• Domestiques en lutte : la nouvelle classe ouvrière - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/08/27/domestiques-en-lutte-la-nouvelle-classe-ouvriere_1747595
    Par Caroline Ibos, maîtresse de conférences en science politique à Rennes-II, chercheuse au Laboratoire des études de genre et de sexualité (CNRS) — 27 août 2019

    Dans des contextes nationaux très différents, leurs situations présentent néanmoins des similarités : isolées dans le #travail, vulnérables économiquement et sexuellement, elles sont souvent #victimes de #discriminations raciales et presque toujours aux marges du droit. Il faut ainsi se défaire de l’idée que, dans les #riches #démocraties #néolibérales, le #droit protégerait les domestiques des abus. Pour ne parler que de la France, un droit du travail exorbitant s’applique aux #employé·e·s_de_maison, puisqu’une convention collective autorise à les rémunérer en dessous du #smic, que la durée du travail hebdomadaire est fixée à quarante heures et que l’inspection du travail ne peut pénétrer au domicile des #patrons sans l’autorisation de ces derniers. Mes recherches récentes montrent que nombre de « #particuliers_employeurs » pensent que le droit du travail ne s’applique pas aux personnes en situation irrégulière et que celles-ci ne peuvent agir en #justice. Indice supplémentaire de leur invisibilisation, la France n’a pas ratifié la convention 189 de l’Organisation internationale du travail, en vigueur depuis 2013, qui vise à garantir un travail décent pour les #travailleurs et #travailleuses #domestiques.

  • La guerre contre le terrorisme est arrivée chez nous, et voici pourquoi
    http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/la-guerre-contre-le-terrorisme-est-arriv-e-chez-nous-et-voici-pourquo

    Fondamentalement, nous vivons aujourd’hui dans un modèle de #capitalisme militaro-industriel qui se nourrit de #conflits sans fin. Sur le plan politique, les figures politiques #néolibérales s’appuient sur l’existence d’ennemis à l’étranger – et chez nous – pour créer des #citoyens dociles et craintifs. Si vous ne pouvez pas apporter la sécurité sociale et l’espoir pour l’avenir, la peur représente un très bon substitut. À l’étranger, de vastes #profits sont réalisés grâce aux ventes d’armes et à l’influence #politique liée sur les régimes des États clients. On se demande combien de ces régimes clients sont désormais #la_queue_qui_commande_la_tête.

    Les adversaires de ce modèle d’impérialisme tardif – et il y en a des millions dans le monde entier – ont mis en garde contre le fait que cela pourrait finalement apporter le #chaos et la #violence, non seulement dans les régions directement touchées, mais aussi en Occident. Nous ne pouvons pas bombarder les terroristes à l’étranger pour les précipiter dans l’oubli et espérer avoir la paix chez nous. Comme le stipule la troisième loi du mouvement de Newton, chaque action provoque une réaction égale et opposée.

  • Suivre le modèle allemand, Bruno Amable
    http://www.liberation.fr/economie/2014/11/17/suivre-le-modele-allemand_1144805

    « Vous me dites : "On ne peut pas embaucher car ensuite il est impossible de licencier !" C’est faux, il est parfaitement possible à un chef d’entreprise en difficulté de licencier. » Cette citation ne provient ni du blog de Gérard Filoche (1) ni d’un discours de Thierry Lepaon. C’est François Ceyrac, le « patron des patrons », président du #CNPF, le #Medef d’avant 1998, qui faisait cette déclaration en 1977.
    En comparant avec les revendications actuelles de l’organisation patronale, on mesure à quel point les choses ont changé. Le Medef n’est pas plus monolithique que le CNPF de 1977, mais il est assez uni sur l’objectif de « #flexibilisation » du #marché_du_travail ; sa ligne la plus dure étant de l’avis de profiter de la faiblesse du gouvernement Valls pour pousser dans le sens d’une transformation radicale du #contrat_de_travail. Une des dernières revendications était de supprimer l’obligation de donner un motif de licenciement, ce qui nécessiterait de dénoncer la convention 158 de l’Organisation internationale du travail signée en 1982.

     
    L’objectif, envisagé par l’actuel gouvernement, semblerait être de faciliter la mise en place d’un « #contrat_unique » qui remplacerait les actuels #CDI et #CDD et serait caractérisé par une faible protection augmentant éventuellement avec la durée d’#emploi. Cette mesure figurait dans le programme électoral de Sarkozy en 2007 et dans celui de Bayrou en 2012 ; pas étonnant que Manuel Valls soit tenté de reprendre l’idée.

    Le « modèle » à suivre en matière de « réformes indispensables » se trouvant, comme chacun est tenu de le savoir, de l’autre côté du Rhin, il n’est pas inutile de revenir sur le rôle que le patronat a joué chez nos voisins allemands.

    Die Initiative Neue Soziale Marktwirtschaft, initiative (pour une) nouvelle économie sociale de marché (INSM) a été fondée et financée (160 millions d’euros d’ici à la fin 2018 tout de même) par le #patronat allemand de la métallurgie en 2000, avec pour objectif d’agir en vue d’une transformation du modèle allemand en une économie libérale à l’anglo-saxonne. Plus concrètement, son activité de propagande et lobbying visait à définir un agenda de #réformes #néolibérales à l’usage des partis politiques de gouvernement, et de tenter de retourner une opinion publique majoritairement hostile et inquiète face aux tentatives de libéralisation.

    Wolfgang Clement, le ministre, à l’époque social-démocrate, de l’Economie et du Travail du gouvernement #Schröder qui allait mettre en œuvre les réformes du marché du travail et de la protection sociale du début des années 2000 (réformes #Hartz, Agenda 2010), était partie prenante de l’INSM dès le début. Il a d’ailleurs fini par remplacer Hans Tietmeyer, ancien président de la Bundesbank, à la tête du conseil d’administration de l’INSM en 2012.

    Selon Daniel Kindermann, de l’université du Delaware, on peut distinguer deux périodes dans l’action de l’INSM : de 2000 à 2006, elle a préparé, puis soutenu les réformes Hartz, trouvant même le slogan principal de l’Agenda 2010 du chancelier Schröder : « Est social ce qui crée des emplois » . Pour le patronat allemand, cet Agenda 2010 n’était que la première étape vers des changements plus substantiels.

    #salariat #précarisation