondial des câbles sous-marins. Creuser un canal alternatif au canal de Suez : les véritables enjeux géo-économiques qui expliquent la détermination d’Israël à occuper Gaza.

    Cet article a fait l’objet d’une rare critique de la revue de presse de France Inter (plutôt consensuelle en général) hier matin. Un signe que l’Huma met le doigt là où ça coince.

    #gaza #moyen-orient #pétrole #gaz #cables_sous_marins #canal_de_suez #Israël #Palestine

  • Internationalisme et anti-impérialisme aujourd’hui

    http://www.palim-psao.fr/2023/10/internationalisme-et-anti-imperialisme-aujourd-hui-par-moishe-postone-ine

    [...] je propose de comprendre la propagation de l’antisémitisme et des formes antisémites apparentées de l’islamisme, à l’image de celles présentes chez les Frères musulmans égyptiens et leur branche palestinienne, le Hamas, comme la diffusion d’une idéologie anticapitaliste fétichisée, qui prétend donner un sens à un monde perçu comme menaçant. Même si cette idéologie a été attisée et aggravée par Israël ou la politique israélienne, sa caisse de résonance réside dans le déclin relatif du monde arabe sur fond d’une transition structurelle profonde du fordisme au capitalisme mondial néolibéral. Le résultat est un mouvement populiste anti-hégémonique profondément réactionnaire et dangereux, notamment pour tout espoir de politique progressiste au Moyen-Orient. Cependant, au lieu d’analyser cette forme de résistance réactionnaire dans le but de soutenir des formes de résistance plus progressistes, la gauche occidentale l’a soit ignorée, soit rationalisée comme une réaction regrettable mais compréhensible à la politique israélienne et aux États-Unis. Cette manifestation d’un refus de voir s’apparente à la tendance à concevoir l’abstrait (la domination du capital) dans les termes du concret (l’hégémonie américaine). J’affirme que cette tendance constitue l’expression d’une impuissance profonde et fondamentale, tant conceptuelle que politique.

    • L’une des ironies de la situation actuelle est qu’en adoptant une position anti-impérialiste fétichisée, l’opposition aux États-Unis ne s’adossant plus à un soutien à un changement progressiste, les libéraux et les progressistes ont permis à la droite néoconservatrice américaine de s’approprier, voire de monopoliser, ce qui a traditionnellement été le langage de la gauche : le langage de la démocratie et de la libération.

      […]

      Alors que pour la génération précédente, s’opposer à la politique américaine impliquait encore de soutenir explicitement des luttes de libération considérées comme progressistes, aujourd’hui, s’opposer à la politique américaine est en soi considéré comme anti-hégémonique. Il s’agit là paradoxalement d’un héritage malheureux de la Guerre froide et de la vision dualiste du monde qui l’accompagne. La catégorie spatiale du « camp » a remplacé les catégories temporelles des possibilités historiques et de l’émancipation en tant que négation historique déterminée du capitalisme. Cela n’a pas seulement conduit à un rejet de l’idée du socialisme comme dépassement historique du capitalisme, mais aussi à un déséquilibrage de la compréhension des évolutions internationales.

      […]

      La Guerre froide semble avoir effacé de la mémoire le fait que l’opposition à une puissance impériale n’était pas nécessairement progressiste et qu’il existait aussi des anti-impérialismes fascistes. Cette distinction s’est estompée pendant la Guerre froide, notamment parce que l’Union soviétique a conclu des alliances avec des régimes autoritaires, en particulier au Moyen-Orient, comme les régimes du Baas en Syrie et en Irak, qui n’avaient pas grand-chose en commun avec les mouvements socialistes et communistes. Au contraire, l’un de leurs objectifs était de liquider la gauche dans leurs propres pays. Par la suite, l’anti-américanisme est devenu un code progressiste en soi, bien qu’il y ait toujours eu des formes profondément réactionnaires d’anti-américanisme à côté des formes progressistes.

      #campisme #anti-impérialisme

    • Il est significatif qu’une telle attaque n’ait pas été menée il y a deux ou trois décennies par des groupes qui avaient toutes les raisons d’être en colère contre les États-Unis, comme les communistes vietnamiens ou la gauche chilienne. Il est important de comprendre l’absence d’une telle attaque, non pas comme un hasard, mais comme l’expression d’un principe politique. Pour ces groupes, une attaque visant en premier lieu des civils demeurait hors de leur horizon politique.

      […]

      Il existe une différence fondamentale entre les mouvements qui ne choisissent pas comme cible une population civile au hasard (comme le Viêt-Minh, le Viêt-Cong et l’ANC) et ceux qui le font (comme l’IRA, Al-Qaïda ou le Hamas). Cette différence n’est pas simplement tactique, elle est hautement politique, car la forme de la violence et la forme de la politique sont en relation l’une avec l’autre. Cela signifie que la nature de la société et de la politique futures sera différente selon que les mouvements sociaux militants feront ou non une distinction entre les objectifs civils et militaires dans leur pratique politique. S’ils ne le font pas, ils ont tendance à mettre l’accent sur l’identité. Cela les rend radicalement nationalistes dans le sens le plus large du terme, car ils travaillent avec une distinction ami/ennemi qui essentialise une population civile en tant qu’ennemie et rend ainsi impossible la possibilité d’une coexistence future. C’est pourquoi les programmes de ces mouvements ne proposent guère d’analyses socio-économiques visant à transformer les structures sociales (à ne pas confondre avec les institutions sociales que ces mouvements mettent en partie à disposition). Dans ces cas, la dialectique de la guerre et de la révolution du xxe siècle se transforme en une subordination de la « révolution » à la guerre. Ce qui m’intéresse ici, cependant, a moins à voir avec de tels mouvements qu’avec les mouvements d’opposition actuels dans les métropoles et leurs difficultés évidentes à faire la distinction entre ces deux formes différentes de « résistance ».

      Joseph Andras disait cela aussi dans ces dernières interviews ou textes

      #morale #terrorisme #civils

  • Liban, 1975-1985 : 10 ans de guerre civile

    (#archiveLO, 13 avril 1985)

    – 1975 : les pauvres prennent les armes
    – Mars 1976 : la Syrie écrase les camps palestiniens
    – 1977-1978 : la Syrie cherche à neutraliser l’extrême-droite qu’elle avait contribué à mettre en selle
    – 1982 : Israël envahit le Sud-Liban
    – Une guerre sociale devenue une guerre entre clans confessionnels

    –---------------

    Lire aussi : Liban : une création du colonialisme français dans un Moyen-Orient divisé par l’impérialisme
    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/liban-une-creation-du-colonialisme-6377

    – La Syrie et le Liban à l’époque ottomane
    – La décadence de l’Empire ottoman
    – De la tutelle ottomane au colonialisme anglo-français
    – La naissance du mouvement ouvrier et les révoltes contre le colonialisme
    – La Deuxième Guerre mondiale et l’#indépendance
    – Le #Moyen-Orient balkanisé
    – Années soixante-dix : la montée des tensions sociales et politiques
    – Avril 1975 : le déclenchement de la guerre civile
    – Assad sauve la droite libanaise
    – Les #accords_de_Taëf et l’après-guerre civile
    – L’assassinat de #Rafic_Hariri et le « Front du Bristol »
    – Les élections de juin 2005
    – L’intervention impérialiste ramène la société en arrière
    – Pour une véritable révolution sociale

    #Liban #Israël #OLP #Arafat #Syrie #guerre_civile #impérialisme

  • La gestion capitaliste de l’eau : irresponsabilité et racket
    https://lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/la-gestion-capitaliste-de-l-eau (#archiveLO | 12 avril 2013)

    Sommaire :

    Introduction

    De l’Antiquité aux multinationales
    – L’Antiquité
    – Brève histoire de la #Compagnie_Générale_des_Eaux (#CGE)

    Prix de l’eau : le racket permanent
    – Des prix de monopole
    – Opacité des comptes
    – Lobbying et corruption
    – Le retour en régie publique

    Pollutions : irresponsabilité de l’État et pain béni pour les trusts
    – Qualité de l’eau et #pollutions
    – Irresponsabilité et complicité de l’État

    L’accès à l’eau dans le monde
    – Un constat effarant
    – La #pénurie : des causes « naturelles » mais surtout sociales
    – Les institutions internationales : comment se moquer du problème
    – Des progrès techniques qui permettraient la satisfaction des besoins

    Les crises de l’eau dans le monde
    – L’#Irak : une crise de l’eau provoquée par la guerre
    #Moyen-Orient : l’eau, arme de guerre
    #Amérique_latine : la révolte contre les #multinationales

    Conclusion

    #eau #capitalisme #pollution #corruption #concurrence

  • Refusons de marcher dans les guerres de Biden, Macron et Poutine !
    | #éditorial des bulletins d’entreprise LO (27 février 2023)
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/refusons-de-marcher-dans-les-guerres-de-biden-macron-et-poutine-5252

    Depuis un an, les images d’une terrible tragédie nous viennent d’#Ukraine : villes bombardées et détruites, familles vivant dans des caves ou au milieu de ruines, soldats se terrant dans des tranchées boueuses… Cette barbarie est d’autant plus frappante qu’elle a lieu tout près, sur le sol européen.

    Mais en fait la #guerre n’est pas une réalité nouvelle pour bien des travailleurs, originaires d’Afrique, du #Moyen-Orient ou de l’ex-Yougoslavie, que nous côtoyons quotidiennement sur les chaines de montage automobile, sur les chantiers du bâtiment, dans les hôpitaux ou dans les bureaux. Beaucoup ont déjà connu les mêmes souffrances et ont été contraints de fuir leur pays ravagé par des conflits tout aussi meurtriers.

    Si les populations des pays occidentaux ont été jusque-là épargnées par de telles horreurs, leurs gouvernements n’ont jamais cessé de répandre la guerre aux quatre coins du monde. Au sein du système impérialiste, toutes les bourgeoisies et leurs États se livrent à une lutte incessante pour le profit, pour les marchés, le contrôle des matières premières et des zones d’influences. Les plus puissants font régner leur loi, écrasant les plus faibles. Cette guerre économique engendre et entretient en permanence des conflits qui font des centaines de milliers de morts. Dans le monde impérialiste, la paix n’est, au mieux, qu’une trêve entre deux guerres.

    Depuis un an, on nous abreuve de #mensonges présentant Biden, les dirigeants occidentaux et ukrainiens comme des défenseurs de la liberté et de la démocratie. Poutine est assurément un dictateur représentant exclusivement les intérêts de la minorité de bureaucrates et de riches affairistes qui tirent leur fortune de l’exploitation des travailleurs et du pillage des richesses du pays.

    Mais, face à lui, Biden ne défend pas la liberté ! Envahir un pays et renverser son gouvernement, les États-Unis eux-mêmes l’ont fait ou ont tenté de le faire plus d’une fois, à la Grenade, à Panama, à Cuba, ou plus récemment en Irak ou en Afghanistan.

    Les dirigeants occidentaux prétendent défendre l’indépendance de l’Ukraine, mais eux-mêmes ont tenté d’intégrer les États issus de l’éclatement de l’Union soviétique dans leur sphère d’influence, y compris en les faisant adhérer à l’OTAN. Pour s’y opposer, Poutine a envahi l’Ukraine, témoignant un total mépris pour les populations ukrainiennes qu’il écrase sous les bombes et pour la jeunesse de son pays utilisée comme chair à canon. Mais l’impérialisme et sa politique agressive portent une responsabilité écrasante dans l’évolution qui a conduit à cette guerre.

    Quoi qu’ils en disent, les gouvernements des grandes puissances occidentales sont engagés dans une guerre contre la Russie. Pour le moment, ils se limitent à fournir du matériel de guerre et laissent les Ukrainiens combattre et mourir. Mais la guerre a sa propre logique et rien ne peut exclure un engrenage conduisant à un élargissement du conflit. D’autant que le camp impérialiste, États-Unis en tête, se montre de plus en plus belliciste à l’égard de la #Chine, devenue trop puissante aux yeux des représentants de la #bourgeoisie américaine.

    Au sein du camp occidental lui-même se mène une autre guerre, cantonnée au seul terrain économique, entre les États-Unis et leurs alliés européens. Devant se passer de gaz russe, l’#Europe est contrainte d’acheter du gaz à des prix bien plus élevés que les capitalistes américains. Les fabricants d’armes américains réalisent des ventes record en évinçant leurs concurrents européens. Pour profiter des subventions annoncées il y a quelques mois par #Biden, des industries européennes menacent de se déplacer sur le territoire américain. La guerre en Ukraine est décidément une excellente affaire pour les capitalistes américains !

    Aujourd’hui, en France, les #travailleurs doivent s’opposer aux attaques contre les retraites. Ils doivent défendre leurs salaires laminés par l’inflation. Il nous faut dès aujourd’hui être capable de défendre nos conditions de vie face à la cupidité de la bourgeoisie, mais celle-ci nous menace de catastrophes bien pires encore. Les mêmes qui nous exploitent aujourd’hui nous enverront demain mourir sur un champ de bataille.

    « Paix entre nous, guerre aux tyrans », proclame l’Internationale, le chant de lutte des travailleurs. Et les tyrans qu’il faudra renverser, ce sont les capitalistes, leurs dirigeants politiques et leurs états-majors.

    #impérialisme #lutte_de_classe #nationalisme #internationalisme #guerre_en_ukraine #propagande

    • Iran : face à une dictature obscurantiste, élément de l’ordre impérialiste

      Cercle Léon Trotsky n°170 (#archiveLO, 5 février 2023)

      Le texte : https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/iran-face-une-dictature-obscurantiste-element-de-lordre-imperialiste

      Sommaire :

      – Introduction
      – Sous la tutelle impérialiste
      – L’impact de la #révolution_russe
      – De la tutelle britannique à celle des #États-Unis, l’échec de #Mossadegh
      – Le #chah, un dictateur au service de l’#impérialisme américain
      – L’opposition politique au chah
      – La montée révolutionnaire de 1978-79
      – La #république_islamique, une dictature réactionnaire, anti-ouvrière et garante de l’ordre social
      #Nationalisme et #anti-impérialisme exacerbés
      – La république islamique, élément de l’ordre impérialiste au #Moyen-Orient
      – Une puissante économie régionale
      – Les tribulations de l’accord sur le nucléaire
      – Une population éduquée qui s’enfonce dans la crise
      – Une classe dirigeante privilégiée et corrompue
      – De la révolte de 2009 à celle de 2019
      – Une classe ouvrière combative
      – La #révolte actuelle
      – L’attitude de la #classe_ouvrière
      – La politique du régime
      – Quelle direction ? Quelle perspective ?

      Introduction

      La révolte qui secoue l’Iran depuis l’assassinat de Mahsa Amini par la police des mœurs, le 16 septembre dernier, impressionne par la détermination et l’engagement des femmes et des hommes qui l’animent. Elle frappe par le très jeune âge de ceux qui se révoltent.

      Désormais des dizaines de milliers de #femmes sortent sans voile et tiennent tête à ceux qui les agressent. Hier encore, comme chaque vendredi, une nouvelle manifestation a eu lieu à #Zahedan, la capitale du #Baloutchistan. Depuis cinq mois, les manifestations étant dispersées dans la plupart des autres villes, des rassemblements ont été improvisés, des locaux de la police attaqués. Ces actions se terminent par des charges policières meurtrières, des #exécutions en pleine rue et des arrestations massives. Mais des femmes et des hommes recommencent les jours suivants. Les quelque 20 000 arrestations, 500 morts, les dizaines de condamnations à mort pour avoir simplement manifesté, les exécutions publiques de quatre jeunes, tous des travailleurs, tout cela a renforcé la rage contre la république islamique.

      La #jeunesse est en première ligne mais elle est soutenue par tout un peuple : par les #classes_populaires privées de viande, d’oeufs et de tant d’autres produits de base, à cause de l’inflation et de la spéculation ; par les travailleurs, en particulier ceux du pétrole et du gaz, de la métallurgie, des transports ou de l’enseignement qui ont multiplié les grèves ces dernières années pour obtenir #augmentations_de_salaires ou titularisation des précaires ; par la #petite-bourgeoise appauvrie par la crise et privée d’avenir avec l’#embargo_américain ; par les milieux intellectuels, artistiques ou sportifs qui dénoncent aujourd’hui ce régime « tueur d’enfants ». L’enjeu a dépassé la liberté des femmes et même la liberté tout court, c’est le système lui-même qui est contesté.

      Ce mouvement de contestation n’est pas le premier en Iran. Rien que dans les cinq dernières années, deux révoltes ont éclaté contre le pouvoir. Les deux fois, la dictature et ses sbires les ont étouffé en déployant une répression impitoyable. A chaque fois les dirigeants occidentaux l’ont dénoncée du bout des lèvres car ils ne veulent surtout pas que ce régime soit renversé par une révolution populaire.

      La révolte actuelle est plus profonde que les précédentes. Elle l’est par sa durée, parce qu’elle touche toutes les couches sociales du pays et parce que la rupture entre la société et les dirigeants de république islamique semble irrémédiable. Va-t-elle trouver les voies et le courage de rebondir malgré la répression ? Finira-t-elle par faire tomber cette dictature obscurantiste et anti-ouvrière ? Nous ne pouvons évidemment que l’espérer !

      Mais il ne suffit pas aux opprimés de renverser une dictature pour changer leur sort. La population iranienne l’a cruellement expérimenté à ses dépens : le régime des mollahs aujourd’hui haï est arrivé au pouvoir en s’appuyant, en 1978-79, sur la révolte de tout un peuple contre la dictature pro-américaine du chah d’Iran. Né en prétendant défendre les pauvres contre les riches et en exploitant les sentiments anti-impérialistes de la population, ce régime est aujourd’hui le défenseur sanglant des privilégiés iraniens. Il est aussi, de fait, un gardien de l’#ordre_mondial.

      Pour qu’il en soit autrement, la seule voie est que la classe des travailleurs prenne consciemment la tête de la révolte, avec sa propre organisation et ses propres objectifs politiques. Dans cette puissance régionale qu’est l’Iran, avec ses 87 millions d’habitants, sa longue histoire de révoltes sociales, son industrie développée et sa classe ouvrière combative, une telle perspective n’est pas une chimère : c’est un programme !

      #lutte_de_classe #analyse_de_classe #marxisme #histoire

  • Les mille et une villes
    https://laviedesidees.fr/Les-mille-et-une-villes.html

    À propos de : Bénédicte Florin, Anna Madoeuf, Olivier Sanmartin, Roman Stadnicki, et Florence Troin, Abécédaire de la #ville au #Maghreb et au #Moyen-Orient, Presses universitaires François-Rabelais. Des souks de Nouakchott aux gratte-ciels de Dubai en passant par les ruines de Raqqa ou les rues de Ramallah sillonnées par les chars israéliens, les villes du Maghreb et du Moyen-Orient offrent une multiplicité de configurations urbaines unies par une même matrice culturelle.

    #International #urbanisme #guerre
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202302_villes_maghreb.docx

  • Late Ottoman Turkey in Princeton’s Forgotten Maps, 1883-1923

    https://storymaps.arcgis.com/collections/3afc128a641e47eb90b3268c5ffb8d54

    The growing demand for better maps during the nineteenth century encountered numerous challenges in the case of Turkey (ancient Asia Minor). This vast peninsula’s landscape was (and is) varied and often forbidding. With their many other pressing preoccupations, the Ottoman imperial authorities could not make surveys a priority, let alone the production of accurate maps from them. At the same time they had no intention of commissioning any foreign power to undertake such valuable work on their behalf. However, foreigners could gain permission to travel either individually or in small groups, and the data gathered on their journeys was often published. Hence there was the potential for foreigners between them to create increasingly full and reliable maps. One individual, Heinrich Kiepert, a Berliner (b. 1818), gained this ambition from his travels in Turkey as a student during the early 1840s. He published his first map of Asia Minor in 1844, and an overview (at 1:3,000,000 scale) of the Ottoman empire in Europe and Asia in 1855.

    #cartographie #cartoexperiment #moyen-orient

  • #Histoire et avenir de l’assyriologie
    https://laviedesidees.fr/Dominique-Charpin-En-quete-de-Ninive.html

    À propos de : Dominique Charpin, En quête de Ninive. Des savants français à la découverte de la Mésopotamie (1842-1975), Paris, Collège de France/Les Belles Lettres. Dominique Charpin retrace la riche histoire de l’assyriologie, depuis les pionniers comme Oppert et Grotefend jusqu’aux chantiers actuels, en passant par les grandes institutions qui ont contribué à son développement. Portrait d’une science étonnamment contemporaine.

    #université #Moyen-Orient #grandes_écoles #archéologie
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230120_assyriens.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230120_assyriens.pdf

  • U.S. Power and Influence in the Middle East: Part One | Center for Strategic and International Studies
    https://www.csis.org/analysis/us-power-and-influence-middle-east-part-one

    Karim Makdisi:

    You can presume to build your policies based on supporting authoritarian regimes and apartheid-like states and all the rest of it, and you can get away with it, but does that come back to bite you in the long term? I think it does. Does it stand in the way of the standing of the United States as a global power? Yes, I think it does. Does it help American interests? I would argue that it does not help American interests.

    #états-unis #moyen-orient

  • Au #Yémen, la fin de la guerre paraît enfin en vue
    https://orientxxi.info/magazine/au-yemen-la-fin-de-la-guerre-parait-enfin-en-vue,5536

    À Shabwa [« où se trouvent les infrastructures d’exportation du gaz, la principale ressource économique du pays. »], l’arrivée de forces soutenues par les EAU a permis de repousser les houthistes et de briser leur encerclement de Marib. Il est probable que ce basculement, ainsi que la perte de milliers de soldats, a persuadé les leaders houthistes qu’il leur serait impossible de prendre Marib. Dès lors, ils ne pouvaient plus compter sur une victoire militaire pour arriver en position de force à des négociations. Pour la première fois, le temps jouait contre eux.

    D’autre part, les attaques de plus en plus fréquentes et efficaces contre les installations pétrolières en Arabie saoudite, et les premières contre les EAU en janvier 2022 ont prouvé l’amélioration des capacités balistiques des houthistes, à travers leurs missiles ou leurs drones armés. Cette situation a probablement persuadé les Émiratis qu’il était urgent de mettre fin au conflit. Il semble que les dirigeants tant saoudiens qu’émiratis ont perdu patience, constatant combien, en sept ans, leurs alliés yéménites n’ont fait que se diviser, tout en leur coûtant des fortunes en soutien financier et militaire. Bien que la corruption soit un phénomène inhérent aux relations clientélistes dans la région, leurs contributions aux factions yéménites, notoirement enrichies grâce à la guerre, n’ont en effet pas été décisives sur le terrain militaire.

    • Iran-Arabie saoudite : affrontement et complicité
      (15 mars 2023)
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/03/15/iran-arabie-saoudite-affrontement-et-complicite_552403.html

      Les dirigeants de l’Iran et de l’Arabie saoudite, deux puissances régionales du Moyen-Orient qui s’opposent depuis des années dans la guerre du Yémen, viennent de signer, sous le parrainage de la Chine, un accord rétablissant leurs relations diplomatiques.

      Pour les commentateurs occidentaux qui ont semblé surpris, cet accord démontrerait le poids grandissant de la Chine au #Moyen-Orient. Dans cette région du monde, les dirigeants américains maintiennent depuis des décennies un équilibre instable entre plusieurs puissances régionales, veillant à ce qu’aucune ne prenne trop d’importance, quitte à les affaiblir en encourageant des guerres meurtrières.

      Dans ce jeu cynique, les États-Unis dénoncent la république islamique d’Iran comme « l’axe du mal » et font subir à sa population un embargo cruel. Pour contourner ce blocus, les dirigeants iraniens se sont logiquement tournés vers la Chine et la #Russie. Cela ne les a pas empêchés de collaborer avec les #États-Unis pour restaurer un appareil d’État en Irak, où ils participent au maintien de l’ordre. La monarchie saoudienne, cette dictature réactionnaire dont les dirigeants sont aussi brutaux et sanguinaires que ceux d’Iran, elle, est une alliée historique des États-Unis. En même temps, les dirigeants saoudiens veulent marquer leur indépendance vis-à-vis de ceux-ci. Après l’embargo américain décidé contre la Russie en février 2022, ils ont refusé de faire baisser les cours du pétrole en augmentant leur production. Le prince #Mohamed ben Salman a reçu Xi Jinping en grande pompe et vend du pétrole à la Chine.

      Sur la forme, en faisant de #Xi_Jinping le parrain de leur réconciliation, les dirigeants iraniens et saoudiens cherchent à desserrer l’étau américain. Ils permettent aussi à la Chine de montrer qu’elle compte sur la scène internationale. Mais sur le fond, l’accord #Iran -Arabie saoudite ne pose pas de problème aux États-Unis, même s’il inquiète les dirigeants israéliens. Il contribuera, peut-être, à interrompre la guerre qui ravage le Yémen depuis huit ans.

      En effet, depuis mars 2015, l’Arabie saoudite, avec la participation des Émirats arabes unis et le soutien militaire et politique sans faille des puissances occidentales, fait la guerre au Yémen, son petit voisin de 28 millions d’habitants. Elle bombarde et occupe des territoires pour empêcher les Houthistes, une minorité chiite soutenue par l’Iran, de prendre le pouvoir. L’#Arabie_saoudite considère le Yémen, riche en pétrole et verrou de la Mer rouge, comme sa chasse gardée. Elle n’a cessé d’y intervenir pour tenter d’imposer au pouvoir ses hommes liges et contrer ceux qu’elle a présentés, selon les époques, comme les agents de l’Égypte, du Qatar ou de l’Iran. La guerre actuelle aurait fait quelque 400 000 morts, victimes des combats ou de la famine, dont plus de 10 000 enfants. Si elle ne fait pas la Une des médias comme celle en Ukraine, elle fait tout autant le bonheur des marchands d’armes occidentaux, dont les français Dassault et Thales.

      La réconciliation publique des dictateurs iraniens et saoudiens sera peut-être l’occasion d’arrêter cette guerre sans vainqueurs, qui entretient l’instabilité de la région. La population yéménite y gagnera peut-être un répit. Mais il n’y aura pas de répit durable pour les peuples du Moyen-Orient tant que s’exercera la domination impérialiste, relayée par les dictatures régionales, avec ou sans l’arbitrage de la Chine.

      #impérialisme #chine

  • Silat al-Harithiya (Palestine) : les forces de l’ordre israëliennes démolissent six maisons palestiniennes
    https://fr.squat.net/2021/12/21/silat-al-harithiya-palestine-les-forces-de-lordre-israeliennes-demolissent

    Lundi 20 décembre 2021, dans le village de Silat al-Harithiya, près de Jénine, les forces de l’ordre israëliennes ont prévenu des familles palestiniennes de leurs intentions de démolir leurs six maisons. Les soldats israëliens les ont perquisitionnées, mises sens dessus-dessous, et sont repartis après avoir menacé tout le monde et tiré une douzaine de coups […]

    #expulsion #militaires #Moyen-Orient #Palestine/Israël

    • Le sociologue Rudolf el Kareh, spécialiste du #Moyen-Orient et fin connaisseur des rouages de l’État libanais, a répondu à nos questions.

      Ce carburant iranien va-t-il contribuer à régler la pénurie ?

      Le fuel et l’essence acheminés par camions de #Syrie au #Liban seront distribués dans tous le pays. D’abord sous la forme de donations, en priorité pour alimenter les générateurs des hôpitaux, maisons de repos, orphelinats et municipalités. Ensuite, ces carburants seront distribués au maximum au prix coûtant dans les chaînes de stations-service. L’objectif n’est pas de faire du bénéfice mais de favoriser le retour à la normale du quotidien de la population et de remettre en marche les circuits de distribution et d’importation.

      Comment est-on arrivé à cette crise ?

      La crise est due à des facteurs internes : c’est le résultat de trente années de « #haririsme », d’#endettement, d’#enrichissement_illicite et de #corruption. On a découvert que des spéculateurs avaient anticipé la situation depuis plus d’un an et demi et organisé des pénuries à grande échelle. Et ce n’est pas dû uniquement à des profiteurs de crise. Il y a aussi des facteurs externes venus se greffer sur la situation et les problèmes structurels internes : sous l’ère Trump, il y a eu dès 2019 une stratégie du secrétaire d’État Mike Pompeo pour faire pression sur l’État libanais et obtenir des concessions politiques. L’objectif était de mettre le #Hezbollah et tous ses alliés hors-jeu. Cette stratégie, gérée par l’ambassade des #États-Unis au Liban, consistait en résumé à entretenir les pénuries de produits de première nécessité, de carburant, de médicaments. Sans compter les manipulations financières qui ont eu pour effet de paupériser la majeure partie du peuple libanais. Ce plan a été repris par l’administration Biden, en particulier ceux qui gravitent autour du nouveau secrétaire d’État Antony Blinken, puisqu’in fine le but est de protéger les intérêts d’#Israël. La stratégie est de parvenir à affaiblir et désarmer l’axe de la résistance.

      Y a-t-il, selon vous, une intention de déstabiliser le Liban ?

      Oui. Il s’agit d’une stratégie de la tension qui a pour but de tenter de déstabiliser l’État et de provoquer un blocage du fonctionnement des institutions. Il n’est pas du tout étonnant que, dans cette atmosphère-là, certains camps politiques comme d’anciennes milices transformées en partis politiques, l’ex-Courant du 14-Mars ainsi que Saad Hariri aient affirmé que la solution passait par la démission du Président de la République et celle du Parlement. Ce qui aurait signié la paralysie totale des institutions.
      Cela me rappelle le plan mis en place par Henry Kissinger au Chili avant le coup d’état de Pinochet. Washington y a délibérément organisé une énorme pénurie pour créer un climat de tension. Dans un pays montagneux comme le Chili où la grande majorité des transports se fait par trafic routier, une grève des camionneurs a été financée. Elle a duré plusieurs mois, ce qui a complètement désorganisé la vie quotidienne. Les campagnes médiatiques ont fait le reste en faisant assumer la responsabilité de la situation à Salvador Allende. Pinochet n’avait plus qu’à cueillir le pouvoir.

      Sous quelle forme cette stratégie s’est-elle manifestée ?

      Il y a d’abord eu des mécanismes mis en œuvre par le gouverneur de la Banque centrale du Liban, lequel est d’ailleurs poursuivi en justice au Liban, en France et en Suisse, et qui a permis une évasion massive de capitaux doublée de l’enrichissement illicite de quelques-uns au détriment de l’écrasante majorité des déposants. Ce personnage continue hélas de bénécier d’une protection curieuse de la part de certaines parties libanaises et de parties étrangères, dont les États-Unis. Ensuite, il y a eu la mise en place d’un système surréaliste inédit où coexistent quatre taux de change pour le dollar, qui régit toute l’économie libanaise. Le taux officiel de 1507 livres libanaises pour un dollar, le taux des banques décidé arbitrairement de 3900 livres, un autre taux pour certaines transactions qui est monté à 8500 livres et un taux au marché noir qui a atteint les 20000 livres pour un dollar. Cela a complètement brisé la stabilité financière et économique des familles libanaises qui ont vu leurs salaires et leur pouvoir d’achat dramatiquement dévalués. Parallèlement, les prix ont commencé à monter parce que de très gros spéculateurs liés à certaines forces politiques ont commencé à spéculer tous azimuts. Pénurie et instabilité financière ont été organisées pour orienter les responsabilités vers le Hezbollah et son allié le président Aoun. Et toute une machine médiatique s’est mise en route pour entretenir ces accusations.

      Comment s’est-on aperçu qu’il y avait une organisation de la pénurie ?

      Du jour au lendemain, certains produits sont devenus indisponibles. L’argument pour expliquer cette soudaine pénurie était que les aides du gouvernement se sont elochées jusqu’à être réduites à peau de chagrin. Dès lors les prix ont commencé à grimper. En réalité, c’est le gouverneur qui a décidé de ces baisses, sans aucun garde-fou ni aucune légitimité. Cet été, des ministres (du gouvernement sortant), ceux de l’Énergie et de la Santé surtout, ont eu du courage d’initier des perquisitions. Et on a commencé à découvrir des millions de litres de carburant, des centaines de tonnes de médicaments, stockés dans des lieux clandestins. Il est alors apparu que des gens n’avaient pas pu stocker autant de marchandises en quelques semaines mais que cela avait été anticipé. Cette pénurie interne, entretenue par la stratégie de Pompeo, a consisté à provoquer un état de tension où l’on ne voyait plus les causes de la situation mais uniquement ses effets. A savoir les les aux stations service, les rationnement d’électricité parce qu’il n’y avait plus de fuel ou de gaz pour faire tourner les centrales électriques, les générateurs dans les hôpitaux...

      Quels éléments expliquent qu’il y a bien une stratégie américaine ?

      Face à cette situation dramatique, le camp opposé à la politique américaine initiée par Pompeo a réagi. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a notamment annoncé le mois dernier que l’Iran avait accepté, à sa demande, de livrer des carburants au Liban. Le jour même, l’ambassadrice américaine, Dorothy Shea, s’est précipitée auprès du président Aoun pour lui conrmer que les États-Unis allaient faciliter l’approvisionnement du Liban en oul, gaz et électricité grâce au concours de l’Égypte et de la Jordanie, via la Syrie. Proposer de briser le blocus de la Syrie, que Washington a décrété par le biais de la loi César, est pour le moins étrange et résonne comme un aveu que Washington est bien impliqué dans la pénurie.

      Le gouvernement libanais dit ne pas avoir été saisi d’une demande d’importation de carburant iranien...

      Faux. Pour ne pas mettre l’État libanais en porte-à-faux, le Hezbollah a demandé que le tanker accoste à Banyas, en Syrie. Tout se fait de manière transparente. Il faut noter que Nasrallah avait déclaré qu’à partir du moment où le tanker quitterait les eaux territoriales iraniennes, il deviendrait territoire national libanais et qu’il naviguerait au vu et au su de tous, à destination du Liban. Le message implicite était que si une partie quelconque s’avisait de s’en prendre au navire cela constituerait une agression contre le Liban. Le message clair était délivré aux Israéliens : la moindre action commise contre le navire, désignerait immédiatement les responsabilités.

      Cet acheminement ne fait-il pas prendre des risques au Liban pour non- respect des sanctions pétrolières contre l’Iran ?

      C’est exactement le contraire. Ce premier bateau ne se résume pas à une affaire de carburant, il constitue une action de riposte politique face à une autre action politique. Disons qu’il s’agit symboliquement d’un navire à dimension politique et stratégique. Il a permis à la fois de révéler les dessous de la situation, la structure des complicités, de briser le blocus contre le Liban, de briser le blocus contre la Syrie, ainsi que celui contre l’Iran. Ce n’est pas rien. On ne reviendra pas en arrière. Nous entrons dans une nouvelle phase au Moyen-Orient.

      #Iran #Riad_salemeh

  • La Malédiction du #pétrole

    Le pétrole est devenu indispensable à l’économie mondiale, c’est sa plus grande richesse, mais aussi sa plus grande malédiction. Retraçant l’histoire de ce paradoxe les auteurs se penchent avec acuité sur le sujet.
    Depuis près d’un siècle et demi, l’or noir a été le moteur de la croissance et la source des plus grands malheurs. Combien de temps cet état va-t-il durer alors que même la catastrophe écologique du réchauffement climatique ne semble pas peser dans la décision de s’en passer ? Mais à quand remonte cette course à l’abîme ? C’est ce que les auteurs entreprennent de raconter.

    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-la-malediction-du-petrole/album-malediction-du-petrole

    #BD #bande_dessinée #livre

    #Caucase #Russie #Frères_Nobel #raffinerie #Branobel #Bakou #pipeline #steam-tanker #marée_noire #Rotschild #puits_de_pétrole #mer_Noire #Batoumi #Bnito #puits_de_Bibi-Heybat #histoire #compagnie_pétrolière #Mer_Caspienne #industrie_pétrolière #Pennsylvanie #Edwin_Drake #potion_Drake #Oil_Creek #Pithole #Devil_Bill #John_Davison_Rockfeller #Rockfeller #Standard_Oil_Company #7_soeurs #John_Rockfeller #Cleveland #raffinage #Massacre_de_Cleveland #Sumatra #Staline #Koba #grèves #Royal_Dutch_Shell #industrie_automobile #OPEP #moteur_à_explosion #Jamais_contente #Henry_Ford #Ford #Ford_Motor_Company #moteur_électrique #General_Motors #Ford_T #Detroit #USA #Etats-Unis #Indonésie #colonialisme #essence #énergie #progrès #Esso #Stocony #Socal #Gulf_oil #Texaco #Anglo-persian_oil #William_Knox_d'Arey #Perse #Plaine_du_Naphte #guerre #comité_des_vaisseaux_terrestres #tank #Irak #Compagnie_française_des_pétroles (#CFP) #Total #accords_Sykes-Picot #Moyen-Orient #simple_ligne_de_sable #désert_arabique #Rub_al-khali #Standard_oil_of_California #Ras_Tanura #Harry_St_John_Bridger_Philby #Sheikh_Abdullah #Quart_vide #Kim_Philby #Philby #Arabie_Saoudite #Saoud #WWI #WWII #première_guerre_mondiale #seconde_guerre_mondiale #Canal_de_Suez #Red_Bell_Express #Pacte_de_Quincy #Algérie #Sahara_algérien #extractivisme #CIA #Saddam_Hussein #Arabian_American_oil_company (#ARAMCO) #Ghawar #combine_en_or #Venezuela #optimisation_fiscale #Iran #ENI #Libye #Italie #Pier_Paolo_Pasolini #Enrico_Mattei #guerre_du_Kippour #choc_pétrolier #Conférence_de_Bagdad (1960) #Juan_Pablo_Pérez_Alfonzo #Abdullah_al-Tariki #King_Hubbert #Trente_Glorieuses #premier_choc_pétrolier #Exxon_Mobile #BP-Amoco #pétrole_de_schiste #plateformes_offshore #groupe_Carlyle #Carlyle #schiste #fisc

    #pétrole #BD #malédiction

  • Résurgence du conflit israélo-palestinien : les nouveaux alliés arabes d’Israël sur la corde raide
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/13/resurgence-du-conflit-israelo-palestinien-les-nouveaux-allies-arabes-d-israe

    [...] le « nouveau #Moyen-Orient », censé surgir des accords de normalisation conclus l’an passé entre l’Etat hébreu et plusieurs pays arabes, n’a jamais autant ressemblé à l’ancien. Le retour au premier plan du conflit israélo-palestinien place en porte-à-faux ces Etats qui, sans le dire, avaient parié sur l’effacement de cette question, ou du moins sa relégation définitive tout en bas de l’agenda diplomatico-médiatique.

    #comparses « #modérés » et soit disant pragmatiques.
    #paywall

  • #Liban, un pays dans la tourmente

    Comment le Liban, « la Suisse de l’Orient », a-t-il sombré dans le chaos ? Alors que la double explosion du 4 août dernier dans le port de Beyrouth a remis au jour la gabegie et la corruption de la classe politique qui gangrènent cet Etat d’Asie occidentale, ce documentaire remonte le cours tourmenté de l’histoire de cette jeune nation à l’identité forgée par 18 communautés religieuses. En donnant la parole à des membres des services de renseignement, à des journalistes et à des artistes, il montre comment ce pays, au cœur des enjeux géopolitiques depuis sa création, s’est retrouvé piégé dans la poudrière du Moyen-Orient.

    –-> documentaire que j’ai regardé sur arte, mais qui n’est plus disponible sur leur site web (et pas trouvé sur youtube non plus).
    Une présentation du documentaire ici :

    https://www.moustique.be/27227/liban-un-pays-dans-la-tourmente

    #documentaire #film_documentaire
    #guerre_civile #camps_de_réfugiés #réfugiés_palestiniens #Arafat #histoire #Empire_ottoman #OLP #Israël #détournement_d'avions #guerre_des_six_jours #Moyen-Orient #Union_soviétique #Syrie #religion #massacres #nettoyages_ethniques #nettoyage_ethnique #Beyrouth #Hafez_al-Assad #Falanges #Bachir_Gemayel #Menahem_Begin #fragmentation #milices #Armée_du_Liban_Sud (#ALS) #Ariel_Sharon #Galilée #Paix_en_Galilée #invasion_israélienne #Philip_Habib #Sabra_et_Chatila #massacre_de_Sabra_et_Chatila #armes #USA #Etats-Unis #attentats-suicides #Hezbollah #Iran #enlèvements #violence #Ronald_Reagan #accord_de_Taëf #Rafik_Hariri #Hassan_Nasrallah #Bachar_al-Assad #révolution_du_Cèdre #guerre_du_Liban

  • Biden: End U.S. Hypocrisy on Israeli Nukes
    https://foreignpolicy.com/2021/02/19/biden-should-end-u-s-hypocrisy-on-israeli-nukes

    As described by Adam Entous in a 2018 New Yorker article, every U.S. president since Bill Clinton has, at Israeli insistence, signed a secret letter upon entering office that effectively pledges the United States will not “press the Jewish state to give up its nuclear weapons so long as it continued to face existential threats in the region.” Whatever policy the United States adopts toward Israeli nuclear weapons, it’s time it stopped this demeaning rite.

    How Four U.S. Presidents, including Obama and Trump, Helped Protect Israel’s Nuclear Arsenal | The…
    https://seenthis.net/messages/703459

    #nucléaire #moyen-orient #états-unis

  • #IRAK, DESTRUCTION D’UNE NATION

    Des premiers jours de la #guerre Iran-Irak, en 1980, à la chute de #Daech, pour la première fois une série documentaire raconte l’histoire de la destruction de l’Irak. Retour sur 40 ans qui ont changé le monde. Pour comprendre les ressorts de cette tragédie, il faut remonter aux racines des relations entre l’Irak, les #États-Unis_d'Amériques et la #France. Mensonges, trahisons, manipulations, alter-vérité : décryptage d’une tragédie aux conséquences mondiales.
    Depuis les coulisses des ventes d’armes dans les années 1980, en passant par les conséquences de la première #guerre_du_Golfe en 1991, la naissance de l’idéologie qui a poussé à la guerre de 2003, jusqu’à l’émergence du monstre Daech, voici l’histoire de quatre décennies qui ont redessinées le #Moyen-Orient.
    A travers les destinées singulières de personnages clés, figures célèbres ou anonymes, pour la première fois, le destin de l’Irak sera raconté en images. Grâce à des accès exclusifs et à la découverte de documents jusque-là classés #secrets_défense, ce polar #géopolitique montrera combien la destinée de l’Irak a encore aujourd’hui des conséquences sur nos vies.

    https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/7135030

    Episode 1 - L’Allié
    Aux premiers jours de 1980, #Saddam_Hussein, alors perçu comme un moderniste par les nations occidentales s’engage dans une guerre totale contre son voisin iranien. L’Europe et les États-Unis voient le Raïs comme un bouclier contre l’obscurantisme islamiste des Mollahs. Pour empêcher leur victoire, tout est permis à l’Irak, y compris l’utilisation d’armes chimiques fournies par plusieurs entreprises occidentales. Le président américain #Ronald_Reagan enclenche même une coopération militaire avec Bagdad qui s’avèrera décisive. La guerre s’achève sur une victoire à la Pyrrhus après huit ans de conflit… Saddam, déjà rongé par son égo, s’imagine protégé par Washington, Londres et Paris. Il se trompe.

    Episode 2 - L’Adversaire
    Persuadé que les grandes puissances le laisseront faire, Saddam Hussein envahit le #Koweït le 2 août 1990. Américains, anglais et français s’accordent pour punir l’Irak, sans vraiment chercher de solution diplomatique. La guerre du Golfe (janvier – février 1991) est aussi rapide que dévastatrice : les Irakiens sous un déluge de feu voient leurs infrastructures rasées. 100 000 soldats et au moins 60 000 civils meurent. S’ensuit un embargo long de douze ans, qui va faire payer au peuple irakien la mégalomanie de son président. Des centaines de milliers d’enfants périssent de malnutrition, la société irakienne régresse alors que commence une islamisation rampante de la jeunesse. Loin de l’avoir fait tomber, l’embargo renforce le régime de Saddam Hussein.

    Episode 3 - Le Condamné
    Pour une partie de la classe politique américaine, faire chuter le dictateur irakien est une obsession. Les attentats du #11_septembre leur offrent une opportunité unique d’y parvenir. Pour justifier la guerre à venir, Washington ment et accuse Saddam Hussein de posséder des armes de destruction massive et d’avoir soutenu les terroristes d’#Al_Qaïda responsables du 11-Septembre. Après une guerre éclair, la Maison Blanche administre le pays dans l’improvisation. Le chaos s’installe. D’un statut de libérateurs, les soldats américains deviennent des envahisseurs aux yeux des Irakiens. La société irakienne cède à la violence interconfessionnelle : Sunnites et chiites irakiens s’affrontent dans une guerre inédite.

    Episode 4 - Le Fantôme
    En 2007, en pleine guerre civile, le fantôme de Saddam Hussein, exécuté un an plus tôt pour crime contre l’humanité, plane sur l’Irak. Le Raïs était un dictateur, mais il avait réussi à tenir le peuple irakien composé de Sunnites, de Chiites et de minorités ethniques et religieuses. Les Américains, eux, sont dépassés par la violence qui déchire le pays où le terrorisme islamiste prospère. A coups de millions de dollars, les #USA financent les tribus sunnites pour combattre Al Qaïda en Irak et soutenir le nouveau régime. Mais #Barack_Obama décide le retrait des troupes américaines d’Irak en 2011 et laisse ainsi le champ libre au voisin iranien qui impose son influence. Une seconde guerre civile éclate entre les chiites soutenus par l’#Iran et les sunnites dont beaucoup rejoignent à nouveau les rangs d’Al Qaïda en Irak, rebaptisé « Etat Islamique en Irak et au Levant » : Daesh. De l’état irakien, il ne reste alors plus grand chose.

    #terrorisme #Jean-Pierre_Canet

  • Fondamentalement, qu’est-ce qui se passe ? Dans quel état est ce monde ? Face à la crise du capitalisme, quelles sont les perspectives ?...

    Comme chaque année, les textes du Congrès annuel de Lutte Ouvrière aident à comprendre :

    Au sommaire de la Lutte de Classe n°212 (décembre 2020-janvier 2021) : Le 50e congrès de Lutte ouvrière https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/le-50e-congres-de-lutte-ouvriere_153820.html

    L’aggravation de la crise de l’économie capitaliste https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/laggravation-de-la-crise-de-leconomie-capitaliste_153821.htm

    La situation internationale https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/la-situation-internationale_153822.html

    La situation intérieure https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/la-situation-interieure_153823.html

    Aujourd’hui comme hier, socialisme ou barbarie https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/10/25/aujourdhui-comme-hier-socialisme-ou-barbarie_152433.html

    Motion : « Afin d’assurer la présence du courant communiste révolutionnaire à l’élection présidentielle
    de 2022 et d’y faire entendre le camp des travailleurs, Lutte ouvrière décide de présenter la candidature de Nathalie Arthaud ».

    Discussion sur les textes d’orientation (extraits) https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/discussion-sur-les-textes-dorientation-extraits_153825.html

    Interventions de groupes invités (extraits) https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/interventions-de-groupes-invites-extraits_153826.html

    Lutte de classe n° 212 / décembre 2020-janvier 2021 | Le mensuel https://mensuel.lutte-ouvriere.org//lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/212-decembre-2020-janvier-2021

    Format pdf https://mensuel.lutte-ouvriere.org/sites/default/files/ldc/files/ldc212.pdf
    Format epub https://mensuel.lutte-ouvriere.org/sites/default/files/ldc/files/ldc212.epub
    Format mobi https://mensuel.lutte-ouvriere.org/sites/default/files/ldc/files/ldc212.mobi

    #LO #Lutte_Ouvrière #Congrès #capitalisme #crise #bilan #perspectives #Lutte_de_classe #revue #russie #Moyen-Orient #États-Unis #coronavirus #covid19 #France #Macron #répression #État #étatisme #programme_révolutionnaire #chine #réaction #prolétariat #petite_bourgeoisie #marxisme #financiarisation #crise_de_1929 #fascisme

  • Première guerre israélo-arabe (principaux massacres et gains territoriaux) : 1947-1949
    https://visionscarto.net/israel-palestine-1947-1949-massacres-gains-territoriaux

    Titre : Première guerre israélo-arabe (principaux massacres et gains territoriaux) : 1947-1949 Mots-clés : #israël #palestine #proche-orient #moyen-orient #monde_arabe #guerre #conflits #frontières #colonisation Auteur : Philippe Rekacewicz Date : 2006 #Collection_cartographique

  • Afrique : les activistes dénoncent les autocrates
    https://www.cetri.be/Afrique-les-activistes-denoncent

    Les analyses de François Polet, chercheur au CETRI, reprises par la Deutsche Welle. Des mouvements de jeunes constatent la multiplication des troisièmes mandats. Pourtant, pour eux, il va falloir aussi s’adapter. Réécouter l’intervention de François Polet sur la Deutsche Welle dans Info Matin, le 15.12.2020 : L’article du 14.12.2020 : La deuxième édition de l’Université Populaire de l’Engagement Citoyen (UPEC) se tient du 14 au 16 décembre à Dakar, au Sénégal. Deux ans après la première édition, (...) #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_Sud_en_mouvement, #Le_regard_du_CETRI, #Autoritarisme, #Mouvements_sociaux, Relations entre mouvements sociaux & gouvernements, #Afrique_subsaharienne, Moyen-Orient & Afrique du (...)

    #Relations_entre_mouvements_sociaux_&_gouvernements #Moyen-Orient_&_Afrique_du_Nord
    https://www.cetri.be/IMG/mp3/2020.12.16_fp.mp3