#némésis

  • Du collage chez les rennais…
    https://nantes.indymedia.org/posts/139435/du-collage-chez-les-rennais

    Ce 25 janvier un appel national a mobilisé pas mal de féministes pour des collages massifs un peu partout. Bien entendu, à #Rennes, on a pas pu y résister et on s’est mobilisé.es. Certain.es en affinitaire, d’autres de manière plus accessible. Nous on a fait le choix de la 2eme…

    #Antifa #enfants #Féminisme #Mineurs #Nemesis #Palestine #Tds #Tpg #Tpgia #Trans #Local

  • Ce que cache #Périclès, le projet politique réactionnaire du milliardaire #Pierre-Edouard_Stérin

    Après avoir fait fortune dans les affaires, le milliardaire Pierre-Edouard Stérin assume désormais vouloir financer les projets « #métapolitiques » susceptibles de faire gagner la droite et l’extrême droite. Une première liste de ces initiatives vient d’être mise en ligne. Selon nos informations, elle pourrait ne constituer que la partie émergée de l’iceberg.

    Un média, une chaîne Youtube, des associations catholiques ou libérales, des think tanks destinés au lobbying politique... La première liste des projets soutenus par « Périclès » - mise en ligne il y a quelques jours sur son site internet - n’est pas bien longue mais permet déjà de lever toute équivoque sur les intentions de l’homme à l’origine du projet, le milliardaire Pierre-Edouard Stérin. Après avoir fait fortune dans les affaires, cet exilé fiscal de 51 ans - il a fui en Belgique après l’élection de François Hollande en 2012 - ambitionne de faire gagner la droite et l’extrême droite en mettant à contribution son compte en banque. Soit un investissement de 250 millions d’euros annoncé en dix ans. Du jamais vu.

    Cette initiative, baptisée donc « Périclès » (pour « Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes »), devait, à l’origine, rester discrète mais elle avait été dévoilée en juillet dernier par nos confrères de « l’Humanité ». Lesquels, documents confidentiels à l’appui, ont détaillé le plan de « #bataille_culturelle » imaginé par Stérin et ses équipes pour « permettre la victoire idéologique, électorale et politique » de ses idées et de ses valeurs. Parmi elles, « la #famille, base de la société », la « #préférence_nationale », le « #christianisme ». Au programme également : la promesse de mener une « #guerilla_juridique » et « médiatique » face au « #socialisme », au « #wokisme » ou à « l’#islamisme ». Surtout, ces documents énuméraient des objectifs politiques précis, dont une aide concrète à apporter au #Rassemblement_national de Marine Le Pen pour remporter le plus grand nombre de victoires lors des prochaines #élections municipales en 2026.

    Offensive sur tous les fronts

    En l’état, au moins 24 projets auraient déjà bénéficié de la générosité de l’homme d’affaires l’année dernière, selon le site flambant neuf de Périclès. L’ensemble confirme sa volonté de mener son #offensive par petites touches et sur tous les fronts. On y retrouve sans surprise ses obsessions libérales avec la promotion des idées antiétatistes et anti-taxes, incarné par son soutien à des think tanks comme le #Cercle_Entreprises et #Libertés, de l’ex-patron d’#Elf_Loïk_Le_Floch-Prigent ; ou encore #Ethic, le syndicat patronal de #Sophie_de_Menthon (une des rares à assumer dialoguer avec Marine Le Pen), qui a reçu, selon nos informations, 3 000 euros pour l’organisation d’une conférence. Des cercles de juristes, comme #Justitia, le collectif d’avocats de l’#Institut_Thomas_More, qui propose d’offrir « une réponse juridique aux nouvelles intolérances » ou le #Cercle_Droit_et_Liberté, qui prétend lutter contre le « #politiquement_correct » de l’Université et du monde juridique, sont également cités. Sans oublier, les enjeux migratoires et sécuritaires, via le #Centre_de_Réflexion_sur_la_Sécurité_intérieure (#CRSI), présidé par l’avocat connu des réseaux de droite dure #Thibault_de_Montbrial. Présents également, la marque #Terre_de_France, chouchou des influenceurs #identitaires ; #Eclats_de_femme, l’association fondée par #Claire_Geronimi, victime de viol par un homme visé par une OQTF en 2023, depuis proche du collectif identitaire #Némésis (elle vient d’être nommée vice-présidente de l’UDR, le parti d’Eric Ciotti, ce dimanche 9 février), ou encore l’association #Léa, en croisade contre le « #racisme_anti-Blanc ». Idem pour le mensuel « #l'Incorrect » - lancé en 2017 par des proches de #Marion_Maréchal - ou #Les_Films_à_l'arrache, une chaîne Youtube humoristique moquant - entre autres - l’antiracisme et le féminisme...

    Objectifs politiques

    Au-delà de ces combats marqués à l’extrême droite, Périclès a également investi dans le combat contre le « #wokisme_à_la_fac », via l’#Observatoire_du_décolonialisme, ainsi que le champ de la #laïcité au travers de #Défense_des_serviteurs_de_la_République, dont le comité d’honneur compte #David_Lisnard, le maire Les Républicains de Cannes et #Astrid_Panosyan-Bouvet, l’actuelle ministre du Travail et de l’Emploi - laquelle ignorait le lien avec Stérin, nous assure son cabinet. D’autres structures présentées par le site de Périclès font plus directement référence à l’objectif politique du projet. C’est le cas de #Data_Realis_Conseil, une société spécialisée dans la #cartographie_électorale rappelle la « #Lettre », ou de l’#Institut_de_Formation_Politique (#IFP), qui ambitionne de doter les militants de toutes les droites du bagage nécessaire pour garnir les rangs des formations politiques, des Républicains aux RN. En bonne place, enfin, #Politicae, l’école de formation au mandat de maire, destinée à faire élire « le maximum de candidats pour les prochaines élections municipales », que Stérin a confié à #Antoine_Valentin, édile LR de Haute-Savoie et candidat d’#Eric_Ciotti lors des dernières législatives. Auprès du « Nouvel Obs », ce dernier ne souhaite pas communiquer le montant du financement consenti par son mécène mais indique que l’effort financier pourrait atteindre « plusieurs centaines de milliers d’euros », d’ici au scrutin de 2026.

    Des projets plus discrets

    Cette liste pourrait, selon nos informations, ne constituer que la partie émergée de l’iceberg Stérin. Les sites internets de plusieurs structures citées plus haut semblent avoir été montés de toutes pièces et sur le même modèle... Surtout, la plupart de ces initiatives n’auraient en réalité reçu que de maigres sommes. Moins de 5 000 euros par exemple pour l’association #Les_Eveilleurs, proche de #La_Manif_pour_Tous, à l’occasion d’un peu rentable concert de #Jean-Pax_Méfret, chanteur des nostalgiques de l’Algérie française. Idem au #Cérif (#Centre_européen_de_Recherche_et_d'Information_sur_le_Frérisme), où la chercheuse au CNRS #Florence_Bergeaud-Blackler jure ne pas avoir touché plus de 10 000 euros. Très loin des 10 millions d’euros que Périclès claironne avoir investi au total en 2024. De quoi nourrir les soupçons sur la réalité de ce montant : est-elle artificiellement gonflée ? Ou, plus probable, l’essentiel de cet argent passe-t-il dans des projets tenus secrets ?

    « Nous nous gardons le droit d’être discrets sur nos investissements », élude #Arnaud_Rérolle, président de Périclès et ancien du #Fonds_du_Bien_Commun, la branche philanthropique des activités de Pierre-Edouard Stérin. Un paravent caritatif - Stérin y finançait aussi des associations au diapason de ses idées réactionnaires - dont est également issu #Thibault_Cambournac, le nouveau « responsable stratégie » de Périclès. L’équipe compte aussi dans ses rangs #Marguerite_Frison-Roche, ancienne petite main de la campagne présidentielle d’Eric Zemmour. Quant au « senior advisor » de Périclès, #Philippe_de_Gestas, c’est l’ancien secrétaire général du #Mouvement_Conservateur, allié à #Reconquête. Pour 2025, le #budget de Périclès est annoncé autour des 20 millions d’euros. L’achat ou la création d’un institut de sondage fait déjà figure d’objectif prioritaire.

    https://www.nouvelobs.com/politique/20250209.OBS100069/ce-que-cache-pericles-le-projet-politique-reactionnaire-du-milliardaire-p
    #Stérin #extrême_droite #réseau

    ping @karine4 @reka @fil @isskein

  • L’#extrême_droite s’enracine dans les #universités

    Pour sa première rencontre avec des étudiants, le nouveau ministre français de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, #Patrick_Hetzel, a choisi de se rendre à une conférence de l’#Union_nationale_interuniversitaire (#UNI), un syndicat radicalisé à l’extrême droite, dont des adhérents ont commis des violences et dont un ancien responsable s’est affiché avec un néonazi. C’est faire peu de cas de la présence de plus en plus agressive de l’extrême droite dans les universités. Un des derniers exemples en date : l’agression d’un étudiant de Solidaires à Paris fin septembre.

    Cela faisait à peine quatre jours qu’Axel, étudiant en sciences politiques à l’université Paris-Panthéon-Assas, avait repris les cours. Ce vendredi 27 septembre peu avant midi, cet adhérent de Solidaires étudiants sort de la fac pour sa pause déjeuner. « Juste devant le portail, il y avait une petite dizaine de militants d’extrême droite qui tractaient pour une manif en faveur de Philippine (jeune femme tuée une semaine auparavant par un homme sous OQTF, dont l’extrême droite a fait un symbole du « laxisme » en matière d’immigration, NDLR). C’étaient des militants que l’on a déjà vu tracter pour les #Natifs (groupuscule qui regroupe d’anciens de #Génération_identitaire, dissous en 2021) et la #Cocarde_étudiante (#syndicat d’extrême droite). J’ai montré assez fermement que je ne voulais pas de leur #tract. Puis j’ai vu sur un panneau un #sticker de la Cocarde. Je l’ai recouvert d’un sticker antifa. J’ai été alpagué par un des gars qui m’a mis un coup d’épaule, pas violent mais intimidant, en me demandant ce que je faisais là. J’ai suivi mon chemin sans rien dire, me faisant traiter de baltringue et de connard. » A 12h02, Axel envoie alors un message que nous avons consulté à des amis, prévenant de la présence de fachos agressifs devant la fac.

    Mais arrivé au métro quelques dix minutes plus tard, il sent une présence derrière lui, et a à peine le temps de se retourner qu’il se retrouve propulsé au sol et frappé sur le corps et au visage. « J’ai hurlé, et ils ont pris la fuite, ça a duré quelques secondes mais c’était très violent. » Il a deux dents cassées et 10 jours d’arrêt de travail. Il a déposé plainte le lendemain, et deux passants ont témoigné en sa faveur.

    Les fantômes d’Assas la brune

    Dans cette université d’Assas, où est né le GUD (Groupe Union Défense, une bande de gros bras agressant violemment les étudiants de gauche) il y a 56 ans, l’incident rappelle de bien mauvais souvenirs. Dans les années 1970 et 1980, l’établissement était devenu le fief de l’extrême droite, avec une neutralité bienveillante de la direction et du corps enseignant -beaucoup de profs étaient ouvertement d’extrême-droite, comme le député Front national Jean-Claude Martinez. Les étudiants de gauche rasaient les murs, jusqu’à une relative normalisation dans les années 2000. « Aujourd’hui, hormis en droit, explique une étudiante, les étudiants sont soit peu politisés, soit plutôt de gauche. »

    Mais depuis quelques années, les traditions brunes de l’établissement semblent connaître un certain renouveau. Le 23 mars 2023, des étudiants d’Assas qui se rendaient à la manifestation contre la réforme des retraites, ont été agressés au niveau du Panthéon par une quinzaine de gros bras. « Un étudiant a eu le nez cassé. Les agresseurs étaient casqués, masqués, et avec des gants coqués », raconte un militant. Sur les réseaux sociaux, l’action est revendiquée par l’extrême droite, sous un sigle nauséabond : « #Waffen_Assas ».

    Les références nauséabondes au nazisme ont refleuri depuis le 7 octobre. La semaine dernière, un « Heil Hitler » a été tagué dans les toilettes. L’an dernier, sur les murs ont été collés des stickers détournant le logo d’uue association étudiante, marquée à gauche (« #Assas_in_Progress », transformé en « SS in progress ») et agrémentés d’une #croix_gammée.

    Des enseignants se sont aussi lâchés. Des étudiants ont signalé à la direction un chargé de TD qui aurait fait un #salut_nazi, quelques jours après la tuerie perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023.

    Pour les étudiants engagés à gauche, les liens étroits entre le #GUD et la Cocarde étudiante sont clairs : « La veille des élections des conseils de l’université de novembre 2022, une croix celtique du GUD avait été taguée devant la fac et le lendemain, des hommes habillés en noir et masqués avec des parapluies distribuaient agressivement des tracts pour la Cocarde Assas, bousculant les gens qui refusaient les tracts. » Sur les réseaux sociaux, #Luc_Lahalle, actuel assistant parlementaire de l’eurodéputée RN Catherine Griset, une intime de Marine Le Pen, posait en compagnie de Alois Vujinovic, un proche du chef du GUD, #Marc_de_Cacqueray, condamné à six mois de prison ferme en janvier 2019 pour des dégradations commises autour de l’Arc de Triomphe lors de la manifestation des gilets jaunes du 1er décembre 2018.

    À Lorient, des étudiants de l’UNI partisans de Zemmour impliqués dans des agressions et menaces

    Le 9 octobre dernier, à Lorient, Les Soulèvements de la Terre organisait une rencontre dans un bar-restaurant végétarien de la ville. Des étudiants d’extrême droite sont repérés à un arrêt de bus, à quelques 100 mètres du lieu. Des militants de gauche les photographient. Parmi eux, l’un est reconnu : Brieg L.

    « À un moment, raconte un militant de gauche présent ce jour-là, les camarades qui les observent les voient passer des cagoules et commencer à charger dans notre direction. Ils nous ont prévenus, des participants sont sortis, et les agresseurs ont finalement renoncé. Ils sont restés en embuscade dans une rue perpendiculaire, mais repérés, ils ont fini par fuir ». Une pantalonnade de pieds nickelés qui néanmoins inquiète, tant la situation à la fac de Lorient est tendue depuis un an.

    Dans la nuit du 30 septembre, les murs de l’université ont été recouverts de tags signés du GUD - « Radicalisez-vous contre la vermine gauchiste » - et s’en prenant à l’Union pirate, syndicat étudiant de gauche, la bête noire de l’extrême droite.

    En décembre dernier, des tracts anonymes avaient été retrouvés dans la fac, avec ces mots : « Comment déglinguons-nous l’Union pirate ? ». Avec un QR code qui, une fois scanné, renvoyait à une vidéo où l’on voyait un homme tirer sur le drapeau de ce syndicat, avec ce commentaire : « Comment nous déglinguons l’Union pirate. » « C’est un appel au meurtre », juge un étudiant. Or, la vidéo en question a été postée sur les réseaux sociaux via un compte utilisé par un certain Brieg L. - le même qui a tenté de s’en prendre aux Soulèvements de la Terre. Il a récemment été entendu par la police dans l’affaire de la vidéo du simulacre d’exécution.

    Or Brieg L., qui a milité pour Zemmour lors de la campagne pour la dernière présidentielle, est aussi de l’Union nationale interuniversitaire (UNI), comme en témoigne cette photo où il pose fièrement après un collage d’affiches. L’UNI : le syndicat auquel le ministre de l’Enseignement supérieur a rendu visite le 12 octobre dernier…

    L’UNI, syndicat radicalisé

    L’UNI, auquel le ministre dit avoir rendu visite pour « entendre [leurs] propositions et inquiétudes », est un syndicat historiquement lié à l’aile dure de la droite gaulliste qui s’est radicalisé à l’extrême droite. Créé en 1968 pour contrer le gauchisme dans les facs avec l’aide du Service d’Action civique (SAC, sorte de police parallèle, dissous en 1982), l’UNI, malgré des positions très droitières, était jusqu’à très récemment toujours resté fidèle à la droite dite « « républicaine ». #Olivier_Vial, son président - qui conseille par ailleurs les maires de stations de montagne dans leurs actions de lobbying anti-écologiste, est membre du bureau politique des Républicains.

    En 2013, il déclarait s’opposer à toute « alliance et accord avec l’extrême droite ». Une ligne balayée moins d’une décennie plus tard : au deuxième tour de la présidentielle de 2022, l’UNI a appelé à voter contre Emmanuel Macron.

    « L’UNI et #Génération_Z, quand j’y étais, c’était la même chose », explique Christopher, qui a un temps adhéré aux deux organisations, avant de partir, effrayé par leur extrémisme raciste. Étudiant à Dijon en 2022, c’est par le biais de l’UNI qu’il a fini par rejoindre les jeunes zemmouriens : « L’UNI joue un peu le rôle de rabatteur, se souvient-il. Ils se présentent comme un syndicat étudiant de droite, mais sans plus. Ils sont cools, ils organisaient des fêtes sympas, mais ils étaient aussi chez Zemmour, et c’est tout naturellement que j’ai fini aussi chez Génération Z. A Dijon, c’était la même organisation ». Propos racistes et antijuifs, croix gammées taguées dans une cité, chants nazis, homophobes et négrophobes : Christopher est reparti effrayé par ce qu’il a vu et a fini par tout raconter à Blast et au média local Kawa TV.

    Un ancien responsable de l’UNI pose près d’une croix gammée

    À Dijon, l’un des plus fervents partisans des Zemmour est un certain #Iannis_Moriaud. Lui aussi un ancien responsable de l’UNI dans ses années étudiantes - il s’est présenté sur une des listes du syndicat en 2014 - et resté très proche de ses amis militants de l’époque . Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des sympathies néonazies : en 2022, il se fait photographier avec #Maxime_Brunerie, le militant d’extrême droite qui a tiré sur Jacques Chirac le 14 juillet 2002. Mais, stupide étourderie, l’agrandissement de la photo révèle un élément inattendu de la décoration intérieure : un drapeau nazi, et des tasses ornées de la croix gammée.

    Nombreux sont les militants d’extrême droite adhérents ou proches de l’UNI, ce syndicat choyé par le ministre. Ainsi, le 7 avril dernier, deux activistes du groupuscule #Nemesis ont perturbé le carnaval de Besançon en brandissant des pancartes xénophobes devant la tribune : « Violeurs étrangers dehors » et « Libérez nous de l’immigration ». L’une d’elle, #Yona_Faedda, placée en garde à vue, collait il y a quelques mois encore des affiches pour l’UNI.

    À un niveau plus institutionnel, le président de l’UNI dans les Alpes maritimes, #Andrea_Orabona, est devenu le suppléant du député RN #Lionel_Tivoli, réélu aux dernières législatives, tandis que dans ce même département, le secrétaire général de l’UNI, #Gabriel_Tomatis, était en même temps responsable départemental du #RNJ (les jeunes du Rassemblement national) et collaborateur de la députée RN #Alexandra_Masson.

    C’est donc certains des plus radicaux des étudiants qu’Hetzel a choisi d’honorer de sa présence en priorité, bien loin désormais de ce qui reste la droite dite républicaine. Ancien prof de gestion à Assas et Lyon III, les deux universités françaises les plus gangrenées par l’extrême droite, ancien recteur d’université, Patrick Hetzel évolue dans le monde universitaire depuis trois décennies. Il en connaît parfaitement tous les rouages et tous les acteurs, et sait donc parfaitement à qui il parle lorsqu’il s’adresse à l’UNI…

    https://www.blast-info.fr/articles/2024/lextreme-droite-senracine-dans-les-universites-1Dtcjtq5QuOP87ODJNIMUg

    #facs #ESR

    • Patrick Hetzel, coup de barre à droite dans l’enseignement supérieur

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/11/15/patrick-hetzel-coup-de-barre-a-droite-dans-l-enseignement-superieur_6394606_

      L’ex-député Les Républicains du Bas-Rhin devenu ministre enchaîne les polémiques, assumant ses prises de position conservatrices. L’absence de projet clair pour les universités et la recherche inquiète la communauté scientifique.
      Par Soazig Le Nevé

      Sur le trottoir, en face de la Sorbonne, des lauréats de la promotion 2024 de l’Institut universitaire de France se sont rassemblés pour lire à haute voix le discours qu’ils n’ont pas été autorisés à adresser , dans le grand amphithéâtre, au ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Vendredi 18 octobre, les signataires – 68 enseignants-chercheurs sélectionnés par un jury international pour la qualité exceptionnelle de leurs recherches – voulaient profiter de la cérémonie pour lui exprimer leur « vive inquiétude, suscitée par [s]es implications et prises de position ».

      Depuis sa nomination comme ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche au sein du gouvernement de Michel Barnier, le 21 septembre, l’ex-député (Les Républicains, LR) du Bas-Rhin, âgé de 60 ans, alimente les polémiques. Samedi 12 octobre, il s’est ainsi rendu à la tribune du congrès de l’UNI, syndicat étudiant marqué à droite, qui, lors de l’élection présidentielle de 2022, n’avait pas appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour face à la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen.

      Le 1er novembre, sur CNews, Patrick Hetzel a regretté que le directeur de Sciences Po ait levé – dans l’attente des conclusions de la section disciplinaire – la suspension prise à l’encontre de quatre étudiants accusés d’avoir filmé, lors d’un « forum carrière », une mobilisation du comité Palestine pointant du doigt l’implication de sociétés françaises dans la guerre entre Israël et le Hamas. « A titre personnel, je serais favorable à leur exclusion, a déclaré le ministre à l’antenne. Depuis mon arrivée, je ne fais que rappeler la loi et indiquer qu’il faut de la fermeté et qu’à aucun moment nos établissements ne doivent être instrumentalisés. » Dans la foulée, sur le réseau social X, il a dénoncé le choix du conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg de rompre ses liens avec l’université israélienne Reichman, décision qu’il assimile à une « prise de position politique ».

      « Bâton de maréchal »

      Son entrée au gouvernement a donné lieu à une exhumation par des enseignants et des chercheurs des interventions du député Hetzel sur les bancs de l’Assemblée nationale et sur les réseaux sociaux. Elles retracent l’itinéraire d’un tenant d’une droite conservatrice, s’opposant au mariage pour tous en 2013, à l’extension de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples lesbiens en 2021, à la constitutionnalisation du droit à l’avortement en 2024. Sur le plan scientifique, sa demande d’une autorisation de recours à l’hydroxychloroquine avant même les résultats des essais cliniques durant la pandémie de Covid-19 a laissé pantoise une partie de la communauté universitaire.

      L’Alsacien, qui avait piloté le programme de Michel Barnier lorsqu’il était candidat à la primaire des Républicains en 2021, est venu à la politique sur le tard. Professeur de sciences de gestion à l’université, il est d’abord passé par la haute fonction publique : recteur de l’académie de Limoges (2005-2007), conseiller éducation du premier ministre François Fillon (2007-2008) puis directeur général de l’enseignement supérieur (2008-2012) au moment où entrait en application la loi relative aux libertés et responsabilités des universités portée par Valérie Pécresse, alors ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

      Dans un style aimable et discret, ce fils d’hôteliers-restaurateurs de la petite commune de Sarre-Union (Bas-Rhin), qui parlait exclusivement l’alsacien chez lui et a appris la langue française à l’école, n’en a pas moins échafaudé un véritable plan de carrière jusqu’à obtenir un ministère – son « bâton de maréchal », raillent ses détracteurs.

      En 2006, alors qu’il est recteur de l’académie de Limoges après un brillant parcours universitaire – doctorat, agrégation, habilitation à diriger des recherches –, son nom est soufflé au premier ministre d’alors, Dominique de Villepin (2005-2007). Mais il échouera à le recruter, face à l’opposition d’une élue de la Corrèze, Bernadette Chirac, qui voulait « garder son recteur d’académie », se souvient Patrick Gérard, lequel dirigeait le cabinet du ministre de l’éducation nationale de l’époque, Gilles de Robien. Pour sortir de la crise du CPE (contrat première embauche), M. de Villepin nommera Patrick Hetzel à la tête d’une commission du débat national université-emploi.

      « Limoges est l’une des plus petites académies et le recteur affichait une modestie de bon aloi », se souvient Dominique Antoine, ex-secrétaire général du ministère de l’éducation nationale, qui fut très étonné de le voir nommé, deux ans plus tard, conseiller éducation au cabinet du premier ministre François Fillon. « Ma deuxième surprise est venue en 2012, quand il m’a annoncé qu’il serait député. Il était très assuré de son fait, il avait visiblement tout organisé », poursuit le haut fonctionnaire, qui comprend alors que « Patrick Hetzel est un homme de réseaux ».

      « Fermeté bienvenue »

      Universitaire, haut fonctionnaire ou député LR : dans quelle peau se glisse désormais Patrick Hetzel en prenant les rênes du ministère de la rue Descartes ? « Il ne sera pas dans la politicaillerie, mais dans les sujets de fond », veut croire son ami Patrick Gérard, qui reconnaît que, sur les bancs de l’Assemblée, l’ex-député a pu avoir une « expression personnelle » correspondant en partie à ses valeurs religieuses. D’après ses proches, le #luthérien Patrick Hetzel n’est pas du genre à renier ses engagements pour embrasser « une pensée mainstream ».

      A l’UNI, Olivier Vial se réjouit encore d’avoir accueilli le nouveau ministre lors de son congrès – « une “tradition” qu’honorent tous les ministres de droite » depuis 2009, date à laquelle il a pris la présidence du syndicat. Il voit en lui « une fermeté bienvenue : quand il y a un obstacle, il ne le contourne pas, il va au fond du problème, comme sur les blocages étudiants et sur la dérive islamo-gauchiste », déroule-t-il.

      Sa proposition, lancée en avril alors qu’il était encore député, de mener une enquête sur « l’entrisme idéologique et les dérives islamo-gauchistes dans l’enseignement supérieur » pourrait bien reprendre forme. « La science ne doit pas se confondre avec le militantisme », martèle le ministre dans Le Figaro le 21 octobre, suscitant les railleries de ceux qui le renvoient à l’épisode de l’hydroxychloroquine et lui collent une étiquette « anti-science ». Ses amis le disent « meurtri » par une telle accusation. Ils rappellent un contexte, celui du printemps 2020 en Alsace, avec des morts et des avions transportant des malades pour qu’ils soient soignés en Allemagne.

      Auprès des présidents d’université, la première action du ministre, vendredi 4 octobre, a été de leur faire parvenir un rappel à « leur responsabilité dans la préservation des libertés académiques et leur rôle dans la prévention de risques éventuels pour la sécurité au sein de leur établissement » lors de « manifestations et prises de position de nature politique, en lien avec le conflit au Proche-Orient ». « C’était un peu comme s’il nous avait dit qu’on pouvait nous aussi passer en conseil de discipline ! », s’étrangle l’un d’entre eux, encore ébahi d’une telle défiance.

      L’inconnue de la feuille de route

      Les prévisions budgétaires pour 2025 sont en berne, une vague d’inquiétude traverse les chefs d’établissement du supérieur, contraints de débourser 500 millions d’euros de plus qu’en 2024 pour financer diverses mesures dans le cadre de la réduction du déficit public. Lors de l’assemblée générale de leur association, France Universités, aucune réponse n’est venue de la part du ministre. « L’échange était très convenu, relate un participant. Pas d’orientation claire sur la recherche et sur la formation, rien de construit concernant une feuille de route ou sur ses priorités… »

      Quel sera le poids de celui que ses détracteurs voient comme un « simple professeur de gestion » pour discuter des grandes orientations nationales avec les organismes de recherche ? « Cette connaissance fine des enjeux scientifiques, il ne l’a pas », estime un chef d’établissement. Un autre garde le souvenir d’un Patrick Hetzel, alors directeur de l’enseignement supérieur, « ne répondant pas aux courriers », et même « se planquant quand il avait à traiter un sujet compliqué, par exemple la création de l’université Paris-Saclay. Sa prudence confinait à la lâcheté, alors que nous avions besoin d’un interlocuteur ».

      Une dernière inquiétude naît avec le retour d’un projet de loi sur l’immigration au mois de janvier. Un an après la censure par le Conseil constitutionnel de l’instauration d’une caution de retour pour les étrangers non européens et de l’inscription dans la loi d’une différenciation des frais d’inscription – mesures envisagées par le précédent gouvernement –, le volet étudiant de la future loi reste un mystère. Patrick Hetzel a simplement indiqué qu’il ferait « des propositions » au ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau.

      #étudiants_étrangers

  • Doxing, harcèlement en masse, menaces de mort : Toufik de Planoise ciblé par l’extrême droite – Radio BIP 96.9FM | Média Indépendant à Besançon
    https://radiobip.fr/site/blog/2023/11/29/doxing-harcelement-en-masse-menaces-de-mort-toufik-de-planoise-cible-par-le
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    Cela fait déjà 4 jours que Toufik de Planoise reçoit des milliers de messages d’insultes, de menaces de mort et de doxing. Cela a commencé avec une vidéo postée par une jeune membre du collectif « Nemesis », collectif raciste, xenophobe, islamophobe, où l’on voit Toufik de Planoise arracher quelques affiches qui venaient d’être collées par les membres du collectif. Sur l’affiche on pouvait voir la photo de Thomas, le lycéen de 16 ans – assassiné dans la nuit du 18 au 19 novembre d’un un coup de couteau, lors d’une fête de village – avec la mention « Tué par des barbares ». L’agression, vu que certains des assaillants auraient été identifiés comme venant du quartier de la Monnaie, est vue par l’extrême droite comme « une nouvelle preuve de l’ensauvagement de la société française ».

    [...]

    La première personne qui a lancé le #doxing est un compte Twitter avec le nom « Les Ratons ». Dans leurs message (qui est à ce jour toujours visible sur le réseau #X) ils essaient à plusieurs reprises d’interpeler des personnes avec des appels sur Twitter « Qui veut son adresse, c’est gratuit et ça fait plaisir« . Sans trop de succès et comme personne ne répond, ils vont aller écumer le réseau Twitter, pour publier des réponses à des messages de harcèlement ou de menaces de mort ou d’agression, en postant l’adresse postale et le nom de Toufik de Planoise. Ils vont publier son adresse privé à raison d’au moins 17 publications sur Twitter et sur plusieurs comptes Telegram. Parmi les personnes qui ont indiqué connaître l’adresse de Toufik de Planoise figure aussi un certain Théo Giacone

    Chose intrigante, la personne qui le doxe, publie une photo d’un papier ou l’on voit l’adresse de Toufik de Planoise.

    Cependant, parce-que la photo a été prise avec un téléphone en utilisant le flash, un texte apparaît sur le recto du papier. Et aussi incroyable que cela puisse être, on retrouve le nom de « Théo Giaccone » visible sur le recto du papier pris en photo. Très rapidement, nous avons retrouvé la source de ce document.

    Il s’agit d’une plainte de Toufik de Planoise contre Theo Giacone pour agression, à la sortie du tribunal de grande instance de Besançon qui date de 11/10/2022. Le procureur de la République de Besançon, Étienne Manteau, avait classé sans suite l’affaire et malgré la demande explicite de Toufik de Planoise de ne pas partager l’adresse de son domicile avec son agresseur présumé, son adresse sera tout de même partagée sur le document et envoyée à son agresseur présumé. Le même document a été donc envoyé à la victime présumée et à l’agresseur présumé par le procureur de la République, et grâce à ce document, l’utilisateur qui gère le compte « Les Ratons » a lancé une importante campagne de doxing contre le #journaliste_indépendant sur les réseaux sociaux.

    #extrême_droite #Nemesis #Éric_Naulleau #Uni #Morandini #Valeurs_Actuelles #Boulevard_Voltaire #RN

  • Avant qu’il ne passe à l’acte, l’errance du réfugié syrien à #Annecy

    L’assaillant de l’#attaque au couteau d’Annecy a été mis en examen pour « tentatives d’assassinats » et « rébellion avec armes ». Pour l’heure, ses motivations restent sans explication. Depuis quelques mois, ce réfugié syrien chrétien venu de Suède passait ses nuits dans une rue du centre-ville et ses journées près du lac. De nombreux témoins décrivent un homme marginalisé, « calme » et « discret ».

    Les caméras des chaînes de télévision ont défilé, au lendemain du drame, rue Royale à Annecy, attirant les regards des curieux venus se promener ou faire des achats. C’est ici, sous le porche d’un immeuble situé entre deux magasins de vêtements, que l’assaillant de l’attaque au couteau ayant blessé six personnes, dont quatre enfants en bas âge, jeudi au Pâquier, avait ses habitudes à la nuit tombée. Le jour de l’attaque, les forces de l’ordre sont venues en nombre pour interroger les commerçant·es et habitant·es du secteur.

    « On le voyait tous les soirs et il avait ses rituels, il venait à 19 heures à la fermeture », confie le responsable d’un magasin situé en face de l’immeuble. L’homme se couchait sur des cartons et disposait d’un sac de couchage, poursuit-il, mettait ses écouteurs dans les oreilles avant de s’endormir, assez tôt. Le commerçant se dit encore « choqué » de savoir qu’il a pu commettre une telle horreur la veille. « Il était très propre. Je n’ai jamais remarqué un comportement étrange. Je me suis demandé plusieurs fois comment il en était arrivé là car il avait l’air jeune. »

    En fin de matinée, Paul*, un habitant de l’immeuble, peine toujours à croire que le sans-abri de 32 ans qui dormait en bas de chez lui et avec lequel il avait des « échanges cordiaux » ait pu commettre l’innommable. Alors qu’il rentre à son domicile, il raconte l’avoir vu chaque soir sous ce porche, depuis l’hiver dernier. Il décrit un homme « assez poli et très discret », solitaire, souvent sur son téléphone. « Il était respectueux, ne laissait pas ses affaires traîner et gardait l’endroit propre. Je ne l’ai jamais vu alcoolisé ou drogué, il ne montrait aucun signe religieux. »

    Lorsqu’il lui arrivait de ressortir après 19 h 30 ou 20 heures, le réfugié syrien dormait déjà. « [Le matin], je pense qu’il partait assez tôt car il n’était plus là quand je partais au boulot. » Constatant qu’il ne venait là que pour dormir, Paul était persuadé qu’il était en parcours d’insertion, voire qu’il travaillait. « Il s’entretenait, aussi. Il se brossait les dents et recrachait l’eau dans la bouche d’égouts, se coupait les ongles… » Parmi tous les sans-abris présents dans le quartier, lui était « celui qui ne faisait pas de bruit ». Son acte en est d’autant plus incompréhensible. « On est complètement sous le choc, c’est glaçant », confie-t-il en précisant avoir un petit enfant.
    Repéré par de nombreux habitants

    L’un des voisins de Paul a tenté de créer du lien avec le réfugié syrien chrétien venu de Suède. Il savait qu’il avait une famille là-bas. « On savait qu’il était en demande d’asile. Mais si on laisse les gens sept mois à la rue, si on ne s’en occupe pas, c’est une machine à drames… Surtout pour des personnes ayant un passé en Syrie, qui viennent potentiellement avec des traumatismes », estime Paul sans pour autant justifier l’acte de l’assaillant.

    Thierry, un habitant d’Annecy, partage lui aussi son incompréhension face à l’horreur. Son père avait repéré l’homme depuis une dizaine de jours, sur le secteur du Pâquier en journée, tout comme les patrons de location de pédalos situés au bord du lac ou les vendeurs de glaces postés près du pont des Amours. « Mon père est cycliste et emprunte ce trajet un jour sur deux, il l’a vu à chaque fois. Il était assis sur un banc avec son sac, il regardait en direction du lac. Il se lavait dans le lac. » Encore en état de choc, ce dernier a préféré ne pas témoigner.

    Il aurait éprouvé une forme de culpabilité à n’avoir pas agi. Mais pour quoi faire ? Signaler un homme dont le comportement n’était pas problématique ? « Il s’est posé beaucoup de questions, s’étonnant d’être parfois arrêté et contrôlé à vélo et lui pas. » La folie humaine ne doit pas « nous diviser », ajoute Thierry, et un acte comme celui-ci ne doit pas remettre en cause « notre accueil des réfugiés ». Il suggère la création d’une brigade spécialisée au sein de la police municipale, qui serait chargée des personnes en situation de rue et irait à leur rencontre.

    « On ne peut pas attendre que ces gens viennent à nous puisqu’ils sont isolés. Leur état psychologique fait parfois qu’ils se replient sur eux-mêmes. Il faut des capacités d’écoute pour créer du lien », dit encore Thierry. Une tendance que confirme Bertrand de Fleurian, délégué départemental de l’Ordre de Malte et chef de maraudes à Annecy, qui a lui aussi repéré l’homme syrien lors de distributions au centre-ville. Ce dernier ne figurait pas parmi leurs « habitués », mais une aide lui avait été proposée lors de différentes maraudes.

    « Il ne voulait jamais rien, il répondait de manière calme et polie le soir bien qu’il dormait parfois. » Certains refusent le contact, soit parce qu’il y a un problème « psy », soit parce qu’ils reçoivent déjà de l’aide en journée. « Dans ces cas-là, poursuit Bertrand, on n’insiste pas, on repasse le lendemain. » A-t-il été pris par un coup de folie ?, s’interroge-t-il. « On pouvait difficilement s’attendre à un tel acte venant de ce profil. » D’autres associations venant en aide aux sans-abris, comme les Suspendus d’Annecy, n’ont pas croisé sa route.
    Précarité matérielle et déclassement social

    Pour l’heure, les raisons et la motivation de la terrible attaque de jeudi matin restent sans explication. Alors que sa garde à vue s’achevait samedi 10 juin, le réfugié syrien a été mis en examen pour « tentatives d’assassinats » et « rébellion avec armes » après avoir été déféré devant deux juges d’instruction, a annoncé la procureure de la République, Line Bonnet-Mathis. L’homme, qui a également été présenté à un juge des libertés et de la détention samedi matin, a été placé en détention provisoire.

    La garde à vue du réfugié syrien n’a pas permis d’en savoir davantage sur son mobile, l’intéressé se montrant très agité et peu coopératif avec les enquêteurs. On en sait toutefois un peu plus sur son parcours depuis le dépôt de sa demande d’asile en France, en novembre 2022.

    Reconnu réfugié en Suède depuis dix ans, où il a une femme et un enfant, il aurait quitté le pays après avoir essuyé deux refus pour une demande de naturalisation. Libre de circuler dans l’espace Schengen, il serait passé par l’Italie et la Suisse avant de gagner la France, et aurait déposé une nouvelle demande d’asile à Grenoble, bien qu’on en ignore encore le motif. « Il y a un côté un peu bizarre » à cela, a souligné le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, sur BFMTV. Le 4 juin, sa demande a été jugée irrecevable.

    Karine Gatelier, anthropologue chargée d’action recherche dans l’association Modus Operandi (Modop), tente de « comprendre pourquoi, à un moment donné, des personnes se saisissent de [la] violence ». Elle envisage qu’après dix ans en Suède, l’assaillant ait pu ensuite être projeté dans une précarité matérielle et un déclassement social très forts. Un phénomène courant pour les demandeurs et demandeuses d’asile.

    « On leur réserve une certaine misère », analyse celle qui est aussi bénévole auprès de l’association Accueil demandeurs d’asile (ADA) à Grenoble. « Cette misère ne correspond pas à la vie qu’ils et elles avaient au pays. On observe depuis plusieurs années que la santé mentale des personnes en demande d’asile se dégrade, des rapports d’associations en témoignent. Et le suivi est très insuffisant. »

    Non-hébergement, interdiction de travail, perte d’autonomie, allocation pour demandeur d’asile en deçà du seuil de pauvreté qui n’est pas toujours versée… Même avec une prise en charge, de nombreux acteurs pointent souvent une forme de « contrôle social », qui limite les mouvements et la prise de décision des demandeurs d’asile.

    Pour Nicolas*, un travailleur social dans la demande d’asile, les réfugiés survivent parfois à la rue après avoir vécu la route de l’exil, les violences physiques et sexuelles, la torture ou l’esclavagisme, charriant des séquelles non soignées, et font un « grand plongeon dans la précarité », confrontés à un système administratif particulièrement complexe. « On peut voir des cas de dépression chronique ou de décompensation. »

    Que la réponse à leur demande de protection soit positive ou négative, les réactions peuvent varier : « Je compare souvent ça à un examen, avec un enjeu encore plus fort. Après avoir tout donné, le corps relâche et n’a plus d’énergie. Et s’il y a des fragilités psychiques chez quelqu’un, c’est là qu’elles s’expriment. » En cas de rejet, détaille-t-il, il peut y avoir beaucoup d’incompréhension, un fort sentiment de rejet, un gros passage à vide ou une remise en question du parcours.

    Dans le cas du réfugié syrien ayant commis l’attaque au couteau, Nicolas estime que les mois passés en situation de rue ont pu avoir une incidence sur son état physique et mental. « Il n’est jamais rentré dans le dispositif national d’accueil, ce qui montre un déficit lié au nombre de places d’hébergement. Les hommes isolés sont davantage laissés à la rue. » Selon la mère de l’assaillant, qui s’est confiée à l’AFP, celui-ci souffrait d’une « grave dépression » et ses échecs pour obtenir un passeport suédois avaient aggravé son état. Au moment du drame, il n’était « ni sous l’emprise de stupéfiant ni sous l’emprise d’alcool », a indiqué la procureure d’Annecy.

    Cela étant dit, tous ceux qui obtiennent un hébergement n’iront pas « forcément bien », poursuit Nicolas. « Ça reste un élément favorisant pour qu’ils aillent mieux. Mais le morcellement du parcours, la pression du système d’asile, la rupture avec la communauté de vie ou la non-prise en compte de besoins essentiels sont autant de facteurs qui peuvent jouer. » Cela pourrait être le cas, songe-t-il, du réfugié soudanais ayant tué deux personnes en avril 2020 lors d’un attentat à Romans-sur-Isère – le mobile terroriste avait été retenu. « Il allait bien jusqu’à ce qu’il se retrouve isolé, loin de ses amis. Il voulait aussi que sa femme puisse le rejoindre mais la procédure était trop longue. »
    D’autres exilés en situation d’errance à Annecy

    Vendredi après-midi, avenue du Stand à Annecy, un groupe de quatre jeunes Afghans patientent devant les bureaux de la Structure de premier accueil des demandeurs d’asile (Spada), gérée par la Fédération des œuvres laïques, mandatée par l’État pour cette mission. Les portes restent closes et pourtant, personne ne bouge. Ils disent avoir appris à « attendre » ; ce mot qui revient sans cesse lorsqu’ils réclament leur droit à l’hébergement ou l’état d’avancement de leur dossier.

    Depuis jeudi et l’attaque au couteau, ils sont inquiets. « Ce qu’il a fait est si terrible, on a peur que les gens n’aiment plus les réfugiés à cause de ça. De tels actes vont rendre la vie des immigrés très difficile en France », soupire l’un d’eux. À 28 ans et après avoir fui l’Afghanistan, il reconnaît du bout des lèvres survivre dans la rue, dormant dans les parcs ou la gare à la nuit tombée. « Que peut-on faire ? » Sa demande d’asile est toujours en cours.

    « Moi, c’est pareil », lâche son voisin, honteux, plongeant ses grands yeux verts dans le vide. Un troisième a vu sa demande d’asile définitivement rejetée. « Pas de logement, pas de travail, pas d’allocation, pas de papiers », résume-t-il.

    Non loin de là, en fin d’après-midi, Erwin, Junior et leurs amis tuent le temps, près de leur tente, en face du canal. Ils auraient préféré, disent-ils, que l’assaillant vienne les attaquer eux plutôt que les enfants. « C’est une grande faiblesse de s’en prendre à des gamins. On ne cautionne pas ça. »

    La veille, une bénévole du quartier est venue les prévenir que des groupes d’extrême droite se réuniraient à Annecy dans la soirée. « Donc on dort dans notre tente la nuit et ils peuvent venir nous faire du mal, juste parce qu’ils généralisent et qu’ils sont racistes », déplore Erwin. L’un de leurs amis, qui se surnomme Tupac, déboule complètement ivre.

    « Tous les jeunes isolés ici deviennent des légumes parce que les autorités refusent de les aider », commente son voisin, originaire de Seine-Saint-Denis, qui a tout perdu après un divorce. « Aujourd’hui, quelqu’un arrive et va bien, demain il rigole tout seul dans la rue. » Pour Junior, ancien mineur non accompagné pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance qui leur rend visite régulièrement, les gens « pètent un câble » parce qu’ils sacrifient tout ce qu’ils ont pour fuir leur pays. « Ils viennent en Europe et espèrent y avoir une certaine vie, mais ils se retrouvent à la rue, sans travail. Ils ne s’attendent pas à ça. »

    Ilham, une ancienne bénévole de la Ligue des droits de l’homme (LDH) d’Annecy, confirme que « de nombreuses personnes » sont en situation d’errance dans la ville, y compris des femmes avec enfants contraintes de vivre dans la rue. Elle est le contact de référence pour les demandeurs et demandeuses d’asile et réfugié·es, et bien qu’elle ait cessé ses activités auprès de la LDH, beaucoup de jeunes continuent de l’appeler en cas d’ennui. Elle confirme un déficit de places d’hébergement et de prise en charge pour ce public.

    Près de la gare en fin de journée, des réfugiés soudanais et érythréens partagent le même sentiment. Arrivé à Paris en 2018, Muhammad* a vécu dans la rue avant d’être réorienté par la préfecture vers la Haute-Savoie. Il explique avoir dû affronter le racisme. « Je demandais aux gens en anglais de m’aider, ils s’éloignaient de moi comme s’ils avaient peur. Leur chien avait plus de valeur que moi. »

    Il rencontre une assistante sociale qui mélange les papiers des uns et des autres parce qu’elle les confond. « J’ai mis quatre ans à avoir mes papiers. Et dès le départ, ils ont fait une erreur sur mon âge, me donnant dix ans de moins, ce qui m’a posé des problèmes pour tout. »

    Mais surtout, il désespère de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de sa femme et de son fils coincés en Égypte, faute d’autorisation de travail jusqu’à l’obtention de son statut de réfugié. « Ça m’a rongé l’esprit. Tu ajoutes à ça le stress et le racisme, il y a de quoi te rendre fou. » Il dit avoir appris le français seul – « qu’est-ce qu’on peut faire avec 50 heures dispensées par l’Office français de l’immigration et de l’intégration ? » – et travailler là où il le peut : BTP, peinture, restauration… Aujourd’hui, le trentenaire fait aussi du bénévolat auprès de la LDH et d’une association qui vient en aide aux personnes âgées.

    Repenser à tout ce qu’il a traversé lui « serre le cœur », dit-il en arabe. Il espère pouvoir avancer sereinement, mais ne cache pas cette forme de ressentiment à l’égard d’un État qui a tout fait pour lui faire comprendre qu’il n’était pas le bienvenue. « On est venus légalement ici. Il y a des lois. S’ils ne veulent plus de ces lois, qu’ils les retirent, et on partira. »

    Muhammad dit avoir tout quitté – une belle villa, un hôtel dont il était propriétaire, un travail et des proches – pour fuir un dictateur et recouvrer la liberté qu’il chérissait tant. « Liberté, égalité, fraternité ; c’est uniquement sur le papier », regrette-t-il. Il ignore pourquoi l’auteur de l’attaque au couteau a agi ainsi. Lui et ses amis ne l’avaient jamais croisé. Mais, insiste-t-il, « il faut s’occuper des gens ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/100623/avant-qu-il-ne-passe-l-acte-l-errance-du-refugie-syrien-annecy

    #réfugiés #asile #migrations #marginalisation #précarisation #SDF #migrerrance #attaque_au_couteau #déclassement_social #précarité_matérielle #violence #misère #santé_mentale

    • Drame d’Annecy : une ville face au venin de la #xénophobie

      L’attaque de six personnes, dont quatre enfants, par un réfugié syrien à Annecy a libéré la parole raciste. Ciblée, la Ligue des droits de l’homme est contrainte d’annuler son prochain événement. Le maire écologiste #François_Astorg, également menacé parce que métis, annonce à Mediapart qu’il a porté plainte.

      Trois jours après le drame, Annecy a vécu, dimanche 11 juin, son moment « cathartique », résume son maire écologiste François Astorg. À l’appel de la municipalité, plusieurs milliers de personnes, dont beaucoup de familles, se sont rassemblées dans le calme sur l’esplanade du Pâquier, à quelques encablures du parc de jeu où un réfugié syrien de 31 ans, qui vivait seul et dans la rue depuis plusieurs mois, a blessé six personnes le 8 juin.

      Ses victimes – quatre enfants en bas âge et deux septuagénaires, de quatre nationalités différentes – sont toujours hospitalisées, mais leur pronostic vital n’est plus engagé. L’assaillant, qui n’a fourni aucune explication à son geste à ce jour, a lui été mis en examen samedi pour « tentatives d’assassinat » et « rébellion avec armes », et placé en détention provisoire.

      « On avait besoin de se retrouver, de mettre les mots sur ce qui s’est passé, de se parler, et aussi d’affirmer la ligne dans laquelle on compte avancer demain », synthétise François Astorg, après avoir proclamé un discours sobre et fortement applaudi. Sur scène, le maire était entouré de représentants des autorités civiles et militaires, mais aussi de personnels municipaux et d’anonymes intervenus sur les lieux du drame.

      Après avoir dénoncé la « barbarie » et la « lâcheté » de l’acte « inqualifiable » commis jeudi, l’élu s’est adressé à la foule : « Votre inquiétude, je la ressens, je la partage […], mais il n’y a pas d’autre réponse que la #communion, la #solidarité et l’#espoir. Pas d’autre choix que de bâtir plutôt qu’haïr. » Il a aussi invité la population à ce que la « vie reprenne ses droits ». Le festival international du film d’animation, événement culturel majeur dont la séance inaugurale a été décalée de quelques heures, va justement ouvrir ses portes dès lundi sur le site du Pâquier.

      Depuis jeudi, la ville était suspendue au sort des victimes, dont l’état de santé s’est amélioré au fil des jours, mais aussi imprégnée d’une atmosphère inhabituelle dans cet écrin calme et bourgeois de 135 000 habitant·es. François Astorg lui-même, élu en 2020 à la tête d’une alliance baroque entre Europe Écologie-Les Verts (EELV) et La République en marche (LREM), a été la cible d’attaques racistes auxquelles il n’avait jamais été confronté depuis son accession à la mairie.

      La raison ? Il est métis – sa mère est sénégalaise – et défend des positions – pourtant consensuelles – rappelant qu’Annecy est une terre d’accueil. Suffisant pour déchaîner la fachosphère, qui l’insulte et l’intimide massivement depuis trois jours. « J’ai vu ces attaques, mais le plus dur, cela reste ce qu’il s’est passé avec les enfants. D’avoir vu ces gamins dans le parc … Ça, c’est le plus prenant », recentre François Astorg, encore ému par la scène à laquelle il a été confronté en se rendant sur place juste après l’attaque.

      Le maire s’avoue toutefois « dégoûté » par les menaces qu’il reçoit depuis. « Je ne vais pas dire que j’ai l’habitude du racisme, mais quand même… Cela me rappelle quand j’étais à Paris, pendant les années Pasqua », ajoute l’élu, né il y a soixante-deux ans en Seine-Saint-Denis. Craignant une agression physique, il a porté plainte contre plusieurs auteurs de menaces en ligne. « La police a ouvert une enquête. » Sa fille est aussi été injuriée sur les réseaux sociaux. « Ma fille, ça, ça me… », lâche François Astorg, la gorge nouée, sans finir sa phrase.

      La présidente de l’agglomération violemment prise à partie

      Les attaques contre le maire et sa famille ont provoqué des débats, jusqu’au sein de sa propre majorité municipale. Faut-il y répondre à chaud, au risque d’amplifier les menaces ? Ou alors passer à autre chose, au risque de les banaliser ?

      La présidente de l’agglomération, l’ancienne députée LREM Frédérique Lardet, alliée de François Astorg, admet s’interroger sur le sujet. « On sait qu’il y a un soutien en interne, il n’y a pas de sujet là-dessus. Mais on s’est posé la question vendredi soir de ce qu’il fallait faire publiquement, en se disant qu’il fallait aussi faire attention aux réseaux sociaux, à ne pas justement alimenter les propos racistes », indique-t-elle à Mediapart.

      Elle aussi a d’ailleurs été violemment prise à partie après l’attaque. Son tort ? Avoir annoncé qu’il s’agissait d’un « acte isolé », et être une femme. « J’ai immédiatement reçu des tas d’insultes, témoigne-t-elle. Des “grosse salope”, “grosse pute”. Mon collaborateur m’a dit : “Il faut retirer le message [sur ses réseaux sociaux]”. Je lui ai répondu : “Non, ce qu’il faut retirer, ce sont les insultes.” » Depuis, l’élue dit faire « très attention à [elle] » : « Je regarde autour de moi, je vérifie que je ferme bien la porte chez moi. Cela ne m’était jamais arrivé avant, même quand j’étais députée. Je n’avais jamais eu peur. »

      Frédérique Lardet, « Annécienne pure souche » de 56 ans, reconnaît aussi avoir beaucoup hésité à intervenir dans les médias après l’attaque. « Pour moi, c’était trop intrusif, et j’avais peur que l’on pense que je voulais utiliser la situation à mon profit. » Mais rapidement, « on m’a donné un coup de pied aux fesses », indique la présidente de l’agglomération : « Il y avait une dissonance complète entre ce que l’on vivait et ce brouhaha dans les médias et sur les réseaux sociaux, avec des partis politiques qui dès la première heure se sont jetés comme des corbeaux sur ce drame. »

      « Je me suis dit que mon rôle était de remettre les choses en place », précise encore Frédérique Lardet. Depuis, la présidente de l’agglomération reconnaît être « perdue » face à un drame pour lequel elle estime qu’il est à ce stade complexe de tirer des conclusions. « En tant qu’élus, on n’a pas toujours les réponses non plus, justifie-t-elle. Je sais bien que ce n’est pas toujours entendable pour pas mal de personnes, mais c’est la réalité. »

      Les besoins de réponse simple et immédiate, associé à un discours de haine, Sabine*, Annécienne de 31 ans, en a été témoin dès les premiers moments après l’annonce du drame. Cette travailleuse sociale, qui effectuait des maraudes auprès de réfugié·es isolé·es il y a quelques années, se trouvait dans un bus de la ville quand l’information a commencé à circuler.

      « Il y avait plein d’ados qui regardaient les vidéos. Et au milieu, des adultes qui ne se connaissaient pas mais qui disaient fort : “Jusqu’où ça va aller ?!’’, “Jusqu’où on va les laisser ?!” » Un autre élément l’a stupéfaite : « On ne savait pas que le gars n’était pas musulman, mais dans les discussions, il l’était forcément. C’était automatique, on ne se pose même pas la question. » Sabine observe alors la scène : « Je me suis dit : “Là, maintenant, dans ce bus, on est en train de créer du racisme de toutes pièces…” »

      Deux heures plus tard, elle se retrouve dans une salle d’attente d’un cabinet médical. « Deux femmes, la soixantaine, partent dans un monologue sur l’immigration et sur le fait que le réfugié n’avait rien à faire là… J’ai eu beau dire que ça n’avait rien à voir, elles n’ont pas compris, elles ne s’imaginaient même pas que je ne puisse pas être d’accord. »

      D’après Sabine, « personne ne [lui] aurait parlé comme ça avant ». Ces dernières années, avec l’élection d’un écologiste dans un territoire historiquement à droite, elle « avai[t] même l’impression qu’on prenait le chemin inverse ici, d’autant que c’est une ville avec une grande mixité ». « Là, une brèche a été ouverte, je pense que ça va être très compliqué ensuite », craint-elle, en anticipant des conséquences néfastes pour les réfugié·es.

      Cette inquiétude est renforcée par le traitement médiatique de l’affaire. « Après l’attaque d’Annecy : le droit d’asile en question », titrait en une, dimanche, Le JDD (groupe Lagardère, bientôt absorbé par le groupe Vivendi de Bolloré), interview de l’ancien ministre de l’intérieur (1997-2000) Jean-Pierre Chevènement à la clé.

      « Pour moi, c’est vingt ans de travail qui s’écroulent », tranche également Yves La Barbera, 70 ans. Ce retraité, ancien directeur de la MJC (maison des jeunes et de la culture) d’un quartier d’Annecy, est toujours engagé dans la vie culturelle de la cité. « On travaille au cœur d’un quartier, on œuvre pour le vivre ensemble, on avance pas à pas, on réussit… Et puis, avec un drame comme ça, c’est le repli. Tout le monde a peur, c’est dramatique », déplore-t-il.
      Un climat inquiétant

      En relevant que l’extrême droite « fait 20 % [aux élections] dans des quartiers difficiles », Yves La Barbera sent qu’un « certain racisme s’est installé » ces dernières années. « Cet événement ne va faire que l’exacerber », considère-t-il, en se fiant aux réactions depuis jeudi. « Même des gens que je côtoie ont besoin de se défouler. Cela ne va pas se calmer tout de suite, c’est un traumatisme qui va s’installer. »

      Plus inquiétante encore, selon lui, est l’apparition de manifestant·es identitaires ces derniers temps. Après une première manifestation non déclarée le 18 mai — une première dans la ville —, des néonazis se sont également mobilisés, dès le soir de l’attaque. Les militants gravitent autour du « syndicat des fleuristes », à Annecy (en référence à la fleur de lys royaliste), mais aussi d’Edelweiss (Chambéry), comme l’a révélé Street Press, ou de groupuscules genevois ou lyonnais.

      Deux femmes du collectif d’extrême droite Nemesis se sont rendues à Annecy pour afficher dans l’aire de jeu, dès jeudi après-midi, des pancartes, dont l’une disait : « Ouvrir les frontières, c’est fermer nos cercueils. » Le soir, près de 50 personnes ont pris part à une manifestation identitaire.

      Yves La Barbera avoue son incrédulité face à ce phénomène : « Qu’est-ce que ça veut dire tout ça à Annecy ? C’est une ville tranquille. J’espère que c’est un mouvement extrêmement minoritaire qui ne va pas se développer, mais c’est aussi une petite graine qui peut pousser. »

      Au local de la Ligue des droits de l’homme (LDH) personne n’avait vu les signes avant-coureurs d’un tel climat. « Je les ai vus jeudi soir, leur regard, tous bodybuildés, des nazis sortis de la dernière guerre mondiale… C’est du jamais-vu. On savait qu’il y avait l’ultradroite mais on n’y était pas confronté », affirme Josette Tardivelle. La présidente de l’antenne locale de la LDH relève juste qu’il « y a eu beaucoup de collages du temps de la campagne de Zemmour ».

      Le représentant local de Reconquête, Vincent Lecaillon, ancien chef de fil du Rassemblement national (RN), est élu au conseil régional. Jeudi après-midi, il a vécu son heure de gloire en prenant à partie la première ministre Élisabeth Borne lors de son déplacement à la préfecture de Haute-Savoie.

      Depuis l’attaque, la LDH d’Annecy est prise à partie sur les réseaux sociaux, après un tweet du militant identitaire Damien Rieu ayant repéré l’organisation d’un apéro solidaire, le 19 juin, pour les mineurs étrangers isolés. « Ça faisait un moment qu’on l’avait annoncé, et ça ne posait de problème à personne », relève Josette Tardivelle. Mais après le drame, le sujet devient inflammable.

      Sur les réseaux sociaux, les messages pleuvent : « Je pense qu’il va falloir passer au stade suivant avec ces collabos », « À vos armes citoyens, faut éliminer ces associations qui font venir avec nos impôts nos assassins », « Les fils de pute, c’est immonde, c’est honteux, provocateur. Ils jubilent. Profitez-en bien ça ne va pas durer. On va s’occuper de vous. Avec précision, ciblé, et détermination nationale »…

      « Les gens ne se cachent même pas, certains le font avec leur photo, leur nom », s’étonne Josette Tardivelle, en faisant défiler sur son portable les messages archivés. Décision est alors rapidement prise en interne d’annuler l’événement. « On ne veut pas aller au clash avec ces gens-là et se mettre en danger », justifie la présidente. L’apéro sera organisé plus tard, avec une autre affiche, « plus neutre », ou même « en faisant passer l’information par téléphone ». « Effectivement, reconnaît la présidente de la LDH, cela signifie que l’on cède, et que leur méthode marche. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/110623/drame-d-annecy-une-ville-face-au-venin-de-la-xenophobie
      #racisme #extrême_droite #récupération #menace #syndicat_des_fleuristes #Edelweiss #Nemesis #néo-nazis

  • L’extrême droite s’attaque à coup de ceinture à la manif #NousToutes
    21 novembre 2021

    https://linsoumission.fr/2021/11/21/lextreme-droite-sattaque-a-la-manifestation-contre-les-violences-faite

    Ce samedi 20 novembre, alors que des milliers de personnes défilaient dans la manifestation contre les violences faites aux femmes à l’initiative du collectif Nous Toutes, un petit groupe fasciste et violent est venu menacer des militantes, armé de barres et de ceintures.

    Dans ce groupe, nous pouvons notamment reconnaître Stanislas d’Elloy, responsable du syndicat étudiant d’extrême-droite La Cocarde Nanterre. Sont également identifiables des membres du service d’ordre du collectif Nemesis, luttant pour un « féminisme identitaire ».

    La lutte contre le patriarcat ira toujours de pair avec celle contre l’extrême-droite !