naturalfeature:val de marne

  • 29-3/4 | 2015 #Visualisation des #réseaux, de l’#information et de l’#espace

    http://journals.openedition.org/netcom/2084

    Coleta Vaisman
    La visualisation, un langage sans parole [Texte intégral]
    Avant-propos
    Nicolas Douay, Aurélien Reys et Sabrina Robin
    L’usage de Twitter par les maires d’Île-de-France [Texte intégral]
    Use of Twitter by mayors of Île-de-France
    Diego Landivar, Alexandre Monnin et Emilie Ramillien
    Cartographier l’ontologie d’un territoire sur le web [Texte intégral]
    Le cas de la Bolivie
    Adilson Luiz Pinto, Alexandre Semeler-Ribas, Audilio Gonzales-Aguilar et Carole Clauzel
    Visualization and co-occurrence of journals in the area of information science in vis-a-vis the Qualis/Capes system in Brazil [Texte intégral]
    Visualisation et concomitance des revues dans le domaine des sciences de l’information face au Qualis/Capes système du Brésil
    Vianney Gerils
    L’outil numérique au service de l’intelligence collective des territoires [Texte intégral]
    L’accessibilité du département du Val de Marne comme stratégie de développement (94)
    The digital tool in the service of the collective intelligence of territories : the accessibility of the Val de Marne (France) as a development strategy
    Audilio Gonzales-Aguilar et Coleta Vaisman
    Le plan du métro comme métaphore spatiale et cognitive dans la visualisation [Texte intégral]
    The metro map as spatial and cognitive metaphor in the visualization
    Notes de recherche

    Laurent Beauguitte, Timothée Giraud et Marianne Guerois
    Un outil pour la sélection et la visualisation de flux : le package flows [Texte intégral]
    María-Jesús Colmenero-Ruiz
    Visualizing archives : Spanish archives map [Texte intégral]

    Varia

    Edward M. Roche, Michael J. Blaine et Henry Bakis
    Introductory note on Emergent Unconscious Knowledge Networks (Asygnodic Networks) [Texte intégral]
    Note introductive sur les réseaux de Savoir Inconscient Emergent (« Asygnosis Networks »)
    Edward M. Roche et Michael J. Blaine
    Asygnosis and asygnotic networks [Texte intégral]
    A theory of emergent unconscious knowledge

    Compte-rendu

    Gabriel Dupuy
    « Aménagement numérique en Languedoc-Roussillon. Compte-rendu de la thèse d’Alexandre Schon » [Texte intégral]

  • Vente solidaire de fruits et légumes le 17 août dans de nombreuses villes d’Ile de France | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/vente-solidaire-de-fruits-et-legumes-le-17-aout-dans-de-nombreuses-villes-d

    « L’ouverture des États généraux de l’alimentation a eu lieu en grandes pompes, avec une volonté de grand battage médiatique. Pour diversion ? Les dernières décisions gouvernementales ne laissent en effet entrevoir aucune volonté de répondre à la nécessaire augmentation du pouvoir d’achat des citoyens. Elles ne s’attaquent pas plus aux chantiers urgents de la rémunération du travail paysan et des salarié-e-s. », juge le Parti communiste français dans un communiqué qui annonce l’initiative qui se déroule jeudi 17 août toute la journée.

    Il s’agira de proposer des fruits et légumes directement du producteur au consommateur, dans des dizaines de villes d’Ile de France (voir liste des points de vente ci-dessous). « Moins cher pour les consommateurs, plus rémunérateur pour les producteurs, le circuit court à prix juste, la population est invitée à en discuter... et à en bénéficier », commente le PCF dont une délégation sera reçue à 11h à Matignon.

    Une initiative identique aura aussi lieu les 1er et 2 septembre dans le Territoire de Belfort, dans le Jura, les 22, 23 et 24 septembre en Isère…

    Les points de vente solidaire en Ile de France de ce jeudi 17 août

    Paris

    8h. Place de la Bastille

    Hauts-de-Seine

    Bagneux. 10h rond-point de la Fontaine Gueffier.

    Gennevilliers. 9h30 parking Victor Hugo. 10h45 Place du marché du Luth. 12h Ferme de l’horloge. 14h45, Grésillons face à l’Espace. 16h mairie.

    Nanterre. 9h, Petit Nanterre (5 allée des Iris). 11h : Esplanade Charles de Gaulle.

    Val de Marne

    Alfortville. 10H30 PCF, 1 Square Véron.

    Boissy Saint Léger. 10h, Halle Griselle, rue Gaston Roulleau.

    Bonneuil-sur-Marne. 10h : pharmacie de Fabien, laboratoire de Verdun, République (place des Libertés). 12h, mairie.

    Champigny-sur-Marne. 10h : place Rodin et MPT Gagarine. 12h : Mairie. 14h30 : parking avenue de Coeuilly. 14h30 gare des Boullereaux. 17h au Maroc (centre Jean Villar).

    Chevilly-Larue. 18H30 : Maison pour tous ( 23 rue du Béarn ). 19H15 Quartier Anatole France.

    Choisy le Roi. 16h30 place Jean Jaurès (Marché)

    Fontenay sous Bois. 10H Hôtel de Ville.

    Gentilly. 12H parvis du gymnase Carmen Lerou. 17H30 Mairie.

    Ivry-sur-seine. 9h, Mairie.

    Kremlin-Bicêtre. 17h45, 48 avenue Charles Gide (piscine).

    La Queue-en-Brie. 9h30 Mairie, avenue Martier (Parking du centre commercial)

    Nogent-Le Perreux. 10h, angle des rues Losserand et Anquetil.

    Orly Ville. 10h, Espace Gérard Philipe.

    Orly aéroport. 10h, section PCF de l’aéroport, 2 rue Georges Baudelaire.

    Valenton. 18h, place du marché.

    Villejuif. 10h, face à la Mairie. 17h, Marché Auguste Delaune.

    Villeneuve-Le-Roi. 10 h, cité Paul Bert, cité Raguet Lépine.

    Vitry-sur-Seine. 11h, Hôtel de Ville. 14h, Section PCF place de l’église. 18h Cité Colonel Fabien et

    Place du 8 mai.

    Seine Saint-Denis

    Bagnolet. 10h30 Place du 17 octobre 1961, 78 rue Robespierre. 12h Hôtel de Ville. 17h30 Centre de santé rue Sadi Carnot.

    Bobigny. 10h Espace citoyen 160 Avenue Jean Jaurès.

    Drancy. 18h Quartier Salengro, ancien marché.

    Epinay. 18h30 Section PCF 39 avenue de la Marne.

    La Courneuve. 18h Franprix centre ville.

    Le Blanc-Mesnil. 17h30 Section PCF 8b rue Claude Terrasse

    Montreuil 17h. Section PCF 10 rue Victor Hugo, La Noue (Barrière de l’AFUL), Morillons (Leader Price) Bel Air (Château d’eau).

    Noisy-le-Sec. 17h30 Maison des communistes 27 rue Henri Barbusse.

    Pantin. 17H30 Ciné 104 Avenue Jean Lolive.

    Pierrefitte 10h, Place de la mairie.

    Saint-Denis. 18h, Floréal (promenade de la basilique). Francs-Moisins (La Poste), Square Fabien. 18h30 Place du 8 mai 1945.

    Saint-Ouen. 17h vieux Saint-Ouen, boulangerie du haut. 18h30 Docks, parvis des bateliers et Place de la mairie.

    Stains. 10h, 38 rue Paul Vaillant-Couturier.

    Villepinte. 16h Quartier Pasteur (Espace Prévert) et quartier Fontaine Mallet (face pharmacie).

  • Je tourne et retourne depuis hier soir deux pensées, l’une contre l’autre, l’une avec l’autre. L’une se frottant à l’autre.

    D’un côté il y a mon rejet viscéral de cette parole de Macron à propos qui gens qui ne sont rien .

    De l’autre il y a cette conversation téléphonique avec l’orthophoniste de Nathan la semaine passée.

    On voit donc comment il est périlleux d’agiter ces deux pensées dans le voisinage l’une de l’autre, mais quelque chose me dit qu’on doit pouvoir quand même le faire, mieux, que je dois le faire.

    Voilà le mail que j’ai envoyé à l’orthophoniste de Nathan, finalement c’est comme ça que je peux le mieux décrire ce moment de très intense émotion de la semaine dernière

    Chère X.

    Vous n’imaginez pas le retournement de situation que vous avez produit hier en me faisant cadeau des paroles de cette mère d’un enfant autiste. Cela me chamboule de fond en comble. Au point de me demander comment je pourrais vous l’écrire (d’habitude écrire, je sais un peu le faire). En fait les mauvaises nouvelles ne me font pas tomber, cela m’arme, je fais le dos rond, j’encaisse et je me bats. La contrepartie de cette combattivité c’est que j’ai du mal à accueillir les bonnes nouvelles qui me fauchent entièrement. Comme hier.

    Dans la vie de tous les parents, il y a des hauts et des bas. Dans la vie des parents d’un enfant autiste, c’est la même chose, il y a des hauts et des bas, sauf que les bas sont très bas et les hauts très hauts. Par exemple quand j’apprends qu’une certaine principale de sombre mémoire a pris la décision en douce d’exclure Nathan, en matière de désespoir, on touche le fond. Mais quand Nathan il y a quelques années revient de son stage en boulangerie avec une boîte pleine d’éclairs au chocolat qu’il a faits lui-même, on touche aussi le plafond et même on le crève. L’oscillation constante entre ces deux pôles a quelque chose de tout à fait usant, vous n’avez qu’à voir la couleur de mes cheveux.

    Et puis il y a le long terme, ce qui n’est pas sans relation avec une certaine coloration de cheveux. Quand Nathan était petit, ses progrès étaient sensibles et pas beaucoup moins rapides que ceux des enfants de son âge, il collait encore au score comme on dit au rugby. Et puis, naturellement, d’une part la courbe des progrès de Nathan s’est infléchie légèrement pour devenir logarithmique et celle des enfants de son âge a connu une croissance au contraire exponentielle, et l’écart devient une mesure cruelle au point qu’il est parfois difficile de se projeter. C’est déjà assez préoccupant de savoir ce que vont devenir les soeurs de Nathan (quand bien même je leur fais une confiance aveugle pour ce qui est de faire des choses merveilleuses plus tard), dans le cas de Nathan ce n’est pas une préoccupation c’est une angoisse sans fond, tant on peut avoir le sentiment qu’il ne va jamais faire son trou et que la société qui doit l’accueillir n’est justement pas connue pour cette bienveillance dont il aura nécessairement besoin.

    Les cinq dernières années ont été un chemin éprouvant, vous en connaissez quelques extraits et comme me l’a dit dernièrement monsieur I (psy de Nathan), « vous avez tenu bon », tout comme Monsieur C (psychomotricien de Nathan) m’encourageait à le faire, « Monsieur De Jonckheere, vous êtes un pilier, vous devez tenir ». Pendant tout ce temps je ne vous cache pas que j’ai parfois eu plus que des doutes, j’ai même conçu de la jalousie envers les parents d’enfants sans les complications qui sont celles de Nathan, parfois même de façon injuste et je peux vous dire que certaines des paroles du triumvirat C./I./A. ont été salutaires, je vous ai fait confiance quand vous m’avez dit que Nathan allait s’en sortir, au fond de moi je n’étais pas toujours sûr d’y croire mais j’ai eu confiance en vous trois, je me suis dit que vous aviez tous les trois de l’expérience. Pour ne rien vous cacher j’aurais tellement aimé qu’on me montre ce que Nathan est aujourd’hui, cela m’aurait rassuré.

    Alors apprendre de vous hier soir que Nathan était lui-même devenu une telle promesse pour les parents d’un autre enfant autiste, cela me fauche complètement.

    Pendant toute l’enfance de Nathan j’ai milité pour qu’il ait sa place. Au rugby c’était facile, mes copains renchérissaient en me disant que c’était surtout Nathan qui apportait à ses camarades. Une fois une certaine principale a osé dire à Nathan qu’il coûtait cher à la société et qu’il devait en être digne. Vous imaginez comme j’ai aimé cet argument. Je lui ai juste répondu qu’il n’appartenait qu’à elle que les enfants de l’ULIS puissent apporter quoi que ce soit aux autres collégiens, mais que de les ranger au second sous sol de l’établissement n’allait pas dans ce sens. Au fond de moi, malgré ce calme en apparence, je lui souhaitais de mourir dans d’atroces souffrances.

    J’avais fait de cet argument que Nathan pouvait rendre les gens meilleurs (il l’avait fait avec moi) mon cheval de bataille. Hélas certains soirs je me voyais plus en Don Quichotte du Val de Marne et mon cheval de bataille n’était pas plus vaillant qu’un roussin.

    Ce que vous m’avez dit hier me guérit de cela. Je n’ai pas rêvé. Oui, Nathan a cette vraie valeur et il peut même être un exemple, être le jeune homme que j’aurais aimé qu’on me montre il y a cinq ou six ans pour me (re)donner de l’espoir les soirs de moindre forme. Un EXEMPLE.

    Amicalement

    Philippe De Jonckheere

    Bon vous avez deviné maintenant, j’en suis sûr, la façon complexe avec laquelle cette parole de Macron résonne étrangement à mes oreilles.

    Alors aujourd’hui, je voudrais crier ma colère à ce pauvre type, lui hurler que personne n’est jamais rien (même pas lui en somme). Que lui, pour pareillement raisonner, ne vaut rien , il vient de montrer sa limite et elle est immédiate, que lui ne m’apprendra jamais rien, si ce n’est que le mépris de classe de même que la connerie humaine peuvent donner une idée juste de l’infini. Oui, Macron, t’es insignifiant, tu ne m’apprendras jamais rien. Et tu n’apprendras jamais rien.

    Au contraire de mon fils Nathan, qui, lui, m’a tout appris, a fait de moi un homme, un homme prêt à en découdre avec la complexité du monde, avec la complexité de l’humain, pas comme toi, peigne-cul !

    #rien

    • Superbe témoignage. En tant que père ça me met des frissons dans le dos. Tu devrais juste remplacer « con » par « connard » ou autre chose de plus puissant ("tu est tout petit" ou « tu es venimeux »). Sinon reçu hier dans mon fjord de la part de @sombre un livre égyptien : merci.

    • @philippe_de_jonckheere
      Je suis les discussions où tu parles de ton fils Nathan : cela ne m’est pas étranger car le petit fils de mon amie souffre du syndrome d’Asperger qui est un « trouble du spectre autistique » comme ils disent. Il a maintenant bientôt 15 ans, est brillant scolairement sauf ... si l’institution dysfonctionne (et dieu sait si elle s’en donne les moyens), par exemple à la dernière rentrée de septembre, pas d’AVS pour lui pendant tout le premier trimestre. Le gamin était à ramasser à la petite cuiller et sa mère aussi d’ailleurs, qui se bat depuis tant d’années pour que son fils trouve sa place dans notre société. Et ce combat qu’elle mène, que tout son entourage mène, donne des satisfactions, des déceptions, remet en question de nombreuses certitudes pour nous autres les « neurotypiques ». La sensation d’épuisement ou de découragement est souvent présente mais nous essayons de nous soutenir mutuellement et nous avons toujours à cœur ne jamais sous-estimer les ressources de cet adolescent.
      Alors quand nous entendons les paroles de certains nantis, cela nous atteint dans notre volonté de faire encore et toujours des efforts pour que chacun trouve sa place parmi nous. Eux pensent qu’il ne doivent leurs soit-disant réussites qu’à leurs seuls « talents », « personnalité », « force de travail » dans le meilleur de LEUR monde. Les certitudes sur lesquelles s’arc-boutent tous ces foutriquets verbeux et drapés dans leur détestable arrogance leur masquent la principale cause de leur petite supériorité merdique , celle qu’ils refuseront toujours d’entendre : ils ne se sont jamais donné que la peine de naître.

      @reka : et bien tant mieux si la Norvège accueille cet ouvrage fugitif. Enjoy !

    • @sombre Merci. C’est quelque chose que je ne parviens pas bien à exprimer. Quelque chose dont j’ai l’intuition. Depuis qu’une certaine principale de sombre mémoire avait eu cette réflexion insoutenable du coût de Nathan pour la société.

      Je suis le premier bénéficiaire des enseignements que Nathan peut apporter dans toute sa différence. Nathan a refait, de fond en comble, l’éducation des membres de sa famille, ses frère et soeurs, moi, mes parents. A l’école Decroly il a joué un très grand rôle dans l’apprentissage de la différence pour ses camarades de classe et quand il a du quitter cette école, certains enfants étaient inconsolables. Au rugby il a permis à mes copains entraîneurs de faire prendre conscience de tas de notions grâce à lui, des trucs un peu vieillots comme la camaraderie et le solidarité (l’histoire de Nathan au rugby est lobgue d’anecdotes qui font pleurer par leur beauté : quand on envoyait les mômes à la douche, au début je m’inquiétais que Nathan n’étant pas autonome ce serait un problème, mes copains ont fait le nécessaire, j’ai vu des mômes de sept-huit ans savonner Nathan).

      Donc ce truc de valeur est important à mes yeux. Je peux cotoyer des tas et des tas de gens dans l’existence et finalement assez peu qui changeront quoi que ce soit à ma vision du monde.

      Or, c’est ce que Nathan fait à tant et tant de gens. Et ce n’est pas #rien !

    • Merci pour ton témoignage @philippe_de_jonckheere
      @aude_v un temps quand je prenais le métro je me disais que si je me suicidais, ça ferait une place de plus. Et puis finalement sans me suicider je laissais ma place, en retour je recevais un sourire. Je crois que cette idée de place à aider les autres, à être ensemble est juste centrale, je ne vois pas d’autre sens à la vie.

  • salve d’interdictions de séjour avant les élections

    via Jef Klak sur FB :

    Aujourd’hui salve d’interdiction de séjour pour la ville de St Mandé distribuées aux domiciles de camarades habitant le Val de Marne pour la soirée de demain soir.
    Pourquoi ? Car le FN a prévu de se rassembler au Bois de Vincennes, sur la commune de St Mandé, en cas de victoire...
    En utilisant l’état d’urgence, l’Etat interdit la contestation antifasciste, en mettant tout en oeuvre pour que le rassemblement post-éventuelle victoire du #FN se passe le mieux possible...
    Au secours.

    http://paris-luttes.info/une-interdiction-de-manif-qui-8084

    commentaire sur FB de Victor B. (qui a reçu hier une interdiction pour aujourd’hui sur Saint-Mandé et de nouveau, ce matin, une interdiction pour lundi toute la journée à Charles de Gaulle - Étoile et ses alentours) :

    Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent chez toi des policiers en uniforme avec des arrêtés préfectoraux.

  • J – 117 : Je n’arrive pas entièrement à me couper de l’actualité, c’en est même étonnant. Il y a quelques bribes qui finissent par passer quand même, à mon insu. En soit les bribes en question ne seraient pas graves, en fait si c’est grave, tant elles ne me donnent pas d’indication directe à propos de ce que je veux ignorer de toutes mes forces, l’identité du prochain locataire-propriétaire de l’Elysée, oui, c’est cela la clef de lecture de Qui ça ? , je peux bien vous le dire maintenant, mais je remarque ces quelques bribes quand je les mets bout à bout finissent par me renseigner sur ce que j’étais parvenu à ignorer jusque-là.

    Donc, Marine Le Pen a pris le pouvoir et personne ne m’en a rien dit. Sans doute que tout un chacun a peur et plus personne n’ose parler, tout le monde fait mine de continuer à poursuivre son petit bonhomme de chemin, comme si de rien n’était, mais c’est surtout dans un souci de ne pas se faire remarquer. Parce qu’en fait, tout le monde a peur. Et cela je l’ai toujours soupçonné. J’ai toujours su que l’arrivée au pouvoir du Front National se passerait de cette façon, que cela passerait inaperçu, qu’en fait c’est déjà arrivé et que l’on ferait tous semblant de rien.

    Déjà en 2002, le 21 avril, c’était comme ça. Le Pen n’a pas été élu mais son programme si. Et cela a trompé tout le monde. On s’est réjoui trop vite et à mauvais escient. Ce qu’il faut retenir c’est qu’en 2002, 100% des Français ont voté pour l’extrême droite et que ce n’est pas une exagération de ma part, que j’ai l’air comme ça de confondre le R.P.R. et le Front National, non, je ne les confonds pas, ils sont strictement identiques. Relisez deux choses, le programme électoral du Front National pour les élections présidentielles de 2002, la section sur la sécurité intérieure, et les lois Sarkozy-Perben, vous verrez que 12 des 24 mesures préconisées par le Front National figurent en bonne place dans ces lois de sécurité, et maintenant imaginez qu’au lieu du candidat d’extrême droite Chirac (le bruit et les odeurs), c’eut été l’autre candidat d’extrême droite, Le Pen (la France aux Français et le steak au poivre) qui ait été choisi, franchement vous pensez qu’il aurait eu la moindre chance de réaliser la moitié de son programme. L’extrême droite de Le Pen en a rêvé, l’extrême droite de Chirac l’a fait.

    Ce n’est pas la tête du candidat qui est importante (et quel concours de beauté vraiment !), ce sont les programmes et les actes qu’il faut lire.

    En 2007, Le Pen a légué son héritage, non pas à sa fille, comme on le dit souvent, mais à son fils spirituel, Sarkozy.

    Pendant cinq ans, Sarkozy a été un président d’extrême droite, plus sans doute que n’aurait pû l’être Le Pen s’il avait été élu ce qu’il n’a pas été parce que justement son fils spirituel lui a volé ses voix. Pour ma part des signes de cet héritage, et de sa mise en action j’en ai relevé tellement, et cela dès le début, dès le printemps 2007 que j’avais entrepris, sans doute échauffé par certaines de mes lectures, notamment celle de Lingua Tertii Imperii (La langue du troisième Reich) de Viktor Klimperer et cette attention de linguiste au moindre glissement du discours, que j’avais entrepris donc d’en noter le moindre fait et geste, pour garder la trace de cette grande glissade : c’était le texte régulièrement mis à jour d’extreme_droite.txt. Mais je dois le reconnaître, j’ai été terrassé par le rythme de mon adversaire, comme on peut l’être par la vitesse d’exécution ou la puissance en mêlée d’un adversaire qui nous domine, contre lequel on ne peut rien, il faut dire, j’avais le sentiment, voilier, de partir à l’abordage d’un cuirassier, je me demande même si ce n’est pas à ce moment-là, qu’ivre de lectures (non pas de chevalerie mais de linguistique de combat), je n’ai pas commencé ma carrière de Don Quichotte du Val de Marne et ses assauts contre des moulins à vent, oui, qui, simple citoyen pouvait lutter contre ce rouleau compresseur, son rythme infernal et sa terrible masse ? C’est en lisant aujourd’hui le Journal de la crise, de 2006, 2007, 2008, d’avant et d’après de mon cher, tellement cher, ami Laurent Grisel que je me console, ma tentative n’était pas entièrement vaine et en deux petits endroits de son livre je lui suis venu en aide à ma tentative avortée, extreme_droite.txt.

    De 2007 à 2012, je n’en démords pas, la politique appliquée par les différents gouvernements Fillon a été une politique d’extrême droite, une guerre déclarée contre les faibles, les démunis au profit des nantis, et il m’est indifférent que les démunis aient pu provenir d’autres pays que le nôtre, surtout quand j’ai désormais acquis l’inébranlable conviction que les nantis n’avaient pas et n’ont toujours pas de frontière pour ce qui est de nous détrousser. De 2012 à 2017, c’est la même politique qui a été appliquée, en laissant croire dans un premier temps que non, pas du tout, on allait voir ce que l’on allait voir, mais en fait si, et même plus que si, il n’est pas exclu, par exemple, que Fillon Sarkozy seraient parvenus à imposer le contenu de la loi Travaille ! Encore une fois ce n’est pas la tête des hommes, et des rares femmes, politiques qui nous gouvernent qui me sert de boussole, mais bien leur programme, dans un premier temps, et leur politique, dans un second temps, et donc ne voyant pas la différence entre le Front National et le RPR et étant désormais convaincu que le PPS (Parti Pseudo Socialiste) avait dépassé les objectifs du RPR, je suis contraint de constater que l’extrême droite est au pouvoir, depuis en fait 15 ans. Que ce soit une photographie de l’oncle Raymond de la qualité française qui soit affichée dans toutes les mairies de France n’est pas un repère pour moi, que l’on plonge de tels portraits dans un bain d’acide et je sais très bien quel est le visage que l’on trouvera en dessous, celui de la présidente du front national un bandeau sur l’œil. Mais encore une fois, leur visage : quelle affaire ! On s’en moque éperdument.

    De même qu’entre 2007 et 2012, dans mon petit fichier extreme_droite.txt ( http://www.desordre.net/bloc/extreme_droite/index.htm ), j’avais relevé les faits suivants :

    20/07/2007 : Quatre syndicats de l’inspection du travail ont annoncé, vendredi 20 juillet, qu’ils déposaient un recours devant le Conseil d’Etat contre les attributions du ministre de l’Immigration Brice Hortefeux, qui permettent à ce dernier d’utiliser les inspecteurs du travail dans la recherche des travailleurs étrangers illégaux.

    5/09/2007 : La Ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, proteste contre cette citation dans une définition du Petit Robert : " Rebeu ou Reubeu, n. et adj. -1988 verlan de beur. FAM. péj. Arabe, beur. « T’es un pauvre petit rebeu qu’un connard de flic fait chier. C’est ça ? » Izzo. Des rebeux." et apporte son soutien à l’Unsa-police, premier syndicat de police dans sa volonté de faire pression pour censurer cette citation.

    13/09/2007 : Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse a proposé un amendement à l’assemblée visant à recourir à des test d’ADN à la charge des personnes déposant un dossier de regroupement familial.

    20/09/2007 : Le délai de recours contre les décisions de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), qui accorde ou refuse l’asile politique en France, a été réduit d’un mois à quinze jours.

    10/10/2007 : Des policiers en civil se font passer pour des conseillers d’éducation d’un collège pour arrêter des parents d’élèves sans papier dans le XVIIIème arrondissement de Paris.

    17/10/2007 : Les syndicats de l’ANPE et de l’Assedic dénoncent une « nouvelle mission d’auxiliaire de police », une « chasse à l’étranger », de « la délation »... En cause, un décret publié le 11 mai 2007, pris en application de la loi Sarkozy sur l’immigration et l’intégration du 24 juillet 2006, qui oblige, depuis le premier octobre, les agents de l’ANPE et des Assedic à transmettre « systématiquement » aux préfectures copie des titres de séjour et de travail des demandeurs d’emploi étrangers pour vérification.

    4/12/2007 : la police nationale propose des récompenses de plusieurs milliers d’euros pour encourager les habitants de Villiers le Bel à la délation, après les émeutes de fin novembre, dans le but de traquer les émeutiers les plus violents.

    Avez-vous le sentiment que ce soit là de petits faits, des faits anodins, comme l’étymologie du mot le signifie, a nodos, hors douleur en grec, des faits qui soient tellement différents de ceux d’aujourd’hui finalement ?

    Doutez-vous encore de la vraie couleur de ce régime politique ? Et du coup, vous m’expliquerez comment il est possible sinon, que nous ne soyons pas encore sous le régime politique du Front National et qu’un enseignant et un agriculteur soient poursuivis en justice pour avoir apporté secours à des personnes entièrement égarées à la frontière entre la France et l’Italie, frontière dont j’entends qu’elle a été rétablie, alors que ces deux pays font partie du même espace européen, on ne me dit pas tout mais je comprends certaines choses tout de même, qu’un automobiliste a sciemment écrasé trois femmes voilées dans les rues d’Armentières, Nord, qu’il a été relâché peu de temps après les faits et que le commissariat de police d’Armentières, Nord a d’abord refusé de recevoir la plainte contre X d’une de ces femmes, la première qui soit parvenue à se relever de son lit d’hôpital, et qu’un maire a envoyé la police municipale dans une école au motif qu’un professeur entendait y faire étudier à ses élèves la langue arabe, je rappelle qu’en république, l’école est un sanctuaire que la police n’a rien à y faire, donc toutes ces petites choses que j’apprends malgré tout, en faisant tant d’efforts pour les ignorer, pour n’en rien savoir, surtout ne rien savoir des grandes agitations, de ceux qui se disputent aujourd’hui le déshonneur d’être dictateur à la place du dictateur, vous voudriez me faire croire que le Front National n’est pas au pouvoir.

    Encore une fois j’en ai rien à foutre de la tête du ou de la locataire-propriétaire de l’Elysée, je ne vote pas pour des personnes, je vote pour un programme, enfin cela c’était du temps où je votais, il m’en aura fallu du temps pour comprendre que le vote, son droit et son exercice, étaient des leurres.

    Il vous faut encore quelques preuves supplémentaires pour comprendre que la peste brune est déjà au pouvoir ? Ou est-ce que vous voulez attendre qu’on n’ait vraiment même plus le droit de le dire pour être sûr qu’effectivement, l’extrême droite, le front national, le fascisme, le racisme sont au pouvoir ? Soyez alors tranquille, je crois qu’il n’y a désormais plus très longtemps à attendre.

    #qui_ca

  • J – 118 : Ben les gars, faut pas arrêter de pousser avant que le ballon soit sorti !

    Mais en fait je comprends aussi. Mieux que tu ne crois en fait. De mon côté, alors que j’ai le sentiment d’avoir à peine effleuré les possibilités du truc, j’ai le sentiment que l’intérêt pour de telles constructions est entièrement épuisé. Je m’obstine et je ne pose pas les armes, mais des fois, certains soirs le cœur n’y est plus dans le garage, et je monte me coucher de bonne heure pour bouquiner, je me fais honte parfois. Je n’aime pas beaucoup me lamenter, mais parfois je regarde quelques années en arrière pour tenter de comprendre à quel moment cela n’a plus été possible d’attendre du visiteur de promener son mulot sur une image pour en déceler les parties cliquables par voie d’image map . Je tente de ne pas me fier à mes vieux réflexes réactionnaires s’agissant des plateformes d’entassement de billets courts et des réseaux sociaux, j’ai cependant le sentiment qu’une accélération s’est produite avec la généralisation des contenus vidéographiques centralisés sur des plateformes et je ne peux m’empêcher de le regretter amèrement, il me semble qu’il y a quinze ans tout un chacun en se fadant un langage pas super évident mais néanmoins ouvert et modulable, l’html, tout un chacun avait une chance de créer des formes propres et qu’il y a eu une manière de canalisation de ces énergies vers quelque chose de terriblement normé, la vidéographie, où tout un chacun désormais a pour modèle, finalement, la télévision, c’est-à-dire, le pire modèle de tous, et je pense même que cela va plus loin que le modèle ultime c’est le talk show à l’américaine. Cela me désole, en fait cela me désespère.

    Alors évidemment de la belle révolution culturelle telle qu’elle figurait en titre d’un très beau numéro de Manière de voir , il reste une multitude de choses, l’accès pléthorique à presque tout en matière de données, ces derniers temps, je m’amuse pas mal à tenter d’extraire un passage de chaque film que je mentionne, tout du moins ceux du patrimoine, et je finis toujours mal an bon an par retrouver la trace de ce que je cherche et chaque fois je m’étonne que ce soit désormais possible, comment aurais-je accompli un tel miracle il y a vingt ans ? Il y a la possibilité de se renseigner sur le plus aigu des sujets, ou encore de croiser les données de façon remarquable, il te reste dans le bac à légume du réfrigérateur une grosse patate douce, trois panets, quatre carottes, trois pommes de terre, tu rentres cela dans le moteur de recherche et tu sais ce que tu vas manger le soir et les enfants s’étonnent qu’un jeudi soir veille des courses tu saches leur faire un plat qu’ils n’ont jamais mangé auparavant, oui, tout cela existe bien. Et c’est génial, et sans doute sommes-nous trop gâtés pour en vouloir davantage. Mais ce tout est en vrac, et seulement en vrac.

    Cela me fait penser au marché de Gournay-en-Bray que je regrette tant, j’ai mis presque deux heures à faire mon marché la première fois parce que tous les commerçants étaient en fait des petites agriculteurs du coin qui vendaient leur production et rien de plus, du coup tu pouvais acheter des oignons à l’un mais pour l’ail il fallait voir un autre gars à l’autre bout du marché, tu avais une petite dame qui vendait des œufs de dinde dont je raffole en omelette, mais c’était quelques étals plus loin que tu trouvais l’oseille d’une voisine à elle. Mais une fois que tu avais pigé le truc c’était épatant, il y avait une sorte d’organisation poétique à tout ça et tu ne finissais par ne plus manger que du local de très bonne qualité et de saison. Il n’y a guère plus que sur seenthis que je retrouve cette logique de prédétermination souterraine.

    Il arrive de temps en temps que je sois invité pour animer des ateliers dans des écoles d’art à quelques exceptions près, l’école d’art de Pau est une exception remarquable, c’est de loin la plus belle semaine de ma vie que j’ai passée chez eux en décembre 2012, je suis effaré de constater de voir comment on exhorte les étudiants à essayer de nouvelles voies dans de nombreuses matières mais qu’au contraire pour ce qui est de l’enseignement de ce qui peut se faire en ligne, des directives et parfois même des interdits emmènent tout ce petit monde hirsute vers des standards, entre autres choses l’encouragement systématique à raisonner en terme de réseaux sociaux, c’est tellement dommage de voir ces jeunes gens dont je parierais que beaucoup ont en eux la capacité de créer des formes nouvelles qui nous permettraient à nous de sortir de l’ornière déjà énoncée, de les voir rentrer dans le rang de ce qui vire à l’obligatoire. C’est comme si je constatais chaque fois que l’avenir est, de fait, barré.

    Je n’arrive pas à comprendre comment il est tellement fréquent que je m’émerveille en découvrant des œuvres épatantes et neuves sur internet dans des sites internet tellement normés du point de vue de la présentation de la forme quant à la navigation n’en parlons même pas, c’est comme si internet n’avait jamais dépassé le livre, pire les rouleaux.

    Je donnerais tellement cher pour que l’on puisse revenir à cette forme d’enthousiasme commun qui a pu être le nôtre de 1995 à 2005, celui de la découverte de nouvelles landes chaque fois que nous ouvrions une porte et on avait presque l’embarras du choix pour ce qui était des portes. Et je me désespère, comme je te le disais au début de ce mèl d’un autre temps, du temps où on s’envoyait des bafouilles longues comme le bras au milieu de la nuit, que lorsque je démarre mon programme d’édition de pages html, tout est là devant moi, à la fois les outils et les possibles, mais alors le sentiment que cela n’intéressera plus personne de toute manière. C’est très étrange dans mon esprit cette cohabitation entre un enthousiasme à peine entamé depuis vingt ans et une certaine forme de désespoir, vois comme je reste positif, je parviens même à ne pas enfourcher mon habituelle Rosinante de Don Quichotte du Val de Marne à propos de la confiscation des contenus par les réseaux sociaux. Et pourtant, et pourtant.

    Mais alors quand je sens que ce découragement, dont j’essaye pour ma part qu’il ne soit que passager, est en fait commun aussi à des compagnons de route aussi anciens et fougueux que Julien et toi, je crois que je pourrais tout arrêter. Avec la certitude que plus personne ne s’en rendait compte.

    Donc, non les gars, on n’arrête pas de pousser, surtout pas des types brillants de votre calibre.

    Amicalement

    Phil

    J’ai fini mon cahier d’exercices de Henry Carrol

    #qui_ca

  • J – 126 : Je suis allé voir, coup sur coup, deux films de science-fiction de la grande production hollywoodienne, Premier contact de Denis Villeneuve et Passengers de Morten Tyldum, les deux films s’attaquant chacun à un des grands thèmes de la science-fiction, Premier contact , la rencontre avec une espèce venue d’ailleurs, Passengers , les voyages au long cours avec hibernation et autres complexes temporels dus aux voyages à une vitesse proche de celle de la lumière. C’est la période de la trêve, de la commémoration du massacre des innocents, les enfants et moi n’aimons rien tant que d’enchaîner les visites de musée et les séances de cinéma. À vrai dire je ne pense pas que j’aurais normalement tenu la moindre chronique du film Passengers , grosse production hollywoodienne, moyens de décor et de trucages pléthoriques et spectaculaires, et psychologie de bulots pour les trois personnages de ce film. Et je ne m’attendais pas non plus à trouver des qualités inespérées à Premier contact , le seul film que j’ai vu du même Denis Villeneuve étant Enemy que j’avais trouvé fort poussif.

    Dans Passengers un vaisseau intersidéral, intersidérant dans ses dimensions et son fonctionnement, emmène à son bord 5000 passagers tous en hibernation pour un voyage d’un siècle en direction d’une planète à coloniser, tout fonctionne automatiquement dans ce vaisseau qui traverse un champ de météorites dont l’une, plus grosse que les autres, endommage, superficiellement, croit-on d’abord, le vaisseau, causant une avarie inopinée, un des sarcophages d’hibernation réveille le passager qu’il contient, alors que le vaisseau est encore à 90 années de voyage de sa destination finale. Le type se retrouve tout seul dans un vaisseau qui doit avoir la superficie d’une ville comme Fontenay-sous-Bois dans le Val de Marne et personne avec qui partager ses états d’âme hormis un droïde qui fait office de barman et qui est le sosie de Tony Blair, Michael Sheen, et naturellement aucun moyen de joindre la Terre ou de réactiver l’hibernation. Après un an d’une errance fortement alcoolisée, ce Robinson Crusoé du voyage à la quasi-vitesse de la lumière manque cruellement de compagnie, un droïde barman c’est pas non plus un copain de rugby, fût-il un sosie de Tony Blair, on peut pas toujours compter sur lui pour vous donner le petit coup d’épaule quand ça va pas bien, et donc, il commence à caresser l’idée que peut-être, il pourrait réveiller un autre passager, histoire d’avoir un peu de compagnie, préférablement une passagère, blonde de préférence, et si possible avec une jolie poitrine, on en déduit habilement, c’est finement suggéré, que le type est hétérosexuel, lui-même n’est évidemment pas mal de sa personne, carrure de troisième ligne, mâchoire carrée, apparemment de nationalité américaine, seulement voilà, ce serait quand même lui faire un sale tour à cette jolie blonde, elle aussi se retrouverait prisonnière d’une ville de la taille de Fontenay-sous-Bois dans le Val-de-Marne avec, pour seule compagnie, un Américain à la mâchoire carrée et au physique d’universitaire jouant dans l’équipe de football américain — je passe un peu sur le conflit intérieur de notre homme qui échange pas mal sur le sujet avec Tony Blair —, ça tombe bien, elle est elle-même américaine et, insupportable suspens, elle est également hétérosexuelle, ils se plaisent beaucoup, il faut dire mâchoire carrée avait lu toutes les archives du blog de jolie blonde, lui ne pouvait pas douter qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, elle, de toute façon, une blonde à belle poitrine, pensez si on a beaucoup développé sa psychologie de personnage d’écrivaine — lui est une sorte de réparateur agréé de tout ce qui se connecte, un type bien je vous dis, elle, un métier féminin, journaliste, écrivaine, intelligente donc, ne vous fiez pas aux apparences, parce que oui, blonde et belle mais intelligente, et drôle, vous n’avez pas idée — quant au consentement c’est redevenu un truc sacrément has been au XXIVème siècle. Tout ne se passe donc pas si mal sur l’ USS-Fontenay .

    Ça se corse un peu quand même, le droide barman ne sait pas tenir sa langue et finit par lâcher à jolie blonde écrivaine que mâchoire carrée l’a réveillée pour avoir un peu de compagnie. Crise du couple alors que, jusqu’à maintenant, c’était fusionnel avec accouplement dans la grande salle du réfectoire, déserte, forcément. C’est pas hyper bien développé parce que voilà on n’a pas trop le temps, il y a d’autres priorités, le réacteur principal bat de l’aile, menacerait même de tout faire exploser et de rayer de la carte Fontenay-sous-Bois, donc à défaut de se rabibocher sur l’oreiller, on fait équipe dans la salle des machines, bien obligés, et naturellement en se sauvant mutuellement la vie, on se rapproche, on se pardonne et on repart comme en 14, 2314. L’US S-Fontenay est remis sur pied, il fonctionne à nouveau au quart de tour et maintenant que le couple est également réparé, mâchoire carrée sait tout réparer, et donc, on risquerait de s’emmerder un peu, ellipse de 90 années, l’ USS-Fontenay arrive à bon port, on réveille l’équipage qui découvre qu’il s’en est passé de belles pendant leur sommeil.

    C’est con parce que dans cette ellipse, il y avait un film. Un vrai. Avec deux personnages. Une femme. Un homme. Une femme et un homme. Un début d’humanité. Un début de civilisation peut-être même. Et puis la lente évolution des personnages, de leur relation, avec le vieillissement de l’un et de l’autre, le trépas de l’un, le deuil de l’autre, une vie, deux vies, toutes les vies. Mais pensez si avec une distribution pareille on a beaucoup songé à étoffer un peu les personnages. Bref.

    Premier contact de Denis Villeneuve, alors là c’est pas du tout la même farine. Que c’en est même déconcertant. Au point que si Denis Villeneuve avait dû faire Passengers , il te vous aurait, vite fait mal fait, expédié les problèmes du réacteur principal, en revanche la crise du couple aurait été un moment bergmanien du futur, parfaitement développé.

    Premier contact , une douzaine d’ovules de la taille de Saint-Mandé, toujours dans le Val-de-Marne, arrivent sur Terre pour nous payer une petite visite de courtoisie, ce qui crée un peu d’agitation tout de même. Gouvernements, services secrets et armées armées jusqu’aux dents sont sur les dents et aimeraient bien savoir ce que ces douze ovules réparties aléatoirement sur la planète bleue sont venues faire. Et, c’est très embêtant, les premiers signes d’échange entre les ovules et les militaires sont des sons dont on se demande bien dans quelle langue ils sont produits. Si Morten Tyldum avait fait Premier contact, inutile de vous dire qu’on ne se serait pas beaucoup posé la question de savoir dans quelle langue les ovules et leurs occupants s’expriment, on leur aurait envoyé un ultimatum en anglais pas très shakespearien et direct, ensuite, atome et napalm sont les deux mamelles de l’armée américaine du monde. Forcément les ovules auraient un peu résisté, surtout qu’eux auraient disposé de technologies nettement plus avancées que l’armée américaine du monde mais pensez si la bravitude de ces gars-là auraient été prise en défaut, quelques soldats noirs auraient été sacrifiés pour que la race blanche mondiale survive, on aurait vite été tirés d’affaire et infiniment redevables de l’armée américaine mondiale, sans laquelle en cas d’invasion ovulaire du troisième type on serait cuits et puis ce serait tout, plus d’humanité sans l’armée américaine.

    Denis Villeneuve ne vit pas dans le monde réel, il n’est pas nécessairement convaincu que l’armée américaine internationale peut tout, du coup il se demande si des fois on ne pourrait pas essayer de discuter avec les types des ovules et que pour ça, vu qu’ils sont partis de chez eux en oubliant leur méthode assimil, va falloir trouver des moyens d’échanger, il y a un colonel noir, Forest Whitaker — l’un des acteurs américains les plus sous employés, je n’insinue rien — qui se demande s’il ne devrait pas prendre dans son équipe de fiers à bras tout de même, un ou deux cerveaux, et pourquoi pas, une linguiste.

    Madame la linguiste, votre mission c’est de faire en sorte que les ovules nous révèlent ce qu’elles viennent faire ici. En gros, vous devez leur poser la question What do you want ?

    Et c’est la très heureuse surprise de ce film, la linguiste en question, on a beau l’habiller en treillis et l’accompagner de types aux mâchoires carrées, la linguiste elle fout son souk sur la base, elle fait sa révolution et elle trouve le moyen, très lent certes, mais néanmoins prometteur, de discuter aimablement avec les habitants des ovules qui sont en fait de très très très grands heptapodes, des pieuvres surdimensionnées de la taille de l’étang de Saint-Mandé, du coup ils ne doivent pas avoir beaucoup de place dans leur ovule, et qui parlent en écrivant des signes de prime abord indéchiffrables, mais avec une linguiste pareille, on va finir par se comprendre, restera la question des accents régionaux, mais nous n’en sommes pas encore là, lesquels signes sont produits à l’aide d’une encre dont on fera les livres électroniques du XXIIIème siècle. Quand elle ne planche pas sur les derniers caractères des heptapodes notre linguiste tout terrain donne des cours de sémantique au colonel en lui expliquant, par exemple, que what do you want c’est pas hyperfacile à dire en heptapode et que cela engage tout un tas de considérations linguistiques, que l’on risque, à tout moment, de faire des contresens, qu’en hectopode il y a une gutturalité qui est compliquée à produire avec un larynx humain, et qu’il va falloir être patient mon colonel.

    Les scènes de dialogues, d’apprentissage de la langue et de considérations linguistiques doivent occuper une bonne moitié du film, elles sont très bien filmées dans un éclairage magnifique, le récit est admirablement monté avec une révélation étonnante à la fin, les flashbacks n’étaient pas des flashbacks mais des flashforwards , on n’a pas échangé un seul coup de feu ou de bombe atomique avec les ovules — une petite explosion malgré tout mais c’est le fait isolé de quelques personnages qui se sont trompés de film, bref avec des méthodes pareilles Denis Villeneuve n’est pas prêt de faire carrière à Hollywood, on ne peut pas mobiliser, comme cela, pour de bêtes problèmes de linguistique, l’armée américaine du monde et ne pas exiger d’elle un minimum de coups de feu, il y a des choses qui ne se font pas. Et sans doute la pépite de ce film est à trouver dans cette scène remarquable de la potentielle erreur de traduction entre arme et outil entre les heptapodes, pour les heptapodes le langage est une arme. Du coup l’armée américaine du monde est désarmée. Par la langage. En tant qu’arme.

    Exercice #62 de Henry Carroll : Composez une photographie dans l’intention de l’afficher à l’envers

    #qui_ca

  • J – 144 : Aujourd’hui j’ai vécu dans un film de science-fiction très étonnant, de la science-fiction proche, disons une période, très prochaine donc, où l’on viendrait tout juste d’inventer la téléportation. Un matin vous vous levez un peu plus tôt, et vous vous dires tiens aujourd’hui j’irai bien déjeuner en terrasse de seiches a la plancha sur les bords du Rhône à Arles. Nous sommes en décembre, ni une ni deux, vous montez dans un tube d’acier avec votre éditeur et vous voilà propulsé en un tour de main sur la place du forum, mais une drôle de place du forum pas du tout celle que vous connaissez pour être l’endroit de la récompense partagée avec Madeleine après avoir visité au pas de charge les soixante expositions de photographies des Rencontres Internationales de la Photographie à Arles, en une seule journée, une bonne glace triple boules pour Madeleine, une simple pour vous chez Casa mia, une place du forum noire de monde et envahie par les terrasses concurrentes de tous les restaurants de la place, non, une place déserte, on pourrait presque y jouer au toucher (rugby sans placage, pour défendre vous devez toucher le porteur du ballon des deux mains, touché ! et il doit poser le ballon par terre), de même dans les petites rues inondées d’un soleil rasant et sur les murs desquelles ricoche un petite bise fraîche et pas un bruit dans les rues dont les magasins arborent dans les vitrines de surprenantes processions de santons — les santons élément indispensable à tout récit de science-fiction qui se respecte.

    La téléportation n’en est qu’à ses débuts, l’effet n’est pas immédiat, mais une conversation à rompre du bâton avec votre éditeur et c’est vraiment le sentiment que la Bourgogne et la vallée du Rhône ont été rayées de la carte par du givre et du brouillard et donc traversées dans un clignement d’œil. Et le changement subreptice de décor dans les rues familières d’Arles vous laisse à penser qu’en plus de téléportation il y a potentiellement eu voyage dans le temps ce qui vous est confirmé en visitant l’intérieur d’une maison où chaque bout de ficelle dans une boîte est à sa place, et cela depuis deux cents ans, un arrière-arrière-grand-père a même son portrait photographique des années 60 du dix-neuvième siècle qui trône, non pas sur le manteau d’une cheminée mais sur une pile de livres d’un autre âge celui des années septante mais, cette fois, les années septante du vingtième siècle. Vous avisez même les tranches de quelques collections de polar de cette époque dont vous jureriez disposer de quelques exemplaires des mêmes, eux serrés, dans les rayonnages de votre propre maison de famille, dans les Cévennes, à deux heures de route, plus au Nord donc.

    Arrive une heure fatidique, celle qui a motivé l’effet balbutiant, mais réussi, de téléportation, vous pénétrez dans le hall d’un hôtel de luxe assez minable, pensez les décorations intérieures ont été confiées à une petite frappe locale, c’est kitsch et draperies nouveaux riches à tous les étages, rendez-moi vite la poussière des rayonnages de la vieille maison de famille arlésienne, on vous fait patienter dans la cour carrée d’un ancien cloître, vous en profitez pour chiper quelques feuilles de sauge dans les parterres au cordeau et puis on vous appelle et vous pénétrez dans une grande pièce de salon, les représentants commerciaux de votre éditeur-distributeur-diffuseur — je n’ai pas entièrement suivi les explications ferroviaires de mon éditeur — sont fort polis et une trentaine de bonjours anisochrones vous viennent aux oreilles.

    Vous avez dix minutes.

    Le livre dont on vous demande de parler, il vous a fallu une bonne douzaine d’années pour l’écrire, puis pour l’oublier, pour le réécrire, puis le relire, le corriger, le réécrire, le relire et le corriger à nouveau encore et encore. Vous avez dix minutes qui connaissent le même phénomène d’accélération que lors de la téléportation et vous laissent finalement chancelant sur les bords du Rhône pour une dernière promenade avant d’attraper le téléporteur du soir, la lumière du couchant en hiver sur le fleuve est orgiaque, rien à voir avec cette matraque froide du plein jour en été, là où vous photographiez, chaque année ce coude que le Rhône fait, tel une génuflexion devant la majesté du musée Réattu.

    Dans le train, vous lisez la fin de Je Paie d’Emmanuel Adely. Le soir en arrivant chez vous, dans le Val de Marne, donc pas exactement limitrophe des Bouches du Rhône, vous trouvez dans votre boîte aux lettres le deuxième tome du Journal d’une crise que votre ami Laurent Grisel vous a envoyé, et vous constatez, amer, que le matin même vous aviez oublié de refermer la fenêtre de votre chambre en partant, la chambre est parfaitement ventilée certes, mais glaciale, comme la maison des Cévennes quand on la rouvre à Pâques après l’hiver.

    Exercice #50 de Henry Carroll : Faites de l’exposition une métaphore

    #qui_ca
    #une_fuite_en_egypte

  • J – 150 : Pour le moment Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, n’a toujours pas fini de scanner immense_disque .

    Cela fait des années que je cite souvent l’exemple du Hasard de Kristof Kieslowski pour soutenir la validité des récits arborescents à la façon aussi de Smoking non smoking d’Alain Resnais, d’ailleurs nettement plus arborescent que le Hasard, au point même qu’il y ait deux films, celui de la cigarette fumée et celui de la cigarette refusée poliment, ou encore pour soutenir mes propres tentatives de la fiction de suivre, même modestement, de suivre deux voies parallèles dans un récit, ainsi dans une Fuite en Egypte :

     ; il rendait visite à un parent interné dans un hôpital psychiatrique ; à Villejuif je crois ; je lui avais proposé de l’emmener ; oui ; c’était à Villejuif ; dans le Val de Marne ; dans la banlieue Sud ; je devais aller moi-même dans cette direction ; je lui avais donc proposé de l’accompagner ; aussi parce que je me doutais que cela n’avait rien de drôle d’aller visiter un parent dans un hôpital psychiatrique ; nous nous sommes égarés ; nous avons fait de nombreuses circonvolutions pour retrouver notre chemin ; et ; sans nous départir du calme qui était le nôtre ; sans que ces égarements n’influent ; d’aucune façon que ce soit ; sur la bonne humeur qui était entre nous ; nous nous étions perdus ; et nous nous laissions emporter distraitement par le flot des autres véhicules ; plus soucieux en fait du plaisir de notre conversation que de nous orienter de façon fiable ; nous parlions de son retour hypothétique en Allemagne ; dehors il faisait gris ; et puis à un carrefour les deux voitures qui étaient derrière nous n’ont pas su s’arrêter et l’une a percuté l’autre qui nous a de fait tamponnés ; un tout petit choc ; un accident de rien du tout ; même pas de taule froissée ; le hayon de mon coffre ne fermait plus ; c’était tout ; nous avons réglé cela à l’amiable ; je veux dire entre la personne qui avait percuté l’arrière de ma voiture et nous ; entre les deux autres voitures en revanche les propos n’étaient pas courtois ; les deux conducteurs s’accusaient mutuellement d’être responsables de l’accident ; et tandis qu’ils argumentaient avec véhémence ; Gerd et moi avons continué de discuter aimablement ; Gerd m’a fait remarquer ; dans son accent allemand guttural ; tu te rends compte du nombre de détours que nous avons faits ; tout cela pour avoir cet accident ; nous avons ri de ce concours de hasard bénin ; nous aimions l’un et l’autre ce genre de considérations ; le hasard au travail ; nous avions vu ensemble au cinéma Le Hasard de Kristof Kieslowski ; et j’avais répondu que nous ne le saurions jamais ; en revanche il n’était pas exclu que cet accident et ses détours nous aient en fait déviés d’un accident dans lequel j’aurais perdu la vue et Gerd l’usage de ses membres inférieurs ; comment pouvais-je ; alors ; rire de pareilles éventualités ; à l’époque je ne l’avais pas encore rencontrée ; je n’avais pas encore fait sa connaissance ; je ne l’avais pas encore embrassée ; je n’avais pas encore fait l’amour avec elle ; nous ne vivions pas encore ensemble ; nous n’avions pas encore d’enfants ; elle n’était pas encore morte dans un accident de voiture ; je ne la connaissais pas encore ; je ne pouvais pas savoir ; je ne pouvais pas savoir qu’elle périrait dans un accident de la circulation ; en fait c’est très peu de temps après cet accident ; cet accident sans gravité ; en compagnie de Gerd ; que je l’avais rencontrée ; tenez ; c’est curieux ; c’est la première fois que je m’en rends compte ; que je m’aperçois que cet accident apparemment dénué de conséquences avait en fait été à l’origine de notre rencontre ; parce que cet accrochage anodin ; et le temps que nous avions perdu en nous égarant ; nous avaient mis en retard ; j’avais raté mon rendez-vous avec un assistant qui devait m’aider pour une prise de vue en studio ; le type était furieux ; j’avais donc dû m’adresser ailleurs ; à Paris ; et elle m’avait été recommandée par un collègue ; et c’est de cette façon que je l’ai rencontrée ;

    Mais cela faisait extrêmement longtemps que je n’avais pas revu ce film, il me semble, effectivement au cinéma, et sans doute en compagnie de Daphna, donc en première ou seconde années des Arts Déco. Du coup commençant à préparer un manière de mini site pour la publication d’une Fuite en Egypte qui donne donc accès à toutes sortes de ressources et, a minima, à des œuvres des différents artistes cités dans le cours du récit, Twombly, Weegee, Witkin, Wahrol, il y a donc Le Hasard de Kieslowski (à croire que j’ai fait exprès de citer des artistes qui ont tous un w dans leur patronyme, à l’époque de l’écriture, il y une treizaine d’années maintenant, je l’ai sûrement fait exprès, aujourd’hui c’est tout juste si je me rappelle m’être donné de telles contraintes), dont je me suis employé récemment à en tirer un extrait. J’ai donc téléchargé le film - en fait ces derniers temps j’ai eu recours à un excellent assistant pour retrouver certaines des ressources les plus obscures.

    Et je viens de le revoir, presque trente ans plus tard tout de même.

    Je peux donc mesurer à quel point mon souvenir était vague à bien des égards, et, au contraire, extrêmement précis de certains plans, par exemple je me souvenais parfaitement du clochard de la gare qui ramasse une pièce qui roule et s’achète une bière avec - et apparemment un Tchèque pourrait survivre en Pologne, parce que pour demander une bière en polonais c’est presque Pivo prosim - en revanche, et ce n’est pas banal tout de même, si j’avais du raconter l’intrigue, finalement pas simple pour ses implications politiques, de ce film, comme par exemple, cela peut arriver, en couple, de se raconter des films, à l’image de la deuxième partie de ce film, la femme du mécanicien aéronautique qui raconte Manhattan à son amant, racontant donc Le Hasard , j’aurais oublié, du tout au tout, la troisième partie de ce film, qui, dans mon esprit, sans doute influencé par la trame de Smoking non smoking d’Alain Resnais, n’en comptait que deux, alors que, et c’est tout de même assez troublant, que c’est directement au principe même de la troisième partie que fait référence la remarque que je prête au personnage de Gerd, dans une Fuite en Egypte , à propos d’un accident qui permet d’échapper à un autre, plus grave.

    Par ailleurs, c’est quand même étonnant d’avoir oublié la troisième partie plutôt que les deux autres, alors que c’est la troisième partie qui est de loin la plus simple, tout roule pour le personnage principal, sa carrière connait une ascension fulgurante, il se marie avec une jeune femme dont il est fou amoureux, elle lui apprend devant le maire qu’elle est enceinte, et ils pouffent de rire en échangeant leurs vœux, l’enfant nait il est fort mignon et il peut partir à Paris avec un passeport en bonne et due forme.

    Et quand je pense à tous les films que j’ai vus, tous les romans que j’ai lus, et pour lesquels mes souvenirs sont pareillement imprécis, ou mélangés, je me dis que je foisonne de récits, il suffit juste que je fasse confiance à ma mémoire dans tout ce qu’elle a d’imprécis.

    Sans compter que par ailleurs j’ai tendance à oublier tout ce que j’écris, ou plus exactement que j’écris, non pas pour ne pas oublier, mais au contraire pour oublier. J’avais, par exemple, tout à fait oublié cette référence au Hasard dans mon récit, que je viens de relire une nouvelle fois avant d’en envoyer la version définitive à mon éditeur, j’aime bien dire mon éditeur .

    Exercice #45 de Henry Carroll : Photographiez un lieu insipide de jour ... mais fascinant de nuit.

    La forêt autour de la maison de Barbara Crane dans le Michigan est nettement plus mystérieuse la nuit que le jour, ce qui est en grande partie dû aux puissant éclairages que cette dernière a braqués sur les bois depuis les autres coins de sa terasse qui entoure sa petite maison, un peu comme Claude Monet a arrangé son jardin pour mieux le peindre. Le parti qu’elle en tire est infiniment supérieur.

    #qui_ca
    #une_fuite_en_egypte

  • Questions d’islam une émission de Ghaleb Bencheikh
    04.12.2016
    Invité : Madjid Si Hocine
    https://www.franceculture.fr


    http://rf.proxycast.org/1239037459866591232/10073-04.12.2016-ITEMA_21155294-0.mp3

    Médecin, signataire de l’appel des quarante-et-un dans le Journal du dimanche du 31 juillet écoulé, Madjid Si Hocine viendra évoquer la gestion de l’islam en France. Il souligne le hiatus qu’il y a entre la réalité des citoyens musulmans et l’image qui est donnée d’eux dans les grands médias. Il nous expliquera aussi comment faire société et assoir les fondements d’une société solidaire fraternelle et prospère pour tous.

    Quelques références biographiques de Madjid Si Hocine : Né à Paris de parents algériens, marié père de 4 enfants - Docteur en médecine, référent du pole gériatrique de l’hôpital Saint Camille de Bry sur Marne (Val de Marne) - Médecin de permanence des soins en Seine Saint Denis - Ancien membre du conseil d’administration du MRAP, chargé de la lutte contre les discriminations - Ancien formateur à Médecins du Monde, programme tchétchène - Membre de l’association SOLIMED association de solidarité médicale entre la France et l’Algérie - Membre fondateur du Forum France Algérie - Animateur du site L’Egalité d’abord ! - Signataire de l’appel des 41 (Journal Du Dimanche -JDD- du 31.07.2016).

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    Il faut déradicaliser Eric Zemmour
    Par Madjid Si Hocine, médecin et signataire de l’Appel des 41
    15 septembre 2016
    http://www.liberation.fr/debats/2016/09/15/il-faut-deradicaliser-eric-zemmour_1498054

    Comment RTL peut-elle laisser divulguer sur ses ondes mensonges et insultes racistes ? Pourquoi un tel silence de la part des responsables politiques et des associations face à de telles provocations ? Un membre de l’appel des 41 Français musulmans réagit.

  • APPEL A FONDER UN COMITE 94 POUR DEFENDRE LA ZAD CONTRE L’AEROPORT DE NOTRE-DAME DES LANDES
    http://zad.nadir.org/spip.php?article4132

    APPEL A FONDER UN COMITE 94 POUR DEFENDRE LA ZAD CONTRE L’AEROPORT DE NOTRE-DAME DES LANDES Depuis la tentative d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame des Landes en 2012, des centaines de comités locaux de soutien se sont constitués dans toute la France. Partout, ils relayent les infos, organisent le soutien à la ZAD, font vivre le refus de l’aéroport et son monde. Mais il n’y en a pas encore dans le Val de Marne : il est l’heure de réparer cet oubli ! Du point de vue écologique, l’hypocrisie est à (...)

    #Collectifs_locaux_contre_l'aéroport

  • Villes « sans migrants » : cette proposition est « une insulte à l’histoire de notre pays »
    https://www.bastamag.net/Villes-sans-migrants-cette-proposition-est-une-insulte-a-l-histoire-de-not

    Le gouvernement compte créer 12 000 places d’hébergement d’ici fin 2016 pour « désengorger la "Jungle" de Calais ». Surfant sur la peur de l’étranger, des élus du Front National tentent de faire adopter depuis mi-septembre une motion intitulée « ma commune sans migrants » dans les communes où ils sont présents. Une proposition immédiatement rejetée par le conseil municipal d’Arcueil, une ville de 20 000 habitants dans le Val de Marne. « Ce vœu est une insulte à l’histoire de notre pays et de notre commune », (...)

    #Débattre

    / #Logement, #Guerres_et_résolution_des_conflits, #Migrations, #Solidarités_internationales

  • Villes « sans migrants » : cette proposition est « une insulte à l’histoire de notre pays »
    http://www.bastamag.net/Villes-sans-migrants-cette-proposition-est-une-insulte-a-l-histoire-de-not

    Le gouvernement compte créer 12 000 places d’hébergement d’ici fin 2016 pour « désengorger la "Jungle" de Calais ». Surfant sur la peur de l’étranger, des élus du Front National tentent de faire adopter depuis mi-septembre une motion intitulée « ma commune sans migrants » dans les communes où ils sont présents. Une proposition immédiatement rejetée par le conseil municipal d’Arcueil, une ville de 20 000 habitants dans le Val de Marne. « Ce vœu est une insulte à l’histoire de notre pays et de notre commune », (...)

    #Débattre

    / #Logement, #Guerres_et_résolution_des_conflits, #Migrations, #Solidarités_internationales

  • J – 236 : grand moment d’hésitation au moment de sauter. De sauter dans ce véhicule en marche qu’est mon idée d’un projet de film documentaire à propos de la mère de mon ami Diketi, Renée. La petite fille qui sautait sur les genoux de Céline . Quelle est la part de mon hésitation qui serait une forme de capitulation non pas devant l’effort à accomplir, mais surtout l’effort d’aller au-devant des producteurs et leur arracher une manière de conviction ?

    Je n’ai aucun talent dans ce domaine, quand j’explique on ne comprend rien et quand je tente de convaincre, on se dit que je ne suis pas très calme.

    Mon ami Diketi est mort d’un Arrêt Vasculo-Cérébral en août 2014, dans la Drôme, au milieu des siens.

    Diketi était le compagnon de mon amie Laurence que je connais depuis le lycée. Il était aussi, il a joué ce rôle pendant deux ans, l’éducateur spécialisé de mon fils Nathan, un éducateur musical. Un art thérapeute. Diketi était par ailleurs un musicien qui jouait de toutes sortes d’instruments de musique, notamment des percussions, dont les origines étaient africaines, ou encore sud-américaines, tel le berimbau , plus rarement asiatiques du Sud-Est. Il venait le mardi soir, j’allais le chercher en voiture à la bouche de métropolitain de Marie de Montreuil, le plus souvent en compagnie de Nathan et lorsque nous arrivions à la maison je n’avais généralement pas le temps de faire une tasse de thé à Diketi tant Nathan l’emmenait prestement dans sa chambre pour jouer de la musique avec un des nombreux instruments que Diketi avait emportés dans son sac de sport boursoufflé par tous ces instruments, opulence qui tranchait singulièrement avec le physique longiligne de Diketi et son visage aux traits sculptés avec des outils tranchants. Pendant deux heures le son d’une franche rigolade très bruyante emplissait le reste de la maison, il était manifeste que Nathan prenait beaucoup de plaisir à cette séance dont nous avions convenu avec Diketi qu’elle devrait durer une petite heure et, tel que j’en avais convenu avec Diketi, une séance d’une heure pour la somme de vingt-cinq euros. Pas une fois la séance a duré moins de deux heures et pas une fois Diketi n’a accepté que je le dédommage pour cette heure supplémentaire dans laquelle il trouvait lui aussi son content.

    Lorsque Diketi redescendait de la séance, souvent nous avions été rejoints par Laurence et souvent aussi par B., ma compagne. Et nous improvisions un dîner à la bonne franquette, je garde de ces mardis soirs un souvenir enchan-té. Plus tard je raccompagnais Diketi et Laurence à la bouche de métropolitain de la Croix de Chavaux à Montreuil qui les ramenait directement à République où ils habitaient. Je pense que je n’oublierai jamais le souvenir exact du visage de Diketi qui, chaque fois, retardait, jusqu’à l’ultime moment, sa disparition dans la bouche du métropolitain, c’est d’ailleurs de cette façon que je l’ai vu pour la dernière fois.

    Je sais que je dispose dans mes archives d’un enregistrement d’une des séances de Diketi à la maison avec Nathan, mais je n’ai pas encore rassemblé le courage de le réécouter. De même, je sais que j’ai une fois pris une photographie de Diketi, qui, à ma connaissance, est la seule photographie que j’ai prise de lui, on le voit dans un coin du salon chez Laurence penché sur un petit instrument de musique dont j’ai oublié le nom et dont il jouait des mélodies à l’incroyable douceur, en improvisant.

    Nathan, mon fils, est, légèrement, handicapé, mental.

    Lorsque Laurence m’a appelé pour m’annoncer le décès de Diketi, il m’a fallu beaucoup de courage pour réunir les enfants, et, en pleurs moi-même, leur annoncer la mort de Diketi, ce qui a foudroyé mes filles Madeleine et Adèle et a attristé grandement Nathan, difficilement capable d’extérioriser ses émotions et il n’était pas non plus certain que la tristesse, malgré tout visible sur le visage de Nathan, ne soit pas davantage plus causée par celle de ses sœurs que par cette funeste nouvelle dont je n’étais pas sûr qu’il la comprenait vraiment. J’ai offert aux enfants que chacun notre tour, nous racontions un souvenir heureux que nous avions de Diketi. Madeleine s’est souvenue d’un repas du mardi soir où j’avais oublié, complétement, que Diketi, et Laurence dans une moindre mesure, étaient végétariens et j’avais dû cuisiner une carbonnade flamande ou je ne sais quoi de ce tonneau. Ce qui nous avait tous bien faire rire. Adèle s’est souvenue qu’un jour elle avait été invitée par Diketi à venir jouer de la musique avec Nathan et lui et que c’était un désordre sans nom dans la chambre de Nathan et qu’ils s’étaient bien amusés. Nathan a dit qu’il se souvenait que Diketi était son pschyichologue de musique. Cela n’avait rien de spécifique, comme j’avais suggéré que nous fassions, mais de la part de Nathan c’était assez remarquable. Et toi Papa ?, ont demandé les filles. J’ai répondu qu’un jour chez Laurence, alors que j’étais sur le point de repartir de chez eux, je ne parvenais pas à remettre la fermeture éclair de mon pull que cette dernière était coincée et que cela commençait à m’énerver et que Diketi m’a invité à me rasseoir, à respirer un grand coup et que, plus calme, en restant assis, dans le canapé ? là même où je l’avais photographier jouant de ce petit instrument contenu dans une petite calebasse ?, à refermer ma fermeture éclair qui s’est refermée sans aucune difficulté jusqu’au col. Diketi était ce genre de grand magicien modeste.

    Laurence m’avait aussi dit qu’une manière de céré-monie du souvenir aurait lieu dans un endroit dont elle n’avait pas encore l’adresse, mais à laquelle elle aimerait beaucoup que je vienne avec les enfants. C’était mi-septembre, un samedi soir, il faisait, dans les locaux de je ne sais plus quel syndicat à Pantin, une chaleur moite, presque irrespirable, ce qui n’avait pas l’air de beaucoup déranger une bonne partie des convives qui, pour le plus grand nombre, étaient africains, les Blancs, comme nous, en revanche, mélangeaient copieusement leur sueur à leurs larmes.

    Les proches de Diketi, sa sœur, son beau-frère, sa fille et Laurence se sont courageusement succédés pour dire, modestement, la très grande perte qu’était pour eux celle de Diketi, des paroles tour à tour simples, parfois coupées par l’émotion, relancées par le courage seul, et sans doute aussi l’amour que toutes ces personnes vouaient à Diketi et dont elles n’auraient pas voulu trahir la confiance, même au-delà de la mort.

    Un plantureux buffet, où chacun avait apporté des mets souvent délicieux, nous attendait et fut l’occasion pour tous de reprendre des forces, d’échanger avec bienveillance, tandis qu’un petit trio se mettait en place pour jouer avec qui voulait bien (qui savait), la tension retombait.

    Plus tard, alors que nous étions sur le départ, je me suis enhardi à aborder la sœur de Diketi que je ne connais-sais pas, après une crise de larmes incontrôlable de ma part, je lui ai dit que je voulais lui expliquer qui était Diketi pour ma famille, un ami pas seulement, mais aussi l’éducateur spécialisé de Nathan, mon fils handicapé. Le visage de la sœur de Diketi s’est illuminé, vous êtes le père de Nathan ? Oui. Il faut absolument que vous rencontriez ma mère, Diketi nous parlait de Nathan tellement souvent, vous êtes venu avec lui ? Oui. Où est-il ? C’est le grand gaillard un peu égaré près du buffet. Mais vous alliez partir c’est ça ? Oui. Vous êtes l’ami d’enfance de Laurence ? Oui. Où est Laurence ?, Ah Laurence te voilà, ton ami vient de m’expliquer qu’il était le père de Nathan, mais il faudrait absolument que nous rencontrions tous Nathan, ils s’en vont, est-ce que tu peux arranger un dîner chez toi, on apporte chacun quelque chose, de telle sorte que nous puissions rencontrer Nathan. Laurence a naturellement accepté.

    Un mois et demi plus tard, un samedi soir, nous étions tous les quatre, Madeleine, Nathan, Adèle et moi, invités chez Laurence dans son minuscule appartement. Nous nous étions chargés des desserts, nous avions apporté un gâteau de châtaignes qui avait déjà rencontré un bon succès lors de la cérémonie commémorative, une mousse au chocolat pour faire plaisir à Laurence et un autre dessert, dont je ne me souviens plus. Étaient déjà là quand nous sommes arrivés la sœur de Diketi, et son mari, et la mère de Diketi, Renée. Eût égard à mes rotules douloureuses, j’ai eu droit à la deuxième meilleure place sur le canapé du salon en compagnie de Renée, doyenne de cette soirée, dans laquelle il était admirable qu’effectivement les proches de Diketi étaient vraiment venus pour faire la connaissance de Nathan, c’est tout juste si Madeleine, Adèle et moi n’étions pas secondaires, ce qui, étant donné la nature du handicap mental de Nathan, était à la fois surprenant et inhabituel. Nathan découvrait depuis peu le jeu d’échecs et tous se relayèrent pour disputer des parties avec Nathan, ce qui était à la fois ce qui pouvait faire le plus plaisir à Nathan alors, mais surtout ne manqua pas de me faire penser à cette citation que l’on attribue généralement à Socrate que l’on peut apprendre beaucoup plus d’une personne en jouant avec elle pendant une demi-heure que pendant dix ans de conversation, c’était donc la meilleure façon qui soit de rencontrer Nathan.

    Sirah, la fille de Diketi arriva un peu plus tard avec son compagnon, dont j’eus à apprendre qu’il était cévenol et qu’il connaissait très bien la vallée de la Cèze. C’était la deuxième fois que je voyais Sirah, la fille de Diketi, dont il m’avait parlé avec cette admiration benoîte des pères. Je sa-vais que Sirah était doctorante, mais je ne savais pas dans quelle matière, aussi, pour lancer la conversation, je le lui demandais et comme elle me répondit qu’elle était effecti-vement thésarde en littérature comparée, je me jetais sur l’occasion pour lui demander de m’expliquer en quoi consis-tait, dans les grandes lignes, la littérature comparée ce que j’ignorais tout à fait, ce dont je ne me vantais pas. Les expli-cations de Sirah étaient limpides et intelligentes, tout à fait compréhensibles par un quidam de mon espèce, du coup je lui demandais quel était le sujet de sa thèse, et comme elle me répondait qu’il s’agissait des œuvres de fiction à propos de la Shoah, j’enfourchais sans délai ma Rossinante de Don Quichotte du Val de Marne pour lui dire, par exemple, tout le mal que je pensais à la fois de ce sujet, mais aussi de cer-tains livres qui avaient fait grand bruit ces derniers temps parmi lesquels les Bienveillantes de Jonathan Littel, un de mes moulins à vent préférés.

    Avec beaucoup d’adresse Laurence parvint à détour-ner le sujet de la conversation, en revanche une personne vibrait terriblement de l’autre côté du canapé, Renée, la mère de Diketi. Qui me prit à part pour me dire, vous savez quand j’étais petite fille je sautais sur les genoux de Céline. Vous voulez dire Louis-Ferdinand Céline, l’auteur de Mort à Crédit ? Lui-même.

    En fait je comprenais rapidement que ma péroraison avait eu au moins le mérite d’éveiller l’intérêt de Renée, elle enchaîna donc en m’expliquant qu’elle était la fille d’un très sale type qui avait été un très bon ami de Céline et qu’effec-tivement enfant, elle avait de nombreuses fois rencontré le docteur Destouches et que ce dernier l’avait plus d’une fois fait sauter sur ses genoux. C’est une chose de serrer une fois la main de John Tchikaï en se disant qu’elle avait serré celle de John Coltrane, pour avoir joué avec lui, et de s’en émer-veiller, et de s’en amuser, c’en est une autre de se dire qu’on est assis sur un canapé que l’on partage avec une dame, un peu âgée tout de même qui, enfant, avait sauté sur les ge-noux de Céline.

    En fait Renée, comme elle me l’a dit, avait des choses à dire et elle se demandait si d’aventure, une intuition, je n’étais pas la bonne personne pour cela.

    Son père, m’expliqua Renée, était un très sale type et peut-être avez-vous déjà entendu parlé de lui, il s’agit de René Girard, connu pour avoir fait fortune dans le cinéma comme accessoiriste mais aussi pour avoir été le fondateur, dès 1941, de l’Institut d’Étude des Questions Juives auquel il avait versé sa très importante bibliothèque antisémite, une vraie marotte. Effectivement pas du tout un type recom-mandable.

    Renée a eu cette parole déconcertante et prévenante pour me dire que si je vérifiais ceci sur internet je verrais que ce fameux institut a été en fait fondé par un certain Paul Sézille, mais qu’en fait ce dernier avait été le bras droit de son père qui, sentant, dès le début de 1944, que peut-être le Reich millénaire allait, heureusement, durer moins longtemps, s’est arrangé pour étancher la soif d’ambition de son second, ce que ce dernier aurait sûrement eu à justifier devant quelque tribunal s’il n’était pas mort prématurément de maladie en 1944. Et que donc le véritable instigateur de cet institut nauséabond était bien le père de Renée, René Girard, qui, de fait, ne fut pas du tout inquiété à la libération et a pu reprendre ses activités d’accessoiriste de cinéma avec une certaine fortune.

    Ce n’était pas facile de se dire que l’on est la fille d’un salaud selon l’expression, apparemment sincère, de Renée, elle avait essayé toute sa vie de se défaire de cet encombrant héritage, elle ne savait pas si elle y était parvenue, mais que voilà, elle avait de temps en temps le besoin, et le désir, de parler de ce genre de choses et qu’elle avait l’impression qu’avec moi, elle pourrait le faire. C’était quelque chose qu’elle sentait. Elle me disait par exemple qu’elle avait essayé la psychanalyse mais que cela ne l’avait pas suffisamment aidée. Que toute sa vie elle serait taraudée par cette idée qu’elle était la fille d’un salaud. Et une grande tristesse se lisait alors sur son visage.

    Mais Renée, Diketi est bien né en 1959 (je me sou-venais du poster avec ses dates de naissance et de décès à l’entrée de la commémoration) ? Oui. Vous vous êtes mariée en quelle année ? 1955, je crois. Et donc Rénée, vous vous demandez encore si vous vous êtes suffisamment départie de l’héritage de votre père, vous, une femme blanche, qui s’est mariée en France, en 1955 avec un Camerounais ? Je crois que vous pouvez être tout à fait rassurée sur ce point. Vous vous êtes très largement émancipée de cet héritage célinien et maurassien.

    J’ai promis à Renée que j’allais réfléchir à tout cela.

    La soirée s’est terminée tard dans une chaleur amicale merveilleuse, j’étais par ailleurs admiratif de ce qu’il n’était pas de trop d’appeler un véritable travail de deuil collectif qu’étaient en train de produire les proches de Diketi, soudés dans cette épreuve de la perte d’une figure centrale de leur famille. Je suis reparti en métropolitain avec les enfants et tandis que nous remontions vers la porte de Bagnolet où j’avais laissé la voiture, je pensais aux formes que pourraient prendre la collaboration avec Renée, un livre, un entretien audio phonique, un site internet, il me semblait cependant que le film documentaire serait le vecteur idéal pour ce qui semblait être, de la part de Renée, un désir de déposition .

    M’est alors venue cette idée étonnante, telle une ful-gurance, Diketi, mon ami Diketi, grand Noir, aux immenses dreadlocks , à la démarche chaloupée, au visage de grand guerrier de tribu, Diketi était le petit fils d’un abominable et zélé collaborateur, petit Français blanc minable. Cela n’avait pas de sens. Il était donc urgent de retrouver ce sens.

    Le film que je voudrais faire s’interroge à propos de ce qui n’a pas de sens.

    Philippe De Jonckheere, le Bouchet de la Lauze, le 18 août 2016.

    #qui_ca

  • Double interdiction de paraître à Paris : quand l’État montre ses faiblesses

    https://paris-luttes.info/double-interdiction-quand-l-etat-6266
    https://paris-luttes.info/home/chroot_ml/ml-paris/ml-paris/public_html/local/cache-vignettes/L614xH194/bac94n-5c73f.jpg?1466690866

    Hier soir vers 22 heures, deux équipages de la BAC de Nuit du Val de Marne (les mêmes qui ont mené la chasse à l’homme du 28 avril au soir sur la Place de la République) ont débarqué à mon domicile pour me délivrer une interdiction de paraître...

    @rezo @lundimatin

  • http://s3.amazonaws.com/auteurs_production/post_images/16855/2.jpg?1407224199

    Mais quand finira ce mois de janvier, véritable hiver chaud, et qui emporte tout sur son passage, Jacques Rivette vient grossir les rangs de l’hécatombe.

    « l’homme qui décide à ce moment de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris ».

    Jaques Rivette à propos de Kapo de Gilles Pontecorvo

    http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/01/29/le-realisateur-jacques-rivette-est-mort_4856051_3382.html#czDqQkllzsWUq0Rr.9

    J’en viens à me demander, si ce n’est pas, aussi, une manifestation de mon âge avancé, plus je viellis et plus les figures tutélaires de la jeunesse, et de l’âge adulte, sont elles-mêmes proches du terme. Sale temps.

    • Gillo Pontecorvo, l’auteur de la très estimable Bataille d’Alger et dont tu notes ici que Rivette lui avait signifié son profond mépris, est mort en 2006. L’hiver de la mort commence à notre naissance.

    • Personnellement tu auras compris que j’ai du mal avec un auteur qui prend des airs supérieurs et parle de son profond mépris (expression on ne peut plus bateau). Mais ça devait être dans ces années où les mao et les situ faisaient office de modérés dans l’espace intellectuel — c’est pardonnable. N’ayant pas vu Kapo je n’ai pas d’avis sur la cause (et ne cherche pas à en avoir).

    • Mais ça devait être dans ces années où les mao et les situ faisaient office de modérés dans l’espace intellectuel

      L’âge d’or.

      Je ne t’encourage pas à télécharger Kapo , c’est plutôt un très mauvais film et on ne peut que trouver fort juste le commentaire de Rivette sur le sujet et lui être reconnaissant (presque) d’avoir douché prospectivement bien des véléités futures de faire de la fiction cinématographique dans les camps. Cette prophylaxie aura duré assez longtemps finalement, et on voit bien, notamment avec le Fils de Saul , qu’une digue est le point de lâcher.

      Pour le ton que tu dénonces, c’est sans doute ce qui m’a longtemps tenu éloigné des Cahiers du cinéma , cycliquement, j’y retourne, puis je m’en détourne, puis j’y retourne, ça fait plus de trente ans que cela dure je crois.

      Et sinon ce que j’aurais voulu mettre pour ce billet (mais je ne peux pas de cet ordinateur), cela aurait été une scène de la Belle Noiseuse ou de Jeanne la Pucelle ou Secret Défense

    • @unagi Le problème, toujours le même, celui de la fiction en camp de concentration.

      Et dans Kapo , effectivement, comme le notait Rivette avec ette attaque très dure à propos d’un certain travelling (au point que ce soit un des travellings les plus célèbres du cinéma), l’esthétisation. Mais c’est dit très vite de ma part et mon souvenir de Kapo doit bien dater d’une vingtaine d’années et je commence sérieusement à me méfier de mes lectures et autres de cette époque tellement lointaine.

    • Merci ! En cherchant je tombe sur une critique qui au contraire de celle de Rivette ne polémique pas sur le travelling mais enterre le scénario, scénario de l’abomination. Entre autres chose.
      http://www.dvdclassik.com/critique/kapo-pontecorvo
      "Car paradoxalement, et Rivette n’en parle pas (Daney encore moins, qui n’a pas vu le film), le film pêche en fait ailleurs, via des procédés bien moins raisonnables que ce simple travelling, faux procès choisi pour l’exemple...

      Après un pré-générique d’une concision glaçante et qui plonge dans l’horreur des camps en cinq minutes terrifiantes, le scénario (pourtant d’une sobriété notable dans son premier tiers) s’enfonce peu à peu dans le mélo bas de gamme, avec l’arrivée dans le camp de prisonniers russes. Les rouages scénaristiques se grippent, et la romance (pas forcément invraisemblable pour autant) édulcore à ses dépends une œuvre jusqu’alors éprouvante et accomplie. Pontecorvo se brouilla un temps avec son scénariste, Franco Solinas, initiateur de ce virage à l’eau de rose qui plût tant aux producteurs italiens qu’ils l’imposèrent au final. Faute de goût majeure, la bluette entame sérieusement le crédit du film.

      En cause aussi, la psychologie d’Edith/Nicole, pourtant campée par une très convaincante Susan Strasberg - fille du célèbre professeur d’art dramatique Lee Strasberg, remarquée pour sa composition d’Anne Franck sur les planches. Jeune juive qui se fait passer pour une prisonnière de droit commun afin d’échapper à la mort, son accession au rang de Kapo semble par trop mécanique, éludant les implications forcément déstabilisantes de cette « promotion » : jamais Edith ne semble vraiment ébranlée par les conséquences de sa nomination, d’ailleurs habilement dissimulée derrière une ellipse grossière.

      Enfin, acoquinée avec un SS, la jeune femme trouvera une rédemption dans un final trop pompeux pour être honnête : on crie haro sur la mise en scène de Pontecorvo, plutôt retenue, quand c’est le script conformiste et racoleur de Solinas qui gangrène finalement le projet. Mise en scène estimable, scénario regrettable : Kapo est un film bancal, sur un sujet qui ne saurait souffrir aucun égarement
      "
      Pour finir, je suis toujours très mal à l’aise avec Nuit et Brouillard et son absence de représentation des camps, l’absence d’image étant l’absence des juifs au coeur de la solution finale.

    • À vos CB....
      “Out 1”, de Jacques Rivette, en dvd
      http://www.telerama.fr/cinema/out-1-de-jacques-rivette-quand-la-nouvelle-vague-etait-en-roue-libre,134457

      Radical, fou, mais surtout invisible depuis vingt ans, le film-fleuve de Jacques Rivette sort enfin en salles et en coffret DVD-Blu-ray. Avec Michael Lonsdale et Jean-Pierre Léaud exaltés, Bulle Ogier et Bernadette Lafont terrifiées.
      C’est le film monstre de la Nouvelle vague. Par sa durée au-delà de toutes les normes – près de douze heures et quarante minutes, de quoi effrayer le propriétaire de salles le plus téméraire. Et par son principe de réalisation, un recours radical, jusqu’au-boutiste, à l’improvision, qui fait de Out 1 un projet unique, « jamais fait avant, et qui ne sera jamais fait après », selon le chef-opérateur Pierre-William Glenn, l’un des artisans de cette folle aventure. Jamais exploité en salles dans sa version intégrale, projeté à de trop rares occasions dans une poignée de festivals au profit de quelques happy few, invisible depuis vingt-trois ans et sa diffusion en huit parties sur La Sept-Arte, le film le plus secret et le plus légendaire de Jacques Rivette revit aujourd’hui en salles, en VOD et dans un somptueux coffret DVD et Blu-ray grâce à la restauration entreprise par Carlotta Films. Retour sur la genèse d’une œuvre culte, en laquelle Eric Rohmer voyait rien moins qu’« un monument capital de l’histoire du cinéma moderne ».

    • Pornographie du « réalisme », esthétisation sans frein ni scrupule, Rivette disait fort bien les raisons pour lesquelles il n’est même pas souhaitable de voir Kapo.

      « Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile, lorsqu’on entreprend un film sur un tel sujet (les camps de concentration), de ne pas se poser certaines questions préalables ; mais tout se passe comme si, par incohérence, sottises ou lâcheté, Pontecorvo avait résolument négligé de se les poser.

      Par exemple, celle du réalisme : pour de multiples raisons, faciles à comprendre, le réalisme absolu, ou ce qui peut en tenir lieu au cinéma, est ici impossible ; toute tentative dans cette direction est nécessairement inachevée (« donc immorale »), tout essai de reconstitution ou de maquillage dérisoire et grotesque, toute approche traditionnelle du « spectacle » relève du voyeurisme et de la pornographie. Le metteur en scène est tenu d’affadir, pour que ce qu’il ose présenter comme la « réalité » soit physiquement supportable par le spectateur, qui ne peut ensuite que conclure, peut-être inconsciemment, que, bien sûr, c’était pénible, ces Allemands quels sauvages, mais somme toute pas intolérable, et qu’en étant bien sage, avec un peu d’astuce ou de patience, on devait pouvoir s’en tirer. En même temps chacun s’habitue sournoisement à l’horreur, cela rentre peu à peu dans les mœurs, et fera partie bientôt du paysage mental de l’homme moderne ; qui pourra, la prochaine fois, s’étonner ou s’indigner de ce qui aura cessé en effet d’être choquant ?

      C’est ici que l’on comprend que la force de Nuit et Brouillard venait moins des documents que du #montage, de la science avec laquelle les faits bruts, réels, hélas ! étaient offerts au regard, dans un mouvement qui est justement celui de la conscience lucide, et quasi impersonnelle, qui ne peut accepter de comprendre et d’admettre le phénomène. On a pu voir ailleurs des documents plus atroces que ceux retenus par Resnais ; mais à quoi l’homme ne peut-il s’habituer ? Or on ne s’habitue pas à Nuit et Brouillard ; c’est que le cinéaste juge ce qu’il montre, et il est jugé par la façon dont il le montre.

      Autre chose : on a beaucoup cité, à gauche et à droite, et le plus souvent assez sottement, une phrase de Moullet : la morale est affaire de travellings (ou la version de Godard : les travellings sont affaire de morale) ; on a voulu y voir le comble du formalisme, alors qu’on en pourrait plutôt critiquer l’excès « terroriste », pour reprendre la terminologie paulhanienne. Voyez cependant, dans Kapo, le plan où Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés ; l’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris. On nous les casse depuis quelques mois avec les faux problèmes de la forme et du fond, du réalisme et de la féerie, du scénario et de la « misenscène », de l’acteur libre ou dominé et autres balançoires ; disons qu’il se pourrait que tous les sujets naissent libres et égaux en droit ; ce qui compte, c’est le ton, ou l’accent, la nuance, comme on voudra l’appeler – c’est-à-dire le point de vue d’un homme, l’auteur, mal nécessaire, et l’attitude que prend cet homme par rapport à ce qu’il filme, et donc par rapport au monde et à toutes choses : ce qui peut s’exprimer par le choix des situations, la construction de l’intrigue, les dialogues, le jeu des acteurs, ou la pure et simple technique, « indifféremment mais autant ». Il est des choses qui ne doivent être abordées que dans la crainte et le tremblement, la mort en est une, sans doute ; et comment, au moment de filmer une chose aussi mystérieuse ne pas se sentir un imposteur ? Mieux vaudrait en tout cas se poser la question, et inclure cette interrogation, de quelque façon, dans ce que l’on filme ; mais le doute est bien ce dont Pontecorvo et ses pareils sont le plus dépourvus.

      #impersonnel

    • Mon cher @fil Et donc hier soir au ciné-club du Kosmos à Fontenay, j’ai pu voir au cinéma donc la Bataille d’Alger (dont j’avais un souvenir particulièrement flou, le confondant notamment avec d’autres films sur le même sujet). Ben de mon point de vue c’est la même abomination.

      Dramatisation à outrance de certaines scènes avec la musique insupportable d’Enio Moricone, simplifications scénaristiques coupables et le truc assez malhonnête de filmer certaines scènes dans un style documentaire qui plusieurs fois dans le film pourrait laisser à penser (différence de grain, d’éclairage ou encore de développement du film etc...) que des scènes tournées sont des scènes documentaires.

      De mon point de vue, je ne pense pas que la Bataille d’Alger soit si estimable. Ayant revu récemenment Kapo pour me faire une idée plus précise que celle de mon souvenir du fameux travelling , qui n’est, en fait, pas grand chose, mais qui est effectivement abominable, je continue d’être frappé par la vigilance intellectuelle et formelle de Rivette, de son avertissement et finalement, de sa justesse, surtout quand on voit la Bataille d’Alger qui recoure à d’autres procédés mais qui n’en sont pas moins détestables.

      Et une fois de plus se pose la question de la fiction de l’histoire au cinéma. Pour moi il est frappant, par exemple, de constater que Patrick Rotman a réalisé un vrai chef d’oeuvre de documentaire sur le sujet de la guerre d’Algérie, l’Ennnemi intime et qu’il s’est fourvoyé entièrement en écrivant le scénario d’une fiction qui porte le même titre et qui est, elle aussi, une abomination.

  • Boissy : Suppression des points CAF et sécurité sociale : les élus éconduits au ministère | 94 Citoyens
    http://94.citoyens.com/2015/suppression-des-antennes-caf-et-securite-sociale-les-elus-de-boissy-eco

    Alors que 5 antennes #CAF (Caisse d’allocations familiales) ont fermé définitivement cet été dans le Val de Marne à Alfortville, Boissy-Saint-Léger, Bonneuil-sur-Marne, Villiers-sur-Marne et Vincennes et que l’antenne #CPAM (Caisse primaire d’assurance maladie) de Boissy-Saint-Léger avait déjà fermé en juillet 2012, une délégation d’élus de Boissy se sont rendus au ministère des affaires sociales ce jeudi 29 janvier, auprès duquel ils avaient demandé une audience.

    « La permanence CAF de Boissy était fixée le vendredi au centre social et voyait se présenter régulièrement de 30 à 40 personnes. Le point d’accueil Sécurité sociale (maladie) du centre commercial recevait, lui, jusqu’à 200 assurés sociaux du secteur par jour. De nombreux assurés ont besoin d’un service de proximité et d’interlocuteurs compétents pour régler leur dossier.(...)
    Nous insistons sur ce terme : il s’agit bien d’un « droit », non d’une assistance ou encore moins d’une aumône. Le bénéfice des 3 branches de la Sécurité sociale (maladie, famille, vieillesse) appartient aux salariés. Ce sont eux qui, chaque mois, financent la Sécurité sociale avec une part de leurs salaires (cotisations sociales) », y défendaient l’adjoint au maire Christian Mache et autres signataires* dans un courrier à #Marisol_Touraine, ministre de la Santé, déplorant la nouvelle organisation reposant sur une convention passée avec les communes concernant la Caf.
    « Seuls, les agents de la CAF ont accès aux informations confidentielles nécessaires à la solution des dossiers. Pas un agent communal. Comment une borne informatique pourrait-elle résoudre le problème ? D’autre part, la population n’a aucune raison de payer avec ses impôts locaux ce qu’elle a déjà payé avec ses cotisations sociales« , insistaient les élus locaux, réclamant une audience au ministère.

    Venus en délégation au ministère des affaires sociales ce jeudi 29 janvier, ils n’ont pas été reçus.

    #non_recours (fabrique du) #Bureaucratie #droits_sociaux

    • Un souci avec « le libre penseur ». C’est le blog d’un vieux pote de Dieudonné (quoique fâché avec Soral depuis peu) : un certain Salim Laïbi, alias le Libre Penseur, vendeur de salades toxiques.
      https://quartierslibres.wordpress.com/2014/05/26/le-dentiste-jesus-et-les-soucoupes-volantes

      L’article cité est un copié collé de http://millebabords.org. Pas trouvé le lien d’origine mais l’info étant archivée sur une maling list (mel du 29/05/2014), je la restitue ici pour mémoire.

      Mobilisation contre la fermeture des CAF à Marseille, Collectif contre la Traque des pauvres


      Un collectif d’allocataires en colère a investi le toit du siège de la Caf 13

      « Les courriers en retard ? C’est pire que dans le bureau de Gaston Lagaffe ! » s’écrie un manifestant qui a gardé le sens de l’humour, tout assurant « sauf qu’ici, ça fait pas rire. C’est même grave. Ceux qui en ont besoin sont pauvres et se retrouvent vite sur la paille avec un dossier qui bloque ». Si la direction de la Caf 13 se félicitait encore mercredi dernier du traitement de « plus de 42% des dossiers en attente », les allocataires ont beaucoup à perdre dans cette réorganisation des services et ils le disent haut et fort…depuis le toit du siège de l’administration.

      Des marins-pompiers, des voitures de police… pas de casse au chemin de Gibbes hier matin au siège de la Caf 13, mais un « envahissement » des locaux par un collectif d’usagers en colère. Tout relatif, d’un dizaine d’individus. Les autres sont restés devant les grilles fermées. C’est que les allocataires n’en peuvent plus des couacs administratifs dont ils subissent les conséquences très rapidement. « Dossier bloqué, Caf occupée » titre leur banderole.

      Il y a ce problème récurrent, structurel, des dossiers en retard. Difficile à résorber puisque même en fermant les centres, les nouvelles demandes s’accumulent. Et il y a, en prime, le parti pris de la direction de réorganiser ses services en usant des guichetiers pour traiter les dossiers, remplaçant ces derniers par des bornes, des rendez-vous téléphoniques ou un site Internet, qui ne soulagent guère les attentes. Bien au contraire, les allocataires, privés d’accès à leurs droits, demandent l’embauche de personnels.

      Comment on fait ?

      Rien de drôle en effet hier matin devant les grilles closes. Désespérée, une dame s’adresse au vigile « Mais je fais quoi moi ? Mon mari en à l’hôpital et j’ai besoin d’un papier pour la CMU ». Devant ses larmes, l’homme cède le passage. Une autre usagère confie à un monsieur accroché aux barreaux « si on est gentil, ils nous laissent entrer…mais dedans y’a personne. Même le téléphone est cassé ».

      Assiata est venue de Saint Barthélémy pour un acte de naissance qu’elle a déjà envoyé trois fois depuis le 7 avril mais qui n’a pas été pris en compte. « J’ai tenté Internet, mais ça bloque, il y a un truc que je ne comprends pas. Alors j’ai téléphoné, mais je n’ai que le disque ». Sabia, du Panier, n’est pas mieux lotie : « le téléphone ne répond pas, Internet ne marche pas. En attendant depuis mars que je n’ai pas touché le RSA mon frigo est vide, j’emprunte, je m’endette…Comment on fait ? »

      Houria savait qu’on recevait sur rendez-vous maintenant, mais « j’ai téléphoné et j’ai eu la musique. Je paye la communication…mais je n’ai toujours pas de rendez-vous ». Gilles a fini par avoir un conseiller au bout du fil, il y a un mois. Il attend encore que le technicien le rappelle… « car le loyer tombe, lui ».

      source : la Marseillaise

      Communiqué des usagers en colère des CAF de Marseille

      Lundi 26 mai, les usagers en colère des caisses d’allocations familiales des Bouches-du-Rhône ont décidé d’occuper les locaux de la direction de la CAF, chemin de Gibbes dans le 14ème arrondissement.

      Depuis plusieurs mois maintenant, la direction de la CAF a décidé de fermer ses bureaux d’accueil public pour ne plus recevoir les allocataires que sur rendez-vous, pris par un numéro surtaxé. Plus de contact direct, c’est l’obligation de payer plusieurs dizaines d’euros de téléphone pour réussir à prendre rendez-vous et c’est surtout l’impossibilité de régler des problèmes urgents avant plusieurs semaines. Ce sont des situations dramatiques. Des centaines d’allocataires se sont fait brutalement couper leurs aides au logement ou leur RSA, et ne peuvent plus aller demander un rétablissement de leur situation. Le choix de la fermeture des accueils dans les CAF de Marseille n’est qu’un test avant un élargissement national, et nous voulons faire entendre à la direction que ce dispositif ne passera pas auprès des usagers. Nous savons que ce dispositif est une mesure d’austérité qui se met en place. Elle vise à pousser des allocataires en situation précaire et excédés par la lourdeur administrative à abandonner les aides auxquels ils ont droit. A terme, elle vise également à supprimer des postes de personnels déjà débordés et en sous effectifs.
      Nous refusons ce dispositif et nous occuperons la CAF jusqu’à ce que les accueils publics soient ouverts de nouveau.

      Collectif contre la Traque des pauvres :

      Contre la fermeture des CAF !

      La CAF au 215 rue de Gibbes occupée lundi matin

      Les personnes arrêtées ont été relâchée hier sans poursuite.
      Ce matin suite à l’occupation du toit des locaux de la CAF par des usagers et un rassemblement devant ces locaux, des arrestations ont eu lieu.
      Un rassemblement de plus de deux heures a eu lieu où les usagers scandent "dossiers bloqués CAF occupées !" et discutent de leurs situations, de leurs difficultés depuis quelques mois à avoir des réponses, du devenir de leur droits d’allocataires, de leurs relations uniques aux bornes et vigiles de la CAF.
      La police était là en nombre et sous différentes formes.
      Les usagers qui trouvent portes closes font part de leur incompréhension sur l’absence de mobilisation des salariés de la CAF contre cette réforme.
      Plus d’information à venir.

      NON À LA FERMETURE DES CAF !

      Depuis plus d’un mois, les CAF de Marseille sont fermées. Si on ne réagit pas, elles resteront fermées.
      Depuis le début, la direction de la CAF nous ment. La direction parle de fermeture, soit-disant à cause des dossiers en retard de traitement ouà cause des agressions subies par les agents.

      La réalité c’est qu’ils veulent virer des allocataires pour que l’État puisse économiser de l’argent sur notre dos !
      La direction réduit continuellement le nombre d’agents de la CAF, du coup le nombre de dossier en retard augmente. Et les bureaux ferment.
      L’objectif est de rendre l’accès aux allocs encore plus compliqué, nous décourager et réduire le nombre d’allocataires.

      Depuis 2012, les Bouches-du-Rhône sont le laboratoire d’un nouveau dispositif de gestion des CAF : fermeture au public, un numéro payant pour prendre rendez-vous, des dossiers qui se perdent, des temps d’attente de plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous ... Si nous ne réagissons pas, il sera ensuite étendu à toute la France !
      Cette restructuration de la CAF n’est que le début de la politique d’austérité, dont nous allons tous faire les frais ... sauf les riches ! Le capitalisme est en crise. Pour sauver ce système et ceux qui en profitent, c’est aux pauvres (avec ou sans travail) qu’on impose de payer l’addition.
      Organisons nous collectivement pour lutter contre la fermeture des CAF

      RASSEMBLEMENT DEVANT LA CAF DE GIBBES (13014)
      LUNDI 26 MAI À 10H30
      #Collectif_contre_la_traque_des_pauvres

  • LES TRIBULATIONS D’UN AUTEUR DANS UN LYCÉE DE BANLIEUE AU LENDEMAIN DE LA MANIFESTATION

    Je suis parti tôt de chez moi. Comme tous les auteurs dramatiques je n’ai pas de permis, j’ai donc pris un RER puis deux bus pour rejoindre un lycée professionnel dans le Val de Marne où je dois rencontrer deux classes de terminale pour leur parler de théâtre. Comme à chaque fois je me suis perdu, et bien sûr comme à chaque fois les rues étaient désertes au moment de mon égarement. J’ai fini par trouver l’établissement en question, planté dans une zone pavillonnaire plutôt jolie. J’ai poireauté un moment devant le portail cadenassé en raison du plan Vigipirate avant d’être reçu par le proviseur. Celui-ci est habillé comme tous les proviseurs, il a un costume bleu pétrole et une cravate rouge. C’est à croire que tous les proviseurs se fournissent dans le même magasin. Il m’a introduit dans son bureau qui ressemble à tous les bureaux de tous les proviseurs, une table Conforama en agglo et une cafetière Moulinex. L’ambiance est tendue mais mon hôte est affable :

    https://www.facebook.com/mohamed.kacimi.9/posts/10205650057991726
    #Charlie_Hebdo #éducation #en_parler_en_classe #école

  • Atteint d’un maladie grave qui l’a contraint à passer le relais à son adjointe Stéphanie Daumin pour les municipales de 2014, Christian Hervy, conseiller général-maire PCF de Chevilly-Larue a fait son retour en séance du Conseil général du Val de Marne ce lundi 20 janvier à l’occasion du débat sur le nouveau découpage des cantons.

    http://94.citoyens.com/2014/christian-hervy-de-retour-au-conseil-general,21-01-2014.html

  • Face à la droite et à l’extrême-droite : Union !

    En dehors de Chevilly où le PS Pascal Rioual devrait pouvoir poursuivre sa liste indépendamment de celle de la majorité PCF sortante, le bureau national du PS a demandé hier [14/01/2014] aux autres sections PS du Val de Marne de trouver un accord avec les maires sortants de gauche, dans le cadre des alliances nationales.

    94.citoyens

    Christian Hervy, Maire de Chevilly-Larue et Conseiller général réagit à cette

    légitimation de la candidature de Pascal par le plus haut niveau de l’appareil socialiste.

    Dans un communiqué publié le 16 janvier.

    La direction nationale du Parti socialiste vient d’affirmer son objectif stratégique pour les élections municipales : enlever une mairie à la gauche unie, dans une petite ville de 19 000 habitants, Chevilly-Larue (94) !
    Il a donc fallu une délibération du plus haut niveau de l’appareil socialiste pour tenter de légitimer la candidature de Pascal Rioual, déjà battu à plusieurs reprises aux élections municipales et cantonales par un électorat local qui, décidément, ne veut pas de lui. En effet, aux élections municipales de 2008, sa liste avait obtenu 24,59% contre 43,33% à la liste d’union de la gauche conduite par Christian Hervy, Maire sortant. Aux élections cantonales de 2011, il régressait à 21,98%, Christian Hervy obtenant 43,47%.
    Ces résultats sont sans ambiguité. Ils montrent que l’union de toutes les forces de gauche et de progrès est le seul moyen de participer à la gestion locale. Pourquoi cette obstination à jouer contre son camp ?
    La déclaration du Parti socialiste est consternante. Elle raye d’un trait de plume l’accord politique intervenu en 2008 avec lui, accord qui avait abouti à la constitution d’une liste d’union et donc à l’exclusion de Pascal Rioual et de ses colistiers. Pendant les 6 années du mandat écoulé, tous les engagements ont été tenus, un programme rassembleur et progressiste a été mis en œuvre à Chevilly-Larue, pour la plus grande satisfaction de la population. Du côté de la majorité municipale, le pluralisme a été respecté. Cette majorité s’est d’ailleurs élargie en cours de mandat avec la participation d’Europe Ecologie. D’où vient donc la mauvaise querelle qui nous est faite ?
    Aujourd’hui, alors qu’il est totalement isolé, Pascal Rioual pense peut-être profiter de la maladie grave qui me frappe pour atteindre son but, là où une démarche humaniste devrait plutôt conduire à enterrer sa « hache de guerre ». Il est l’une des rares personnalités locales à ne pas avoir pris le temps de m’adresser un message de réconfort, alors que nous sommes élus dans la même assemblée depuis 13 ans, et que, en confiance, j’avais fait de lui mon adjoint aux finances en 2003. La politique n’exclut pas le respect.
    Dans le climat politique actuel, cette petite péripétie ne nous détournera pas de nos efforts pour élaborer un programme d’avenir avec les habitants, pour rassembler les Chevillaises et les Chevillais autour de Stéphanie Daumin, maire-adjointe et tête de liste d’union, pour améliorer et défendre notre service public local face aux menaces qui se profilent, pour battre la droite et l’extrême-droite.
    Avec Stéphanie Daumin et la gauche chevillaise rassemblée, voilà la tâche à laquelle je consacre mon énergie, et à laquelle je contribuerai à nouveau pendant les 6 années qui viennent, dès lors que nos concitoyens nous auront renouvelé leur confiance. La porte est ouverte à toutes celles et tous ceux qui veulent participer à cette construction citoyenne.

  • Le nouveau site du MacVal (Musée d’art contemporain du Val de Marne) est en ligne depuis hier soir, et c’est nous qu’on l’a fait (avec mes copains de Mosquito) :
    http://www.macval.fr

    Évidemment, c’est full-#SPIP.

    Détails sympas :
    – la transition de page d’accueil assez rigolote, évidemment le contenu graphique se calcule automatiquement dans SPIP,
    – le méga-menu de navigation, avec des sous-menus différents à chaque fois,
    – le menu de navigation se décroche quand on scrolle la page, le style change et il devient semi-transparent,
    – les expos temporaires sont des mini-sites dotés d’un graphisme différent (le menu de navigation s’y décroche aussi, mais différemment) :
    http://www.macval.fr/francais/expositions-temporaires/eric-duyckaerts-66
    – une très chouette présentation pour les œuvres de la collection permanente, réalisée entièrement en HTML (et en concaténant automatiquement les images) :
    http://www.macval.fr/francais/collection/parcours-4-nevermore
    – le calendrier qu’il est beau :
    http://www.macval.fr/index.php?page=timeline&id_secteur=1&jour=2011-05-14
    (cliquer sur « Toute la programmation en un clic » pour afficher une « timeline » entièrement Javascript/HTML/CSS)
    – des films en fond d’écran dans les grandes rubriques (malheureusement pas du HTML5) :
    http://www.macval.fr/francais/visites-evenements
    – sinon, j’y suis pour rien, mais la visite virtuelle, elle déchire :
    http://www.macval.fr/visite-virtuelle/Hall.html

    Côté SPIP :
    – plugin AjaxLoad pour #INCLURE
    – plugin Couleur de rubrique
    – plugin Créer Sprites CSS
    – plugin CSS imbriqués
    – plugin Dates relatives dynamiques (pour les forums)
    – plugin Office2SPIP
    – plugin Sélection d’articles

    Les deux plugins qui ont eu le plus d’impact sur le développement, pour moi, ce sont « Créer Sprites CSS » et « CSS imbriqués ». Le premier permet de livrer des pages très chargées avec toutes les images regroupées dans un seul fichier. Le second accélère le codage (et surtout les modifs) des CSS de manière importante, ne serait-ce que parce que je circule beaucoup plus facilement dans la hiérarchie des styles.

    #webdesign