Nord de la France : des maires du littoral veulent entamer « un bras de fer » avec le Royaume-Uni - InfoMigrants
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Nord de la France : des maires du littoral veulent entamer « un bras de fer » avec le Royaume-Uni
Par Louis Chahuneau Publié le : 20/11/2024
À l’initiative de la maire divers droite de Calais, Natacha Bouchart, plusieurs édiles du littoral nord demandent à l’État un sursaut face au drame migratoire dans la Manche où plus de 60 personnes sont mortes depuis le début de l’année. Les maires veulent notamment renégocier les accords du Touquet qui déplacent la frontière britannique sur le sol français. Ils se disent « abandonnés par l’État ». Dans un communiqué diffusé à la presse mercredi 20 novembre, plusieurs maires des communes du littoral nord, dont Calais, Sangatte ou Marck, demandent à l’État un sursaut concernant la situation migratoire dans la Manche.
« Quelles que soient les communes, ce sentiment d’abandon est réel. De jour comme de nuit, les maires sont en première ligne, contraints de faire face, sans détenir les moyens nécessaires, à une problématique dont la gestion incombe pourtant à l’État », peut-on lire dans le communiqué. « Cela fait 15 ans que je suis élu et la situation ne fait qu’empirer », a renchéri le maire de Sangatte, Guy Allemand.
Après une baisse en 2023, le nombre de traversées en « small-boats », ces fragiles embarcations pneumatiques empruntées par les migrants dans la Manche, est de nouveau en hausse cette année - avec 30 000 arrivées côté britannique. Plus inquiétant, au moins 60 personnes y ont trouvé la mort depuis janvier. C’est, de loin, l’année la plus meurtrière pour les migrants sur le littoral depuis 2018, et le début des traversées de la Manche.
Parmi les mesures évoquées, les maires demandent l’obtention de moyens supplémentaires, la création d’une police des transports sur le littoral, ou encore la nomination d’un préfet dédié à l’immigration.
Ils proposent aussi d’entamer « un bras de fer » avec le Royaume-Uni pour renégocier les accords du Touquet. Signés en 2003, ces accords prévoient le déplacement de la frontière britannique sur le sol français. Depuis, le Royaume-Uni et la France ont signé de multiples accords bilatéraux, pour empêcher les passages illégaux à la frontière, Londres versant plusieurs centaines de millions d’euros à Paris dans ce cadre.
« Cette problématique ne saurait trouver sa résolution sans l’engagement d’un bras de fer avec le gouvernement britannique dont la responsabilité vis-à-vis de ce que subissent les communes littorales est colossale », écrivent les maires dans leur communiqué.
Les élus du littoral ont profité du Congrès des maires de France, qui se tient cette semaine à Versailles (région parisienne) pour interpeller le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur les difficultés rencontrées : « Le dispositif mis en place contre le départ des ’small boats’ n’est pas performant. On continue de faire mourir des gens, en alimentant des réseaux, des mafias, des associations. Il faut dire stop à tout ça », a déclaré à La Voix du Nord Natacha Bouchart, la maire de Calais, à l’initiative du collectif d’élus.
Plusieurs communes importantes du littoral n’ont cependant pas rejoint l’appel, notamment Dunkerque, Boulogne-sur-Mer ou encore Grande-Synthe, pourtant elles aussi concernées par le phénomène migratoire. « Cela fait des années que je propose la renégociation des accords du Touquet ou encore la remise en cause du règlement Dublin. Je souhaite aussi plus de moyens, mais pas pour construire un nouveau CRA [Centre de rétention administrative, ndlr] sur le dunkerquois, plutôt pour l’accompagnement » des migrants, réagit auprès d’InfoMigrants Martial Beyaert, le maire de Grande-Synthe. « Je suis contre le tout-coercitif ».
Plutôt que de nouveaux renforts pour empêcher le départ de « small-boats », l’élu du Nord propose d’autres solutions : « Quand on sait que 71 % des exilés qui passent au Royaume-Uni sont régularisés, pourquoi ne pas traiter leur situation directement côté français [pour les laisser passer légalement, ndlr] ? Une révision des accords du Touquet pourrait l’imposer », explique celui qui souhaite également la construction « de lieux de refuge de 150 à 200 places sur la bande du littoral ».
D’après La Voix du Nord, une visite du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau doit être organisée dans la Manche dans les prochaines semaines. « On accueillera Bruno Retailleau avec plaisir », conclut l’élu.
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