naturalfeature:cévennes

  • Et si la châtaigne redevenait un aliment commun ?
    https://reporterre.net/Et-si-la-chataigne-redevenait-un-aliment-commun

    « On venait de la ville. Et on s’est rendu compte qu’ici, ce n’était pas une forêt mais une #châtaigneraie », raconte l’homme aux cheveux gris. Avec sa femme, ils ont entrepris de remettre en production ce verger vénérable. Selon leurs recherches, il remonterait au XIIIe siècle, aurait été cultivé jusqu’à la Première Guerre mondiale, moment auquel il aurait été abandonné — hormis un « regain » au cours de la Seconde Guerre mondiale. Cela fait bientôt quarante ans que Daniel Mathieu est là, entouré de ses châtaigniers, qui sont pour beaucoup d’entre eux plus que centenaires. Il conte leur histoire et, à travers eux, celle plus large de la #châtaigne en Cévennes.

  • Je pars finalement
    Dans une ZAD cévenole
    Contre la prospection de gaz de schiste

    Mon père se rend à mes arguments
    La théorie du ruissellement
    Prend l’eau avec les Paradise papers

    Dans les Cévennes mes voisins
    Ont mis au point une nouvelle technique
    De merging photographique : mélange de paysages

    Je pars à San Diego retrouver Jennifer P.
    Elle n’est guère moins timorée qu’il y a 30 ans !
    Je suis indécrotablement un cochon français

    Retour dans les Cévennes
    Je suis accueilli à l’aérogare de Brésis
    Par C. Mingus, les rêves parfois !

    Mingus veut m’entraîner
    Dans une partie de chasse paradoxale
    Tirer sans rien toucher et enregistrer

    Dans mes rêves
    Je suis l’assistant
    De C. Mingus, contrebassiste

    Je foire le développement
    Des enregistrements
    J’allume en plein développement

    Je jette la spire à terre de rage
    Elle roule jusqu’aux pieds de Mingus
    Il la ramasse et me dit de la fixer anyway

    Je me réveille
    En pensant à la tête de mon psy
    Un rêve pareil ! Je me marre déjà !

    Va z y mon gars
    Analyse moi ça !
    Je ferai moins le malin

    Soudain les déménageurs
    Débarquent dans l’open space
    C’est comme travailler sous un bombardement

    J’envoie le récit de J.
    À une contrebassiste, et quelle !
    Je crains les fausses notes

    Elle répond
    Les musiciennes des fois
    « On n’est pas en sucre ! »

    Ego : ? Avez-vous vu Au revoir là-haut ?
    Tête de psy : ? non, c’est bien ?
    Ego : ? c’est moyen, mais ça va servir aujourd’hui

    De l’influence du cinématographe
    Dans la formation des rêves
    Et dans la Traumdeutung
    . Bon titre

    Et là, vu le rêve que je mets sur le tapis
    McEnroe est un peu surpris
    De certaines de mes montées au filet

    Mais c’est sans compter
    Son toucher de balle
    De samouraï, je suis passé

    Je sors de cette heure
    Essoré : je suis, j’ai été, de tout temps
    Mon pire bourreau, mon empêcheur

    C’est con, bien sûr
    Mais cela va mieux
    En l’ayant dit

    Pendant le déménagement : home office
    Toujours curieux de recevoir des coups de fil
    De patrons, y répondre dans sa chambre

    Étranges échos de conversations
    Qui viennent buter contre
    Les images familières

    En hâte je prépare le dîner
    Tarte salée poireaux mozzarelle
    Salade avec des noix concassées

    Je file chercher Émile au rugby
    Entraînement annulé : c’était annoncé sur Facebook
    Comment expliquer que Émile Facebook… déjà que

    Dîner dans la bonne humeur
    Gentilles moqueries entre enfants
    Je participe, forcément

    Émile me lamine aux échecs
    Zoé fait la vaisselle
    Sarah révise

    Je monte travailler un peu
    Le tapuscrit de Frôlé par un V1
    Quelques endroits déjà fluides !

    Dans d’autres endroits au contraire
    C’est encore une profusion
    De corrections nécessaires, d’ajouts surtout

    Puis viendra la passe des retraits
    Puis celle de la recherche de fluidité
    Puis de nouveau des ajouts, c’est sans fin

    Avant d’aller me coucher
    Je m’offre le plaisir d’un peu de rire
    Une vidéo de John Oliver

    #mon_oiseau_bleu

  • Les Cévennes sont devenues une île
    Montagneuse ravitaillée
    Par des fourgonnettes volantes

    La communauté stocke le grain
    Dans des silos souterrains
    Nous sommes parfois survolés par des T6G

    Matin calme
    Café et musique
    Mon poème du soir sera une setlist

    Je mets la dernière main
    A une fausse chronique
    Pour Sarah M.. Un conte. Oriental

    Un conte
    Oriental
    Non, pas si loin

    J’ai battu mon tapis hier soir
    Il a passé la nuit dehors par erreur
    Je marche, pieds nus, sur un tapis froid

    Sarah
    Aime bien
    Mon conte

    Mon conte
    Est
    Bon

    Je travaille
    J’ai du travail
    J’avance dans mon travail

    Laurent
    M’encourage
    Aux Moindres gestes

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/dans_les_arbres.mp3

    Mettant le disque de Dans les arbres
    Je m’amuse que le choix de disque
    Devient un vers de mon poème du soir

    http://www.desordre.net/musique/monk_midnight.mp3

    Vers midi
    Comme autour de Minuit
    L’attention décroit

    Pâtes
    Sieste
    Café

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/velvet_underground.mp3

    Rêve d’un détournement
    D’une pochette de disque du Velvet
    Une banane devenue noire, pourrie

    http://www.desordre.net/musique/stones.mp3

    Rêve d’un détournement
    D’une pochette de disque des Stones
    Derrière une braguette : une petite bite

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/sex_pistols.mp3

    Rêve d’un détournement
    D’une pochette de disque des Pistols
    Le visage de la Reine, aujourd’hui, vieille

    Trois petites
    Anguilles
    De sieste

    Émile passe
    Apporte un peu de désordre
    Émile repart

    http://www.desordre.net/musique/brahma.mp3

    Nicolas Nageotte
    Jacques Di Donato
    Commun leurre

    Ça part un peu vite
    Mais je m’accroche
    Qu’écrivais-je, déjà ?

    Je pose vraiment la question
    C’est quoi ce Céalis
    Qu’on veut à ce point me vendre ?

    Le facteur est passé
    Dans mon dos
    Les Sex Pistols dans ma boîte

    https://www.youtube.com/watch?v=W-7LEa_S_rw

    To be played loud me fait rire
    Moi, obéissant. J’ai 13 ans
    Et je joue de l’air-double-bass

    Je profite de la fin du jour
    Pour aller cueillir
    Des marque-pages jaunes

    Je passe devant des jeunes gens
    Qui écoutent du rap sur leur boom-box
    J’ai les Pistols en tête, presque je leur taperais une taffe

    Je sifflote
    Anarchy In The UK
    Ma baguette sous le bras

    Je chantonne God Save The Queen
    Je croise une amie en plein combat
    Je change de disque

    Thé vert
    Pensées noires
    Le vrai courage je l’ai en face de moi

    Je pars chercher Zoé à son atelier de céramique
    Je ris de passer le CD de Never mind the future
    Dans une voiture qui a conduit son guitariste avant-hier

    Je dépose Zoé chez la docteure
    A la pharmacie j’imagine des trucs incroyables
    Zoé doit croire que je prends des produits

    On dîne en tête-à-tête au restaurant japonais
    On rentre, on regarde Camille redouble
    « C’est l’enfance maltraitée », lâche Zoé

    Aujourd’hui, j’ai eu treize ans avec les Caroline
    Et seize ans avec Camille
    Malgré tout ce soir je fais mon âge, épuisé

    Larry Coryell
    Garth Knox
    ADADA

    Roger Turner / Omoto Yoshihide
    Dans les arbres
    Nicolas Nagetotte / Jacques Di Donato

    Pascal Comelade joue Under my thumb
    Sarah Murcia joue les Pistols
    Tom Waits joue Rod Stewart

    En décalant l’heure du réveil
    Quel coup coup de dé
    Je joue dans l’univers de mes rêves ?

    #mon_oiseau_bleu

  • La troisième guerre mondiale est finie
    Le monde est en reconstruction
    Des concours ont lieu dans les entreprises

    Je nourris le projet d’une plateforme
    De libre accès universel au patrimoine mondial
    Je suis doublé par un projet de commerce de friandises

    Au marché, j’apprends, avec une tristesse
    Mélangée de soulagement
    Que la maraîchère prend sa retraite bientôt

    Je vais regretter ses légumes, ses fruits
    Mais aussi ses conseils
    À la fois de cuisson et de conservation

    Elle m’en donne un dernier
    Mettez vos carottes les gros bouts
    Dans le fond

    Avec Émile on donne au rosier
    Une dernière chance
    Une coupe biseautée à mi-troncs

    Je soulage et paille
    Les lauriers
    Je rafraîchis le lilas

    Dans un mois
    On ratiboise
    Les anémones du Japon

    En attendant
    Récolte ultime des tomates
    Confiture de tomates vertes

    Mon amie Laurence
    Est guérie !
    Une CRP normale <5mg/l

    Ce que parfois je gouglis
    Pour écrire un poème
    « CRP normale dans le sang »

    Darnes de truite et riz
    Salicorne frit
    Yaourt confiture de tomates vertes

    Je ne sais pas si cela est un songe
    Me levant de sieste
    Je suis poussé à certaines corrections

    Longue marche dans le bois
    Dont sont faits les rêves
    Avec Émile et Zoé

    Zoé m’explique comment
    Certains arbres sont déjà
    Pour elle, des souvenirs d’enfance

    Je lui réponds
    Que dans les Cévennes
    C’est un pareil pour moi

    «  ? Et c’est pour ça
    Que parfois
    Tu es triste dans les Cévennes ? ? Oui

     ? Mais pourtant tu nous dis toujours
    Que tu as eu une enfance heureuse ?
     ? C’est pour ça justement que je suis triste

     ? Et c’est maintenant que tu es triste ?
     ? Non maintenant je suis heureux
     ? Je ne suis pas sûre de comprendre. ? Moi non plus »

    De retour à la maison
    Négociation pour un coup de main
    Pour plier le linge

    http://desordre.net/musique/coleman_free_jazz.mp3

    «  ? Est-ce qu’on peut mettre de la musique ?
     ? Oui, est-ce que je mets un disque d’Ornette Coleman
     ? Non de la musique… ? Ah de la musique ?

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/louise_attaque.mp3

     ? Oui de la musique ! ? Bon ben d’accord »
    Quand je vais mettre ces t-shirts cette semaine
    Est-ce que j’entendrais du reggae ? Pitié !

    «  ? Excuse-moi, je suis un peu préoccupé en ce moment
     ? Bah Papa, on s’en est rendu compte
     ? J’ai des soucis ? Au travail ? Oui

     ? C’est le blues du dimanche soir ?
     ? Non, à mon autre travail, ce que j’écris
     ? Rassure-moi Papa, tu ne viens pas de commencer un nouveau texte ?

     ? Si, et il est…
     ? Très compliqué ?
     ? Oui ? On va encore prendre cher

     ? En fait c’est une cinquantaine de récits
     ? Qui doivent raconter une seule histoire ?
     ? Oui ? Bah ça c’est ce que tu fais d’habitude ?

     ? Oui, mais je vieillis
     ? Tu te souviens plus de ce que tu as écrit
    D’une fois sur l’autre ? ? Oui ! »

    N’empêche
    Oui, je vieillis
    Je suis épuisé

    Roulés thon guacamole
    Lentilles et carottes
    Fruits à volonté

    Discours de vieux con
    À propos d’informatique
    Avec Sarah ! Carelessness

    Discours de vieux con
    À propos de tabagie
    Avec Émile ! Hopelessness

    Discours de vieux con
    A propos de paresse
    Avec Zoé ! Sense of humour failure

    C’est dimanche soir
    Et si je regardais un film ?
    Le Havre d’Ari Kaurismaki avec Zoé !

    #mon_oiseau_bleu

  • Après un passage à tabac
    Je rampe de la Croix de Chavaux
    À Fontenay (rêve perturbant)

    Je dépose Zoé au collège
    Puis fonce au travail
    J’ai oublié mon téléphone

    Retour à la maison
    Je trouve mon téléphone de poche
    Je retourne au travail, j’ai oublié mon badge

    Retour à la maison
    Je retrouve mon badge
    Je retourne en open space

    Je m’interroge
    A propos de ma servilité
    Pourquoi n’avoir pas abandonné ?

    Dans mes poches jeudi matin, un ticket de théâtre
    Une contremarque pour un spectacle de danse, une entrée au stade
    Un billet de concert, un ticket de cinéma et un reçu de librairie

    Un matin d’août 1996, j’ai pris un taxi à Dublin
    Pour aller à l’aéroport, j’ai pris l’avion pour Londres
    A Londres le métropolitain, puis le train pour Portsmouth

    Le lendemain matin, j’ai pris le bateau pour le Havre
    Puis j’ai conduit jusqu’à Paris pour passer prendre Sandy
    Et nous avons ensuite conduit jusque dans les Cévennes

    Arrivé au Bouchet de nuit
    J’ai levé les yeux au ciel, étoilé, comme seulement là
    En deux jours. Sans navette spatiale

    À la recherche
    Du troisième
    Point de fuite

    Un projet de film
    Documentaire
    Court-métrage

    Trois pages de description
    De ce qui pourrait rester
    À jamais un projet

    Mais
    Déjà
    Un texte

    Au restaurant d’entreprise, la mousse au caramel
    Peut-être l’un des meilleurs desserts
    Que je n’ai jamais mangé, est-ce possible ?

    Même l’omelette norvégienne
    En colonie de vacances
    À Villard de Lans ? Peut-être pas

    Je file au collège, rendez-vous avec la professeure de Zoé
    Toujours étonné de pouvoir redevenir un parent
    Au milieu d’une journée d’ingénieur-informaticien

    Elle s’étonne un peu
    Quand même que je dispose
    De telles notions de cartographie

    Ben vous n’êtes pas abonnée
    Aux fils de @fil, @reka, @odilon
    Et de @visiocarto ? Vous devriez !

    Retour dans le bocal
    Comment rédiger une demande
    De tests de performance ? Oui, comment ?

    J’aimais mieux
    Les problèmes de mémorisation
    De cartes de Zoé

    Puis réunion mensuelle d’équipe
    Où en es-tu de tes sujets ?
    Ben oui, où en suis-je ?

    J’aimais mieux
    Aider Zoé à définir une stratégie
    Pour ne pas être débordée par ses contrôles

    REFTEC, je prends le sujet
    Test de perf sur PREPROD, en cours
    Injection en masse, tu passes le bébé

    Je crois
    Que j’ai davantage d’aptitudes
    À être un parent d’élève

    Je rentre essoré comme pas souvent
    J’aurais besoin d’un câlin, dis-je
    À mes enfants hilares

    Je me demande
    Si je ne préférais pas ramper
    Comme dans mon rêve de cette nuit

     ? Qu’est-ce qu’on mange ?
     ? Du caca ?
     ? On en a déjà mangé hier soir

     ? Bon alors un gratin
    De patates douces ?
     ? Tu vois quand tu veux

    Faute d’amour
    D’Andrey Zvyagintsev
    Quel film !

    Le monde a changé, aujourd’hui dans un film russe
    On voit un enfant sous une couette
    La couette a le même motif que celle de mes enfants

    Le monde a changé, aujourd’hui dans un film russe
    Des parents se téléphonent
    Leurs téléphones sonnent comme chez nous

    Le monde a changé, aujourd’hui dans un film russe
    Des employés en open space
    Font des parties de réussite subrepticement

    Le monde a changé, aujourd’hui dans un film russe
    Les personnes font défiler
    Le monde d’un simple mouvement du doigt

    Le monde a changé, aujourd’hui dans un film russe
    Les décors d’un film ressemblent aux
    Photographies de friches post soviétiques vues sur internet

    Le monde a changé, aujourd’hui dans un film russe
    Hommes et femmes baisent
    Comme dans les films pornographiques du reste du monde

    Si on m’avait dit un jour
    Que dans un film russe je verrai
    Une femme enceinte faire l’amour

    Si on m’avait dit un jour
    Que dans un film russe je verrai
    Des obsédés du selfie dans tous les plans

    Si on m’avait dit un jour
    Que dans un film russe je ne verrai
    Pas une seule personne ivre, ou boire

    Si on m’avait dit un jour
    Que dans un film russe je verrai
    Une femme se faire épiler

    Si on m’avait dit un jour
    Que dans un film russe je verrai
    Des personnages aller sur Facebook

    Si on m’avait dit un jour
    Que dans un film russe je verrai
    Une femme demander à son téléphone :

    « Si je rêve qu’on m’arrache une dent
    Qu’est-ce que cela veut dire ? »
    Dans un film russe, le monde a changé

    Si on m’avait dit un jour
    Que dans un film russe je verrai
    Ce que finalement je vois tous les jours ici

    #mon_oiseau_bleu

  • Comment les #forêts sont devenues des sujets politiques
    https://www.mediapart.fr/journal/france/051117/comment-les-forets-sont-devenues-des-sujets-politiques

    Les forêts se retrouvent au cœur de mobilisations contre les grands projets d’infrastructures. Mais leur occupation n’est pas qu’un outil de lutte : les bois et les arbres deviennent en soi des sujets politiques. Entretien vidéo croisé entre deux militants et auteurs, Gaspard d’Allens et Jean-Baptiste Vidalou.

    #France #Culture-Idées #Bure #Cévennes #Cigéo #luttes

  • Être Forêts
    https://archive.org/details/EtreForets

    Être forêts de Jean-Baptiste Vidalou [Bonnes feuilles] paru dans lundimatin#119, le 23 octobre 2017 « Depuis une dizaine d’années, que ce soit dans les bois de Sivens, à Notre-Dame-des-Landes, à Bure ou dans les Cévennes, il est évident qu’il se passe quelque chose du côté de la forêt....This item has files of the following types : Apple Lossless Audio, Archive BitTorrent, Columbia Peaks, JPEG, JPEG Thumb, Metadata, Ogg Vorbis, PNG, VBR MP3

    #audio/opensource_audio #terre,_foret,_territoire,_lutte,_ecologie,_zad,_zone_a_defendre
    https://archive.org/download/EtreForets/format=VBR+MP3&ignore=x.mp3

  • Je suis attaqué et dévoré
    Par une femme
    Dans une photo de Winogrand

    Quarante ans plus tard
    Je rejoue au golf indoors
    Avec mon hôte anglais

    Émile de bonne humeur matinale !
    Zoé debout sans effort !
    Sarah partie à la fac sans un bruit !

    Mon psychanalyste me parle du passé
    Comme d’un foyer de douleurs
    Pour moi c’est un havre

    Il paraît étonné
    Je lui parle
    De mes Je me souviens

    De ce que j’essaye
    De faire ressurgir
    De doux

    Et d’ailleurs
    J’y retourne
    Je relis ma fin

    Catastrophe !
    J’ai vingt-huit morts
    De plus que de fantômes !

    Du calme !
    J’ai la fin des Fantômes
    Va chercher dans tes rêves !

    Fantômes
    Rebaptisé
    En Frôlé par un V1

    Et j’ai peut-être trouvé
    Le moyen de raconter enfin
    Ce fameux V1 dans le ciel de Lille

    Quand je pense que je peux me prévaloir
    D’avoir croisé dans ma chienne de vie
    À la fois le Pape et la Reine d’Angleterre !

    Deux présidents de la République
    Trois ministres de la Culture
    Et Lino Ventura

    Et en rêve : Hervé Villechaize, Niels Arelstrup
    Les New York Dolls (dans les Cévennes !)
    Fred Frith et Luis Sepúlveda

    Et, naturellement, les Beatles, Zappa
    Les Obama
    Marie Richeux et John Cale

    #mon_oiseau_bleu

  • Commande d’un film promotionnel
    Sorte de bande-annonce
    D’un nouveau documentaire critique de Shoah

    C’est quand même souvent
    Dans mes rêves
    Que l’on me commande des films !

    Sur le chemin du collège
    Zoé m’expose une théorie personnelle
    Qui me fait beaucoup rire

    Sur le chemin du collège
    Zoé se fout gentiment de ma poire
    Mon papa n’a pas des masses de talent mais il est opiniâtre

    Je reprends le chemin du psychologue
    Avec Émile
    Pour une nouvelle saison, la saison 15

    En avance sur l’heure du rendez-vous
    Circulation fluide du samedi matin
    Nous marchons un peu le long du canal de Bondy

    Dernière tentative de m’accrocher un peu
    Au Jerusalem d’Alan Moore
    Je rends les armes page 42

    Qui pourrait avoir assez de désir
    Pour 1300 pages de descriptions méticuleuses
    De l’ouverture d’un paquet de clopes ? Pas moi

    Julia accoure presque à mon chevet
    Mais c’est aussi moi qui lui viens en aide
    Que de psychologie familiale !

    Et l’étonnant remède que je trouve
    Pour apaiser les tensions de Julia
    L’emmener mardi au Tracé provisoire

    Saumon citron piment
    Riz et carottes au sésame
    Mimolette et gorgonzola

    En fait ma Grande Julia
    N’est pas assez nourrie
    De choses de l’esprit

    Et j’ajoute
    Et moi cela me fait de la compagnie
    Pour aller au Tracé !

    Me connectant à ma boîte mail
    Après la sieste : Olivia Dyson, Jessica Barker,
    Amelia Simpson et Sandra Gates veulent f*ck with me

    Je vais prendre l’air avec Émile
    Grande marche
    Au Parc des Guilands

    Lumières de fin d’après-midi
    Sur ciel sombre et changeant
    Un peu de pluie, du vent

    Assis dans l’herbe
    Avec Émile silencieux
    Je contemple et détaille la ville

    Émile : « toi tu préférerais
    Être dans les Cévennes non ?
    ― Tu dis cela a à cause de la vue ? ― oui »

    En marchant
    Je réfléchis à ma soupe
    De citrouille

    En marchant
    Je pense à elle de nouveau
    Mais pourquoi, mais pourquoi ?

    Dans ma purée de citrouille, des carottes
    Et des pommes de terre, du parmesan, du poivre
    De l’huile d’olive de la fleur de sel et de la mozzarelle

    De la crème fraîche
    Et du beurre aussi
    Et du basilic

    On peut mettre
    Plus de choses dans une purée
    Que dans un seul poème

    Soir qui tombe
    Fatigue qui nous engourdit
    Émile, Zoé et moi regardons un film

    Je tente des recherches improbables
    Sur Internet pour retrouver le nom
    D’une présentatrice de télévision en 1999 !

    Voilà où mène
    Parfois
    Mon désir de fiction

    Harry Dean Stanton est mort
    Et cela fait seulement quelques temps
    Que je n’ai plus peur des égorgeurs nocturnes

    #mon_oiseau_bleu

  • La fin de la #nuit : comment la #lumière artificielle nocturne détraque le monde – Le Partage
    http://partage-le.com/2017/10/7838

    Pour les années 2013/2014, la pollu­tion lumi­neuse impacte 22,5% des terres émer­gées à travers le monde, 46,9% de la surface des États-Unis, 88,4% de la surface de l’Union Euro­péenne et 100% de la surface du terri­toire français. Par consé­quent, 83,2% de la popu­la­tion mondiale, dont 99,7% de la popu­la­tion des États-Unis, 99,8% de la popu­la­tion de l’Union Euro­péenne et 100% de la popu­la­tion française, sont impac­tés par la pollu­tion lumi­neuse. Enfin, 35,9% de la popu­la­tion mondiale n’est plus en mesure d’ob­ser­ver la Voie Lactée la nuit et 13,9% de la popu­la­tion mondiale sont expo­sés à une pollu­tion lumi­neuse telle que le système visuel ne peut pas s’adap­ter à une vision de nuit. En réalité, le système visuel est en perma­nence en vision de jour.

  • [L’engrenage] Concert avec Yves Berdard et Pomodores
    https://grenoble.indymedia.org/2017-10-04-Concert-a-l-Engrenage

    Concert prix libre Yves Bernard (Valence/Grenoble), garage rock avec quelques chansons midtempo à la The UV Race The Pomodores (Cévennes), groupe de reprises soul bien jouées qui met la pêche Le bar ouvre à 17h, les concerts commencent à 21h L’Engrenage est un bar-concert situé au 27 rue Jean Prévost à Grenoble. Depuis sa création en Décembre 2016, L’Engrenage a pour objectif de soutenir les initiatives culturelles et de solidarité. Son équipe bénévole vous propose des soirées (concerts et (...)

    #Agenda

  • Dans mes rêves
    Je suis centenaire
    Et je fais des caprices

    C’est le jour de mes cents ans
    Et je veux me prendre en photo
    Nu

    Tout autour de moi le personnel de l’hospice
    Tente de s’opposer au projet de toute une (longue) vie
    Je m’énerve, m’agite et tombe

    Je crois que je suis mort
    Je me réveille dans un éclat de rire
    Dans le grand atelier de mon amie Isa

    Les rêves
    Que je fais
    Parfois

    Étonnamment le récit de celui-ci
    Est très fluide tandis qu’il m’a donné
    Une difficulté insigne pour le reconstituer

    Reconstituer les pièces d’un rêve
    Comme on le ferait avec les pièces
    D’un puzzle sans modèle

    Parmi les spammeurs
    Ce matin, un certain
    John Abercrombie !

    Petit déjeuner
    Breakfast
    Frühstück

    Dans la cuisine
    De l’effervescence
    Par intermittences

    Je fais mon commis de cuisine
    Souvenirs lointains, à Chicago
    Dans un restaurant de Chinatown

    Je débite une douzaine de tiges
    De rhubarbe en tronçons translucides
    Eau de rhubarbe. Isa est une sorcière

    Il fait une chaleur estivale, souviens t’en
    L’été n’est pas fini, profite
    J’en transpire de bonheur

    Plaisir de revoir les filles
    Parfaitement habituées, depuis toutes petites
    À mes gentilles moqueries, même tôt

    La table dans l’atelier d’Isa
    La seule qui pourrait faire de l’ombre
    À la table dans les Cévennes

    À cette table, celle d’Isa
    J’ai guéri mes fictions
    Les plus mal en point

    Et même, désormais
    Trois mots
    De japonais

    Sous une chaleur écrasante
    Faire du feu pour le barbecue
    De courgettes à l’huile d’olives

    Bref échange de textes
    Avec B. je donnerai cher
    Pour être plus jeune de sept ans

    Dans le regard et les messages
    De mes proches, je vois souvent
    De l’inquiétude et cela m’inquiète

    J’inspire de l’inquiétude à mes proches
    Je voudrais tellement leur donner
    Autre chose !

    Retourne
    A ton
    Feu !

    Les rêves de sieste, des lézards
    Rare que je n’en attrape un
    J’ai attrapé un lézard, une fois, enfant

    Je vais chercher une commande
    De deux kilogrammes de sardines
    Et deux tubes halogènes 7RS, 60W, 78mm

    Arrive la camionnette d’Uli
    Et il faut débarquer une cinquantaine
    De chaises, un hangar devient une salle de concert

    Arrivent les musiciens
    Et il faut débarquer leur foutoir
    Je suis cerné par la pensée d’elle

    Une fois de plus
    Je suis au milieu des miens
    Sans y être, et sans elle

    Il fait chaud
    Je me sens
    Sans refuge

    Je ne tourne pas rond
    Je vais me promener
    Sur les bords de l’Arroux

    Un pêcheur a laissé
    Une caisse retournée
    Mon siège pour penser

    A mon plus grand étonnement
    Sous les piles du pont, au soleil
    Une jeune femme lit

    Je suis plein d’astuce
    Pour découper la pastèque
    Ça en épate plus d’une

    Concert de l’Anguisson Quartet
    Dans le hangar de la Folie
    En toile de fond Stalker , flou et à l’envers

    C’est comme si le Tracé provisoire
    Avait été déménagé
    À la Folie

    Je pense beaucoup à elle
    Pendant le concert
    Elle n’est pas venue

    Des moments de grâce
    De pure félicité
    Et un crescendo pas très heureux

    Vous avez des questions ?
    Demande Jacques Didonato
    A la fin du concert. Oui

    Des mets d’un autre monde
    De la sorcellerie, oui
    Isa a sorti les chaudrons

    De belles discussions, après
    Notamment avec Fabrice Charles
    Et Jacques DiDonato

    S’étonnant, sans doute, que j’ai des avis aussi tranchés
    On me demande ce que je fais dans la vie
    ― Informaticien. Pourquoi ?

    Polo, sur un ton d’expert
    « ― Un frelon ça bouffe plus qu’une pie
    ― C’est vrai ? ― En fait je n’en sais rien »

    Je fais toujours partie
    Du dernier cercle de ceux
    Qui ne veulent pas aller se coucher

    Surtout pour raconter des histoires
    Aussi peu fines que celle
    Du Gros-Léon-qui-va-à-Lyon-sur-son-camion

    Encore une belle journée
    Loin d’elle, sans elle
    Mais une belle journée

    #mon_oiseau_bleu

  • Hier matin je n’avais pas rêvé
    Ce matin, si. Je suis toujours
    Soulagé quand cette machine est réparée

    Rêve d’un héritage immérité
    Court-circuitant des héritières disparues
    Mortes noyées. Je suis soupçonné. À tort

    Ma cheffe : « depuis ton retour de vacances
    Tu arrives avec un peu de retard. ? Cela me prend du temps
    de noter mes rêves le matin ». Tête de ma cheffe

    http://www.desordre.net/musique/lloyd.mp3

    John Abercrombie est mort
    Je l’écoute avec Charles Lloyd
    En fait il est n’est pas mort, il est vivant

    En fait
    Il est toujours
    Vivant

    John Abercrombie
    Charles Lloyd, Brad Mehldau
    Billy Higgins et Larry Grenadier

    Qu’as-tu fait de tes talents ?
    Je préférerais qu’on ne me pose pas
    Cette question quand je suis au bureau

    Et si tu te déchaussais
    Dans l’ open space
    Comme dans les Cévennes ?

    Parfois dans la journée
    Tu penses à elle et cela ne te fait pas mal
    D’autres fois…

    Au BDP où tu t’absentes subrepticement
    Tu croises Hélène Gaudy
    On discute un peu boutique, une vraie réunion

    En plus
    Chaleureux
    Plus amical

    N’empêche ces rencontres conviviales
    Dans le quartier de ton open space
    Sont des récréations rassurantes

    Il est admirable que les tomettes patinées
    Du BDP soient, à ce point, un remède
    Contre la moquette rase de l’open space

    Et c’est dingue, vraiment dingue
    Ce que cela déclenche en toi
    De petits poèmes

    Petits poèmes
    Que tu rédiges ensuite
    Depuis l’ open space

    Mona
    C’est à toi
    Que je pense !

    L’odeur des cornichons
    À la table voisine
    Te distrait de tes poèmes

    Mona
    Ce n’est plus à toi
    Que je pense !

    Travailleurs détachés
    Les avancées
    De Macron

    François Bayrou estime que « l’opinion »
    ne perçoit pas « la direction » prise par le gouvernement

    Bayrou dyslexique mal latéralisé ?

    Écrire
    Te distrait
    D’elle, alors écris !

    Penser à elle
    T’empêche
    D’écrire, ce n’est pas gagné

    Je rêve d’un poème écrit
    À trente-six mains
    J’en ai un dans mes mails

    Vite-invite
    Le truc
    Le temps d’un café

    Sans se faire de mal
    Adèle et Achille
    Des pommes

    Cosidor tu dors ?
    Prick up your ears
    Des nouvelles du Ryôan-Ji

    De l’art et la manière de déménager un piano
    L’hérésie pèle, la caravane passe
    Notules dominicales de culture domestique

    La psychanalyse comme dans un rêve
    Supplique contre un supplice
    CRP dans les clous

    CS6 de crisse
    John Abercrombie
    Gary Cooper

    Après
    Les objets
    Les auteurs

    Isa Bordat
    L.L. de Mars
    Hélène Gaudy

    Sarah Cillaire
    Marie Richeux
    Julien Pauthe

    Archiloque
    Tiffanie Gabu
    L.L. de Mars

    Sophie Agnel
    Catherine Mazodier
    Philippe Didion

    J.
    Elle
    Dr L.

    Martin Bruneau
    Dominique Pifarély
    Sarah Cillaire

    Et il y a bien quelques
    Re :
    Pas tous joués par Dominique ou Sophie

    Merci
    Les
    Amis

    Tu vois
    Quand
    Tu veux !

    Dans le métropolitain
    Tu relis une dernière fois, à l’envers
    Élever des chèvres en open space

    Tu passes par Saint-Lazare
    Pour la première fois depuis des lustres
    Ton frère était avec toi la dernière fois, sûr

    Tu peines à retrouver ton train
    Dans un hall de gare tellement familier
    Mais défiguré.

    Ton frère, Alain
    Ton petit frère Alain
    Aurait cinquante ans

    Et c’est à Saint-Lazare
    Que tu fêtes, seul
    Cet anniversaire

    Tu as joué de la guitare, mal
    Avec ton frère dans ce hall de gare
    Pour des clopes pas nettes

    Tu as fracturé, sans succès
    Un distributeur de billets de train
    Avec ton frère à Saint-Lazare

    Tu as fumé
    Tu as bu avec ton frère
    À Saint-Lazare

    Mais ton frère est mort
    Et Saint-Lazare est devenu
    Une galerie marchande

    Pour fêter cela, tu décides de resquiller
    T’es comme un con à Saint-Cloud
    Où il y a, désormais, des tourniquets

    C’est un anniversaire
    Triste bien sûr
    Même lui n’a pas pu venir

    Longue conversation au téléphone
    Avec Lola, j’aimerais tellement
    Qu’elle me parle d’elle, de sa vie, à elle

    Ma naïveté m’épate, je vais voir Dunkerque
    Pour le croisement entre les grande et petite histoires
    En fait, une grosse production patriotique

    Ma naïveté m’épate, je vais voir Dunkerque
    Au Keaton , je ne trouve pas de place pour me garer
    Si, une, au bas de chez elle, j’en suis tout retourné

    Mais, à vrai dire
    Après une telle journée
    De quoi souffres-tu le plus ?

    Te revient souvent
    L’expression de ton ami Julien P.
    L’inconscient à ciel ouvert

    Pronostic pour le rêve de cette nuit
    Ta mère te fait manger des patates
    Pourries, et tu as un accident de voiture

    #mon_oiseau_bleu

  • Tous les subterfuges sont bons
    Pour retarder la reprise du travail
    Je fais un long détour à pied

    Je fais un long détour à pied
    Même sous le crachin
    Je garde ma tête de cévenol encore quelques jours

    Mais mes pas sont impuissants
    À m’égarer complètement
    Et je finis par entrer dans l’immeuble

    Je suis assailli par mille souvenirs
    Notamment olfactifs, en redoutant
    Qu’ils ne viennent effacer ceux cévenols

    C’est donc ici ma place à nouveau
    Pour une nouvelle année ?
    Pour combien de nouvelles années ?

    J’estime être en droit
    D’attendre des réponses claires
    À ces deux questions

    Je bois
    Mon premier café
    De captivité

    J’avoue ne pas comprendre du tout
    La langue dans laquelle sont écrits
    Tous les mails reçus en mon absence

    Incroyable, à peine croyable
    Apparemment, je n’en reviens pas
    Je sais encore me servir d’un ordinateur

    Après une heure
    D’open space
    Une céphalée

    Après deux heures d’open space
    C’est comme si tout ce qui avait été pensé
    Patiemment dans les Cévennes, était anéanti

    Cela faisait longtemps
    Que tu n’avais pas écrit
    Des phrases comminatoires

    Harengs à l’huile
    Poivrons farcis au boulgour et pois
    Clafoutis aux prunes – café

    Rires et souvenirs cévenols
    Avec Clément et Juliette
    Dois-je vraiment retourner en open space ?

    Bref échange de messages textuels avec elle
    Et déjà des envies d’école buissonnière
    Dire que c’est de la sorte que les choses ont commencé

    Que
    Veut-
    –Elle ?

    Et
    Qu’est-ce
    Je veux ?

    Pourrait-on
    Vouloir
    La même chose ?

    Que veut-elle ? ― aucune idée
    Et qu’est-ce que je veux ? ― pas bien sûr
    Pourrait-on vouloir la même chose ? ― j’en doute

    Aucune idée
    Pas bien sûr
    J’en doute

    Le bilan de la première journée
    D’open space est maigre, si ce n’est
    Céphalée, douleur dans le poignet

    Ce n’est pas facile
    Tous les jours
    La vie de poète

    Et avec horreur
    Je constate qu’après une journée d’open space
    Je n’ai envie de rien en particulier

    En une seule journée d’open space
    Avoir annihilé des ressources
    Patiemment amassées pendant un mois

    Des fois ce n’est que cela
    Attendre patiemment devant l’écran
    Et attraper le poème au vol

    Dans une petite rue de Montreuil
    Un jeune homme fume son narguilé
    Avec un serpent en écharpe

    Deux rues plus loin
    Une clocharde fait du scandale
    Et insulte qui passe

    Rue Marceau
    Toute une école
    A été détruite

    Je ne suis pas sûr
    De disposer des forces nécessaires
    À une telle vie, à un tel retour

    J’ai envie de faire
    De nouvelles choses
    Pour cela que je range le garage

    J’ai envie de faire de nouvelles choses
    Pour cela que je m’achète
    Un nouvel ordinateur

    L’ Amoxiciline
    Laisse derrière elle
    D’impressionnants sillons de fatigue

    #mon_oiseau_bleu

  • https://lepressoir-info.org/spip.php?article997 - Le Pressoir

    https://lepressoir-info.org/home/chroot_ml/ml-montpellier/ml-montpellier/public_html/local/cache-vignettes/L203xH200/arton997-f5e01.png?1505154853https://lepressoir-info.org/home/chroot_ml/ml-montpellier/ml-montpellier/public_html/local/cache-vignettes/L203xH200/arton997-f5e01.png?1505154853

    Reprise des permanences et des réunions d’Exploités Énervés Collectif de chômeurs et de travailleurs sur Alès et les Cévennes

    Il vise à lutter contre les radiations, les contrôles, les expulsions, l’exploitation, les incessantes difficultés que les administrations, les patrons, les propriétaires nous causent.

    Pour le collectif, il n’y a pas d’opposition entre les personnes ayant un emploi ou pas. Quelle que soit notre situation, l’État cherche à nous maintenir dans l’isolement et le cas par cas. Face aux institutions, aux employeurs ou aux bailleurs, il s’agit de prendre acte que la misère est la même pour tous, qu’il ne s’agit pas de situations individuelles, ni même de droits et de devoirs, mais bien des rouages de ce système d’exploitation.

    Et nous constatons chaque jour que les différents gouvernements et l’État en général sont toujours du côté des capitalistes. Les dernières ordonnances de Macron sont ainsi une nouvelle attaque contre les travailleurs et les chômeurs. Le collectif vise à s’organiser dans un but de solidarité de classe dans les situations individuelles mais aussi à participer aux luttes sociales.

    Dans le bassin d’Alès comme ailleurs, nous avons besoin de nous rencontrer, d’échanger des infos sur les possibilités de débrouille, de construire un rapport de force collectif…

    Permanences pour se rencontrer et parler des problèmes administratifs (CAF, Pôle Emploi, caisses de retraites, Sécu…), des problèmes avec son employeur… auxquels on peut être confronté : tous les 2e et 4e vendredis de chaque mois à 18h à la Rétive (local au 42 faubourg d’Auvergne)

    Réunions pour organiser les activités et réflexions du collectif : tous les 2e vendredis de chaque mois à 19h (à la Rétive)

    #LePRessoir #Montpellier #MédiasLibres #Mutu #Alès #LesCévennes #ExploitésÉnervés

  • Au réveil
    Impossible de poser le pied par terre
    Je clopine jusqu’aux toilettes. Kafka

    Dans le miroir de la salle de bain
    Ma tête de cévenol
    Et le corps d’un scarabée vouté

    Un peu de lecture, mais rattrapé par
    Du sommeil lourd et sans rêve
    Julia, prévenue, monte et prend peur

    Les Moins que rien

    Pour Mon Oncle Stanley avec lequel j’ai passé l’une des nuits les plus étranges de ma vie et pour la docteure D. qui m’a bien soigné, ma gratitude à tous les deux

    Fontenay-sous-Bois, le 10 août 2017

    Chère Docteure

    Je ne sais pas comment vous remercier. Déjà, pour commencer, cela vous fera plaisir d’entendre que je vais mieux, grâce à vous, grâce à votre équipe. Les heures que j’ai passées aux urgences de lundi à mardi comptent parmi les plus riches de mon existence, qui compte déjà quelques trésors.

    Quand vous êtes entrée dans notre chambre à l’Oncle Stanley et moi, je dois vous dire que je n’en menais pas large et le désespoir guettait. Et j’ai repris espoir en vous voyant beurrer les biscottes de l’Oncle Stanley, je me suis cette toubib qui beurre les tartines du vieux Mr Lawson, je peux d’emblée lui faire confiance.

    Vous ne connaissez peut-être pas un photographe helvético-états-unien qui s’appelle Robert Frank et que j’ai étudié il y a une trentaine d’années. Robert Frank a photographié son voisin d’hôpital à Halifax en Nouvelle Écosse au Canada et dans la gélatine il a écrit sa tendresse pour ce Mr Lawson, l’Oncle Stanley. Et c’est à cette série d’images que j’ai tout de suite pensé quand j’ai fait la connaissance du vieux monsieur avec qui j’ai partagé ma chambre.

    Vous faites un travail admirable. Vous êtes manifestement compétente, mais vous êtes aussi tellement dévouée et attentionnée, je ne sais pas si en haut-lieu on vous le dit de temps en temps, les hauts-lieux sont parfois ingrats, comme nous allons le voir, en tout cas, moi, je vous le dis. Cela ne changera pas grand-chose à pas grand-chose, cela vous fera peut-être plaisir de l’entendre.

    Il y a un peu plus d’un mois, le petit morveux que les veaux de Français ont été guidés d’élire pour président a eu cette parole remarquablement révélatrice, il a parlé des anonymes, en disant « des gens qui ne sont riens ». Vous n’imaginez pas à quel point cela m’a mis en colère. J’ai eu une envie irrépressible de le gifler comme on ne devrait pas gifler un adolescent présomptueux qui vous manque de respect.

    Depuis, je prends note de toutes sortes de situations dans lesquelles des moins que rien étalent des richesses insoupçonnées, surtout d’humanité et, cette nuit, dans votre service, j’ai été servi de très copieuses rations de pareils trésors. Vous, votre confrère infectiologue, Kevin, les infirmiers, les aides-soignantes et Mon (inénarrable) Oncle Stanley. À toutes et tous, merci, du fond du cœur, j’ai l’intuition qu’on ne doit pas vous le dire assez. Vous êtes à la fois des sentinelles et des remparts de ce qu’il y a et doit rester de meilleur en nous.

    Pour vous remercier, toutes et tous, je vous envoie un extrait d’un texte en cours que je suis en train d’écrire. Cela s’intitule Mon Oiseau bleu , ce sont des poèmes très brefs en trois vers librement écrits sans bien suivre des règles japonaises ancestrales eux appellent cela des haïkus , je ne suis pas très sûr que mes petits poèmes en soient de très bons et surtout de très authentiques, mais au moins ils vous raconteront comment un patient vit les choses dans votre service, dans lequel, je dois vous le dire, on dort très mal !

    Avec mon respect, mon amitié et mes remerciements

    Philippe De Jonckheere

    PS : je joins à cet envoi, un exemplaire de mon roman Une Fuite en Égypte pour la bibliothèque du CE (vous pouvez être la première à le lire avant de le verser à la bibliothèque !). Mon prochain livre sorte en 2018, il s’intitulera Raffut et il parle de rugby et de handicap mental, vous pourrez l’offrir à votre mari !

    Aux urgences de Bry-sur-Marne
    Dans la salle d’attente
    Une belle variété de personnes

    Un téléviseur allumé
    Longtemps que je n’en avais vu un
    En fait tout va bien dans le monde

    En fait tout va bien dans le monde
    Macron a déjà tout réparé
    Encore un peu de terrorisme qui fait chier

    Encore un peu de terrorisme qui fait chier
    Mais dans l’ensemble tout va
    Dormez braves gens

    Dormez braves gens
    Et, de fait, personne ne regarde
    Le téléviseur muet

    Le téléviseur muet
    Suis-je le seul à le remarquer ?
    Tous plongés dans leur téléphone

    Une très chouette infirmière
    Me demande si je suis belge
    Son compagnon s’appelle comme moi

    Profession ?
    J’ose (pour rire)
    Écrivain !

    Ah ? dans nos fichiers
    Vous êtes connu comme informaticien
    J’emmerde l’informatique !

    Une chouette docteure
    Se frotte les mains avec intérêt
    Pour mes rougeurs pas ragoûtantes

    Je lui propose de la cartographie expérimentale
    Elle dessine au stylo-bille
    Les contours de mes rougeurs

    Je suis aux urgences
    Et je pense aux cartographes
    De mon Facebook®©™ bio

    Je grelote
    En plein mois d’août
    Autour de moi les gens sont en nage

    On me propose la nuitée
    Je ne refuse jamais
    De dormir ailleurs

    Mon hôte s’appelle Kevin
    Un chouette infirmier
    Qui me parle comme à un vieillard

    Kevin me propose un plateau-repas, j’accepte
    Mais je préviens Kevin que je n’ai pas mangé
    Depuis trois jours, je vais picorer, au mieux

    Kevin, le chouette infirmier
    Me fait remarquer que cela ne le changera
    Pas des autres patients, tous très âgés

    Et, de fait, on amène mon compagnon de la nuit
    Un très vieux monsieur qui me fait penser
    Immédiatement à Mr Lawson de Robert Frank

    Mon Mr Lawson,
    Mon Oncle Stanley à moi
    S’appelle Roger

    Mon Oncle Stanley ne tient plus sur ses jambes
    Ne maîtrise plus ni mains ni sphincters
    Mais il a une bouille. Et un sourire édenté !

    Il n’entend plus très bien
    Du coup il parle
    Très très très, très, très fort

    Et aussi, et ça j’aime
    À un point ! il rit
    Très très très, très, très fort

    Et, le pauvre !
    Il a mal partout
    Dans n’importe quelle position

    Mais il rit
    Il a l’œil
    Qui pétille

    Je comprends mal
    Ce qu’il me dit
    Mais on se comprend bien

    Kevin est un peu las des nombreuses demandes
    De changements de positions de Mon Oncle Stanley
    Alors j’apprends à me servir des commandes du lit

    Mon Oncle Stanley et moi
    On trouve des positions
    Pas toutes dans le manuel

    Et ça le fait rire
    Mais rire
    Très très très, très, très fort

    Je ne vais pas tarder
    À découvrir que Mon Oncle Stanley
    A d’autres talents

    Julia s’égare
    Pour me rapporter mes affaires
    Fine psychologue, sans sens de l’orientation

    Elle a oublié mon respirateur
    On rit très très très, très, très fort
    Fine psychologue, tête en l’air

    Je m’endors
    Je me réveille, Julia a branché mon respirateur
    Et me tend le masque, m’embrasse, s’en va, je dors

    Choses entendues et choses vues
    La nuit sera longue aux urgences
    Et les nerfs de tous très éprouvés

    Des hommes sombres (pompiers ?)
    Poussent un brancard sur lequel
    Git un homme sans vie

    Mais trouvez-nous quelqu’un
    Elle est en train de se maculer
    Avec ses selles !

    Voix de Kevin, paniqué
    Mais Madame où est-ce que
    Vous allez, vous ne pouvez pas marcher ?

    Chute (bruyante)
    Kevin hurle (bruyamment)
    Un numéro codé

    Des collègues rappliquent
    Saint-Lazare à 8 heures serait
    Plus tranquille pour dormir

    Kevin, lampe de poche dans la bouche
    Soulève mon bras, prend mes constantes
    Et répond au téléphone, il est trois heures

    Mais pourquoi ils nous l’amènent
    Il ne va pas passer six heures ?
    Je ne dors plus, je ne veux plus

    Aux toilettes je découvre
    Que les rougeurs ont fraudé les frontières
    Et sont désormais dans l’aine. J’ai peur

    Je prends mon téléphone de poche
    Et je tâche de prendre en note
    Mes poèmes de ma nuit aux urgences

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/agnel_minton.mp3

    J’ai passé la nuit
    Avec Phil Minton
    Et Sophie Agnel

    Le vieux monsieur à côté de moi
    A un très étonnant répertoire
    De raclements de gorge

    Et avec la tringlerie de son lit
    Il produit une grande variété sonore
    Nuit aux urgences

    (Tête de Sophie Agnel
    Quand elle a reçu
    Ces neuf lignes !)

    Arrivée de l’équipe du matin, soupirs
    Des aides-soignantes qui doivent passer la wassingue
    Sur les scènes de guerre de la nuit

    La vieille dame qui ne peut plus marcher
    Fait une nouvelle tentative d’évasion
    J’ai de l’admiration pour son opiniâtreté

    Quant à la dame qui fait du Gasiorowski
    Elle a, apparemment
    De nouvelles idées

    Mon Oncle Stanley à moi
    A des accidents de pistolet
    C’est comme ça qu’on dit

    Bref, c’est la foire
    La visite de la docteure
    Arrive avec le petit-déjeuner, tard

    Mon Oncle Stanley à moi
    N’a plus aucune maîtrise de ses mains
    Mais il tente de se débrouiller

    Un jour, peut-être
    Je me battrais avec la cellophane
    D’un duo de biscottes

    La docteure est chouette
    Elle vient en aide à l’Oncle Stanley
    Elle lui beurre ses biscottes

    La docteure est chouette
    Elle beurre les biscottes, pendant que cela
    Continue d’être la guerre pour les aides-soignantes

    La docteure est chouette
    Elle prend beaucoup de précautions
    Pour ménager l’Oncle Stanley

    Elle note deux ou trois trucs
    Mesure une plaie avec un petit décimètre
    D’écolière, bonne élève, débrouillarde (et souple)

    Elle voit que les aides-soignantes sont au clip
    Aide l’Oncle Stanley avec son jus d’orange
    Et d’un très beau sourire, s’excuse

    Vous êtes Monsieur De Jonckheere
    Vous êtes arrivé hier à 1800 avec épisodes fébriles
    Vous avez un érysipèle, dites-moi

    Elle est chouette,
    Elle écoute tout attentivement
    Elle me fait préciser des trucs

    Elle regarde attentivement la cartographie expérimentale
    Les rouges gagnent du terrain, mais reculent pas endroits
    Elle est rassurante, pas d’amputation ? Non pas encore !

    Elle est chouette,
    Elle me rassure
    Ce n’est pas moche, dit-elle

    Elle est chouette
    Elle promet de revenir avec un confrère
    Infectiologue, pour être sûre, dit-elle

    J’échange quelques messages avec Julia
    Avec Clément, je rassure mon monde
    Mais quelle nuit !

    On emmène Mon Oncle Stanley
    À la radiographie, ça l’amuse beaucoup
    Il rit très très très, très, très fort

    http://www.desordre.net/musique/zappa_illinois_ennema_bandit.mp3

    Où je découvre que, par je ne sais quel miracle
    J’ai dû faire un test, que sais-je ? sur mon téléphone
    Se trouve tout Bongo Fury de Frank Zappa

    Je profite de l’absence de Mon Oncle Stanley
    Pour écouter Zappa au téléphone
    Comme Proust écoutait du théâtre

    Sophie Agnel me répond
    Je suis devenu ami avec elle
    On rigole à propos de Phil Minton

    Je lis Les Beaux jours d’Aranjuez
    De Peter Handke, splendide
    Aux antipodes du navet de Wenders

    Dans le couloir j’entends
    La chouette toubib parler de moi
    C’est un Monsieur, la soixantaine

    Arrive l’infectiologue
    Je ne savais pas qu’un jour
    Je serais content d’en voir un

    La chouette toubib lui dit que ma CPS
    Était à 220, je corrige, 227
    C’est bon, j’ai leur attention

    L’infectiologue étudie la cartographie expérimentale
    Inspecte mes pieds, trouve à redire
    Un mois dans les Cévennes, des pieds de Cévenol

    Il montre une région de la carte
    Où il décèle le recul des Rouges
    Je suis confiant, dit-il

    La chouette toubib me sourit
    Cette docteure aime ce qu’elle fait
    Elle est complètement du côté de la vie

    Je vais tout de suite signer
    Vos papiers de sortie
    Appelez votre fils

    Huit heures plus tôt
    Je considérais la vie
    Amputé

    Arrivent Mon Oncle Stanley et son plateau
    Pas d’aide soignante, je lui propose de l’aider
    Je lui coupe sa viande et lui donne une bouchée

    Il a un sourire extraordinaire
    Elle est bonne exulte-t-il
    Cet homme a encore du plaisir

    Il rate une bouchée
    On rit très très très, très, très fort
    Je voudrais l’embrasser

    L’aide-soignante me voit catastrophée
    Je la rassure, j’aime ce que je fais
    Tellement plus que l’ open space , pense-je

    Et je pense justement que si mes collègues
    Me voyaient et m’entendaient
    Rire très très très, très, très fort…

    Avec l’aide-soignante qui a repris les commandes
    Pendant qu’elle donne à manger à Mon Oncle Stanley
    On parle des citronniers de son enfance, en Algérie

    Clément arrive, quand je sors
    La guerre est finie
    Mme Gasiorowski est passée à autre chose

    La chouette toubib me signe les papiers
    Elle me donne des prescriptions
    Et des conseils, elle rayonne

    Elle me demande comment je me sens ?
    Je réponds soulagé, mais très fatigué
    Je n’entrerai pas dans une mêlée, dis-je

    Ah je me disais aussi
    Vous êtes comme mon mari
    Un faux sauvage, un rugbyman

    Je la remercie, j’ai tellement d’admiration
    Pour cette docteure qui beurre les tartines
    De Mon Oncle Stanley, elle est solaire

    Je fais mes adieux à Mon Oncle Stanley
    Je suis obligé de guider sa main dans la mienne
    Cet homme m’a redonné de l’espoir, pour longtemps

    Et quand je pars finalement
    Il dit très très très, très, très fort
    Au revoir mon petit gars !

    Je pourrais pleurer
    D’être le petit gars
    De Mon Oncle Stanley

    Arrivés à la maison
    Clément m’aide
    Je n’ai toujours pas faim

    Je tente de grappiller
    Quelques heures de sommeil
    En pensant à Mon Oncle Stanley

    Cela faisait longtemps
    Que je n’avais pas vécu
    Une telle aventure !

    Le reste de la journée
    Est évidemment
    Très morne

    Cela ne peut pas être
    Urgences à Bry-sur-Marne
    Tous les jours !

    #mon_oiseau_bleu

  • http://md1.libe.com/photo/1017438-john-feffer-4jpg.jpg?modified_at=1493734910

    Rêve besogneux
    Laborieux
    Inconscient, rien de mieux ?

    Et c’est le moment des vacances
    Tant redouté, à partir de maintenant
    S’assurer que je n’oublie rien

    Du coup, je reprocherai presque
    Au Mont-Lozère de bâcler son aube
    Une aube à la lumière pâle

    C’est une journée de fournaise
    Qui nous attend, même l’aube
    Ne présente aucune douceur

    Émile déjà à pied d’œuvre
    Dans le jardin, comme s’il voulait
    Me rassurer. Quel enfant !

    Mes pieds nus sur le plancher
    Tellement abimés
    Et sales ! Une certaine beauté.

    Mais qui
    Aurait envie
    De les caresser ?

    Daniel s’en est allé
    Comme il est arrivé
    Seul

    La lente reconstruction
    Que je m’impose
    Demande tellement de patience

    Or, de la patience
    J’en ai de moins en moins
    En vieillissant

    Certain d’être désormais
    De plain-pied dans le cycle
    Des dernières fois

    Dernières fois
    Dernières occasions
    Derniers gestes encore possibles

    Mes parents arrivent dans les Cévennes
    Mon père, ému, m’apprend qu’un de ses amis,
    A manqué de mourir en avion

    Saucisses aux herbes
    Pommes de terre au four et au citron
    Yaourts au miel (de bruyère Callune)

    Sur le terrain en pente
    Mon père et mon fils
    Plantent deux chênes

    Des chênes dans les Cévennes !
    Deux petits nains
    Que les châtaigniers toisent

    L’atmosphère s’alourdit
    La sueur enveloppe les gestes
    La soif est de tous les déplacements

    Je guette les vallées au Sud
    Qui se parent de voilages
    De pluie, patience !

    Pour la première fois des vacances
    Je mets les volets à l’espagnolette
    La lumière devient rouge basque

    Je fais le tour de notre maison
    Avec mon père
    Il reste tant à faire

    Je déteste la fin des vacances
    Cette année, hanté par la pensée d’elle
    D’en être définitivement séparé

    Je ferai
    Bien
    De dormir un peu

    Je descends seul à Vielvic
    Un jour je circulerai seul ici
    Un jour je serai seul ici

    Vingt pots de miel
    Et le sourire de l’apiculteur
    Son apprenti me parle de points-virgules

    Acras de morue
    Riz aux légumes et soja
    Tarte aux mirabelles

    La patience
    Et l’apprentissage de la patience
    Avec Émile

    Au bout du chemin
    Tenter des appels téléphoniques
    Du bout du monde

    Je serai bien en peine
    De décrire le cinéma
    Du Mont-Lozère ce soir

    La façon dont
    Il se drape de cotonnades
    Comme des écharpes

    Belle empoignade
    Avec Émile aux échecs
    Qui sacrifie un fou : partie nulle

    Au tarot
    Je fais chuter mon père de 36
    Grâce à une chasse illogique

    Heureux au jeu
    Malheureux en amour
    Malheureux ? non, seul

    Zones de divergence
    De John Feffer, dire que j’ai
    Failli passer à côté de ça !

    Cette nuit
    J’ai, enfin, rendez-vous
    Avec la lune

    Il n’y a qu’ici
    Que je suis conscient
    Du cycle lunaire

    #mon_oiseau_bleu

  • Au saut du lit je note mes rêves en prose
    Puis, en vers, dans Mon Oiseau bleu
    Mais pour qui je me prends ?

    J’entame la lecture du livre de Nicolas Stephan
    De la violence dans les détails , hésitation :
    Dois-je écouter sa musique, ici ?

    Dans les Cévennes, je m’interdis
    D’écouter de la musique, et, de toute façon
    En ce moment je suis fâché avec la musique

    Dans les Cévennes je n’écoute pas de musique
    Mais j’écoute tous les petits bruits
    Dans la vallée, le matin, là, tout de suite

    Dans les Cévennes, je fuis les enregistrements
    Je n’écoute que de la musique fortuite
    Celle inattendue, tel Peter Handke

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/jimi_hendrix.mp3

    Dans les Cévennes, il a trois ans
    Il y avait eu un concert de rock dans la vallée
    Des reprises de Hendrix, c’était très beau

    Dans les Cévennes je préfère rester
    Sur le seuil de l’église pour écouter,
    Entendre, le piano à bretelles

    Dans les Cévennes les ombres des nuages
    Sur les versants du Mont-Lozère
    Font office de partitions visuelles

    Dans les Cévennes
    La musique est considérée
    Comme un poison de la ville

    Pourtant, il y a vingt ans, cette maison
    A abrité un trombone, un violon, un alto
    Un violoncelle, une guitare et un théorbe

    Toute maison qui n’aurait pas un jour
    Abrité en son sein un théorbe
    N’est pas vivable

    Assez avec la musique !
    Il y a des légumes à éplucher
    Pour le pique-nique de ce midi

    Mes plus profitables leçons
    D’éclairage, je les tiens du soleil
    Dans cette vallée

    Ma plus profitable leçon
    D’éclairage : on peut tout faire
    Avec une seule source de lumière

    Puisque je dois mourir un jour
    Je souhaiterai que ce soit à cette table
    Devant cette fenêtre

    Comparant mes ampoules à des tendons d’Achille
    Zoé me resitue l’histoire d’Achille, oui, Marie
    La petite Zoé d’il y a cinq ans dans votre studio

    Pour m’occuper pendant que les enfants
    Feront de l’accrobranche j’emporte
    Le tapuscrit d’ Élever des chèvres en open space

    Le tapuscrit d’ Élever des chèvres en open space
    Le journal de la semaine dernière
    De la violence dans les détails de Nicolas Stephan

    Mes deux filles
    Leurs cheveux également attachés
    Pour affronter les tyroliennes

    Assis à la table de pique-nique
    Dans la forêt du Mas de l’Ayre
    J’écris à l’ombre de grands châtaigniers

    Ça y est, c’est fini
    Je ne touche presque plus
    À Élever des chèvres en open space

    Je reçois l’appel de Hanno
    A mon bureau en forêt !
    Il arrive demain

    Je rêve d’une telle table
    Une table sous un arbre
    Ce serait ma table d’ombre

    Je rêve d’une telle table
    Une table sous un arbre
    En parler à Daniel

    Je rêve d’une telle table
    Sur laquelle il neigerait en hiver
    Une table sur laquelle poser mes feuillets

    Je rêve d’une telle table
    Construite dans un bois
    Imputrescible

    Je rêve d’une telle table
    Qui, été après étés se souviendrait
    De ce que j’y ai écrit

    Je rêve d’une telle table
    Sur laquelle le vent
    Égarerait mes feuillets

    Je rêve d’une telle table
    Où les feuilles de mon arbre
    Dessineraient sur mes feuillets

    Je rêve d’une telle table
    Où j’abandonnerais tout un hiver
    Un tas de feuillets sous une lourde lauze

    Je rêve d’une telle table
    Où il pleuvrait tout l’hiver
    Sur une Remington rouillée

    C’est dimanche
    Octroie-toi le droit
    De ne pas poncer

    C’est dimanche
    Cumule les plaisirs
    Va nager !

    C’est dimanche
    Tu ponceras
    Demain

    Au pont, je croise une très jolie femme
    Nous nous sourions, tous les deux incapables
    De se souvenir d’où nous nous connaissons

    À la rivière la sensation heureuse
    De nager dans une mer de reflets sombres
    Huileux, froids et caressants

    Truite
    Riz
    Melon

    Décharge dans le dos
    La cruralgie reprend ses droits
    Et me foudroie, je suis alité

    Je lis en regardant les reflets
    S’assombrissant du crépuscule
    Sur les montants des fenêtres

    Je suis découragé à l’idée
    Qu’il faut aussi que je peigne
    Les montants des fenêtres

    Le comprimé que je devrais prendre
    Pour soulager mon mal de dos
    Tombe entre deux lames de parquet

    Tramadol qui tombe
    Entre deux lames de parquet
    Bonne nuit et fais de beaux rêves !

    #mon_oiseau_bleu

  • Je me réveille plusieurs fois dans la nuit
    Mais sans le début d’un rêve à noter
    Ça valait bien la peine de prendre du Tramadol

    Au matin, rêve de fellation dans un ascenseur
    Quelle pauvreté d’imagination
    Les opiacées ce n’est plus ce que c’était !

    Pas non plus un cauchemar
    Le réveil n’est pas désagréable
    Mais faut-il noter un tel rêve ?

    Route d’Alès matinale, beaux contre-jours
    Légère tristesse de quitter les Cévennes
    Embrassades fourbues devant la gare

    Promenade dans les rues désertes
    Et déjà chaudes d’Alès, deux hérons
    Et des cafés qui ouvrent aux habitués

    Voilà bien l’homme que je suis
    Qui se retourne sur une jolie femme
    Ce qui déclenche une belle douleur lombaire

    Je marche comme un petit vieux
    Dans les rues d’Alès, j’y croise
    Des hommes de mon âge, alertes, eux

    Cela ne fait pas deux heures
    Que je suis en ville et déjà
    Je dois me curer le nez. Pollution

    La laideur des supermarchés
    Après une dizaine de jours
    Dans les Cévennes

    Bâcler les courses de bricolage
    Et prendre la fuite pour rejoindre
    La vallée de la Cèze et ses buses (trois)

    Les trois buses ont un cri plaintif
    Les grillons poussent du col
    Quelle chaleur !

    Sarah est en pleurs, elle vient d’apprendre
    Une mauvaise nouvelle, je redoute une difficulté
    D’inscription à la fac, mais c’est la mort du petit chat

    La façade de la maison est borgne
    D’un côté des volets rutilants
    De l’autres les volets déposés, à peindre

    Je finis mon café
    Un dernier regard dans la vallée
    Et j’entame le ponçage

    Chaleur et poussières
    Au programme
    De ces belles vacances

    J’use les uns après les autres
    Les disques de ponçage,
    Étonnants petits tableaux abstraits ronds

    La station légèrement penchée vers l’avant
    Est évidemment à proscrire, mais
    Quand j’ai mal au dos, je ne pense plus à elle

    Quand j’ai mal au dos,
    Je ne pense plus à elle
    Je pense à mes vieux os

    Je ne pense plus à elle
    Je pense à mes vieux os
    Je fais enfin mon âge

    La curieuse plage du lac de Villefort
    Sa petite foule d’estivants, sa rumeur
    Et nager parmi les montagnes alentours

    Les pizzas de Villefort
    Sont les seules
    Piquées de cèpes

    À Villefort un motard perd la vie
    Des estivants sont embouteillés
    Sarah a honte de se plaindre d’insolation

    Le soir,
    La fenêtre ouverte
    Sur la vallée sombre

    Les aboiements des chiens
    Dans la vallée au crépuscule
    Et si les chiens avaient peur de la nuit ?

    Hésitation avant de dormir
    Tramadol or not Tramadol ?
    Mal au dos, mais envie de bons rêves !

    Dehors j’entends
    Le rire d’Emile sous la tente
    Et les grognements des sangliers

    #mon_oiseau_bleu

  • Et parfois pas grand-chose
    À retenir des rêves
    Ma montre s’est arrêtée

    Plus de trois mois
    Qu’elle ne t’a pas envoyé un message
    Et tu regardes encore ton téléphone !

    Temps couvert
    J’ai eu froid cette nuit
    Le plus dur c’est de s’y mettre

    Énième café
    En jouant aux échecs avec Émile
    Très belle partie nulle (Émile fier)

    Le plus dur c’est de s’y mettre
    Pourtant du plaisir à enfiler
    Les vieux habits (odorants)

    (A-t-on le droit
    D’utiliser des parenthèses
    Dans un poème en trois lignes ?)

    D’après mes calculs, à la fin de l’été
    Mon Oiseau bleu comptera 200 pages
    Et moi je (ne) pèserai (plus que) 125 kilogrammes

    Rouge basque
    Rouge basque
    Rouge basque

    De temps en temps
    Le rouge basque donne un répit
    Au cœur brisé (d’après Ryôkan)

    De temps en temps
    Le rouge basque détourne l’esprit
    Du souvenir de ses seins

    Je n’avais pas prévu
    De tant parler d’elle
    Dans mes poèmes

    Je n’avais pas prévu
    De tant penser à elle
    Dans les Cévennes

    La Cézarenque
    Produit et vend
    Des spéculoos !

    Cette maladie
    De vouloir et tenter
    De tout retenir

    Et quand cesse
    Cette maladie
    Que reste-t-il à vivre ?

    Ces sous-bois
    Que je ne photographie plus
    Je les vois pour la première fois

    Mes enfants
    Que je photographie moins
    Je les regarde vraiment ?

    Temps couvert
    C’est le jour de retrouver
    Les lieux devenus courus

    Mon voisin m’offre un plein panier
    De son romarin, à peu près autant
    Que j’en consomme en dix ans

    Pommes de terre sautées
    À l’ail, et au romarin donc
    Gaspacho aux cœurs de bœuf

    Concert pour harpe et grillons
    Ces derniers plus soucieux
    De rigueur métrique

    Tout un village réuni
    Dans son église pour écouter
    Du piano à bretelles

    Tout le monde dans l’église
    Avec le piano à bretelles
    Sauf Valérie et moi, papotant dehors

    Il manquera toujours aux Cévennes
    Une salle de concert
    Comme le Tracé provisoire

    Route du retour de Sénéchas
    Deux renards, un hibou, un chevreuil
    Une laie et ses marcassins, un lézard vert

    Note tes poèmes du soir
    Va te coucher
    N’y pense pas, plus

    Nuit noire
    De temps en temps trouée
    Par des éclairs très lointains

    Par la fenêtre je peux distinguer
    Que cela barde sur la Margeride lointaine
    Nous en recevons la lumière sans le son

    Au milieu de la nuit
    Le vacarme subit
    D’une averse soudaine

    #mon_oiseau_bleu

  • Je refuse de noter les rêves
    Qui concernent l’ open space
    Je fais la grève des rêves

    J’ai rendez-vous avec Daphna dans une gare
    Elle est en retard, je fais peur à un jeune
    Et je finis par fumer son mégot

    Daphna est habillée comme elle l’était
    Pour un ancien rendez-vous
    Je lui en donne le jour exact

    Debout à la fenêtre le matin
    Je reçois dans les cheveux
    Un peu de vent, une caresse, enfin

    À la Cézarenque
    Pour acheter des pélardons
    Echange avec les vendeurs

    Je repense aux mentions
    De la Cézarenque
    Dans Elever des chèvres en open space

    Le café
    On vous l’apporte
    Allez discuter avec Émile

    Tant de choses ont été discutées
    Tant de décisions ont été prises
    À cette terrasse ombragée

    Deux heures de ponçage
    13.000 tours par minute
    Et je continue de penser à elle

    Pendant que j’avalais de la poussière
    Le vent a créé de grands désordres
    Dans le tas de feuillets de mon tapuscrit

    Est-ce que je ne devrais pas
    Tenter de tirer parti
    D’un tel désordre ?

    Un riverain cévenol tente d’interdire l’accès
    À un gourd ! En soi une affaire d’état
    Surtout une tendance actuelle d’accaparement

    Et de fait les locataires de son gite
    Se croient tout permis à la rivière
    Bref, agissent en propriétaires

    J’en fais un peu une affaire de principe
    Mais si on ne peut pas être garanti
    De telles manœuvres jusque dans les Cévennes…

    Je tente le tout pour le tout
    Souris d’agneau cévenol
    Façon portugaise pruneaux cajou

    Mes voisins cévenols me demandent
    Comment ça va, en fait tout va bien
    Il me manque juste l’essentiel : ses caresses

    Une raclure de mastic
    Dessine une montagne inédite
    Au travers de la fenêtre. Soir

    Conversation avec ma grande Sarah
    En se promenant, elle s’étonne
    Que je lui donne autant raison. Très bien !

    Les unes et les autres regagnent
    Leurs chambres et me laissent
    À ma nuit cévenole

    Demain
    M’attend un gros
    Chantier de laque

    Demain
    Je ne pourrais plus voir
    Le rouge basque en peinture

    Après-demain
    Je ne pourrais plus voir
    Le rouge basque en peinture

    Et le jour d’après
    Je ne pourrais plus voir
    Le rouge basque en peinture

    Il faut
    Pour résister aux hivers d’ici
    Trois couches

    Elancements dans le dos
    Le corps ferait bien de me laisser
    Tranquille pour que rien ne s’écroule

    Le corps ferait bien de remarquer
    Les efforts consentis récemment
    Et agir en allié. Sommeil. Rêves, peut-être

    Dans la vallée, les points lumineux
    D’année en années
    Sont de moins en moins nombreux

    #mon_oiseau_bleu

  • Je me débats ce matin
    Avec des souvenirs doux
    Des souvenirs d’aube cévenole

    Mon appareil-photo m’indique
    Que j’ai fait une dizaine d’images hier
    Quelle timide reprise !

    Le ciel cévenol rappelle
    Qui il est, ce matin
    Le patron

    Du vent brosse
    La canopée
    Mi-Juillet

    Les sept enfants
    Aux petits soins, prévenants
    Je suis inquiet de les inquiéter

    Pas de musique non plus
    Pendant tout un mois
    Confiant

    Chaque été
    J’oublie quelque chose
    Mes accessoires de yoga !

    Voilà bien le poète que je suis
    Comptant ses vers, toutes pensées
    Tendues vers le recueil, pas le recueillement

    Vingt mille
    Sept cent
    Cinquante-neuf (mots)

    Est-ce que je ne ferai pas mieux
    De chercher l’inspiration
    En regardant par la fenêtre ?

    Je déplace des objets
    Je les arrange, c’est déjà, un peu
    De la photographie

    Fiers étrons du matin
    Je ne vous épargne rien
    Les Cévennes prennent le pouvoir

    Pesée matinale du bestiau
    Je ne vous épargne rien
    Les Cévennes prennent le pouvoir

    Se débarrasser des oripeaux de la ville
    Remiser clefs, badges, kits,
    Oublier mots de passe

    Être sur le pont
    Depuis trois bonnes heures
    Quand les jeunes gens émergent

    Convoquer des souvenirs tendres
    D’avant sa rencontre
    Avec d’autres femmes, s’y tenir

    Contrariée par le vent sans doute
    La buse ne vient pas
    À notre rendez-vous, café seul

    Dans les Cévennes, pas un mail
    Pas un coup de téléphone
    La mesure exacte de sa solitude

    Tu te demandes
    Est-ce vraiment le moment
    De travailler à Une fuite en Egypte

    De repasser par tous ces passages
    Dont elle avait dit qu’elle les avait aimés
    Qu’ils l’avaient charmée

    Et tous ces passages érotiques
    Dont tu comprends après coup
    Qu’elle s’en était inspirée pour ton plaisir

    Tu es cerné
    Tu as fui dans les Cévennes
    C’est, en fait, une impasse, un piège

    Pourtant c’est depuis le cœur
    Depuis le centre de toi-même
    Que tu dois repartir

    Cette Suzanne dont il est question
    Dans Une Fuite en Egypte
    La rencontreras-tu un jour ?

    Elle pourrait même ne pas s’appeler
    Suzanne, mais un prénom un peu tarte
    Comme Sophie ou Jessica

    Tu viens de penser à quelque chose :
    Tu penses tout le temps à elle
    Elle pense-t-elle à toi, même un peu ?

    Ne prenant plus tant de photographies
    Tu comprends, enfin, que ce gourd sera
    Toujours là, été après été, tel qu’il a toujours été

    Est-ce que cela ne devrait pas me rassurer ?
    Mes souvenirs, finalement, seront toujours intacts
    Ce que je voudrais ce sont de nouveaux souvenirs

    Les nouveaux souvenirs
    N’écraseront pas
    Les vieux souvenirs

    Je change mon fusil d’épaule
    Un osso-buco devient
    Un sauté de veau au curry

    Distrait par l’écriture
    De mes petits poèmes
    Je rate le coucher de soleil

    Que je note un rêve
    Ou que j’écrive un récit
    Je tente d’aller mieux

    A la fin d’une journée cévenole
    Pas de triptyque
    Pas de bilan

    #mon_oiseau_bleu

  • Une campagne publique de mesure de la qualité du ciel des Cévennes, et autres rendez-vous astronomiques | Autour du Ciel
    http://autourduciel.blog.lemonde.fr/2017/07/21/une-campagne-publique-de-mesure-de-la-qualite-du-ciel-des-

    Conscient de cet atout, et mobilisé pour le conserver et l’améliorer, le parc national des Cévennes peaufine actuellement le dossier de candidature qui devrait être remis dans les prochains mois à l’International Dark-Sky Association (#IDA) en vue de l’obtention du très convoité label « Réserve internationale de #ciel_étoilé » (#RICE). Il existe à ce jour moins d’une douzaine de RICE dans le monde et une seule en France, autour de l’observatoire astronomique du pic du Midi. L’obtention du label RICE permettrait au parc national des #Cévennes de valoriser son patrimoine préservé en lançant des programmes de rénovation de l’#éclairage_public et en développant une offre touristique appropriée.

    #ciel #pollution_lumineuse

  • http://www.desordre.net/musique/surnatural_orchestra.mp3

    Des photographies d’elle plein les kiosques
    On me confie le supplice au fer rouge d’une amie
    Le Surnatural donne un concert sous-marin

    Les trois rêves de cette nuit
    Notés avec précision au saut du lit
    La volonté d’aller mieux

    1/ Elle va donner un concert
    Dans une grande formation
    On ne parle que d’elle

    On dit d’elle
    Qu’elle est l’ambassadrice
    D’une nouvelle génération de musiciens

    C’est bien elle sur les photographies
    Mais je ne retrouve pas dans ces images
    Ce qui me plaisait tant chez elle

    2/ On m’a confié de surveiller le chauffage à blanc
    D’une grande plaque de fonte sur laquelle
    Sont dessinés des idéogrammes chinois

    On va m’amener une amie
    Que je vais devoir tatouer
    Avec ce fer rouge

    Je suis fasciné par les variations de couleurs
    Blanches et vermillon du métal
    Mais j’ai terriblement peur

    Je dois tout faire pour la trouver
    Et la garantir d’un péril épouvantable
    Ou raisonner ses amis

    Je les trouve justement dans une pièce voisine
    Chantant ses louanges selon une cérémonie
    Où il est question de son rôle sur seenthis !

    Je parviens à la détourner
    Du supplice tout en lui montrant
    À quoi elle a échappé

    Bien que la plaque se soit éteinte
    (Je manque de preuves)
    Elle me fait confiance, dit-elle

    Elle m’étreint, me remercie
    Me dit qu’elle ne sait jamais
    Si elle peut me faire confiance

    Mais
    Maintenant
    Si

    Dans une autre pièce
    Une performance se prépare
    J’ai peur de m’y ennuyer

    Je regrette en effet
    De n’être pas allé
    À son concert à elle

    Le Surnatural Orchestra
    En très grande forme
    Joue dans un réservoir d’eau glacée

    La musique n’est pas affectée
    Les instruments ne rouillent pas
    Je suis tellement heureux

    Je note mes trois rêves
    Je lui envoie un mail
    Je me pèse

    Je me pèse
    Je déjeune avec Émile
    Nous sommes silencieux

    Il pleut, il fait gris, il fait moche
    Mes rêves me rendent heureux
    Je pars dans les Cévennes

    La suite
    Au prochain
    Numéro

    Je pars avec Sarah et Émile
    Comme du temps
    Où Zoé n’était pas encore née

    Et comble de ressemblance
    Nous partons avec la petite
    Voiture des grands, telle l’ AX

    Sarah et Émile
    Ont tellement
    Grandi !

    J’ai à mon bord dorénavant
    Une jeune bachelière
    Et un apprenti jardinier

    A quoi tu penses ?
    Devant la centrale nucléaire de Neuvy
    À ses seins

    La route tellement familière
    Même Emile a ses repères
    Et quel répertoire de pique-niques !

    De fait, un chemin de terre
    Juste après la grande montée de Brioude
    Lumière de fin de jour, mes deux grands

    À quoi tu penses ?
    En passant devant le Fouga de Loudes
    À mon père, à mes parents

    Quand mon père était officier de réserve
    Mes parents descendaient en 2 CV
    À Salon-de-Provence pour deux jours

    Mon père faisait ses heures de vol
    Sur Fouga donc, deux photos de moi
    En bord de piste

    J’aime, comme aucun son,
    La déchirure de l’air
    Par un réacteur

    J’ai le souvenir d’un poème
    Écrit enfant, une ode aux Cévennes
    Que j’aime, ce genre de rimes

    Le barrage de Villefort
    A été construit en 1964
    1964, c’est bien le jour pour un tel rappel

    Comme chaque fois je cède à Sarah
    Et je prends la route du bas, de la Lauze
    Elle ne demande même plus

    Accueillis par les premières étoiles
    Je monte en hâte la tente d’Emile
    Dans les phares de la voiture

    Je suis accueilli
    Par mes grands enfants
    Dans ma propre maison

    Je retrouve quelques petits signaux
    Que je m’étais laissés l’été dernier
    Les tenailles sur une page du Diplo

    Travailler et lire
    Mais surtout travailler
    Qu’en penserait Alice ?

    Mon lit est fait
    Je n’ai plus qu’à m’y vautrer
    Mais avant cela, écrire un peu

    À ma table, en face du Mont-Lozère
    Dans la nuit, enfin, des lignes
    Et des lignes, encore et encore

    C’est comme si
    N’avaient jamais existé
    Les sièges à cinq roulettes

    Tel le vieil homme
    Que je suis devenu
    Je branche mon respirateur

    Hâte de boire mon café
    Demain matin
    Les fesses sur la margelle froide

    #mon_oiseau_bleu