• Pour sauver le budget malgré tout, [Brüning] appliquait avec une farouche rigueur la reste du père de famille sévère : « se serrer la ceinture ». À intervalles réguliers (...) sortait un décret-loi qui réduisait et réduisait encore les traitements, les retraites, les prestations sociales et finit par réduire jusqu’aux salaires privés et aux intérêts (...). Plusieurs des instruments de torture les plus efficaces de Hitler furent inaugurés par Brüning : c’est à lui que l’on doit la « gestion des devises », qui empêchait les voyages à l’étranger, l’"impôt sur la désertion", qui rendait l’exil impossible ; c’est lui aussi qui commença à limiter la liberté de la presse et à museler le Parlement. Et pourtant, étrange paradoxe, il faisait tout cela pour défendre la république.

    .... A ma connaissance, le régime de Brüning a été la première esquisse et pour ainsi dire la maquette d’une forme de gouvernement qui a été imitée depuis dans de nombreux pays d’Europe : une semi-dictature au nom de la démocratie et pour empêcher une dictature véritable.

    Quiconque se donnerait la peine d’étudier à fond le système de Brüning y trouverait tous les éléments qui font en fin de compte de ce mode de gouvernement, de façon presque inéluctable, le modèle de ce qu’il est censé combattre : c’est un système qui décourage ses propres adeptes, sape ses propres positions, accoutume à la privation de liberté, se montre incapable d’opposer à la propagande ennemie une défense fondée sur des idées, abandonne l’initiative à ses adversaires, et finalement renonce au moment où la situation aboutit à une épreuve de force.

    ... On couvrait Brunïng, parcequ’il semblat la seule protection possible contre Hitler. Il le savait, bien entendu. Et comme son existence politique était directement liée à sa lutte contre Hitler, et donc à l’existence de celui-ci, il ne devait en aucun cas l’anéantir.

    Histoire d’un Allemand : Souvenirs 1914-1933, Sebastian Haffner
    https://seenthis.net/messages/734922
    https://seenthis.net/messages/165811

    Warburg avait trouvé en Haffner un libéral méchamment perspicace.

    #livre #nazisme #histoire

  • Comprendre l’extermination à Auschwitz : histoire d’un témoignage miraculé
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/comprendre-l-extermination-a-auschwitz-histoire-d-un-temoignage-miracule

    ... cette publication est surtout un événement dans la mesure où plus de trente-cinq ans ont été nécessaires pour que ce #texte nous soit pleinement accessible. Et c’est cet intervalle qui leste le double legs de Nadjary d’une dimension supplémentaire, et vient en souligner l’importance. Car ce délai ne vient pas seulement éclairer la difficulté à rendre déchiffrable un texte fragile qui aura miraculeusement résisté parce qu’il avait été enfoui dans le sol d’#Auschwitz, plié en douze petits feuillets miniatures, et roulé dans un thermos. Entre sa découverte, à l’automne 1980, neuf années après la mort de Nadjary, et la toute première publication sous forme de récit, en 1991 et en Grèce, onze années s’étaient écoulées. Mais le progrès technique n’avançait pas à la même cadence, et seuls 10% du manuscrit étaient en réalité déchiffrables à l’époque : le papier avait été grignoté par l’humidité, et l’encre bleue délavée semblait avoir inondé les pages arrachées à un cahier. C’est seulement après sa dissémination à l’international, et parce qu’une édition en russe, notamment, avait vu le jour, qu’un expert informatique russe, rompu à l’imagerie high tech, se manifestera, pour proposer ses services et déchiffrer le reste du manuscrit. Il avait entendu parler du texte tandis qu’il écoutait une émission de radio, et pensait que l’#imagerie dernier cri saurait faire des miracles. Il avait raison.

    ... Contrairement à l’image qui est longtemps restée, les #Sonderkommandos n’ont joué aucun rôle direct dans l’assassinat des #Juifs_déportés : tenace, ce lieu commun n’a aucune prise avec la réalité historique. Pour la bonne raison, explique encore Tal Brutmann, que ces déportés-là aussi étaient destinés à être assassinés, le moment venu : “Les nazis n’ont jamais confié les moyens d’assassiner à des Juifs puisque les Sonderkommandos aussi devaient mourir, parce qu’eux aussi était juifs.” En octobre 1944, près de six cents membres des Sonderkommandos seront assassinés, après qu’un groupe, composé notamment de Grecs, ait entrepris de se révolter. La moitié seront tués à titre de représailles. Pas #Marcel_Nadjary, qui survivra à la défaite nazie et témoignera en 1947 à nouveau.

    Téléphone arabe

    Son témoignage, écrit en grec mais ponctué de ce qu’on appelle "la #langue_des_camps", n’avait jamais été traduit en français, mais seulement en anglais, en russe et en polonais. Or en France, l’idée était restée, dans un sillage tenace, que les Sonderkommandos avaient bénéficié de privilèges au bénéfice de leur rôle au premier rang de la machine d’#extermination nazie. Au point que les #témoignages des Sonderkommandos ont longtemps suscité de la méfiance, et pendant les années qui suivirent la Libération, ces récits ont d’abord été accueillis avec méfiance par les #historiens. S’ils avaient témoigné, n’était-ce pas qu’ils avaient mieux survécu ? C’était en réalité oublier que, comme celui de Nadjary, ces témoignages avaient traversé le temps à la faveur d’un enfouissement précaire dans le sol, ou encore que l’immense majorité de ces travailleurs préposés à des tâches qu’ils n’avaient pas choisies n’étaient pas consentants, et massivement liquidés précisément parce que les nazis entendaient maintenir le #secret le plus durable sur le processus d’extermination. C’est en particulier le récit de Primo Levi qui, auprès du lectorat français et bientôt de l’opinion publique, a contribué à prolonger le doute sur la fiabilité d’un témoignage comme celui de Marcel Nadjary. Si les Sonderkommandos n’étaient pas responsables de ce qu’ils avaient dû faire, n’avaient-ils pas été un rouage de la machine de mise à mort nazie ? Un véritable exemple de “téléphone arabe”, analyse en fait a distance Tal Brutmann, qui explique Primo Levi se trouvait en réalité détenu dans une toute autre zone du camp d’Auschwitz, où l’information circulait mal et où des rumeurs pouvaient se frayer un chemin, à la faveur de mauvaises informations, ou de l’angoisse.

    Or le témoignage de Marcel Nadjary est au contraire décisif pour accéder à un savoir plus empirique sur l’histoire des #chambres_à_gaz. Lui qui croit qu’il va mourir, au moment où il s’adresse par écrit à ses amis à la manière d’un geste de testament, se donne pour tâche de décrire avec précision le mécanisme de l’extermination. Il inclut à son texte des informations précises, techniques, mais aussi chiffrées : comme le souligne Serge Klarsfeld, qui préface cette édition française de Nadjary qui paraît chez Signes et balises, c’est lui qui parvient à s’approcher, plus que bien d’autres, du chiffre le plus proche du nombre des victimes juives à Auschwitz. Nadjary, bien sûr, se trompe, lui qui n’a passé que six mois au seuil du Crématoire III : il évoque 1 400 000 #Juifs assassinés, là où le nombre exact sera de 1 052 000 pour le seul camp d’Auschwitz. Mais davantage que bien des statisticiens qui s’efforceront de prendre la mesure de l’assassinat de masse durant cinquante ans, c’est lui qui collera le plus près à la réalité. C’est aussi lui qui décrira des comportements, des façons de faire, qui permettent aujourd’hui d’approcher au plus proche de ce que fut le tri des déportés sur la rampe à la descente du train, ou encore la manière dont le gaz était utilisé : libéré ensuite par des trappes, nous apprend son manuscrit, le #gaz était transporté jusqu’au crématoire dans un véhicule de la Croix rouge allemande affrété par deux soldats SS.

    “Les rouleaux d’Auschwitz”

    Né en 1917 à Thessalonique, Nadjary finira sa vie à New-York, où il est mort en 1971, vingt ans après avoir émigré. Son manuscrit, des six témoignages laissés par les Sonderkommandos qui aient pu être retrouvés à ce jour, est le seul qu’on doive à un #Grec. Or en Grèce, cette mémoire de la Shoah est longtemps restée un territoire méconnu, en même temps qu’une trace largement enfouie, bien que des historiens comme Raul Hilberg, par exemple, aient pu estimer que 85% de la population juive de Grèce ait péri dans la Shoah. “Un taux comparable à la Pologne”....

    #nazisme #camps_d'extermination #histoire #radio #livre

    edit le témoignage de Nadjary est utilisé au théâtre dans C’était un samedi https://seenthis.net/messages/1015526

  • Géographes en bataillons
    https://laviedesidees.fr/Florian-Louis-De-la-geopolitique-en-Amerique

    Convaincus que la pensée #géopolitique allemande expliquait les succès militaires foudroyants des nazis au début de la Seconde Guerre mondiale, les Américains cherchèrent à la retourner contre leurs ennemis, avant d’en faire un instrument de lutte contre l’URSS durant la guerre froide. À propos de : Florian Louis, De la géopolitique en Amérique, Puf

    #Histoire #États-Unis #nazisme
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230928_tellenne.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230928_tellenne.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230928_tellenne-2.docx

  • Police : les tatouages de la haine
    https://www.frustrationmagazine.fr/police-tatouages

    On ne peut plus parler de “cas isolés” ou de policiers qui tachent l’uniforme de police. La symbolique fasciste, voire néonazie, est désormais un fait courant au sein des compagnies de police. Combien de cas faut-il pour que l’on puisse enfin démasquer une tendance qui se propage au sein des forces de police, sans que […]

  • ★ Voline, un anarchiste russe dans la Résistance contre les nazis mais aussi contre les « libérateurs » - Socialisme libertaire

    (...) Voline a été un révolutionnaire engagé et sans compromis : il a connu les prisons tsaristes, la déportation en Sibérie, l’exil en France puis l’expulsion pour propagande anti-guerre, le retour en Russie lors de la Révolution de 1917. Mais de nouveau il a connu les prisons bolchéviques où Trotsky l’a condamné à mort 2 fois avant finalement de l’expulser en 1921. En exil en France à partir de 1925, il n’aura de cesse de témoigner de la réalité totalitaire du communisme, qu’il désigne comme le fascisme rouge (...)

    #Voline #anarchisme #synthésisme #internationalisme #Ukraine #Makhno #AIT #CGT_SR #histoire #antifascismes #antinazisme #antistalinisme #URSS #Trotsky #bolchevisme #stalinisme #nazisme #fascisme_rouge #persécution...

    ⏩ Lire l’article complet...

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2023/07/voline-un-anarchiste-russe-dans-la-resistance-contre-les-nazis
    365464563_703463801820337_1680439855947489576_n.jpg (548×632)

  • [36] Un jour, une archive – 4 août : J’étais là-bas

    https://visionscarto.net/j-etais-la-bas

    Anne Kelly Knowles et Levi Westerveld

    Comment situer dans l’espace et visualiser l’expérience personnelle des victimes de la Shoah ? En traitant les lieux et déplacements dans leur relations topologiques et en matérialisant graphiquement la dimension subjective et émotionnelle des évènements, il est possible de dessiner la géographie de cette mémoire particulière.

  • En touriste à Auschwitz , par Arnaud de Montjoye (Le Monde diplomatique, août 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/08/DE_MONTJOYE/65987

    « Les petits soucis de Blanc (d’ordre financier, nuptial, psycho-émotionnel et physique) ternissant ma vie de pacha. » Pour Jerry, le narrateur, c’est le constat d’une vie, bien proche de celle de Jerry, l’auteur : bientôt septuagénaire, très déprimé, trois mariages ratés et les enfants qui vont avec, une consommation excessive de denrées et substances à fort potentiel pathogène et les maladies qui vont avec. Vaguement scénariste à vague succès. Et Juif. Affligé d’un post-traumatisme indirect, relié à l’Histoire avec une grande hache. Alors, quand il repère, sur le Web, une scène croustillante montrant un groupe en train de se livrer à « une partie de chat, à poil, dans un camp de la mort », c’est comme un déclic. Il éprouve le désir irrésistible d’accomplir un « pèlerinage ».

  • Des journalistes demandent aux soldats ukrainiens de cacher leurs écussons nazis, admet le New York Times Tyler Durden

    Le New York Times a été contraint de traiter très, très tardivement de quelque chose qui était depuis longtemps évident et connu de nombreux analystes et médias indépendants, mais qui a été soigneusement caché aux masses dominantes en Occident pour des raisons évidentes.


    Le titre surprenant de l’article du New York Times publié le lundi 5 juin (lien de l’article en anglais : https://www.nytimes.com/2023/06/05/world/europe/nazi-symbols-ukraine.html) dit que « les symboles nazis sur les lignes de front de l’Ukraine mettent en lumière les problèmes épineux de l’histoire ». Cette reconnaissance intervient après des années que des journalistes principalement indépendants et des commentateurs géopolitiques soulignaient que oui, en effet… Les groupes militaires et paramilitaires ukrainiens, en particulier ceux opérant dans l’est depuis au moins 2014, ont un sérieux problème d’idéologie nazie. Cela a été documenté de manière exhaustive, encore une fois, depuis des années. Mais le rapport, qui essaie simplement de le minimiser comme une « question épineuse » de « l’histoire unique » de l’Ukraine – suggère que le vrai problème pour les relations publiques occidentales est fondamentalement qu’il soit affiché si ouvertement. On demande aux troupes ukrainiennes de cacher ces symboles nazis, s’il vous plaît ! — comme Matt Taibbi a sarcastiquement plaisanté en commentant le rapport.


    Reportage de NBC News en 2014 : « Les Allemands ont été confrontés à des images du sombre passé de leur pays lorsque la télévision publique allemande ZDF a montré une vidéo de soldats ukrainiens avec des symboles nazis sur leurs casques dans son journal télévisé du soir. »

    Les auteurs du rapport du NYT commencent par exprimer leur frustration face à l’apparence des symboles nazis affichés si fièrement sur les uniformes de nombreux soldats ukrainiens. Suggérant que de nombreuses photographies journalistiques qui ont dans certains cas été présentées dans des journaux et des médias du monde entier (généralement associées à des articles généralement positifs sur l’armée ukrainienne) sont simplement « malheureuses » ou trompeuses, le rapport du NYT indique : « Sur chaque photographie, des Ukrainiens en uniforme portaient des écussons avec des symboles qui ont été rendus notoires par l’Allemagne nazie et qui font depuis partie de l’iconographie des groupes haineux d’extrême droite. »

    Le rapport admet que cela a conduit à une controverse dans laquelle les salles de presse doivent en fait supprimer certaines photos de soldats et de militants ukrainiens. « Les photographies et leurs suppressions mettent en évidence la relation compliquée de l’armée ukrainienne avec l’imagerie nazie, une relation forgée sous l’occupation soviétique et allemande pendant la Seconde Guerre mondiale », poursuit le rapport.

    C’est donc simplement « épineux » et « compliqué » nous dit-on. Vous trouverez ci-dessous un petit échantillon des types de patchs qui apparaissent sur les uniformes militaires ukrainiens avec « une certaine régularité » – selon les termes du New York Times :


    Voici un petit échantillon des types de patchs qui apparaissent sur les uniformes militaires ukrainiens avec « une certaine régularité » – selon les termes du New York Times

    Même l’Otan a récemment été forcée de supprimer des images sur ses comptes officiels de médias sociaux en raison de la présence de symboles nazis parmi les troupes ukrainiennes lors de séances photo.

    La ligne suivante du rapport dit tout ce que vous devez savoir sur le soi-disant « papier officiel » et sa couverture unilatérale et ultra-simpliste tandis que beaucoup se réveillent enfin pour réaliser qu’il s’agit d’une guerre avec une réalité profondément complexe (c’est le moins qu’on puisse dire), et loin du récit hollywoodien des bons contre les méchants des MSM de Putler contre le monde libre qui est typique des réseaux de CNN à Fox en passant par NBC…

    Citation de l’article du New York Times :
    « En novembre, lors d’une réunion avec des journalistes du Times près de la ligne de front, un attaché de presse ukrainien portait une variante de Totenkopf fabriquée par une société appelée R3ICH (prononcé « Reich »). Il a déclaré qu’il ne croyait pas que le patch était affilié aux nazis. Un deuxième attaché de presse présent a déclaré que d’autres journalistes avaient demandé aux soldats d’enlever le patch avant de prendre des photos ».

    Oups !

    Et maintenant, nous pouvons nous attendre à des efforts importants pour limiter les dégâts, ou même peut-être assistons-nous aux débuts de l’évolution des définitions et du déplacement des poteaux de but. On cite encore l’article du New York Times :

    « Mais certains membres de ces groupes combattent la Russie depuis que le Kremlin a annexé illégalement une partie de la région de Crimée en Ukraine en 2014 et font désormais partie de la structure militaire plus large. Certains sont considérés comme des héros nationaux, alors même que l’extrême droite reste marginalisée politiquement.

    L’iconographie de ces groupes, y compris un écusson en forme de tête de mort porté par les gardiens des camps de concentration et un symbole connu sous le nom de Soleil noir, apparaît désormais avec une certaine régularité sur les uniformes des soldats combattant en première ligne, y compris les soldats qui disent que cette imagerie symbolise la souveraineté et la fierté de l’Ukraine, pas le nazisme. »


    En 2019, le New York Times décrivait avec précision le bataillon Azov comme une « organisation paramilitaire néo-nazie ukrainienne » (image du dessus). Maintenant, selon ce même journal, c’est juste une « unité de la Garde nationale ukrainienne » (image du dessous)

    Ce n’est que très récemment que le ministère ukrainien de la Défense et même le bureau du président Zelensky ont été pris en flagrant délit :

    En avril, le ministère ukrainien de la Défense a publié sur son compte Twitter une photo d’un soldat portant un écusson représentant un crâne et des os croisés connu sous le nom de Totenkopf, ou tête de mort. Le symbole spécifique sur l’image a été rendu célèbre par une unité nazie qui a commis des crimes de guerre et gardé des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale.

    L’écusson sur la photo place le Totenkopf au sommet d’un drapeau ukrainien avec un petit numéro 6 en dessous. Ce patch est le logo officiel de Death in June, un groupe néo-folk britannique qui, selon le Southern Poverty Law Center, produit un « discours de haine » qui « exploite des thèmes et des images du fascisme et du nazisme ».

    Comme on pouvait s’y attendre, le Times essaie toujours de se cacher tout en cherchant désespérément à « rassurer » son public en écrivant que « à court terme, cela menace de renforcer la propagande de Poutine et d’alimenter ses fausses affirmations selon lesquelles l’Ukraine doit être » dénazifiée ‘ – une position qui ignore le fait que le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy est juif. »

    De nouveaux niveaux de copulation en effet…

    Mais encore, le NYT concède maladroitement : « Plus largement, l’ambivalence de l’Ukraine à propos de ces symboles, et parfois même son acceptation de ceux-ci, risque de donner une nouvelle vie à des icônes que l’Occident a passé plus d’un demi-siècle à essayer d’éliminer. »

    Source : https://www.investigaction.net/fr/des-journalistes-demandent-aux-soldats-ukrainiens-de-cacher-leurs-ec
    Lien de l’article en anglais :
    https://www.zerohedge.com/geopolitical/journalists-are-asking-ukrainian-soldiers-hide-their-nazi-patches-nyt-adm

    traduction : http://lagazetteducitoyen.over-blog.com/2023/06/des-journalistes-demandent-aux-soldats-ukrainiens-de-c

    #ukraine #nazisme #nazis #New_York_Times #NYT #symboles #néo-nazis #guerre

  • Le 8 mai 1945, ils ne nous ont pas libérés... - Socialisme libertaire

    La date du jour de l’exil est désormais institutionnellement fixée, le 8 mai. Et il reste à faire le bilan du nombre de fois, au cours des deux dernières années, où les exilés et leurs familles ont exprimé clairement ce que nous souhaitions en rencontrant différents groupes politiques. Nous n’aimons pas cette date.
    Le 8 mai 1944, ce ne fut pas la libération des Républicains espagnols. Ce fut une nouvelle défaite, celle de l’oubli des exilés par les Alliés lors de la signature de la capitulation nazi et l’abandon de milliers d’Espagnols aux mains du dictateur que ces Alliés ont reconnu.
    Que dit l’Histoire à propos de cette date pour ceux qui avaient vécus deux guerres, la guerre d’Espagne et la Seconde Guerre mondiale, au total neuf ans et demi de conflits ? Pratiquement une décennie, il s’agissait de démocrates espagnols qui ont abandonné leurs maisons, leurs biens, leurs familles, qui ont souffert de la faim et du froid, en évitant la mort, en enterrant leurs morts, en vivant la peur et la terreur, en errant vers l’inconnu, en défendant chaque pouce de leur pays – parce que l’Espagne était leur pays –, en pleurant de rage et de douleur pour leurs pertes et en fuyant vers le Nord, sans Nord ?

    #Libération #Espagne #SecondeGuerremondiale #fascisme #nazisme #franquisme #Algérie #massacre #Sétif...

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    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2021/11/le-8-mai-1945-ils-ne-nous-nt-pas-liberes.html

  • 🛑 Le soulèvement du ghetto de Varsovie, l’acte de résistance désespéré des juifs polonais...

    C’est un des événements les plus connus de la Seconde Guerre mondiale. Le 19 avril 1943, une poignée de combattants juifs se révoltent contre la barbarie nazie qui, depuis juillet 1942, a méthodiquement entrepris la déportation et l’extermination des 400 000 juifs entassés dans le ghetto de Varsovie. Trois semaines après cette insurrection finale, il ne reste plus rien du ghetto et de ses habitants. Seuls 40 survivants sont parvenus à s’enfuir par les égouts de la ville (...)

    #GhettodeVarsovie #Pologne #Varsovie #insurrection #antisémitisme #déportation #extermination #Shoah #Mémoire #histoire #SecondeGuerremondiale #nazisme #barbarie #Antifascisme

    ▶️ https://paris-luttes.info/pour-notre-liberte-et-la-votre-l-3222

    ▶️ https://www.francetvinfo.fr/societe/seconde-guerre-mondiale/histoire-la-vie-dans-le-ghetto-de-varsovie_5780501.html

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    ▶️ https://www.france24.com/fr/europe/20230418-le-soul%C3%A8vement-du-ghetto-de-varsovie-l-acte-de-r%C3%A9sistan

  • La grande remise à zéro de l’eau : L’ONU et le WEF s’attaquent maintenant à votre eau ! L’eau au service du "développement durable" (Climatedepot.com)
    https://www.crashdebug.fr/la-grande-remise-a-zero-de-leau-lonu-et-le-wef-sattaquent-maintenant-a-vo

    Comment peut-on créer de toute pièce une pénurie sur un élément qui est le plus abondant de tous sur terre : l’eau ! La terre est la planète bleue, elle est composé à 70,8% d’eau ! encore une fois comme ledit Mr Cerise, c’est la ’gouvernance par le chaos’ comme pour le COVID, la réalité n’a aucune forme d’importance, ce qui compte c’est le discours officiel et l’hystérisation qui en est faite..

    .La #Mafia nazie du #WEF qui expliquait comment ils allaient encore manipuler la population en utilisant le thème de l’eau !Ces nazis sont fous et dangereux et plus rien ne les arrête !#Macron #Pègre #Mafia #Nazisme #WEF #Mondialisme #Sicalisme #Borne #SystèmeMafieux https://t.co/pz5ivIByiq — .Francis LALANNE Officiel (@OffLalanne) April 3, 2023

    Au regard de son #planEau scélérat, il aura fallut peu de temps (...)

    #Épinglé #Actualités_internationales #Actualités_Internationales #ROOT

  • 🛑 Un excellent ouvrage pédagogique, très bien fait, pour dénoncer et débusquer le cancer négationniste partout où il se trouve... et souvent là où on ne l’attend pas.

    ⏺ LE NÉGATIONNISME - Histoire, concepts et enjeux internationaux.
    Editions Eyrolles - 2023 - 187 pages - 12 euros

    #SecondGuerremondiale #nazisme #néonazisme #extrêmedroite #extrêmegauche #Shoah #génocide #antisémitisme #barbarie #campsdeconcentration #campextermination #chambreàgaz #négationnisme #révisionnisme #falsification

    338831124_132656383104485_6665679854891967576_n.jpg (1280×1806)

  • #Auschwitz #symbole #Shoah #barbarie #crime #nazisme #antisémitisme
    #révisionnisme #négationnisme

    ★ AUSCHWITZ : SYMBOLE, LANGAGE ET REVISIONNISME... - Socialisme libertaire

    (...) Solliciter Auschwitz, c’est en appeler au symbole : Auschwitz n’est pas seulement un camp d’extermination, c’est un mot qui contient en lui-même l’ensemble des crimes nazis, un mot qui dit l’indicible : ce que représente Auschwitz, la négation de l’humanité de ses victimes, amoncelées en grappes de cadavres, efface le langage, ce que Bossuet exprime dès 1670 : « notre corps prend un autre nom. Même celui de cadavre, dit Tertullien, parce qu’il nous montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps : il devient un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue ; tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes ». Auschwitz n’efface pas seulement le langage, il échappe à la tentative de forger de nouveaux mots pour appréhender, même partiellement, le gouffre qui s’ouvre avec lui sous les fondations de la civilisation. Les mots dont nous disposons sont impuissants à saisir le vertige dont l’esprit est saisi lorsqu’il plonge les yeux dans cet abîme...

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2017/08/auschwitz-symbole-langage-et-revisionnisme.html

  • #Albert_Camus #étatisme #état #terreur #fascismes #nazisme #communisme #Mussolini #Hitler #Staline
    #anarchisme #antiétatisme #émancipation

    ★ CAMUS : LE TERRORISME D’ÉTAT ET LA TERREUR IRRATIONNELLE (1951) - Socialisme libertaire

    Une des meilleures analyses de l’État comme organisation criminelle qui vise à la création des ennemis et à sa perpétuation à travers la terreur. Ce texte fait partie de l’œuvre de Camus L’homme révolté

    « Toutes les révolutions modernes ont abouti à un renforcement de l’État. 1789 amène Napoléon, 1848 Napoléon III, 1917 Staline, les troubles italiens des années 20 Mussolini, la république de Weimar Hitler. Ces révolutions, surtout après que la première guerre mondiale eut liquidé les vestiges du droit divin, se sont pourtant proposé, avec une audace de plus en plus grande, la construction de la cité humaine et de la liberté réelle. L’omnipotence grandissante de l’État a chaque fois sanctionné cette ambition. Il serait faux de dire que cela ne pouvait manquer d’arriver. Mais il est possible d’examiner comment cela est arrivé ; la leçon suivra peut-être (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2017/05/le-terrorisme-d-etat-et-la-terreur-irrationnelle.html

  • "Le coup d’État fasciste en Allemagne" (24 mars 1933)

    Thèses du courant trotskyste majoritaire dans la prison de Verkhnéouralsk (publiées dans Le Bolchevik-léniniste n° 2, 1933)

    Un texte fondamental paru dans Les Cahiers de Verkhnéouralsk (Les bons caractères, pp. 163-206, 2021).

    https://les-passages.ghost.io/le-coup-detat1-fasciste-en-allemagne-le-bolchevik-leniniste-ndeg-

    1 – Le coup d’État contre-révolutionnaire qui a lieu en Allemagne, la contre-révolution de mars, est un événement de la plus haute importance historique… […]
    2 – La #crise_économique_mondiale a profondément ébranlé les fondements de la société capitaliste. Même un Léviathan impérialiste comme les États-Unis tressaille sous ses coups… […]
    3 – Les impérialismes français, britannique, américain n’avaient qu’un seul moyen de préserver l’équilibre interne de Weimar et de Versailles en Allemagne et en Europe : annuler ou reporter la dette de l’Allemagne et lui consentir de nouveaux crédits… […]
    4 – Ce qui créait les conditions d’une montée impétueuse du fascisme dans les esprits, c’était donc l’impasse économique dans laquelle la situation du capitalisme d’après-guerre avait conduit l’Allemagne, la crise économique profonde et le système de #Versailles, dans un contexte de faiblesse de l’avant-garde prolétarienne… […]
    5 – En fin de compte, la contre-révolution de mars signifie la liquidation des vestiges de la révolution du 9 novembre [1918] et du système de Weimar. Mais cela signifie-t-il aussi en même temps le retour au pouvoir des forces sociales et politiques qui gouvernaient l’Allemagne avant la révolution de Novembre, autrement dit une restauration au sens propre et concret ? […]
    6 – La victoire du fascisme allemand marque la fin de l’ère du pacifisme démocratique d’après-guerre et porte un coup dur, peut-être fatal, à la démocratie bourgeoise en tant que forme de domination bourgeoise la plus répandue dans les pays clés du capitalisme… […]
    7 – La contre-révolution de mars se fonde sur le croisement et l’imbrication des facteurs objectifs suivants… […]
    8 – Le fascisme allemand ne « s’implante » pas dans la #république_de_Weimar, il ne se dissout pas en elle, ne s’adapte pas « au cadre et aux formes de la #démocratie_bourgeoise », il les démolit et les envoie au rebut par un coup d’État réalisé en alliance avec les junkers du parti « national », que dirige le président de la République… […]
    9 – Les forces motrices de la contre-révolution de mars sont les cercles les plus réactionnaires et les plus chauvins du capitalisme monopoliste en Allemagne, de l’#impérialisme_allemand qui, à travers son parti fasciste, a transformé en un soutien social la petite bourgeoisie et les travailleurs déclassés… […]
    10 – Il est difficile de déterminer avec précision l’équilibre actuel des forces de classe en Allemagne. Le #coup_d’État est toujours en cours et le rapport des forces change donc d’heure en heure. Une chose est certaine : c’est une classe ouvrière désorientée et divisée qui, avant le coup d’État et depuis, s’est trouvée confrontée et continue de l’être au front uni et consolidé de la réaction… […]
    11 – La fin de l’Allemagne de #Weimar et l’effondrement de l’équilibre européen signifient la mort de la #social-démocratie allemande et le début de la fin pour le réformisme… […]
    12 – Au fil des ans, l’#opposition léniniste a observé avec inquiétude comment se développaient les événements en Allemagne, expliquant constamment l’ampleur qu’ils prenaient et leur très grande importance historique. Elle a constamment et sans relâche signalé quel danger, pour l’ensemble du #mouvement_ouvrier mondial, mûrissait en Allemagne sous la forme du fascisme… […]
    13 – La facilité avec laquelle la #contre-révolution a accompli son coup d’État, la bureaucratie de l’IC l’expliquera, demain bien sûr, par la « passivité » du prolétariat « qui n’a pas voulu accepter » le combat, et non par le fait que ni le Komintern ni la direction du #KPD (sans même parler de la IIe Internationale et du #SPD) n’ont aucunement préparé le prolétariat à résister, n’ont pas opposé de résistance au coup d’État et n’ont pas appelé la classe ouvrière à le faire…
    14 – Même nous, #bolcheviks-léninistes de Russie, avons sous-estimé toute la profondeur de la #dégénérescence de la direction du #Komintern et des partis communistes des principaux pays capitalistes… […]
    15 – La #bureaucratie_stalinienne a fait des avances à Hitler pendant trois ans, le considérant comme le futur maître de l’Allemagne. Par toutes ses actions et celles du Komintern, elle l’a aidé à aller au pouvoir. Elle a mis le pied de #Hitler à l’étrier, comme elle l’avait fait autrefois pour #Tchang_Kaï-chek… […]
    16 – La victoire du fascisme donne-t-elle un répit supplémentaire au capitalisme ? Bien que notre époque soit et reste celle des révolutions prolétariennes, bien que la victoire du fascisme exacerbe à l’extrême les contradictions de classes et interétatiques, la victoire de Hitler n’en renforce pas moins temporairement la domination politique de la bourgeoisie, repoussant quelque peu les dates de la révolution prolétarienne… […]
    17 – Comment, hors d’#Allemagne, y a-t-il le plus de chances que se réorganisent les forces résultant du coup d’État fasciste ?.. […]
    18 – Par ses trahisons en chaîne, le stalinisme a affaibli et désorganisé le prolétariat mondial, dont le soutien a préservé jusqu’à maintenant les vestiges du système d’Octobre… […]
    19 – La victoire du fascisme allemand non seulement ne signifie pas une stabilisation du capitalisme, mais elle porte au contraire toutes ses contradictions à un nouveau niveau, plus élevé… […]
    21 – Le #réformisme s’est épanoui sur la base de la démocratie bourgeoise. La crise de cette dernière a été une crise de la social-démocratie… […]
    22 – Le fascisme se renforce au pouvoir et devient de plus en plus fort d’heure en heure. La #terreur des gardes blancs a déjà commencé… […]
    23 – Le #fascisme est un méandre de l’histoire, une anicroche historique dans la progression générale de la #lutte_de_classe et de la #révolution_prolétarienne mondiale. Mais notre tâche n’est pas de rassurer les masses… […]

    #nazisme #stalinisme #trotskysme #trotskisme #trotsky #militants_trotskystes #isolateur #prison #Sibérie #Verkhnéouralsk #traité_de_versailles

  • Die erfundene Freundschaft - Propaganda für die Sowjetunion in Polen und in der DDR
    https://zeitgeschichte-digital.de/doks/files/358/behrends_erfundene_freundschaft_2006_de.pdf

    Voici une bonne dose d’anticommunisme. C’est assez méticuleux et contient plein de détails intéressants. Il n’est pas nécessaire de partager le parti-pris ou les convictions de l’auteur pour tirer profit de son travail.

    Die erkenntnisleitenden Fragen dieser Studie lassen sich zu drei Blöcken verdichten. Dabei stehen die Machtstrukturen (I), der Herrschaftsdiskurs (II) und die Rezeption der Propaganda (III) im Zentrum des Forschungsinteresses:

    I.
    Mit welchen Mitteln versuchte der Propagandastaat die Bevölkerung zu erreichen? Wie nutzten die Staatsparteien Massenorganisationen, Kampagnen und Massenfeste? Welchen Einfluß übte die Sowjetunion aus und wieviel Gestaltungsspielraum hatten polnische und deutsche Instanzen? Wo stießen die Regime an die Grenzen der Mobilisierung? Wie reagierte der Propagandaapparat in Polen und der DDR nach 1953 auf die ntstalinisierungskrise

    II.
    Wie konstruierte die Propaganda die Freundschaft zur Sowjetunion? Wo schloß man an sowjetische Diskurse an, wo griffen die Parteistaaten auf ältere oder eigene Konstrukte zurück? Welche sowjetischen Rituale übernahmen die Regime, welche neuen Traditionen erfanden sie? Was können wir über die Sprache der Propaganda und die Selbstreflexion der Apparate sagen? Wie veränderte sich der Herrschaftsdiskurs zwischen dem Ende des Zweiten Weltkrieges und der Entstalinisierung?

    III.
    Wie war die Öffentlichkeit in Polen und der DDR in der stalinistischen Epoche strukturiert? Wie läßt sich die Wirkungsmächtigkeit der Propaganda für die Sowjetunion einschätzen? Welche Rolle spielte das kommunikative Gedächtnis der Menschen bei der Rezeption der Propaganda? Welche Beziehungen existierten zwischen der repräsentativen Öffentlichkeit und den Gegenöffentlichkeiten? Wie wirkten sich die Gegenpropaganda des Westens und der Kalte Krieg aus?

    Jan C. Behrends, Die erfundene Freundschaft. Propaganda für die
    Sowjetunion in Polen und in der DDR, Böhlau Köln, 2006 (Zeithistorische Studien. Herausgegeben vom Zentrum für Zeithistorische Forschung Potsdam. Band 32), ISBN 978-3-412-23005-0

    #histoire #propagande #public_relations #URSS #Pologne #Allemagne #nazisme #DDR

  • « Socialisme ou barbarie ? » (Barta, 20 février 1944)

    AVERTISSEMENT

    La guerre est devenue le mal chronique de notre époque. On se propose ici d’exposer aux ouvriers conscients, soucieux de l’avenir de leur classe, les causes réelles de ce fléau et les moyens dont dispose le prolétariat pour y mettre fin.

    Pour bien comprendre l’origine de la guerre, et pour en tirer les déductions indispensables à l’action de classe du prolétariat, il est nécessaire de connaître les causes économiques qui la déterminent ; c’est pourquoi, malgré notre souci constant d’écrire de façon claire et à la portée de tout ouvrier sérieux (même n’ayant pas une éducation politique étendue) notre sujet nous a obligés à nous étendre parfois sur des questions que l’on a rarement l’occasion d’étudier sérieusement et qui exigent, pour être bien comprises, toute l’attention du lecteur.

    Mais seuls les démagogues et les fascistes s’imaginent qu’on peut mener la « masse » (pour laquelle ils ont un profond mépris) avec des mots d’ordre « simples », c’est-à-dire mensongers ; les marxistes au contraire s’assignent pour tâche d’aider la classe ouvrière à dissiper ses illusions entretenues par la bourgeoisie et à prendre conscience du système qui l’opprime et l’exploite.

    L’histoire du mouvement ouvrier a montré que, malgré les difficultés qu’ils rencontrent du fait que le prolétariat, en tant que classe opprimée, manque d’une instruction suffisante, les ouvriers animés du profond désir de créer un monde meilleur, à eux, sont capables de s’élever jusqu’aux plus hautes généralisations théoriques.

    Certes, aujourd’hui, après les défaites subies par la classe ouvrière, et dans les conditions terribles que nous impose la bourgeoisie (journée de 10 heures et sous-alimentation), la majorité des travailleurs a perdu l’habitude de se préoccuper directement et systématiquement de ses intérêts de classe. Mais seuls des ouvriers non-conscients se refuseraient à prêter un minimum d’attention soutenue à une question aussi vitale pour le prolétariat, dans des circonstances où la bourgeoisie saigne chaque jour un peu plus les masses.

    A ceux-là n’est pas destinée cette brochure : nous nous adressons aux ouvriers conscients, et nous leur demandons de nous lire jusqu’au bout.

    20 Février 1944

    *

    QUELLE ÉPOQUE VIVONS-NOUS ?

    Chacun se rend compte que nous vivons une période exceptionnelle de l’histoire du genre humain. Depuis le début du siècle, une série de guerres et de révolutions a continuellement bouleversé de fond en comble la vie des peuples du monde entier, empêchant les hommes de vivre d’une façon normale :

    1904 : guerre impérialiste russo-japonaise ;

    1905 : première #Révolution_russe ;

    1912 : #guerre_balkanique ;

    1914-18 : première guerre impérialiste mondiale, suivie de la série de révolutions qui l’ont endiguée ;

    1917 (Février et Octobre) : Révolution russe ;

    1918 (Novembre) : #Révolution_allemande et écroulement de l’empire austro-hongrois ; révoltes dans l’armée française.

    Puis révolutions et contre-révolutions d’après-guerre :

    1919 : en Hongrie ; 1919-22 : en Italie ;

    1923 : en Allemagne ; 1924 : en Bulgarie ;

    1925-27 : en Chine ...

    A partir de #1929 la #crise_mondiale ouvre la voie vers une deuxième guerre impérialiste, à travers une nouvelle série de conflits intérieurs dans les différents pays capitalistes, conflits qui se terminent par la victoire de la bourgeoisie.

    1931 : chute de la royauté en Espagne ;

    1933 : victoire du #fascisme en Allemagne ;

    1934 (Février) : insurrection des ouvriers de Vienne ;

    1934-38 : grèves générales en France ;

    1936 (Juillet) : Révolution prolétarienne en Espagne.

    Et, 20 ans après la première guerre mondiale, annoncée par la #guerre_Italo-Ethiopienne (1935) et la #guerre_Sino-Japonaise (1937) a commencé en 1939 une deuxième guerre impérialiste dont on ne voit pas encore la fin.

    Comme le montre ce tableau des principaux événements contemporains, dans l’intervalle de deux générations, la courbe des conflits a monté d’une façon vertigineuse. Il ne s’agit plus aujourd’hui de querelles dynastiques, d’appétits de conquêtes de tel ou tel pays, de sécurité des frontières, de guerres laissant la société, en dépit des malheurs et de la misère, suivre sa marche en avant ; le caractère tout à fait spécial de notre époque est qu’à l’intérieur des nations comme à l’extérieur, la société se déchire de plus en plus profondément à travers des bouleversements ininterrompus qui détruisent les richesses et la culture accumulées par l’humanité, saignent et affament les masses et les réduisent à un asservissement moyenâgeux. On dirait que le monde ayant perdu son centre de gravité va retomber avec fracas dans la chaos ; l’humanité entière ne peut plus retrouver l’équilibre et la paix, si ce n’est dans les cimetières...

    D’après les curés de toutes les religions, cette rupture d’équilibre, ces guerres de plus en plus meurtrières, seraient « la punition de nos péchés » ; et déjà les représentants de la bourgeoisie, qui en 14-18 ont mené les peuples au massacre pour la « der des der » et ont sacrifié plus de 10 millions d’hommes depuis Août 1939 pour « la démocratie » ou pour « l’espace vital », parlent d’une troisième guerre mondiale. Ainsi, la guerre à l’échelle mondiale serait un phénomène naturel inhérent à l’existence de la société humaine.

    Mais, des années avant la 1ère guerre mondiale, notre époque d’agonie et de mort a été caractérisée par tous les partis et les syndicats ouvriers comme l’effet du capitalisme dans sa dernière phase, l’impérialisme : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jaurès).

    En effet, depuis le début du siècle, la capitalisme a profondément modifié sa structure. Fini le capitalisme de libre concurrence, le « laisser-faire, laisser-passer », qui, malgré les crises, les conflits et le chômage temporaires, accomplissait l’équipement industriel du territoire (construction de machines, d’usines, de chemins de fer, de routes, de canaux, de bateaux etc...) et facilitait de plus en plus la vie on développant les forces productives, c’est-à-dire la puissance de l’homme sur la nature ; la supériorité de la grande industrie sur la petite a engendré, par la ruine de cette dernière, le monopole capitaliste. Cette modification de structure du capitalisme lui a enlevé tout caractère progressif et l’a rendu profondément réactionnaire ; les plus grandes inventions, loin d’être utilisées pour accroître la puissance de l’homme sur la nature, et par conséquent son bien-être, servent à la destruction et à la mort, pour le maintien d’un régime condamné.

    Et l’on a pu voir, dans une société soi-disant civilisée, des millions de chômeurs et leurs familles souffrir la misère et la faim tandis que, pour maintenir les prix, les capitalistes procédaient à la destruction systématique des récoltes : aux Etats-Unis on élevait des hannetons pour ravager les plantations de coton ; l’Amérique du Sud brûlait du blé et du café dans les locomotives ; en France on offrait des primes aux vignerons pour arracher les vignes, et les pêcheurs devaient rejeter leur poisson à la mer !...

    Pourquoi l’impérialisme (capitalisme monopoleur) provoque-t-il la destruction des richesses accumulées, la fin de la civilisation et de la culture ; pourquoi la guerre est-elle son mode d’existence, et la paix seulement « une trêve entre deux guerres » (Lénine) ? Nous demandons un peu de patience à notre lecteur ouvrier pour les explications qui suivent : il s’agit de bien comprendre ce qu’est l’impérialisme si l’on ne veut pas tomber dans les pièges de la bourgeoisie et se laisser saigner par elle à l’aide de slogans qui ne veulent rien dire.

    CAPITALISME DE LIBRE CONCURRENCE ET CAPITALISME DE MONOPOLE (IMPERIALISME).

    Jusqu’à la fin du 19ème siècle, les marchés, et en premier lieu le marché national, offraient des possibilités d’écoulement à tous les produits : dans les différentes branches de la production (métallurgie, tissages, etc...) les capitalistes, – grands, moyens et petits – , existaient et « travaillaient » indépendamment les uns des autres ; c’était le capitalisme de libre concurrence.

    Cependant, la concurrence oblige chaque capitaliste à ajouter constamment les profits réalisés (sauf une partie nécessaire à ses dépenses personnelles) au capital initial, pour les réinvestir dans l’industrie (perfectionnements techniques, achat de machines, etc...). Or, l’extension constante de la production de chaque capital individuel augmente à tel point la quantité des marchandises à écouler, que le marché n’est plus capable d’absorber la production de tous les capitalistes. Ceux qui n’arrivent pas à vendre leurs marchandises font faillite ; mais dans cette lutte à mort, ce n’est pas la chance qui décide des survivants : les entreprises ne sont pas de grandeur égale, et le prix de revient est d’autant plus petit que la production est grande. C’est donc la grande entreprise qui possède l’avantage décisif dans la concurrence capitaliste, concurrence de plus en plus acharnée qui aboutit à la ruine des plus faibles au profit des plus forts.

    C’est ainsi que, peu à peu, avec des péripéties diverses, la libre concurrence engendre inévitablement la concentration des capitaux et aboutit à la domination despotique du marché par un seul capital monopoleur.

    Du point de vue de la nouvelle structure du capitalisme, il importe peu que le capital monopoleur (qui domine un, plusieurs ou tous les marchés sans concurrence) appartienne à un seul ou à plusieurs capitalistes, ou à une masse d’actionnaires : l’essentiel est la disparition de l’élément de progrès du système, la concurrence entre les capitalistes d’une même branche.

    On pourrait croire, à première vue, que le capitaliste monopoleur peut « se contenter » de sa position assurée de monopoleur et « renoncer » à gagner des positions capitalistes nouvelles. Mais le capitaliste ne produit pas pour la société : il « travaille » pour réaliser des profits. Et même s’il devenait tout à coup « vertueux » et voulait mettre en pratique la charité chrétienne, du point de vue économique, il le peut encore moins que dans le capitalisme de libre concurrence (où le danger n’était pas de tous les instants, et où les périodes de prospérité pouvaient au contraire lui faire croire qu’il y avait de la place pour tout le monde). La concurrence entre capitalistes indépendants d’une même branche fait place à un antagonisme de tous les instants, cent fois plus âpre, et qui, loin d’être une source de progrès provoque le dépérissement de l’économie, avec la misère et la guerre pour les masses.

    Par exemple, le capitaliste qui monopolise les transports par chemins de fer entre en une lutte de tous les instants avec celui qui monopolise les transports par route ; d’autre part, deux sociétés monopoleuses dont les produits s’écoulent dans le monde entier – les pétroles par exemple – entrent en conflit mortel pour la possession des sources anciennes ou nouvelles de matières premières ; enfin, « la course pour le dollar du consommateur » est un autre élément d’antagonismes entre les monopoles (le consommateur ayant un budget à peu près fixe, il s’agit de savoir comment il répartira ses dépenses : achètera-t-il un livre, ira-t-il au cinéma, ou restera-t-il à la maison pour économiser de quoi s’acheter une bicyclette ?).

    Donc, à peine arrivé au monopole comme terme d’une lutte entre capitalistes indépendants pour accaparer le marché, le capitalisme plonge l’économie entière dans une anarchie encore plus grande qui finalement mène à la ruine de la société.

    En effet, pour se renforcer contre les monopoles qui le menacent, le capitaliste monopoleur est obligé de conquérir des positions capitalistes de plus en plus fortes, et pour cela il doit réinvestir les profits et surprofits réalisés ; or, le processus de concentration s’étant poursuivi dans presque toutes les branches de la production dans les vieux pays capitalistes, ceux-ci n’offrent plus de débouchés pour de nouveaux investissements : les capitaux sont donc exportés au dehors, surtout dans des pays arriérés et aux colonies où les conditions d’une économie retardataire (équipement industriel pour l’exploitation et l’exportation des ressources du pays, matières premières et main-d’œuvre aux plus bas prix) permettent de réaliser des bénéfices fabuleux sur le dos de la population coloniale ou semi-coloniale.

    Ainsi la lutte prend un aspect entièrement nouveau. Il ne s’agit plus d’une concurrence purement économique se terminant par la faillite des capitalistes les plus faibles, comme dans la libre concurrence, mais bien d’une compétition internationale pour la conquête du marché mondial (qui n’est plus extensible) et pour la main-mise sur les branches de production, les sources de matières premières et de main-d’œuvre à bon marché.

    La crise dans le capitalisme du monopole n’est plus un arrêt temporaire de la production (mévente des marchandises) se terminant par une reprise économique puissante : elle devient un élément chronique de la vie économique, provoquant non seulement la destruction volontaire des richesses produites, mais aussi la limitation des moyens de production mis en fonction. La partie décisive des moyens de production, l’industrie lourde, ne trouve plus d’autre « marché » que la guerre, c’est-à-dire la destruction pure et simple de la puissance de production de l’industrie moderne.

    Cet antagonisme à l’échelle mondiale divise le capital monopoleur en groupes financiers : les trusts industriels créent des banques ; les banques créent des trusts d’exploitation ; les groupes fusionnent avec d’autres groupes ; et ainsi se crée tout un réseau de grosses industries et de banques travaillant dans toutes les branches. Voilà comment l’économie mondiale est tombée sous la domination d’une oligarchie capitaliste : les 200 familles en France, les 60 familles aux U.S.A., les Big Five en Angleterre, les Konzern en Allemagne, les Nitsui et les Mitsubishi au Japon, etc...

    Entre ces groupes financiers qui luttent à mort les uns contre les autres, les alliances se font et se défont : c’est là qu’il faut chercher, le secret des alliances et ruptures d’alliances consacrées par les pactes diplomatiques.

    Disposant des richesses du pays qui constitue la base de leur puissance, ainsi que de leurs rapines sur d’autres continents, les capitalistes détiennent tous les leviers de l’Etat, c’est-à-dire non seulement l’armée, la police, les prisons et la justice, mais encore la radio, la presse, l’école et les églises.

    Tous ces moyens leur servent à duper les peuples et à les entraîner dans leurs conflits à l’aide de traditions, de mots d’ordre, et de toute une propagande appropriée. Et de même que, pour défendre ses intérêts, le capitaliste ferme « son » usine comme si c’était sa tabatière, jetant sur le pavé les ouvriers affamés, de même la bourgeoisie, pour défendre ses positions menacées, jette « son » peuple dans le massacre ; car la guerre, qui n’apporte aux masses que la misère et la mort, se solde pour elle par des super-bénéfices.

    En effet, tandis que les ouvriers et les paysans de tous les pays s’entre-tuent soi-disant pour la « der des der », la « démocratie », la « défense des petites nations » ou de l’Empire pour « l’ordre nouveau », « l’espace vital », « le sang contre l’or » et la « défense de la patrie », les champs de bataille sont en réalité un débouché exceptionnel, qui consomme en peu de temps des quantités énormes de « marchandises » (matériel de guerre). C’est ainsi que les masses entraînées dans la course sans fin pour le partage et le repartage du globe, croyant mourir pour la patrie, meurent pour les capitalistes !

    SUPPRESSION DES CONTRADICTIONS DU CAPITALISME
    Les méfaits de la domination économique des trusts, Konzern, banques, ententes et monopoles de toutes portes sur la société, sont depuis longtemps devenus évidents pour les larges masses. Les scandales financiers, la ruine des petites gens et des paysans, l’exploitation féroce et concertée des travailleurs, – qui n’ont plus affaire à un patron dont le sort est lié à celui de l’entreprise, mais au patronat disposant des ressources du capital financier, – ont soulevé contre les capitalistes monopoleurs la haineet la volonté de lutte de tous les exploités.

    Devant la volonté commune de toutes les classes pauvres de museler les banques et les trusts, menace mortelle, la bourgeoisie ne put se sauver qu’on trompant les masses : Mussolini en Italie, Hitler en Allemagne, Roosevelt aux Etats-Unis et Blum en France ont présenté leur politique comme « la fin de la toute-puissance des trusts ». Et même dans la « respectable » Angleterre, gouvernée par les conservateurs, certains ministres du Travail sont parfois obligés d’agiter des projets de « réformes de structure », Pourtant, les trusts n’ont jamais aussi bien prospéré que sous les gouvernements de Mussolini, Hitler, Blum, Roosevelt et Churchill.

    Pourquoi ? Parce que le monopole, le grand capital, n’est pas une excroissance d’un organisme sain, qu’on pourrait couper, ou un abus qu’on pourrait réformer, brider ou contenir : les 200 familles sont le couronnement du système capitaliste, son fruit naturel, comme la poire est le fruit du poirier.

    Il faut donc, pour remettre la société d’aplomb, pour en finir avec les crises permanentes, le chômage permanent, la guerre permanente, détruire le mal à la racine, c’est-à-dire détruire le système capitaliste qui les engendre.

    Qu’est-ce qui caractérise le capitalisme ? C’est la #propriété_privée_des_moyens_de_production : les usines, le sol et le sous-sol, les moyens de transport, les moyens d’échange (banques), les locaux, en un mot tout ce dont l’homme a besoin pour assurer son existence, se trouvent entre les mains d’une petite minorité de bourgeois richissimes qui disposent à leur gré du sort de dizaines de millions d’hommes séparés des moyens de production, prolétarisés.

    A cette contradiction essentielle qui oppose le système capitaliste aux besoins de la société, contradiction entre la production SOCIALE et la propriété PRIVEE s’en ajoute une seconde : le morcellement de l’économie mondiale en fractions soi-disant nationales (en réalité, à part quelques rares exceptions où les frontières délimitent en même temps la nation, presque toutes les frontières (90 %) découpent la même nation en plusieurs tronçons – l’Allemagne de 1918, les Balkans, l’Europe Centrale, l’Irlande, etc... – ou font « vivre » ensemble plusieurs nations antagonistes – l’Allemagne de 1939, les Empires coloniaux d’Afrique et d’Asie, etc...). En fait, ce morcellement de l’économie mondiale n’est qu’un système de frontières et de douanes correspondant au rapport de forces changeant entre les groupes financiers (les 200 familles, les 60 familles, les Konzern, etc...)

    Production SOCIALE et appropriation PRIVÉE capitaliste, économie MONDIALE et son MORCELLEMENT en « fiefs » du capital financier, telles sont donc les causes qui provoquent la ruine de la société.

    La suppression de ces contradictions ne consiste pas en un retour en arrière à un soi-disant « âge d’or », mais dans une audacieuse marche en avant vers le socialisme.

    Le mode de propriété est périmé, mais le mode de production est définitif : il faut donc les harmoniser en abolissant la propriété privée des moyens de production pour restituer ces derniers à la société entière par la DICTATURE DU PROLETARIAT et LA GESTION DIRECTE DES USINES PAR LES TRAVAILLEURS.

    La suppression de la propriété privée des moyens de production n’est pas la suppression de toute propriété : la petite propriété paysanne continuera à exister. Les petits paysans garderont leur terre aussi longtemps qu’ils voudront, jusqu’au moment ou d’eux-mêmes ils estimeront plus avantageuse la grande culture industrialisée.

    Cette révolution économique et sociale ne peut pas éclater et vaincre simultanément dans le monde entier. Elle commence dans le cadre d’un ou plusieurs Etats, mais elle ne peut aboutir à une société harmonieuse que par la victoire de la classe ouvrière dans le monde entier : les ressources de tout le globe sont nécessaires pour bâtir une société sans aucune contradiction économique. Les travailleurs ont pu remarquer au cours de cette guerre qu’aucun pays, si riche qu’il soit en ressources naturelles (comme les Etats-Unis ou l’URSS) ne peut produire à lui seul tout ce que l’homme a découvert ou inventé pour assurer sa domination sur la nature.

    Donc, l’abolition de la propriété privée, le socialisme, implique également la suppression des frontières capitalistes (douanes, passeports, etc...), c’est-à-dire la création des ETATS-UNIS SOCIALISTES DU MONDE.

    STRATEGIE ET TACTIQUE OUVRIERES CONTRE LA GUERRE.

    Aujourd’hui, depuis 5 ans, la guerre ravage les continents, ruine l’économie, sépare les peuples par un fossé de sang, et risque en se prolongeant de ramener la société entière à une nouvelle barbarie sociale.

    Au premier plan de la lutte ouvrière se trouve donc la lutte contre la guerre.

    Mais la guerre, malgré tous les prétextes et les masques que la bourgeoisie utilise pour en camoufler les véritables causes, n’est au fond qu’une lutte entre les différentes bourgeoisies pour les monopoles (guerre pour « l’espace vital » du côté de l’Axe et pour la « défense de l’Empire » du côté des alliés) : AUSSI, LA LUTTE CONTRE LA GUERRE NE PEUT-ELLE ETRE SEPAREE DE LA LUTTE CONTRE LE CAPITALISME. Telle est l’idée fondamentale dont doivent partir les ouvriers conscients qui veulent réellement en finir avec les massacres qui recommencent tous les 20 ans.

    Bien avant la première guerre mondiale, en 1907, la IIème Internationale dénonça au Congrès de Stuttgart le caractère impérialiste de la guerre qui venait. Les délégués des Partis ouvriers de France, d’Allemagne, de Russie, d’Italie, etc..., qui participèrent à ce Congrès, savaient que les différences politiques entre les pays qu’ils représentaient n’étaient pour rien dans les dangers qui menaçaient la paix du monde. Ils prirent la résolution suivante : « Au cas où la guerre éclaterait néanmoins, ils (les représentants ouvriers) ont le devoir de s’entremettre pour la faire cesser promptement et d’utiliser de toutes leurs forces la crise économique et politique créée par la guerrepour agiter les couches populaires les plus profondes et précipiter la chute de la domination capitaliste ».

    En 1912, au Congrès de Bâle, ils réaffirmèrent : « LES TRAVAILLEURS CONSIDERENT COMME UN CRIME DE TIRER LES UNS SUR LES AUTRES POUR LE PROFIT DES CAPITALISTES... »

    Pourtant, quand la guerre éclata « néanmoins », les chefs de la IIème Internationale, pourris par l’opportunisme, non préparés à une lutte dans des conditions entièrement nouvelles (illégalité, lutte extraparlementaire, etc...), cédèrent à la pression de la bourgeoisie et trahirent la classe ouvrière. C’est alors seulement qu’ils découvrirent les prétextes politiques et « idéologiques » qui devaient justifier la cause infâme de leur bourgeoisie : les « socialistes » français appelèrent à la lutte de la « démocratie » (alliée au tsarisme !) contre le « militarisme prussien » et les « socialistes » de l’Allemagne impériale à la lutte contre le knout tsariste...

    Mais ces arguments en faveur de l’union sacrée, mis en avant du jour au lendemain par des chefs aux abois n’étaient que des mensonges.

    La forme politique ne peut pas influencer ou améliorer la structure IMPERIALISTE de l’économie ; tout au contraire, c’est la structure impérialiste de l’économie qui commande les actes de tout gouvernement bourgeois, démocratique, militariste ou fasciste.

    La première guerre mondiale et la présente guerre nous montrent que dans tout conflit impérialiste, c’est précisément la démocratie qui est la première victime. Dans tous les pays impérialistes sans aucune exception s’établit le même régime de militarisation, de contrainte, de terreur policière, de censure, avec suppression de tous les droits ouvriers, pour donner aux trusts l’entière liberté d’action.

    Tandis que les chefs social-patriotes se vautraient dans l’union sacrée et les ministères, les chefs ouvriers restés fidèles au socialisme – Lénine, #Rosa_Luxembourg et Karl Liebkecht en tête – prirent une voie toute opposée.

    Ils dénoncèrent la guerre comme « une guerre impérialiste pour un repartage des richesses du globe entre les forbans capitalistes ». Rejetant l’union sacrée et les crédits de guerre, ils appelèrent les travailleurs de leur pays à fraterniser avec ceux du pays « d’en face » et à renverser leur propre bourgeoisie.

    Nous savons aujourd’hui que c’est eux qui voyaient juste et qu’ils représentaient les véritables aspirations des masses opprimées, car leurs principes et leur action ont conduit à la première victoire prolétarienne (Révolution d’Octobre 1917) et à la formation de la IIIème Internationale (l’Internationale Communiste).

    Quels furent donc leurs principes et leur tactique ?

    #Karl_Liebknecht nous a laissé la meilleure formule de l’internationalisme ouvrier pendant la guerre : « L’ENNEMI DE CHAQUE PROLETARIAT EST DANS SON PROPRE PAYS » ; la tâche des travailleurs est de « balayer chacun devant leur propre porte ».

    Pour #Lénine il s’agissait de « transformer la guerre impérialiste en guerre civile » ; car « si cette guerre n’est pas suivie d’une série de révolutions victorieuses, elle sera suivie à bref délai d’autres guerres ».

    Que celui-ci avait raison, cela a été prouvé non seulement par le fait que les travailleurs russes conquirent la paix grâce à la guerre civile, en renversant la bourgeoisie, mais surtout par le fait que le maintien de la domination impérialiste sur les 5/6ème du globe, a amené une 2ème guerre impérialiste mondiale. Dans un monde où subsistent les liens et les contradictions impérialistes, la paix ne peut être qu’ « une trêve entre deux guerres »...

    La #guerre_civile n’est pas un moyen désespéré auquel on n’a recours qu’à la dernière extrémité : c’est la résolution inébranlable du prolétariat, appuyé sur les masses populaires, d’en finir avec la guerre impérialiste en renversant la bourgeoisie et son Etat (police, justice, corps des officiers, etc...) Sans cette résolution inébranlable de riposter à la guerre impérialiste par la guerre civile, les travailleurs ne doivent pas espérer que c’est la bourgeoisie qui fera quoi que ce soit pour desserrer l’étau qui étouffe les masses ou qui reculera devant n’importe quelle infamie. Tout au contraire, grâce à la guerre impérialiste toujours plus meurtrière, elle mène à l’intérieur sa propre guerre civile destinée à paralyser et à écraser le prolétariat.

    Le mot d’ordre des travailleurs est : A BAS LA GUERRE IMPERIALISTE, VIVE LA GUERRE CIVILE !

    Devant les hésitations de certains chefs « internationalistes » qui étaient paralysés dans leur action pratique par la peur que la lutte révolutionnaire « n’affaiblît le front », Lénine proclama que la défaite de leur propre impérialisme était « un moindre mal » pour les ouvriers.

    Il suffit en effet de comparer le sort de la France après 1918, victorieuse grâce à l’union sacrée, et celui de la Russie révolutionnaire, vaincue et dépouillée de vastes territoires aussi bien par l’impérialisme allemand que par l’impérialisme « allié » : les ouvriers français n’ont plus jamais retrouvé leur niveau de vie d’avant 14, tandis que les travailleurs russes ont créé un pays entièrement nouveau et élevé la Russie arriérée au niveau des pays industriels les plus avancés.

    Mais la défaite de Juin 40 ? La défaite de Juin 40 ne fut pas la conséquence de l’affaiblissement du front par les luttes révolutionnaires dans le pays, mais l’effondrement de l’impérialisme français, entraînant dans sa chute l’ensemble des classes laborieuses.

    Si le prolétariat de France avait pu, grâce à une politique ouvrière juste, mettre à profit la débâcle de son impérialisme en Mai-Juin 40 pour s’emparer du pouvoir, le sort, non seulement du peuple français, mais encore de tous les peuples du monde, aurait été complètement changé, mais le prolétariat n’avait pas été préparé à une telle éventualité par les partis ouvriers.

    Le parti socialiste d’après 1918 était resté définitivement un parti de collaboration et d’union sacrée ; la IIIème Internationale et le Parti communiste français avaient depuis longtemps abandonné la stratégie et la tactique qui avaient permis la victoire des ouvriers et des paysans russes en 1917 et qui avaient mis fin à la 1ère guerre mondiale. L’isolement de la Révolution d’Octobre dans un monde capitaliste a provoqué en URSS l’affaiblissement du prolétariat soviétique, centre de gravité de la IIIème Internationale. Il s’y forma une bureaucratie dirigeante analogue à celle des partis et des syndicats ouvriers occidentaux. Sous son influence, la IIIème Internationale rompit avec l’internationalisme ouvrier : reconnaissance de la « défense nationale » on France (pacte Laval-Staline de 1935, vote des crédits de guerre de Daladier en 1935), pacte Hitler-Staline pour le dépècement de la Pologne, nouvelle « alliance » avec les impérialismes « démocratiques » pour la défense de la « démocratie » contre le fascisme, etc…

    L’abandon de la stratégie et de la tactique révolutionnaires par les chefs de la IIème Internationale en Août 1914 permirent à la bourgeoisie de se maintenir sur les 5/6ème du globe, tandis que le capitalisme n’était renversé par l’internationalisme prolétarien que dans la sixième partie.

    L’abandon des mêmes principes par les chefs soviétiques de la IIIème Internationale a permis à la bourgeoisie de déclencher une nouvelle guerre impérialiste qui est entrée dans sa cinquième année.

    Comme dans la première guerre impérialiste, la seule issue est dans l’application dans la lutte prolétarienne de la stratégie et de la tactique de Liebknecht de Lénine.

    C’EST CETTE TACHE QUE CONTINUE LA IVème INTERNATIONALE !

    LA QUATRIEME INTERNATIONALE ET LA GUERRE
    La lutte de la IVème Internationale contre la guerre continue celle que menèrent la IIème et la IIIème Internationales avant d’être brisées par l’impérialisme mondial.

    Dans tous les pays impérialistes en guerre – quelle que soit leur forme politique (démocratie ou fascisme) – le but fondamental de la IVème Internationale est la FRATERNISATION DES OUVRIERS ET DES PAYSANS SOUS L’UNIFORME. « Refuser de tirer les uns sur les autres pour le profit des capitalistes », fraterniser, voilà l’arme essentielle que possèdent les exploités de tous les pays contre leurs exploiteurs.

    Toute autre attitude, toute réserve ou équivoque à ce sujet, est une trahison pure et simple de la classe ouvrière internationale et des masses laborieuses.

    Mais les pays en guerre ne sont pas tous des pays impérialistes ; menant sa lutte contre la guerre sous le signe de la fraternisation et de l’internationalisme (UNITE DES INTERETS DE TOUS LES PEUPLES CONTRE LA BOURGEOISIE IMPERIALISTE DE TOUS LES PAYS), la IVème Internationale propose aux travailleurs des tâches immédiates différentes SELON LA NATURE IMPERIALISTE OU NON IMPERIALISTE des pays (et non pas selon les formes politiques).

    Là où la guerre met aux prises 2 armées impérialistes soumises au corps des officiers instrument des groupes financiers (par exemple la guerre de 39-40 entre la France et l’Allemagne, ou la guerre actuelle entre les Anglo-Américains et l’Allemagne), la IVème Internationale appelle les travailleurs des deux armées en lutte à cesser de s’entretuer et à fraterniser. Pratiquement, cette fraternisation n’est possible que par la lutte directe des soldats contre leur propre Etat-major et implique donc un affaiblissement du front (impérialiste) de l’armée la plus avancée dans la voie révolutionnaire ; cependant, comme cela a été expliqué au chapitre précédent, la défaite est un moindre mal quand elle est provoquée par la lutte révolutionnaire des ouvriers et des paysans : car pour pouvoir lutter contre l’impérialisme d’un autre pays, les travailleurs d’un pays impérialiste doivent d’abord liquider leur propre impérialisme, QUI NE LEUR EPARGNE PAS CE QUE L’ IMPERIALISME ADVERSE LEUR RESERVE.

    Mais là où la guerre met aux prises une armée impérialiste et une armée non-impérialiste, comme par exemple la guerre entre l’Allemagne et l’URSS, le Japon et la Chine, ou un conflit entre les alliés et « leurs » colonies (Inde, Maroc, etc…), la fraternisation n’implique pas un affaiblissement du front de l’armée non-impérialiste : la IVème Internationale appelle les travailleurs de ces pays (non-impérialistes : URSS ou colonies) à se défendre DE TOUTES LEURS FORCES, malgré leur méfiance ou leur haine pour leur propre gouvernement, contre les armées impérialistes, qui ouvrent la voie au capital financier. Car dans les pays non-impérialistes, les travailleurs qui réussissent à écarter la menace impérialiste, peuvent, de ce fait même, lutter avec succès contre leur propre gouvernement réactionnaire.

    Cette attitude de défense de la part des travailleurs d’un pays non-impérialiste nuit-elle à la fraternisation avec les ouvriers et paysans de l’armée impérialiste qui les a attaqués ?

    NULLEMENT, si leur lutte apparaît clairement à ces derniers comme une lutte pour les intérêts communs des travailleurs de tous les pays contre le capitalisme.

    S’il ne s’est encore rien produit de pareil sur le front germano-soviétique, c’est seulement parce que aux yeux des soldats allemands, le gouvernement soviétique, par son langage et par ses actes (mort aux Boches ! ), ne diffère en rien d’un quelconque gouvernement allié fauteur de la paix impérialiste de Versailles.

    Pour vaincre définitivement l’impérialisme, les travailleurs soviétiques doivent renverser la bureaucratie réactionnaire dirigeante et présenter aux peuples du monde entier leur véritable visage prolétarien.

    Contre la guerre impérialiste mondiale actuelle, la IVème Internationale lutte avec les mots d’ordre suivants :

    Contre la politique chauvine et impérialiste des partis « socialistes » et « communistes » qui divise les travailleurs et sert les intérêts de la bourgeoisie, VIVE L’INTERNATIONALISME OUVRIER !

    A BAS LES « BUTS DE GUERRE » IMPERIALISTES, la Charte de l’Atlantique, « l’ordre nouveau », etc... VIVE LE DROIT DE TOUS LES PEUPLES A DISPOSER D’EUX-MEMES jusque et y compris la séparation de l’État qui les opprime !

    A BAS LA DIPLOMATIE ET LES PACTES SECRETS !

    DÉFENSE DE L’URSS en tant qu’Etat ouvrier PAR LA VICTOIRE DE L’ARMEE ROUGE ET LA REVOLUTION PROLETARIENNE dans tous les pays impérialistes (Allemagne, Angleterre, France, etc...).

    DÉFENSE DE LA CHINE en tant que pays semi-colonial contre le Japon, PAR LA VICTOIRE DE L’ARMEE CHINOISE ET LA REVOLUTION PROLETARIENNE AU JAPON et dans le monde. DÉFENSE DE TOUTES LES COLONIES ET SEMI-COLONIES CONTRE L’IMPERIALISME QUI LES OPPRIME : de l’Inde contre l’Angleterre, de l’Afrique contre les impérialismes alliés, etc...

    A bas l’autarchie européenne de « l’ordre nouveau », à bas la main-mise du capital américain sur l’Europe, VIVENT LES ÉTATS-UNIS SOCIALISTES D’EUROPE ! Seuls les Etats-Unis socialistes assurent la véritable égalité, entre les nations, grandes ou petites.

    Contre la domination du monde entier par deux grandes puissances, VIVENT LES ETATS-UNIS SOCIALISTES DU MONDE !
    LA LUTTE DES TRAVAILLEURS FRANÇAIS CONTRE LA GUERRE

    La déclaration de guerre en Septembre 1939 et la mobilisation, la censure, la défense passive, les réquisitions et la répression qui l’ont marquée, ont réveillé dans les masses la méfiance et l’hostilité contre les dirigeants capitalistes : les travailleurs n’avaient pas oublié les leçons de la première guerre impérialiste, les misères et les souffrances qu’ils avaient endurées pour le seul bénéfice de la bourgeoisie.

    Mais la lutte des masses contre les mesures de dictature et de terreur de #Daladier et #Reynaud (camps de concentration, emprisonnements de milliers de militants ouvriers, dissolution du PC et des groupements internationalistes, mise au pas des syndicats, peine de mort pour la propagande communiste) ne trouva pas un guide dévoué exclusivement aux intérêts des travailleurs : la politique du PC obéissait aux intérêts diplomatiques de la bureaucratie soviétique, et ses tournants décontenançaient périodiquement les masses et les militants. Quant aux éléments internationalistes, ils étaient trop faibles numériquement pour exercer une influence efficace.

    C’est pourquoi, bien que favorable à la révolution, l’attitude des masses (qui repoussèrent d’instinct l’idéologie nationaliste-"démocratique" ou fasciste) ne provoqua pas la chute de la bourgeoisie. Quand l’impérialisme français chancela sous les coups de l’impérialisme allemand, la classe ouvrière, sans direction, ne songea pas à créer les organes d’un Etat ouvrier (Conseils d’ouvriers et soldats), mais se dispersa sur les routes de France...

    L’exode mit fin pour les masses à l’expérience de la guerre « démocratique ». Mais la défaite de l’impérialisme français ne mit pas fin à la guerre. LA GUERRE NE FAISAIT QUE COMMENCER et prit un développement mondial pesant de plus en plus lourdement sur les couches populaires du monde entier. L’économie des pays mêlés à la guerre fut soumise à une rude épreuve. Toutes les ressources furent raflées en vue de la guerre.

    Le pillage de la France par l’impérialisme allemand imposa aux masses une série de souffrances inouïes qui plongèrent brusquement le peuple français dans des conditions de vie insupportables.

    Mais comme la guerre sous la conduite de nos propres impérialistes (la « drôle de guerre ») n’avait pas eu le temps d’engendrer des maux à une si grande échelle, l’état d’esprit, des masses changea par rapport à celui du début de la guerre : les malheurs qui s’abattaient sur le peuple français n’étaient pas dus à la guerre elle même, à la GUERRE TOTALE, dans laquelle victoire ou défaite engendrent les mêmes maux, mais à l’occupation étrangère, aux « Boches ». Les masses crurent d’autant plus facilement les slogans venus de Londres, qu’à partir du début de la guerre entre l’URSS et l’impérialisme allemand le Parti « communiste » se mit à tenir le même langage que les impérialistes alliés.

    Voilà comment aujourd’hui, après quatre années et demie de guerre la classe ouvrière se trouve complètement dépourvue d’une perspective propre et est à la remorque de la bourgeoisie pour une soi-disant guerre de « libération ».

    Que vaut cette politique ? Pour la classe ouvrière, c’est accepter les pires souffrances non pas pour changer définitivement l’ordre des choses, mais dans l’espoir de revenir à la situation qui a précédé la guerre et qui nous y a menés.

    Cependant, quelles seraient les conditions économiques et politiques créées par une victoire alliée ? Peu de travailleurs se font des illusions sur les capitalistes anglais et américains. Mais ils espèrent que leur victoire déterminerait une amélioration de leur niveau de vie et ramènerait le respect des libertés ouvrières.

    Mais cette guerre, comme la première, est une #guerre_impérialiste pour le repartage du monde entre les groupes financiers et pour renforcer l’#exploitation_capitaliste sur les masses. Si les capitalistes anglais et américains luttent contre l’Allemagne impérialiste ce n’est pas pour les peuples, mais pour évincer un concurrent. Ce concurrent n’est pas l’Allemagne seule, mais l’industrie, le capital financier européen (l’Allemagne, la France, l’Italie, la Hollande, la Belgique, etc...).

    Cela signifie que les conditions économiques instaurées par « l’ordre nouveau » (appauvrissement de tous les pays européens au profit des capitalistes allemands) seraient maintenues et aggravées par une victoire des impérialistes alliés : l’Europe entière réduite à la portion congrue constituerait pour les États-Unis un « hinterland » économique.

    En effet, à eux seuls, les #États-Unis, dont la production dans les principales branches représente de 60 à 80 % de la production mondiale, regorgent de capitaux et ont besoin du monde entier pour résoudre leurs propres contradictions économiques et sociales. C’est pour cela que leurs dirigeants les ont précipités dans la guerre. C’est donc s’exposer à de terribles désillusions que de croire que les États-Unis, où le chômage atteignit à un moment donné 12 à 13 millions d’hommes – 10% de la population totale ! – et où les « marches de la faim », le vagabondage et toutes les tares politiques et sociales (persécution des Noirs, associations secrètes du type fasciste bien avant la naissance de Hitler) ont marqué plus que partout ailleurs la décomposition du capitalisme, peuvent assurer la prospérité de l’Europe.

    La ruine irrémédiable de l’Europe peut bien soulager partiellement le capitalisme américain par l’écoulement d’une partie de ses produits industriels sur le continent dévasté. Mais les masses européennes plongées dans la misère, resteront devant l’abondance américaine sans avoir les moyens nécessaires pour payer.

    Et dans ces conditions d’aggravation des contradictions économiques, la #lutte_sociale s’aggraverait aussi : il n’y aura pas de place pour les libertés ni pour un développement pacifique des organisations et des droits ouvriers.

    Comment l’ouvrier conscient doit-il donc orienter la lutte des travailleurs contre la guerre et le capitalisme ?

    Les aspirations profondes des masses, après quatre ans et demi de guerre, de misère et de terreur politique de la bourgeoisie, sont la PAIX, le PAIN et la LIBERTE. Il s’agit d’orienter ces aspirations des ouvriers, de la population pauvre des villes, et des petits paysans VERS DES SOLUTIONS PROLETARIENNES, seules capables de les réaliser.

    Le souci quotidien des travailleurs, c’est le pain. La lutte des ouvriers pour le pain doit être menée avant tout dans les usines, par une lutte pour l’augmentation des salaires. Il faut à chaque occasion tendre à l’unification des mouvements revendicatifs, éviter que les ouvriers des différents ateliers présentent isolément leurs revendications. C’est la grève qui constitue l’arme essentielle de la lutte revendicative. ET LA LUTTE GRÉVISTE POUR L’#AUGMENTATION_DES_SALAIRES CONSTITUE EN MEME TEMPS UN DES MOYENS LES PLUS EFFICACES DE LUTTE CONTRE LA MACHINE DE #GUERRE.

    Mais la situation des ouvriers et des masses laborieuses ira toujours en s’aggravant (jusqu’à la famine) si le ravitaillement continue à se faire par les voies actuelles. Les liens entre la ville et la campagne ont été rompus par la guerre. Les #réquisitions de l’armée d’occupation et l’accaparement du trafic par les gros requins du marché noir avec la complicité des organes d’Etat, grugent les petits paysans et affament les villes. C’est la tâche directe des masses exploitées de la ville et de la campagne de rétablir les liens économiques entre elles. Le seul moyen d’améliorer la situation alimentaire est donc LE CONTRÔLE DU RAVITAILLEMENT PAR LES #COMITES_D'USINE (élus par les ouvriers) ET PAR LES COMITES DE QUARTIER (élus par les ménagères).

    Mais une solidarité définitive entre la ville et la campagne ne peut être établie que si les travailleurs peuvent fournir aux paysans, en échange des produits alimentaires, des produits industriels qui leur sont indispensables.

    Les travailleurs doivent dénoncer à toute la population paysanne et pauvre l’incapacité et la bestialité de la bourgeoisie qui a ruiné le pays pour maintenir sa domination. Ils doivent leur expliquer que seul le PLAN OUVRIER, qui orienterait l’industrie vers les véritables besoins des populations (des tracteurs agricoles et non pas des tanks !) peut mettre un terme aux maux actuels. Ils doivent donc mettre en avant la revendication du RETOUR AUX FABRICATIONS DE PAIX et du #CONTROLE_OUVRIER_SUR_LA_PRODUCTION.

    Or toute tentative d’arracher à la bourgeoisie le morceau de pain quotidien doit inévitablement se heurter aux organes de répression de l’#impérialisme_français et allemand. C’est pourquoi une lutte sérieuse pour le pain pose au premier plan la lutte politique pour le renversement du #régime_de_Vichy et de la #Gestapo.

    Les travailleurs doivent mettre en avant la lutte pour la reconquête des droits de grève, de réunion, d’association et de presse.

    Une telle perspective exige une politique internationaliste visant à obtenir l’appui ou la neutralité des soldats allemands, sans lesquels il n’est pas possible de renverser le régime PAR LES FORCES PROLETARIENNES ET AU PROFIT DES OPPRIMES.

    Mais la lutte contre la dictature politique de la bourgeoisie exige la CREATION DE #MILICES_OUVRIERES EN VUE DE L’ARMEMENT DU PROLETARIAT. Cette tâche peut être réalisée par les travailleurs à condition qu’ils se pénètrent de la nécessité de ne compter que sur eux-mêmes et de ne pas faire confiance à la bourgeoisie française et alliée.

    La réalisation de l’#armement du prolétariat peut faire un grand pas en avant si les travailleurs réfractaires réfugiés dans le maquis, déjà partiellement armés, parviennent à se soustraire au contrôle de l’impérialisme gaulliste et allié par l’élection démocratique des chefs.

    L’orientation de la lutte en ce sens n’a pas une importance vitale seulement pour le présent : Il s’agit avant tout de préparer l’avenir.

    En effet, dans les conditions crées par la guerre et désagrégation de l’économie, tout gouvernement qui s’appuierait sur les organes de l’État bourgeois (corps des officiers, police, haute administration, haute magistrature), se comporterait automatiquement (quelle que soit sa phraséologie) comme celui de Vichy. A travers les luttes pour les objectifs immédiats, les travailleurs conscients doivent donc lutter CONTRE LES ILLUSIONS DU PARLEMENTARISME et APPELER A LA CREATION D’ORGANES VERITABLEMENT DEMOCRATIQUES, LES CONSEILS (SOVIETS) OUVRIERS ET PAYSANS, élus à l’échelle locale, régionale et nationale par les masses en lutte contre l’Etat bourgeois.

    S’appuyant sur ces Comités, le Gouvernement ouvrier et paysan est le gouvernement du peuple par le peuple lui-même. Seul il peut résoudre les problèmes posés par la guerre ; seul il peut punir les criminels qui ont plongé la France dans la IIème guerre mondiale, qui ont détruit les organisations et les libertés ouvrières, qui ont organisé la déportation en Allemagne et fait emprisonner, torturer et tuer des dizaines de milliers de militants ouvriers.

    SEULE LA DICTATURE DU PROLETARIAT PEUT ASSURER AUX MASSES LE PAIN, LA PAIX ET LA LIBERTÉ !

    A BAS LA REPUBLIQUE « DEMOCRATIQUE » ! VIVE LA REPUBLIQUE SOVIÉTIQUE !

    LA NOUVELLE INTERNATIONALE

    Comme nous l’avons vu, les conditions économiques de notre époque rendent nécessaire une lutte prolétarienne unifiée à l’échelle internationale. Les travailleurs d’un pays ne peuvent en aucune façon séparer leur sort des ouvriers des autres pays. Cela, non seulement en vue de l’émancipation sociale par le socialisme, mais même simplement du point de vue de la lutte économique quotidienne des ouvriers. Le niveau de vie des travailleurs de France, de Belgique, d’Allemagne, de Hollande, etc... a son influence sur le niveau de vie des travailleurs de Grande-Bretagne, de même que le niveau de vie des travailleurs de Grande-Bretagne, d’Allemagne, etc... a ses répercussions sur les travailleurs de France et ainsi de suite.

    Il faut donc à la classe ouvrière un Etat-Major international : l’INTERNATIONALE. Mais successivement les travailleurs, entre 1914 et 1933, ont assisté à l’écroulement de la IIème et de la IIIème Internationale. Aussi beaucoup d’ouvriers se demandent-ils avec inquiétude : à quoi bon une nouvelle Internationale ? Ferait-elle mieux que les précédentes ? Faudra-t-il toujours recommencer ?

    Mais la faillite des vieilles internationales n’a rien de décourageant. Aussi longtemps que le #capitalisme n’est pas définitivement renversé, les organisations créées parle prolétariat en vue de la lutte contre la bourgeoisie s’usent dans le combat ; il faut alors en créer de nouvelles.

    La IIème et la IIIème Internationale ont laissé derrière elles une œuvre durable. La #IIème_Internationale a répandu la doctrine socialiste parmi des millions d’ouvriers du monde entier, enracinant ainsi pour toujours la doctrine marxiste comme théorie du mouvement ouvrier. Quant à la #IIIème_Internationale, elle a montré, leçon irremplaçable, comment on renverse la #bourgeoisie et a créé une économie planifiée sur 1/6 du globe. A la IVème Internationale incombe d’achever le travail de la IIème et de la IIIème Internationale en instaurant LA #DICTATURE_DU_PROLÉTARIAT ET LE SOCIALISME DANS LE MONDE ENTIER.

    Que les fatigués et les sceptiques, restent à l’écart les jeunes et les militants ouvriers qui ne veulent pas capituler devant l’impérialisme se mettront à l’école des idées de la IVème Internationale.

    Il faut reconstituer de nouveaux partis ouvriers communistes, sections de la IVème Internationale dans chaque pays. Déjà des milliers d’ouvriers sur tous les continents, dans presque tous les pays, de l’URSS à l’Amérique, et de l’Afrique à la Chine, luttent sous le drapeau de la #IVème_Internationale.

    Car l’#avant-garde_prolétarienne n’est pas faite de militants indépendants de la classe ouvrière. LE PARTI OUVRIER EST L’ŒUVRE DE LA CLASSE OUVRIERE ELLE-MEME, qui se regroupe et prend conscience de sa force et de ses tâches. Dès maintenant, les ouvriers doivent surmonter les terribles conditions dans lesquelles ils vivent et trouver le temps nécessaire pour se consacrer au travail politique révolutionnaire. Dans la confrontation de leurs idées et de leur action, ils feront leur propre éducation démocratique, exerceront leur esprit critique et choisiront les meilleurs d’entre eux pour coordonner leur action et multiplier les liaisons sur une échelle de plus en plus large.

    La classe ouvrière a pour elle le nombre, la place indispensable qu’elle occupe dans la production, et l’incapacité de la bourgeoisie de faire vivre plus longtemps la société. De plus « SA LIBERATION EST CELLE DE L’HUMANITÉ ENTIERE »

    Celle-ci se trouve aujourd’hui devant cette unique alternative : ou bien LA BARBARIE, c’est-à-dire que le prolétariat sera incapable de remplir sa mission historique et alors « le sang et les sueurs des classes laborieuses couleront éternellement dans les vases d’or d’une poignée de riches odieux » (Babeuf), ou bien LE SOCIALISME, c’est-à-dire que le prolétariat SOUS LA CONDUITE DE SON PARTI QU’IL FORGERA A TRAVERS SES EPREUVES, accomplira sa mission par la #révolution_socialiste qui, une fois commencée, se répandra d’un pays à l’autre avec une force irrésistible ; dans ce cas : « Par l’exemple et avec l’aide des nations avancées, les nations arriérées seront emportées aussi dans le grand courant du socialisme. Les barrières douanières entièrement pourries tomberont. Les contradictions qui divisent le monde entier trouveront leur solution naturelle et pacifique dans le cadre des Etats-Unis socialistes, en Europe comme dans les autres parties du monde. L’HUMANITE DELIVREE S’ELEVERA JUSQU’A SA PLEINE HAUTEUR ». (#Léon_Trotsky).

    #révolution_mondiale #deuxième_guerre_mondiale #barbarie #stalinisme #nazisme #impérialisme #communisme #lutte_de_classe #marxisme #léninisme #trotskisme #communisme_révolutionnaire

  • 13 février 1945 : destruction de Dresde : la terreur contre le peuple allemand

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2015/02/11/il-y-70-ans-le-13-fevrier-1945-la-destruction-de-dresde-la-t

    Un terrible coup contre les opposants au nazisme :

    [...] En réalité, la campagne de bombardements systématiques porta un terrible coup aux résistants allemands, qui attendaient depuis des années le moment où ils pourraient agir efficacement contre la dictature. L’État nazi était en train de s’effondrer, le chaos généralisé pouvait offrir la possibilité aux classes laborieuses de s’organiser, d’intervenir, de renverser le pouvoir comme elles l’avaient fait en 1918. Et c’est bien cette éventualité que les Alliés craignaient, et la raison pour laquelle ils écrasèrent la population sous les bombes. Il fallait ne lui laisser aucun espoir : les armées alliées ne viendraient pas libérer le peuple allemand du dictateur, mais le traiteraient tout entier en ennemi qu’on vient de vaincre. Tuer, terroriser, démoraliser, disperser la population était une mise en condition pour lui faire accepter son sort et l’occupation à venir.

    #impérialisme #barbarie #bombardements #Dresde #deuxième_guerre_mondiale #nazisme

    • Autant que je trouve plausible l’hypothèse d’Alice Morgen j’aimerais voir les sources à la base de son affirmation que les alliés de l’Ouest auraient visé la population allemande afin d’empêcher une résistance antinazie de se former. Est qu’il y a des documents qui témoignent de cette stratégie ?

      Pour moi les bombardements de cibles civiles et les centaines de milliers de victimes allemandes pendant des derniers mois de la guerre entrent dans la même catégorie comme les victimes des bombes atomiques utilisées contre la population du Japon. Les généraux US visaient surtout leurs alliés soviétiques qu’ils comptaient dominer dans l’après guerre. Plus le nombre de victimes fut élevé mieux c’était pour impressionner l’allié et futur ennemi oriental.

      Autrement les généraux britanniques et américains furent aussi dépourvus de scrupules comme leurs homologues allemands qui inventèrent la guerre aérienne par bombardement en 14-18.

      L’écrivain étatsunien Kurt Vonnegut a survecu le bombardement de Dresde comme prisonnier der guerre. Il raconte son expérience dans son roman Slaughterhouse-Five. So it goes.

      https://en.wikipedia.org/wiki/Kurt_Vonnegut#World_War_II

      On May 14, 1944, Vonnegut returned home on leave for Mother’s Day weekend to discover that his mother had committed suicide the previous night by overdosing on sleeping pills. Possible factors that contributed to Edith Vonnegut’s suicide include the family’s loss of wealth and status, Vonnegut’s forthcoming deployment overseas, and her own lack of success as a writer. She was inebriated at the time and under the influence of prescription drugs.

      Three months after his mother’s suicide, Vonnegut was sent to Europe as an intelligence scout with the 106th Infantry Division. In December 1944, he fought in the Battle of the Bulge, the final German offensive of the war. During the battle, the 106th Infantry Division, which had only recently reached the front and was assigned to a “quiet” sector due to its inexperience, was overrun by advancing Geman armored forces. Over 500 members of the division were killed, and over 6,000 were captured.

      On December 22, Vonnegut was captured with about 50 other American soldiers. Vonnegut was taken by boxcar to a prison camp south of Dresden, in the German province of Saxony. During the journey, the Royal Air Force mistakenly attacked the trains carrying Vonnegut and his fellow prisoners of war, killing about 150 of them. Vonnegut was sent to Dresden, the “first fancy city [he had] ever seen”. He lived in a slaughterhouse when he got to the city, and worked in a factory that made malt syrup for pregnant women. Vonnegut recalled the sirens going off whenever another city was bombed. The Germans did not expect Dresden to be bombed, Vonnegut said. “There were very few air-raid shelters in town and no war industries, just cigarette factories, hospitals, clarinet factories.”
      Dresden in 1945. More than 90% of the city’s center was destroyed.

      On February 13, 1945, Dresden became the target of Allied forces. In the hours and days that followed, the Allies engaged in a firebombing of the city. The offensive subsided on February 15, with about 25,000 civilians killed in the bombing. Vonnegut marveled at the level of both the destruction in Dresden and the secrecy that attended it. He had survived by taking refuge in a meat locker three stories underground. “It was cool there, with cadavers hanging all around”, Vonnegut said. “When we came up the city was gone ... They burnt the whole damn town down.” Vonnegut and other American prisoners were put to work immediately after the bombing, excavating bodies from the rubble. He described the activity as a “terribly elaborate Easter-egg hunt”.

      The American POWs were evacuated on foot to the border of Saxony and Czechoslovakia after US General George S. Patton captured Leipzig. With the captives abandoned by their guards, Vonnegut reached a prisoner-of-war repatriation camp in Le Havre, France, before the end of May 1945, with the aid of the Soviets.

    • Oui, au nombre des motivations probables des puissances occidentales : impressionner l’alliée et futur ennemi occidental.

      Même calcul avant de carboniser le Japon : les dirigeants américains prétendaient vouloir hâter sa capitulation, alors que, au moment de lâcher leurs bombes atomiques, celle-ci était déjà inéluctable et proche. Il ne pouvait s’agir que d’autre chose...

      L’expérience et l’analyse de classe nous portent à croire que, outre la démonstration de puissance – en particulier en direction de l’Union soviétique –, il y avait aussi l’objectif de terroriser les populations pour éviter toute vague de révoltes.
      Souvenirs des lendemains de la Première guerre obligent...

      Pas de documents, mais je vais chercher.

    • Oui, Sétif est un bon exemple. Mais il en est bien d’autres qui prouvent que, en 1945, la crainte des crises, des convulsions, des affrontements sociaux et politiques qu’avait pu connaître l’Europe en 1917, 1918 ou 1919 n’était pas une vue de l’esprit.

      C’est vrai qu’en 1944 et 1945, les Alliés voulaient mettre fin à la guerre. Mais ils voulaient aussi maintenir la politique de domination militaire de l’impérialisme dans le monde. Et pour cela, il leur fallait démontrer, et le plus clairement possible, que l’impérialisme serait prêt à tout, y compris l’effroyable, et qu’il en avait les moyens.

      C’est à cela qu’il faut attribuer la précipitation des Alliés (des américains en particulier) à cramer Dresde et à utiliser la bombe atomique avant que le Japon exsangue ne se rende.

      Mais même cela – frapper de terreur tous les peuples qui auraient pu vouloir s’opposer aux grandes puissances – n’a pas empêché la révolte. Dès 1946, nombre de peuples coloniaux entrèrent en révolte contre les puissances colonisatrices et réclamèrent leur indépendance (Indonésie, etc.). Résultat : une vague de fond jusqu’à l’indépendance, en vingt ans, de la quasi-totalité des territoires coloniaux ou semi-coloniaux. Sans parler de la Chine, qui voit le PC chinois s’emparer du pouvoir en 1949.

      Et cette peur de la révolution n’est donc pas absente lors des grandes décisions prises à Yalta. D’autant qu’au même moment, 2 pays en Europe – l’Italie et la Grèce – connaissent une situation bien chaude susceptible de donner quelques sueurs froides aux dirigeants de l’impérialisme …

      Anecdote : Trotsky raconte comment, en 1939, Paris-Soir rapportait le curieux dialogue entre l’ambassadeur français en Allemagne et Hitler. A propos de la signature du pacte germanosoviétique, l’ambassadeur faisait remarquer : « Staline a joué un gigantesque doublejeu. En cas de guerre, le vainqueur réel sera Trotsky. Y avez-vous pensé ? ». « Je le sais », répondit le Führer. Par « Trotsky », aussi bien Hitler que le représentant de la France, désignaient la révolution prolétarienne. De là à dire qu’en 1943, 1944, 1945, ces mêmes considérations pouvaient encore agiter Staline, Churchill et Roosevelt n’est sans doute pas absurde.

      Du reste, en quoi a consisté Yalta si ce n’est de réaliser une Sainte-Alliance des gouvernements contre les peuples ? Et pas seulement contre ceux du Japon ou de l’Allemagne. Une Sainte-Alliance pour maintenir l’ordre dans tous les pays « libérés ». Quitte à faire des concessions à Staline s’ils avaient son engagement de les aider à rester maîtres de la situation en Europe de l’Ouest et dans le reste du monde… et à y pouvoir maintenir leur capacité à imposer à la population la continuation des sacrifices.

      À ce propos, l’attitude des PC européens (notamment du PCF) se précipitant à la rescousse de leur bourgeoisie respective pour reconstruire leurs États — empêchant toute grève en intimidant violemment la classe ouvrière — ne s’explique pas autrement…

    • Lu ce matin :

      Ébranlé après la déroute des premiers mois, le pouvoir de #Staline sortit finalement consolidé de la ­Deuxième Guerre mondiale. Aux côtés de Churchill et Roosevelt, les dirigeants de la Grande-Bretagne et des États-Unis, il participa au nouveau partage du monde et au contrôle des régions libérées et des pays vaincus, prêtant main-forte aux puissances impérialistes pour écraser toute tentative révolutionnaire qui aurait pu survenir au sortir de la guerre, à l’instar de ce qui s’était produit après 1918. Tout autant que les dirigeants impérialistes, Staline craignait une telle issue qui, en renouant avec les idées de la révolution d’Octobre, aurait été fatale à son pouvoir et à celui de la #bureaucratie.

      La victoire de #Stalingrad apporta à l’URSS un prestige dont, pour quelques années, les partis communistes staliniens profitèrent. Mais la classe ouvrière, en particulier dans les pays d’Europe de l’Est « libérés », ne tarda pas à s’apercevoir que les nouveaux gouvernements mis en place étaient, tout comme à l’Ouest, profondément antiouvriers.

      #impérialisme

      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/02/15/fevrier-1943-la-victoire-de-lurss-stalingrad_504971.html

  • #histoire #Auschwitz #déportation #extermination #génocide #Shoah #nazisme #antisémitisme #barbarie #crimedemasse > #antifascisme !

    🛑 Une plongée dans l’horreur et la barbarie : terrifiant...

    🛑 Un jour à Auschwitz...

    🛑 « L’arrivée à Auschwitz, en mai 1944, de dizaines de milliers de Juifs hongrois promis à l’extermination. Un récit implacable, qui confronte le témoignage d’une rescapée aux photos prises par un soldat SS. En mai 1944, le processus génocidaire nazi est à son apogée, avec la déportation et l’extermination à Auschwitz-Birkenau de quelque 424 000 Juifs hongrois. Un ensemble d’images témoigne de ce crime de masse : les clichés pris par Bernhard Walter, soldat SS chargé de photographier les déportés à leur arrivée dans le camp, que les nazis n’ont ensuite pas eu le temps de détruire (...) »

    >> Documentaire (89mn) disponible sur ARTE du 27/01/2023 au 26/04/2023 :

    ▶️ https://www.arte.tv/fr/videos/098533-000-A/un-jour-a-auschwitz

    https://api-cdn.arte.tv/img/v2/image/Navq5iri6hmmG8PcfaAqj6/1920x1080?type=TEXT&watermark=true

  • #nazisme #Berlin #barbarie #tyrannie #histoire #documentaire

    Berlin 1933 - Le journal dʼune capitale

    🛑 Excellent et terrifiant documentaire. Derrière les fioritures de la propagande hitlérienne omniprésente, la chape de plomb du cancer nazi envahie tout le tissu social... un éphéméride qui égrène une descente aux enfers...

    🛑 1933 : les ténèbres tombent sur l’Allemagne...

    🛑 « L’année 1933, celle de l’avènement du IIIe Reich, raconté à partir d’extraits d’écrits, des journaux intimes, lettres, discours ou articles de presse et accompagnés d’images d’archives du Berlin de l’époque. Les mots de diplomates, journalistes, intellectuels, syndicalistes, dignitaires nazis ou opposants politiques se mêlent à ceux de Berlinois ordinaires – sympathisants d’Hitler, apolitiques, juifs – pour nourrir cette chronique d’une funeste année de bascule... »

    >> Documentaire en 2 parties de 91 mn - Disponible jusqu’au 23/04/2023

    https://api-cdn.arte.tv/img/v2/image/bX7ruC44AWxJU3Za3Lkz7a/1920x1080

    ▶️ https://www.arte.tv/fr/videos/RC-023311/berlin-1933-le-journal-d-une-capitale