• Mayotte : le durcissement du droit du sol adopté définitivement par le Parlement
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/04/08/mayotte-le-durcissement-du-droit-du-sol-adopte-definitivement-par-le-parleme

    Mayotte : le durcissement du droit du sol adopté définitivement par le Parlement
    Le Monde avec AFP
    Lors d’un ultime vote à l’Assemblée nationale, le Parlement a définitivement adopté, mardi 8 avril, un texte très contesté visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, archipel dévasté par le cyclone Chido et en proie à une forte pression migratoire. Ce texte renforce une dérogation spécifique au droit du sol qui existe à Mayotte depuis 2018.Déjà adopté au Sénat jeudi dernier, après un accord sur la version finale entre députés et sénateurs, le texte porté par Les Républicains (LR) a passé sans difficulté le dernier vote, avec 339 voix exprimées pour, et 174 contre, fort du soutien de la coalition gouvernementale et des députés d’extrême droite.
    La gauche, de son côté, est vent debout contre cette proposition, qui ne réglera rien, selon elle, à la surpopulation liée à l’immigration en provenance des Comores, et porte atteinte au principe d’égalité devant la loi. Les différents groupes ont déjà promis de saisir le Conseil constitutionnel, espérant voir le texte censuré.
    Depuis la loi sur l’immigration de 2018, Mayotte se voyait déjà appliquer un régime dérogatoire du droit commun, puisque, pour accéder à la nationalité française à sa majorité, un enfant né à Mayotte doit actuellement justifier de sa naissance et de sa résidence en France, mais aussi de la régularité de la résidence de l’un de ses parents durant les trois mois précédant sa naissance. Avec ce nouveau texte, les deux parents devront résider régulièrement en France depuis au moins un an. Une exception a été aménagée pour les familles monoparentales.
    « Les causes des migrations sont multiples, mais les perspectives d’accès à la nationalité française constituent un facteur indéniable d’attraction pour l’immigration irrégulière » dans l’archipel, a justifié le député LR Philippe Gosselin, auteur du texte, estimant cependant que celui-ci ne sera pas « suffisant ». Il a promis « d’élargir » le débat relatif à l’ordre et à la sécurité à Mayotte dans le cadre d’un vaste projet de loi pour « refonder » l’archipel, attendu en mai au Sénat.
    Le texte permettra de « renforcer la cohésion sociale à Mayotte », a estimé la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, devant les députés. Un leurre, pour la gauche, et une « attaque fondamentale à l’identité française », selon les mots du député « insoumis » Aurélien Taché, pour qui le texte est « un cheval de Troie » visant à « rouvrir le débat sur le droit du sol au niveau national ». « Mayotte est en passe de devenir le laboratoire des idées de l’extrême droite », a aussi fustigé la députée écologiste Dominique Voynet, affirmant que le texte « présage de la fin du droit du sol en France ».
    « A gauche, vous profitez du fait que Mayotte soit à terre après la pire catastrophe climatique de notre pays en vous disant qu’il est temps d’achever notre île », a déclaré Estelle Youssouffa, députée de ce département (groupe centriste LIOT), accusant par ailleurs le gouvernement Bayrou d’attendre avant de lancer les grands travaux de reconstruction.« Son impact sur la vie de nos compatriotes mahorais ou sur le déferlement migratoire (…) sera minime », a, de son côté, jugé la présidente du groupe Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, estimant que « la première urgence (…) consisterait à supprimer purement et simplement le droit du sol (…) sur l’ensemble du territoire national ». Elle a également appelé le gouvernement à dévoiler sa feuille de route pour « rendre à Mayotte les moyens et la dignité qu’elle mérite ».
    Le texte a été élaboré avant le passage du cyclone Chido, qui a ravagé le 14 décembre le département le plus pauvre de France, faisant au moins 40 morts et exacerbant les maux dont souffrait déjà l’archipel, parmi lesquels une forte pauvreté, un habitat indigne, ou encore un manque de services publics.Mais le cyclone a également ravivé la sensible question migratoire et les demandes appuyées des élus locaux. Environ 320 000 personnes s’entassent sur ce territoire d’un peu plus de 300 kilomètres carrés, parmi lesquelles près de la moitié sont des étrangers, estime l’Insee. Selon une enquête menée en 2016, environ « la moitié des étrangers » se trouvaient alors « en situation irrégulière ».
    Lors de l’adoption en première lecture à l’Assemblée, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, s’était déclaré favorable à l’ouverture d’un débat sur le droit du sol au niveau national. Des voix contraires s’étaient élevées dans le gouvernement, notamment celle de la ministre de l’éducation nationale, Elisabeth Borne.François Bayrou avait déclaré vouloir un débat plus large, sur « qu’est-ce qu’être Français ? », dont il a confié l’organisation, le 1er avril, au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Par ailleurs, une proposition de loi visant à étendre à Mayotte l’aide médicale de l’Etat (AME), réservée aux étrangers sans papiers, sera étudiée le 15 mai dans le cadre de la journée consacrée aux textes du groupe indépendant LIOT, a annoncé celui-ci mardi.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#droit#droitdusol#nationalite#migrationirreguliere#sante

  • „Die Tesla-Files“ – das Buch über Elon Musk : „In Grünheide herrscht die pure Angst“
    https://www.berliner-zeitung.de/open-source/die-tesla-files-das-buch-ueber-elon-musk-in-gruenheide-herrscht-die

    Depuis l’installation de Tesla sur le sol allemand nous sommes entrés dans un nouvel age des sectes totalitaires qui ressemble à une version accélérée high-tech de l’ère du déclin de l’empire romain.

    Il n’y a pas que le sous-empire privé de l’Ironman Musk qui menace notre existence puisque les élites ouest-européennes misent sur la victoire du bloc états-unien. Se débarasser des fanatiques de l’ultra-libéralisme nécessitera une campagne de reconquête humaniste unissant la majorité des forces populaires européennes.

    Avec le nouvel élan nationaliste états-unien sous Trump s’ouvre une fenêtre pour la création d’alliances et de coalitions humanistes européennes.

    8.4.2025 von Lena Reich - Ein Interview mit Sönke Iwersen und Michael Verfürden, die hinter die Fassade der Tesla-Gigacity geblickt und dabei zum Teil Verstörendes entdeckt haben.

    Dies ist ein Open-Source-Beitrag. Der Berliner Verlag gibt allen Interessierten die Möglichkeit, Texte mit inhaltlicher Relevanz und professionellen Qualitätsstandards anzubieten.

    Das nennt man eine glückliche Fügung. Während Elon Musk in diesen Tagen mit seinem Wirken ohne Unterlass Anlass zur Berichterstattung gibt und sich alle Welt fragt, was der reichste Mann der Welt im Schilde führt, erscheint in gebundener Form das, was die Journalisten Sönke Iwersen und Michael Verfürden in monatelanger Recherche über den einerseits gefeierten, andererseits kritisch beäugten Tech-Milliardär in Erfahrung gebracht haben. „Die Tesla-Files: Enthüllungen aus dem Reich von Elon Musk“ lautet der Titel des Buches. Es liest sich so spannend wie ein Wirtschaftskrimi.

    Herr Verfürden, Herr Iwersen, Sie haben gemeinsam ein Buch über Tesla veröffentlicht und sind jetzt Elon-Musk-Experten. Wieso hat sich der Tech-Milliardär überhaupt dazu entschlossen, den Wahlkampf von Donald Trump zu unterstützen?Verfürden: Musk hat Trump mit 250 Millionen US-Dollar unterstützt, weil sich die Schlinge um seinen Hals enger gezogen hat. Im Oktober hat er in einem Interview mit dem US-Journalisten Tucker Carlson gesagt, wie schlimm es für ihn wäre, sollte Kamala Harris die Präsidentschaftswahlen gewinnen. Musk sagte, er sei am Ende, wenn Donald Trump verliert. In seinen Worten: „If he loses, I’m fucked.“ Seit dem Amtsantritt von Trump hat Musk dann mit seinem Doge-Team alles dafür getan, dass seine Feinde verschwinden. Das waren in erster Linie Beamte, die verschiedene Ermittlungen gegen ihn und seine Unternehmen führten. Wegen Zweifel am Autopiloten, wegen des Verdachts auf Kursmanipulation, wegen Untätigkeit bei der Kontrolle von Hatespeech. Lina Kahn, die Chefin der US-Verbraucherschutzbehörde, ist zurückgetreten. Auch Gary Gensler, der Chef der US-Börsenaufsicht, ist nicht mehr im Amt.

    Musk während einer Kabinettssitzung im Weißen Haus

    Musk während einer Kabinettssitzung im Weißen HausSamuel Corum/imago

    Ihr 14-köpfiges Rechercheteam ist bei der Auswertung der Daten auf Probleme beim autonomen Fahren gestoßen. Wie sind Sie an die Daten gekommen?

    Iwersen: Der ehemalige polnische Tesla-Mitarbeiter Lukasz Krupski hat mich im November 2022 aus heiterem Himmel angerufen und mir erzählt, dass in dem Unternehmen sensible Daten einfach ungeschützt im Intranet rumliegen. Das konnte ich anfangs gar nicht glauben, aber nach einer Weile hatte ich über 100 Gigabyte. Privatadressen und Gehälter von 100.000 Mitarbeitern. Geheime Entwicklungsprojekte. Verträge. Tausende von Kundenbeschwerden zum Autopiloten.

    Was haben Sie mit den Daten gemacht?

    Iwersen: Wir haben Monate damit zugebracht, die Daten zu überprüfen. Am Ende hat Teslas eigene Rechtsabteilung bestätigt, dass sie echt sind. Wir sollten die Daten zurückschicken, bei uns löschen und Tesla dann die Löschung bestätigen. Außerdem schrieb uns der Anwalt, wir dürften die Daten nicht verwenden. Wir sind allerdings zu einer anderen Rechtsauffassung gekommen und haben gedruckt – erst einen Artikel und seither viele Dutzend mehr. Und wir haben nie wieder etwas von Teslas Anwälten gehört.

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    Sie haben Musk niemals selbst getroffen, sind ihm aber über die Datenauslesung sehr nahegekommen. Was hat Sie am meisten überrascht?

    Verfürden: Mich hat es überrascht, dass Musks System seit so langer Zeit funktioniert. Für ihn arbeiten weltweit über 100.000 Menschen, aber für Außenstehende ist Tesla eine Blackbox. Die Gewerkschaften können schwer Fuß fassen. Die Medien haben keinerlei Kontakte in die Werke, was völlig ungewöhnlich ist bei einem Unternehmen dieser Größe und Relevanz. Dass allgemein so wenig nach draußen ging, das ist wirklich total irre.
    Iwersen: Mir war nicht klar, seit wie viel Jahren Musk schon verspricht, dass man in einen Tesla einsteigen kann, sich auf die Rückbank legt und das Auto einen dann im Schlaf von A nach B fährt. Das geht schon zehn Jahre so. Wenn Leute Fragen stellen, warum es denn so lang dauert, gibt Musk einfach das nächste große Versprechen ab. Und alle glauben ihm. Er ist wirklich ein sehr guter Verkäufer.

    Sie schreiben in Ihrem Buch: „Uns fallen wenig andere Unternehmen ein, bei denen Wahrnehmung und Realität derart weit auseinanderklaffen wie bei Tesla.“ Wie meinen Sie das?

    Verfürden: Es gibt diese superlangen Excel-Tabellen mit Beschwerden von Kunden, die eigentlich nur den Schluss zulassen, dass das autonome Fahren noch sehr weit weg ist von dem, was Musk verspricht. In Gerichtsakten konnten wir sehen, was passiert, wenn jemand Musk für seine falschen Versprechen zur Verantwortung ziehen will. Dann sagen seine eigenen Anwälte, dass es doch klar sei, dass Musk nur übertrieben habe. Und dass diejenigen, die ihm geglaubt haben, selbst schuld seien.

    2022: Bundeskanzler Olaf Scholz (l.) und Elon Musk nehmen an der Eröffnung der Tesla-Fabrik in Grünheide teil.

    2022: Bundeskanzler Olaf Scholz (l.) und Elon Musk nehmen an der Eröffnung der Tesla-Fabrik in Grünheide teil.Patrick Pleul/dpa

    Musk gilt als Genie, als Revolutionär, als Arbeitstier. Er selbst nennt sich Weltverbesserer. Was ist das für eine Faszination, die von Elon Musk also ausgeht?

    Iwersen: Als wir mit der Recherche begannen, da war er noch total ikonisch. Ein Tech-Pionier, ein Rebell, ein Mann, der besessen ist von seiner Mission. Aber im guten Sinne. Seit seinem Einstieg in die Politik hat sich Musks Image dramatisch geändert. Viele halten ihn für gefährlich. Uns ist wichtig zu betonen, dass wir nicht bezweifeln, dass Musk ein Ausnahmeunternehmer ist. Ohne ihn wäre die Elektromobilität heute nicht da, wo sie ist. Ich kann mich erinnern, als die Gigafactory eingeweiht wurde. Die Fabrik sah aus wie ein Raumschiff, das gerade in Brandenburg gelandet ist. Es war ein Tempel der Technologie – ein absolutes Vorbild. Und es war Musk, der sein Raumschiff hier in Deutschland gelandet hat.

    Er ist schon ein sehr talentierter Mann …

    Iwersen: Musk hat alles neu erfunden. Seine Autos sind keine Autos, sondern Computer auf Rädern. Als Kind hat er viel gelesen, besitzt große mathematische Fähigkeiten, hat seine eigenen Computerspiele programmiert und viele seiner Ideen entstammen der Science Fiction. In Interviews kommt er immer wieder auf Isaac Asimov zu sprechen …

    … ein russisch-amerikanischer Biochemiker und Schriftsteller, der als Ur-Vater der Science Fiction gilt …

    Iwersen: … aus seiner Feder stammt „Foundation, I-Robot“. Musk hat die Bücher verschlungen. Auch Comics über Superhelden. Das betont er immer wieder. Jeder kann sehen, dass er sich irgendwie auch selbst für einen Superhelden hält. Er will, wie Spiderman und Thor, die Welt verbessern. Er braucht aber keinen Spinnenbiss oder einen Hammer. Er ist sehr intelligent und er hat sehr viel Geld. Er ist Ironman. Er nimmt die Sachen selber in die Hand und rettet die Welt. Und wenn der Superschurke nicht von der Nato oder von den US-Streitkräften gebändigt werden kann, dann klärt er das mit seiner Roboter-Flotte. Elon Musk schaltet seine Satelliten an, damit die ukrainische Armee wieder sehen kann. Weil das eben niemand anders kann. Von dieser Macht sind sehr viele Menschen angezogen, die ihn dafür bewundern. Darunter sind auch viele der Menschen, die für ihn arbeiten. Auch der Whistleblower Lukasz Krupski hat uns gesagt, er sei anfangs nicht einfach Mitarbeiter von Musk gewesen, sondern sein Jünger. Das gilt auch für Menschen in seinen anderen Unternehmen. Mit SpaceX will Musk den Weltraum erobern. Mit Neuralink will er Chips in unsere Gehirne einpflanzen, damit wir in Zukunft mit der Künstlichen Intelligenz mithalten können. Wenn man für Musk arbeitet, ist man nicht einfach bei ihm angestellt. Man ist Teil seiner Mission.

    Es ist erstaunlich, wie viel Macht Musk über jeden einzelnen seiner Mitarbeiter hat. Wie genau ist das System Tesla aufgebaut?

    Verfürden: Es gibt zwei Säulen in diesem System: Loyalität und Angst. Viele Mitarbeiter haben bei Tesla angefangen, weil sie Fans von Elon Musk oder der Technik sind. Sie wollen Teil der Mission sein und bekommen ständig eingebläut, dass alle um sie herum böse Absichten haben. Die Ölkonzerne. Die etablierten Autokonzerne. Die Medien. Die Politik. So entsteht eine Wagenburg – und in dieser Wagenburg eine ungeheure Loyalität. Das andere Führungsprinzip: Angst. Fast alle, die dort arbeiten, haben uns gesagt: „Du musst wahnsinnig gut aufpassen, was du im Werk sagst. Alles kann gegen dich verwendet werden.“ Wir wissen, dass Tesla Zehntausende von Lizenzen Code 42 erworben hat. Eine Spionagesoftware zum Schutz gegen die eigenen Mitarbeiter. Das legt einen Überwachungsstaat nahe. Und trotzdem ist es uns inzwischen gelungen, das Vertrauen der Leute zu gewinnen.

    Im Tesla Security Team in den USA arbeiten ehemalige CIA- und FBI-Leute. Gibt es etwas Vergleichbares auch in Deutschland?

    Verfürden: Ja. Tesla sucht gezielt ehemalige Polizisten, Soldaten und Geheimdienstler. In einer Stellenbeschreibung stand sogar, dass die Bewerber nicht nur innerhalb der Werksmauern Informationen sammeln sollten, sondern auch außerhalb.

    Die AfD war stark dagegen, dass Tesla nach Brandenburg kommt …

    Iwersen: Eigenartig, nicht? Die AfD war immer gegen Elektromobilität, weil sie das als Angriff auf die deutsche Mobilindustrie gesehen hat. Wenn die Betriebsratschefin Michaela Schmitz sagt, dass Tesla stolz darauf ist, 150 Nationen unter einem Dach zu beschäftigen, und nur wenige Zeit später der CEO sagt, die einzige Partei, die Deutschland retten kann, ist die AfD und Alice Weidel, müsste es doch einen Aufschrei im Betrieb geben oder die Chats im Intranet heiß laufen. Aber nichts passiert. In Grünheide herrscht die pure Angst. Informanten, die wir mittlerweile haben, haben uns gesagt: „Niemand will sich hier den Mund verbrennen. Du musst immer gewahr sein, dass jemand mitliest.“

    Erinnert Sie das auch an totalitäre Systeme?

    Verfürden: Es gibt jedenfalls Mitarbeiter, die von einer Diktatur, von Big-Brother-Tesla oder einer Art Sekte sprechen. Angestellte bekommen indoktriniert, sie sollten Elons DNA annehmen und müssten mehr so werden wie ihr Chef. Gleichzeitig leben sie in ständiger Angst, dass ihre Projekte scheitern könnten, weil Musk ihnen dazwischenfunkt.

    Immer wieder gab es Unfälle, auch in Brandenburg, bei denen der Verdacht besteht, dass der Autopilot nicht richtig agiert hat. Wie verhält sich der Konzern dazu?

    Iwersen: Fakt ist, dass es weltweit viele Kunden gibt, die sich über abruptes Beschleunigen oder Abbremsen beschweren. Die Service-Mitarbeiter sind angehalten, dazu keine schriftlichen Aussagen zu machen. Obwohl Tesla immer wieder betont, alle Daten zu sammeln, fehlen genau die zu den entscheidenden Zeitpunkten der Unfälle: Wenn also die Autos ungebremst gegen eine Mauer oder einen Baum fahren. Und das Deprimierende für die Hinterbliebenen: Ohne Daten kann man nicht beweisen, dass vielleicht der Autopilot an dem Unfall schuld war und nicht der Fahrer.

    Warum ist ein System wie Tesla im supersicheren Deutschland überhaupt möglich?

    Verfürden: Oft fehlt die Möglichkeit für die deutschen Behörden zu agieren. Ein Beispiel: Teslas versenkte Türgriffe sollen bei mehreren tödlichen Unfällen eine zentrale Rolle gespielt haben. Ersthelfer konnten Opfer nicht aus brennenden Fahrzeugen retten. Das stört offenbar auch das Kraftfahrt-Bundesamt. Aber die Genehmigung für den europäischen Markt erteilt das niederländische Pendant der Behörde. Diese Ohnmacht führt zu der absurden Situation, dass der Automobilklub ADAC Tesla-Fahrern auf seiner Homepage empfiehlt, stets einen Notfallhammer mitzuführen, um im Ernstfall die Fenster einschlagen zu können.

    Zu den Personen

    Sönke Iwersen ist Leiter des Investigativ-Ressorts beim Handelsblatt. Er ist dreifacher Träger des Wächterpreises, erhielt 2017 den Kurt-Tucholsky-Preis für Literarische Publizistik und 2019 den Deutschen Reporterpreis.

    Michael Verfürden ist seit 2020 Redakteur im Ressort Investigative Recherche beim Handelsblatt. Aufmerksamkeit erregte er insbesondere mit seinen Enthüllungen über den Skandalkonzern Wirecard.

    Lena Reich ist freie Autorin, arbeitet u.a. für arte journal und Junge Welt. Seit 2018 leitet Reich das Müll Museum in Berlin Gesundbrunnen.

    #Europe #Allemagne #technologie #libéralisme #nationalisme #sectes #disruption

  • Laura Loomer a la joie de t’annoncer qu’« il existe une nouvelle application où les citoyens peuvent signaler les immigrés illégaux et les étrangers impliqués dans des activités criminelles, et être payés en crypto pour cela ! ». Et de conclure avec enthousiasme : « Report and deport ! ».
    https://x.com/LauraLoomer/status/1906080456765775947

    There’s a new app where citizens can report illegal aliens and foreigners engaged in criminal activity AND get paid in crypto for doing so!

    On @LoomerUnleashed, I spoke with independent journalist @JacobEngels about how the ICE Raid app http://iceraid.us uses geotagged submissions, AI verification & tip-sharing to assist local & federal law enforcement in catching illegal aliens who need to be DEPORTED.

    This is what crowd-sourced patriotism looks like. Report and deport!

    Celle qui termine sa bio en prétendant être une « Feisty Jewess » semble ignorer qu’ici en France, « Dénoncer et déporter » les « feisty jewesses » a pendant quelques années été un passe-temps tout à fait courant. Mais après les gens ont évité de s’en vanter. Peut-être qu’en disant « patriotisme crowdsourcé » au lieu de « corbeau » et « lettre anonyme de dénonciation », effectivement ça passerait mieux.

    • Pourtant ... l’auteur de l’hymne nationale Deutschlandlied s’est prononcé contre la délation.
      https://de.m.wikipedia.org/wiki/August_Heinrich_Hoffmann_von_Fallersleben


      August Heinrich Hoffmann von Fallersleben

      Der größte Lump im ganzen Land das ist und bleibt der Denunziant.

      Il en savait quelque chose de la delation et de la perte de sa nationalité..

      Wegen seines Eintretens für ein einheitliches Deutschland und seiner liberalen Haltung, die sich in seinen Unpolitischen Liedern äußerte, wurde Hoffmann 1842 von der preußischen Regierung pensionslos seiner Professur enthoben. Die Regierung warf ihm aufgrund der Schriften unter anderem „politisch anstößige Grundsätze und Tendenzen“ vor. Ein Jahr später entzog man ihm die preußische Staatsbürgerschaft und verwies ihn des Landes. Dies war der Wendepunkt in seinem Leben; Hoffmann ging ins Exil. Er irrte quer durch Deutschland, wurde aber von politischen Freunden aufgenommen.

      Puis ...

      Ständig von der Polizei bespitzelt, wurde er 39-mal ausgewiesen, darunter dreimal aus seiner Heimatstadt Fallersleben. An etlichen Stationen seines Wanderlebens wurden im 20. Jahrhundert Schrifttafeln an Gebäuden angebracht.

      L’amitié entre les peuples ne fut pas sa cause préférée.

      Prägend für seine Haltung gegenüber Frankreich war für ihn wie für viele seiner Generation das Erlebnis der Rheinkrise, als 1840/1841 Frankreich Anspruch auf das Rheinland erhob. Die Ablehnung solcher Expansionswünsche war auch der Anlass, das Lied der Deutschen zu schreiben. In dessen erster Strophe ruft er zur Einigkeit der Deutschen auf, die zum Triumph über jeden Angreifer führen werde („Deutschland über alles“). Die Ablehnung gegen Frankreich verfestigte sich bei Fallersleben, je länger Frankreich in seinen Augen gegen eine deutsche Einigung arbeitete. Im Deutsch-Französischen Krieg schrieb er im Sommer 1870:

      „[…] und lässt uns nur den Hass übrig, den Hass gegen dies verworfene Franzosengeschlecht, diese Scheusale der Menschheit, diese tollen Hunde, diese grande nation de l’infamie et de la bassesse.
      Gott gebe und Er gibt es, dass wir aus diesem schweren Kampfe glorreich hervorgehen und der Menschheit den großen Dienst erweisen, dass mein, unser aller ‚Deutschland über alles‘ zur Wahrheit wird.“
      – Brief an Adolf Strümpell, 27. August 1870

      Ce nationaliste était aussi antisemite que la plupart de ses contemporains. Aujourd’hui tout le monde connait ses chansons d’enfant sans pouvoir en nommer l’auteur.

      Kindergedichte wie Alle Vögel sind schon da, Ein Männlein steht im Walde, Morgen kommt der Weihnachtsmann, Summ, summ, summ oder Kuckuck, Kuckuck, ruft’s aus dem Wald in zahlreichen Anthologien und Liederbüchern enthalten. Christoph Herin nannte Fallersleben einen Poeten, der „die wohl schönsten Kinderlieder der Epoche“verfasst habe.

      Argh !

      Fälschlicherweise zugeschriebenes Zitat
      Bearbeiten

      Der Spruch „Der größte Lump im ganzen Land, das ist und bleibt der Denunziant“ wird oft Hoffmann von Fallersleben zugeschrieben, seit dieser Vers in die Zitatensammlungen von Daniel Sanders (1906) und Richard Zoozmann (1911) aufgenommen wurde. Die dortige Quellenangabe „Polit. Gedichte: Sprüche 17“ ist jedoch nicht nachvollziehbar, und auch sonst ist das Zitat im Werk Hoffmanns nicht festzustellen

       ;-)

      #Allemagne #histoire #unification #nationalisme

  • Turquie : une marée humaine dans les rues pour un cinquième soir en soutien à Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul incarcéré
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/24/en-turquie-maree-humaine-pour-le-cinquieme-soir-de-manifestation-contre-l-in


    Un manifestant en tenue de derviche et masque à gaz, lors d’une manifestation contre l’incarcération d’Ekrem Imamoglu, à Istanbul, le 23 mars 2025. MURAD SEZER / REUTERS

    Le contraste des images est saisissant. D’un côté, le ballet de voitures blanches emmenant, dimanche 23 mars, dans la matinée, le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, et cinquante et un coaccusés, à la prison de Silivri, l’un des plus vastes complexes pénitentiaires d’Europe, situé en périphérie de la ville. De l’autre, les files sans fin d’électeurs entourant les points de vote organisés un peu partout dans le pays par le Parti républicain du peuple (CHP), la principale formation d’opposition, pour désigner l’édile candidat à la prochaine présidentielle, prévue en 2028.
    Deux scènes qui, en face à face, disent le tourbillon dans lequel est plongée la Turquie depuis l’arrestation spectaculaire, mercredi 19 mars, de ce rival et bête noire du chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, et de ses principaux collaborateurs. Tard dans la nuit de dimanche à lundi, ce sont les images des policiers intervenant brutalement contre les manifestants qui sont venues clore une nouvelle folle journée.
    Selon un décompte publié par le parti, « sur 15 millions de votes [la primaire était ouverte à tous, et pas uniquement aux 1,8 million d’adhérents du CHP], 13 211 000 ont exprimé leur solidarité » avec Ekrem Imamoglu, seul candidat en lice. L’intéressé a salué cette nouvelle, de prison, précisant qu’elle le rendait « très heureux ». « Des dizaines de millions de personnes dans ce pays, qui souffrent de l’oppression du gouvernement, d’une économie ruinée, de l’incompétence et d’une situation de non-droit, se sont précipitées aux urnes pour dire à Erdogan que cela suffit », écrit-il dans une déclaration transmise par la mairie. Et de conclure : « Les urnes viendront, la nation donnera à ce gouvernement une gifle qu’il n’oubliera jamais. » Plus tôt dans la journée, après son incarcération, M. Imamoglu avait dénoncé cette « exécution extrajudiciaire complète ». « Je me tiens debout, je ne m’inclinerai jamais », avait-il affirmé, ajoutant : « Nous allons arracher tous ensemble ce coup d’Etat, cette tache sombre sur notre démocratie. »
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Turquie, le maire d’Istanbul, principal opposant à Erdogan, dénonce « un coup d’Etat » après son incarcération

    Toute la soirée de dimanche, comme les quatre précédentes, une marée humaine a déferlé devant l’imposant bâtiment de la municipalité d’Istanbul, tout le long des avenues alentour et du parc Sarachane. Tel un rituel, plusieurs groupes de jeunes sont venus se frotter aux barrages de police bloquant tout accès vers Taksim, la place iconique du mouvement de révolte de Gezi, en 2013. Comme à chaque fois, depuis mercredi, le président du CHP, Özgür Özel, a pris le micro, tard le soir, pour parler sans relâche, pendant près d’une heure, de sa voix grave et rauque, du toit d’un bus installé en face d’un immense drapeau turc et de portraits tout aussi grands d’Ekrem Imamoglu et de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur et premier président de la République de Turquie.

    Or, donc, l’édito en forme de faux scoop : La Turquie d’Erdogan bascule dans l’autocratie https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/24/la-turquie-d-erdogan-bascule-dans-l-autocratie_6585543_3232.html
    https://archive.ph/YegKg

    edit Le Monde a pris partie pour une alternative au régime Erdogan, donc il publie, comme on le voit ci-dessous

    • Turquie : plus de 1 400 manifestants arrêtés depuis mercredi, dont un photographe de l’AFP
      https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/25/turquie-plus-de-1-400-manifestants-arretes-depuis-mercredi-dont-un-photograp

      Au total, « 1 418 suspects ont été arrêtés à ce stade lors de manifestations illégales depuis le 19 mars », a écrit sur le réseau social X le ministre de l’intérieur turc, Ali Yerlikaya, qui a également rapporté que 979 manifestants se trouvaient mardi en garde à vue, tandis que 478 personnes avaient été déférées devant des tribunaux.
      Parmi eux figure Yasin Akgül, un photographe de l’Agence France-Presse (AFP), interpellé , lundi à l’aube, à son domicile. Un juge turc a ordonné, mardi, son placement en détention provisoire. Il est accusé d’avoir participé à un rassemblement illégal, ce qu’il réfute, affirmant n’avoir fait que couvrir la manifestation en question. (...)

      Un procureur d’Istanbul a également demandé l’incarcération de six autres journalistes interpellés à leur domicile lundi, après avoir dans un premier temps requis leur libération sous contrôle judiciaire, selon l’avocat de l’un d’eux à l’AFP.

    • « Avec l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, la forme limitée de démocratie en Turquie touche à sa fin », Orhan Pamuk
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/28/avec-l-arrestation-d-ekrem-imamoglu-la-forme-limitee-de-democratie-en-turqui

      Depuis l’arrestation, le 19 mars, du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, sur la base d’accusations manifestement fabriquées de corruption et de terrorisme, la place Taksim, principal site touristique de la ville et centre des protestations politiques, est restée vide, bouclée par la police. Au cours des cinquante années que j’ai vécues à Istanbul, je n’ai jamais vu autant de prétendues mesures de sécurité dans les rues que lors de ces derniers jours.

      La station de métro de Taksim et de nombreuses autres parmi les plus fréquentées de la ville ont été fermées. Le gouvernement régional a restreint l’accès des voitures et des bus interurbains à Istanbul. La police contrôle les véhicules à l’entrée de la ville et refoule toute personne soupçonnée de s’y rendre pour manifester. Ici, comme partout dans le pays, les télévisions restent allumées en permanence et la population suit avec inquiétude les derniers développements politiques.

      Depuis une semaine, la préfecture d’Istanbul a interdit les manifestations publiques et les rassemblements politiques – des droits pourtant garantis par la Constitution. Malgré ces restrictions, et malgré la limitation de l’accès à Internet pour empêcher les mobilisations, des protestations spontanées et non autorisées ont lieu sans relâche, non sans affrontements avec la police. Les forces de l’ordre recourent sans hésitation au gaz lacrymogène et procèdent à d’innombrables arrestations.

      Menace politique

      On se demande comment de telles injustices peuvent se produire dans un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et aspirant à rejoindre l’Union européenne. Alors que l’attention du monde est accaparée par Donald Trump, par les guerres entre la Palestine et Israël, entre l’Ukraine et la Russie, ce qu’il reste de la démocratie turque lutte aujourd’hui pour sa survie.

      L’emprisonnement du principal rival politique du président Recep Tayyip Erdogan, un politicien capable de rallier un large soutien populaire, marque une escalade sans précédent dans l’autoritarisme brutal du président turc. L’arrestation d’Imamoglu est survenue seulement quelques jours avant que le principal parti d’opposition ne prévoie de le désigner officiellement comme candidat à la présidentielle, à l’occasion d’une primaire. Qu’ils soient pour ou contre le gouvernement, de nombreux citoyens s’accordent désormais sur un constat : Erdogan considère Imamoglu comme une menace politique et cherche à l’éliminer.

      Lors des trois dernières élections municipales à Istanbul, Imamoglu a obtenu plus de votes que le mouvement d’Erdogan, le Parti de la justice et du développement (AKP). En avril 2019, lorsque Imamoglu a battu le candidat de l’AKP, Erdogan a fait annuler le résultat en invoquant des irrégularités techniques. L’élection a été répétée deux mois plus tard et Imamoglu l’a emportée à nouveau, avec une marge encore plus large.

      Lors du cycle électoral suivant, en 2024, après cinq ans à la tête de la mairie, Imamoglu a une nouvelle fois battu le candidat du parti d’Erdogan, remportant ainsi son troisième mandat de maire d’Istanbul. Son parcours électoral impressionnant et sa popularité grandissante ont fait de lui le principal candidat de l’opposition, capable de défier Erdogan lors de la prochaine élection présidentielle.

      Même mode opératoire

      L’ironie de l’histoire, c’est qu’Erdogan semble utiliser le même mode opératoire contre son adversaire que celui qui a été utilisé contre lui il y a vingt-sept ans. En 1998, Erdogan était maire d’Istanbul et une figure populaire. L’establishment laïque et militaire considérait sa forme d’islam politique comme dangereuse. Il avait été emprisonné et inculpé (dans son cas, pour incitation à la haine religieuse après avoir récité un poème politique lors d’un rassemblement). Il avait été démis de ses fonctions de maire et avait passé quatre mois en prison.

      Son emprisonnement et son refus de se soumettre aux exigences répressives de l’armée, mettant au défi le pouvoir, avaient contribué à renforcer son profil politique. Comme l’ont souligné certains commentateurs, l’emprisonnement d’Imamoglu, qui nie les accusations et promet lui aussi de « ne pas se soumettre », pourrait avoir le même effet non désiré. Il est fort possible que cela contribue à le rendre encore plus populaire.

      Cela dit, la situation n’est pas tout à fait la même. Ekrem Imamoglu fait face à une tentative délibérée et déterminée de l’éliminer de la course. La veille de l’envoi de la police au domicile du maire, la presse pro-Erdogan et le recteur de l’université d’Istanbul, nommé par le président, ont déclaré que le diplôme universitaire d’Imamoglu n’était pas valable, invoquant de prétendues irrégularités dans son transfert depuis une université privée. Etant donné que seuls les diplômés universitaires sont autorisés à se présenter à la présidence en Turquie, une telle invalidation disqualifierait Imamoglu. Il a affirmé qu’il comptait contester cette décision. Les accusations de corruption et de terrorisme ont suivi.

      Qualifier ses opposants politiques de « terroristes » est une méthode qu’Erdogan a adoptée après l’échec de la tentative de coup d’Etat militaire menée [en juillet 2016] par une faction des forces armées turques. En 2019, lorsque l’auteur autrichien Peter Handke, critiqué pour avoir soutenu le défunt dirigeant serbe Slobodan Milosevic, a reçu le prix Nobel de littérature, Erdogan s’est fermement opposé à cette décision. Pris au dépourvu et sans téléprompteur, il a déclaré : « Ils ont donné le même prix à un terroriste de Turquie ! » Ce jour-là, je devais revenir de New York à Istanbul, et j’étais sur le point d’annuler mon vol retour quand le porte-parole du président est intervenu pour annoncer que ce n’était pas moi à qui le président faisait référence.

      Reprendre le contrôle d’un magot

      Un tribunal contrôlé par Erdogan a emprisonné Imamoglu pour « corruption », mais il n’a pas retenu des charges de « terrorisme ». Une telle accusation aurait permis au président de nommer son candidat préféré à la mairie d’Istanbul – un poste que l’AKP, rappelons-le, n’a pas réussi à conquérir lors des trois dernières élections. Il aurait ainsi pu, comme certains le craignent, détourner une partie des immenses recettes fiscales de la ville pour financer la propagande de son parti.

      En emprisonnant Imamoglu, Erdogan n’écarte pas seulement un rival politique plus populaire que lui : il cherche aussi à reprendre le contrôle d’un magot qu’il n’a pas pu exploiter pendant six ans. S’il réussit, lors des prochaines élections présidentielles, seuls les visages d’Erdogan et de son candidat apparaîtront sur les murs de la ville et sur les panneaux d’affichage municipaux éclairés.
      Cela ne surprendra personne qui suit de près la politique turque. Depuis une décennie, la Turquie n’est pas une véritable démocratie – tout juste une démocratie électorale, où l’on peut voter pour son candidat préféré, mais où il n’y a plus de liberté d’expression ou de pensée. L’Etat turc a tout fait pour contraindre son peuple à l’uniformité. Personne ne parle des nombreux journalistes et fonctionnaires qui ont été emprisonnés de manière arbitraire ces derniers jours. Ces arrestations ont été décidées pour donner plus de poids et de crédibilité aux accusations de corruption contre Imamoglu ; à moins que le pouvoir ait simplement misé sur le fait que personne n’y prêterait attention, tous les regards étant tournés vers les événements qui se déroulent ailleurs.

      A présent, avec l’arrestation du politicien le plus populaire du pays, du candidat qui aurait remporté une majorité des voix lors des prochaines élections nationales, même la forme limitée de démocratie touche à sa fin. C’est inacceptable, profondément inquiétant, et c’est pourquoi de plus en plus de gens rejoignent les manifestations. Nul ne peut prévoir ce qu’il adviendra.

      Traduit du turc par Eric Chapsal et Ekin Oklap.

    • « Erdogan a pris la décision d’aller au bout de l’autocratie, quoi qu’il en coûte pour la Turquie », Ahmet Insel
      https://archive.ph/w5As5#selection-2027.0-2063.270

      En s’en prenant à son principal opposant, Ekrem Imamoglu, le président turc engage son pays sur la voie de la guerre civile alors qu’il fait face à une contestation dans les bastions historiques de l’AKP, observe, dans une tribune au « Monde », le politiste Ahmet Insel.

    • « En Turquie, la contestation est désormais plus résiliente grâce à de nouvelles convergences au sein des sphères militantes », Pinar Selek
      https://archive.ph/7ED5e#selection-2173.0-2189.111

      Le mouvement de contestation qui s’est emparé de la Turquie après l’arrestation du maire d’Istanbul est le fruit de la convergence des oppositions au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, observe la sociologue Pinar Selek dans une tribune au « Monde ».

      .... je me concentrerai ici sur les récentes évolutions du mouvement kurde transfrontalier, son alliance avec l’opposition kémaliste et l’incapacité, pour le moment, du régime à briser ce rapprochement.

      En février, Abdullah Öcalan, leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) emprisonné depuis 1999, a lancé un appel à la dissolution du PKK et à la fin de la lutte armée, ouvrant une ère d’espoir pour la paix. Ce tournant majeur, fruit de négociations ardues, résonne en Turquie et en Syrie, où des accords se dessinent entre le Rojava et le régime syrien. Le cessez-le-feu souligne la volonté de paix du PKK, une position qui est d’ailleurs partagée par les représentants politiques kurdes, encore appuyés par un mouvement social bien structuré de façon transnationale. En témoignent les mobilisations massives à travers la région en soutien à l’appel de février, le 21 mars, journée de Newroz, fête du printemps célébrant aussi la résistance kurde.

      Cependant, les bombardements fréquents au Rojava (région kurde au nord de la Syrie) et la posture autoritaire du gouvernement turc rendent l’issue incertaine. (...)

      En Turquie, les médias progouvernementaux invisibilisent les manifestations
      https://archive.ph/nSt7X#selection-2035.0-2035.75

      #nationalisme #kémalisme

    • Özgür Özel, leader de la contestation en Turquie : « Si nous ne repoussons pas cette tentative de coup d’Etat, il en sera fini des urnes »
      https://archive.ph/KibVW#selection-2045.0-2049.239

      Le chef de file du Parti républicain du peuple, la principale formation d’opposition au président turc, Recep Tayyip Erdogan, voit dans l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, « une demande d’interdiction de vie politique ».

      .... il est préférable que ce soit la démocratie qui domine la rue. ....

  • « La liberté de circulation est un impératif d’égalité » - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    https://cqfd-journal.org/La-liberte-de-circulation-est-un

    À l’heure où la droite repart à l’assaut du #droit_du_sol, il est urgent de rappeler que les droits de chacun·e ne devraient pas être corrélés à la #nationalité. On en parle avec deux juristes du #Gisti, le Groupe d’information et de soutien des immigré·es.

  • 13h Eco - L’Express – Le trumpisme, ennemi n°1 du libéralisme économique
    https://infos.lexpress.fr/optiext/optiextension.dll?ID=B54B7RvjYSYAls9_FcsYknWOftnzomRdNGpOaO3Q9jckKPwl

    L’EDITO Le trumpisme, ennemi n°1 du libéralisme économique

    Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les Européens ont enfilé un nouveau costume, celui du lapin dans les phares de la voiture. Tétanisé. Hésitant jusqu’au dernier moment sur la voie à emprunter pour échapper au pire. Avant de trouver le bon chemin, encore faut-il comprendre le danger. Quel est le logiciel du président américain ? Sur quelle idéologie prospère le trumpisme ?

    Dans une chronique publiée le 15 février dans Le Monde, l’économiste Thomas Piketty en donne sa version : « Les saillies trumpistes […] montrent son attachement au capitalisme autoritaire et extractiviste le plus agressif, qui est au fond la forme réelle et concrète qu’a prise le plus souvent le libéralisme économique dans l’histoire. » Sa démonstration pourrait être séduisante si elle n’était en grande partie fausse. Si la dérive autoritaire de Trump ne peut évidemment être contestée, le trumpisme n’est pas l’enfant du libéralisme. Il en est son négatif.

    Durant la plus grande partie du XXe siècle, les démocraties capitalistes libérales ont prospéré parallèlement aux régimes socialistes autoritaires, voire dictatoriaux. L’effondrement de l’URSS et de ses vassaux a tout fait basculer. Sur les ruines du mur de Berlin, l’idée selon laquelle un seul modèle politique et économique allait conquérir la planète, et séduire tous les peuples, a fleuri. Par extension, on a même fini par confondre capitalisme et libéralisme, imaginant naïvement que la création et l’accumulation de richesse allaient de pair avec l’Etat de droit et le respect des libertés individuelles. L’essor spectaculaire de la Chine à l’orée du nouveau siècle a révélé que non seulement le capitalisme pouvait se fondre dans la dictature mais qu’en plus, il s’accommodait parfaitement de la mainmise de l’Etat sur les affaires.

    La grande crise de 2008 n’a pas été seulement une crise financière. Elle a ébranlé durablement les fondations de nos démocraties libérales, sapant la confiance dans le multilatéralisme, la mondialisation et le libre-échange. Dès lors, un nouveau modèle s’est propagé en Russie, en Hongrie, en Turquie, en Inde, avec à chaque fois ses spécificités locales, voire culturelles. La bascule systémique de ce nouveau siècle porte un nom : le #national-capitalisme autoritaire (NaCa), selon l’expression de l’économiste Pierre-Yves Hénin, professeur émérite à l’université Panthéon-Sorbonne. Le trumpisme n’en est que sa version américaine.

    Dans les faits, ce fameux NaCa s’appuie sur trois piliers : un nationalisme identitaire qui a remplacé le communisme comme idéologie, une restriction des libertés individuelles et un capitalisme dévoyé avec une osmose plus ou moins grande selon les pays entre capitaux publics et privés. Une matrice idéologique à des années-lumière d’un libéralisme chimiquement pur. Sur le plan économique, l’idéologie MAGA (Make America Great Again) de Donald Trump s’en éloigne encore davantage. Le protectionnisme décomplexé et la guerre commerciale déclenchée à coups de droits de douane prohibitifs contre le Canada, le Mexique, la Chine et demain l’Europe sont une attaque en règle contre les valeurs libérales alors que les Etats-Unis ont paralysé depuis des années le principal organe de règlements des conflits au sein de l’Organisation mondiale du commerce.

    Les visées expansionnistes du président américain sur le Groenland, le canal de Panama ou même le Canada piétinent allègrement les règles de l’Etat de droit. Enfin et surtout, l’allégeance au président américain d’une bonne partie des patrons des multinationales américaines de la Tech – par opportunisme ou par peur des rétorsions – a accouché d’un #capitalisme_de_connivence. Le jeu de la libre concurrence, soit l’essence même du libéralisme économique, est biaisé par les marchandages politiques, les intimidations et l’imbrication entre fonds privés et publics. Les Etats-Unis sont devenus une nation où les oligopoles et les monopoles prospèrent, au détriment du consommateur, qui en paiera l’addition en termes d’inflation. Un #capitalisme_d’extorsion où la kleptocratie et la violence sont désormais rendues possible par le démembrement de l’Etat fédéral, assimilé à tort à une remise en ordre des finances publiques.

    Le fossé est béant avec le modèle européen. Car l’Union européenne est avant tout une construction fondée sur le respect de la règle et de la norme, toute référence au nationalisme ayant été gommée. Elle ne pourra répondre aux attaques de Trump en singeant sa méthode, mais en défendant ses valeurs. En trouvant de nouvelles alliances, sans confondre souveraineté et nationalisme identitaire. La seule voie pour assurer la survie de l’idéal européen.

  • Sur les traces de la présence grecque en #Turquie : le romeika et ses locuteurs
    https://metropolitiques.eu/Sur-les-traces-de-la-presence-grecque-en-Turquie-le-romeika-et-ses-l

    La Turquie conserve aujourd’hui une communauté grécophone, principalement dans la région de la #mer_Noire. Pistant les derniers locuteurs du grec pontique, Faruk Bilici revient sur leurs liens avec l’État turc, la religion musulmane et la culture nationale. Le #Caucase des langues et des cultures trouve son prolongement dans la mer Noire orientale turque. Sur les rives méridionales de cette mer autrefois nommée Pont-Euxin – d’où l’adjectif « pontique » – par les Grecs, la survivance des langues rares #Essais

    / #histoire, Turquie, mer Noire, #langue, Caucase, #islam, #Grèce, #Balkans, #nationalisme, #Trabzon

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_bilici.pdf

  • « Le gouvernement de Trump, même s’il est organisé à la manière d’une cour impériale, est un gouvernement révolutionnaire »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/28/le-gouvernement-de-trump-meme-s-il-est-organise-a-la-maniere-d-une-cour-impe

    « Si Mao, père de la terrible Révolution culturelle chinoise, et Trump ont peu de choses en commun sur le plan de l’idéologie, de la géographie ou de la coiffure, écrit Orville Schell, un des plus grands sinologues américains, ils peuvent tous deux être considérés comme des agents de l’insurrection. » La Révolution culturelle de Mao Zedong [lancée en 1966] était un ambitieux projet de rupture avec le passé, mais c’était aussi le règlement de comptes personnel d’un vieil homme parvenu à la fin de ses jours. Une fois le décor planté et la révolution lancée, elle a mené sa propre vie, engendrant des conséquences inattendues, que même les plus brillants stratèges n’auraient pas pu anticiper.

    Il en ira très probablement de même de l’insurrection trumpienne. Mais pour bien comprendre l’Amérique d’aujourd’hui, il faut avant tout comprendre que le gouvernement au pouvoir, même s’il est organisé à la manière d’une cour impériale, est un gouvernement révolutionnaire.

    Il fallait une personne comme l’actuel président des Etats-Unis pour rejeter toute possibilité de politique basée sur des valeurs communes, des intérêts partagés ou une solution gagnant-gagnant. Pour Mao, la politique était une guerre de classes ; pour Trump, c’est un #transactionnalisme à somme nulle. Les Etats naissent inégaux et, comme le formula l’historien grec Thucydide [au Ve siècle avant notre ère], « le fort fait ce qu’il peut faire et le faible subit ce qu’il doit subir ». Trump, note pour sa part Vladimir Poutine, « ne se contente pas de dire ce qu’il pense, il dit ce qu’il veut ». Dans pareil contexte, les Européens perdent un temps précieux à se demander à quoi ressemblera le plan de Trump pour l’Ukraine et à se plaindre de ne pas être assis à la table des négociations.

    Réalignement des civilisations

    Les révolutions n’ont jamais de programme détaillé. On ne sait pas précisément ce que Trump compte obtenir de ses négociations avec Poutine. Un point est en revanche très clair : le président américain entend accomplir de grandes choses, et il entend les accomplir vite, très vite.

    La Conférence de Munich sur la sécurité a mis un terme au débat ouvert au Forum de Davos [qui s’est tenu fin janvier] autour de cette question : faut-il prendre Trump au sérieux (donc pas au pied de la lettre) ou au pied de la lettre (donc pas au sérieux) ? Nous voilà désormais fixés : il faut le prendre à la fois au sérieux et au pied de la lettre. Le président américain pense réellement ce qu’il dit. Lorsqu’il parle d’une prise de contrôle du Groenland ou du canal de Panama, il n’envoie pas des signaux, il dit son intention. Il est convaincu que l’intérêt stratégique des Etats-Unis est de faire du Canada le cinquante et unième Etat américain. Il pense fermement pouvoir nouer un partenariat stratégique avec Moscou et, comme il le dit depuis son premier mandat, en être empêché par « l’Etat profond » américain. Nous ignorons pour l’instant si Trump est réellement prêt à quitter l’OTAN. Nous savons en revanche avec certitude que l’OTAN n’est pour lui qu’une autre facette de cet « Etat profond » qui essaie de lui lier les mains.

    Ce que Trump propose à Poutine, c’est non seulement la perspective de mettre fin à la guerre en Ukraine selon les conditions de Moscou, mais aussi la mise en place de grandes négociations pour réorganiser le monde, à l’instar de celles entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev [dans les années 1980] qui ont mis fin à la guerre froide. Tout cela implique très certainement une réduction de la présence américaine en Europe, mais aussi la nécessité d’une coopération russo-américaine au Moyen-Orient et en Arctique. Trump promet à Poutine – promesse à prendre au pied de la lettre – que, demain, les sanctions seront levées, la Russie sera réintégrée à l’économie mondiale et Moscou retrouvera son statut de grande puissance, perdu au cours des humiliantes années 1990. Il espère ainsi convaincre la Russie de rompre son alliance avec la Chine et de se tourner vers les Etats-Unis.

    Les relations des Américains avec Poutine se trouvent au cœur de la grande stratégie trumpienne de réalignement des civilisations. Dans le brillant livre To Run the World [« Diriger le monde », 2024, non traduit], qui retrace l’histoire de la guerre froide, Sergey Radchenko développe la #logique_raciale qui a poussé les Soviétiques à accepter de s’engager, dans les années 1970, dans une diplomatie de la détente avec le monde capitaliste. Pour expliquer sa décision de passer un accord avec les Américains, le chef soviétique Leonid Brejnev a déclaré à ses camarades : « Le président Nixon a dit un jour : “Vous pouvez nous détruire sept fois, et nous pouvons vous détruire sept fois.” Je lui ai répondu qu’après cela, les Blancs auront disparu, et qu’il ne resterait que les Noirs et les Jaunes. » Trump espère ardemment que Poutine sera prêt à adopter la logique de Brejnev.

    La montée du nationalisme européen

    Que signifie la révolution trumpienne pour l’Europe ? Comme l’a judicieusement observé le politologue américain Hal Brands au lendemain du fiasco de Munich, « l’Europe est en train de devenir un acteur mineur aux yeux du monde ». Elle est victime de sa propre prévisibilité et de son manque d’imagination politique. Les deux réunions de dirigeants européens organisées à Paris, censées montrer la force et la détermination du continent, n’ont fait qu’étaler son actuelle faiblesse. Certains dirigeants européens, comme le premier ministre hongrois, Viktor Orban, et le premier ministre slovaque, Robert Fico, ne sont pas venus. D’autres en sont repartis déçus.

    En vérité, à l’heure actuelle, l’Europe ne peut pas donner les garanties sécuritaires nécessaires à l’Ukraine sans le soutien des Américains. Trump a parfaitement conscience de la faiblesse des Européens et il traitera leurs élites de la même façon qu’il a traité l’establishment républicain qui a tenté de se distancier de lui après l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021 : il va les punir et les humilier. Le discours de J. D. Vance à Munich en est une démonstration exemplaire. En déclarant à la veille des élections allemandes son soutien au parti d’extrême droite Alliance pour l’Allemagne (AfD), le vice-président américain a clairement fait entendre que Washington était prêt à semer le chaos en Europe si elle n’emboîtait pas le pas aux Etats-Unis. Dans le monde de Trump, il n’y a pas d’alliés, il n’y a que des amis personnels, des ennemis personnels, et le #déficit_commercial américain. Comme l’a dit un jour Mao : « Qui sont nos amis ? Qui sont nos ennemis ? C’est là la principale question de la révolution. »

    Que peut faire l’#Europe ? L’Europe n’est pas en mesure de garantir, à la place des Etats-Unis, la souveraineté de l’Ukraine. Ses capacités militaires sont médiocres, et il faudra du temps pour redresser la barre. Sur le plan politique, l’Europe est fragmentée. Elle est vulnérable aux trolls de Poutine et aux messages sur X d[’Elon] Musk. Tout ce qu’elle peut faire, c’est donc tenir, et elle est suffisamment résiliente pour cela, en attendant le moment où la révolution trumpienne sera vaincue par les forces mêmes qu’elle a déchaînées.

    La stratégie révolutionnaire de #Trump est audacieuse, mais risquée. Poutine rompra-t-il vraiment ses liens avec la Chine, sachant que Trump n’est à la Maison Blanche que pour un temps ? L’économie mondiale s’accommodera-t-elle des droits de douane de Trump ? Et les électeurs américains avaleront-ils la pilule de l’inflation qui devrait enfler à vitesse grand V ? Le problème avec une révolution, c’est qu’au mieux son chef la dirige, mais il ne la contrôle jamais.

    Paradoxalement, le plus grand espoir de l’#Europe pour résister aux pressions actuelles est à chercher du côté de la montée du #nationalisme européen anti-Trump. Elle est déjà perceptible dans la réaction allemande au discours de Vance et dans la volonté du probable futur chancelier, Friedrich Merz, de mettre en place une défense européenne autonome. Une montée également perceptible dans la réaction des Danois au rêve trumpien d’annexer le Groenland. Et dans les discours furieux du gouvernement canadien.

    L’Union européenne est née de la volonté de se prémunir contre les nationalismes européens. Comble de l’ironie, son meilleur atout pour survivre aujourd’hui à la tempête Trump semble être la mobilisation de ces mêmes nationalismes européens.

    Traduit de l’anglais par Valentine Morizot

    Ivan Krastev est président du Centre pour les stratégies libérales, à Sofia, et membre de l’Institut autrichien des sciences humaines, à Vienne. Il a notamment publié « Le Destin de l’Europe » (Premier Parallèle, 2017) et, avec Stephen Holmes, « Le Moment illibéral » (Fayard, 2019).

    #racisme

    • "La révolution trumpienne sera vaincue par les forces mêmes qu’elle a déchaînées" (?)

      « L’absurdité des obsessions de Trump illustrée par une histoire d’œufs »
      CHRONIQUE Philippe Escande
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/28/l-absurdite-des-obsessions-de-trump-illustree-par-une-histoire-d-ufs_6569078

      Ce week-end s’ouvre la période des carnavals. Dans certains, on se lance encore des œufs, symbole du passage vers le jeûne du carême. C’est en direction de leur président, Donald Trump, que beaucoup d’Américains aimeraient en jeter quelques-uns, en signe de mécontentement.

      Mais ils ne le feront pas, ils sont bien trop chers ! Leur prix a été multiplié par plus de 2,5 en un an, jusqu’à 12 dollars (11,50 euros) la douzaine et ils sont devenus, pour l’Américain moyen, le symbole de l’#inflation qui ravage son pouvoir d’achat.
      En cause, une épidémie de #grippe_aviaire qui n’en finit pas de décimer les élevages américains et les a conduits à sacrifier déjà plus de 160 millions de volailles. En catastrophe, le département de l’agriculture a annoncé un nouveau plan d’aide de 1 milliard de dollars, après 2 milliards investis depuis 2022. Cette affaire d’œufs, aliment sacré du brunch, illustre l’absurdité des positions extrémistes du nouveau pouvoir sur ses deux obsessions du moment : la fermeture des frontières et la déréglementation.

      La sécurité alimentaire est aussi celle des importations

      Le département de l’agriculture a indiqué qu’une centaine de millions d’#œufs supplémentaires seraient importés en mars. N’en déplaise aux absolutistes de la souveraineté nationale, la sécurité alimentaire consiste aussi à sécuriser des importations plutôt qu’à les combattre. Surtout quand une contagion ravage tout le territoire. Monde à l’envers, c’est la Turquie qui va imposer des taxes à l’exportation face à la demande américaine.

      Cette affaire démontre aussi magistralement que le rêve d’un Etat sans règles ni fonctionnaires peut tourner au cauchemar. La tronçonneuse du département de l’efficacité gouvernementale, conduit par Elon Musk, a déjà entamé les effectifs de vétérinaires et d’inspecteurs du département de l’agriculture dont on a tant besoin aujourd’hui.

      Selon le New York Times, des milliers d’emplois y ont déjà été supprimés, notamment dans les services d’inspection des plantes et des animaux pour surveiller les infestations. [et blablablo]Les lois et les règles sont parfois étouffantes et liberticides, mais elles ont été créées pour permettre aux hommes de vivre en société. D’où le défoulement bref du carnaval. Celui de Donald Trump durera malheureusement plus que quelques jours.

    • « Le légendaire investisseur américain Warren Buffett renvoie Donald Trump à ses responsabilités économiques de base : garder le dollar stable », Isabelle Chaperon
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/24/le-legendaire-investisseur-americain-warren-buffett-renvoie-donald-trump-a-s

      Un homme de 94 ans peut se permettre de donner quelques conseils à un « jeunot » de 78 ans, même si ce dernier est président des Etats-Unis. Le légendaire investisseur américain Warren Buffett a profité de la lettre annuelle à ses actionnaires, publiée samedi 22 février, pour renvoyer Donald Trump à ses responsabilités économiques de base : garder le dollar stable.

      Evidemment, au-delà de son âge canonique, le patron de Berkshire Hathaway a quelques arguments à faire valoir pour être écouté. En 1956, il rachetait une entreprise de textile mal en point qui n’avait pas payé d’impôts depuis dix ans, rappelle-t-il : depuis, sa holding a versé plus de 101 milliards de dollars (96 milliards d’euros) au Trésor américain (dont quasi 27 milliards de dollars en 2024), « bien plus que n’importe quelle entreprise américaine, y compris les titans de la tech ».
      Cet argent – et les futures contributions de Berkshire –, dépense-le « avec sagesse », enjoint-il dès lors à « Oncle Sam », alias « Oncle Donald ». Prends soin des gens qui ont eu la malchance de « tirer la courte paille » dans la vie, ajoute le donateur démocrate, « ils le méritent ». Et surtout, poursuit-il, « n’oublie jamais que nous avons besoin que tu maintiennes une devise stable et que ce résultat requiert à la fois de la sagesse et de la vigilance de ta part ».

      Hypothèse d’une #dévaluation massive du dollar

      Ce message, assorti d’un appel à se méfier de la monnaie papier, dont la valeur peut s’évaporer si la « folie fiscale prévaut », ressemble bien à une mise en garde face au risque d’un retour de flamme inflationniste, nourri notamment par une éventuelle prolongation des baisses d’impôts par la nouvelle administration. Une inquiétude qui se manifeste à la fois chez les chefs d’entreprise et les consommateurs américains, selon les derniers baromètres publiés.
      Mais difficile de ne pas y voir également une allusion à l’hypothèse, qui bruisse à Wall Street, d’une dévaluation massive du #dollar orchestrée par Donald Trump, histoire de faire baisser la valeur de l’énorme #dette_américaine détenue hors des Etats-Unis. Sous le nom de code « accord de Mar a Lago », ce scénario de fiction consiste à faire pression sur le reste du monde, à coups de menaces sur les droits de douane ou la sécurité, afin d’obtenir une appréciation de l’euro ou du yuan. Le vieux sage d’Omaha (Nebraska) est là pour rappeler que les entreprises américaines ont surtout besoin de stabilité. De savoir que, dans le film Fantasia (1940), des Studios Disney, l’apprenti sorcier, c’était Mickey et non Donald, ne rassurera personne.

  • « L’Europe refuse de voir que Vladimir Poutine mène en réalité une guerre contre elle et contre l’Occident »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/24/l-europe-refuse-de-voir-que-vladimir-poutine-mene-en-realite-une-guerre-cont

    Qu’attend encore l’Europe ? Il y a dix ans, lorsque les troupes russes ont occupé la Crimée et lancé une insurrection de criminels et de séparatistes dans l’est de l’Ukraine, on pouvait encore se permettre d’être « choqué » et « stupéfait ». Même à la veille du 24 février 2022, après des mois de déploiement de centaines de milliers de soldats russes, on refusait encore de croire qu’on en arriverait à un véritable conflit territorial de grande ampleur contre un pays européen.

    Depuis trois ans maintenant, l’Europe voit presque quotidiennement aux informations ce qui se passe à moins de deux heures de vol d’ici : le bombardement incessant des villes, la fuite de millions de personnes hors des zones de guerre et au-delà des frontières, d’innombrables crimes perpétrés contre la population civile, des frappes de missiles à proximité d’installations nucléaires – bref, l’anéantissement des moyens de subsistance de la nation ukrainienne. Il s’agit de plonger l’Ukraine dans le froid et l’obscurité et de la contraindre à la capitulation.

    Tout cela ne se passe pas quelque part on ne sait où mais en plein cœur de l’Europe. C’est Kiev, ville millénaire avec ses cathédrales et ses monastères, qui est touchée. A Kharkiv, métropole aux gratte-ciel modernistes des années 1920, des quartiers entiers sont en ruine. Même la « petite Vienne » (Lviv, l’ancienne Lemberg habsbourgeoise) n’a pas été épargnée par les missiles russes. Odessa, dont nous connaissons la promenade et l’escalier du Potemkine grâce au film de Sergueï Eisenstein (1898-1948), Le Cuirassé Potemkine (1927), est livrée aux attaques de drones iraniens. Comment réagiraient les Européens si des bombes tombaient sur Trieste, en Italie, ou sur Marseille ?

    Une dangereuse illusion
    C’est une dangereuse illusion de supposer qu’il ne s’agit que d’un conflit russo-ukrainien. Depuis le début, les dirigeants russes n’ont laissé planer aucun doute, ni par leurs déclarations ni par leurs actes, sur leurs objectifs : reprendre le contrôle de l’Europe centrale et orientale et restaurer l’Europe de Yalta, que Milan Kundera (1929-2023) avait appelée un jour l’« Occident kidnappé », dans un article paru en 1983 dans la revue Le Débat (Gallimard).

    Un avant-goût nous en est donné dans les territoires occupés de l’est de l’Ukraine, avec les camps d’emprisonnement et les chambres de torture. L’Europe, qui détourne les yeux, refuse de voir que Vladimir Poutine mène en réalité une guerre contre l’Europe et l’Occident.

    Cela est pourtant exprimé ouvertement dans un langage qui combine les mythes panslavistes du théoricien du XIXe siècle, Nikolaï Danilevski (1822-1885), avec les diatribes des propagandistes moscovites actuels contre la « Gayrope », la décadence de l’Occident et le « libéralisme totalitaire ». Les idéologues de Poutine connaissent la vulnérabilité du monde transatlantique, ils analysent les rivalités au sein de l’Union européenne ainsi que les conflits sociaux propres à chaque Etat. Poutine est passé maître dans l’art d’attiser les peurs et les ressentiments, mais il est surtout un expert dans l’instrumentalisation de la peur que la Russie, puissance nucléaire, utilise à tout moment pour faire du chantage – non sans succès, comme en témoigne le déclin de la solidarité envers l’Ukraine dans de nombreux pays européens.

    La guerre de Poutine ne vise pas seulement à épuiser les Ukrainiens après plus de mille jours de combats, mais aussi à saper la volonté d’aide de l’Occident, à engendrer l’usure et la résignation d’une société submergée par les crises. Il ne s’agit pas seulement de désinformation ciblée ou de la destruction de la crédibilité par un relativisme généralisé du type « Nothing Is True and Everything Is Possible » (« Rien n’est vrai et tout est possible »), du journaliste britannique Peter Pomerantsev, mais aussi d’actions concrètes de subversion et de sabotage, qui ont récemment visé des infrastructures militaires.

    La #Russie de #Poutine cherche à devenir le centre de tous les courants #nationalistes et hostiles à l’Europe. « #Briser_l’épine_dorsale de l’Europe », telle est la formule de Sergueï Karaganov, si nécessaire par l’emploi d’armes nucléaires, mais l’option la plus avantageuse serait un accord avec le président américain, sans que ni l’Ukraine ni les Européens aient leur mot à dire.

    Les Européens, qui ont pu compter jusqu’ici sur la protection militaire des Etats-Unis, doivent désormais apprendre à ne compter enfin que sur eux-mêmes, comme l’a bien montré le discours arrogant et provocateur tenu le 14 février par le vice-président J. D. Vance lors de la Conférence de Munich sur la sécurité. La capitulation de l’Ukraine aux conditions russes – la cession des territoires occupés, le désarmement, la neutralité sans garanties de sécurité – reviendrait à livrer une nation européenne aux appétits d’une puissance néo-impérialiste à tendance fascisante.

    Manifestations d’#érosion
    Il n’est pas possible de savoir si et comment les Européens, abandonnés par un Donald Trump version #MAGA (« Make America Great Again »), réussiront à s’affirmer. Il ne s’agit pas seulement d’être capable de se défendre et de faire la guerre, l’enjeu est aussi le combat idéologique contre le poutinisme et sa vision du monde. Une nouvelle frontière et un nouveau front traversent aujourd’hui le continent. Ce sont surtout les #Ukrainiens, les #Polonais et les #Baltes qui sont en première ligne pour défendre l’Europe, bientôt suivis, il faut l’espérer, par une « alliance des volontaires » qui savent ce qui est en jeu.

    Des manifestations d’érosion sont aujourd’hui partout visibles, qu’il s’agisse de la querelle sur l’immigration, du coût de la défense, du fossé croissant entre les riches et les pauvres, du conflit entre les intérêts nationaux particuliers et le bien commun à l’Europe.

    Pour relever ce défi, il est utile de se replonger dans l’histoire des grands débats intellectuels européens du XXe siècle. Je pense à La #Trahison des clercs (Grasset, 1927) du philosophe Julien Benda (1867-1956), écrit en pleine crise morale des années 1920, mais surtout au combat de toute une vie mené par Raymond Aron (1905-1983) contre la tentation totalitaire, et surtout au message plein d’espoir qu’il avait formulé il y a près d’un demi-siècle, certes dans un tout autre contexte historique, dans son livre Plaidoyer pour l’Europe décadente (Robert Laffont, 1977) : « Les crises de l’Europe ne sont pas seulement des signes d’épuisement, de résignation et d’angoisse face à l’avenir, mais aussi des signes de la vitalité persistante d’une civilisation qui, par l’autocritique et l’autocorrection, est en mesure de se réinventer. »

    Personne ne peut dire ‒ et les historiens ont appris que toute histoire est ouverte ‒ comment l’Europe sortira de sa #crise au terme d’une longue période d’après-guerre.

    (Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses)

    #Karl_Schlögel est un historien allemand. Il a reçu, le 11 décembre 2024, le 18e prix Jacques Delors du livre européen pour son essai « L’Avenir se joue à Kyiv. Leçons ukrainiennes », traduit de l’allemand et préfacé par Thomas Serrier (Gallimard, 2024).

    • Là aussi c’est délirant ! Il faudrait qu’on aille mourir la bas ? Parce que les russes veulent annexer Sedan ? Pour reprendre certaines infos du Monde, ça arrivera avant ou après que Poutine meure du cancer ? Ou que son peuple l’ait largué ? Est-ce qu’il reste assez de soldats russes pour nous envahir (cause l’Ukraine dominait le combat armé et les soldats russes passaient au « hachoir à viande ») ? Bah, la seule chose de sûr c’est que ce journal n’a même plus sa place au sortir du trône.
      C’est des dingues, ou alors ils veulent leur livre de chair...

    • Une "livre de chair", vous mégotez @butadaie ! Dans ces affaires, de masse, on compte au minimum par quintal.

      Et puis n’en déplaise aux amateurs de clichés fangeux qui viennent en meute avant, pendant et après les créateurs, ce type qui veut se venger des humiliations que lui ont fait subir les chrétiens, à lui et son peuple, ce

      (...) Shylock, méprisé de tous, tient aussi une longue tirade sur l’humanité des Juifs et l’absurdité des préjugés antisémites qui en font, dans certaines représentations, un personnage tragique voire sympathique.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Shylock

      « Un Juif n’a-t-il pas des yeux ? Un Juif n’a-t-il pas des mains, des organes, des dimensions, des sens, de l’affection, de la passion ; nourri avec la même nourriture, blessé par les mêmes armes, exposé aux mêmes maladies, soigné de la même façon, dans la chaleur et le froid du même hiver et du même été que les Chrétiens ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ?
      Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourrons-nous pas ? Et si vous nous bafouez, ne nous vengerons-nous pas ? »

      William Shakespeare, Le Marchand de Venise, Acte III, scène 114

  • Delphine Diaz, historienne : « Une vision biologique du lien national s’impose aujourd’hui en France, au-delà même de l’extrême droite »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/18/delphine-diaz-historienne-une-vision-biologique-du-lien-national-s-impose-au

    Delphine Diaz, historienne : « Une vision biologique du lien national s’impose aujourd’hui en France, au-delà même de l’extrême droite »
    Tribune Delphine Diaz Historienne
    Invité le 9 février par BFM-TV à s’exprimer sur le devenir du droit du sol à Mayotte, une nouvelle fois amoindri par une proposition de loi adoptée à l’Assemblée nationale, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a avancé que la nation n’existe en France « que par le consentement des gens qui la composent ». Présenter la nation comme le résultat d’une adhésion volontaire à un projet politique lui permettait sans doute de convoquer en creux la figure tutélaire d’Ernest Renan [1823-1892] : la nation n’est-elle pas en France un « plébiscite de tous les jours », comme le professeur au Collège de France l’avait affirmé en 1882 ?
    Mais la suite de l’intervention télévisée du ministre de la justice faisait appel à une tout autre histoire et à un tout autre imaginaire : la nationalité française ne saurait être, selon Gérald Darmanin, « automatique » pour les enfants étrangers nés sur le sol français – ce qu’elle n’est pas, puisqu’il s’agit d’une attribution conditionnelle –, et le droit du sol républicain mériterait à ses yeux d’être révisé aussi bien dans le département de Mayotte que, plus tard, dans l’Hexagone. La petite musique instillée par l’un des slogans du Front national, forgé en 1985 par [l’ancien député européen] Jean-Yves Le Gallou, « La France, ça s’hérite ou ça se mérite », se fait ainsi de plus en plus entendre dans le débat public. Plus que la conception méritocratique, c’est en réalité une vision biologique du lien national qui s’impose au-delà même de l’extrême droite, à l’heure où l’idée fausse de la « submersion migratoire » est relayée par le chef du gouvernement, François Bayrou.
    Attaquer le droit du sol est un geste lourd de sens, et le contexte international au sein duquel ces brèches sont ouvertes dans le soubassement même de notre histoire républicaine ne peut être ignoré. Aux Etats-Unis, le président Donald Trump n’a-t-il pas voulu revenir lui aussi sur ce qu’il qualifie de principe « ridicule », par un décret immédiatement censuré, eu égard au caractère constitutionnel du droit du sol ?
    En France, comme de l’autre côté de l’Atlantique, le droit du sol a une histoire longue, remontant au temps de la monarchie, puis il a été fixé dans les usages républicains. En 1851, la IIe République a consacré le principe du double droit du sol : tout enfant né d’un père étranger, lui-même né sur le sol français, était de nationalité française, sauf s’il répudiait celle-ci. Mais c’est sous la IIIe République qu’a été adoptée, le 26 juin 1889, une loi fondatrice rendant d’une part irrévocable le double droit du sol, et d’autre part automatique le droit du sol.
    Dès sa majorité, voire avant, si les parents avaient réalisé une déclaration anticipée, l’enfant né en France d’un père étranger devenait un citoyen français, astreint comme ses compatriotes au service militaire, rendu universel par une loi presque concomitante du 15 juillet 1889. Les obligations militaires, ne s’appliquant pas aux étrangers de la première génération ni à leurs fils nés en France, constituaient en effet un argument récurrent des protestations qui s’étaient élevées au cours des années 1880 contre leur présence sur le territoire, alors que les patrons pouvaient privilégier cette main-d’œuvre épargnée par la conscription et moins regardante sur les salaires. « Ne chassons point les ouvriers étrangers, visons plutôt à en faire des ouvriers français. (…) Nous ne sommes pas une race, nous sommes une nation qui s’est formée depuis dix-huit siècles par les alluvions successives que cent peuples divers ont laissées sur notre sol », pouvait-on lire dans le journal républicain et conservateur Le Temps, le 27 janvier 1886.
    Il faut aussi chercher les origines de ce texte dans les trois départements algériens, où les autorités s’inquiétaient alors du nombre croissant, par rapport aux colons français, d’Européens – Espagnols, Italiens, Maltais… – qu’il convenait de franciser en urgence. Enfin, la loi de 1889 trouve sa source dans les angoisses relatives à la natalité française, singulièrement basse par rapport à celle du voisin allemand.
    Alors que ces inquiétudes autour d’une démographie jugée en berne ont poussé par le passé à fabriquer des Français par le droit du sol, la réaction du gouvernement actuel à la baisse de l’indice conjoncturel de fécondité (1,6 enfant par femme aujourd’hui) est exactement inverse. Il s’agit de priver chaque année quelque 30 000 enfants nés étrangers sur le sol français, éduqués dans les écoles de la République, de l’obtention de la nationalité, tout en invitant parallèlement les femmes françaises à œuvrer, par leur travail reproductif, au « réarmement démographique ».
    Confortant le droit du sol, la loi sur la nationalité du 10 août 1927 a répondu aux défis démographiques et économiques d’alors en facilitant la naturalisation. L’extrême droite assignait ces nouveaux Français à une nationalité « de papier », tout en protestant contre le poids jugé excessif des étrangers dans la société française : en 1931, ceux-ci représentaient 6,6 % des habitants du pays, soit un taux proche de celui mesuré aujourd’hui par l’Insee (8,2 % en 2023). Quant au régime de Vichy, s’il a bien révisé les naturalisations adoptées sur le fondement de la loi de 1927 – 15 000 Français dont plus de 7 000 juifs ont ainsi été dénaturalisés, comme l’a montré l’historienne Claire Zalc –, il n’est pas revenu sur le droit du sol. A la Libération, ce droit a été entériné tout en étant conditionné : l’exigence de cinq ans de résidence en France avant la majorité a été posée par l’ordonnance du 19 octobre 1945.
    Nombreux sont les leviers grâce auxquels le gouvernement peut limiter le droit du sol : « manifestation de volonté » obligatoire, comme au temps de l’application de la loi Pasqua-Méhaignerie entre 1993 et 1998 ; allongement de la durée de résidence de l’enfant en France ; ou encore exigence de titres de séjour possédés par ses parents, comme à Mayotte. Quelles que soient les voies empruntées, la remise en question du droit du sol, gage donné à l’extrême droite à des fins électoralistes, a valeur de symbole. Elle revient sur l’une des promesses de la République tout en plongeant les membres de la deuxième génération, nés et socialisés en France, dans une insupportable « condition d’incertitude ».
    Delphine Diaz est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Reims Champagne-Ardenne.

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#race#droitdusol#politiquemigratoire#submersion#nation#sante

  • Delphine Diaz, historienne : « Une vision biologique du lien national s’impose aujourd’hui en France, au-delà même de l’extrême droite »

    Invité le 9 février par BFM-TV à s’exprimer sur le devenir du droit du sol à Mayotte, une nouvelle fois amoindri par une proposition de loi adoptée à l’Assemblée nationale, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a avancé que la nation n’existe en France « que par le consentement des gens qui la composent ». Présenter la nation comme le résultat d’une adhésion volontaire à un projet politique lui permettait sans doute de convoquer en creux la figure tutélaire d’Ernest Renan [1823-1892] : la nation n’est-elle pas en France un « plébiscite de tous les jours », comme le professeur au Collège de France l’avait affirmé en 1882 ?

    Mais la suite de l’intervention télévisée du ministre de la justice faisait appel à une tout autre histoire et à un tout autre imaginaire : la #nationalité_française ne saurait être, selon Gérald Darmanin, « automatique » pour les enfants étrangers nés sur le sol français – ce qu’elle n’est pas, puisqu’il s’agit d’une attribution conditionnelle –, et le droit du sol républicain mériterait à ses yeux d’être révisé aussi bien dans le département de Mayotte que, plus tard, dans l’Hexagone. La petite musique instillée par l’un des slogans du Front national, forgé en 1985 par [l’ancien député européen] Jean-Yves Le Gallou, « La France, ça s’hérite ou ça se mérite », se fait ainsi de plus en plus entendre dans le débat public. Plus que la conception méritocratique, c’est en réalité une vision biologique du lien national qui s’impose au-delà même de l’#extrême_droite, à l’heure où l’idée fausse de la « submersion migratoire » est relayée par le chef du gouvernement, François Bayrou.

    Attaquer le droit du sol est un geste lourd de sens, et le contexte international au sein duquel ces brèches sont ouvertes dans le soubassement même de notre histoire républicaine ne peut être ignoré. Aux Etats-Unis, le président Donald Trump n’a-t-il pas voulu revenir lui aussi sur ce qu’il qualifie de principe « ridicule », par un décret immédiatement censuré, eu égard au caractère constitutionnel du droit du sol ?

    « Nous ne sommes pas une race »

    En France, comme de l’autre côté de l’Atlantique, le droit du sol a une histoire longue, remontant au temps de la monarchie, puis il a été fixé dans les usages républicains. En 1851, la IIe République a consacré le principe du double droit du sol : tout enfant né d’un père étranger, lui-même né sur le sol français, était de nationalité française, sauf s’il répudiait celle-ci. Mais c’est sous la IIIe République qu’a été adoptée, le 26 juin 1889, une loi fondatrice rendant d’une part irrévocable le double droit du sol, et d’autre part automatique le droit du sol.

    Dès sa majorité, voire avant, si les parents avaient réalisé une déclaration anticipée, l’enfant né en France d’un père étranger devenait un citoyen français, astreint comme ses compatriotes au service militaire, rendu universel par une loi presque concomitante du 15 juillet 1889. Les obligations militaires, ne s’appliquant pas aux étrangers de la première génération ni à leurs fils nés en France, constituaient en effet un argument récurrent des protestations qui s’étaient élevées au cours des années 1880 contre leur présence sur le territoire, alors que les patrons pouvaient privilégier cette main-d’œuvre épargnée par la conscription et moins regardante sur les salaires. « Ne chassons point les ouvriers étrangers, visons plutôt à en faire des ouvriers français. (…) Nous ne sommes pas une race, nous sommes une nation qui s’est formée depuis dix-huit siècles par les alluvions successives que cent peuples divers ont laissées sur notre sol », pouvait-on lire dans le journal républicain et conservateur Le Temps, le 27 janvier 1886.

    Il faut aussi chercher les origines de ce texte dans les trois départements algériens, où les autorités s’inquiétaient alors du nombre croissant, par rapport aux colons français, d’Européens – Espagnols, Italiens, Maltais… – qu’il convenait de franciser en urgence. Enfin, la loi de 1889 trouve sa source dans les angoisses relatives à la natalité française, singulièrement basse par rapport à celle du voisin allemand.

    Promesse rompue

    Alors que ces inquiétudes autour d’une démographie jugée en berne ont poussé par le passé à fabriquer des Français par le droit du sol, la réaction du gouvernement actuel à la baisse de l’indice conjoncturel de fécondité (1,6 enfant par femme aujourd’hui) est exactement inverse. Il s’agit de priver chaque année quelque 30 000 enfants nés étrangers sur le sol français, éduqués dans les écoles de la République, de l’obtention de la nationalité, tout en invitant parallèlement les femmes françaises à œuvrer, par leur travail reproductif, au « réarmement démographique ».

    Confortant le droit du sol, la loi sur la nationalité du 10 août 1927 a répondu aux défis démographiques et économiques d’alors en facilitant la naturalisation. L’extrême droite assignait ces nouveaux Français à une nationalité « de papier », tout en protestant contre le poids jugé excessif des étrangers dans la société française : en 1931, ceux-ci représentaient 6,6 % des habitants du pays, soit un taux proche de celui mesuré aujourd’hui par l’Insee (8,2 % en 2023). Quant au régime de Vichy, s’il a bien révisé les naturalisations adoptées sur le fondement de la loi de 1927 – 15 000 Français dont plus de 7 000 juifs ont ainsi été dénaturalisés, comme l’a montré l’historienne Claire Zalc –, il n’est pas revenu sur le droit du sol. A la Libération, ce droit a été entériné tout en étant conditionné : l’exigence de cinq ans de résidence en France avant la majorité a été posée par l’ordonnance du 19 octobre 1945.

    Nombreux sont les leviers grâce auxquels le gouvernement peut limiter le droit du sol : « manifestation de volonté » obligatoire, comme au temps de l’application de la loi Pasqua-Méhaignerie entre 1993 et 1998 ; allongement de la durée de résidence de l’enfant en France ; ou encore exigence de titres de séjour possédés par ses parents, comme à Mayotte. Quelles que soient les voies empruntées, la remise en question du droit du sol, gage donné à l’extrême droite à des fins électoralistes, a valeur de symbole. Elle revient sur l’une des promesses de la République tout en plongeant les membres de la deuxième génération, nés et socialisés en France, dans une insupportable « condition d’incertitude ».

    Delphine Diaz est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Reims Champagne-Ardenne, membre junior de l’Institut universitaire de France. Elle a notamment publié « Un asile pour tous les peuples ? Exilés et réfugiés étrangers en France au cours du premier XIXe siècle »‪ (Armand Colin, 2014).

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/18/delphine-diaz-historienne-une-vision-biologique-du-lien-national-s-impose-au

    #droit_du_sol #racisme #deuxième_génération

    • Pierre Tartakowsky, président d’honneur de la LDH : « La France connaît, comme d’autres en Europe, un rétrécissement de l’espace civique rapide et brutal »

      La sortie du premier ministre sur la « submersion migratoire », le 27 janvier, sur LCI, aura eu un double mérite. Le premier est de dissiper d’éventuels faux-semblants. Loin des vertus généreusement attribuées à François Bayrou – l’écoute, l’art de la négociation et une certaine culture du compromis –, la droite et le centre sont aujourd’hui animés au plus profond d’eux-mêmes par la vulgate de l’extrême droite, ses thèmes et son vocable, fût-ce les plus extrêmes et les plus mensongers. On aurait pu, tant elle nous plonge dans l’abjection, se passer de cette confirmation.

      Le second mérite de cette déclaration, c’est qu’elle nous rappelle – on l’avait presque oublié – que la politique ne se résume ni au traitement de la dette, ni au financement des retraites, ni même aux sujets de l’emploi et des salaires. Ces dossiers sont importants, urgents et légitimes. Ils conditionnent le quotidien de millions de personnes qui vivent et travaillent en France. Ils touchent à la question toujours brûlante de la répartition des richesses produites dans le pays, d’où évidemment la puissance des tensions qu’ils génèrent.

      Pour autant, ils ne sauraient résumer à eux seuls un projet de société. C’est de ce débat que nous avons besoin. Or, depuis des semaines, des mois, le débat politique se focalise sur ces seuls enjeux, à l’exclusion évidemment, de la fameuse « submersion migratoire » qui, de fait, submerge bien le paysage politique français tout en introduisant la course à la prochaine présidentielle. Que les partis de droite – tous confondus – s’en satisfassent, on le comprend fort bien. On peine en revanche, à saisir la timidité des autres formations politiques sur quelques enjeux majeurs, qui, alors qu’ils mériteraient une mobilisation d’urgence, semblent pourtant passés par pertes et profits.

      Débat public étouffé

      L’état des libertés, pour ne prendre que cet exemple, devrait largement inquiéter. Notre pays connaît, comme d’autres en Europe, un phénomène rapide et brutal identifié comme un « rétrécissement de l’espace civique ». Cet enfer aux allures affables se présente sous les meilleures intentions. Ici, il s’agit de combattre le terrorisme islamique ; là, de faire front contre l’antisémitisme ; de défendre les valeurs de la République ou encore de lutter contre le trafic de stupéfiants. Autant d’objectifs a priori honorables, d’autant plus difficiles à critiquer qu’ils sont présentés comme une « guerre culturelle » à mener contre autant de « submersions ».

      Le problème est que cette guerre menée par l’exécutif et quelques médias vise en réalité les droits et les libertés. Ici, on supprime des subventions aux associations ; là, on interdit de fait des réunions publiques, organisées en soutien à la Palestine. Ici, on fait le procès d’un mot, « génocide », décrété sacrilège ; là, on en réhabilite d’autres, comme l’expression « grand remplacement ». Là, le gouvernement entretient une campagne de suspicion contre les avocats et entend limiter les droits de la défense. Le ministre de la justice, Gérald Darmanin, enfin, nous vante la liquidation du droit du sol, certes en plaidant l’exception territoriale – mais nous savons que le destin des exceptions est de finir en règle.

      Tout cela « rétrécit » l’espace civique, étouffe le débat public, pèse sur les individus comme sur les associations. D’autant plus que celles et ceux qui s’en émeuvent, au premier rang desquels les militants associatifs, ont bien le sentiment d’être submergés – par l’étrange silence qui les entoure.

      Comment rompre avec cette accoutumance au pire ? La question devrait hanter toutes les formations politiques qui cherchent à dénouer les crises de la société française. Car les défis présents – écologiques, sociaux et sociétaux – ont besoin non de mise au pas mais de débats ; non de mise à l’index mais de justice ; non de défiance et de division, mais d’égalité. Cela s’appelle liberté et aujourd’hui, c’est un objet à reconquérir car, à force de rétrécissement, l’espace civique risque bien de se retrouver, lui aussi, submergé et pour longtemps. Dans les négociations et les débats qui engagent l’avenir, il serait temps de s’en souvenir.

      Pierre Tartakowsky est président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme et vice-président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/18/pierre-tartakowsky-president-d-honneur-de-la-ldh-la-france-connait-comme-d-a

  • Immigration : polémique sur des tests de français

    La nouvelle #loi_immigration durcit les tests de français pour les étrangers alors que le #budget alloué aux #cours a été réduit. Ils vont devoir prouver leur niveau de français, au nom de l’#intégration, en réalité, des 10aine de milliers d’entre eux vont devenir expulsables.

    Jusqu’à présent, pour obtenir une #carte_de_séjour, les étrangers doivent signer un contrat d’intégration républicaine et s’engagent notamment à apprendre le français, mais aucun examen n’est exigé. Avec la loi immigration, ils devront désormais passer et réussir une #épreuve_écrite.

    300 000 personnes vont devoir s’y soumettre sous peine de perdre leur titre de séjour

    Une condition nécessaire pour qu’ils s’intègrent selon le ministre de l’intérieur

    "quand depuis plusieurs années, un étranger en situation régulière ne maîtrise pas le Français c’est qu’il n’a pas produit l’ effort" (Bruno Retailleau Ministre de l’intérieur, Versailles 24 janvier 2024)

    Pour obtenir un titre de séjour de 2 à 4 ans il faudra valider un niveau collège, pour une carte de 10 ans, un niveau lycée et pour la nationalité française, un niveau universitaire.

    À Marseille depuis cette annonce, les étrangers que nous avons rencontrés dans un cours de langue, ont l’impression de jouer leur avenir. Tous ou presque ont un emploi, certains sont ici depuis plus de 10 ans comme Marianne d’origine comorienne. Elle a quitté l’école en 6eme et enchaîne les boulots de femme de ménage. Mais un examen écrit pour renouveler son titre de séjour lui paraît inaccessible

    “le souci c’est que j’ai pas le temps. J’ai pas fait d’étude en France, j’ai pas le niveau nécessaire c ‘est ça le problème” (Marianne, A l’Œil du 20 heures)

    La formatrice elle-même s’inquiète

    " Il y a des gens qui parlent très bien français, qui communiquent tous les jours dans leur travail, mais qui ne vont pas réussir cet examen. Il y a une forme d’inquiétude d’angoisse d’être ici depuis 10 ans et de se dire , cette fois-ci on pourra pas l’avoir” (Chloe Odent Formatrice coordinatrice de l’association A Voix Haute, A l’Œil du 20 heures)

    Les conséquences sont bien réelles : si au bout de 3 ans, ils n’ont pas atteint le niveau collège, avec la nouvelle loi, ils deviendront expulsables. Le ministère intérieur a même fait ses calculs :
    20 000 immigrés risquent de perdre leur titre de séjour et 40 mille se verront refuser la #carte_de_résident.

    Dans le même temps le nombre d’heure de formation de langue est en baisse, parfois même il a été divisé par deux. Pour remplacer les cours en présentiel, les étrangers devront se débrouiller avec simple site internet. Une catastrophe selon l’un des cadres de l’OFII qui souhaite rester anonyme

    “ les cours sont maintenus pour une infirme minorité en présentiel. Pour tous les autres,c’est simplement la proposition d’une plateforme internet. Beaucoup n’ont pas d’ordinateur, pas de connexion internet, ils n’ont que leur téléphone. C‘est quasiment laisser la personne dans l’échec" (Un cadre de l’OFII, l’Office Français de l’Immigration, A l’Œil du 20 heures)

    Mais pour le patron de l’OFII, en augmentant les exigences de langue, la France ne fait que s’aligner sur les pays voisins, comme l’Allemagne notamment.

    l’ensemble du dispositif vise à responsabiliser les personnes et à les aider à s’intégrer. Je pense qu’il faut avoir confiance dans les gens. Ils ont 3 ans pour atteindre le niveau minimal et renouveler leur titre de séjour" (Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), A l’Œil du 20 heures)

    Quand à ceux qui veulent obtenir nationalité française, la marche est encore plus haute, au point que certains français eux-mêmes se casseraient les dents sur cet examen de niveau universitaire.

    10 volontaires ont accepté de passer l’épreuve en condition réelle. Tous sont plutôt très diplômés, un seul n’a pas le bac. Pendant une heure et demie ils ont notamment planché sur des questions à partir d’enregistrements audio. Sur l’une des questions suivante : Le Robot émotionnel est capable d’interpréter, de provoquer ou de manifester les émotions ? Plusieurs candidats ont semblé perdu. “Je pense que je me suis trompée plusieurs fois " affirme une étudiante pourtant dotée d’un bac + 5 en littérature. Résultat, après correction, 5 candidats n’ont pas eu la moyenne à l’écrit mais compensent à l’oral et 2 ont même raté l’examen pour obtenir leur propre nationalité.
    "Il faut compter 2 à 3 mille heures de cours pour obtenir ce niveau, c’est vraiment inatteignable".

    Selon des associations qui préparent aux épreuves, quand le français n’est pas la langue maternelle,les chances de réussite sont maigres.

    “ c’ est un niveau qui est beaucoup trop élevé pour la plupart des étrangers qui veulent demander la nationalisation ou un titre de long séjour en France. (Félix Guyon Délégué Général de l’école THOT pour les réfugiés et demandeurs d’asile, A l’Oeil du 20 heures)

    Ces nouveaux tests de langue seront mis en place avant la fin de l’année. Une épreuve facturée une centaine d’euros, à leur charge.

    #france #loi #immigration #langue #test #naturalisation #nationalité #français #langue_française

    ping @karine4

  • Réexamen des écrits de Lénine sur la question nationale : une critique marxiste précoce de la périphérie impériale

    À l’occasion du centenaire de la mort de Vladimir Lénine, cet article revisite ses écrits d’avant 917 sur le droit des nations à l’autodétermination du point de vue de son contemporain ukrainien, Lev Yurkevych. Contrairement à la polémique bien connue entre Lénine et Rosa Luxemburg, la critique des vues de Lénine sur l’émancipation nationale par les socialistes des périphéries de l’Empire russe a été largement négligée. Ce n’est pas une surprise, étant donné les efforts délibérés du parti communiste russe pour effacer les voix dissidentes et l’attachement de longue date du public occidental aux perspectives du centre impérial russe. Ce parti pris a non seulement façonné notre compréhension des révolutions de 1917 en tant que « révolution russe », mais a également influencé notre perception globale de la région « postsoviétique » – une habitude intellectuelle aux conséquences politiques importantes, comme l’a montré l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/02/14/reexamen-des-ecrits-de-lenine-sur-la-question-

    #politique #nation

  • Trump May Wish to Abolish the Past. We Historians Will Not.

    Commentary from the heads of two prominent historical associations on Trump’s recent executive order on “#radical_indoctrination” in schools.

    Under the grossly misleading title “Ending Radical Indoctrination in K-12 Schooling,” the White House last week issued an executive order that would undermine the integrity of writing and teaching of American history. The order uses ideological litmus tests to define for teachers and students what is acceptable and unacceptable American history. Historians, and all who teach and care about the American past at historic sites, in museums, libraries, publishing, and in social studies and history classrooms should loudly protest this incursion into our schools, our writing, and our minds.

    This attempt to censor and restrict the teaching of multiple important topics in U.S. history comes as efforts are ongoing in Washington to cut or ban myriad federal programs and agencies.

    Instilling fear is the point of the administration’s assault on history education, as it is also the point of thought control in George Orwell’s 1984. There the protagonist, Winston Smith, finds a “fragment of the abolished past”: a newspaper clipping containing a photograph of former Party leaders proving that their “confessions” for a crime were a lie. He had once hoped this clipping would prove that Big Brother had destroyed accurate but unacceptable history by erasing or altering any information that did not fit his narrative.

    But it did not, and later, when he looks at a children’s history book with a picture of Big Brother as the frontispiece, Winston begins to question everything he believed and wonders if the Party might actually be right, even about things that seem obviously false. What if “two and two made five”? “The Party told you to reject the evidence of your eyes and ears,” utters Winston. “It was their final, most essential command.”

    As historians and educators, however, we still have our voices and, like Winston, we must shout: “Truisms are true, hold on to that! The solid world exists, water is wet, objects unsupported fall toward the earth’s center.” And we must do this now before it is too late.

    History is a reasoned reconstruction of the past, rooted in the deepest evidence we can find, crafted into narratives that inform, educate, and sometimes inspire. History can indeed be influenced by ideological assumptions—they can be argument-driven—but those are the assumptions and tendencies that historians test and control through training in research, in critical thinking, in humility, in respect for sources, in an ethics about documentation, and in the integrity of debate. All this is true of history educators and scholars, and the public’s trust is our ultimate goal, even authority.

    The “Ending Radical Indoctrination” executive order is an attempt to undermine that authority in the interest of a manufactured national unity. It violates every instinct, every principle, indeed nearly every method of research and thinking that historians have practiced for at least a century.

    Historians often disagree on interpretations, on how much evidence is enough, and on which explanations of the past are most compelling. But we do often reach consensuses on the range of likely possibilities. Our adherence to professional standards allows even those who disagree with one another to help young people understand their country in our books, documentary films, and museum and historic site exhibitions. What our profession most definitely does not believe is that the primary purpose of history is to instill a single notion of “patriotic education” in our youth about “our incredible Nation,” as the order demands.

    Humility is not the order of business in Washington just now, nor is factual accuracy. This order audaciously defines “patriotic education” as a history grounded in “an accurate, honest, unifying, inspiring and ennobling characterization of America’s founding and foundational principles.” Lovely words. Yet many of those ennobled, indeed brilliant, Founders would be astonished to see themselves portrayed as utterly unified during the creation of the Constitution, its ratification, and during the turbulent early republic.

    Similarly, the order’s assertion that children are being indoctrinated in classrooms and that “parents” generally want their children educated to this narrow patriotic standard is clearly belied by the evidence. Data from a recent survey undertaken by the American Historical Association indicates that people need and desire good, critical history, especially as a buoy in our polarized political culture. Millions of Americans crave reading high-quality, challenging history and biography, especially when it gives them new perspectives and helps them grasp an often troubling and divisive present.

    Intended to instill fear in teachers, this order itself ironically seems driven by fear, by a refusal to acknowledge the diversity of our nation and the wounds that cannot be healed until they are understood. And laced throughout is an obsession with sexuality and a moral panic about “gender equity” education. The order prohibits education about “social transition.” The authors seem to want schools and universities to cease to write and teach about gender altogether, a field more than a half-century old and flourishing. They seem confident that if they could just succeed in this particular kind of abolition, along with that of any efforts to trace the history of racism (systemic or otherwise), then American youth could somehow feel unified, confident, and as unperturbed by conflict and suffering elsewhere in the world as they are unaware of such aspects of our nation’s past.

    In the imagined era of American virtue at the heart of the executive order, the politicized Supreme Court might be trusted again, violent and lawless people would not be pardoned, Native Americans and their historians might stop reminding us of a bloody past we find it difficult to face. And environmental degradation in the past will no longer sully our unified present. Given how the order requires the Department of Education to fund the revival of the 1776 Commission to plan the “celebration” of America’s 250th anniversary, the Department of Defense to engineer history programs, and the National Park Service to be complicitous in often vacuous patriotic public history programs, should we begin now to gut the most interesting exhibitions at the Smithsonian Museum of American History or at the National Portrait Gallery?

    Using the order’s twisted logic, should we consider a complete revision or abolition of the National Museum of African American History and Culture? Its massive audiences have clearly not learned sufficient love of country from visiting those divisive halls. Should we plan to tear down the Vietnam Veterans Memorial that bears witness to a war that tore America apart and thereby protect our youth from such knowledge? What will we do with the Franklin D. Roosevelt Memorial or the Martin Luther King Jr. Memorial and their immortal words carved in stone from truly conflicted pasts that we collectively, mostly survived? The Lincoln Memorial would have to scrub its reference to “every drop of blood drawn by the lash,” not to mention “this mighty scourge of [Civil] war,” whose legacies still haunt us.

    But the threats to history do not stop there. Could many of our most prominent history centers and museums be scrutinized for their devotion to “accurate, honest,” and “unifying” history as narrowly defined by the order? Will this administration revisit the National Park Service’s thoughtful and informed approaches to American history? Will it shut down the more than 20 Civil War battlefield sites, visited by thousands, since those visitors may learn something about how slavery destroyed the republic and ushered in a brutal, divisive memory embedded in how Americans have sought to reconcile that war?

    Historians differ in our understandings of the past. We do not differ in our commitment to evidence or the integrity of our discipline. We urge our colleagues and all citizens committed to democracy to speak out against those who truly seek indoctrination, to advocate for good history. Our society has never needed us quite as much as now.

    https://newrepublic.com/article/191205/trump-abolish-past-historians-education

    #donald_trump #trump #histoire #école #éducation #censure #USA #Etats-Unis #histoire_américaine #musées #Ending_Radical_Indoctrination #décret #nationalisme #histoire_nationale #éducation_patriotique #trumpisme #it_has_begun

  • Droit du sol : François Bayrou veut un débat « plus large », sur « qu’est-ce que c’est qu’être français »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/07/immigration-francois-bayrou-veut-un-debat-plus-large-que-le-droit-du-sol-sur

    Droit du sol : François Bayrou veut un débat « plus large », sur « qu’est-ce que c’est qu’être français »
    Le Monde avec AFP
    François Bayrou a jugé, vendredi 7 février, « trop étroit » un débat portant sur le droit du sol comme suggéré par son ministre de la justice, Gérald Darmanin, et a souhaité, au cours d’un entretien sur RMC, un débat « plus large » sur « qu’est-ce que c’est qu’être français ».« Qu’est-ce que ça donne comme droit ? Qu’est-ce que ça impose comme devoir ? Qu’est-ce que ça procure comme avantages ? Et en quoi ça vous engage à être membre d’une communauté nationale ? A quoi croit-on quand on est français ? », a ajouté le premier ministre, qui a fait récemment polémique en évoquant un « sentiment de submersion » migratoire. « On peut entrer dans un débat, il faut réfléchir à la manière dont [il] est organisé » mais « on ne va pas tout repousser » à la prochaine élection présidentielle, a-t-il dit.
    Plus tôt vendredi, Elisabeth Borne, la ministre de l’éducation nationale et numéro deux du gouvernement, s’est prononcée sur RTL contre l’idée de Gérald Darmanin de modifier la Constitution pour réformer l’accès au droit du sol. « Je n’y suis pas favorable », a déclaré l’ancienne première ministre. « Je pense que ce que les Français attendent de nous, ce sont des actes et pas de renvoyer à une future modification constitutionnelle », a-t-elle estimé.
    L’Assemblée nationale a adopté, jeudi soir, une proposition de loi portée par la droite visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, lors d’une séance particulièrement houleuse. Gérald Darmanin s’est dit favorable à l’abrogation pure et simple du droit du sol à Mayotte. Le garde des sceaux a, par ailleurs, estimé que « que le débat public [devait] s’ouvrir sur le droit du sol dans notre pays », et qu’il fallait sur le sujet une réforme de la Constitution, par le biais d’un référendum ou à l’occasion de la prochaine élection présidentielle.
    « Je me réjouis que Bruno Retailleau [le ministre de l’intérieur] s’attaque au démantèlement des réseaux de passeurs. Et on a des tas de dispositions, notamment des décrets qui restent à prendre sur la loi “immigration” qui avait été adoptée fin 2023 », a affirmé Elisabeth Borne. Cette dernière a toutefois soutenu la proposition de loi tout juste adoptée concernant Mayotte. « Je pense qu’on a besoin de mesures fortes pour limiter l’immigration illégale à Mayotte » et « ça peut être aussi une des mesures de restreindre les conditions d’accès au droit du sol ».
    Interrogé sur les propos de François Bayrou, lors d’un déplacement, vendredi, à Lognes, en Seine-et-Marne, Bruno Retailleau a estimé que pour être français il « faut respecter le mode de vie » et « les principes républicains » du pays. Le ministre de l’intérieur a rappelé que « l’accès à la naturalisation, c’est le code civil ». « Le code civil, dans les articles 21 notamment, parle d’assimilation. » « On voit bien qu’il y a des conditions administratives à respecter, mais (…) cela signifie qu’il faut assimiler des valeurs », a-t-il développé, citant la liberté, l’égalité entre les hommes et les femmes, la fraternité, « une notion républicaine qui dépasse les croyances, qui dépasse la couleur de peau, les conditions sociales ».
    « La question du travail, c’est important, mais ce n’est pas tout », a-t-il ajouté. « Il faut respecter le mode de vie », « les principes républicains », évoquant le partage de « destins communs », d’une « culture », de « principes ». « De ce point de vue-là, nous sommes d’accord » avec le premier ministre, a ajouté Bruno Retailleau.
    Le débat souhaité par François Bayrou relance aussi la querelle à gauche, où les « insoumis » reprochent d’autant plus aux socialistes leur choix de ne pas avoir censuré le gouvernement pour laisser passer le budget. « Tous nos partenaires de gauche savent maintenant ce qui va se passer si ce gouvernement ne tombe pas : la suite, c’est M. Retailleau, c’est la remise en question du droit du sol », a mis en garde sur France 2 le député de La France insoumise, Eric Coquerel.
    Le Parti socialiste (PS) s’est pour l’heure contenté de réaffirmer son « attachement » au droit du sol, promettant sur X de « défendre ce principe fondateur de notre République ». Mais dans la foulée, son premier secrétaire, Olivier Faure, a estimé sur le même réseau social que « le débat sur l’identité nationale n’est pas tabou » car « tout dépend ensuite de ce que l’on en attend ».« Le PS a largué les amarres avec la non-censure. Ils sont prêts à tout accepter pour coller à Bayrou », a déploré le leader des « insoumis » Jean-Luc Mélenchon.

    #Covid-19#migrant#migration#france#politiquemigratoire#droitdusol#nationalite#droit#sante#submersion

  • Restriction du droit du sol : Mayotte, « un laboratoire loin des regards » - InfoMigrants
    https://www.france24.com/fr/france/20250205-france-immigration-restriction-du-droit-du-sol-mayotte-un-laborat

    Restriction du droit du sol : Mayotte, « un laboratoire loin des regards »
    Par FRANCE 24 Publié le : 06/02/2025
    Une proposition de loi visant à restreindre davantage le droit du sol à Mayotte devrait être votée jeudi à l’Assemblée nationale. Instaurées en 2019, les premières restrictions n’ont pourtant pas permis de diminuer l’immigration clandestine dans ce département français de l’océan Indien.
    Supprimer petit à petit le droit du sol à Mayotte : de l’extrême droite au MoDem, l’idée est partagée par un vaste pan du spectre politique. Elle est même revenue en force à la faveur du passage dévastateur, le 14 décembre 2024, du cyclone Chido sur l’archipel. Le groupe de la Droite républicaine (parti Les Républicains) à l’Assemblée nationale présentera ainsi, jeudi 6 février, une proposition de loi pour restreindre davantage le droit du sol dans le 101e département français.
    « Il s’agit de limiter au maximum l’attractivité de la nationalité française », a répété mardi 4 février le rapporteur du texte, Philippe Gosselin, lors d’une conférence de presse. Concrètement, le texte prévoit de durcir encore les conditions d’accès à la citoyenneté française, considérées par la droite comme la cause de l’immigration illégale à Mayotte, où la moitié de la population est étrangère, selon l’Insee.
    En France, un enfant né de parents étrangers devient automatiquement français à ses 18 ans s’il justifie d’au moins cinq années de résidence, continue ou discontinue, depuis ses 11 ans. Il peut toutefois acquérir la nationalité française dès ses 13 ans s’il en fait la demande et s’il justifie de cinq ans de résidence depuis l’âge de 8 ans. Un enfant né en France ou à l’étranger avec au moins un parent français devient automatiquement français, dès la naissance.
    Mais à Mayotte, le droit du sol a déjà été modifié par une loi votée en septembre 2018 et entrée en vigueur le 1er mars 2019. Celle-ci stipule qu’un enfant né à Mayotte de parents étrangers ne peut devenir français que si, au moment de la naissance, l’un des deux parents « résidait en France de manière régulière, sous couvert d’un titre de séjour, et de manière ininterrompue depuis plus de trois mois ».
    Le texte du parti Les Républicains (LR), qui a été adopté en commission le 29 janvier, vise à étendre ces conditions aux deux parents et à allonger la période de résidence sur le territoire français de trois mois à un an. Pourtant, aucune étude d’impact n’a été menée depuis la mise en application des premières restrictions au droit du sol à Mayotte qui pourrait confirmer leur intérêt. Et les chiffres à disposition tendent plutôt à montrer leur inefficacité. « On voit qu’il y a une diminution des acquisitions de la nationalité française des enfants nés à Mayotte de parents étrangers, mais pas de diminution des arrivées de migrants en situation irrégulière, car les personnes venant des Comores ou fuyant les pays de la région des Grands Lacs en Afrique le font, pour les premiers, pour échapper à la misère et à l’insécurité, pour les seconds pour fuir des situations de persécution ou de violences généralisées », explique Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public à l’Université Jean Moulin Lyon 3 et membre de l’Institut Convergences Migrations.
    Si les acquisitions de nationalité française pour les enfants entre 13 et 18 ans sont en effet passées de 2 829 en 2018 à 799 en 2022, selon le ministère de la Justice, l’immigration illégale a continué d’augmenter, avec 8 669 interceptions en mer d’étrangers en situation irrégulière en 2023 contre 3 788 en 2020, selon un bilan de l’opération Shikandra dressé par la préfecture de Mayotte.
    « Il s’agit de populations en situation d’extrême pauvreté et d’extrême précarité qui voient Mayotte comme un eldorado. Face à des contraintes économiques très fortes, ces populations réagissent dans l’urgence et non en réfléchissant au fait que leurs futurs enfants pourraient devenir français dans 15 ans », ajoute Marie-Laure Basilien-Gainche.
    Une analyse d’ailleurs corroborée par la gendarmerie française. « Le recensement de l’Insee établissait que Mayotte comptait 256 500 habitants en 2017. Ces chiffres sont aujourd’hui largement dépassés, avec une population estimée à au moins 400 000 habitants, dont la moitié sont originaires d’Anjouan, l’île la plus pauvre des Comores. Car un Comorien va gagner cinq à sept fois plus à Mayotte, où le PIB est dix fois supérieur à celui d’Anjouan », expliquait en août 2021 le colonel Olivier Capelle, commandant de la gendarmerie (COMGEND) de Mayotte.
    L’histoire et la situation géographique de Mayotte, qui fait partie de l’archipel des Comores, est aussi à prendre en considération pour comprendre le grand nombre d’étrangers en situation illégale, selon la spécialiste des migrations. « Il y a quatre îles, dont une seulement est française, mais il s’agit bien d’une unité géographique dans laquelle existent des relations ancestrales caractérisées par le partage d’une même langue, d’une même religion, de relations familiales et de liens communautaires. Il y a donc depuis toujours des mouvements de population entre ces îles. Or, au lieu de laisser les Comoriens venir à Mayotte librement, l’obligation d’obtenir un visa depuis 1995 les a fait basculer en situation irrégulière et a eu tendance à les fixer sur le territoire mahorais », juge Marie-Laure Basilien-Gainche.
    « C’est la politique très restrictive autour des visas qui a conduit un plus grand nombre de gens à rester sur place à Mayotte, quand ils ne faisaient que passer sur l’île sans y rester auparavant », abonde dans Libération l’ancien diplomate et aujourd’hui professeur de sciences politiques Fred Constant, auteur de « Géopolitique des Outre-Mer : entre déclassement et (re)valorisation » (Le Cavalier Bleu, 2023). « Personne ne prétend que cette proposition de loi permettra de résoudre toutes les difficultés de Mayotte. Ce n’est pas la réponse miracle au fait migratoire à Mayotte », reconnaît Philippe Gosselin, la comparant à « un élément d’un puzzle ».Le texte présenté par Les Républicains, qui devrait obtenir une majorité à l’Assemblée nationale, sert en revanche une stratégie clairement exprimée. « Dans notre esprit, évidemment, l’objectif est que Mayotte soit la première étape et ensuite, pour nous, l’idée c’est d’étendre ces restrictions sur le reste du territoire français », a ainsi affirmé mardi le patron du parti et du groupe à l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez.
    « Il s’agit de se servir de Mayotte comme d’un laboratoire. On va développer une expérimentation dans un territoire loin des regards, loin de la vigilance des citoyens, avant de tenter de l’étendre aux départements de la métropole », constate Marie-Laure Basilien-Gainche, qui rappelle que le droit du sol « fait partie de notre ADN et est un principe majeur de la République française ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#droit#politiquemigratoire#sante#recensement#nationalite#droitsol

  • Federal health workers terrified after ’DEI’ website publishes list of ’targets’

    The site calls out workers who have been involved with DEI initiatives. A majority are Black.

    Federal health workers are expressing fear and alarm after a website called “#DEI_Watch_List” published the photos, names and public information of a number of workers across health agencies, describing them at one point as “targets.”

    It’s unclear when the website, which lists mostly Black employees who work in agencies primarily within the Department of Health and Human Services, first appeared.

    “Offenses” for the workers listed on the website include working on diversity, equity and inclusion initiatives, donating to Democrats and using pronouns in their bios.

    The website, a government worker said, is being circulated among multiple private group chats of federal health workers across agencies, as well as through social media links.

    The site also reached Dr. Georges Benjamin, the executive director of the American Public Health Association, who learned about it Tuesday evening when a federal health worker sent it to him.

    “This is a scare tactic to try to intimidate people who are trying to do their work and do it admirably,” Benjamin said. “It’s clear racism.”

    A government worker said they found out theirs was among the names on the website Tuesday afternoon after a former co-worker sent them the link on social media.

    “It’s unnerving,” said the person, who requested anonymity because of safety concerns. “My name and my picture is there, and in 2025, it’s very simple to Google and look up someone’s home address and all kinds of things that potentially put me at risk.”

    “I don’t know what the intention of the list is for,” the person said. “It’s just kind of a scary place to be.”

    On Tuesday evening, the site listed photos of employees and linked to further information about them under the headline “Targets.” Later Tuesday night, the headline on each page had been changed to “Dossiers.”

    The site lists workers’ salaries along with what it describes as “DEI offenses,” including political donations, screenshots of social media posts, snippets from websites describing their work, or being a part of a DEI initiative that has been scrubbed from a federal website.

    Benjamin suggested the acts of online harassment are criminal. “Law enforcement should look into them.”

    A person who isn’t on the list but works at a federal health agency called the website “psychological warfare.” The link, this person said, is being circulated in their private group chat of federal health workers, causing some to “freak out.”

    It’s hard to gauge, the worker said, whether it’s a legitimate threat. “I don’t know anything about the organization doing this or their parent association. People are just paranoid right now.”

    A note at the bottom of the website says, “A project of the American Accountability Foundation.” That group is a conservative watchdog group.

    It’s not the first time the group has created such a list. In December, it sent Pete Hegseth, then the nominee for defense secretary, a list of names of people in the military whom it deemed too focused on diversity, equity and inclusion, the New York Post reported at the time.

    Neither the American Accountability Foundation nor HHS immediately responded to requests for comment.

    The website comes after a bruising two weeks for public health workers. Employees at the #Centers_for_Disease_Control_and_Prevention say they have received “threatening” memos from the #Department_of_Health_and_Human Services directing them to terminate any activities, jobs and research with any connection to diversity, equity and inclusion — and turn in co-workers who don’t adhere to the orders. HHS oversees federal health agencies, including the CDC and the #National_Institutes_of_Health.

    “The tone is aggressive. It’s threatening consequences if we are not obedient. It’s asking us to report co-workers who aren’t complying,” said a CDC physician who wasn’t authorized to speak to reporters. “There’s a lot of fear and panic.”

    NBC News reviewed one of the memos, which directed employees to “review all agency position descriptions and send a notification to all employees whose position description involves inculcating or promoting gender ideology that they are being placed on paid administrative leave effective immediately.”

    The result, staffers said, is paranoia.

    “I know of people who have been put on administrative leave for perceived infractions related to these ambiguous memos. People are thinking if I put one foot wrong, I’m just going to be fired,” another CDC physician said.

    In one case, a potluck luncheon among co-workers was hastily canceled for fear it would be seen as a way to promote cultural diversity.

    Despite the harassment, public health employees said they remain committed to their work.

    “If I leave, who’s going to replace me?” a CDC physician said. “If nobody replaces me and enough of us leave, then who’s going to be doing the public health work?”

    https://www.nbcnews.com/health/health-news/federal-health-workers-terrified-dei-website-publishes-list-targets-rcna190
    #liste #cibles #USA #Etats-Unis #it_has_begun #fonctionnaires #intimidation #inclusion #diversité #équité #santé #menaces #santé_publique #délation #DEI

    • Higher Ed Fights Back Against Trump’s #DEI_Order

      The American Association of University Professors and others argue in a new lawsuit that the executive orders violate the Constitution.

      College professors and university diversity officers are teaming up with nonprofits and local governments to challenge President Trump’s executive orders that target diversity, equity and inclusion programs in the federal government, higher education and the private sector. Those orders, they argue, violate the U.S. Constitution and have already caused much uncertainty on college campuses.

      The American Association of University Professors, the National Association of Diversity Officers in Higher Education and other groups argue in a lawsuit filed Monday that the orders exceed executive legal authority, violate both the First and Fifth Amendments, and threaten academic freedom and access to higher education for all. They want a judge to declare that the executive orders are unconstitutional and to block the government from further enforcement.

      “In the United States, there is no king,” the plaintiffs say in the 40-page complaint. “In his crusade to erase diversity, equity, inclusion, and accessibility from our country, President Trump cannot usurp Congress’s exclusive power of the purse, nor can he silence those who disagree with him by threatening them with the loss of federal funds and other enforcement actions.”

      Filed in the U.S. District Court in Maryland, the lawsuit is the first to target the DEI-related orders. Numerous states and nonprofits, however, have sued the Trump administration to challenge other executive actions taken during the president’s first two weeks in office, including his attempt to freeze trillions of dollars in federal grants and loans.

      The academic organizations involved in this DEI case are represented by Democracy Forward, the same pro bono legal group that was first to successfully challenge the federal funding freeze. Asian Americans Advancing Justice, another nonprofit civil rights group, also is representing the plaintiffs.

      The executive orders at issue in this lawsuit aim to end what Trump sees as “illegal discrimination” and “wasteful” programs. Institutions that don’t comply could face financial penalties or federal investigations.

      Although AAUP has openly discouraged universities from engaging in “anticipatory obedience,” which it defined as “acting to comply in advance of any pressure to do so,” several colleges and universities have already taken action in an attempt to avoid rebuke from the Trump administration. That includes canceling a Lunar New Year event and removing references to DEI from college websites.

      Trump’s orders are not the first of their kind. They build on a number of laws recently passed in Republican-led states that ban DEI offices and programs in colleges and universities and aim to take those efforts nationwide. Colleges in states like Alabama, Florida, Iowa, Texas and Utah have taken action to comply with those laws, laying off staff and shutting down cultural centers. In some states, such as Kentucky and Michigan, public colleges dissolved certain DEI standards or full offices before legislation passed.

      Regardless of the state-by-state scenarios, groups like NADOHE say they will continue to fight for DEI protection, as such programs are crucial to fulfilling the mission of higher education. Getting rid of DEI, NADOHE says, would send a chilling shock wave throughout academia and lead to increased harassment, discrimination and violence across campuses.

      “By attacking the important work of diversity, equity and inclusion offices at educational institutions, the order seeks to dismantle critical support systems for historically underrepresented students,” NADOHE president Paulette Granberry Russell told Inside Higher Ed after Trump signed the second DEI order. “This would limit workforce preparation and stifle efforts to address systemic inequities. This order depicts diversity, equity and inclusion as divisive when, in reality, these initiatives aim to ensure opportunity for all.”
      What Does the Lawsuit Say?

      The lawsuit is focused on two executive orders that Trump issued during his first 48 hours in office.

      The first order directed federal agencies to get rid of all federal diversity offices and positions and end any “equity-related” grants and contracts. Numerous DEI staffers have since lost their jobs, and dozens of general staff members from the Education Department who attended any DEI training in the past have been put on administrative leave.

      The lawsuit alleges that Trump exceeded his legal authority in issuing that order, as Congress—not the president—has authority over the federal government’s purse strings. Therefore, the plaintiffs argue, Trump does not have the power to unilaterally terminate equity-related grants and contracts “without express statutory authority.”

      The second order, signed Jan. 21, more directly impacts higher education. It calls on all agencies—including the Department of Education—to “enforce our longstanding civil-rights laws and to combat illegal private-sector DEI preferences, mandates, policies, programs, and activities.” It also orders the attorney general and the education secretary to create guidance for colleges and universities on how to comply with the 2023 Supreme Court ruling against affirmative action, and for the secretary to investigate up to nine colleges that have endowments worth more than $1 billion as part an effort “to deter DEI programs or principles.

      The lawyers argue that both orders are overly vague. Neither defines terms such as “DEI,” “illegal DEIA” or “equity.” As a result, they argue, colleges, universities and other institutions have not been given fair guidance as to what is prohibited and what they could be indicted and face penalties for, violating the plaintiffs’ right to due process under the Fifth Amendment. “The lack of definitions necessarily requires people of common intelligence to guess as to what is prohibited,” the lawsuit states. It goes on to suggest that by ordering the investigation of “illegal DEIA” practices at up to nine colleges without first defining the term, the president has granted agencies “carte blanche authority to implement the order discriminatorily.”

      The plaintiffs also argue that the second order violates the First Amendment, discouraging free speech and academic freedom around DEI-related topics on campus—dampening the public service role of academia as a marketplace of ideas. “The Constitution protects the right of scholars, teachers, and researchers to think, speak, and teach without governmental interference,” the plaintiffs write. “The ‘essentiality of freedom in the community of American universities is almost self-evident’ and educators play a ‘vital role in a democracy’.”
      Can Trump ‘Avoid Running Afoul’?

      AAUP president Todd Wolfson said the association is committed to fighting for a higher education system that’s accessible to all, regardless of background. He went on to describe Trump’s orders as “destructive” and said that eliminating DEI at public institutions would threaten the democratic purpose of higher ed.

      “Trump’s orders are about controlling the range of ideas that can be discussed in the classroom, limiting and censoring faculty and students, and codifying into law the prejudices of the past,” he said in a statement to Inside Higher Ed. “These are attempts at authoritarianism that this nation has overcome before. We will do so again.”

      But Tyler Coward, lead counsel for government affairs at the Foundation for Individual Rights and Expression, a First Amendment advocacy group, isn’t so sure. He said in an email statement that Trump’s executive orders on DEI “appear to avoid running afoul of the First Amendment,” but in a more detailed analysis memo, FIRE warns that “implementation should proceed carefully.”

      “Overzealous enforcement could threaten free speech by, for example, indirectly chilling a professor from sharing their positive views of affirmative action policies or leading to investigation of a government grantee for a social media post expressing personal support for DEI initiatives,” the foundation wrote.

      Neither Coward nor the foundation at large, however, commented on the lawsuit’s standing as far as violations of the Fifth Amendment or the separation of powers.

      “We are concerned that the executive order about gender ideology could be used to censor speech on sex and gender,” Coward said. “FIRE is closely watching how federal agencies interpret and enforce the executive orders to ensure the government doesn’t infringe on constitutionally protected speech.”

      https://www.insidehighered.com/news/government/2025/02/05/higher-ed-organizations-sue-against-trumps-dei-orders

      #mots #vocabulaire
      #diversité #équité #inclusion #accessibilité

    • Trump Takes Aim at DEI in Higher Ed

      The executive order doesn’t have an immediate impact on DEI programs at colleges and universities, but experts worry about a chilling effect.

      One of President Donald Trump’s latest executive orders aims to end “illegal” diversity, equity and inclusion policies and could upend programs that support underrepresented groups on college campuses.

      Whether the order, signed late Tuesday night, will be effective is not clear, some experts cautioned Wednesday. Others celebrated it as the end of DEI in America.

      The order calls on all agencies to “enforce our longstanding civil-rights laws and to combat illegal private-sector DEI preferences, mandates, policies, programs, and activities,” though it doesn’t define DEI. Additionally, the order directs the attorney general and education secretary—neither of whom have been confirmed—to create guidance for colleges and universities on how to comply with the 2023 Supreme Court ruling, which banned the use of race-conscious admissions policies.

      The order should not, however, have any immediate impact on higher ed, as most provisions require agency action.

      Higher education experts and diversity, equity and inclusion advocates say it’s difficult to know how far Trump’s latest order against DEI will actually go, but they are certain it represents an attempt to reverse more than 50 years of civil rights work to promote equal access to the American education system.

      University stakeholders add that Trump’s ultimate goal is to amplify culture war issues and create a dichotomy between merit and hard work and programs that celebrate diversity and promote equitable access.

      “What I see is a broad attempt to remove everything that is associated with long-standing institutional efforts to desegregate the U.S. government and institutions like colleges and universities that are entangled with the government through federal financial aid,” said Brendan Cantwell, a professor of education at Michigan State University.

      But anti–diversity, equity and inclusion activists and conservative politicians, on the other hand, see Tuesday’s order as a positive change that reminds colleges to teach students how to think rather than what to think.

      “For too long, social justice warriors crusaded to mandate DEI in every corner of America. Instead of merit, skills, and ability, DEI devotees pushed policies that are antithetical to American exceptionalism,” Republican representative and House education committee chair Tim Walberg said in a statement. “From the classroom to the board room, Americans have felt the negative effects.”

      Christopher Rufo, a senior fellow at the conservative Manhattan Institute, said deconstruction of DEI is impending.

      “Tomorrow morning, the general counsels for every major corporation and university are going to be reading President Trump’s executive orders on DEI and figuring out how they can avoid getting ruined by federal civil rights lawyers,” he wrote on X. “Huge changes imminent.”

      Trump’s latest DEI action builds upon other related orders regarding sex, race and equity that he signed in the first two days of his second term, but this one has the highest likelihood of directly impacting higher education.

      That’s in part because the order designates any institution that receives federal financial aid as a subcontractor. As subcontractors, colleges’ employment, procurement and contracting practices “shall not consider race, color, sex, sexual preference, religion, or national origin in ways that violate the nation’s civil rights laws,” according to the order.

      Additionally, the Education Department must pick up to nine colleges that have endowments worth more than $1 billion to investigate as part an effort “to deter DEI programs or principles.” Harvard University, other Ivy League institutions and more than two dozen other colleges would be on the list for a potential inquiry.

      ‘The DEI Party Is Over’

      Across the board, policy experts that Inside Higher Ed spoke with say that while it is clear what Trump seeks to do, it is uncertain exactly what will actually come to pass. They called the order’s language broad and said much of its consequences will depend on what levers the department pulls for compliance, among other factors.

      Jon Fansmith, senior vice president of government relations and national engagement for the American Council on Education, said in a webinar Wednesday that though the executive orders have created uncertainty, the directives don’t change federal law and are subject to lawsuits.

      “The things we are talking about aren’t absolutes,” he said. “There’s a lot of understandable concern, but some things haven’t changed.”

      On the other hand, Adam Kissel, a visiting fellow of higher education reform at the conservative Heritage Foundation, said the order’s implications are very clear.

      “Colleges and universities, as well as other institutions, are on notice that the DEI party is over,” he said.

      One way that the Trump administration can try to ensure the “DEI party” is fully brought to a halt is by telling colleges that the Supreme Court’s ruling on race-conscious admissions policies extends to any scholarship program or student support services that are geared toward a specific race or ethnic group. Colleges that don’t comply could risk their access to federal financial aid.

      Some legal analysts and Republican officials have argued that the Supreme Court’s ruling also bars scholarships, internships and other educational programs that take race into account. The Biden administration disagreed and said the ruling only affected admissions.

      Kissel said he is “200 percent sure” the Trump administration has the ability to extend the ruling to more than just admissions.

      “The Supreme Court said discrimination is wrong and illegal under the equal protection clause as well as Title VI of the Civil Rights Act of 1964,” he said. And “when we’re talking about nondiscrimination, I think SCOTUS was very clear that the broad interpretation is correct.”

      Kissel expects that the Trump administration will tie DEI compliance to both research grants and Title IV of the Higher Education Act of 1965, which authorizes federal financial aid programs. He believes they have clearance to do so as DEI is, in his view, discriminatory and colleges accessing federal funds cannot discriminate.
      ‘Pre-Emptive Compliance’

      Regardless of the clarity level, a key factor that could determine the impact of the DEI order is how university leaders respond.

      Cantwell said the response from leaders will depend on whether the university is private and what state it’s located in. He expects the order to carry more force at public colleges in Republican-led states. The government has the least control over private universities, he said, and though some dollars come from the federal government, much of higher ed funding is allocated at the state level, giving local lawmakers the most leverage on whether to enforce Trump’s rules.

      Although blue states that disagree with the president’s order may be less likely than red states to pass legislation reinforcing the guidelines, some universities could act on their own. Some institutions, such as the University of Michigan, have already started to rethink their DEI programs in an effort to pre-emptively comply with federal directives.

      “[The case of Michigan] does hint at some wariness,” Cantwell said. “And that wariness and sort of pre-emptive compliance, even absent direct threats from the federal or state government, might be somewhat universal. But I also think we will definitely see lots of variation by state.”

      Sarah Hubbard, a Republican elected regent at the University of Michigan, said the latest executive order shows that Trump is “doing exactly what he said he’d do” and should be a sign that more steps need to be taken in order for Michigan and other public institutions to avoid losing billions in federal funds.

      Michigan has already repealed the use of diversity statements in the hiring process and adopted a policy of institutional neutrality but has not directly cut staff or funding for any of its highly criticized DEI programs. Those decisions would be made in the upcoming budget cycle.

      “Not speaking on behalf of the board … I hope that we will be doing more to realign our campus toward need-based scholarships and removing overbearing DEI bureaucracy,” Hubbard said.
      A Chilling Shock Wave

      Some higher education experts—particularly those working in and around DEI departments—are bracing for it to have a “gigantic” impact on students and faculty.

      Kaleb Briscoe is an assistant professor of adult and higher education at the University of Oklahoma whose recent research has focused on the repercussions of DEI bans. She said that the order has already “sent shock waves,” adding that her phone is “blowing up about it.”

      Although the action does not explicitly say it will ban or restrict DEI programs like some state-level laws, Briscoe believes that Trump’s campaign messages and record from his first term speak loudly. Among other actions, Trump issued an executive order defunding any federally funded trainings or programs that promote race or sex “stereotyping” or “scapegoating.” (Former President Biden rescinded that order.)

      “The language within the executive order does not directly call for [banning DEI], but it doesn’t mean that it cannot be misinterpreted or used by policymakers to come up with additional bans,” she said.

      Shaun Harper, a professor of education, business and public policy and the founder of the University of Southern California’s Race and Equity Center, and an opinion contributor to Inside Higher Ed, said the order “will surely frighten” university administrators. It will likely lead to the pre-emptive hiding, renaming or discontinuation of their DEI initiatives, he added.

      “These leaders will be worried about losing their federal funding, which is exactly what DEI opponents want,” Harper said in an email to Inside Higher Ed. Heterosexual, Christian white men will likely feel supported and affirmed by Trump’s anti-DEI orders, as “too many of them have been tricked into misunderstanding DEI initiatives to be unfair, universal attacks,” he added.

      But in the meantime, Harper said that minority students will face increased harassment, discrimination and violence and will “be left stranded without justice.”

      Briscoe echoed Harper, adding that as the number of DEI-focused staff members dwindles, faculty members will be left to pick up the pieces.

      “We’re looking at a very uphill climb of faculty having to take on more student affairs, diversity professional roles,” she said. “Staff may not exist, but these student needs will have not changed.”

      Paulette Granberry Russell, president and CEO of the National Association of Diversity Officers in Higher Education, said the order is “deeply concerning,” mischaracterizes DEI and takes aim at the core mission of higher education.

      “By attacking the important work of diversity, equity and inclusion offices at educational institutions, the order seeks to dismantle critical support systems for historically underrepresented students,” she said. “This would limit workforce preparation and stifle efforts to address systemic inequities. This order depicts diversity, equity and inclusion as divisive when, in reality, these initiatives aim to ensure opportunity for all.”

      Granberry Russell added that while the order’s immediate impact will depend on how agencies enforce it, “it is already causing uncertainty and fear.”

      “I hope that university leaders will recognize that executive orders should not dictate the values and priorities of higher education institutions,” she said. “Many colleges and universities have long-standing commitments to fostering inclusive environments, and I hope they will continue to uphold these principles despite political headwinds.”

      https://www.insidehighered.com/news/government/politics-elections/2025/01/23/how-trumps-order-targeting-dei-could-affect-higher-ed
      #ESR #recherche #université #enseignement_supérieur

    • ’Unprecedented’: White House moves to control science funding worry researchers

      Darby Saxbe is worried her research funding might get canceled.

      People’s brains change when they become parents. She studies fathers’ brains, in particular, to understand which changes might underlie better parenting. And she wants to study a variety of brains.

      “If you want to understand the brain and biology changes of fathers, you don’t necessarily want to only look at white affluent fathers who are hanging out around a university, which is what a convenient sample might be composed of,” says the University of Southern California neuroendocrinologist. “That just makes for a better, more impactful research project.”

      So with a grant from the #National_Science_Foundation — a federal agency with a $9 billion annual #budget to fund research — she’s working to include more people from minority groups in her study.

      But her research proposal contained the words “diverse” and “underrepresented,” words that now appear on a list of hundreds of DEI-related terms that NSF is currently using to comb through tens of thousands of research grants. The process, described to NPR by two NSF officials who spoke on the condition of anonymity for fear of retribution from the administration, aims to flag research that may not comply with President Trump’s executive orders targeting diversity, equity and inclusion initiatives.

      This kind of scrutiny, along with other actions of the administration so far — freezing grants, clamping down on communications from federal agencies, taking down databases on women’s health, HIV and youth behaviors and purging some of DEI-related terms — represent to many scientists an extreme move to exert more presidential control over the kinds of science that get funded, and potentially who does it. If continued, it could represent a major departure from how science has been funded for decades.

      “This is totally unprecedented, nothing like this has ever happened,” says Neal Lane, who served as director of the NSF from 1993 to 1998. “NSF has a mandate to care about the workforce and ensure that all Americans have opportunities to participate in science,” he says. By targeting DEI, “they’re killing American science.”

      Since the 1990s, Congress has mandated that NSF weigh how its grants will boost the participation of women and minorities in science, in addition to the intellectual merits of the proposal. Now, the Trump administration is essentially saying they can’t follow that law.

      “President Trump was elected president, but in being elected president, the laws of the United States were not repealed and replaced with whatever he wants to do,” says Rep. Zoe Lofgren, D-Calif., ranking member of the U.S. House of Representatives Committee on Science, Space and Technology. “These are bipartisan efforts to make sure that we don’t miss smart people in the science enterprise across the United States.”

      But some say that considering diversity in grantmaking leads to worse science. Last October, Sen. Ted Cruz, R-Texas, said in a report that “NSF allocated over $2.05 billion to thousands of research projects that promoted neo-Marxist perspectives or DEI tenets” and suggested that it undermines “objective hard science.”

      “Intellectual diversity is welcome,” says Jonathan Butcher, a senior research fellow at the Heritage Foundation. “But judging the merits of an idea based on the description of the grant is far more important than figuring out where the people involved are literally coming from, in terms of racial background or country of origin.”
      Changing how science gets funded

      Presidents have the authority to set priorities in research funding, and have used this power. The Biden administration made a push for climate and cancer research, for instance, and George W. Bush’s administration prioritized energy research and the physical sciences. Congress allocates money to these priorities, and then the agencies work out the finer details.

      “Since World War II, science has been organized around this idea of peer review, that scientists understand what good science is and should make decisions about what we should be funding,” says Elizabeth Popp Berman, a sociologist who studies science at the University of Michigan.

      At NSF, that means program officers — often scientists who work at other institutions who come to NSF for temporary stints — manage a review process of proposals, with input from a range of scientists. The law dictates that NSF consider both the intellectual merit of a proposal and the “broader impacts” the research might enable, meaning how the research will benefit society.

      For decades, a key part of those potential benefits is how grants will boost the participation of women and underrepresented groups in science. Since 1997, Congress has required NSF to explicitly weigh such factors in its grantmaking. According to Suzanne Barbour, dean of the Duke University Graduate School and chair of NSF’s Committee on Equal Opportunities in Science and Engineering, that ultimately benefits the taxpayer.

      “There is a large emerging literature that suggests that teams have the largest array of voices, from different different backgrounds, different kinds of lived experiences, voices that perhaps have addressed problems from slightly different angles,” she says. “They’re more creative, they’re more successful and … ultimately are the kinds of teams that make the biggest discoveries.”

      Trump’s executive orders are squarely opposed to that mission. The agency is currently reviewing grants for DEI-related terms using, in part, a list from Sen. Cruz’s October 2024 report titled “How the Biden-Harris NSF Politicized Science,” according to NPR’s NSF sources.

      It’s unclear what will happen to flagged grants. NSF has resumed funding existing awards after freezing them in late January and says they “can not take action to delay or stop payment for active awards based solely on actual or potential non-compliance with the Executive Orders.” The NSF sources tell NPR that approximately 20% of grants were initially flagged, and that number could be further winnowed.

      In reviewing grants for DEI-related content and temporarily pausing payments, the agency seems to be prioritizing the executive order over its congressional mandate, a practice that contradicts internal guidance saying law takes precedence over executive orders when there’s a conflict.

      The Trump administration’s efforts to exert more control over science at NSF go beyond DEI. On Tuesday, staff were informed of plans to cut the agency’s headcount of about 1,700 by 25% to 50% over the next two months, according to NPR’s NSF sources. Staff were also informed that President Trump’s first budget request could slash the agency’s budget from $9 billion to $3 billion, first reported by ArsTechnica and confirmed by NPR, though the actual reduction negotiated by Congress may be different.

      “This administration appears to be not just setting priorities, but enforcing ideological conformity in a way that if your grant is studying something that’s not aligned with a particular view of the world, it’s just not going to be funded,” says Berman. “I think taking that away has the potential to undermine the whole scientific enterprise.”
      Worries about America’s competitive edge

      If the Trump administration continues aggressively targeting diversity initiatives in science and seeking to substantially cut funding, American science will look fundamentally different, says Berman.

      Whole academic fields could wither without federal funds, she says, especially if DEI is broadly defined. “This cuts across economics, psychology, sociology. In all these fields, there are whole chunks of the discipline that may just not be possible to carry on anymore,” says Berman.

      The moves have also sparked a culture of fear among many scientists. “This level of scrutiny is going to make research less collaborative, less competitive and less innovative,” says Diana Macias, an ecologist at the University of California, Berkeley, who is funded by an NSF grant. Bringing more people into science is “not just broadening for the sake of broadening, but it’s broadening for the sake of developing rigorous questions that help us really stay competitive.”

      Only about a quarter of NSF grant proposals win funding, and that’s after a rigorous application process. The idea that an awarded grant could get rescinded, or proposals not get funded for political reasons, makes many scientists uncomfortable and could ultimately lead some to quit or move outside the U.S.

      “I train graduate students and undergrads who want to pursue science careers,” says Saxbe. “It’s hard for me to think about how to encourage them when it seems like the very work that we do is so vulnerable to partisan attack.”

      Federal funding supports these trainees, many of whom ultimately go into the private sector. The NSF funds nearly 80% of fundamental computing research at universities, according to a recent statement from the Computing Research Association.

      Reduced funding could ultimately lead to a smaller skilled workforce to work on important issues in artificial intelligence, cybersecurity and more. That’s despite an insistence by close allies of the president, including Elon Musk, that the U.S. lacks enough homegrown talent to fill the tech industry’s demand for computer science professionals like software engineers and programmers.

      “The private sector does a lot of very important, primarily applied research and development. But they really don’t fund the same kind of research where you are really exploring the frontier,” says Lane, the former NSF director.

      “They can’t justify to their stockholders doing most of the things that the National Science Foundation does. If you take away federal support for science, science is dead in the United States. Nothing can replace that.”

      https://www.npr.org/sections/shots-health-news/2025/02/07/nx-s1-5289912/unprecedented-white-house-moves-to-control-science-funding-worry-researchers

      #science #projets_de_recherche

    • Offensive obscurantiste aux USA : Trump crée un « #bureau_de_la_foi » et #censure le monde universitaire

      Ces propos délirants sortent de la bouche de Paula White, la conseillère spirituelle du président américain depuis 2011. Vous ne la connaissez peut-être pas encore, mais son rôle a été prépondérant pendant la campagne de Trump : elle assure notamment la communication avec les courants intégristes religieux, très puissants aux États-Unis. Un habitant des États-Unis sur cinq se définit en effet comme évangéliste : une base électorale obscurantiste et essentielle pour Donald Trump.
      L’intégrisme chrétien au pouvoir

      Paula White est à présent à la tête d’un nouveau “Bureau de la foi” de la Maison blanche, chargé de renforcer la place de la religion dans la politique du pays. Cette dernière est connue pour ses appels à la haine homophobe ou raciste, déclarant que “l’antifascisme et Black Lives Matter sont l’antéchrist” ou encore “ce n’est pas OK de se faire avorter. Ce n’est pas OK de se marier avec quelqu’un du même sexe”. Ses propos fanatisés semblent sortis d’un autre âge.

      Paula White avait, entre autres joyeusetés, organisé une prière publique en janvier 2020 pour que “toutes les grossesses sataniques aboutissent à une fausse couche”. Cette illuminée aurait toute sa place sous l’inquisition du Moyen-Age, quand un tribunal ecclésiastique jugeait les hérétiques.

      Les mouvements chrétiens fondamentalistes américains considèrent Trump comme un “envoyé de Dieu”, dont la mission sacrée est de s’opposer aux satanistes – les “wokes”, les homosexuels… Il affirmait lui-même d’ailleurs avoir été “sauvé par Dieu” lors de la tentative de meurtre à laquelle il a échappé l’été dernier, pour qu’il guide le pays et lui rende sa grandeur. Une mission divine, exaltée par ses déclarations : “ramenons Dieu dans nos vies” a-t-il réclamé.

      Pourtant, le 1er amendement des États-Unis proclame la séparation de l’État et de la religion. Ces personnes qui se présentent comme les seules vraies gardiens de la Constitution des USA violent donc allègrement son premier amendement. Ces mouvements intégristes religieux constituent la base de l’extrême droite américaine : on les retrouve massivement lors de l’attaque du Capitole en 2021, où nombre de manifestants arboraient des t-shirts avec des symboles chrétiens.

      Dans le même registre, le nouveau secrétaire de la Défense des USA Pete Hegseth, qui est désormais l’un des hommes les plus puissants du pays, a fait inscrire « Jésus » en hébreu sur son bras, un tatouage réalisé à Bethléem, et une grande croix de Jérusalem sur sa poitrine, un symbole représentant une grande croix encerclé de croix grecques plus petites. Un symbole utilisé pendant les Croisades et représentant le royaume de Jérusalem établi par les croisés.

      Hegseth ne cache pas sa fascination pour cette période de conflit sanglant opposant les armées chrétiennes aux musulmans. Cet homme est un vétéran de la Garde nationale du Minnesota, un animateur de la chaine d’extrême droite Fox News, et adhère à une mouvance religieuse sectaire nommée Reconstructionnisme réformé, qui prône l’application de la loi chrétienne biblique à la société, un monde exclusivement dirigé par les hommes et une préparation au retour de Jésus.

      Doit-on s’étonner de voir l’obscurantisme religieux revenir sur le devant de la scène aux États-Unis ? Non. Il avance main dans la main avec le capitalisme sans limite dont rêvent Trump et son inséparable duo Elon Musk. La religion représente d’ailleurs un marché plus que rentable aux États-Unis : 1200 milliards de dollars en 2016.

      L’extrême-droite est étroitement liée aux milieux chrétiens dans de nombreux pays. L’économiste Samir Amin explique que “le capitalisme des monopoles contemporain, en crise, développe une offensive idéologique massive et systématique assise sur le recours au discours de la spiritualité”. Il estime que la faillite de la classe bourgeoise, qui avait massivement adhéré si ce n’est au nazisme ou au fascisme, tout du moins à la collaboration, avait permis aux classes ouvrières au lendemain de la seconde guerre mondiale de construire un rapport de force conséquent.

      Après guerre, le patronat était discrédité, le Parti Communiste était le premier parti dans de nombreux pays, dont la France et l’Italie, et les syndicats étaient de puissants contre-pouvoirs. Pour contrer cela, Washington a poussé à la création de nouveaux partis chrétiens-démocrates afin de résister à la menace communiste.

      Ces partis constituent aujourd’hui la droite traditionnelle dans de nombreux pays européens, remettant le débat autour de l’importance du christianisme comme base de la civilisation occidentale. On en voit la marque de nos jours dans la droite de nombreux pays européens, et la France n’est pas en reste : Macron a largement piétiné la laïcité ces dernières années, comme la cérémonie d’ouverture de Notre-Dame en a été encore l’exemple.

      Aujourd’hui, les partis fascisants qui arrivent au pouvoir dans de nombreux pays se réclament également d’un retour à la foi chrétienne. Mais une foi revisitée, vidée de sa spiritualité, transformée en show, mise en spectacle sur le modèle des évangélistes. Georgia Meloni se revendique “femme, italienne, et chrétienne”, faisant de cette identité un véritable programme politique. Viktor Orban se pose en défenseur des “valeurs chrétiennes”. Marine Le Pen se dit “extrêmement croyante”. Aux États-Unis, l’arrivée au pouvoir de Trump a scellé l’accord parfait entre extrême-droite, intégrisme religieux et capital.
      Guerre contre la science

      L’obscurantisme est défini comme l’attitude attribuée à ceux qui sont hostiles au progrès, au libre exercice de la raison, à la diffusion de l’instruction et du savoir. Cette percée des fondamentalistes religieux s’accompagne ainsi d’une attaque historique contre la science. L’un ne va pas sans l’autre.

      Un décret sur “L’abrogation Woke” a été publié par l’administration Trump il y a quelques jours. Le but ? Détruire toutes les politiques, programmes ou projets de recherche sur des sujets jugés “woke” et donc dangereux pour la sûreté de l’État : le réchauffement climatique et l’environnement, le genre, la diversité, la race, l’inclusion…

      Pour faire simple, une IA va pouvoir identifier des mots clés, au nombre de 120 pour le moment, afin de geler les financements, supprimer des publications… Reporterre dévoile par exemple que toute référence au réchauffement climatique a été purement et simplement effacée de sites internet fédéraux. Certaines pages ont carrément disparu, ne laissant qu’un »404 Not Found ». Parmi les 120 mots interdits, on retrouve “femme”, “préjugé”, “justice environnementale”, “accessibilité”.

      Autre conséquence dramatique : le CDC, le centre de contrôle des maladies, est la plus grosse agence gouvernementale étasunienne pour la santé publique. Une liste de 20 termes a été distribuée en interne afin de retirer ou d’éditer certaines informations, pourtant tout simplement vitales, du site. On trouve notamment dans cette liste les termes « transgenre », « LGBT », « personne enceinte », « biologiquement femme », « biologiquement homme »… Certaines pages sur le virus du SIDA ont également disparu.

      Au fil des siècles, les forces obscurantistes utilisaient l’autodafé afin de détruire les écrits que le pouvoir en place jugeait dangereux pour son propre pouvoir. Le plus célèbre est l’autodafé du 10 mai 1933 où 25.000 ouvrages considérés comme subversifs – auteurs marxistes, anarchistes, juifs…– furent consumés par les nazis. D’ailleurs, en 2023, des élus Républicains du Missouri s’étaient déjà mis en scène en train de brûler des livres considérés comme « woke » au lance-flamme.

      Si l’effacement de données en ligne paraît bien moins spectaculaire, il n’en est pas moins une tentative d’effacement total des pensées divergentes. Et il précède toujours d’autres violences.

      https://contre-attaque.net/2025/02/14/offensive-obscurantiste-aux-usa-trump-cree-un-bureau-de-la-foi-et-ce
      #université #foi

    • US science is feeling the Trump chill

      President Donald Trump’s assault on federal spending, climate science and diversity initiatives is fueling an existential crisis for the nation’s vast web of research institutions — and the scientists who power them.

      The administration is seeking to thwart research it considers a threat to Trump’s agenda — including anything connected to climate science or diversity, equity and inclusion, writes Chelsea Harvey. It has frozen billions of dollars in federal funding, paused grant reviews and cut critical support for university research.

      The language in Trump’s directives is so broad that universities and research institutions worry that projects that make mere mention of gender, race or equity could be on the chopping block. At least one university told researchers that even terms such as biodiversity could be flagged by AI-based grant review systems looking for DEI proposals.

      Republican Sen. Ted Cruz of Texas has added to the alarm by launching an online database last week identifying more than 3,400 grants funded by the National Science Foundation that he said promote “advanced neo-Marxist class warfare propaganda.”

      Federal courts have begun pushing back on some of Trump’s moves — by ordering an end to a sweeping funding freeze, for example — but the administration has been slow to comply and remained steadfast in its attempts to gut science agencies. The atmosphere of fear and confusion is leading some university supervisors to quietly advise faculty to censor their research proposals and other public-facing documents to comply with Trump’s directives.

      A professor at one U.S. university, who was granted anonymity, told Chelsea they were recently advised to remove terms including “climate change” and “greenhouse gas emissions” from research papers and other public documents.

      While past administrations have steered the focus of U.S. research in new directions — from nanotechnology to cancer research — those priorities were typically additive; they didn’t restrict research in other areas.

      Trump’s approach “will have long-term harmful consequences,” said Matt Owens, president of the Council on Government Relations, an association of academic research institutions.

      “One of our strengths as a nation is the federal government has invested across the board in curiosity-driven research, because over time this pays dividends,” he told Chelsea. “So an erosion of broad federal support for all areas of research will damage our ability to remain the global science and innovation leader.”

      Senior prosecutor quits over imperiled climate funds
      A top federal prosecutor in Washington resigned Tuesday rather than follow a Justice Department order to freeze a private bank account holding $20 billion of already allocated climate change funds, write Kyle Cheney, Josh Gerstein, Alex Guillén and Jean Chemnick.

      The resignation of Denise Cheung, the head of the criminal division in the U.S. attorney’s office in Washington, is one of the most dramatic outcomes yet from Trump’s effort to claw back congressionally authorized federal funding.

      Chung said interim U.S. Attorney Ed Martin demanded her resignation after she refused to order the bank to freeze the grants — a step she said is permitted only if prosecutors have “probable cause” to suspect a crime was committed. The Environmental Protection Agency placed the money at Citibank last year to fund a “green bank” created by Congress.

      Trump attacks 50 years of green rules

      The Trump administration is working to unwind almost five decades of rules crafted and imposed under the #National_Environmental_Policy_Act, a foundational statute widely known as the “magna carta” of environmental laws, writes Hannah Northey.

      The plan is to rescind all regulations that the Council on Environmental Quality has issued to implement the bedrock law since 1977, when then-President Jimmy Carter signed an order directing the agency to issue rules under NEPA.

      Trump’s oil ambitions face harsh realities

      Trump wants to “unleash” American energy. The problem: U.S. oil production growth is starting to dwindle, writes Mike Soraghan.

      The nation’s once-hot shale plays are maturing. It’s getting more expensive to get significant amounts of new oil out of the ground. Some observers expect production to level off in the coming years and then start to decline by the early 2030s. Soon enough, oil companies may need to “drill, baby, drill” just to keep up current production levels rather than boosting them.

      https://www.politico.com/newsletters/power-switch/2025/02/18/us-science-is-feeling-the-trump-chill-00204701

      #biodiversité #climat #changement_climatique #projets_de_recherche

    • The foundations of America’s prosperity are being dismantled

      Federal scientists warn that Americans could feel the effects of the new administration’s devastating cuts for decades to come.

      Ever since World War II, the US has been the global leader in science and technology—and benefited immensely from it. Research fuels American innovation and the economy in turn. Scientists around the world want to study in the US and collaborate with American scientists to produce more of that research. These international collaborations play a critical role in American soft power and diplomacy. The products Americans can buy, the drugs they have access to, the diseases they’re at risk of catching—are all directly related to the strength of American research and its connections to the world’s scientists.

      That scientific leadership is now being dismantled, according to more than 10 federal workers who spoke to MIT Technology Review, as the Trump administration—spearheaded by Elon Musk’s Department of Government Efficiency (DOGE)—slashes personnel, programs, and agencies. Meanwhile, the president himself has gone after relationships with US allies.

      These workers come from several agencies, including the Departments of State, Defense, and Commerce, the US Agency for International Development, and the National Science Foundation. All of them occupy scientific and technical roles, many of which the average American has never heard of but which are nevertheless critical, coordinating research, distributing funding, supporting policymaking, or advising diplomacy.

      They warn that dismantling the behind-the-scenes scientific research programs that backstop American life could lead to long-lasting, perhaps irreparable damage to everything from the quality of health care to the public’s access to next-generation consumer technologies. The US took nearly a century to craft its rich scientific ecosystem; if the unraveling that has taken place over the past month continues, Americans will feel the effects for decades to come.

      Most of the federal workers spoke on condition of anonymity because they were not authorized to talk or for fear of being targeted. Many are completely stunned and terrified by the scope and totality of the actions. While every administration brings its changes, keeping the US a science and technology leader has never been a partisan issue. No one predicted the wholesale assault on these foundations of American prosperity.

      “If you believe that innovation is important to economic development, then throwing a wrench in one of the most sophisticated and productive innovation machines in world history is not a good idea,” says Deborah Seligsohn, an assistant professor of political science at Villanova University who worked for two decades in the State Department on science issues. “They’re setting us up for economic decline.”
      The biggest funder of innovation

      The US currently has the most top-quality research institutes in the world. This includes world-class universities like MIT (which publishes MIT Technology Review) and the University of California, Berkeley; national labs like Oak Ridge and Los Alamos; and federal research facilities run by agencies like the National Oceanic and Atmospheric Administration and the Department of Defense. Much of this network was developed by the federal government after World War II to bolster the US position as a global superpower.

      Before the Trump administration’s wide-ranging actions, which now threaten to slash federal research funding, the government remained by far the largest supporter of scientific progress. Outside of its own labs and facilities, it funded more than 50% of research and development across higher education, according to data from the National Science Foundation. In 2023, that came to nearly $60 billion out of the $109 billion that universities spent on basic science and engineering.

      The return on these investments is difficult to measure. It can often take years or decades for this kind of basic science research to have tangible effects on the lives of Americans and people globally, and on the US’s place in the world. But history is littered with examples of the transformative effect that this funding produces over time. The internet and GPS were first developed through research backed by the Department of Defense, as was the quantum dot technology behind high-resolution QLED television screens. Well before they were useful or commercially relevant, the development of neural networks that underpin nearly all modern AI systems was substantially supported by the National Science Foundation. The decades-long drug discovery process that led to Ozempic was incubated by the Department of Veterans Affairs and the National Institutes of Health. Microchips. Self-driving cars. MRIs. The flu shot. The list goes on and on.

      In her 2013 book The Entrepreneurial State, Mariana Mazzucato, a leading economist studying innovation at University College London, found that every major technological transformation in the US, from electric cars to Google to the iPhone, can trace its roots back to basic science research once funded by the federal government. If the past offers any lesson, that means every major transformation in the future could be shortchanged with the destruction of that support.

      The Trump administration’s distaste for regulation will arguably be a boon in the short term for some parts of the tech industry, including crypto and AI. But the federal workers said the president’s and Musk’s undermining of basic science research will hurt American innovation in the long run. “Rather than investing in the future, you’re burning through scientific capital,” an employee at the State Department said. “You can build off the things you already know, but you’re not learning anything new. Twenty years later, you fall behind because you stopped making new discoveries.”

      A global currency

      The government doesn’t just give money, either. It supports American science in numerous other ways, and the US reaps the returns. The Department of State helps attract the best students from around the world to American universities. Amid stagnating growth in the number of homegrown STEM PhD graduates, recruiting foreign students remains one of the strongest pathways for the US to expand its pool of technical talent, especially in strategic areas like batteries and semiconductors. Many of those students stay for years, if not the rest of their lives; even if they leave the country, they’ve already spent some of their most productive years in the US and will retain a wealth of professional connections with whom they’ll collaborate, thereby continuing to contribute to US science.

      The State Department also establishes agreements between the US and other countries and helps broker partnerships between American and international universities. That helps scientists collaborate across borders on everything from global issues like climate change to research that requires equipment on opposite sides of the world, such as the measurement of gravitational waves.

      The international development work of USAID in global health, poverty reduction, and conflict alleviation—now virtually shut down in its entirety—was designed to build up goodwill toward the US globally; it improved regional stability for decades. In addition to its inherent benefits, this allowed American scientists to safely access diverse geographies and populations, as well as plant and animal species not found in the US. Such international interchange played just as critical a role as government funding in many crucial inventions.

      Several federal agencies, including the Centers for Disease Control and Prevention, the Environmental Protection Agency, and the National Oceanic and Atmospheric Administration, also help collect and aggregate critical data on disease, health trends, air quality, weather, and more from disparate sources that feed into the work of scientists across the country.

      The National Institutes of Health, for example, has since 2015 been running the Precision Medicine Initiative, the only effort of its kind to collect extensive and granular health data from over 1 million Americans who volunteer their medical records, genetic history, and even Fitbit data to help researchers understand health disparities and develop personalized and more effective treatments for disorders from heart and lung disease to cancer. The data set, which is too expensive for any one university to assemble and maintain, has already been used in hundreds of papers that will lay the foundation for the next generation of life-saving pharmaceuticals.

      Beyond fueling innovation, a well-supported science and technology ecosystem bolsters US national security and global influence. When people want to study at American universities, attend international conferences hosted on American soil, or move to the US to work or to found their own companies, the US stays the center of global innovation activity. This ensures that the country continues to get access to the best people and ideas, and gives it an outsize role in setting global scientific practices and priorities. US research norms, including academic freedom and a robust peer review system, become global research norms that lift the overall quality of science. International agencies like the World Health Organization take significant cues from American guidance.

      US scientific leadership has long been one of the country’s purest tools of soft power and diplomacy as well. Countries keen to learn from the American innovation ecosystem and to have access to American researchers and universities have been more prone to partner with the US and align with its strategic priorities.

      Just one example: Science diplomacy has long played an important role in maintaining the US’s strong relationship with the Netherlands, which is home to ASML, the only company in the world that can produce the extreme ultraviolet lithography machines needed to produce the most advanced semiconductors. These are critical for both AI development and national security.

      International science cooperation has also served as a stabilizing force in otherwise difficult relationships. During the Cold War, the US and USSR continued to collaborate on the International Space Station; during the recent heightened economic competition between the US and China, the countries have remained each other’s top scientific partners. “Actively working together to solve problems that we both care about helps maintain the connections and the context but also helps build respect,” Seligsohn says.

      The federal government itself is a significant beneficiary of the country’s convening power for technical expertise. Among other things, experts both inside and outside the government support its sound policymaking in science and technology. During the US Senate AI Insight Forums, co-organized by Senator Chuck Schumer through the fall of 2023, for example, the Senate heard from more than 150 experts, many of whom were born abroad and studying at American universities, working at or advising American companies, or living permanently in the US as naturalized American citizens.

      Federal scientists and technical experts at government agencies also work on wide-ranging goals critical to the US, including building resilience in the face of an increasingly erratic climate; researching strategic technologies such as next-generation battery technology to reduce the country’s reliance on minerals not found in the US; and monitoring global infectious diseases to prevent the next pandemic.

      “Every issue that the US faces, there are people that are trying to do research on it and there are partnerships that have to happen,” the State Department employee said.

      A system in jeopardy

      Now the breadth and velocity of the Trump administration’s actions has led to an unprecedented assault on every pillar upholding American scientific leadership.

      For starters, the purging of tens of thousands—and perhaps soon hundreds of thousands—of federal workers is removing scientists and technologists from the government and paralyzing the ability of critical agencies to function. Across multiple agencies, science and technology fellowship programs, designed to bring in talented early-career staff with advanced STEM degrees, have shuttered. Many other federal scientists were among the thousands who were terminated as probationary employees, a status they held because of the way scientific roles are often contractually structured.

      Some agencies that were supporting or conducting their own research, including the National Institutes of Health and the National Science Foundation, are no longer functionally operational. USAID has effectively shuttered, eliminating a bastion of US expertise, influence, and credibility overnight.

      “Diplomacy is built on relationships. If we’ve closed all these clinics and gotten rid of technical experts in our knowledge base inside the government, why would any foreign government have respect for the US in our ability to hold our word and in our ability to actually be knowledgeable?” a terminated USAID worker said. “I really hope America can save itself.”

      Now the Trump administration has sought to reverse some terminations after discovering that many were key to national security, including nuclear safety employees responsible for designing, building, and maintaining the country’s nuclear weapons arsenal. But many federal workers I spoke to can no longer imagine staying in the public sector. Some are considering going into industry. Others are wondering whether it will be better to move abroad.

      “It’s just such a waste of American talent,” said Fiona Coleman, a terminated federal scientist, her voice cracking with emotion as she described the long years of schooling and training she and her colleagues went through to serve the government.

      Many fear the US has also singlehandedly kneecapped its own ability to attract talent from abroad. Over the last 10 years, even as American universities have continued to lead the world, many universities in other countries have rapidly leveled up. That includes those in Canada, where liberal immigration policies and lower tuition fees have driven a 200% increase in international student enrollment over the last decade, according to Anna Esaki-Smith, cofounder of a higher-education research consultancy called Education Rethink and author of Make College Your Superpower.

      Germany has also seen an influx, thanks to a growing number of English-taught programs and strong connections between universities and German industry. Chinese students, who once represented the largest share of foreign students in the US, are increasingly staying at home or opting to study in places like Hong Kong, Singapore, and the UK.

      During the first Trump administration, many international students were already more reluctant to come to the US because of the president’s hostile rhetoric. With the return and rapid escalation of that rhetoric, Esaki-Smith is hearing from some universities that international students are declining their admissions offers.

      Add to that the other recent developments—the potential dramatic cuts in federal research funding, the deletion of scores of rich public data sets on health and the environment, the clampdown on academic freedom for research that appears related to diversity, equity, and inclusion and the fear that these restrictions could ultimately encompass other politically charged topics like climate change or vaccines—and many more international science and engineering students could decide to head elsewhere.

      “I’ve been hearing this increasingly from several postdocs and early-career professors, fearing the cuts in NIH or NSF grants, that they’re starting to look for funding or job opportunities in other countries,” Coleman told me. “And then we’re going to be training up the US’s competitors.”

      The attacks could similarly weaken the productivity of those who stay at American universities. While many of the Trump administration’s actions are now being halted and scrutinized by US judges, the chaos has weakened a critical prerequisite for tackling the toughest research problems: a long-term stable environment. With reports that the NSF is combing through research grants for words like “women,” “diverse,” and “institutional” to determine whether they violate President Trump’s executive order on DEIA programs, a chilling effect is also setting in among federally funded academics uncertain whether they’ll get caught in the dragnet.

      To scientists abroad, the situation in the US government has marked American institutions and researchers as potentially unreliable partners, several federal workers told me. If international researchers think collaborations with the US can end at any moment when funds are abruptly pulled or certain topics or keywords are suddenly blacklisted, many of them could steer clear and look to other countries. “I’m really concerned about the instability we’re showing,” another employee at the State Department said. “What’s the point in even engaging? Because science is a long-term initiative and process that outlasts administrations and political cycles.”

      Meanwhile, international scientists have far more options these days for high-caliber colleagues to collaborate with outside America. In recent years, for example, China has made a remarkable ascent to become a global peer in scientific discoveries. By some metrics, it has even surpassed the US; it started accounting for more of the top 1% of most-cited papers globally, often called the Nobel Prize tier, back in 2019 and has continued to improve the quality of the rest of its research.

      Where Chinese universities can also entice international collaborators with substantial resources, the US is more limited in its ability to offer tangible funding, the State employee said. Until now, the US has maintained its advantage in part through the prestige of its institutions and its more open cultural norms, including stronger academic freedom. But several federal scientists warn that this advantage is dissipating.

      “America is made up of so many different people contributing to it. There’s such a powerful global community that makes this country what it is, especially in science and technology and academia and research. We’re going to lose that; there’s not a chance in the world that we’re not going to lose that through stuff like this,” says Brigid Cakouros, a federal scientist who was also terminated from USAID. “I have no doubt that the international science community will ultimately be okay. It’ll just be a shame for the US to isolate themselves from it.”

      https://www.technologyreview.com/2025/02/21/1112274/the-foundations-of-americas-prosperity-are-being-dismantled

    • Sauver les données scientifiques de la purge numérique de l’administration Trump

      Peu après l’assermentation de Donald Trump, des milliers de pages web du gouvernement fédéral américain ont disparu. Heureusement, des chercheurs canadiens et américains avaient déjà archivé numériquement une bonne partie de ces sites.

      La Dre Angela Rasmussen n’en revient pas. Des milliers de pages des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) comportant des données inestimables sur la santé ont été retirées du web, à la demande de l’administration Trump.

      Cette virologue de l’Université de la Saskatchewan savait que la santé et la science seraient dans la mire de la nouvelle administration Trump.

      "Je n’aurais jamais pensé qu’on serait aussi rapidement dans une situation aussi orwellienne." (Une citation de Dre Angela Rasmussen, virologue et chercheuse à l’Université de la Saskatchewan)

      Lorsque cette chercheuse, d’origine américaine, a entendu d’un ami journaliste que les CDC retireraient sous peu des données scientifiques de son site, elle a contacté en urgence un ami bio-informaticien aux États-Unis.

      "Je lui ai demandé s’il pouvait cloner tout le site. Il pensait que je faisais des blagues. Mais j’étais très sérieuse."

      Avec moins d’une journée de préavis, les deux ont passé de longues heures à archiver le site.

      Ils sont ensuite entrés en contact avec Charles Gaba, un analyste de données sur la santé publique du Michigan, qui lui aussi avait commencé la même tâche, quelques jours plus tôt.

      Ils ont combiné leurs efforts pour archiver un maximum de pages et de bases de données, non seulement des CDC, mais aussi de l’Agence américaine des médicaments (FDA) et une partie du site de l’USAID, le programme qui a été sabré par Elon Musk et son « département de l’Efficience gouvernementale » (DOGE).

      "Je suis fâché. J’aurais dû commencer le travail plus tôt. J’avais réalisé dès le soir de l’élection qu’il y avait un risque qu’on efface des sites gouvernementaux. Dans l’urgence, on a peut-être manqué certaines choses", dit Charles Gaba.

      Mardi, un juge fédéral américain a délivré une ordonnance temporaire obligeant les CDC et la FDA de rétablir toutes les informations publiques sur leurs sites web.

      Selon l’administration Trump, le retrait de ces pages n’est pas nécessairement définitif, et elle affirme que les informations peuvent être consultées par l’entremise de la machine Wayback de l’Internet Archive.

      D’ailleurs, s’il est possible de le faire, c’est grâce au travail exhaustif d’Internet Archive, un organisme à but non lucratif qui archive des sites web et qui rend accessibles au public des copies de ces sites.

      Depuis 2004, dans le cadre du projet de librairie démocratique, toutes les pages web des gouvernements fédéraux canadien et américain sont systématiquement archivées au début et à la fin de chaque mandat.

      Le matériel provenant des États-Unis est sauvegardé sur des serveurs en Colombie-Britannique, au Canada, et celui du Canada, sur des serveurs aux États-Unis.

      L’archivage se fait grâce à une étroite collaboration entre Canadiens et Américains, explique Brewster Kahle, le fondateur d’Internet Archive.

      Par exemple, il y a aussi des professeurs de l’Université de Guelph et de l’Université de Toronto qui travaillent avec l’Environmental Data Governance Initiative (EDGI) pour préserver les données sur les changements climatiques de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis, rapporte CBC News (Nouvelle fenêtre).

      Pour Brewster Kahle, il est primordial de sauvegarder le maximum de documents, même s’ils semblent peu importants. "On ne sait jamais quand et pourquoi on en aura besoin."

      Les informations contenues sur les sites web gouvernementaux relèvent du domaine public et doivent être accessibles à tous, rappelle Brewster Kahle.

      "Cette information appartient aux Américains. Personne n’a le droit de la censurer ou de la retenir." (Une citation de Brewster Kahle, fondateur d’Internet Archive)

      Une crise en santé et en science

      La disparition des données inquiète particulièrement la Dre Rasmussen, qui est virologue.

      "Je n’exagère pas quand je dis que ça sera destructeur pour la santé publique."

      Par exemple, les données sur la propagation de la grippe aviaire aux États-Unis sont particulièrement importantes en ce moment pour le monde entier. "S’il y a une pandémie de H5N1, on pourrait prévenir des millions de morts."

      Et pourtant, le rapport hebdomadaire sur la mortalité n’a pas été publié comme prévu le 15 janvier. "C’est la première fois en 80 ans que ça arrive", dit Charles Gaba.

      De plus, avec la nomination de Robert F. Kennedy Jr. à la tête de la santé, qui tient depuis des années des propos antivaccins, la Dre Rasmussen craint que les informations qui seront accessibles soient davantage politiques que scientifiques. Déjà, les recommandations du comité sur l’immunisation ont disparu du site web des CDC.

      Charles Gaba craint que certaines bases de données ne soient plus mises à jour. Et, même si des données sont publiées, il se demande si elles seront valides. "Ils ont semé un doute. Je n’ai plus confiance."
      "Des autodafés numériques"

      Le retrait de milliers de pages web des sites gouvernementaux survient après une directive de l’administration Trump d’éliminer toute mention de diversité, d’inclusion ou d’équité. Toute page avec la mention de mots provenant d’une liste préétablie doit être retirée.

      "Ils effacent tout ce qui inclut ces mots, même sans contexte et sans discrimination. Ça touche tout le monde qui n’est pas un homme blanc hétérosexuel et chrétien." (Une citation de Charles Gaba, analyste de données sur la santé publique du Michigan)

      Ainsi, des pages sur la prévention des maladies chroniques, des lignes directrices pour le traitement de maladies sexuellement transmissibles, sur les signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer, sur une formation pour prévenir les surdoses et sur des recommandations sur les vaccins destinés aux femmes enceintes, ont été supprimées.

      Le retrait comprend aussi des pages sur la violence faite aux femmes et aux personnes LGBTQ+, et sur la dépression post-partum.

      La Dre Ramussen est estomaquée. "On a retiré les données sur le VIH et la variole simienne parce que ça touche principalement des personnes marginalisées, des femmes, des personnes de la communauté LGBTQ+ et les personnes racisées. Ça place ces personnes dans une situation encore plus vulnérable."

      Pour elle, la diversité, l’équité, l’inclusion sont des valeurs au cœur de la santé publique.

      Charles Gaba ne mâche pas ses mots : en procédant de la sorte, l’administration Trump procède à des autodafés comme l’avait fait le régime nazi dans les années 1930. Cette fois, "ce sont des autodafés numériques".

      "Ils effacent ces informations parce qu’ils veulent prendre des décisions en fonction de leurs politiques, plutôt qu’en fonction des données probantes", déplore-t-il.

      Pour Brewster Kahle, il s’agit d’un moment de prise de conscience. "Ce sont dans des moments comme ça que les bibliothèques souffrent. Des livres sont bannis, les subventions pour les bibliothèques et archives sont réduites, on criminalise le travail des bibliothécaires."

      Cette tendance à vouloir effacer le passé numérique se produit partout dans le monde, affirme-t-il. Il dit aussi craindre la perte de plus en plus d’archives lors de catastrophes naturelles, dont le risque est multiplié par les changements climatiques.

      Pour la Dre Rasmussen, archiver toute cette information est sa façon de s’opposer aux décisions de l’administration Trump. "C’est ma façon de résister au fascisme."

      https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2140521/donald-trump-donnees-scientifiques-web

    • Donald Trump’s ‘war on woke’ is fast becoming a war on science. That’s incredibly dangerous

      Contrary to claims by the US president, we have found that diversity initiatives result in better scientists and greater progress.

      Donald Trump’s attacks on diversity, equality and inclusion (DEI) initiatives since his January inauguration have been intense, indiscriminate and escalating. A tragic plane crash was baselessly blamed on DEI. All DEI programmes within public bodies have been ended and private contractors face cancellation if they also don’t comply. Webpages that defend religious diversity in the context of Holocaust remembrance have been taken down.

      Science and academia have been particularly targeted. Universities are threatened with losing federal funding if they support DEI. Government reports and government-funded research are being held back if they include prohibited terms such as “gender”, “pregnant person”, “women”, “elderly”, or “disabled”. Grants funded by the National Institutes of Health are being cancelled if they address diversity, equality or inclusion in any form.

      What is more, this total “war on woke” (more accurately: “fight against fairness”) is happening in the UK as well as the US. Already, British companies and British watchdogs are abandoning their diversity drives. Tory leader Kemi Badenoch has described diversity initiatives as a “poison”.

      These attacks are rooted in wilful distortions of what DEI is all about. There are two big lies that need to be nailed. The first is that diversity and inclusion initiatives compromise the quality of employees by selecting incompetent candidates because of their minority group membership. The second is that DEI is a distraction that holds back success. Let’s consider each in turn, using the field of science itself as an example.

      The notion that DEI involves putting group membership before ability and leads to the appointment of incompetent candidates is a misrepresentation of what DEI initiatives are all about. Scientific ability is not restricted to one sex, ethnicity or religion, or to the able-bodied. Embracing diversity has the simple advantage of widening the pool of talent from which scientists are drawn. DEI initiatives are about ensuring that less competent members of the most privileged groups are not advantaged over more competent members of less privileged groups.

      Bias starts at school, particularly in the physical sciences, where both girls and boys consider these “boy subjects” by the time they are teenagers. Even once you start your academic career, bias affects grant funding decisions and publication rates. Women and minorities face additional barriers to career progression: for instance, both female and ethnic minority scientists receive less credit for their work than male or white scientists respectively. Bias affects whether you feel at home in the scientific workplace. Institutions that tackle the many workplace barriers for women and ethnic minorities (child-unfriendly working hours, tolerance of harassment, culturally insensitive socialisation practices) have higher retention rates among women and minority researchers. Diverse workplaces attract more diverse staff to apply for jobs – creating a positive feedback loop. And we know that scientific research teams and institutions that prioritise diversity perform better.

      As for the second myth that DEI is a barrier to success, diversity actually improves the quality of science. Evidence shows that scientific papers produced by ethnically diverse teams are more impactful than those written by homogeneous teams. Similarly, studies show that diverse teams consider more alternatives and make better decisions.

      Scientists from diverse backgrounds raise new research questions and priorities – especially questions that affect minoritised communities. The lack of women in the higher echelons of biomedical science has led to a comparative lack of research into menstrual and reproductive health problems. The lack of black scientists has led to a neglect of conditions that affect black people such as sickle cell disease. And when it comes to the intersection of “race” and sex, things are even worse. It is only in the last few years that it even became known that black and Asian women are much more likely to die in pregnancy or childbirth than white women.

      Medical sciences and social sciences have long suffered from a lack of diversity in research design, leading to worse medicine because findings do not apply to all populations. For example, clinical trials have tended to test treatments mainly on men and on white people, leading to poorer health outcomes for women or minorities. A diverse group of researchers makes members of minorities more willing to volunteer for trials and helps ensure diverse participant recruitment. This improves scientific validity. It also increases the trust of minorities in the outputs of research (say, the development of new vaccines) and hence the societal impact of the research (say, their willingness to get vaccinated).

      All in all, ensuring diversity and equality and inclusion among scientists makes for better scientists and better science. While our examples are drawn from science, they are true much more broadly. DEI initiatives are about ensuring that we always select the best irrespective of group membership, not about selecting by group membership irrespective of who is best. Science is fundamentally about discovering truth through rigorous, unbiased, transparent inquiry and narrow pools of talent or perspectives make that much harder. Therefore, DEI initiatives are necessary to achieving the core mission of science, not a distraction from it.

      https://www.theguardian.com/commentisfree/2025/mar/26/donald-trump-war-on-woke-science-diversity

  • Pourquoi le #lien entre #immigration et #délinquance est une #illusion

    L’immigration suscite des craintes persistantes, en partie liées à la perception qu’immigration et délinquance vont de pair. Celle-ci repose principalement sur l’observation d’une #surreprésentation des étrangers (immigrés n’ayant pas acquis la nationalité française) dans les #statistiques sur la délinquance.

    L’immigration suscite des craintes persistantes, en partie liées à la perception qu’immigration et délinquance vont de pair. La Commission nationale consultative des droits de l’homme rappelait ainsi, en 2022, que 52 % des Français considéraient l’immigration comme la principale cause d’insécurité.

    Plus récemment, le projet de loi repoussé sur l’immigration proposait de « rendre possible l’éloignement d’étrangers constituant une menace grave pour l’ordre public ». Pourtant, les recherches en sciences sociales montrent que l’immigration n’est pas la cause de la délinquance. C’est ce décalage entre réalités et perceptions que nous avons cherché à comprendre dans la lettre d’avril 2023 du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII).

    La perception d’un lien entre immigration et délinquance repose principalement sur l’observation d’une surreprésentation des étrangers (immigrés n’ayant pas acquis la nationalité française) dans les statistiques sur la délinquance. En France, la proportion d’étrangers dans la population totale était, en 2019, de 7,4 %, mais s’élevait à 14 % parmi les auteurs d’affaires traitées par la justice, à 16 % dans ceux ayant fait l’objet d’une réponse pénale et à 23 % des individus en prison.

    De nombreux facteurs, certains quasi mécaniques, peuvent expliquer cette surreprésentation sans que le statut d’immigré ne soit en lui-même lié à une probabilité plus forte de commettre une infraction.

    Une probabilité ? de contrôle plus forte

    Tout d’abord, certains délits ne peuvent, par définition, être commis que par des étrangers (soustractions à l’exécution d’une mesure de reconduite à la frontière, travail sans titre de séjour, etc.). De plus, ces infractions sont résolues lorsqu’elles sont constatées puisque l’auteur de l’infraction est identifié sur-le-champ. De ce fait, elles peuvent faire l’objet d’un ciblage particulier lors de pressions politiques à l’amélioration des statistiques, comme lors de la mise en place de la « politique du chiffre » entre 2002 et 2012.

    Ensuite, les immigrés présentent des caractéristiques individuelles qui les rendent plus susceptibles d’être en infraction avec la loi. Les hommes, jeunes, sont ainsi surreprésentés dans la population immigrée, deux caractéristiques systématiquement associées à des niveaux de délinquance plus élevés.

    Surtout, les immigrés sont en moyenne plus pauvres que les natifs. Or, la précarité économique reste un des principaux déterminants de la délinquance. Ce n’est donc pas le fait d’être immigré en soi qui conduit à plus de délinquance, mais des caractéristiques qui, lorsqu’elles se retrouvent chez les natifs, conduisent également à plus de délinquance.

    À caractéristiques similaires, les étrangers sont plus souvent et plus longtemps condamnés que les Français.

    Enfin, les immigrés subissent un traitement différencié ? à toutes les étapes du système pénal : de la probabilité ? d’arrestation à celle d’être incarcéré. Ainsi, les minorités visibles issues de l’immigration ont une probabilité ? plus forte d’être contrôlées, mais aussi de recevoir des peines plus lourdes. En moyenne, pour un même délit avec les mêmes antécédents judiciaires, en ayant suivi la même procédure et avec les mêmes caractéristiques individuelles (âge, sexe, lieu et date de jugement), les étrangers ont non seulement une probabilité plus forte (de 5 points de pourcentage) que les Français d’avoir une peine de prison ferme, mais sa durée est également plus longue, de 22 jours.

    Dynamiques locales

    Ce traitement différencié entre immigrés et natifs se retrouve aussi dans les médias. Des recherches ont montré que la presse pouvait renforcer les croyances initiales sur le lien entre immigration et délinquance en reportant plus systématiquement les infractions commises par les immigrés ou en divulguant de manière plus fréquente l’origine des suspects lorsqu’ils sont immigrés.

    La perception d’un lien entre immigration provient aussi de l’observation par les natifs d’un plus grand nombre d’infractions reportées dans les zones ou les immigrés sont majoritairement installés. Or, pour évaluer l’impact de l’immigration sur la délinquance, il est nécessaire de dépasser cette simple comparaison qui ignore que les immigrés ne se répartissent pas de manière uniforme sur le territoire national. Leur présence est en effet plus concentrée près des frontières, zones plus propices aux trafics, ou dans des quartiers où les logements sont plus abordables et qui concentrent le plus souvent des populations pauvres ou marginalisées.

    De plus, les vagues migratoires, plus soudaines et perceptibles que des changements démographiques de long terme, augmentent le nombre d’infractions, dans la mesure où il y a plus d’habitants, mais sans nécessairement augmenter le taux de délinquance par habitant. Et quand bien même on adopterait le bon raisonnement en taux, l’augmentation simultanée de la part de la population immigrée et des infractions ne vaut pas preuve que les immigrés en sont la cause car des dynamiques locales peuvent être à l’œuvre.

    Par exemple, le départ de natifs d’une zone dans laquelle la délinquance et la pauvreté sont en augmentation peut libérer des logements sociaux et attirer de nouveaux immigrés. Immigration et délinquance augmentent alors de concert sans que l’immigration n’en soit la cause.

    Face à ces difficultés, les recherches en sciences sociales se sont penchées sur la question du lien entre immigration et délinquance en prenant soin d’éliminer les bais précédemment évoqués. La conclusion de ces études est sans appel. L’immigration n’est pas à l’origine d’une augmentation des taux de délinquance.

    La régularisation entraîne une baisse des infractions

    Au Royaume-Uni, une étude a examiné l’effet de deux vagues migratoires récentes, la première liée aux guerres d’Irak, d’Afghanistan et de Somalie à la fin des années 1997-2002, la seconde, à l’entrée de huit anciens pays de l’Est dans l’Union européenne entre 2004 et 2008. Pour les deux vagues, les localités ayant accueilli plus d’immigrés n’ont pas vu leur taux d’infractions moyen évoluer plus rapidement que dans le reste du pays.

    En revanche, une légère augmentation des atteintes aux biens a été observée pour la première vague des années 2000. Cette différence provient d’un accès au marché du travail différent : là où les nouveaux citoyens de l’Union européenne avaient le droit d’exercer un emploi, les demandeurs d’asile ne pouvaient pas travailler légalement la première année de leur arrivée sur le sol britannique.

    Ce constat est confirmé par d’autres travaux. En Italie, un dispositif de décembre 2017 permettait aux immigrés en situation irrégulière de faire une demande de régularisation en ligne. Les permis de travail étaient accordés dans l’ordre des demandes et jusqu’à épuisement de quotas préalablement définis.

    Avec ce dispositif, des immigrés s’étant connectés au site à quelques minutes, voire à quelques secondes d’intervalle, se sont trouvés dans des situations très différentes : ceux ayant demandé un visa juste avant l’épuisement des quotas ont acquis le droit de travailler et de résider légalement en Italie, tandis que ceux ayant posté leur dossier l’instant d’après sont restés sans-papiers. En comparant ces deux groupes, il apparaît que les immigrés ayant obtenu un visa ont eu une probabilité deux fois plus faible de commettre une infraction au cours de l’année suivante. Une différence qui s’explique entièrement par une baisse significative des infractions générant des revenus, telles que les vols et les trafics.

    Immigration et délinquance ne sont donc pas liées, une fois les raisonnements simplificateurs écartés. Au contraire, si la surreprésentation quasi mécanique des immigrés dans les statistiques peut créer l’illusion d’une relation entre immigration et délinquance, les études rigoureuses montrent qu’il n’en est rien. Des résultats à garder en tête lors des discussions autour de la loi immigration à venir pour traiter le sujet sans passion et au plus près des réalités.

    https://www.cepii.fr/blog/bi/post.asp?IDcommunique=982

    #migrations #immigration #criminalité #chiffres

    ping @karine4

    • voir aussi cet article, publié en 2015 sur asile.ch :
      Comment s’explique la surreprésentation des étrangers dans la criminalité ?

      La présente réflexion tente de montrer de manière simple combien l’usage de statistiques bivariées peut être trompeur, allant jusqu’à faire croire que la couleur d’un passeport pourrait avoir une influence sur la criminalité, alors qu’il n’en est rien.

      Le lecteur de la présente contribution sait probablement que les adultes de plus de 175 centimètres commettent davantage d’infractions pénales que ceux de moins de 175 centimètres… Il s’agit là d’une évidence criminologique et la raison en est très simple : la population adulte de plus de 175 centimètres est principalement formée d’hommes, alors que les femmes sont largement surreprésentées parmi les adultes de moins de 175 centimètres. Sachant par ailleurs que les hommes sont davantage impliqués dans le phénomène criminel que les femmes, il est logique que les adultes les plus grands commettent la plus grande partie des infractions pénales. Néanmoins, chacun comprendra aisément que cette surreprésentation des grands dans la statistique criminelle n’a évidemment rien à voir avec la taille des personnes, mais bien avec leur sexe. Personne ne prônera donc une action sur l’hormone de croissance ou le coupage de jambes comme politique de prévention de la criminalité…

      Mais si ce raisonnement est tellement évident, alors pourquoi bon nombre de personnes ne sont-elles pas en mesure de le reproduire en matière d’implication des étrangers dans la criminalité ?

      Comme pour les adultes de plus de 175 centimètres, il est très simple de démontrer que les étrangers sont surreprésentés dans le phénomène criminel. Ces derniers représentent en effet un peu plus de 20% de la population de Suisse, mais quelque 50% des condamnés par les tribunaux suisses [1]. Mais, de la même manière que pour les adultes de plus de 175 centimètres, il est aussi relativement simple de démontrer que ce sont d’autres éléments que la nationalité qui influencent la criminalité.

      II. Les principales variables influençant la criminalité

      Sachant que la surreprésentation des immigrants dans la criminalité est un phénomène universel – qui s’observe donc dans tous les Etats –, il paraît évident qu’il ne peut pas s’agir d’un simple problème de couleur de passeport ! Mais quelles sont alors les variables déterminantes dans l’explication du phénomène criminel ? Comme il a été mentionné en introduction, l’une des principales variables explicative est le sexe. En effet, pour une distribution hommes/femmes d’environ moitié-moitié dans la population, il y a en Suisse quelque 85% d’hommes dans la statistique de condamnations pour seulement 15% de femmes.

      Une autre variable importante dans l’explication du phénomène criminel est l’âge. Pour une proportion de quelque 30% de personnes de moins de 30 ans en Suisse, celles-ci sont environ 50% dans la statistique de condamnations.

      C’est ainsi que le volume de la criminalité d’un Etat dépend fortement de la composition démographique de sa population. En effet, plus il y a de personnes du sexe et de la classe d’âge les plus criminogènes (soit des hommes et des jeunes), plus il y a de criminalité.

      Puis vient encore le niveau socio-économique, puisqu’il ressort des derniers sondages que quelque 37% des résidents en Suisse proviennent de milieux socio-économiques modestes ou moyens inférieurs et que ces mêmes milieux produisent environ 60% de la délinquance. Pour leur part, les milieux moyens supérieurs et aisés (soit 63% de la population sondée) produisent environ 40% de la criminalité [2].

      Et finalement, ce qui vaut pour les différences de statuts socio-économiques vaut également pour le niveau de formation. C’est ainsi que la moitié de notre population est de niveau de formation « modeste » (primaire, secondaire, école professionnelle, apprentissage), alors que ce même niveau de formation se retrouve pour quelque 68% de personnes en détention [3].
      III. Modèle multivarié

      Ce que nous avons présenté dans les deux sections précédentes permet de constater que le phénomène criminel est lié de manière bivariée à plusieurs facteurs. Mais cela ne nous avance pas beaucoup, puisque le crime proviendrait des grands, des étrangers, des jeunes, des hommes, des pauvres et/ou des plus modestement formés. A partir de là, chacun tirera ses conclusions, non pas sur la base de connaissances scientifiques, mais bien en fonction de sa tendance politique. En d’autres termes, ces corrélations bivariées ne nous disent pas grand chose – pour ne pas dire rien du tout – sur le phénomène criminel. Nous tenterons dès lors d’affiner l’analyse afin de rendre notre propos un peu plus scientifique.

      Si nous avons déjà vu que la taille en tant que telle n’influence en rien le crime mais est entièrement contenue dans la variable sexe, il nous reste encore à déterminer quel est le poids respectif de chacune des cinq variables restantes dans l’explication du phénomène criminel. Pour ce faire, il est nécessaire de mettre l’ensemble des variables explicatives du crime relevées ci-dessus dans un même modèle (qui ne sera donc plus bivarié, mais multivarié), modèle qui nous permettra de déterminer laquelle de ces variables explique la plus grande partie du crime, puis la valeur explicative supplémentaire de chacune des autres variables introduites dans le modèle.

      En agissant de la sorte, on observe que la variable numéro un dans l’explication de la criminalité est le sexe. Le fait d’être un homme plutôt qu’une femme est donc l’élément le plus prédicteur de la commission d’une infraction [4]. En deuxième position on trouve l’âge ; ainsi, le fait d’être un jeune homme est plus criminogène que le fait d’appartenir à toute autre catégorie. En troisième position vient ensuite le niveau socio-économique et finalement le niveau de formation.

      En d’autres termes, le profil type du criminel est celui d’un homme, jeune, socio-économiquement défavorisé et de niveau de formation plutôt bas.

      Et alors la nationalité dans tout cela ? Eh bien la nationalité n’explique généralement aucune partie supplémentaire de la variance de la criminalité. En effet, la population migrante étant composée de manière surreprésentée de jeunes hommes défavorisés, la variable « nationalité » est comprise dans les autres et n’explique aucune part supplémentaire de la criminalité par rapport aux autres variables prises en considération ; ceci de manière identique à la taille qui est comprise dans le sexe dans l’exemple mentionné en introduction, les hommes étant – en moyenne – plus grands que les femmes.

      Ce qui vient d’être exposé permet par ailleurs de comprendre pourquoi le constat que les étrangers commettent davantage de crimes que les nationaux est un phénomène universel. En effet, la migration, de manière générale, est principalement une affaire de jeunes plutôt que de vieux et d’hommes plutôt que de femmes. Sachant que les jeunes hommes représentent justement la partie de la population la plus criminogène, il est donc logique que la population migrante soit plus criminogène que ceux qui ne bougent pas de leur lieu de naissance.

      Il est dès lors totalement erroné de comparer les étrangers aux nationaux, puisque l’on compare alors une population faite essentiellement de jeunes hommes à une population de nationaux vieillissants et composés des deux sexes à proportions à peu près égales. C’est ainsi que si l’on compare le taux de criminalité des étrangers à celui des nationaux du même sexe, de la même classe d’âge, de la même catégorie socio-économique et du même niveau de formation, la différence entre les nationaux et les étrangers disparaît.

      Il arrive néanmoins que la nationalité explique tout de même une petite partie de la criminalité ; ceci dans le cas très particulier de migrants provenant d’un pays en guerre. En effet, l’exemple violent fourni par un Etat en guerre a tendance à désinhiber les citoyens qui deviennent alors, eux aussi, plus violents et exportent ensuite cette caractéristique dans le pays d’accueil. Ce phénomène est connu en criminologie sous le nom de « ##Angbrutalisation ». Ainsi, il semblerait que, lorsque l’immigration provient d’un pays en guerre, les quatre premières variables (sexe, âge, statut socio-économique et niveau de formation) ne suffisent pas à expliquer toute la criminalité ; la nationalité entre alors aussi dans le modèle explicatif, en cinquième position. Au contraire, lorsque l’immigration provient de pays non en guerre, la nationalité n’explique rien de plus que ce qui est déjà expliqué par les quatre premières variables.

      Mentionnons encore que le phénomène de « brutalisation » que nous avons évoqué ci-dessus explique également pourquoi les Etats qui ont réintroduit la peine de mort aux Etats-Unis ont connu ensuite une augmentation de leur criminalité violente [5]… En effet, lorsque l’État procède lui-même à des exécutions capitales, il désinhibe les citoyens en les confortant dans l’idée que la violence est une manière adéquate de résoudre les conflits, augmentant ainsi le nombre de crimes violents. Le même effet de « brutalisation » permet probablement aussi de comprendre pourquoi, en Suisse, la punition ordinaire qu’infligent certains parents à leurs enfants lorsque ceux-ci font une bêtise est l’enfermement dans la chambre, alors qu’il s’agit – aux yeux de la loi pénale – d’une séquestration, passible d’une peine privative de liberté de cinq ans… Nous sommes donc tous brutalisés par nos systèmes étatiques respectifs que nous reproduisons ensuite, sans même nous en rendre compte, à plus petite échelle.
      IV. Considérations de politique criminelle

      Nous savons donc maintenant que les variables qui expliquent le phénomène criminel sont dans l’ordre :

      Le sexe ;
      L’âge ;
      Le niveau socio-économique ;
      Le niveau de formation ;
      La nationalité (parfois).

      La question qu’il reste à résoudre est de savoir comment cette connaissance peut être transposée en termes de mesures de prévention du crime. Si l’on prend les variables dans leur ordre d’importance explicative du phénomène criminel, on devrait envisager en premier lieu une politique de réduction de la masculinité… Il va néanmoins de soi que des politiques préconisant l’élimination des hommes ou l’encouragement de la natalité féminine contreviendraient non seulement à notre droit, mais seraient également fondamentalement contraires à notre sens de l’éthique. Les mêmes griefs peuvent d’ailleurs être avancés contre des politiques qui préconiseraient une élimination ou une ghettoïsation des jeunes. Quant à une politique de « dénatalisation », elle irait à l’encontre de l’intérêt de l’Etat à long terme.

      Notons néanmoins que, pour ce qui est de la variable sexe, la féminisation d’une société ne passe pas forcément par une féminisation physique, mais pourrait tout aussi bien être à caractère sociologique. Cela reviendrait donc à rejeter les valeurs généralement attribuées à la gent masculine (tel le machisme) et à favoriser des valeurs que la société attribue plus volontiers aux femmes (telles que la tendresse).

      En troisième lieu – donc après le sexe et l’âge –, il serait envisageable de songer à une prévention du crime passant par davantage d’égalité entre les habitants d’un pays et donc à éviter toute « société à deux vitesses ». Puis, en quatrième lieu, il s’agirait d’envisager une amélioration du niveau de formation des plus démunis et des moins bien formés.
      V. Conclusion

      Si l’on cherche véritablement à lutter contre le crime et que l’on désire investir dans les mesures qui ont le plus grand potentiel de succès, il est impératif de commencer par envisager une action sur les variables les plus explicatives de la criminalité. Sachant par ailleurs que l’action sur le sexe et sur l’âge est difficilement réalisable et surtout éthiquement douteuse, les actions les plus à même de combattre le phénomène criminel semblent manifestement être les actions sociale[6] et éducative.

      Comme le fait de s’attaquer à la taille des personnes, s’en prendre aux migrants consiste donc à se tromper de cible. Sans compter par ailleurs qu’il n’est pas certain qu’une politique d’élimination des étrangers soit vraiment plus éthique qu’une politique d’élimination des hommes ou des jeunes…
      [1] Pour des données plus précises, nous renvoyons le lecteur au site internet de l’Office fédéral de la statistique, rubrique 19 – Criminalité, droit pénal. Cela vaut d’ailleurs pour toutes les données chiffrées contenues dans le présent texte, à l’exception de celles pour lesquelles une autre source est indiquée.
      [2] Sources : sondages suisses de délinquance autoreportée, de victimisation et de sentencing.
      [3] Sources : sondages suisses et statistiques pénitentiaires américaines. Il n’existe pas en Suisse de données sur le niveau de formation des personnes condamnées et/ou incarcérées.
      [4] Cela n’implique évidemment pas que tous les hommes commettent des crimes et que les femmes n’en commettraient jamais, mais simplement que, parmi les criminels, il y a une forte surreprésentation masculine.
      [5] Dans ce contexte, l’hypothèse de la « brutalisation » a par exemple été vérifiée dans l’Etat d’Oklahoma par W. C. Bailey, « Deterrence, Brutalization, and the Death Penalty : Another Examination of Oklahoma’s Return to Capital Punishment », Criminology, vol. 36, 1998, pp. 711ss.
      [6] Dont font d’ailleurs partie les politiques d’intégration des étrangers.

      https://asile.ch/prejuge/criminalite/1-le-point-de-vue-dun-criminologue

      #préjugés #variables #sexe #âge #niveau_socio-économique #niveau_de_formation #nationalité #André_Kuhn

  •  »Golf von Amerika ?« Mexikos Präsidentin schießt gegen Trump zurück
    https://www.spiegel.de/ausland/mexiko-praesidentin-claudia-sheinbaum-schlaegt-umbenennung-des-sueden-der-us

    La présidente due Mexique a raison, il ne faut pas accepter les actes d’annexion symboliques par une puissance impérialiste. A la différence avec les annexions de fait on peut encore y remédier sans verser du sang. Elle rappelle par une parodie des agitations du président états-unien qu’une grande partie du territoire des USA a fait partie du Mexique dans le passe avant sa conquète par les armées des États Unis.

    10.1.2025 - »America Mexicana«: Präsidentin Mexikos schlägt Umbenennung der USA vor

    Noch ist Donald Trump gar nicht US-Präsident. Trotzdem holt er wiederholt zum Rundumschlag aus, besonders im Fokus: die Nachbarstaaten. Nun hat Mexikos Präsidentin Claudia Sheinbaum geantwortet.

    Der Süden der USA könne doch wieder »America Mexicana« heißen. Das hat die mexikanische Präsidentin, Claudia Sheinbaum, bei ihrer täglichen Pressekonferenz in Mexiko-Stadt vorgeschlagen und damit auf eine Bemerkung des künftigen US-Präsidenten Donald Trump geantwortet. Der hatte am Vortag vorgeschlagen, den Golf von Mexiko in Golf von Amerika umzubenennen. Das habe »einen wunderschönen Klang«, hatte Trump gesagt.

    Tatsächlich wäre der Vorschlag von Sheinbaum kein komplett neues Konzept: Bis zum mexikanisch-amerikanischen Krieg im 19. Jahrhundert umfasste das mexikanische Territorium die südwestlichen US-Bundesstaaten Kalifornien, New Mexico, Texas, Arizona, Colorado, Nevada, Utah und Teile des heutigen Kansas, das heutige Mexiko und ganz Zentralamerika.

    Der Name des Golfs von Mexiko an der Südküste der USA ist geblieben und wird bereits seit über 400 Jahren genutzt. Das Gewässer grenzt aber nicht nur an Mexiko, sondern auch an Kuba und fünf US-Bundesstaaten. Eine Umbenennung würde also diplomatische Verhandlungen zwischen allen Staaten erfordern und zudem bedeutende Anpassungen internationaler Verträge und wissenschaftlicher Dokumente nach sich ziehen.

    Claudia Sheinbaum ist seit Oktober die erste Frau an der Regierungsspitze Mexikos. Ihr Vorgänger Andrés Manuel López Obrador hatte es stets vermieden, Donald Trump während seiner ersten Amtszeit als Präsident zu widersprechen. Trotz der damaligen Drohungen des Republikaners mit Strafzöllen gegen Mexiko und der Spannungen um das Thema Migration pflegte der erfahrene mexikanische Politiker immer ein gutes Verhältnis zu Trump.

    #USA #Mexique #cartographie #Golfe_du_Mexique #politique #impérialisme #nationalisme

  • Commerzbank : Ziehen Spekulanten kopflose Deutsche über den Tisch ?
    https://www.berliner-zeitung.de/wirtschaft-verantwortung/commerzbank-ziehen-spekulanten-kopflose-deutsche-ueber-den-tisch-li

    La petite bourgeoisie allemande craint la dissolution de la dernière grande banque allemande dans une énorme structure internationale. Les grands bourgeois ne se prononcent pas, leus avoirs ne dépendent pas d’institutions nationales. La perte de contrôle par les institutions nationales au profit de structures mulinationales est une des raisons pour la montée de l’extrême droite. On se rappelle où nous en sommes arrivés il y a cent ans à cause des blessures du sentiment national allemand.

    24.1.2025 von Michael Maier - Die Italiener wollen das Machtvakuum in Berlin nutzen und den Deutschen eine ihrer letzten Banken abluchsen. Ihre größte Hoffnung: Friedrich Merz.

    Im Übernahme-Poker um die Commerzbank will die italienische Großbank Unicredit offenbar das aktuelle Machtvakuum in Deutschland nutzen, um sich eine der letzten relevanten deutschen Großbanken einzuverleiben. Wie die Financial Times (FT) schreibt, hat sich Unicredit-Chef Andrea Orcel an die Commerzbank-Chefin Bettina Orlopp herangepirscht, um mit ihr über Rahmenbedingungen für eine Übernahme zu sprechen.

    Orcel schlug Orlopp ein streng vertrauliches Treffen im kleinen Kreis an einem geheimen Ort vor. Es sollte, so die FT, der künftige Kurs der Bank besprochen werden, inklusive der Frage des Stellenabbaus bei der Commerzbank. Orlopp lehnte jedoch ab und verlangte einen schriftlichen Vorschlag, um das Ansinnen ordnungsgemäß in ihren Gremien besprechen zu können. In der FT beschimpfen die Kommentatoren die Verantwortlichen der Commerzbank als provinzielle Dorftrottel, die sich dem Angebot, die Commerzbank zu einem Welt-Player zu machen, widersetzen.

    Allerdings ruft das Verhalten von Orcel auch Widerspruch in Finanzkreisen hervor: Die Bank gehöre schließlich nicht den Managern, es sei unsittlich, in Hinterzimmer-Deals über das Schicksal des Unternehmens beschließen zu wollen. Zwar ist klar, dass sich über alle Manager, die an einer Fusion aktiv mitwirken, ein Geldregen im Form von satten Erfolgsboni ergießen würde. Doch die Entscheidung über die Zukunft des Unternehmens liege immer noch in den Händen der Aktionäre, also der Eigentümer. Dazu gehört im Fall der Commerzbank auch der deutsche Steuerzahler in Form einer Beteiligung des Bundes.

    Die Bundesregierung war von Orcel schon einmal überrumpelt worden. Unicredit war im September 2024 mit neun Prozent bei der Commerzbank eingestiegen und hat sich über Derivate inzwischen Zugriff auf knapp 30 Prozent der Anteile gesichert – ein Vorgehen, das Finanzbeobachter kritisch sehen, da das Inhaberkontrollverfahren noch läuft. Doch der Unicredit-CEO ist an derlei Details nicht interessiert: Er spricht, wie zu erfahren ist, zwar noch mit Finanzminister Jörg Kukies. Kukies und Bundeskanzler Olaf Scholz haben eine feindliche Übernahme kategorisch ausgeschlossen. Der hessische Ministerpräsident Boris Rhein von der CDU rief Orcel auf, seine Pläne für eine Übernahme der Commerzbank aufzugeben.

    Orcel setzt allerdings auf Friedrich Merz als nächsten Bundeskanzler. Merz hat viele Jahre für den Vermögensverwalter Blackrock gearbeitet. Blackrock hält Anteile an der Commerzbank und an Unicredit, würde also von einer Fusion sehr profitieren. Auch die anderen Commerzbank-Aktionäre könnten einer Fusion nicht abgeneigt sein. Ihnen allen schwebt die große „Konsolidierungswelle“ im europäischen Bankensektor vor.

    Eine Fusion der Commerzbank mit Unicredit würde die Portfolios vieler Vermögensverwalter beflügeln. Mit der Fusion könnten Fakten geschaffen werden: Es würde die ersehnte Kapitalmarktunion vorangetrieben, die Risiken der italienischen Staatsanleihen in der Unicredit-Bilanz würden vom deutschen Steuerzahler übernommen. Für Orcel wäre es wichtig, sich die Commerzbank einzuverleiben, weil er in Italien bei seinem parallel gestarteten Übernahmeversuch der Banco BPM auf erbitterten Widerstand stößt. Ohne Übernahme droht die Unicredit ihre führende Rolle in Mailand zu verlieren.

    Ob bei Friedrich Merz ein Interessenkonflikt mit Blackrock vorliegt, will in Bankenkreisen niemand beurteilen. Nach Orcels jüngstem FAZ-Interview, in dem er seinen Rückzug in Aussicht gestellt hatte, wenn er von der Politik weiter unerwünscht sei, müsste Merz, um die Commerzbank als deutsche Mittelstandsbank zu retten, nur einmal öffentlich erklären, dass sich die Haltung einer Bundesregierung unter seiner Führung nicht ändern werde: Man lehne feindliche Übernahmen in kritischen Sektoren ab. Sollte so eine Erklärung erfolgen, würde Orcel von seinen Bestrebungen ablassen.

    Bisher hat sich Merz jedoch nur vage geäußert. Außerdem hat er das Entstehen großer europäischer Unternehmen an verschiedenen Stellen als erstrebenswert bezeichnet. Merz’ Schweigen werde, so fürchten einige in der Szene, von Orcel als „Einladung interpretiert weiterzumachen“.

    #Europe #Allemagne #banques #nationalisme #impérialisme

  • Nun ist es offiziell: Der Golf von Mexiko heißt künftig Golf von Amerika
    https://www.spiegel.de/ausland/donald-trump-der-golf-von-mexiko-heisst-kuenftig-golf-von-amerika-a-04e8493a

    https://cdn.prod.www.spiegel.de/images/2e84ca80-4d6f-4932-bcec-738cbd9beba8_w842_r1.995260663507109_fp Golf von Mexiko? Dann aber auch Amerika Mexikana: Mexikos Präsidentin Sheinbaum präsentiert einen Gegenvorschlag Foto: Prensa Presidencia

    25.1.2025 - Auf Anweisung des US-Präsidenten: Der Golf von Mexiko heißt künftig Golf von Amerika

    Darf Donald Trump das eigentlich? Geografie einfach umbenennen, wie es seiner Wählerschaft gefällt? Juristen der Uno sagen: jein. Kann er machen. Aber andere Anrainer dürfen beim alten Namen bleiben. Mexiko reagiert gelassen.

    Die neue US-Regierung unter Präsident Donald Trump hat den Golf von Mexiko offiziell in Golf von Amerika und den Berg Denali in Alaska in Mount McKinley umbenannt. »Auf Anweisung des Präsidenten wird der Golf von Mexiko nun offiziell als Golf von Amerika bezeichnet, und der höchste Berg Nordamerikas wird wieder den Namen Mount McKinley tragen«, teilt das Innenministerium mit.

    Trump hatte die Namensänderungen wenige Stunden nach seinem Amtsantritt am Montag als Teil einer Reihe von Maßnahmen angekündigt und damit ein Wahlversprechen eingelöst. Für den Sprachgebrauch in den USA ist eine Umbenennung ohne Zustimmung der Anrainerstaaten möglich.

    Kann Trump das einfach so machen? Jein

    So haben die Vereinten Nationen bei ähnlichen Streitigkeiten in der Vergangenheit bereits entschieden. Umgekehrt könnten die Uno, andere internationale Organisationen und andere Länder aber beim bisherigen Namen bleiben.

    So legte die Uno-Expertengruppe für geografische Namen mit der unhandlichen Abkürzung UNGEGN (United Nations Group of Experts on Geographical Names) zwar 1959 den Namen Persischer Golf fest.

    2006 kamen die Experten aber zu dem Ergebnis, dass man Länder nicht davon abhalten könne, andere Namen zu verwenden. So nutzen die arabischen Anrainerstaaten überwiegend den Namen Arabischer Golf, was zu diplomatischen Streitigkeiten auf beiden Seiten führt.

    Um das Meer westlich von Japan gibt es einen ähnlichen Namensstreit. Hier verwenden die Vereinten Nationen den Namen Japanisches Meer. Südkorea und Nordkorea beantragten zuletzt 2002 bei der UNGEGN hingegen, die Namen Ostmeer beziehungsweise Koreanisches Ostmeer ebenfalls international gleichzustellen.

    Ähnliche Streitigkeiten drohen in Zukunft dann auch möglicherweise zwischen den USA, Mexiko und Kuba. Zumindest ist bislang unklar, ob Trump eine mögliche Umbenennung in Golf von Amerika mit den beiden anderen Anrainerstaaten abgesprochen hat. Der Name des Meerbusens an der Südküste der USA – Golf von Mexiko – ist seit dem 16. Jahrhundert gebräuchlich.

    Mexikos Präsidentin bleibt gelassen

    Claudia Sheinbaum will das vorerst gelassen beobachten. »Es ist immer wichtig, einen kühlen Kopf zu bewahren«, sagte die Staatschefin des südlichen Nachbarn der USA. Entscheidend sei, was auf dem Papier stehe und nicht Trumps Aussagen. So gelte etwa die Entscheidung, den Golf von Mexiko in Golf von Amerika umzubenennen, laut dem entsprechenden Beschluss ausdrücklich nur für den Festlandsockel der USA.

    Direkt nach seiner Vereidigung am Montag fällte Trump zahlreiche Entscheidungen, die Mexiko betreffen:

    – Der Republikaner rief den nationalen Notstand an der Südgrenze aus und beabsichtigt die Abschiebung von Millionen Migranten.

    – Er stellte Zölle von 25 Prozent auf Importe aus Mexiko und Kanada in Aussicht.

    – Trump kündigte auch an, die Kartelle als ausländische Terrororganisationen einzustufen.

    Mit der neuen US-Regierung werde man respektvoll zusammenarbeiten, sagte Sheinbaum, die seit Oktober als erste Präsidentin Mexikos im Amt ist. »Wir müssen Konflikte vermeiden.«

    Allerdings ließ sie sich die Gelegentheit nicht entgehen, einen Gegenentwurf zu präsentieren. Wenn Donald Trump auf dem Golf von Amerika bestehe, könne man ja zu dem alten Namen des amerikanischen Südwestens zurückkehren. Sheinbaum deutete auf einer historischen Landkarte auf heutigen US-Bundesstaaten Kalifornien, New Mexico, Texas, Arizona, Colorado, Nevada, Utah und Teile des heutigen Kansas. Der Schriftzug über dem riesigen Territorium: Americana Mexicana. Eine Reaktion dazu von Donald Trump ist noch nicht überliefert.

    #USA #Mexique #cartographie #Golfe_du_Mexique #politique #impérialisme #nationalisme

  • Etats-Unis : un juge fédéral suspend la remise en cause du droit du sol ordonnée par Donald Trump
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/23/etats-unis-un-juge-federal-suspend-provisoirement-la-remise-en-cause-du-droi

    Etats-Unis : un juge fédéral suspend la remise en cause du droit du sol ordonnée par Donald Trump
    Le Monde avec AFP
    Un juge américain a suspendu, jeudi 23 janvier, la remise en cause du droit du sol ordonnée par le président Donald Trump mesure emblématique de son offensive anti-immigration.
    « Il s’agit d’un texte manifestement inconstitutionnel », a estimé le magistrat fédéral John Coughenour, cité par des médias locaux, lors d’une audience à Seattle (Washington). Joint par téléphone, un greffier du tribunal a confirmé la suspension à l’Agence France-Presse.« Evidemment, nous ferons appel », a déclaré le président américain à la presse depuis le bureau Ovale de la Maison Blanche en réaction à cette suspension. Le ministère de la justice a assuré, de son côté, que le décret présidentiel « interprète correctement » le 14e amendement. L’affaire est susceptible de remonter jusqu’à la Cour suprême.
    Dans la foulée de son investiture, lundi, Donald Trump a signé un décret revenant sur le droit du sol, un principe fondateur consacré par le 14e amendement de la Constitution américaine et appliqué depuis plus de cent cinquante ans aux Etats-Unis. Cette mesure a immédiatement été contestée en justice par vingt-deux Etats américains, dont la Californie et New York, et plusieurs associations. Ils ont intenté plusieurs procédures pointant son inconstitutionnalité. « Je suis juge depuis plus de quarante ans et je ne me souviens pas d’une autre affaire dans laquelle la question posée est aussi claire que celle-ci », a ajouté le juge Coughenour, en suspendant le décret pour quatorze jours, selon le New York Times.
    La procédure, jugée jeudi à Seattle, était portée par les procureurs généraux de quatre Etats : ceeux de Washington, de l’Arizona, de l’Oregon et de l’Illinois. Ils soulignaient que ce décret pourrait priver de droit 150 000 nouveau-nés chaque année, aux Etats-Unis, et risquaient de rendre certains d’entre eux apatrides.
    Le décret devait interdire au gouvernement fédéral de délivrer des passeports, des certificats de citoyenneté ou d’autres documents aux enfants dont la mère séjourne illégalement ou temporairement aux Etats-Unis et dont le père n’est pas citoyen américain ou résident permanent, titulaire de la fameuse « carte verte ».
    La décision de jeudi s’applique à l’échelle nationale, selon l’agence Associated Press. « Il faut espérer que ce décret anticonstitutionnel et antiaméricain n’entrera jamais en vigueur », a estimé le procureur général (démocrate) de l’Etat de Washington, Nick Brown, dans un communiqué, saluant la suspension. « La citoyenneté ne peut pas être conditionnée par la race, l’appartenance ethnique ou l’origine des parents, a-t-il ajouté. C’est la loi de notre nation, reconnue par des générations de juristes, de législateurs et de présidents, jusqu’à l’action illégale du président Trump. »
    La procureure générale d’Arizona, Kris Mayes, a, de son côté, salué « une victoire pour l’Etat de droit ». « Aucun président ne peut modifier la Constitution sur un coup de tête et la décision d’aujourd’hui l’affirme », a ajouté cette élue démocrate, dans un communiqué.Le décret de Donald Trump, qu’il a signé le jour de son investiture, lundi 20 janvier, devait entrer en vigueur le 19 février. Le président avait lui-même reconnu s’attendre à des contestations devant les tribunaux. Il avait également jugé que le droit du sol est un principe « ridicule » et avait faussement affirmé que les Etats-Unis seraient « les seuls » à l’appliquer. En réalité, des dizaines de pays reconnaissent le droit du sol, dont la France, le Canada et le Mexique.

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#droitdusol#nation#immigration#citoyennete#sante

  • L’accélération de l’#IA pose déjà des questions de #pénuries d’#eau et d’#énergie

    Le Royaume-Uni comme les États-Unis viennent de présenter de nouveaux plans pour soutenir la mise en place d’#infrastructures pour l’IA dans leurs territoires. Mais actuellement, aux États-Unis, de nouvelles #centrales au gaz sont ouvertes pour répondre aux demandes d’énergie de l’IA. Au Royaume-Uni, l’implantation par le gouvernement de sa « première zone de croissance de l’IA » près d’un nouveau réservoir pose la question des priorités d’#accès_à_l'eau.

    Ce mardi 14 janvier et six jours avant la passation de pouvoir à Donal Trump, Joe Biden a publié un décret pour l’investissement des États-Unis dans des infrastructures. « Je signe aujourd’hui un décret historique visant à accélérer la vitesse à laquelle nous construisons la prochaine génération d’infrastructures d’IA ici aux États-Unis, de manière à renforcer la compétitivité économique, la sécurité nationale, la sécurité de l’IA et l’énergie propre », affirme-t-il.

    Selon certaines estimations, la consommation énergétique de l’IA devrait être multipliée par 4 à 9 d’ici 2050 et la consommation d’énergie des #data_centers aux États-Unis est déjà très carbonée.

    Le #gaz comme source d’énergie future aux États-Unis

    Mais, malgré les différentes annonces d’investissements dans le nucléaire par les géants du numérique, les États-Unis seraient plutôt à l’aube d’un boom de la construction de #centrales_électriques au gaz naturel, selon le Financial Times. Le journal économique américain explique que « les grandes entreprises technologiques se tournent vers les #combustibles_fossiles pour répondre aux énormes besoins en #électricité de la révolution de l’intelligence artificielle, ce qui met en péril les objectifs en matière de climat ».

    Le journal cite le cabinet de conseil en énergie #Enverus qui prévoit qu’au moins 80 centrales électriques au gaz seront construites aux États-Unis d’ici à 2030. Le Financial Times estime la capacité supplémentaire de ces centrales à 46 gigawatts, « soit la taille du réseau électrique norvégien et près de 20 % de plus que ce qui a été ajouté au cours des cinq dernières années ». Et selon Corianna Mah, analyste pour Enverus interrogée par le journal, « le gaz croît en fait plus rapidement aujourd’hui, et à moyen terme, que jamais auparavant ». Aucun des projets qu’Enverus a listés ne prévoit d’être équipé d’un système de capture de dioxyde de carbone.

    Approvisionnement de l’eau dans un lac de barrage prévu pour la population britannique

    De son côté, le gouvernement du Royaume-Uni vient d’annoncer une stratégie nationale pour faire de son pays un leader en matière d’intelligence artificielle. Dedans, il prévoit entre autres des « Zones de croissance de l’IA » (#IA_growth_zones), « des zones bénéficiant d’un meilleur accès à l’électricité et d’un soutien pour les autorisations de planification, afin d’accélérer la mise en place d’une infrastructure d’IA sur le sol britannique », comme l’explique le communiqué du Secrétariat d’État à la science, à l’innovation et à la technologie.

    Mais des questions se posent sur l’emplacement prévu de la première « #zone_de_croissance ». Situé à Culham, au siège de l’Autorité britannique de l’énergie atomique (UKAEA), cet endroit est aussi celui du premier nouveau lac de barrage construit depuis 30 ans aux Royaume-Uni, « qui était censé fournir de l’eau aux habitants du sud-est de l’Angleterre, qui souffre d’un grave problème d’approvisionnement en eau », explique le Guardian.

    Le journal britannique souligne que cette région est celle qui, selon l’agence environnementale nationale, est la plus sensible du pays aux manques d’eau. Entre les réserves d’eau disponibles et la demande attendue sans compter les data centers, le sud-est du pays sera confronté à un déficit potentiel de plus de 2,5 milliards de litres par jour d’ici 2050.

    Du côté énergétique, le gouvernement britannique a mis en place un Conseil de l’énergie de l’IA qui doit travailler avec les entreprises du secteur pour « pour comprendre les demandes et les défis énergétiques » liés à l’intelligence artificielle. Il parie encore sur la possibilité de mettre en place des #SMR (#réacteurs_nucléaires_modulaires).

    « L’expansion de l’IA a été un sujet de préoccupation pour #National_Grid [entreprise de distribution de l’électricité et du gaz notamment au Royaume-Uni], mais la vitesse à laquelle la demande de calcul de l’IA augmente a pris tout le monde par surprise et, à moins que nous n’équilibrions correctement les compromis ci-dessus, avec des politiques appropriées, toute l’énergie verte et bon marché dont nous disposons sera utilisée par les grandes entreprises technologiques, ce qui privera les familles qui souffrent déjà de la pauvreté énergétique », explique Gopal Ramchurn, chercheur de l’université de Southampton, interrogé par le Guardian.

    La #France s’appuie sur son #nucléaire, mais des tensions sont présentes

    Quant à la France, l’instabilité politique ne permet pas d’y voir très clair dans la politique du pays concernant l’IA. Lors de son discours de politique générale, le premier Ministre François Bayrou a évoqué l’IA lorsqu’il a annoncé la création d’un fonds spécial « entièrement [consacré] à la réforme de l’État ». Ce fonds sera financé par des actifs « en particulier immobiliers, qui appartiennent à la puissance publique, de façon à pouvoir investir, par exemple, dans le déploiement de l’intelligence artificielle dans nos services publics ».

    Lors de ses vœux, le Président de la Région Normandie Hervé Morin a évoqué la volonté de sa région d’être référente en matière d’intelligence artificielle et d’accueillir des data centers sur trois ou quatre points du territoire. Il a mis en avant « son potentiel énergétique décarboné », faisant référence aux centrales nucléaires de Flamanville, Paluel et Penly et à l’EPR situé lui aussi à Flamanville.

    Mais RTE tirait récemment un signal d’alarme sur le foisonnement de projets de data centers prévus pour l’IA. Si l’entreprise affirmait en novembre à l’Usine Nouvelle avoir « assez d’électricité pour répondre à la croissance des besoins », elle pointait aussi du doigt une « course à la capacité » et un manque de planification :« plusieurs projets ont été abandonnés en raison de tensions sur la distribution de l’énergie », ajoutait-il.

    https://next.ink/165467/lacceleration-de-lia-pose-deja-des-questions-de-penuries-deau-et-denergie

    #intelligence_artificielle #AI #énergie_nucléaire

    • Pourquoi l’IA générative consomme-t-elle tant d’énergie ?

      #DeepSeek défraye la chronique en proposant un modèle dont les #performances seraient comparables à celles des modèles préexistants, pour un coût très réduit en termes de puissance de calcul et de données, et donc une #consommation_énergétique moindre. Quand on sait que Microsoft a indiqué une hausse de 29,1 % d’émission de carbone sur l’année 2023 et que différentes grandes entreprises du numérique investissent dans des capacités de production d’électricité, le tout en lien avec l’essor de l’#IA_générative, l’enjeu est de taille. Pourquoi l’IA générative consomme-t-elle tant ? Décryptage.

      Les grands modèles de langage (Large Language Models ou LLM), comme ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google/DeepMind) ou encore les modèles génératifs d’images comme #Midjourney, sont devenus en très peu de temps des outils incontournables avec des usages qui ne cessent de s’amplifier et de se diversifier. Il est vrai que la fluidité des échanges avec ChatGPT impressionne, et que les promesses de développement sont enthousiasmantes.

      Néanmoins, ces promesses cachent des coûts de calcul, et donc énergétiques, considérables. Or, aujourd’hui l’idée dominante dans l’industrie des modèles génératifs est : « Plus grand est le modèle, mieux c’est. » Cette compétition s’accompagne d’une croissance de la consommation énergétique et, donc, de l’empreinte écologique qui ne peut plus être ignorée et qui questionne quant à sa pérennité et sa viabilité pour la société.
      Pourquoi un tel coût ?

      Un modèle génératif de texte comme un chatbot est un ensemble de paramètres numériques ajustés à partir de données pour accomplir une tâche spécifique. L’architecture dominante s’appuie sur les « transformers ».

      Les #transformers prennent une séquence en entrée, par exemple un prompt (soit votre question), pour la transformer numériquement. En empilant les couches de transformers, le modèle multiplie ces transformations afin de construire la réponse en prolongeant son entrée. Cet empilement de couches confère au modèle son efficacité et fait croître le nombre de paramètres. C’est pourquoi un modèle tel que GPT-4 contient au moins 1 tera (1 000 milliards) de paramètres et nécessite donc au moins 2 tera octets (To) de mémoire vive pour être utilisable.

      Que ce soit pour l’entraînement, pour le stockage des données et des paramètres, ou pour le calcul d’une réponse, des infrastructures de calcul de plus en plus puissantes sont donc indispensables. En d’autres termes, contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas juste pour entraîner le modèle que ces techniques sont très coûteuses.

      Des données émerge la « connaissance »

      Avant tout, un modèle génératif doit être « appris ». Pour cela des données (textes, images, sons, etc.) lui sont présentées à maintes reprises afin d’ajuster ses paramètres. Plus il y a de paramètres, plus la phase d’apprentissage est coûteuse en données, mais aussi en temps et en énergie.

      Ainsi, pour un LLM (grand modèle de langage), on parle par exemple de l’ordre de la dizaine de trillions de données (environ 10 trillions pour GPT-4 et 16 trillions pour Gemini) et aux alentours de trois mois de préapprentissage sur environ 20 000 puces A100 de NVIDIA pour le dernier-né d’OpenAI. Ces modèles les plus performants sont en fait une combinaison de plusieurs énormes modèles (les « Mixture of Experts »), GPT-4 étant ainsi le résultat de 16 experts de 110 milliards de paramètres, selon les rares informations disponibles.

      Après cette phase d’apprentissage, le modèle est déployé afin de répondre aux utilisateurs dans une phase dite d’« inférence ». Pour faire face à la demande (ces systèmes construits pour répondre à plusieurs personnes en même temps) avec un temps de réponse satisfaisant, le modèle est alors dupliqué sur différents clusters de calcul. Un article de recherche constate également que les architectures génératives polyvalentes consomment significativement plus d’énergie à l’inférence que les systèmes spécifiques à une tâche, même à taille de modèle équivalente.

      Ce survol des besoins en termes de calcul donne une idée des ordres de grandeur qui se cachent derrière nos interactions — qui semblent si rapides et efficaces — avec ces énormes modèles. Il permet surtout de poser différemment la question de l’évaluation de ces modèles, en y incluant la question de la soutenabilité en termes énergétiques et écologiques. Des travaux récents proposent ainsi un modèle pour évaluer les impacts environnementaux de la fabrication des cartes graphiques et une analyse multicritère des phases d’entraînement et d’inférence des modèles d’apprentissage automatique.
      Obsolescence et frugalité

      Ainsi les grands modèles génératifs nécessitent des infrastructures matérielles colossales.

      Au-delà de considérations économiques, il a été montré que passé un certain point, les gains de performances ne justifient pas une telle explosion du nombre de paramètres. Toutes les applications ne nécessitent pas d’énormes modèles et des approches plus modestes peuvent être aussi performantes, plus rapides et moins coûteuses.

      Sur le plan environnemental, l’apprentissage et l’inférence de modèles massifs ont un coût énergétique qui nécessitent réflexion. Les travaux de certains auteurs soulignent la complexité de mesurer avec précision l’empreinte carbone de ces grands modèles, tout en montrant leur impact considérable : 50,5 tonnes équivalent CO2 (CO2 eq) pour un modèle de 176 milliards de paramètres, appris en 2023… et pratiquement considéré comme obsolète aujourd’hui. Pour rappel, si un Français moyen rejette actuellement environ 10 tonnes CO2 eq par an, l’objectif à l’horizon 2050 pour respecter l’engagement des accords de Paris est d’environ 2 tonnes CO₂ eq par Français et par an.

      Quant à la phase d’inférence (ou d’utilisation, quand on pose une question à GPT), lorsqu’elle est réalisée des millions de fois par jour, comme c’est le cas pour un assistant conversationnel, elle peut engendrer un coût énergétique considérable, parfois bien supérieur à celui de l’entraînement.

      Ainsi, un outil développé en 2019 a permis d’estimer qu’une inférence de ChatGPT 3.5 produisait environ 4,32 grammes de CO2.

      À l’heure où les assistants conversationnels sont peut-être en passe de remplacer les moteurs de recherche standards (Google, Bing, Qwant), la question de son utilisation se pose, car ces derniers ont un coût 10 à 20 fois moindre (0,2 gramme de CO2 la recherche, d’après Google).

      Enfin, la concentration de pouvoir entre quelques acteurs disposant des ressources nécessaires pour développer ces modèles — data centers, données, compétences — pose des problèmes scientifiques en limitant la diversité des recherches, mais aussi stratégiques et politiques.
      Les recherches en IA frugale

      La frugalité consiste à se fixer dès le départ une enveloppe de ressources (calcul, mémoire, données, énergie) et à concevoir des modèles capables de s’y adapter. L’idée n’est pas de sacrifier les performances, mais de privilégier la sobriété : optimiser chaque étape, du choix de l’architecture à la collecte des données, en passant par des méthodes d’apprentissage plus légères, afin de réduire l’empreinte environnementale, d’élargir l’accès à l’IA et de favoriser des applications réellement utiles.

      La recrudescence de travaux de recherche sur ce thème illustre la volonté de penser l’IA sous l’angle de la sobriété. Il s’agit ainsi de replacer la pertinence, l’impact sociétal et la soutenabilité au cœur de la recherche.

      Concrètement, de nombreuses pistes émergent. Sur le plan de l’apprentissage, il s’agit d’explorer des alternatives algorithmiques au paradigme actuel, hérité du milieu des années 1980 et qui n’a jamais été remis en question alors même que les quantités de données et la puissance de calcul n’ont plus rien à voir avec celles qui prévalaient aux débuts de ces modèles.

      Ainsi, au-delà des optimisations techniques, une réflexion méthodologique de fond s’impose, tant le contexte scientifique a évolué depuis les années 1980. Cette réflexion est au cœur, par exemple, du projet Sharp, financé par le programme France 2030. L’étude d’architectures plus compactes et spécialisées est également abordée avec le projet Adapting du même programme.

      Les mathématiques appliquées peuvent jouer un rôle clé en proposant des « représentations parcimonieuses », des méthodes de factorisation, ou en optimisant l’usage de données faiblement annotées.

      Ainsi, en travaillant avec des contraintes de ressources, ces recherches visent un développement en IA plus frugal et donc durable, ainsi que plus accessible, et indépendant de l’hyperconcentration du marché. Elles limitent les externalités négatives — environnementales, éthiques, économiques — liées à la course effrénée vers le gigantisme.

      Mais pour atteindre ces objectifs, il est aussi important d’avancer sur les critères et les méthodes d’évaluations en IA : avec le paradigme dominant actuel, la dimension de frugalité peine encore à s’imposer, que ce soit du côté de la recherche ou industriel. Il ne faut d’ailleurs pas confondre la récente explosion des outils de DeepSeek avec de la frugalité, les coûts en calcul et en données étant eux aussi extrêmement élevés, avec des méthodes probablement éthiquement répréhensibles.

      Ainsi, le monde académique doit mieux intégrer cette dimension afin d’améliorer la visibilité et la valorisation des travaux qui visent la frugalité.
      L’IA que nous développons est-elle vraiment utile ?

      La frugalité en IA n’est pas un simple concept, mais une nécessité face aux enjeux actuels. Les travaux récents sur son empreinte carbone illustrent l’urgence de repenser nos méthodes. Avant même d’envisager les manières de rendre l’IA plus sobre, il est légitime de se demander si l’IA que nous développons est vraiment utile.

      Une approche plus frugale, mieux pensée et mieux orientée, permettra de construire une IA tournée vers le bien commun, s’appuyant sur des ressources maîtrisées, plutôt que sur la surenchère permanente en taille et en puissance de calcul.

      Cet article a été écrit dans le cadre de la troisième édition des Dauphine Digital Days qui a eu lieu à l’Université Paris Dauphine — PSL, du 18 au 20 novembre 2024.

      https://theconversation.com/pourquoi-lia-generative-consomme-t-elle-tant-denergie-247406

    • IA : un puits sans fond de dépenses en énergie, en #eau et en #CO2

      Emmanuel Macron veut croire que la France a « des #data_centers_propres ». Mais les dégâts environnementaux des industries numériques sont déjà tangibles (consommation d’#électricité, émissions de CO2, besoins en eau et en #minerais, conflits d’usage sur le #foncier) alors que l’idée d’une #IA_verte n’est encore qu’une promesse.

      Si le climat était une intelligence artificielle (IA), le monde serait en train de le sauver. Face au tsunami d’investissements publics et privés programmés pour ses infrastructures, il est tentant de détourner le fameux slogan : « Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé. » Car si ces annonces financières brillent de l’or des profits à venir, elles éclipsent un problème tout aussi exponentiel : les impacts environnementaux désastreux de l’IA.

      109 milliards d’euros en France dans les prochaines années annoncés par Emmanuel Macron, ainsi qu’un projet de méga data center cofinancé par les #Emirats_arabes_unis ; 500 milliards de dollars débloqués pour #Stargate (« la porte des étoiles ») et ses futurs data centers aux États-Unis par #OpenAI et #SoftBank ; 65 milliards de dollars par #Meta, la maison-mère de #Facebook, qui a par ailleurs démoli un centre de données en cours de construction pour le remplacer par un autre adapté aux besoins de l’IA. #Microsoft veut débourser 80 milliards de dollars en divers équipements techniques dans le même objectif.

      Secteur industriel en plein boom ou au bord d’une bulle financière, l’avenir le dira. Mais l’#empreinte_carbone et matérielle de la ruée mondiale vers les #données_numériques est, elle, déjà palpable. Une requête via #ChatGPT consomme dix fois plus d’électricité qu’une recherche Google, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ses expert·es anticipent une explosion de la demande énergétique, équivalente à la consommation actuelle d’un pays comme la Suède ou même l’Allemagne – selon la place du curseur sur la fourchette d’estimation.

      Requêtes énergivores

      Pourquoi ? Deux explications principales semblent faire consensus parmi les spécialistes. D’abord, des raisons strictement matérielles : les #serveurs configurés pour l’#IA_générative utilisent beaucoup plus de courant électrique que leurs prédécesseurs. Notamment parce qu’ils utilisent des puces spécifiques, les #GPU (« # graphics_processing_unit », des #processeurs_graphiques), « qui ont des capacités de #calcul nécessaires à la #technologie d’apprentissage qui permet aux modèles d’IA d’améliorer leur performance, explique Loup Cellard, chercheur associé au médialab de Sciences Po. Une requête sur ChatGPT demande plus de mémoire vive et plus de capacité de #stockage qu’une simple recherche sur un moteur internet ».

      Or, chacun de ces services correspond à des besoins matériels supplémentaires. « Faire une requête ChatGPT pour demander un truc que pourrait donner Google, c’est comme couper votre baguette de pain avec une scie électrique : ça marche mais ça n’est pas la meilleure utilisation que vous pouvez faire des ressources », résume Sylvain Waserman, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), selon qui « il serait absurde de s’opposer à l’IA et il est irresponsable de ne pas s’intéresser à ses impacts ».

      La phase d’entraînement des machines est plus intense en énergie à l’unité, car elles doivent être beaucoup stimulées pour ramasser et distribuer les données. Mais c’est bien sûr celle des usages qui finalement est la plus énergivore, car le nombre des utilisateurs de la technologie dépasse de loin celui des ingénieur·es qui la développent.

      Ainsi « la migration vers le cloud, l’essor de l’IA générative et les #cryptomonnaies sont les trois principaux vecteurs de la reconfiguration en cours des impacts des centres informatiques » selon l’association GreenIT, dont les rapports font référence. Les data centers, les cryptomonnaies et l’intelligence artificielle ont consommé près de 2 % de l’électricité mondiale en 2022, selon l’AIE. Cela peut sembler dérisoire. Mais la quantité d’électricité qu’ils consomment pourrait doubler en 2026 (par rapport à 2022). Il existe aujourd’hui plus de 8 000 centres de données dans le monde, principalement situés aux États-Unis.

      Les data centers adaptés aux besoins de l’intelligence artificielle consomment 18 % de l’électricité des centres informatiques, alors qu’ils n’en représentent que 2 % de la quantité dans le monde, selon les dernières estimations de GreenIT. Ils émettent près de 4 % de tout le CO2 de la filière numérique, soit déjà plus que l’ensemble des ordinateurs portables en circulation. Selon #France_Datacenter, le lobby du secteur, la demande supplémentaire liée à l’IA générative en France d’ici à dix ans sera de 1 gigawatt, l’équivalent d’un petit réacteur nucléaire.

      Mais les opérateurs de data centers n’aiment pas trop aborder le sujet de leurs impacts environnementaux. Interrogé par Mediapart sur ses besoins en électricité pour soutenir le développement de son activité, #Amazon_Web_Service (#AWS), la branche data center du Gafam, répond par la liste très détaillée de ses investissements et créations d’emplois à venir, sans un mot sur ses besoins énergétiques.

      « Avec l’IA, on pourrait changer d’échelle d’ici à 2030 en termes d’impact environnemental car ses serveurs ne représentent que 2 % des équipements et la demande est très importante pour les années à venir, constate Cécile Diguet, spécialiste des infrastructures numériques. Aujourd’hui, le numérique est un des secteurs qui nous mettent dans le rouge quant au respect des limites planétaires : consommation d’énergie, de ressources en minerais et terres rares, en eau. Les technologies et le numérique prétendent régler des problèmes qu’ils aggravent. Grâce à une IA, on pourra peut-être traiter une base de données plus vite ou mieux gérer la complexité de réseaux d’électricité. Mais en définitive, l’accumulation perpétuelle de matériels et de data centers fait que tous les gains en énergie sont consommés derrière. Le numérique n’est pas source de sobriété. »

      C’est particulièrement vrai concernant les quantités de minerais utilisés pour fabriquer les équipements (centres de données mais aussi puces et autres composants) nécessaires à l’IA – et les déchets en résultant. Ils sont la « colonne vertébrale » de l’intelligence artificielle, selon la chercheuse états-unienne Kate Crawford, qui appelle à créer un nouvel atlas du monde pour visualiser les besoins matériels, financiers et politiques de l’IA, qu’elle décrit comme un système « extractiviste » (Contre-Atlas de l’intelligence artificielle, Zulma, 2024).

      En Chine, l’institut de recherche sur le réseau électrique s’attend à ce que la demande en électricité des centres de données double d’ici à 2030 (par rapport à 2020). Cette consommation est dopée par l’expansion rapide de la 5G et de l’Internet des objets. Le concurrent chinois de ChatGPT, #DeepSeek, a été développé à moindre coût économique et avec moins de consommation énergétique, promettent ses fabricants. Mais personne n’est aujourd’hui en mesure de le vérifier.

      En Europe, le cas de l’#Irlande est spectaculaire : les data centers y représentent 17 % de toute la demande en électricité du pays. C’est autant que toute la consommation du résidentiel en ville. Si tous les projets de centres de données qui ont été approuvés sont menés à terme dans les prochaines années, ils utiliseraient 32 % de tout le courant électrique. Au #Danemark, qui mise aussi sur l’économie des data centers tout en soutenant une initiative européenne de réduction du CO2 du numérique, les centres de données pourraient avaler 20 % de l’électricité en 2026. Est-ce soutenable, alors que le Pacte vert européen fixe aux États l’objectif de réduire d’au moins 38 % leur consommation d’énergie finale d’ici à 2050 ? Pour la Commission européenne, la demande en électricité des data centers pourrait augmenter de 30 % dans l’Union entre 2018 et 2030.

      #Bilan_carbone désastreux

      Surtout que, malgré l’essor des énergies dites renouvelables dans le monde, les sources d’électricité du numérique restent globalement très émettrices en carbone. Apple et Google prétendent être neutres en impact climatique, mais c’est parce qu’ils achètent des crédits de compensation carbone, rappelle la chercheuse Kate Crawford. Elle cite l’exemple de la Chine, où l’industrie des centres de données tire à 73 % son électricité du charbon. En France, l’Ademe a dû revoir à la hausse l’empreinte carbone des data centers à 42 % du secteur du numérique, en intégrant les centres de données à l’étranger que font tourner les utilisateurs nationaux.

      En 2022, l’ensemble du secteur numérique a émis autant de CO2 que le secteur des poids lourds (un peu plus de 4 % de tous les rejets de carbone) dans l’Hexagone. Mais grâce à son électricité décarbonée, la France cherche à se positionner sur le marché des usines à données : « Les data centers en France, ce n’est pas comme aux États-Unis où on utilise du pétrole et du gaz. Ce sont des data centers propres », a prétendu Emmanuel Macron dimanche 9 février.

      Ainsi, entraîner le modèle #GPT3 de la firme OpenAI équivaudrait à conduire 112 voitures à essence pendant un an, selon des scientifiques cités dans AOC par les chercheurs Loup Cellard et Christine Parker. Ils y critiquent pourtant les méthodes d’évaluation des impacts de l’intelligence artificielle. Selon eux, les gains écologiques que permettrait « l’IA verte » sont surestimés et potentiels, alors que les impacts sont immédiats et réels. Les projets de récupération de chaleur pour chauffer une piscine, une résidence, une usine, un hôpital sont multiples et s’affrontent à des obstacles : niveau de température de sortie pas toujours assez haut, risque d’intermittence, etc. – voir aussi le rapport de l’ONG Beyond Fossil Fuels sur le sujet.

      « L’IA n’est pas une activité différente des autres, ajoute Loup Cellard. C’est une industrie capitaliste comme une autre, à laquelle se posent les mêmes questions de responsabilité environnementale, de calcul et de mise en visibilité de ses impacts. »

      À titre d’exemple, de nombreux opérateurs de data centers sont des #fonds_d’investissement_immobiliers (#Real_Estate_Investment_Trust, #Digital_Realty, #Equinix), comme le remarque l’Ademe. La multiplication de leurs constructions ainsi que l’augmentation de leur taille posent des problèmes d’#artificialisation et d’#urbanisme : quelle forme de villes annonce la multiplication des centres de données ? Qui a envie de vivre à côté d’un immeuble de serveurs et de ses stocks de fioul inflammable ? En France, un véritable cluster s’est développé à l’ouest de la #Seine-Saint-Denis (La Courneuve, Saint-Denis, Le Bourget, Dugny) et au nord de #Marseille.
      Parmi les effets déjà tangibles aujourd’hui : la consommation en #eau. Car les data centers doivent être refroidis. Plus ils grossissent et produisent de la chaleur, plus la quantité d’eau nécessaire à baisser leur température est importante. Cette question peut s’avérer critique en période de canicule, signale l’Ademe dans un avis de novembre dernier – en France, ses expert·es estiment qu’en fonction de leur système, ils peuvent consommer 2 litres d’eau par kilowattheure. Au prochain épisode de sécheresse, combien de personnes accepteront que leur data center continue d’être alimenté alors que leur eau potable est coupée ? Et qui décidera ?

      Ainsi #Thames_Water, principale compagnie britannique de distribution d’eau, a demandé aux opérateurs de data centers, notamment à #Google_Cloud et #Oracle, un plan de réduction de leur consommation, jugée excessive à l’été 2022 pendant un pic de chaleur. À Amsterdam, Microsoft a dû présenter un plan drastique de réduction de ses besoins en eau. Aux États-Unis, un des plus gros data centers en fonctionnement est celui de l’agence de renseignement NSA, qui s’étend sur plus de 100 000 mètres carrés dans l’Utah, une terre particulièrement exposée à la sécheresse. Il avale à lui tout seul plus de la moitié de la consommation de l’eau de l’État, autour de 60 %, selon une étude.

      Ouvrir le capot des IA ?

      Après avoir longtemps refusé de révéler la quantité de liquide absorbée par son data center, la NSA a finalement fait savoir en 2022 qu’il avait besoin de près de 90 millions de litres d’eau – soit 35 fois la piscine olympique de Paris 2024 – chaque mois. L’Utah mise sur l’industrie des centres de données et leur vend son eau à des prix battant toute concurrence. Les méga hangars à serveurs s’y multiplient – il y en a deux douzaines aujourd’hui. Mais le Grand Lac salé s’en ressent, selon les défenseurs de l’environnement qui s’inquiètent de le voir s’assécher. En novembre 2022, il a atteint son étiage le plus bas, au point de mettre en danger son écosystème, et notamment ses populations de crustacés, dont se nourrissent des millions d’oiseaux migrateurs.

      En France, l’Ademe estime que les data centers pourraient utiliser 6 % de l’électricité en 2050 – aujourd’hui, le numérique en dépense 11 %. Selon RTE, le gestionnaire des réseaux, les data centers en France pourraient tripler leur consommation d’électricité d’ici à 2035, passant d’environ 10 térawattheures aujourd’hui à 28, selon leur plus haute projection. Les demandes de raccordement de nouveaux centres de grande taille sont en très forte hausse depuis quatre à cinq ans, note l’Ademe, et dépassent de 8 gigawatts – soit plus de quatre réacteurs EPR.

      Son président, Sylvain Waserman, veut défendre la thèse « d’une IA française et européenne qui pourrait trouver un avantage concurrentiel en étant plus respectueuse des ressources ». Il estime que ce peut être une piste de différenciation face à des Gafam « qui jamais n’accepteront qu’on ouvre le capot pour étudier leur impact ».

      En attendant, le gouvernement vient de désigner 35 sites privilégiés pour y construire de nouveaux data centers : simplification des procédures administratives, possible dérogation aux obligations de débat public, réduction des délais de recours juridiques… Sans savoir si les industriels accepteront de communiquer sur leur empreinte énergétique, ils bénéficient d’ores et déjà d’une belle offre de dérégulation.

      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/100225/ia-un-puits-sans-fond-de-depenses-en-energie-en-eau-et-en-co2

    • #Antonio_Casilli : « L’intelligence artificielle est l’une des industries extractives de notre époque »

      Professeur de sociologie à Télécom Paris, à l’Institut Polytechnique de Paris, il est l’auteur d’En attendant les robots, enquête sur le travail du clic (Seuil, 2019), dont une version augmentée vient de paraître en anglais aux éditions University of Chicago Press. Antonio Casilli est aussi co-auteur du documentaire Les Sacrifiés de l’IA, qui se penche sur les conditions de production des technologies d’IA utilisées en Occident, et sera diffusé sur France 2 le 11 février.

      À cette occasion, et en parallèle du sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, Next l’a rencontré.

      (#paywall)

      https://next.ink/169487/antonio-casilli-lintelligence-artificielle-est-lune-des-industries-extractives

    • L’IA générative a le potentiel de détruire la planète (mais pas comme vous le pensez)

      Le risque premier avec l’intelligence artificielle n’est pas qu’elle s’attaque aux humains comme dans un scénario de science-fiction. Mais plutôt qu’elle participe à détruire notre #environnement en contribuant au #réchauffement_climatique.

      La course à l’intelligence artificielle (IA) s’intensifie. Le 9 février, veille du sommet de l’IA à Paris, Emmanuel Macron promettait 109 milliards d’euros d’investissements publics et privés dans cette technologie pour les années à venir. Il entend concurrencer les États-Unis sur ce terrain, en faisant référence au programme « #Stargate » promis par Donald Trump, qui prévoit des dépenses de 500 milliards de dollars (484 milliards d’euros) dans l’IA aux États-Unis.

      Des deux côtés de l’Atlantique, ces centaines de milliards seront principalement investis dans la construction de nouveaux centres de données pour entraîner puis faire fonctionner les outils d’intelligence artificielle. Pourtant, les impacts environnementaux de ces « data centers », mis de côté dans ce sprint à l’IA, présentent un danger réel pour notre planète.

      « Plus grand est le modèle, mieux c’est »

      L’ouverture au public de l’agent conversationnel d’OpenAI, ChatGPT, en novembre 2022 a marqué un tournant dans les usages de l’intelligence artificielle. Depuis, des dizaines d’IA génératives sont accessibles avec la capacité de résoudre des problèmes variés, allant de la rédaction d’un email professionnel à des suggestions de recette de tartes, en passant par des lignes de code informatique.

      Ces grands #modèles_de_langage (en anglais, « #Large_language_models », ou #LLM), avec un grand nombre de paramètres, se sont développés ces dernières années, comme #Gemini de #Google, #Le_Chat de l’entreprise française #MistralAI ou #Grok de #X. D’autres modèles permettent de créer de toutes pièces des images – on pense à #Dall-E ou #Midjourney –, des vidéos ou des chansons.

      Si leur utilisation est gratuite (bien que des versions payantes existent), le prix est payé non seulement par les utilisateurs dont les données personnelles sont captées, mais aussi par les populations les plus vulnérables au changement climatique. Avec leurs dizaines voire centaines de milliards de paramètres et des terabytes de données pour les alimenter, faire tourner les systèmes d’IA générative demande beaucoup de #puissance_de_calcul de #serveurs, situés dans des centres de données. Donc beaucoup d’#électricité.

      Ces chiffres ne font qu’augmenter à mesure que les modèles se perfectionnent. « Aujourd’hui, l’idée dominante dans l’industrie des modèles génératifs est : "Plus grand est le modèle, mieux c’est" », résument les chercheurs Paul Caillon et Alexandre Allauzen dans The Conversation. Malgré un manque de transparence des entreprises, la consommation d’électricité de leurs modèles et leur #impact_climatique ont fait l’objet d’estimations par nombre de chercheurs et institutions.

      Combien consomme une requête ChatGPT ?

      On sait déjà que la version de ChatGPT sortie en mars 2023, #GPT-4, a demandé plus de puissance de calcul que la précédente. Le Conseil économique et social (Cese), dans un avis de septembre 2024, cite OpenAI et explique : entraîner la troisième version de son modèle de langage a demandé l’équivalent de l’énergie consommée par 120 foyers américains. La version suivante a multiplié par 40 cette consommation, avoisinant la consommation de 5000 foyers.

      Selon une étude, début 2023, une requête ChatGPT consommait environ 2,9 Wh d’électricité, soit presque dix fois plus qu’une simple recherche Google (0,3 Wh). D’autres études estiment l’impact carbone d’une requête à ChatGPT autour de 4 à 5 grammes d’équivalent CO2.

      Produire une image, c’est pire. La startup #HuggingFace, à l’origine de l’IA #Bloom, a été l’une des premières à estimer les émissions de gaz à effet de serre de ces modèles. Dans une étude co-écrite avec l’Université états-unienne de Carnegie-Mellon, elle montre que la génération d’image est de loin la plus polluante des requêtes formulées à une IA générative (l’étude ne prend pas en compte les vidéos).

      Pour donner un ordre d’idée, générer 1000 images correspondrait à conduire environ 7 kilomètres avec une voiture essence. En comparaison, 1000 textes générés équivalent à moins d’un 1 mètre parcouru avec un même véhicule. Mais leur utilisation massive rend cet impact non négligeable. Selon le PDG d’OpenAI Sam Altman, à la fin de l’année 2024, plus d’un milliard de requêtes étaient envoyées à ChatGPT par jour.

      En janvier 2023, soit quelques mois après qu’elle a été rendue accessible au public, ChatGPT avait accumulé 100 millions d’utilisateurs. Selon une estimation de Data for Good, rien que ce mois-là, l’utilisation de ChatGPT aurait pollué à hauteur de 10 113 tonnes équivalent CO2 – soit environ 5700 allers-retours en avion entre Paris et New York.

      En décembre 2024, selon son PDG, le service avait atteint les 300 millions d’utilisateurs… par semaine. Et ce, avec une version bien plus performante – donc bien plus polluante – que la précédente.

      De plus en plus de personnes utilisent l’IA au quotidien, et pour de plus en plus de tâches. Installés dans nos smartphones, accessibles en ligne ou même intégrés dans les frigos haut de gamme, les outils d’intelligence artificielle sont presque partout.

      Une explosion de la consommation d’électricité

      Selon l’Agence internationale de l’énergie, les centres de données représenteraient aujourd’hui environ 1 % de la consommation d’électricité mondiale. Mais cette consommation risque d’augmenter avec les usages croissants et le développement de nouveaux modèles d’IA. Selon l’agence, la consommation des centres de données pour l’IA et les cryptomonnaies a dépassé 460 TWh en 2022. C’est autant que la consommation de la France. D’ici l’année prochaine, selon les scénarios, cette demande en électricité pourrait augmenter de 35 % (160 TWh en plus) à 130 % (590 TWh) ! « Soit l’équivalent d’au moins une Suède et au maximum une Allemagne » de plus dans le monde en quelques années.

      Une autre étude de l’ONG Beyond Fossils Fuels est encore plus alarmiste : « Au cours des six prochaines années, l’explosion de la demande en énergie des centres de données dans l’UE [Union européenne] pourrait entraîner une hausse de 121 millions de tonnes des émissions de CO2, soit presque l’équivalent des émissions totales de toutes les centrales électriques au gaz d’Italie, d’Allemagne et du Royaume-Uni en 2024 combinées » écrit l’ONG en février 2025.

      Les grandes entreprises de la tech cherchent à faire oublier leurs promesses écologiques. Selon le Financial Times, dans un article d’août 2024, les Gafam tentent de remettre en cause les règles de « zéro carbone net » qui leur permettent de compenser leurs émissions de CO2 par le financement d’énergies renouvelables (des règles déjà critiquées pour leur mode de calcul qui dissimule une grande partie de l’impact carbone réel de leurs consommation d’électricité).

      « Ces géants de la technologie sont sur le point de devenir les plus gros consommateurs d’énergie de demain, dans leur course au développement d’une intelligence artificielle énergivore », écrit le média britannique. Les émissions de gaz à effet de serre de Google augmentent par exemple de 13% par an (selon des chiffres de 2023). Une hausse notamment portée par l’augmentation de la consommation d’énergie de ses centres de données. Les émissions de #Microsoft ont bondi de 29 % entre 2020 et 2023.

      Des investissements massifs aux dépens des populations

      Les chefs d’État des États-Unis comme de la France ont pourtant annoncé des investissements massifs dans l’IA pour les années à venir. L’Union européenne, par la voix d’Ursula von der Leyen, a également annoncé un investissement de 200 milliards en partenariat avec de grands groupes.

      Dans les trois cas, ces centaines de milliards d’euros sur la table serviront majoritairement à construire des centres de données pour permettre l’entraînement puis l’utilisation de ces technologies. En France, en amont du sommet de l’IA, le fonds canadien Brookfield a annoncé investir 15 milliards d’euros dans la construction de centres de données, tandis que les Émirats arabes unis ont mis entre 30 et 50 milliards sur la table pour la construction d’un centre de données géant.

      Il est peu probable que cette consommation d’électricité massive ne se fasse pas au détriment des populations. En Irlande, les centres de données monopolisent une part grandissante de l’électricité du pays, ils représentent aujourd’hui plus de 20 % de sa consommation. Cette situation crée des tensions avec les habitants, qui voient leurs factures augmenter alors que la consommation des ménages n’augmente pas.
      Des engagements « durables » non contraignants

      Aux États-Unis, raconte un article de Vert, Microsoft va rouvrir le premier réacteur de la centrale nucléaire de Three Mile Island, site d’un accident en 1979 qui avait irradié toute cette partie de la Pennsylvanie et traumatisé les habitants. Les géants de la Tech – Google, Amazon et Microsoft en tête – cherchent également à investir dans les « petits réacteurs modulaires » nucléaires, en cours de développement, pour alimenter leurs centres de données, ce qui pose la question de la sûreté d’une multitude de petites installations nucléaires face au risque d’accidents. Autre conséquence : le retour en grâce du charbon, fortement émetteur en gaz à effet de serre. Dans l’État de Géorgie, la promesse faite il y a trois ans de fermer toutes ses centrales à charbon a été abandonnée pour répondre au pic de demande d’électricité créé par les centres de données.

      Face à ces risques pour les populations locales comme pour celles les plus vulnérables au changement climatique dans le monde entier, les actions semblent faibles. Une déclaration d’intention a été signée à l’issue du sommet de l’IA, notamment avec l’Inde et la Chine. Il prévoit entre autres la création d’un observatoire de l’impact énergétique de l’IA, sous la responsabilité de l’Agence internationale de l’énergie. Il planifie également la création d’une « coalition pour l’IA durable » avec de grandes entreprises du secteur.

      Ces engagements en matière d’intelligence artificielle signés par les États et les entreprises présentes ne sont pas contraignants, et ne sont pas tournés vers l’action immédiate. De plus, ni le Royaume-Uni ni les États-Unis, qui concentre un tiers des centres de données du monde, n’ont signé ce texte.

      https://basta.media/l-ia-generative-a-le-potentiel-de-detruire-la-planete-mais-pas-comme-vous-l

      #schéma #visualisation #comparaison

    • Comment l’intelligence artificielle et ses data centers s’accaparent l’eau

      La consommation d’eau de l’intelligence artificielle est souvent oubliée des discussions sur l’impact de cette technologie. Pourtant, les centres de données consomment chaque année des milliards de mètres cubes d’eau – et cela risque d’empirer.

      Google a soif. En 2023, les centres de données et les bureaux de la multinationale du numérique ont à eux seuls englouti 24 milliards de litres d’eau – dont la grande majorité utilisée par les data centers. C’est l’équivalent de la consommation d’eau annuelle d’environ 453 000 Français. La question des besoins en eau est l’un des grands enjeux environnementaux du numérique. Il est amplifié par le développement rapide et incontrôlé de l’intelligence artificielle (IA).

      Chaque année, les grandes entreprises de la tech augmentent de dizaines de pourcents leur consommation d’eau. Entre 2021 et 2022, Microsoft a accru de 34 % la quantité d’eau utilisée pour ses activités, et Google de 20 %. Cela représente des milliards de litres d’eau, en grande partie potable, prélevés en plus chaque année. La course au développement d’intelligences artificielles toujours plus performantes – et donc toujours plus polluantes – participe à cette augmentation. Rien que l’entraînement de GPT-3 (la version en usage jusqu’à mars 2023 du robot conversationnel d’OpenAI) aurait consommé 700 000 litres d’eau dans les centres de données de Microsoft basés aux États-Unis.
      Des centres de données géants dans des régions en proie à la sécheresse

      Les ressources en eau globales sont déjà mises en danger par le réchauffement climatique. De nombreuses régions du monde sont en stress hydrique : l’accès à l’eau y est limité, si ce n’est difficile. Selon des estimations de chercheurs, partagées par The Washington Post, un grand centre de données – comme ceux des Gafam – peut consommer entre 3,8 et 19 millions de litres d’eau par jour.

      Ces millions de litres sont utilisés pour produire l’électricité qui les alimente, mais aussi, pour environ un quart, directement pour le refroidissement des serveurs de ces centres de données. Si cela représente encore une faible partie de la consommation d’eau à l’échelle mondiale, les conséquences locales se font souvent déjà sentir. Le journal américain cite l’exemple de la commune de The Dalles, dans l’Oregon, où Google s’accapare plus d’un quart de l’eau de la petite ville.

      Le refroidissement par l’eau est brandi comme argument écologique par les grandes entreprises. Google, par exemple, s’est vanté d’avoir réduit son empreinte carbone de 300 000 tonnes de CO2 en 2021 grâce à des centres de données refroidis par de l’eau plutôt qu’avec de l’air conditionné. Malgré ses promesses de plus grande responsabilité écologique, deux ans plus tard encore, plus de 30 % de l’eau utilisée venait de zones où les risques de pénurie d’eau sont considérés comme moyens ou élevés.

      En Espagne, à une centaine de kilomètres de Madrid, la ville de Talavera de la Reina s’apprête à accueillir un centre de données de 191 hectares, propriété de Meta (la maison-mère de Facebook et Instagram). Depuis 2022, une trentaine de projets similaires ont été lancés dans le pays, rapporte le média indépendant espagnol elDiario.es. Dans la région de l’Aragón, « la situation est grave : 146 000 hectares ne peuvent être cultivés et 175 000 autres sont gravement endommagés par le manque d’eau ». C’est pourtant là qu’Amazon a décidé d’investir 15,7 milliards d’euros pour installer ses centres de données « hyperscale », autrement dit de très grande taille.
      « 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d’eau en 2027 »

      Amazon tente de montrer patte blanche, promettant un approvisionnement électrique provenant à 100 % d’énergies renouvelables, mais des mouvements écologistes s’opposent vivement à ce projet. « Nous refusons le discours selon lequel cette méga-infrastructure serait bénigne pour les territoires, bien au contraire. Les dégâts écologiques et sociaux causés par le déploiement massif de centres de données peuvent déjà être observés dans d’autres territoires tels que la Virginie (États-Unis), le Mexique, l’Irlande et les Pays-Bas », écrit Tu Nube Seca Mi Río (« Ton nuage assèche ma rivière »).

      « La consommation directe d’eau pour le refroidissement représentera la moitié de la consommation totale d’eau de la ville de Saragosse (plus de 300 000 personnes et ses commerces et entreprises) et aurait permis d’irriguer 170 hectares de terres, [et ce,] si les chiffres avancés par projet sont respectés, ce qui semble fort peu probable. » Le collectif, qui agrège plusieurs associations écologistes espagnoles, dénonce les conséquences multiples qu’auront ces data centers pour l’accès à l’eau dans la région, tant pour l’agriculture, pour les populations que dans la lutte contre les incendies, de plus en plus fréquents. Tu Nube Seca Mi Río alerte aussi sur le danger pour la faune locale.

      Ce risque n’est pas présent qu’à l’étranger. En France, à Marseille, le collectif Le nuage était sous nos pieds – composé notamment de la Quadrature du Net – dénonce « la quasi-absence des enjeux environnementaux et territoriaux des infrastructures du numérique dans le débat public », entre autres quand il est question de la construction de nouveaux data centers. « Le méga-ordinateur surchauffe, renvoie l’air ou l’eau chaude dans une ville déjà trop souvent sujette à la canicule, pompe des quantités astronomiques d’eau et d’électricité sur le réseau public, et ne génère pratiquement aucun emploi direct », résument-ils, face à un nouveau projet de l’entreprise Digital Realty dans la ville.

      Le développement et la massification de l’utilisation de l’intelligence artificielle entraînent les entreprises dans une course effrénée à la construction de centres de données, sans considérer les conséquences écologiques et sociales. Selon une étude menée par des chercheurs et chercheuses de l’Université de Cornell, aux États-Unis, en 2023, « la demande mondiale en IA devrait représenter 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d’eau en 2027, soit plus que le prélèvement annuel total d’eau de quatre à six Danemark ou de la moitié du Royaume-Uni ».

      https://basta.media/comment-intelligence-artificielle-IA-data-centers-gafam-s-accaparent-eau