• La betterave, la gauche, le peuple - et nous Chez Renard - Tomjo

    Le 12 janvier 2023, la coopérative sucrière #Tereos est condamnée à une amende record d’un demi-million d’euros pour l’ #écocide de l’Escaut en 2020 [1]. Que ce soit au moment de la catastrophe, lors de l’audience en décembre 2022, ou du délibéré quelques semaines plus tard, on n’a vu ni le député local ni le maire exiger des comptes du deuxième groupe sucrier mondial devant une foule vengeresse. Non plus qu’on n’a entendu le « député reporter » #François_Ruffin, dans sa cuisine ou aux portes de l’usine, dénoncer les méfaits du sucre sur la #santé et de Tereos sur la vie. On n’a pas vu le ministre de l’industrie Renaud Lescure taper du poing en sous-préfecture, ni #Xavier_Bertrand, président du Conseil régional, défiler dans les rues. Le président des Hauts-de-France préférant manifester à Paris le 7 février 2023, juché sur les tracteurs des betteraviers pour défendre l’épandage de #néonicotinoïdes : « Il n’est pas question de faire les mêmes conneries sur l’agriculture que sur le nucléaire ! »

    
À l’inverse, aucun élu n’a manqué pour défendre l’usine à l’annonce de la fermeture de la sucrerie d’Escaudoeuvres le 7 mars suivant. A entendre nos représentants du peuple, non seulement celle-ci ferait la prospérité des gens du Nord, mais elle participerait d’un patrimoine digne d’être défendu – demandez à la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), appelée à la rescousse de l’usine pendant les procès pour relancer le mythe de la betterave sucrière, impériale et napoléonienne. Seul Renart s’échine à briser le silence d’une région, de ses habitants et # ses élus, sur leurs méfaits.

    #Pollution historique, amende record. Le 9 avril 2020, un bassin de décantation de la #sucrerie d’Escaudoeuvres déverse 100 000 m3 d’eau contaminée dans l’Escaut. Le préfet n’ayant pas prévenu les autorités belges, la pollution a tout loisir de passer les écluses, descendre la rivière, et supprimer toute trace de vie sur plus de 70km, poissons, batraciens, libellules. Les autorités belges et des associations françaises attentent un procès à Tereos. Trois ans plus tard, le 12 janvier 2023, le juge inflige neuf millions d’euros de dommages et intérêts pour restauration de la rivière, et une amende de 500 000 euros – laissant l’État français, lui aussi muet depuis le début, sauf de toute responsabilité pour sa négligence. L’avocat des betteraviers se réjouit que le montant soit « très inférieur aux demandes qui ont été faites [2]. » C’est tout de même plus que la dernière grande catastrophe écologique survenue en France, le naufrage de l’Erika en 1999, qui avait valu à Total une amende de 375 000 euros, soit 424 000 euros d’aujourd’hui.

    Les 123 salariés et les habitants d’Escaudœuvres s’apprêtaient à célébrer les 150 ans de leur sucrerie quand Tereos annonce sa fermeture le 7 mars, à peine deux mois après le délibéré. Ces élus qui n’avaient rien dit, et rien à dire, sur la catastrophe de Tereos, se précipitent pour dénoncer sa fermeture [3]. Parmi les trémolos, ceux du député Guy Bricout et du maire Thierry Bouteman :

    Cambrai, terre agro-alimentaire depuis 150 ans : c’est notre passé, c’est notre présent, et nous croyons que c’est notre avenir. Nous demandons l’arrêt de tout processus qui conduirait à la fermeture de notre sucrerie à Escaudœuvres. Il faut être déconnecté, ou perdre confiance, pour prendre une telle décision. Je ne les crois pas déconnectés, je crois qu’ils ont perdu confiance. Pas nous. Pas les sucriers, pas les saisonniers, pas les intérimaires, pas les sous-traitants depuis 150 ans. Pas les élus, pas les habitants.

    En écho, le ministre délégué à l’industrie #Renaud_Lescure se déplace quelques jours plus tard pour déclarer que « l’industrie, c’est une arme anti-colère, l’industrie c’est une arme d’espoir. » Il annonce trois millions d’euros pour un « rebond industriel dans le Cambrésis ». Puis c’est au sénateur communiste Eric Bocquet de rappeler combien « la sucrerie, c’est l’ADN de la commune » (bonjour le diabète), une « véritable institution dans l’arrondissement de Cambrai », dont l’« histoire » et la « richesse » rendent sa fermeture « particulièrement violente » [4].
    
Chacun sa partition, mais le premier arrivé devant l’usine pour donner le ton, c’est l’« insoumis » amiénois François Ruffin : la betterave à sucre serait selon notre « député reporter », comme il se présente, une « production industrielle qui appartient à notre patrimoine » national, un fruit de « l’intelligence humaine » inventé pendant le blocus continental entre 1806 et 1815, justifiant par là que « l’État intervienne dans l’économie, construise des filières dans la durée, et fasse que les vies, les usines, l’économie ne dépendent pas seulement des cours de bourse. » 

    Si les cours de bourse ne doivent pas décider de la fermeture d’une usine (dont le groupe Tereos empoche cette année des profits records : 6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur 2022/2023, +29 % en un an), au nom de quoi doit-elle tourner ? Son utilité sociale ? Son histoire centenaire ?

    Le « député-reporter » attaque son discours-reportage par la glorification de l’épopée scientifique du sucre. Nous, on commencerait plutôt par toutes ces maladies de l’ #agro-industrie, et du sucre en particulier, qui représentent désormais la première cause de mortalité dans le monde. Savez-vous, lecteur, qu’entre le #diabète, l’ #obésité, les maladies cardiovasculaires et l’ #hypertension artérielle, la bouffe tue désormais plus que la faim ! Vu la progression actuelle du diabète (+ 4,5 % par an en France par exemple), la revue scientifique The Lancet prédit 1,3 milliard de malades du sucre en 2050 dans le monde - presque 10 % de la population mondiale [5] ! Du sucre, on en trouve partout, dans les sodas bien sûr, mais aussi dans les chips, les pizzas, le pain de mie, le pesto, et toutes les pâtées préparées. Le sucre, c’est la drogue de l’industrie alimentaire.
    
Accordons à Ruffin qu’avec une telle entrée en matière – « Vous êtes la première cause de mortalité dans le monde » –, l’accueil eut été réservé. Mieux vaut seriner combien la betterave, comme toute autre nuisance industrielle, est objet de fierté dans une région de labeur et pour un peuple courageux. Ce que Ruffin rabâche depuis dix ans [6]. Ce qu’il est venu rabâcher sur les lieux mêmes d’une catastrophe historique qui élimina toute trace de vie sur 70 km, des poissons aux batraciens :

    Les salariés me disent combien ils aiment leur travail, combien ils aiment le sucre. Je pense que cet amour du métier, quand on est prof, soignant ou dans l’industrie... faut pas croire que le travail ce soit seulement un salaire. C’est aussi un amour de son métier. Les gens me disent : "Tereos, c’est notre famille, c’est notre maison, on y est bien, on est prêts à passer quatre noëls d’affilée sans voir nos enfants. Mon gamin il a quatre ans et je n’ai pas passé un seul noël avec lui. On est prêts à faire 190 heures par mois pour faire le boulot".

    Accordons encore que douze heures de turbin, que l’on soit salarié d’une sucrerie ou esclave d’un champ de canne à sucre, finissent en effet par créer des liens fraternels, mais ne peut-on jamais dans ce Nord funèbre tisser de liens fraternels ailleurs que dans les tranchées, au fond des mines, ou sur une ligne de production ? Sommes-nous à jamais enfermés dans un roman de Zola ou de Van der Meersch ?
    
Il en a fallu des mensonges, des récits grandioses et des mythes fondateurs, répétés de gauche à droite, par les patrons et parfois par les ouvriers, pour excuser les saloperies dont on se rend coupable ou consentir à son exploitation. Demandez aux combattants de la « Bataille du charbon », quand les mines nationalisées, gérées par un accord gaullo-communiste, restauraient le salaire à la tâche, augmentaient les cadences, les taux de silicose et de mortalité, en échange de congés payés [7]. Est-ce là votre « progrès » ?

    Aujourd’hui, Ruffin et ses pareils, qui n’ont pas perdu leurs quatre derniers noëls dans la mélasse, entendent utiliser « l’histoire grandiose du sucre de betterave » afin de justifier le sauvetage de l’industrie betteravière. Mais c’est un mythe que l’invention du sucre de betterave par Benjamin Delessert, et la création d’une filière sucrière par un Plan d’investissements de Napoléon. Une mystification que Le Betteravier français propage à l’envi pour justifier l’œuvre supérieure de la corporation devant ses calomniateurs écologistes [8], que Le Monde répète pour magnifier le Génie technoscientifique [9], ainsi que Fakir, le journal de François Ruffin, pour célébrer le volontarisme étatique [10].
Reprenons donc depuis le début la véritable histoire du sucre de betterave, bien plus passionnante que la fausse.

    Arnaque impériale chez les sucriers lillois
    Ou le mythe de la betterave napoléonienne

    Suivant la version courante, le prix du sucre sur le continent aurait été multiplié par dix à la suite du blocus continental décrété en 1806 contre l’Angleterre par Napoléon. La canne à sucre, cultivée par des esclaves, arrivait jusqu’alors des Antilles, avant d’être raffinée en métropole. Il aurait fallu trouver d’urgence une solution à la pénurie. Sur les conseils du célèbre chimiste Jean-Antoine Chaptal, #Napoléon signe le 25 mars 1811 un décret d’encouragement de la betterave à sucre : il réserve 32 000 hectares de culture à la betterave, dont 4 000 dans le nord de la France et en Wallonie (alors française), et promet un prix d’un million de francs à qui ramènerait le premier pain de sucre.
    
Vient ensuite la scène légendaire. Le 2 janvier 1812, Chaptal court chez l’empereur. Un industriel versé dans la science, Benjamin Delessert, aurait relevé le challenge dans son usine de Passy. L’empereur et le chimiste se seraient hâtés pour admirer les pains de sucre et, dans son enthousiasme, Napoléon aurait décroché sa propre croix de la Légion d’honneur pour en décorer Delessert.
Moralité : dans l’adversité de la guerre et de la pénurie, l’œuvre conjuguée d’un chef d’État volontaire (Napoléon), d’un scientifique compétent (Chaptal) et d’un industriel ingénieux (Delessert), nous aurait offert le premier pain de sucre de betterave – et l’abondance à portée de main.
A peu près tout est faux. En rétablissant certains faits, en observant les autres d’un autre point de vue, on découvre en réalité une sombre affaire de #vol_industriel et de #copinage au plus haut de l’État, suivie d’une lamentable défaite commerciale.


    Napoléon 1er, protecteur de l’agriculture et de l’industrie, Bronze, Henri Lemaire, 1854, Palais des Beaux-arts de Lille.

    Premier mythe : l’urgence du blocus. Dans un article assez complet sur le sucre de betterave, l’historien Ludovic Laloux est formel :
    Prévaut souvent l’idée que le blocus britannique instauré en 1806 aurait empêché de débarquer du sucre dans les ports français et, en réaction, donné l’idée à Napoléon d’encourager la production de sucre à partir de la betterave. Or, la première intervention de l’Empereur en ce sens date de 1811. En fait, dès 1791, la situation saccharifère s’avère plus complexe en Europe avec un effondrement des approvisionnements en sucre de canne [11].

    Pourquoi cet effondrement ?
Dans les remous de la Révolution française, les esclaves de Saint-Domingue s’insurgent fin août 1791 et obtiennent leur affranchissement. La main d’œuvre se rebiffe. Le prix du sucre explose. Il faut s’imaginer Saint-Domingue comme une île-usine, et même la première du monde. 500 000 esclaves produisent à la veille de l’insurrection 80 000 tonnes de canne à sucre par an (à titre de comparaison, 600 000 esclaves travaillent alors dans les colonies américaines) [12]. Une « crise du sucre » éclate immanquablement à Paris en janvier 1792. Les femmes attaquent les commerces, les hommes la police, puis on réclame du pain. Rien d’original. On peut recommencer la scène autant que vous voulez, avec du Nutella ou des paquets de cigarettes.
    
Mais le blocus ? En 1810, quatre ans après son instauration, dans une lettre à son frère Louis-Napoléon, l’empereur doit admettre l’efficacité de la contrebande : « C’est une erreur de croire que la France souffre de l’état actuel. Les denrées coloniales sont en si grande quantité qu’elle ne peut pas en manquer de longtemps, et le sirop de raisin et le miel suppléent partout au sucre [13]. » Le blocus n’inquiète en rien l’empereur.

    Deuxième mythe : l’invention du sucre de betterave. A partir des découvertes du chimiste Andreas Marggraf, son maître, le chimiste prussien Franz Achard, fils de huguenots du Dauphiné et membre de l’Académie royale des sciences, plante ses premières betteraves à sucre en 1796. Le roi Frédéric-Guillaume III lui accorde un terrain et des subsides pour une première raffinerie en 1801. L’Allemagne est la plus avancée dans le sucre local. Son procédé inquiète le gouvernement anglais, producteur et importateur de sucre de canne, qui se lance dans une manœuvre de déstabilisation industrielle. Il tente de soudoyer Achard, contre 50 000 écus d’abord puis 200 000 ensuite, afin que ce dernier publie un article scientifique dénigrant ses propres recherches. L’honnête Achard refuse et il revient au chimiste anglais Humphry Davy d’expliquer combien la betterave sera à jamais impropre à la consommation.

    La « désinformation » paraît fonctionner. En France, l’Académie des sciences sabote ses propres recherches sur la betterave, et Parmentier, le célèbre pharmacien picard qui fit le succès de la pomme de terre, milite encore en 1805 en faveur d’un sucre extrait du raisin.

    Les précurseurs français du sucre de betterave ne sont pas à l’Académie, ni dans les salons impériaux, mais à Lille, à Douai et en Alsace. Leurs Sociétés d’agriculture connaissent depuis longtemps la betterave fourragère et suivent de près les progrès du raffinage de la betterave réalisés en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Le scientifique François Thierry expose ses recherches dans La Feuille de Lille en avril 1810, et récolte ses premiers pains de sucre à l’automne. Expérience concluante au point que le préfet du Nord envoie des échantillons au ministre de l’Intérieur Montalivet le 7 novembre, et cette lettre à M. Thierry : « Votre sucre a la couleur, le grain, le brillant, j’ose dire même la saveur de celui des colonies [14]. » Le ministre Montalivet envoie à son tour remerciements et gratification au Lillois.

    Quelques jours plus tard, le 19 novembre, un pharmacien peu scrupuleux présente devant l’Académie des sciences de Paris deux pains de sucre sortis mystérieusement du laboratoire du chimiste Jean-Pierre Barruel, chercheur à l’École de médecine de Paris. L’affaire est bidon et Barruel confondu en « charlatanisme » par ses pairs [15]. Elle prouve cependant que les milieux scientifiques parisiens s’intéressent à la betterave sucrière.
Au même moment, les commerçants lillois Crespel, Dellisse et Parsy améliorent les procédés d’Achard, d’abord en séparant le sucre de la mélasse grâce à une presse à vis, puis en utilisant le charbon animal (de l’os calciné) pour blanchir le sucre [16]. Ils remettent leur premier pain de sucre en décembre 1810 au maire de Lille, M. Brigode, puis installent leur sucrerie rue de l’Arc, dans le Vieux-Lille. En février 1811, un pharmacien lillois du nom de Drapiez parvient également à tirer deux pains de sucre de qualité.

    Le 10 janvier, le ministre Montalivet vante auprès de l’empereur les progrès du sucre de betterave… dans les pays germaniques, sans mentionner les Lillois. Quand deux mois plus tard, Napoléon (aidé de Chaptal) publie son fameux décret à un million de francs, il sait qu’à Lille on fabrique des pains de sucre de qualité commercialisable.

    Troisième mythe : l’empereur visionnaire. Pour saisir l’entourloupe, il faut s’attarder sur la culture de la betterave. La betterave se plante fin mars. Un campagne de production suivant un décret signé le 25 du même mois n’a donc aucune chance de réussir. Il aurait fallu de surcroît disposer d’un stock de graines que la France ne possède pas : la betterave est bisannuelle, elle fleurit une année, et ne donne des graines que l’année suivante.
Aussi, connaissant la nature assez peu aventureuse des paysans, il est compréhensible que ceux-ci s’abstiennent de cultiver en grande quantité, et du jour au lendemain, une espèce inconnue. Enfin, le peu de betteraves récoltées à l’automne 1811 s’entasse devant des raffineries inexistantes ou des raffineurs encore incompétents.
    
Bref, la planification de la betterave à sucre ressemble davantage à un caprice d’empereur qu’à une décision mûrement établie par un technocrate visionnaire. Dans son rapport du 30 décembre 1811, Montalivet doit masquer le fiasco. C’est alors que Napoléon se tourne vers #Chaptal pour sa politique sucrière.

    Quatrième mythe : l’épisode de l’intrépide Benjamin Delessert. Jean-Antoine Chaptal est en 1811 un chimiste réputé, professeur à l’école Polytechnique, membre de l’Académie française, mais aussi l’ancien ministre de l’Intérieur de Napoléon de 1801 à 1804 – auteur de cette loi qui instaura le département, l’arrondissement, le canton, et la commune. Chaptal est enfin un industriel d’acide sulfurique, et le propriétaire depuis 1806 de terres et d’une raffinerie de betterave à sucre dans l’Indre-et-Loire. C’est en bref, au sens le plus actuel du mot un technocrate polyvalent. Tout à la fois scientifique, politique et entrepreneur, jouant successivement et simultanément de ces diverses compétences.
    
Un autre historien résume la politique betteravière française : « Non seulement il [Chaptal] est à l’origine de tous les décrets qui lui ont donné naissance mais encore il l’a pratiquée lui-même à Chanteloup, sur ses propres terres, dès 1806 [17]. » Un banal conflit d’intérêts.
Chaptal a pour ami proche Benjamin Delessert, riche banquier issu d’une riche famille suisse et calviniste de banquiers, propriétaire d’une usine textile à Passy. Sa mère était amie avec Benjamin Franklin, et lui-même rencontra Adam Smith et James Watt pendant son voyage d’études en Écosse. Delessert fut maire du 3ème arrondissement de Paris en 1800 et avait déjà monté une raffinerie de sucre de canne en 1801 alors que son cousin Armand œuvrait lui-même dans le raffinage, à Nantes, avec Louis Say (future #Béghin-Say, future Tereos). En 1801, Delessert avait aidé Chaptal, alors ministre de l’Intérieur, à monter sa Société d’encouragement pour l’industrie nationale, puis avait été nommé Régent de la Banque de France en 1802. Voilà le C.V. de nos deux combinards quand l’empereur s’apprête à soutenir la production betteravière de son premier décret.

    A la fin de l’année 1811, la raffinerie du Vieux-Lille a déjà produit 500 kilos de sucre, et elle en produira 10 000 l’année suivante. Ainsi…

    Lorsqu’en 1812, Derosne [un chimiste proche de l’Empereur] et Chaptal arrivèrent à Lille avec mission d’y installer une sucrerie, leur surprise fut extrême en apprenant, dès leur arrivée, que le problème était résolu et que la petite fabrique de Crespel et Parsy fonctionnait depuis près de deux années. Ils s’en retournèrent à Paris, mais il ne paraît pas qu’ils aient averti Napoléon de ce qu’ils avaient vu, car les industriels lillois n’entendirent point parler de la récompense promise. Celle-ci fut décernée, la même année, à B. Delessert qui, occupé des mêmes recherches, obtint, mais deux ans plus tard, les mêmes résultats que Crespel et Parsy. […] Il est bon de constater qu’au moment même où Delessert était supposé découvrir le moyen de tirer du sucre de la betterave en 1812, Crespel et Parsy livraient déjà régulièrement leurs produits, à raison de 10 000 kilogrammes par an, à la consommation, précise un Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’Industrie et des arts industriels de 1883 [18].

    Quand Napoléon débarque chez Delessert, celui-ci vient d’extraire 74kg de sucre à partir de cinq tonnes de betteraves, soit la quantité produite un an auparavant par les Lillois. Le duo Chaptal-Delessert semble bien avoir intrigué pour se réserver le million à investir dans le sucre. En 1812, Chaptal double ses terres de betterave, qui passent à cinquante hectares. Il y récolte vingt tonnes par hectare, emploie seize personnes, et prétend utiliser le procédé inventé par Delessert.
Delessert quant à lui ajoute le sucre de betterave à ses multiples affaires. Il fondera en 1818 la Caisse d’Épargne et – comme cette histoire est décidément riche de ricochets ! – notre populaire Livret A.

    Cinquième et dernier mythe : le Plan qui créa la filière. Le 15 janvier 1812, Napoléon signe un second décret qui cette fois réserve 100 000 hectares de terres à la betterave, offre 500 licences de raffinage, et crée quatre raffineries impériales. La France doit trouver 500 tonnes de graines qu’elle n’a pas, et les paysans sont d’autant plus réticents que la campagne précédente fut désastreuse. Seuls 13 000 hectares sont plantés. La récolte atteint péniblement 1,5t de sucre, 27 % de plus que l’année précédente.
    
L’impérial fiasco de Napoléon cesse là. La guerre l’appelle, il perd et abdique au printemps 1814. Les rois Bourbons installent leur Restauration. Fin du blocus. La politique betteravière française est enterrée. Les faillites se multiplient. Seul le Nord continue de planter de la betterave sucrière, et le Lillois Crespel, parti à Douai, demeure longtemps l’unique fabricant de sucre de betterave de France. Il résiste tant et si bien au « lobby » du sucre colonial qu’un boulevard porte aujourd’hui son nom à Arras, où trône sa statue. Le mythe napoléonien est quant à lui bien plus répandu. On doit au patronat lillois, en 1854, un bronze de Napoléon premier du nom, aux pieds duquel sont gravés les décrets relatifs à la betterave, ainsi qu’une grosse betterave. La statue est restée jusqu’en 1976 au milieu de la Vieille Bourse, sur la Grand’Place de Lille, avant d’être remisée dans la rotonde Napoléon du Palais des Beaux-Arts.

    Si l’invention du sucre de betterave par Napoléon est devenue un mythe au XIX° siècle, il s’agit d’abord d’un mythe patronal.

    On peine à le saisir, mais la « question des sucres » est pendant la première moitié du XIX° siècle un sujet politique des plus épineux. Le roi Louis-Philippe taxe le « sucre indigène » en 1838 et va jusqu’à menacer d’interdiction le commerce de betterave. La bataille est commerciale autant qu’idéologique. Avec la canne à sucre, les armateurs, les ports et les propriétaires coloniaux défendent les rentes de leur vieille économie agraire/féodale, et donc la monarchie. Avec le « sucre indigène » extrait de la betterave, les industriels défendent une nouvelle économie plus dynamique, plus scientifique, plus moderne, et donc un système politique bourgeois. Contre les monarchistes, les rentiers, les esclavagistes, et les Anglais : la betterave !

    Louis-Napoléon publie en 1842, depuis sa geôle picarde du fort du Ham, une Analyse de la question des sucres [19]. Faut-il favoriser le travail des esclaves ou celui des ouvriers français libres ? « Il est impossible d’arrêter la marche de la civilisation, répond le futur empereur, et de dire aux hommes de couleur qui vivent sous la domination française : ‘’Vous ne serez jamais libres.’’ » Vive la betterave.

    Alors que la production française ne passe que de 4 000 tonnes de sucre en 1814 à 10 000 en 1830, la production décolle avec l’arrivée de Louis-Napoléon sur le trône. De 26 000 tonnes en 1841, elle passe à 92 000 tonnes en 1850, monte à 381 000 à la fin de l’empire en 1870, pour atteindre le million en 1900, avant que la guerre 14-18 ne détruise 75 % des sucreries, concentrées dans le nord de la France [20].
Si l’actuelle union sacrée de la betterave devait déposer une gerbe aux pieds d’un empereur, c’est à ceux de Louis-Napoléon III qu’il faudrait la déposer, tant la production betteravière explose sous le second empire.
    Les promesses de paradis terrestre à Escaudœuvres et dans le monde
    En septembre 2022, deux ans après la catastrophe, et à quelques semaines du procès, la Direction régionale des affaires culturelles (la DRAC) envoie ses artistes en résidence dans le Cambrésis pendant six mois pour « une série d’actions permettant aux habitants une meilleure appréhension et compréhension de la sucrerie d’Escaudœuvres et de son ‘’écosystème’’ dans le cadre des 150 ans ». 

    Que peut-on attendre d’un « laboratoire original d’action culturelle patrimoniale » en lien « avec la sucrerie et les tissus agricole et économique », sinon une couche de caramel sur un tas d’ordures [21] ?
Des questions se posent, trop simples sans doute pour les esprits raffinés. En un siècle et demi, la sucrerie a-t-elle fait d’Escaudœuvres un pays de Cocagne pour habitants comblés ? Vivait-on mieux dans la région, ou moins bien, avant la monoculture de la betterave ? Quel bilan tirer de l’industrie alimentaire pour le canton, pour la région et pour le monde ?

    Imaginons que vous rejoigniez Cambrai en voiture depuis Amiens : que vous preniez l’autoroute à Péronne ou la nationale par Albert, vous traversez la même désolante plaine agro-industrielle, une terre lourde désertifiée aux herbicides en hiver, rythmée non par des haies mais par des éoliennes. Certains villages de ce coin perdu de la Somme semblent ne devoir leur survie qu’à quelques propriétaires d’exploitations, dont on compte le nombre d’hectares en centaines. A peine les villages autour de Pozières accueillent des touristes anglais, canadiens et australiens, dans leur Musée de la guerre 14 et leurs innombrables cimetières militaires. On conseille la visite pendant les neuf mois d’hiver. Notre tableau n’est certes pas bucolique, mais les offices du tourisme ne participent pas non plus aux concours du plus beau village de France.

    Arrivés sur place, Escaudœuvres n’est séparée de Cambrai que par la zone commerciale, aujourd’hui le premier employeur de la ville, avec ses restaurants de « bouffe rapide » et sucrée bourrés les mercredis et week-ends. Escaudœuvres est une zone-village sans attrait, s’étirant le long de la départementale 630, qui elle-même longe l’Escaut, qui lui-même s’en va mourir en Mer du nord sous le toponyme flamand de Schelde. La sucrerie fut longtemps le cœur battant du village, qui vit au rythme des récoltes depuis 150 automnes. Mais à côté de la sucrerie et de la zone commerciale, Escaudœuvres est également connue pour sa fonderie Penarroya-Metalleurop qui rejetait avant sa fermeture en 1998 une tonne de plomb dans l’air tous les ans. Une digue, encore une digue, avait cédé en 1976, décimant les troupeaux alentours et interdisant la consommation des légumes« Pollution par le plomb près de Cambrai », [22]. Pour tout souvenir indélébile de l’épopée métallurgique, les riverains sont depuis le début du mois de juillet 2023 invités à un dépistage de plombémie dans le sang [23]. La fonderie est devenue une usine de « recyclage » de batteries de voitures électriques. Si la filière est d’avenir, elle en aura toujours moins que le saturnisme, la maladie du plomb.

    La Sucrerie centrale de Cambrai fut fondée en 1872 par l’inventeur de la râpe à betterave, l’ingénieur des Arts et Métiers Jules Linard [24]. Son invention lui offre un avantage compétitif sérieux. La sucrerie d’Escaudoeuvres est réputée la plus grande du monde avant sa destruction en 1914. Reconstruite et modernisée grâce aux indemnités des dommages de guerre, elle est rachetée par Ferdinand Béghin en 1972, alors patron du sucre et de la presse de droite. Un C.V. s’impose :
La famille Béghin raffine du sucre depuis que Ferdinand 1er (1840-1895) s’est vu léguer la raffinerie de Thumeries en 1868, dans le Pas-de-Calais. Ses fils Henri (1873-1945) et Joseph (1871-1938) font prospérer l’entreprise : ils rachètent plusieurs sucreries dans la région, et construisent à Corbehem en 1926 leur propre papeterie-cartonnerie, pour assurer eux-mêmes l’emballage. 

    Ce faisant, pourquoi ne pas fabriquer aussi des journaux ?, leur suggère le patron roubaisien du textile et des médias Jean Prouvost (1885-1978). Banco : voilà un marché porteur. Le groupe #Béghin prend la moitié de Paris-Soir, de Marie Claire et de Match vers 1936-1938, si bien qu’il doit acheter 34 000 hectares de forêt en Finlande pour couvrir ses besoins de papier. 

    Pendant ce temps, le village de Thumeries est devenu une « ville-usine », une coopérative géante dominée par la main paternelle des Béghin. Entre leurs cinq châteaux, ils construisent les logements de leurs ouvriers, mais aussi leur stade de foot, leur gymnase leur piscine, leur club de basket, et rénovent encore leur église après les bombardements de 1940. Les Béghin emploient, logent, distraient leur main d’œuvre, qui les gratifie du poste de maire à plusieurs reprises. L’enfermement industriel si répandu dans les corons.

    La papeterie-cartonnerie de Corbehem, où l’on fabrique le papier magazine satiné, surclasse la concurrence, et Ferdinand le jeune (1902-1994) investit à son tour dans l’édition. Il prend en 1950 le contrôle de Paris-Match, Le Figaro et Télé 7-jours, en même temps qu’il devient leader du marché des mouchoirs, papiers toilette, et serviettes hygiéniques (Lotus, Vania, Okay). Sucre et papier, de la bouche au c… cabinet.
    
Bref, Ferdinand Béghin s’associe à la famille Say en 1972 pour créer le groupe Béghin-Say. Mais les investissements hasardeux s’enchaînent, le groupe familial se délite, et finit racheté par son banquier historique Jean-Marc Vernes – intime de Serge Dassault et de Robert Hersant, argentier de la presse de droite et du RPR, trafiquant en tous genres, et notamment d’influence.

    Les grandes manœuvres capitalistes se poursuivent. Béghin-Say passe sous la coupe du chimiste italien Ferruzzi en 1986, puis de l’autre groupe chimique italien, Montedison, en 1992. L’entreprise s’installe au Brésil en 2000 alors que les betteraviers réorganisent, en 2003, leur activité sucrière sous la forme coopérative et sous le nom de Tereos. Investie dans la canne à sucre, la coopérative peut prendre part à la déforestation de l’Amazonie, à la culture de canne transgénique [25], à la perpétuation de l’esclavage [26]. Tereos est aujourd’hui le deuxième producteur mondial de sucre, présent sur les cinq continents, en République tchèque, à La Réunion, en Indonésie, au Kenya, en Inde, pour produire du sucre et des dérivés comme le glucose, l’amidon, l’éthanol, etc.

    Dans les Hauts-de-France, près de la moitié des agriculteurs produisent de la betterave à sucre, qui rapporte à elle seule 350 millions d’euros à la région tous les ans. Cette manne sucrière alimente ensuite la filière régionale des chocolateries, sucreries et sodas, fournissant par exemple Coca-Cola à Dunkerque à raison de 42 morceaux de sucre par bouteille de deux litres, mais aussi les usines Cémoi (Dunkerque et Villeneuve d’Ascq), Häagen-Dazs (Arras), Nestlé (Nesquik, Chocapic, Lion, Kitkat, près de Saint-Quentin), et encore Ferrero (Nutella, Kinder, à Arlon en Belgique) – une filière aussi prospère que des salmonelles dans des œufs Kinder. Coïncidence ou non : l’obésité touche presque un quart de la population des Hauts-de-France (22 %), soit cinq points de plus que la moyenne nationale. Le haut du podium.

    Revenons à Escaudœuvres et longeons le canal un instant. D’un côté les poules d’eau font connaissance, de l’autre les bassins de rétention de l’usine s’étendent sur deux kilomètres derrière les talus. Ce sont les bassins de rétention éventrés en mai 2020. Et si ça pue autant la pourriture pourrie, « c’est à cause des bassins, nous confirme un promeneur. Et encore, c’est pire pendant les 120 jours de la campagne ! »
    
Lui prétend s’être habitué – mais on s’habitue à tout. Notre promeneur est « né à Escaudœuvres en face de la sucrerie ». Étudiant en chimie, il attendait une réponse de Tereos pour un stage, réponse qui ne viendra plus. Il désigne les cuves rutilantes « qui n’ont peut-être jamais servi », et la nouvelle chaudière à gaz en remplacement de celle à charbon : 24 millions d’investissements en 2021 « pour que ça ferme », conclut-il dépité. Mais il a son explication :

    Tout ça, c’est à cause des écolos, pour faire bonne figure. Ça a été décidé là-haut. On est le seul pays à interdire les néonicotinoïdes. D’un côté ça va faire tomber la production, et la sucrerie ne sera plus rentable ; de l’autre la France va acheter du sucre aux pays qui peuvent encore utiliser des pesticides, et on sera encore moins rentables.

    Ce sont les mots de l’industriel, du syndicat de la betterave, et des gens du coin – qu’il s’agit de vérifier : la Cour de justice européenne n’accorde ni à la Belgique ni à l’Allemagne ni à la Pologne de dérogation sur les néonicotinoïdes. En revanche l’importation de sucre aux néonicotinoïdes hors de l’UE semble en effet autorisée, et des discussions seraient en cours au Parlement pour aligner les réglementations.

    Quoi qu’il en soit : que l’on considère l’interdiction des néonicotinoïdes, ces « tueurs d’abeilles », comme une victoire ou une défaite, cette histoire aux mille rebondissements tend à masquer tout le reste des produits « phytos » qui entrent dans la production de sucre, d’alcool, de carburant ( #bioéthanol ), et de gel hydroalcoolique produits à partir de la betterave. Or, les trois départements qui en France consomment le plus de produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques - ces substances dites « CMR » parmi les plus meurtrières du catalogue -, sont la Somme, le Pas-de-Calais et le Nord. En cause : la pomme de terre, la plus consommatrice, et la betterave, juste derrière.
    
Quant aux herbicides, le Ministère nous informe que « L’Oise tout comme l’Aisne, la Marne et la Somme sont les quatre premiers départements en terme de superficie de culture de betteraves. Or, [...] la culture de betteraves reçoit un nombre moyen de traitements en herbicides très élevé par rapport à d’autres cultures (13,7 contre 2,9 sur le blé tendre par exemple) [27]. »

    Le plus épandu est le fameux #glyphosate, que les coopérateurs de la betterave défendent avec acharnement. Tout comme ils défendaient dernièrement le s-métolachlore, un herbicide si persistant dans les nappes phréatiques qu’il devrait interdire de consommation l’eau des deux tiers des robinets de la région, logiquement la plus touchée [28], 11 avril 2023.]]. À peine son interdiction évoquée par l’Agence sanitaire nationale (ANSES) que la Confédération générale de la Betterave, le syndicat de la corporation, s’insurgeait contre la « longue liste des moyens de productions retirés progressivement aux agriculteurs, obérant ainsi leur capacité à exercer leur rôle premier : nourrir les populations [29]. » Le ministre de l’agriculture Marc Fresnau leur a déjà garanti plusieurs années de S-metolachlore.

    Cette interdiction des néonicotinoïdes révèle le bourbier où pataugent les scientifiques, les journalistes scientifiques, comme les associations environnementales : l’interdiction des néonicotinoïdes, votée à l’Assemblée nationale le 15 mars 2016, n’est effective que depuis janvier 2023... sous pression de Bruxelles ; et après les dérogations successives du ministre actuel de l’agriculture et de la précédente ministre de l’environnement Barbara Pompili (une autre Amiénoise). Cette interdiction fut arrachée après plus de dix années de voltes-faces politiques, de pseudo-controverses scientifiques, de coups de pression des syndicats agricoles, et de menaces sur l’emploi.

    Si pour chaque molécule, le spectacle médiatique et parlementaire doit mettre en scène ses expertises et contre-expertises, discutailler les protocoles et les résultats, la sixième grande extinction nous aura fauché que l’expertocratie bruxelloise n’aura pas encore tranché le cas du glyphosate. D’ailleurs cette digue de papier qu’on appelle « Droit de l’environnement », comme d’autres digues, n’empêche pas Tereos, au Brésil par exemple, de poursuivre ses épandages aériens d’Actara 750 SG, un insecticide interdit depuis 2019 [30]. Le sucre industriel est essentiellement catastrophique, de sa culture à sa transformation jusqu’à sa consommation.

    Poser les questions de nos besoins en sucre, de l’automobile à betterave, de l’utilité de Tereos pour les Hauts-de-France et de la filière agro-alimentaire pour l’Humanité, et plus généralement encore du modèle industriel qui domine la région et le monde depuis deux cents ans, nous feraient sans doute gagner du temps. Mais ce qui nous ferait gagner du temps, leur ferait perdre de l’argent. Encore une fois, leurs profits et nos emplois valent plus que nos vies.

    L’industrie – mines, filatures, chemins de fer, hauts fourneaux, sucreries –, s’est développée tout au long du XIX° dans un acte de foi promettant l’avènement du paradis terrestre. Acte de foi répété aussi bien par les économistes libéraux que communistes, par les partisans du roi que par ceux de l’empire ou de la république. Deux-cents ans plus tard, avec des taux de chômage, de pollution, et de maladies associées parmi les plus hauts du pays, le paradis terrestre s’avère être un enfer – et nous devrons encore gérer des déchets mortellement radioactifs, ceux de Gravelines par exemple, pendant des milliers d’années.

    Voilà ce que nul élu local – et surtout pas François Ruffin –, parfaitement informé des nuisances de la société industrielle, ne peut ignorer. Voilà pourtant ce que le candidat à la prochaine élection présidentielle, « biolchevique » revendiqué et partisan de l’alliance « rouge/verte », entre « sociaux-démocrates » et écologistes, ouvriers et petits-bourgeois, a pris soin de dissimuler à ses lecteurs et électeurs depuis vingt-cinq ans. A tort d’ailleurs, toutes ces choses vont sans dire chez les gens du Nord comme chez ceux du Sud. Tout ce qui leur importe c’est la pâtée, bien sucrée, et des écrans pour se distraire en digérant. Le pouvoir et l’élu qui peuvent tenir cette double-promesse n’auront jamais de problème avec sa population et ses électeurs.
    Tomjo
    Notes
    [1] « Nos betteraviers sont des tueurs », Chez Renart, 13 janvier 2023.
    [2] France Bleu Nord, 12 janvier 2023.
    [3] « De l’Escaut à l’Amazonie : Beghin-Say ou la catastrophe permanente », Chez Renart, 10 mai 2020.
    [4] ericbocquet.fr
    [5] Le Monde, 24 juin 2023.
    [6] Cf. Métro, Boulot, Chimio, Collectif, Le monde à l’envers, 2012. Cancer français : la récidive. A propos d’Ecopla et de l’aluminium, Pièces et main d’œuvre, 2016. D’Amiens nord à Blanquefort, délivrons les ouvriers, fermons les usines, Tomjo, Pièces et main d’œuvre, 2017.
    [7] Cf. le film Morts à 100 % : post-scriptum, de Tomjo et Modeste Richard, 45 mn, 2017. Ou encore La foi des charbonniers, les mineurs dans la Bataille du charbon, 1945-1947, Evelyne Desbois, Yves Jeanneau et Bruno Mattéi, Maison des sciences de l’homme, 1986.
    [8] « Quand Napoléon engageait la bataille du sucre », 31 janvier 2023.
    [9] « La Bataille du sucre », Le Monde, 10 septembre 2007.
    [10] Fakir, mai-juin 2023.
    [11] « La bataille du sucre ou la défaite méconnue de Napoléon Ier », Ludovic Laloux, Artefact, 2018.
    [12] « Histoire : les Antilles françaises, le sucre et la traite des esclaves », Futura sciences, 10 janv. 2019.
    [13] Cité par Ludovic Laloux, art. cit.
    [14] Idem.
    [15] Lettre d’Andriel et Wolft au ministre de l’Intérieur, 18 juillet 1813, citée par Laloux, art. cit.
    [16] L’Industrie sucrière indigène et son véritable fondateur, Pierre Aymar-Bression, 1864.
    [17] « Le sucre de betterave et l’essor de son industrie : Des premiers travaux jusqu’à la fin de la guerre de 1914-1918 », Denis Brançon, Claude Viel, Revue d’histoire de la pharmacie, n°322, 1999.
    [18] Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’Industrie et des arts industriels, Vol. 3, art. « Louis Crespel », Eugène-Oscar Lami, 1883. On peut lire aussi L’Industrie sucrière indigène et son véritable fondateur, op. cit.
    [19] A retrouver ici.
    [20] « Le sucre de betterave et l’essor de son industrie... », art. cit.
    [21] Appel à candidature « Une sucrerie, un territoire », culture.gouv.fr, 29 juillet 2022.
    [22] Le Monde, 25 mars 1977.
    [23] La Voix du nord, 12 juillet 2023.
    [24] Jules Linard (1832-1882), multi-propriétaire de sucreries, est l’inventeur de la râpe à betterave, toujours utilisée aujourd’hui, pour laquelle il fut récompensé lors de l’Exposition universelle de 1878.
    [25] « De l’Escaut à l’Amazonie... », art. cit.
    [26] « Des plantations brésiliennes accusées de travail forcé fournissent l’Europe en sucre », Le Monde, 31 déc. 2022.
    [27] « État des lieux des ventes et des achats de produits phytopharmaceutiques en France en 2020 », mars 2022.
    [28] « Eau du robinet : les Hauts-de-France est la région où les concentrations de pesticides sont les plus élevées », [[France bleu Nord
    [29] cgb-france.fr, 16 février 2023.
    [30] « Au Brésil, les géants du sucre responsables d’une pluie toxique », Mediapart, 25 avril 2023.

    Source : https://renart.info/?La-betterave-la-gauche-le-peuple-et-nous

  • Napoleon Da Legend, à la croisée des mondes - Interview - Abcdr du Son
    https://www.abcdrduson.com/interviews/napoleon-da-legend-dernier-glacier

    Après plus de vingt ans de rap, très actif dans le milieu underground new-yorkais, Napoleon Da Legend met pied à terre en France. Retour sur la conception de son album entièrement rappé en français, son amour pour la culture hip-hop et ses rencontres légendaires.

    https://www.youtube.com/watch?v=gDku4-QghRo

    #musique #rap #hip-hop #Napoleon_Da_Legend #interview

  • Ce que Napoléon a fait aux villes françaises
    https://metropolitiques.eu/Ce-que-Napoleon-a-fait-aux-villes-francaises.html

    Qu’est-il arrivé aux villes françaises sous Napoléon ? Au-delà de ses réalisations architecturales et de ses aménagements urbains, le régime impérial a laissé sa marque dans les institutions et les principes qui ont permis leur mise en œuvre. Le bicentenaire de « l’épisode napoléonien » a produit une nouvelle flambée éditoriale sur une période pourtant déjà abondamment traitée par l’historiographie sous toutes ses formes depuis deux siècles. Pourtant, la construction, l’architecture, l’urbanisme et l’habitat #Commentaires

    / #pouvoir, #histoire, #architecture, #urbanisme, #histoire_urbaine, #XIXe_siècle, #monument, (...)

    #embellissement
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_reverchon.pdf

  • Exterminez toutes ces brutes (1/4). La troublante conviction de l’ignorance

    Dans une puissante méditation en images, Raoul Peck montre comment, du génocide des Indiens d’Amérique à la Shoah, l’impérialisme, le colonialisme et le suprémacisme blanc constituent un impensé toujours agissant dans l’histoire de l’Occident.

    « Civilisation, colonisation, extermination » : trois mots qui, selon Raoul Peck, « résument toute l’histoire de l’humanité ». Celui-ci revient sur l’origine coloniale des États-Unis d’Amérique pour montrer comment la notion inventée de race s’est institutionnalisée, puis incarnée dans la volonté nazie d’exterminer les Juifs d’Europe. Le même esprit prédateur et meurtrier a présidé au pillage de ce que l’on nommera un temps « tiers-monde ».

    Déshumanisation
    Avec ce voyage non chronologique dans le temps, raconté par sa propre voix, à laquelle il mêle celles des trois auteurs amis qui l’ont inspiré (l’Américaine Roxanne Dunbar-Ortiz, le Suédois Sven Lindqvist et Michel-Rolph Trouillot, haïtien comme lui), Raoul Peck revisite de manière radicale l’histoire de l’Occident à l’aune du suprémacisme blanc. Tissant avec une grande liberté de bouleversantes archives photo et vidéo avec ses propres images familiales, des extraits de sa filmographie mais aussi des séquences de fiction (incarnées notamment par l’acteur américain Josh Hartnett) ou encore d’animation, il fait apparaître un fil rouge occulté de prédation, de massacre et de racisme dont il analyse la récurrence, l’opposant aux valeurs humanistes et démocratiques dont l’Europe et les États-Unis se réclament. « Exterminez toutes ces brutes », phrase prononcée par un personnage du récit de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, et que Sven Lindqvist a choisie comme titre d’un essai, résume selon Raoul Peck ce qui relie dans un même mouvement historique l’esclavage, le génocide des Indiens d’Amérique, le colonialisme et la Shoah : déshumaniser l’autre pour le déposséder et l’anéantir. De l’Europe à l’Amérique, de l’Asie à l’Afrique, du XVIe siècle aux tribuns xénophobes de notre présent, il déconstruit ainsi la fabrication et les silences d’une histoire écrite par les vainqueurs pour confronter chacun de nous aux impensés de sa propre vision du passé.

    https://www.arte.tv/fr/videos/095727-001-A/exterminez-toutes-ces-brutes-1-4

    #film #documentaire #film_documentaire #peuples_autochtones #récit #contre-récit #récit_historique #histoire #Séminoles #extrême_droite #suprémacisme_blanc #racisme #Grand_Remplacement #invasion #colonialisme #puissance_coloniale #extermination #Tsenacommacah #confédération_Powhatan #Eglise #inquisition #pureté_du_sang #sang #esclavage #génocide #colonialisme_de_peuplement #violence #terre #caoutchouc #pillage

    –-> déjà signalé plusieurs fois sur seenthis (notamment ici : https://seenthis.net/messages/945988), je remets ici avec des mots-clé en plus

  • #Napoleon #esclavage

    L’exposition « Napoléon » à Paris écorne le mythe Bonaparte en présentant deux actes officiels sur l’esclavage
    A travers deux documents originaux de 1802, présentés pour la première fois, la grande exposition sur Napoléon reviendra sur le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe et son maintien dans les colonies par la France, qui l’avait pourtant aboli en 1794.
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/03/10/l-exposition-napoleon-a-la-villette-ecorne-le-mythe-bonaparte-en-presentant-

  • « La Garde meurt mais ne se rend pas »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/040819/la-garde-meurt-mais-ne-se-rend-pas

    C’est beau, c’est noble, c’est généreux, c’est la France éternelle. Héroïque, la réplique du général nantais Pierre Cambronne aux Anglais qui lui demandaient de se rendre à Waterloo est hélas un poil trop belle. Retour sur une phrase assez emblématique pour avoir fait l’objet d’une enquête préfectorale…

    #L’authentique_histoire_des_fausses_citations #Napoleon,_Histoire,_Waterloo

  • 3 décembre 2018
    La façade du triomphalisme macronien ravalée à l’aérosol par quelques bons-à-rien.

    par Yves Pagès

    Aux pouvoirs médiatiques et exécutifs qui s’offusquent devant cet Arc de Triomphe « souillé » et « dégradé » samedi dernier par des gilets jaunes, rouges & noirs – sinon « martyrisé » selon la vieille phraséologie des gardiens de l’ordre patrimonial – ce petit rappel historique.

    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=7605

    #Arc_de_Triomphe #giletsjaunes #gilets_jaunes #Restauration #bonapartiste #Napoléon #Paris #bourgeoisie #Haussmann #récit_national #architecture #monument

    • Alexandre Benalla est un prolongement de la police par d’autres moyens, mais il est aussi l’incarnation du macronisme appliqué au maintien de l’ordre. Au milieu d’une institution policière raide, ankylosée, vaguement tenue aux protocoles, aux habitudes et aux règles de loi, Benalla est le manager pétaradant qui vient mouiller la chemise, fluidifier la structure, motiver le CRS. Son but et sa méthode c’est le pragmatisme et l’efficacité, il gère une manifestation comme d’autres des plans sociaux. Sa manière d’étrangler un manifestant à terre n’est pas gratuite, elle est fondamentalement libérale. Benalla n’est pas un excès mais la logique même du macronisme déployée dans la rue.

    • Non, faire de ces évènements une affaire d’état, ce serait reconnaitre son caractère exceptionnel. Or il n’y a ici rien d’exceptionnel, seulement l’ordre du monde et sa matraque. Et lorsqu’on tient la matraque, on ne se soucie guère du droit ou du juste. Même chose lorsqu’on dirige. Les gouvernants ne sont pas choqués, ils sont seulement dans l’embarras. Et cela dit tout. Il n’y a pas d’affaire d’état, seulement l’état

    • « L’affaire Benalla n’est pas une #affaire_d’Etat », Philippe Raynaud recueilli par Nicolas Truong, LE MONDE | 28.07.2018

      Parce qu’il n’y a pas eu intention de l’Etat de commettre un acte délictieux, il n’y a pas d’affaire d’Etat, explique dans une tribune au « Monde », le philosophe Philippe Raynaud qui estime que les partis d’opposition polémiquent avec d’autant plus d’acharnement qu’ils n’ont toujours pas digéré le résultat de l’élection présidentielle.

      Professeur de science politique à l’université Paris II-Panthéon-Assas [où il enseigne la philosophie politique], Philippe Raynaud a publié de nombreux ouvrages, dont L’Esprit de la Ve République (Perrin, 2017) et Emmanuel Macron : une révolution bien tempérée (Desclée de Brouwer, 200 pages, 17 euros). [Membre du comité de rédaction de la revue Commentaire et lauréat du prix Alexis de Tocqueville en 2014], il explique pourquoi l’affaire Benalla n’est pas, selon lui, une affaire d’Etat.

      L’affaire Benalla est-elle une affaire d’Etat ?

      Une affaire d’Etat est une affaire lors de laquelle les plus hautes autorités sont accusées d’avoir autorisé des actes considérés comme illégaux, en général au nom de la raison d’Etat, qui, elle-même, peut-être interprétée de façon plus au moins extensive. Dans l’affaire du Rainbow-Warrior, par exemple, le ministre de la défense, Charles Hernu, avait ordonné, avec l’autorisation de François Mitterrand, le coulage du navire de l’organisation écologiste Greenpeace par les services secrets français, le 10 juillet 1985. On peut aussi ajouter les écoutes téléphoniques ordonnées par François Mitterrand. Or, ce n’est pas du tout le cas avec l’affaire Benalla, lors de laquelle un chargé de mission a fait une faute regrettable, certes, mais aucunement commanditée par l’Elysée. Même s’il a été autorisé à assister à la manifestation du 1er-Mai avec les forces de l’ordre, aucun responsable de l’Etat ne lui a demandé de jouer à Rambo place de la Contrescarpe, à Paris. Il s’agit d’une crise politique qui devient une « affaire d’Etat » si l’on entend par là que le sommet de l’Etat est touché, mais elle n’est aucunement comparable avec le Watergate, comme le dit Jean-Luc Mélenchon, qui serait bien avisé d’être aussi soucieux des abus de pouvoir au Venezuela.

      Emmanuel Macron se présentait comme le héros du nouveau monde, et l’on découvre la perpétuation de vieilles pratiques bien connues de la Ve République…

      C’est certain. Le problème de la Ve République, c’est qu’elle confère un pouvoir considérable au chef de l’Etat qui n’a presque aucun compte à rendre. Sous la Ve République, un président peut déclarer qu’il est responsable, alors qu’il ne l’est pas juridiquement, puisqu’il est protégé par son immunité.

      Ce scandale aurait-il les mêmes conséquences politiques à l’étranger ?

      En Angleterre, par exemple, le ministre de l’intérieur aurait sans doute démissionné et serait retourné dans sa circonscription pour se faire réélire ou bien se faire battre. Alors qu’en France personne ne démissionne tant qu’il n’y a pas de pression pénale ou de mise en cause de la moralité. C’est la jurisprudence Balladur : les ministres ne démissionnent que lorsqu’ils sont mis en examen. En Grande-Bretagne, c’est le fait d’être politiquement responsable qui vous permet d’avoir du pouvoir. Et on peut démissionner plus facilement. La France est bien loin d’une telle pratique politique.

      Dans quelle mesure Emmanuel Macron a-t-il failli ?

      On peut toujours discuter de savoir si la sanction est suffisante et on peut estimer que la stratégie de communication d’Emmanuel Macron s’appuie trop sur la situation privilégiée du président, alors que c’est précisément celle-ci qui est en question aux yeux des Français. Je trouve qu’on n’a pas assez relevé la seule véritable nouveauté de cette séquence : le fait que le président Macron n’ait pas cédé à la facilité du fusible. C’est absolument inhabituel, voire inédit sous la Ve République, où l’on lâchait un conseiller ou un ministre à chaque coup dur.

      S’agit-il d’une affaire politique ?

      Je ne peux m’empêcher de penser que tout cela est arrivé alors qu’Emmanuel Macron avait une chance insolente. Tout lui souriait, et c’était sans doute insupportable pour beaucoup. A gauche comme à droite, les partis n’avaient pas digéré l’élection présidentielle. D’où la sainte-alliance de Jean-Luc Mélenchon avec Marine Le Pen, d’Olivier Faure avec Eric Ciotti pour atteindre le président. La partie la plus politisée de la droite considère qu’elle s’est fait voler l’élection en raison de l’affaire Fillon. Les « insoumis » se croyaient au second tour, rêvaient même d’imposer une cohabitation à Macron et se sont retrouvés loin derrière aux législatives, sans même pouvoir incarner le mouvement social, profondément divisé. Le PS a été laminé. Quant au Front national, il s’est ridiculisé pour longtemps dans le débat de l’entre-deux-tours.

      La réaction d’Emmanuel Macron à l’égard des médias est-elle justifiée ?

      Elle s’inscrit dans la cote #bonapartisme_soft de la présidence Macron. Le président est plus sensible à la gêne que représente la presse pour l’action qu’à sa contribution à la délibération politique. Cette attitude peut être rapprochée à son goût mesuré pour la délibération parlementaire. Comme dit Kant, « la colombe légère lorsque, dans son libre vol, elle fend l’air dont elle sent la résistance, pourrait se représenter qu’elle réussirait encore bien mieux dans l’espace vide d’air ». Et Emmanuel Macron peut faire penser, sur ce point, à #Napoléon_III, qui considérait que les journalistes étaient moins légitimes que les élus politiques. « Mais qui êtes-vous les journalistes ? Vous n’exprimez que des intérêts particuliers. Moi, je représente l’intérêt général, car j’ai été élu par le peuple ! Vous, vous ne représentez que vos lecteurs », disait-il. Ou encore : « Qu’est-ce qu’un journal ? Ce n’est que l’alliance d’un capital et d’un talent, alors que je suis l’expression autorisée de l’intérêt général et de la volonté générale. »

      Les journaux en général, et « Le Monde » en particulier, en font-ils trop ?

      La dramatisation médiatique est excessive, et le ton inimitable de componction, de sérieux et de moralisme du Monde donne à cette affaire un goût de moraline, comme dirait Nietzsche. D’ailleurs la convergence éditoriale momentanée avec la rédaction du Figaro est assez symptomatique de cette « convergence des luttes » contre un président élu par une extraordinaire combinaison de chance et de talent qui dérange tout le monde.

      Si l’affaire Benalla n’est pas une affaire d’Etat au sens strict, ne témoigne-t-elle pas d’une intolérance accrue envers les abus de pouvoir ?

      Il est indubitable que l’opinion ne supporte plus les passe-droits, les abus de pouvoir ou le fait du prince. Dans L’Ancien Régime et la Révolution, Alexis de Tocqueville montre bien que c’est lorsque les privilèges sont affaiblis qu’ils deviennent illégitimes. Les Français ne tolèrent plus la société de cour et les privilèges de l’exécutif, comme les bourgeois révolutionnaires de 1789 n’acceptaient plus de céder leur place à un noble qui passait avec son apparat sur un pont, même si la monarchie était déclinante.

  • Les plans, croquis et cartes insolites de Napoléon menacés de disparition RTS - afp/vkiss - 6 Octobre 2017

    Pour numériser et restaurer les centaines de plans, dessins ou cartes qui ont été soumis à l’empereur Napoléon Ier, les Archives nationales françaises ont lancé une souscription publique internationale.

    Il faut 250’000 euros pour « assurer la sauvegarde » et la « mise à la disposition du public » de ces quelque 1800 pièces, dont 370 ont besoin d’une restauration, selon les Archives nationales et la Fondation Napoléon, qui pilotent l’opération.

    Chaque jour, la Secrétairerie d’Etat impériale « traitait des dizaines de dossiers dont beaucoup étaient accompagnés de dessins, plans et cartes réalisés pour aider l’empereur dans ses prises de décision », indiquent les organisateurs.

    Un bateau volant
    Souvent annotées de la main de Napoléon, plusieurs de ces pièces sont signées par de grands artistes, tels David (peintre du Sacre de Napoléon) ou Fontaine (architecte de l’Arc de Triomphe du Carrousel, à Paris).

    Du code de signaux de la Royal Navy à des silhouettes d’Amérindiens, des caricatures anglaises de l’empereur à un manuel de tactique navale, les documents surprenants ne manquent pas.

    Le plus étrange est sans conteste un projet de « bateau volant » censé permettre l’invasion de la Grande-Bretagne.

    #cartographie #histoire #cartes #quête #Pays_ruiné #CrowFounding #Archives_nationales #napoléon

  • Zinc

    David Van Reybrouck retrace ici l’histoire d’un infime territoire coincé entre la #Belgique, les #Pays-Bas et l’#Allemagne, un confetti au statut unique en Europe, car déclaré neutre par les grandes puissances après la chute de #Napoléon et jusqu’en 1919, faute d’un accord sur le tracé des frontières alentour. Il s’agissait à l’origine d’un banal conflit d’intérêts puisque se trouvait là un important gisement de #zinc, #minerai dont l’exploitation déjà ancienne connut son apogée au xixe siècle.

    Un siècle de neutralité heureuse du village de #Moresnet, une sorte d’Europe en miniature : les nationalités s’y côtoient, les lois sont françaises, l’administration germano-belge, le service militaire est longtemps ignoré. Mais en 1914 l’Allemagne l’occupe, avant que le #traité_de_Versailles ne l’attribue à la Belgique. Et ce n’est qu’un début, car les guerres du xxe siècle ne cesseront de meurtrir la population de cette enclave autrefois privilégiée.
    Cette histoire, David Van Reybrouck nous la conte à travers le destin d’#Emil_Rixen. Né en 1903, cet homme ordinaire changera cinq fois de nationalité sans jamais traverser de frontière : “Ce sont les frontières qui l’ont traversé.”
    Mais à travers ce destin singulier – et avec lui celui de la communauté méconnue des Belges germanophones –, c’est à deux sujets d’une actualité brûlante que David Van Reybrouck nous invite à réfléchir : la fin d’une #utopie européenne et le retour des frontières, véritables matérialisations sur le terrain de la résurgence des nationalismes.


    http://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/zinc
    #frontières #histoire #livre #nationalisme

  • #Saakashvili attempts a #Napoleon in #Odessa !!!!

    Petro #Poroshenko’s decision to appoint #Georgia’s disgraced former President as Governor of the Odessa region just might be his most bizarre move yet. Mikhail Saakashvili is a wanted criminal suspect in his homeland.

    When the pro-Euromaidan activist Maxim Eristavi tweeted on Friday that Mikhail Saakashvili was to become Odessa’s new Governor, the Twittersphere didn’t seem to know whether shock or amusement was the most appropriate reaction. However, on closer inspection, the move isn’t such a surprise after all. There are myriad reasons why Saakhasvili would find Odessa’s top job attractive and equally as many why Poroshenko is most likely delighted to send him there.

    http://rt.com/op-edge/263565-saakashvili-odessa-governor-napoleon

    Et pourquoi pas #Kadyrov ?

  • #livre
    Vittorio Giacopini, La mappa, Il Saggiatore

    Monti, laghi, colline, forre, fortilizi e contrafforti, borghi, strade, slarghi: vedere tutto, come se si fosse per aria, e tutto rappresentare in una mappa, con dettagli minuti, badando a distanze, rilievi, proporzioni: squadrare il mondo, illuminarlo, dargli ordine. È questo l’obiettivo di #Serge_Victor, ingegnere-cartografo al seguito di Napoleone durante la Campagna d’Italia. Figlio esemplare dei Lumi, nemico di fole balzane e superstizioni, adepto dell’Encyclopédie di Diderot e d’Alembert – alle cui parole si aggrappa con una devozione non lontana dal fi deismo che la Rivoluzione si era incaricata di smantellare –, Serge Victor riceve l’ordine dal Generale in persona di riprodurre i corsi e i ricorsi della Campagna, di fermare su carta e nel tempo i nuovi confini d’Italia, che il demiurgo Napoleone, N., l’Imperatore, va ridisegnando e riplasmando, sempre più a suo piacimento. Così, mentre il còrso conquista la penisola e, non pago, invade l’Egitto, Serge lavora alla sua #magnum_opus, in compagnia di uno scalcinato poeta tutto sdegno e fervore e dell’ammaliatrice Zoraide, la sua Maga, che della ragione rappresenta il doppio, il sonno, e prefigura l’assedio portato ai Lumi dalle sotterranee pulsioni che, nella Storia come nell’animo dell’uomo, non conoscono sopore. Da questo assedio – più cruento di ogni battaglia scatenata da Napoleone, più spietato di ogni rivoluzione –, l’Illuminismo uscirà pesto e zoppicante, come Serge stesso, che nell’erebo ghiacciato di Russia dovrà dire addio alla giovinezza e alla forza, ma soprattutto alla fiducia nelle magnifiche sorti e progressive dell’umanità. A capitolare non è però solo un uomo o un’epoca, ma un intero genere letterario, il romanzo storico: perché #La_Mappa, di là dallo sfarzo di una prosa immaginifica e di una struttura narrativa monumentale, lascia presagire un’aria di disfacimento, e sancisce l’irriducibilità del reale nella forma-romanzo, e l’arbitrarietà di ogni pretesa del contrario.


    http://www.radio3.rai.it/dl/radio3/programmi/puntata/ContentItem-760b8c28-7ef8-4717-b5ba-be37c4c31b2c.html
    #cartographie #Napoléon #campagne_d'Italie #roman
    signalé par @wizo

    Le podcast du reportage radio :
    http://www.radio.rai.it/podcast/A45791117.mp3

  • How Revolutions Fail
    http://english.al-akhbar.com/content/how-revolutions-fail

    A group of Egyptians who call themselves as ’Anti-Coup demonstrators’ stage a demonstration demanding to release of their arrested friends, at Cairo University in Giza, #Egypt on February 18, 2015. Anadolu Agency/Belal Wagdy A group of Egyptians who call themselves as ’Anti-Coup demonstrators’ stage a demonstration demanding to release of their arrested friends, at Cairo University in Giza, Egypt on February 18, 2015. Anadolu Agency/Belal Wagdy

    The conservative right has produced some of the best scholars on the birth of revolutions, exemplified by #Alexis_de_Tocqueville and his 1856 book “The Old Regime and the Revolution”.

    Mohammed Sayyid Rasas

    read (...)

    #Opinion #Ali_Abdullah_Saleh #Articles #England #France #French_Revolution #Karl_Marx #Mohammed_Mursi #Napoleon_Bonaparte #Russia #Tunisia #Yemen

  • Map error hastened Napoleon’s Waterloo defeat - Telegraph

    http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/france/11144216/Map-error-hastened-Napoleons-Waterloo-defeat.html

    Via Elisabeth Vallet sur Twitter. Elisabeth Vallet de l’UQAM qu’on aimerait beaucoup retrouver ici...

    If Waterloo was won on the playing fields of Eton, as Wellington is supposed to have said, it may have been lost by Napoleon’s map-makers.

    A printing error left the emperor Bonaparte aiming his artillery in the wrong place, well short of the British, Prussian and Dutch lines, it is claimed. While historical accounts of the Duke’s sang-froid and the fortitude of the British infantry are not in doubt, the discovery could also explain stories of the brilliant Corsican field marshal appearing lost.

    “Napoleon was relying on a false map for his strategy in his last battle,” said Franck Ferrand, the maker of a documentary broadcast on French television. “This explains why he mistook the lie of the land and was disoriented on the battlefield. It is certainly one of the factors that led to his defeat.”

    #cartographie_historique #cartographie_erreur #napoléon

  • Guerre de Crimée - Français et Anglais côte à côte - Herodote.net
    http://www.herodote.net/Francais_et_Anglais_cote_a_cote-synthese-154-64.php

    Inutile et meurtrière, la guerre de Crimée est provoquée par l’entrée des troupes russes en territoire ottoman. Le sultan, menacé d’être défait, reçoit le soutien de la France et du Royaume-Uni, qui déclarent la guerre à la Russie le 27 mars 1854. Elles sont rejointes un peu plus tard par le royaume de Piémont-Sardaigne.

    Notons que c’est la première occasion pour les Anglais et les Français de combattre côte à côte après sept siècles de conflits, une occasion qui se renouvellera soixante ans plus tard, lors de la Grande Guerre.

    Pour l’empereur Napoléon III, cette guerre mal engagée et mal gagnée s’avère néanmoins un succès sur la scène internationale (le premier et le dernier). Le traité de Paris, qui y met un terme le 30 mars 1856, lui permet de remodéler la la carte de l’Europe, issue du congrès de Vienne et de la défaite de son oncle Napoléon 1er, quarante et un ans plus tôt.

    Une querelle d’un autre âge

    À l’origine du conflit, l’on trouve une querelle d’un autre âge entre l’empereur français Napoléon III et le tsar Nicolas Ier. Chacun veut assurer en exclusivité la protection des Lieux Saints de Jérusalem, partie intégrante de l’empire turc.

    Nicolas 1er juge le moment venu de régler la « Question d’Orient » posée par la déliquescence de l’empire ottoman. Il propose à l’Angleterre un partage à l’amiable des possessions ottomanes. « La Turquie est l’homme malade de l’Europe », dit-il en substance à l’ambassadeur d’Angleterre. « Il ne faut pas le laisser disparaître sans avoir réglé sa succession ». Il lui suggère de prendre l’Égypte et la Crète, lui-même établissant son influence dans les Balkans.

    Mais l’Angleterre refuse le partage par crainte que la Russie n’acquière trop d’influence en Méditerranée et en Orient, ainsi qu’en Afghanistan où elle côtoie dangereusement ses possessions des Indes. Elle préfère conserver l’empire ottoman en l’état pour le gérer à sa manière. Dépité, le tsar envahit la Moldavie et la Valachie ottomanes puis détruit la flotte turque de la mer Noire.

    Napoléon III et le gouvernement de la reine Victoria font cause commune avec le sultan Abdul-Medjid 1er. C’est la première fois depuis... le couronnement d’Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagenêt, 700 ans plus tôt, que les deux nations s’apprêtent à combattre ensemble !
    Le siège de Sébastopol

    Sous le commandement respectif des généraux Saint-Arnaud et lord Raglan, Français et Anglais débarquent dans la presqu’île de Crimée et remportent une victoire sur les bords du fleuve Alma avant de mettre le siège devant Sébastopol, puissante forteresse russe, le 26 septembre 1854.

    Bientôt rejoints par une poignée de soldats piémontais, les assiégeants, au nombre de 185.000, découvrent la dureté de l’hiver russe et doivent mener une éprouvante guerre de tranchées autour de la citadelle.

    L’hiver se fait meurtrier pour les troupes, victimes du froid, du choléra et du typhus plus encore que des combats, d’autant que l’impréparation du conflit a été totale et les services de ravitaillement et de soins en-dessous de tout.

    Une Britannique de 34 ans, Florence Nightingale, émue par l’abandon des malades, organise avec talent des hôpitaux de campagne. Son talent et son dévouement font la Une des journaux anglais.

    La campagne donne lieu à d’héroïques mais dérisoires opérations comme la charge de la Brigade légère de Lord Cardigan pendant la bataille de Balaklava.

    Mais à Londres et Paris, l’opinion s’exacerbe devant l’enlisement du conflit. Un consommateur parisien est interpellé pour avoir lancé dans un café : « C’est ici comme à Sébastopol, on ne peut rien prendre ! ». Enfin, les zouaves du général de Mac-Mahon s’emparent du fort Malakoff, qui domine la citadelle de Sébastopol.

    La chute de Malakoff décide du sort de Sébastopol. Les Russes se retirent de la citadelle deux jours plus tard, après l’avoir proprement incendiée.
    Napoléon III exulte

    Quelques mois plus tard, le tsar demande la paix. Le traité de Paris, le 30 mars 1856, hisse Napoléon III au pinacle, quatre ans à peine après son avènement. Le bonheur de l’empereur est à son comble avec la naissance de son fils Eugène Louis Napoléon, le 16 mars 1856, pendant le congrès !

    L’influence française sort renforcée en Orient. Mais la Russie, humiliée, prend conscience de sa faiblesse et reproche durablement à son ex-allié autrichien de ne pas l’avoir soutenue. Le nouveau tsar, Alexandre II, entreprend de vastes réformes.

    Quant à l’Angleterre, déçue par son alliance avec la France après sept siècles de conflits quasi-ininterrompus, elle se retire dans un « splendide isolement » jusqu’à la fin du siècle. Après quatre décennies de paix et de prospérité sans nuages en Europe, voilà que se mettent en place les ingrédients des drames futurs......

    La suite .... http://www.herodote.net/Francais_et_Anglais_cote_a_cote-synthese-154-64.php

    un peu d’ #Histoire ?
    #Crimée
    #guerre-de-Crimée
    Empereur #Napoléon-III
    #français
    #anglais
    Le siège de #Sébastopol

  • Guerre de Crimée - Français et Anglais côte à côte - Herodote.net
    http://www.herodote.net/Guerre_de_Crimee-synthese-154.php

    Inutile et meurtrière, la guerre de Crimée est provoquée par l’entrée des troupes russes en territoire ottoman. Le sultan, menacé d’être défait, reçoit le soutien de la France et du Royaume-Uni, qui déclarent la guerre à la Russie le 27 mars 1854. Elles sont rejointes un peu plus tard par le royaume de Piémont-Sardaigne.

    Notons que c’est la première occasion pour les Anglais et les Français de combattre côte à côte après sept siècles de conflits, une occasion qui se renouvellera soixante ans plus tard, lors de la Grande Guerre.

    Pour l’empereur Napoléon III, cette guerre mal engagée et mal gagnée s’avère néanmoins un succès sur la scène internationale (le premier et le dernier). Le traité de Paris, qui y met un terme le 30 mars 1856, lui permet de remodéler la la carte de l’Europe, issue du congrès de Vienne et de la défaite de son oncle Napoléon 1er, quarante et un ans plus tôt.

    Une querelle d’un autre âge

    À l’origine du conflit, l’on trouve une querelle d’un autre âge entre l’empereur français Napoléon III et le tsar Nicolas Ier. Chacun veut assurer en exclusivité la protection des Lieux Saints de Jérusalem, partie intégrante de l’empire turc.

    Nicolas 1er juge le moment venu de régler la « Question d’Orient » posée par la déliquescence de l’empire ottoman. Il propose à l’Angleterre un partage à l’amiable des possessions ottomanes. « La Turquie est l’homme malade de l’Europe », dit-il en substance à l’ambassadeur d’Angleterre. « Il ne faut pas le laisser disparaître sans avoir réglé sa succession ». Il lui suggère de prendre l’Égypte et la Crète, lui-même établissant son influence dans les Balkans.

    Mais l’Angleterre refuse le partage par crainte que la Russie n’acquière trop d’influence en Méditerranée et en Orient, ainsi qu’en Afghanistan où elle côtoie dangereusement ses possessions des Indes. Elle préfère conserver l’empire ottoman en l’état pour le gérer à sa manière. Dépité, le tsar envahit la Moldavie et la Valachie ottomanes puis détruit la flotte turque de la mer Noire.

    Napoléon III et le gouvernement de la reine Victoria font cause commune avec le sultan Abdul-Medjid 1er. C’est la première fois depuis... le couronnement d’Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagenêt, 700 ans plus tôt, que les deux nations s’apprêtent à combattre ensemble !
    Le siège de Sébastopol

    Sous le commandement respectif des généraux Saint-Arnaud et lord Raglan, Français et Anglais débarquent dans la presqu’île de Crimée et remportent une victoire sur les bords du fleuve Alma avant de mettre le siège devant Sébastopol, puissante forteresse russe, le 26 septembre 1854.

    Bientôt rejoints par une poignée de soldats piémontais, les assiégeants, au nombre de 185.000, découvrent la dureté de l’hiver russe et doivent mener une éprouvante guerre de tranchées autour de la citadelle.

    Florence Nightingale (12 mai 1820 – 13 août 1910) L’hiver se fait meurtrier pour les troupes, victimes du froid, du choléra et du typhus plus encore que des combats, d’autant que l’impréparation du conflit a été totale et les services de ravitaillement et de soins en-dessous de tout.

    Une Britannique de 34 ans, Florence Nightingale, émue par l’abandon des malades, organise avec talent des hôpitaux de campagne. Son talent et son dévouement font la Une des journaux anglais.

    La campagne donne lieu à d’héroïques mais dérisoires opérations comme la charge de la Brigade légère de Lord Cardigan pendant la bataille de Balaklava.

    Mais à Londres et Paris, l’opinion s’exacerbe devant l’enlisement du conflit. Un consommateur parisien est interpellé pour avoir lancé dans un café : « C’est ici comme à Sébastopol, on ne peut rien prendre ! ». Enfin, les zouaves du général de Mac-Mahon s’emparent du fort Malakoff, qui domine la citadelle de Sébastopol.

    La chute de Malakoff décide du sort de Sébastopol. Les Russes se retirent de la citadelle deux jours plus tard, après l’avoir proprement incendiée.....

    #Histoire
    #Guerre de #Crimée
    #français
    #anglais
    Le siège de #Sébastopol
    #Napoléon-III
    #unpeud'histoire

  • « En dernière analyse, disait l’Empereur, pour gouverner, il faut être militaire : on ne gouverne qu’avec des éperons et des bottes. Sieyès, sans être peureux, avait peur de tout ; ses espions de police troublaient son repos. Au Luxembourg, durant le consulat provisoire, il réveillait souvent Napoléon son collègue, et le harcelait avec les trames nouvelles qu’il apprenait à chaque instant de sa police particulière. Mais a-t-on gagné notre garde, lui disait celui-ci. – Non– Eh bien, allez dormir. En guerre comme en amour, pour conclure, mon cher, il faut se voir de prés. Il sera temps de nous inquiéter quand on attaquera nos 600 hommes. »
    #napoléon
    #police
    #surveillance

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    #espionnage
    #napoleon
    #deguisement

    Napoléon raconte une anecdote : comment joindre les patriotes dispersés dans le maquis corse ? Malheureusement, Paoli est plus fort que lui.

    « J’essayai néanmoins. Je fis le choix d’un paysan rusé, alerte ; je l’affublai des plus mauvais haillons que je pus trouver, et le lançai à travers les montagnards. Arrêté de poste en poste, il les joua longtemps. Il posait sa gourde à terre, il excitait, facilitait la recherche ; il n’avait d’autre but que d’obtenir quelques secours pour soutenir sa vie. Il arriva ainsi jusqu’à Corte, dont la gendarmerie, moins confiante, dépeça ses habits, sa coiffure, et jusqu’à la semelle de ses souliers. On ne trouva rien ; on allait le relâcher losrqu’on s’avisa qu’il fallait rendre compte à Paoli. « Un misérable qui court les champs pour demander l’aumône, dans les circonstances où nous sommes ! c’est un émissaire. Allez, cherchez, il y a quelque message. »– Impossible ; nous avons tenu ses vêtements fil à fil, nous avons tout désassemblé. – Sa mission est donc verbale, car il en a une, cherchez, questionnez encore. – Nous avons tout épuisé. – Qu’a-t-il sur lui ? – Une petite gourde. – Cassez-là. On le fit. On trouva les commissions. Paoli n’était pas un homme facile à surprendre. »

  • Bonaparte, un condottiere en Révolution
    http://www.laviedesidees.fr/Bonaparte-un-condottiere-en.html

    Il a fallu la méritocratie révolutionnaire pour que s’exprime le génie militaire, organisateur et administratif du futur empereur. Dans le premier volume de sa #biographie (jusqu’en 1802), Patrice Gueniffey montre que Bonaparte fut à la fois un « roi d’un genre nouveau », un despote éclairé, un révolutionnaire et un postrévolutionnaire, toujours mû par une volonté de fer.

    Livres & études

    / #Napoléon, biographie, #Révolution_française

    #Livres_&_études

  • Bonaparte, un condotierre en Révolution
    http://www.laviedesidees.fr/Bonaparte-un-condotierre-en.html

    Il a fallu la méritocratie révolutionnaire pour que s’exprime le génie militaire, organisateur et administratif du futur empereur. Dans le premier volume de sa #biographie (jusqu’en 1802), Patrice Gueniffey montre que Bonaparte fut à la fois un « roi d’un genre nouveau », un despote éclairé, un révolutionnaire et un postrévolutionnaire, toujours mû par une volonté de fer.

    Livres & études

    / #Napoléon, biographie, #Révolution_française

    #Livres_&_études

  • L’Insee envoie une lettre... à Napoléon - Le Nouvel Observateur
    http://tempsreel.nouvelobs.com/l-histoire-du-soir/20131211.OBS9122/l-insee-envoie-une-lettre-a-napoleon.html

    La mention « Destinataire inconnu à l’adresse » n’a jamais été plus vraie. En Corse, l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee) a adressé un courrier à... Napoléon Bonaparte. Celui-ci serait censé habiter au 3 rue Saint-Charles à Ajaccio. « Le courrier a été posté en Midi-Pyrénées le 2 décembre 2013, soit 209 ans, après le sacre du destinataire », indique « Corse-Matin »...

    #Insee
    #lettre... à #Napoléon
    « Décédé en 1821, prière de faire suivre chez Saint Pierre » ont répondu les services postaux. "