naturalfeature:golfe de guinée

  • De la difficulté de cartographier l’espace saharo-sahélien

    Depuis les premières cartes de l’Afrique au XVIe siècle où le Sahara apparaissait comme une longue barrière de dunes et le Sahel comme un lieu hanté par des bêtes sauvages, cartographier l’espace saharo-sahélien pose problème. Encore aujourd’hui, il semble difficile de représenter les mutations qui traversent la zone sans entretenir certains clichés. Nous en voulons pour preuve deux récents phénomènes qui ont fait l’objet d’une importante production cartographique : les migrations transsahariennes et la montée de l’insécurité liée au terrorisme.

    Des espaces migratoires lisses

    Les cartes diffusées dans la presse ou les rapports d’expertise sur la question donnent régulièrement à voir le Sahara et le Sahel depuis l’Europe, en les présentant comme des carrefours migratoires incontrôlables et des espaces de transit généralisé. Les concepteurs de ces documents ont fait des choix qui s’expliquent autant par la volonté d’en faciliter la lecture et de permettre une compréhension immédiate que par la difficulté de représenter certains faits complexes sur la carte. La plupart des représentations cartographiques choisies aboutissent à la vision d’un espace migratoire « lisse », c’est-à-dire où le trait de dessin continu de quelques routes migratoires occulte toutes les « #aspérités » — spatiales et temporelles d’ordre politique, policier, pécuniaire… — qui jalonnent les itinéraires empruntés par les migrants. Les concepteurs de ces cartes opèrent ainsi de nombreux raccourcis qu’ils imposent au lecteur ; ils laissent de côté les questions essentielles mais peu documentées de la hiérarchisation des flux ou de l’importance de telle ou telle agglomération le long de ces routes, ou encore de la variabilité du phénomène, de sa saisonnalité…

    Les longs traits qui figurent la migration africaine vers l’Europe (fig. 1) restituent l’image un peu inquiétante d’une invasion passant par des itinéraires (les villes de Ceuta et de Mellila, la Libye...) qui sont pourtant rarement empruntés simultanément par des milliers de migrants. De telles cartes font oublier que ces flux sont marginaux au regard des migrations africaines et même des migrations transsahariennes. Elles induisent aussi une confusion entre « itinéraires » et « flux ». Les centaines de milliers de Soudanais, Éthiopiens qui se rendent en Égypte n’y sont pas représentés, ni les Tchadiens et les Soudanais en Libye, ni les Nigériens et les Maliens en Algérie... À l’inverse, il n’est jamais fait cas des Sahariens qui « descendent » dans les pays sahéliens ni de ceux du golfe de Guinée, flux pourtant plus anciens.

    La carte établie par l’agence européenne Frontex qui dresse le bilan des flux aux frontières extérieures de l’Europe est tout aussi évocatrice (fig. 2). Voulant mettre en lumière l’efficacité des opérations de contrôle des frontières sur le court terme, elle rend compte de la baisse des flux migratoires entre 2008 et 2009. Mais, en sus de figurer de façon confuse chiffres, nationalités et provenances, la carte de Frontex trace également des routes approximatives : l’improbable passage par le Sud-Est égyptien entre le Soudan et la Libye ou le départ depuis le golfe de Syrte vers l’Italie ou Malte. Cette carte gomme également la dimension conjoncturelle propre à ces flux migratoires, qu’il s’agisse de leur baisse progressive depuis le début des années 2000 ou de leur réactivation, largement évoquée depuis le début des révoltes arabes en 2011.

    Des zones grises incontrôlables ?

    Cette carte du ministère des Affaires étrangères (fig. 3) rappelle le changement géopolitique brutal qu’a connu la zone ces dernières années. Les nomades seraient passés du statut fascinant de Bédouins hospitaliers qui menaient les caravanes et accompagnaient les trekkeurs à celui de dangereux islamistes à la solde d’AQMI (al Qaïda au Maghreb islamique). Les récentes turbulences géopolitiques, généralement mises sur le compte d’al Qaïda, entretiennent l’idée que des régions entières échappent à l’emprise des États. Sur cette carte élaborée par le centre de crise du ministère des Affaires étrangères, la menace prend la forme d’une surface de couleur rouge couvrant une vaste zone qui s’étend de la Mauritanie au Niger. Qualifiée de « Sahel », alors même qu’elle couvre davantage le Sahara, elle est fortement déconseillée aux voyageurs. À l’évidence, représenter en surface une menace ne s’accorde pas avec la réalité d’AQMI, groupe qui opère toujours par des attaques ciblées et ponctuelles et selon une stratégie « fondée sur le mouvement et les réseaux » (Retaillé, Walther, 2011). Une carte réticulaire qui présenterait ses bases terrestres (le terme d’al Qaïda signifie justement base en arabe) et les lieux d’actes terroristes serait bien plus juste. Devant l’impossibilité à réaliser cette carte, c’est toute la zone qui est montrée du doigt pour le « risque terroriste » qu’elle représente et, par conséquent, délaissée par les touristes, les chercheurs, les ONG et les investisseurs. Seules les grandes firmes multinationales continuent à tirer bénéfice des ressources que la zone renferme et sont prêtes à investir beaucoup d’argent pour assurer la sécurité des enclaves extractives.


    https://mappemonde-archive.mgm.fr/num31/intro/intro2.html
    #Sahara #Sahel #cartographie #migrations #itinéraires_migratoires #parcours_migratoires
    ping @reka

    • Sarah Mekdjian cite le texte de Armelle Choplin et Olivier Pliez dans son article : "Figurer les entre-deux migratoires"
      https://journals.openedition.org/cdg/790

      Sur de nombreuses cartes migratoires, qui paraissent notamment dans les médias, les espaces parcourus par les migrants pendant leurs voyages sont souvent « lissés », selon la terminologie utilisée par Armelle Choplin et Olivier Pliez (2011) au sujet des cartes de l’espace migratoire transsaharien : « la plupart des représentations cartographiques choisies aboutissent à la vision d’un espace migratoire « lisse », c’est-à-dire où le trait de dessin continu de quelques routes migratoires occulte toutes les « aspérités » -spatiales et temporelles d’ordre politique, policier, pécuniaire...- qui jalonnent les itinéraires empruntés par les migrants » (Pliez, Chopplin, 2011). En réaction à la figuration d’espaces « lissés », des chercheurs tentent de produire des cartes où apparaissent les expériences vécues pendant les déplacements et les difficultés à franchir des frontières de plus en plus surveillées. L’Atlas des migrants en Europe publié par le collectif Migreurop (2009, 2012), mais aussi des productions de contre-cartographie sur les franchissements frontaliers, entre art, science et activisme, se multiplient7.

  • Le Sénégal ou la fabrique du vulnérable - Libération
    http://www.liberation.fr/sports/2018/06/28/le-senegal-ou-la-fabrique-du-vulnerable_1662522

    En fin de thèse à l’université Paris-Descartes, où il travaille sur le thème de la vulnérabilité sociale des athlètes, Seghir Lazri passe quelques clichés du foot au crible des sciences sociales. Aujourd’hui, la formation des joueurs africains dans des académies dépendant de grands clubs européens.

    L’équipe du #Sénégal joue un match clé contre la Colombie ce jeudi, afin de poursuivre la compétition. Entraînée par l’ancien Parisien Aliou Cissé et composée à la fois de binationaux et de natifs du pays, cette équipe reste le seul espoir de voir un pays d’Afrique accéder aux huitièmes de finale. Ses performances ne sont d’ailleurs pas dues au simple hasard, puisque 22 des 23 sélectionnés évoluent en Europe, et pour la plupart d’entre eux dès le plus jeune âge. Dès lors, comment forme-t-on les joueurs natifs du Sénégal ? Et à quoi renvoie cette politique de formation ?

    La main mise de l’Europe sur la formation sportive

    Idrissa Gueye, Kara Mbodj ou encore l’icône Sadio Mané, autant de joueurs natifs du Sénégal, ayant été formé là-bas, mais n’ayant jamais effectué aucun match dans le championnat local. Et pour expliquer ce phénomène assez présent en #Afrique subsaharienne et notamment dans le golfe de Guinée, il faut comprendre les caractéristiques du monde du football dans cette région. Le géographe Bertrand Piraudeau travaillant sur l’industrie du #football, met justement en lumière un élément central de la sphère du football africain et plus particulièrement sénégalais, celui de la formation. S’inscrivant dans un système de production mondialisé, les centres de formation sénégalais ont pour vocation de « produire » des joueurs à destination du marché européen. Les centres partenaires de l’Europe comme le Diambars, Génération foot (antenne du FC Metz) ou encore l’Académie Aspire (sous l’égide du Qatar) ont participé à la formation de nombreux joueurs évoluant en Europe, sans pour autant que ces derniers aient permis le développement du championnat sénégalais. En d’autres termes l’émergence de talents, s’apparente à une nouvelle dépossession des ressources (sportives) du pays.

    Cette situation s’explique par le fait que les clubs et les institutions européens voient dans cette formation, à la fois le moyen de façonner à moindre coût des athlètes, mais aussi de réaliser des plus-values incroyables lors de leur revente sur le Vieux Continent. Néanmoins, si ces centres sous couvert d’un « partenariat » avec les grands clubs, bénéficient d’un soutien matériel et financier important, il semble que les conditions de formation des jeunes athlètes ne soient pas exactement les mêmes que sur le sol européen.

    La fabrique du vulnérable

    D’après le chercheur Raffaele Poli, si cette industrie veut fonctionner, il est impératif d’accentuer son implantation dans de grandes agglomérations, où les jeunes enfants, associés à de la « matière première », sont en très grands nombres. Cette démarche ayant aussi pour conséquence de susciter un fort mouvement migratoire chez les adolescents en provenance de zones plus reculées, quitte à générer souvent quelques risques. Pour exemple, l’international Sadio Mané, en provenance de Casamance, a fugué à plusieurs reprises, afin de participer à des tournois et des détections, mettant sa vie en danger, car livré à lui-même dans la ville de Dakar.

    A vrai dire, l’entrée dans ce type de centre correspond à une rupture avec l’environnement familial, pour l’apprenti footballeur. Une rupture acceptée par ce dernier, car elle apparaît comme le tribut à payer pour accéder à la réussite sportive et permettre l’avènement économique de sa famille, dont il a dû se séparer. Mais ce que souligne surtout Raffaele Poli est que le cahier des charges propre à ces centres, établi sur le modèle des centres de formations européens (notamment français) est loin d’être pleinement respecté. En effet, les offres de formations scolaires sont assez réduites, quant au suivi psychologique, il est totalement inexistant. Ainsi, ces centres concentrant nombre d’individus issus de milieux paupérisés, n’offrent pas d’autres choix de réussites (réels) que celui du sport, qui est très relatif, cela ayant pour effet de cristalliser la vie de l’athlète autour du football, et de rendre la peur de l’échec beaucoup plus grande.

    D’autant plus, qu’en cas revers, l’institut se désengage pleinement de la vie du sportif, qui, se retrouvant livré à lui-même, essaie désespérément de se défaire du stigmate de l’échec, notamment en entrant sur un second marché du travail des footballeurs plus sujet à des trafics et de la corruption.

    En résumé si certains joueurs de la sélection sénégalaise apparaissent comme les signes de la réussite d’une politique de formation africaine, il ne faut guère oublier qu’elle est l’œuvre de grands clubs européens dont les objectifs de gains sont primordiaux. Ainsi en formant quelques stars du show footballistique mondial, cette démarche productive laisse sur le banc de la société un nombre plus grand de personnes vulnérables.

    L’Afrique comme gisement de main d’œuvre à bas coût pour le football européen.
    #rapports_nord_sud #capitalisme

  • Les nouveaux délinquants environnementaux (2/4) : Du golfe de Guinée à la Thaïlande : les ravages de la pêche illégale
    https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/culturesmonde-du-mardi-05-juin-2018


    Malgré des législations qui se renforcent depuis des années, des chalutiers persistent à prélever illégalement des stocks de poissons considérables, bouleversant les écosystèmes et la sécurité alimentaire. Mais peut-on combattre la pêche illégale sans interroger le modèle de la #pêche_industrielle ?

    #pêche_illégale #surpêche

  • La #Mondialisation des pauvres. Loin de Wall Street et de Davos

    La mondialisation ne se résume pas au succès de quelques multinationales et à la richesse d’une minorité de nantis. Les acteurs les plus engagés dans la mondialisation demeurent discrets, souvent invisibles. Depuis une trentaine d’années, les routes de l’échange transnational ont connu de profondes mutations. Elles relient aujourd’hui la Chine, l’atelier du monde, à un « marché des pauvres » fort de quatre milliards de consommateurs, en Algérie, au Nigeria ou en Côte d’Ivoire. Pour apercevoir ces nouvelles « Routes de la Soie », il faut se détacher d’une vision occidentalo-centrée et déplacer le regard vers des espaces jugés marginaux, où s’inventent des pratiques globales qui bouleversent l’économie du monde. On découvre alors une « autre mondialisation », vue d’en bas, du point de vue des acteurs qui la font.


    http://www.seuil.com/ouvrage/la-mondialisation-des-pauvres-armelle-choplin/9782021366525
    #livre #globalisation #marginalité #économie #marges #géographie_de_la_mondialisation #ressources_pédagogiques #post-modernisme #pauvreté #économie #marginalité #géographie #géographie_économique
    #inégalités #mondialisation_des_pauvres

    • Olivier Pliez : « Avec le #bas_de_gamme et la #contrefaçon, la mondialisation s’installe au plus près des pauvres »

      Les géographes #Armelle_Choplin et #Olivier_Pliez ont suivi à travers le monde les #vêtements, #jouets et autres extensions de cheveux de leur lieu de fabrication jusqu’au marché où ils sont vendus. Ces objets sont les indices d’une « mondialisation des pauvres » qui s’étend jusque dans les pays occidentaux.
      Peut-on parler de mondialisation sans passer par Wall Street, Davos, et tous les hauts lieux qui en sont habituellement les symboles ? Oui, répondent les géographes Armelle Choplin et Olivier Pliez dans la Mondialisation des pauvres (Seuil, La République des idées, 2018). Délaissant Manhattan ou la City de Londres, ils se sont rendus en #Afrique_du_Nord et dans le #golfe_de_Guinée, mais aussi en #Turquie et en #Chine, pour montrer que des espaces pauvres, que nous croyons exclus de la globalisation économique, ont aussi leurs réseaux internationaux. A défaut d’actions et de flux financiers, ces circuits voient transiter des produits bas de gamme : vêtements, électroménager, tongs, extensions de cheveux ou encore parpaings et ciment.
      En retraçant les parcours de ces #objets, ils dessinent les #réseaux d’une « #mondialisation_par_le_bas », de plus en plus sophistiqués et de plus en plus étendus. Né au cours des années 90 dans les marchés installés dans de nombreuses villes méditerranéennes comme Marseille, ce commerce à bas prix explose dans des métropoles chinoises d’envergure mondiale, où les produits bas de gamme s’exportent par conteneurs entiers. Olivier Pliez revient sur les logiques d’organisation de ce #commerce.

      Vous présentez cette « mondialisation par le bas » en suivant des objets à travers le monde. Comment les avez-vous choisis ?

      Nous avons sélectionné ceux qui révélaient l’étendue des réseaux à travers le monde. Nous racontons ainsi comment un homme d’affaires a fait fortune grâce aux extensions de cheveux artificiels : simple revendeur de mèches à Barbès dans les années 80, il est ensuite devenu le principal revendeur pour l’Europe, avant d’installer ses propres usines au Bénin puis au Nigeria, où il emploie 7 000 personnes ! Cet exemple de réussite économique, où des produits fabriqués en Afrique se vendent en Europe, nous pousse à sortir de nos schémas habituels : l’Afrique n’est pas seulement un continent pris au piège de la Françafrique ou de la Chinafrique. Certes, la mondialisation est avant tout un rapport de dominant-dominé, avec des riches qui exploitent des pauvres, des Nord qui profitent des Sud. Mais ces espaces pauvres et dominés intéressent le marché car ce sont des lieux de #consommation - je pense à des produits neufs mais aussi, par exemple, aux voitures de seconde main en provenance d’Europe - et parfois même des lieux de production d’objets que l’on ne trouve pas ailleurs. Nous essayons donc de montrer comment des marchands, des fabricants, qui ne sont pas les plus armés face à la mondialisation, arrivent tout de même à tirer parti de ces #réseaux_d’échanges.

      Comment a évolué ce commerce au fil du temps ?

      Tout a commencé dans les années 80 avec le « #commerce_au_cabas » : des gens se rendaient dans des marchés tel celui de #Belsunce à #Marseille. Ils achetaient des produits bas de gamme comme des vêtements, des objets électroniques ou du petit électroménager, qu’ils ramenaient à la main au Maghreb pour les rerevendre. Ce commerce est un succès, et la demande se fait de plus en plus forte, à tel point que les marchands augmentent les volumes et achètent les marchandises par conteneurs entiers. Ils vont alors se fournir vers des villes plus grandes : d’abord #Istanbul, puis #Dubaï, et enfin, des villes chinoises comme #Yiwu : véritable #ville-marché à deux heures de train au sud de Shanghai, on y trouve des magasins d’usines ouverts 364 jours par an, où l’on peut se fournir en « menus articles », c’est-à-dire des #appareils_ménagers, des #jouets, de la #papeterie, des #vêtements ou encore des #objets_religieux. Dans les cafés, des marchands parlent « affaires », dans toutes les langues.

      Marseille, Istanbul, Dubaï, et maintenant Yiwu : pourquoi ce commerce se déplace-t-il à l’Est ?

      Chaque changement de ville correspond à un élargissement des lieux de consommation, et donc à une augmentation de la demande. A Marseille dans les années 90, le marché alimente surtout le #Maghreb. Puis les marchands maghrébins sont partis se fournir à Istanbul, au moment où la chute de l’URSS fait exploser la demande de consommation dans l’aire ex-soviétique. Cette ville offre alors des prix plus intéressants que Marseille. Lorsque Dubaï émerge à son tour, ce sont l’#Iran et toute la #corne_de_l’Afrique qui s’ajoutent à la liste des lieux de consommation. Enfin, en Chine, Yiwu est une #ville_globale, qui vend des produits dans le monde entier. En plus des affiches en arabe ou en russe, on voit aussi des panneaux en espagnol, preuve de la présence de marchands latino-américains.

      Les villes qui se font doubler perdent-elles leur rôle commercial ?

      A Marseille, le #marché_de_Belsunce a disparu et le quartier est en cours de #gentrification. A Istanbul ou Dubaï, villes très internationales, le commerce reste très actif mais répond à des besoins plus spécifiques : par exemple, Dubaï assure des livraisons plus rapides que Yiwu. Plus largement, pour rester en compétition, de nombreuses villes se spécialisent : celles de #Malaisie vendent des #meubles_en_bois, celles du #Vietnam du #textile, etc.

      Qu’est-ce qui explique en Chine le succès de Yiwu, bien moins connue qu’Istanbul ou Dubaï ?

      Yiwu est connue des grossistes, pas des touristes. Contrairement à ses concurrentes, elle s’est développée pour le marché, alors qu’ailleurs, le marché naissait dans la ville préexistante. A la fin des années 90, Yiwu a fait le choix d’installer des magasins ouverts toute l’année, alors que ses concurrentes chinoises proposaient des foires ouvertes dans un temps limité, ce qui était plus contraignant pour les acheteurs. De plus, elle permet l’exportation sur de petits volumes - l’équivalent d’un demi-conteneur -, ce qui attire des marchands moins fortunés. Et puis, Yiwu a aussi élargi ses gammes de produits, en continuant à vendre du bas de gamme, mais en ajoutant des éléments de meilleure qualité, toujours dans le domaine du vêtement, des jouets, du papier. Il y a quelques années, on y trouvait jusqu’à 90 % de produits de contrefaçon. Ce n’est plus le cas. Cela permet d’atteindre de nouveaux marchés de consommation, jusque dans les pays du Nord ! En France, certaines grandes surfaces discount ou de petites boutiques proposent des produits venus de villes comme Yiwu.

      Donc, la « mondialisation des pauvres » concerne aussi les pays riches ?

      Oui. On le voit par exemple à #El_Eulma, le plus grand marché d’#Algérie, connu dans tout le Maghreb. On y trouve notamment des vêtements et des #fournitures_scolaires que tout le monde vient acheter, y compris des personnes qui vivent en Europe mais qui y viennent pendant leurs vacances. Les mêmes types de produits sont ainsi présents en #Afrique, en #Amérique_latine, en #Asie_du_Sud-Est, mais aussi ainsi dans les pays occidentaux : à Yiwu, les Etats-Unis et l’UE figurent en bonne place dans les listes de clients importants. C’est en quelque sorte l’illustration concrète des nouvelles routes de la soie que la Chine étend dans le monde entier. Aujourd’hui, des trains relient Yiwu à Téhéran, mais aussi à Madrid et à Londres ou Budapest. Economiquement, le #transport_maritime reste moins coûteux, mais c’est un symbole important de l’étendue de sa puissance commerciale.

      Ces réseaux commerciaux pourront-ils satisfaire les futurs besoins de l’Afrique, en forte croissance démographique ?

      En ce qui concerne le besoin de consommation, oui. Ce sera notamment le cas du golfe de Guinée : cette région portuaire de 30 millions d’habitants, anglophones ou francophones, a de bons atouts pour s’intégrer aux réseaux mondiaux. Pour d’autres zones, comme pour la bordure méridionale du Sahel, ce sera plus dur, même si les grandes capitales de cette zone affichent des publicités pour le port le plus proche, ce qui montre l’existence de lien avec le commerce international. En revanche, les activités économiques ne fourniront pas d’emploi à tout le monde, loin de là.

      Votre livre montre des commerçants qui circulent dans le monde entier. Comment analyser les contraintes que leur impose la politique migratoire européenne ?

      Tous les spécialistes des migrations disent depuis trente ans : laissez-les circuler ! Les conséquences de la fermeture des frontières européennes sont faciles à mesurer. Dans les années 90 et 2000, Istanbul a attiré de nombreux commerçants qui ne pouvaient pas se rendre en France faute de #visa. Aux Etats-Unis, des travaux ont montré la même chose dans les relations avec l’Amérique latine : les personnes avec un double visa circulaient et créaient cette mondialisation. Quand les contraintes de circulation s’accroissent, le commerce ne s’arrête pas, il se reporte. C’est bien ce qu’ont compris les Chinois en créant Yiwu et en y garantissant un bon accueil des marchands maghrébins, et plus largement, arabes.

      Avec cette image d’hommes et de produits circulant pour le plus grand bien de tous, ne glisse-t-on pas vers une « mondialisation heureuse » qui néglige la question des inégalités ?

      Nous dénonçons cette mondialisation qui est source d’inégalités. Mais nous essayons de comprendre comment elle s’installe au plus près des pauvres pour les inclure dans le #marché. Ce n’est pas une mondialisation plus angélique que l’autre, mais on n’en parle pas ou peu, notamment parce qu’il est difficile de quantifier les #flux qui circulent, comme on le fait pour les autres lieux de la mondialisation. Il manquait aussi une géographie à ce champ très marqué par les sociologues et les anthropologues, c’est ce que nous avons voulu faire.

      http://www.liberation.fr/debats/2018/04/06/olivier-pliez-avec-le-bas-de-gamme-et-la-contrefacon-la-mondialisation-s-
      #frontières #ouverture_des_frontières #fermeture_des_frontières #circulation #route_de_la_soie (les nouvelles "routes de la soie")

  • Bouteille à la mer en direction des cartographes (au sens large) de seenthis (@reka, @fil, @simplicissimus, @cdb_77, @odilon etc...).

    Madeleine (18 ans, en pleines révisions de bac) : Papa j’ai vraiment du mal, j’ai sept cartes que je dois apprendre par coeur pour l’épreuve d’histoire-géo et je n’arrive pas à me les foutre en tête.

    Papa (c’est moi, 52 ans, en plein spleen sentimental) : Mémoriser ce serait mieux que foutre dans la tête , même si c’est un peu la même chose. As-tu reçu de la part de ton prof une méthodologie ?

    Madeleine : ben le prof il dit que c’est en mode par coeur, alors genre il ne va pas nous apprendre à apprendre quelque chose par coeur.

    Papa : je pourrais évoquer une théorie toute personnelle à propos de l’inculture visuelle généralisée qui du coup invaliderait le discours du prof mais j’imagine que cela ne t’intéresse pas trop genre ?

    Madeleine : tu pourrais m’aider ?

    Papa : il se trouve que je connais quelques éminents cartographes avec lesquels j’échange sur seenthis , je devrais leur poser la question.

    Madeleine : Seenthis c’est ton FB bio ? et ce sont tes amis ? Genre tu vas leur demande d’aider ta fille dans ses révisions de bac. Ils ont peut-être des vies tes amis seenthis .

    Papa : tu serais surprise, si cela se trouve cela peut les intéresser. Et du coup tu seras obligée de t’inscrire sous seenthis pour suivre la conversation.

    Madeleine, Papa je ne serais jamais ton amie sur ton FB bio !

    Papa : t’inquiète

    Bref chers amis cartographes de mon FB bio, est-ce qu’il existe des méthodes (une méthodologie) pour mémoriser une carte ? Je précise que Madeleine m’assure que par ailleurs (et j’ai vérifié) elle n’a pas de difficulté de compréhension des significations des cartes en question et elle a les connaissances théoriques attendues par ailleurs. Je dis ça parce que genre des fois les jeunes ils sont en mode ils n’ont pas trop appris le cours qui va avec genre .

    • Voilà un message qui conforte dans l’idée que cette épreuve est mal foutue, mal vécue..et c’est normal. En attendant qu’une vraie épreuve de carto puisse voir le jour (je l’imagine déjà), il ne faut surtout pas vouloir reproduire des choses trop pointues (et je suis le premier à avoir fait des choses trop complexes sur certains croquis !)..donc adapter le contenu à sa capacité à construire...dernier conseil : refaire, s’entraîner, en veillant à bien comprendre ce qui placé sur son fond de carte ;-) La mémoire visuelle n’est-elle pas un mythe ;-) ?

    • Il est très tard et je suis totalement carbonisé, mais je rebondis sur la proposition d’Odilon : il serait très bon de penser chacune des cartes, c’est-à-dire chacun des pays ou des régions - je ne me souviens plus du programme mais j’imagine Russie, Brésil, États-Unis au moins, selon plusieurs perspectives et principes :

      – un pays est toujours organisé de manière « dissymétrique » avec centre(s) actif(s) et périphérie, zones utiles et moins utiles, des régions attractives et d’autres répulsives, etc... et une ou plusieurs colonnes vertébrales ou pour utiliser un jargon géographique, un ou plusieurs corridors multimodaux (en somme une zone où y a plein de trucs qui circulent).

      – Il faut rester simple, un croquis dépouillé avec pas trop d’éléments dessus mais solidement argumenté avec une vraie intention cartographique et une légende bien construite (qui montre une géographie systémique) vaut mieux qu’un croquis très fouillé et encombré avec une légende mal pensée (qui montre une géographie descriptive)

      – il faudrait aussi sans doute pouvoir remettre la région ou le pays dans le contexte global mais je ne suis pas sur si c’est prévu et s’il y a ds fonds de cartes « monde » si c’est un pays qui tombe à l’examen.

      – Pour le dessin, toujours penser selon le principe 3 + 1 : n’importe quel dessin, tableaux, croquis, carte, c’est des surfaces, avec des points et des lignes - points et lignes sur plan, Kandinsky, 1926 - (3) qu’accompagnent du texte qui renseigne sur ces formes (+1) - Légende, toponymie, etc... quand on a bien compris ce système graphique, qu’on en a bien conscience, qu’on s’en est bien absorbé, on a réglé 50% du problème cartographique. Je mets ça là en illustration de ce que veux dire :

      il suffit ensuite de choisir une des trois formes graphiques aux éléments géographiques (que l’on doit connaître au préalable) à placer dans le croquis : un axe de développement, un corridor, c’est une ou des lignes, des zones attractives ou répulsives, des centres et des périphérie, c’est des surfaces, des centres de pouvoir, c’est des points, etc...

      Ce sont des principes un peu abstraits, mais j’espère que ça aide. En exemple une esquisse assez simple :

      Enfin, pour réussir une esquisse, il est toujours nécessaire de bien connaître son sujet, ça commence en fait par là : la carte n’est que le miroir de la connaissance, du savoir que l’on a préalablement absorbé sur le territoire qu’on se propose de cartographier. Il faut donc bien lire ce que les manuels disent de ces pays.

      Si j’avais un peu plus de temps, et en ayant pris connaissance des programmes, j’aurai bien fait un petit cours par skype (comme on est bio on évite l’avion). La semaine prochaine peut-être ?

    • Merci @odilon J’ai relégué ton consei d’apprendre par le dessin qui a semblé être une bonne idée à Madeleine.

      Merci @jcfichet Il me semblait aussi que les objectifs et les attentes de cette épreuve étaient pour le moins flous et on voit bien que les profs sont laissés en rase campagne sur le sujet. On note au passage que la plupart des profs d’histoire géo sont en fait des profs d’histoire (ce qui est le cas du prof de Madeleine qui est un très bon prof) et donc sur la géographie on voit bien que cela bricole plus que cela ne fabrique. Et de fait, quand la partie visuelle entre en ligne de compte eh bien cela devient très approximatif.

      Merci @reka, je vais montrer tout ça à Madeleine ce soir.

      De mon côté ce n’est pas hyperfacile parce que je suis chaque fois soupçonné (pas compéltement à tort) de vouloir tirer à moi la couverture théorique, notamment avec la nécessité d’appréhender les choses avec un minimum de culture visuelle (@reka, je vais cacher la référence à Kandiski sinon Madeleine va se demander si nous ne sommes pas de mèche !).

      Merci à toutes et tous, l’une retourne à ses révisions, l’autre à son spleen et les vaches seront bien gardées.

    • @odilon @philippe_de_jonckheere
      Ça s’appelle la mémoire #kinesthésique, en surchargeant tous les sens au moment de l’apprentissage, le souvenir reviendra avec tous ces stimulus.
      Ce sera donc plus facile de faire « remonter » le souvenir, car il sera rattaché :
      – à la douleur au genou lorsqu’on s’est cogné à l’angle du mûr
      – à la vive lumière du soleil à travers le verre dépoli

      L’autre approche, complémentaire c’est d’apprendre plus que le volume demandé. Adjoindre des anecdotes historiques, voire personnelles « Jacob a du montrer 3 fois ses papiers en passant la frontière entre la Georgie et la Russie, la route de Tbilissi était déjà périlleuse, mais ce n’était rien en comparaison de l’agressivité dans le regard de ces jeunes recrus russes endoctrinées ».

      Mes souvenirs de sciences cognitives sont loin. (et pourtant j’ai un master)

    • @perline Je dois à la vérité de dire que je grossis nettement le trait en mode exagération s’agissant de la manière d’exprimer les choses de Madeleine, c’est juste que je la taquine souvent sur certains tics verbaux.

      Par ailleurs je dois aussi dire que c’est drôlement bath de recevoir une telle réponse à mon message initial parce que cela me donne raison dans une autre discussion avec Madeleine, dans laquelle la qualité est placée plus haut que la quantité dans mon échelle de valeurs.

      Et dire que l’année prochaine elle ne sera peut-être plus tous les soirs à la maison pour croiser le fer avec moi sur ce genre de sujets ! voilà une perspective qui fait grossir le spleen du moment !

    • Mon mode de mémorisation est le #storytelling : je me raconte des voyages, des échanges, des conflits, des chantiers - et si je note ce que je raconte le résultat est une carte. Pouvoir mémoriser une carte commence donc par savoir la lire pour s’en faire des histoires - à force de faire de la vulgarisation #Openstreetmap je me rends compte que l’alphabétisation cartographique est un obstacle répandu... Ceux pour qui la carte n’est qu’un dessin et non un signifiant auront bien du mal à la mémoriser.

    • @aude_v C’est une très mauvaise imitation de Madeleine d’ailleurs. Je suis ridicule. Ce soir je réaborde la question de ces muadites cartes avec Madeleine avec toutes ces merveilleuses lumières qui se sont penchées sur le problème, mercie encore à toutes et tous.

      @perline pdj arotruc desordre.net (fut un temps on la trouvait cette adresse, mais maintenant c’est souvent recouvert, c’est vrai, je vais y réfléchir).

    • Dans mon souvenir, carte vierge et reperes mnémotechniques : la Russie à droite etc... Par ailleurs, ce qui m’a beaucoup aidé ce sont les jeux avec la mappemonde avec mon père. Où est Ulan Bator ? La terre Adélie ? Bon après mes parents jouent aussi à chercher des mots dans le dico ou réciter des poèmes et les départements, ce sont des vieux de la vieille.

  • L’extrémisme religieux en Asie et en Afrique
    http://www.madaniya.info/2015/09/16/l-extremisme-religieux-en-asie-et-en-afrique

    Une analyse de Jean François Bayart sur le salafisme en Afrique

    Si le salafisme a le vent en poupe, c’est au même titre que le pentecôtisme est en progression vis à vis de l’église catholique. Celui-ci connaît une très forte expansion dans le golfe de Guinée, ce que l’on oublie souvent de rappeler quand on parle de l’essor du fait religieux en Afrique. Cette combinatoire entre salafisme musulman et pentecôtisme chrétien est particulièrement évidente au Nigeria. De surcroît, en Afrique, l’islam apporte une réponse à des problèmes sociaux. Il permet de dépasser les clivages liés à l’origine des individus. Les poids des castes ou de l’esclavage est encore très prégnant dans toute la région. Au début du XXe siècle, dans certaines régions du Mali, 50% de la population était captive.

    L’islam par ailleurs a servi de réponse aux conséquences des politiques d’ajustement structurel des années 1990 qui ont dévasté les systèmes sociaux : l’école et la santé publique en Afrique. Les populations se sont alors retournées vers les institutions de substitution financées par les monarchies du Golfe. La charia a apporté une réponse juridique dans des pays ou des régions confrontés à la corruption, à l’arbitraire ou à l’absence de l’État : Au Nigeria, l’armée et la police sont responsables d’un très grand nombre d’exactions à l’encontre de la population.

    Et dans le nord du Mali, une partie des habitants a dans un premier temps accueilli favorablement l’arrivée des groupes islamistes comme Ansar Eddine ou le Mujao.

    Au Nigeria, Boko Haram, un mouvement qui s’inscrit dans la tradition millénariste locale, s’appuie sur une base sociale d’anciens esclaves, de populations très pauvres et à demi-lettrées. Ansar Eddine et le Mujao ont été investis par des chefs de lignage touaregs, aussi bien que par des citadins ou des paysans du nord du Mali et par des islamistes mauritaniens. Enfin, dernier et non le moindre des facteurs à l’expansion djihadiste est le business des otages favorisé parles rançons des occidentaux ainsi que le trafic de drogue.

    Il est de notoriété publique que la politique de prohibition de la drogue menée par les pays occidentaux a échoué, créant une rente qu’exploitent tout naturellement des opérateurs économiques. Le risque est celui d’une « mexicanisation » ou d’une « colombanisation » de l’Afrique de l’Ouest : des réseaux criminels deviendraient paramilitaires et menaceraient de gangréner l’État, et des mouvements armés se transformeraient en organisations criminelles.

  • #Piraterie : la #France aide les pays du #golfe_de_Guinée à élaborer leur propre réponse

    Avouons-le. Nous n’avons pas toujours le temps de parfaire notre culture générale ou d’approfondir nos connaissances géopolitiques … Pas de panique ! La rédaction vous propose de retrouver chaque dernier vendredi du mois la rubrique « Enjeux et réflexions ». Ce mois-ci, la question de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée est abordée à travers l’interview du vice-amiral d’escadre Marin Gillier, directeur de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) au ministère des Affaires étrangères et du Développement international. L’article est extrait du numéro de septembre 2014 d’Armées d’aujourd’hui.


    http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/piraterie-la-france-aide-les-pays-du-golfe-de-guinee-a-elaborer-leur-pr

  • 2014 Quelles sont les tendances de la piraterie maritime (...) - Transversaux

    http://www.diploweb.com/La-piraterie-maritime-quelles.html

    Enième papier sur la piraterie maritime (je le signale parce que depuis l’année dernière on est devenu « experts » ) donc je référence. Magnifiquement illustré par une carte produite par Unosat.

    Géostratégie maritime. Cette étude met en avant la diminution récente et très nette de la piraterie dans le golfe d’Aden et le détroit de Malacca, mais son augmentation en Indonésie et dans le golfe de Guinée. Dans le golfe de Guinée le contexte stratégique est particulier. On n’est pas dans le cadre d’Etats faillis. Au contraire, les Etats - certes fragiles - existent et sont soucieux de leur souveraineté. Leurs priorités sont complexes, ce qui rend souvent difficile d’imposer des patrouilles internationales.

  • Le nouvel épicentre de la piraterie mondiale se trouve de l’autre côté de l’Afrique | Slate

    http://www.slate.fr/story/83105/epicentre-piraterie-golfe-guinee

    e 18 janvier dernier, une entreprise de livraison grecque a perdu le contact radio avec un des navires de sa flotte, le Kerala, un pétrolier de 75.000 tonnes qui naviguait sous le drapeau du Libéria, alors que celui-ci ne se trouvait qu’à quelques kilomètres du port de Luanda, en Angola. Ce qui s’est produit ensuite est encore sujet à débat, mais les experts maritimes pensent que la disparition du Kerala est un nouveau signe de l’augmentation de la piraterie pétrolière qui préoccupe de plus en plus les marins qui traversent le tristement célèbre golfe du Bénin.

    Les détournements maritimes en Somalie et le long du reste de la côte est de l’Afrique sont en baisse. Mais les attaques de pirates en Afrique de l’ouest augmentent elles peu à peu, faisant des eaux du golfe de Guinée un des centres de la piraterie mondiale. Environ une attaque de pirate sur cinq parmi celles déclarées l’année dernière s’y est produite, selon le Bureau international maritime, mais on estime qu’uniquement un tiers des attaques en Afrique de l’ouest sont déclarées.

    #piraterie_maritime #afrique #golfe_de_guinée #somalie

    • J’avais vu passer. L’histoire du Kerala est tout sauf claire…

      Mais l’histoire s’est compliquée. Des représentants de la marine angolaise soutiennent maintenant que l’équipage du Kerala a simulé son enlèvement pour se diriger vers les eaux nigérianes de son propre chef. Le remorqueur suspect était la réplique exacte d’une autre embarcation impliquée dans une précédente attaque pirate qui a eu lieu dans la même zone. « Tout était faux, il n’y a eu aucun acte de piraterie dans les eaux angolaises », a déclaré à Reuters le porte-parole de la marine angolaise, le capitaine Augusto Alfredo.

      Plus tard, des dirigeants angolais ont affirmé que le Kerala, qui transportait 60.000 tonnes de gazole, avait été retrouvé « vide ». (The Atlantic vient de publier un article qui essaye de rétablir la vérité.)

      Les experts en sécurité maritime remettent toutefois en question la version de la marine angolaise. Ils remarquent avec inquiétude que l’incident semble s’inscrire dans la continuité des actes de piraterie qui se limitaient jusque-là au golfe de Guinée et aux eaux qui entourent le delta du Niger. C’est un tout autre type de piraterie que celle qui accable les côtes somaliennes : plus violente et avec un seul but, voler du pétrole et d’autres produits issus du pétrole qui peuvent atteindre des millions au marché noir.

      Il est rare que les pirates d’Afrique de l’ouest enlèvent des navires ainsi que leurs équipages pour réclamer une rançon de plusieurs millions de dollars. L’absence d’une zone de non-droit, comme celle qui existe au large de la Somalie, rend difficile de cacher d’énormes pétroliers et leurs équipages pendant plusieurs mois, le temps de négocier la rançon.

      De son côté, la piraterie qui touche le golfe de Guinée est plus ou moins une extension des vols de pétrole qui ont lieu sur la terre ferme depuis des années : les pirates s’attaquent aux cargaisons de produits à base de pétrole raffiné, tout comme les 60.000 tonnes de gazole transportées par le Kerala. Ian Millen, le directeur du service de renseignements britannique Dryad Maritime, a confié à Foreign Policy que les pirates n’ont en fait pris que 13.000 tonnes de diesel sur le Kerala. « Cet incident porte tous les signes distinctifs d’un vol de cargaison d’origine nigériane », a-t-il ajouté.

  • Piraterie maritime - France-Diplomatie-Ministère des Affaires étrangères

    http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/infos-pratiques-20973/risques/piraterie-maritime-20996/article/piraterie-maritime-93150

    La piraterie maritime moderne prend indifféremment pour cibles des navires de commerce et de pêche ou des bateaux de plaisance, dont des voiliers, particulièrement lents et vulnérables, sans attention particulière pour le pavillon (la nationalité) du navire attaqué. Ces actions sont généralement violentes, les pirates n’hésitent pas à se servir de fusils d’assaut ou de lance-roquettes et à exercer des pressions sur les équipages pour obtenir gain de cause.

    Elles se produisent d’abord en pleine mer mais également dans les ports, aux points de mouillage et le long des côtes. Le but des pirates est de prendre le contrôle du navire attaqué pour ensuite s’approprier tout ou partie des cargaisons et surtout négocier une rançon pour le navire et son équipage.

    En cas d’attaques réussies, les prises d’otages sont systématiques dans l’Océan Indien et de plus en plus fréquentes dans le golfe de Guinée. Les périodes de captivité durent plusieurs semaines, voire plusieurs mois, et sont très éprouvantes. Plusieurs décès de membres d’équipage leur sont attribuables tant en Océan Indien que dans le golfe de Guinée. S’agissant de la piraterie dans l’Océan Indien, la durée moyenne de détention est supérieure à six mois. A la mi-juin 2013, 2 navires et 54 marins étaient encore otages dans cette région. Le dernier incident concernant un concitoyen remonte à septembre 2011 : il a donné lieu à la mort de l’un des plaisanciers et au sauvetage in extremis, par la force « Atalante », de son épouse.

    Si la piraterie connaît une accalmie apparente dans l’Océan Indien, des groupes pirates y demeurent actifs et à l’affût des moindres occasions. La piraterie tend, en outre, à s’aggraver dans le golfe de Guinée et connaît un regain dans le Détroit de Malacca et dans le Sud de la Mer de Chine. Au total et toutes zones géographiques confondues, 120 attaques ont été recensées depuis le début de l’année 2013 par le Bureau Maritime International (BMI)

    En Océan Indien, les zones à très fort risque sont : le sud de la Mer Rouge au sud de la ligne s’étendant de la frontière nord du Yémen- à celle du Nord de l’Erythrée ; le Golfe d’Aden dans son ensemble (y compris les eaux territoriales du Yémen et d’Oman), le bassin somalien jusqu’à environ 500 nq au large des côtes somaliennes, et enfin la mer d’Arabie au Sud du détroit d’Ormuz au parallèle 5N. Les zone à risque sont : la Mer Rouge, le reste de l’Océan Indien jusqu’au canal du Mozambique, et la zone comprise entre les Seychelles, les Maldives et les Laquedives.

    Dans le golfe de Guinée, les zones à risque sont : le fond du golfe de Guinée entre la frontière Ghana-Togo et le frontière Gabon-Congo, les eaux territoriales et le large (100nq) de la Côte d’Ivoire et du Ghana.

    #piraterie_maritime

  • L’Afrique de l’Ouest veut instaurer un cadre juridique pour lutter contre la piraterie maritime - Sénégal - RFI

    http://www.rfi.fr/afrique/20131027-afrique-ouest-organise-lutter-contre-piraterie-maritime?ns_campaign=nl_

    Au Sénégal, des organisations régionales s’organisent pour monter un plan sur la sûreté et la sécurité maritime.

    http://www.rfi.fr/sites/filesrfi/imagecache/rfi_43_large/sites/images.rfi.fr/files/aef_image/2013-05-29T125138Z_1452904668_GM1E95T1LMN01_RTRMADP_3_WESTAFRICA-PIRACY_0.JPG

    Soutenues par les Nations unies, la CEAC, la Cédéao et la Commission du golfe de Guinée ont créé ce samedi 27 octobre un groupe de travail chargé de mettre en place un cadre juridique pour mieux lutter contre la piraterie, qui prend dans cette zone le visage du banditisme et du trafic de drogue.

    #piraterie_maritime #afrique_ouest #golfe_de_guinée

  • Quand la marine française traque les pirates (accès payant)

    http://www.lemonde.fr/international/article/2013/06/19/quand-la-marine-francaise-traque-les-pirates_3432615_3210.html

    Golfe de Guinée, envoyée spéciale. Dans la nuit opaque, des dizaines de puits crachent des flammes orangées. C’est la seule lueur visible sur la mer noir d’encre, dans cette portion du golfe de Guinée, au sud du Nigeria, l’un des plus grands champs pétrolifères offshore du monde. A bord du Latouche-Tréville, l’obscurité règne aussi. La frégate française patrouille en silence. Pour cette nuit de juin, au large de Port Harcourt, le navire de guerre s’est tracé un terrain de jeu de 200 km2. La zone est hérissée de pièges : forages abandonnés, plates-formes secondaires, plates-formes mères, oléoducs reliant les unes aux autres en toile d’araignée, sur des milliers de kilomètres. Les puits du groupe pétrolier français Total figurent telles de larges pièces de monnaie sur les cartes de la marine nationale.

    #piraterie #piraterie_maritime

  • Centre d’actualités de l’ONU - Ban appelle à renforcer la coopération régionale pour lutter contre la piraterie maritime dans le golfe de Guinée

    http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=30591&Cr=piraterie&Cr1=

    Ban appelle à renforcer la coopération régionale pour lutter contre la piraterie maritime dans le golfe de Guinée

    24 juin 2013 – Lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de la Commission du golfe de Guinée (CGG) sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée à Yaoundé, au Cameroun, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a souligné lundi la nécessité d’adopter une stratégie régionale concertée pour faire face à la piraterie maritime dans le golfe de Guinée

    #piraterie

  • Conséquence des printemps d’Afrique du Nord, le pays qui a chassé la Turquie de l’Union Européenne se propose désormais d’en faire son allié de premier plan au Moyen-Orient. Il faut vraiment croire qu’en France on prend les turcs pour des cons :

    Le Livre blanc confirme la Méditerranée comme "façade stratégique de l’Union européenne", avec le Maghreb et le Sahel définis comme zones prioritaires, de même que "le Golfe de Guinée et les pays riverains ». Il propulse la Turquie, interface vers le Proche-Orient, mais aussi vers les anciennes républiques soviétiques, comme « allié de premier plan". Par ordre de priorité, les zones géographiques jugées stratégiques sont ensuite le Proche-Orient et le Golfe, puis l’Asie-Pacifique et l’Amérique latine.

    http://www.challenges.fr/economie/20130429.CHA8887/livre-blanc-de-la-defense-les-5-nouvelles-prioites-imposees-a-l-armee-fra

  • U.S. Plans Base for Surveillance Drones in Northwest Africa http://www.nytimes.com/2013/01/29/us/us-plans-base-for-surveillance-drones-in-northwest-africa.html?_r=1&

    L’intervention française au Mali permet à l’AFRICOM de poursuivre (1) son quadrillage du continent africain selon la stratégie du nénuphar [« Lily pads »] (2, 3)

    The immediate impetus for a drone base in the region is to provide surveillance assistance to the French-led operation in Mali. “This is directly related to the Mali mission, but it could also give Africom a more enduring presence for ISR,” one American military official said on Sunday, referring to intelligence, surveillance and reconnaissance.

    (1) http://blog.emceebeulogue.fr/post/2012/08/21/Expansion-militaire-de-l-Empire-Am%C3%A9ricain-en-Afrique

    (2) http://www.csmonitor.com/2004/0810/p06s02-wosc.html

    (3) http://www.elcorreo.eu.org/Le-Pentagone-cree-une-nouvelle-forme-de-guerre-La-strategie-du-nenuphar

    #AFRICOM #Lily_pads #Drones

    • http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=7412

      Le Pentagone a confirmé mardi qu’il avait conclu un nouvel accord militaire avec le gouvernement du Niger pour mettre en place une base de drones ’Predator’ afin de mener des missions de surveillance sur les vastes zones désertiques de la région.

      Les responsables américains n’ont pas exclu la possibilité que ces drones puissent être finalement déployés pour mener des raids contre des militants présumés d’AQMI, comme ils ont été utilisés contre les homologues idéologiques du groupe au Pakistan, au Yémen et en Somalie.

    • The Lure of Oil and the Drug War: Why Washington Has Joined the Battle For West Africa | Alternet
      http://www.alternet.org/world/lure-oil-and-drug-war-why-washington-has-joined-battle-west-africa

      Avec la réduction progressive des guerres en Irak et en Afghanistan, Washington jette son dévolu ailleurs. Discrètement, l’administration Obama se constitue un vaste éventail de moyens militaires en Afrique de l’Ouest, et plus particulièrement dans les pays lusophones. Selon certaines sources, le Pentagone veut établir une station de surveillance dans les îles du Cap-Vert, tandis que plus au sud, dans le golfe de Guinée, navires et personnel américains patrouillent les eaux locales. Inquiet que cela puisse trop attirer l’attention sur lui, le Pentagone a évité la construction de grandes installations militaires et met plutôt l’accent sur une stratégie de petites bases dites "feuille de nénuphar". A São Tomé et Príncipe, une chaîne d’îles dans le golfe de Guinée et ancienne colonie portugaise, le Pentagone peut installer une telle base « sous le radar », ...