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  • Peste porcine en Chine : au fait, de quoi parle-t-on et quels sont les risques ?
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/peste-porcine-en-chine-au-fait-de-quoi-parle-t-on-et-quels-sont-les-risques

    Cette maladie a déjà entraîné la mort de plus d’un million de porcs dans le pays. L’équivalent de la production européenne pourrait disparaître d’ici la fin de l’année, déstabilisant les échanges mondiaux. La France n’est pas touchée mais vit dans la crainte de la contagion.

    C’est une maladie qui fait des ravages en Chine. La peste porcine africaine (PPA) décime depuis l’été 2018 les élevages de porcs dans le pays, premier producteur et consommateur de cette viande au monde. Difficile à contrôler, elle se propage à une vitesse inquiétante et fait craindre le pire en Europe. Explications.

    • Qu’est-ce que la peste porcine africaine ?

    Découverte sur le continent africain, la PPA est une maladie contagieuse qui touche les cochons. Elle n’est pas dangereuse pour l’homme mais est souvent fatale pour les animaux touchés. Elle se manifeste par de la fièvre, de la perte d’appétit ou encore des hémorragies interne. Les porcs sont contaminés lorsqu’ils sont en contact direct avec d’autres animaux malades. Les tiques mais aussi le matériel agricole peuvent véhiculer le virus. Très résistant, ce dernier se propage rapidement. Problème : il n’existe aucun vaccin ni traitement efficace pour le contenir. Le seul moyen de stopper la propagation est d’abattre les bêtes dans les zones infectées et mettre en place des mesures de prévention pour éviter la contamination.

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    • Dans quelle mesure la Chine est-elle touchée ?

    La PPA est apparue dans le pays en août 2018. Depuis, la maladie ne cesse de se répandre. Selon les derniers chiffres officiels, 136 foyers sont recensés dans 32 provinces. À ce stade, 1,2 million de bêtes sont mortes ou ont été abattues. Le pays, premier producteur et consommateur, est d’autant plus vulnérable qu’il héberge 700 millions de porcs. Les animaux sont pour la plupart élevés dans des fermes familiales où ils sont nourris avec des restes alimentaires, vecteurs importants de maladie. Les mesures de prévention et de contrôle sont aussi coûteuses et compliquées à mettre à place par les petits éleveurs. D’où la propagation rapide. Les experts de Rabobank estiment que d’ici la fin de l’année, la maladie pourrait décimer 150 à 200 millions de porcs, soit l’équivalent de la production annuelle européenne.

    • D’autres pays sont-ils touchés ?

    La PPA a malheureusement déjà dépassé les frontières chinoises. Des foyers ont été détectés au Vietnam, en Corée du Nord, en Mongolie et au Cambodge. « De plus, des aliments contaminés ont été détectés dans plusieurs pays de la zone Asie-Pacifique : Australie, Corée du Sud, Thaïlande, Taïwan et Japon. Si la PPA se concentre essentiellement en Chine, elle commence donc à dangereusement se propager dans l’espace et sur des distances considérables », souligne dans une note Sébastien Abis, chercheur à l’Iris. L’Europe n’est pas épargnée. « La maladie est endémique dans certaines régions d’Europe de l’Est, telles que les États Baltes et certaines régions de Pologne et de Russie. Des foyers de peste porcine africaine ont été enregistrés dans plusieurs autres pays, notamment la Belgique, en septembre 2018 », précise les analystes de Rabobank. Chez nos voisins belges, 700 sangliers ont été contrôlés positifs à cette maladie. De quoi pousser Matthew Stone, directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), à prévenir : « tous les pays doivent renforcer leur sécurité biologique, tous les pays doivent réfléchir sérieusement à leur chaîne d’approvisionnement et à la gestion de la sécurité biologique ».

    • La France est-elle touchée ?

    À ce stade, non, car la France a mis en place des mesures de prévention. Une « ligne Maginot » a été dressée sur plus de 110 kilomètres entre la Belgique et la France. Onze kilomètres sont encore à clôturer à cette frontière franco-belge, entre la Meuse et les Ardennes. Coût de l’opération : 5,3 millions d’euros. Grâce à cette clôture, une zone blanche a été délimitée dans laquelle tous les sangliers sont abattus. « Il ne faut pas baisser la garde, et aujourd’hui on baisse trop la garde. La garde, les Belges la baissent. Les sangliers se rapprochent et on doit remobiliser nos amis chasseurs en Meurthe-et-Moselle », a indiqué le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume. Prudent, ce dernier estime que « cette guerre n’est pas gagnée » et que les éleveurs français vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. L’apparition d’un seul cas priverait le pays de son « statut indemne », ce qui empêcherait quasi-automatiquement l’exportation de viande de porc. Une catastrophe pour la filière.

    • Quelle conséquence cette crise entraîne-t-elle sur le commerce mondial de porc ?

    L’épidémie a des conséquences très visibles sur les marchés mondiaux. La Chine, qui doit faire face à sa demande intérieure (plus de 30 kilos de porcs consommés par habitant et par an), a relevé ses importations. L’Union européenne en profite : ses exportations vers la Chine ont bondi de 20 à 30%. Canada et Brésil se frottent aussi les mains. Les États-Unis un peu moins : la viande exportée vers Pékin est en effet taxée à hauteur de 62% dans le cadre du conflit commercial qui oppose les deux pays. Cette forte demande chinoise fait en tout cas flamber les prix. En France, le cours du porc a pris 35 centimes en deux mois. « Du jamais vu », selon Paul Auffray, président de la Fédération nationale porcine (FNP), qui appelle les éleveurs à se saisir de cette opportunité qui pourrait durer. Il faudra en effet plusieurs années à la Chine pour se relever de cette crise sanitaire. La situation fait en revanche grimacer les fabricants de produits à base de porc, comme les charcutiers, qui font face à une hausse du prix de leur matière première. À terme, les consommateurs pourraient aussi en subir les conséquences dans les rayons.

    • D’autres filières sont-elles impactées ?

    À court et moyen terme, de nombreuses filières risquent d’être déstabilisés par cette crise qui entraînera un report de la consommation chinoise vers d’autres viandes. « Une évolution séculaire vers une consommation de porc chinoise plus faible soutiendra la demande accrue de volaille, de bœuf, de fruits de mer et de protéines alternatives qui façonnera les tendances de la production mondiale », estiment ainsi les experts de la Rabobank. Ces derniers s’attendent entre-temps à « une volatilité des marchés à court terme qui se traduira par une hausse des prix mondiaux des protéines ». Même avis pour Sébastien Abis, selon qui la filière volaille sera particulièrement concernée : « le département américain de l’Agriculture anticipe une hausse des importations chinoises de poulet de 70% en 2019. L’augmentation des prix n’est pas près de s’arrêter : le pic devrait être atteint entre le dernier trimestre 2019 et début 2020, une fois que les réserves de viande seront épuisées ». Autre filière touchée : celle su soja. La Chine est le premier importateur mondial de cette légumineuse (environ 100 millions de tonnes par an, soit 70% des achats de la planète). La moitié est utilisée par les éleveurs de porcs. « Dans une moindre mesure, les marchés du maïs et du lait en poudre seront aussi touchés, ces deux éléments faisant partie du régime alimentaire des porcs », juge le chercheur de l’Iris.

    #nos_ennemis_les_bêtes #peste_porcine #épidémie #élevage #viande #agriculture #chine #hommerie #carnisme

    • Une « ligne Maginot » a été dressée sur plus de 110 kilomètres entre la Belgique et la France. Onze kilomètres sont encore à clôturer à cette frontière franco-belge, entre la Meuse et les Ardennes.

      La comparaison historique est moyennement rassurante…
      • la ligne Maginot n’a pas été construite entre la France et la Belgique et
      • c’est par les Ardennes qu’est passée l’invasion allemande…

    • Bien vu @simplicissimus j’avais pas relevé cette histoire de ligne Maginot, ca ressemble au contournement des frontières française par le nuage de Tchernobyl. Je voie pas comment cette ligne bloquerait les sangliers et il me semble que cette « peste » ne les épargne pas.

  • Face à la répression, l’opposition à Bure cherche à se renouveler
    4 juin 2019 / Raphaël Goument (Reporterre)
    https://reporterre.net/Face-a-la-repression-l-opposition-a-Bure-cherche-a-se-renouveler

    (...) La machine judiciaire n’a pas non plus été en reste. Depuis le début de l’année 2018, les opposants ont cumulé près de 40 procès rien qu’en Meuse, 27 interdictions de territoire, une instruction pour association de malfaiteurs qui concerne 7 personnes et interdit à 10 autres de rentrer en relation. Le tribunal de Bar-Le-Duc s’est habitué à ces fameuses « séances Bure » sous très haute surveillance policière. Contactée par Reporterre, l’avocate au barreau de Lille Muriel Ruef — qui suit la répression depuis deux ans — ne cache pas son étonnement : « Quelque chose de cette ampleur-là, d’aussi systématique, je n’ai jamais vu ça, non. » Et de poursuivre : « Les interdictions de territoire, par exemple, c’est le premier endroit où je les ai vues requises systématiquement sur des zones aussi vastes, [soit le département de la Meuse]. »

    Sur le terrain, cette stratégie porte ses fruits. Maître Ruef : « On interdit aux gens de se voir, de mettre les pieds dans le département, or les personnes visées sont celles qui faisaient le plus de lien, qui s’occupaient de l’organisation, du travail sur le dossier, etc. Évidemment, ça coupe les pattes. » Bien que la juriste se refuse d’accepter le terme de « laboratoire » de la répression, elle note que des dispositifs comparables ont depuis été appliqués aux Gilets jaunes. (...)

    #répression

  • #Destruction des #cabanes des #gilets_jaunes : la #répression hors-champ [Carte]

    Alors que les caméras se tournent vers les grandes villes, nous nous sommes intéressés à tous ces ronds-points de France qui n’ont pas eu leur tragique quart d’heure de violence sur une chaîne 24/7. Nous avons tenté l’effort de référencer le maximum de ronds-points occupés par une cabane, un campement, une caravane, en tout cas, une installation faite pour durer et accueillir au quotidien un #espace_de_vie. Nous pensons par exemple à cette caravane en Dordogne, ou cette cabane dans la Meuse. Nous nous sommes interrogés sur ce point aveugle de l’actualité et sur la nature de ces #destructions. Par Igor Maquet.


    https://lvsl.fr/carte-destruction-cabanes-gilets-jaunes
    #cartographie #GJ #cartographie #ronds-points #visualisation #occupation

  • « Un héritage empoisonné », d’Isabelle Masson-Loodts
    https://reporterre.net/Projection-Un-heritage-empoisonne-AVANT-PREMIERE-Paris

    Des poisons de 14-18 aux déchets nucléaires : au fil d’une enquête sur l’héritage toxique de la Grande Guerre, se dessine une mise en perspective (d)étonnante. Dans les années 1920, la Belgique et la France se sont débarrassés des rebuts chimiques du conflit dans des territoires défavorisés. L’opposition des populations locales a été balayée par l’urgence des décisions et par les pressions exercées par les lobbies industriels et agricoles. L’actualité révèle que le déni des craintes exprimées à l’époque a favorisé un oubli délétère. Les habitants du nord du département de la Meuse subissent encore aujourd’hui les conséquences de l’amnésie qui a entouré la pollution de leurs terres. Or 100 kilomètres plus au sud, à Bure, d’autres citoyens luttent contre un projet de poubelle nucléaire. Alors qu’un siècle a suffi pour faire oublier le danger des pollutions héritées de 14-18, notre mémoire permettra-t-elle de préserver les générations futures de déchets qui resteront dangereux pour plusieurs millénaires ?

    #mémoire #oubli #nucléaire #Bure #Meuse

    • « Paysages en bataille », Isabelle Masson-Loodts, Editions Nevicata, 2014
      http://www.paysagesenbataille.be/le-projet/le-livre

      Le dernier combattant, toutes nations confondues, de la Première Guerre mondiale est mort en 2011. Pourtant, sur l’ancienne ligne de front, la Grande Guerre n’appartient pas qu’au passé.

      Elle fait partie du quotidien de ceux qui travaillent la terre des anciens champs de bataille et ramassent chaque année, dans les sillons creusés par leurs tracteurs, les obus et grenades que la terre recrache.

      La lecture des paysages de la Grande Guerre révèle aussi quelques « secrets » dérangeants. Les sols et les mers resteront encore longtemps pollués par le conflit. Et l’Armistice de 1918 n’a pas empêché la guerre de continuer à faire des victimes.

  • A l’assemblée des gilets jaunes à Commercy : « On va continuer parce qu’il y en a marre de cette vie de merde »
    https://www.bastamag.net/A-l-assemblee-des-gilets-jaunes-a-Commercy-On-va-continuer-parce-qu-il-y-e

    Après trois mois de contestation, des gilets jaunes tentent de structurer le mouvement. Une liste, déjà contestée, a été lancée en vue des européennes, tandis que des plateformes numériques ont été créées par plusieurs groupes et que des assemblées générales se réunissent à Toulouse, Lyon ou Caen. Il y aussi « l’assemblée des assemblées » de Commercy. Dans cette petite ville de la Meuse, plusieurs centaines de gilets jaunes venus de ronds-points aux quatre coins du pays se sont rencontrés les 26 et 27 janvier. (...)

    #Résister

    / #Reportages, #Luttes_sociales, #Classes_populaires, #Fractures_sociales

  • Après dix semaines de mobilisation, comment la police analyse le mouvement des « gilets jaunes »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/01/26/apres-dix-semaines-de-mobilisation-comment-la-police-analyse-le-mouvement-de

    Semaine après semaine, ils ont été au contact des « gilets jaunes », ils ont coordonné le maintien de l’ordre ou ils ont bénéficié des remontées d’information des services de renseignement : alors que l’acte XI de la protestation doit avoir lieu samedi 26 janvier, Le Monde a interrogé des policiers, des gendarmes, des préfets pour comprendre les tendances de fond qui structurent depuis novembre 2018 ce mouvement inédit.

    Au-delà des analyses sociologiques et des chiffres de la mobilisation – imprécis et épars par nature –, nous avons cherché à identifier les grands pôles géographiques du mouvement et les différentes logiques de rassemblement à l’œuvre sur le territoire. Nous avons croisé le regard de gardiens de la paix proches du terrain, d’officiers issus de la hiérarchie intermédiaire, ou de fonctionnaires aux plus hautes responsabilités. Seules les sources syndicales ont toutefois pu être citées nommément, devoir de réserve oblige.

    Deux mouvements parallèles : un la semaine, un le week-end

    De l’avis unanime de nombreuses sources, deux mobilisations parallèles coexistent un peu partout en France, depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », le 17 novembre 2018 : la première, la semaine, sur les ronds-points, avec des revendications très sociales ; la seconde, chaque samedi, lors des manifestations, avec des mots d’ordre beaucoup plus antisystème.

    Néanmoins, la mobilisation en semaine, sur les ronds-points, symbole politique initial du mouvement, a fortement évolué ces dernières semaines. « La bascule a été constatée après les fêtes de Noël », précise un fonctionnaire. Les annonces du chef de l’Etat le 10 décembre sur le pouvoir d’achat ont satisfait une partie du mouvement. Les manifestants ont aussi, en parallèle, été progressivement évacués par les forces de l’ordre en raison du caractère illégal de leur occupation. La mobilisation s’est donc reportée sur les rassemblements du week-end, dans les villes.

    Un certain nombre de « gilets jaunes » ont par ailleurs quitté les ronds-points, mais sont allés occuper des terrains de collectivités locales ou de particuliers ayant décidé de les soutenir. Ces « points de fixation », comme les appellent désormais policiers et gendarmes, sont très éparpillés. Ils réunissent un petit nombre de personnes et demeurent essentiellement le fait d’individus en recherche de lien social, parmi lesquels de nombreux retraités, affirme un haut gradé.

    A Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), par exemple, vingt à trente « gilets jaunes » qui étaient les plus engagés se sont installés sur un terrain privé, à une centaine de mètres d’un rond-point d’accès à l’autoroute A51, qu’ils avaient occupé presque sans discontinuer du 17 novembre au 7 janvier, selon Guillaume Ryckewaert, secrétaire national du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI). Des ronds-points ou des sorties d’autoroute sont encore occupés régulièrement dans le reste du département et il y a parfois des opérations « péage gratuit », à Peyruis et à Sisteron, avec dix ou vingt manifestants.

    Une protestation rurale qui s’est étendue aux villes petites et moyennes

    A l’origine, le mouvement des « gilets jaunes » part du monde rural. Faute de transports publics, la contestation de la hausse des taxes sur les carburants envisagée à l’automne par le gouvernement y a en effet trouvé un écho particulièrement fort. Mais, au fil des semaines, dans de nombreux départements, les forces de l’ordre ont constaté un report progressif de la mobilisation sur les petites et moyennes villes, avec une extension du conflit à des personnes issues du tissu périurbain.

    « De façon générale, la mobilisation parisienne a servi de prise de conscience, puis il y a eu un report sur la province », confirme un haut responsable de la sécurité intérieure.

    Dans l’Est, par exemple, les grandes villes, comme Besançon, Strasbourg, Metz, ou Reims, sont restées plutôt à l’écart de la crise des « gilets jaunes ». Des tensions sont bien progressivement apparues à Mulhouse. Mais elles sont restées très inférieures à ce qu’ont connu de plus petites villes comme Bar-le-Duc, Dole, Forbach et Thionville, dont certaines sont très paupérisées et marquées au fer rouge par la désindustrialisation. Charleville-Mézières en particulier, a été confrontée à plusieurs épisodes de violences urbaines. Cette montée des tensions tiendrait notamment aux effectifs de police et de gendarmerie. A l’exception de la Moselle, les départements de la région sont moins bien dotés pour faire face à des événements impromptus.

    Dans ce paysage, Nancy, qui est un grand pôle urbain, fait figure d’exception. Les violences ont débuté dès le 17 novembre 2018 et ont eu lieu ensuite chaque week-end. Le 22 décembre 2018, quelque 2 000 manifestants se sont rassemblés, et des fusées de clous et de billes ont été jetées sur les forces de l’ordre. Cette exception nancéienne pourrait s’expliquer par la position centrale de l’agglomération : une ville entourée de territoires plus enclavés, comme la Meuse ou les Vosges, d’où sont venus une partie des manifestants. Cette « régionalisation » du mouvement façon vases communicants a surtout été constatée dans l’Est à partir du 5 janvier.

    Beaucoup de régions ont aussi observé un afflux de manifestants qui avaient initialement pris l’habitude de venir à Paris. Des personnes motivées à l’idée d’agir désormais plus localement, ou contraintes financièrement. Ainsi les autorités ont constaté des niveaux de mobilisation baissant par endroits, tandis que d’autres villes ont pris le relais, comme Nantes ou Rennes, entrées dans le mouvement plus tardivement.

    Toulouse et Bordeaux : deux exceptions épicentres des violences

    Si, en région, les petites et moyennes villes concentrent désormais la mobilisation et les dérapages, deux métropoles échappent aujourd’hui à cette règle : Toulouse et Bordeaux. Les forces de l’ordre sont certes habituées à la « tradition contestataire » d’extrême gauche de la première. Toulouse attire, qui plus est, tous les manifestants des villes lui étant périphériques ainsi qu’un certain nombre de jeunes issus des quartiers sensibles comme le Mirail. Mais le niveau de violence qui se cristallise inquiète désormais au plus haut niveau. Chaque samedi, la mobilisation toulousaine se scinde généralement en deux, avec d’un côté l’action des « gilets jaunes » « classiques », et en deuxième rideau, un « sur-appel à manifester » de l’extrême gauche, qui se prolonge parfois très tard dans la nuit.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : « Un terreau contestataire » fait de Toulouse une « capitale de la colère jaune »

    A Bordeaux, davantage connue pour son flegme bourgeois que pour ses éruptions de fureur, la récurrence des dégradations a davantage surpris les autorités. Le scénario se répète inlassablement chaque semaine depuis le 1er décembre. Le nombre de « gilets jaunes » ne faiblit pas et « pourrait continuer d’augmenter », anticipe même un haut gradé : ils étaient encore 4 000 pour l’acte X, samedi 19 janvier.

    Parmi les casseurs récurrents identifiés par la police, les plus actifs sont les groupes d’extrême gauche, antifascistes et black blocs. Les interpellations montrent que Bordeaux agit comme un aimant pour tout le Sud-Ouest. La plupart des manifestants ne sont pas bordelais et viennent plutôt des départements alentour : des Landes, de Dordogne, de Charente-Maritime, et même des Pyrénées-Atlantiques, à deux ou trois heures de voiture.

    « Chaque fois, c’est pareil, raconte un policier spécialisé dans le maintien de l’ordre en Gironde. Ils se regroupent, ils défilent, en passant par les quartiers les plus favorisés, et vers 17 heures, à la tombée de la nuit, les plus violents arrivent place Pey-Berland, où se situe la mairie. Ils font face aux forces de l’ordre et se mettent à tout dégrader. Ils s’attaquent à ce que représente la ville : un centre riche, entièrement rénové et un maire, Alain Juppé, qui a soutenu Macron. »

    Bordeaux, symbole parfait d’un affrontement de classes qui sous-tendrait le mouvement des « gilets jaunes » ? « L’exclusion, ces dernières années, des petites et moyennes classes sociales a contribué à un sentiment antibourgeois qui se caractérise de temps à autre par des réflexions faites aux habitants aisés du centre de l’agglomération », note un officier de police, pointant les loyers devenus inaccessibles pour les salaires moyens, notamment sous l’effet de l’arrivée, à l’été 2017, de la ligne à grande vitesse, qui place désormais la ville à seulement deux heures en train de Paris.

    Le Sud plus agité que le Nord

    Même si certains militants « gilets jaunes » s’y essayent, difficile d’établir une cartographie très précise du mouvement, aux yeux de nombreuses sources policières. Seule chose évidente : de façon globale, la mobilisation apparaît nettement plus forte dans le sud de la France qu’au nord. Ainsi serait en train de se former une sorte d’arc méditerranéen très virulent, allant des « contreforts pyrénéens à la vallée du Rhône », en passant par Tarbes, Perpignan, Narbonne, Montpellier, Nîmes et Avignon, résume Christophe Rouget, secrétaire général adjoint du SCSI.

    Une mobilisation parfois violente, qui peut passer inaperçue dans les médias, regrettent certains fonctionnaires. Comme à Nîmes, le 12 janvier, où se sont rassemblés tous les « gilets jaunes » d’Occitanie, soit plus de 1 250 manifestants dont 250 motards. Beaucoup de dégâts matériels ont été à déplorer, notamment sur des banques. C’est dans la région qu’a aussi eu lieu, dans la nuit du 18 au 19 décembre 2018, le spectaculaire incendie de la barrière de péage d’Agde-Bessan (Hérault) sur l’A9. Depuis, plus de 45 personnes ont été interpellées, 18 ont été mises en examen et 12 placées en détention provisoire.

    A l’inverse, le nord de la France, et plus précisément la région des Hauts-de-France, qui cumule sur le papier tous les indicateurs socio-économiques de précarité, apparaît plus en retrait du mouvement. Même si la mobilisation n’y est pas absente – des rassemblements ont lieu régulièrement à Calais (Pas-de-Calais), Laon ou Soissons (Aisne) – « le Nord bouge moins que ce que l’on pouvait imaginer, il y a une forme de “paradoxe” du Nord », confirme David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). « A Amiens, il y a eu deux ou trois manifestations dures, mais depuis, c’est le retour à la normale. »

    Le calme de Roubaix apparaît aussi comme une curiosité à de nombreux observateurs. Ils n’étaient qu’une quinzaine de « gilets jaunes », le 1er décembre, pour leur premier rassemblement… Deux hypothèses pourraient expliquer ce constat, aux yeux d’un cadre des services de renseignement. D’abord le fait que le département du Nord soit globalement assez urbain. Seconde explication possible selon lui : la précarité y est telle que les aides sociales peuvent jouer un rôle d’amortisseur. Le mouvement des « gilets jaunes » demeure majoritairement le fait d’actifs issus de la classe moyenne inférieure.

    Une mobilisation qui demeure très « sporadique »

    S’il donne l’impression d’une grande continuité depuis le début, le mouvement des « gilets jaunes » se traduit localement par un aspect très sporadique et une forte éruptivité. Certaines villes sont ainsi apparues dans les radars des autorités, avec parfois de soudains pics de violences, comme à Saint-Etienne, puis ont disparu, sans véritables explications. A l’ouest, des villes comme Tours, Le Mans, Caen ou Quimper font parler d’elles seulement depuis peu.

    Au Puy-en-Velay, l’attaque de la préfecture le 1er décembre a ainsi laissé de profondes traces. « On ne comprend toujours pas ce qu’il s’est passé, raconte un officier de police local. On s’était préparé pour du maintien de l’ordre, mais on a eu une scène de guérilla urbaine. Et en face de nous, on avait nos voisins ! Il y avait quelques mecs d’extrême gauche et d’extrême droite, mais c’était surtout des quidams, des gens modestes venus de la campagne environnante. Il y a eu un effet de meute, un peu d’alcool aussi sans doute, mais ça ne justifie pas tout. »

    La ville, qui a reçu des renforts en gendarmerie mobile importants par la suite, n’a plus connu de tels épisodes depuis. Les manifestants n’étaient plus que 200 à 300 pour l’acte X, le 19 janvier, alors qu’ils étaient 4 000 le 1er décembre 2018. Les groupuscules des extrêmes se sont eux déplacés dans d’autres villes. « Dans cette région où on a besoin de la voiture pour vivre, la revendication sur les carburants était légitime, mais maintenant il y a une lassitude, sans compter les dégâts économiques pour les commerçants », explique ce policier.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Puy-en-Velay, des « gilets jaunes » écœurés mais combatifs après l’incendie de la préfecture

    L’ultragauche et l’ultradroite, plus aiguillons que moteurs

    Depuis le début du mouvement, les groupes d’ultragauche et d’ultradroite sont visibles dans la plupart des rassemblements qui dégénèrent. Parfois, ils s’affrontent aussi entre eux. Le matin du 1er décembre, jour de l’apogée des violences à Paris, des militants d’extrême droite ont ainsi été vus en train de monter une barricade dans une avenue voisine de l’Arc de triomphe, tandis que des profils identifiés à l’extrême gauche tenaient le pavé sur le terre-plein central. Au fil des week-ends, ces individus se sont toutefois éparpillés sur le territoire, notamment à Nantes, Toulouse et Dijon – où existe un foyer anarchiste historique.

    A Rennes, ville habituée aux soubresauts avec un fort noyau d’extrême gauche, le mouvement des « gilets jaunes » s’est ainsi déroulé dans le calme, les premiers temps. « Ça ne s’est radicalisé que depuis quinze jours, constate David Leveau, secrétaire régional Unité SGP Police FO, l’un des principaux syndicats de gardien de la paix. On a vu ressortir les nids d’ultragauche et les black blocs, alors qu’ils ne se mêlaient pas aux “gilets jaunes” au début. » Les revendications liées au prix des carburants ne correspondaient pas à leur logiciel idéologique, note une source policière haut placée, qui estime que leur ralliement au mouvement est un effet d’opportunité.

    Une évolution sur le terrain dont témoigne aussi un policier de la brigade anticriminalité (BAC) : « Au départ, pendant les premiers samedis, c’était plutôt calme, on avait des contacts avec les manifestants, il y avait même un dialogue : ça nous a surpris vu le climat habituel à Rennes. Mais, maintenant, il y a une montée en puissance de la violence, avec des groupes d’extrême gauche virulents qui profitent de ça pour foutre le bordel. Ils viennent au contact, caillassent et vont se réfugier dans la foule en mettant des gilets jaunes. »

    Une radicalisation préoccupante d’une partie des manifestants

    La polémique sur les violences policières et l’usage du lanceur de balle de défense 40 mm (LBD 40) a également accentué les heurts sur le terrain, témoigne le même policier de la BAC à Rennes : « La violence augmente contre nous parce qu’il y a eu des blessés graves. Il y a beaucoup de “gilets jaunes” qui ont l’impression de ne pas être entendus ou d’être victimes d’interventions policières qu’ils ont du mal à comprendre. Alors ils s’en prennent à des organismes représentant l’Etat, à l’immobilier qui incarne la richesse ou à l’institution police. »
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    Une contestation de l’action des forces de l’ordre qui touche l’ensemble du pays, même dans les zones n’ayant eu à déplorer aucune violence, ni d’un côté ni de l’autre. En Ardèche, par exemple – « où aucune grenade lacrymogène n’a été tirée depuis le début du mouvement », d’après une source policière –, le mouvement, principalement animé par des retraités, s’est durci, rapporte un gardien de la paix présent sur les ronds-points. « Au début, on discutait avec eux. Je me souviens d’une femme âgée à qui j’ai parlé pendant près de deux heures un samedi. Je la recroise un mois plus tard, elle ne me reconnaît pas, et elle se met à m’insulter de tous les noms… »

    David Le Bars, patron du SCPN, le principal syndicat des commissaires, regrette aussi « cette espèce d’accoutumance à la violence verbale » ainsi que « le développement d’une rancœur nourrie d’une semaine sur l’autre dans l’affrontement avec les policiers ». « Beaucoup de violences physiques sont commises par des gens lambda », note un cadre des services de renseignement, qui estime cependant que ceux qui sont le plus actifs aujourd’hui étaient déjà souvent dans une forme de radicalité avant le début du mouvement, avec, par exemple dans le Sud, des pratiques issues des mouvements agricoles ou viticoles.

    Les autorités craignent par-dessus tout que cette radicalisation n’aboutisse à des dérapages fatals. L’interpellation d’un « gilet jaune » équipé d’un pistolet chargé, mercredi 23 janvier, à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), et la découverte chez lui d’un arsenal d’armes ont réactivé la peur d’un passage à l’acte grave.

    Des tentatives de récupération politique mais pas de lien direct avec le vote RN ou LFI

    Le mouvement des « gilets jaunes » est, depuis ses débuts, l’objet de diverses tentatives de récupération politique. Qu’elles soient locales ou le fait de responsables nationaux. Un certain nombre de mots d’ordre du mouvement sont en effet en adéquation avec les thèses de La France insoumise (LFI) ou du Rassemblement national (RN). « Certains militants sont clairement là pour encourager la mobilisation, mais les “gilets jaunes” restent majoritairement un mouvement de citoyens, rappelle un haut fonctionnaire. Ce n’est ni l’ultradroite ni l’ultragauche qui structurent le mouvement. »

    Dans le Sud, il a par exemple été constaté à plusieurs reprises sur des ronds-points que des personnes venant de bords politiques très opposés (RN et LFI) discutaient ensemble sans aucune difficulté, le tout en débattant de leur vote lors du scrutin présidentiel. Un constat qui fait dire aux forces de l’ordre ayant pu assister à ces échanges que les raisons les unissant étaient bien supérieures à leurs divisions politiques.

    Dans certaines régions, récemment, les choses sont certes allées plus loin, avec des tentatives ponctuelles de « phagocytage » du mouvement par des représentants syndicaux ou issus de LFI. Mais celles-ci ont surtout contribué à attiser les tensions et à diviser la mobilisation, estime un commissaire de police parisien qui a travaillé à centraliser les nombreuses informations venant de ses collègues sur le terrain.

    De même, la carte de France du vote RN ou LFI ne se superpose pas clairement avec le mouvement des « gilets jaunes », estiment la plupart des observateurs. La seule zone où cet emboîtement apparaît très visible concerne l’arc méditerranéen, ainsi que Bordeaux, où de nombreux manifestants viennent chaque week-end du Médoc voisin : un territoire très marqué par le vote RN.

    Ce constat général n’empêche pas de trouver des concordances à l’échelle locale. Dans le Pas-de-Calais, début décembre, La Voix du Nord a ainsi réussi à rapprocher la carte des votes RN et LFI au premier tour de l’élection présidentielle 2017 avec celle des rassemblements de « gilets jaunes » dans le département. Aucun systématisme ne se dégageait pour autant.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : le Rassemblement national fait le pari de l’infusion des idées

    Un mouvement citoyen qui cherche à se structurer politiquement pour durer

    Le mouvement des « gilets jaunes » a compris, avec l’hiver, les vacances scolaires, et les annonces du chef de l’Etat début décembre, qu’il devait s’organiser s’il comptait durer et obtenir plus. D’où son rapprochement récent, par exemple, avec les milieux syndicaux et l’appel à la grève générale, le 5 février, de la CGT. « On est passé d’une logique de sincérité à un besoin de fédération politique, abonde un cadre de la sécurité intérieure. Il ne faut toutefois pas forcément voir dans la structuration actuelle quelque chose d’organisé politiquement. »

    Il y a surtout un besoin « d’auto-justification » du mouvement, selon ce fonctionnaire. Celle-ci passerait aujourd’hui par le besoin de fédérer les rancœurs autour de « personnalités politiques », telles que le président Emmanuel Macron ou le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Cette nécessité de resserrer les rangs passerait aussi par l’utilisation de la « victimisation », avec un vecteur tout trouvé : les violences policières. Cette « deuxième phase » du mouvement s’appuie enfin beaucoup sur le soutien affiché de l’opinion. Un soutien qui risque de s’effriter mais va sans doute durer sur le long terme, estime un haut responsable de la gendarmerie.

    Une mobilisation très dépendante du charisme des leaders locaux

    Si quelques profils ont crevé l’écran au niveau national, comme Eric Drouet, Maxime Nicolle ou Priscillia Ludosky, ou encore Ingrid Levavasseur, notamment par le biais des réseaux sociaux, le mouvement des « gilets jaunes » doit également sa réussite à l’émergence, parfois éphémère, de leaders ultra-locaux.

    « Souvent, un abcès de fixation prend parce qu’il y a une ou deux personnes qui agrègent les autres et prennent de manière implicite la tête du dispositif », témoigne un policier chargé de dégager des ronds-points.

    Quand l’un de ces chefs de file disparaît, le noyau se disloque en général assez rapidement. Ce cas de figure s’est présenté récemment à Béziers (Hérault), autour de la figure d’une femme. « Depuis son interpellation et sa condamnation à une forte peine de prison avec sursis, il y a un gros flottement sur le secteur », décrypte M. Ryckewaert, du SCSI.

    Mais si certains policiers constatent un étiolement de ce type de blocages, d’autres estiment qu’après avoir atteint son étiage, la mobilisation des « gilets jaunes » est partie pour durer. Un enkystement et une détermination que le lancement du grand débat national par M. Macron ne semble pas encore avoir entamés. « C’est une grande séance de thérapie collective ce débat, c’est bien, mais quand les gens vont se rendre compte à la fin qu’ils ne sont toujours pas soignés, il va y avoir de la frustration », prédit une source policière de haut rang. Si le mouvement des « gilets jaunes » passe l’hiver et notamment la période actuelle de grand froid, les autorités craignent qu’il bourgeonne de plus belle au printemps.

    #maintien_de_l'ordre

    • Gilets jaunes : à Commercy, « l’AG des AG » remporte un succès d’affluence, Lucie Delaporte
      https://www.mediapart.fr/journal/france/270119/gilets-jaunes-commercy-l-ag-des-ag-remporte-un-succes-daffluence?onglet=fu

      Dans la commune de la Meuse, 75 délégations de gilets jaunes se sont retrouvées ce week-end pour débattre des suites à donner au mouvement. Au menu, échanges d’expérience et débats animés sur une possible structuration du mouvement.

      « Commercy, capitale des gilets jaunes ! » La formule, lancée par un participant dans la liesse qui caractérise depuis le début de la journée les quelque 300 représentants qui ont répondu à l’appel de cette petite ville de la Meuse, enthousiasme un moment. Venues de toute la France, près de 75 délégations ont envoyé à Commercy des représentants pour participer à l’#assemblée générale des assemblées générales des gilets jaunes, créées un peu partout sur le territoire ces dernières semaines (lire notre reportage sur l’expérience menée à Commercy depuis le début du mouvement).

      « On est dans une volonté de mise en commun des idées », précise Steven, un représentant du groupe de Commercy, avant de s’exclamer : « C’est extraordinaire ce qui se passe ici ! » Le succès dépasse manifestement les organisateurs : « On ne s’attendait pas du tout à ça, on est ravis », assure Claude, qui a largement contribué à l’organisation de ce week-end, mais qui tient d’emblée à préciser que l’AG de Commercy « ne va pas prétendre représenter tous les gilets jaunes de France. On va être humbles. Il s’agit de s’engager dans un processus démocratique par le bas ».

      La question, lancinante, de la légitimité de cette assemblée, de ceux qui s’expriment, traversera d’ailleurs tous les débats de ce mouvement si attaché à son horizontalité.

      À partir de neuf heures du matin, commencent à se rassembler dans la salle des fêtes de petits groupes venus de tout l’Hexagone et parfois même d’un peu plus loin. Un journaliste grec, qui échange avec un couple de Suisses, a fait le déplacement parce que « le monde entier regarde ce mouvement ».

      Rico et Chantal arrivent de l’Ariège, du Mas-d’Azil. Ils ont été mandatés par leur AG pour venir les représenter à Commercy. « On a été tirés au sort », précise Chantal, sémillante septuagénaire, qui depuis des semaines multiplie les actions dans son coin de l’Ariège certes reculé, mais « où existe un tissu associatif très vivant ». « Faut la voir bloquer des camions à quatre heures du matin ! », affirme Rico, la quarantaine, admiratif.

      « Macron peut lâcher sur les 80 km, on n’en a rien à faire. Son grand débat, c’est de l’enfumage ! Ce qu’on veut, c’est la #justice_sociale. On en a marre de bosser comme des cons pour rien avoir à la fin », résume Chantal, au diapason d’une assemblée remontée à bloc et persuadée que le mouvement des gilets jaunes, loin de s’essouffler, ne fait que commencer.

      La plupart des participants disent être venus à Commercy pour échanger leurs expériences, prendre des contacts, mais aussi se redonner de la force. « C’est important de discuter, de créer des liens. Et puis il faut qu’on s’organise face à la #répression », estime Stéphane, qui vit à Saillans dans la Drôme. « Moi je viens prendre un max de contacts pour échanger, parce qu’avec une grosse manif par semaine on a un peu la tête dans le guidon et on a du mal à prendre du recul », affirme Christophe, qui arrive de Montpellier.

      Adel, qui vient lui de Rungis, attend de voir « quelles suites va prendre le mouvement ». « En Île-de-France, on est un peu en retard, mais par contre ça continue à grandir », assure-t-il.

      La nécessité de mieux se coordonner, de mieux s’organiser est largement partagée. Tout comme l’inquiétude liée à la structuration d’un mouvement spontané et initié par la base. Dans la salle, si chacun met de côté son parcours politique, le refus de toute organisation bureaucratique du mouvement fait l’unanimité.

      Dans cette assemblée nettement marquée à gauche, et bien que chacun tienne à mettre de côté son éventuel parcours militant, on sent les militants échaudés par leurs expériences d’organisation pyramidale.

      Pour Younès, qui a été mandaté par son AG de Grenoble, c’est la grande force des gilets jaunes, qui rassemblent « des gens sans arrière-pensée politique, qui essaient de s’organiser en sachant que le pouvoir ne doit pas être accaparé par quelques-uns. Ils sont très vigilants sur cette question, ils ne veulent surtout pas d’un #leader qui a la science infuse ».

      Ici, la question d’une liste gilets jaunes aux européennes ne fait même pas débat. « On dénonce un système politique, c’est pas pour rentrer dedans ! », résume Anne, qui arrive de Nancy et pense comme la majorité des participants interrogés que cette initiative ne vise qu’à affaiblir le mouvement, autant que le « grand débat » organisé par Macron, unanimement rejeté.

      Vers 13 heures, la longue présentation des différentes délégations débute avec cette consigne, rappelée par Claude : « Ne pas être trop long, ne pas jouer les grandes gueules. »

      De Dijon à Poitiers en passant par Lorient ou Nice, avec une forte présence de groupes franciliens, les différents représentants détaillent la situation de leur côté. Et témoignent de la grande diversité du mouvement. Un représentant de l’AG de Saint-Nazaire raconte que les gilets jaunes occupent là-bas un bâtiment vide, rebaptisé « maison du peuple ». « On fait une assemblée générale par jour », explique-t-il, précisant que les gilets jaunes sont aussi très mobilisés « sur le ralentissement de l’activité portuaire » (lire notre reportage sur place, et le blog de ce groupe, hébergé sur Mediapart).

      Venu du Vigan, petit village du Gard, Kevin affirme que le mouvement y reste fort : « Pour un village de 3 000 habitants, on a entre 60 et 80 personnes à chaque assemblée. » Des « commissions thématiques » y ont été mises en place « sur la question de l’autonomie alimentaire de la vallée, par exemple », précise-t-il.

      « Le problème, c’est la coordination de toutes les actions »

      Patrick, de Paris, rappelle que la question qui revient le plus dans les allées du marché de la place de La Réunion, dans le XXe, est celle du #logement, des #loyers trop chers, quand Louise explique qu’elle s’exprime ici au nom du groupe des #femmes gilets jaunes en Île-de-France, un groupe créé « pour porter les revendications spécifiques des femmes isolées dans les gilets jaunes. Parce que plus prolo que le prolo, il y a la femme du prolo », lance-t-elle.

      À Horbourg-Wihr, petite commune d’Alsace, le mandaté décrit, de son côté, la présence bienvenue des motards dans le mouvement : « Je peux vous dire que lorsqu’ils sont là, c’est assez impressionnant », se réjouit-il.

      Un représentant de Dijon explique, lui, que si dans sa ville la mobilisation reste importante, « le problème, c’est la coordination de toutes les actions. Il y a beaucoup de groupes qui agissent chacun de leur côté », déplore-t-il. « J’ai vu qu’il y avait par exemple beaucoup de gens qui faisaient des tracts super. Ce serait bien si on pouvait les partager pour ne pas réinventer l’eau chaude chacun de notre côté », lance un représentant de Besançon.

      Beaucoup disent ce jour-là leur préoccupation d’élargir le mouvement, notamment en s’arrimant aux combats des salariés dans les entreprises. « Au départ, on s’est retrouvés par l’association des VTC, raconte Adel, mandaté par l’AG de Rungis. Une petite famille s’est créée. Aujourd’hui, on soutient les salariés de Geodis et on soutient naturellement tous les #salariés_en_lutte. »

      Faut-il appeler à la #grève générale le 5 février, comme y appellent notamment la CGT et La France insoumise ? La question est âprement débattue, tout comme celle de la place à donner aux #syndicats dans le mouvement. Certains refusent, par principe, de s’associer à un mot d’ordre syndical alors que les syndicats sont restés largement en dehors du mouvement.

      Quelles #revendications mettre en avant ? Le débat s’anime entre ceux qui estiment qu’il est trop tôt pour arrêter un socle détaillé et ceux qui jugent important d’acter les grandes tendances autour de la justice fiscale et sociale ou les exigences démocratiques.

      « Il faut mettre en avant des revendications unificatrices », avance un participant, quand un autre propose de « se mettre d’accord sur les grands points pour nous permettre de massifier le mouvement ». « Ou alors on se met d’accord sur ce qu’on ne veut plus, parce qu’être trop précis dans les revendications, cela peut diviser », suggère un autre.

      La discussion, alors que la soirée avance et que la nuit est tombée depuis longtemps, finit par patiner un peu. « J’ai l’impression qu’on est à Nuit debout, là », s’agace à nos côtés un jeune homme barbu.

      Quelqu’un s’inquiète : « On ne va pas ressortir de ce week-end sans un écrit, quand même ! » « Les gens ne sont pas venus ici pour du beurre, nous confie Patrick, de Paris. En tout cas, cela présage un débat extrêmement compliqué sur la structuration du mouvement ! », pronostique-t-il.

      L’idée de rédiger un texte commun le lendemain matin est finalement actée.

      En fin de soirée, sur la position à tenir face à l’#extrême_droite, la discussion s’affole et la sérénité joyeuse qui a marqué l’essentiel de la journée disparaît quelques minutes. Alors qu’au cours de la journée, de nombreux participants ont demandé qu’une position claire soit prise contre toute forme de #xénophobie, #sexisme ou #homophobie, les avis divergent sur la manière de se démarquer de l’extrême droite.

      « On nous a assez traités de fachos. Il faut dire que ces gens-là n’ont rien à voir avec nous », estime une participante, qui propose que l’AG condamne explicitement les violences commises le jour même par des groupuscules d’extrême droite.

      « On est censés être apartisans », souligne un jeune homme, qui se dit gêné par l’idée de cibler, plus ou moins explicitement, le Rassemblement national. « C’est pas un parti politique, l’extrême droite ! », lui rétorque celle qui a fait la proposition. « Ben si ! », se voit-elle répondre.

      Alors que la fatigue se fait sentir, Claude qui joue ce soir-là les monsieur Loyal reprend le micro pour aborder le dernier point à l’ordre du jour : « Comment on s’organise pour rester le plus démocratique possible ? »
      Faut-il demander que tous les #mandats des représentants soient impératifs ? Sans pouvoir décisionnel ? Plusieurs interventions défendent l’idée de ne surtout pas imposer un carcan national aux #assemblées_locales. « Les assemblées locales doivent être souveraines », juge une participante.

      Une chose est sûre : « La #démocratie, c’est super difficile, on le constate encore aujourd’hui », conclut Claude du haut de sa longue expérience militante.

  • « Grand débat » : ce qu’expriment les cahiers de doléances | Mediapart

    le plus frappant, c’est l’absence de toute référence à l’islam

    https://www.mediapart.fr/journal/france/140119/grand-debat-ce-qu-expriment-les-cahiers-de-doleances

    Meuse et Meurthe-et-Moselle, envoyé spécial.– Évidemment, il peut y avoir un petit côté « foire à la Farfouille », l’idée du savant Cosinus qui, d’un coup d’un seul, va régler (presque) tous les problèmes. Ainsi, en mairie de Bar-le-Duc, préfecture de la Meuse, est présentée comme une « évidence » cette proposition inscrite dans le cahier de doléances : « Taxer les propriétaires de chien. » Après tout, ces animaux ne profitent-ils pas gratuitement de nos infrastructures ? À Nancy, Lætitia estime que si « toutes les décorations de Noël fonctionnaient à l’énergie solaire, ce serait déjà un progrès ». Ronaldo assure qu’il est grand temps « d’investir dans des lieux de bonheur ».

    Et puis il y a cette surprise, constatée dans la demi-douzaine de cahiers de doléances ouverts dans plusieurs mairies depuis la fin du mois de décembre et que nous avons consultés à Nancy, à Toul, à Commercy (là, les « revendications » étaient collectées par le groupe de gilets jaunes de la ville), à Bar-le-Duc, soit près de deux cents contributions en tout : c’est l’absence de toute référence à l’islam. Dur camouflet pour tous ceux qui, à l’instar de Manuel Valls, de l’extrême droite et d’une large partie de la droite, ont voulu en faire le problème central du pays.

    De même, l’immigration, les générosités supposées de l’État envers l’étranger, le trop-plein ou la « submersion » ne sont que très marginalement évoqués : dans une dizaine de contributions seulement. Et l’on y retrouve alors quelques-uns des slogans classiques de l’extrême droite lepéniste.

  • Avec les Gilets jaunes de Commercy : du pouvoir d’achat au pouvoir d’agir !
    https://la-bas.org/5403

    Dans ce petit coin de la Meuse, dans la région Grand Est, des « gilets jaunes » ont érigé leur QG en plein centre-ville. Et comme ailleurs en France, ils ont construit une baraque de bric et de broc dans laquelle ils se retrouvent tous les jours. « C’est notre deuxième maison », dit l’un d’eux, « c’est même une deuxième famille », ajoute un autre. Dans cette maison de fortune, il s’agit au quotidien d’une fraternité retrouvée et de la réappropriation du politique.Continuer la lecture…

    #Radio #Luttes
    https://la-bas.org/audio.api/free/aW5sYnM6Ly9mb2xkZXItNDI0MTkvbXAzLTQ3Ni80NTA4Ni1leHRyYWl0X3JlcG9ydGFnZV9naWxldHNfamF1bmVzX2NvbW1lcmN5Lm1wMw==/45086-extrait_reportage_gilets_jaunes_commercy.mp3

  • The Ghost of King Leopold II Still Haunts Us – Media Diversified

    https://mediadiversified.org/2015/04/20/the-ghost-of-king-leopold-ii-still-haunts-us-belgium-colonization-

    Merci Meta pour le signalement !

    In an article entitled “The Early Spread and Epidemic Ignition of HIV-1 in Human Populations” in the magazine Science in October 2014, Nuno Faria and his fellow researchers revealed the location of Ground Zero for one of the world’s most deadly infectious diseases—HIV. They discovered that HIV-1 originated in Kinshasa, the capital city of the Democratic Republic of Congo (DRC) and explain that the deadly virus spread throughout the Congo via the railroad network. HIV-1 was subsequently transmitted by Haitian professionals back to Haiti and then to the United States (1).

    Faria and colleagues presented their research findings as follows:

    Our estimated location of pandemic origin explains the observation that Kinshasa exhibits more contemporary HIV-1 genetic diversity than anywhere else. It clarifies why the oldest known HIV-1 sequences were sourced from this city and why several early cases indicative of AIDS are linked to Kinshasa (p. 57).

    #congo #léopold #massacre #génocide #colonialisme

    • ça me rappelle le livre « Les fantômes du roi Léopold » que j’avais lu il y a 20 ans...
      Les Fantômes du Roi Léopold, un #holocauste oublié

      « Le remarquable document d’Hochschild dépasse toutes les autres études sur le Congo. Il montre comment l’Europe entière - et les États-Unis - s’est rendue complice de l’holocauste perpétré par le roi Léopold sur le peuple congolais. », Nadine Gordimer.
      « Un ouvrage exceptionnel, profondément stimulant, qui m’a bouleversé comme l’avait fait en son temps Au cœur des ténèbres, et pour la même raison : parce qu’il révèle les horreurs cachées commises au Congo. Passé obscur, sur lequel Hochschild fait la lumière, c’est notre passé à tous. », Paul Theroux.
      Dans les années 1880, alors que l’Europe se lance dans la colonisation de l’Afrique, le roi #Léopold_II de #Belgique s’empare, à titre personnel, des immenses territoires traversés par le fleuve Congo, afin de faire main basse sur ses prodigieuses richesses. Réduite en esclavage, la population subit travail forcé, tortures et mutilations, au point qu’on estime à 10 millions le nombre d’Africains qui périrent. Tandis que Léopold II continue de cultiver sa réputation d’humaniste, des voix commencent à dénoncer ce crime de masse, donnant naissance au premier mouvement international de défense des droits de l’homme du XXe siècle…
      Avec une force d’évocation exceptionnelle, Adam Hochschild peint le portrait d’un roi mégalomane et décrit les combats de ses opposants, la vie des témoins - explorateurs, missionnaires - et celle des victimes. S’il révèle un épisode tragique de l’histoire contemporaine, il dissèque aussi l’ensemble du système colonial, offrant des clés indispensables à la compréhension d’une actualité dramatique.


      https://www.librairiedialogues.fr/livre/852912-les-fantomes-du-roi-leopold-un-holocauste-oublie-adam-hoch

      Ce livre m’avait profondément marquée...
      #livre

    • Et ce reportage passé sur arte sur la question #sida et #HIV, en lien avec le #colonialisme et la #colonisation :
      Sida, un héritage de l’époque coloniale

      Des scientifiques mènent une enquête au coeur de l’Afrique, à la recherche des origines du VIH. Un documentaire captivant, diffusé à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre.

      Il est l’un des plus grands tueurs de la planète. Avec plus de 36 millions de morts et près de 37 millions de personnes infectées, le sida constitue à ce jour la pandémie la plus destructrice de l’histoire contemporaine. Afin de mieux la connaître, une équipe de scientifiques part sur les traces de son origine, au cœur de l’Afrique, dans l’ancien Congo belge. En parvenant à mettre la main sur d’anciens prélèvements humains contenant le virus, ils arrivent à la conclusion que la première transmission du sida – du chimpanzé à l’homme – se situe autour de l’an 1908, des décennies avant les premiers cas connus.

      Catastrophe en germe
      Les chercheurs ne s’arrêtent pas là. Ils se plongent dans l’histoire coloniale du Congo pour comprendre comment le VIH a pu se propager. Au début du XXe siècle, soucieuses de ne pas perdre la main-d’oeuvre indigène qu’elles exploitent, les autorités coloniales lancent des campagnes massives de vaccination contre la maladie du sommeil, où l’on a souvent recours à des seringues mal stérilisées. De même, la syphilis, qui se répand alors, augmente considérablement les risques de transmission du sida entre les hommes. Parallèlement, le chemin de fer se développe dans le pays car Kinshasa est une plaque tournante de l’industrie minière. Le virus devient mouvant. Lors de l’indépendance du Congo, en 1960, la pandémie couve. Dans les années 1970, les ravages successifs de la guerre civile, puis les errements du régime prédateur de Mobutu, qui ruine l’économie, créent les conditions chaotiques d’une propagation fulgurante du virus...
      Carl Gierstorfer signe un documentaire passionnant, où l’enquête scientifique se mêle à des images d’archives, parfois dures, témoignant de la cruauté et des ravages de la colonisation. Il rappelle également qu’à l’heure où les maladies infectieuses se développent dans le monde entier, les conditions d’une nouvelle pandémie sont peut-être à nouveau réunies.

      https://www.arte.tv/fr/videos/051599-000-A/sida-un-heritage-de-l-epoque-coloniale

      #film_documentaire #documentaire #film #épidémies #santé #maladie

    • Je viens de voir qu’il y a une « Avenue Léopold II » dans le 16e arrondissement et je me demande « quelle est la date limite » : on aurait pas idée de nommer une rue Pol Pot, Pétain, Staline ou Hitler, mais Léopold II ne pose pas de problème. Date limite, vers 1900 ?

      

      Il y a des exceptions comme Robespierre qui a ses rus en province ou en banlieue mais pas à Paris parce que c’était un personnage « assoiffé de sang » :

      Une rue Robespierre dans la capitale, par Alexis Corbière

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/06/27/une-rue-robespierre-dans-la-capitale_1541487_3232.html

      ❝Une rue Robespierre dans la capitale, par Alexis Corbière

      Robespierre n’était pas au sein du Comité de salut public le personnage « assoiffé de sang » qu’un vulgaire révisionnisme historique a dépeint par la suite.

      Publié le 27 juin 2011 à 13h35 - Mis à jour le 27 juin 2011

    • @cdb_77 c’est peut-être un autre pétin ? si c’est la bonne orthographe sinon c’est Pétain

      https://www.france24.com/fr/20130409-france-derniere-rue-marechal-petain-debaptisee-belrain

      Le petit village de Belrain, dans la Meuse (Est), possédait la dernière rue en France dénommée en hommage au Maréchal-Pétain. Sur décision de ses élus, le lieu a été débaptisé et attend son nouveau nom. La dernière « rue du Maréchal-Pétain », en France, a été débaptisée.

      Seulement en 2013 !

    • • il y a une rue de Petin à Baileux, juste à côté des bières de Chimay dans le Hainaut belge,

      • il y a une rue du Petin à Verchin, sur les bords de la Lys dans le Pas-de-Calais

      • il y a un Henri Pétin (et quelques autres cf. les homonymes en haut de page)

      Henri Pétin — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_P%C3%A9tin

      Henri Pétin est un homme politique français né le 16 avril 1870 à Paris et décédé le 20 janvier 1911 à La Seyne-sur-Mer (Var).

      Biographie
      Auteur de théâtre et de chansons sous le pseudonyme d’Henri de Mamers, il est aussi à la tête d’une maison de commerce en métaux à La Seyne-sur-Mer et se lance dans la construction navale. Maire de La Seyne-sur-Mer de 1904 à 1911, conseiller général, il est député du Var de 1909 à 1910, siégeant au groupe radical-socialiste.

  • #souillage_en_reunion
    #semences_chaotiques
    Justice. Où sont passés les #émeutiers, les vrais ? | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/justice-ou-sont-passes-les-emeutiers-les-vrais-664723

    Autant de preuves irréfragables pour l’appareil judiciaire qui a la lourde charge de juger, en trois jours, 227 personnes majeures déférées devant les tribunaux. La réponse se veut à la hauteur des #violences_urbaines, jamais vues à Paris depuis #Mai_68. C’est dans ce contexte que le jeune Wissam se présente dans le box des accusés de la salle 6.05 du nouveau tribunal de grande instance (TGI) de Paris. Tout semble le désigner, sur le papier, comme l’un des casseurs qui ont « souillé » l’#Arc_de_triomphe, comme l’a dénoncé le président de la République. Un de ceux qui se sont employés à dégrader un monument national, à « semer le chaos » sur la plus belle avenue du monde.

    Sur 57 personnes jugées lundi, 47 ont été condamnées, dont 20 à des peines de #prison_ferme.

    C’est un autre son de cloche une fois à la barre. « Je ne suis ni un manifestant ni un gilet jaune ou quoi que ce soit. J’y suis allé parce que c’était un événement impressionnant. Je voulais aller voir », raconte ce jeune homme de 19 ans en service civique dans un foyer pour personnes souffrant de handicap mental. Son CV mentionne plusieurs engagements associatifs. Une fois l’audience terminée, rien ne permet d’incriminer ce Breton, hormis le fait d’avoir ramassé par terre ces deux pièces, d’une valeur de 2 euros chacune. Du point de vue de la loi, c’est du recel. Il s’en sortira avec une amende de 200 euros avec sursis. À la sortie de l’audience, son copain Tom n’en revient pas. Si Wissam a été localisé dans la zone d’émeutes, « c’est parce qu’il était chez moi, rue Boissière, pas très loin de l’Arc de triomphe. On a joué à Fifa (un jeu vidéo – NDLR) une bonne partie de la journée ».

    Comme cet homme venu de la Marne qui, poursuivi par des CRS, a filé droit vers la place de la Concorde, remplie de gendarmes mobiles. Ou ces manifestants incapables de situer le jardin des Tuileries. « Paumé » dans la capitale, Mickaël, étancheur à Nevers, suivait « les gilets, le mouvement » quand il se retrouve « bloqué entre deux groupes de policiers ». Il lance alors un bout de goudron pour les faire reculer. Il a été condamné à quatre mois de prison ferme. D’autres sont venus du Jura, de la Meuse, de la Drôme… la plupart ont été condamnés à une interdiction de venir à Paris pendant plusieurs mois.

  • The Border Between Belgium & The Netherlands at #Baarle-#Hertog / Baarle-#Nassau

    The map above shows the incredibly strange and complex border between Belgium and the Netherlands at Baarle-Hertog (Belgium) / Baarle-Nassau (Netherlands).

    Baarle-Hertog is a Flemish municipality in the Belgian province of Antwerp and has a population of 2,663.
    Baarle-Nassau is a municipality in the Dutch province of North Brabant and has a population of 6,626.

    Baarle-Hertog consists of 26 separate parcels of land, including 22 exclaves in the Netherlands and 3 more on the border. There are also 7 Dutch exclaves within the Belgian exclaves.

    The border developed as a result of various medieval treaties, agreements, land-swaps and sales between the Lords of Breda and the Dukes of Brabant and was only finalised with the 1843 Treaty of Maastricht, 13 years after Belgium declared independence from the Netherlands.

    The border divides some houses between the two countries and has had some interesting commercial side effects:

    For many years the shops in Belgium were open on Sundays, those in the Netherlands not – with the exception of those in Baarle. Taxes in Belgium and The Netherlands differed sometimes a lot, so one could go shopping between two tax-regimes in one single street. There was a time when according to Dutch laws restaurants had to close earlier. For some restaurants on the border it meant that the clients simply had to change their tables to the Belgian side.

    Now that both countries are in the EU, Eurozone and part of the Schengen Area, the differences are now somewhat less important, but no less interesting.

    https://brilliantmaps.com/baarle-hertogbaarle-nassau
    #frontières #Belgique #Pays-Bas #cartographie #visualisation #frontière-ligne (le mythe de -) #complexité #enclaves

    ping @reka

  • Se déplacer en milieu rural : ces territoires enclavés qui développent des alternatives sociales et solidaires
    https://www.bastamag.net/Se-deplacer-en-milieu-rural-ces-territoires-enclaves-qui-developpent-des

    Comment se déplacer en milieu rural quand on n’a pas de voiture ni les moyens d’y mettre de l’essence, encore moins de passer son permis ? Comment réduire ses coûts de transport quand on habite loin de son travail, que les bus et les trains ont disparu ? Comment décrocher un diplôme ou trouver du travail dans ces conditions ? Aux confins de la Marne, de la Meuse et des Ardennes, des agents de #Services_publics se mobilisent : dispositif d’aide à la mobilité pour les personnes les plus précaires, mise (...)

    #Inventer

    / #Alternatives_concrètes, Economie partagée et gratuité, #Transports, #Fractures_sociales, Services publics, A la (...)

    #Economie_partagée_et_gratuité

  • Pétain, la vie d’un salaud et la persistance des ordures. Jacques-Marie Bourget - 10 Novembre 2018 - Le blog de Jacques-Marie Bourget
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-marie-bourget/blog/101118/petain-la-vie-dun-salaud-et-la-persistance-des-ordures
    et https://www.legrandsoir.info/petain-la-vie-d-un-salaud-la-persistance-des-ordures.html

    Pétain grand chef de guerre à Verdun : faux. Pétain complotant contre la République dès 1935 : vrai. Pétain complice des banques des financiers, des industriels pour que nous ayons Hitler plutôt sue le Front Populaire : vrai. C’est vrai que ça méritait un éloge.

    J’aime beaucoup le Président Macron. Dans cette période où l’on doit chaque soir passer la balayette sous son lit afin de débusquer le terroriste qui doit s’y cacher, avec lui on rigole. Macron c’est, recyclé, le vieux slogan publicitaire d’un grand magasin : « A tout instant il se passe quelque chose aux Galeries Lafayette ». Cette fois le Président a décidé de nous distraire avec Pétain. C’est inattendu, ça fait vieux monde... Mais tant pis. Après avoir fait la guerre aux Russes – par son émanation de RT France – il était logique qu’il louât le Maréchal ; que revoilà.


    Pour être juste, car le temps est au certifié, à l’exact, au vérifié, à l’équitable, remarquons que ce malheureux Macron est mal entouré. Autour de lui s’ébat une nuée de jeunes gens qui ne l’aident guère. Paresseux ? Non. Mais le hasard fait que tous ces biens diplômés n’avaient qu’un seul livre d’histoire, et qu’ils ont fini de le colorier. Benalla aurait pu être un rempart en rendant, par l’écran de ses larges épaules, le discours pétainiste inaudible. Mais Benalla, « l’épaule droite », nous manque, j’espère que les prud’hommes vont le réintégrer.

    Personne, au Palais, aucun vieux bouc intello, mariné dans le jus des archives, pour indiquer au Président l’emplacement des champs de mines. Et l’histoire de Pétain, son action, sa philosophie sont du TNT. Une bombe à retardement qu’il ne faut pas toucher, pas plus que le sarcophage de Tchernobyl. Réactiver le Maréchal ça pue, ça déchire, ça blesse, ça injurie, ça offense, ça ment, ça met plus de boue qu’une crue de l’Aude. En plus on se demande quelle raison peut-il y avoir de parler de ce sycophante ? Pourtant, sur le ton de l’ancien bon élève de troisième, certains prétendent : « Mais il y a deux bouts au cadavre. Le très au poil des poilus, puis l’horreur de Montoire et des lois anti juives ». Eh non. Le Pétain c’est comme le merlu oublié l’avant-veille sur la table : tout est à jeter. Et que le président de l’Assemblée se nomme Ferrand n’est pas un argument ultime pour louer le Maréchal.

    Il y a des lustres – et même des lampadaires, mon merveilleux ami Alain Riou journaliste à l’ancienne – c’est-à-dire ultramoderne – m’avait prêté un livre (qui m’a été ensuite volé) : « L’affaire Pétain », signé Cassius (j’ai appris plus tard que c’était là le pseudo du grand chercheur Henri Guillemin). Ce bouquin avait été publié en Suisse juste après la guerre. C’est dans ses pages que j’ai découvert l’envers d’une histoire qui n’était donc qu’un décor, du Potemkine. Celle qui a conduit la France à la catastrophe de 1940.

    La véritable histoire, celle qui n’a pas été écrite à l’encre d’Epinal, nous dit que la défaite est le résultat d’un lent complot. Son ordre de mission, secret, s’inscrivait dans les petits papiers du Comité des Forges et ceux de son outil armé, la Cagoule : « Mieux vaut Hitler que le Front populaire ». Pétain, dans ce putsch, devait être notre Hitler, notre Mussolini, notre Franco français. Le guide gaulois au sein de l’Europe nouvelle. Etonnant pour un petit pépère, héros en retraite, qui, nous a-t-on claironné- n’a accepté le pouvoir qu’en faisant « don de sa personne à la France », pour nous « préserver du pire ».

    J’ai ensuite potassé L’étrange défaite de Marc Bloch, un homme qui devrait être au Panthéon. Ou plutôt non. Puisqu’on y trouve maintenant un peu n’importe qui, au gré des livres lus à Emmanuel par sa grand-mère. Bloch fut historien, militant de la paix, torturé et assassiné par la Gestapo le 16 juin 1944.

    Le fil de ce complot pétainiste est contenu dans l’ouvrage de Bloch écrit en 1940 mais publié six années plus tard. L’intellectuel résistant a déjà percé le mystère de la défaite d’une France qui, en 1939, avait « la première armée du monde ». Et Bloch de nous expliquer avec calme comment l’élite bancaire et la haute bourgeoise ont livré le pays aux nazis : pourquoi le Maréchal était là.

    Le dernier clou dans le cercueil de cette histoire fausse comme un jeton, je l’ai planté en dévorant Le Choix de la défaite d’Annie Lacroix-Riz. Une femme à laquelle, en guise de pardon, Macron devrait envoyer une gerbe de fleurs. Les preuves sur Pétain étirant son crime sont, dans cette Bible, les notes secrètes, les rencontres cachées, les extraits de livres et de journaux, les télégrammes, les arrêtés et lois scélérats. En lisant Lacroix-Riz, en devenant intime avec les bourreaux, on éprouve la honte rétroactive du complice. On devient le secrétaire, le greffier du complot de Laval et Pétain. Puisque ces deux-là ne se sont pas découverts en 1940, puisqu’ils ont préparé leur coup de l’Etat Français bien avant la débâcle. Ainsi c’est un comploteur factieux, un assassin de la République qui a pris le pouvoir. Pas du tout un maréchal gâteux, à moustaches, qui aimait les fleurs les chiens et prendre les petites filles sur ses genoux.

    Maintenant, tordons le bâton de ce Pétain « héros de Verdun », qui a fait image d’Epinal dans la pensée du Président. En 1940, alors ministre des Colonies, Georges Mandel écrit : « C’est une erreur que de nommer Pétain au cabinet. Il était défaitiste durant la guerre. Je crois que nous allons vers un armistice. Sa présence en est une preuve ». Tiens, ça coûte pas cher et ça peut éviter des grosses bêtises, abonnons l’Elysée à la revue Historia. Elle n’est pas de niveau universitaire mais écrit souvent juste. L’an dernier le magazine historique publie, sous la signature de Jean-Yves Le Naour, docteur en histoire, un article très clair intitulé : « Pétain l’imposture de Verdun ». Voilà. Au printemps, au moment de préparer les cérémonies de novembre, il suffisait de demander à Benalla (qui était encore au staff) de traverser la rue et de se procurer Historia. Pardon, cher docteur Le Naour, si je cite votre texte à la hache, il s’agit donc de Verdun en1916 :

    « ...la situation qui se rétablit in extremis le 26 février ne doit rien à sa présence ni à ses ordres, mais au sacrifice des poilus, d’une part, et aux instructions du général de Castelnau... il multiplie les ordres : il y fait avancer le 20e corps, arrivé en renfort... le 26 février, l’offensive allemande est enrayée. Sans cette intervention énergique de Castelnau, la chute de la rive droite de la Meuse ...était inéluctable.

    La vérité...Pétain attrape mal et se réveille le 26 avec une toux vive, une pneumonie pour les uns, une bronchite pour d’autres. Quoi qu’il en soit, il est contraint de garder le lit... On est, en tout cas, très loin de la légende de l’homme qui, par son seul charisme, redonne confiance à la troupe.

    S’il est flatté par la presse, qui lui tresse des lauriers de papier, la raison est purement politique.

    Les politiques, exaspérés par Joffre, en ont assez du « grand-père » et rêvent de s’en débarrasser...Le rapport avec Pétain ? En autorisant les éloges sur le général chargé de la défense de Verdun, le gouvernement est tout simplement en train de préparer un successeur à Joffre... Le portrait de Pétain paraît en couleurs dans L’Illustration, puis en noir et blanc dans Le Miroir. Il s’attache en même temps les services des écrivains Henry Bordeaux et Louis Madeleine, ce qui démontre un sens aigu de la publicité. Passé du grade de colonel à celui de général d’armée en seulement deux ans, Pétain se sent pousser des ailes... La gloire de Pétain, qui apparaît en mars 1916, alors que la situation est toujours précaire, est donc une gloire fabriquée ».

    Bon, c’est quand même un historien, un chercheur, docteur des Universités, qui écrit ça. Et grand merci à lui. Même si c’est moins bien qu’Éric Zemmour, notre Michelet de BFM University. Je n’ai pas évoqué le sort immonde des « mutins », ces révoltés que Pétain a fait fusiller à la chaîne, pour l’exemple. On ne fait pas Verdun sans aller à rebrousse poilus.

    En 1925 ce héros au sourire si doux s’ennuie, et le Chemin des Dames épuise ses nuits. Pour mettre une claque à Lyautey, qui patine au nord du Maroc dans la guerre du Rif, on nomme Pétain à sa place. L’idole accepte, ce qui entraine la démission de son aide de camp, le colonel De Gaulle. Le Rif et ses bougnoules sont un double bonheur pour le Maréchal. La mano en la mano avec son compère fasciste, l’espagnol Antonio Primo de Ribera qui participe au carnage maghrébin pour le compte de Franco, Pétain et son frère d’armes utilisent des armes chimiques. En 1926 les pauvres rifains sont anéantis, Pétain a enfin gagné une guerre. « Chimie, vous avez dit chimie ? », heureusement que Macron n’a jamais appris ça... Il aurait été foutu de donner l’ordre à nos frégates d’aller, à l’Ile d’Yeu, bombarder la tombe du Maréchal.
Eloigné du rififi, le héros s’ennuie. Ses collègues maréchaux qui voient autour d’eux monter en pouvoir trop de rastaquouères plutôt rouges, proposent à Pétain de s’allier dans un projet de putsch. Peu soucieux de mettre son statut et sa statue en danger, il fait le sourd, ce qui est de son âge. Bénéfice, il apparait aux hommes politiques comme un « républicain ». Si bien qu’en 1934 il est adoubé dans le gouvernement Doumergue comme ministre de la Guerre. A partir de cet instant il prépare la victoire de l’Allemagne. Il réduit d’un tiers les crédits alloués à la Défense, refuse la solution d’armée blindée proposée par De Gaulle. Ce choix est politiquement trop dangereux car il implique le recrutement de 40 000 mécaniciens a priori catalogués comme de la graine « rouge ». Après l’assassinat de Louis Barthou, qui prêche la nécessité vitale de signer une alliance avec l’URSS, c’est Pétain qui impose son compère Laval. Alors, le Maréchal n’a plus aucun ennemi. Ni à droite ni à l’extrême droite. Il a aussi appui de ses amis synarques et son Laval en Sancho Pança : la fusée de l’Etat Français est sur sa rampe. Face à ces perspectives heureuses le patronat offre au Maréchal une très jolie villa à Villeneuve Loubet.

    Les émeutes fascistes de 1934 ont, dans leur musette, le bâton de ce maréchal déjà prêt à l’offrande de lui-même. Ça ne marche pas et, retour du maudit bâton, voilà le Front populaire avec ses rouges de rouge et le « juif » Blum au gouvernement. Désormais militer aux côtés des nazis, des fascistes, c’est sauver la France de sa racaille cosmopolite. Lors de son court passage comme ambassadeur de France à Madrid, Pétain a toutes les facilités pour pactiser avec les nazis, qui sont là, et les sbires de Mussolini qui sont là aussi. Dans les journaux, le Maréchal continue sa péroraison entamée en 1936 « La France est un bateau sans gouvernail ni pilote ». Il avance, lui et ses sponsors, les banques, les « 200 familles », ceux que l’existence de l’impôt indigne.

    Le reste ? C’est un tout plus connu. En juin 1940 le croupion d’un Parlement de lâches vote les pleins pouvoirs à Pétain. La milice, les rafles, les tortures, les tueries, la trahison, l’indignité forment un quotidien qui est son essence et son existence. Entre deux siestes, il rectifie de sa petite main blanche le projet de « Statut des juifs ». Qu’il rature afin de rendre encore plus grand le crime. Le 24 octobre 1940, à Montoire, en serrant la main d’Hitler il signe le pacte de leur association de criminels.

    En résumé, voilà le monument inhumain, l’homme sans qualités qu’Emmanuel Macron a célébré lors des hommages de Verdun. C’est une faute d’attention. Et un bégaiement : François Mitterrand s’est fait décorer de la Francique par Pétain, et par inadvertance.

    Jacques-Marie BOURGET

    #petain #manu #emmanuel_macron #sycophante #Henri_Guillemin #europe #hitler #mussolini #franco #Marc_Bloch #élites #annie_lacroix-riz #laval #verdun #imposture général_de_Castelnau #Joffre #Front_populaire #Parlement #juifs #françois_mitterrand

    • Dans la nuit du 10 au 11 juin, c’est un étrange message que reçoivent les 1 700 employés d’Ingérop, un grand groupe d’ingénierie dont le siège est situé à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). « Cher·e employé·e d’Ingérop », débute le message, avant de dénoncer les conséquences environnementales du projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure dans la Meuse (Cigéo), dont Ingérop est l’un des principaux prestataires. Plus loin, le courriel se fait plus menaçant, et évoque de futures « actions diverses visant votre entreprise et les personnes impliquées dans le projet Cigéo ». Il se conclut sur un appel aux salariés, leur demandant de transmettre toutes les informations confidentielles à leur disposition sur le projet Cigéo à une adresse e-mail sécurisée.

      Le message est signé d’un collectif baptisé « Les Monstres de Cigéo ». Sur un blog fraîchement créé, le collectif appelle les opposants au projet d’enfouissement à mener campagne contre les sous-traitants qui préparent, sur le site de Bure, le gigantesque chantier d’enfouissement de déchets radioactifs.

      Très critiqué, le projet fait l’objet d’une importante mobilisation de militants écologistes et d’habitants, avec des manifestations régulières et parfois musclées. « Toute forme d’action est la bienvenue, soyons créatif·ve·s, obstiné·e·s, déterminé·e·s, pour obtenir d’Ingérop qu’elle se retire du projet Cigéo et de tous les projets connexes », est-il encore écrit sur le site, sans précisions sur les modalités d’action que le collectif espère voir naître.

      [...]

      80 Go de documents publiés en ligne
      Dans les jours qui suivent, d’autres documents sont mis en ligne, tous sur un sous-domaine du site SystemAusfall, animé par un collectif allemand qui fournit des outils informatiques libres à qui les demande, et qui n’est pas spécialement lié aux mouvements écologistes. Au total, près de 80 Go de documents, que Le Monde a pu consulter, sont ainsi publiés. On y trouve des fichiers administratifs et des dossiers liés à différents chantiers publics, dont certains semblent sensibles de prime abord : ils ont trait à la centrale nucléaire de Fessenheim, aux installations de Bure, ou encore à des centres pénitentiaires français.

      Entre-temps, Ingérop a porté plainte. Les enquêteurs spécialisés ont découvert des accès non autorisés à son réseau interne. L’Anssi, l’agence chargée de la protection informatique de l’Etat qui offre aussi son expertise technique aux sociétés travaillant dans des domaines sensibles, a également repéré la publication des documents. Le 3 juillet, la section du parquet de Paris chargée de la lutte contre la cybercriminalité ouvre une enquête, et sollicite son homologue à Cologne, pour faire cesser la publication des fichiers et recueillir les données techniques du serveur.

      « Les documents incluent les plans de quatre prisons françaises et des documents sur le projet Cigéo et les infrastructures de la centrale de Fessenheim »
      A Cologne, le juge qui examine la requête française prend l’affaire très au sérieux. « Les documents publiés incluent (…) les plans de quatre prisons françaises et des documents sur le projet Cigéo et les infrastructures de la centrale de Fessenheim », située à quelques kilomètres de la frontière allemande, écrit-il dans sa réquisition transmise à la police de Dortmund, où se situe l’un des serveurs utilisé par SystemAusfall.

      Quarante-cinq minutes après avoir reçu le fax de Cologne, le 4 juillet, les policiers de Dortmund se présentent au centre culturel Langer August, qui abrite plusieurs associations, interdisent aux personnes présentes de quitter les lieux, et brisent la porte de la salle serveur, exploitée par l’association scientifique Wissenschaftsladen Dortmund. Les enquêteurs repartent avec plusieurs disques durs et une clé USB – quelques mois plus tard, le ministère de l’intérieur du Land justifiera la perquisition par une « menace sur la sécurité nationale » française.

      Des documents confidentiels, mais pas si sensibles
      Quel est le niveau de sensibilité réel de ces documents ? Contrairement à ce qu’a cru comprendre le parquet de Cologne, les dossiers ne comprennent pas de détails sur les infrastructures de Fessenheim – mais une expertise du montant de l’indemnisation pour EDF lorsque fermera la plus ancienne centrale nucléaire française, au plus tard en 2022. Certains fichiers liés au projet Cigéo, porté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) et pour laquelle le bureau d’études Ingérop travaille depuis plusieurs années, sont, eux, confidentiels, à défaut d’être particulièrement sensibles.

      On y trouve une multitude d’éléments sur les risques naturels et les impacts du projet, les tracés étudiés pour l’acheminement des « colis » radioactifs, la configuration des galeries souterraines, l’agencement des installations de surface ou l’implantation d’un transformateur électrique. Des informations dont beaucoup sont en accès libre sur le site même de l’Andra.

      Plus inattendu, un fichier détaille les parcelles agricoles et forestières concernées par l’emprise du chantier, avec les noms de leur propriétaire et de leur exploitant, assortis de la mention « maîtrisé », « maîtrisable » ou « difficile à maîtriser ». Des qualificatifs dont on comprend qu’ils s’appliquent non seulement au contrôle du foncier, mais aussi aux détenteurs des terrains, identifiés comme étant prêts ou non à céder ces parcelles. Un procédé que certains intéressés, qui ont eu connaissance de cette liste, dénoncent comme « un fichage ».

      Un autre document fait état d’une réunion, tenue le 12 mars, au cours de laquelle a été examiné le risque d’une action d’opposants à Cigéo désireux de ralentir les travaux et de médiatiser leur combat. Des « préconisations » y sont formulées pour prévenir un « acte de malveillance », par exemple sur l’accès des engins de déblaiement ou le type de formations végétales à éviter. Ces pages éclairent en réalité certains aspects des pratiques et des préoccupations de l’Andra dans la conduite du projet Cigéo, plus qu’elles ne divulguent des informations véritablement sensibles.

      Le constat est similaire pour les documents liés à la conception ou à la rénovation de trois prisons, la maison d’arrêt de Bordeaux-Gradignan (Gironde), le centre pénitentiaire d’Orléans-Saran, et le tout nouveau centre pénitentiaire de Lutterbach, dans le Haut-Rhin. Ingérop a naturellement accès à des données confidentielles, comme celles évoquant les problèmes d’amiante à Gradignan.

      Les documents en apparence les plus sensibles, des plans détaillés du futur centre de Lutterbach, comprenant l’emplacement des caméras de vidéosurveillance, ne le sont pas tant que ça : « Il s’agit du dossier pour un concours de maîtrise d’œuvre que nous avons perdu », explique François Lacroix, directeur scientifique et technique d’Ingérop. Ce ne sont donc pas ces plans qui sont actuellement utilisés pour construire le centre pénitentiaire.

      « Notre système informatique comporte deux niveaux d’authentification, c’est compartimenté, explique M. Lacroix. C’est très déplaisant de se voir voler des données, mais ça ne représente qu’un nombre très réduit de projets. »

      Documents remis en ligne
      Qui a mis en ligne les documents volés à Ingérop ? Et surtout, qui les a dérobés ? Les indices les plus évidents pointent vers un ou des militants antinucléaires. Mais plusieurs détails laissent planer le doute. Et notamment le fait que les documents aient été volés avant le début des envois de courriels aux salariés d’Ingérop. Selon M. Lacroix, l’attaque qui a visé les systèmes de l’entreprise était « préparée, technique sans être exceptionnelle, mais d’un certain niveau ». Or, le collectif à l’origine des Monstres de Cigéo s’est, d’après son propre historique de mobilisation, davantage illustré par sa propension à l’action directe que par ses capacités de piratage : il a essentiellement revendiqué des blocages, des destructions de biens, des tags… Ses responsables n’ont pas donné suite aux tentatives de contact du Monde.

      Coïncidence : le 20 juin, une importante série de perquisitions a également eu lieu en Allemagne, visant des défenseurs des libertés numériques dans le cadre d’un autre dossier lié à Noblogs.org. Mais ces perquisitions reposaient sur des justifications techniques farfelues – certains des militants soupçonnent la police d’avoir surtout cherché à recueillir plus généralement des informations sur des hacktivistes allemands, et accusent à demi-mot la police d’avoir eu des objectifs cachés –, et les perquisitions ont par la suite été annulées par la justice allemande.

      ...

      autre lien :

      http://www.europe1.fr/societe/des-documents-lies-au-site-de-dechets-nucleaires-de-bure-pirates-3791933

  • Dans la Meuse, l’affectation douteuse de plusieurs millions d’euros issus de la « cagnotte » #Nucléaire Cigéo
    https://www.bastamag.net/nucleaire-dechets-radioactifs-bure-clientelisme-cigeo-meuse

    Depuis la naissance du projet de centre d’enfouissement des déchets nucléaires dans le sous-sol de Bure, l’argent public coule à flot aux confins de la Meuse, finançant infrastructures et projets de « développement local » en tous genres. Pour les communes situées dans un rayon de 10 km autour du site, c’est le jackpot : l’argent abonde directement, chaque année, le budget municipal au prorata du nombre d’habitants. Or, en 2012-2013, un baron local, élu au Sénat, en a fait bénéficier des communes (...)

    #Décrypter

    / A la une, #Enquêtes, Nucléaire, #Finance

    https://www.bastamag.net/IMG/pdf/doc3-de_libe_ration_no184.2011_ca.pdf
    https://www.bastamag.net/IMG/pdf/doc4-de_libe_ration_ag_du_23.03.2012.pdf
    https://www.bastamag.net/IMG/pdf/doc5de_libe_ration_ag_du_28.06.2013.pdf

  • Meuse : un chasseur en tue accidentellement un autre lors d’une battue BFMTV - 22 Octobre 2018
    https://www.bfmtv.com/police-justice/meuse-un-chasseur-mortellement-touche-lors-d-une-battue-1549688.html

    La fin de semaine a de nouveau été marquée par un accident de chasse mortel. Aux abords de la commune de Mauvages dans la Meuse, une association de chasse locale avait, selon L’Est républicain, organisé une battue. L’un des participants, qui avait le rôle de rabatteur, était dissimulé dans les broussailles au moment du drame.


    Sans que les circonstances exactes aient été définies par l’enquête encore en cours, la victime a reçu projectile, balle ou éclat de balle, mortel. Malgré l’intervention des secours, l’homme est mort et une autopsie devrait avoir lieu prochainement à l’institut médico-légal de Nancy.

    Toujours selon le quotidien de l’Est de la France, le tireur se serait rendu de lui-même aux gendarmes arrivés sur les lieux peu après. Placé en garde à vue, il est également suivi psychologiquement.
    Multiplication des accidents

    Multiplication des accidents
    La multiplication des accidents de chasse relance le débat autour de cette pratique de plus en plus discutée. La semaine passée, c’est un cycliste britannique qui avait été abattu par le tir accidentel d’un jeune chasseur de 22 ans. Ce week-end, un autre cycliste avait également été sérieusement touché au niveau de l’épaule.

    #chasse #chasseur

  • Une nouvelle journée de mobilisation contre la « poubelle #Nucléaire »
    https://www.bastamag.net/Une-nouvelle-journee-de-mobilisation-contre-la-poubelle-nucleaire

    La mobilisation se poursuit contre Cigeo, le projet d’enfouissement de déchets radioactifs dans la Meuse. Ces derniers mois, plus d’une trentaine de comités de soutien aux opposants de Bure se sont créés dans l’Hexagone. Ils appellent à une journée d’action et de débats le 16 juin à Bar-le-Duc pour faire le bilan des mois passés et réfléchir à l’avenir de leur combat. Une vingtaine de bus à travers la France sont d’ores et déjà prévus. Voici leur appel. Pourquoi ce 16 juin 2018 ? Depuis 1993, nous avons (...)

    ça bouge !

    / #Luttes_sociales, Nucléaire

    #ça_bouge_ !

  • Bure : le silence est d’or
    http://jefklak.org/bure-le-silence-est-dor

    Dans la Meuse, où l’État compte cacher les déchets radioactifs les plus dangereux de France, des sommes colossales d’argent public abreuvent une campagne dépeuplée. Les euros coulent à flots, non pas pour les écoles, qui ferment, ni pour les hôpitaux, qui périclitent. Mais des millions de subventions pour les clubs sportifs, les associations de chasseurs ou les salles des fêtes…

    Ainsi espère-t-on enterrer l’opposition des riverain·es à Cigéo, projet vaseux d’enfouissement de la question du nucléaire. Or l’achat des consciences n’est pas la seule arme pour réprimer celles et ceux qui résistent : depuis septembre 2016, une pluie de procès s’abat sur les opposant·es à Cigéo.

    Mardi 12 juin 2018, ce sont encore cinq personnes qui passent au tribunal, et le 26 juin, ce sera le délibéré pour treize personnes arrêtées en mars et jugées le 23 mai dernier. Alors que, le 16 juin prochain, se prépare une journée d’action à Bar-Le-Duc (Meuse), Jef Klak décortique les plus que douteuses méthodes employées par l’État et le secteur du nucléaire pour imposer la fuite en avant énergétique.

    #fabrique_du_consensus #fabrique_du_consentement #démocratie_réelle #démocratie_blindée #répression #Bure #nucléaire #nuisances

  • Bure : le silence est d’or
    Faire accepter la poubelle du nucléaire à coup d’argent public

    Par Emmanuel Sanséau

    http://jefklak.org/bure-le-silence-est-dor

    Dans la Meuse, où l’État compte cacher les déchets radioactifs les plus dangereux de France, des sommes colossales d’argent public abreuvent une campagne dépeuplée. Les euros coulent à flots, non pas pour les écoles, qui ferment, ni pour les hôpitaux, qui périclitent. Mais des millions de subventions pour les clubs sportifs, les associations de chasseurs ou les salles des fêtes… Ainsi espère-t-on enterrer l’opposition des riverain·es à Cigéo, projet vaseux d’enfouissement de la question du nucléaire. Or l’achat des consciences n’est pas la seule arme pour réprimer celles et ceux qui résistent : depuis septembre 2016, une pluie de procès s’abat sur les opposant·es à Cigéo. Mardi 12 juin 2018, ce sont encore cinq personnes qui passent au tribunal, et le 26 juin, ce sera le délibéré pour treize personnes arrêtées en mars et jugées le 23 mai dernier. Alors que, le 16 juin prochain, se prépare une journée d’action à Bar-Le-Duc (Meuse), Jef Klak décortique les plus que douteuses méthodes employées par l’État et le secteur du nucléaire pour imposer la fuite en avant énergétique.

  • Bure ou la poubelle nucléaire
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/bure-ou-la-poubelle-nucleaire

    A côté du village de #Bure dans la #Meuse, dans une des régions les plus désertiques de France, on prévoit d’enfouir nos pires déchets nucléaires. Sur place, des opposant•e•s s’installent pour relayer les ancien•ne•s et mener « la bataille du nucléaire ».

    extraits :
    « Mettez-nous 10 000 personnes dans la rue, et le rapport de force peut s’inverser.
    – Mais en Meuse ? 6 habitants au km2 ?
    – Hé ! C’est bien pour ça que la Meuse a été choisie. »

    « L’argent est tellement rentré dans nos têtes, dans nos mœurs, qu’on n’y fait plus attention . . . C’est de l’achat de conscience institutionnalisé. » (un ancien maire au nord de Bure)"

    #nucléaire #ANdra #Cigéo #enfouissement #déchets #audio #radio #les_pieds_sur_terre

  • Usines à gaz
    http://www.laviedesidees.fr/Usines-a-gaz.html

    En prenant pour objet d’étude le « brouillard de la Meuse » de 1930, un épisode important dans l’histoire de la régulation de la #pollution industrielle, Alexis Zimmer revient sur les conséquences sanitaires de ce désastre, qui furent à l’origine de réflexions menées, dans les années suivantes, par différentes institutions au niveau local et international.

    #Recensions

    / #risque, pollution, #industrialisation

  • Universités : « Aucune jeunesse au monde ne tend spontanément l’autre joue », affirme François Cusset
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/04/14/francois-cusset-aucune-jeunesse-au-monde-ne-tend-spontanement-l-autre-joue_5

    Tribune. Rennes-II va-t-elle s’enflammer ? Paris-VIII, céder ? Les quartiers et les collectifs ruraux, rejoindre le mouvement ? La répression fait rage, mais en face, chez les jeunes, l’impression est celle d’une colère qui monte, d’une résolution nouvelle.

    C’est qu’aucune jeunesse au monde ne tend spontanément l’autre joue. Car le message du pouvoir est clair, en ce cinquantenaire convenu des soulèvements du printemps 1968 : aux jeunes que reprendrait ce prurit du refus, cette construction d’alternatives en acte ou juste ce folklore de la contestation, la réponse sera la gifle, plus ou moins brutale.

    Métaphore des mesures draconiennes, qui claquent comme une baffe, ou coups effectifs de la matraque et des rangers sur les côtes ou le crâne, la gifle en question vient toujours rappeler la jeunesse au souvenir de l’ordre social en place, lui rappeler ses lois iniques, et la stricte place à laquelle elle doit se tenir.

    La gifle, ces jours-ci – telle l’impossible fin d’un triste hiver, cet hiver politique des années 1980 dont on ne voit pas le bout – peut prendre la forme des coups de poing et de bâton assénés sur les étudiants en droit de Montpellier ou leurs cadets du lycée autogéré de Paris, par des groupuscules fascistes qu’on laisse entrer, qui viennent défendre à coups de Taser le droit de ne pas s’opposer.

    La gifle revêt aussi l’aspect, plus familier, des nasses policières et des harcèlements préventifs (manifestants fouillés, fichés, survolés, leurs banderoles ou tracts détruits d’emblée), qui empêchent de manifester en solidarité avec les étudiants passés à tabac – de Lyon à Nantes, où le fil Twitter des écrasés d’un jour notait que « lutter pour ses droits expose à des dommages physiques », mais aussi que « lorsqu’une répression aussi ridiculement disproportionnée est mise en place pour mater l’opposition dans un pays comme la Russie, les médias [hurlent] à l’autoritarisme ».

    Existence alternative

    A Nanterre, la gifle du 9 avril a pris un double visage : celui, brutal et casqué, des CRS appelés par la présidence pour expulser d’un hall les étudiants réunis en assemblée – au prétexte, toujours le même, d’éléments « extérieurs », dont le fantasme sert à opposer gentils étudiants et méchants encagoulés, bons manifestants et dangereux casseurs, et à cacher que ce sont souvent les mêmes – et celui du message envoyé par la même présidence pour justifier la gifle.

    Elle y rappelle qu’un « local a été mis en permanence à disposition des étudiants mobilisés » : un local rien que pour eux – rendez-vous compte ! –, comme on intime aux enfants l’ordre de rester jouer dans leur chambre pendant que les adultes traitent d’affaires sérieuses.

    Mais la gifle à la jeunesse va bien au-delà de la vingtaine de campus occupés, de cet « avis de déferlante étudiante » qu’anticipe un dessin de la fameuse vague de Hokusai, au fond de l’amphi jonché de matelas de la fac de sciences de Marseille. Elle va au-delà d’un mouvement étudiant qui s’ébroue, se réveille interloqué, entre démesure policière et menaces des phalanges brunes (la Manif pour tous de 2013 les ayant, elles aussi, « dédiabolisées »).

    Elle est durement à l’œuvre dans l’offensive militaire, avec blindés légers et cabanes détruites à la pelleteuse, lancée pour évacuer le bocage de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), comme bientôt la ZAD de Bure, dans la Meuse, ou les squats de quartier dans les villes paupérisées.

    Car derrière la distinction officielle, brandie pour diviser, entre opposants « légalistes » et « radicaux », ce qui se trouve puni, éradiqué, avec l’évacuation violente des ZAD (comme avec la mise en examen pendant dix ans du « groupe de Tarnac »), c’est le choix de la sécession, le bricolage, coopératif et écologique, agricole et politique, de formes d’existence alternative sur un terrain concret.

    Blitzkrieg social

    Les jeunes, car ils le sont aussi, qui défendent au Rojava kurde une alternative séculière et égalitaire aux despotismes en vigueur alentour, comme ceux, qui ne le sont pas moins, soulevant leur communauté indienne d’Amérique latine contre prédation des ressources et Etat corrompu, le savent tous très bien : la gifle chez eux ira, s’il le faut, jusqu’au tapis de bombes ou aux raids paramilitaires, pour empêcher par tous les moyens, aujourd’hui autant qu’hier, la jeunesse du monde d’inventer autre chose, qui pourrait faire tache d’huile.

    Car avant d’être celle des politiques haineuses ou des répressions d’Etat, la gifle, telle que la ressentent les « millenials », du campus en émoi jusqu’au village autonome, est celle d’un monde dont les règles comme les réformes les écrasent, les acculent, les humilient.

    Si la sélection, qu’impose à l’entrée en licence la double réforme en cours (ORE et ParcourSup), a mis le feu aux poudres, c’est qu’elle résume à elle seule, tel un lapsus de manageur, le monde qu’ils découvrent, consternés. Et dont beaucoup ne veulent pas, déclinant le terme à l’envi pour pointer la sombre cohérence de l’époque : évaluation et contrôle, de la maternelle à la retraite ; sélection « naturelle » des plus aptes à la lutte économique, contractuels contre salariés, carriéristes contre victimes du burn-out ; sélection, par le marché, des lignes ferroviaires et de leurs employés, gardés ou supprimés ; sélection, ailleurs, des minorités locales ou des ébauches démocratiques, qu’on sacrifie au réalisme géopolitique ; parmi les migrants, sélection des si rares demandeurs d’asile admis et de la majorité endiguée, soupçonnée d’avoir pour motif la survie économique.

    Les jeunes opposants de ce printemps 2018, eux, accueillent des réfugiés, discutent avec les cheminots, font cause commune pour quelques heures avec des sécessionnistes plus rodés ou moquent le coaching auquel on les soumet pour les préparer à des entretiens d’embauche sans espoir. Ils sont nombreux à voir dans la politique agressive du gouvernement Macron un Blitzkrieg social, une guerre menée contre eux et tous les fragiles, sous prétexte de « réussite ». Et plus nombreux encore, faute d’avoir quelque chose à perdre, à ne pas vouloir plier à la première volée de gifles. Face à la double violence, systémique et policière, qui leur est infligée, ils ne croient plus au monde « pacifié » que leur vendent leurs aînés.

    François Cusset a écrit « Le Déchaînement du monde. Logique nouvelle de la violence » (La Découverte, 240 p., 20 €)

    A la fac de Montpellier, des serveurs informatiques « vandalisés » avant les examens en ligne
    http://lemonde.fr/universites/article/2018/04/11/a-la-fac-de-montpellier-des-serveurs-informatiques-vandalises-avant-les-exam

    Alors que des examens en ligne ont été annoncés à l’université Paul-Valéry de Montpellier, la salle des serveurs de l’université a été « vandalisée par un groupe d’individus » mercredi, annonce le ministère. La connexion Internet est suspendue.

    #étudiants (terme qui mériterait des guillemets ou une sérieuse mise en cause pour être à nouveau descriptif) #luttes_sociales