#néoféodalisme

#néoféodalisme

On peut se rassurer en se disant que des sociétés aussi complexes que les nôtres, où l’état emploi des millions de personnes, ne peuvent se transformer aussi vite et aussi radicalement. Ce serait oublier que c’est exactement ce qui s’est passé à l’automne 1989, lorsque les habitants de cinq pays (dont celui où tu vis présentement, la RDA) en ont eu assez et ont simplement dit à leurs chefs le fond de leur pensée, provoquant du même coup un changement de régime. Ce qui est encore plus intéressant, c’est que les habitants de ces pays avaient déjà exprimé leur défiance auparavant. En 1953 en Allemagne de l’Est, en 1956 en Hongrie, en 1968 en Tchéquie et en 1980 en Pologne. A chaque fois, les forces de coercition ont remis tout le monde au pas. Ce n’est pas un hasard si les seules institutions protégées du marasme néolibéral sont l’armée et la police.14

Si ces changements de régime ont eu lieu, et avant eux les tentatives ratée, c’est que les liens entre le gouvernement, les administrés et l’administration ont évolué, passant d’une entente réglée par la loi à une relation fondée sur la peur. Peur pour l’administré de subir le courroux de l’administration, peur pour chaque agent de l’administration de son supérieur hiérarchique, peur pour les membres du gouvernement d’un putsch de leurs collègues. Le féodalisme permet de réguler ces peurs en s’assurant du soutien d’un ou plusieurs protecteur en échange de sa loyauté et éventuellement de corvées ou autres services.

Ce passage d’une société réglée par la loi à une société réglée par la peur, on l’observe déjà en France, où la séparation des pouvoirs, la première pierre d’un état de droit, a du plomb dans l’aile.15 En Allemagne, la processus est moins avancé mais il est déjà engagé. Ce néoféodalisme aura des conséquences très fortes sur notre quotidien. Sans la loi pour nous protéger, nous devrons en permanence nous assurer de la protection de personnes adéquates pour réaliser nos projets. C’est ce que vivent les Russes et les Ukrainiens depuis une vingtaine d’années et ça ne donne pas vraiment envie.

Avec cette deuxième clé, tu peux juger le programme des candidats. Cherche ceux qui souhaite rompre avec l’hégémonie néolibérale, ceux qui veulent redonner aux institutions un véritable rôle de contre-pouvoir.

C’est dans l’optique de prévenir un tel désastre que les institutions européennes agissent. Ainsi, il est concevable que l’Union se prépare à un coup de force en deux temps, et dont l’effet devrait être visible pas plus tard que mai 2014. Le premier temps consiste en une vaste réforme du rôle du parlement européen dans le système institutionnel de l’union. Mise en application avant les élections européennes de 2014, cette réforme permettrait de tourner la page Barroso, et de repartir sur une base bien plus représentative et démocratique que les précédents mandats de la Commission européenne. En effet, des élections européennes amenant à la nomination transparente et démocratique du Président de la Commission représenterait une avancé démocratique telle que, même sous un parlement et un gouvernement européen majoritairement euro-septique, l’Union ne pourrait être que reconnue comme légitimement établie. Peu importe quel groupe politique sort gagnant des élections de 2014, si elle parvient à attirer l’électeur, l’Union se sera finalement affirmée et fermement établie dans l’esprit collectif européen, ouvrant ainsi la porte vers une union plus unie et plus légitime. Sa mission suivante pourra, alors, être de rendre son image plus positive aux yeux de ces citoyens.

La légitimité de l’Europe sortira moins d’un saupoudrage démocratique que d’une véritable politique orientée vers les populations et non contre ! Aujourd’hui, ce qui est à l’œuvre c’est une forme assez grossière de la stratégie du choc chère aux néolibéraux et qu’a fort bien décortiquée Naomi Klein, qui consiste à profiter de toute crise profonde pour mettre à bas les structures et institutions d’un pays et réécrire un logiciel capitaliste libéral sur une page blanche bien fantasmée. La Grèce vient de subir cette politique de déconstruction avec la brutalité qui la caractérise, mais dans un contexte européen aussi tendu, la reconstruction me semble des plus hasardeuses, d’autant que les appétits des milieux économiques semblent ne pas vouloir se limiter aux pays du sud et lorgnent manifestement que un choc à l’échelle du continent.

Sinon, pensez à ajouter #seenthis, dans votre rubrique « gardez le contact »...

Va et vient avec cet autre post : ▻http://seenthis.net/messages/157532

La reconstruction d’un pays totalement dévasté par ce genre d’intervention se fait toujours selon un modèle néolibéral pur, c’est à dire avec des niveaux d’#inégalités optimisés au maximum, autrement dit, le fonctionnement normal du pays devient alors l’enrichissement phénoménal d’une petite frange de la population (généralement celle qui a conçu et participé à l’œuvre de destruction) par l’application d’une austérité à vie et donc par la #confiscation du gros des ressources de tout le reste de la population.

Je pense qu’on peut dire les choses encore plus crûment : la #stratégie du #choc consiste concrètement à abattre toutes les structures et institutions socio-démocratiques pour restaurer à la place une sorte de #néoféodalisme #technoïde.

Ceci dit, on nous serine par ailleurs qu’on a tout le luxe moderne, nous là, avec l’eau chaude et la TNT, Internet et les smartphones...
J’ai parfois l’impression que nous ne sommes que des poules dans un poulailler... et parce que le poulailler est ultramoderne, nous n’avons plus qu’à nous prosterner et à conclure que tout est parfait.

Comme l’ont appris à leur dépens les Grecs, nous ne possédons strictement rien, si ce n’est quelques hochets et colifichets high tech qui peuvent nous être enlevés à tout moment.

La légitimité de l’Europe sortira moins d’un saupoudrage démocratique que d’une véritable politique orientée vers les populations et non contre !

C’est la légitimité démocratique qui doit permettre de mener des politiques et non pas les politiques qui font naître la légitimité démocratique. L’essentiel est que les politiques publiques menées soient issues des orientations préconisées par les élus qui remportent les élections et que celles-ci restent des enjeux du débat public. Mais la démocratie ne présuppose pas du sens des politiques.

« Sinon, pensez à ajouter #seenthis, dans votre rubrique « gardez le contact »... » J’en parlerai au rédac’chef. De toute manière il faut revoir toute cette partie (et les convaincre de virer la boite facebook). Déjà j’ai remplacé les boutons de partage par une version maison. Existe-t-il pour seenthis l’équivalent du bouton « Like » ?

Non, pas vraiment. Par contre, tu choisis de « suivre » un compte.
Pour Myeurop, j’ai réussi à faire sauter le module twitter, et j’ai un petit modulte facebook avec des boutons dessous qui renvoient aux différents réseaux, dont Seenthis.

Je dirais plutôt la stratégie du choc à l’échelle d’un continent, comme je le commentais là : ▻http://seenthis.net/messages/157533#message157559

La reconstruction d’un pays totalement dévasté par ce genre d’intervention se fait toujours selon un modèle néolibéral pur, c’est à dire avec des niveaux d’#inégalités optimisés au maximum, autrement dit, le fonctionnement normal du pays devient alors l’enrichissement phénoménal d’une petite frange de la population (généralement celle qui a conçu et participé à l’œuvre de destruction) par l’application d’une austérité à vie et donc par la #confiscation du gros des ressources de tout le reste de la population.

Je pense qu’on peut dire les choses encore plus crûment : la #stratégie du #choc consiste concrètement à abattre toutes les structures et institutions socio-démocratiques pour restaurer à la place une sorte de #néoféodalisme #technoïde.

Dans les faits, cela ressemble pas mal basiquement à ce qui s’est passé en 1953 en Iran (▻http://fr.wikipedia.org/wiki/Mohammad_Mossadegh) ou en 1973 au Chili, sauf que ça se fait de façon moins spectaculaire, moins basiquement sanguinaire, plus diffuse. Les injonctions des agences de notation ont remplacé la CIA, mais dans les faits, il s’agit de mettre à sac un pays pour y instaurer un système politiquo-économique plus compatible avec l’intérêt des grandes puissances occidentales..

Historiquement, le galop d’essai de l’École de Chicago, c’était plutôt le Chili. Mais sinon, c’est parfaitement ça : un gros reboot de l’Europe.