#nbic

  • Sur le biopouvoir Jean-Paul Baquiast et Miguel Benasayag
    http://1libertaire.free.fr/MBenasayag29.html

    Je vais d’abord répondre à la question de savoir comment analyser les biopouvoirs modernes et leurs macro-processus. Je m’appuie sur des études qui datent maintenant d’une cinquantaine d’années, celles de Simondon par exemple (http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilbert_Simondon). L’idée est que la #technique répond aux problèmes qu’elle pose par des solutions techniques. Ceci se fait de façon quasi automatique. Tu as dit très bien dans ton livre que les techniques se développent en buissonnant, comme le font les organismes vivants dans le cadre de l’évolution darwinienne, sans aucun souci de bien ou de mal. Il s’agit de stratégies sans stratèges, selon l’expression. Certes, il n’est pas exclu que dans certains cas, des « décideurs » ou « responsables » puissent intervenir pour optimiser tel aspect particulier de la stratégie. Mais dans l’ensemble les individus qui sont pris dans ces stratégies doivent se persuader qu’il n’y a pas un Big Brother qui décide de tout. Le #biopouvoir fonctionne en système autonome.

    Une entreprise industrielles et commerciale

    Mais il faut aller plus loin. Ce que je dis du biopouvoir est qu’il ne résulte pas seulement du développement darwinien de nouvelles technologies de #santé. Il est aussi organisé en entreprise globale de type industriel et commercial. Il reprend ce faisant un modèle économique dont on nous dit qu’il est devenu incontournable, dans le monde entier. Plus précisément, le biopouvoir se comporte en entreprise pour qui les questions de santé et la vie des citoyens doivent être traitées comme des éléments significatifs de gains ou de pertes. Les patients, comme d’ailleurs les professionnels de santé eux-mêmes, sont devenus des facteurs de production et de #profit. On leur impose des ratios, des calculs de probabilité, des objectifs de résultats généralement spéculatifs.

    Je ne critique pas cette démarche en elle-même. On ne peut pas demander à une société d’investir à perte. Elle cesserait vite de pouvoir le faire. Mais encore faudrait-il le faire intelligemment. Malheureusement pour le biopouvoir, les individus qui sont pris dans ces spéculations obéissent à de nombreux autres critères déterminatifs que ceux envisagés par les experts du biopouvoir. Prenons l’exemple de la sexualité. Le biopouvoir considère celle-ci sous l’angle utilitariste immédiat des assistances à la maternité ou éventuellement des aides à la contraception et à l’avortement. Mais l’essentiel des activités sexuelles des individus se déroule dans d’autres champs et pose d’autres problèmes…L’un de ces problèmes est le développement des maladies sexuellement transmissibles lors de rencontres sexuelles que le biopouvoir voudrait bien empêcher mais sur lesquelles il n’a pas prise. Il en existe bien d’autres.

    #NBIC

  • Gunther Anders, Marc Terrades | Fiche de synthèse
    http://1libertaire.free.fr/GAnders22.html

    Anders entend par « deuxième révolution industrielle » l’avènement d’une époque marquée par la toute-puissance de la #technique, c’est-à-dire par le fait majeur que nous ne vivons plus seulement désormais dans un monde où il y a de plus en plus de machines (ce qui s’était amorcé lors de la première révolution industrielle) mais dans un monde où ces machines, ayant en quelque sorte pris le pouvoir, entraînent une « dévastation » de l’#humanité même de l’homme, son « #obsolescence ». Dans un tel univers, l’essentielle humanité de l’homme devient « obsolète », périmée, dépassée. Elle est vouée au rebut comme devenue incompatible avec les exigences du système technique.

    Notons que Anders ne croît pas le processus achevé puisqu’il annonce l’avènement d’une troisième révolution industrielle qui sera marquée, cette fois-ci, par la « cannibalisation » pure et simple de l’humanité de l’homme par la technique, c’est-à-dire non plus seulement sa mise au rebut mais sa transformation radicale selon les normes de la technique : l’avènement de l’homme technicisé. A ce moment-là seulement sera surmontée la « honte prométhéenne », concept central du premier essai dont se compose le livre, qui caractérise le stade actuel de simple obsolescence.

    Cette évolution introduit-elle une différence de nature ou seulement de degré ? Dans la mesure où la troisième révolution apparaît comme une conséquence logique de la seconde qui, en quelque sorte, ne peut qu’en être grosse, il s’agit d’une simple différence de degré mais par ses conséquences sur l’humanité même de l’homme, il s’agirait d’une rupture absolument inouïe. La question que pose Anders est de savoir s’il est encore possible de s’opposer à ce processus.

    #NBIC

    • En 1978, dans un article qui va paraître dans le second tome de l’œuvre d’Anders qu’on a déjà citée, l’Auteur se livre a une analyse philosophique du cours de l’histoire : le titre de son écrit est L’histoire. La technique comme sujet de l’histoire. Si Heidegger prophétisait un changement, Anders déclare la fin de l’histoire. On connaît son bref entretien intitulé Si je suis désespéré, qu’est-ce que ça peut bien faire ?, dans lequel il ne fait pas mystère de sa profession de foi : le désespoir. La conscience des années 20 et 30, sa rage contre le nazisme est devenue un souvenir lointain, trop lointain pour interagir avec sa nouvelle posture philosophique. Mais voila : ce n’est pas le nazisme qui semblerait lui avoir volé la conscience de l’action, la nécessité d’être toujours responsable par rapport au monde. Ce n’est pas ça : comme il va le déclarer, c’est plutôt cette troisième révolution industrielle qui monte qui représente la cause de son état d’âme. Et cette révolution n’est pas la montée du secteur industriel ou bien la diffusion et l’emploi d’une nouvelle invention techno-scientifique extraordinaire : rien de cela ne correspond à l’esprit qui domine l’époque contemporaine. C’est plutôt l’ère dans la quelle les machines produisent seulement des machines contre l’homme, en lui volant la liberté, l’égalité, la fraternité. Ou bien en lui donnant une liberté, une égalité et une fraternité qui ne sont pas le fruit d’une bataille, d’une victoire : ce sont plutôt la condamnation de l’indistinction, de l’élision de la présence et de la morale : les moyens – voilà ce que c’est la technique pour Anders – ont remplacé les buts. La catastrophe kantienne n’a rien à voir avec ce que soutenait Philonenko : c’est la fin de l’homme, la fin de la dernière question que Kant se posait et donc c’est la destruction de toutes pensées pour l’homme, pour citer Dufrenne, parce que ce sont donc les funérailles de l’homme. Si est vrai ce que Marc Bloch affirmait dans son Apologie pour l’histoire, et donc que l’histoire est l’affaire des hommes, la fin de l’homme est donc pour Anders la fin de l’histoire : nous nous trouvons, avec Anders, dans un scénario semblable à celui tracé par Fukuyama, selon lequel l’histoire est terminée, mais ce n’est pas, naturellement, à cause de la chute du communisme, comme dans le cas de Fukuyama, qui la condamne ; selon Anders, c’est plutôt la pression d’un bouton qui a levé le rideau sur la scène des ruines : selon Anders, ce bouton est celui qui a condamné à la disparition Hiroshima et Nagasaki, dernier épisode de la puissance technique.

      http://revues.mshparisnord.org/appareil/index.php?id=577

  • La programmation du monde : où nous mène la convergence technologique ? « InternetActu.net
    http://www.internetactu.net/2011/07/19/la-programmation-du-monde-ou-nous-mene-la-convergence-technologique

    Reste à savoir jusqu’où cela va aller ? Va-t-on créer une intelligence artificielle qui va nous dépasser ? Une “Singularité” pour reprendre le concept lancé par l’auteur de science-fiction Vernor Vinge dans les années 90 et repris notamment par Ray Kurzweil, qui prévoyait qu’une intelligence artificielle dépasserait l’intelligence humaine d’ici 30 ans. “On est presque au terme de la prédiction, et la Singularité n’a pas eu lieu. A moins qu’on ne l’ait pas vu. On a peut-être déjà donné naissance à l’intelligence artificielle (#IA) sans s’en rendre compte. Kevin Kelly pense que le web a déjà donné naissance à une IA. On pourrait faire un programme de recherche type Seti pour observer l’IA qui émergera naturellement du web plutôt que de scruter les étoiles… D’autres pensent que l’IA c’est simplement la quantité d’#information dont nous disposons : c’est la culture humaine elle-même qui est délocalisée dans l’ensemble des machines.”

    #NBIC

  • #NBIC, Les nouvelles frontières de la pensée - Les influences : des idées et des hommes
    http://www.lesinfluences.fr/NBIC-Les-nouvelles-frontieres-de.html

    Les adeptes de la convergence NBIC ont de grands ambitions, c’est le moins qu’on puisse dire. L’expression trouve son origine dans un rapport américain de la NSF (National Science Foundation, un peu le CNRS d’outre-Atlantique) qui parlait de « convergence des technologies pour l’amélioration humaine. » (www.wtec.org/ConvergingTechnologies/).

    Pour certains enthousiastes comme Ray Kurzweil, nous sommes au bord d’une révolution à côté de laquelle l’apparition de la civilisation à Sumer fait figure de fait-divers. Tout ce que nous appelons « l’humanité » pourrait bientôt devenir obsolète. Les plus enthousiastes imaginent une « Singularité », une espèce d’apocalypse scientifique où la multiplicité des découvertes et progrès nous transporterait dans un futur incompréhensible à nos yeux actuels, dominé par des intelligences surhumaines qui pourront être soit des humains radicalement transformés, soit des machines intelligentes qui reprendraient alors le flambeau de l’évolution.

    Pour certains, ce genre de concepts s’avèrent tout à fait séduisants, à l’instar du mouvement « transhumaniste » qui cherche à dépasser la condition humaine pour le plus grand bonheur de tous (du moins on l’espère) en abolissant, mort, maladie et pauvreté. D’autres, comme Francis Fukuyama, considèrent le #transhumanisme comme « l’idée la plus dangereuse du monde ». En effet, raisonne-t-il si on commence à altérer la nature humaine, il n’existe plus de projet universel, donc plus de fin de l’histoire à atteindre, et surtout plus d’éthique universelle.

  • L’Homme réparé est en marche | Espace des sciences
    http://www.espace-sciences.org/sciences-ouest/296/dossier/l-homme-repare-est-en-marche

    Mais peut-on toucher à tout et jusqu’où ? Pour être conforme à certains critères, aller contre la perte de performances, repousser les effets du temps ? « L’émerveillement ne doit pas transformer le médecin en préparateur sportif de haut niveau, reprend Hervé Chneiweiss. Pourquoi vouloir augmenter le nombre d’heures où l’on reste éveillé ? Rendre la mémoire à un patient atteint de la maladie d’Alzheimer, c’est très bien, mais après ? Je m’interroge sur l’amélioration à tout prix de performances a priori normales. Je fais une distinction importante entre le domaine médical qui consiste à rendre aux personnes l’autonomie perdue, et l’exigence sociale : plus jeune, plus beau, plus performant. »

    #NBIC