• #Sanctions américaines : des effets dévastateurs pour les peuples, mais pas sur les régimes
    https://lvsl.fr/sanctions-americaines-des-effets-devastateurs-pour-les-peuples-mais-pas-sur-les

    Touchant 27% des pays du monde, les sanctions économiques imposées par les #Etats-Unis sont devenues le moyen privilégié pour écraser leurs adversaires. Dénoncées par le droit #International, elles ont des impacts délétères sur les populations des Etats visés, plus que sur leurs régimes.

    #Cuba #Droit_International #finance #Iran #néocolonialisme #Russie #Sud_global #Union_Européenne #Venezuela

  • Les « #minerais_de_sang » du #numérique, clé de la guerre en #RDC

    Au Congo, le mouvement armé #M23 soutenu par le Rwanda s’est emparé de la ville de Goma, capitale d’une province riche en #minerais_stratégiques. Indispensables aux #smartphones, ils alimentent ce #conflit meurtrier et écocidaire.

    C’est un tournant dans la guerre qui ravage l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis trente ans. Dimanche 26 janvier, des combattants du #Mouvement_du_23_mars (M23), un #groupe_armé antigouvernemental, appuyés par 3 000 à 4 000 soldats rwandais, sont entrés dans Goma, la capitale de la province du #Nord-Kivu où vivent un million de personnes.

    Au cœur de ce conflit, les « minerais de sang » — #coltan, #nickel, #étain et #or — indispensables à la fabrication des équipements électroniques et notamment des smartphones. Reporterre fait le point avec #Fabien_Lebrun, chercheur en sociologie et auteur de Barbarie numérique. Une autre histoire du monde connecté (L’Échappée, octobre 2024).

    Reporterre — Quel est le lien entre le conflit à l’est de la RDC et les minerais utilisés pour fabriquer nos smartphones ?

    Fabien Lebrun — Au cœur de cette guerre se trouvent les minerais de sang, aussi appelés #minerais_de_conflits : le coltan, le nickel, l’étain et l’or. Le coltan est transformé en #tantale, indispensable à la fabrication des #condensateurs pour smartphones : sans ce #métal très résistant à la chaleur et à la corrosion qui permet la miniaturisation des composants, les téléphones chaufferaient tellement qu’ils pourraient prendre feu. Or, les deux tiers des réserves mondiales de coltan se trouvent dans et à l’est du Congo. L’Afrique des Grands Lacs — Congo et #Rwanda confondus — en assure la moitié de la production mondiale.

    L’est du Congo est également riche en #cassitérite, dont provient l’étain indispensable pour les soudures des circuits électroniques ; en #wolfram, ou #tungstène, qu’on retrouve dans les vibreurs et les haut-parleurs des téléphones portables ; et en or, dont l’industrie numérique siphonne 10 % de l’extraction mondiale pour la fabrication de ses #cartes_mères et ses circuits imprimés. Depuis la première guerre de 1996, ces minerais occupent une place dans ce qu’on peut appeler une #économie_de_guerre, une économie militarisée qui perdure à ce jour.

    Depuis avril dernier, les rebelles du M23 contrôlent la zone minière de #Rubaya, qui fournit 15 % du coltan mondial. Quel intérêt stratégique y trouvent-ils ?

    En contrôlant administrativement la zone, le M23 peut élaborer tout un système de #taxes et ainsi financer le conflit. D’après un rapport de l’ONU, le groupe exporte désormais 120 tonnes de coltan par mois et les taxes qu’il prélève sur la production lui assurent un revenu d’environ 800 000 dollars mensuels. D’un point de vue économique et financier, les intérêts sont importants.

    Le M23 est soutenu par l’armée rwandaise. Depuis plusieurs années, le président de la RDC Félix Tshisekedi accuse le Rwanda de convoiter ses #ressources en #minerai. Quel rôle ont ces ressources dans l’aggravation des tensions géopolitiques dans la région ?

    Ces #métaux sont, si ce n’est la principale cause, au moins un déterminant important dans l’#instabilité de la #région_des_Grands_Lacs. L’exploitation et la commercialisation de ces minerais de sang structurent l’#économie, l’#industrie et la #politique de la région. Elles produisent une rente qui enrichit les #élites et favorise la #corruption.

    On parle beaucoup du Rwanda, plaque tournante pour ces minerais indispensables aux équipements électroniques, mais l’Ouganda et dans une moindre mesure le Burundi sont aussi dans le coup. L’État congolais lui-même est en partie responsable de la situation : 2 000 kilomètres séparent Goma de la capitale, Kinshasa, et les institutions étatiques y sont absentes.

    Quelles sont les conséquences humaines et écologiques de l’#industrie_minière pour les habitants du Nord-Kivu ?

    Depuis le milieu des années 1990, début de la révolution numérique, le coût humain et écologique de ce conflit autour des minerais de sang est démentiel. Avant même le regain de #violence des trois dernières semaines, les analystes parlaient de plusieurs millions de #morts, de 7 millions de #déplacés dans des conditions terribles et de 4 millions de réfugiés qui ont fui le Congo. Près de 30 millions de Congolais sont en situation de #malnutrition aiguë.

    Au-delà du conflit, le bilan écologique est dévastateur. Les terres du Nord-Kivu, fertiles et qui auraient pu bénéficier à l’agriculture locale, ont été saccagées par les activités minières. L’#air est pollué d’effluves toxiques.

    « À certains endroits, il n’y a plus de vie aquatique »

    L’industrie minière est aussi en partie responsable de la destruction de la #forêt du bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical mondial crucial dans la lutte contre le changement climatique. Les espèces en voie d’extinction qui y vivent — gorilles des montagnes, bonobos, rhinocéros — sont massacrés par les groupes armés qui contrôlent les activités minières.

    Mais la première victime de l’extractivisme est l’#eau, comme l’explique l’ingénieure à SystExt Aurore Stéphant. Cela se vérifie au Congo, avec des centaines de kilomètres de cours d’eau contaminés aux #métaux_lourds — plomb, cadmium, etc. Le fleuve Congo est touché, ainsi que les #nappes_phréatiques. À certains endroits, il n’y a plus de #vie_aquatique.

    L’appétit des États occidentaux et des #multinationales de la tech pour ces ressources n’est pas étranger à ce désastre…

    Cela fait des décennies que la #responsabilité de l’#industrie_numérique dans la déstabilisation de la RDC est pointée du doigt. Mi-décembre, le président de la RDC a porté #plainte contre #Apple pour recel de #crime_de_guerre, blanchiment de faux et #tromperie des consommateurs.

    Déjà, en 2019, l’organisation internationale Right Advocates avait lancé une action collective contre Apple, #Microsoft, #Tesla, #Google et #Dell, qu’elle accusait de profiter du #travail_d’enfants dans les mines de cobalt congolaises. Malheureusement, la plainte n’avait pas abouti.

    « La production de masse de la #Playstation 2 de #Sony avait entraîné une ruée vers les activités minières »

    En 2016, Amnesty International et Afrewatch accusaient de grandes marques électroniques comme Apple, #Samsung et Sony d’acheter du cobalt à des négociants s’approvisionnant dans des mines où travaillent des enfants.

    En 2000, la flambée des prix du coltan, alimentée par la production de masse de la Playstation 2 de Sony, avait entraîné une ruée vers les activités minières à l’est de la RDC avec des conséquences très néfastes pour les communautés.

    Or, les États appuient bien souvent ces multinationales. En février, Bruxelles et Kigali signaient un accord pour un approvisionnement « durable » de l’Union européenne en minerais critiques. Alors qu’on sait très bien que 90 % des minerais de sang qui sortent du Rwanda proviennent du Congo !

    Peut-on parler de #néocolonialisme ?

    L’extractivisme est la pratique coloniale historique par excellence. Dès le XVIᵉ siècle, les conquistadors ont pillé l’or et l’argent des Amérindiens, qu’ils ont exterminés. Cet épisode a été un tournant pour l’enrichissement des États occidentaux et la naissance du capitalisme et de la mondialisation.

    Les activités minières, polluantes, génératrices de conflits sociaux, d’usages des terres et de l’eau, étaient sorties de nos imaginaires. Mais depuis trente ans, on assiste à un regain de l’extractivisme pour alimenter la #révolution_numérique.

    Il est évident que l’accord qui permet à l’Union européenne de piller la RDC en passant par le Rwanda est typiquement néocolonial. De même que la #mainmise de la #Chine sur le cobalt et le #cuivre congolais. On pourrait parler de #technocolonialisme.

    Que faudrait-il faire pour aider la région du Nord-Kivu à s’apaiser ?

    Nous ne pourrons pas diminuer la pression minière dans la région des Grands Lacs sans décroissance minérale et métallique. Pour être solidaires avec les Suds, il faudra forcément acheter moins et favoriser des appareils plus durables et mieux réparables.

    Réduire notre demande en métaux rares va aussi impliquer d’avoir des outils moins rapides, moins performants. C’est tout notre quotidien numérique et la numérisation à marche forcée qui sont à revoir.

    https://reporterre.net/Les-minerais-de-sang-du-numerique-cle-de-la-guerre-en-RDC
    #République_démocratique_du_congo #Congo #extractivisme #minerais #pollution

  • La France au Cameroun (1945-1971)

    https://www.editions-hermann.fr/livre/la-france-au-cameroun-1945-1971-lancelot-arzel

    Lancelot Arzel, Nadeige Laure Ngo Nlend, Patrick Junior Ngouné, Maginot Noumbissie Tchouaké, Karine Ramondy, Fabien Sacriste, Alvine Assembe Ndi, Marine Bellot-Gurlet, Françoise Blum, Willibroad Dze Ngwa, Anthony Guyon, Vincent Hiribarren, Cyril Kenfack Nanfack, Jean Koufan Menkene

    Rapport de la Commission « Recherche » sur le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun, de 1945 à 1971

    Ce rapport analyse l’histoire de la guerre du Cameroun tout en prêtant une attention particulière au contexte de la décolonisation française et l’indépendance du Cameroun en pleine guerre froide (1945-1971). Cette histoire est encore peu connue en France, mais en quête de reconnaissance au Cameroun. C’est pourquoi quatorze historien·ne·s, français·es et camerounais·es, ont travaillé ensemble pour rassembler témoignages et archives, dont certaines sont inédites et déclassifiées pour l’occasion, afin de mieux comprendre les années de guerre et de répressions commises par l’armée et l’administration françaises au Cameroun, avant et après l’indépendance du 1er janvier 1960.

    #Cameroun
    #colonialisme
    #France
    #néocolonialisme

  • Albania. Aperte le due prigioni per migranti@0
    https://radioblackout.org/2024/10/albania-aperte-le-due-prigioni-per-migranti

    La Libra, una nave della Marina Militare italiana, ha deportato il primo gruppo di persone migranti nei centri appena ultimati a #Shengjin_e_Gjader. Qui si inizieranno le “procedure rapide” per la richiesta di asilo – che dovrebbero risolversi entro 28 giorni. Procedure contestate dai giudici italiani anche poche settimane fa, quando il Tribunale di […]

    #L'informazione_di_Blackout #cpr_in_albania #dtenzione_amministrativa #esternalizzazione_delle_frontiere #neocolonialismo
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2024/10/2024-10-15-albania-raffaele.mp3

  • #Thomas_Deltombe. « #Mitterrand était un ardent défenseur de l’Empire »
    https://afriquexxi.info/Thomas-Deltombe-Mitterrand-etait-un-ardent-defenseur-de-l-Empire

    Dans son nouveau livre, L’#Afrique d’abord !, le chercheur Thomas Deltombe met en pièces la légende d’un #François_Mitterrand #anticolonialiste. Au contraire, il démontre, archives à l’appui, que l’ancien président français fut, durant sa première vie #politique, dans les #années_1950, un grand défenseur de l’#Empire et que son #réformisme servait avant tout un projet #néocolonial.

    • Dans ce nouveau livre, je m’intéresse au terme « #néocolonialisme », dont on lit fréquemment qu’il aurait été inventé par Jean-Paul Sartre en 1956. Au cours de mes recherches à la Bibliothèque nationale de France, je me suis rendu compte que l’accusation de « néo-colonialisme » remonte au début des années 1950 et que la cible de ceux qui l’emploient n’est autre que… François Mitterrand.

      Dès 1951, les milieux gaullistes, sous la plume notamment de Jacques Foccart himself, accusent celui qui est alors ministre de la France d’outre-mer – et ceux qui sont sous ses ordres – de pratiquer dans les territoires français d’Afrique ce qu’ils appellent un inacceptable « néo-colonialisme ». Ce terme prend dans leur argumentaire une définition différente de celle qu’il acquerra par la suite : les partisans du général de Gaulle, opposés à la IVe République, reprochent aux partis gouvernementaux de mettre l’administration coloniale au service de leurs propres intérêts. En d’autres termes : de transformer les territoires africains en réserves électorales afin de se maintenir au pouvoir. François Mitterrand, expert en « combines » politiciennes, est évidemment la cible prioritaire des gaullistes (qui ne manquent pas, au passage, de rappeler en toutes occasions son passé vichyste).

      Plus intéressante est cependant l’accusation de « néo-colonialisme » portée contre le même Mitterrand trois ans plus tard, cette fois par les nationalistes algériens. À ma connaissance, ce terme est apparu dans la presse du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) [un parti nationaliste algérien, NDLR] en décembre 1953 ; il prend cette fois sa définition contemporaine.

      Après la nomination de Pierre Mendès France à Matignon, en juin 1954, la lutte contre le « néo-colonialisme » devient une des priorités des indépendantistes algériens. Avec pour cible principale François Mitterrand, ministre de l’Intérieur du gouvernement Mendès France, chargé à ce titre des départements algériens. Les cadres du MTLD craignent en effet que le réformisme mitterrandien n’asphyxie le courant indépendantiste algérien. Une course de vitesse s’engage alors entre deux dynamiques concurrentes : le nationalisme algérien qui veut séparer l’Algérie de la France, et le « néocolonialisme » mendèso-mitterrandien qui cherche à l’inverse, par de nouveaux moyens, à maintenir l’Algérie française.

  • 1-2 giugno. In piazza contro la #guerra e la militarizzazione della città
    https://radioblackout.org/2024/05/1-2-giugno-in-piazza-contro-la-guerra-e-la-militarizzazione-della-cit

    Come ogni anno il 2 giugno la Repubblica celebra sé stessa con esibizioni militari, parate e commemorazioni. Una “festa” nazionalista e militarista. Il governo di estrema destra alimenta la retorica identitaria, i “sacri” confini, l’esaltazione della guerra. Come ogni anno le cerimonie delle forze armate del due giugno servono a giustificare enormi spese militari, l’invio […]

    #L'informazione_di_Blackout #antimilitarismo #ENI #fabbriche_d'armi #guerra_ai_poveri #imperialismo_italiano #militarizazione_delle_periferie #missioni_militari_all'estero #neocolonialismo #spesa_bellica #strade_sicure
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2024/05/2024-05-28-matteo-giornate-antimilitariste.mp3

  • Pascal Mirindi : « Il est temps que les gouvernements en Europe cessent de se mentir sur la transition écologique au Congo : elle ne se fera pas sur le sang des Congolais·es »
    https://www.cadtm.org/Pascal-Mirindi-Il-est-temps-que-les-gouvernements-en-Europe-cessent-de-se

    Pascal Mirindi, jeune activiste congolais, vit dans l’Est de la République démocratique du Congo. Il est un des membres fondateurs d’Extinction Rebellion en RDC et également militant au sein de l’initiative Debt for Climate. Nous l’avons rencontré à Goma, la capitale du Nord Kivu, pour parler avec lui des activités extractivistes qui mettent en péril l’Est du pays, une région assiégée par les conflits et ravagée par le pillage de ses ressources depuis des décennies.

    #Congo #Extractivisme #Justice_climatique #neocolonialisme_vert

  • ACCORDO ITALIA – ALBANIA : FRA STRATIFICAZIONE COLONIALE E DEVOZIONE

    In questa puntata di Harraga abbiamo parlato di esternalizzazione della detenzione amministrativa in Albania. Sebbene sembra che la scadenza del 20 Maggio, per l’apertura di un Hotspot a #Shengin e di un #CPRI a #Ghader, stia saltando per via del passo rallentato al quale proseguono i lavori, sarà comunque in tempi molto prossimi che vedremo sorgere le ennesime strutture di reclusione per persone senza documenti europei. La gestione e la giurisdizione alla quale faranno riferimento sarà totalmente made in Italy, di fatti i bandi e gli appalti sia edili che per il dislocamento delle guardie sono stati emessi a Roma. La struttura di Ghader sarà un CPRI ossia un centro di detenzione amministrativa per richiedenti asilo provenienti da paesi cosiddetti sicuri trovati dalla marina militare italiana in acque internazionali.

    Con una compagna abbiamo tentato di fare un inquadramento di questi nuovi investimenti per delle prigioni fuori dal territorio italiano affrontato la profonda stratificazione storica e politica del rapporto tra Italia e Albania interpretabile nei termini della colonia.

    https://radioblackout.org/podcast/accordo-italia-albania-fra-stratificazione-coloniale-e-devozione

    #Albanie #colonialisme #Italie #histoire_coloniale #occupation #occupation_militaire #fascisme #expansionnisme #pétrole #résistance #dépendance #protectorat_italien #blanchité #néocolonialisme #migrations #accords #exploitation #néo-libéralisme #néo-colonialisme #call_center #soft_power #religion #télévision #OTAN #violence #migrants_albanais #invisibilisation

    #podcast #audio

    • AGGIORNAMENTI DALL’ALBANIA E L’ESTERNALIZZAZIONE DELLA DETENZIONE AMMINISTRATIVA

      A inizio Giugno 2024 Giorgia Meloni si è recata in Albania dove è stata accolta – scalzando le voci di protesta locali – tra fanfare (neo)coloniali tese a ribadire come il famoso accordo Rama-Meloni – su frontiere e #CPRI – altro non sia che la punta di diamante della linea europea di delocalizzazione della detenzione e della tortura “amministrativa”; nonché la riconferma del florido stato di salute del concetto di Colonia.

      Mentre alle porte dell’Europa si dà un genocidio algoritmico mandato in mondovisione e volto al sadico perfezionamento del colonialismo di insediamento israeliano, in Albania si ritualizza simbolicamente l’utilizzo di un linguaggio coloniale che riconfermi le priorità europee in termini di brutale annientamento dell’eccedenza umana del capitalismo.

      Dire che nei CPR si tortura e che da essi si viene deportati non basta.

      I CPR sono strutture fondamentali nel garantire il perpetuarsi di un ordine coloniale alimentato – oggi, anche – da una soffocante retorica bellica sul nemico interno. Fare attenzione all’ordine di senso attraverso cui la brutalità di frontiere e detenzione si esplica sul piano geopolitico – e non solo – vuol dire però ricordarci anche come l’oppressione lungo la linea del colore incorpori un’implicita gerarchia della bianchezza dentro la quale Storia, Colonia e brutalità del capitalismo neo-liberale sono ingredienti fondamentali.

      Di tutto questo e altro abbiamo parlato in una interessante diretta con una compagna da Milano ai microfoni di Harraga.

      https://radioblackout.org/podcast/aggiornamenti-dallalbania-e-lesternalizzazione-della-detenzione-ammin

    • Proteste contro la visita della Presidente Meloni al porto di Shëngjin in Albania

      Il mito della “storica amicizia” italo-albanese altro non è che neocolonialismo

      I lavori al porto di Shëngjin sono terminati e i centri previsti dall’accordo Rama-Meloni saranno operativi dal 1° agosto 2024. La conferma è arrivata da Giorgia Meloni, che il 5 giugno 2024 si è recata sul posto per ispezionare l’hotspot appena finito.

      Nella struttura a Shëngjin, circondata da un muro alto circa 7 metri, le persone intercettate in mare verranno sbarcate e trattenute massimo 24h per lo screening sanitario, l’identificazione, il fotosegnalamento e la formalizzazione delle domande di protezione internazionale.

      A Gjadër, invece, potranno rimanere anche un mese in attesa di una decisione sulla loro domanda di asilo, che verrà sottoposta a procedura di frontiera, o eventualmente del loro rimpatrio. Questo grande CPR includerà anche un’area dedicata alla detenzione dei migranti che commettono reati all’interno del centro. La legge vigente dentro ai centri sarà italiana, così come il personale dell’ente gestore, Medihospes, e gli agenti di polizia. Il governo albanese collaborerà con le proprie forze di polizia per la sicurezza e la sorveglianza esterna delle strutture.

      A Shëngjin, insieme al primo ministro albanese Edi Rama, la Meloni ha tenuto una conferenza stampa durante la quale ha espresso solidarietà al suo “storico amico”, a suo dire ingiustamente criticato dai media italiani per aver accettato di firmare un accordo con l’Italia per l’accoglienza dei migranti, e al popolo albanese, per essere stato dipinto come un narcostato.

      Durante la conferenza stampa, Meloni e Rama hanno voluto sottolineare ancora una volta il solido rapporto di amicizia tra i due paesi.

      «Volevo dire che le nostre nazioni sono due nazioni amiche, sono nazioni che storicamente hanno collaborato insieme e vorrei ringraziare ancora una volta il primo ministro Rama e tutto il popolo albanese per aver offerto aiuto all’Italia in modo che potessimo realizzare questo accordo e vorrei che questo fosse un esempio per tutta l’Unione Europea», ha detto la presidente del Consiglio.

      Il primo ministro Rama ha aperto la conferenza dicendo: «Parlo italiano perché comunque qui siamo in territorio italiano». Ha poi dichiarato di essere orgoglioso che l’Albania possa essere di servizio all’Italia, definendo una benedizione la possibilità di essere utili al governo italiano.

      L’amicizia italo-albanese è un tropo, una formula per cambiare nome alle cose, velandone il contenuto reale: un’amicizia che è più una comunione di interessi, una relazione d’affari e che soprattutto vale solo ai vertici. Gli albanesi in Italia subiscono spesso discriminazioni, criminalizzazione e violenza di frontiera.

      Lo scorso 30 maggio, un attivista albanese in visita a Roma per parlare di ecologia e turistificazione in Albania e precisamente di questa retorica di fratellanza in relazione alla costruzione dei CPR in territorio albanese, veniva trattenuto 9 ore in una cella di isolamento a Fiumicino dopo essersi opposto al ritorno forzoso in Albania. Era infatti in possesso di tutti i requisiti di accesso al territorio italiano e dopo 9 ore di ingiustificata e discriminatoria detenzione veniva rilasciato senza scuse né spiegazioni.

      Le dichiarazioni rilasciate al porto di Shëngjin riecheggiano un periodo familiare, che gli albanesi hanno tenuto a ricordare. Mentre Rama e Meloni si scambiavano frasi amichevoli, da un edificio di fronte al porto, alcuni attivisti hanno srotolato uno striscione con scritto “7 Aprile 1939 – L’Albania è italiana- 5 Novembre 2023” e hanno diffuso la registrazione audio dell’annuncio dell’invasione dell’Albania ad opera dell’Italia fascista del 7 Aprile 1939.

      Il parallelismo é chiaro quanto la critica diretta ai due leader e al loro accordo: un’esternalizzazione dei confini italiani che viola il principio di sovranità albanese e che é l’ennesima espressione di una logica neocoloniale.

      Recentemente Fabrizio Bucci, ambasciatore italiano a Tirana, ha affermato: «L’Albania è davvero una ‘regione italiana’ dove tutti amano il nostro Paese e parlano la nostra lingua». Dichiarazioni di questo tipo riecheggiano sorprendentemente quelle degli agenti imperialisti italiani durante l’occupazione fascista e confermano il forte radicamento di questa mentalità coloniale.

      Gli attivisti albanesi a Shëngjin hanno ricordato il 7 aprile 1939, giorno in cui le truppe italiane sbarcarono sulle coste albanesi per occuparla senza alcuna formale dichiarazione di guerra. Quel giorno, i bombardieri italiani sorvolarono i cieli albanesi spargendo volantini con messaggi in albanese che recitavano: “Le truppe italiane, che sono state vostre amiche per secoli, vi hanno spesso dimostrato questa amicizia“.

      L’occupazione italiana in Albania ha lasciato profonde cicatrici nel tessuto albanese, costando migliaia di vite e aprendo la strada a regimi autoritari. L’Albania oggi presenta sintomi ben visibili di post-colonialità che sono una diretta conseguenza dell’imperialismo italiano. Basta camminare per le strade di Tirana per capire quanto sia forte e oppressiva la presenza italiana sul territorio. L’Italia è infatti il principale paese straniero per numero di imprese attive sul territorio.

      Negli ultimi dieci anni, l’Italia ha impresso un’importante accelerata alla delocalizzazione delle sue imprese. Questo processo ha avuto conseguenze neocoloniali non solo sul piano economico, ma anche sfruttando la manodopera sottopagata dei cittadini albanesi. Migliaia di giovani albanesi continuano a lavorare da anni in condizioni svantaggiose nei call center italiani. Secondo i dati ufficiali di Info Mercati Esteri, nel 2021, si contavano circa 2675 aziende con capitale italiano in Albania e circa 20.000 italiani che transitavano nel paese, numeri che oggi sono ancora più alti.

      Questo rappresenta un chiaro esempio di come l’Italia sfrutti la forza lavoro in Albania, beneficiando di minori tasse, maggiori profitti e bypassando le normative europee che sarebbero invece vincolanti in Italia.

      Inoltre, per affrontare la crisi economica causata dalla pandemia, il governo albanese ha introdotto nel 2021 una serie di incentivi fiscali per sostenere le imprese. Questi incentivi includono l’azzeramento delle tasse sull’utile di impresa per le aziende con un fatturato fino a 14 milioni di Lek (circa 130 mila euro) e l’azzeramento dell’IVA per le aziende con un fatturato fino a 10 milioni di Lek (circa 80 mila euro).

      Tali politiche fiscali hanno ulteriormente attratto le aziende italiane, consolidando la loro presenza in Albania.

      L’accordo Rama-Meloni, firmato il 5 novembre 2023, è stata la goccia che ha fatto traboccare il vaso. Sin da subito attivisti sia in Albania che nella diaspora si sono mobilitati, con collettivi come Zanë Kolektiv (Italia), MiQ (Grecia), e Shota (Albania e Kosovo) che hanno co-scritto una dichiarazione contro la costruzione di centri di detenzione amministrativa in Albania, denunciando le tattiche neocoloniali italiane e la natura disumanizzante dei centri di detenzione amministrativa.

      La protesta del 5 giugno a Shëngjin ha visto l’arresto temporaneo dei due attivisti che tenevano lo striscione, accusati di aver incitato a partecipare a una manifestazione non autorizzata.

      Questi eventi sottolineano la determinazione degli albanesi a non rimanere più in silenzio di fronte alle politiche neocoloniali italiane. L’accordo Italia-Albania è un altro esempio di come governi extra-UE dalla scarsa legittimazione popolare si rafforzano tramite la complicità dei paesi UE a scapito dei diritti delle popolazioni locali e migranti. La pratica di delocalizzare le imprese italiane in Albania per sfruttare la manodopera locale, insieme alla costruzione di centri di detenzione e hotspot in territorio albanese per estendere la giurisdizione e gli interessi italiani, sono chiari esempi di un neocolonialismo che perpetua disuguaglianze economiche e mina la sovranità dell’Albania, nonché il grado delle libertà politiche e sociali nel paese.

      La nostra resistenza collettiva rappresenta un rifiuto chiaro e deciso di rivivere il passato coloniale sotto nuove forme.

      https://www.meltingpot.org/2024/06/proteste-contro-la-visita-della-presidente-meloni-al-porto-di-shengjin-i

  • Les hurlements du vent : enquête sur l’#extractivisme éolien au #Mexique

    À l’image des ruées vers l’or qui ont provoqué des désastres politique, sanitaire et environnementaux, la ruée contemporaine vers le vent conduit aux mêmes impasses. Au sud-est du Mexique, l’#Isthme_de_Tehuantepec fait l’objet d’un #investissement_industriel et capitaliste hors-norme. L’extractivisme vert s’y traduit par un #néocolonialisme économique qui nourrit la #violence et les #cartels.

    Certains paysages racontent des histoires hostiles : les sédiments hétéroclites d’un passé et un présent de pillages, de crimes, et de conflits divers. L’Isthme de Tehuantepec héberge certains de ces paysages. Cette bande de terre étroite située entre l’Atlantique et le Pacifique forme un passage entre l’Amérique Centrale et l’Amérique du Nord. Depuis des siècles, ce frêle couloir suscite des convoitises afin d’en faire une une zone stratégique où impulser le commerce transocéanique. Situé dans le sud du Mexique, l’Isthme est devenu célèbre grâce à son potentiel d’expérimentation et d’expansion des #mégaprojets d’#énergie_renouvelable à l’échelle mondiale, notamment pour le développement des #fermes_éoliennes.

    Au moins depuis le milieu des années 1990, des projets pilotes y avaient été installés pour tester la faisabilité des parcs énergétiques, permettant peu après la prolifération des centrales éoliennes. Aujourd’hui, plus de 30 parcs ont transformé le paysage local. Dans les textes scientifiques d’ingénierie environnementale, l’Isthme n’est plus que 44.000 mégawatts de capacité énergétique potentielle : sa densité culturelle et sa diversité naturelle sont traduites et réduites à un chiffre de puissance productive. Les analyses de risques des investisseurs parlent à leur tour d’une “zone économique spéciale” et de “retours de capitaux”. Ce qu’ils oublient trop souvent est que dans ce paysage de conditions météorologiques optimales, de promesses pour l’avenir du climat et la stabilité économique, il y a des êtres, humains ou pas, qui y habitent depuis longtemps. Dans ces paysages, il y a aussi des vies en résistance.

    L’Isthme n’est plus que 44.000 mégawatts d’énergie potentielle : sa densité culturelle et sa diversité naturelle sont réduites à un chiffre de puissance productive.

    Plusieurs reportages journalistiques et études approfondies existent sur les énergies renouvelables, le colonialisme vert, les communautés autochtones de Oaxaca ou même les impacts environnementaux récents dans la région de l’Isthme1. Rappelons que derrière chaque éolienne, il y a une mine à ciel ouvert qui bouleverse un lieu et ses conditions de vie2. Dans l’Isthme, une poignée d’entreprises minières et cimentières3 ainsi que quelques chaînes de commercialisation et de production agro-industrielle4, toutes appartenant à l’oligarchie économique du Mexique et du reste du Globe, branchent leurs profits au vent de l’Isthme, accaparant un tiers de l’énergie produite.

    Plus de la moitié de la capacité énergétique des parcs est contrôlée par cinq compagnies, dont quatre européennes5 – la plupart mettant en avant leur image verte, alors même qu’elles ouvrent des puits de fracking et construisent des oléoducs ailleurs. L’extractivisme éolien doit enfin être abordé dans le contexte plus large du Couloir Trans-océanique, un complexe de développement industriel censé “moderniser” la région à travers la construction de ports d’importation et d’exportation, de chemins de fer, de puits d’exploitation d’hydrocarbures, de raffineries, de mines et d’usines6. Les investissements colossaux visent à transformer l’Isthme de Tehuantepec en une étroite bande du Progrès, une de ces lignes de connexion globale qui font transiter le capital d’un côté à l’autre, un espace ne reliant plus deux mers mais les divers pôles de développement par des flux économiques dictés par la même logique prédatrice du Globe.

    Les investissements colossaux visent à transformer l’Isthme en une étroite bande du Progrès, une de ces lignes de connexion globale qui font transiter le capital d’un côté à l’autre.

    Les camarades de StopEDF Mexique ont co-organisé récemment une tournée en Europe pour ouvrir des espaces de parole dédiés à des participant.es direct.es des luttes les plus emblématiques de l’Isthme contre l’expansion des éoliennes et du Couloir Trans-océanique. Nous avons voulu faire un geste inverse mais complémentaire : aller là-bas, rencontrer les lieux, les personnes et entendre leurs histoires. En janvier 2023, nous avons réalisé une brève enquête pour rassembler des témoignages fragmentés de la situation actuelle et pour repérer les singularités et les récurrences à San Mateo del Mar, San Francisco Pueblo Viejo et Juchitán de Zaragoza. Cet article est donc une collecte de rumeurs, un écho parmi d’autres qui rassemble les sons que nous avons trouvés au cours de notre marche. Nous avons vu une mosaïque complexe de violences juxtaposées qui pourtant sont affrontées jour après jour avec le digne espoir d’arriver à tisser, ensemble, quelque chose de commun. Ce sont certaines de ces histoires que nous souhaitons partager ici.
    Faire subsister des mondes fragiles

    La route qui mène à San Mateo del Mar est étrangement peuplée et animée, transitée de tous les côtés par des mototaxis, des calèches tirées par des chevaux, des motos avec trois personnes à bord, des vaches rachitiques, des femmes seaux à la main et paniers sur la tête. La rectitude infinie du chemin interpelle et invite à consulter une carte : comment est-ce qu’on peut avancer si longtemps dans la même direction, au milieu de l’océan ? San Mateo del Mar se trouve sur une mince langue de terre d’une trentaine de kilomètres de long qui sépare l’océan Pacifique de l’Amérique du Nord de la lagune supérieure du Golfe de Tehuantepec. De l’autre côté de la lagune, vers l’Est, une autre péninsule s’étend dans la direction inverse, formant une courbe inusitée, interrompue à peine par un estuaire d’un peu plus de 2 km de large.

    C’est dans le périmètre de ce Golfe que des projets de fermes éoliennes ont commencé à voir le jour de manière dispersée il y a désormais plus de vingt ans. Dans certains cas comme celui de La Ventosa, les pales et les poteaux blancs immaculés de 80 mètres de haut s’étalant sur des terrains vides, clôturés et surveillés par caméras, sont une réalité bien installée. En revanche, dans des lieux comme San Mateo del Mar ou San Francisco, des villages situés dans la péninsule opposée, les fermes éoliennes sont visibles seulement dans la ligne lointaine de l’horizon. Cette trêve apparente était précairement maintenue, traversée par les bémols et les antagonismes entre la survie de la cohésion communautaire, les forces de désagrégation sociale et diverses expressions de résistance – des vecteurs multidirectionnels qui demeurent ancrés dans les traits du paysage.

    Regardant vers le soleil levant, les habitant.e.s de San Mateo appellent la mer à gauche « la mer morte », et celle de droite « la mer vivante ». Sur la première, les gens sèment des bâtons blancs en bois, parfois éloignés de la côte de plusieurs dizaines de mètres, pour ancrer leurs cayucos, des canoës colorés d’une capacité de deux ou trois personnes, taillés dans un tronc, propulsés par la force de la rame et celle du vent. Avec des pièces de nylon cousues à la main à partir de bâches ou de sacs en plastique, les pêcheurs improvisent les voiles, hissées chaque aube pour la recherche de poissons. De l’autre côté, celui de la mer vivante, les rafales soufflent avec plus de vigueur et quand les conditions sont favorables, on peut voir les filets de pêche être tirés et placés depuis la rive avec l’aide d’un papalote, un cerf-volant. À San Mateo del Mar, on utilise le vent pour pêcher, les mangroves pour chercher des crevettes, le sable et les pierres pour chasser des crabes. On mange du poisson et des fruits de mer matin, midi et soir. Plusieurs fois par an, des pétales de fleurs sont laissés à la merci de la marée, pour rendre hommage à cet océan qui permet encore leur subsistance. La communauté vit du vent et de la mer, de ces deux mers. Ces eaux sacrées, nous dit-on, sont l’assise de leur travail et leurs rituels.

    Cinq villages occupent la péninsule. San Mateo est le quatrième, l’avant-dernier au bout de la péninsule. Comme beaucoup d’autres communautés du Mexique qui maintiennent leur héritage autochtone, il est petit : environ 75 kilomètres carrés de ville pour moins de quinze mille habitant.e.s, dont la plupart d’origine ikoots. Au centre, une placette accueille les assemblées du village, le siège des discussions publiques et de la prise de décisions. C’est là qu’advient le changement des autoridades – les personnes mandatées pour l’organisation du village -, un événement toujours accompagné de la cérémonie du passage du bâton de commandement, un exercice rituel où les gens prient à portes closes pendant une nuit entière pour reconnaître la rotation des responsabilités communautaires. Le lendemain, elles se rassemblent devant la mairie ou aux alentours, écoutant de près et de loin les mots en ombeayiüts, la langue locale. Là-bas, les habitant.e.s choisissent leur gouvernement à main levée avec un système tournant de cargos, de services à la communauté, qui depuis l’arrivée de l’État-nation et de la démocratie libérale, se juxtapose aux partis politiques de l’administration municipale. Cependant, selon la logique représentative de l’État, la participation politique est réduite à une visite occasionnelle aux urnes. Au sein de cette communauté, en revanche, la légitimité du président en charge ne dépend pas de son registre électoral, mais plutôt de l’accord collectif et du rituel de passage.

    L’assemblée et les mécanismes de prise de décisions associés sont des pratiques collectives fondamentales pour faire exister la communauté. Néanmoins, le commun ne se tisse pas seulement avec l’exercice de la parole et la gestion du pouvoir : il déborde les étroites limites du dialogue, du consensus et de la (dés)identification politique7. Le commun est acté au jour le jour, dans le travail quotidien, les cérémonies et les fêtes de villages. Témoins d’un de ces moments, nous nous retrouvons à six heures du matin à la « Maison du peuple ». Les rayons timides du soleil commencent à peine à dissiper l’abîme de la nuit. Pourtant, les hommes et les femmes du village sont déjà rassemblés depuis quelques heures pour contribuer à l’organisation de la « Fête de la Candelaria », l’une des festivités les plus importantes du pays, un mélange inouï d’héritage préhispanique, de liturgie chrétienne et de traditions autochtones. Une soixantaine de femmes vêtues de robes tissées avec la technique artisanale du telar de cintura est assise sur des chaises en plastique dans la cour du bâtiment. Leurs regards sont fiers, leurs cheveux soignés, laissant à découvert les rides que le soleil et le temps ont creusé sur leur bronzage. Le concert polychromatique de l’aube façonne les feuilles et la silhouette des troncs et des visages, ajoutant de la solennité au pliage de leurs habits. Plusieurs hommes, tous vêtus de pantalons malgré la chaleur, sont également assis, tandis que cinq autres sont debout et servent aux personnes qui sortent d’une petite salle un breuvage marron, transporté à deux mains dans des jícaras8. Une écume dense dépasse la circonférence des tasses : c’est l’atole de espuma, une boisson préhispanique à base de maïs qui a été préparée pendant la nuit par celles et ceux qui avaient assumé ce rôle pour collaborer à l’événement. À l’intérieur de la pièce, la pénombre règne. Des hommes et des femmes discutent devant une table, reçoivent les offres monétaires et notent minutieusement les montants sur un livre ouvert. À côté, contre un mur, se dresse un autel avec quelques bougies allumées, des fleurs, une croix chrétienne et le grand masque d’un serpent. C’est la rencontre de plusieurs mondes – l’expérience du fil tiré par les mains qui, ensemble, nouent leurs vies avec leurs paysages, leurs passés, leurs mondes et leurs destins.

    Le commun ne se tisse pas seulement avec l’exercice de la parole et la gestion du pouvoir : il est acté au jour le jour, dans le travail quotidien, les cérémonies et les fêtes.

    Tout le monde participe d’une manière ou d’une autre à garder en vie ces moments qui perpétuent la vie communautaire. Il s’agit de pratiques collectives que certain.e.s appellent depuis un moment la comunalidad – des pratiques qui rendent possible à la fois la subsistance des personnes, des lieux et des liens entre les un.e.s et les autres9. La comunalidad émerge en ce sens de la rencontre d’histoires parfois récentes, parfois ancestrales. Elle a des racines qui creusent les profondeurs de la terre, bien ancrées dans des anciennes coutumes et des souvenirs lointains, mais elle pousse aussi à partir de ses réactualisations constantes. Des rencontres passées qui donnent lieu à des rencontres futures et façonnent d’autres pratiques, d’autres présents. Ivan Illich avait bien remarqué que contrairement à l’homogénéisation de certain projets d’urbanisation et d’aménagement, l’habiter n’est pas un parking de corps transposables n’importe où dans un espace standardisé, mais plutôt une série de pratiques plurales, vernaculaires, attachées à leurs milieux d’existence10. Les langues, les usages, les mémoires, les reliefs topographiques et les êtres multiples qui peuplent ces paysages composent ensemble des trames communes, toujours singulières, jamais interchangeables. Le commun nomme ainsi moins un principe politique qu’un mode d’habiter qui ouvre et entretient des mondes pluriels.

    On a appris à San Mateo que ces mondes sont aussi riches que fragiles. Ces derniers temps se lèvent des menaces persistantes de mort, des menaces directes et explicites pour certaines des habitant.e.s ; et silencieuses et sous-jacentes pour les agencements communs. Chaque année, il y a moins de personnes consacrées à la prière ou capables d’assumer la charge de diriger l’organisation de la fête. Les jeunes, avec des possibilités toujours plus restreintes de continuer à vivre comme auparavant, partent au nord, vers les villes ou aux Etats-Unis. Celles et ceux qui restent ou retournent se retrouvent souvent mêlé.e.s à la dépendance des drogues fortes, comme le cristal, qui envahit la région. Les terres sont à leur tour toujours plus inaccessibles, avec des contrats privés qui érodent la gestion agraire communautaire. Pareil avec la pêche : les conflits prolifèrent du fait de la démarcation des zones de droits de pêche exclusifs et excluants. Même les assemblées sont fragmentées par l’intrusion des partis politiques. Ernesto de Martino parlait de la dissolution de ces attachements comme de ‘la perte ou la fin du monde’ : la destruction des liens qui nous tiennent ensemble11. Dans l’Isthme de Tehuantepec, nous avons pu observer comment la perte de ces mondes est étroitement liée à l’expansion de cet autre monde, dont les fermes éoliennes font partie.
    Les vecteurs dégénératifs de l’habiter colonial : partis politiques, cartels et entreprises d’aménagement

    « Vous allez prendre vos hamacs et les attacher aux poteaux des moulins. Leurs pales vont tourner, et vous deviendrez riches sans lever le petit doigt ! » – disaient les ingénieurs et les représentants des projets pour convaincre les paysan.ne.s de vendre leurs terres au projet. Les habitant.e.s se souviennent des ambassadeurs des compagnies transnationales et des délégués des bureaux gouvernementaux venus parler du développement des fermes éoliennes. Ils se sont présentés à l’école, à la mairie et dans les quartiers, avec des promesses d’un futur d’abondance, proposant de grosses sommes d’argent pour louer 50 ans avec une clause de renouvellement automatique les terres communales de San Mateo, de San Francisco ou celles autour de Juchitan. Le projet : installer des centaines d’éoliennes dans les alentours des localités ainsi que sur la Barra de Santa Teresa, une maigre frange de terre qui traverse la lagune, considérée comme un territoire sacré par les communautés adjacentes. Les promoteurs se promenaient de village en village, accompagnés de leurs gardes armés, pour inviter les paysan.ne.s à des réunions où l’alcool coulait à flots – sous l’influence de l’alcool, la fumée des illusions ou simplement de la nécessité économique, certain.e.s ont signé des contrats de vente ou de location avec les développeurs. À San Mateo on a offert environ 25 000 pesos par mois pour l’école. Une grosse somme, ou du moins ce qu’il paraît avant quelques calculs : “il y a environ 300 enfants, ça ferait quoi… 80 pesos par enfant ? Alors imaginez que chaque enfant vient d’une famille assez large, disons 6 minimum : les 25.000 pesos se réduisent à un peu plus de 10 pesos par personne… 10 pesos par mois… 10 pesos par mois pour perdre nos terres à jamais !” – disaient les habitant.e.s, fiers d’avoir réussi à repousser le projet.

    « Vous allez prendre vos hamacs et les attacher aux poteaux des moulins. Leurs pales vont tourner, et vous deviendrez riches sans lever le petit doigt ! »

    Au niveau des autorités et des institutions publiques, le capital engagé, les bénéfices escomptés ont fait de toute position de pouvoir un poste potentiellement corruptible : des votes ont été achetés pour prendre le contrôle sur l’administration, changer les réglementations d’usage du sol, ou pour contourner la supervision agraire ou environnementale. Des consultations délibérément mal informées, sans traduction dans les langues autochtones, reposant sur des outils numériques presque inexistants dans les communautés et sans quorum représentatif furent utilisées pour justifier les installations, en dépit même des inquiétudes soulevées dans la rue et les tribunaux.

    Cette intrusion est advenue à travers la collusion de l’industrie énergétique avec un écosystème d’acteurs que nous pourrions regrouper en trois grands groupes : les partis politiques et leurs postes dans l’administration, les cartels du crime organisé et leurs branches locales, et les compagnies de construction appartenant aux oligarchies régionales et nationales. Ces acteurs ont opéré chacun à leur manière comme des vecteurs dégénératifs, dirigeant l’injection de capital vers la désagrégation des communautés, fragmentant les pratiques qui faisaient tenir leurs mondes. Grâce à l’organisation collective, dans certains cas comme ceux de San Mateo del Mar ou de San Francisco, les parcs éoliens n’ont pas encore vu le jour, mais la présence de ces vecteurs était devenue perceptible dans le quotidien des habitant.e.s.

    D’abord, dans les pratiques d’organisation politique. Les assemblées ressentent désormais des divisions importantes : les conflits entre les groupes cherchant le pouvoir sont toujours plus fréquents et violents, et parfois des candidats externes aux communautés prennent des postes dans l’administration à travers des processus frauduleux, soutenus par tel ou tel parti politique, toujours favorables aux projets d’aménagement. En 2020, par exemple, San Mateo a vécu un de ces épisodes. Les habitant.e.s se souviennent en chuchotant du “Massacre” : au cours d’une assemblée communautaire, 15 personnes furent assassinées à coups de machette, bâtons, pierres et armes à feu par un groupe d’hommes cagoulés. L’événement remontait à 2017, quand une personne n’ayant pas accompli ses cargos força sa candidature au gouvernement de la municipalité en achetant des votes et sans être reconnue par l’assemblée. Une fois au pouvoir, des contrats permettant la privatisation et l’aménagement des terres ont été signés, déclenchant l’intensification des confrontations entre des groupes antagonistes au sein de la communauté. Dans d’autres lieux, comme San Francisco, les partis au pouvoir ont retiré des programmes d’assistance sociale aux familles d’un village, pour les diriger vers leurs partisans dans un autre village, creusant ainsi le conflit entre les deux communautés. On nous le dit à plusieurs reprises : dans une logique de représentation où le politique n’est qu’un marché de votes et un vacarme d’opinions, “les partis sont là pour ça : pour partir12, pour diviser”.
    Une guerre contre des manières de vivre et de s’organiser

    La création et la prolifération de groupes d’intimidation se propageant dans la région pour favoriser tel ou tel parti politique s’accompagne d’un renforcement des mafias locales qui parfois sont directement liées aux parcs éoliens – par exemple, dans la composition des corps de sécurité qui surveillent en continu les infrastructures ou en ce qui concerne les “groupes de choc13” qui sont mobilisés pour réprimer et intimider celles et ceux qui se manifestent contre le projet. Certaines entreprises deviennent donc des alliées des sicarios14de la zone : il y a quelques années, par exemple, des compagnies ont engagé un groupe de tueurs à gage. Aujourd’hui, ce même groupe a consolidé sa présence et opère désormais comme la branche locale de l’un des cartels du crime organisé les plus redoutés du pays : le Cartel Jalisco Nueva Generación. La collusion avec le pouvoir politique et le capital issu des projets de développement a donc permis d’augmenter le pouvoir et le marge de manœuvre des mafias locales, amenant plus de drogues, plus d’armes, achetant plus de politiciens et de policiers.

    Enfin, avec l’argent qui arrive par millions, la main sur les autorités corruptibles et sur les armes, les cartels et les développeurs ont impulsé ensemble la spéculation immobilière et industrielle dans la région. Ceci, à travers une modification du régime agraire, l’obtention de permis de construction et des titres des terrains concernés. Les nouveaux plans d’aménagement prévoient la construction d’un couloir industriel dont les éoliennes ne sont que l’avant-poste. C’est ainsi que les groupuscules du crime organisé, agissant avec les investisseurs venus d’ailleurs sont devenus eux-mêmes des sociétés entrepreneuriales, finançant la création de nouvelles sociétés de pêcheurs et d’éleveurs, créant des comités de « travailleurs organisés » en faveur des parcs ou contrôlant l’expansion de franchises très rentables partout dans la ville. À San Francisco, une nouvelle société de pêche essaie d’accaparer l’usage des eaux, alors qu’une entreprise entend imposer la construction des autoroutes non réglementaires, contre la volonté de l’assemblée locale. À San Mateo, les groupes derrière la violence et les abus d’autorité étaient liés à des entreprises d’aménagement mangeuses des terres. À Juchitan, on retrouve les noms des familles des cartels aux postes de pouvoir dans l’administration, ainsi qu’à la tête de franchises très lucratives. Les politiciens, les narcotrafiquants et les entrepreneurs se mêlent jusqu’à devenir indiscernables.

    “C’est une guerre contre nos manières de vivre et de nous organiser” – résuma l’enseignant zapotèque15 d’un lycée en expliquant la situation actuelle. Il y a deux décennies, le mouvement zapatiste avait déjà décrit l’expansion du Monde-Un de la marchandise comme une guerre contre la diversité irréductible des modes de vie qui peuplent la planète : leur anéantissement par uniformisation à la citoyenneté globale du consommateur universel ; leur déchirement par la fragmentation en des identités fixées et scindées16. Cette guerre porte aujourd’hui les drapeaux de la transition énergétique. Depuis leurs bureaux en Europe ou aux États-Unis, les banquiers distribuent tranquillement des crédits pour l’innovation technoscientifique et la gestion d’une planète propre et bien organisée. Les plus avant-gardistes commencent à déplacer leurs investissements vers des compagnies zéro charbon, projetant fièrement dans les salles de leurs gratte-ciels les vidéos de ces projets de technologie de pointe qui permettent de rêver d’un autre monde, un monde exactement comme celui d’aujourd’hui, c’est à dire, un monde sans attachements, où l’on est libre de vendre nos milieux d’existence et il n’y a pas d’autre appartenance que celle achetée avec l’argent ou gagnée par la violence, mais cette fois-ci aussi branché à la machine zéro charbon des parcs éoliens et des fermes solaires.

    Le mouvement zapatiste a déjà décrit l’expansion du Monde-Un de la marchandise comme une guerre contre la diversité irréductible des modes de vie qui peuplent la planète. Cette guerre porte aujourd’hui les drapeaux de la transition énergétique.

    En étudiant les plantations des Caraïbes, Malcom Ferdinand parlait de l’habiter colonial comme un mode d’habiter basé sur l’anéantissement de mondes-autres, leurs milieux de vie et d’organisation. L’Isthme de Tehuantepec montre la réactualisation et l’extension de ce mode d’habiter : une voie à sens unique, une transition, effectivement, mais une transition vers un seul mode d’habiter basée sur la prolétarisation et la spoliation. Et pourtant, comme face à toutes les guerres, il y a des expériences d’organisation et de résistance capables de semer des alternatives parmi les décombres. Comme ce fut rappelé à plusieurs reprises, après 500 ans de colonisation les communautés sont encore là, en train d’exister, de subsister et de résister.
    Résister : les nouveaux assemblages du commun

    Certains processus de lutte dans l’Isthme de Tehuantepec sont désormais connus à l’international. Les assemblées populaires et des peuples autochtones font partie des multiples plateformes d’organisation intercommunautaire permettant la coordination de contre-pouvoirs populaires, de brigades d’information, de ressources juridiques contre les entreprises et le gouvernement pour défendre la vie et le territoire. Dans certains cas, ce furent des processus fructueux, ralentissant ou même forçant l’abandon de certains méga-projets. Dans d’autres, ce fut un déchaînement de violence. Et pourtant, malgré les conditions extrêmes, les expériences de résistance et de réactualisation du commun se répandent : projets d’écoles, collectifs culturels et éducatifs de femmes, de radios, réhabilitations des écosystèmes…. Dans un des villages, un groupe de femmes conçoit des campagnes informatives sur les risques des méga projets extractivistes, soutient des actions de reforestation des mangroves, et réalise des peintures murales sur les questions de genre, de droits reproductifs et de changement climatique. Elles orchestrent aussi la construction d’un foyer d’organisation communautaire avec des ateliers de sciage et de menuiserie qui ont pour but de former les jeunes, récupérer les métiers artisanaux et ouvrir une alternative de vie qui permette de garantir leur subsistance sans émigrer, sans nourrir les rangs du travail exploité, et sans gonfler les cadres armés des cartels.

    Malgré les conditions extrêmes, les expériences de résistance et de réactualisation du commun se répandent : projets d’écoles, collectifs culturels et éducatifs de femmes, de radios, réhabilitations des écosystèmes….

    De l’autre côté de cette même région, une radio communautaire participe à sa façon à l’articulation du commun avec un format de diffusion où les habitant.e.s sont en même temps ses auditeur.rice.s et ses participant.e.s. Depuis le toit de l’école, une antenne rudimentaire attachée à des fils tendus en métal émet à quelques dizaines de kilomètres à la ronde de la musique, des discussions en direct sur les impacts de tel ou tel projet, des radio-romances et des campagnes d’information sur les sujets d’actualité concernant la vie locale. Il ne s’agit pas de la consommation d’un contenu venu d’ailleurs ou de l’usage d’un service impersonnel, mais de la participation collective à un outil convivial visant à promouvoir leurs langues et leurs traditions.

    Plus loin, l’assemblée communautaire a fondé une société de transport local, achetant des voitures pour faire l’aller-retour vers les villes les plus proches. Les habitant.e.s ont également créé une coopérative de tortillas pour à la fois partager le travail de production et réduire la dépendance des biens de consommation externes. Plus récemment a débuté l’installation d’une station de purification d’eau. Et, malgré le fait que depuis quelques années l’électricité a été coupée par un village voisin à cause des conflits pour la terre liés directement à l’expansion industrielle, on essaye de trouver des alternatives avec l’installation de petits panneaux solaires – des initiatives dont la taille contraste avec l’ampleur industrielle des fermes éoliennes.

    Enfin, dans une des villes de l’Isthme, au sein d’un quartier populaire marqué par la précarité et la violence, une maison communautaire est en train d’être construite. Des murs gris, en ciment brut, des câbles exposés, des chambres sans portes et des sols non carrelés coexistent avec des jeunes plantes, des colonnes stables, des cadres de portes en bois arqués et des volets de fenêtres solennels. Sous le plafond, des planches de bois précieux reposent alignées de manière impeccable sur des poutres monumentales. Et dans les murs, les corniches et les modillons laissent voir une espèce de soin et d’extravagance inespérée. C’est une maison érigée avec les décombres du tremblement de terre de 2017. Après la catastrophe, le collectif a parcouru les rues pour collecter les fragments d’histoires de la ville effondrée, afin d’aménager un espace dédié précisément à la reprise des liens collectifs.

    Ce sont ainsi des couches de souvenirs, les vestiges de bâtiments autrefois somptueux qui ont été repris par morceaux, déplacés et re-signifiés pour construire une autre maison pour héberger un autre avenir. À l’intérieur de ce chantier en cours, se dressait un autel rudimentaire avec une croix et deux larges portraits, l’un avec le visage d’Emiliano Zapata, l’autre avec celui du Che Guevara. C’était un autel dédié à la Santa Cruz de la Barricada. On nous a dit que cette festivité, invoquant les ancêtres et les esprits des montagnes et des rivières, déclenche la récupération, la transmission et la réinvention des traditions – une manière de retrouver le sol qui fait grandir le commun. Là-bas, la tradition n’existe pas sans résistance, et la communauté n’existe pas sans travail communautaire. L’essence ne précède jamais ses modes de subsistance.

    Une maison communautaire est en train d’être érigée avec les décombres du tremblement de terre. Ce sont des couches de souvenirs, les vestiges de bâtiments autrefois somptueux qui ont été repris par morceaux, déplacés et re-signifiés pour construire une autre maison pour héberger un autre avenir.

    Comme Zapata et le Che avec la Santa Cruz de la Barricada, le commun et les traditions se réactualisent toujours. Elles ne restent jamais simplement en arrière, elles ne visent pas uniquement l’avant, elles se transforment face à des menaces constantes et grâce à des rencontres avec les autres. C’est ainsi qu’on trouve le véritable pari d’autres mondes possibles. Face à l’aménagement, le réagencement : le commun qui se réinvente par un habiter singulier, non interchangeable. Dans l’Isthme de Tehuantepec, des assemblées, des blocages de rue, des campagnes de diffusion, des ateliers pour enfants, des radios communautaires, des rites et des fêtes populaires sont organisés pour affirmer que malgré l’avancée de l’ignominie – là-bas, ni le vent, ni la vie n’ont un prix.

    https://www.terrestres.org/2024/04/17/les-hurlements-du-vent-enquete-sur-lextractivisme-eolien-au-mexique
    #vent #énergie #énergie_éolienne #extractivisme_vert #capitalisme

  • Botswana gegen Umweltministerin Lemke: Was wirklich hinter dem Streit um 20.000 Elefanten steckt
    https://www.berliner-zeitung.de/open-source/botswana-gegen-steffi-lemke-was-wirklich-hinter-dem-streit-um-20000

    Quand une ministre verte allemande ne comprend rien de l’écologie africaine

    3.4.2024 von Denis Huschka - Afrikanische Politiker werfen der grünen Umweltministerin neokoloniale Einmischung vor. Womit hat der afrikanische Naturschutz wirklich zu kämpfen?

    Verkehrte Welt: Die Politik unserer Umweltministerin Steffi Lemke (Grüne) soll „rassistisch“ und „neokolonialistisch“ sein – das sehen zumindest Lemkes Amtskollegen Pohamba Shifeta aus Namibia und Dumezdweni Mthimkhulu aus Botswana so. Auslöser der deftigen, letzte Woche auf einer Pressekonferenz in Berlin vorgebrachten Vorwürfe ist ein von Lemkes Ministerium vorbereitetes Verbot der Einfuhr von Jagdtrophäen.

    Die Anschuldigungen treffen ausgerechnet grüne Politik, deren politische Erbmasse doch die kleinsten Spurenelemente rassistischer und kolonialer Ideen ausschließen sollte. Eigentlich eine sichere Bank, so dachte man wahrscheinlich in Lemkes Ministerium bei der Vorbereitung des Verbotes. Was kann schon schiefgehen? Typische Trophäenjäger sind mit hoher Wahrscheinlichkeit alte weiße Männer mit zu viel Geld und großen Häusern und dicken Autos, also die erklärten Endgegner der Grünen. Warum also nicht Gratis-Lorbeeren bei der eigenen Klientel einheimsen und den Jägern das Leben ein wenig schwerer machen. Der Erhaltung der bedrohten Tierarten diene es allemal, so dachte man wahrscheinlich. Wenn weniger Elefanten und Löwen abgeschossen würden, so müsste das doch gut sein, überlegte man wohl hinter Berliner Schreibtischen.

    Lemkes Verbotsentwurf ist nicht aus dem Blauen heraus entstanden. Auch Non-Profit-Organisationen wie Pro Wildlife behaupten, dass die legale, also regulierte Jagd Ursache für das Artensterben sei. Eine Petition für ein Einfuhrverbot von Trophäen wurde von über 86.000 Unterstützern unterschrieben. Im Jahr 2023 seien, so Pro Wildlife, 569 Jagdtrophäen nach Deutschland eingeführt worden.
    Trophäenverbot hilft dem Artenschutz nicht

    Doch so einfach ist die Angelegenheit nicht. Artenschutz ist nämlich viel mehr als das bloße „Verbieten“ des Tötens seltener Tiere. Das versucht jetzt sogar Botswanas Präsident Mokgweetsi Masisi der deutschen Umweltministerin deutlich zu machen. Er unterbreitet Lemke das Angebot, dass Deutschland doch 20.000 Elefanten aufnehmen könne, wenn man mit dem in seinem Land praktizierten Abschuss von Elefanten nicht einverstanden sei. Botswana leidet – wie andere Länder des südlichen Afrika auch – seit Jahren unter einer massiven Überpopulation von Elefanten.

    Das sicherlich nicht ganz ernst gemeinte Angebot Masisis hält den deutschen Grünen auf augenzwinkernde Weise den Spiegel vor. In Botswana schüttelt man darüber den Kopf.

    Denn in Afrika gibt es seit Jahren mit großer praktischer Expertise aufgebaute Artenschutzprogramme und Wildlife-Management-Pläne. Sie sind vielleicht nicht immer perfekt, aber im Großen und Ganzen doch in vielen Ländern recht erfolgreich. So haben sich die Populationen vieler Arten in den vergangenen Jahren stabilisiert oder sogar übermäßig ausgeweitet. Und zu diesen Artenschutzprogrammen gehört auch die kontrollierte Bejagung verschiedener Spezies, so auch von Großwild. Hierfür gibt es ganz rationale Gründe.

    Beim kontrollierten Abschuss eines Tieres, sagen wir eines Löwen, geht es etwa um die gezielte Entnahme alter männlicher Tiere. Man erweitert so den Genpool der verbleibenden Tiere und ihrer Nachkommen. In Löwenrudeln gibt es jeweils ein dominantes Männchen, welches seine Gene weitergibt, solange es im Revierkampf nicht unterliegt. Ein menschliches Eingreifen sorgt hier für die genetische Vielfalt und Stabilität der verschiedenen Rudel.

    Unversöhnliche Debatte um Trophäenjagd

    Auch Elefanten kann man jagen, man muss es sogar. Die Elefantenpopulation ist beispielsweise im auch vielen deutschen Touristen bekannten, riesigen Krüger-Nationalpark, der sich über Teile Südafrikas, Mosambiks und Simbabwes erstreckt, derart hoch, dass man teilweise mehrere Hundert Elefanten schießen muss.

    Dies klingt für europäische Ohren selbsternannter Tierschützer vielleicht grausam und falsch. Es ist aber angesichts des großen Appetits auf Gras, Büsche und Bäume, den Elefanten haben, eine Möglichkeit, die Artenvielfalt und ökologische Balance des Krüger-Parks zu erhalten. Denn in von Elefanten gründlich abgefressenen Landstrichen wird das Gleichgewicht zwischen Kleintieren, Vögeln, Insekten, Antilopen und Reptilien empfindlich gestört. Dies wiederum hat negative Auswirkungen auf die Anzahl anderer großer und kleiner Tiere und damit auf das gesamte Ökosystem.

    Die extrem hohen Preise, die für solche Abschüsse eben von Trophäenjägern gezahlt werden, fließen u.a. in die Monatslöhne der Tausenden Ranger, die in afrikanischen Wildschutzgebieten gegen die illegale Wilderei vorgehen. Und illegale Wilderei greift viel stärker – und unreguliert – in die Wildtierpopulationen, besonders die der begehrten und sehr seltenen Nashörner, ein.
    Gezielte Jagd gehört zum Naturschutz und Tourismus

    Afrikanische Länder haben riesige Landstriche zu Nationalparks erklärt, in Botswana ist fast die Hälfte der Landfläche dem „Wildlife“ gewidmet. Man darf nicht vergessen: Die afrikanischen Herkunftsländer von Wildtrophäen haben ein vitales Interesse daran, ihre wertvolle Ressource „Wildlife“ dauerhaft und nachhaltig zu erhalten. Der Tourismus ist für immer mehr afrikanische Länder ein wichtiger Wirtschaftssektor und er funktioniert nur mit intakter Natur und gesunden Tierpopulationen.

    Afrikanische Länder managen daher die natürlichen Lebensräume mit viel Aufwand und sehr erfolgreich, inklusive der Jagd. Lemkes Ministerium wollte sich nun in dieses in Afrika seit Jahren erfolgreich erprobte Arrangement einmischen, indem es deutschen Jägern unmöglich macht, ihre Trophäe mit nach Hause zu nehmen. Man kann natürlich darüber unterschiedlicher Auffassung sein, ob es schön ist, sein Haus mit einem präparierten Zebrakopf oder einem Löwenfell zu „verschönern“.

    Fakt ist jedoch, dass man dem Art­­enschutz in Afrika einen gewaltigen Bärendienst erweist, wenn man ideologisch Verbote erlässt. Man muss afrikanischen Regierungen auch zutrauen, in dieser Hinsicht das Richtige zu tun, auch wenn europäische Bürokraten anderer Meinung sind. Wenn man etwa einzelne Löwen oder Elefanten nicht in Dollars ummünzen kann, sinkt das Interesse, effektiv gegen illegale Wilderer vorzugehen. Die Anti-Wilderer-Trupps sind ohnehin schon in einer prekären Situation.

    Man darf sich hier nichts vormachen: Wilderei ist ein riesiges Problem in Afrika. Einerseits spielen soziale Aspekte eine Rolle: Buschfleisch, d.h. Zebra, Antilope, teilweise auch Primaten, Nager und Reptilien sind für viele Arme und Mittellose eine willkommene zusätzliche Proteinquelle. In den zu Tausenden ausgelegten Schlingen, mit denen man eine Antilope fangen möchte, kommen aber eben auch Löwen, Nashörner und Elefanten um.

    Viel schwerwiegender ist allerdings die Wilderei durch bezahlte Profis, die den asiatischen Markt bedienen und es gezielt auf Hörner von Nashörnern, Löwentatzen (und -köpfe) und Elfenbein abgesehen haben. Ein einzelnes Horn eines Nashorns bringt auf dem Schwarzmarkt viel mehr, als viele Afrikaner durch ehrliche Arbeit in Jahren verdienen können. Und den riesigen Nachfragemarkt in Asien trocknet man sicherlich nicht durch das Einfuhrverbot von (harmlosen) Trophäen nach Deutschland aus.

    Auch hier darf man sich keinen Illusionen hingeben: Die Verhinderung von Wilderei ist ein teures und in vielen Fällen unschönes Business. Finden Patrouillen gewilderte Tiere, so läuft eine quasi-militärische Aktion an. Es werden Drohnen eingesetzt. Bewaffnete Truppen, oft aus ehemaligen Soldaten bestehend, kommen zum Einsatz. Regelmäßig gibt es in diesen Fällen Tote (die möglichst auch nicht in Medien auftauchen und Touristen verschrecken sollen). Denn Wilderer sind bestrebt, sich keinesfalls für viele Jahre in afrikanische Gefängnisse stecken zu lassen. Sie wehren sich mit allen Mitteln – auch mit Gewehren und Maschinenpistolen. Zimperlich agieren beide Seiten jedenfalls nicht!

    Und leider ziehen die Anti-Wilderer-Teams oft den Kürzeren, denn das Geschäft mit Nashornpulver und Löwenknochen boomt derart, dass die Wilderer inzwischen oft recht professionell mit Waffen und Elektronik ausgerüstet sind. So werden beispielsweise die in von Touristen in sozialen Medien veröffentlichten Fotos von Nashörnern zu einer lebensbedrohlichen Gefahr für die Vierbeiner, weil die Wilderer die Geodaten der Posts auswerten und die Nashörner so leicht aufspüren können.

    Die Wildhütertruppen sind hingegen oft zu klein und nicht immer gut ausgerüstet. Wir sprechen im Falle von Nationalparks im südlichen Afrika über Landstriche, die größer sind als manches europäische Land. So etwas überwacht man nicht mit 20 Mann und einem Landrover.

    Gespräche mit Partnern in Afrika statt neokolonialer Einmischung

    Schon seit vielen Jahren wird beispielsweise in afrikanischen Wildschutzorganisationen eine Legalisierung und Regulierung des Handels mit Nashorn-Horn diskutiert. Die Grundidee ist, den Wert des lebenden Nashorns zu steigern, dessen Horn regelmäßig bei betäubten Tieren abgesägt werden kann (es wächst wieder nach!). Bleibt der Handel illegal, sterben die Nashörner, denn Wilderer gehen nicht mit Betäubungsgewehr und Tierarzt los und sägen das Horn schonend ab.

    Ein ähnlicher Ansatz wurde ebenfalls stark diskutiert: Südafrika dachte regelmäßig darüber nach, ob man die Märkte für Elfenbein und insbesondere Nashorn-Horn nicht fluten solle, indem man mehrere Tonnen Nashorn-Horn von natürlich gestorbenen Tieren aus den Depots der geschützten Nationalparks, zu denen die Wilderer keinen Zugang haben, auf den Markt wirft. Ziel: die hohen Preise der Wilderer kaputt machen.

    All dies hätten Lemkes Mitarbeiter in eine geplante Gesetzgebung einfließen lassen müssen. Sie hätten nicht nur besser recherchieren müssen, sondern sich mit den Partnern in Afrika und anderswo austauschen müssen. Wäre dies geschehen, hätte es nicht einen derart naiven Vorschlag aus ihrem Hause gegeben, der von den betroffenen Ländern zu Recht als neokoloniale Einmischung betrachtet werden kann.

    Der Autor ist promovierter Sozialwissenschaftler und hat mehrere Jahre im südlichen Afrika gelebt und geforscht, wo er auch eine Field-Guide-Ausbildung absolviert hat.

    #Allemagne #Botswana #néocolonialisme #chasse #écologie

  • Franc CFA : la nouvelle présidence sénégalaise donne le signal de la rupture
    https://www.mediapart.fr/journal/international/290324/franc-cfa-la-nouvelle-presidence-senegalaise-donne-le-signal-de-la-rupture

    Même s’il dit vouloir être prudent, le nouveau président sénégalais est déterminé à abandonner le franc CFA. Attendue par les populations d’Afrique de l’Ouest, cette sortie a des contours encore flous. Le Sénégal va-t-il créer sa propre monnaie ou participer à une monnaie régionale ?

    Ses premiers mots après l’annonce de son élection ont été sans ambiguïté. Son mandat sera marqué par « le choix de la rupture », a annoncé Bassirou Diomaye Faye, élu dimanche président du Sénégal dès le premier tour, avec plus de 54 % des suffrages. Parmi les nombreux sujets (constitutionnels, sociétaux, corruption) qu’il entend prendre à bras-le-corps, l’un d’eux risque de s’inviter rapidement dans les débats. Un dossier susceptible d’embraser les esprits bien au-delà du Sénégal, même si Faye entend l’aborder avec prudence et méthode : l’abandon du franc CFA.

    Lors de la campagne bouleversée de la présidentielle, cette question s’est très vite invitée dans les débats entre candidats. Le nouveau président n’a pas caché ses intentions : retrouver une souveraineté monétaire par rapport à la France est pour lui une priorité. « Nous essaierons d’abord de mettre en œuvre une réforme monétaire au niveau sous-régional, a expliqué Ousmane Sonko, l’opposant historique au pouvoir de Macky Sall qui s’est effacé au profit du nouveau président élu. Lors de cette élection, si nous n’arrivons pas à impulser les réformes au niveau communautaire, alors nous prendrons la responsabilité de doter le Sénégal de sa propre monnaie. »

    Le projet a effrayé tous ses adversaires politiques. « Sortir du franc CFA serait un non-sens économique », lui avait répliqué l’ancien premier ministre et ministre des finances sénégalais Amadou Ba. Une telle sortie « serait inopportune », avait renchéri l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, soutenant que « pour avoir une économie forte, il fallait une monnaie forte ». Cette décision, en tout cas, ne peut pas être « unilatérale », avait ajouté Idrissa Seck, autre candidat à la présidentielle.

    Le Mali, le Niger ou le Burkina Faso, qui rejettent ouvertement désormais toute présence française sur leur territoire, agitent régulièrement la menace d’abandonner le franc CFA. Mais ils n’ont jamais mis leur menace à exécution.

    Le Sénégal, en revanche, est autrement crucial. Avec la Côte d’Ivoire, il est le pays de la zone franc le plus en capacité de prendre son indépendance monétaire rapidement. Par sa taille, sa démographie et son économie, il a un pouvoir d’influence et d’attraction sur tous ses voisins. Son choix va concerner directement ou indirectement les treize autres pays qui utilisent le franc CFA. « La monnaie, ce n’est pas une question technique, c’est d’abord un sujet politique », a rappelé le nouveau président sénégalais pendant sa campagne.
    En finir avec la monnaie coloniale

    Cantonnée pendant des années à des cénacles d’universitaires et d’économistes, la question de l’abandon du franc CFA et de la sortie de la zone franc est désormais reprise dans tous les pays de l’Afrique francophone par la population. Beaucoup moins par leurs dirigeants, qui se montrent beaucoup plus prudents sur la possibilité de couper les ponts avec l’ancienne puissance coloniale.

    Alors que la présence et l’héritage français sont de plus en plus contestés dans les pays d’Afrique francophone, le maintien de cette monnaie est vu comme le symbole le plus manifeste de cette survivance coloniale, d’une mise sous tutelle permanente de la France. Même si l’acronyme a changé de sens pour devenir franc pour la communauté financière africaine, il reste marqué par la tâche indélébile et infamante de ses origines : franc des colonies françaises d’Afrique.

    Sous tutelle monétaire

    Soucieuse d’affirmer son emprise, la France a créé la zone franc en 1939. Elle regroupe alors quinze pays d’Afrique francophones. Au moment de la signature des accords de Bretton Woods, le gouvernement français complète cette architecture par la création du franc CFA, « franc pour les colonies françaises d’Afrique », en décembre 1945.

    Les principes qui régissent cette union monétaire sont restés intangibles depuis sa création : il s’agit d’assurer la stabilité monétaire et de lutter contre l’inflation ; toutes les actions monétaires étant supervisées par le Trésor français, qui centralise les réserves de change.

    Quatorze pays partagent le franc CFA. Mais ils sont regroupés en deux blocs. Le premier regroupe le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Buissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Il a son propre institut d’émission, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) censée être indépendante des États membres mais où siègent des représentants français.

    Le deuxième bloc rassemble le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Tchad, réunis au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Son institut d’émission est la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Elle est organisée de la même façon que son homologue.

    Officiellement, tous les pays sont libres d’adhérer ou de quitter cette union monétaire, liée à l’ancienne puissance coloniale. Dans les faits, aucun pays n’a osé abandonner le franc CFA depuis sa création.

    Le passage du franc à l’euro n’y a rien changé dans les rapports monétaires avec les pays de la zone franc. Pas plus que les projets de réforme signés en décembre 2019 en catimini entre Emmanuel Macron et le président ivoirien Alassane Ouattara.

    Pour couper court aux critiques des pays francophones, le président français avait alors proposé une réforme qui est censée entrer en vigueur à partir de 2027. En utilisant l’un des subterfuges de communication dont il est familier, il avait alors proposé l’abandon du franc CFA pour le remplacer par l’eco : précisément la dénomination choisie par les pays africains membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), en vue de créer une monnaie unique pour leur zone économique. Une façon de torpiller le projet, ce que n’avaient pas manqué de souligner nombre d’économistes africains.

    En signe d’ouverture et de « nouveaux rapports » avec les pays africains francophones, Emmanuel Macron avait aussi annoncé le rapatriement des réserves de change, jusqu’alors centralisées en France dans les deux banques centrales de la zone franc. Quelque cinq milliards d’euros, soit la moitié des réserves, ont déjà été transférés en 2021, année de la fin de la représentation française au sein des deux instituts d’émission.

    Mais pour le reste, rien n’avait réellement bougé, comme le remarquait l’économiste et écrivain sénégalais Ndongo Samba Sylla : « Non, le franc CFA n’est pas mort. Macron et Ouattara se sont seulement débarrassés de ses atours les plus polémiques », écrivait-il dès l’annonce de la réforme du franc CFA.

    Le carcan du franc CFA

    Depuis sa création, le franc CFA obéit au même schéma, comme le rappelle l’économiste Kako Nubukpo, professeur à l’université de Lomé : « La fixité de la parité entre le franc CFA et l’euro, la totale convertibilité du franc CFA en euro, la liberté de circulation des capitaux entre la zone franc et la zone euro, et la centralisation des réserves de change. » Le tout sous le regard vigilant du Trésor français.

    Les défenseurs du maintien du franc CFA avancent que ce lien permanent avec le franc puis l’euro a apporté une stabilité monétaire aux pays de la zone franc, leur garantissant une moindre inflation et un accès aux capitaux étrangers, assurés de bénéficier d’une parfaite convertibilité.

    Ce dernier aspect n’a pas échappé aux multinationales – en particulier extractives –, qui ont pu rapatrier pendant des années leurs bénéfices sans encombre hors du continent africain. Pas plus qu’à certains dirigeants des pays de la zone franc qui ont profité de cette liberté de circulation et de cette convertibilité pour aller cacher leur fortune en France et ailleurs.

    Pour les partisans de l’abandon du franc CFA, ces avantages ne sont rien par rapport aux inconvénients de la zone franc. La dimension politique est essentielle, à leurs yeux : alors que l’écrasante majorité des pays dans le monde ont leur propre politique monétaire, pourquoi devraient-ils rester dans un rapport de sujétion avec la France et désormais la zone euro ?

    Ce rapport de dépendance n’est pas qu’une figure de style. Si le Trésor français est garant de la zone franc et peut consentir des prêts à des pays en difficulté financière, il n’a que très rarement mis en œuvre cette possibilité. En revanche, les gouvernements français n’ont pas hésité à utiliser l’arme de la répression financière à l’égard de pays de la zone franc jugés trop récalcitrants par rapport aux vues françaises, comme en Guinée-Bissau.

    Une surévaluation asphyxiante

    Mais la dimension économique importe tout autant. Au moment de la décolonisation, les pays de la zone franc réalisaient 60 % de leurs échanges avec la France. Depuis, la part de ses échanges est tombée à moins de 20 %, comme avec l’Europe. Exportant surtout des matières premières, ces pays n’ont plus de relation privilégiée et particulière avec le continent européen en général et la France en particulier : ils commercent – même maigrement – avec le monde entier.

    S’inscrire dans la sphère d’influence de la zone euro ne leur a pas facilité l’accès aux marchés de capitaux. Les investissements étrangers y sont faibles, davantage en tout cas que dans d’autres pays africains comme le Ghana. À rebours, la parité fixe avec la monnaie unique européenne, sur laquelle ils n’ont aucune prise puisque n’étant jamais associés à la moindre décision monétaire européenne, les amène à vivre en permanence avec une monnaie étrangère, qui contraint tous leurs choix politiques.

    Pour tous ces pays, l’euro est une monnaie totalement surévaluée par rapport à leurs économies. Le débat sur ce point est vif depuis des décennies, jusqu’au sein du Fonds monétaire international. Sous pression de l’institution internationale, la France a dû concéder en 1994 une dévaluation du franc CFA par rapport au franc. Mais ce fut la seule et unique fois.

    Pour faire face aux crises et aux chocs conjoncturels en tout genre – particulièrement importants pour ces économies liées aux cycles des matières premières –, les gouvernements n’ont qu’une seule arme à leur disposition : la dévaluation interne avec son cortège de plans d’austérité.

    L’eco dans les limbes

    Si la nécessité de sortir du franc CFA recueille un large assentiment parmi les économistes et les populations africaines, la question de son remplacement reste problématique : beaucoup redoutent qu’un abandon trop rapide, mal préparé, n’entraîne une période de chaos et de désordres économiques, préjudiciables à tout point de vue.

    Discutée depuis plusieurs années, l’idée avancée par la Cedeao de créer une zone économique commune et une monnaie unique pour tous les pays de l’Afrique de l’Ouest, sur le modèle de la zone euro, est régulièrement avancée. C’est une des hypothèses que semble caresser le nouveau président sénégalais en remplacement du franc CFA. Mais le projet fait du surplace. Aucun des pays n’est à ce stade en mesure de remplir les critères de convergence fixés pour aller vers une monnaie unique.

    Un autre facteur ralentit aussi cette avancée : le poids que le Nigéria pourrait exercer dans ce nouvel ensemble. Sans le dire ouvertement, beaucoup de ses voisins, notamment francophones, craignent d’abandonner un joug pour tomber sous un autre. Étant le pays démographiquement et économiquement le plus important, le Nigéria est une puissance indiscutable. Mais ses défaillances démocratiques, ses déboires économiques et le niveau de corruption de ses dirigeants dissuadent nombre de pays voisins à aller plus avant.

    Le rêve d’une rente pétrolière

    Pourquoi alors ne pas tenter la création d’une monnaie unique avec tous les pays actuels membres du franc CFA ? L’idée fait son chemin dans les pays africains francophones. Puisqu’ils sont déjà habitués à travailler ensemble, ont des instituts monétaires, abandonner le franc CFA pour le remplacer par une monnaie unique paraît être la voie la plus sûre.

    L’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla n’est guère tenté par cette solution qui lui paraît trop compliquée. Il est désormais favorable à une monnaie nationale.

    D’une part, explique-t-il, avoir une monnaie unique partagée entre plusieurs pays est l’exception plutôt que la règle : l’expérience de l’euro n’a pas été renouvelée par la suite. D’autre part, bien qu’ayant partagé pendant plus de soixante ans le franc CFA, les pays de la zone franc n’ont pas construit une zone économique commune.

    Les échanges entre eux sont réduits à la portion congrue : ils s’élèvent à peine à 5 %. Dès lors, pourquoi penser que la création d’une nouvelle monnaie commune changerait la donne ? D’autant que les divergences de vue entre les pays de la zone franc sur la politique à mener, ou les relations avec la France, risquent de ralentir toute évolution, voire d’empêcher ce mouvement d’émancipation.

    La tentation pour certains acteurs sénégalais de rompre seuls avec le franc CFA est d’autant plus grande qu’un renversement économique important est attendu dans le pays : le Sénégal est en passe de devenir un producteur d’hydrocarbures. D’importants gisements gaziers et pétroliers ont été découverts au large des côtes et doivent entrer en production dès cette année.

    Si cette perspective inquiète les populations locales et notamment les pêcheurs, cette manne potentielle fait rêver jusqu’au sommet de l’État. Beaucoup espèrent qu’ils vont enfin obtenir les moyens financiers qui leur font tant défaut pour assurer leur développement et affirmer leur indépendance.

    Sans attendre, le pouvoir s’est déjà préparé : il a réformé son code minier et changé sa fiscalité pour obtenir une part plus élevée des exploitations pétrolières et gazières. Et il envisage même de créer un fonds souverain pour placer les gains de cette rente.

    Dans ce nouvel environnement, abandonner le franc CFA paraît beaucoup moins aventureux, selon certains économistes. Mais pour d’autres, il présente le risque de tomber dans un autre piège, celui du mirage de la rente pétrolière, dans lequel s’est enfoncé notamment le Nigéria. Et quid dans ce cas-là des projets de panafricanisme ?

    Beaucoup de questions sont en suspens à l’aube de cette nouvelle présidence sénégalaise, qui entre concrètement dans l’ère des ruptures.

    Martine Orange❞

    #FrancCFA #Sénégal #néocolonialisme #souveraineté

  • Il rafforzamento dell’esternalizzazione delle migrazioni

    Mentre esponenti del Governo e del parlamento italiano criticano in modo irresponsabile il governo tedesco per il finanziamento delle ONG che salvano i migranti nel mare, evocando invasioni e complotti (La bordata della Lega alla Germania: “Ci invase con le armi, ora coi migranti” – la Repubblica), segno dell’incapacità politica e di una campagna elettorale europea già iniziata, il Consiglio europeo dei ministri dell’interno si è riunito ieri per discutere dei regolamenti del Patto Asilo da adottare e dell’unica misura su cui tutti i paesi sono d’accordo, ovvero l’esternalizzazione del governo migratorio per fermare le partenze e contenerle nei paesi di transito del mediterraneo meridionale.

    E poco dopo Piantedosi a Palermo, incontra ministri di Libia e Tunisia – Notizie – Ansa.it, segno di come al Governo italiano, senza accordi con gli altri paesi europei sui movimenti secondari, la riforma del regolamento di Dublino, la ricollocazione dei migranti, non resti altro che sperare nella buona volontà dei governi più o meno democratici del Mediterraneo meridionale, di cooperare nel fermare le partenze. Il governo italiano sceglie di affidarsi agli autocrati e alle loro richieste di denaro, esponendosi ai loro ricatti.

    Mentre ci sarebbe l’unica soluzione seria e lungimirante, ma intrattabile per i sovranisti che nutrono la paura dell’altro: investire finalmente in modo strutturale sull’accoglienza e l’integrazione dignitosa per lo stesso sviluppo sostenibile dell’Italia (demografico, economico e sociale, interculturale) con canali migratori regolari per chi scappa da guerre e calamità, e per motivi di lavoro. Si tratterebbe di investire in Italia e per l’Italia, mentre con coerenza si dovrebbero cambiare in modo strutturale le relazioni commerciali e di investimento predatorie e a sostegno delle guerre che causano le migrazioni, investendo di più nella cooperazione allo sviluppo (home – campagna 070 e Home page – ECG Project (focsiv.org).

    Abbiamo tradotto in italiano il “discussion paper” della Presidenza spagnola del Consiglio europeo (vedi più avanti) che propone il seguente modello preventivo di esternalizzazione.

    Dopo avere ricordato la sfida della lotta alla migrazione irregolare nelle diverse rotte, tra cui quella del Mediterraneo centrale con la recente crisi in Lampedusa, la Presidenza indica la necessità di rafforzare la dimensione migratoria esterna basata, “in maniera decisa e continuativa, su una stretta e permanente collaborazione con i principali Paesi di transito e di origine dei migranti”, in modo da superare lo stato reattivo di “gestione della crisi” ricorrente.

    Ma tutto ciò senza chiedersi con chi si tratta: autocrati o democrazie? Senza perlopiù considerare che i paesi del Sud soffrono di una instabilità strutturale per cui è difficile presumere una continuità di medio-lungo periodo. A meno che non si voglia sostenere finanziariamente e in modo continuo la stabilità di governi autoritari.

    Il discussion paper ricorda che “le misure sono ben note: una combinazione coordinata di assistenza allo sviluppo per combattere le cause profonde della migrazione, la lotta contro il contrabbando di migranti, lo sviluppo di percorsi legali come alternativa alla migrazione illegale e una politica di riammissione e rimpatrio.”

    Ma ancora una volta non c’è profondità nell’analisi delle cause strutturali che portano alla migrazione e che dipendono da politiche economiche e di sicurezza e comportamenti contraddittori dell’Europa. Cosa possiamo cambiare in Europa per non contribuire a far crescere le disuguaglianze internazionali? Questa sarebbe la domanda giusta da porsi.

    La Presidenza spagnola afferma che “dobbiamo orientarci verso un “modello preventivo” in cui forniamo risposte strutturali a problemi strutturali. L’accento deve essere posto sulla prevenzione delle partenze irregolari… per ridurre il numero di partenze irregolari”. Per questo ci vuole una “una cooperazione con i Paesi di origine e di transito, che comprenda almeno i seguenti elementi: … un senso di responsabilità condivisa, con entrambe le parti che lavorano insieme per raggiungere obiettivi percepiti come reciprocamente vantaggiosi. Una fiducia reciproca costruita nel tempo attraverso l’ascolto attivo delle esigenze dei nostri partner e i contatti regolari a tutti i livelli. Una enfasi sulla cooperazione operativa congiunta e regolare, tra cui, ad esempio, pattuglie congiunte, centri operativi congiunti e scambio di informazioni operative finalizzato a smantellare le reti di traffico di persone e di contrabbando nei Paesi di origine e di transito, accompagnati da maggiori sforzi per combattere queste organizzazioni criminali sul territorio europeo. La cooperazione deve essere sostenuta nel tempo e prevedibile, indipendentemente dagli arrivi. Essa dovrebbe includere assistenza materiale, sostegno finanziario e operativo, nonché il rafforzamento delle capacità.”

    Al solito tutto viene ridotto alla cooperazione nel campo della sicurezza dopo aver invece ricordata la necessità di risposte strutturali a problemi strutturali. Non vengono mai menzionati i problemi strutturali riguardo la difesa ed emancipazione dei diritti umani e per la democrazia, la riduzione delle disuguaglianze, la mitigazione e adattamento al cambiamento climatico. In effetti il testo si rivolge ai ministeri degli interni e quindi di per sé è settoriale e limitato, ma proprio per questo non può essere una risposta strutturale. E’ indispensabile assumere l’approccio di coerenza delle politiche (La coerenza delle politiche per le migrazioni e lo sviluppo sostenibile – Focsiv)

    Infine, non può mancare la questione finanziaria, con quanti e quali risorse sosterremo l’esternalizzazione del governo delle migrazioni? In tal caso il discussion paper chiede un aumento dei “fondi a sostegno della gestione delle frontiere dei Paesi di origine e di transito o la loro lotta contro il traffico di esseri umani o il contrabbando” per “progetti migratori con un reale impatto operativo”, così come un maggiore “ruolo delle agenzie dell’UE nei Paesi terzi, in particolare quello di Frontex, … con i Paesi partner”, e una “maggiore flessibilità nel processo decisionale e un maggior contributo degli Stati membri nell’attuazione dei progetti”.

    C’è poco da fare, l’esternalizzazione con l’esportazione di Frontex non può non essere considerata dai paesi partner come una misura neocoloniale per salvaguardare gli interessi europei, mentre continua la pressione ad aumentare i fondi per la sicurezza a danno di altri capitoli di bilancio europeo nell’attuale revisione a medio termine.

    Tutto ciò mentre si stimano 2500 morti nel Mediterraneo nel 2023, fino ad oggi (Onu, da gennaio a settembre 130mila migranti in Italia – Ultima ora – Ansa.it). Solo questo dato imporrebbe una grande operazione europea di salvataggio ma siamo troppo immersi e morti noi nell’indifferenza, e i nostri governi preferiscono continuare in una politica fallimentare e tragica.

    La dimensione esterna della migrazione. Da un modello reattivo a un modello preventivo.

    INTRODUZIONE

    Negli ultimi anni, le pressioni migratorie e di asilo hanno evidenziato l’importanza della dimensione esterna nella gestione dei flussi verso l’UE. L’aumento degli arrivi in seguito alla guerra in Siria nel 2015, la situazione nel Mediterraneo centrale nel 2016, nel Mediterraneo occidentale nel 2018, sulla costa atlantica nel 2020, la strumentalizzazione da parte della Bielorussia nel 2021 e il massiccio spostamento di persone in seguito all’aggressione russa in Ucraina dall’inizio del 2022 sono buoni esempi.

    Anche la rotta atlantica ha visto un aumento significativo degli arrivi negli ultimi mesi a causa dell’instabilità che sta attraversando il Senegal. La pressione migratoria sulla Grecia e su Cipro continua ad aumentare, sia attraverso le rotte marittime che terrestri e, nel caso di Cipro, attraverso le aree occupate, come avviene anche per le altre rotte terrestri. In questo contesto, è essenziale assicurare un’attuazione rapida ed efficiente dei Piani d’azione presentati per le rotte interessate, tra cui una rapida adozione del Piano d’azione per la rotta del Mediterraneo orientale.

    Inoltre, la guerra in Sudan, il colpo di stato in Niger e le catastrofi naturali in Marocco e in Libia potrebbero avere ulteriori gravi conseguenze migratorie per l’Unione Europea e i suoi Stati membri.

    Il picco della crescente pressione migratoria su tutte le rotte si è recentemente concentrato in Italia. La rotta del Mediterraneo centrale, che ha subito un forte aumento degli arrivi di migranti irregolari, in gran parte a causa dei problemi interni della Tunisia, nelle ultime settimane ha subito una situazione critica a Lampedusa, con l’arrivo di migliaia di migranti irregolari concentrato in pochi giorni.

    Queste prospettive desolanti ci ricordano la necessità di continuare a impegnarci per rafforzare la dimensione esterna della migrazione, in particolare la sfida della lotta alla migrazione irregolare. Per poter rispondere in modo più efficace alle situazioni critiche che possono presentarsi (come quella recente di Lampedusa). Ma anche, essenzialmente, per poterle prevenire, impegnandosi per una dimensione migratoria esterna basata, in maniera decisa e continuativa, su una stretta e permanente collaborazione con i principali Paesi di transito e di origine dei migranti.

    VERSO UN “MODELLO PREVENTIVO” NELLA RISPOSTA CONTRO L’IMMIGRAZIONE IRREGOLARE

    Per quanto riguarda le sfide migratorie, gli sforzi compiuti dall’Unione europea e dai suoi

    Stati membri sono stati di natura eminentemente reattiva, dando talvolta l’impressione che l’Unione si trovi in uno stato di “gestione della crisi” ricorrente.

    L’aumento sostenuto dei flussi migratori verso l’UE negli ultimi decenni, e la sofferenza umana associata a questo fenomeno, dovrebbero incoraggiarci a continuare a migliorare la nostra gestione della migrazione. In particolare, la prevenzione della migrazione irregolare è un’area in cui l’UE e i suoi Stati membri hanno un notevole margine di miglioramento.

    La Presidenza spagnola crede fermamente nella necessità di rafforzare la dimensione esterna per affrontare le sfide migratorie che l’Unione condivide con altri continenti e paesi. La cooperazione con i Paesi di origine e di transito per prevenire la migrazione irregolare è l’unica risposta efficace e umana in questo settore.

    Le misure sono ben note: una combinazione coordinata di assistenza allo sviluppo per combattere le cause profonde della migrazione, la lotta contro il contrabbando di migranti, lo sviluppo di percorsi legali come alternativa alla migrazione illegale e una politica di riammissione e rimpatrio.

    I flussi migratori irregolari sono determinati da cause strutturali (instabilità politica ed economica, crescita demografica, povertà, cambiamento climatico, disuguaglianze sociali), a cui si aggiungono cause a breve termine (colpi di Stato, pandemie, disastri naturali, ecc.).

    La Presidenza spagnola ritiene che la nostra crescente capacità di reazione debba essere integrata da uno sforzo permanente e ancora maggiore per prevenire i flussi irregolari. Dobbiamo orientarci verso un “modello preventivo” in cui forniamo risposte strutturali a problemi strutturali. L’accento deve essere posto sulla prevenzione delle partenze irregolari. Non si tratta di sfumature, ma di un cambiamento radicale del nostro approccio alla migrazione.

    Non c’è dubbio che l’UE e i suoi Stati membri stiano compiendo sforzi preventivi, ma non sono sufficienti per affrontare la sfida che abbiamo di fronte. Questo è ciò che chiedono i nostri partner, i Paesi d’origine e di transito su tutte le rotte migratorie verso l’UE.

    Questo “modello preventivo”, che mira a ridurre il numero di partenze irregolari e quindi le tragedie umane derivanti dal rischio a cui le reti criminali espongono i migranti, molti dei quali sono vulnerabili, porterebbe a un controllo più efficace e a una maggiore resilienza delle frontiere esterne e a una minore pressione nell’area interna.

    Un solido “modello preventivo”, guidato dall’UE nel suo complesso e dai suoi Stati membri,

    dovrebbe essere caratterizzato da una cooperazione con i Paesi di origine e di transito, che comprenda almeno i seguenti elementi:

    - Un senso di responsabilità condivisa, con entrambe le parti che lavorano insieme per raggiungere obiettivi percepiti come reciprocamente vantaggiosi.
    – Fiducia reciproca costruita nel tempo attraverso l’ascolto attivo delle esigenze dei nostri partner e i contatti regolari a tutti i livelli.
    - Enfasi sulla cooperazione operativa congiunta e regolare, tra cui, ad esempio, pattuglie congiunte, centri operativi congiunti e scambio di informazioni operative finalizzato a smantellare le reti di traffico di persone e di contrabbando nei Paesi di origine e di transito, accompagnati da maggiori sforzi per combattere queste organizzazioni criminali sul territorio europeo.
    - La cooperazione deve essere sostenuta nel tempo e prevedibile, indipendentemente dagli arrivi. Essa dovrebbe includere assistenza materiale, sostegno finanziario e operativo, nonché il rafforzamento delle capacità.

    FINANZIANDO IL “MODELLO PREVENTIVO” PER LA MIGRAZIONE IRREGOLARE

    Affinché questo “modello preventivo” possa funzionare, deve essere sostenuto con risorse sufficienti a sviluppare la cooperazione preventiva in materia di migrazione con un reale impatto operativo nei Paesi di origine e di transito.

    È indubbio che i fondi disponibili per la migrazione esterna (NDICI, Assistenza per la preadesione, Fondo per l’asilo, la migrazione e l’integrazione, Strumento per la gestione delle frontiere e dei visti, Fondo per la sicurezza interna, ecc.) permettono di finanziare un gran numero di progetti operativi legati alla migrazione.

    Tuttavia, vi sono margini di miglioramento per quanto riguarda la quantità e la durata dell’utilizzo di questi fondi a sostegno della gestione delle frontiere dei Paesi di origine e di transito o la loro lotta contro il traffico di esseri umani o il contrabbando, anche in termini di beneficiari. Questi aspetti sono di maggiore interesse per i nostri partner.

    Va inoltre sottolineato che tutte le rotte e i progetti meritano e necessitano di attenzione e

    (come sottolineato in precedenza) che la nostra cooperazione deve essere sostenuta nel tempo e prevedibile, indipendentemente dagli arrivi.

    In linea con quanto detto, le delegazioni dell’UE dovrebbero probabilmente dedicare maggiore attenzione a progetti migratori con un reale impatto operativo, che dovrebbe essere una delle loro priorità.

    Il controllo delle frontiere esterne non è efficace se le azioni si limitano al territorio dell’UE. Di conseguenza, il ruolo delle agenzie dell’UE nei Paesi terzi, in particolare quello di Frontex, dovrebbe rafforzare il loro impegno (operativo) con i Paesi partner, in linea con le relazioni generali dell’UE con questi Paesi.

    Infine, secondo la Presidenza, altri aspetti essenziali per lo sviluppo di un vero e proprio

    “modello preventivo” sono una maggiore flessibilità nel processo decisionale e un maggior contributo degli Stati membri nell’attuazione dei progetti.

    In considerazione di quanto sopra, la Presidenza propone un dibattito per consentire ai Ministri di ascoltare l’Italia sulla recente situazione a Lampedusa, nonché sulle misure adottate e attuate, compreso il piano d’azione annunciato dalla Commissione. E, anche di esprimere le loro opinioni sulla dimensione esterna dell’UE in materia di migrazione e sui miglioramenti di cui necessita per essere più efficace e preventiva.

    A questo proposito, si propongono le seguenti domande per la discussione:

    - Per affrontare gli arrivi irregolari nell’UE, soprattutto quelli che avvengono in mare, quali elementi ritenete essenziali per un efficace “modello preventivo “dell’UE e dei suoi Stati membri nella lotta all’immigrazione irregolare?
    – Quali aspetti dovrebbero essere prioritari per un adeguato finanziamento di un “modello preventivo” in tutte le rotte (incentrato sull’agire in anticipo rispetto agli arrivi illegali alle frontiere esterne dell’UE)?

    https://www.focsiv.it/il-rafforzamento-dellesternalizzazione-delle-migrazioni

    #migrations #asile #réfugiés #externalisation #sécurité #Frontex #néocolonialisme

  • La chute du Heron blanc, ou la fuite en avant de l’agence #Frontex

    Sale temps pour Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières : après le scandale des pushbacks dans les eaux grecques, qui a fait tomber son ex-directeur, l’un de ses drones longue portée de type Heron 1, au coût faramineux, s’est crashé fin août en mer ionienne. Un accident qui met en lumière la dérive militariste de l’Union européenne pour barricader ses frontières méridionales.

    Jeudi 24 août 2023, un grand oiseau blanc a fait un plongeon fatal dans la mer ionienne, à 70 miles nautiques au large de la Crète. On l’appelait « Heron 1 », et il était encore très jeune puisqu’il n’avait au compteur que 3 000 heures de vol. Son employeur ? Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes chargée depuis 2004 de réguler les frontières européennes, avec un budget sans cesse en hausse.

    Le Heron 1 est désigné dans la terminologie barbare du secteur de l’armement comme un drone MALE (Medium Altitude Long Endurance) de quatrième génération, c’est-à-dire un engin automatisé de grande taille capable de voler sur de longues distances. Frontex disposait jusqu’au crash de seulement deux drones Heron 1. Le premier a été commandé en octobre 2020, quand l’agence a signé un contrat de 50 millions d’euros par an avec Airbus pour faire voler cet appareil en « leasing » – Airbus passant ensuite des sous-contrats, notamment avec le constructeur israélien IAISystem
    1
    – pour un total de 2 400 heures de vol, et avec des dépassements qui ont fait monter la facture annuelle. En clair, le coût de fonctionnement de ce drôle d’oiseau est abyssal. Frontex rechigne d’ailleurs à entrer dans les détails, arguant de « données commerciales sensibles », ainsi que l’explique Matthias Monroy, journaliste allemand spécialisé dans l’aéronautique : « Ils ne veulent pas donner les éléments montrant que ces drones valent plus cher que des aéroplanes classiques, alors que cela semble évident. »
    2

    La nouvelle de la chute de l’onéreux volatile n’a pas suscité beaucoup de réactions publiques – il n’en est quasiment pas fait mention dans les médias autres que grecs, hormis sur des sites spécialisés. On en trouve cependant une trace sur le portail numérique du Parlement européen, en date du 29 août 2023. Ce jour-là, Özlem Demirel, députée allemande du parti de gauche Die Linke, pose la question « E-002469/2023 » (une interpellation enregistrée sous le titre : « Crash of a second long-range drone operated on Frontex’s behalf »), dans laquelle elle interroge la fiabilité de ces drones. Elle y rappelle que, déjà en 2020, un coûteux drone longue distance opéré par Frontex s’était crashé en mer – un modèle Hermes 900 cette fois-ci, tout aussi onéreux, bijou de l’israélien Elbit Systems. Et la députée de demander : « Qui est responsable ? »

    Une question complexe. « En charge des investigations, les autorités grecques détermineront qui sera jugé responsable, explique Matthias Monroy. S’il y a eu une défaillance technique, alors IAI System devra sans doute payer. Mais si c’est un problème de communication satellite, comme certains l’ont avancé, ou si c’est une erreur de pilotage, alors ce sera à Airbus, ou plutôt à son assureur, de payer la note. »
    VOL AU-DESSUS D’UN NID D’EMBROUILLES

    Le Heron 1 a la taille d’un grand avion de tourisme – presque un mini-jet. D’une envergure de 17 mètres, censé pouvoir voler en autonomie pendant 24 heures (contre 36 pour le Hermes 900), il est équipé de nombreuses caméras, de dispositifs de vision nocturne, de radars et, semble-t-il, de technologies capables de localiser des téléphones satellites
    3
    . Détail important : n’étant pas automatisé, il est manœuvré par un pilote d’Airbus à distance. S’il est aussi utilisé sur des théâtres de guerre, notamment par les armées allemande et israélienne, où il s’est également montré bien peu fiable
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    , sa mission dans le cadre de Frontex relève de la pure surveillance : il s’agit de fournir des informations sur les embarcations de personnes exilées en partance pour l’Europe.

    Frontex disposait de deux drones Heron 1 jusqu’au crash. Airbus était notamment chargé d’assurer le transfert des données recueillies vers le quartier général de Frontex, à Varsovie (Pologne). L’engin qui a fait un fatal plouf se concentrait sur la zone SAR(Search and Rescue
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    ) grecque et avait pour port d’attache la Crète. C’est dans cette même zone SAR que Frontex a supervisé plus ou moins directement de nombreux pushbacks (des refoulements maritimes), une pratique illégale pourtant maintes fois documentée, ce qui a provoqué un scandale qui a fini par contraindre le Français Fabrice Leggeri à démissionner de la tête de l’agence fin avril 2022. Il n’est pas interdit de penser que ce Heron 1 a joué en la matière un rôle crucial, fournissant des informations aux gardes-côtes grecs qui, ensuite, refoulaient les embarcations chargées d’exilés.

    Quant à son jumeau, le Heron positionné à Malte, son rôle est encore plus problématique. Il est pourtant similaire à celui qui s’est crashé. « C’est exactement le même type de drone », explique Tamino Bohm, « tactical coordinator » (coordinateur tactique) sur les avions de Sea-Watch, une ONG allemande de secours en mer opérant depuis l’île italienne de Lampedusa. Si ce Heron-là, numéro d’immatriculation AS2132, diffère de son jumeau, c’est au niveau du territoire qu’il couvre : lui survole les zones SAR libyennes, offrant les informations recueillies à ceux que la communauté du secours en mer s’accorde à désigner comme les « soi-disant gardes-côtes libyens »
    6
    – en réalité, des éléments des diverses milices prospérant sur le sol libyen qui se comportent en pirates des mers. Financés en partie par l’Union européenne, ils sont avant tout chargés d’empêcher les embarcations de continuer leur route et de ramener leurs passagers en Libye, où les attendent bien souvent des prisons plus ou moins clandestines, aux conditions de détention infernales
    7
    .

    C’est ainsi qu’au large de Lampedusa se joue une sorte de guerre aérienne informelle. Les drones et les avions de Frontex croisent régulièrement ceux d’ONG telles que Sea-Watch, dans un ballet surréaliste : les premiers cherchant à renseigner les Libyens pour qu’ils arraisonnent les personnes exilées repérées au large ; les seconds s’acharnant avec leurs maigres moyens à documenter et à dénoncer naufrages et refoulements en Libye. Et Tamino d’asséner avec malice : « J’aurais préféré que le drone crashé soit celui opérant depuis Malte. Mais c’est déjà mieux que rien. »
    BUDGET GONFLÉ, MANDAT ÉLARGI

    Tant que l’enquête sur le crash n’aura pas abouti, le vol de drones Heron 1 est suspendu sur le territoire terrestre et maritime relevant des autorités grecques, assure Matthias Monroy (qui ajoute que cette interdiction s’applique également aux deux drones du même modèle que possède l’armée grecque). Le crash de l’un de ses deux Heron 1 est donc une mauvaise nouvelle pour Frontex et les adeptes de la forteresse Europe, déjà bien éprouvés par les arrivées massives à Lampedusa à la mi-septembre et l’hospitalité affichée sur place par les habitants. À l’image de ces murs frontaliers bâtis aux frontières de l’Europe et dans l’espace Schengen – un rapport du Parlement européen, publié en octobre 2022 « Walls and fences at EU borders » (https://www.europarl.europa.eu/thinktank/en/document/EPRS_BRI(2022)733692), précise que l’on en est à 2 035 kilomètres de barrières frontalières, contre 315 en 2014 –, matérialisation d’un coûteux repli identitaire clamant une submersion fantasmée, il est évident que la démesure sécuritaire ne freine en rien les volontés de rejoindre l’Europe.

    Ce ne sont pourtant pas les moyens qui manquent. Lors de sa première année d’opérations, en 2005, Frontex disposait d’un budget de 6 millions d’euros. Depuis, celui-ci n’a cessé d’enfler, pour atteindre la somme de 845,4 millions d’euros en 2023, et un effectif de plus de 2 100 personnels – avec un budget prévisionnel 2021-2027 de 11 milliards d’euros et un objectif de 10 000 gardes d’ici à 2027 (dont 7 000 détachés par les États membres).

    Depuis 2019, Frontex dispose d’un mandat élargi qui autorise l’acquisition et la possession d’avions, de drones et d’armes à feu. L’agence s’est aussi géographiquement démultipliée au fil de temps. Ses effectifs peuvent aussi bien patrouiller dans les eaux de Lampedusa que participer à des missions de surveillance de la frontière serbo-hongroise, alors que son rôle initial était simplement d’assister les pays européens dans la gestion de leurs frontières. L’agence européenne joue aussi un rôle dans la démesure technologique qui se développe aux frontières. Rien que dans les airs, l’agence se veut novatrice : elle a déjà investi plusieurs millions d’euros dans un projet de #zeppelin automatisé relié à un câble de 1 000 mètres, ainsi que dans le développement de drones « #quadcopter » pesant une dizaine de kilos. Enfin, Frontex participe aussi à la collecte généralisée de #données migratoires dans le but d’anticiper les refoulements. Elle soutient même des projets visant à gérer les flux humains par #algorithmes.

    Traversée comme les armées par une culture du secret, l’agence s’est fait une spécialité des zones grises et des partenariats opaques, tout en prenant une place toujours plus importante dans la hausse de la létalité des frontières. « Frontex est devenue l’agent de la #militarisation_des_frontières européennes depuis sa création, résume un rapport de la Fondation Jean-Jaurès sorti en juillet 2023. Fondant son fonctionnement sur l’#analyse_des_risques, Frontex a contribué à la perception des frontières européennes comme d’une forteresse assiégée, liant le trafic de drogue et d’êtres humains à des mouvements migratoires plus larges. »

    « VOUS SURVEILLEZ LES FRONTIÈRES, NOUS VOUS SURVEILLONS »

    Dans sa volonté d’expansion tous azimuts, l’agence se tourne désormais vers l’Afrique, où elle œuvre de manière plus ou moins informelle à la mise en place de politiques d’#externalisation des frontières européennes. Elle pèse notamment de tout son poids pour s’implanter durablement au #Sénégal et en #Mauritanie. « Grâce à l’argent des contribuables européens, le Sénégal a construit depuis 2018 au moins neuf postes-frontières et quatre antennes régionales de la Direction nationale de lutte contre le trafic de migrants. Ces sites sont équipés d’un luxe de #technologies de #surveillance_intrusive : outre la petite mallette noire [contenant un outil d’extraction des données], ce sont des #logiciels d’#identification_biométrique des #empreintes_digitales et de #reconnaissance_faciale, des drones, des #serveurs_numériques, des lunettes de vision nocturne et bien d’autres choses encore », révèle une enquête du journal étatsunien In These Times. Très impopulaire sur le continent, ce type de #néocolonialisme obsidional se déploie de manière informelle. Mais il porte bien la marque de Frontex, agence agrippée à l’obsession de multiplier les murs physiques et virtuels.

    Au Sénégal, pour beaucoup, ça ne passe pas. En août 2022, l’association #Boza_Fii a organisé plusieurs journées de débat intitulées « #Pushback_Frontex », avec pour slogan : « Vous surveillez les frontières, nous vous surveillons ». Une manifestation reconduite en août 2023 avec la mobilisation « 72h Push Back Frontex ». Objectif : contrer les négociations en cours entre l’Union européenne et le Sénégal, tout en appelant « à la dissolution définitive de l’agence européenne de gardes-frontières ». Sur RFI, son porte-parole #Saliou_Diouf expliquait récemment son point de vue : « Nous, on lutte pour la #liberté_de_circulation de tout un chacun. […] Depuis longtemps, il y a beaucoup d’argent qui rentre et est-ce que ça a arrêté les départs ? »

    Cette politique « argent contre muraille » est déployée dans d’autres États africains, comme le #Niger ou le #Soudan. Frontex n’y est pas directement impliquée, mais l’Europe verse des centaines de millions d’euros à 26 pays africains pour que des politiques locales visant à bloquer les migrations soient mises en place.

    « Nous avons besoin d’aide humanitaire, pas d’outils sécuritaires », assure Mbaye Diop, travailleur humanitaire dans un camp de la Croix-Rouge situé à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, dans l’enquête de In These Times. Un constat qui vaut de l’autre côté de la Méditerranée : dans un tweet publié après le crash du Heron 1, l’ONG Sea-Watch observait qu’avec les 50 millions alloués à Airbus et à ses sous-traitants pour planter son Heron dans les flots, « on pourrait faire voler pendant 25 ans nos avions de secours Seabird 1 et Seabird 2 ».

    https://afriquexxi.info/La-chute-du-Heron-blanc-ou-la-fuite-en-avant-de-l-agence-Frontex

    #drones #Heron_1 #frontières #surveillances_des_frontières #contrôles_frontaliers #migrations #asile #réfugiés #drone_MALE (#Medium_Altitude_Long_Endurance) #crash #Airbus #complexe_militaro-industriel #IAI_System #coût #prix #budget #chute #fiabilité #Hermes_900 #Elbit_Systems #données #push-backs #refoulements #AS2132 #Libye #guerre_aérienne_informelle #biométrie

  • 🛑 Une fois n’est pas coutume... on relaie l’éditorial du dernier numéro du journal « Lutte Ouvrière » (8 septembre)... avec lequel on partage l’essentiel du point de vue, si l’on fait abstraction de la rhétorique et de la déclamation hautement et indéniablement « trotsko-trotskyste »... 😅🙃

    « On vit chez les fous ! », s’est étranglé Macron, lundi dernier, à propos de la vague de putschs en Afrique, devant les ambassadeurs réunis à l’Élysée. Mais qui sont les fous dans cette histoire ? Ceux qui rejettent la présence française au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ou ceux qui, comme Macron, sont prêts à déclencher une nouvelle guerre qui enfoncera davantage le Sahel dans le chaos guerrier ?
    Macron joue les matamores contre la junte nigérienne et refuse de rappeler son ambassadeur. Il ne digère pas que la France soit poussée dehors. À l’entendre, l’armée française aurait sauvé le Sahel du djihadisme ! Mais la population est bien placée pour faire le vrai bilan de l’opération Barkhane, lancée il y a dix ans : les bandes armées continuent de pulluler, elles rackettent et sèment la terreur dans une zone de plus en plus étendue (...)

    #Afrique #putschs #Macron #Françafrique #exploitation #capitalisme #militarisme #guerre #djihadisme #dictature #Mali #Niger #BurkinaFaso #Congo-Brazzaville #Gabon #Bongo #Tchad... #domination #France #EtatsUnis #Russie #Chine #Néocolonialisme #impérialisme #LutteOuvrière

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    ▶️ https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/09/06/bas-la-francafrique-travailleurs-dafrique-et-de-france-memes
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  • 🛑 N’oubliez jamais : le nucléaire est une « énergie propre » et « sans danger »... de la « conception » (uranium) à la « finition » (déchets)... 💩

    🛑 Uranium : le lourd passé prédateur de la France au Niger

    Le putsch au Niger et le fort sentiment anti-français découlent en partie de la politique colonialiste de la France. Depuis 50 ans, elle maintient le pays sous sa domination pour en extraire l’uranium nécessaire à sa politique nucléaire (...)

    🛑 ☠️ ☢️ 🌍 #Niger #néocolonialisme #écologie #environnement #contamination #pollution #uranium #radioactivité #nucléaire #nucléocratie #capitalisme #danger... #antinucléaire !

    🏴 ★ #Anticapitalisme #antiproductivisme #décroissance #anarchisme

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    ▶️ https://reporterre.net/Uranium-le-lourd-passe-predateur-de-la-France-au-Niger

    ▶️ https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/02/26/niger-a-arlit-les-gens-boivent-de-l-eau-contaminee-par-la-radioactivite_5262

  • 🛑 ☠️ ☢️ « LE NUCLÉAIRE, C’EST L’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE »...

    L’uranium qui sert de combustible aux centrales nucléaires ne pousse pas dans les arbres. La France est totalement dépendante des pays qui possèdent ce minerais dans leur sol. C’est le premier mensonge des nucléocrates : « l’indépendance énergétique » n’a jamais existé. La totalité de l’uranium servant aux 56 réacteurs nucléaires françaises vient de l’étranger, importé du Niger, du Kazakhstan, d’Australie… ou de la Russie. Macron, qui veut relancer la filière nucléaire, rendrait donc la France encore toujours plus tributaire des aléas géopolitiques (...)

    🛑 ☠️ ☢️ 🌍 #Niger #néocolonialisme #écologie #environnement #contamination #pollution #uranium #radioactivité #nucléaire #nucléocratie #capitalisme #danger... #antinucléaire !

    🏴 ★ #Anticapitalisme #antiproductivisme #décroissance #anarchisme

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    ▶️ https://contre-attaque.net/2023/08/01/le-nucleaire-cest-lindependance-energetique
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  • Une plongée dans l’univers musical de Fela Kuti.
    https://lhistgeobox.blogspot.com/2022/10/une-plongee-dans-lunivers-musicale-de.html

    « En novembre 1974, la police met à sac le fief de Fela, ce qui inspire à ce dernier l’album Kalakuta show. Plus la police frappe, plus il crée, plus la répression s’abat, plus elle l’inspire ! Entre 1975 et 1977, Fela enregistre 23 albums remplis de chefs d’œuvre comme Yellow fever , Zombie , No agreement , Shuffering and Smiling , Sorrow Tears and Blood , Water get no enemy . Les paroles ciblent les déviances de la société nigériane postcoloniale (Colonial mentality), l’oppression insupportable qu’exerce le pouvoir militaire sur le peuple, la corruption des gouvernants ( Monkey banana , Unnecessary Begging ), la trahison des élites africaines soucieuses de vivre à l’occidentale en tournant le dos à leur identité africaine ( J.D.D. = Johnny Just Drop ). »

  • Face au #récit_médiatique, notre #parole

    Le traitement médiatique de la question migratoire construit des politiques de rejet et une gestion policière des personnes. Il produit les pires #préjugés et divise. Pourquoi le sujet prend une telle place ? Quelles continuités historiques peut-on y voir ? Ce sont les questions que ce sont posées des personnes qui sont placées au centre de ces débats sans jamais être invité à y prendre part. https://audioblog.arteradio.com/blog/98862/podcast/181111/face-au-recit-mediatique-notre-parole

    #asile #migrations #médias #récit #contre-récit #représentations #stéréotype #néocolonialisme #catégorisation
    #audio #podcast

    ping @isskein @karine4

  • Palm Oil. The Grease of Empire

    It’s in our food, our cosmetics, our fuel and our bodies. Palm oil, found in half of supermarket products, has shaped our world. #Max_Haiven uncovers how the gears of capitalism are literally and metaphorically lubricated by this ubiquitous elixir.

    From its origins in West Africa to today’s Southeast Asian palm oil superpowers, Haiven’s sweeping, experimental narrative takes us on a global journey that includes looted treasures, the American system of mass incarceration, the history of modern art and the industrialisation of war. Beyond simply calling for more consumer boycotts, he argues for recognising in palm oil humanity’s profound potential to shape our world beyond racial capitalism and neo-colonial dispossession.

    One part history, one part dream, one part theory, one part montage, this kaleidoscopic and urgent book asks us to recognise the past in the present and to seize the power to make a better world.

    https://www.plutobooks.com/9780745345826/palm-oil

    #huile_de_palme #livre
    #capitalisme #néocolonialisme #néo-colonialisme #dépossession #capitalisme_racial

    ping @odilon @isskein @cede

  • https://afriquexxi.info/article4912.html

    Aux origines coloniales de Barkhane (2)
    Le mythe (écorné) de l’« homme bleu
     »

    Série · Façonnée durant la conquête coloniale, la légende des Touaregs, essentialisés en « valeureux combattants du désert », est restée gravée dans la mémoire de l’armée française. Même après les indépendances, les militaires et les agents secrets, souvent fascinés, n’ont jamais rompu les liens avec eux. Ils les ont réactivés quand la France en a eu besoin ces dernières années, en Libye et au Mali.

    Rémi Carayol > 19 janvier 2022

    #barkhane #néocolonialisme #sahel #arméefrançaise

  • https://afriquexxi.info/article4907.html

    Aux origines coloniales de l’opération Barkhane

    Rémi Carayol 10 janvier 2022

    Disons-le dès le début afin d’éviter tout malentendu : la guerre que la France mène dans la bande sahélo-saharienne depuis huit ans n’est pas une guerre de colonisation. Il ne s’agit pas, pour la France, de reconquérir un territoire qui fut jadis un des fleurons de son Empire (et une fierté de son armée), ni d’imposer son joug sur les populations, ni d’y piller les richesses naturelles – même si cet enjeu, qui concerne essentiellement les réserves d’uranium du Niger, ne doit pas être négligé.

    On peut difficilement la comparer, également, aux nombreuses interventions militaires, de type néo-colonial, menées après les indépendances en Afrique de l’Ouest, en Afrique Centrale et dans l’océan Indien, et qui avaient pour objectif, la plupart du temps, de déstabiliser un régime jugé trop indépendant ou, au contraire, de soutenir un président « ami ». Certes, cette guerre s’inscrit dans la logique interventionniste de la France dans son ancien « pré-carré », qui est un des marqueurs de sa politique post-coloniale. Ces dernières années, l’armée française a pu être amenée à intervenir pour venir en aide à des alliés, comme au Burkina en 2014 (pour exfiltrer Blaise Compaoré et ainsi lui permettre d’échapper à la justice de son pays) et au Tchad en 2019 (lorsqu’elle a bombardé une colonne de rebelles qui se dirigeait vers N’Djamena, en détournant la vocation des moyens mobilisés dans le cadre du mandat de l’opération Barkhane).

    À la faveur de ce déploiement militaire, la diplomatie française a elle aussi joué un rôle primordial ces dernières années, n’hésitant pas, parfois, à s’immiscer dans des affaires intérieures, comme au Mali pour empêcher tout début de discussion avec les groupes djihadistes, ou au Tchad pour soutenir la confiscation du pouvoir par le camp Déby après la mort d’Idriss Déby Itno. Mais l’objectif final de cette opération militaire n’est pas d’installer ou de pérenniser un homme lige de Paris. Il s’agit officiellement de lutter contre le « terrorisme international » et contre l’émergence d’une idéologie considérée par les dirigeants français comme une menace : le djihadisme.

    Il n’empêche, l’intervention française qui a débuté en janvier 2013 avec l’opération Serval, alors cantonnée au territoire du Mali, et qui s’est poursuivie à partir d’août 2014 avec l’opération Barkhane, élargie à quatre autres pays (le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad), a comme un parfum de IIIe République. Elle a réveillé de vieux fantasmes que l’on pensait enterrés depuis la fin de l’ère coloniale. L’armée de Terre (et tout particulièrement les troupes de marine), qui a façonné une partie de sa légende dans cette bande aride à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, a convoqué ses anciennes gloires, dépoussiéré ses vieilles cartes et recyclé certaines de ses méthodes passées.

    Alors que sur le terrain, des officiers, bercés durant leur jeunesse aux « exploits » de la conquête coloniale, pouvaient fièrement marcher sur les pas de leurs aînés, à Paris, l’état-major ressuscitait de vieux mythes et remettait au goût du jour la stratégie de contre-insurrection expérimentée par quelques célèbres coloniaux. Si l’opération Barkhane n’est pas une guerre coloniale, elle se nourrit de cette époque. Et c’est peut-être ce qui explique en partie son échec.

    Rémi Carayol

    #opérationsextérieures #barkhane #Sahel #arméefrançaise #néocolonialisme

  • Livre : Meurtre au Burundi La Belgique et l’assassinat de Rwagazore Ludo De Witte
    https://boutique.investigaction.net/fr/home/135-meurtre-au-burundi-la-belgique-et-l-assassinat-de-rwaga

    L’auteur du livre "L’assassinat de Lumumba", Ludo De Witte, vient de sortir "Meurtre au #Burundi" (édité chez InvestigAction), qui montre le même scénario lors de l’indépendance.

    En janvier 1961, le colonisateur belge fait tuer le Premier ministre élu congolais #Patrice_Lumumba, trop peu docile.

    En octobre 1961, le colonisateur belge fait tuer le Premier ministre élu burundais #Louis_Rwagasore, trop peu docile. Avec l’implication du même #Étienne_Davignon, ainsi que celle du ministre socialiste #Paul-Henri-Spaak.

    Ce bis repetita montre qu’il ne s’agit pas d’un malheureux concours de circonstances : l’assassinat est un mode de gestion "normal" d’un #néocolonialisme belge qui n’a que faire des choix électoraux des populations.


    En 1999, Ludo De Witte publie un livre-choc : L’Assassinat de Lumumba. Ses révélations sur le rôle du roi Baudouin, du gouvernement belge et de la CIA amèneront la Belgique à présenter des excuses officielles au Congo.

    En 2017, le sociologue belge sort chez Investig’Action L’Ascension de Mobutu. Salué par Jean Ziegler : « Un livre superbe d’érudition, de courage et d’intelligence analytique. Au magnifique peuple congolais, il contribue à restituer une mémoire claire… »

    En 2021, ce nouveau livre approfondit son enquête sur le pillage de l’Afrique centrale et l’installation brutale du néocolonialisme.
De Witte fouille les archives, fait parler les témoins et dévoile un évènement longtemps camouflé : l’élimination du prince Louis
Rwagasore qui venait de remporter les premières élections du Burundi. Un crime d’État avec, dans les coulisses, le roi Baudouin, Étienne Davignon et Paul-Henri Spaak dans des rôles troubles. Tandis que l’ombre de Patrice Lumumba, ennemi n° 1 de Bruxelles et Washington, plane sans cesse au-dessus de ce thriller économico-politique.

    Un livre indispensable parce que la vérité a ses droits. On ne peut construire l’avenir en ignorant l’Histoire.

  • ❝Au Sénégal, une révolte populaire s’ébranle contre la « recolonisation économique »
    7 mars 2021 Par Fanny Pigeaud - Mediapart.fr"
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    Manifestations tournant à l’émeute, dans la quartier de Colobane, le 5 mars 2021, à Dakar, après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko. © Seyllou / AFP
    L’arrestation du principal opposant Ousmane Sonko a déclenché une vague de colère inédite, avec en toile de fond une remise en cause d’un système de gouvernance favorisant les intérêts étrangers. De nombreux magasins Auchan et des stations Total ont été pillés ou saccagés. Au moins quatre personnes ont été tuées.
    Depuis plusieurs mois la tension montait. Et ce mercredi 3 mars au Sénégal, l’arrestation du député Ousmane Sonko, opposant au président Macky Sall, a eu le même effet qu’une étincelle près d’un baril de poudre : une explosion qui part dans tous les sens.

    À Dakar et dans plusieurs autres villes, des milliers de jeunes ont dit leur colère, scandant « Libérez Sonko ! », « Dëkk bi Sonko ko moom ! » (« Ce pays appartient à Sonko », en wolof) et réclamant plus de démocratie, de justice et de considération. Ces manifestations spontanées se sont rapidement transformées en émeutes. Des biens privés, dont des magasins Auchan et des stations Total, des bâtiments abritant des médias, le domicile de membres ou de proches du pouvoir, ainsi que des bâtiments publics ont été pillés ou brûlés entre mercredi et vendredi.

    Selon un bilan officiel vendredi soir, quatre personnes ont été tuées dans des affrontements avec les forces de sécurité. Amnesty International a dénoncé des arrestations arbitraires, plusieurs activistes connus font partie des personnes interpelées, et la présence d’hommes « en tenue civile, armés de gourdins » aperçus « aux côtés des forces de sécurité » qui ont « pourchassé des manifestants », ainsi que la coupure du signal de chaînes de télévision.

    Cette situation insurrectionnelle n’a pas de précédent dans l’histoire récente du Sénégal. Les derniers épisodes de violences, à la fin des présidences d’Abdou Diouf (1981-2000) et d’Abdoulaye Wade (2000-2012), n’avaient pas atteint une telle ampleur.

    Lorsqu’il a été arrêté, Ousmane Sonko, 46 ans, classé troisième à l’élection présidentielle de 2019, se rendait au palais de justice de Dakar, où il était convoqué dans le cadre d’une plainte pour « viols et menaces de mort », déposée début février par l’employée d’un salon de massage. Ses avocats et partisans considèrent cette procédure comme le résultat d’un « complot mal ficelé » visant à l’éliminer de la course pour la présidentielle de 2024.

    Dès le dépôt de cette plainte, les autorités ont fait installer un barrage filtrant autour du domicile du leader du parti Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) et obtenu de manière accélérée la levée de son immunité parlementaire, confortant les soupçons d’une machination politique. De fait, Ousmane Sonko dérange Macky Sall, à qui la rumeur prête l’intention de se représenter pour un troisième mandat (non prévu par la Constitution). Il est devenu son principal opposant depuis la nomination, fin 2020, de l’ex-premier ministre Idrissa Seck au Conseil économique, social et environnemental.

    Cet ancien inspecteur des impôts, radié de la fonction publique pour avoir accusé publiquement des personnalités d’avoir bénéficié d’avantages fiscaux illégaux, dont le frère de Macky Sall, tient un langage nouveau dans le champ politique sénégalais.

    Manifestations tournant à l’émeute, dans la quartier de Colobane, le 5 mars 2021, à Dakar, après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko. © Seyllou / AFP
    Plaidant pour une meilleure gouvernance, dénonçant la gestion du pétrole et du gaz par les autorités, il milite aussi pour plus de souveraineté économique et monétaire – le Sénégal est membre de la zone franc, contrôlée par l’État français. Il est devenu l’un des rares hommes politiques d’Afrique francophone à demander une refonte des relations avec la France, fustigeant aussi une « bourgeoisie compradore » qui profite d’un système construit pour satisfaire l’étranger et une minorité de Sénégalais. « Il n’y a pas de sentiment antifrançais. Il y a un sentiment pro-africain, expliquait-il en 2019 à ses collègues députés. Nous n’avons rien contre la France ou les États-Unis, mais nous avons des intérêts à gérer. »

    C’est ce discours qui l’a rendu populaire auprès d’une partie de la jeunesse (les moins de 20 ans représentent plus de la moitié des 16 millions d’habitants), de plus en plus sensible à l’idée de mettre fin à un « système néocolonial », à « la domination étrangère, surtout française », comme l’a récemment redit un membre du collectif Frapp (Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine). Car depuis que Macky Sall est au pouvoir (élu en 2012, puis réélu en 2019 à l’issue d’un scrutin controversé), il entretient des liens étroits avec Paris et de nombreuses entreprises françaises se sont installées dans le pays, donnant l’impression d’une « recolonisation économique » de la France, certaines bénéficiant de gros contrats aux retombées faibles pour la population.

    Le projet d’un train express régional (TER) devant relier Dakar à l’aéroport international Blaise-Diagne illustre bien ce à quoi assistent les Sénégalais. Conçu pour un prix exorbitant (1,3 milliard d’euros pour 55 kilomètres), il a été construit et doit être exploité par des entreprises essentiellement françaises, dont Engie, Thales, Eiffage, la SNCF, la RATP, Alstom, etc.

    Le Sénégal s’est, de surcroît, endetté auprès de la France pour 230 millions d’euros afin de financer cet ouvrage, dont la construction a bouleversé le quotidien de milliers de personnes. Prévu pour rouler à partir de 2019, ce train, qui ne sera vraisemblablement accessible financièrement qu’à une infime partie des citoyens, n’est toujours pas en service. Pendant ce temps, la pauvreté touche près de 40 % de la population.

    Sans perspectives, des milliers de jeunes tentent d’émigrer : les départs par l’océan vers les îles Canaries ont beaucoup augmenté ces derniers mois. Le nombre de morts aussi : plus de 500 personnes se sont noyées dans des naufrages entre octobre et novembre 2020. Un chiffre record, probablement en deçà de la réalité. Les populations ne font qu’emprunter « le même chemin que suivent leurs ressources », soulignait Ousmane Sonko en 2019 dans un discours à l’Assemblée nationale. Tant que des intérêts étrangers viendront « piller nos ressources avec la complicité de nos élites complexées, de nos leaders, on ne pourra jamais régler cette question » de l’émigration clandestine, avait-il ajouté.

    Ce n’est donc pas un hasard si des magasins Auchan, des boutiques Orange et des stations Total ont été prioritairement visés par les émeutiers. Déjà, en décembre 2020, des centaines de pêcheurs manifestaient leur détresse après le renouvellement des accords de pêche avec l’Union européenne, estimant qu’ils leur étaient défavorables.

    En 2018, l’économiste Ndongo Samba Sylla avait prévenu dans une interview à la radio privée Sud FM : « Les contradictions s’accumulent. On a une jeunesse qui est là, de plus en plus nombreuse, et on a un système politique qui dit à ces jeunes : “Vous n’avez pas d’avenir.” Cette jeunesse ne va pas pouvoir rester là, à ne rien faire. Tôt ou tard, si on ne va pas vers des réformes audacieuses pour plus de démocratie, plus de souveraineté, plus de libertés, le système va imploser. » Ainsi, le « modèle démocratique sénégalais », tant vanté, révèle aujourd’hui ses nombreuses failles. Les mesures répressives prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, avec l’instauration d’un couvre-feu, ont fissuré un peu plus l’édifice : pénalisant les nombreux travailleurs du secteur informel, elles ont renforcé les frustrations.

    Pour l’instant, le pouvoir maintient sa ligne. Le ministre de l’intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a blâmé, vendredi soir, les manifestants, évoquant des « actes de nature terroriste » et accusant Ousmane Sonko d’être responsable des violences. Ce dernier était toujours en garde à vue dimanche matin, après avoir été inculpé vendredi pour « participation à une manifestation non autorisée » et « troubles à l’ordre public », en lien avec les échauffourées qui ont eu lieu avant son arrestation entre ses partisans et les forces de l’ordre.

    Les partis d’opposition et mouvements de la société civile ont prévu de nouvelles manifestations lundi.
    #Sénégal #Néocolonial #freesenegal