• La natalité au Japon à un plus bas historique : « L’eugénisme est une cause sous-estimée de cette chute » – L’Express
    https://www.lexpress.fr/monde/asie/la-natalite-au-japon-a-un-plus-bas-historique-leugenisme-est-une-cause-sous-estimee-de-cette-chute-TBRQR33RQVCEPBSHQTAK32C55Q/?cmp_redirect=true

    Le seuil symbolique est franchi. Pour la première fois depuis le début des statistiques à la fin du XIXe siècle, le Japon est passé sous la barre des 700 000 naissances en 2024. L’annonce, faite le 4 juin dernier par le gouvernement, entérine un recul pour la neuvième année consécutive, sur fond de vieillissement de la population. Le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a qualifié la situation d’"urgence silencieuse" et a promis des mesures favorables aux familles, comme une plus grande flexibilité des horaires de travail, afin d’inverser la tendance.

    Les données publiées mercredi par le ministère de la Santé révèlent également que le taux de fécondité —soit le nombre moyen d’enfants qu’une femme est censée avoir au cours de sa vie— est tombé à un niveau record de 1,15. Le ministère a précisé que le nombre de décès (1,6 million) a, quant à lui, atteint plus du double de celui des naissances, augmentant de 1,9% par rapport à 2023. Isabelle Konuma, professeure à l’Inalco, chercheuse au laboratoire Ifrae (Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est) et spécialiste du #Japon, analyse les conséquences de cette situation pour l’avenir d’un pays où, dans plus de 20 000 territoires, la majorité des habitants sont âgés de 65 ans et plus.

    L’Express : Le Japon est confronté à une grave crise de la natalité depuis une décennie. Pourquoi ce pays précisément est-il si impacté par une chute vertigineuse des naissances ? Est-ce lié à des causes culturelles, économiques, sociétales ou tout cela confondu ?

    Isabelle Konuma : J’ai publié en 2024 un ouvrage sur l’eugénisme au Japon*. Il s’agit selon moi d’une des causes de la dénatalité au sein de ce pays. A la suite de la Seconde Guerre mondiale, le Japon adopte une loi « relative à la protection eugénique » en 1948. A cette période, la maîtrise de la #démographie devient vitale, suite notamment au baby-boom (1947-1949) et au rapatriement des colons et militaires dû à la restitution des colonies. Dans ce contexte, il fallait à tout prix diminuer les naissances et reconstruire un peuple « de qualité ».

    Très souvent la baisse de la #fécondité est expliquée en se référant à la scolarisation et le travail des filles, la précarisation de l’emploi notamment chez les hommes, l’importance du mariage avant la reproduction, ou le modèle de séparation sexuelle des tâches. Or, ces différentes études ne vont pas toujours jusqu’à interroger la raison d’être d’un tel modèle qui pourtant dicte le comportement marital et reproductif des générations en âge de procréer. En rappelant l’existence d’un régime eugéniste d’après-guerre, qui prône non seulement l’amélioration de la descendance d’un point de vue génétique mais aussi l’amélioration des conditions de vie des enfants (modèle conjugal, ouverture au néo-malthusianisme, dépénalisation de l’avortement, « mythe de l’amour maternel », etc.), on observe que la dénatalité au Japon est le fruit d’une politique entreprise activement en s’appuyant sur une méthodologie eugéniste.

    D’autres pays asiatiques, mais aussi occidentaux, sont également confrontés à une baisse de la natalité. Le Japon fait-il figure de cas particulier par rapport à d’autres États comme la Corée du Sud en Asie, l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie ou la France en Europe ? Et pourquoi ?

    En 2024, le Japon a certes enregistré l’indice de fécondité le plus bas depuis le début des mesures, soit 1,15 enfant par femme. Cependant, ce niveau a déjà été atteint par l’Espagne en 2022 (1,16), suivie de près par l’Italie (1,24) ou encore la Grèce ou la Finlande (1,32), et l’Allemagne (1,39). De ce point de vue, le Japon n’est pas le seul pays impacté par une chute de la natalité. Sans compter l’Asie de l’Est où son voisin direct, la Corée du Sud, a enregistré en 2024 une fécondité de 0,75 ! De ce point de vue, il n’est pas possible d’expliquer la dénatalité au Japon comme une situation particulière, unique ; la #dénatalité japonaise est l’expression d’une situation qui touche mondialement beaucoup de pays.

    Sans nier l’importance de cette chute et des études qui cherchent à élucider son processus et ses causes, il serait également intéressant d’étudier les raisons pour lesquelles le Japon est pris comme l’un des premiers exemples de la dénatalité qui touche un très grand nombre d’Etats.

    En 2024, le Japon compte quasiment deux fois plus de décès que de naissances. Et dans une grande partie des territoires, la population est âgée de plus de 65 ans en moyenne. Quelles mesures le gouvernement devrait-il prendre pour endiguer cette situation ? Le Japon sera-t-il bientôt un pays de séniors ?

    En effet selon une estimation, en 2070, la population japonaise baisserait de 120 million (2023) à 87 million, avec 1 sur 2,6 personnes âgée de plus de 65 ans. Pour répondre à cette situation transitoire, le Japon cherche à recourir à la main d’oeuvre féminine (mesures d’égalité de genre dans le travail et dans l’éducation) mais aussi à la main d’oeuvre étrangère, avec la possibilité depuis 2019 de recruter des étrangers dans 14 domaines en sous-effectif dans le but de les garder (titre de résidence dit à « compétence spéciale »), et non de les « former » avant de les renvoyer dans leur pays, comme cela fut le cas sous le régime d’"apprenti technicien" mis en place en 1993. Cette « ouverture » progressive vers une main d’oeuvre étrangère, jusque-là rejetée car « non qualifiée », est couplée avec des mesures dites de coexistence multiculturelle qui tendent à faciliter son intégration dans la société japonaise.

    Faut-il faire un lien entre baisse de la #natalité et baisse de la fécondité au Japon ? Et dans d’autres pays asiatiques ?

    Nous pouvons en effet identifier une augmentation des mesures d’accompagnement (technique et financière) de l’aide médicale à la procréation au Japon. Cette focalisation sur le traitement de l’infécondité est l’expression de la politique de lutte contre la dénatalité qui cherche à s’appuyer sur les couples avec un projet d’enfant, car l’envie de fonder une famille est présente. Pour autant, il serait difficile d’en déduire que les Japonais deviennent davantage inféconds que d’autres.

    Au début de l’année, une étude du célèbre démographe japonais Hiroshi Yoshida se concluait par ces mots : « le Japon pourrait être le premier à disparaître ». Les autorités prennent-elles réellement la menace au sérieux ? Et, selon vous, d’autres pays sont-ils menacés de disparition d’ici deux ou trois siècles ?

    N’étant pas démographe, je ne pourrai pas répondre à ces questions qui pourtant alimentent beaucoup le fantasme autour du déclin démographique du Japon... Ce dont nous pouvons être certains, c’est que les courbes démographiques ne maintiennent pas constamment le même taux d’augmentation ou de diminution, la dénatalité actuelle en est la preuve. Les politiques démographiques japonaises ont connu un revirement important après-guerre afin de passer d’une politique nataliste à une politique néo-malthusienne, en dépénalisant partiellement l’avortement et la stérilisation. Ce revirement a eu à l’époque un impact immédiat sur l’indice de fécondité qui est passé de 4,54 (1947) à 2,04 (1957).

    Enfin, certains spécialistes prédisent une baisse de la population mondiale à partir de la fin du siècle. Seule certaines zones, comme l’Afrique, devraient continuer de voir leur population croître avant un futur déclin naturel. A quoi ressemblera, selon vous, le monde en 2100, en 2200 et en 2300 ?

    Je suis incapable de répondre à cette question aimerais peut-être insister sur le fait que la décroissance démographique d’aujourd’hui intervient après une période de croissance (si ce n’est d’explosion) démographique, comme ce fut le cas au Japon : le pays avait déjà connu une légère augmentation démographique au XVIIe siècle, puis une accélération considérable dès la fin du XIXe siècle avant de connaître une baisse démographique à partir de 2005. Nous nous focalisons aujourd’hui sur ce déclin, comme s’il sortait de nulle part. Or, cette baisse avait été organisée, prévue voire attendue au moment de l’introduction de la politique néo-malthusienne. Elle intervient après une très forte augmentation démographique qui avait beaucoup alarmé les autorités d’après-guerre.

    *#Eugénisme au Japon - Politiques et droit de 1868 à 1996, par Isabelle Konuma. Paris, Ined Editions, 2024)

  • Mayotte : une nouvelle restriction du droit du sol votée par le Parlement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/04/02/le-parlement-enterine-une-nouvelle-restriction-du-droit-du-sol-a-mayotte_658

    Mayotte : une nouvelle restriction du droit du sol votée par le Parlement
    Par Julia Pascual
    Une actualité chasse l’autre et, mardi 1er avril, c’est dans une indifférence assez générale qu’a été adoptée en commission mixte paritaire la proposition de loi durcissant l’accès à la nationalité française à Mayotte, archipel situé dans l’océan Indien et département français avec la plus forte proportion d’immigrés, soit 34,7 % de sa population en 2021, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
    Le texte, déposé par le député Les Républicains (LR) de la Manche Philippe Gosselin et soutenu par le gouvernement, avait été confortablement voté par l’Assemblée nationale, le 6 février, et par le Sénat, le 25 mars, mais en des termes sensiblement différents. C’est donc une commission mixte paritaire – composée de sept députés et de sept sénateurs – qui est, sans surprise, tombée d’accord sur un texte commun le 1er avril.
    Depuis la loi sur l’immigration de 2018, Mayotte se voyait déjà appliquer un régime dérogatoire du droit commun puisque, pour accéder à la nationalité française à sa majorité, un enfant né à Mayotte doit justifier de sa naissance et de sa résidence en France, mais aussi de la régularité de la résidence de l’un de ses parents pendant les trois mois précédant sa naissance. Avec le nouveau texte, cette exigence de séjour régulier d’un des parents est portée à un an. Autre nouveauté : sauf en cas de famille monoparentale, la condition de résidence régulière concernera les deux parents de l’enfant.
    Il est « impératif de stopper l’attractivité de Mayotte pour les flux migratoires, avaient argué les coauteurs de la proposition de loi dans l’exposé des motifs du texte. Le droit du sol, dans sa forme actuelle, joue un rôle d’aimant en attirant des populations en situation irrégulière, contribuant à la pression sur les services publics, tout en affaiblissant l’intégration des Français de Mayotte ».
    Un raisonnement pourtant peu étayé. En effet, les conséquences de la première réforme du droit du sol à Mayotte en 2018 sur l’immigration sont inconnues. Un rapport sénatorial sur l’outre-mer, du sénateur LR de la Manche Philippe Bas, publié le 23 janvier, a d’ailleurs proposé d’en « réaliser une étude d’impact sérieuse ». Ce que l’on sait à ce stade, selon le rapport des députés auteurs de la proposition de loi, c’est que le nombre d’acquisitions de la nationalité sur la base du droit du sol a drastiquement baissé à Mayotte en 2021 et en 2022, avant de remonter en 2023 à quelque 1 600 acquisitions, contre 2 800 en 2018.
    Rien n’indique, en revanche, que cette baisse significative a dissuadé les arrivées des Comoriens des îles voisines, qui constituent l’essentiel de la population étrangère à Mayotte. « Il y a 20 000 personnes chaque année qui émigrent vers Mayotte », a d’ailleurs insisté le rapporteur LR de la loi au Sénat et élu des Bouches-du-Rhône, Stéphane Le Rudulier, invité sur Public Sénat, le 25 mars, reconnaissant que l’enjeu des flux migratoires restait entier en dépit de la réforme de 2018.
    Bien plus que les règles d’accès à la nationalité, ce sont les écarts de richesse entre Mayotte et les territoires voisins qui jouent un effet d’attractivité. Même si, selon l’Insee, 77 % des habitants du département vivent sous le seuil de pauvreté, un rapport de la Cour des comptes rappelait, en 2022, que le produit intérieur brut par habitant atteint près de 9 000 euros, « très largement supérieur à celui des Comores (703 euros), ou de Madagascar (364 euros) ».
    La nouvelle entorse au droit du sol soutenue par le gouvernement survient comme un symbole, quelque mois après que le cyclone Chido a ravagé l’archipel, le 14 décembre 2024. A l’Assemblée nationale, la proposition de loi LR a été adoptée à une majorité de 162 voix pour, dont 88 votes du Rassemblement national (RN). Jamais un texte n’avait été voté avec une majorité de voix issues des bancs de l’extrême droite. Pour aboutir définitivement, le texte adopté en commission mixte paritaire doit être voté à l’Assemblée nationale et au Sénat. Au Palais du Luxembourg, le vote est programmé le 3 avril.
    « On est allé au bout du bout », défendait Stéphane Le Rudulier sur Public Sénat le 25 mars, expliquant qu’un texte plus dur encore risquait d’être frappé d’inconstitutionnalité, ajoutant que la prochaine étape nécessiterait une réforme de la Constitution. De fait, les voix sont déjà nombreuses, à droite et à l’extrême droite, qui plébiscitent une remise en cause du droit du sol sur l’ensemble du territoire.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#droitdusol#constitution#droit#sante#natalite#migrationirreguliere

  • Cyclone Chido à Mayotte : comment le sujet migratoire revient en force
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/12/18/cyclone-chido-a-mayotte-comment-le-sujet-migratoire-revient-en-force_6455355

    Cyclone Chido à Mayotte : comment le sujet migratoire revient en force
    Par Julia Pascual
    Soixante-douze heures. C’est le temps qu’il a fallu à Bruno Retailleau pour convoquer l’enjeu migratoire, alors que le cyclone Chido a dévasté le département français de Mayotte, samedi 14 décembre. L’archipel ne pourra pas être reconstruit « sans traiter la question migratoire », a affirmé, sur le réseau social X, mardi 17 décembre, le ministre de l’intérieur démissionnaire – en lice pour être maintenu.
    « On ne pourra pas reconstruire Mayotte sans traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire », estime l’ancien patron des Républicains au Sénat. « Il faudra légiférer pour qu’à Mayotte, comme partout sur le territoire national, la France reprenne le contrôle de son immigration. » Une prise de position qui n’a pas manqué de susciter l’indignation de la gauche. « On est dans un contexte de crise humanitaire sans précédent, la seule boussole de l’Etat devrait être la sauvegarde de la vie humaine, dénonce Vittoria Logrippo, déléguée de La Cimade, association d’aide aux migrants, pour la région de l’océan Indien. C’est la précarité extrême des personnes qui les a exposées, pas leur statut administratif. »
    L’immigration est l’une des principales clés d’entrée des politiques sur Mayotte. Elle était au cœur de l’opération lancée par Gérald Darmanin, en 2023, « Wuambushu », pour détruire l’habitat indigne, augmenter les expulsions et lutter contre les arrivées en bateau (kwassa-kwassa) de Comoriens. Combattre les flux irréguliers est aussi le « thème principal de la relation bilatérale » avec les Comores, dont est originaire la majorité des personnes sans papiers à Mayotte, rappelait un rapport de la Cour des comptes, en 2022.
    « Imaginaire fantasmé »
    En février 2024, le président de la République Emmanuel Macron rapportait au quotidien L’Humanité que « Mayotte est la première maternité de France, avec des femmes qui viennent y accoucher pour faire des petits Français ». M. Darmanin, alors installé place Beauvau, avait déclaré à sa suite, de l’archipel, la fin à venir du droit du sol à Mayotte. « Il faudra changer, dans la Constitution, les règles du droit du sol et l’accès à la nationalité, si on veut radicalement changer les choses à Mayotte », défendait-il.
    Les soubresauts de la vie politique ont, depuis, remisé ce projet. Est-ce cela que souhaite reprendre Bruno Retailleau ? « Tout ça témoigne d’un imaginaire fantasmé, considère en tout cas Jules Lepoutre, professeur de droit public à l’université Côte d’Azur. Ce n’est pas le droit du sol, mais les écarts de PIB entre Mayotte et les Comores qui justifient les mouvements de population. » En 2022, la Cour des comptes rappelait que le PIB par habitant atteint à Mayotte près de 9 000 euros, « très largement supérieur à celui des Comores (703 euros) ou de Madagascar (364 euros) », même s’il reste très faible comparé à celui de la France métropolitaine (21 378 euros par habitant).
    Le droit du sol à Mayotte a, en outre, déjà subi une première modification en 2018. Depuis, pour qu’un mineur devienne français à sa majorité, il faut que l’un de ses deux parents au moins ait été en situation régulière pendant plus de trois mois avant sa naissance. Conséquence : dans une réponse à une question parlementaire, en octobre, le ministre de la justice indiquait que près de 800 personnes ont acquis la nationalité française par le biais du droit du sol en 2022, un chiffre en baisse depuis 2018.
    De cet ensemble, un peu plus de la moitié (442) ont acquis la nationalité à l’âge de 13 ans par une procédure de déclaration anticipée. « Il n’y a pas de course à l’acquisition de la nationalité », en déduit Jules Lepoutre. La réforme du droit du sol n’a par ailleurs pas eu d’impact sur les accouchements puisqu’ils sont passés d’environ 7 300, en 2014, à près de 11 000, en 2022 (trois quarts des mères sont étrangères).
    Le droit au regroupement familial est lui aussi dérogatoire à Mayotte. Depuis la loi relative à l’immigration, portée par M. Darmanin et promulguée en janvier, il faut trois ans de présence régulière sur le sol (contre 18 mois auparavant) et un titre de séjour de cinq ans valide pour pouvoir y recourir. « Comme il n’existe pas de carte de cinq ans, cela correspond à une carte de résident de dix ans, c’est mission impossible », rappelle Ophélie Marrel, conseillère juridique chargée des migrations à la Commission nationale consultative des droits de l’homme. « Ça ne change rien au volume d’arrivées, poursuit-elle. On veut considérer Mayotte sous l’angle des étrangers, alors que c’est un territoire délaissé, en particulier au niveau de l’accès à l’eau et à l’hébergement. »
    Le territoire devenu département français en 2011 compterait autour de 350 000 à 400 000 habitants, dont plus de la moitié serait de nationalité étrangère. Selon des estimations forcément fragiles, entre 100 000 et 200 000 personnes s’y trouveraient en situation irrégulière.Dans un article publié par The Conversation, le 11 mars, Jules Gazeaud, chargé de recherche au CNRS et auteur de travaux sur la migration comorienne, évoquait aussi le facteur sanitaire de la migration. Le taux de mortalité maternelle pour des causes liées à la grossesse est ainsi plus de quatre fois plus important aux Comores qu’à Mayotte (selon des données de 2021). Et le taux de mortalité infantile près de douze fois plus grand.
    « Vous n’empêcherez jamais les gens de venir », répète Jean-François Carenco, ministre des outre-mer entre 2022 et 2023, qui mentionne les relations familiales existantes et anciennes entre Anjouanais (de l’île d’Anjouan, dans l’archipel des Comores), Mahorais et, plus globalement, Comoriens. Mayotte est la seule île des Comores à avoir décidé de rester française au moment des indépendances, dans les années 1970. Un statut qui n’a jamais été reconnu par Moroni, alors que, depuis, une vingtaine de résolutions des Nations unies ont réaffirmé la souveraineté de la République fédérale islamique des Comores sur l’île, considérant que l’accession à la souveraineté des Comores ne peut être que totale

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#politiquemigratoire#sante#mortalité#natalité#droitdusol

  • La Russie veut interdire la promotion de la vie sans enfant.

    „Je to nemoc.“ Moskva chce zakázat propagaci bezdětnosti — ČT24 — Česká televize
    https://ct24.ceskatelevize.cz/clanek/svet/je-to-nemoc-moskva-chce-zakazat-propagaci-bezdetnosti-354083

    La Russie veut interdire la promotion de la vie sans enfant. La nouvelle loi a été adoptée en première lecture par la Douma, le Parlement russe, jeudi 17 octobre. La diffusion de cette idée sur l’internet, dans les médias ou dans la publicité sera passible de lourdes amendes. Il s’agit d’une mesure supplémentaire par laquelle les autorités veulent inverser la tendance défavorable à la baisse des taux de natalité.

    Les députés russes ont approuvé à l’unanimité la nouvelle législation, qui doit encore faire l’objet d’une deuxième et d’une troisième lecture. Selon Reuters, la publication de documents - sur l’internet ou dans les médias - y compris les publicités qui présentent la vie sans enfant comme attrayante, sera interdite sous peine d’amende. Selon l’AFP, les personnes physiques pourraient se voir infliger une amende de 400 000 roubles en cas de violation de la nouvelle loi, les fonctionnaires le double et les personnes morales une amende pouvant aller jusqu’à cinq millions de roubles.

    Le nombre de bébés nés en Russie cette année est le plus bas depuis un quart de siècle. Les responsables politiques ont identifié le « mouvement des personnes sans descendance » comme le principal responsable de cette situation. Pourtant, peu de personnes en Russie partagent leurs idées sur les avantages d’une telle vie, principalement sur les médias sociaux. Il n’existe pas de clubs ou d’associations officiels dans le pays qui promeuvent publiquement cette idée.

    Toutefois, ce fait n’intéresse pas les dirigeants du pays. « Le mouvement pour l’absence d’enfants doit être interdit par la loi, afin qu’il disparaisse purement et simplement. Il a perdu toute pertinence et ne correspond pas aux attentes actuelles des femmes », a déclaré Valentina Matviyenko, présidente du Conseil de la Fédération de Russie.

    „Je to nemoc“

    „Je to nemoc. Je to chorobný nález. A jakoukoliv chorobu je třeba léčit, aby se ostatní nenakazili,“ hlásá zase generální ředitel televizního kanálu ruské pravoslavné církve Boris Korčevnikov. Ten je nejen proti propagaci života žen bez dětí, ale tvrdě se vymezuje i proti potratům. Navrhuje, aby za ně ženy v Rusku musely platit. Zatím je v zemi interrupce plně hrazená ze zdravotního pojištění.

    Sofia Rusovová z Konsorcia ruských ženských nevládních organizací se ochraně práv žen v zemi věnuje více než pět let. Je přesvědčena, že placené potraty ani zákaz propagace života žen bez dětí porodnost nezvýší. „Dlouhá léta pracujeme s ženami z různých sociálních vrstev. Rozhodnutí nemít dítě je hlavně způsobeno materiálním nedostatkem a ekonomickými problémy. Poslanci tyto příčiny nehledají,“ zdůraznila.

    #russie_loi #Douma #répression #masculinisme #femmes #promotion_de_la_vie_sans_enfant #libertés #natalité

  • La #démographie, prochain #défi global à haut risque

    Les dernières #projections des Nations unies promettent un #recul de la population mondiale à la fin du siècle, pour la première fois depuis sept cents ans. Un défi pour les sociétés et les économies contemporaines avec des risques politiques majeurs.

    « Le« Le plus grand défi auquel notre monde fait face. » Comme souvent, l’éditorialiste du Financial Times Martin Wolf résume parfaitement, dans un texte du 28 mai dernier, le sentiment qui domine les salles de marché, les bureaux des grandes organisations internationales et les rédactions des journaux économiques. Depuis quelques mois, la crainte d’un « hiver démographique » généralisé, autrement d’un affaiblissement plus rapide que prévu de la population mondiale, agite politiques, économistes et observateurs.

    Ce sont les dernières tendances statistiques publiées qui ont alimenté cette angoisse. Le 10 juillet dernier, les « Perspectives de la population mondiale » pour 2024 des Nations unies ont fait l’effet d’un choc. Alors que le précédent rapport d’il y a deux ans prévoyait un « plateau » de la population mondiale à partir de 2080 aux alentours de 10,4 milliards d’individus, celui-ci prévoit désormais un déclin à partir de cette date.
    Une nouvelle ère démographique ?

    Selon ces dernières perspectives, la population mondiale progresserait de 8,2 milliards d’individus aujourd’hui à 10,3 milliards en 2084 avant de se réduire de 100 millions de personnes en 2100. La nuance peut paraître mince et ne modifie pas le tableau d’une croissance de près de 25 % de la population mondiale d’ici la fin du siècle.

    Mais l’annonce a fait l’effet d’une bombe car, à l’horizon de la fin de ce siècle, la croissance démographique aura entièrement disparu de la surface du globe. Et cela, ce n’est pas un fait mineur. Ce serait la première fois depuis la grande peste du XIVe siècle que la population mondiale se réduit.

    Ce qui participe aussi de cette ambiance, c’est que, comme le décrit au Financial Times, le sous-secrétaire général de l’organisation pour les affaires sociales et économiques, Li Junhua : « Le paysage démographique a beaucoup évolué. » Voici quelques années, nul n’aurait parié sur cette baisse de la population mondiale. La question de la surpopulation était plutôt sur toutes les lèvres. On assiste indubitablement à un vrai changement de régime et nul ne sait si cette tendance baissière peut encore s’accélérer.

    C’est pourquoi tout le monde a l’œil sur les « indices de fécondité », c’est-à-dire le nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer. Celui-ci recule partout, y compris dans des régions jusqu’ici caractérisées par une forte fécondité et cela avec une grande rapidité. Or ce chiffre est l’indicateur avancé de l’évolution de la population. Plus il est faible, moins les naissances sont nombreuses et moins le « potentiel » de croissance démographique est important.

    Or une étude publiée dans la revue médicale The Lancet en mai dernier dressait là aussi un tableau préoccupant de la situation. L’article estime, à partir de données multiples, incluant notamment des données médicales liées aux maladies, que « le nombre annuel global de naissance a atteint son pic en 2016 à 142 millions pour tomber en 2021 à 129 millions ». Et le taux de fécondité, lui, va basculer au niveau mondial sous la barre des 2,1 enfants par femme, c’est-à-dire sous le seuil dit de « renouvellement des générations » qui permet, théoriquement, de stabiliser la population.

    Ce chiffre était de 4,84 enfants par femme en 1950, il n’est plus que de 2,3 enfants par femme en 2021. En 2050, il ne serait plus que de 1,81 enfant par femme et en 2100 de 1,59… En conséquence, le nombre de naissances annuelles passera à 112 millions en 2050 et 72,3 millions en 2100. À partir de 2064, il pourrait y avoir plus de décès au niveau mondial que de naissances.

    Évidemment, ces projections de trente à soixante-quinze ans à l’avance sont toujours sujettes à caution, mais elles décrivent une tendance de fond. Une tendance à laquelle les zones de fertilité encore solides que sont l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud n’échapperont pas. Selon les projections publiées dans The Lancet, en 2100, seuls six pays auront encore un indice de fécondité supérieur à 2,1 : la Somalie, les Samoa, le Tchad, le Niger et le Tadjikistan. Et aucun ne dépassera le niveau de 2,5, la Somalie affichant alors un taux record de 2,45.
    Une « bonne nouvelle » ?

    Une telle situation est-elle si dramatique pour que chacun s’en émeuve ainsi ? La fin de la croissance effrénée de la population mondiale qui aura donc été multipliée par 6,4 en deux siècles, entre 1900 et 2100, pourrait finalement ne pas être une si mauvaise nouvelle.

    Chacun le sait, une population en forte croissance exige toujours davantage de la planète. Bien sûr, on peut, comme par le passé, espérer améliorer la productivité agricole. Mais outre que cette dernière a des limites intrinsèques, l’agro-industrie épuise les sols, ravage la biodiversité et accélère la crise écologique.

    Bien sûr, la démographie n’est pas le seul critère de la crise écologique. On y reviendra : tout dépend des modes de vie. Mais il faut bien reconnaître, sans cynisme, qu’une vie humaine a un « coût » écologique qu’il faut aujourd’hui prendre en compte. Une stabilisation de la population de la planète, par ailleurs à un niveau élevé, est donc plutôt bienvenue.

    Elle l’est, ici, d’autant plus que ces projections s’appuient sur des évolutions « naturelles » et non, comme au XIVe siècle, sur les effets d’une pandémie dévastatrice ou, dans certains moments de l’histoire, de guerres ou de massacres de grande ampleur.

    Après ce que certains démographes ont appelé la « transition démographique » – c’est-à-dire un taux de mortalité puis un taux de natalité faibles –, on trouverait un nouvel équilibre « humaniste » sans recourir à l’augmentation de la mortalité. Cette vision peut apparaître comme « néo-malthusienne », mais elle est plus humaniste que celle du vieil économiste anglais. Et surtout, pour être tenable, elle suppose de remettre en cause ce que ce dernier cherchait à sauvegarder, l’organisation sociale existante.

    Une population mondiale plus stable serait en effet une chance pour organiser la répartition des ressources mondiales dans le contexte de crise écologique majeure. L’idée serait alors de tenter de satisfaire les besoins de ces dix milliards d’êtres sans mettre en danger leur capacité à habiter la planète. Et pour cela, il faudrait évidemment changer entièrement de conception desdits besoins, autrement dit changer d’organisation sociale. Finalement, tout cela serait logique : la croissance démographique a été le fruit du capitalisme dominant, la stabilisation démographique appellerait un autre mode de production.

    Mais si l’on cherche à faire entrer cette nouvelle situation démographique dans un système économique fondé sur la croissance de la population, alors on va indéniablement au-devant de fortes turbulences. Et comme la plupart de nos observateurs réfléchissent à système social stable, il est logique qu’ils soient parcourus par un frisson d’angoisse.
    Un poids au pied de la croissance

    Dans les manuels d’économie, la première équation de base de la croissance économique est celle-ci : l’addition de la croissance démographique et des gains de productivité. C’est dire si le capitalisme a été, c’est le cas de le dire, « biberonné » à la hausse de la population. Car si l’expansion économique a permis la « transition démographique », l’inverse est tout aussi vrai.

    Pour créer toujours plus de valeur, il faut inévitablement des bras pour produire et des consommateurs pour acheter. Et si l’on veut toujours plus produire et acheter, il faut bien avoir toujours plus de producteurs et de consommateurs.

    En réalité, même les gains de productivité ne permettent pas de se passer de la croissance de la population, ils réduisent simplement cette dépendance. Car c’est ce que nous apprend l’histoire économique : si l’on peut produire avec moins de bras, il faudra, à terme, plus de bras pour produire toujours davantage.

    Mais il y a davantage. Le système productif est aussi sensible aux classes d’âge. Le choc démographique qui s’est engagé est aussi un choc de vieillissement de la population. Les naissances reculent, les décès sont plus tardifs. La part de la population âgée augmente donc mécaniquement. Cela signifie qu’une part « productive » de plus en plus restreinte de la population doit satisfaire les besoins d’une population « non productive » de plus en plus importante. Selon l’ONU en 2079, il y aura dans le monde plus de personnes âgées de plus de 65 ans que de jeunes de moins de 18 ans.

    Il faut le reconnaître : le capitalisme tel qu’on le connaît aujourd’hui n’est pas prêt à faire face à un tel choc. La croissance, déjà en net ralentissement depuis un demi-siècle, ne pourrait encore que ralentir. D’autant que, autres éléments de la croissance économique, les gains de productivité sont de plus en plus réduits. Et que la doxa de la science économique affirme que les travailleurs plus âgés tendent à devenir moins productifs…

    Moins de producteurs, moins de productivité… On comprend donc la panique générale. Les systèmes d’État-providence, et particulièrement d’assurance-vieillesse, conçus autour de l’idée d’une croissance continue du PIB et de la population, vont subir la nouvelle évolution de plein fouet.

    Bien sûr, comme dans le cas de la crise écologique, certains secteurs se réjouissent et annoncent que le vieillissement de la population ouvre de « nouvelles perspectives ». Certains appellent cela la « silver economy » (l’économie « argentée ») : les personnes âgées ont des besoins spécifiques et des entreprises y voient déjà des opportunités de profits.

    Mais c’est là très largement une illusion. Ces « besoins » sont en effet largement des besoins de services à la personne. Or, les services de ce type sont très largement incompatibles avec la production capitaliste et, encore plus, dans un environnement de démographie faible. Ces activités sont en effet intenses en travail, un travail qui sera de plus en plus rare, et peu propices aux gains de productivité qui, souvent sont contraires à la satisfaction du client.

    L’exigence de profit vient alors percuter les besoins réels, laissant peu d’options : soit une dégradation dangereuse du service, comme les récents scandales dans les Ehpad l’ont montré ; soit des subventions publiques massives, alors même que les coûts liés au vieillissement vont exploser et qu’un service public est alors souvent plus efficace. Bref, les coûts de « l’hiver démographique » risquent d’être plus élevés que les bénéfices en termes de PIB et de finances publiques.

    Au niveau global, le ralentissement de la croissance du fait de la démographie sera sans doute plus marqué dans les pays avancés et dans certains pays asiatiques comme la Chine. Mais avec moins de croissance mondiale, les pays les plus pauvres risquent de rester piégés dans une forme de sous-développement, alors que, comme le remarquent les auteurs de l’étude du Lancet, « ces pays porteront une part de plus en plus croissante des naissances à venir » et que les modèles actuels de développement sont déjà en crise. Le monde sera donc plus instable et plus inégalitaire.
    La peur de « l’effacement »

    En avril dernier, le gouvernement sud-coréen a engagé une étude pour tester dans l’opinion la généralisation et l’étatisation d’une mesure déjà pratiquée par certaines entreprises : accorder une prime de 100 millions de wons, soit environ 67 300 euros, par enfant nouveau-né. En Corée du Sud, où un ministère des naissances a été installé en juillet dernier, la question démographique est, désormais, une priorité nationale.

    La fécondité y est la plus basse au monde et elle chute rapidement. Le seuil de renouvellement des générations a été enfoncé dans les années 1980, mais depuis vingt ans, le pays affiche la fécondité la plus basse du monde. En 2023, l’indice de fécondité était de 0,72 et il est attendu à 0,68 en 2024. C’est le seul pays du monde où les femmes en âge de procréer ont moins d’un enfant en moyenne.

    La situation est désormais préoccupante. Dans une tribune parue en décembre 2023 dans le New York Times, un éditorialiste, Ross Douthat, se demandait même si la « Corée du Sud n’était pas en train de disparaître ». En tout cas, les projections prévoient que la population sud-coréenne passerait de 52 millions d’habitants en un an à 38 millions en 2070, soit autant qu’en 1980.

    De ce point de vue, la Corée ne serait, comme le dit Ross Douthat, « qu’un aperçu de ce qui est possible pour nous », entendez en Occident. Aux problèmes économiques vient alors s’ajouter un enjeu « existentiel » qui, inévitablement a des conséquences politiques. La crise démographique ne peut se comprendre au seul niveau mondial, ses rythmes régionaux et nationaux en sont des aspects cruciaux. Pour certains pays, la population progressera plus lentement, pour d’autres, elle reculera franchement.

    La Corée du Sud n’est donc que la pointe avancée d’un iceberg de régions où la population est menacée de déclin : Chine, Japon et Europe. Car sur le Vieux Continent, la vague est déjà arrivée. Selon Eurostat, le pic de population de l’Union européenne devrait être atteint en 2026 à 453 millions d’habitants.

    À partir de ce moment, la population des Vingt-Sept devrait reculer pour atteindre 419 millions de personnes en 2100. Une baisse de 8 % qui prend néanmoins en compte un solde migratoire positif. Le solde naturel, lui, c’est-à-dire la différence entre les naissances et les décès, est déjà négatif. Entre 2022 et 2099, il y aura dans l’UE 125 millions de décès de plus que de naissances.

    Les pays les plus avancés dans ce déclin sont l’Espagne (avec un indice de fécondité de 1,13), l’Italie (1,24) et plusieurs pays d’Europe centrale. Mais la vague emporte tout le monde. Proche du seuil de renouvellement des générations dans les années 2005-2015, l’indicateur de fécondité français a chuté ces dernières années pour atteindre 1,68 en 2023, selon l’Insee.

    Face à cette situation, deux solutions se présentent. La première est celle de l’immigration en provenance de pays à la démographie encore solide qui permet de réduire l’impact économique en fournissant aux pays des travailleurs et des consommateurs. C’est une réponse qui peut être efficace sur le plan économique. Une étude de la Fed de Dallas a montré en avril 2024 que l’immigration avait joué un rôle central dans la bonne performance de la croissance en 2022 et 2023 aux États-Unis. Une situation que l’on pourrait plaquer sur l’Espagne en Europe.

    Certes, ce n’est pas une solution miracle, comme le montre le cas allemand où le solde migratoire positif n’a pas sauvé la croissance. Cette option pose, par ailleurs, la question de l’égalité économique entre travailleurs arrivants et travailleurs « natifs ». C’est, de toute façon, une solution temporaire compte tenu du déclin global à venir des populations. Mais elle permet de tenir la tête hors de l’eau en cas de faibles naissances.

    Mais le choix de compenser les pertes de population par l’immigration est considéré par beaucoup comme une autre forme de « danger existentiel », culturel cette fois. Le déclin démographique devient un symptôme d’un déclin civilisationnel plus large. Ce réflexe nationaliste enclenche alors une autre solution fondée sur la priorisation des politiques natalistes pour les populations « natives » au détriment d’une politique d’immigration.

    Ce combat est mené par l’extrême droite, bien sûr, à commencer par les gouvernements hongrois ou italiens, mais pas seulement. En Corée et au Japon, les gouvernements « libéraux » se refusent à ouvrir les frontières. Et le président français Emmanuel Macron n’a pas hésité à faire du « réarmement démographique » une de ses priorités alors même qu’il durcissait les lois sur l’immigration. Comme dans d’autres domaines, la pression culturelle de l’extrême droite fait son œuvre.
    La réaction comme réponse

    La référence en termes de politique nataliste, c’est bien évidemment la Hongrie de Viktor Orbán. Ce dernier a mis en place des politiques de soutien à la natalité qui s’élèvent à pas moins de 5 % du PIB. Par comparaison, la France dépense 2,1 % de son PIB en politique familiale. Dans un premier temps, l’indice de fécondité hongrois s’est redressé, passant de 1,23 enfant par femme en âge de procréer en 2011 à 1,59 en 2020. Mais depuis, cet indice a stagné avant de retomber à 1,36 au premier semestre 2024.

    En Italie, où Giorgia Meloni a fait de la natalité une de ses priorités, un milliard d’euros a été mis sur la table pour soutenir les « mères italiennes » en plus des primes mises en place en 2021 par le précédent gouvernement de Mario Draghi. Mais, pour l’instant, cela ne fonctionne pas. En 2023, le pays a connu son plus faible nombre de naissance depuis sa création en 1861, soit 393 000.

    Cela confirme les affirmations des auteurs de l’article du Lancet : « l’indice de fécondité va continuer à décliner au niveau mondial et restera faible même avec la mise en place de politiques natalistes à succès ». Le mouvement est donc plus profond que ce que les politiques croient et ne se réglera pas à coups de subventions massives des naissances.

    Mais cette résistance même vient alimenter le discours de l’extrême droite. Car si la faible fécondité résiste à l’attrait de l’argent, ce serait en raison de la corruption des valeurs traditionnelles qui détournent les femmes de leur « naturelle » fonction génitrice. Tout cela est en conformité avec le discours d’un déclin démographique à enjeu civilisationnel. Le discours nataliste s’accompagne alors d’une rhétorique anti-wokiste qui peut aller très loin.

    Les responsables de la menace d’effacement démographique deviennent donc, pour l’extrême droite, les féministes et les « lobbies LGBT », mais, aussi, plus globalement tous les droits acquis par les femmes, y compris le droit à l’avortement. Les politiques natalistes sont donc aussi des politiques idéologiques. En Hongrie, les femmes se plaignent d’une « objectivation » de leur corps, considéré comme une « machine à bébés ». En d’autres termes : l’urgence démographique mène à une volonté de domination de la « production d’êtres humains » qui est la première pierre à un projet totalitaire et réactionnaire.
    Pourquoi la crise ?

    Et comme on l’a dit, les « libéraux » ne sont pas loin derrière… Et pour cause, l’analyse des causes de la situation démographique provenant de ces milieux est souvent assez bas de plafond, pas très éloignée d’une discussion de café du commerce. En tout cas, faute de pouvoir aller plus loin, on se contente souvent d’une explication « morale ».

    Dans le Financial Times, le responsable d’un centre viennois spécialisé avance ainsi ce type d’analyse : « Il est probable que la situation démographique ait à voir avec un changement de valeur dans la nouvelle génération pour qui avoir des enfants est moins important comme élément clé d’une vie réussie que pour les générations précédentes. »

    Autrement dit : la baisse des naissances serait le produit d’un choix souverain de l’individu fondé sur des critères hédonistes. Tout cela ressemble furieusement à une analyse sectorielle lambda. Mais on ne saura pas ce qui peut expliquer ces comportements. In fine, cette vision rejoint celle de l’extrême droite sur les effets délétères du « libéralisme sociétal » sur les naissances. Il s’ensuit que, là aussi, au nom de la rationalité économique, on s’efforcera de prendre le contrôle de la reproduction humaine.

    Dans toute cette affaire, on évite soigneusement de réfléchir aux conditions matérielles concrètes de la production d’êtres humains. Comme le rappelle l’essayiste états-unien Jason Smith dans un remarquable texte paru en juillet dans la revue new-yorkaise The Brooklyn Rail, « il n’y a pas d’indice “naturel” de fécondité ». La reproduction humaine est toujours étroitement liée aux conditions de reproduction sociale et aux besoins sociaux.

    Avant le capitalisme, les sociétés rurales « régulaient strictement les naissances » rappelle Jason Smith. Dès lors, les « transitions démographiques » ne sont pas étrangères au besoin massif de main-d’œuvre du capitalisme naissant et à l’apport du travail des enfants à la sauvegarde des ménages. Progressivement, le capitalisme a mué avec l’augmentation rapide de la productivité et a permis progressivement, et non sans mal, une libération du choix des femmes en matière de reproduction.

    Mais cette libération s’est faite au moment où le capitalisme occidental, avec la crise des années 1970, est entré en mutation. L’épuisement des gains de productivité a pesé sur les salaires réels et a conduit au développement du travail féminin, souvent cantonné à des salaires plus faibles. Alors les inégalités se creusaient, la progression sociale devenait de plus en plus difficile. Enfin, en accélérant son développement pour tenter de sauvegarder la croissance, les conditions écologiques n’ont cessé de se dégrader.

    Tous ces éléments peuvent être corrigés, mais pas réparés durablement par les politiques natalistes. On ne fait pas un enfant, même pour 100 millions de wons, lorsque l’on est incertain de son avenir personnel et de notre avenir collectif. Lorsque la pression sur le statut social, la santé ou le logement ne cesse d’augmenter, la difficulté à élever des enfants, mais aussi à projeter pour eux un avenir meilleur se dégrade. Or voici des certitudes que le capitalisme contemporain ne saurait donner.

    Ce qui est ici essentiel, c’est de bien percevoir que les données de la « production d’êtres humains » sont non seulement complexes, mais relatives à la situation dans laquelle on se situe. Les besoins et les exigences ne sont pas les mêmes dans les différentes sociétés. Comme le note Jason Smith, dans certains pays émergents, comme le Nigeria, le travail des enfants reste essentiel à la survie des ménages, mais, progressivement, le succès du développement capitaliste atteint ses propres limites, ce que même les Nations unies doivent reconnaître. Et de ce fait, il devient incapable de satisfaire les besoins qu’il crée pour son propre intérêt.
    L’avenir du capitalisme face à la crise démographique

    À quoi peut ressembler une économie en crise démographique ? On a vu que la pression du vieillissement d’une population en déclin sera sévère et en partie insoluble. Mais il n’y a pas de situation désespérée pour le capitalisme. Comme le rappelle Jason Smith, un des apports de Marx a été de précisément montrer la capacité du capital à produire de la valeur quelle que soit l’évolution de la population.

    Le capitalisme contemporain va donc s’efforcer de contourner l’obstacle pour continuer à produire de la valeur et, au moins, gagner du temps. Les tentatives de reprise en main sociale de la reproduction par une attaque directe sur les droits des femmes représentent la réponse de long terme possible, celle censée permettre de faire repartir la fécondité. C’est aussi pour cette raison qu’extrême droite et néolibéraux se retrouvent sur ce point. Mais il y a aura aussi des réponses plus directes.

    Le problème central de la nouvelle donne démographique pour le capitalisme est double : c’est, d’une part, une pénurie de travail qui le renchérirait et, d’autre part, un coût croissant des dépenses sociales. Pour continuer à produire de la valeur, il existe des réponses à ces deux défis. Le premier est évidemment d’automatiser le plus d’activités possible. L’intelligence artificielle (IA) ouvre là une possibilité permettant de relancer la productivité et maintenir un « surplus de population ». Mais son développement suppose des politiques classiques de soutien à « l’innovation » : financiarisation, baisses d’impôts sur le capital et subventions au secteur privé. Mais nul ne sait si ce développement est possible, que ce soit en termes techniques ou en termes de soutenabilité économique.

    Pour les emplois non automatisables, de nouvelles dérégulations du marché du travail permettant plus de précarité et offrant moins de droits permettront de contenir, malgré la pression, les salaires vers le bas. C’est d’ailleurs ce que l’on constate déjà dans plusieurs pays avancés comme les États-Unis où la croissance des salaires réels reste faible, malgré le plein-emploi.

    Enfin, il faudra achever d’en finir avec l’État social pour éviter que les dépenses publiques n’explosent et ne pèsent sur les profits. The Economist profitait en mai de la publication de l’étude du Lancet pour proposer ses solutions incontournables et notamment le report de l’âge de la retraite de plus de cinq ans « même si l’espérance de vie recule » et, bien évidemment, la privatisation le plus possible des pensions.

    Globalement, le monde que promet la crise démographique est un monde d’intensification des politiques actuelles. Une intensification qui finira immanquablement par aggraver la crise démographique. C’est bien pour cela que cette crise est aussi une opportunité pour construire une autre organisation sociale fondée sur la solidarité internationale, sur le respect des choix individuels et sur une logique de sortie de l’obsession de croissance.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010924/la-demographie-prochain-defi-global-haut-risque
    #diminution #monde #scénario #chiffres #statistiques
    #fécondité #hiver_démographique #population_mondiale #vieillissement #vieillissement_de_la_population #capitalisme #croissance #productivité #croissance_économique #silver_economy #Corée_du_Sud #immigration #natalité #déclin_démographique #extrême_droite #crise_démographique

  • Réarmement démographique : « L’État veut produire de la chair à canon »
    https://reporterre.net/Rearmement-demographique-L-Etat-veut-produire-de-la-chair-a-canon

    En évoquant le réarmement démographique, M. Macron rajoute aux discours natalistes « classiques » une « connotation guerrière insupportable », dit l’éditrice féministe Isabelle Cambourakis. « On nage en pleine dystopie. »
    [...]
    Le corps des femmes n’est pas une arme de guerre. Associer cette terminologie martiale à la politique nataliste me glace le sang. Cela donne l’impression que le gouvernement veut produire de la chair à canon. Ce n’est pas simplement un discours nataliste comme il y en a eu tant d’autres dans l’histoire. S’y ajoute en plus cette connotation guerrière insupportable, alors même que les conflits se multiplient dans le monde. On se demande quel est l’objectif visé concrètement par le gouvernement. Quelle politique le réarmement démographique va-t-il entraîner ? Est-ce seulement un élément de communication militariste ou non ? On reste dans l’expectative mais l’usage de ces mots est sidérant, rien que dans l’image que cela crée. Emmanuel Macron s’impose comme un chef autoritaire et martial qui veut avoir la main sur tout, un petit père du peuple, un pater familias qui irait jusqu’à gérer la reproduction de sa population.

    « On nage en pleine dystopie »

    J’ai l’impression d’assister à une vaste opération d’embrigadement des corps et des personnes pour les besoins d’une hypothétique guerre à venir, pour l’économie et la production ou pour faire face aux futures crises climatiques. On instrumentalise la jeunesse pour tenter de répondre aux catastrophes. Cela fait écho à de nombreux romans d’anticipation comme La Servante écarlate de Margaret Atwood ou le livre que j’ai édité, Viendra le temps du feu (2021) de Wendy Delorme. Dans ce livre, l’État oblige à la procréation et met en place des contrôles sanitaires pour surveiller la fertilité de sa population. Exactement comme les annonces d’Emmanuel Macron avec les tests de fertilité à 25 ans… On nage en pleine dystopie. Le discours du chef de l’État emprunte autant au pétainisme qui vante « la régénération du pays » qu’à la science-fiction.

    [...]

    Cela n’a pas d’influence sur les pratiques de procréation. Ce n’est pas parce que Macron appelle à un réarmement démographique que les gens vont tout d’un coup décider de faire des enfants ! Ces discours n’ont aucun effet, c’est une simple adresse envoyée aux conservateurs.

    … qui arrive un mois après l’adoption de la loi immigration.

    Cela va de pair. Pour que « la France reste la France », selon la formule d’Emmanuel Macron reprise à l’extrême droite, il faut à la fois limiter l’immigration et soutenir la reproduction des femmes blanches et des familles hétérosexuelles françaises.

    [...]

  • Aux Pays-Bas, le dirigeant populiste Wilders reçoit l’appui inattendu d’un rapport suggérant de limiter l’immigration
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/18/aux-pays-bas-le-dirigeant-populiste-wilders-recoit-l-appui-inattendu-d-un-ra

    Aux Pays-Bas, le dirigeant populiste Wilders reçoit l’appui inattendu d’un rapport suggérant de limiter l’immigration
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)
    Les Pays-Bas « débordent » : sur le réseau social X, le populiste néerlandais Geert Wilders a repris et adapté, lundi 15 janvier, le slogan de son prédécesseur Pim Fortuyn, qui, en 2002, avait lancé : « Les Pays-Bas sont pleins », et inauguré ainsi un débat qui perdure sur l’immigration et l’identité nationale. Un thème qui a d’ailleurs été au cœur des élections législatives du 22 novembre 2023, marquées par la victoire du dirigeant d’extrême droite et de son Parti pour la liberté (PVV), arrivé en tête avec 37 sièges sur les 150 de la Deuxième Chambre.
    Alors qu’il tente de former une coalition avec trois autres partis, M. Wilders a reçu, lundi 15 janvier, l’aide inattendue d’une instance indépendante, mandatée en 2022 par les députés pour étudier la situation démographique du royaume. La commission d’Etat pour les développements démographiques 2050 a rendu un rapport prônant « une augmentation limitée de la population » afin de préserver le bien-être du pays. Elle suggère essentiellement une forte limitation de l’immigration, avec notamment davantage de sélectivité pour la main-d’œuvre étrangère et un frein au regroupement familial. Le nombre des naissances ne joue pas dans l’accroissement de la population du pays : le taux de natalité était de 1,49 en 2022 (1,55 pour les mères d’origine étrangère).
    Le rapport estime aussi que les autorités devraient obtenir une dérogation aux règles européennes sur l’asile et la libre circulation des personnes, a fortiori si l’Union devait s’ouvrir à de nouveaux pays, comme l’Ukraine. Les Pays-Bas ont, depuis 2015, accueilli annuellement quelque 100 000 migrants avec, en 2022, un pic à 150 000 (outre 113 000 Ukrainiens). Si cette évolution devait se poursuivre, le pays, peuplé actuellement de 17,9 millions de personnes, pourrait en compter jusqu’à quelque 23 millions en 2050, prédit la commission, dirigée par Richard van Zwol, un membre du Conseil d’Etat.
    Dans ce scénario, le plus extrême des cinq retenus, 45 % de la population serait alors d’origine étrangère, contre 26 % si l’immigration était plus contrôlée. La commission suggère, en tout état de cause, une limitation à 40 000, ou 60 000 au maximum, du nombre d’étrangers admis chaque année. Selon les experts, le royaume ne devrait pas totaliser plus de 19 ou 20 millions d’habitants s’il veut s’épargner « pénurie, nuisances et exaspération ». Un nombre trop élevé de résidents entraînerait par ailleurs un accroissement des inégalités et des tensions, nuirait à la nécessaire confiance dans l’Etat et mettrait en danger le système de sécurité sociale, affirme le rapport. Il met aussi en exergue l’exiguïté du pays, qui est le plus densément peuplé d’Europe après Malte, avec 529 habitants par kilomètre carré. Les Pays-Bas connaissent, par ailleurs, un problème criant de manque de logements : il faudrait en construire 100 000 par an au cours de la prochaine décennie, et un afflux supplémentaire de population rendrait la situation plus critique encore.
    La limitation du nombre d’étrangers recueillerait, selon les auteurs de l’étude, l’approbation de 87 % des Néerlandais. Une aubaine pour Geert Wilders, qui espère toujours former une coalition avec le Mouvement agriculteur-citoyen de Caroline van der Plas, le Nouveau Contrat social de Pieter Omtzigt et le Parti populaire pour la liberté et la démocratie de Dilan Yesilgöz, la ministre démissionnaire de la justice. Les quatre dirigeants, retirés dans un domaine proche d’Hilversum, dans la province de Hollande septentrionale, poursuivent des débats difficiles, même si le chef du PVV a gelé ses propositions les plus extrêmes, comme l’interdiction du Coran, la fermeture des mosquées ou la sortie des Pays-Bas de l’Union européenne. Il a aussi accepté de soumettre le reste de son programme à un examen portant sur la légalité de celui-ci. Et la rumeur indique qu’il serait même prêt à confier le poste de chef du gouvernement à une autre personnalité.
    Rien n’est toutefois réglé. Sur l’immigration, par exemple, M. Omtzigt évoque un quota annuel de 50 000 personnes, tandis que le parti agrarien en tolérerait 15 000 au maximum. Mardi 16 janvier, M. Wilders a par ailleurs déclaré : « Nous avons un problème », dans une allusion à un vote intervenu la veille au Sénat. Les élus libéraux de la Première Chambre ont, contre l’avis de la direction de leur parti, approuvé un projet de répartition obligatoire des demandeurs d’asile dans toutes les communes du royaume. Un texte fermement combattu par les populistes et condamné par Mme Yesilgöz.
    L’épisode démontre que celle-ci, qui a succédé à Mark Rutte à la tête de la formation libérale, ne contrôle pas ses élus, par ailleurs divisés quant à une participation gouvernementale avec le PVV. Mme Yesilgöz entretient dès lors le flou : acceptera-t-elle un accord gouvernemental, fera-t-elle capoter les discussions, ou apportera-t-elle un soutien à la carte à une éventuelle coalition à trois ?
    La relance spectaculaire de la thématique migratoire inquiète, en tout cas, les milieux économiques, qui évoquent depuis des années un manque criant de main-d’œuvre, impossible à régler, selon les patrons, sans le recours à des travailleurs étrangers. La commission sur la démographie prône, pour l’avenir, l’acceptation d’étrangers disposant d’un niveau de formation élevé, mais ce sont les secteurs de la logistique, de la distribution ou du transport qui recherchent des collaborateurs, en général faiblement qualifiés. L’éducation et la santé recherchent toutefois également de nombreux travailleurs migrants.

    #Covid-19#migration#migrant#paysbas#immigration#natalite#densite#economie#maindoeuvre#migrationqualifiee#demographie#vieillissement#sante

  • L’extrême droite veut faire main basse sur nos utérus de femmes blanches
    http://www.slate.fr/story/216453/extreme-droite-veut-faire-main-basse-uterus-femmes-blanches-natalite-orban-zem
    Titiou Lecoq

    En Hongrie, Viktor Orbán organise un sommet sur la démographie. En France, le magazine Causeur a publié une couv immonde titrée « Souriez, vous êtes grand-remplacés ! » accompagnée d’une photo de bébés (que je me refuse à poster ici).

    On parle assez peu de la menace que représente l’extrême droite pour les femmes. Pourtant, les femmes sont au centre de leurs pensées. La question démographique, comme le montrent ces deux actualités, est fondamentale.

    Quand on lit des textes des suprémacistes blancs, la peur du grand remplacement ne fait pas seulement des « étrangers » des ennemis. Elle vise également les femmes.

    À LIRE AUSSI Comment l’extrême droite s’est réapproprié le féminisme

    L’analyse courante dans ces milieux, c’est qu’avec le féminisme, les femmes ont acquis la liberté de disposer de leurs corps via aussi bien l’IVG que la contraception. Le féminisme a incité les femmes à chercher à s’émanciper hors de la maison. Il les a encouragées à obtenir une indépendance économique et on a vu une augmentation du salariat chez les femmes dans les années 1970.

    Tout cela au détriment de la natalité.

    Or la natalité, c’est la puissance d’une nation.

    Affiche de propagande nataliste sous le gouvernement de Vichy.

    Les féministes ont donc fragilisé le pays et les hommes, en refusant de leur donner des fils.
    Mâles blancs en voie d’extinction

    Dans un second temps seulement, leur analyse se porte sur les « immigrés » (je mets des guillemets parce qu’en réalité, ils parlent moins des immigrés que de tous ceux qu’ils perçoivent comme non-occidentaux. C’est évident sur la couv de Causeur où rien n’indique que ces bébés ne sont pas français. Ce qu’on voit, c’est qu’ils ne sont pas blonds aux yeux bleus.) (Et après, ce sont les militant·es anti-racistes qu’on accuse d’être obsédé·es par la couleur.) Les immigrés (de certains pays bien sûr) auraient, eux, réussi à maintenir une domination patriarcale grâce à laquelle leurs femmes font encore beaucoup d’enfants. La balance serait donc déséquilibrée.

    Dans cette logique paranoïaque, la nation est mise en danger par les féministes et par les étrangers. Les étrangers et les féministes concourent à faire disparaître les mâles blancs.

    Limiter l’immigration ne suffira pas, comme le dit Viktor Orbán. Ce qu’il faut, c’est convaincre nos femmes de faire davantage d’enfants.

    Affiche des années 1950.

    Le féminisme n’a évidemment aucun problème avec le choix d’être mère. Ses différents courants alertent fréquemment sur le manque d’infrastructures telles que les crèches. On dénonce les violences obstétricales. On réclame le droit de vivre différemment sa grossesse et son accouchement. (J’en profite pour signaler que les sages-femmes demandent une revalorisation de leur salaire.)

    Mais on réclame avant tout le choix. Le choix d’avoir ou ne pas avoir d’enfant. Dans de bonnes conditions. Librement. Sans pression. Sans culpabilité.

    Ce que veulent les suprémacistes, c’est faire main basse sur nos utérus et en disposer.

    À LIRE AUSSI Pourquoi fait-on des enfants ?
    Une politique nataliste d’État

    Ainsi, le gouvernement de Orbán a mis en place une série de mesures pour inciter les couples à faire des enfants : il y a des aides pour les familles qui veulent accéder à la propriété ou agrandir leur logement, le doublement des allocations familiales, une aide sociale pour les grands-parents qui gardent leurs petits-enfants, etc.

    Mais, spoiler : parmi ces mesures, aucune ne permet aux femmes seules ou aux couples lesbiens ou homos d’avoir des enfants. Nous ne sommes pas face à une liberté de faire des enfants mais face à une politique nataliste d’État, avec un gouvernement qui décide qui peut ou ne peut pas se reproduire.

    En outre, des critiques expliquent que si la Hongrie se dépeuple à ce point, c’est également parce qu’un million d’habitants serait parti pour des raisons économiques et pour fuir le gouvernement Orbán.

    Le sommet hongrois sur la démographie n’est pas exceptionnel. Il est bisannuel et existe depuis 2015. Ce n’est pas étonnant. Cette question de la natalité est au cœur des préoccupations puisqu’elle s’articule avec l’obsession du grand remplacement. Pour ne pas être remplacé, il faut se multiplier. À cette édition du congrès, devraient être présents : Marion Maréchal-Le Pen, Éric Zemmour, le président serbe Aleksandar Vučić, les Premiers ministres polonais (Mateusz Morawiecki), tchèque (Andrej Babiš) et slovène (Janez Janša), Mike Pence (ancien vice-président de Donald Trump).

    À LIRE AUSSI Zemmour, le pétainiste cool

    En France, l’extrême droite se fait surtout entendre pour ses propos xénophobes et racistes. Mais le premier livre théorique d’Éric Zemmour, sorti en 2006, s’intitulait Le Premier Sexe et dénonçait la prise de pouvoir des femmes en France. Refuser aux femmes la possibilité de se réaliser comme un individu qui fait seul ses choix, faire pression sur elles, les ramener sans cesse à leurs fonctions reproductives, les limiter socialement à leur utérus, c’est au fondement de la pensée d’extrême droite. Ce n’est pas un à-côté dans leur conception du monde. Et la version moderne, dite « néo » (néo-fascisme, néo-extrême droite) n’y échappe pas.

    Mesdames, ces gens ne vous veulent pas du bien. Ils veulent faire main basse sur vos utérus.

    #féminisme

  • Les conséquences désastreuses de la politique de l’enfant unique - https://www.revolutionpermanente.fr/Les-consequences-desastreuses-de-la-politique-de-l-enfant-uniqu

    En Chine, être un homme célibataire de 35 ans signifie faire partie d’une minorité socialement stigmatisée. Dans cette société patriarcale, on considère que les hommes célibataires sont enclins à des comportements extrêmes voire violents, et constituent donc une menace pour l’ordre social. Le remède à ce mal est le mariage, un rite de passage obligé vers la condition d’adulte et en même temps la marque d’un statut social.

    Selon la Banque mondiale il y avait en 2018, dans la fraction de la population chinoise âgée de 15 à 64 ans, 28,4 millions d’hommes de plus que de femmes – de 8 à 11 millions dans les zones urbaines et le reste à la campagne. L’inégalité entre sexes atteint des proportions particulièrement marquantes dans les zones rurales. Selon les calculs d’Isabelle Attané et de l’équipe d’investigation DéfiChine, publiés dans le bulletin de l’INED (Institut national d’études démographiques) Populations et Sociétés, il y a dans les zones rurales 2000 hommes célibataires de 50 ans pour 100 femmes célibataires du même âge. Chez les célibataires de 35 ans, la proportion est de 500 hommes pour 100 femmes. Dans tout le pays, moins de 1 % des femmes de 50 ans restent célibataires. Il est évident que la majorité de ces hommes ne pourront jamais se marier, avoir des enfants et ainsi perpétuer la lignée familiale. La société les appelle « quang gun », les « branches sans feuilles ».

    #chine #natalité

  • Full article: Desire for parenthood at the time of COVID-19 pandemic: an insight into the Italian situation
    https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0167482X.2020.1759545

    #COVID-19 et #confinement : Baby-boom ou baisse de la #natalité ? | santé log
    https://www.santelog.com/actualites/covid-19-et-confinement-baby-boom-ou-baisse-de-la-natalite

    Cette période de confinement mondial, liée à l’épidémie COVID-19, va-t-elle entraîner, d’ici quelques mois, un phénomène tout aussi mondial de « baby-boom » ? Probablement pas, suggère cette étude qui a interrogé, en ligne, 1.482 participants, hommes et femmes en âge de concevoir. Les résultats, présentés dans le Journal of Psychosomatic Obstetrics & Gynecology, confirment un niveau d’inquiétude élevé lié aux conséquences possibles de l’infection à #SARS-CoV-2 sur la grossesse et aux difficultés économiques probables à l’issue de la #crise.

  • L’#Union_sociale pour l’#habitat fête ses 90 ans
    https://www.banquedesterritoires.fr/lunion-sociale-pour-lhabitat-fete-ses-90-ans

    L’#Union_sociale_pour_l’habitat a été créée en 1929. Elle rappelle, dans une frise historique débutant en 1889, que « l’histoire du logement social en France est étroitement liée à celle de la révolution industrielle ». Il visait alors plusieurs objectifs : lutter contre les « conditions misérables d’habitat des #ouvriers » ; mais aussi « protéger la #famille - pivot de la société - et donc de favoriser la #natalité » ; et même « lutter contre le socialisme naissant » (la meilleure solution étant de « combattre pacifiquement l’émeute en rendant l’ouvrier propriétaire » aurait dit Napoléon III).

    #hlm

  • Espagne : la droite offre de ne pas expulser les migrantes si elles font adopter leur bébé

    Cette proposition défendue par le #Parti_populaire espagnol fait scandale en Espagne, alors que les élections législatives se préparent.

    Un projet de loi qui fait scandale en Espagne. Le Parti populaire (conservateur) propose de retarder l’expulsion des #femmes_enceintes migrantes, si ces dernières consentent à abandonner leur bébé, rapporte El Pais.

    Une proposition que le parti espère pouvoir mettre en oeuvre en cas de victoire aux prochaines élections législatives. Selon son leader, Pablo Casado, la mesure viserait à lutter contre « l’hiver démographique » de l’Espagne qui fait face à une chute de sa natalité.

    L’agence EFE explique qu’une telle loi aurait pour but d’éviter aux migrantes souhaitant confier leur enfant à l’adoption d’être expulsées au cours de la procédure. Mais pour le Parti populaire, cette mesure serait loin de pouvoir servir de « bouclier » à toutes les femmes sans papier du pays, dans la mesure où elles seraient toujours expulsables après leur accouchement.

    Polémique sur les réseaux sociaux

    L’annonce de cette proposition a suscité une vive polémique en Espagne. « Sexiste. Raciste. Classiste. Il ne restait plus que ravisseurs d’enfants. Fascistes. Chaque démocrate doit voter à la prochaine élection pour empêcher cette foule de venir au pouvoir », s’est insurgé sur Twitter, à l’image de nombreux internautes, Ada Colau, la maire de Barcelone.

    Pour un autre internaute, cette proposition rappelle la dictature franquiste. « Le PP appelle les mères migrantes sans papiers à éviter temporairement leur expulsion en échange de l’adoption de leur enfant. C’est la version actuelle des fascistes qui, pendant des décennies, ont volé des milliers de bébés lors de la dictature », gronde-t-il.

    Une proposition inconstitutionnelle ?

    Selon Vladimir Núñez, un avocat spécialiste de l’immigration interrogé par El Pais, la proposition du PP pourrait être inconstitutionnelle. Celle-ci serait contraire à l’article 13 de la Constitution espagnole, qui garantit toutes les libertés publiques aux étrangers en Espagne.

    Face à la polémique, le leader du Parti populaire a finalement été contraint de réagir, qualifiant l’information de fake news. « Ce que propose le PP, est que les femmes enceintes qui décident de confier leur enfant à l’adoption se voient garantir la confidentialité et les mêmes droits, qu’elles soient régularisées ou non (...) Lorsque ces femmes décident de confier l’enfant pour adoption, la procédure de dénonciation de cette personne en situation irrégulière n’est pas engagée », a-t-il expliqué ce jeudi, rapporte El Norte de Castilla.

    https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/espagne-la-droite-offre-de-ne-pas-expulser-les-migrantes-si-elles-font-adop

    Une sorte de #bébé contre papiers !!!
    ça rappelle de sombres moments de l’#histoire espagnole... #franquisme

    #migrations #asile #adoption #placement #bébés #enfants #maternité #fascisme #régularisation #sans-papiers #bébés_volés #enfants_volés #grossesse

    Loi pensée contre la chute de #natalité
    #démographie #natalisme

    via @Filippo_Furri

    ping @isskein

  • La #famille, un nouvel idéal ?

    Depuis les années 1960, le taux de #divorce en Occident augmente chaque année. En parallèle, de nouveaux #modèles de familles, monoparentales ou recomposées, sont apparus. Pourtant, malgré ces mutations, le #modèle_traditionnel réunissant père, mère et enfants reste la superstar des publicités, comme celle de la littérature et du cinéma.

    https://www.arte.tv/fr/videos/058227-061-A/square-idee
    #stéréotypes #monoparentalité #familles_recomposées #représentations #vidéo #film #récit_familialiste #ordre #valeur_refuge #idéologie #famille_nucléaire #divorce #cellule_familiale #famille_nucléaire #norme #propriété #mariage #christianisme #Eglise_catholique #amour #idéal_romantique #égoïsme_parental #lavage_de_cerveau #politiques_natalistes #Etat #domestication_de_la_sexualité #sexualité
    enfant comme #fixateur_social —> et c’est comme cela que, selon les deux interviewés, on ne fait pas la #révolution...

    #femmes comme #armée_de_réserve, nous suggère une des personnes interviewées (9’15 min) :

    « La #prime_aux_fourneaux fait actuellement l’objet de discussions en Autriche. Le #Vorarlberg a proposé de donner 300 euro aux femmes qui n’ont pas recours à la garde d’enfants dans les écoles maternelles, et ce jusqu’à l’âge de 6 ans. Et en Haute-Autriche cette question est également discutée. C’est révélateur du fait que le nombre d’emplois diminue. Autrement dit, selon l’état actuel du #marché_du_travail, les #femmes sont utilisées comme une armée de réserve. En ce moment on préfère les avoir à la maison car il y a de toutes façons peu d’emplois. C’est toujours en fonction des besoins économiques. »

    #Empire_romain #domination_masculine #unité_de_consommation #financement_des_retraites #violence #patriatcat #matriarcat #hiérarchie #maternité

    Interviewée :

    « J’ai lu un jour une interview d’un manager qui déclarait à la fin de sa carrière : ’Je ne pouvais pas m’occuper de mes enfants, mais je vais me rattrapper maintenant à la retraite avec mes petits-enfants.’ Imaginez qu’une femme dise une chose pareille. Elle ne peut pas dire ça. » Elle ne peut pas dire cela parce que les sanctions qui pèsent sur les mères sont beaucoup plus fortes que sur les pères défaillants

    #économie #travail #formation_à_la_parentalité #modèle_familial #éducation_des_enfants #éducation_collective #anarchisme #clan #amour_romantique #responsabilité #pression_sociale #congé_parental #explosion_démographique #justice_distributive #écologie #save_the_planet_make_no_baby #pression_sociétale #infertilité #propagande_nataliste #insémination_artificielle #cliniques_de_fertilité #business #néolibéralisme #néo-libéralisme #féminisme #politique_familiale #natalité

    • APHORISMAIRE À L’USAGE DES FUTURS FAMILICIDES

      Ce recueil d’aphorismes peu compatibles avec les bonnes mœurs ne devrait pas faire remonter la cote de popularité de son auteur, pourtant au plus bas dans les sondages effectués dans les maternités. Et pas seulement dans les maternités, confirment les critiques littéraires.
      Écridéviant, performeur volontiers nudiste, cofondateur de la « Fête des Non-Parents » et peintre en statues coloniales, Théophile de Giraud, né par hasard et sans conviction en 1968, a commis quelques doigts de livres désobligeants, tatoués d’humour noir et parfois diaprés d’une vaporeuse touche d’anti-natalisme consensuel.
      Épris de subversion carabinée, ce riant comparse de Noël Godin a participé, entre deux tentatives de suicide ou de régime amincissant, aux entartages de Doc Gynéco et de l’anticontraceptif archevêque Léonard, ainsi qu’au Coup d’État burlesque de Jan Bucquoy.
      Il a d’ores et déjà prévenu ses éventuels futurs parents qu’il refusera de renaître, même contre forte récompense.


      http://www.maelstromreevolution.org/pages/FRA/prodotto.asp?ProdottoID=308&FamigliaID=0

      #livre #Théophile_de_Giraud

  • More than 63 million women ’missing’ in India, statistics show | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2018/jan/30/more-than-63-million-women-missing-in-india-statistics-show

    More than 63 million women are “missing” statistically across India, and more than 21 million girls are unwanted by their families, government officials say.

    The skewed ratio of men to women is largely the result of sex-selective abortions, and better nutrition and medical care for boys, according to the government’s annual economic survey, which was released on Monday.

    In addition, the survey found that “families where a son is born are more likely to stop having children than families where a girl is born”.

    Statistics indicate that India has 63 million fewer women than it should have, scientists say.

    ...

    By analysing birth rates and the gender of last-born children, the report also estimated that more than 21 million Indian girls are not wanted by their families.

    #Inde #natalité #filles #discrimination #sexisme

  • Climat : « La priorité est de réduire le train de vie des plus riches, pas la natalité des plus pauvres »
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/24/climat-la-priorite-est-de-reduire-le-train-de-vie-des-plus-riches-pas-la-nat

    la moitié des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine n’est le fait que de 10 % de la population mondiale, les plus fortunés – en majorité situés au Nord, mais pas uniquement. Parmi ceux-ci, le centile le plus riche de la planète émet en moyenne 71 tonnes de CO2 et bénéficie d’un revenu annuel moyen de 135 000 dollars (en parité de pouvoir d’achat 2014). En revanche, les 50 % des humains les plus pauvres du globe n’émettent qu’un dixième des gaz responsables du réchauffement d’origine anthropique. Ceux-ci vivent tous avec un revenu annuel moyen inférieur à 8 000 dollars, pour des émissions inférieures à 6,5 tonnes de CO2 per capita.

    Où se situe la priorité ? Dans la réforme des habitudes de consommation des plus privilégiés d’entre nous, notamment des 70 millions les plus fortunés, ou dans le contrôle des naissances de 3,5 milliards de personnes qui continuent de vivre avec un revenu voisin du RSA (revenu de solidarité active) français ?

  • Mères allemandes: le tiraillement persistant
    https://www.mediapart.fr/journal/international/160817/meres-allemandes-le-tiraillement-persistant

    Entre moins 8 et moins 14 millions d’habitants d’ici à 2060. Quel que soit le scénario choisi par les démographes, la population allemande est destinée à baisser, inexorablement. Reportage dans un pays vieillissant, où la natalité reste faible malgré des mesures innovantes mises en place ces dernières années.

    #International #Allemagne #Berlin #démographie #égalité_homme-femme #femme #mère #natalité #politique_familiale #vieillissement

  • #Italie. #Femmes, faites des #enfants, dit le gouvernement

    Pour lutter contre une dénatalité record, le gouvernement italien lance une campagne et une “journée de la #fertilité”. En appelant les femmes à “se secouer” avant qu’il ne soit trop tard, et en mettant de côté la situation précaire des femmes en âge de procréer.


    http://www.courrierinternational.com/article/italie-femmes-faites-des-enfants-dit-le-gouvernement
    #démographie #campagne #genre
    cc @albertocampiphoto @mad_meg

  • Polygamie et mariages précoces derrière le taux de natalité galopant parmi les réfugiés syriens - Jeanine JALKH - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/1004345/polygamie-et-mariages-precoces-derriere-le-taux-de-natalite-galopant-

    Interrogé sur ce taux de natalité, le Dr Walid Ammar, directeur général de la Santé, souligne qu’il ne faut pas oublier un principe de base, à savoir que « le taux de natalité est étroitement lié au chômage et à la pauvreté, un phénomène universel ». M. Ammar avance le chiffre de 40 000 naissances par an chez les réfugiés syriens au Liban sur une population de plus d’un million et demi. « À titre comparatif, le taux de natalité chez les Libanais est de l’ordre de 70 000 par an sur une population de près de plus de 4 millions », dit-il. Nous sommes donc en présence d’« un taux brut de natalité qui est, pour la population libanaise de 18 pour mille et pour les réfugiés syriens de 33 pour mille » , précise encore le directeur.

    Selon les chiffres du Haut-Commissariat des réfugiés, les naissances d’enfants syriens enregistrées depuis le début de la crise en 2011 jusqu’à août 2016 s’élèvent à 100 000. Cette différence entre les chiffres officiels libanais et ceux de l’agence onusienne pourrait s’expliquer, selon le Dr Ammar, par le fait que l’afflux des réfugiés en provenance de Syrie s’est nettement accéléré à partir de 2013. « Il ne faut pas oublier non plus qu’une partie des réfugiés ne s’inscrivent pas auprès du Haut-Commissariat et n’inscrivent pas par conséquent leurs enfants », fait remarquer Maha Atassi, directrice de l’ONG Aden (centre de soutien psychologique) à Tripoli, qui vient de lancer un programme de planning familial.

    Cette dernière milite depuis des années dans le cadre de l’ONG dont elle relève en faveur de la scolarisation des enfants des réfugiés happés, de plus en plus jeunes, par le monde du travail aux dépens de leur épanouissement et de leur développement. « Moins d’enfants signifie plus d’éducation et plus de qualité de vie. Il ne faut jamais oublier que nous parlons de la génération qui ira reconstruire la Syrie de demain. »

    Sous un titre un peu nul, un article pas inintéressant du tout.

    #syrie #natalité

  • Être bien logé pour fabriquer des milliers de beaux bébés ?

    L’ombre du #nazisme plane sur l’#eugénisme. Il a pourtant aussi conduit à des mesures de #protection_sociale. À travers l’histoire d’une #cité-jardin alsacienne poursuivant un projet nataliste et eugéniste, Paul-André Rosental déploie les multiples facettes de cette doctrine complexe, en montrant les diverses recompositions de ses usages politiques au cours du XXe siècle.


    http://www.metropolitiques.eu/Etre-bien-loge-pour-fabriquer-des.html
    #Alsace #natalité #Wacken #urbanisme #histoire #Strasbourg #livre

  • Une natalité censitaire condamne le #Japon au déclin démographique
    https://www.mediapart.fr/journal/international/090816/une-natalite-censitaire-condamne-le-japon-au-declin-demographique

    La #démographie déclinante du Japon, anticipant celle d’une grande partie du monde développé, est un frein permanent à la croissance. Entre l’accoutumance au déclin et la correction d’une natalité inégalitaire, le système politique est incapable de choisir.

    #International #Abenomics #emploi_des_femmes #Jesper_Koll #Karel_van_Wolferen #Minami-Azabu #Nagi-machi #natalité #NHK #PLD #Shinzo_Abe #société