• La fin du #néo-libéralisme et la renaissance de l’#histoire by Joseph E. Stiglitz - Project Syndicate
    https://www.project-syndicate.org/commentary/end-of-neoliberalism-unfettered-markets-fail-by-joseph-e-stiglitz-2019-11/french

    La forme de #mondialisation prescrite par le #néolibéralisme a laissé les personnes et des sociétés entières dans l’incapacité de prendre en main une bonne part de leur propre destinée, comme l’a expliqué si clairement Dani Rodrik de l’université Harvard et comme je l’affirme dans mes récents ouvrages, Gobalization and Its Discontents Revisited [non encore traduit] et Peuple, pouvoir et profits. Les conséquences de la libéralisation des marchés de capitaux furent particulièrement odieuses : dès lors qu’un candidat à la présidence d’un marché émergent perdait les faveurs de #Wall_Street, les #banques retiraient leur argent du pays. Les électeurs étaient alors placés devant un choix cornélien : céder à Wall Street ou faire face à une grave crise financière.

    On disait aux citoyens ordinaires, même dans les pays riches : « Vous ne pouvez pas mettre en place les #politiques que vous voulez – qu’il s’agisse de protection sociale, de salaires décents, d’impôt progressif ou de système financier correctement régulé – parce que le pays perdra sa compétitivité, que les emplois disparaîtront et que vous souffrirez. »

    Dans les pays riches comme dans les pays pauvres, les élites promettaient que les politiques néolibérales allaient conduire à une croissance économique plus rapide et que les profits allaient ruisseler, de sorte que tout le monde, même les plus pauvres, allait devenir plus riche. Pour y parvenir, il fallait toutefois accepter des salaires plus bas pour les travailleurs et les réductions d’importants services publics pour tous les citoyens.

    Les élites proclamaient que leurs promesses étaient fondées sur des modèles économiques scientifiques et sur des « recherches prouvées ». Eh bien, quarante ans plus tard, les chiffres sont là : la croissance a ralenti, et les fruits de cette croissance sont allés massivement vers l’infime minorité des plus riches. Tandis que les salaires stagnaient et que la Bourse s’envolait, les revenus et le patrimoine s’entassaient bien plus qu’ils ne ruisselaient.

    #dictature

  • Dean Baker - Greenhouse Gas Emissions and the Right to Dump Sewage on Your Lawn | Brave New Europe
    https://braveneweurope.com/dean-baker-greenhouse-gas-emissions-and-the-right-to-dump-sewage-on-

    In terms of how much we should be willing to pay, a recent analysis from the I.M.F.* not usually known as a place for whacky tree-hugging environmentalists, placed the global cost of the implicit subsidies for fossil fuels at 6.5 percent of GDP in 2017. That would come to around $5.7 trillion this year. You can retrofit a huge number of buildings, build many million electric powered cars, and install an awful lot of solar and wind power for $5.7 trillion.

    Just as an example, if an electric powered car costs on average $40,000, we can build more than 140 million cars with this money. That is twice the world’s annual production. And this figure is an annual figure, the study projects that the size of the subsidy is growing year by year.

    *https://www.imf.org/en/Publications/WP/Issues/2019/05/02/Global-Fossil-Fuel-Subsidies-Remain-Large-An-Update-Based-on-Country-Level-Esti

    #néolibéralisme #climat #énergie

  • Retraites : il n’y a pas de contre-réforme possible sans changement profond des politiques économiques - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/221219/retraites-il-n-y-pas-de-contre-reforme-possible-sans-changement-profond-de

    très bon papier sur la question des retraites comme symptôme de la nécessité de sortir des politiques qui ont échouées depuis trente ans.
    Par Romaric Godin

    Y a-t-il d’autres voies que celles du gouvernement pour les retraites ? Autrement dit : peut-on construire une contre-réforme à celle du gouvernement ? La question n’est pas que technique, elle est d’abord politique. La technique ne sert en réalité qu’à résoudre une équation de base qui repose sur des choix de société. Or ces choix sont moins liés à la retraite elle-même qu’à des politiques économiques plus larges. Décider de donner la priorité à l’équilibre financier ou aux droits à la retraite n’a de signification que si l’on élargit le point de vue. La question de la retraite n’existe pas en elle-même. Elle est le reflet de choix économiques. Aussi, toute « contre-réforme » ne peut faire l’économie d’une réflexion élargie.

    #Retraites #Néolibéralisme #Economie

  • #Grèce : 1956-2008 « CHRONIQUE D’UN RAVAGE » Documentaire d’Angelos Abazoglou (France, 2018, 56mn)

    Comment un petit pays comme la Grèce a pu déstabiliser l’économie de l’Europe entière ?
    Pourquoi le déferlement médiatique qui a suivi la crise de la dette de la zone euro a prétendument déposé le sort de l’UE dans les mains des Grecs ?

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=6&v=PTTwpM3FAYY&feature=emb_logo

    Passé le "choc affectif", l’arrivée de Syriza au pouvoir a porté tous les espoirs, mais les déceptions politiques et économiques du peuple grec ont resurgi.
    Le 20 août 2018, après dix ans de tutelle, la Grèce est sortie du plan d’assistance financière mis en place par Bruxelles et le FMI. "Un nouvel horizon se profile", s’est félicité le gouvernement grec. Vraiment ?
    Ce film en deux parties tente de comprendre comment la Grèce, et derrière elle toute l’Europe, a pu arriver à une faillite aussi foudroyante. Avec l’appui d’experts, d’historiens et d’économistes, il analyse également les grands récits politiques de la Grèce et questionne la relation intime qu’elle entretient avec le "grand frère" américain.

    1956-2008 Fondateur du Pasok, le parti social-démocrate, Andréas Papandréou accède au pouvoir comme Premier ministre en 1981. Il s’engage à "moderniser la société et socialiser l’économie" et à "la libérer de la domination impérialiste de l’Otan et de la CEE".
    Ce ténor de la lutte contre la dictature des colonels (1967-1974) reprend à son compte le mythe de la libération de la Grèce de sa condition de "protectorat" des grandes puissances. Mais suite à différents scandales, la droite conservatrice Nouvelle Démocratie gagne les élections en 1990…

    Grèce, chronique d’un ravage, 1956-2008 Documentaire d’Angelos Abazoglou (France, 2018, 56mn)

    Un des deux épisodes du réalisateur grec Angelos Abazoglou, « Chronique d’un ravage » (1926-1955, 1956-2008), qui aborde l’histoire très contemporaine de la Grèce et de son peuple, victimes durables des impérialismes dominants.
    Une ample documentation archivistique et des interviews d’historiens de divers pays.

    #ravage #économie #dictature #capitalisme #idéologie #histoire_contemporaine #société #néolibéralisme #crise_financière #ue #union_européenne #Angleterre #USA

  • Faire sa place Par Virginie Jourdain, artiste, commissaire d’expositions et travailleuse culturelle féministe

    Qui peut travailler gratuitement et payer son loyer ? Qui peut faire du réseautage tous les soirs ? Qui peut passer ses journées dans son atelier ? Qui peut partir en résidence d’artiste durant des mois à l’autre bout du monde ? … pas les précaires.

    Un milieu professionnel où les places sont rares et les personnes ont soif de reconnaissance (ou de pouvoir) ça n’est pas forcément le plus safe des contextes. On peut parfois constater que l’ambition de carrière équivaut parfois à pousser des coudes sans état d’âme pour faire son chemin, quitte à broyer du monde au passage, et ce, dans toutes les structures et organismes. Une des conséquences à cette réalité est que la communauté féministe et artistique, dans laquelle je gravite, est épuisée et que tout le monde a peur de perdre sa « place » ou d’éventuelles opportunités, tout en manquant clairement parfois de cohérence politique.

    Cette communauté qui dénonce les méfaits du néolibéralisme se vante en même temps d’être débordée et en surcharge de travail, ce qui s’avérerait être une preuve de réussite de carrière artistique. Comme si le débordement de travail était un gage de crédibilité ou bien d’une pratique de qualité. Il y a des réalités qui font que tu es broyée et cassée par ton travail. Les causes peuvent être multiples, un accident, une dépression, un burn out ou du harcèlement. Faire le paon avec sa biographie à chaque interaction sociale, cela va pourtant à l’encontre des convictions progressistes dont le milieu artistique se prétend être généralement l’étendard et des valeurs de solidarité et de caring défendues par la communauté féministe.

    https://dissident.es/faire-sa-place

    #rapports_de_classe #codes #art_contemporain #travail_gratuit #précarité #travail_gratuit #projets #néolibéralisme #réussite #carrière #féminisme #travail_de_l_art #travail #institutions #stages #travail_étudiant

  • La guerre sociale en France - Romaric GODIN - Éditions La Découverte
    https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-La_guerre_sociale_en_France-9782348045790.html

    La guerre sociale en France
    Aux sources économiques de la démocratie autoritaire
    Romaric GODIN
    La tentation d’un pouvoir autoritaire dans la France de 2019 trouve ses racines dans le projet économique du candidat Macron.
    Depuis des décennies, la pensée néolibérale mène une guerre larvée contre le modèle social français de l’après-guerre. La résistance d’une population refusant des politiques en faveur du capital a abouti à un modèle mixte, intégrant des éléments néolibéraux plus modérés qu’ailleurs, et au maintien de plus en plus précaire d’un compromis social. À partir de la crise de 2008, l’offensive néolibérale s’est radicalisée, dans un rejet complet de tout équilibre.
    Emmanuel Macron apparaît alors comme l’homme de la revanche d’un capitalisme français qui jadis a combattu et vaincu le travail, avec l’appui de l’État, mais qui a dû accepter la médiation publique pour « civiliser » la lutte de classes. Arrivé au pouvoir sans disposer d’une adhésion majoritaire à un programme qui renverse cet équilibre historique, le Président fait face à des oppositions hétéroclites mais qui toutes rejettent son projet néolibéral, largement à contretemps des enjeux de l’époque. Le pouvoir n’a ainsi d’autre solution que de durcir la démocratie par un excès d’autorité. Selon une méthode classique du néolibéralisme : de l’épuisement de la société doit provenir son obéissance.

    Comment la « guerre sociale » a été déclarée en France - Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2019/12/05/comment-la-guerre-sociale-a-ete-declaree-en-france

    Emmanuel Macron n’est donc pas original en étant néolibéral, toutes les élites françaises qui ont du pouvoir le sont depuis quatre décennies. Mais il l’est en étant prêt à tenter la guerre sociale pour imposer les formes les plus violentes de marchandisation de la vie quotidienne et de compétition entre les individus.

    La guerre sociale en France - Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2019/11/19/la-guerre-sociale-en-france

    Une partie importante de La guerre sociale est consacrée à souligner la distinction entre libéralisme « classique » et néolibéralisme ainsi que celle entre ce dernier et « l’ultra-libéralisme ». C’est un autre point de convergence avec nos travaux, et il serait heureux que la conscience de ces distinctions se diffuse en dehors des cercles académiques. En effet, comme le signale à juste raison Godin, dans la campagne présidentielle et même après, Emmanuel Macron a joué sur la confusion entre ces termes pour se donner une image acceptable pour une partie de l’électorat de gauche. Comme dans le néolibéralisme l’État a un rôle important à accomplir, mais que dans la confusion ambiante toute variante du libéralisme est considérée comme antiétatique, il lui a suffi d’affirmer qu’il défendait l’importance des politiques publiques pour ne pas passer pour un (néo)libéral de droite.

    #guerre_sociale #néolibéralisme

  • Le Classement De Shanghai. L’université Marchandisée
    Livre de #Hugo_Harari-Kermadec

    « Le classement de Shanghai mesure mal la qualité de l’enseignement supérieur…  » « Ce n’est pas aux étudiants d’évaluer les enseignants…  », « Les universitaires n’aiment pas qu’on les évalue… », etc. Seraient-ils corporatistes, recroquevillés sur leurs supposés privilèges ? Et pourquoi les dirigeants et les gestionnaires de l’Université tiennent-ils tellement à donner des notes et à classer (les chercheurs, les enseignants, les laboratoires, les universités...) ? Une vielle habitude d’enseignants ?

    Hugo Harari-Kermadec montre que l’enjeu principal de cette mise en nombre est de préparer la marchandisation de l’Université. Pour produire du Capital humain et s’insérer dans l’#économie_de_la_connaissance, l’Université devrait se transformer en profondeur, et le travail des universitaires devrait changer, coûte que coûte, de forme. Si les #classements et les autres dispositifs de mise en nombre sont aussi importants, c’est parce qu’ils jouent un rôle essentiel pour faire du service public d’enseignement supérieur un nouveau secteur marchand producteur de valeur économique et de profits.

    En saisissant un secteur en cours de marchandisation, Hugo Harari-Kermadec révèle un processus qui s’étend bien au-delà de l’Université, de l’hôpital aux tâches domestiques, des compteurs linky aux bigdata. Il donne une nouvelle légitimité aux résistances face à la mise en nombre et invite à retourner l’arme de la quantification comme instrument d’émancipation.

    http://www.editionsbdl.com/images/files/books/692.96b35a52.png?ts=1574839015
    http://www.editionsbdl.com/fr/books/le-classement-de-shanghai.-luniversit-marchandise/760
    #livre #université #marchandisation #classement_de_Shanghai #profit #valeur_économique #quantification #université_néo-libérale #néo-libéralisme #néolibéralisme #index #Shanghai

  • The Guardian view on university strikes: a battle for the soul of the campus

    The market model in higher education has created an intellectual precariat who are right to fight back.

    https://i.guim.co.uk/img/media/df26bbee42d6d108c24bbfa5e2e7f11f645a1511/0_20_3000_1800/master/3000.jpg?width=620&quality=85&auto=format&fit=max&s=7e84391bcc6ef8f2cc69da

    In his classic work The Idea of a University, the recently canonised St John Henry Newman described the core goal of higher education as “the cultivation of the intellect, as an end which may reasonably be pursued for its own sake”. Most of the lecturers who began just over a week of strike action on Monday will have entered academia hoping to play their part in that noble enterprise. Instead they find themselves in the vanguard of perhaps the most concerted and widespread wave of industrial action that our university campuses have known.

    In February and March last year, staff at 65 universities voted to strike over changes to their pensions, which could have seen many lose considerable sums in retirement. That ongoing dispute is part of the explanation why lecturers are back on the picket line. But this year they are also protesting in large numbers at stagnating pay, insecure contracts, and an ever-growing workload driven by often unachievable targets. An argument that began on the arcane territory of pensions investment has morphed into a full-blown challenge to a marketisation process that has, over the last decade, transformed university life for those who study in it and those who teach in it.

    From 2010 onwards, student tuition fees, introduced by Labour in 1998, became the chosen vehicle for an ideological revolution on campus. Tripling the cap to £9,000, David Cameron’s coalition government launched the era of the student consumer, tasked with shopping around for the best education deal. Universities, faced with huge cuts in funding from Westminster, responded accordingly by diverting huge resources into marketing and upmarket student accommodation. An architecture of competition was built, as limits on student numbers were lifted, pitting institutions against each other via a new bureaucracy of audits, assessments and satisfaction surveys.

    The new emphasis on student experience was overdue and welcome; it gave undergraduates power and voice. But the perverse consequences of the marketisation process have become familiar. Huge levels of student debt built up, to be paid back at exorbitant interest rates by either the student or the taxpayer; a new breed of vice-chancellor emerged, aping the language and drawing the salary of a business CEO, and attended by a court of financial managers and marketing experts. There was a huge diversion of resources to sometimes risky investment in real estate.

    In this brave new world, the almost forgotten fall-guys have been the academics whose job it is to deliver “the product”. According to research by the University and College Union, average academic pay has fallen by 17% in real terms since 2009, as investment priorities have been diverted elsewhere. An intellectual precariat has come of age, made up of millennials who stumble from year to year on temporary contracts, often part-time, wondering where the next teaching gig is coming from. The drive to keep student numbers buoyant has led to relentless micro-management of academic performance, much of it driven by questionable assumptions such as those of the teaching excellence framework, which a recent study found constructed “excellence” as the development of employability in students.

    The world of our universities has become anxious, tense and, for many, chronically insecure. A YouGov poll found that four out of 10 academics had considered leaving the sector as a result of health pressures. In a sector intended to promote the life of the mind, this does not seem to be a good way to do business. So far these strikes have received an encouraging level of support from students, some of whom have reportedly been warned by university authorities to stay away from picket lines. Overturning the wrong-headed priorities of our universities would certainly have the support of St John Henry Newman.

    https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/nov/25/the-guardian-view-on-university-strikes-a-battle-for-the-soul-of-the-ca

    #grève #UK #Angleterre #université #précarité #travail #retraite #néolibéralisme #néo-libéralisme #taxes_universitaires #compétition #marchandisation

  • À hauteur de taudis
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2019/11/13/hauteur-taudis-desmond

    C’est qu’aux États-Unis les loyers ne sont pas plus accessibles dans les ghettos et ce n’est pas nouveau. « Quand les taudis ont commencé à apparaître à New York au milieu du XIXe siècle, le loyer des pires taudis était de 30 % supérieur à celui que l’on payait dans les beaux quartiers. Dans les années 1920-1930, les loyers des logements délabrés dans les ghettos noirs de Milwaukee et de Philadelphie dépassaient ceux des meilleurs logements dans les quartiers blancs. » Peu à peu, sans que cela soit au centre de l’enquête, s’établit une compréhension des conséquences de la politique américaine du logement : la dérégulation totale du marché locatif par le lobby immobilier, jamais démentie depuis Reagan ; la destruction méthodique des aides sociales par des coupes budgétaires ou par des « contreparties » de travail forcé pour les bénéficiaires ; l’indigence des systèmes d’inspection sanitaire, de justice, de police, d’éducation, de santé, qui place chaque acteur dans une impuissance totale, etc. Les personnes rencontrées par Matthew Desmond lui fournissent la matière (sur)vivante d’un tableau atroce, qui donne chair aux réformes néolibérales des dernières décennies – malgré la prudence de l’auteur qui se refuse à conclure formellement sur la possibilité de généraliser les résultats de l’enquête.

  • How Neoliberal Thinkers Spawned Monsters They Never Imagined | naked capitalism
    https://www.nakedcapitalism.com/2019/11/how-neoliberal-thinkers-spawned-monsters-they-never-imagined.html

    We need to understand why reaction to the neoliberal economic sinking of the middle and working class has taken such a profoundly anti-democratic form. Why so much rage against democracy and in favor of authoritarian statism while continuing to demand individual freedom? What is the unique blend of ethno-nationalism and libertarianism afoot today? Why the resentment of social welfare policy but not the plutocrats? Why the uproar over [American football player and political activist] Colin Kaepernick but not the Panama Papers [a massive document leak pointing to fraud and tax evasion among the wealthy]? Why don’t bankrupt workers want national healthcare or controls on the pharmaceutical industry? Why are those sickened from industrial effluent in their water and soil supporting a regime that wants to roll back environmental and health regulations?

    [...]

    Democracy is a practice, an ideal, an imaginary, a struggle, not an achieved state. It is always incomplete, or better, always aspirational. There is plenty of that aspiration afoot these days—in social movements and in statehouses big and small. This doesn’t make the future of democracy rosy. It is challenged from a dozen directions – divestment from public higher education, the trashing of truth and facticity, the unaccountability of media platforms, both corporate and social, external influence and trolling, active voter suppression and gerrymandering, and the neoliberal assault on the very value of democracy we’ve been discussing. So the winds are hardly at democracy’s back.

    #néolibéralisme #démocratie

    • A propos de Bernard de Mandeville (Source : wikipédia) :

      Arrière petit-fils de Michel de Mandeville, huguenot normand émigré aux Pays-Bas vers 1595, Mandeville étudie la philosophie et la médecine à l’université de Leyde et devient docteur en médecine en 1691, et s’installe en 1693 en Angleterre pour le reste de sa vie.

      Il est connu principalement pour son poème La Fable des abeilles, publié une première fois en 1705 sous le titre The Grumbling Hive, or Knaves Turn’d Honest et réédité et commenté en 1714-1723 sous le titre Fable of the Bees : or, Private Vices, Publick Benefits.

      Il soutient l’idée que le vice, qui conduit à la recherche de richesses et de puissance, produit involontairement de la vertu parce qu’en libérant les appétits, il apporte une opulence supposée ruisseler (hé oui) du haut en bas de la société. Aussi, Mandeville estime que la guerre, le vol, la prostitution, l’alcool et les drogues, la cupidité, etc., contribuent finalement « à l’avantage de la société civile » : « Soyez aussi avide, égoïste, dépensier pour votre propre plaisir que vous pourrez l’être, car ainsi vous ferez le mieux que vous puissiez faire pour la prospérité de votre nation et le bonheur de vos concitoyens ».

      Sa philosophie a notamment influencé l’économiste Adam Smith.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Fable_des_abeilles

      Et pour celles et ceux qui auraient le courage et/ou le temps de se plonger là-dedans :

      https://journals.openedition.org/ress/843#tocto1n1

      Dans les textes rassemblés dans la Fable des abeilles, Bernard Mandeville a proposé une théorie de l’évolution culturelle en s’inspirant des selfish systems of morals du xviie siècle (La Rochefoucauld, Esprit, Nicole, Bayle…). Il y explique que les gens poussés par les « plus méchants » ont mis sur pied une superstructure morale et juridique qui, en les poussant à collaborer entre eux, a créé et fait progresser la civilisation. Cet article vise d’abord à explorer spécifiquement le rôle joué par les « pires des hommes ». Mandeville a proposé pour ce faire une ingénieuse argumentation théorique à partir de l’idée selon laquelle la plupart des mandatés et mandataires ne cessent pas de chercher à se berner les uns les autres du fait de l’existence entre eux d’asymétries informationnelles.

      #néo-libéralisme #idéologie

  • Lettre du Chili

    https://lavoiedujaguar.net/Lettre-du-Chili

    Ce que nous vivons ici est magnifique ! Cela fait deux semaines maintenant que ce soulèvement nous a permis de vaincre la peur, l’indolence et la frustration de vivre sous la dictature de l’argent, mais aussi de nous rencontrer comme êtres humains, par-delà toutes les identités qui nous avaient maintenus séparés.

    Depuis le début, cette insurrection généralisée spontanée exprime une critique en actes du mode de vie capitaliste. Elle exproprie et détruit ses symboles et ceux de l’État : supermarchés, pharmacies, banques, commissariats, édifices municipaux, etc. Ses revendications sont nombreuses, si nombreuses que chacun sait que la seule question qui se pose est celle d’un changement structurel. « Plus rien ne sera comme avant », entend-on dans les rues. Notre désir de vivre a retrouvé de la force dans l’aventure de cette lutte contre le système.

    La précarisation qui prévaut dans ce territoire et contre laquelle ce mouvement s’est levé, n’est pas le produit de mesures d’austérité. Ici, l’état de bien-être n’a jamais existé. Elle est le résultat d’un saccage organisé par l’État-Capital. (...)

    #Chili #soulèvement #Pinochet #dictature #néolibéralisme #assemblées

  • Romaric Godin : « Les élites néolibérales ne veulent plus transiger avec le corps social »
    https://lvsl.fr/romaric-godin-les-elites-neoliberales-ne-veulent-plus-transiger-avec-le-corps-s

    Nous avons retrouvé Romaric Godin au siège de Médiapart, dans le XIIe arrondissement parisien. Journaliste économique, passé par « La Tribune » où ses analyses hétérodoxes l’ont fait connaître, il travaille désormais pour le site d’actualité dirigé par Edwy Plenel. En septembre dernier, il publie son premier livre « La guerre sociale en France. Aux sources économiques de la démocratie autoritaire » paru aux éditions La Découverte. Dans cet essai, il développe ce qui constitue selon lui la spécificité du moment Macron et analyse les racines sociales et économiques profondes qui ont présidé à l’avènement du néolibéralisme autoritaire qu’il dépeint. Source : Le vent se (...)

  • Prix Nobel d’économie 2019 : les limites de la méthode des essais cliniques
    http://theconversation.com/prix-nobel-deconomie-2019-les-limites-de-la-methode-des-essais-clin

    Le prix Nobel d’économie vient d’être attribué à Esther Duflo, Abijit Banerjee et Michael Kremer pour leur travail consistant à adapter la méthode des essais cliniques aux interventions en matière de développement. Le jury Nobel a jugé que ce nouveau type d’expérimentation a « considérablement amélioré notre capacité à lutter contre la pauvreté globale » et « à transformer l’économie du développement ». S’il y a des raisons de s’en réjouir (l’une des trois nominé·e·s est une femme, jeune et française de surcroît ; le prix rend ses lettres de noblesse à l’économie du développement et à des travaux empiriques proches du terrain), il faut néanmoins questionner la validité et les conséquences de l’usage croissant de cette méthode.

    Depuis une quinzaine d’années, ces essais cliniques (qu’on désigne couramment par leur acronyme anglais RCT, pour randomized control trials) se sont ouverts à un champ nouveau : celui des politiques et de l’aide au développement. Une vaste panoplie d’interventions est ainsi passée au crible de la « randomisation », notamment en matière d’éducation (incitations visant à réduire l’absentéisme des enseignants, vermifuges destinés à diminuer l’absence des élèves), de santé (filtres à eau, moustiquaires, formations ou systèmes de primes pour le personnel soignant, consultations gratuites, conseils médicaux par SMS, etc.), de finance (microcrédit, microassurance, épargne, éducation financière) ou encore de « gouvernance ».

    Les RCT appliquées au développement pourraient être une avancée scientifique, à condition d’en reconnaître les limites (nombreuses) et le champ d’application (étroit). Prétendre résoudre la pauvreté avec ce type de méthode, comme le revendiquent certain·es de ses promoteurs, et au premier chef les trois lauréats du prix Nobel, est une double régression : épistémologique d’abord, puisque cette prétention illustre une conception positiviste de la science, aujourd’hui surannée ; politique ensuite, puisque des questions pourtant centrales pour la compréhension et la lutte contre la pauvreté et les inégalités sont laissées de côté.

    La consécration va-t-elle conduire les randomisateurs du développement à plus de mesure quant aux bienfaits des différentes méthodes, ou au contraire à en profiter pour consolider leur position déjà quasi hégémonique ? Il y a de bonnes raisons d’être inquiets.

    #Nobel_économie #Essais_aléatoires #Politique_développement

    • Arguments scientifiques... et arguments politiques.

      Comment justifier un tel succès ? Ce n’est pas toujours la supériorité scientifique de certaines méthodes ou théories qui explique leur réussite, mais la capacité de leurs promoteurs à convaincre à un moment donné un nombre suffisant d’acteurs. En d’autres termes, le succès vient à la fois d’une offre et d’une demande. Du côté de la demande, le succès des RCT illustre l’évolution de la discipline économique (priorité est donnée à la quantification, aux fondements micro de processus macro, et, au sein des fondements micro, aux ressorts psychologiques et cognitifs des comportements individuels).

      Le succès des RCT illustre également les transformations du secteur de l’aide au développement, où se multiplient les petits projets s’efforçant de corriger les comportements individuels plutôt que de mettre en place ou de maintenir des infrastructures et des politiques nationales de développement.

      Ou comment essayer d’améliorer le sort des gens dans un contexte néo-libéral.
      #individualisation #néolibéralisme

  • La Poderosa, le cri de l’Argentine d’en-bas
    https://lemediapresse.fr/international/la-poderosa-le-cri-de-largentine-den-bas

    Leader charismatique de La Poderosa, mouvement populaire qui porte la voix des plus démunis en #Argentine et dans le reste de l’Amérique latine, Ignacio Levy, 39 ans, est devenu malgré lui une figure politique dans son pays. A l’heure de la fin du mandat néolibéral de Mauricio #Macri, il dénonce jusqu’au siège de l’ONU l’inaction de l’État et les violences policières dans les bidonvilles argentins.

    #International #Elections #Néolibéralisme

  • Catastrophes du 737 MAX : « La triple faute de Boeing »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/24/catastrophes-du-737-max-la-triple-faute-de-boeing_6016738_3234.html

    Et, comme dans la plupart des accidents technologiques majeurs, elle peut se lire à trois niveaux : ceux du produit, du système et de l’entreprise. Avec comme trait d’union la confiance excessive.

    Confiance dans la machine, d’abord. A l’heure où l’on affirme que l’ordinateur est le seul vrai pilote d’un avion, cette affaire rappelle que des hommes se cachent derrière les robots, et que la négligence d’un programmateur peut aboutir à des centaines de morts. En l’occurrence, le programme de maintien automatique de la stabilité de l’avion ne s’appuyait que sur les données d’un seul capteur, alors que l’avion en possède deux et qu’ils ne donnaient pas les même chiffres d’inclinaison de l’appareil.

    Confiance excessive dans le système, ensuite. L’Agence fédérale américaine de l’aviation, la FAA, n’a pas non plus fait son travail de certification correctement. Par manque de moyens, elle a délégué les contrôles aux ingénieurs de Boeing, redescendant le problème au niveau de l’entreprise, alors qu’elle est justement là pour garantir l’objectivité de l’examen. Comme dans tous les domaines économiques régulés (pharmacie, nucléaire, télécoms, banque, transports…), l’instance de contrôle est peuplée d’experts nécessairement proches des industriels. Ce biais est très connu et les moyens de le combattre, aussi. La FAA devra revoir ses procédures.

    Trop grande confiance de l’entreprise elle-même, enfin. Tout à sa rivalité avec Airbus et à son souhait de contenter ses actionnaires par des résultats mirobolants, elle n’a cessé de privilégier la piste des économies, certaine d’être la championne du monde de son secteur. L’arrogance du premier de la classe et son obsession de la vitesse et du rendement l’ont conduit à négliger toutes les pistes d’amélioration, jugées trop chères, et les signaux envoyés par les pilotes ayant testé l’appareil. Rejetant la faute du premier accident sur la compétence des pilotes.

    #Boeing #Sécurité #Néolibéralisme

  • Au #Chili, « il n’y a plus d’espoir que le modèle #néolibéral de développement porte ses fruits »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/22/derriere-le-miracle-economique-chilien-une-societe-profondement-inegalitaire

    L’accès aux études secondaires, et surtout supérieures, est très coûteux. Même constat pour les soins médicaux. « Lors de l’une de mes études dans le pays, j’ai été confrontée au cas d’un avocat qui a été contraint de déscolariser son enfant pendant un semestre pour pouvoir s’acquitter de la facture de son traitement médical », raconte Cécile Faliès. Quant à la retraite publique, son montant n’atteint même pas le seuil du salaire minimum et beaucoup de personnes âgées sont dans des situations d’indigence.

  • #Crises sociales, crises démocratiques, crise du #néolibéralisme
    21 OCTOBRE 2019
    PAR #ROMARIC #GODIN

    Les tensions sociales dans le monde ont un point commun : le rejet des #inégalités et de la perte de contrôle démocratique. Le moteur de la #contestation pourrait bien être la perte de pertinence face aux défis actuels du néolibéralisme, qui aggrave sa propre #crise et ouvre la porte à l’affrontement.

    Les militaires dans les rues de Santiago du #Chili, la place Urquinaona de #Barcelone en flammes, des barricades qui hérissent les rues de #Beyrouth… Pendant que la France politique et médiatique se passionne pour un voile, le monde semble s’embraser. Car ces scènes d’#émeutes violentes qui ont marqué les derniers jours ne sont pas isolées. Elles viennent après des scènes similaires en #Équateur, en #Haïti (où le soulèvement populaire se poursuit), en #Irak, en #Égypte, en #Indonésie, à #Hong_Kong, en #Colombie… Sans compter les mouvements moins récents au Zimbabwe, au Nicaragua, en Roumanie et en Serbie durant l’hiver dernier ou, bien sûr, le mouvement des #gilets_jaunes en France.

    Évidemment, il est possible de ne voir dans tous ces événements que des mouvements locaux répondant à des cas précis : la pauvreté endémique en Haïti, la persistance du militarisme de la droite chilienne, la dollarisation partielle ou totale des économies équatorienne et libanaise, le refus de l’#Espagne de reconnaître l’existence d’une « question catalane » ou encore l’aspiration démocratique de Hong Kong. Toutes ces explications sont justes. Mais sont-elles suffisantes ? Les mouvements sociaux ou démocratiques locaux ont toujours existé, mais qu’on le veuille ou non, la particularité du moment est bien qu’ils surgissent au même moment. Immanquablement, cet aspect contemporain des #révoltes sur les cinq continents amène à penser qu’il existe bien un lien entre elles.

    Le néolibéralisme veut vivre et aggrave sa propre crise

    Ce lien pourrait bien se trouver dans la grande crise dans laquelle le monde est entré en 2007-2008. Au-delà de ce qu’en retiennent la plupart des observateurs, le « grand krach » qui a suivi la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008, cette crise est bien plus profonde et elle s’est poursuivie jusqu’à nos jours. Car ce n’est pas une simple crise financière ou économique, c’est la crise d’un mode de gestion du capitalisme, le néolibéralisme, qui se fonde sur la mise au service du capital de l’État, la financiarisation de l’économie et la marchandisation de la société.

    Comme celle des années 1930 ou 1970, la crise actuelle remet en cause profondément le fonctionnement contemporain du capitalisme. Ces crises sont souvent longues et accompagnées de périodes de troubles. Comme l’a montré l’historien Adam Tooze dans Le Déluge (Les Belles Lettres, 2015), la crise de 1929 n’est pas le début d’une perturbation du capitalisme, laquelle a commencé pendant la Première Guerre mondiale et n’a réellement trouvé son issue qu’après cette Grande Guerre. Quant au néolibéralisme, il ne s’est imposé que dans les années 1990, vingt ans après le début de la crise de l’ancien paradigme.

    Aujourd’hui encore, la crise est longue et s’approfondit à mesure que le néolibéralisme se débat pour ne pas mourir. Or en voulant survivre, il pousse le monde dans l’abîme. Car, certes, le néolibéralisme a survécu au choc de 2008 et il a même pu revenir après 2010 pour proposer comme solutions au monde l’austérité budgétaire et les « réformes structurelles » visant à détruire les protections des travailleurs et des plus fragiles. Mais en cherchant à rester dominant, le néolibéralisme a encore approfondi sa propre crise.

    Le premier salut de ce système économique mondial a été en effet une fuite en avant dans la croissance menée principalement par un régime chinois soucieux de continuer à alimenter la demande occidentale, dont vit son système économique. Et cette fuite en avant s’est traduite par une surproduction industrielle inouïe qui n’est pas pour rien dans la dégradation brutale de la situation climatique actuelle. Quelques chiffres le prouveront aisément. La Chine produit en deux ans plus d’acier que le Royaume-Uni, qui fut longtemps le premier producteur mondial, en 150 ans et plus de ciment que les États-Unis au cours de tout le XXe siècle. Cette stratégie a échoué. Elle a conduit à un ajustement de l’économie chinoise qui a frappé directement ses fournisseurs émergents, du Brésil à l’Argentine en passant par l’Équateur et le Venezuela. Tous ont vu disparaître la manne des matières premières et ont dû ajuster leurs politiques.

    L’autre moteur de la sauvegarde du néolibéralisme a été la politique monétaire conçue comme un moyen d’éviter toute relance budgétaire dans les pays occidentaux, mais qui, en réalité, n’est parvenue à sauver que le secteur financier et les grands groupes multinationaux. Ce plan de sauvetage du néolibéralisme a profondément échoué. La croissance mondiale n’a pas redécollé et la productivité est au plus bas malgré la « révolution technologique ». Le secteur privé investit trop peu et souvent mal. Depuis quelques mois, l’économie mondiale est entrée dans une phase de nouveau ralentissement.

    Dans ces conditions, l’application continuelle des réformes néolibérales pour sauvegarder les marges des entreprises et les revenus des plus riches a eu également un effet aggravant. On l’a vu : les profits sont mal ou peu investis, la productivité ne cesse de ralentir et la richesse à partager est donc moins abondante. Mais puisque, pour réagir à ce ralentissement, on donne encore la priorité aux riches et aux entreprises, donc à ceux qui investissent mal ou peu, alors les inégalités se creusent encore plus. Dans cette logique, dès qu’un ajustement doit avoir lieu, on réclame aux plus modestes une part d’effort plus importante : par une taxe proportionnelle comme celle sur les appels Whatsapp au Liban, par la fin des subventions pour les carburants en Équateur ou en Haïti ou encore par la hausse du prix des transports publics au Chili. Toutes ces mesures touchent de plein fouet les besoins des populations pour travailler et générer des revenus.

    Quand bien même le différentiel de croissance rapprocherait les économies émergentes de celles de pays dits plus avancés et ainsi réduirait les inégalités au niveau mondial, dans tous les pays, les inégalités nationales se creusent plus que jamais. C’était le constat que faisait l’économiste Branko Milanović dans Inégalités Mondiales (2016, traduit par La Découverte en 2018) qui y voyait un retour de la question des classes sociales. C’est donc bien à un retour de la lutte de classes que l’on assiste au niveau mondial.

    Longtemps, on a pensé que la critique du néolibéralisme était un « privilège de riches », réservée aux pays les plus avancés qui ne connaissaient pas les bienfaits de ce système. D’une certaine façon, la hausse des inégalités était le prix à payer pour le développement. Et il fallait l’accepter au nom de ces populations que l’on sortait de la misère. Mais ce discours ne peut plus fonctionner désormais et c’est la nouveauté de la situation actuelle. La contestation atteint les pays émergents. Le coup d’envoi avait été donné dès 2013 au Brésil, juste après le retournement du marché des matières premières, avec un mouvement social inédit contre les mesures de Dilma Rousseff prévoyant une hausse du prix des transports publics. Désormais, la vague s’intensifie et touche des pays qui, comme le Chili, ont longtemps été présentés par les institutions internationales comme des exemples de réussite et de stabilité.

    Dans ces pays émergents, le ressort du néolibéralisme s’est aussi brisé. Son besoin de croissance et de concurrence le mène dans l’impasse : alors que la croissance est moins forte, la réalité des inégalités apparaît tandis que les hausses passées du niveau de vie font perdre de la compétitivité dans un contexte de ralentissement du commerce mondial. Le mirage d’un rattrapage des niveaux de vie avec les pays les plus avancés, la grande promesse néolibérale, disparaît avec les mesures déjà citées. Aucune solution n’est proposée à ces populations autre qu’une nouvelle paupérisation.

    Le retour de la question sociale

    Mais le néolibéralisme n’en a que faire. Enfermé dans sa logique de croissance extractiviste et comptable, il s’accroche à ses fantômes : la « théorie du ruissellement », la courbe de Laffer ou encore le « théorème de Coase » voulant que les questions de justice distributive doivent être séparées de la réalité économique. Il le fait grâce à un autre de ses traits saillants : « l’encadrement » de la démocratie. « L’économique » ne saurait relever du choix démocratique, il doit donc être préservé des « affects » de la foule ou, pour reprendre le mot devenu célèbre d’Emmanuel Macron, de ses « passions tristes ». Mais cet enfermement est de moins en moins possible alors que les inégalités se creusent et que la crise climatique s’exacerbe. Après cinq décennies de démocratie encadrée, les populations réclament que l’on prenne en compte leurs urgences et non plus celles des « marchés » ou des « investisseurs ».

    La crise actuelle du néolibéralisme a donc trois faces : une crise écologique, une crise sociale et une crise démocratique. Le système économique actuel est incapable de répondre à ce qui devient trois exigences profondes. Face à l’urgence écologique, il propose de répondre par les marchés et la répression fiscale de la consommation des plus faibles. Face à l’urgence sociale et démocratique, la réponse est l’indifférence. Car en réalité, répondre à ces demandes supposerait un changement profond de paradigme économique.

    Investir pour le climat supposerait ainsi de réorienter entièrement les investissements et de ne plus fonder l’économie uniquement sur une croissance tirée par les bulles immobilières et financières. Cela supposerait donc une remise à plat complète du système de création monétaire, ce qui est en germe dans le Green New Deal proposé aux États-Unis et qui effraie tant les économistes néolibéraux. Car, dès lors, la transition climatique ne se fera plus contre les classes sociales fragilisées mais avec elles. En assurant une redistribution massive des ressources au détriment des plus riches, on donnera ainsi aux classes les plus modestes les moyens de vivre mieux sans détruire la planète. Enfin, une association plus étroite des populations aux décisions permettrait de contrôler que ces dernières ne se font pas pour l’avantage des plus riches et du capital, mais bien de l’intérêt commun. Or, c’est précisément ce que le néolibéralisme a toujours rejeté : cette capacité de la démocratie à « changer la donne » économique. Précisément ce dont le monde a besoin aujourd’hui.

    Autrement dit : ces trois urgences et ces trois exigences sont profondément liées. Reposer la question sociale, c’est nécessairement aujourd’hui poser une question démocratique et écologique. Mais comme ce changement est profondément rejeté par le néolibéralisme et les États qui sont acquis à sa logique, il ne reste alors que la rue pour exprimer son besoin. C’est ce qui est sur le point de se cristalliser aujourd’hui. Selon les régions, les priorités peuvent être différentes, mais c’est bien un même système qui est remis en cause, ce néolibéralisme global. Au reste, tous les mouvements connaissent une évolution où la question démocratique et sociale se retrouve, parfois avec des préoccupations écologiques conscientes. Partout, donc, la contestation est profonde et touche au système économique, social et politique.

    Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux samedi 19 octobre, on voit des policiers espagnols frappant les manifestants indépendantistes catalans dans les rues de Barcelone. Sur le mur, un graffiti en catalan se détache : « aço és llutta de classe », « ceci est une lutte de classe ». Derrière la question nationale catalane s’est toujours placée la revendication d’une société plus juste et redistributive. Lorsque frappe la répression, cette réalité reprend le dessus. La volonté de reprendre le contrôle démocratique en Catalogne traduit aussi des priorités sociales et écologiques (un des condamnés par la justice espagnol, Raül Romeva, a été un élu écologiste avant de rejoindre le mouvement indépendantiste).

    En France, le mouvement des gilets jaunes ne s’est pas arrêté à une simple « jacquerie fiscale » et la fin de la hausse de la taxe carbone n’a pas mis fin au mouvement. Ce dernier a remis en cause la pratique démocratique du pays et la politique anti-redistributive du gouvernement et le mouvement a même rejoint les mouvements écologistes, comme l’a montré l’occupation d’Italie 2 début octobre. Les angoisses de « fin du mois » et de « fin du monde » commencent à converger. En Équateur, la situation est assez comparable : la lutte contre la fin des subventions à l’essence a permis de mettre en avant l’ampleur des inégalités touchant les populations autochtones, lesquelles sont depuis des années en révolte contre la logique extractiviste de gouvernements à la recherche de dollars.

    Au Liban, où sept personnes détiennent l’équivalent d’un quart du PIB, le rejet du plan de « réformes » prévoyant taxes pour les plus pauvres et privatisations s’est aussi accompagné d’un rejet du gouvernement qui, pourtant, regroupe l’essentiel des partis du pays. Ce lien entre mouvement social et démocratisation est également évident au Chili. À Hong Kong, la contestation démocratique contre un régime chinois qui cherche à tout prix à cacher la crise de son modèle économique a pris un tournant social évident.

    Cette crise n’est qu’un début. Rien ne permet d’espérer que cette crise néolibérale se règle rapidement, bien au contraire. Aux pressions sociales vont s’ajouter les catastrophes climatiques à répétition, comme celles qu’ont connues les Caraïbes depuis quelques années, qui ne feront que dégrader les conditions sociales. Surtout, les États semblent incapables de trouver d’autres solutions que celles issues du bréviaire néolibéral. Certes, en Équateur ou au Liban, les manifestants ont obtenu satisfaction avec le retrait des projets contestés. Au Liban, une mesure redistributive, une taxe sur les bénéfices bancaires a même été accordée. Mais ces victoires sont fragiles et, comme on l’a vu, elles n’épuisent ni les problèmes sous-jacents, ni les revendications démocratiques.

    Confronté à ce conflit permanent et à la contestation de son efficacité, le néolibéralisme pourrait alors se durcir et se réfugier derrière la « violence légitime » de l’État pour survivre. Comme Emmanuel Macron en France qui justifie toutes les violences policières, Pedro Sánchez en Espagne, qui n’a visité que des policiers blessés à Barcelone ce 21 octobre ou Sebastián Piñera, le président chilien invité du G7 de Biarritz en septembre, qui a fait ses annonces sous le regard de militaires comme jadis Augusto Pinochet… Ce dernier a ouvertement déclaré : « Nous sommes en guerre », à propos des manifestants. La guerre sociale devient donc mondiale et elle implique le néolibéralisme et ses défenseurs contre ses opposants.

    Devant la violence de cette guerre et l’incapacité des gouvernants à dépasser le néolibéralisme, on assisterait alors à une convergence du néolibéralisme, autrement dit de la défense étatique des intérêts du capital, avec les mouvements néofascistes et nationalistes, comme cela est le cas depuis longtemps déjà dans les anciens pays de l’Est ou, plus récemment, dans les pays anglophones, mais aussi désormais en Inde et en Chine. Le besoin de stabilité dont le capital a si impérieusement besoin ne pourrait alors être acquis que par une « militarisation » de la société qui accompagnerait sa marchandisation. Le néolibéralisme a prouvé qu’il n’était pas incompatible avec cette évolution : son laboratoire a été… le Chili de Pinochet, un pays alors verrouillé pour les libertés, mais fort ouvert aux capitaux étrangers. Ce retour de l’histoire pourrait être un présage sinistre qui appelle désormais à une réflexion urgente sur la construction d’une alternative sociale, écologique et démocratique.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/211019/crises-sociales-crises-democratiques-crise-du-neoliberalisme?onglet=full

  • Cross entrepreneurship training - appel à participation des enseignants pour évaluation de Moocs

    Bonjour à tous,

    #Pépite_oZer cherche des enseignants prêts à évaluer des MOOCs dans les domaines de l’entrepreneuriat étudiant. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du projet du Cross Entrepreneurship Training de l’#IDEX. Elle consiste à créer un catalogue de MOOCs pour favoriser la #formation_à_distance des #étudiants_entrepreneurs dans des domaines relatifs à leur projet entrepreneurial.

    Les MOOCs concernent les champs de compétences suivants :

    esprit d’entreprendre,
    finance et comptabilité,
    business plan,
    gestion de projet,
    marketing et vente,
    GRH et management,
    droit,
    Technologie et développement web
    Innovation et créativité.

    Ainsi, l’enseignant devra suivre le MOOC dans son intégralité, puis compléter une grille d’évaluation fournie par le Pépite oZer.

    Ce travail sera reconnu et rémunéré à la hauteur d’1h d’équivalent TD par heure de MOOC étudié.

    Reçu dans ma boîte mail aujourd’hui, le 10.10.2019...

    #université #bullshit #néolibéralisme #France #Grenoble #université_grenoble_alpes
    #même_pas_honte

  • Quand les #procédures prennent le dessus de la #raison... ça doit faire cela comme effet...

    "Je prends note de vos remarques. Néanmoins, je tiens à rappeler la procédure à suivre en cas de contestation.
    Conformément à la charte des examens et au règlement des études, toute constestation doit être formulée par écrit et au président du jury dans un délai de deux mois.
    Ce qui entraine « en principe » une nouvelle délibération sur cette étudiante.
    En revanche, cette nouvelle délibération n’est possible que dans un délai de 4 mois à compter de la proclamation des résultats.
    Nous sommes donc hors délai puisqu’il s’agit du semestre 9.

    Par conséquent, je demande au président du jury semestre 9 et au président du jury diplôme, d’emettre un avis par mail, afin que ledit mail soit joint au PV définitif.
    Pour information, la modification sera apportée uniquement après les inscriptions adminitratives."

    C’est un mail que j’ai reçu de l’administration de l’université où je travaille... Quelle #fatigue...

    #Absurdistan #procédurisme #université #fac #administration #France #absurdité #néolibéralisme (je mets le mot néolibéralisme, je ne sais pas si ce genre de choses est la conséquence de la gestion néolibérale des universités en France, mais je pense qu’il doit y avoir un lien...)

  • « Donald Trump menace la démocratie et l’économie des Etats-Unis »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/260919/donald-trump-menace-la-democratie-et-l-economie-des-etats-unis

    Dans un #Entretien à Mediapart, Joseph Stiglitz, qui publie un nouvel ouvrage le 26 septembre, explique en quoi Donald Trump est le symptôme de la crise du néolibéralisme, mais constitue aussi une menace pour les valeurs des États-Unis.

    #néolibéralisme,_Stiglitz,_Etats-Unis

  • AMI EUR> AAP SFRI - Structures de formation par la recherche dans les initiatives d’excellence

    L’ANR lancera bientôt un appel à projets (réservé aux IDEX et I-site) concernant des structures de formation par la recherche dans les initiatives d’excellence (SFRI).
    Une SFRI est un ensemble d’écoles universitaires de recherche (EUR) proposant une offre de formation aux niveaux master et doctorat.

    Pardon ? C’est quoi au juste ?
    Message reçu dans ma boîte mail professionnelle (10.09.2019)... mail reçu du président de l’#université Grenoble Alpes...

    Une #novlangue incompréhensible... et évidemment, la belle rhétorique de l’#excellence partout !
    #néolibéralisme #université_néolibérale #IDEX #SFRI #EUR #formation #mots #rhétorique #excellence #vocabulaire

    • Quelques éléments de plus, reçus via une collègue:

      Il s’agit d’un appel à projet (réservé aux IDEX) concernant des structures de formation par la recherche dans les initiatives d’excellence (SFRI). Une SFRI est un ensemble d’école universitaire de recherche (EUR) qui propose une offre de formation aux niveaux master et doctorat. Elle viendrait compléter l’offre de formation « classique », s’adresserait à des étudiants d’excellence avec bien entendu une forte dimension internationale. Un seul projet sera déposé par l’UGA et concernera entre 30 et 40 étudiants pour un budget de 200 k€/an à répartir entre toutes les propositions. Il s’agit dans un premier temps de faire remonter des intentions de projet. Là aussi, nous n’avons pas eu plus d’information que ce qui est inscrit dans le texte.

  • Les natures de la ville néolobérale. Une #écologie_politique du végétal urbain

    Une contribution inédite sur la #nature_urbaine, fruit d’une enquête de terrain de plusieurs années, complété par de nombreuses interviews.
    « #Zéro_phyto », #gestion_écologique : les #espaces_verts urbains longtemps conçus sur le mode « nature morte » de la tradition horticole se font de plus en plus vivants. Plus participatifs aussi, comme en témoigne la prolifé­ration des programmes de #jardinage_collectif. Cet ouvrage invite à com­prendre l’insertion de ces transforma­tions dans les nouvelles logiques de production de la ville et des services urbains.
    Sur la base d’enquêtes de terrain menées à #Genève (#Suisse) – auprès de responsables administratifs, politiques et associatifs, de travail­leurs de la nature, et de citadins-jar­diniers – il illustre la manière dont les politiques urbaines néolibérales faisant la part belle à l’événement, au managérialisme et aux partenariats publics-privés modèlent la ville vi­vante et le rôle qu’y jouent humains et non-humains. En détaillant le traitement réservé à différentes formes de végétaux – horticoles, vivriers, bio-divers – l’ouvrage développe des outils conceptuels pour une écologie politique du végétal urbain.


    https://www.uga-editions.com/menu-principal/actualites/a-paraitre/les-natures-de-la-ville-neoloberale-544600.kjsp
    #urban_matter #jardinage #villes #livre #Marion_Ernwein #néolibéralisme