• Exportations mondiales de graine de soja dans les années 1980
    https://visionscarto.net/exportations-mondiales-soja

    Titre : Exportations mondiales de graine de soja Mots-clés : #archives #géographie #matières_premières #sémiologie #1988 Contexte : Exercice - Recherche cartographique réalisée à l’école supérieure de cartographie géographique de l’Institut de géographie, université de Paris I Sources : - Auteur : Philippe Rekacewicz Date : 1988 #Musée_et_archives

  • Croquis de synthèse géographique de la région Digne-Castellane
    https://visionscarto.net/croquis-de-synthese-geographique

    Titre : Croquis de synthèse géographique de la région Digne-Castellane Mots-clés : #archives #géographie #géographie_régionale #sémiologie #1988 #france Contexte : Exercice - Recherche cartographique réalisée à l’école supérieure de cartographie géographique de l’Institut de géographie, université de Paris I Sources : - Auteur : Philippe Rekacewicz Date : 1988 #Musée_et_archives

  • Trafic voyageurs interurbain aux États-Unis
    https://visionscarto.net/trafic-voyageurs-usa

    Titre : Trafic voyageurs interurbain aux États-Unis Mots-clés : #transport #états-unis #circulation #mobilité #1987 #archives Contexte : Exercice - Recherche cartographique réalisée à l’école supérieure de cartographie géographique de l’Institut de géographie, université de Paris I Source : - Auteur : Philippe Rekacewicz Date : 1987 #Musée_et_archives

  • Industrie du lait en 1986
    https://visionscarto.net/industrie-du-lait-en-1986

    Titre : Industrie du lait en 1986 Mots-clés : #archives #agriculture #lait #sémiologie #1986 #france Contexte : Exercice - Recherche cartographique réalisée à l’école supérieure de cartographie géographique de l’Institut de géographie, université de Paris I Source : Statistiques du ministère de l’agriculture, 1986 Auteur : Philippe Rekacewicz Date : 1988 #Musée_et_archives

  • Covid-19 : une étude allemande montre que le musée est moins dangereux qu’un supermarché

    D’après les conclusions du professeur Martin Kriegler, de l’Université technique de Berlin, et de l’ingénieur Anne Hartmann, le taux de #contagiosité au #virus dans les lieux de #culture est très faible, comparé à celui dans les #écoles ou les #commerces.

    https://www.lefigaro.fr/culture/covid-19-une-etude-allemande-montre-que-le-musee-est-moins-dangereux-qu-un-

    #musées #supermarchés #supermarché #musée #covid-19 #coronavirus #contagion #lieux_de_culture

  • L’oublieuse mémoire coloniale italienne

    Commencée avant le fascisme, galvanisée par Mussolini, la colonisation par l’Italie de la Libye, de la Somalie et de l’Ethiopie fut marquée par de nombreuses atrocités,loin du mythe d’une occupation douce. Longtemps refoulés, ces souvenirs commencent à ressurgir

    Tout commence dans le centre de Rome, sur l’Esquilin, la plus haute des sept collines antiques. Plus précisément dans la cage d’escalier d’un immeuble sans ascenseur, situé à deux pas de la piazza Vittorio. Dans ce quartier à deux pas de la gare Termini, les prix de l’immobilier sont beaucoup plus modestes que dans le reste du centre, si bien que l’Esquilin est devenu, depuis une vingtaine d’années, un lieu de concentration de l’immigration africaine et asiatique, ce qui n’est pas sans provoquer des tensions le squat, occupé depuis 2003 par les militants néofascistes de CasaPound, est juste à côté.

    C’est donc là, en rentrant chez elle, épuisée, dans la touffeur d’une après-midi de fin d’été 2010, qu’Ilaria Profeti se retrouve nez à nez avec un jeune homme arrivé d’Ethiopie par la route des migrants. Dans un italien presque sans accent, celui-ci lui assure, documents à l’appui, qu’il est le petit-fils de son père, Attilio, un homme de 95 ans qui est resté, sa longue vie durant, plus que discret sur ses jeunes années de « chemise noire » fasciste, en Abyssinie.

    Levons toute ambiguïté : la scène qui vient d’être décrite est tout à fait vraisemblable, mais elle est issue d’une oeuvre de fiction. Il s’agit en réalité des premières pages d’un roman, le superbe Tous, sauf moi (Sangue giusto), de Francesca Melandri (Gallimard, 2019), qui dépeint avec une infinie subtilité les angles morts de la mémoire coloniale italienne. Le fil conducteur de la narration est le parcours sinueux d’un vieil homme dont le destin finalement assez ordinaire a valeur d’archétype.

    Issu d’un milieu plutôt modeste, Attilio Profeti a su construire à sa famille une position plutôt enviable, en traversant le mieux possible les différents mouvements du XXe siècle. Fasciste durant sa jeunesse, comme l’immense majorité des Italiens de son âge, il est parti pour l’Ethiopie, au nom de la grandeur impériale. Après la chute de Mussolini et la fin de la guerre, il parviendra aisément à se faire une place au soleil dans l’Italie du miracle économique, jouant de son physique avantageux et de ses amitiés haut placées, et enfouissant au plus profond de sa mémoire le moindre souvenir de ses années africaines, les viols, les massacres, les attaques chimiques. C’est ce passé, refoulé avec une certaine désinvolture, qui revient hanter ses enfants, trois quarts de siècle plus tard, sous les traits d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, arrivé à Rome après une interminable traversée.

    Comme l’héroïne de Tous, sauf moi, Francesca Melandri vit sur l’Esquilin, au dernier étage d’un immeuble à la population mélangée. Et à l’image d’Ilaria, c’est sur le tard qu’elle a découvert ce pan escamoté de l’histoire italienne. « Quand j’étais à l’école, on ne parlait pas du tout de ce sujet-là, confie-t-elle depuis sa terrasse dominant les toits de la ville. Aujourd’hui ça a changé, il y a eu une prise de conscience, et de nombreux travaux universitaires. Pourtant cette histoire n’est jamais rappelée par les médias. Lorsqu’on parle du dernier attentat à la bombe à Mogadiscio, qui se souvient des liens entre Italie et Somalie ? Quand des bateaux remplis de migrants érythréens sont secourus ou coulent avant d’être sauvés, qui rappelle que l’Erythrée, nous l’appelions "l’aînée des colonies" ? »

    Le plus étrange est qu’à Rome, les traces du passé colonial sont légion, sans que personne n’ait jamais pensé à les effacer. Des stèles près desquelles personne ne s’arrête, des bâtiments anonymes, des noms de rue... rien de tout cela n’est explicité, mais tout est à portée de main.

    Comprendre les raisons de cette occultation impose de revenir sur les conditions dans lesquelles l’ « Empire » italien s’est formé. Création récente et n’ayant achevé son unité qu’en 1870, alors que la plus grande partie du monde était déjà partagée en zones d’influence, le royaume d’Italie s’est lancé avec du retard dans la « course » coloniale. De plus, il ne disposait pas, comme l’Allemagne qui s’engage dans le mouvement à la même époque, d’une puissance industrielle et militaire susceptible d’appuyer ses prétentions.

    Visées impérialistes

    Malgré ces obstacles, l’entreprise coloniale est considérée par de nombreux responsables politiques comme une nécessité absolue, à même d’assurer une fois pour toutes à l’Italie un statut de grande puissance, tout en achevant le processus d’unification du pays nombre des principaux avocats de la colonisation viennent de la partie méridionale du pays. Les visées impérialistes se dirigent vers deux espaces différents, où la carte n’est pas encore tout à fait figée : la Méditerranée, qui faisait figure de champ naturel d’épanouissement de l’italianité, et la Corne de l’Afrique, plus lointaine et plus exotique.

    En Afrique du Nord, elle se heurta vite à l’influence française, déjà solidement établie en Algérie. Ses prétentions sur la Tunisie, fondées sur la proximité de la Sicile et la présence sur place d’une importante communauté italienne, n’empêcheront pas l’établissement d’un protectorat français, en 1881. Placé devant le fait accompli, le jeune royaume d’Italie considérera l’initiative française comme un véritable acte de guerre, et la décennie suivante sera marquée par une profonde hostilité entre Paris et Rome, qui poussera le royaume d’Italie à s’allier avec les grands empires centraux d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie plutôt qu’avec sa « soeur latine .

    Sur les bords de la mer Rouge, en revanche, la concurrence est plus faible. La première tête de pont remonte à 1869, avec l’acquisition de la baie d’Assab (dans l’actuelle Erythrée) par un armateur privé, pour le compte de la couronne d’Italie. Cette présence s’accentue au cours des années 1880, à mesure du recul de l’influence égyptienne dans la zone. En 1889, est fondée la colonie d’Erythrée, tandis que se structure au même moment la Somalie italienne. Mais l’objectif ultime des Italiens est la conquête du my thique royaume d’Abyssinie, qui s’avère plus difficile que prévu.

    En 1887, à Dogali, plusieurs centaines de soldats italiens meurent dans une embuscade menée par un chef abyssin, le ras Alula Engida. Cette défaite marque les esprits, mais ce n’est rien à côté de la déconfiture des forces italiennes lors de la bataille d’Adoua, le 1er mars 1896, qui porte un coup d’arrêt durable aux tentatives italiennes de conquête.

    Seul pays africain indépendant (avec le Liberia), l’Ethiopie peut désormais se targuer de devoir sa liberté à une victoire militaire. Le négus Menelik II y gagne un prestige considérable. Côté italien, en revanche, cette défaite est un électrochoc. Ressentie comme une honte nationale, la déroute des troupes italiennes entraîne la chute du gouvernement Crispi et freine durablement l’im périalisme italien.

    Adoua est un tournant. L’historien et ancien sénateur de gauche Miguel Gotor est l’auteur d’une remarquable synthèse sur le XXe siècle italien, L’Italia nel Novecento. Dalla sconfitta di Adua alla vittoria di Amazon (« L’Italie du XIXe siècle. De la défaite d’Adoua à la victoire d’Amazon » Einaudi, 2019, non traduit). Pour lui, c’est là-bas, sur les hauteurs de la région du Tigré, par cette humiliation retentissante, que le XXe siècle italien a commencé.

    L’aventure coloniale italienne s’est ouverte de façon peu concluante, mais l’aspiration à l’empire n’a pas disparu. La décomposition de l’Empire ottoman offrira à Rome une occasion en or, en lui permettant, en 1911-1912, de s’implanter solidement en Cyrénaïque et en Tripolitaine. « Souvent la conquête de ce qui allait devenir la Libye est évacuée un peu vite, mais c’est un moment très important. Pour l’armée italienne, c’est une répétition, un peu comme a pu l’être la guerre d’Espagne, juste avant la seconde guerre mondiale », souligne Miguel Gotor. Ainsi, le 1er novembre 1911, un aviateur italien lâche quatre grenades sur des soldats ottomans, réalisant ainsi le premier bombardement aérien de l’histoire mondiale.

    « La conquête des côtes d’Afrique du Nord est importante, certes, mais la Libye est juste en face de la Sicile, au fond c’est du "colonialisme frontalier". La colonie au sens le plus "pur", celle qui symboliserait le mieux l’idée d’empire, ça reste l’Abyssinie », souligne Miguel Gotor. Aussi les milieux nationalistes italiens, frustrés de ne pas avoir obtenu l’ensemble de leurs revendications territoriales au sortir de la première guerre mondiale, continueront à nourrir le rêve de venger l’humiliation d’Adoua.

    Le fascisme naissant ne se privera pas d’y faire référence, et d’entretenir le souvenir : les responsables locaux du parti se feront appeler « ras », comme les chefs éthiopiens. A partir de la fin des années 1920, une fois le pouvoir de Mussolini solidement établi, les prétentions coloniales deviendront un leitmotiv des discours officiels.

    Aussi la guerre de conquête déclenchée contre l’Ethiopie en 1935 est-elle massi vement soutenue. L’effort est considérable : plus de 500 000 hommes sont mobilisés. Face à un tel adversaire, le négus Haïlé Sélassié ne peut résister frontalement. Le 5 mai 1936, les soldats italiens entrent dans la capitale, Addis-Abeba, et hissent le drapeau tricolore. Quatre jours plus tard, à la nuit tombée, depuis le balcon du Palazzo Venezia, en plein coeur de Rome, Mussolini proclame « la réapparition de l’Empire sur les collines fatales de Rome » devant une foule de plusieurs centaines de milliers de personnes.

    « C’est bien simple, à ce moment-là, en Italie, il est à peu près impossible d’être anti fasciste », résume Miguel Gotor. Dans la foulée de ce succès, le roi Victor-Emmanuel III est proclamé empereur d’Ethiopie ; Benito Mussolini peut désormais se targuer d’avoir bâti un empire. La faillite d’Adoua avait été causée par un régime parle mentaire inefficace et désorganisé ? La victoire de 1936 est due, elle, aux vertus d’une Italie rajeunie et revigorée par le fascisme. La machine de propagande tourne à plein régime, l’assentiment populaire est à son sommet. « Ce moment-là est une sorte d’apogée, et à partir de là, la situation du pays se dégrade, analyse Miguel Gotor. Ar rivent les lois raciales, l’entrée en guerre... tout est réuni pour nourrir une certaine nostalgie de l’épopée éthiopienne. »

    Mécanisme de refoulement

    Le rêve impérial sera bref : il ne survivra pas à la défaite militaire et à la chute du fascisme. L’Ethiopie est perdue en 1941, la Libye quelques mois plus tard... Le traité de Paris, conclu en 1947, met officiellement un terme à une colonisation qui, dans les faits, avait déjà cessé d’exister depuis plusieurs années. Tandis que l’Ethiopie indépendante récupère l’Erythrée, la Libye est placée sous la tutelle de la France et du Royaume-Uni. Rome gardera seulement une vague tutelle sur la Somalie, de 1949 à 1960.

    Le projet d’empire colonial en Méditerranée et en Afrique, qui fut un des ciments de l’assentiment des Italiens à Mussolini, devient associé pour la plupart des Italiens au régime fasciste. L’un et l’autre feront l’objet du même mécanisme de refoulement dans l’Italie de l’après-guerre. Les dirigeants de l’Italie républicaine font rapidement le choix de tourner la page, et ce choix est l’objet d’un profond consensus qui couvre tout le spectre politique (le premier décret d’amnistie des condamnations de l’après-guerre remonte à 1946, et il porte le nom du dirigeant historique du Parti communiste italien Palmiro Togliatti). Les scènes de liesse de la Piazza Venezia ne seront plus évoquées, et avec elles les faces les plus sombres de l’aventure coloniale. Même la gauche transalpine, qui prendra fait et cause pour les mouvements anticoloniaux africains (notamment le FLN algérien) n’insistera jamais sur le versant italien de cette histoire.

    « Cela n’est pas étonnant, la mémoire est un phénomène sélectif, et on choisit toujours, consciemment ou non, ce qu’on va dire à ses enfants ou ses petits-enfants », remarque le jeune historien Olindo De Napoli (université de Naples-Frédéric-II), spécialiste de la période coloniale. « Durant l’immédiat après-guerre, ce sont les témoins qui parlent, ce sont eux qui publient », remarque l’his torien. Ainsi de la collection d’ouvrages L’Italia in Africa éditée sous l’égide du ministère des affaires étrangères, emblématique de la période. « Ces volumes sont passionnants, mais il y a certains oublis, qui vont vite poser des problèmes. »

    Parmi ces « oublis », la question la plus centrale, qui fera le plus couler d’encre, est celle des massacres de civils et de l’usage de gaz de combat, malgré leur interdiction par les conventions de Genève, lors de la guerre d’Ethiopie. Dans les années 1960, les études pionnières d’Angelo Del Boca et Giorgio Rochat mettront en lumière, documents officiels à la clé, ce pan occulté de la guerre de 1935-1936. Ils se heurteront à l’hostilité générale des milieux conservateurs.

    Un homme prendra la tête du mouvement de contestation des travaux de Del Bocaet Rochat : c’est Indro Montanelli (1909-2001), considéré dans les années 1960 comme le journaliste le plus important de sa géné ration. Plume du Corriere della Sera (qu’il quittera pour fonder Il Giornale en 1974), écrivain d’essais historiques à l’immense succès, Montanelli était une figure tutélaire pour toute la droite libérale.

    Comme tant d’autres, il avait été un fasciste convaincu, qui s’était porté volontaire pour l’Ethiopie, et il n’a pris ses distances avec Mussolini qu’en 1943, alors que la défaite était apparue comme certaine. Ra contant « sa » guerre à la tête d’une troupe de soldats indigènes, Montanelli la décrit comme « de longues et belles vacances », et qualifie à plusieurs reprises d’ « anti-Italiens » ceux qui font état de massacres de civils et d’usage de gaz de combat. La polémique durera des années, et le journaliste sera bien obligé d’admettre, à la fin de sa vie, que les atrocités décrites par Rochat et Del Bocaavaient bien eu lieu, et avaient même été expressément ordonnées par le Duce.

    A sa manière, Montanelli incarne parfaitement la rhétorique du « bon Italien » (« Italia brava gente »), qui sera, pour toute une génération, une façon de disculper l’homme de la rue de toute forme de culpabilité collective face au fascisme. Selon ce schéma, contrairement à son allié allemand, le soldat italien ne perd pas son humanité en endossant l’uniforme, et il est incapable d’actes de barbarie. Ce discours atténuant la dureté du régime s’étend jusqu’à la personne de Mussolini, dépeint sous les traits d’un chef un peu rude mais bienveillant, dont le principal tort aura été de s’allier avec les nazis.

    Ce discours trouve dans l’aventure coloniale un terrain particulièrement favorable. « Au fond, on a laissé s’installer l’idée d’une sorte de colonisation débonnaire, analyse Olindo De Napoli, et ce genre de représentation laisse des traces. Pourtant la colonisation italienne a été extrêmement brutale, avant même le fascisme. En Ethiopie, l’armée italienne a utilisé des soldats libyens chargés des basses oeuvres, on a dressé des Africains contre d’autres Africains. Et il ne faut pas oublier non plus que les premières lois raciales, préfigurant celles qui seront appliquées en 1938 en Italie, ont été écrites pour l’Ethiopie... Il ne s’agit pas de faire en sorte que des enfants de 16 ans se sentent coupables de ce qu’ont fait leurs arrière-grands-pères, il est seulement question de vérité historique. »

    Désinvolture déconcertante

    Malgré les acquis de la recherche, pour le grand public, la colonisation italienne reste souvent vue comme une occupation « douce », par un peuple de jeunes travailleurs prolétaires, moins racistes que les Anglais, qui se mélangeaient volontiers avec les populations locales, jusqu’à fonder des familles. L’archétype du colon italien tombant amoureux de la belle Abyssine, entretenu par les mémoires familiales, a lui aussi mal vieilli. Là encore, le parcours d’Indro Montanelli est plus qu’éclairant. Car aujourd’hui, si sa défense de l’armée italienne apparaît comme parfaitement discréditée, ce n’est plus, le concernant, cet aspect de sa vie qui fait scandale.

    En effet, on peut facilement trouver, sur Internet, plusieurs extraits d’entretiens télévisés remontant aux années 1970 et 1980, dans lesquelles le journaliste raconte avec une désinvolture déconcertante comment, en Ethiopie, il a « acheté régulièrement » à son père, pour 350 lires, une jeune fille de 12 ans pour en faire sa femme à plusieurs reprises, il la qualifie même de « petit animal docile », devant un auditoire silencieux et appliqué.

    Célébré comme une gloire nationale de son vivant, Indro Montanelli a eu l’honneur, à sa mort et malgré ces déclarations sulfureuses, de se voir dédié à Milan un jardin public, au milieu duquel trône une statue de lui. Au printemps 2019, cette statue a été recouverte d’un vernis de couleur rose par un collectif féministe, pour rappeler cet épisode, et en juin 2020, la statue a de nouveau été recouverte de peinture rouge, en lointain écho au mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent ») venu des Etats-Unis.

    Indro Montanelli mérite-t-il une statue dans l’Italie de 2021 ? La question a agité les journaux italiens plusieurs jours, au début de l’été, avant que la polémique ne s’éteigne d’elle-même. Pour fondée qu’elle soit, la question semble presque dérisoire eu égard au nombre de témoignages du passé colonial, rarement explicités, qui subsistent un peu partout dans le pays.

    Cette situation n’est nulle part plus visible qu’à Rome, que Mussolini rêvait en capitale d’un empire africain. L’écrivaine italienne Igiaba Scego, née en 1974 de parents réfugiés somaliens, y a dédié un passionnant ouvrage, illustré par les photographies de Rino Bianchi (Roma negata, Ediesse, réédition 2020, non traduit).

    Passant par la stèle laissée à l’abandon de la piazza dei Cinquecento, face à la gare Termini, dont la plupart des Romains ignorent qu’elle a été baptisée ainsi en mémoire des 500 victimes italiennes de l’embuscade de Dogali, ou l’ancien cinéma Impero, aujourd’hui désaffecté, afin d’y évoquer l’architecture Art déco qui valut à la capitale érythréenne, Asmara, d’être classée au patrimoine de l’Unesco, la romancière fait une station prolongée devant le siège romain de la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), construit pour abriter le siège du puissant ministère de l’Afrique italienne.

    Devant ce bâtiment tout entier dédié à l’entreprise coloniale, Benito Mussolini avait fait ériger en 1937 un obélisque haut de 24 mètres et vieux d’environ seize siècles, ramassé sur site d’Axoum, en Ethiopie. Il s’agissait, rappelle Igiaba Scego, de faire de ce lieu « le centre de la liturgie impériale .

    La république née sur les ruines du fascisme s’était engagée à restituer cette prise de guerre à la suite des traités de 1947, mais après d’innombrables vicissitudes, le monument est resté en place jusqu’en 2003, où le gouvernement Berlusconi choisit de le démonter en trois morceaux avant de le renvoyer à Axoum, à ses frais.

    En 2009, la mairie de Rome a fait installer sur la même place, à deux pas de cet espace vide, une stèle commémorative afin « de ne pas oublier le passé . Mais curieusement, celle-ci a été dédiée... à la mémoire des attentats du 11-Septembre. Comme s’il fallait enfouir le plus profondément possible ce souvenir du rêve impérial et de la défaite, la ville a choisi de faire de ce lieu le symbole d’une autre tragédie. « Pourquoi remuer ces his toires horribles ? Pensons plutôt aux tragédies des autres. Le 11-Septembre était parfait », note, sarcastique, Igiaba Scego.

    A une quinzaine de kilomètres de là, dans le décor grandiose et écrasant du Musée de la civilisation romaine, en plein centre de ce quartier de l’EUR où la mémoire du fascisme est omniprésente, l’ethno-anthropologue Gaia Delpino est confrontée à un autre chantier sensible, où s’entrechoquent les mémoires. Depuis 2017, elle travaille à fusionner en un même lieu les collections du vieux musée ethnologique de Rome (Musée Pigorini) et du sulfureux Musée colonial inauguré en 1923, dont les collections dormaient dans des caisses depuis un demi-siècle.

    D’une fascinante complexité

    Lorsqu’on lui parle de l’odyssée de l’obélisque d’Axoum, elle nous arrête tout de suite : « C’est bien simple : ce qui a été réalisé là-bas, c’est exactement l’inverse de ce qu’on veut faire. » Restituer ces collections dans leur contexte historique tout en articulant un message pour l’Italie d’aujourd’hui, permettre à toutes les narrations et à toutes les représentations de s’exprimer dans leur diversité... L’entreprise est d’une fascinante complexité.

    « Les collections du MuséePigorini ont vieilli bien sûr, comme tous ces musées ethnographiques du XIXe siècle qui véhiculaient l’idée d’une supériorité de la civilisation occidentale. Le Musée colonial, lui, pose d’autres problèmes, plus singuliers. Il n’a jamais été pensé comme autre chose qu’un moyen de propagande, montrant à la fois les ressources coloniales et tout ce qu’on pourrait en tirer. Les objets qui constituent les collections n’ont pas vu leur origine enregistrée, et on a mis l’accent sur la quantité plus que sur la qualité des pièces », expliqueGaia Delpino.

    Sur des centaines de mètres de rayonnages, on croise pêle-mêle des maquettes de navires, des chaussures, des outils et des objets liturgiques... L’accumulation donne le vertige. « Et ce n’est pas fini, nous recevons tous les jours des appels de personnes qui veulent offrir des objets ayant appartenu à leur père ou à leur grand-père, qu’ils veulent nous confier comme une réparation ou pour faire un peu de place », admet l’anthropologue dans un sourire.

    Alors que le travail des historiens peine à se diffuser dans le grand public, où les représentations caricaturales du système colonial, parfois instrumentalisées par la politique, n’ont pas disparu, le futur musée, dont la date d’ouverture reste incertaine pour cause de pandémie, risque d’être investi d’un rôle crucial, d’autant qu’il s’adressera en premier lieu à un public scolaire. « Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que parallèlement à ce difficile travail de mémoire, la population change. Aujourd’hui, dans nos écoles, il y a aussi des descendants de victimes de la colonisation, italienne ou autre. Nous devons aussi penser à eux », précise Gaia Delpino.

    Retournons maintenant au centre de Rome. En 2022, à mi-chemin du Colisée et de la basilique Saint-Jean-de-Latran, une nouvelle station de métro doit ouvrir, dans le cadre du prolongement de la ligne C. Depuis le début du projet, il était prévu que celle-ci soit baptisée « Amba Aradam », du nom de la large artère qui en accueillera l’entrée, appelée ainsi en souvenir de la plus éclatante des victoires italiennes en Ethiopie.

    Ce nom était-il opportun, alors que les historiens ont établi que cette victoire écrasante de l’armée fasciste avait été obtenue au prix de 10 000 à 20 000 morts, dont de nombreux civils, et que les troupes italiennes avaient obtenu la victoire en faisant usage d’ypérite (gaz moutarde), interdit par les conventions de Genève ? Le 1er août 2020, la mairie a finalement fait savoir que la station serait dédiée à la mémoire de Giorgio Marincola.

    Pour le journaliste Massimiliano Coccia, qui a lancé cette proposition avec le soutien de collectifs se réclamant du mouvement Black Lives Matter, « revenir sur notre passé, ce n’est pas détruire ou incendier, mais enrichir historiquement notre cité . Et on peut choisir de célébrer la mémoire d’un résistant italo-somalien tué par les nazis plutôt que celle d’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale italienne.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/05/libye-somalie-ethiopie-l-oublieuse-memoire-coloniale-italienne_6068846_3232.

    #Italie #colonialisme #colonisation #Mussolini #fascisme #Libye #Somalie #Ethiopie #atrocités #occupation_douce #mémoire #mémoire_coloniale #occultation #impérialisme #Corne_de_l'Afrique #baie_d'Assab #royaume_d'Abyssinie #Alula_Engida #bataille_d'Adoua #Menelik_II #Crispi #Adoua #Tigré #Cyrénaïque #Tripolitaine #colonialisme_frontalier #Abyssinie #Haïlé_Sélassié #propagande #traité_de_Paris #refoulement #mémoire #massacres #gaz #Indro_Montanelli #gaz_de_combat #bon_Italien #Italia_brava_gente #barbarie #humanité #lois_raciales #vérité_historique #culpabilité #viol #culture_du_viol #passé_colonial #Igiaba_Scego #monuments #toponymie #toponymie_politique #Axoum #stèle #Musée_Pigorini #musée #Musée_colonial #Amba_Aradam #ypérite #gaz_moutarde #armes_chimiques #Giorgio_Marincola #Black_Lives_Matter

    L’article parle notamment du #livre de #Francesca_Melandri, « #sangue_giusto » (traduit en français par « Tous, sauf moi »
    https://seenthis.net/messages/883118

    ajouté à la métaliste sur le #colonialisme_italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

    ping @cede

  • #Acropolis_Museum

    The Acropolis Museum enters dynamically into the world of digital technology and opens new channels of communication with the public. The large number of applications that were developed under the programme “Creation of the Digital Acropolis Museum” showcases the multiple aspects of its exhibits, offers unique experiences in its galleries and creates a new, exciting world for kids and grownups alike. At the same time its new website captures in a contemporary way the Museum’s function and activities, provides multidimensional orientation and entertainment, renders all its collections open and accessible to the international community and forms an attractive environment, designed specifically for children.

    Virtual tour :


    https://artsandculture.google.com/streetview/acropolis-museum/IwFUpQvIJ1QDVA

    https://www.theacropolismuseum.gr/en/digital-museum

    #virtuel #musée_virtuel #acropole #Athènes #Grèce #antiquité

  • Wissenschaftsrat - Pressemitteilungen - Herausragendes Potenzial für Kultur und Wissenschaft heben | Wissenschaftsrat empfiehlt grundlegende Neuordnung der Stiftung Preußischer Kulturbesitz
    https://www.wissenschaftsrat.de/SharedDocs/Pressemitteilungen/DE/PM_2020/pm_1820.html

    13.07.2020 - In seinen „Strukturempfehlungen zur Stiftung Preußischer Kulturbesitz (SPK)“ spricht sich der Wissenschaftsrat dafür aus, die Dachstruktur der SPK aufzulösen und den Verbund der Staatlichen Museen zu Berlin, die Staatsbibliothek zu Berlin, das Geheime Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz und das Ibero-Amerikanische Institut jeweils organisatorisch zu verselbstständigen. Für das Staatliche Institut für Musikforschung mit seinem Musikinstrumenten-Museum empfiehlt er eine Eingliederung in die Staatlichen Museen.

    „Die Sammlungen der SPK sind von immenser internationaler Bedeutung. Entsprechend hoch sind die Erwartungen von Öffentlichkeit, Politik und Wissenschaft an Ausstellungen, Vermittlungsformate und Forschung in den Einrichtungen der Stiftung“, betont Dorothea Wagner, Vorsitzende des Wissenschaftsrats. „Zwar verfügen diese Einrichtungen mit ihren Beständen und ihren Mitarbeiterinnen und Mitarbeitern über ein herausragendes und großartiges Potenzial, schöpfen es derzeit allerdings nicht hinreichend aus.“ Mit seinen Empfehlungen zielt der Wissenschaftsrat darauf, die Handlungsspielräume der Einrichtungen zu erweitern und eine klarere Profilbildung zu ermöglichen. Auf diese Weise sollen die Einrichtungen in die Lage versetzt werden, maßgebliche Impulse in internationalen Diskussionen zur Rolle von Museen, Bibliotheken und Archiven in Wissenschaft und Gesellschaft zu setzen.

    Der Wissenschaftsrat würdigt in seinen Empfehlungen das langjährige gemeinsame finanzielle Engagement von Bund und Ländern. Auch die erheblichen Leistungen der Stiftung und ihrer Mitarbeiterinnen und Mitarbeiter, insbesondere nach der deutschen Wiedervereinigung, hebt er positiv hervor, ebenso wie die bedeutenden Beiträge in der Bestandserschließung und bestandsbezogenen Forschung oder das Engagement in der Hochschullehre.

    Der Wissenschaftsrat sieht allerdings einen Punkt erreicht, an dem die Dachstruktur der Stiftung die Weiterentwicklung der darunter versammelten Einrichtungen einschränkt. Gründe dafür sind unter anderem tief gestaffelte Hierarchien und unklare Entscheidungsprozesse. Um die Leistungs- und Strategiefähigkeit der Einrichtungen dauerhaft zu verbessern, hält er daher einen entschiedenen Eingriff in die Struktur der SPK für unvermeidlich. Erforderlich ist zudem eine deutlich bessere finanzielle Ausstattung der Einrichtungen.

    Bei den Staatlichen Museen zu Berlin (SMB) besteht der Handlungsbedarf vor allem in den publikumsorientierten Bereichen. „In Kernbereichen wie Ausstellungen und Vermittlung, auch in der Öffentlichkeitsarbeit oder bei der Präsentation im digitalen Raum, drohen die Museen den Anschluss an internationale Entwicklungen zu verlieren“, so Dorothea Wagner. Die bestehenden Strukturen innerhalb der SMB sind nach Einschätzung des Wissenschaftsrats nicht geeignet, die dringend erforderliche engere Zusammenarbeit und den intellektuellen Austausch zwischen den einzelnen Sammlungen und Instituten zu befördern. Ebenso fehlt es an einer ausreichenden finanziellen und personellen Ausstattung.

    Für den Verbund der Staatlichen Museen empfiehlt der Wissenschaftsrat daher, die Chance einer organisatorischen Verselbständigung zu nutzen, um die interne Organisation der Staatlichen Museen neu zu ordnen. Ziel sollte dabei sein, moderne Ausstellungen sowie kooperative und international vernetzte Forschung zu ermöglichen und eine umfassende digitale Transformation zu befördern.

    Der Staatsbibliothek zu Berlin bescheinigt der Wissenschaftsrat eine ausgeprägte Nutzerorientierung und ein überzeugendes Verständnis der eigenen Rolle im Forschungs- und Wissenschaftssystem. Für den digitalen Strukturwandel des Wissenschaftssystems ist die Staatsbibliothek gut aufgestellt. Eine organisatorische Verselbstständigung soll sie in die Lage versetzen, ihre strategischen Ziele schneller und flexibler sowie mit größerer Unabhängigkeit umsetzen zu können und ihre Leistungsfähigkeit im nationalen Zusammenspiel der großen wissenschaftlichen Bibliotheken weiter zu stärken.

    Das Geheime Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz erfüllt kompetent seine Aufgaben, ist gut auf seine Nutzerinnen und Nutzer eingestellt und bemüht sich erfolgreich um eine kontinuierliche Verbesserung seines Angebots, auch im digitalen Raum. Dringenden Handlungsbedarf sieht der Wissenschaftsrat bezüglich der unbefriedigenden Magazinsituation des Geheimen Staatsarchivs.

    Das Ibero-Amerikanische Institut übernimmt für die Lateinamerikaforschung eine sehr wichtige Service- und Vernetzungsfunktion von nationaler und internationaler Bedeutung. Der Wissenschaftsrat betont, dass das Ibero-Amerikanische Institut diese Funktion nur erfüllen kann, wenn es über eine weitestgehende Selbstständigkeit verfügt. Seine gut austarierte Balance zwischen Forschungseinrichtung, Bibliothek und Kulturzentrum sollte das Institut unbedingt auf dem derzeitigen hohen Niveau bewahren.

    Die Stärken des Staatlichen Instituts für Musikforschung sieht der Wissenschaftsrat vor allem bei dessen Musikinstrumenten-Museum. Er empfiehlt, das Staatliche Institut für Musikforschung als Musikinstrumenten-Museum in die Staatlichen Museen zu integrieren und einen Strategieprozess zur zukünftigen Ausrichtung und Binnenorganisation der Einrichtung anzustoßen.

    Der Wissenschaftsrat war im Juli 2018 über das Bundesministerium für Bildung und Forschung von der Beauftragten der Bundesregierung für Kultur und Medien gebeten worden, eine Strukturevaluation der SPK durchzuführen und dabei insbesondere die Governance-Struktur, die Sammlungen, Ausstellungen, Bibliotheken und Archive der SPK vor allem mit Blick auf deren Service- und Dienstleistungsorientierung, die Rolle der Forschung bei der SPK mit einer Einschätzung zu den Planungen für den Forschungs­campus Dahlem sowie die Digitalisierungsstrategie der SPK zu begutachten. Auch in der Vergangenheit hat der Wissenschaftsrat bereits zu Einrichtungen aus dem Kulturbereich Stellung genommen, beispielsweise zu den Staatlichen Kunstsammlungen Dresden (2014) oder zur Klassik Stiftung Weimar (2011).

    Download: https://www.wissenschaftsrat.de/download/2020/8520-20.pdf?__blob=publicationFile&v=2

    #Berlin #Politik #Museen

  • Pierre Bourdieu : « Le musée est important pour ceux qui y vont dans la mesure où il leur permet de se distinguer de ceux qui n’y vont pas »
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/musees-daujourdhui-et-de-demain-pierre-bourdieu-1ere-diffusion-2102197


    Le 21 février 1972, pour ouvrir une série d’émissions intitulée « Musées d’aujourd’hui et de demain », Jocelyn de Noblet recevait Pierre Bourdieu, qui exposait le cadre, les conclusions et les enjeux de cette passionnante étude sur la fréquentation des musées et sa signification sociale.

    • Avec la massification de cette fréquentation, il me semble que Bourdieu aurait été conduit, sans révisons déchirantes (?) à d’autres analyses.

      On peut aussi se souvenir de critiques qui furent adressées à cette école de pensée, dont celle-ci, qui m’avait paru à l’époque tout à fait salubre, du Collectif « Révoltes logiques » : L’empire du sociologue , 1984 [compte-rendu]
      https://www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_1984_num_72_1_2413_t1_0173_0000_1

      Bourdieu et Rancière discutés, Charlotte Nordmann, 2007 [compte-rendu]
      https://www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_2007_num_152_1_4665

      La théorie bourdieusienne, affirme-t-il, ne permet aucune émancipation sociale. Au lieu de donner aux individus des outils pour lutter contre la domination dont ils sont victimes, elle redouble celle-ci (...)

      #culture #distinction #capital_culturel #musées #sociologie #sociologie_de_la_domination #domination #Pierre_Bourdieu #vidéo

    • Les étranges relations au béarnais de Bourdieu
      https://journals.openedition.org/lengas/4401

      A la fois distant et proche, Pierre Bourdieu entretenait des relations ambigües avec le béarnais. Tout en évoquant sa « haine de l’accent » dans le film de Pierre Carles, il était parrain de la Calendreta de Pau. S’il n’a pas écrit de livre sur cette langue, il s’y réfère dans plusieurs ouvrages ; pour lui, le béarnais est le lien avec le monde du père. C’est donc le point de vue du « transfuge », comme il se définissait lui-même, qui apparaît ici et là. A partir de ces informations disséminées, cet article tente de reconstituer le puzzle pour comprendre ces étranges relations liées à une position sociale.
      [...]
      S’il maîtrise parfaitement le français, pour intégrer l’élite intellectuelle en montant à Paris, il doit aussi apprendre de nouveaux codes sociaux mais surtout se débarrasser du principal stigmate du provincial : l’accent.

      Quand on vient d’un petit milieu, d’un pays dominé, on a de la honte culturelle. Moi j’avais de la honte de mon accent qu’il fallait corriger [Il l’avait totalement abandonné, s’en était purgé, ndc], j’étais passé par l’Ecole Normale etc.,

    • Je suppose qu’on peut avoir le même genre de critique et limites de cette critique avec les bibliothèques municipales : des lieux que l’on prétend être de la culture pour tous, mais qui sont en même temps extrêmement déterminés sociologiquement. Mis les critiquer comme simplement élitistes, comme les musées, revient à passer à côté d’énormément de considérations et de parcours.

      Également : passer à côté du fait que, depuis l’interview de Bourdieur en 1972, cette question de la détermination des publics est un problème qui n’est plus du tout ignoré par ces institutions et les collectivités qui les financent.

    • Marrant, parce que je trouve que les bibliothèques ont durci leur accès à tout·es avec toujours ce déterminisme social ancré dans une certaine culture qui dispose du droit d’être valorisée dans ces lieux. Pas qu’avec l’informatisation des prêts, il faut aussi montrer sa feuille d’impôt chaque année pour avoir le droit à une carte moins chère pour emmener un livre, avec des bibliothécaires qui te réclament du fric pour 3 jours de retard, te foutent la honte, ça ressemble trop à une institution comme la CAF où tu passes ton temps à réclamer tes droits, pour toi, pour les autres, et ça donne pas bien envie.
      Ce ne sont pas tant les bibliothécaires que le système mis en place qui ne donne plus goût à personne.

    • Il y a un moment que j’ai trouvé très frappant dans cet entretien de 72, qui donne l’impression que Bourdieu lui-même, avec son statut d’intellectuel qui parle du fait d’apprendre à voir, n’a pas l’air, lui-même, de voir grand chose dans les musées.

      Il a ces grandes tirades vers la fin à propos de cette vision de « l’art pour l’art » depuis le XIXe siècle, comme si les musées se résumaient à cela. Et surtout une anecdote (l’entretien donne d’ailleurs l’impression d’une sociologie basée sur des anecdotes qu’on lui a racontées, c’est assez marrant) : des ouvriers commentent des œuvres, et n’en disent pas grand chose (« j’aime, j’aime pas ») ; et ce qu’il souligne, c’est qu’un bourgeois commente les mêmes œuvres, avec des mots différents (« ah ça c’est formidable »), mais au fond, conclut Bourdieu, il n’a rien à en dire non plus. Ce qui amène tout de même à une conclusion dramatique : au fond les musées et l’art, selon cette anecdote, il n’y a rien à en dire, puisque même les bourgeois qui s’octroient une légitimation par l’art, n’ont rien à en dire non plus.

      Du coup, l’impression d’une tautologie : certes il y aurait l’aspect très déterminé des publics qui vont au musée, mais si dans le même temps, en tant qu’observateur, tu considères que c’est de l’art pour l’art, et que de toute façon personne n’a rien à en dire, il est assez évident que la conclusion de ton point de vue, ce sera que le rôle principal (voire unique) des musées, c’est la légitimation de la bourgeoisie. Puisque la perception que tu en as toi-même, c’est celle d’une profonde vacuité.

    • Je te trouve injuste @arno Bourdieu parle du pouvoir symbolique que s’arroge les musées et, de ce que j’en comprends, de l’usage de ce pouvoir comme distinguo social à contrario de la culture paysanne, ouvrière auxquelles il n’est pas donné de valeur.
      (Perso c’est vraiment un truc qui me taraude, cette destruction des soit disants sous-cultures)
      Ce n’est donc pas la vacuité de l’art qu’il questionne, ni la valeur des œuvres en soi, mais ce basculement vers l’Art pour l’Art et de notre difficulté à voir face à la sacralisation symbolique du musée, qu’il compare à la religion. De fait, est-il possible de faire évoluer notre regard, quelque soit notre positionnement social puisque « l’Art de voir » est contenu par la structuration même du musée et son appropriation à des fins de conservation. (On mettra bientot un paysan empaillé)

      Bref, je trouve que c’est vraiment intéressant ce qu’il dit, ses interventions sont entrecoupés de musiques trop fortes et donc c’est difficile de suivre sa pensée mais c’est vraiment bien à écouter.

  • Moutier - Les héros du tour

    À Moutier, au cœur de l’Arc jurassien, des mécaniciens retraîtés consacrent bénévolement leur temps à la restauration d’anciens tours automatiques. Ces machines-outils complexes permettent de produire des pièces mécaniques que l’on retrouve dans les objets du quotidien et qui contribuent au confort de la plupart d’entre nous (horlogerie, électroménagers, automobiles, informatique etc.).

    Ces mécaniciens sont les derniers témoins d’un pan méconnu de l’histoire industrielle du 20è siècle en Suisse Romande. Ils sont passionnés par leur ancien métier et leurs témoignages nous révèlent des aspects inédits du monde ouvrier.

    Site du film :
    https://www.lesherosdutour.ch

    Pour voir le film (disponible jusqu’au 20.12.2020) :
    https://pages.rts.ch/docs/evenement/11706061-moutier---les-heros-du-tour.html
    #Moutier #mécanique #Jura #ouvriers #mémoire #machines-outils #Tornos #Bechler #mécanique_de_précision #tours_automatiques#Pétermann #travail #histoire #retraités #histoire_industrielle #Suisse #décolletage #film #film_documentaire

  • Au musée, pinceau à la main
    https://laviedesidees.fr/Alberto-Frigo-L-experience-peinture.html

    À propos de : Alberto Frigo, L’expérience #peinture, Fage. Comment parvenir à dire l’expérience du peintre et du spectateur devant la toile, ce qui les intéresse et leur procure du plaisir ? En essayant de se tenir au plus près de ce que l’on voit, répond Alberto Frigo, mais, paradoxalement, avec l’aide de tous les sens.

    #Arts #musée
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20201021_peinture_longo.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20201021_peinture_longo.pdf

  • Dans le jeu des reflets l’image de son propre #Corps
    http://liminaire.fr/palimpseste/article/dans-le-jeu-des-reflets-l-image-de-son-propre-corps

    Sur la route en gardant les yeux fermés le plus longtemps possible au risque de tomber. Une myriade d’éclats colorés sur le sol carrelé provoquée par la lumière qui s’insinue à travers les morceaux de verre du vitrail d’une vieille église. Sentir battre son cœur au rythme d’une #Musique qui fait danser une inconnue. Quelques pas qui se transforment soudain en #Danse. La légèreté et l’insouciance d’un corps qui danse. La musique d’un film et les images qu’il convoque dans notre mémoire. S’égarer dans la forêt (...) #Palimpseste / #Art, #Vidéo, #Sons, Danse, #Numérique, #Cinéma, #Musée, #Paris, Corps, Musique, #Sensation

    https://www.lafayetteanticipations.com/fr/exposition/rachel-rose
    https://www.lafayetteanticipations.com/fr
    http://liminaire.fr/IMG/mp4/rachel_rose_expo.mp4

  • Écologie ou/et économie, la culture et ses sponsors. Des échanges polémiques, parus en août dans la revue Terrestres, qui questionnent le moment qui est le nôtre, ainsi que la place de « la culture » — et de l’amitié — au sein de celui-ci.

    Quelle culture voulons-nous nourrir ? par Isabelle Fremeaux et John Jordan

    https://www.terrestres.org/2020/08/04/quelle-culture-voulons-nous-nourrir

    Lettre ouverte sur l’amitié et appel à déserter le forum Agir Pour Le Vivant, ayant lieu à Arles du lundi 24 août au dimanche 30 août.

    [... Nous vous écrivons en amis, pas en ennemis. Nombre de vos idées et de vos écrits nous ont souvent servi d’ancrage dans les tempêtes qui se déchaînent en cette époque vacillante. Nous avons rencontré certain-e-s d’entre vous, avec qui nous avons partagé notre passion pour la protection du vivant. Plusieurs nous ont rendu visite sur la zad (Zone à défendre) de Notre-Dame-de-Landes, apportant votre soutien à la lutte victorieuse contre un aéroport climaticide. Nous avons croisé d’autres d’entre vous lors de festivals et de forums où nous présentions nos travaux respectifs. Nous partageons la même maison d’édition avec d’autres encore, et nous avons hâte de rencontrer en personne celles et ceux dont les chemins n’ont pas encore croisé les nôtres. Mais malheureusement, cela ne se produira pas en ce mois d’août, dans la chaleur estivale de la ville d’Arles, lors du forum Agir pour le vivant, car nous n’y viendrons pas. Cette lettre ouverte Quelle culture voulons-nous nourrir ? vous invite à vous aussi incarner ce refus, afin qu’il devienne une désertion collective. L’amitié implique toujours des choix et des conséquences et cette lettre ouverte traite de l’art de choisir de bonnes relations.

    2020 nous a propulsé-e-s dans une bataille d’imaginaires aux proportions rarement connues dans l’histoire : La vie ou l’économie d’abord ? Retour à la normale ou non ? C’est une bataille où non seulement les façons dont nous percevons la vie et coexistons avec elle sont plus que jamais en jeu, mais où une grande partie du vivant pourrait être confrontée à une précarité extrême, à des expulsions et à une extinction massive dans les prochaines décennies. Dans toute bataille, il est impératif de choisir ses ami-e-s et l’événement Agir Pour le Vivant nous semble emblématique de ce type de choix. Le programme paraît irrésistible, toutes les bonnes questions sont posées, avec les bons mots et les bons imaginaires. Pourtant, cet événement est soutenu par des alliés profondément problématiques pour quiconque se soucie du vivant : la plupart des « partenaires » (un terme qui se rapporte autant à nos amours qu’à ceux avec qui nous faisons affaire, un terme bien plus chaleureux que « sponsors »…) font partie de la logique délétère qui ne cesse de traiter le vivant comme n’ayant de valeur que si celle-ci peut être calculée comme une marchandise ou un service au sein du marché.

    Cette logique est celle de l’extractivisme5, des enclosures6, de l’externalisation et de l’extra-territorialité. En somme, c’est la logique même du capitalisme, le contraire de la logique des Communs qui, elle, est la forme de vie que nous nous efforçons de développer et que nous partageons probablement avec la plupart d’entre vous.

    Comme nous l’a proposé Donna Haraway, l’une des clés de cette période de déconstruction du système consiste à générer des « parentés dépareillées » ( make kin ). Il faut nous rappeler qu’il ne s’agit pas seulement de reconstruire nos rapports avec les mondes « plus qu’humains », mais aussi de choisir en toute conscience avec qui nous lions des amitiés dans la lutte pour que la vie continue à vivre et prospérer malgré la guerre que lui mène l’économie. [...]

    « Nous sommes plus que jamais confrontés à la sensibilité et à la fragilité de la Terre » claironne l’élégant site web éco-pop d’Agir pour le Vivant, (www.agirpourlevivant.fr), un forum qui « entend présenter des solutions, oser des expérimentations et contribuer à l’écriture de nouveaux récits… » en vue d’ « une nouvelle conscience en faveur de la biodiversité ». L’événement, qui doit durer une semaine, est organisé par Actes Sud, l’une des plus grandes maisons d’édition francophones. Sa directrice, Françoise Nyssen, est devenue célèbre pour avoir été nommée en 2018 Ministre de la Culture par un banquier devenu Président (Emmanuel Macron) et avoir dû démissionner peu de temps après à cause de « l’affaire de la mezzanine ».

    En faisant défiler la page d’accueil du site jusqu’en bas, après la liste d’illustres intellectuel-le-s et artistes, on découvre 26 logos de « partenaires ». Parmi ces logos, il y a ceux d’institutions financées par des fonds publics (Office du tourisme d’Arles, Parcs Naturels Régionaux de France), ceux de media libéraux (Libération, Kombini), ceux d’entreprises semi-publiques (Banques des Territoires ou Compagnie National du Rhône)… Les autres logos sont ceux de multinationales privées telles que BNP Paribas ou du cabinet de gestion financière Mirova. Le logo du forum est une sorte d’hybride inter-espèces arbre-humain, qui court à perdre haleine, pour, nous semble-t-il, fuir cet événement et la toxicité de ses entreprises partenaires.

    La meilleure manière de comprendre ces partenariats n’est pas tant de les voir comme des entités qui soutiennent le forum mais plutôt l’inverse : c’est le forum qui rend crédible leur mensonge selon lequel elles se soucient de toute autre chose que de faire des profits, en détruisant des vies humaines et non-humaines si nécessaire. Il ne s’agit pas d’argent propre ou sale, mais d’une toute autre monnaie d’échange : la confiance et la valeur qu’on lui accorde.

    Quel trouble voulons-nous habiter ? Réponse à Isabelle Fremeaux et John Jordan - Baptiste Morizot, Estelle Zhong Mengual
    https://www.terrestres.org/2020/08/12/quel-trouble-voulons-nous-habiter-reponse-a-isabelle-fremeaux-et-john-jo

    Votre lettre est magnifique, parce qu’animée par les passions politiques les plus généreuses. Vous auriez pu dire : « Monstres, quel monde pérennisez-vous en ne boycottant pas ce festival ! ». Vous dites : « Quelle culture voulons-nous nourrir ? », et bien sûr, on nourrit, on favorise toujours en contre, mais ce n’est déjà plus le même monde qu’on ouvre, ni la même tonalité de relations. On ne retrouve pas non plus dans votre lettre les sophismes par glissement si courants dans les textes bassement polémiques1. Ce qui est convaincant, c’est que ce n’est pas une critique abstraite et vague du « système » qui vouerait tout contact avec de l’argent aux gémonies : dans votre analyse précise, ce n’est pas le fait que BNP Paribas soit une banque qui rend tout ça condamnable, mais le fait documenté qu’elle soit le plus grand investisseur européen dans les énergies fossiles. Ces pratiques sont objectivement contradictoires avec le mot d’ordre du festival. Cela mérite vraiment attention, cette affaire.

    Quelle lettre revigorante, quelle belle discorde qui nous force à penser, dans un événement qui aurait pu être feutré et tristement consensuel ! Pour tout ça, merci.

    L’AMITIÉ

    Néanmoins, nous ne boycotterons pas ce festival. La première raison, d’abord, pour ne pas parer ce message des faux atours de la pure rationalité idéologique : c’est l’amitié. Pour plusieurs d’entre nous, c’est notre éditeur qui organise ce festival, il y joue un rôle central, or c’est lui qui nous permet de produire des effets par l’écriture, et c’est aussi là que nous nous sentons utiles à la cause. Or, chez cet éditeur et sa nébuleuse d’auteurs, nombre d’entre eux sont devenus des amis, et ce sont ces amis qui nous ont invités. Ils nous ont invités à parler avec des amis, qui défendent des projets forts et des idées radicales que nous défendons aussi. Donc, par loyauté tranquille envers cette nébuleuse d’amis, nous refusons de répondre au problème réel que vous pointez (le risque de participer au greenwashing de BNP Paribas) par un boycott symbolique, à notre sens sans effectivité. Le boycott n’est pas la seule réponse possible à ce trouble, voici notre ligne.

    Nous confessons ce faisant la faiblesse de faire passer nos amitiés réelles, de vivant à vivant, avant les gestes abstraits et définitifs contre des ennemis de principe, ce qui fait de nous de piètres Saint-Just, entre autres impuissances.

    Et oui, ce faisant, il faut habiter dans le trouble de cette phrase si juste de votre lettre : « Les amis de nos amis ne sont pas toujours nos amis ».

    LA LIMITE DU BOYCOTT

    Votre lettre ouvre un débat, parce qu’il ne s’agit pas d’une leçon de morale, mais d’une réflexion de stratégie politique. Parlons donc stratégie.

    Cinq questions en marchant à celles et ceux qui ont décidé de rester à Agir pour le vivant , par Isabelle Fremeaux et John Jordan
    https://www.terrestres.org/2020/08/23/cinq-questions-en-marchant-a-celles-et-ceux-qui-ont-decide-de-rester-a-a

    Commençons par la célébration et la joie. La joie que les mots aient mené à l’action comme cela devrait toujours être le cas. Cette action c’est le retrait d’un des sponsors d’ Agir pour le Vivant qui a dû se retirer et a ainsi libéré le forum d’un de ses liens toxiques. Le logo de BNP Paribas a été retiré du site et son argent va apparemment être restitué. “Nous tenons à les remercier ici pour leur engagement en faveur du vivant” dit la page du site du forum couverte de logos. Pour BNP Paribas, cet “engagement pour le vivant” aurait coûté 20 000 euros ( c’est à dire 7,4 % du budget total de 270 000 euros du festival, comme nous l’a appris l’article du journal local l’Arlésienne sur cette controverse2). Pour une entreprise dont les revenus s’élèvent à 44,6 milliards d’euros et les bénéfices à 8,17 milliards en 2019, un tel investissement est une goutte d’eau dans l’océan, mais leur recul est significatif. Ce qui est tout aussi significatif pour nous, c’est que leur personnel ne sera pas présent au forum, ni dans les présentations publiques, ni dans les “ateliers de travail” à huis clos réunissant PDG et stratèges des financeurs, tels que L’empreinte naturelle des entreprises (non accessible au public, même ceux qui auront déboursé 50 euros pour leur pass d’entrée, et non visible sur le site web d’Agir pour le vivant).

    Cette victoire n’est pas isolée. En effet, ces dernières années, nombre d’institutions culturelles se sont libérées de tels financeurs toxiques. Rien qu’au Royaume-Uni, la Tate Gallery et la Royal Shakespeare Company se sont débarrassées du sponsoring de British Petroleum, le Science Museum, le National Theatre et la National Gallery ont mis fin à leur relation avec Shell, le festival de science d’Édimbourg a rompu ses liens avec ExxonMobil et Total. Aux Pays-Bas, le musée d’art néerlandais Mauritshuis, le musée des sciences et de la culture Museon et, le musée Van Gogh d’Amsterdam, n’accepteront plus le financement de Shell.

    Bien sûr, aucune de ces institutions n’a fait tout cela volontairement, elles ont changé de politique et ont lâché leurs amis grâce aux inconfortables lettres qui leur ont été écrites, et surtout parce que des gens ont incarné leurs idées et mis leur corps en jeu, souvent par des protestations et perturbations pleines de créativité et de beauté3. Nombre de ces corps désobéissants étaient des artistes, des intellectuel-le-s et des chercheur-euse-s qui, en entrant en conflit avec ces institutions, mordaient la main qui les nourrit. Mais il-le-s ont décidé que leur capital culturel comptait moins que la perpétuation d’une culture de résistance contre ceux qui, comme l’écrit Donna Haraway, “greenwash les exterminateurs4“.

    L’autre chose qui nous réjouit, c’est que certains participants ont choisi de déserter, dont l’écrivain afro-européen Dénètem Touam Bona et le jardinier Gilles Clément. Nous parlons ici de joie, pas en tant que “satisfaction des choses comme elles sont”, ainsi que le dit Silvia Federici, mais comme “le fait de ressentir la puissance et les capacités grandir en soi et chez celles et ceux qui nous entourent. C’est un ressenti, une passion, qui naît d’un processus de transformation et d’évolution … vous ressentez que vous avez le pouvoir de changer et vous vous sentez changer à travers ce que vous faites, ensemble, avec d’autres gens. Ce n’est pas une façon d’acquiescer à ce qui existe.”5. Pour nous, cette capacité à transformer nos vies et les mondes dans lesquelles elles se déploient est au coeur de la résistance collective et de la construction de formes de culture et de vie qui affirment le vivant.

    Dans leur lettre ouverte Quel trouble voulons-nous habiter ? , une autre des conditions que Baptiste Morizot, Estelle Zhong Mengual et leurs amis (dont Rob Hopkins, Cyril Dion, Nancy Huston et Vinciane Despret) ont posées aux organisateurs du festival afin de ne pas déserter, était que tous les logos des entreprises soient retirés des supports de communication du forum. Nous écrivons cette réponse près d’une semaine plus tard, et non seulement les logos sont toujours présents sur le site, mais ils sont maintenant au nombre de 33, alors qu’il n’y en avait que 26 lorsque la première lettre a été écrite. Ce qui est surprenant et quelque peu absurde, c’est qu’alors qu’une banque est partie, une autre est entrée : le Crédit du Nord, qui est entièrement détenu par la Société Générale, de loin le plus grand bailleur de fonds du gaz de schiste nord-américain (depuis la signature de l’accord de Paris en décembre 2015, plus de 11 milliards d’euros ont été injectés dans cette industrie mortifère. Quelle est la différence entre la Société Générale et BNP Paribas ?

    Nous ne voulons ennuyer personne avec une autre cartographie de sponsors vénéneux. Mais pour changer une chose, il faut connaître la texture de cette chose. Il nous semble que nous devons être à l’écoute et profondément sensibles aux détails spécifiques des situations et des relations particulières dans lesquelles nous sommes impliqué-e-s. Une telle compréhension située nous permet d’avancer en fonction de ce qui est requis à ce moment-là. Pour nous, c’est la clé de l’éthique. Nous ne nous intéressons pas à ces vieilles formes de radicalisme rigide qui tentent de contrôler les choses, mais nous nous efforçons de renforcer nos capacités à rester réactif-ve-s face aux situations changeantes et à ouvrir des espaces communs qui favorisent la transformation mutuelle. L’objectif est de nous sentir plus vivant-e-s ensemble.

    Nous ne ressentons certainement pas de joie lorsque nous voyons que toutes les autres entreprises restent et que les nouveaux logos comprennent Faber et Novel – une entreprise de “talent et technologie” comptant Total parmi ses clients ; la Fondation Yves Rocher, qui expose ses travailleur-euse-s sous payé-e-s aux pesticides et a récemment licencié 132 travailleuses turques parce qu’elles avaient rejoint un syndicat ; et enfin, les grands pollueurs d’espace public et d’imaginaires, la plus grande entreprise de publicité urbaine du monde – JC Decaux.

    BNP Paribas est-il ici l’arbre qui cache la forêt ?

    #Écologie #économie #greenwashing #capitalocène #culture #sponsors

    • ... ces dernières années, nombre d’institutions culturelles se sont libérées de tels financeurs toxiques. Rien qu’au Royaume-Uni, la Tate Gallery et la Royal Shakespeare Company se sont débarrassées du sponsoring de British Petroleum, le Science Museum, le National Theatre et la National Gallery ont mis fin à leur relation avec Shell, le festival de science d’Édimbourg a rompu ses liens avec ExxonMobil et Total. Aux Pays-Bas, le musée d’art néerlandais Mauritshuis, le musée des sciences et de la culture Museon et, le musée Van Gogh d’Amsterdam, n’accepteront plus le financement de Shell.

      Une tentative de forcing du dimanche pour attirer l’attention sur ce débat de qualitay.

      #musées #sponsoring #prise_de_parti

    • La meilleure manière de comprendre ces partenariats n’est pas tant de les voir comme des entités qui soutiennent le forum mais plutôt l’inverse : c’est le forum qui rend crédible leur mensonge selon lequel elles se soucient de toute autre chose que de faire des profits, en détruisant des vies humaines et non-humaines si nécessaire.

  • Malgré leurs trésors, les musées berlinois peinent à séduire
    https://information.tv5monde.com/culture/malgre-leurs-tresors-les-musees-berlinois-peinent-seduire-3680


    Johann Peter Hasenclever : Das Lesekabinett (1843)

    Plutôt que de faire la queue devant les musées chers de Londres, Madrid et Paris venez à Berlin, c’est le meilleur endroit pour profiter de moments intimes avec les tableaux classiques. Les neolibéraux font tout pour faire venir les fouiles, mais l’effort ne réussit pas pour le moment. Il faut profiter du moment présent car on est en train de modifier la structure des musées afin de les aligner avec les besoins du tourisme de masses. Dans un an ou deux le calme dans les grandes galeries aura fait place au brouhaha ignoble qui envahit les oreilles de chaque visiteur du louvre qui s’approche de la salle de la Joconde.

    Malgré des trésors inestimables et des rénovations pharaoniques, les musées de Berlin restent nettement à la traîne de ceux de Londres, Paris ou New York. Un fossé que la crise sanitaire risque de creuser encore davantage.

    A deux pas de la bouillonnante Potsdamer Platz, la Gemäldegalerie semble plongée dans une profonde léthargie.

    Pas de file d’attente aux caisses, salles d’exposition assoupies voire désertes dans ce bâtiment qui renferme pourtant l’une des plus grandes collections mondiales de peintures avec des chefs-d’oeuvre du Caravage, de Rembrandt ou de Vermeer.

    Un désamour qui affecte de longue date cette galerie mais aussi de nombreux autres musées de Berlin, même si la pandémie de Covid-19 qui la prive de ses touristes depuis près de quatre mois l’a encore accentué.

    Caspar David Friedrich : Der Mönch am Meer (1808–1810)

    À Berlin, la crise sanitaire augmente la fracture entre le public et ses musées
    https://fr.news.yahoo.com/%C3%A0-berlin-crise-sanitaire-augmente-111542250.html?guccounter=1

    À deux pas de la bouillonnante Potsdamer Platz, la Gemäldegalerie semble plongée dans une profonde léthargie. Pas de file d’attente aux caisses, salles d’exposition assoupies voire désertes dans ce bâtiment qui renferme pourtant l’une des plus grandes collections mondiales de peintures avec des chefs-d’oeuvre du Caravage, de Rembrandt ou de Vermeer.

    À Berlin, la crise sanitaire augmente la fracture entre le public et ses musées
    https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/a-berlin-la-crise-sanitaire-augmente-la-fracture-entre-le-public-et-ses

    Malgré leurs trésors inestimables, les musées berlinois sont à la traîne par rapport à leurs confrères londoniens, new yorkais et parisiens. Un écart qui risque de s’accentuer avec la crise sanitaire.

    #Berlin #art #tourisme

    • Jahreskarte der Staatlichen Museen zu Berlin - Staatliche Museen zu Berlin
      https://www.smb.museum/besuch-planen/jahreskarte
       ;-)

      CLASSIC 50 EURO / ermäßigt 25 EURO

      Der Klassiker unter den Jahreskarten für alle, die ihre Lieblingswerke in den ständigen Ausstellungen gerne häufiger besuchen.

      Die Jahreskarte CLASSIC ist gültig für den Besuch aller Dauerausstellungen der Staatlichen Museen zu Berlin während der gesamten Öffnungszeit.

      Um Wartezeiten zu vermeiden, können für das Pergamonmuseum online und telefonisch vorab kostenlose Zeittickets zu den oben genannten Zeiten gebucht werden.

      Le prix pour un an de visites illimitées dans tous les musées d’état est imbattable. Pour les expos exceptionnelles il faudrait choisir une autre formule. La collection Berggrün avec plein de Picassos est comprise dans l’offre :-)

      La liste des musées et collections
      https://www.smb.museum/museen-einrichtungen/alles-auf-einen-blick

  • Comment organiser les musées pour répondre aux attentes de publics toujours plus divers et nombreux ? Quelques éléments de réponse pour penser le service au public à partir du British Museum et du Louvre #musées #public #culture

    https://sms.hypotheses.org/25360

    Quel service public pour les institutions muséales ?
    Comment organiser les musées pour répondre aux attentes de publics toujours plus nombreux ? En France et en Grande-Bretagne, les réponses apportées à cette question ont évolué dans le temps et reflètent une vision différente du service public et du travail qui y est associé. Comparer le Louvre et le British Museum permet alors de détailler les engagements, l’organisation et les évolutions des politiques publiques muséales.

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’introduction du public dans l’administration muséale relève des politiques culturelles, alors que dans d’autres administrations, comme celle des PTT, l’usager ou le client est introduit pour des raisons managériales afin d’accroitre la productivité. La logique gestionnaire, notamment celle des ressources humaines et la connaissance de ce qu’est un corps de fonctionnaire, est réduite au musée. Entre 1946 et 1981, en France et en Grande-Bretagne, deux hommes donnent une impulsion décisive au développement des musées. Tous deux entendent répondre aux besoins de nouveaux publics par une action de l’État : l’économiste hétérodoxe et haut fonctionnaire John Maynard Keynes et l’écrivain et homme politique gaulliste André Malraux. Se met en place progressivement une politique volontariste de démocratisation culturelle et d’élargissement des publics des musées. Paradoxalement, dans les deux pays, l’augmentation du nombre des visiteurs n’incite l’État ni à revoir le volume et la répartition de ses emplois, ni à transformer l’organisation du travail au musée (...)

  • Démarrage aujourd’hui de l’expo De Funès à la Cinémathèque. Alors un petit #shameless_autopromo : avec Mosquito on a développé un écran interactif pour l’expo.

    Ça fait partie des 3-4 chouettes développements qu’on avait terminés et qu’on devrait livrer pour des expositions qui allaient ouvrir quasiment la semaine du confinement

    Et pour de Funès, comme pour Pompéi, malgré la réouverture des expos, ce n’est toujours pas idéal, puisque pour l’instant il n’est pas possible de toucher les écrans. Donc à la place on a installé des boucles vidéos qui « jouent » à la place du visiteur (en attendant une période plus propice).

    L’interface est baptisée « La machine à mimiques » : il s’agit de 24 courts extraits de De Funès, « renfrogné », « colérique », « anxieux », « exaspéré »… « extatique », « modeste », « étonné », « attendri »… que l’on déclenche simplement avec des gros boutons répartis en « Bonne humeur / Mauvaise humeur » avec un gros slider pour passer de l’un à l’autre.

    Est-ce que c’est du #SPIP ? Bien sûr que c’est du SPIP.

    L’originalité, ici, c’est que c’est affiché grâce à un player BrightSign connecté à un écran tactile vertical. C’est une direction qu’on essaie de développer, parce que ça permet de proposer des supports moins chers qu’un PC complet pour faire tourner des médias HTML/CSS/JS, et c’est extrêmement facile à configurer : on met une carte SD dans le player et ça tourne tout seul (avec un PC sous Windows, créer un mode kiosque robuste, c’est casse-pied). Pour les clients, ça abaisse considérablement le prix du matériel.

    • Ah mais c’est pas mal, ça !

      Je viens d’essayer à la maison : ça fonctionne très bien avec un de mes vieux stylets à bout mou (je pense un Belkin, donc un peu cher), et pas du tout avec un autre (Bic 2 en 1), très bien avec un très ancien FiftyThree.

      Faudrait trouver le modèle qui va bien et qui coûte 50 centimes sur le Web. Parce prêter des modèles à 5 euros pièce, c’est un peu extravagant. Mais à 50 centimes le truc, c’est beaucoup plus jouable.

    • Sinon on me dit que la Cinémathèque va certainement remettre en place la version interactive. Et sinon on me parle aussi de films anti-bactériens (je ne sais pas trop ce que c’est), qu’on va tester demain.

    • Je vais voir ça vendredi prochain à 14h, j’ai eu l’immense honneur de pouvoir acheter mon billet au guichet et pas en ligne. Maintenant qu’on sait que le virus se propage sur les aérosols, on va peut-être mettre tous nos efforts sur le port du masque et arrêter la psychose sur les surfaces ?

      PS : Sinon, je m’en fous un peu, de pouvoir décider moi-même quelle tête faire faire à #Louis_de_Funès mais j’avoue qu’une fonction aléatoire m’agrée plus qu’un défilement dans l’ordre et une boucle qui ne change jamais. Ça me titillerait plus l’impatience.
      #exposition #musée #muséographie

  • On vient de livrer, avec Diala, le site Fabre dans mon canapé :
    https://fabre.montpellier3m.fr

    On est particulièrement enthousiastes, parce que c’est un beau bébé, un concept qu’on trouve intéressant (une plateforme de musée hors-les-murs), et on espère que ça va marquer notre installation professionnelle dans la région, puisque c’est un site pour le musée de Montpellier (et qu’on a fondé notre boîte, https://23forward.com, à Montpellier… #shameless_autopromo)

    L’idée est née, évidemment, pendant le confinement, quand les musées ont tenté de continuer à faire vivre leurs collections sur le Web, mais avec des solutions très décevantes : soit des trucs balancés sur Facebook, soit en refilant leurs collections à Google Arts & Culture.

    Comme l’a fait remarquer Diala, le British Museum a un énorme site sous Drupal, parce que Drupal-c’est-bon-mangez-en, mais pour valoriser leurs collections, ils t’envoient sur Google Arts & Culture. De « notre » côté (#SPIP), notre client du Musées des Arts décoratifs (désormais nommé MAD Paris) a pu valoriser des visites virtuelles, beaucoup de contenus, pendant le confinement, – et vous savez pourquoi ? – parce que tout est sous SPIP et que depuis des années ils ont énormément de choses sympas pour présenter leurs collections dans leur site.

    Alors j’ai eu l’idée de monter une démonstration d’une plateforme, sous SPIP, qui permettrait de valoriser des contenus en ligne, rapide à déployer, et qui évidemment constituerait toujours un excellent support à la fin du confinement.

    J’ai donc monté une démonstration, que j’ai fait circuler, basée essentiellement sur trois formats :

    1. des « accrochages virtuels », qui respectent les dimensions relatives des œuvres, et même leurs emplacements dans les salles :
    https://fabre.montpellier3m.fr/Galerie-des-Colonnes-103

    Notez le petit personnage (qui change à chaque chargement) qui permet d’indiquer l’échelle des tableaux dans la salle. (Il y a quelques easter eggs cachés, là…)

    C’est un outil très pratique, parce qu’il permet de créer un « accrochage » rapidement, sans nécessiter des outils lourds à mettre en place. Il suffit d’avoir les cartels des œuvres, idéalement avec leurs dimensions, pour que ça se fabrique automatiquement.

    2. mes fameux “longforms”, qui permettent de créer des présentations évoquant les magazines papier, qui donnent vraiment envie de lire des textes longs, et qui s’adaptent à plein de types de contenus différents, et mêmes à des ambiances graphiques différentes :

    https://fabre.montpellier3m.fr/L-histoire-de-la-collection-italienne
    https://fabre.montpellier3m.fr/Art-et-anatomie
    https://fabre.montpellier3m.fr/Soulages-a-Montpellier
    https://fabre.montpellier3m.fr/Le-Realisme

    Ça permet même de reproduire des fiches pédagogiques autour des paysages et des émotions, avec des maquettes assez particulières :
    https://fabre.montpellier3m.fr/Paysage-etat-d-ame

    3. des vidéos, présentées en plein écran pour que ce soit un peu spectaculaire :
    https://fabre.montpellier3m.fr/Vincent-Bioules

    Le dernier concept de l’outil étant de tout rendre accessible sur une unique longue page d’accueil, parce qu’on ne prévoyait pas de faire un monstre en une ou deux semaines…

    –----

    Avec cette démo, j’ai commencé à montrer ça à différents contacts. Tout le monde très enthousiaste, mais tout le monde avait trop d’incertitudes (est-ce que le confinement va durer ? est-ce que la priorité c’est de mettre des sous dans l’internet alors qu’on n’a même pas de masques…). Vous voyez l’idée…

    Et finalement c’est le Musée Fabre, avec qui on a déjà un excellent contact (tu penses bien, mes enfants sont les vedettes des lieux, ils squattent l’endroit dès qu’il pleut), qui a décidé de monter un site sur ce modèle. Et entretemps, le musée a rouvert.

    Du coup, j’ai encore enrichi la plateforme par rapport à ce qu’on fait prévu initialement.

    1. des audioguides. Comme j’ai réussi à aspirer l’intégralité de la base de données du musée, j’ai récupéré les fichiers MP3 des audioguides associés aux œuvres. On a donc décidé de faciliter l’utilisation du nouveau site comme support alternatif aux audioguides prêtés par le musée. Les gens qui craindraient d’emprunter du matériel pour raison sanitaire peuvent ainsi utiliser leur smartphone pour visiter le musée. On a du coup monté une page dédiée, qui ne présente que les éléments qui servent de support de visite en salle :
    https://fabre.montpellier3m.fr/audioguide

    2. tout… Comme j’ai tout aspiré, du coup ça n’était pas (tellement) plus compliqué de proposer l’intégralité des salles du musée. Une cinquantaine de salles, plus de 800 œuvres…

    Et voilà, finalement, c’est un peu un monstre quand même…

    3. une frise chronologique. Puisqu’on a toutes les œuvres, et qu’elles sont datées, pourquoi ne pas faire une belle frise chronologique ?

    Et donc c’est du SPIP, et ce qui est marrant, c’est que la maquette est en pur CSS. Le scroll horizontal passe par Javascript, mais la maquette compliquée des petites cases est calculée côté serveur, et l’affichage se fait sans une ligne de JS.

    4. automatiser les scrolls infinis. J’en ai profité pour me développer un javascript personnel qui fabrique et gère tout automatiquement les scrolls horizontaux infinis, éventuellement avec des flèches de navigation gauche/droite, et une barre de scroll en dessous, que j’utilise à de nombreux endroits du site (dont les accrochages virtuels et la frise chronologique). Dans mon code, il suffit que j’attribue la classe .loop_auto à un élément pour qu’il se transforme en scroll infini.

    5. Et cerise sur le gâteau : des visites virtuelles avec des panoramiques 360, avec des cartels interactifs, une navigation de salle en salle, directement dans SPIP :
    https://fabre.montpellier3m.fr/Salle-1-2

    qui se gère dans l’espace privé de SPIP (avec des glisser-déposer pour définir les zones) :

    6. Vignette automatiques pour les PDF. Les fichiers PDF insérés dans les articles ont leur vignette calculée automatiquement par le serveur (et c’est bien pratique…).

    7. Easter egg en page d’accueil. L’image du haut de page, qui illustre « Fabre dans mon canapé », ce n’est pas qu’une image : les tableaux sont choisis aléatoirement toutes les cinq minutes, ils sont cliquables, et c’est même un scroll horizontal infini…

    8. Easter egg : la page d’erreur 404. Jarnicoton ! Elle est trop cool… Le fond est un tableau différent à chaque fois, choisi aléatoirement dans les collections du musée. Et à chaque rechargement de page, tu auras droit à un juron différent… (Du coup je me demande si ce n’est pas ma page préférée du site…)
    https://fabre.montpellier3m.fr/dfgdfg

    • Non, pas que amour de l’art : certes initialement la démo était déjà très complète, mais ensuite ce qu’on livre à Fabre c’est devenu un vrai boulot. Mais de manière assez amusante, ce que je détaille dans la seconde partie, ajouté après qu’on a signé avec Fabre (audioguides, aspiration de la base complète, panoramiques 360°…), c’est plus ou moins en bonus, parce que je me suis rendu compte que je pouvais le faire, et que dans la logique « PoC », c’est aussi bien de faire un peu étalage de ce que la plateforme peut produire en très peu de temps.

    • @vazy : Proof of Concept. C’est une démo, normalement très préliminaire, pour tester le fait que ton idée est réalisable et que ça vaut le coup de continuer à la développer. Là on était déjà nettement plus avancé que pour un « PoC », j’avais en fait un outil complet et fonctionnel.

      C’est largement la difficulté de mon boulot : comme je fais du « sur mesure », on répond à des demandes des clients, et c’est dans ces demandes qu’il faut qu’on arrive à proposer des choses originales et rigolotes, mais en réponse à une demande déjà écrite noir sur blanc par le client (avec parfois quelqu’un qui a déjà totalement délimité ce que le client attend dans la rédaction du cahier des charges). Tu ne peux jamais pousser tes propres concepts au bout dans ces conditions.

      Et donc, de temps en temps, j’ai besoin (ou envie) de monter une démonstration complète d’un nouvel outil, ou d’une nouvelle manière d’assembler mes outils, pour en faire une démonstration complète. Parce qu’il n’y a en gros que comme ça que je peux tenter de convaincre quelqu’un de me l’acheter (avec ses variantes et adaptations, mais sur la base de ce concept).

      Par exemple il y a quelques années, je me suis développé plusieurs outils pour réaliser des « longforms » dans SPIP. Et quand j’expliquais, personne ne voyait l’intérêt, ni à quoi ça ressemblerait. Surtout que je ne voulais pas faire les trucs à la mode du moment, avec plein de parallaxes, parce que je n’aimais pas ça du tout (ça fait vomir). Bref une semaine je me suis pris un article de Wikipedia sur la NASA, et j’en ai fait un {très long} longform avec d’énormes images. Le côté PoC : l’outil fonctionne, on voit que l’usage est pertinent (on a envie de lire un truc très long, parce que c’est beau et rythmé), je teste les aspects techniques (les images responsive recadrées différemment selon les écrans par exemple). Et quand tu montres au client, il se dit « ah oui, j’ai très envie de ça ».

  • Le musée relève de la culture et du patrimoine. La marque appartient au champ du commerce. Bien qu’improbable, leur rencontre a pourtant eu lieu… #culture #patrimoine #musée #commerce

    https://sms.hypotheses.org/12936

    Le musée et la marque répondent à deux anciennes préoccupations des sociétés relevant de deux mondes différents et de deux philosophies difficilement compatibles, la culture pour l’un, le commerce pour l’autre.

    Le musée est structuré autour de ses collections et de ses missions premières : conserver et montrer. Des dispositifs juridiques de droit public organisent cette logique d’intérêt général, notamment autour de mesures interdisant la vente des objets composant les collections publiques (principe d’inaliénabilité). Par ailleurs, en France, le musée est porteur d’une identité forte forgée par l’histoire, en particulier en raison de son origine révolutionnaire et de valeurs puissantes traduites en termes de service public, au premier rang desquelles on peut pointer l’universalisme qui se traduit entre autres par l’accès de tous aux objets conservés et montrés. De sorte qu’il est longtemps resté éloigné des considérations économiques et financières pour relever du seul domaine des institutions sans but lucratif (...)

  • #Ernesto_Ricou : « Mon sentiment profond, c’est qu’on dérange à #Lausanne »

    Depuis le 1er janvier 2016 et le #déménagement forcé du centre interculturel #Casa_Mundo, le #Musée_de_l’immigration_de_Lausanne vit entre quatre murs derrière une petite porte en bois défraîchi d’une arrière-cour de l’avenue Tivoli.

    En ce matin d’hiver 2016, Ernesto Ricou reçoit à l’heure du café, dans ce musée qu’il dirige depuis 18 ans. La poignée de main ferme, le visage rayonnant et la moustache frétillante, cette figure lausannoise entame chaleureusement la conversation, comme à son habitude. Aujourd’hui plus qu’hier, il semble apaisé, heureux, soulagé. Dès mon arrivée, il me présente Alexandre, celui par qui la lumière jaillira d’ici peu dans ce petit cocon dédié à l’immigration. Alexandre est électricien. Un énième bienfaiteur pour le musée, dont Ernesto dira qu’il « fait déjà partie de la famille ». Grâce à Alexandre, même si la lumière extérieure peine à percer à travers les rideaux les jours de beaux temps, le maître des lieux pourra enfin mettre dans la lumière les centaines d’oeuvres disséminées dans ce bric-à-brac rempli d’humanité. « Il y aura des prises un peu partout, des lampes, des néons, sans oublier deux chauffages d’appoint », ajoute Ernesto avec passion.

    Aujourd’hui Alexandre, et demain ? Ce matin-là, Ernesto Ricou ne sait pas de quoi demain sera fait, mais il parvient désormais à croire en un avenir meilleur pour son musée : « Je ne pouvais pas tout arrêter, pas maintenant, pas avec tout ce qu’il se passe en ce moment avec les immigrés. » Le ton a radicalement changé par rapport à nos premières rencontres. Lui qui rêve toujours de locaux spacieux pour accueillir les personnes dans le besoin, d’étagères remplies de livres qui formeraient « un labyrinthe symbolisant les difficultés des migrants », d’un jardin avec des bancs disposées en cercle pour former une sorte de place de village, se recroqueville pour l’heure derrière cette porte en bois chancelante d’un bleu azur en attendant un signe.

    31 décembre 2015. Pour la plupart d’entre nous, cette date est synonyme de repas gargantuesque, verres qui trinquent et meilleurs voeux. Pour Ernesto, le 31 décembre 2015 restera toujours ce jour où il a rendu les clés de son centre associatif et interculturel sis au 14 avenue de Tivoli à Lausanne. Ce soir-là, une porte se ferme sur presque vingt années de partages, de rencontres et d’histoires humaines. Une clé, une poignée de main, et au revoir monsieur Ricou. Fin de l’histoire. Lui qui se démène pour les autres depuis tant d’années termine 2015 seul, par un état des lieux chargé d’émotion. Un long moment, alors que le gérant neuchâtelois échange avec les nouveaux locataires des lieux, Ernesto reste seul, en retrait, le regard dans le vide, perdu dans ses pensées : « Le gérant était très gentil et avenant. Il m’a demandé « ça va Ernesto ? ». Je ne savais pas quoi lui répondre sur le moment. » Ernesto « va ». Ni bien, ni mal. Il sent juste que ce lieu qu’il a tant apprécié malgré la froideur de ses murs blancs lui échappe définitivement. Après tant de semaines à tout vider et tout nettoyer, parfois accompagné mais le plus souvent seul, un chapitre de sa vie se referme, sur lequel il ne manque toutefois pas d’humour : « Ils me connaissent bien maintenant dans les déchetteries ! J’ai même sympathisé avec un agent de service équatorien grâce à mes allées et venues. On ne se refait pas vous savez ! » Combien de trajets faits pour débarrasser le plancher ? Une bonne dizaine sûrement, sans compter tout ce qu’Emmaüs a emporté et les quelques objets achetés par des visiteurs pour quelques dizaines de francs qui finiront dans la tirelire du musée, sans doute pour payer la maigre facture d’électricité. « J’ai tenté une négociation sur le loyer comme un dernier baroud d’honneur, mais mes demandes auprès de la gérance ont toutes été refusées. Le prix du mètre carré dans ce quartier est assez cher, et il y a 120m2, ça vaut beaucoup d’argent. Je ne sais pas ce qu’ils veulent en faire car l’endroit est vétuste. Il y a besoin de travaux, il n’y a pas de chauffage. Ici, nous avons tenu presque vingt ans sans chauffage, vous vous rendez compte ? »

    Ernesto en fera d’ailleurs le constat lorsqu’il apprendra que d’un locataire à un autre, d’une main à une autre, rien qu’en donnant une clé, l’atelier avait vu son loyer mensuel bondir de plus de 500.-. « Nous ne pouvions plus payer le loyer de 1’200.- tous les mois. Il nous prenait presque toujours les deux tiers des sommes qu’on recevait chaque mois. En août, nous n’avions déjà plus d’argent, plus un centime dans les caisses », explique-t-il. L’homme à l’allure de druide n’avait donc aucune chance de demeurer entre ces murs devenus un manque à gagner trop important pour la riche propriétaire genevoise des lieux.

    Qu’une gérance souhaite récupérer un bien locatif, soit. Mais quid de l’attitude de la ville de Lausanne et du canton de Vaud ? « La ville de Lausanne, avec tout mes remerciements, nous a aidés en assurant le loyer de la salle d’activité jusqu’au 31 décembre 2015, mais mon sentiment profond, c’est qu’on dérange à Lausanne. J’ai l’impression que le Musée de l’immigration n’entre pas dans les plans de la municipalité lausannoise, et le chantier du nouveau musée cantonal des Beaux-Arts intéresse plus le canton et la ville que nos activités. Le Mudac et l’Elysée sont les grandes occupations des services culturels, pas le Musée de l’immigration. C’est comme ça. Notre musée, sur ce plan, il fait tache. Nous ne sommes pas intéressants pour eux. Les autres musées lausannois rapportent plus de prestige à la commune et à l’Etat que notre musée. On prête plus vite un million à un client d’une banque que 10’000.- à quelqu’un de “normal“ qui veut s’acheter une voiture ! C’est comme ça. Je remercie sincèrement l’Etat pour ce qu’ils ont fait pour nous dans le passé », confessait-il avant de se lancer dans son déménagement puis d’ajouter : « Je ne veux pas entrer dans une polémique sur ce dossier, car les services de la ville nous ont fait économiser des milliers de francs et que nous sommes une maison de paix et d’harmonie. On est en décalage avec le fonctionnement du BCI (Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme) et du BLI (Bureau lausannois pour les immigrés). Ils nous ont aidés au compte-gouttes, mais même avec ce très peu, nous faisions des miracles. Nous n’avons jamais eu autant d’activités depuis deux ans. »

    Dans les faits, le Musée de l’immigration et sa structure Casa Mundo ont organisé 32 événements sur l’année 2014 et prit part, notamment, à la Nuit des Musées de Lausanne et de Pully ces trois dernières années, pour un bilan qui dépassait les attentes du maître des lieux : « Le bilan de la Nuit des Musées 2015 a été très positif, puisque nous avons accueilli un nombre record de 440 visiteurs sur la journée (contre 212 en 2014 et 300 en 2013, et une moyenne annuelle des 700 visiteurs sur 100 jours d’ouverture à l’année, ndla).

    Après avoir connu des périodes difficiles début 2016, Ernesto Ricou s’est pris à croire de nouveau aux miracles, lui l’homme de foi : « Ma vie, c’est un apostolat. Je me rends compte maintenant que je suis un grand-père, que depuis 42 ans j’ai accumulé des compétences qui me permettent d’avoir le courage de dire cela. Il faut une grande dose de détermination, d’amour du prochain et de bonté pour venir ici depuis 18 ans avec des conditions de travail difficiles, sans structure réelle ni secrétariat, ni ligne téléphonique fixe, avec une photocopieuse qui marche au ralenti et sans chauffage ! »

    Encouragé et reboosté par la nouvelle génération qu’il voit s’investir dans cette cause migratoire, le descendant de Huguenots reprend finalement du poil de la bête. « Un jour, l’une de nos directrices à Casa Mundo, Rosemarie Andrey, me dit que sa fille et trois de ses amies voulaient monter une association humanitaire et qu’elles souhaitaient absolument que cette association soit lancée officiellement dans nos locaux. » Lassé et usé, Ernesto hésite, prend le temps de réfléchir et d’écouter son corps. Physiquement, cette période l’a fatigué, mais un brin de force est toujours là, « cette force qu’ont les Portugais du nord comme moi, cette force granitique ! », lâche t’il en en bombant le torse avec son sourire malicieux. Séduit par le projet des jeunes Vaudoises, il décide donc de relever un nouveau défi, comme un dernier tour de piste. Le lancement de cette nouvelle structure associative, baptisée Individuals United, a donc eu lieu le 11 décembre 2015 à l’Atelier Casa Mundo. A force de travail, d’acharnement et d’entraide comme à chaque fois que quelque chose se passe dans ces murs.

    « Ces filles sont complètement folles, tellement folles ! C’est sans doute l’innocence qui les perd ! » Il en rigolerait presque. « Voir cette soirée de lancement ici, c’était presque irréel ! » Pour que tout devienne bien réel, Aurélia Fischer et ses amies mettent les petits plats dans les grands : « Une des filles travaillait à la communication du Lausanne Hockey Club, et c’est comme ça que le club s’est retrouvé impliqué dans cette aventure folle. Ils ont apporté des tables, des sièges en cuir, monté un bar, mis des guirlandes lumineuses, fait venir un traiteur libanais. Il y avait même des filles du club en uniforme pour accueillir les gens ! » Les filles parviennent à tout cacher, tout décorer, pour que les objets entassés dans chaque recoin de la salle et attendant leur voyage à la déchetterie n’importunent pas les invités. L’espace d’une soirée, tout disparait comme par enchantement et l’atelier d’artistes insalubre et non chauffé devient un véritable carré VIP, laissant le moustachu au grand coeur sans voix. « C’était tout simplement féérique, » dira-t-il avec des étoiles plein les yeux. Résultat : près de 4’000 francs collectés. Dans les mois qui viennent, Ernesto suivra de très près l’aventure d’Individuals United, et nul besoin de lui poser la question, il est certain qu’il les aidera du mieux qu’il pourra le moment venu. Toujours avec l’humilité qui le caractérise tant, cette humilité qui va de paire avec une envie de repartir de l’avant et de relancer des projets qu’il avait enterré.

    « Ces derniers mois ont été difficiles. J’ai contacté tout le monde pour essayer de sauver le centre interculturel : l’UNESCO, l’ONU, quelques consulats et ambassades, des responsables municipaux, cantonaux….C’était très dur, car je gardais l’espoir de trouver encore une petite aide. Nous allons donc resté dans la précarité, exactement comme les migrants que nous accueillons ici. » Malgré cette instabilité, Ernesto l’assure, les hommes et les femmes du Musée de l’immigration continueront leur mission jusqu’à ce que les autorités en ait « ras-le-bol » et ferment les locaux. « Par la nature de notre travail, nous sommes plus que jamais dans l’actualité, alors nous allons garder cela tant que nous le pouvons, comme nous le pouvons, avec toutes nos forces et qui sait ? Un miracle peut se passer, quelqu’un peut se dire « c’est le moment d’aider cette équipe ! » »

    https://sept.club/ernesto-ricou-mon-sentiment-profond-cest-quon-derange
    #Suisse #migrations #musée #mémoire

  • When Memory is Confined : Politics of Commemoration on #Avenida_26, Bogotá

    After more than five decades of conflict, the Colombian capital, Bogotá, is undergoing processes not just of regeneration, but also of commemoration. The decision to create spaces of memory along one particular road in the city, Avenida 26, has highlighted the stark differences between neighborhoods on either side of its congested lanes—and runs the risk of reinforcing existing segregation.

    Bogotá, Colombia, is a socially divided city in a post-conflict country marked by clashing spatial and cultural cleavages. Over the last 20 years, institutional investments have concentrated on the renewal of the city center in order to boost Bogotá’s image. At the same time, the end of the Colombian conflict has led to the proliferation of a politics of memory in the city. The politics of memory, driven by the pedagogical imperative of “never again” (Bilbija and Payne 2011), expose the difficult task of imagining spaces as contemplative and as sites of reconciliation through their portrayal of past events in the conflict (Jelin 2002).

    The street known as Avenida 26 (Figure 1)—at the center of my four-months-long fieldwork—is a key space for analysis of the city’s regeneration programs and politics of memory. The case of Avenida 26 demonstrates the tensions between urban development and memory-making. It reveals how institution-led production of “spaces of memory” (Huyssen 2003), as cultural spaces dedicated to commemoration and remembrance, also play a crucial role in the process of gentrification and the exclusionary dynamics in the city. Sites of national memory on Avenida 26 reflect strategic plans to build a protective barrier from urban violence and conflicts for the city’s middle class while at the same time further marginalizing low-income residents. These are the same residents who are often most directly touched by the conflict and for whom the politics of memory are officially dedicated.

    Segregated memory, between two Avenidas

    “That [a museum] is like for kids who are studying […], it’s not for everyone, for example, for me […] why should I go to a museum, what for? All these museums, what for? […] For me, my museums are my flowers,” said Catalina, a flower seller, in a half-sarcastic, half-bitter tone. [1]

    Catalina is referring to the future National Museum of Memory of Colombia, which is slated to open in 2021 as a space for reflection over the Colombian conflict. [2] The museum will be built on Avenida 26, where Catalina’s flower stand is located. As she speaks, her voice almost fades into the roar of traffic. The street is one of Bogotá’s main thoroughfares. It is nearly 14 kilometers (8.7 miles) long and as wide as a highway. It is one of the most congested streets in the city (Figure 2).

    Avenida 26 is central to Bogotá’s politics of memory. In 2012, the Center for Memory, Peace and Reconciliation, or CMPyR (Centro de Memoria, Paz y Reconciliación; Figure 3), opened next to the city’s central cemetery, where florists and candle sellers have their stands. Public art on the street [3] portrays the Colombian conflict. In 2014, the municipality renamed the section of Avenida 26 that hosts these cultural initiatives Eje de la Paz y la Memoria, or “Axis of Peace and Memory.” In 2016, a new park, Parque del Renacimiento (“Park of the Rebirth”), was opened.

    As a highly congested major thoroughfare, Avenida 26 does not correspond to conventional spaces of memory. Many institutional representatives define it as an empty space or a “blank slate.”

    “It’s like a corridor: when you cross it in some way you are inhabiting a place that is not a place where one would stop to contemplate […] that is to say it is a non-place,” a member of IDARTES (a body which promotes public art initiatives on the streets of Bogotá) said.

    The imaginary of Avenida 26 as a non-place among public officials reveals their uncomfortable awareness that Avenida 26 is an extremely segregated—and at times violent—place. The renamed section of the avenue—the “Eje de la Paz y la Memoria”—divides two very distinct neighborhoods: the middle-income neighborhood of Teusaquillo on one side, and the deprived and extremely precarious neighborhood of Santa Fe on the other. It would seem that the urban violence that characterizes the avenue would make it unsuitable for commemorative practices, yet officials have focused significant public resources in creating cultural institutions of public memory along this route.

    “The side that is in Teusaquillo is cool, I have friends working with screen printing, who have a cultural center, there is the graffiti […]. In front of the cemetery [on the Santa Fe side], it’s very ugly, people steal and at night there are many homeless people […], I really prefer not to be there,” said Santiago, a skater and graffiti artist, capturing the geographical imagination of the street as a divided space.

    In this context, the siting of the CMPyR and the future Museum of Memory, as well as ancillary museum initiatives, on Avenida 26 is not unintentional or strictly about memory. They represent selective investments on one side of the street in the middle-class neighborhood of Teusaquillo, and not on the Santa Fe side. The siting of these projects on Avenida 26 is not due to the relevance of this place for commemorative purposes, but instead acts as a revitalization strategy that encloses the more economically viable neighborhood through cultural projects as a means of shielding this neighborhood from the poverty and urban violence on the other side of Avenida 26. A member of the current CMPyR administration mentioned this selective use of the street when sharing his unease over being located to what he perceives as the “wrong” side of the street: “We work looking at that side [pointing to the Teusaquillo side], or we go to the mayor’s office, but we don’t go over there [the Santa Fe side]. […] One is always between two parallel worlds. Let’s say that, among ourselves, we know that on the other [Santa Fe] side there is the jungle.”

    In this scenario, Avenida 26 acts as a true frontier between two neighborhoods that memory professionals deem to be incompatible. Indeed, cultural actors and memory professionals seem to identify two different Avenidas: one apt to welcome initiatives and spaces of memory; the other inaccessible due to urban violence.
    Enclosed spaces, incompatible languages

    The consequences of this enclosure are detrimental to the low-income communities on the Santa Fe side of the street. Gates and security guards around the CMPyR contribute to a significant securitization of this area. Candle and flower sellers on the Santa Fe side, who work informally, face increased policing, disrupting their business and limiting their ability to develop a regular clientele.

    The marginalization and exclusion of these residents is even more evident symbolically. Interviewees on the Santa Fe side of the street are mostly uninformed of the activities of politics of memory—for example, they often confuse the CMPyR with a monument. They are also limited by a linguistic barrier. For example, memory, a common word in public art projects (Figure 4) and part of the title of the CMPyR—is an unfamiliar concept to many of these residents. The vocabulary employed by memory professionals reinforces a social and symbolic barrier among actors sharing the same space. This, in turn, contributes to the general indifference of many people in Santa Fe toward spaces of memory, and often results in explicit opposition to politics of memory on the street.

    A kiosk owner near the Parque del Renacimiento expressed her rejection of the politics of memory through her concerns about the present and her children’s future, “I’m not interested in who is buried there, why he died, why it’s called memory […] I want my children to be well, [I want to know] what time my daughter gets home, because if she is late then what happened to her? […] How can I be interested in this bullshit?”

    Avenida 26 is not a blank slate. It is a “lived space” made of uses and practices that politics of memory dismiss (Lefebvre 1974; de Certeau 1990). These regeneration plans ignore residents’ use of space and relation to memory by relying on cultural tools and a language that excludes them from participation. Avenida 26 highlights the necessity to think of spaces of memory as urban spaces whose function extends beyond their commemorative role (Till 2012). This case demonstrates how the appropriation or rejection of spaces of memory is dependent on urban dynamics—social inequalities, spatial segregation, and access to resources—influencing both the appropriation of spaces of memory and the possibility that a sense of belonging among local actors may flourish (Palermo and Ponzini 2014).

    Finally, the role played by the imperative of “never again” in gentrification and displacement is far from being an exclusively Colombian phenomenon. Across the globe, cities are increasingly taking a stance over episodes of the past at a national scale and publicly displaying it for collective engagement (as in post-apartheid Johannesburg, or in post-9/11 New York, among others). Academic and policymaking literature needs to deepen our understanding of the intricacy of these dynamics and the problematic cultural undertakings in such processes. If remembering is indeed a right as well as a duty, “walking down memory lane” should represent an exercise of citizenship and not the rationalization of social and spatial segregation.

    https://www.metropolitiques.eu/When-Memory-is-Confined-Politics-of-Commemoration-on-Avenida-26-Bogo

    #mémoire #Bogotá #Colombie #commémoration #mémoriel #divided_city #villes #géographie_urbaine #ségrégation #post-conflict #réconciliation #never_again #plus_jamais_ça #violence_urbaine #National_Museum_of_Memory_of_Colombia (CMPyR) #musée #contested_city #guerre_civile #non-lieu #Teusaquillo #Santa_Fe #violence_urbaine #art #frontières_urbaines #fractures_urbaines #gentrification #citoyenneté

    –---

    Toponymie :

    In 2014, the municipality renamed the section of Avenida 26 that hosts these cultural initiatives #Eje_de_la_Paz_y_la_Memoria, or “Axis of Peace and Memory.” In 2016, a new park, #Parque_del_Renacimiento (“Park of the Rebirth”), was opened.

    #toponymie_politique

    ping @cede @karine4

    ping @albertocampiphoto @reka

    • 1. La frontiera siamo noi

      Quando abbiamo iniziato la riflessione attorno al tema dei confini e delle frontiere eravamo consapevoli della complessità, delle contraddizioni e dell’attualità dell’argomento della mostra. Aggiornavamo i documenti da esporre con un occhio a quanto succedeva nel mondo rispetto alle frontiere.

      Alla notizia della diffusione del COVID-19 nei territori asiatici, abbiamo incluso l’argomento, pensando alle frontiere che si chiudono e si modificano. L’estendersi di un virus sconosciuto subito ci fa sentire al di qua o al di là di un confine che separa, bloccati negli spostamenti, portatori di contagio da non diffondere, chiusi e preoccupati dentro “le mura” di un continente, un paese, una città, nella propria abitazione o addirittura nel proprio corpo. Non eravamo però consapevoli che questa pandemia avrebbe trasformato le frontiere in un argomento–chiave, universalmente condiviso e presente in ogni conversazione. Riaffiora un immaginario che affonda le radici nella storia dei muri e delle separazioni e individua l’importanza dei contatti sociali quando si annullano le attività e i momenti d’incontro. Il virus, che si diffonde ovunque, oltre ogni frontiera, mette in discussione alcune nostre certezze e la nostra libertà nel varcare i confini. Le frontiere divengono luogo di interminabili confronti: fin dove arrivano? Tenerle aperte o chiuderle? Chi lasciar passare? Chi respingere?

      Ci fanno riflettere sull’importanza del nostro essere individui sociali, sulla relazione indispensabile con i nostri simili, e anche ­– al di là dei muri – sulle fragilità umane, le responsabilità condivise e la consapevolezza della necessità di agire insieme.

      https://www.mevm.ch/diari-dal-confine/la-frontiera-siamo-noi

    • 2. I limiti delle carte

      Viviamo in un’epoca in cui le mappe sono onnipresenti. Dai siti internet agli schermi degli smartphone, quasi ovunque possiamo identificare la nostra posizione geografica ed esplorare virtualmente il territorio per pianificare un viaggio, raggiungere il luogo di un appuntamento, calcolare una distanza.

      Nel corso della storia i limiti dell’ecumene si sono progressivamente estesi. Nell’Età degli imperi i progressi scientifici e tecnici hanno trasformato la cartografia in un potente strumento politico e di affermazione delle identità nazionali. In epoca più recente l’avvento della fotogrammetria, lo sviluppo di nuovi metodi di calcolo e la rivoluzione digitale hanno fornito ulteriori stimoli alla rappresentazione cartografica, consentendo di tracciare limiti e itinerari sempre più precisi e accurati nello spazio geografico, offrendo nuove modalità di fruizione ma anche mezzi di controllo e vigilanza più efficaci. I settori più diversi, dall’economia al web, hanno conosciuto una “svolta geografica”. Il mondo è oggi disponibile e la produzione dello spazio diventa un fenomeno di massa.

      Grazie alla cartografia e ai mezzi di trasporto e di comunicazione possiamo considerare la Terra come la nostra casa e sentirci cittadini del mondo, con i vantaggi e gli svantaggi di questa nuova condizione. All’inizio del 2020 attraverso mappe costantemente aggiornate abbiamo assistito con apprensione all’evoluzione del contagio di COVID-19. Di fronte a questa nuova sfida imposta dalla globalizzazione gli Stati – sempre più fortezze – devono chiudere le porte e condurre una battaglia quotidiana contro un nemico invisibile. I confini, compresi quelli interni, tornano ad essere presidiati e l’ecumene torna a contrarsi. In questo contesto nuovo e drammatico la geografia delle migrazioni non fa più notizia e le tragedie che si consumano altrove appaiono distanti. Rimane la geografia delle differenze.
      Sono, del resto, i limiti della condizione umana: una realtà che sfugge a ogni possibile rappresentazione.


      https://www.mevm.ch/diari-dal-confine/i-limiti-delle-carte
      #cartographie #Italie

  • Smithsonian Releases 2.8 Million Images Into Public Domain | At the Smithsonian | Smithsonian Magazine
    https://www.smithsonianmag.com/smithsonian-institution/smithsonian-releases-28-million-images-public-domain-180974263

    ulture connoisseurs, rejoice: The Smithsonian Institution is inviting the world to engage with its vast repository of resources like never before.

    For the first time in its 174-year history, the Smithsonian has released 2.8 million high-resolution two- and three-dimensional images from across its collections onto an open access online platform for patrons to peruse and download free of charge.

    #musée #images #open_access