• Covid News: Live Updates - The New York Times
    https://www.nytimes.com/live/2020/12/22/world/covid-19-coronavirus

    Some 700 foreigners in France who were exposed to the coronavirus through their work will be put on a fast track for naturalization as a reward for their commitment during the pandemic, the junior minister for citizenship said on Tuesday.The beneficiaries, whom the ministry called “frontline foreign workers in the face of the health crisis,” include health care workers, child care professionals, housekeepers and cashiers.“They have proved their commitment to the nation,” a statement from the office of the minister, Marlène Schiappa, said. “It is now up to the Republic to take a step toward them.”In September, the French Interior Ministry asked regional officials to identify foreign workers who had “actively contributed” to the fight against the coronavirus and facilitate their application for fast naturalization.“Some foreigners swung into action and were particularly exposed in the fight against the Covid-19 pandemic,” Ms. Schiappa wrote in a letter sent in September to regional authorities. “They actively participated in the national effort, with dedication and courage.”More than 70 applicants have since then obtained citizenship and 693 more are in the final stage of the process, Ms. Schiappa’s office said in the statement on Tuesday. The authorities have also been ordered to reduce the residency period in France required to obtain citizenship to two years from the usual five in the case of “great services rendered.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#france#naturalisation#crisesanitaire#politique#nation

  • « Le gouvernement nous a oubliés » : des milliers de sans-papiers manifestent en France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/18/le-gouvernement-nous-a-oublies-des-milliers-de-sans-papiers-manifestent-en-f

    A l’occasion de la journée internationale des migrants, vendredi 18 décembre, des milliers de sans-papiers ont manifesté en France pour réclamer leur régularisation, mettant en avant la situation des clandestins fragilisés par la crise sanitaire. Après celles de mai, juin et octobre, qui avaient réuni des milliers de personnes, cette quatrième journée de mobilisation a eu lieu dans une cinquantaine de villes, dont Bordeaux, Marseille ou Strasbourg. A Paris, plus d’un millier de personnes, essentiellement originaires d’Afrique, ont défilé calmement entre 18 h 30 et 20 heures dans le centre de la capitale, encadrées par un important dispositif policier. « Sans-papiers en danger », « L’effort national, c’est nous », proclamaient notamment leurs banderoles, éclairées par des flambeaux allumés en mémoire des migrants morts en exil.
    Lire aussi le reportage : Vingt-quatre heures avec des travailleurs sans papiers, les « premiers de corvée »

    « On est là pour tous les sans-papiers de France. Pendant le Covid, c’est nous qui faisons tout le travail, qui avons nettoyé les hôpitaux, pendant que ceux qui ont le chômage partiel sont bien au chaud à la maison. Le gouvernement nous a oubliés », a déploré auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Siby Ahamada, membre du collectif des sans-papiers de Montreuil.

    Kanouté, un Malien de 25 ans, explique qu’il cumule deux emplois : l’un à la plonge dans un restaurant du 8e arrondissement, sans être déclaré ; l’autre comme livreur à vélo, qu’il effectue en utilisant l’identité de quelqu’un d’autre. « On me donne un compte et je roule toute la nuit, et à la fin le mec me donne quelques euros. Pendant le confinement, on ne s’est pas arrêtés », explique-t-il, ajoutant : « Sans papiers, on ne peut pas vraiment démarrer notre vie » en France.« Comme on n’a pas de papiers, les patrons profitent de nous, et quand ils veulent ils ne nous payent pas », explique un autre Malien, Lassana, 50 ans, qui vit clandestinement en France depuis dix-neuf ans et travaille dans le bâtiment « une semaine par ci, un jour par là, parfois juste pour 40 euros ». « On est là depuis longtemps, mais notre vie est bloquée. » « Le sentiment d’injustice est tel pour ces gens, qui sont dans les métiers essentiels, que ce déni de droit est insupportable », a souligné Fernanda Marrucchelli, de la Fédération des associations de solidarité avec tous les immigrés (Fasti).
    La préfecture de police de Paris avait interdit une partie du défilé – l’arrivée du cortège devant la mairie – au motif de crainte de troubles à l’heure du couvre-feu anti-Covid-19 instauré à partir de 20 heures, dans ces quartiers très commerçants bondés à l’approche des fêtes de fin d’année.
    Les organisateurs avaient au départ laissé entendre qu’un nouveau campement pourrait malgré tout être constitué devant l’Hôtel de Ville à la fin de la manifestation, trois semaines après le démantèlement musclé par les forces de l’ordre de tentes de migrants installées place de la République, lequel avait suscité une vive émotion. Ils se sont finalement ravisés face au dispositif policier massif déployé sur place, appelant à la dispersion « pour ne pas mettre les gens en danger ». « L’indignation née place de la République, c’est quoi le résultat ? Les migrants sont toujours à la rue. Les indignations, c’est bien, nous, ce qu’on veut, ce sont des actes », a dénoncé Denis Godard, un des organisateurs de cette Marche des solidarités à l’appel de plus de 200 collectifs.
    Les sans-papiers espèrent, par cette nouvelle journée de mobilisation, être mieux écoutés que lors des manifestations d’octobre, organisées au lendemain de l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty par un réfugié d’origine tchétchène converti aux thèses djihadistes. Au cours de ces derniers mois, le dossier n’est pas resté au point mort : le gouvernement a donné à la mi-septembre instruction aux préfets de faciliter la naturalisation française des ressortissants étrangers mobilisés en première ligne durant l’épidémie. Au début de novembre, l’entourage de la ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa, a fait savoir qu’une première série de 334 naturalisations était en cours. Une goutte d’eau, ont aussitôt jugé les associations, qui estiment que les naturalisations, réservées par définition aux étrangers en situation régulière, ne sont qu’une infime partie de l’équation. Le nombre de sans-papiers en France est estimé entre 300 000 et 600 000.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#pandemie#travailleuressentiel#travailleeurmigrant#naturalisation#economie

  • Un futur incertain attend les migrants extra-européens en Suisse

    Terre d’immigration depuis des décennies, la Suisse ne fait pourtant pas figure de bon élève en matière d’intégration. Elle se classe toujours parmi les pays d’Europe qui font le moins d’efforts pour offrir une #stabilité à #long_terme aux immigrés non européens, selon une étude comparative internationale.

    La Suisse n’offre pas aux immigrés un avenir sûr, conclut une étude. Publié mercredi, le #MIPEX (Migrant Intergration Policy Index) compare les #politiques_d’intégration de 52 pays et établit un #classement. La Confédération termine au 25e rang, derrière la France, l’Allemagne, l’Italie ou encore le Royaume-Uni. Elle obtient 50 points sur 100, soit sept à huit points de moins que la moyenne des autres pays d’Europe occidentale.

    Plus de 80% de la #population_étrangère vivant en Suisse est originaire d’un pays européen. Elle bénéficie de l’accord sur la libre circulation des personnes et est ainsi libre de venir travailler ou s’établir en Suisse. C’est pour les ressortissants extra-européens que la situation se complique.

    L’étude place la Suisse parmi les pays qui proposent aux migrants de pays tiers des possibilités d’intégration temporaires, mais pas la garantie de pouvoir s’établir de manière permanente. Une position similaire à celle de l’Autriche et du Danemark. « Ces pays ne font que la moitié du chemin pour accorder aux migrants des droits fondamentaux et l’égalité des chances. Leurs politiques encouragent la population à considérer les immigrés comme des étrangers et non comme des égaux et des voisins à part entière », commentent les chercheurs.

    La #politique_d’intégration de la Confédération n’a pas évolué au cours de la dernière décennie, montre également l’index. « L’approche suisse s’inscrit dans une forme de continuité », relève Gianni D’Amato, le directeur du Forum suisse pour l’étude des migrations (SFM), qui participe à l’élaboration du MIPEX. La Suisse veut bénéficier des avantages économiques de la migration, mais l’intégration sur le long terme n’est pas son objectif, analyse ce dernier. « Le message que le pays adresse aux migrants est le suivant : vous êtes les bienvenus, mais pas trop nombreux et pas pour toute votre vie. Il faut maintenir le contrôle pour pouvoir limiter le nombre d’immigrés », dit-il.

    L’étude identifie deux principales lacunes dans la politique suisse d’intégration : la faiblesse de la protection contre les #discriminations et la difficulté d’accès à la #naturalisation.

    Une protection lacunaire contre la discrimination

    Les victimes de discriminations sont moins protégées et soutenues en Suisse que partout ailleurs sur le continent, montre la comparaison internationale. La Confédération apparaît comme le seul pays européen à ne pas disposer d’une loi nationale contre la discrimination et d’un organisme d’aide aux victimes.

    Le problème n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) recommande aux autorités suisses de renforcer, en droit civil et administratif, la protection des victimes de #discrimination_raciale. Le Centre suisse de compétences des droits humains émet également des propositions similaires.

    Si la Suisse se montre réticente à prendre des mesures supplémentaires dans ce domaine, les discriminations que subissent les migrants touchent tous les domaines de la vie quotidienne. « Elles se manifestent entre autres sur le #marché_du_travail ou la recherche d’un logement », déplore Didier Ruedin, maître d’enseignement et de recherche au SFM. 

    La norme pénale antiraciste (art.261bis du Code pénal) punit certes toute discrimination basée sur l’appartenance raciale, ethnique, religieuse ou sur l’orientation sexuelle. « Son champ d’application est cependant restreint. La preuve en est que les cas de discriminations sont nombreux, mais ils donnent lieu à peu de jugements », souligne Didier Ruedin.

    Un passeport difficile à obtenir

    La politique restrictive de la Suisse en matière de naturalisation est également mise en évidence par la recherche. En 2017, les citoyens suisses ont certes accepté de faciliter la naturalisation de quelque 25’000 jeunes étrangers de troisième génération. L’étude souligne cependant que le passeport suisse reste plus difficile à obtenir que celui de la plupart des pays d’Europe occidentale. En outre, les conditions de naturalisation ont encore été durcies en 2018, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur la nationalité.

    Un taux de naturalisation plus élevé favorise une meilleure intégration des étrangers, relèvent pourtant les experts. Il renforce l’acceptation des migrants, leur statut socio-économique, leur participation politique, ainsi que leur sentiment d’appartenance et leur confiance en leur pays d’accueil, détaille le rapport.

    Des prestations de #santé adaptées

    Si la politique d’intégration de la Suisse est loin d’être avant-gardiste, le pays offre certains avantages aux immigrés. Il se distingue en particulier grâce à son système de santé accessible à toutes les catégories de migrants. Celui-ci permet à la Confédération de se hisser à la deuxième place du classement dans ce domaine, aux côtés de l’Irlande, de la Nouvelle-Zélande et de la Suède. Le rapport salue entre autres le portail pour l’égalité des chances en matière de santé « migesplus », qui met à disposition des informations sur la santé en 56 langues.

    Le marché du travail helvétique offre également d’intéressantes opportunités à une partie des citoyens non européens disposant d’un permis de travail. Ils peuvent accéder à une activité indépendante, à un emploi dans le service public, à l’aide sociale et à la formation. Sur ce point, le pays se situe dans la moyenne européenne.

    https://www.swissinfo.ch/fre/un-futur-incertain-attend-les-migrants-extra-europ%C3%A9ens-en-suisse/46215416

    #Suisse #migrations #intégration

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  • Et puis, soudain, au milieu des doutes et loin des faux espoirs, reconnaître l’évidence !
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    ValK. a posté une photo :

    (Douleurs automnales, distanciations amicales, dissociations sociales... ce matin était chagrins)
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    [ Résilience ]
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    #germe #germ #germen #pousse #sprout #brote #plante #plant #planta #escargot #snail #caracol #nature #naturaleza #automne #autumn #fall #otoño #confinement #confinamiento #résilience #resilience #resiliencia #syncrétisme #syncretism #sincretismo
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    • Si tu savais @ericw... j’avais super mal, j’étais super triste pour des raisons que je n’évoquerai pas publiquement et j’ai presque observé mon corps mettre des chaussures, rassembler mon barda de noueuse de liens. Mon corps que je m’obstine à sortir quotidiennement dans ma courette pour prendre les dernières miettes de soleil tant que l’hiver n’est pas là afin de ne pas perdre la « lumière » et : tadaaa ! Sur ma table quotidienne où j’avais laissé l’hommage à Anne Sylvestre (https://seenthis.net/messages/889127 ) je suis tombée là dessus comme sur un Graal ! Synchronisme parfait, je recevais pendant ce temps le message de l’ami qui doute et qui...
      En vrai je fais plein de petites photos, tous les jours, que je n’ose pas trop publier tellement c’est compliqué de ne plus documenter les luttes, d’être dans une décroissance « volontaire » (ou une hyper adaptation ?), dans une simplicité que je magnifie autant que possible pour ne pas sombrer, et de tenter de lancer des « charmes » au quotidien. C’est bizarre tout ça. Mais à la question « Que faire ? » j’essaye de répondre avec mes moyens.

  • Pousser avec détermination. Se nourrir de chaque rayon. Occuper chaque brèche. #Resilience :green_heart :
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    ValK. a posté une photo :

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  • Finally, Good News for Asylum Seekers in Italy. New Decree Rolls Back Some of the Worst Aspects of Immigration Policy

    It pledged last year to do so, and now the Italian government has restored some humanity to its immigration and asylum system. This week, the council of ministers adopted a decree that reverses many of the worst policies imposed by the previous interior minister and current leader of the anti-immigrant League Party, Matteo Salvini.

    The decree isn’t perfect, but it’s a step in the right direction.

    The decree, adopted October 5, essentially re-establishes in Italian law the residency permit on humanitarian grounds that Salvini abolished in 2018, now called “special protection.” This two-year permit is for people who don’t qualify for asylum, but who shouldn’t be sent away because they would face a risk of torture or inhuman or degrading treatment. The permit is also for people who have family and social links in Italy, or who suffer from serious physical or mental health issues. By one estimate, more than 37,000 people became undocumented since 2018 because humanitarian permits were abolished.

    Crucially, the decree allows people to convert this and other short-term residency permits into longer-term residency permits based on employment. This will help prevent people falling into undocumented status. The decree reduces detention pending deportation to three months from six.

    While the previous government restricted the nation’s reception system to recognized refugees and unaccompanied children, the new decree opens the doors to asylum seekers awaiting a decision. It also ensures asylum seekers have the right to register with the city hall where they live, since a Constitutional Court ruling this past July found the denial of this right made it “unjustifiably difficult for asylum seekers to access the services to which they are entitled.”

    One large blot on the decree is the failure to take a clear stand against criminalization of humanitarian activities. The government chose to reduce from 1 million to 50,000 euros, rather than eliminate, the noxious fines on ships that perform search-and-rescue at sea. Last year, six United Nations human rights authorities called on Italy to incentivize rather than discourage shipmasters from fulfilling their moral and legal obligation to respond to ships in distress. The current government has delayed disembarkations and impounded rescue vessels on administrative grounds.

    Parliament will have a chance to correct that, and make other improvements, when the decree is submitted for parliamentary oversight.

    https://www.hrw.org/news/2020/10/07/finally-good-news-asylum-seekers-italy

    #nouveau_décret #décret_salvini #Italie #asile #migrations #réfugiés #Italie #130/2020 #decreto_immigrazione #décret #SPRAR #accueil #permis_de_séjour #protection_internationale #travail #protection_spéciale #protection_humanitaire #réfugiés_environnementaux #réfugiés_climatiques #sauvetage #Méditerranée #citoyenneté #naturalisation #SIPROIMI #hébergement

    ping @karine4 @isskein

    • In vigore il nuovo decreto in materia di immigrazione (D.L. n. 130 del 21 ottobre 2020): luci e ombre

      Oggi, 22 ottobre, è entrato in vigore il Decreto-legge n. 130/2020, pubblicato in Gazzetta ufficiale il 21 ottobre 2020 e recante “Disposizioni urgenti in materia di immigrazione, protezione internazionale e complementare, modifiche agli articoli 131-bis,391-bis, 391-ter e 588 del codice penale, nonché misure in materia di divieto di accesso agli esercizi pubblici ed ai locali di pubblico trattenimento, di contrasto all’utilizzo distorto del web e di disciplina del Garante nazionale dei diritti delle persone private della libertà personale.

      Atteso da svariati mesi e noto all’opinione pubblica come “decreto immigrazione”, il decreto interviene in svariate materie, modificando anzitutto i c.d. decreti sicurezza del 2018 e 2019, che avevano a loro volta modificato alcune norme contenute nel Testo unico sull’immigrazione (D. Lgs. n. 286/1998), nonché la legge n. 91/1992 in materia di cittadinanza e i D. Lgs. n. 25/2008 e D. Lgs. n. 142/2015 (attuativi della direttiva UE c.d. Procedure e della direttiva UE c.d. Accoglienza del Sistema europeo comune di asilo).

      In altre parole, il c.d. nuovo decreto immigrazione prevede una serie di modifiche, apportate a diverse fonti normative, su tematiche sensibili, che non si limitano alla disciplina in materia d’immigrazione, ma riguardano anche la protezione internazionale e nuove ipotesi di protezione speciale, il soccorso in mare, degli aspetti relativi alla disciplina in materia di cittadinanza e all’accoglienza dei richiedenti asilo.

      In materia di immigrazione, il decreto è intervenuto, anzitutto, sui permessi di soggiorno per motivi di lavoro. Alle categorie di permessi già convertibili, sono state aggiunte le nuove ipotesi permesso per protezione speciale, calamità, residenza elettiva, acquisto della cittadinanza o dello stato di apolide, attività sportiva, lavoro di tipo artistico, motivi religiosi e assistenza ai minori.

      Quanto poi alla protezione internazionale, il nuovo decreto ha stabilito delle modifiche procedurali e sostanziali alla previgente disciplina. Le prime hanno modificato le modalità di svolgimento degli esami prioritari, delle procedure accelerate, nonché della gestione delle domande reiterate in fase di esecuzione di un provvedimento di allontanamento. Sul piano sostanziale

      Inoltre, sono estese le categorie di soggetti che possono beneficiare di permessi di soggiorno per protezione speciale, che costituirà una sorta di nuova categoria residuale di protezione rispetto alle due forme di protezione internazionale (lo status di rifugiato e la protezione internazionale), tanto da far parlare, nei primi commenti, di un sostanziale ritorno alla categoria della precedente protezione umanitaria, pur sotto altra veste terminologica.

      Nella specie, la nuova normativa prevede che non possa essere espulso o respinto e piuttosto meriti protezione, per l’appunto speciale, non solo, come già era previsto sino ad oggi, la persona che rischiava di subire torture, ma anche due nuove ipotesi: i) chi rischia di subire trattamenti inumani o degradanti nel paese d’origine e ii) chi rischia la violazione del diritto al rispetto della propria vita privata e familiare nel territorio nazionale. Inoltre la durata del permesso di soggiorno per protezione speciale è stata ampliata da 1 anno a 2 anni.

      Infine, sempre in materia di protezione complementare, è stata ampliata la nozione del permesso di soggiorno per calamità naturale: attuale presupposto per la concessione del permesso è adesso la semplice esistenza di una situazione di “grave” calamità. In altre parole, non si richiede più che lo stato di calamità sia eccezionale e transitorio come in precedenza, in un probabile tentativo di apertura alla protezione dei c.d. migranti ambientali (normando quanto già preconizzato dalla giurisprudenza della Corte di Cassazione).

      Tra le note positive, viene altresì espressamente prevista l’iscrizione del richiedente protezione internazionale nell’anagrafe della popolazione residente.

      Quanto alla questione del soccorso in mare, in seguito alle pesanti critiche ricevute sul punto dal secondo decreto sicurezza, la nuova disciplina è intervenuta modificando il quadro dei divieti e dei limiti di navigazione per le imbarcazioni delle ONG. In particolare, il Ministro dell’interno, di concerto con il Ministro della difesa e dei trasporti ed informato il Presidente del Consiglio, può ancora limitare o vietare l’ingresso e il transito in acque territoriali a navi non militari o governative non commerciali. Tuttavia, il decreto prevede una deroga a tale divieto o limite di navigazione, nell’ipotesi di navi che abbiano effettuato soccorsi a norma delle convenzioni internazionali, e che abbiano comunicato le operazioni alle autorità competenti nazionali o del loro stato di bandiera.

      Negli altri casi, invece, di “inosservanza del divieto o del limite di navigazione”, è prevista la comminazione di multe che vanno da 10mila a 50mila euro. Si ricorda che, precedentemente al nuovo decreto, in caso di violazione del divieto di cui sopra, era prevista un’ammenda amministrativa, con un limite superiore all’attuale multa (fino a un milione per chi avesse salvato i migranti in mare). Infine, con il nuovo decreto, non è più previsto il sequestro dell’imbarcazione entrata in acque territoriali in maniera irregolare.

      Per quanto riguarda la normativa in materia di cittadinanza, il decreto ha modificato la legge n.91 del 1992, riducendo il tempo di attesa della risposta alla domanda per l’acquisto della cittadinanza italiana da quattro a tre anni, un risultato comunque insoddisfacente alla luce del fatto che la formulazione originaria della legge del 1992 stabiliva una durata di due anni (ed era stato aumentato a quattro anni dal decreto sicurezza del 2018 sopramenzionato). Inoltre non è abrogata la norma che prevede la revoca della cittadinanza per chi l’ha acquisita, in caso di condanna definitiva per reati collegati al terrorismo, creando una discriminazione odiosa rispetto a chi è cittadino italiano iure sanguinis.

      Infine, in materia di accoglienza, è stato creato il nuovo Sistema di accoglienza e integrazione, che sostituisce il SIPROIMI (Sistema di protezione per titolari di protezione internazionale e per minori stranieri non accompagnati), ritornando a un sistema simile ai vecchi SPRAR (Sistema di protezione per richiedenti asilo e rifugiati). Tuttavia, le funzioni di prima assistenza o soccorso verranno gestite nei centri governativi ordinari e straordinari istituiti dal Ministro dell’Interno, quindi attraverso i grandi e largamente disfunzionali centri di prima accoglienza che abbiamo imparato a conoscere. La successiva fase di accoglienza, invece, viene affidata agli enti locali e si articolerà in due livelli di servizi, distinti a seconda che si tratti di soggetti richiedenti protezione internazionale (per i quali la normativa torna appunto a prevedere forme di accoglienza in precedenza eliminate dal decreto sicurezza del 2018) ovvero titolari della stessa. Nel primo caso sono previsti servizi di assistenza sanitaria, sociale e psicologica nonché di mediazione linguistico-culturale, nel secondo caso si aggiungono servizi di integrazione del soggetto, tra cui l‘orientamento al lavoro e la formazione professionale. Inoltre, il decreto ha reso potenziali beneficiari dei suddetti servizi anche i titolari di una serie di permessi di soggiorno speciali (protezione speciale, protezione sociale, violenza domestica, calamità, particolare sfruttamento lavorativo, atti di particolare valore civile, casi speciali).

      Il nuovo decreto ha dunque nuovamente inciso sul precedente impianto normativo in materia di immigrazione e asilo riformando e, per lo più, abrogando le modifiche introdotte dai cosiddetti “decreti sicurezza”, pur mantenendone alcuni profili criticabili. I tempi di attesa per l’ottenimento della cittadinanza sopra evidenziati, così come il mantenimento della criminalizzazione del soccorso marittimo sono tra questi. In ogni caso, il contenuto può ritenersi complessivamente soddisfacente e il decreto è indubbiamente un passo verso l’apertura e un trattamento della politica migratoria quale evento strutturale e non meramente emergenziale.

      https://www.unionedirittiumani.it/in-vigore-il-nuovo-decreto-in-materia-di-immigrazione-d-l-n-130-d

  • France : naturalisation des étrangers en « première ligne » contre le Covid, un effet d’annonce ? - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/27322/france-naturalisation-des-etrangers-en-premiere-ligne-contre-le-covid-

    La ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a donné instruction aux préfets d’"accélérer" et "faciliter" la naturalisation française des ressortissants étrangers qui se sont mobilisés "en première ligne" durant la pandémie de Covid-19. Une mesure difficile à appliquer tant les préfectures françaises sont saturées. Agents de nettoyage, infirmiers, médecins, manutentionnaires … Les ressortissants étrangers en “première ligne” lors du pic de la pandémie de Covid-19 en France pourraient voir leur accès à la nationalité française “facilité”. Pour eux, la durée minimale de résidence en France exigée sera de deux ans, au lieu des cinq années requises actuellement. Mardi 15 septembre, Marlène Schiappa a donné instruction aux préfets d’"accélérer" et de "faciliter" l’acquisition de la nationalité française pour les étrangers en situation régulière qui ont “contribué activement, en première ligne, à la lutte contre le Covid-19, notamment les personnels de santé. La ministre déléguée à la Citoyenneté voudrait qu’ils procèdent à "un examen prioritaire et individualisé de ces dossiers".

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#politiquemigratoire#naturalisation#personnelsante

  • Sur l’immigration, Gérald Darmanin durcit la ligne du gouvernement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/11/sur-l-immigration-gerald-darmanin-durcit-la-ligne-du-gouvernement_6051792_32

    La DGEF devra mettre en musique les orientations du ministre, qui partage son portefeuille avec Marlène Schiappa, déléguée à la citoyenneté. A elle, les questions d’asile et d’« intégration républicaine », notamment par les naturalisations auxquelles elle veut redonner de la « solennité ». A lui, les évacuations de campements de rue, la lutte contre l’immigration irrégulière. D’un côté, l’humanisme, de l’autre, la fermeté. Cette scission du dossier migratoire étonne, tant ses éléments se recoupent : les personnes migrantes à la rue sont ainsi majoritairement des demandeurs d’asile et des réfugiés. Les premières dissonances entre les deux ministres n’ont d’ailleurs pas tardé à se manifester au sujet des travailleurs sans papiers mobilisés pendant le confinement (aides à domicile, éboueurs, livreurs, caissiers…). Le cabinet de M. Castaner s’était mobilisé au début de l’été, envisageant la régularisation de « plusieurs milliers » d’entre eux. Des préfectures avaient même été sollicitées en ce sens. Jusqu’à ce que le remaniement gouvernemental, début juillet, interrompe les travaux. Mais le projet n’a pas totalement été enterré. D’après nos informations, le cabinet de Mme Schiappa a envoyé un télégramme aux préfets à la fin de l’été, les invitant à faire preuve de « discernement » vis-à-vis des candidats à une régularisation ou à une naturalisation s’étant illustré pendant la crise due au Covid-19. A peine quelques heures se sont écoulées avant que le cabinet de M. Darmanin envoie un contre-ordre, rendant le texte de sa collègue caduc. Un premier couac à Beauvau. L’entourage de Mme Schiappa assure aujourd’hui qu’une circulaire est en préparation pour accélérer uniquement les naturalisations des travailleurs étrangers en situation régulière mobilisés pendant la crise.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#politiquemigratoire#regularisation#confinement#naturalisation#travailleurmigrant

  • ’I am Italian too’: How #BlackLivesMatter protests reignited the Italian citizenship debate

    Global anti-racism protests following the death of African-American George Floyd could impact Italy’s citizenship laws. Here, politicians are under pressure to allow more children of migrants born and educated in the country to become Italians.

    June 2 is the day Italy celebrates becoming a republic. Partly, it is a day for reflecting on the values of the country and its citizens, and what it means to be Italian. “This year it will be remembered for a series of exceptional events,” writes Angelica Pesarini in an essay entitled “Questions of Privilege” on the newsletter for cultural space Il lavoro culturale (Cultural work).

    Pesarini is a faculty member in social and cultural analysis at New York University (NYU) in Florence. She is also a black Italian, born in Italy to a family with roots in Somalia and Eritrea, countries that have colonial links with Italy.

    Many Italians think “to be Italian is to be white,” Pesarini told the BBC in 2019. “I feel I have to justify my Italian-ness a lot,” she continued. “People assume I cannot be Italian. When people ask me: ’Where are you from?’ I say: ’I’m from Rome.’ They ask: ’No, but where are you really from?’” Pesarini says that this frequent exchange demonstrates how “race, colonialism and whiteness are all connected to Italian identity today.”

    Children of migrants

    Pesarini is Italian, but her identity is still questioned. For others, the children of migrant parents, it is not just strangers who ask questions about their roots, but the state itself. As Italy’s migrant population grows, and more and more children are being born in Italy and growing up and going to school in the Italian system, they ask why they too cannot be recognized as Italian citizens.

    The current law allows Italian citizenship to be granted automatically only to those born to Italian parents. The children of migrants, both those born on Italian soil and those who migrated with their parents as minors, are not automatically granted an Italian passport when they turn 18.

    ’One million’ Italians without citizenship

    According to the campaign group “Italiani senza cittadinanza” (Italians without citizenship), there are now one million people in this position. “I feel I am Italian, but it as though the state doesn’t see me,” says Alessia Korotkova in a video made by Oxfam in 2019. She had hoped to compete at the Olympic Games in Tokyo 2020 but she couldn’t because she was unable to get Italian citizenship. “We might seem invisible to the state,” Korotkova continues, “but we are not invisible, we ARE here,” she says smiling as the video flashes up a hashtag #noicisiamo (#We_are_here).

    “I’m a foreigner in my own home,” says Ghassan Ezzarraa in another video in the series. “I feel like I am in a video game; to become myself, I have to jump the hurdles to the next level,” he says. “I am the only person in my family still considered a foreigner,” he adds.

    One of the lucky ones?

    Ghassan might be considered one of the lucky ones. At the end of January 2020, he was granted citizenship in his home town of Reggio Emilia at the age of 23. He had been living in Italy since he was four years old.

    But his journey to citizenship, like that of many others, was long and complicated. Ghassan was born in Rabat, Morocco in 1996. Just after he turned four, he and his mother were able to join his father in Italy where he had been living and working. A year later, his sister was born on Italian soil, but even that didn’t qualify her for automatic citizenship.

    According to La Repubblica newspaper, as a long time resident, Ghassan’s father received Italian citizenship in 2015. His sister, who was still a child, received it soon after, as did his mother, as his father’s legal spouse. Only Ghassan, who had already turned 18 failed to “inherit” the citizenship granted to the rest of his family.

    Becoming Italian

    Having been through the Italian school system, Ghassan applied for citizenship, traveling to Morocco to obtain all the necessary documents. The procedure should have taken two years, but under the government’s migration and security decree, this process was lengthened to four years.

    The complications meant that Ghassan had to partially give up on the athletic career he had dreamed of because, as a ’foreigner’, he was not eligible to receive sponsorship and training. He took up a job and, with the help of various cultural organizations, campaigned to get his story heard. Finally, the mayor of Reggio Emilia in the north of Italy, did listen and announced the happy news on his Facebook page in January.

    Different proposals debated

    The debate on citizenship rights has continued for decades. A commission in the current parliament has been hearing evidence on the issue since late 2019. Its deliberations were largely buried during the restrictions placed on Italy by the COVID-19 pandemic, but now, with demonstrations across Italy taking place in protest over the death of African-American George Floyd, the issue is back in the media, and public, spotlight.

    The current government is split on the issue, writes the Italian news agency ANSA. Three different proposals have been put forward. The first is granting citizenship based on where you are born, ie, if you are born on Italian soil, you should be considered Italian. The second is an idea based around education and culture. According to this, if you have been educated in Italian, speak the language fluently and think ’like an Italian’, then why shouldn’t you be considered Italian? This second proposal would also allow those who migrated with their parents but grew up feeling themselves to be Italian citizens to access citizenship. The third is a combination of both these ideas.

    The UN children’s charity, UNICEF in Italy, points out that this law would not automatically grant citizenship to any child of a migrant born on Italian soil. In fact, even the new proposals are rich with caveats. Children of parents who are waiting to have their request for international protection decided, for instance, would not qualify. Nor would children born to parents without a legal permit to stay.

    A change to the citizenship law would help children of those who have lived in Italy for a long time, completed more than five years of education and/or a professional qualification and possibly obtained Italian citizenship themselves. UNICEF says it is needed to “stop discrimination against those children who are legitimately part of Italian society.”
    Black people die in Italy too

    In her essay, Angelica Pesarini lists some of the black people, many of whom are migrants, who have been murdered on Italian soil. She highlights the death of a Malian man Soumalia Sacko on Republic Day two years ago in 2018. Sacko, she writes, was working “exploited” in the Calabrian fields in the south of Italy. He was helping two workmates collect some material from an abandoned building in the fields, in order to try and construct a shack where they were living. As they were collecting the material, they were shot at by an Italian man with an “unlicensed shotgun.” The shots resulted in a head trauma, from which Sacko died.

    His death, writes Pesarini, was initially “reported in a distorted manner” based on information provided by the Prefecture in Reggio Calabria. They said, that he was “shot at by someone unknown whilst stealing.” Soon after his death, the deputy Prime Minister at the time, Matteo Salvini, tweeted about migrants “The fun’s over;” referring to the idea that migrants arrive in Italy just to obtain benefits and ’easy’ work.
    #BlackLivesMatter: Italy

    One of the leading members of the Sardines movement, which has been fighting for migrant rights in Italy, is also pushing for the citizenship law to be reformed. “This is such an important law that it shouldn’t fall victim to political disagreement or propaganda,” Jasmine Cristallo, spokesperson for the “6,000 Sardines” movement told ANSA.

    Campaigners are hopeful that they can use the momentum of the protests around the world and anger at institutional racism to change politicians’ minds and bring citizenship laws into the 21st century. On Facebook on June 9, Italians without citizenship posted pictures from the latest demonstration in Rome, where Italian-Haitian anti-racism campaigner Stella Jean called for a change to the current citizenship laws. Jean told ANSA: “I’m speaking today because it is no longer possible to remain silent. I don’t want my own children to be subject to the threats I received as a girl. Everyone merits citizenship.”

    https://www.infomigrants.net/en/post/25300/i-am-italian-too-how-blacklivesmatter-protests-reignited-the-italian-c
    #citoyenneté #Italie #migrations #naturalisation #nationalité

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  • L’impensé colonial de la #politique_migratoire italienne

    Les sorties du Mouvement Cinq Étoiles, au pouvoir en Italie, contre le #franc_CFA, ont tendu les relations entre Paris et Rome en début d’année. Mais cette polémique, en partie fondée, illustre aussi l’impensé colonial présent dans la politique italienne aujourd’hui – en particulier lors des débats sur l’accueil des migrants.

    Au moment de déchirer un billet de 10 000 francs CFA en direct sur un plateau télé, en janvier dernier (vidéo ci-dessous, à partir de 19 min 16 s), #Alessandro_Di_Battista savait sans doute que son geste franchirait les frontières de l’Italie. Revenu d’un long périple en Amérique latine, ce député, figure du Mouvement Cinq Étoiles (M5S), mettait en scène son retour dans l’arène politique, sur le plateau de l’émission « Quel temps fait-il ? ». Di Battista venait, avec ce geste, de lancer la campagne des européennes de mai.
    https://www.youtube.com/watch?v=X14lSpRSMMM&feature=emb_logo


    « La France, qui imprime, près de Lyon, cette monnaie encore utilisée dans 14 pays africains, […] malmène la souveraineté de ces pays et empêche leur légitime indépendance », lance-t-il. Di Battista cherchait à disputer l’espace politique occupé par Matteo Salvini, chef de la Ligue, en matière de fermeté migratoire : « Tant qu’on n’aura pas déchiré ce billet, qui est une menotte pour les peuples africains, on aura beau parler de ports ouverts ou fermés, les gens continueront à fuir et à mourir en mer. »

    Ce discours n’était pas totalement neuf au sein du M5S. Luigi Di Maio, alors ministre du travail, aujourd’hui ministre des affaires étrangères, avait développé à peu près le même argumentaire sur l’immigration, lors d’un meeting dans les Abruzzes, à l’est de Rome : « Il faut parler des causes. Si des gens partent de l’Afrique aujourd’hui, c’est parce que certains pays européens, la #France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser l’Afrique. L’UE devrait sanctionner ces pays, comme la France, qui appauvrissent les États africains et poussent les populations au départ. La place des Africains est en Afrique, pas au fond de la Méditerranée. »

    À l’époque, cette rhétorique permettait au M5S de creuser sa différence avec la Ligue sur le dossier, alors que Matteo Salvini fermait les ports italiens aux bateaux de migrants. Mais cette stratégie a fait long feu, pour des raisons diplomatiques. Celle qui était alors ministre des affaires européennes à Paris, Nathalie Loiseau, a convoqué l’ambassadrice italienne en France pour dénoncer des « déclarations inacceptables et inutiles ». L’ambassadeur français à Rome a quant à lui été rappelé à Paris, une semaine plus tard – en réaction à une rencontre de dirigeants du M5S avec des « gilets jaunes » français.

    En Italie, cet épisode a laissé des traces, à l’instar d’un post publié sur Facebook, le 5 juillet dernier, par le sous-secrétaire aux affaires étrangères M5S Manlio Di Stefano. À l’issue d’une rencontre entre Giuseppe Conte, premier ministre italien, et Vladimir Poutine, il écrit : « L’Italie est capable et doit être le protagoniste d’une nouvelle ère de #multilatéralisme, sincère et concret. Nous le pouvons, car nous n’avons pas de #squelettes_dans_le_placard. Nous n’avons pas de #tradition_coloniale. Nous n’avons largué de bombes sur personne. Nous n’avons mis la corde au cou d’aucune économie. »

    Ces affirmations sont fausses. Non seulement l’Italie a mené plusieurs #guerres_coloniales, jusqu’à employer des #armes_chimiques – en #Éthiopie de 1935 à 1936, dans des circonstances longtemps restées secrètes –, mais elle a aussi été l’un des premiers pays à recourir aux bombardements, dans une guerre coloniale – la guerre italo-turque de 1911, menée en Libye. Dans la première moitié du XXe siècle, l’Italie fut à la tête d’un empire colonial qui englobait des territoires comme la Somalie, la Libye, certaines portions du Kenya ou encore l’Éthiopie.

    Cette sortie erronée du sous-secrétaire d’État italien a au moins un mérite : elle illustre à merveille l’impensé colonial présent dans la politique italienne contemporaine. C’est notamment ce qu’affirment plusieurs intellectuels engagés, à l’instar de l’écrivaine et universitaire romaine de 45 ans #Igiaba_Scego. Issue d’une famille somalienne, elle a placé la #question_coloniale au cœur de son activité littéraire (et notamment de son roman Adua). Dans une tribune publiée par Le Monde le 3 février, elle critique sans ménagement l’#hypocrisie de ceux qui parlent du « #colonialisme_des_autres ».

    À ses yeux, la polémique sur le franc CFA a soulevé la question de l’effacement de l’histoire coloniale en cours en Italie : « Au début, j’étais frappée par le fait de voir que personne n’avait la #mémoire du colonialisme. À l’#école, on n’en parlait pas. C’est ma génération tout entière, et pas seulement les Afro-descendants, qui a commencé à poser des questions », avance-t-elle à Mediapart.

    Elle explique ce phénomène par la manière dont s’est opéré le retour à la démocratie, après la Seconde Guerre mondiale : #fascisme et entreprise coloniale ont été associés, pour mieux être passés sous #silence par la suite. Sauf que tout refoulé finit par remonter à la surface, en particulier quand l’actualité le rappelle : « Aujourd’hui, le corps du migrant a remplacé le corps du sujet colonial dans les #imaginaires. » « Les migrations contemporaines rappellent l’urgence de connaître la période coloniale », estime Scego.

    Alors que le monde politique traditionnel italien évite ce sujet délicat, la question est sur la table depuis une dizaine d’années, du côté de la gauche radicale. Le mérite revient surtout à un groupe d’écrivains qui s’est formé au début des années 2000 sous le nom collectif de Wu Ming (qui signifie tout à la fois « cinq noms » et « sans nom » en mandarin).

    Sous un autre nom, emprunté à un footballeur anglais des années 1980, Luther Blissett, ils avaient déjà publié collectivement un texte, L’Œil de Carafa (Seuil, 2001). Ils animent aujourd’hui le blog d’actualité politico-culturelle Giap. « On parle tous les jours des migrants africains sans que personne se souvienne du rapport historique de l’Italie à des pays comme l’Érythrée, la Somalie, l’Éthiopie ou la Libye », avance Giovanni Cattabriga, 45 ans, alias Wu Ming 2, qui est notamment le co-auteur en 2013 de Timira, roman métisse, une tentative de « créoliser la résistance italienne » à Mussolini.

    Dans le sillage des travaux du grand historien critique du colonialisme italien Angelo Del Boca, les Wu Ming ont ouvert un chantier de contre-narration historique qui cible le racisme inhérent à la culture italienne (dont certains textes sont traduits en français aux éditions Métailié). Leur angle d’attaque : le mythe d’une Italie au visage bienveillant, avec une histoire coloniale qui ne serait que marginale. Tout au contraire, rappelle Cattabriga, « les fondements du colonialisme italien ont été posés très rapidement après l’unification du pays, en 1869, soit huit ans à peine après la création du premier royaume d’Italie, et avant l’annexion de Rome en 1870 ».

    La construction nationale et l’entreprise coloniale se sont développées en parallèle. « Une partie de l’identité italienne s’est définie à travers l’entreprise coloniale, dans le miroir de la propagande et du racisme que celle-ci véhiculait », insiste Cattabriga. Bref, si l’on se souvient de la formule du patriote Massimo D’Azeglio, ancien premier ministre du royaume de Sardaigne et acteur majeur de l’unification italienne qui avait déclaré en 1861 que « l’Italie est faite, il faut faire les Italiens », on pourrait ajouter que les Italiens ont aussi été « faits » grâce au colonialisme, malgré les non-dits de l’histoire officielle.
    « La gauche nous a abandonnés »

    Au terme de refoulé, Cattabriga préfère celui d’oubli : « D’un point de vue psychanalytique, le refoulé se base sur une honte, un sentiment de culpabilité non résolu. Il n’y a aucune trace de ce sentiment dans l’histoire politique italienne. » À en croire cet historien, l’oubli colonial italien deviendrait la pièce fondamentale d’une architecture victimaire qui sert à justifier une politique de clôture face aux étrangers.

    « Jouer les victimes, cela fait partie de la construction nationale. Notre hymne dit : “Noi fummo da sempre calpesti e derisi, perché siam divisi” [“Nous avons toujours été piétinés et bafoués, puisque nous sommes divisés” – ndlr]. Aujourd’hui, le discours dominant présente les Italiens comme des victimes des migrations pour lesquelles ils n’ont aucune responsabilité. Cette victimisation ne pourrait fonctionner si les souvenirs de la violence du colonialisme restaient vifs. »

    Un mécanisme identique serait à l’œuvre dans la polémique sur le franc CFA : « On stigmatise la politique néocoloniale française en soulignant son caractère militaire, à quoi on oppose un prétendu “style italien” basé sur la coopération et l’aide à l’Afrique. Mais on se garde bien de dire que l’Italie détient des intérêts néocoloniaux concurrents de ceux des Français », insiste Cattabriga.

    L’historien Michele Colucci, auteur d’une récente Histoire de l’immigration étrangère en Italie, est sur la même ligne. Pour lui, « l’idée selon laquelle l’Italie serait un pays d’immigration récente est pratique, parce qu’elle évite de reconnaître la réalité des migrations, un phénomène de longue date en Italie ». Prenons le cas des Érythréens qui fuient aujourd’hui un régime autoritaire. Selon les chiffres des Nations unies et du ministère italien de l’intérieur, ils représentaient environ 14 % des 23 000 débarqués en Italie en 2018, soit 3 300 personnes. Ils ne formaient l’année précédente que 6 % des 119 000 arrivés. De 2015 à 2016, ils constituaient la deuxième nationalité, derrière le Nigeria, où l’ENI, le géant italien du gaz et du pétrole, opère depuis 1962.

    « Les migrations de Somalie, d’Éthiopie et d’Érythrée vers l’Italie ont commencé pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles se sont intensifiées au moment de la décolonisation des années 1950 [la Somalie est placée sous tutelle italienne par l’ONU de 1950 à 1960, après la fin de l’occupation britannique – ndlr]. Cela suffit à faire de l’Italie une nation postcoloniale. » Même si elle refuse de le reconnaître.

    Les stéréotypes coloniaux ont la peau dure. Selon Giovanni Cattabriga, alias Wu Ming 2, « [ses collègues et lui ont] contribué à sensibiliser une partie de la gauche antiraciste, mais [il n’a] pas l’impression que, globalement, [ils soient] parvenus à freiner les manifestations de racisme » : « Je dirais tout au plus que nous avons donné aux antiracistes un outil d’analyse. »

    Igiaba Scego identifie un obstacle plus profond. « Le problème, affirme-t-elle, est qu’en Italie, les Afro-descendants ne font pas partie du milieu intellectuel. Nous sommes toujours considérés un phénomène bizarre : l’école, l’université, les rédactions des journaux sont des lieux totalement “blancs”. Sans parler de la classe politique, avec ses visages si pâles qu’ils semblent peints. »

    Ce constat sur la « blanchitude » des lieux de pouvoir italiens est une rengaine dans les milieux militants et antiracistes. L’activiste Filippo Miraglia, trait d’union entre les mondes politique et associatif, en est convaincu : « Malgré les plus de cinq millions de résidents étrangers présents depuis désormais 30 ans, nous souffrons de l’absence d’un rôle de premier plan de personnes d’origine étrangère dans la politique italienne, dans la revendication de droits. À mon avis, c’est l’une des raisons des défaites des vingt dernières années. »

    Miraglia, qui fut président du réseau ARCI (l’association de promotion sociale de la gauche antifasciste fondée en 1957, une des plus influentes dans les pays) entre 2014 et 2017 (il en est actuellement le chef du département immigration) et s’était présenté aux législatives de 2018 sur les listes de Libres et égaux (à gauche du Parti démocrate), accepte une part d’autocritique : « Dans les années 1990, les syndicats et les associations ont misé sur des cadres d’origine étrangère. Mais ce n’était que de la cooptation de personnes, sans véritable ancrage sur le terrain. Ces gens sont vite tombés dans l’oubli. Certains d’entre eux ont même connu le chômage, renforçant la frustration des communautés d’origine. »

    L’impasse des organisations antiracistes n’est pas sans rapport avec la crise plus globale des gauches dans le pays. C’est pourquoi, face à cette réalité, les solutions les plus intéressantes s’inventent sans doute en dehors des organisations traditionnelles. C’est le cas du mouvement des Italiens de deuxième génération, ou « G2 », qui réunit les enfants d’immigrés, la plupart nés en Italie, mais pour qui l’accès à la citoyenneté italienne reste compliqué.

    De 2005 à 2017, ces jeunes ont porté un mouvement social. Celui-ci exigeait une réforme de la loi sur la nationalité italienne qui aurait permis d’accorder ce statut à environ 800 000 enfants dans le pays. La loi visait à introduire un droit du sol, sous certaines conditions (entre autres, la présence d’un des parents sur le territoire depuis cinq ans ou encore l’obligation d’avoir accompli un cycle scolaire complet en Italie).

    Ce mouvement était parvenu à imposer le débat à la Chambre basse en 2017, sous le gouvernement de Matteo Renzi, mais il perdit le soutien du même Parti démocrate au Sénat. « La gauche a commis une grave erreur en rejetant cette loi, estime Igiaba Scego, qui s’était investie dans la campagne. Cette réforme était encore insuffisante, mais on se disait que c’était mieux que rien. La gauche nous a abandonnés, y compris celle qui n’est pas représentée au Parlement. Nous étions seuls à manifester : des immigrés et des enfants d’immigrés. Il y avait de rares associations, quelques intellectuels et un grand vide politique. À mon avis, c’est là que l’essor de Matteo Salvini [le chef de la Ligue, extrême droite – ndlr] a commencé. »

    Certains, tout de même, veulent rester optimistes, à l’instar de l’historien Michele Colucci qui signale dans son ouvrage le rôle croissant joué par les étrangers dans les luttes du travail, notamment dans les secteurs de l’agriculture : « Si la réforme de la nationalité a fait l’objet de discussions au sein du Parlement italien, c’est uniquement grâce à l’organisation d’un groupe de personnes de deuxième génération d’immigrés. Ce mouvement a évolué de manière indépendante des partis politiques et a fait émerger un nouvel agenda. C’est une leçon importante à retenir. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/241219/l-impense-colonial-de-la-politique-migratoire-italienne?onglet=full
    #colonialisme #Italie #impensé_colonial #colonisation #histoire #migrations #causes_profondes #push-factors #facteurs_push #Ethiopie #bombardements #guerre_coloniale #Libye #histoire #histoire_coloniale #empire_colonial #Somalie #Kenya #Wu_Ming #Luther_Blissett #littérature #Luther_Blissett #contre-récit #contre-narration #nationalisme #construction_nationale #identité #identité_italienne #racisme #oubli #refoulement #propagande #culpabilité #honte #oubli_colonial #victimes #victimisation #violence #néocolonialisme #stéréotypes_coloniaux #blanchitude #invisibilisation #G2 #naturalisation #nationalité #droit_du_sol #gauche #loi_sur_la_nationalité #livre

    –—
    Mouvement #seconde_generazioni (G2) :

    La Rete G2 - Seconde Generazioni nasce nel 2005. E’ un’organizzazione nazionale apartitica fondata da figli di immigrati e rifugiati nati e/o cresciuti in Italia. Chi fa parte della Rete G2 si autodefinisce come “figlio di immigrato” e non come “immigrato”: i nati in Italia non hanno compiuto alcuna migrazione; chi è nato all’estero, ma cresciuto in Italia, non è emigrato volontariamente, ma è stato portato qui da genitori o altri parenti. Oggi Rete G2 è un network di “cittadini del mondo”, originari di Asia, Africa, Europa e America Latina, che lavorano insieme su due punti fondamentali: i diritti negati alle seconde generazioni senza cittadinanza italiana e l’identità come incontro di più culture.

    https://www.secondegenerazioni.it

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  • Notes anthropologiques (L)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-L

    Traité sur l’apparence (V)
    La science comme idéologie : le naturalisme

    Je constate qu’il existe deux sortes d’idéologie, une idéologie tapageuse et qui attire l’attention et une idéologie bien plus insidieuse, moins visible et dont le domaine et la sphère d’influence échappent le plus souvent à la conscience. Je pourrai presque dire qu’il s’agit d’une idéologie subliminale. Alors que la première idéologie ou propagande se trouve directement liée au politique et, dans une large mesure, à l’État, la seconde idéologie suinte du mode de vie que nous connaissons et de l’importance qu’il est en passe d’acquérir. La première idéologie ne conduit pas à une cosmovision, la seconde par contre, qui épouse et travaille l’être en profondeur, finit par déboucher sur l’évidence d’une cosmovision. L’idéologie est trompeuse, comme un train peut en cacher un autre, l’idéologie sous son aspect fracassant et tambourinant en cache une autre plus insidieuse.

    L’idéologie bourgeoise faisant l’éloge de l’activité capitaliste et marchande cache une idéologie plus sournoise, celle de la nature opposée à la culture, faisant l’éloge de la pensée dite objective opposée à l’émotion ou pensée subjective. (...)

    #anthropologie #naturalisme #apparence #idéologie #cosmovision #religion #magie #Asie_Mineure #Mexique #zapatistes #marxisme

  • Le virus n’est pas une vengeance - Perspectives Printanières
    https://perspectives-printanieres.info/index.php/2020/03/30/le-virus-nest-pas-une-vengeance

    Laisser la détermination des « activités essentielles à la nation » à la discrétion du patronat est dès lors criminel : des gens mourront à cause de l’entêtement du gouvernement à « sauver » l’économie au détriment de la bonne gestion sanitaire de l’épidémie.

    Considérer que l’épidémie serait « méritée » car simple « vengeance de la Nature » est donc une déresponsabilisation (qui ne dit pas son nom) des classes dominantes, responsables de la trajectoire écocidaire qui crée de plus en plus d’épidémies, et de leur gestion criminelle qu’elles mettent en oeuvre

    d’un côté, il est dit que la « Nature » se venge en envoyant un virus contre les humain-es, mais de l’autre, maintenant que ceux-ci ne la détruisent plus, la « Nature » renaît. Dans le premier cas, elle est hostile, dans le second, bienveillante, comme si elle était dotée d’une conscience ou d’une personnalité, qui expliqueraient ses changements d’humeur. L’analyse de tels discours n’est pas une nouveauté induite par la pandémie actuelle : entre les écologistes anglophones, notamment en Amérique du Nord, les débats sur ces conceptions de la « Nature » (ou « nature »[36]) ont été et sont toujours extrêmement vifs[37]. L’écologie politique francophone a dans l’ensemble plutôt évité ce type de discussion[38]. Toutefois, le danger de l’importation en politique de la « Nature » fut bien perçu, générant des projets philosophiques assez divergents pour en sortir[39]. Cet héritage intellectuel informe sur les raisons pour lesquelles la thèse de l’épidémie comme « vengeance de la Nature » séduit bien au-delà de sa version commune. La multiplication des mauvaises tribunes annonçant sauvagement le retour de la « Nature »[40] ou de « Gaïa »[41] en témoigne. La réduction de telles romantisations[42] de l’épidémie à un privilège de classe est séduisante, mais elle ne suffit pas pour saisir d’où viennent de tels positionnements.

    Alors que l’histoire environnementale se concentre en grande partie sur les sociétés modernes, l’anthropologie de l’environnement s’appuie quant à elle beaucoup plus[50] sur l’ethnographie de sociétés non-modernes, qui sont restées ou se sont tenues à l’écart du monde moderne et de la séparation nature/société qui fondent ses structures sociales. Cette dimension comparative a permis de caractériser le dualisme comme spécificité de la pensée occidentale, puisque l’on ne retrouve absolument pas ce partage dans une multitude de sociétés non-occidentales. Partant de là, l’anthropologie de la nature critique sud-américaine s’est lancée dans un programme décolonial à la croisée de la recherche et de l’activisme politique[51]. L’objectif de départ est très clair : réhabiliter les manières d’être et d’agir autochtones – que l’on appellera « ontologie »[*] – face au projet scientifique rationaliste de l’anthropologie occidentale dominante. Ce « tournant ontologique » pris rapidement une grande importance dans la pensée écologique, et plus largement, politique.

    Gaïa comme être éternel est « difficile à manier »[56] puisque les difficultés inhérentes à l’attribution d’une agentivité à des êtres non-humains se trouvent amplifiées lorsqu’il s’agit de la planète Terre toute entière. Au départ, cette opération se veut subversive car elle offre la possibilité de sortir du cadrage naturaliste-capitaliste faisant de la « nature » un ensemble inanimé, intégralement manipulable par les humain-es. Mais cette sortie peut prendre deux formes, presque opposées.
    La première reste très pragmatique : elle se contente de pointer les implications politiques du naturalisme, sans prôner une autre ontologie existante en particulier[57]. Cette base s’articule facilement aux travaux sur la monétarisation de la nature[58], qui explicitent la façon dont la promotion des services écosystémiques comme outil de protection des écosystèmes promue par les écologues s’est progressivement transformée en nouvelle conquête du capitalisme financier[59]. La seconde sortie possible assume son orientation métaphysique en associant le naturalisme à un « désenchantement du monde », amenant de fait l’idée qu’en sortir passe par un « réenchantement » de ce même monde – ou d’autres mondes. Si l’on croirait retrouver presque terme pour terme la critique que fait Max Weber de la rationalisation capitaliste moderne par le progrès scientifique[60], le « désenchantement » a ici pour fonction principale de justifier le parti-pris métaphysique du « réenchantement ». En apparence, ses implications méthodologiques semblent assez proches de la remise en cause « pragmatique » du naturalisme brièvement décrite précédemment : il s’agit d’accorder une agentivité sociale aux non-humains, ce qui équivaut à une reconnaissance de leur enrôlement par les humain-es dans le monde social. D’une certaine manière, il s’agit là d’une re-matérialisation – ou d’une nouvelle « terrestrialisation »[61] – de la pensée politique moderne, programme que l’on ne peut que souhaiter accompagner. Mais le projet de « réenchantement » ne s’arrête pas là puisqu’il transpose l’agentivité accordée aux autres vivants sur un plan spirituel, inspiré des ontologies non-naturalistes – notamment animistes. Soudainement, des gens pour qui les animaux non-humains n’étaient même pas dotés d’une conscience se mettraient à dialoguer avec eux. L’effet artistique est garanti, mais l’apport politique reste à prouver : faut-il (et si oui comment) convaincre massivement que la résolution de la crise écologique passe par le fait de parler avec son chien ou de « soigner » les arbres ? Ces récupérations simplistes se multiplient dernièrement.

    C’est dans ce contexte théorique complexe mais surtout confus que certain-es en viennent à faire parler le coronavirus, donnant, sous couvert d’expression artistique, dans la déresponsabilisation politique[63].

    Ce « monologue du virus » s’inscrit très clairement dans l’orientation métaphysique prise par le Comité invisible[64]. Il s’agit plutôt de réorientation dans un paysage politique présenté comme absurde, dont la nature romantique résonne étrangement avec le dernier essai de Bruno Latour[65], également engagé depuis plusieurs années dans la reconstruction d’un nouvel édifice métaphysique[66].

    La réhabilitation des ontologies naturalistes est évidemment un projet politique d’une importance fondamentale que les écologistes doivent défendre. Toutefois, que des blanc-hes diplomé-es se revendiquent animistes du jour au lendemain pose plusieurs problèmes. Le plus évident se trouve dans l’adoption immédiate d’une ontologie non-moderne alors qu’elle n’est connue que par l’intermédiaire d’outils analytiques typiquement modernes – voire coloniaux. Ce n’est pas rendre justice aux sociétés desquelles ces ontologies émanent que de s’en revendiquer, puisqu’en plus de passer outre toute la réflexion sur la situation d’un point de vue, toute la longue histoire de l’ontologie adoptée n’est pas connue, rendant son appropriation extrêmement parcellaire. Le second problème découle inévitablement du premier, puisque cette sortie-remplacement du naturalisme est aussi empreinte d’anhistoricité.

    Si l’ensemble des structures sociales, politiques mais aussi culturelles modernes reposent effectivement sur une base naturaliste, les conversions individuelles, même agrégées, ne suffiront pas à les renverser. Le troisième problème découle des deux premiers, presque comme une synthèse : les réflexions politiques contemporaines sont un produit de la modernité, même si elles contestent cette dernière. Cet état de fait est absolument indépassable, chercher à l’annuler est a minima une perte de temps. Mais gâcher son temps n’est pas un problème quand on a le luxe de quitter la ville selon des motifs politiques, pour adopter un mode de vie néo-rural éloigné des conditions matérielles d’existence des populations rurales traditionnelles. À force de se rêver non-moderne, les soucis des subalternes du monde moderne (tant dénoncé) sont oubliés. Dans le meilleur des cas, cet oubli est involontaire, simple fruit de l’éloignement réflexif inévitable lors de la recherche d’un autre rapport à la Terre. Mais cet oubli peut aussi être stratégique, en ciblant indistinctement tou-tes celleux, dominant-es ou dominé-es, qui participent à ce monde moderne jugé « pourri » – repensons à la théorie du Bloom comme critique de l’abrutissement des subalternes[70]. Quelle que soit sa source, cet « oubli » se concrétise dans cet « abject monologue du virus »[71]. Les principales victimes de la pandémie sont déjà et seront encore les plus vulnérables d’entre nous – il faut le rappeler : l’épidémie n’est pas « méritée ».

    Tout le monde n’a pas le luxe de se dégager du temps pour créer un éco-village pour s’y mettre en retrait de la ville décadente[72] jugée symptomatique d’une société cynique[73] – surtout si ce retrait se fait dans une communauté affinitaire socialement et idéologique homogène, autant de conditions que seule une bonne place dans la hiérarchie sociale permet de réunir. Considérer ce virus comme un « accusateur » venu renverser une société jugée mauvaise passe à côté du fait qu’il est davantage un « révélateur » et « aggravateur » des inégalités sociales qui s’y expriment[74]. Le virus, enfin l’auteur – bien humain – de ce monologue, nous intime même de faire « attention » – à notre environnement au sens larges du terme. Pourtant lui ne fait attention à rien : ni aux nécessaires solidarités qui doivent se renforcer face à l’épidémie, ni à celleux que son discours global contre le monde moderne condamne.

    Ce monologue du virus n’est donc pas seulement philosophiquement maladroit ou politiquement abject comme une première lecture peut le laisser penser : il est proprement dangereux.

    Lors de ce qui semble être sa première apparition en 1980, l’écofascisme désigne « un régime totalitaire de gauche [ou] de droite sous la pression de la nécessité » d’une action écologique forte[77]. Dans cette confusion, trois caractéristiques principales semblent apparaître :

    (1) L’écofascisme comme soumission à une « Nature » éternelle voire à un « ordre naturel » qui nous dépasse en tant qu’êtres humains.

    (2) L’écofascisme comme promotion de la mort en nombre d’êtres humains pour des motifs écologiques.

    (3) L’écofascisme comme régime antidémocratique imposé pour répondre à la crise écologique.

    L’écofascisme n’est donc pas seulement une opposition à la démocratie pour des raisons écologiques[83], mais s’adosse à des propositions théoriques essentialistes bien plus larges.

    L’on voit bien que les différentes facettes de l’écofascisme communiquent et se nourrissent les unes les autres : l’autoritarisme écologique bénéficie de l’installation de la « Nature » comme force implacable[87]. L’amertume est donc grande quand certain-es s’autorisent à signer des tribunes prônant la solidarité alors qu’ils installent dans l’espace public des idées menant tout droit à l’écofascisme[88].

    L’argumentaire essentialiste d’une « vengeance de la Nature » participe d’une façon plus concrète encore à la promotion d’un régime autoritaire. Sa dimension mystique s’articule très bien avec la gestion répressive de l’épidémie par de nombreuses « démocraties ». Ces dernières, notamment en Europe occidentale, semblent incapables d’apporter une réponse démocratique à la propagation du coronavirus[89]. Cet aveu de faiblesse est doublement tragique.

    Des moyens financiers et discursifs importants sont déployés pour « sauver l’économie » de la pandémie : le contraste avec les moyens dont disposent les services de santé pour « sauver les gens » est cruellement saisissant[91]. Les terribles difficultés des démocraties occidentales pour endiguer la pandémie ont pour effet indirect de présenter la Chine comme le pays ayant le mieux géré la crise sanitaire sur son sol – malgré les risques d’accélération de l’épidémie inhérents à son importante population. Le confinement strict imposé par Pékin est ainsi vidé de sa substance autoritaire pour que ne soit retenue que son efficacité sanitaire[92] : s’attarder sur le caractère démocratique ou dictatorial du confinement ne serait que source de plus de mort-es. La supposée « réussite » de la Chine légitime sa nouvelle position géopolitique : d’un côté, l’autoritaire « modèle chinois » de gestion de l’épidémie semble être pour beaucoup la seule solution[93], de l’autre, l’assistance du gouvernement chinois aux pays en pleine crise sanitaire rend ces derniers dépendants d’une aide extérieure[94]. Qu’un régime dictatorial semble être plus à même de gérer l’épidémie que de nombreux régimes démocratiques, alors même qu’ils se réfugient dans des mesures autoritaires, finit de faire tomber la distinction sacrée entre dictature et démocratie qu’entretiennent les seconds[95].

    Ce qu’il faut retenir de l’épidémie, c’est qu’elle n’est pas une « vengeance de la Nature » qui viendrait changer le monde à notre place. Mais se lancer sérieusement dans la construction d’une société écologique est autrement plus difficile que de se défausser vers des raisonnements simplistes conduisant à l’écofascisme. Pandémie ou non, nous ne pouvons compter que sur la solidarité[118].

    #écologie #écofascisme #nature #naturalisme @rastapopoulos @ktche @tranbert

    • La liste des groupes sociaux n’ayant pas mérité que leur situation se complique est si longue qu’elle rend d’autant plus insupportable la lecture de l’épidémie comme « vengeance de la Nature ».

      […]

      Toutefois, que des blanc-hes diplomé-es se revendiquent animistes du jour au lendemain pose plusieurs problèmes. Le plus évident se trouve dans l’adoption immédiate d’une ontologie non-moderne alors qu’elle n’est connue que par l’intermédiaire d’outils analytiques typiquement modernes – voire coloniaux. Ce n’est pas rendre justice aux sociétés desquelles ces ontologies émanent que de s’en revendiquer, puisqu’en plus de passer outre toute la réflexion sur la situation d’un point de vue, toute la longue histoire de l’ontologie adoptée n’est pas connue, rendant son appropriation extrêmement parcellaire. Le second problème découle inévitablement du premier, puisque cette sortie-remplacement du naturalisme est aussi empreinte d’anhistoricité. Si l’Occident est bien naturaliste depuis près de 5 siècles[69], se revendiquer (voire pratiquer) individuellement d’une autre ontologie n’annule pas cette riche histoire, indépendamment de ce que l’on pense de celle-ci d’ailleurs. Si l’ensemble des structures sociales, politiques mais aussi culturelles modernes reposent effectivement sur une base naturaliste, les conversions individuelles, même agrégées, ne suffiront pas à les renverser. Le troisième problème découle des deux premiers, presque comme une synthèse : les réflexions politiques contemporaines sont un produit de la modernité, même si elles contestent cette dernière. Cet état de fait est absolument indépassable, chercher à l’annuler est a minima une perte de temps.

    • La révolution culturelle nazie - Johann Chapoutot
      https://www.youtube.com/watch?v=Lfe5shsp4Hw

      Pour les nazis, la « culture » était à l’origine la simple transcription de la nature : on révérait les arbres et les cours d’eau, on s’accouplait, se nourrissait et se battait comme tous les autres animaux, on défendait sa horde et elle seule. La dénaturation est intervenue quand les Sémites se sont installés en Grèce, quand l’évangélisation a introduit le judéo-christianisme, puis quand la Révolution française a parachevé ces constructions idéologiques absurdes (égalité, compassion, abstraction du droit...).

      Pour sauver la race nordique-germanique, il fallait opérer une « révolution culturelle », retrouver le mode d’être des Anciens et faire à nouveau coïncider culture et nature. C’est en refondant ainsi le droit et la morale que l’homme germanique a cru pouvoir agir conformément à ce que commandait sa survie. Grâce à la réécriture du droit et de la morale, il devenait légal et moral de frapper et de tuer.

      En approfondissant des points particuliers, comme la lecture du stoïcisme et de Platon sous le IIIe Reich, l’usage de Kant et de son impératif catégorique ou la réception en Allemagne du droit romain, Johann Chapoutot montrera comment s’est opérée
      la réécriture de l’histoire de l’Occident et par quels canaux de telles idées sont parvenues aux acteurs des crimes nazis.

      Cette conférence accompagne les expositions « Un dictateur en images. Photographies de Heinrich Hoffmann » et « Regards sur les ghettos. Photographies de propagande allemande et des photographes juifs des ghettos d’Europe orientale (octobre 1939 –
      août 1944) » qui se tiendront au Pavillon Populaire du 27 juin au 16 septembre 2018.
      Commissariat : Alain Sayag et Sophie Nagiscarde.

      Johann Chapoutot est professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris III Sorbonne-Nouvelle et membre de l’Institut universitaire de France. Spécialiste d’histoire politique et culturelle, il explore depuis sa thèse de doctorat la question de l’usage de l’histoire, de la philosophie et du droit par l’idéologie nazie.

      #naturalisme #darwinisme_sociale

    • Johann Chapoutot : Peut-on faire l’histoire du nazisme ? - Conférence PSL
      https://www.youtube.com/watch?v=O98BFcvFoAw

      Conférence PSL CPES, le 1er octobre 2015.

      Johann Chapoutot est un historien et professeur à l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV), spécialiste du nazisme et de l’histoire de l’Allemagne contemporaine.

      Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont « Le national-socialisme et l’Antiquité » (2008), « Le meurtre de Weimar » (2010), « La Loi du sang. Penser et agir en nazi » (2014) et « La Révolution culturelle nazie » (2017).

  • « Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle »

    Par Agnès Sinaï, Pablo Servigne, Yves Cochet

    Le Monde du 23 juillet 2019.

    Vivre avec la fin du monde 1/6.
    Trois membres de l’Institut Momentum appellent à assumer l’effondrement systémique global qui vient pour préparer l’avènement d’une société « résiliente ».

    La fin de notre monde est proche. Une ou deux décennies, tout au plus. Cette certitude qui nous habite désormais, et qui a bouleversé nos croyances et nos comportements, est le résultat d’observations scientifiques nombreuses et variées sur l’évolution du système Terre, mais aussi de l’expression de caractéristiques banales de l’espèce humaine lorsqu’un événement extraordinaire s’annonce.
    Depuis une trentaine d’années, les études et les rapports scientifiques ne cessent d’augmenter la plausibilité d’un seuil climatique planétaire qui fera basculer le système Terre dans un état inconnu, nanti de températures moyennes plus hautes que depuis un million d’années. La probabilité d’un tel futur proche est aujourd’hui plus élevée que celle de tout autre scénario prospectif.
    Ce n’est plus une question de « si », c’est une question de « quand ». En examinant les centaines de travaux afférents, depuis le premier rapport du Club de Rome – Les Limites à la croissance – en 1972, jusqu’au récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) – « Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C » –, en octobre 2018, on peut estimer la date de passage de ce seuil planétaire entre 2020 et 2040.
    Trajectoire chaotique
    Ce seuil critique global est la conséquence de multiples boucles de rétroaction autorenforçantes entre éléments du système Terre, dévasté par un siècle de libéral-productivisme. Ainsi, pour le seul cycle du carbone, la fonte du permafrost sibérien, l’affaiblissement du pouvoir de séquestration du carbone par les terres et les océans, la déforestation de l’Amazonie et celle des forêts boréales constituent des boucles de rétroaction qui accélèrent le dérèglement climatique.
    Ces rétroactions s’étendent à tous les sous-systèmes de la Terre, intensifiant ainsi l’érosion de la biodiversité, et réciproquement. Cette trajectoire chaotique du système Terre conduit les sociétés humaines vers un effondrement systémique global : passé ce seuil de bascule, le chaos sera tel qu’aucun Etat ne sera plus capable de faire respecter la loi, de contrôler les armes, de lever des impôts.
    Cependant, ce basculement n’est que la composante objective de l’effondrement. Deux caractéristiques cognitives de l’espèce humaine transforment la plausibilité géobiophysique de l’effondrement en une certitude politique. La première s’énonce comme suit : l’immensité (c’est-à-dire l’imminence et l’ampleur) de la catastrophe « éco-anthropologique » est telle qu’elle excède nos capacités de compréhension, aussi bien de perception que d’imagination. Elle est irreprésentable, démesurée, supraliminaire, comme dit le philosophe Günther Anders. La seconde relève de la spécularité des croyances et des comportements : une personne informée de l’effondrement rapproché ne se demande pas si elle veut changer sa vie – c’est-à-dire diminuer drastiquement son empreinte écologique –, mais seulement si elle le ferait au cas où un certain nombre d’autres le feraient aussi.
    Ainsi, l’effondrement est inévitable non parce que la connaissance scientifique de son advenue est trop incertaine, mais parce que la psychologie sociale qui habite les humains ne leur permettra probablement pas de prendre les bonnes décisions, au bon moment. Il existe souvent plusieurs manières de résoudre un problème local ou circonscrit, mais affronter tous les problèmes ensemble et globalement rend le coût d’éventuelles solutions si élevé que seul le déni s’avère être la réponse adaptée. C’est ce déni de masse qui garantit que l’effondrement est certain.
    Stress prétraumatique
    De nombreuses populations subissent déjà les conséquences des catastrophes globales, des dérèglements écosystémiques et des pollutions diverses. Les classes sociales vulnérables et les pays pauvres (et on ne parle même pas des organismes non humains) subissent déjà des traumatismes qui commencent à être connus (stress, dépression, démence, suicides, maladies, etc.) et qui annoncent tout simplement notre avenir psychique à nous, les privilégiés.
    La prédiction même d’une catastrophe peut faire souffrir. On sait que l’annonce de dégradations à venir provoque déjà ce que les psychologues appellent le stress prétraumatique, autrement dit les effets néfastes de la peur du futur. Ainsi sommes-nous confrontés à un dilemme : comment annoncer que la maison brûle — et qu’elle sera détruite — sans faire peur à ses habitants ? Si vous étiez pompiers, que feriez-vous ? Il faut le dire, bien sûr, le crier haut et fort, avec fermeté et bienveillance. Puis, tout en se concentrant sur l’incendie, prendre soin de certains habitants traumatisés, et motiver tout le monde à sauver ce qui doit l’être.
    Prendre soin. Voilà ce qui manque cruellement à notre époque, et cela constitue une bonne partie de la réponse à la question : comment vivre la fin du monde ? Prendre soin de nous-mêmes, des autres, des non-humains. Prendre soin de notre psyché, des émotions que tout ce chaos génère, c’est-à-dire accueillir par l’écoute : tristesse et désespoir, colère et rage, inquiétude et peur. Tous ces affects sont parfaitement normaux. Pire, ils vont s’intensifier ! Il ne s’agit nullement de se complaire dans ces marais émotionnels, mais d’apprendre à les traverser individuellement et collectivement, à les côtoyer, afin de ne pas se laisser emporter, et trouver les ressources pour organiser la suite, pour résister.
    Mais comment résister à la fin du monde ? Ou plutôt, comment faire émerger un autre monde possible à partir de celui-ci ? La première piste est à rechercher du côté de la permaculture en tant que vision du monde et science pragmatique des sols et des paysages. Le néologisme « permaculture » a été forgé en Australie par Bill Mollison et David Holmgren, à partir de la contraction de deux termes : « permanent » et « agriculture », mais aussi « permanent » et « culture ». Depuis la Tasmanie, berceau de leur prise de conscience, ils formulent l’hypothèse d’un effondrement des subsides énergétiques injectés dans le système agro-industriel. Dès lors, la permaculture devient plus qu’une technique agricole : c’est une autre façon de concevoir le monde, un changement philosophique et matériel global. C’est une vision éthique des sociétés futures, qui seront confrontées à l’évolution des régimes énergétique et climatique.
    Aujourd’hui plus que jamais, il s’agit de rejeter les leurres de la croissance verte afin de revenir à une juste mesure en réduisant considérablement notre empreinte sur le monde. Ce qui veut dire mettre en œuvre immédiatement une nouvelle organisation sociale et culturelle, qui valorise la lenteur et enseigne les boucles de rétroactions, les liens de cause à effet, les mutualismes, la complexité. Dans la société permaculturelle, les réseaux ne sont plus invisibilisés, la frontière entre producteur et consommateur s’estompe dans un contexte de simplification progressive des mégasystèmes. Aussi bien par nécessité de résilience (dans la perspective d’un effondrement des sociétés industrielles) que par éthique des ressources, il s’agit de boucler les cycles, de passer d’une économie extractiviste de stocks à une économie renouvelable de flux. Le nouveau paysage permaculturel se veut directement comestible, au plus proche des habitants, qui eux-mêmes deviennent acteurs de ces nouveaux diagrammes alimentaires et énergétiques. Les paysages se déspécialisent, les fonctions se diversifient.
    Il en résulte une deuxième piste d’action, autour de nouvelles formes politiques territoriales ancrées dans le soin des paysages, œuvrant à la résilience des établissements humains face au nouveau régime climatique. Ces nouveaux territoires prennent le nom de « biorégions » et se substituent aux découpages administratifs actuels grâce à un changement général d’échelle et à une politique de décroissance. Les biorégions permettront, avant, pendant et peut-être après l’effondrement, d’organiser des systèmes économiques locaux territoriaux où les habitants, les manufactures et la Terre travailleront en coopération. La dynamique biorégionale stimulera le passage d’un système hyperefficient et centralisé à une organisation forgée par la diminution des besoins de mobilité, la coopération, le ralentissement, composée d’une multitude de dispositifs et de sources d’énergie. La civilisation automobile et l’agriculture intensive n’auront plus leur place dans cette nouvelle configuration. Les biorégions seront les territoires du ressaisissement.
    Des sociétés conviviales et de proximité
    La troisième voie de la résistance est celle d’un imaginaire social libéré des illusions de la croissance verte, du productivisme et de la vitesse, actionnées par les entreprises transnationales. La ville connectée, emblème d’une techno-euphorie totalement hors-sol, laissera la place à des bourgs et des quartiers off the grid (« hors réseau ») autoproducteurs d’énergie. Le nombre de véhicules sera réduit au strict minimum, les flottes seront administrées par les communes (libres !), tandis que les champs redessinés en polyculture pourront être traversés à pied. Des axes végétaux résorberont les infrastructures de la vitesse ainsi que les friches industrielles. Qui dit sociétés résilientes dit sociétés conviviales et de proximité. Aujourd’hui, chaque métropole occidentale requiert pour son fonctionnement une vaste partie de la planète. Demain, il en sera autrement, en raison de l’effondrement inéluctable des grands réseaux et de l’économie mondialisée, sur fond de bouleversements climatiques.
    Voilà trois pistes, mais il y en aura d’autres. Vivre avec la fin du monde passe nécessairement par un constant effort d’imagination pour arriver à dégager de nouveaux horizons, à les inventer, afin de refermer le couvercle du nihilisme, du mal absolu, du « tout est foutu ». Ce chantier politique ne peut être que collectif. Il faut un récit commun pour rester soudés. Certes, le récit de l’effondrement comporte des risques et des écueils, comme tout récit, mais il est puissant et a plusieurs mérites : il évite le catéchisme de la croissance, il réactive une vision cyclique des choses en appelant une renaissance, et surtout il dit que c’est maintenant ou jamais. Il nous rapproche de l’idée de la mort. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que la philosophie nous enseigne depuis des siècles ? Apprendre à bien vivre, c’est apprendre à bien mourir, à prendre conscience de notre statut de mortel, radicalement vulnérable, humble, interdépendant des autres êtres vivants et de notre milieu de vie.

    Agnès Sinaï est journaliste environnementale. Chargée de cours à Sciences Po, elle a fondé l’Institut Momentum en 2011, laboratoire d’idées dont elle a dirigé les trois tomes des Politiques de l’anthropocène (parus aux Presses de Sciences Po).

    Pablo Servigne a une formation d’agronome et d’éthologue. Chercheur « in-terre-dépendant », auteur et conférencier, il est coauteur de plusieurs livres, dont Une autre fin du monde est possible (Seuil, 2018).

    Yves Cochet, militant écologiste depuis quarante ans, a été député de 1997 à 2011, ancien ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement (2001-202) puis député européen jusqu’en 2014. Depuis lors, il préside l’Institut Momentum.

    http://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/22/face-a-l-effondrement-il-faut-mettre-en-uvre-une-nouvelle-organisation-socia

    La phrase qui me paraît la plus remarquable est celle-ci :

    "Ainsi, l’effondrement est inévitable non parce que la connaissance scientifique de son advenue est trop incertaine, mais parce que la psychologie sociale qui habite les humains ne leur permettra probablement pas de prendre les bonnes décisions , au bon moment."

    Voilà une belle manière de naturaliser le #capitalisme ! Les structures de pouvoir, l’État, les entreprises, les institutions, les classes sociales, l’économie, l’industrie et la dynamique du marché capitaliste, etc. tout ça n’existe pas pour nos collapsologues. Non, c’est juste la #nature_humaine qui est responsable du désastre. C’est juste les individus qui ne prennent pas les "bonnes décisions".

    Comme le disait Margaret Thatcher : "la société n’existe pas, il n’y a que des individus qui poursuivent leurs intérêts..." (de mémoire).

    A un tel degré de #bêtise_politique, on peut se demander à quoi et à qui vont servir ces crétins et leurs dupes. Une chose est sûre, certainement pas à l’avènement d’une société émancipée des formes de domination dont ils ne veulent pas voir l’existence ni penser le rôle politique dans le maintien du statu quo ...

    Collapso, collabos ?

    #collapsologie, #naturalisation, #essentialisme, #pseudo-critique.

  • Malgré les #lobbies, un #Parlement_européen utile à l’#écologie
    https://reporterre.net/Malgre-les-lobbies-un-Parlement-europeen-utile-a-l-ecologie

    Que vous vous promeniez dans une zone #Natura_2000 ou que vous achetiez un véhicule moins polluant qu’auparavant, c’est grâce à l’#Union_européenne. Les limites de pollution aux #particules_fines, la protection des cours d’#eau ou de certaines espèces d’#oiseaux, c’est encore l’Europe. « Plus de 80 % des dispositions du Code de l’#environnement viennent de directives ou de règlements européens », souligne l’avocat Arnaud Gossement, spécialiste du sujet.

  • Polémique autour d’un projet de #parc_photovoltaïque sur le #Larzac
    https://www.banquedesterritoires.fr/polemique-autour-dun-projet-de-parc-photovoltaique-sur-le-larza

    Initiative s’inscrivant dans le cadre de la #transition_énergétique ou « projet industriel à objectifs financiers, camouflé sous un vernis environnemental » : la « concertation » autour d’un vaste parc #photovoltaïque sur une zone du sud Larzac, classée #Natura_2000 et #patrimoine_mondial de l’#Unesco, a été lancée ce 16 avril dans la discorde.

    #industrie #énergie

  • Individus sans monde
    http://www.radiopanik.org/emissions/des-singes-en-hiver/individus-sans-monde

    Pour cette troisième émission nous commencerons la tête plongée dans un brouillard hautement toxique, un brouillard mortel tout droit venu nous hanter depuis les années 30 et les usines de la vallée de la Meuse qui l’ont fait naître. Heureusement, Alexis Zimmer sera avec nous pour lever une partie de la brume sur les stratégies discursives qui hier comme aujourd’hui cherchent à naturaliser les phénomènes industriels .

    Alexis Zimmer, biologiste et philosophe, anthropologue des sciences, auteur de "Brouillards toxiques, Vallée de la Meuse, 1930, contre-enquête" aux éditions Zones Sensibles, 2016 ; et de l’article "À la recherche des #microbiotes perdus » paru dans l’ouvrage collectif "Fragmenter le monde" sous la direction de Rafanaell i Orra Josep, paru aux éditions Divergences,2018. (...)

    #naturalisation #brouillard_toxique #pollution_industrielle #singes_en_hiver #naturalisation,brouillard_toxique,pollution_industrielle,microbiotes,singes_en_hiver
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/des-singes-en-hiver/individus-sans-monde_06551__1.mp3

  • Histoire naturelle par Romain Bertrand / Le temps de l’histoire par Ludivine Bantigny

    Deux ouvrages qui pensent, font et écrivent l’histoire autrement. Dans L’œuvre du Temps, publié aux éditions de la Sorbonne, l’historienne Ludivine Bantigny se penche sur un certain nombre de questions qui agitent sa discipline, et au-delà le débat public : l’histoire n’est-elle que la science des faits, du vrai, peut-elle être objective – et partant l’historienne doit-elle être neutre ? Ludivine Bantigny sacrifie de manière très personnelle à un exercice qui a d’illustres prédécesseurs : interroger la fonction et la finalité du métier d’historien. C’est sans doute une question que se pose aussi un autre brillant chercheur de la nouvelle génération : Romain Bertrand vient de publier au Seuil Le Détail du monde. Plongée dans l’histoire des savants, naturalistes, poètes et peintres qui ont su décrire la nature, les plantes, les bêtes et les paysages. Tout ce que nous ne savons plus faire déplore Romain Bertrand qui invite à retrouver une forme plus sensible de connaissance du monde.

    https://www.franceculture.fr/emissions/avis-critique/histoire-naturelle-par-romain-bertrand-le-temps-de-lhistoire-par-ludiv


    #histoire_coloniale #histoire_environnement #plantes #naturaliste #observation

  • Acquisitions de nationalité dans l’UE – Les États membres de l’UE ont octroyé la nationalité à plus de 800 000 personnes en 2017 – Les Marocains, les Albanais et les Indiens en ont été les principaux bénéficiaires

    En 2017, quelque 825 000 personnes ont acquis la nationalité d’un État membre de l’Union européenne (UE), un chiffre en baisse par rapport à 2016 (où il s’établissait à 995 000) et à 2015 (841 000). Si, parmi les personnes devenues citoyens de l’un des États membres de l’UE en 2017, 17% étaient auparavant citoyens d’un autre État membre de l’UE, la majorité était des ressortissants de pays tiers ou des apatrides.


    https://migrationsansfrontieres.com/2019/03/17/acquisitions-de-nationalite-dans-lue-les-etats-membres-de-l
    #Europe #citoyenneté #nationalité #naturalisation #statistiques #chiffres #Eurostat

    v. communiqué Eurostat :
    https://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/9641781/3-06032019-AP-EN.pdf/2236b272-24b1-4b59-ade4-748361331b18

  • La plongée des « collapsologues » dans la régression archaïque – Daniel Tanuro
    http://www.contretemps.eu/critique-collapsologie-regression-archaique

    A l’heure où la jeunesse de différents pays entame des mobilisations de masse face à la catastrophe climatique, se pose de façon d’autant plus urgente la nécessité de débattre des cadres d’analyses et des réponses politiques face à la crise environnementale. Parmi les courants de pensée les plus récents sur le marché éditorial, la collaposologie[1] s’avère être un succès de librairie, en particulier grâce aux livres co-écrits par Pablo Servigne. Ce succès, largement porté par une campagne publicitaire des plus classiques, est-il un bon signe pour les luttes écologiques et sociales ? Ou n’obscurcit-il pas les horizons émancipateurs que de telles luttes sont à même dessiner ?

    « Le regard tourné vers l’avant est d’autant plus pénétrant qu’il est conscient. L’intuition, authentique, se veut nette et précise. Ce n’est que si la raison se met à parler que l’espérance, vierge de toute fraude, recommence à fleurir » (Ernst Bloch)

     

    Dans leur ouvrage Comment tout peut s’effondrer, paru en 2014, Pablo Servigne et Rafaël Stevens créaient le concept de « collapsologie », qu’ils définissaient comme suit :

    « La collapsologie est l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition et sur des travaux scientifiques reconnus ».

    Ce n’était qu’un point de départ. En 2017, Pablo Servigne signait un deuxième ouvrage – L’autre loi de la jungle – avec Gauthier Chapelle. Les auteurs y reprenaient la thèse de l’anarchiste russe Kropotkine qui, dans un essai célèbre, paru en 1902, défendait l’idée – déjà émise par Marx et Engels – que l’évolution des espèces ne résulte pas seulement de la compétition, mais aussi de l’entraide[2]. Enfin, en octobre 2018, le trio Servigne-Chapelle-Stevens signait Une autre fin du monde est possible. Vivre l’effondrement et pas seulement y survivre.

    L’impact de cette trilogie mérite qu’on s’y arrête. Les « collapsologues » jouissent en effet d’une grande renommée, dans des milieux extrêmement différents. D’une part, ils sont fort populaires sur les réseaux sociaux, dans des mouvances alternatives et auprès de nombreux/ses activistes de la mouvance écologique radicale. D’autre part, ils ont été reçus à Bercy et à l’Elysée, invités par les fédérations patronales de Belgique et de Suisse et les plus grands médias mainstream ont amplement commenté leurs écrits. Certains journaux dits « de qualité » ont même été jusqu’à saluer en eux les fondateurs d’une nouvelle discipline scientifique…Qu’est-ce donc qui suscite tant d’intérêt, voire d’engouement ?

    On se concentrera ici sur le dernier livre paru, Une autre fin du monde est possible. Pablo Servigne et ses amis y répondent implicitement à certaines critiques, en ignorent d’autres et approfondissent des thèmes développés précédemment. La grande nouveauté de l’ouvrage est de proposer aux lecteurs de passer de la « collapsologie » à la « collapsosophie », autrement dit de la science de l’effondrement à la philosophie de l’effondrement. On verra que cet exercice ambitieux les entraîne vers des conceptions fort discutables, et même dangereuses.

    #collapsologie #naturalisation_des_rapports_sociaux

    • Eh bé ça va loin là…

      D’emblée, le lecteur est frappé par une contradiction : Servigne, Stevens et Chapelle découvrent l’écoféminisme… mais Une autre fin du monde n’évoque ni la lutte des femmes pour leur émancipation, ni la nécessité d’un mouvement autonome des femmes, ni la place centrale de ce mouvement dans les combats contre la destruction environnementale et sociale. Les auteurs préfèrent développer l’idée que les « archétypes féminin et masculin » sont « des polarités qui ne s’opposent pas ». Estimant que « les hommes souffrent aussi de la blessure secrète du patriarcat », ils plaident pour la « réconciliation hommes-femmes » et nous invitent à pratiquer à cet effet des « rituels initiatiques ».

      C’est là que la « collapsosophie » dérape pour plonger dans la régression archaïque, non seulement en paroles, mais en actes. Question rituels, les auteurs recommandent en effet leurs bonnes adresses : aux lecteurs mâles, ils conseillent de suivre, comme ils l’ont fait eux-mêmes, les week-ends d’initiation du « nouveau guerrier » (New Warrior Training Adventure) organisés par le ManKind Project, dont ils chantent les louanges.

      Ce ManKind Project est un business mis sur pied par trois étasuniens à l’initiative d’un certain Bill Kauth. Pour celui-ci, psychothérapeute jungien, il s’agissait de répondre à la vague féministe des années quatre-vingts. Impressionné par le potentiel émancipateur des groupements féministes, Kauth décida de mettre sur pieds des groupes non mixtes censés permettre aux hommes aussi de se libérer, en retrouvant leurs racines profondes et leur âme de mâles « adultes et sains ». Bref, en assumant leur archétype masculin.

      #anti-féminisme #essentialisme #masculinisme

    • Merci @aude_v !

      #Daniel_Tanuro avait déjà écrit des articles un peu critiques sur ce sujet :

      Une critique de la « collapsologie » : C’est la lutte qui est à l’ordre du jour, pas la résignation endeuillée
      https://www.gaucheanticapitaliste.org/leffondrement-des-societes-humaines-est-il-inevitable-une-cri

      Crise socio-écologique : Pablo Servigne et Rafaël Stevens, ou l’effondrement dans la joie
      http://www.lcr-lagauche.org/pablo-servigne-et-rafael-stevens-ou-leffondrement-dans-la-joie

      Et il y a un article de Pierre Thiesset dans de numéro de mars de La Décroissance qui montre bien comment ces "scientifiques" se font les dupes volontaires et enthousiates de diverses mystoqueries...

    • Ceci dit, chez Adrastia, ils ont même prévu un kit de « résilience » : une sacoche de biffetons bien planquée sous un matelas (et quelques marchandise trocables accumulées en réserve), solutions on ne peut plus efficace pour assurer sa survie en milieu hostile : chacun pour soi et la monnaie pour tous. Mais c’est tellement « bien argumenté », que ces vieux réflexes d’accumulation (en cas de guerre, en cas de crise ou de victoire de la gauche) et bien ça passe crème, enfin chez les CSP++, je suppose. Mais sinon, l’essentiel est de garder sa capacité à « faire société » hein ! ... Un faire société en mode « arnaquez-vous les uns les autres et malheur aux vaincus ». Une somme pour tous les bons petits soldats (guerriers sains, droits et courageux d’avant le patriarcat) du capitalisme productiviste ’globalized’

      http://adrastia.org/plan-damortissement-des-chocs-deffondrement

      Je suis un citoyen lambda, plutôt aisé, ingénieur et entrepreneur, maison, famille nombreuse, les deux pieds dans le système, le bon hamster dans sa roue en fait.

      C’est on ne peut plus clair, non ?

      #la_résilience_sans_peine #darwinisme_social #pourritures #hamster (et fier de l’être)

    • Où l’on découvre un nouveau syndrome dépressif : l’éco-anxiété :
      https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/quand-le-changement-climatique-attaque-la-sante-mentale-et-si-votre-dep

      (et aussi)
      Histoire en BD d’un jeune couple gentil qui décide de passer à la « résilience ».
      http://adrastia.org/tout-va-bien-enfin-ca-va-aller

      Plüche est illustratrice et travaille sur un projet de BD, Nours est menuisier et travaille en parallèle sur des projets d’écriture et de photographie. Tous les deux sont fusionnels et vivent heureux et modestement. Mais en ce début d’année, l’équilibre économique mondial commence à s’effriter sérieusement et nos deux personnages, habitants d’une grande ville et loin d’être autonomes, vont subir ce qui se révèlera être la plus grande crise économique que l’Histoire ait connue.

      Pour passer direct à la lecture de la BD :
      https://bdtoutvabien.tumblr.com/post/179654965981/tout-va-bien-sur-vos-%C3%A9crans-en-janvier-2019

      Où l’on découvre (page 12) l’engouement de nos deux jeunes gens pour la collapsologie :
      Madame écoute (en faisant un peu d’exercice physique) une interview de Pablo Servigne (sur la chaîne Youtube de Thinkerview)
      Dialogue entre Madame et Monsieur (page 13) :
      Elle : Il faut que tu écoutes cet interview.
      Lui : D’accord. Je ferai ça cet aprèm en allant à l’atelier.
      Elle : J’ai écouté le début.
      Lui (les pieds déjà sous la table) : Notre cher Pablo est toujours aussi calme ?
      Elle (finissant de réchauffer une gamelle de pâtes) : Ah, toujours.
      (Puis faisant une petite bise affectueuse à Monsieur qui semble un peu contrarié quand même)
      Et toujours aussi beau !

      (Ouch ! ...)

  • P.R.O.U.G. #53
    http://www.radiopanik.org/emissions/p-r-o-u-g-/p-r-o-u-g-53

    #Alborythme en studio

    ➢ Ianovish au téléphone pour nous parler du #Natural_Birthday Stryker Talpa Maitika MNGRM Hanbleceya, et des nouvelles recrues d’NBM Records & #USN_Agency

    #NBM_Records #Natural_Beat_Makerz #Ianoch #NBM_Records,Natural_Beat_Makerz,USN_Agency,Natural_Birthday,Alborythme,Ianoch
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/p-r-o-u-g-/p-r-o-u-g-53_06122__1.mp3

  • Amid an Export Boom, the U.S. Is Still Importing #Natural_Gas - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-12-27/amid-an-export-boom-the-u-s-is-still-importing-natural-gas

    The U.S. may be exporting natural gas at a record clip, but that hasn’t stopped it from accepting new imports. A tanker with fuel from Nigeria has berthed at the Cove Point import terminal in Maryland, while a second ship with Russian gas is idling outside Boston Harbor.

    Pipeline constraints, depleted stockpiles and a 98-year-old law barring foreign ships from moving goods between U.S. ports is opening the way for liquefied natural gas to be shipped from overseas with prices expected to spike as the East Coast winter sets in.

    The two tankers are carrying about 6 billion cubic feet of #LNG, enough to power 150,000 homes for a year. At one point Thursday, the ship carrying Nigerian fuel to Cove Point passed another tanker in the Chesapeake Bay filled with U.S. gas that was headed abroad.

    It is ironic,’” said John Kilduff, a partner at Again Capital LLC in New York. But the “super cheap gas” produced in the nation’s shale fields “is trapped down west of the Mississippi unable to serve its own market,” he said by phone. “The gas is where the people aren’t.

    bout the money. The companies shipping the gas into Maryland — BP Plc and Royal Dutch Shell Plc — will likely have it stored until freezing East Coast temperatures push prices higher as local suppliers struggle to meet demand, according to Trevor Sikorski, head of natural gas, coal and carbon with the London-based industry consultant Energy Aspects Ltd. in a note to clients on Wednesday.

    Meanwhile, the gas being exported out will likely fetch higher prices right now in Europe and Asia. Dominion Energy Inc., which owns the Cove Point terminal, didn’t respond to emailed and telephone requests seeking comment.

    Other factors are at play as well. For instance, American providers can’t just ship LNG from shale fields in the south because the giant ships that transport the super-chilled fuel sail under foreign flags. Under the 1920 #Jones_Act, that means none can legally transport LNG to the Northeast from existing export terminals in Louisiana and Texas.

    At the same time, even the vast pipeline network feeding the region can quickly develop bottlenecks at a time when stockpiles are sitting at their lowest levels for this time of year since 2002. While production is soaring, strong demand from more and more U.S. power plants using the fuel, along with new export terminals, soaks up much of that new supply.

    There’s still some logistics and pipelines that need to be built to match out to where the demand is,” Kilduff said.

    #GNL

  • Five reasons why #language apps are still behind the curve
    https://hackernoon.com/five-reasons-why-language-apps-are-still-behind-the-curve-54c40af8d395?s

    Natural Language Processing has made tremendous strides the last few years, undoubtedly. One should expect the next five or ten years to see a Cambrian Explosion of sorts in the sector, not just in language-focused technology like #translation and language learning, but across the continuum of modern technology. That being said, we are still a little out of step on some critical issues. This is not to say there are not teams of brilliant and motivated people on a definite road to solving these problems, but the solutions have not hit the public — yet.1. English-Centric DevelopmentThere is evidence of this in a very pervasive application, Google Translate. For anyone familiar with multiple languages, it’s unfortunately clear the majority of translation perfection has been through Anglo (...)

    #naturallanguageprocessing #nlp #machine-translation