#mythistoire

  • « Chez les jeunes, un roman national existe, beaucoup plus fort que ce qu’on imaginait » (Françoise Lantheaume, Libération.fr)
    http://www.liberation.fr/debats/2016/10/07/francoise-lantheaume-chez-les-jeunes-un-roman-national-existe-beaucoup-pl

    En banlieue ou dans les ZEP, on trouve les mêmes constituants avec trois ingrédients incontournables : les rois, la guerre, la Révolution. Et les élèves sont du côté du peuple, même dans les établissements privés. La seule sous-population à se distinguer, ce sont les élèves de lycées professionnels. Le nombre de non-réponse ou de réponses farfelues, avec des textes qui associent par exemple Zidane et la Révolution, y est significatif. Le récit est probablement une forme qui ne convient pas aux sections professionnelles où la maîtrise de l’écrit est plus problématique.
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    Il s’agit d’un mélange de savoirs et de mythologie diffusé dans la société par différents canaux - les familles, la télé… - et dont les jeunes s’imprègnent en se socialisant. Cette #mythistoire construit la conscience historique, celle d’appartenir à un temps et d’en être le produit. Quand un élève dit que les Français ont « toujours été rebelles », il est dans la représentation, la croyance. Sont mêlées la vision qu’ils ont d’eux-mêmes et l’histoire, avec ses révoltes successives.
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    Les élèves ont une vision très « présentiste » de l’histoire. Ils pensent vivre son aboutissement, sa fin et considèrent qu’il n’y a pas mieux.
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    Ceci dit, pour la majorité, cela commence avec les Gaulois qu’ils voient comme une assemblée de petits groupes. Il y a une idée de diversité, de brassage, qu’ils jugent positivement. Selon eux, la France est le résultat de cette constitution progressive par agrégation et mélanges.
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    Pour eux, l’important, c’est la géographie, ce territoire sans histoire, sur lequel vivent des peuples différents mais s’entendent autour du politique. C’est cela être français.
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    Les élèves racontent une histoire très sécularisée, voire laïcisée.
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    Les élèves évoquent de façon lapidaire un tiercé gagnant : Louis XIV, Charlemagne, Napoléon. Comme prévu, il y a très peu de personnages de femmes, mais elles sont présentes en tant que groupe.
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    Le récit est un mode d’appropriation du monde, une façon de le mettre à sa mesure. Un grand nombre de textes sont des énumérations, des listes ou des nuages de mots. Peut-être est-ce lié à des pratiques juvéniles ou à l’enseignement de l’histoire qui s’est longtemps méfié du récit, réservé à la fiction, préférant des exercices avec des réponses à items.

    De nombreux éléments intéressants dans ce travail de Françoise Lantheaume et Jocelyn Létourneau.

    #éducation #Histoire #roman_national #récit_historique