• L’Europe exporte des milliers de tonnes de pesticides « tueurs d’abeilles » pourtant interdits sur son sol
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/18/l-europe-exporte-des-milliers-de-tonnes-de-pesticides-tueurs-d-abeilles-pour

    L’UE a donné son feu vert aux demandes d’#exportation d’au moins 4 000 tonnes de #néonicotinoïdes #interdits, notamment au Brésil. La France est le deuxième pays exportateur.

    Exportations de pesticides interdits : un business florissant, particulièrement pour Syngenta
    https://www.lenouvelliste.ch/articles/monde/exportations-de-pesticides-interdits-un-business-florissant-interdire-

    Les firmes agrochimiques de l’Union européenne (UE) exportent loin à la ronde des #pesticides dont l’#UE a pourtant voté l’interdiction d’utilisation dans ses cultures en avril 2018. Le suisse Syngenta, mais aussi les allemands #Bayer ou #BASF, sont concernés. Il y a aussi l’australien NuFarm et l’indien UPL. C’est ce que mettent en lumière pour la première fois les ONG Public Eye et Unearthed dans une enquête dont notre journal a la primeur en...

    • Environ 300 « notifications d’exportations » ont été approuvées entre le 1er septembre et le 31 décembre 2020 à destination de 65 pays différents, dont une très large majorité à faible ou moyen revenus comme le Brésil, l’Indonésie ou l’Ukraine. Neuf pays européens sont concernés par ce « commerce toxique », comme le désignent les ONG. Avec 310 tonnes de substances actives, la Belgique est de loin le plus gros exportateur, devant la France (157 tonnes), l’Allemagne (97 tonnes) et l’Espagne (78 tonnes).

  • #ue #union_européenne : Des paysans bios à poil à cause de la nouvelle PAC ? « À peu près 80% des aides attribuées au bio vont disparaître »
    https://www.rtbf.be/info/monde/europe/detail_des-paysans-bios-a-poil-a-cause-de-la-nouvelle-pac-a-peu-pres-80-des-aid

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    Petit rappel : la PAC, c’est la Politique agricole commune. Le Parlement européen, le pouvoir législatif de l’Union (celui qui vote les règles), s’apprête à voter sa nouvelle mouture mardi prochain. Il va donc tracer les grandes lignes du modèle agricole européen pour les prochaines années, de 2023 à 2027. La PAC, c’est un budget de 387 milliards d’euros, avec des aides pour les agriculteurs cette fois, qui décident de verdir leurs exploitations. On pourrait croire que c’est une bonne nouvelle pour un paysan bio député vert. Mais en fait non.

    « C’est absolument l’inverse, répond Benoît Biteau. Elle est même pire que celle de la génération d’avant qui était déjà défaillante sur l’atténuation du changement climatique, sur la préservation de la biodiversité mais aussi sur le revenu même des paysans et sur la possibilité de renouveler les générations d’agriculteurs qui sont en train de vieillir et pour lesquelles on a besoin d’installer des nouveaux. »

    En contradiction avec le Green deal européen
    La Commission européenne, qui est le pouvoir exécutif de l’Europe (celui qui applique les règles), a pourtant un agenda vert assez ambitieux, assez précis : c’est le fameux Green deal, le Pacte vert, qui engage des milliards et des milliards d’euros afin d’atteindre des objectifs précis. La PAC irait donc à l’encontre de ce pacte vert de la Commission européenne ?

    C’est exactement ce que pense le député Vert. « On est dans une forme de schizophrénie où il y a des belles ambitions autour du pacte vert, et notamment autour des déclinaisons comme la stratégie de la ferme à la fourchette, la stratégie pour la biodiversité qui prône la réduction de 50% de l’usage des pesticides, qui prônent la réduction de 20% de l’usage des engrais de synthèse, qui prônent la certification en agriculture biologique sur 25% des surfaces agricoles. »

    La PAC, au contraire, soutient une agriculture « qui utilise massivement des pesticides, des engrais de synthèse ou de la mécanisation » et qui « n’est pas forcément celle qui nous conduit vers la souveraineté alimentaire », selon le député européen. « Quand on simule les effets de cette nouvelle PAC, on se rend compte qu’à peu près 80% des volumes d’aides qui sont aujourd’hui attribués à l’agriculture biologique vont disparaître pour cette agriculture-là », celle qui utilise des pesticides.
    . . . . . . . .

     #agriculture #bio #alimentation #écologie #agriculture_biologique #santé #pesticides #environnement #quelle_agriculture_pour_demain_ #élevage #ogm #permaculture #politique #économie #PAC #néolibéralisme

  • Connaissez vous tous les acteurs d’un projet d’extension personnalisée sur Internet ? Aujourd’hui sur notre blog, Emilie TURBAT décrypte le métier de registre https://www.afnic.fr/observatoire-ressources/papier-expert/decryptage-metier-les-acteurs-dun-projet-dextension-personnalisee-le-registre

    Do you know all the actors involved in the setting up of a custom TLD ? Today on our blog Emilie Turbat explains the role of the Registry https://www.afnic.fr/en/observatory-and-resources/expert-papers/tricks-of-the-trade-the-actors-involved-in-setting-up-a-custom-tld-the-registr

    #NewgTLDs #TLDs #ICANN #Internet #Web #Marketing #Branding #Afnic

  • Bruno Amable : comment le #néolibéralisme a fait exploser la #gauche | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/bruno-amable-neoliberalisme-a-exploser-gauche/00101018

    […] la domination de l’#idéologie néolibérale est tellement forte que finalement il y a une résignation, qui se manifeste aussi par l’abstention.

    Sur ce point, les partis de gauche, en particulier le PS, sont en cause. Les socialistes sont arrivés au pouvoir en 1981 en disant « on va tout changer », pour faire une démonstration brillante que « finalement ce n’est pas possible »... C’était aussi ma motivation pour écrire ce livre, lutter contre le récit dominant des événements de 1983 – le tournant de la rigueur –, qui consiste à dire : « ils ont essayé mais ils ont vu que ce n’était pas possible ». Or, j’ai voulu démontrer tout d’abord qu’ils n’ont pas vraiment essayé, et ensuite que de toute façon il était clair, du moins pour la partie dominante d’entre eux, qu’il n’avait pas l’intention de « tout changer ».

    A chaque fois que le PS est arrivé au pouvoir, il a trahi, parfois beaucoup, à l’image de François Hollande, parfois un peu, à l’instar de Lionel Jospin. C’est un peu comme si on montrait en pratique que les attentes de gauche ne sont pas réalisables. Donc, à force, tout le monde intègre l’idée que « l’#alternative n’est pas possible, donc ça ne sert à rien d’essayer ».

    C’est décourageant : à quoi ça sert de voter, de soutenir la gauche, si de toute façon « ce n’est pas possible » ?

    #abstentionnisme

  • Immobilier : une nouvelle carotte fiscale pour inciter les propriétaires à louer moins cher
    https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/logement-une-nouvelle-carotte-fiscale-pour-inciter-les-proprietaires-a-loue

    L’exécutif avait annoncé il y a quelques semaines vouloir rendre plus incitatif le dispositif « Louer abordable » . Un amendement gouvernemental au projet de loi de finances pour 2022 a été adopté en ce sens en fin de semaine dernière.

    Il s’agit de « donner un coup de boost » à ce mécanisme, a expliqué ce lundi la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon. Il vise à encourager des propriétaires de logements à louer leur bien avec une décote par rapport aux loyers du parc privé afin de bénéficier d’un avantage fiscal.

    Le gouvernement a fourni quelques exemples concrets. Prenons le cas d’un propriétaire - avec un taux marginal d’imposition de 30 % - qui louerait son appartement de 40 m2 à Issy-les-Moulineaux à 517 euros au lieu de 940 euros (soit une décote de 45 % par rapport au prix du marché). Il bénéficiera de 7.300 euros de revenus locatifs annuels après impôt au lieu de 6.000 euros s’il l’avait loué au prix du marché.

    Un propriétaire avec un taux marginal d’imposition de 11 % louant son 100 m2 à Toulon 706 euros par mois au lieu de 1.009 euros (-30 %), engrangera 9.100 euros de revenus locatifs après impôts au lieu de 8.700 euros.

    Au global, « il sera plus rentable pour le propriétaire de louer en dessous du prix du marché », a insisté la ministre, avec un gain estimé à « au moins 0,5 et jusqu’à 2 ou 2,5 mois de loyers », a-t-elle estimé.

    Louer abordable « a vocation à devenir l’un des outils de bases sur le marché de l’immobilier », a ajouté Emmanuelle Wargon. « Nous devrions pouvoir doubler, voire tripler, ce que nous faisons actuellement en la matière », a-t-elle poursuivi. Le coût de cette montée en puissance n’a pas encore été chiffré.

    Le #néolibéralisme permet de transférer massivement de l’argent public vers la sphère privée, pour le profit des plus riches au détriment des plus pauvres et des services publics !

  • Cop26 : les éboueurs font tache d’huile à Glasgow Thomas Lemahieu
    https://www.solidaire.org/articles/cop26-les-eboueurs-font-tache-d-huile-glasgow

    En grève pour leur salaire, ces « travailleurs essentiels » à l’environnement profitent du sommet sur le climat pour se faire entendre. Avec gouaille et détermination.

    Le dispositif est éprouvé. Toujours le même. Au poil. Léger. Un téléphone en mode vidéo activé, un piquet de grève à l’arrière-plan et, sur le devant de la scène, un homme, index pointé, coups de menton, bras en l’air. Et une gouaille qui perce les tympans et crève les cœurs. En une dizaine de jours, grâce à ses petites séquences de quelques dizaines de secondes, tournées en plan américain avec un léger effet de plongée, Chris Mitchell, leur porte-voix – et quelle voix, avec cet accent écossais à couper au couteau –, a réussi à mettre les éboueurs en lutte au cœur des mobilisations organisées durant la COP26 de Glasgow (Royaume-Uni). La jeune activiste écologiste suédoise Greta Thunberg, l’autre « rock star » du contre-sommet, a d’ailleurs fini par relayer elle-même le conflit sur les réseaux sociaux. « Tenez-vous avec nous, pas contre nous ! » réclame l’animateur du syndicat GMB dans chacun des messages et, de plus en plus, des citoyens dans la ville écossaise mais aussi dans le monde entier se lèvent avec eux pour relayer leurs demandes : pas de justice, ni sociale, ni climatique, pas de paix !

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=cHy6r6xYhzk

    En butte depuis des années à une stagnation salariale totale, les éboueurs de Glasgow avaient prévenu, dès la mi-octobre, les autorités locales qui, à travers l’agence publique employant les fonctionnaires territoriaux (Cosla), gèrent notamment la récolte et le traitement des déchets : sans avancée sur leur revendication d’une augmentation conséquente – bon nombre ont des fiches de paie autour de 17 000 livres sterling (20 000 euros) par an, un salaire très bas en Écosse –, ils relanceraient une grève au démarrage de la COP26. « Nous avons un message très clair pour le gouvernement écossais ! s’époumonait Chris Mitchell, le 20 octobre dernier. Payez à ces héros un salaire décent ! Parce qu’ils le méritent ! La camaraderie (en français dans le texte – NDLR) et la solidarité ne font que croître. Elle est toujours plus grande, plus grande et plus grande, et nous n’allons pas reculer. » Et ils ont tenu parole. Depuis dix jours, les ordures ne sont pas collectées à Glasgow et, malgré cela, la grève atteint des sommets de popularité.

    Sur l’air de l’hymne électro Freed from Desire
    Toute la semaine, sur les sept ou huit piquets de grève devant les différents centres de traitement des déchets, les éboueurs ont reçu la visite des participants au contre-sommet : des environnementalistes indiens, des défenseurs du nucléaire canadiens, des syndicalistes européens… Ensemble, ils ont repris à tue-tête le refrain de la grève, sur l’air détourné de l’hymne électro Freed from Desire : « Les travailleurs sont en feu, Cosla devrait être pétrifié ! » Le week-end dernier, des représentants du syndicat de locataires de Govanhill, un quartier au sud de Glasgow, sont venus témoigner également de leur solidarité. « Au-delà de la rémunération des travailleurs, en tant que résidents, nous devons voir des investissements massifs dans notre service de nettoyage, qui, pendant des années, a été en sous-effectif et sous-financé », rappelle l’une des animatrices de l’association.

    Pour l’exécutif écossais et le conseil municipal de Glasgow, contrôlés par les indépendantistes de gauche du Parti national écossais (SNP), la grève des éboueurs tombe au plus mal : elle écorne la carte postale de la COP26 – au lustre déjà bien étiolé –, mais aussi l’image d’un gouvernement occupé à lutter contre l’austérité imposée par les conservateurs de Boris Johnson. Pire : les élus SNP ont envisagé, ces derniers jours, de mettre en branle une stratégie à la Thatcher pour casser le mouvement : après avoir encouragé – sans succès – les personnels des parcs et jardins à « franchir le piquet de grève » pour ramasser les poubelles, ils ont cherché à recruter des personnels privés dans le même but. Dans un communiqué, vendredi dernier, le syndicat GMB a réclamé la démission immédiate de Susan Aitken, la maire SNP de Glasgow, au nom de « son abdication totale face à ses responsabilités ». Ajoutant : « Ils nous ont menacés par trois fois avec des lois antisyndicales et maintenant ils veulent utiliser des intérimaires pour briser le mouvement. Les tactiques des tories ne marcheront pas. »

    Jeremy Corbyn est venu soutenir les grévistes
    Les travaillistes écossais se sont, eux, rangés derrière les éboueurs en grève, appuyant leur revendication d’une hausse annuelle de 2 000 livres sterling (2 350 euros). Ce lundi, c’est Jeremy Corbyn, l’ancien dirigeant du Labour et figure de la gauche britannique, qui est venu les soutenir. Secrétaire générale des TUC, la confédération unique au Royaume-Uni, Frances O’Grady salue également le mouvement : « La justice climatique et la justice sociale vont de pair, mais, alors que Glasgow accueille ce sommet sur le climat, les travailleurs essentiels qui la nettoient ne reçoivent pas le traitement juste et la considération au travail qu’ils devraient recevoir. »

    Pour Chris Mitchell, la figure des éboueurs en lutte, dont certains camarades envisagent, mi-blagueurs, mi-sérieux, de transformer les harangues en sonnerie de réveil ou de téléphone, le pli est pris. « C’est une question d’environnement, notre métier, nous avons affaire à du recyclage et du gâchis alimentaire, insiste-t-il. Il est malheureux et même lamentable de devoir endurer des coupes budgétaires depuis ces dix dernières années, et ces quatre dernières années ont été proprement horribles. Si vous vous souciez de l’environnement, vous devez investir dans les services publics, mais, malheureusement, Glasgow n’a fait que des économies d’échelle permanentes, au détriment du bien commun et des travailleurs. » 

    #cop26 #ordures #déchets #Ecosse #Glasgow #grève #recyclage #services_publics #nettoyage #greta_thunberg #écologie

  • 07 - Genre et préhistoire - Mnémosyne - Association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre
    https://www.mnemosyne.asso.fr/mnemosyne/podcast/07-genre-et-prehistoire

    Pas encore écouté

    Dans cet épisode, nous ferons connaissance avec Anne Augereau, archéologue à l’Inrap, spécialiste du néolithique, qui vient de faire paraître un ouvrage nommé Femmes néolithique, le genre dans les premières sociétés agricoles, aux éditions du Cnrs. Cet entretien sera pour nous l’occasion de vous faire connaître une discipline, l’archéologie du genre, et nous espérons, à travers la présentation de ses recherches, vous faire partager notre passion pour les analyses de genre appliquées à la préhistoire. Nous pourrons ensuite aborder la question de l’enseignement de la préhistoire dans le secondaire et sur la place qu’y occupent les femmes.

    je découvre le site
    https://www.mnemosyne.asso.fr/mnemosyne

  • #New_Delhi noyée sous un épais brouillard #toxique après la #fête de #Diwali
    https://information.tv5monde.com/info/new-delhi-noyee-sous-un-epais-brouillard-toxique-apres-la-fete

    New Delhi était vendredi enveloppée d’un épais brouillard toxique au lendemain de Diwali, fête hindoue des lumières, célébrée avec des multitudes de lampes à huile et de bougies qui ont brûlé toute la nuit à grand renfort de tirs de pétards, pourtant interdits à la vente.

    Dans les zones les plus polluées, le niveau moyen de particules nocives #PM_2,5 a dépassé 400, selon l’indice de qualité de l’air, soit plus de 15 fois supérieur à la limite quotidienne de sécurité fixée par l’Organisation mondiale de la santé.

  • Arrestation de Jawid, réfugié afghan, par les autorités vaudoises (#Suisse)

    Le canton de #Vaud continue de renvoyer des réfugié·es afghan·es !
    Jeudi matin 4 novembre, notre ami Jawid a été arrêté par la police vaudoise. Originaire d’Afghanistan, il a fui son pays de naissance en quête de protection en Europe. Il a d’abord atterri en #Suède, avant d’atteindre il y a une année la Suisse, pour y rejoindre sa sœur qui y vit. Mais voilà, qui dit Suède dit accords #Dublin, et les autorités ont décidé que c’est dans ce pays qu’il doit rester, alors même que la Suède n’accorde que très difficilement l’asile aux personnes afghanes.

    Nous ne savons à l’heure actuelle pas où est Jawid, s’il est déjà dans un avion pour la Suède ou encore emprisonné en Suisse.

    Ce que nous savons en revanche, c’est que les autorités vaudoises, en particulier Philippe Leuba, en charge de l’asile, ne reculent devant aucune hypocrisie dans la question des refugié·es afghan·es. Le 20 octobre 2021, Philippe Leuba se gargarisait dans la presse de son geste humanitaire en faveur de vingt cyclistes afghanes, exfiltrées et arrivées en Suisse pour obtenir l’asile. La préparation de l’arrestation de Jawid se faisait en parallèle.

    Comble de l’ironie, les député·es du Grand Conseil ont voté le 12 octobre 2021 une résolution (21_RES_14) demandant au Conseil d’Etat de soutenir les personnes réfugiées afghanes. Pour notre part, mardi 2 novembre, nous avons déposé une pétition munie de 823 signatures demandant aux autorités vaudoises de tout faire pour faciliter l’accueil des réfugié·es afghan·es, y compris de suspendre tous les renvois prévus. Mais apparemment le Conseil d’Etat et l’administration vaudoise restent de marbre.

    Nous sommes inquiètes pour Jawid, fragilisé par des années de procédures et de pression (comme il l’explique dans son témoignage en pièce jointe) et demandons la suspension immédiate de son renvoi, ou son retour en Suisse. Les autorités helvétiques doivent lui accorder la protection à laquelle il a droit et arrêter de persécuter les réfugié·es afghan·es dont le sort émeut tout le monde sans pour autant donner lieu à un accueil digne de ce nom.

    Collectif Droit de rester, Lausanne, 4 novembre 2021

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    Témoignage de Jawid Y. : débouté, #Non-entrée_en_matière Dublin, à l’#aide_d’urgence depuis le 10 juin 2021. En Suisse depuis le 1er octobre 2020, il est menacé de renvoi Dublin en Suède, d’où il est menacé de renvoi en Afghanistan car il a été débouté en Suède où il avait demandé l’asile à son arrive en Europe. Quand il a quitté l’Afghanistan mi-2015, il avait 21 ans. Aujourd’hui il a 27 ans.

    « I want to be free ! »

    I want to live like a normal person, I want to have the same rights, I want to study, I want to work.

    I want to speak to my family (in Tadjikistan now) and not lie to them.

    Since 6 years I’m lying to them because I don’t want to tell them what I’m going through.

    It would destroy them. My mom would be destroyed if she knew what I’m going through.

    I say that I’m fine, that I’m waiting for my asylum answer, that I’m ok, that I have French courses…

    My dream is to have a normal life. I don’t demand anything else, just to have a normal life. I don’t want to live in a refugee camp anymore.

    I just want to do things that I want.

    I don’t want every night security guards knock on my door and check if I’m here.

    I don’t want to be forced to go to SPOP and EVAM offices every day, or every two days…and to wait there for the white paper and to get 9.- CHF per day to survive here.

    My dream in Afghanistan was to get a diploma in IT ingeniring. I was studying IT in Kaboul Technic University and I liked it. I studied 2 and ½ years at this University.

    But I was forced to live my country very quickly.

    I even could not say good-bye to my family before leaving Kaboul because they live in the countryside.

    During all this years in Sweden, I was studying.

    I studied hard Swedish language. I passed the Swedish test in 1 and 1/2 year. Usually people need 4 to 5 years to succeed with this Swedish test.
    I went to school in Sweden.

    I was just ready to start University there.

    I had every possibility to enter to University…expect the permit.

    Now I don’t have the energy anymore to study.

    I want to stop.

    I question myself. Is this life really fair to stress myself…and to try to survive here…

    I don’t have hope anymore.

    I even committed suicide while in Bex.

    I see the doctor once a week and I see the psychologist from the hospital every day in Bex. It’s boring to see them, to talk to them, knowing that nothing will change.

    And the doctor, what they can do? When they ask me how I am feeling, I answer: « Well, I’m pissed of like all the other days ».

    I asked them not to come on Friday. But they say “No”, because their boss took the decision that the doctor have to see me every day.

    I don’t see any light. For me, my life is like walking in a dark room and I don’t know when I’ll crash the wall.

    (AF, récit récolté le 4.10.21, Lausanne, pour DDR)

    Message reçu via la mailing-list du collectif Droit de rester pour tou.te.s Lausanne, 04.11.2021

    #renvois #expulsions #réfugiés_afghans #asile #migrations #réfugiés #renvois_Dublin #NEM

  • Une plateforme semi-submersible pour l’élevage des moules - Loïc Fabrègues
    https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/nautisme/41352-une-plateforme-semi-submersible-pour-lelevage-des-moules

    Le néerlandais Oos international, spécialisé dans les services maritimes, a présenté le 26 octobre le design d’une plateforme semi-submersible pour cultiver des moules en haute mer.
    https://www.youtube.com/watch?t=66&v=cZD6AQzSHrM

    Le groupe entend répondre à la baisse de la production du bivalve aux Pays-Bas, cantonnée aux zones abritées. Le premier exemplaire, baptisé Oos Cees Leenaars, mesurera 72 mètres de long par 36 de large. Il pourra accueillir, de chaque côté, 72 cordes sur lesquelles seront suspendus les supports garnis de moules. La capacité de la plateforme de s’enfoncer sous l’eau, une technologie éprouvée chez Oos international avec ses semi-submersibles de levage lourd pour pétrole & gas, doit protéger les filières des vagues et des tempêtes.

    Afin de rendre l’activité neutre en carbone, la structure sera équipée de panneaux solaires, de deux éoliennes et de deux hydroliennes. Un pilote du projet doit être mis en test en 2022.

    « Selon les résultats, nous lancerons la construction », indique l’entreprise. L’idée serait d’installer une première plateforme dans le parc éolien en mer Borssele 3, complètement opérationnel depuis janvier, au large des Pays-Bas.

    Plus d’informations : https://www.oosinternational.com/ssmf-oos-cees-leenaars

    #nécrotechnologies #technologisme #pêche #moules #mer #alimentation #agriculture #travail #technologie #critique_techno #sciences #actualités_scientifiques

  • Selon une étude, les laits infantiles ne seraient pas bien testés
    https://www.letemps.ch/sciences/selon-une-etude-laits-infantiles-ne-seraient-bien-testes

    . . . . .
    Les laits infantiles, vendus aux jeunes parents pour remplacer l’allaitement maternel, sont dans l’ensemble mal testés et risquent donc d’être accompagnés d’affirmations trompeuses en matière de nutrition, prévient jeudi une étude publiée dans le British Medical Journal.


    Le rayon des laits infantiles dans un supermarché d’Orléans, en France, le 11 janvier 2018. — © AFP / Guillaume SOUVANT

    Ces substituts, par exemple fabriqués à partir de protéines de lait de vache, représentent un marché de plus en plus porteur dans le monde. Ils promettent d’offrir au nourrisson un aliment équivalent au lait de sa mère.

    Les producteurs de lait infantile doivent donc systématiquement mener des essais cliniques qui visent à prouver que leur produit nourrit suffisamment bien le bébé. Mais « (ces) essais ne sont pas fiables », concluent les auteurs d’une étude publiée dans le BMJ. Celle-ci a examiné le déroulement de 125 essais menés depuis 2015.

    Les producteurs impliqués de trop près dans les études
    Pour quatre cinquièmes d’entre eux, il y a assez de lacunes pour douter de leurs conclusions. Par exemple, de multiples essais ne précisent pas avant leur déroulement ce qui doit être évalué. Pour être crédible, un bon essai clinique doit, au contraire, être clair dès le départ quant à son objectif, sans quoi le chercheur peut être tenté de ne retenir que ce qui l’arrange.

    Autre problème, certains essais excluent arbitrairement des nourrissons du groupe testé. Cela laisse craindre une comparaison faussée.

    En fin de compte, « les conclusions sont presque toujours favorables », soulignent les auteurs, qui jugent que les producteurs sont impliqués de trop près dans les études, au risque d’un manque d’indépendance.

    Ils estiment aussi que les essais manquent de gardes-fous pour s’assurer que les nourrissons testés ne courent pas de risque, notamment de dénutrition. Il faut « changer de manière conséquente la façon dont les essais (...) sont menés et font ensuite l’objet de publications, afin (...) que les consommateurs ne subissent pas d’informations trompeuses », conclut l’étude.

    #allaitement #bébés #nourrissons #multinationales #Lait #essais_cliniques #tests #essais

    • Du rififi dans les biberons Le BabyNes de nestlé
      https://www.letemps.ch/lifestyle/rififi-biberons

      BabyNes, la machine à faire des biberons de Nestlé, fait polémique sur le Web. Pas écolo, inutile, trop chère, mais surtout indigne d’une bonne mère, disent les uns. Merci, répondent les autres

      Dans la publicité, l’appartement est vide et lumineux, la mère et l’enfant sereins, la machine à biberons disposée sur une table vierge. Dans la vraie vie, il peut faire nuit, la mère trébuche sur un jouet et son bébé hurle de faim. La machine à biberons est installée entre celle à café, le Babycook pour faire les pots, le stérilisateur et une corbeille pleine de hochets à faire patienter les jeunes voraces. Evidemment, la publicité n’est pas la vie mais celle-ci vend l’idée qu’elle vous la facilitera. Depuis une dizaine de jours, Nestlé propose son lait infantile en capsules sur le marché français, après seize mois de phase pilote en Suisse (LT du 12.09.2012). BabyNes, la bien nommée, est donc une machine à emplir les biberons à partir de dosettes de lait adaptées aux différents âges des bambins. Une simplification de la tâche que l’on pardonne davantage aux buveurs de café qu’aux parents – qu’aux mères en réalité, à lire les commentaires qui inondent la toile.

      Le lancement de BabyNes en Suisse avait déjà provoqué des réactions passionnées sur Internet en 2011. Elles redoublent depuis une semaine. Certains fustigent le prix de l’ustensile, d’autres son coût pour l’environnement. Beaucoup questionnent l’utilité de la chose, puisqu’il ne leur semble pas sorcier de faire un biberon. A fortiori lorsque l’on possède des seins, rajoutent quelques-uns. Et c’est là que le débat s’enflamme, parce que l’on touche à l’identité de la mère. Et surtout à son « mérite ».

      « L’arrivée d’un enfant, attendu ou pas, doit pousser les parents à faire passer son bien-être avant tout. On ne naît pas parent, on le devient et cela passe par le changement des couches, la préparation des repas et les moments d’amusement », écrivait Aurore sur consolglobe.net après l’annonce de la mise en vente de l’appareil. « Moi je connais une machine qui réunit tous les avantages ; elle ne se nettoie pas, ne nécessite pas d’électricité, ne produit aucun déchet, s’adapte au bébé et à ses besoins, ne prend pas de place… », énumérait Audrey sur le même site avant de livrer la clé que tout le monde redoutait : « La machine de rêve, ce sont vos seins ». La blogueuse « mamafunky », récente utilisatrice de BabyNes, évoque de son côté une « solution miracle », rappelant les nuits brumeuses à compter et recompter les cuillerées destinées au breuvage de son nouveau-né. Les « Pascalettes », autres mères blogueuses, saluent carrément « une révolution ». Comme Moulinex en son temps, Nestlé libérerait donc la femme et cela déplaît à certains, à l’heure où le naturel revient en force. Une polémique comparable fut soulevée dans les années 1970 par l’introduction des couches jetables.

      « Il n’y a évidemment pas eu les mêmes débats autour du café ou du thé en capsules, fabriqués par la même entreprise. Le problème ici est que l’on touche au mythe de la « vraie mère », forcément nourricière, analyse Stéphanie Pahud, auteure du Petit Traité de désobéissance féministe (Ed. Arttesia). Les autres considérations me paraissent relever du faux procès à une société qui est là pour gagner de l’argent et use du marketing en ce sens, même s’il est très hypocrite de vouloir faire croire à l’existence d’un bébé clé en main. »

      Nestlé s’attendait à ce déluge et ne manque pas de prôner l’allaitement sur le site Internet de ­BabyNes, comme le veut une convention signée avec l’Organisation mondiale de la santé. « Nous ne sommes pas surpris par toutes ces réactions ; elles étaient prévisibles, confie Valérie Bignon, directrice de la communication de Nestlé France. Tout ce qui tourne autour de l’allaitement relève de l’intime et peut, dans certains cas, s’avérer idéologique. Cela dit, la contestation est plutôt dans le présupposé là où les avis favorables émanent d’utilisateurs. »

      Misant sur l’adage « l’essayer, c’est l’adopter », la compagnie a contacté de potentiel(le)s aficionados, leaders d’influence de surcroît. Emma Defaud, « mauvaise mère » revendiquée sur le blog éponyme, très lu par les mamans internautes, a refusé le gadget : « Le problème est que l’on essaie de nous refourguer des machines à 100 euros. Après le Babycook, dont la capacité ne permet de remplir qu’un demi-pot, le BabyNes (199 euros puis 1,50 euro par capsule. 249 francs en Suisse, ndlr). On est dans l’inutile complet, en essayant de faire croire que ce truc est branché et vous simplifiera la vie. Le seul accessoire nécessaire est le doseur de lait en poudre et il coûte quelques euros ! » Là encore, la marque veveysanne se défend, via Valérie Bignon : « Toutes les technologies commencent par être chères avant de se démocratiser. Les huit ans de recherche menée pour ce produit se retrouvent aujourd’hui dans son prix ».

      Derrière la mère hyperactive, indigne ou sacrificielle qui émeut les internautes, se cache aussi le bébé victime encore innocente de capitalistes sans scrupule. Elodie, qui écrit sur le blog « conseils éducatifs », désapprouve la captivité du consommateur, happé dès la naissance par le système Nestlé. « Lorsqu’on est habitué à une marque, on en change rarement », estime la mère de famille.

      « Dire que la BabyNes induira la Nespresso revient à penser que faire du roller enfant pousse à la moto adulte, tempère Patrice Duchemin, sociologue de la consommation. C’est une conception soixante-huitarde des choses. Aujourd’hui, les clients zappent et gagnent en indépendance. » La méfiance, sur ce terrain-là, est sans doute accrue par le fait que Nestlé est un poids lourd de l’alimentation, détenteur de multiples marques et déclencheur de quelques scandales.

      Certains redoutent déjà que quelqu’un n’invente une machine à changer les couches. Une douce utopie !

      « Le problème ici est que l’on touche au mythe de la « vraie mère », forcément nourricière »

      #marketing #BabyNes #nestlé #capsules #fric #influenceuses #Nespresso #blogueuses

  • Revealed: EU migration plans for Morocco, Libya and others

    The European Commission is working on plans to strengthen relations with so-called “#partner_countries”, as part of its pact on migration and asylum.

    Leaked commission documents dated earlier this month outline draft proposals on Afghanistan, Bosnia and Herzegovina, Libya, Morocco and Tunisia - all available for download below.

    The document on Afghanistan (https://s3.eu-central-1.amazonaws.com/euobs-media/7a84a36c8daf383092286a09308ac34b.docx) offers immediate and short-term plans, including sending a possible Frontex EU-border guard agent to neighbouring Pakistan to deal with the war-torn country.

    “Frontex does not currently implement border-related activities in Afghanistan,” it says, noting negotiations on a working arrangement with the country are not foreseen.

    Talks are also underway to allocate around €1bn for Afghanistan under the new €79.5bn EU purse known as the #Neighbourhood_and_Development_Cooperation_Instrument.

    But it also says that “work to take this forward through the country’s multi-annual indicative programme 2021-2027 are now on hold.”

    Another €79m is also in the pipeline for 2022 to deal with the “regional dimension of Afghan displacement”, notes the document.

    On Bosnia and Herzegovina, the EU is planning to discuss its migration policy and enlargement prospects in November and December, with possible funding measures on top.

    “Bosnia and Herzegovina is called upon to adopt sectoral countrywide strategies whose implementation may receive EU financial support,” it notes.

    On Libya, it says it wants to build a rights-based migration and asylum system.

    The country has already been given some €455m in EU funds. Over half has gone to the protection of migrants and third to “community stabilisation” and border management, it says.

    Now it wants to provide Libya “with a flexible source of funding to respond to changing needs and routes.”

    This includes muscling up the AU-EU-UN Taskforce, set up to rescue stranded migrants and refugees in Libya, before the end of the year.

    It also wants to hold a migration dialogue with Libya after the mid-December presidential elections.

    On Morocco, it wants Rabat to strengthen border controls, search and rescue operations, and dismantle smuggling networks.

    Plans are also underway for “#structured_cooperation” with the Frontex and Moroccan authorities. A working arrangement with the EU’s police agency, Europol, is also envisaged.

    As for money, the commission says a draft budget for 2021-27 is being prepared and is likely to focus on root causes of migration among other things. It also notes Morocco will be able to draw on another fund, set up for other neighbouring countries, to curb migration.

    On Tunisia, it notes some €30m of EU funds has gone to shoring up its coast guard. “A €10m top-up is being finalised,” it notes.

    The objective, it says, is to ensure Tunisian migration strategy and asylum law are finalised and approved.

    “Frontex does not currently implement border-related activities in Tunisia and Tunisian authorities are reluctant to cooperate with it,” it states.

    Internal EU highlights

    They also spell out bilateral initiatives among EU states.

    Among the highlights:

    On Tunisia, Austria, Belgium and Germany want better cooperation when it comes to sending unwanted Tunisians back home.

    “[Austria] is generally not satisfied by the cooperation with Tunisia, due to issues related to identification,” says Austria.

    On Libya, the Czech Republic is providing support to the Libyan Coast Guard but does not go into detail.

    But along with the Visegrad 4 countries (Poland, Hungary, Slovakia, Czech Republic), they are now planning more financial support on Libyan border management.

    Italy says it will deliver two “second-hand” rubber boats to the Libyan Coast Guard and port security, while Malta is mulling options on providing expertise on reception facilities.

    “A technical team has already visited Tripoli to assess the vessels available to the Libyan coastguard,” says Malta.

    In Morocco, Germany is training authorities on document fraud-detection and air security.

    Spain is carrying out “infrastructure reforms” on its north Moroccan enclaves of Ceuta and Melilla, including surveillance.

    Madrid is also boosting the exchange of information and police collaboration with Morocco to fight migrant smuggling, it says.

    On Afghanistan, Bulgaria helped train police from Iraq and Afghanistan with an aim to dismantle migrant smuggling.

    Denmark provided finance for return and reintegration programmes. Estonia has suspended all bilateral projects in Afghanistan, given the current crisis.

    Italy carried out a €900,000 project to help Afghan refugees in Iran.

    Slovenia says it currently has two Afghans on scholarships, studying civil engineering.

    It also deployed one police officer to Afghanistan for six months to train and educate local police, it says.

    https://euobserver.com/migration/153360

    #commission_européenne #EU #UE #Maroc #externalisation #Frontex #asile #migrations #réfugiés #Libye #pacte #Tunisie #Bosnie #Bosnie-Herzégovine #frontière #Pakistan
    #Instrument_de_voisinage_de_coopération_au_développement_et_de_coopération_internationale

  • « Pas de quartier pour les fachos » : des manifestants ont accueilli Eric Zemmour pour sa venue en Bretagne
    https://www.francebleu.fr/infos/politique/pas-de-quartier-pour-les-fachos-des-manifestants-ont-accueilli-eric-zemmo

    La salle affichait complet, il fallait débourser dix euros pour entrer. Une trentaine de personnes a même été refoulée. A l’extérieur de la salle, une trentaine de gendarmes étaient présents, certains étaient même positionnés à l’entrée de la ville.

    Extrême droite. Un néo-nazi à la tête de l’organisation des meetings de Zemmour à Pleurtuit et Nantes
    https://www.revolutionpermanente.fr/Extreme-droite-Un-neo-nazi-a-la-tete-de-l-organisation-des-meet
    https://twitter.com/Nantes_Revoltee/status/1454534620863729669

    Sacré lapsus médiatique. Les seuls « heurts » qui ont eu lieu à Nantes, c’est la police qui tirait de grandes quantités de grenades sur les manifestants antifascistes. Donc selon Cnews et Le Point, les « pro-Zemmour », c’est la police ? Au moins c’est clair.


    #néo-nazis

  • Quelles sont ces nouvelles technologies qui se cachent derrière la 5G ? (Et demain, la 6G) La Tribune, Serge Abiteboul et Gérard Berry
    https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/quelles-sont-ces-nouvelles-technologies-qui-se-cachent-derriere-la-5g-8949

    La 5G est en cours de déploiement, revenons sur ce qui la différencie des générations de télécommunications précédentes.

    On peut transmettre des messages en utilisant des ondes électromagnétiques. Par exemple, un téléphone cellulaire échange des messages avec une station radio le plus souvent située en haut d’un pylône ou sur un toit. On utilise pour cela des ondes de différentes fréquences ; les plus basses se propagent plus loin, les plus hautes exigent de plus petites antennes ; les encore plus hautes sont très peu utilisées pour l’instant.

    Les premiers réseaux cellulaires étaient analogiques. Ils sont devenus numériques avec la 2G, qui a aussi introduit les SMS. Avec le nouveau millénaire, la 3G a fait entrer la téléphonie mobile dans le monde d’Internet. Avec des débits bien plus grands joints à l’explosion des smartphones, la 4G a apporté la vidéo en bonne définition.

    Tous les 10 ans environ, un nouveau standard et une nouvelle génération de téléphones cellulaires arrivent qui transforment les usages ; récemment, c’était la 5G.

    On assiste depuis l’arrivée de la 2G a une progression exponentielle des données transportées par le réseau, et une augmentation massive du nombre d’objets connectés (téléphone, télévision, télésurveillance, voitures connectées, etc). C’est permis par les avancées scientifiques et technologiques qui ont amélioré les « tuyaux » où circulent les données. De fait, les usages absorbent tout ce que la technologie propose. Il faut noter que la partie essentielle de cette connectivité vient de la fibre optique, dont nous ne parlerons pas.

    Les technologies de la téléphonie cellulaire ont apporté des solutions efficaces et abordables pour une couverture de service de communications globale, reliant des lieux éloignés, les zones rurales, les voies de transports routiers ou ferroviaires. En cela, elles participent à la réduction de la fracture numérique territoriale.

    La 5G amène une vraie disruption. On aimerait pointer une avancée scientifique à sa base, mais en fait elle repose sur toute une gamme d’innovations. Le monde du téléphone cellulaire est un monde de normes : il fonctionne parce que les opérateurs se mettent d’accord, dans un cadre qui s’appelle le 3GPP, sur des normes qui vont permettre, par exemple, à un paquet de bits de passer de votre téléphone au cœur de la Lozère, à l’ordinateur d’une amie dans son bureau à Rio. Ceci demande de regrouper tout un paquet d’avancées scientifiques et techniques avant de lancer une nouvelle norme. La 5G est donc plutôt comme un couteau multi-lames, où chaque lame est soit une techno venant de la 4G, mais améliorée, soit une nouvelle techno sortie des labos dans les dix dernières années.

    Les fonctionnalités de la 5G
    La 5G va permettre des améliorations techniques principalement dans quatre directions : le débit, la latence, la densité et la virtualisation.

    Un aspect très visible dans les communications cellulaires est la quantité d’information échangée dans une unité de temps : le débit. Si le débit est trop faible, je ne peux pas visionner un film, ou je ne le fais qu’avec une qualité très médiocre. Avec la 5G, on peut s’attendre à ce que « le débit de pic » soit jusqu’à 10 fois supérieur à celui de la 4G, quasiment celui d’une fibre optique ordinaire. En fait, les débits vont surtout augmenter grâce à de nouvelles fréquences que la téléphonie mobile va coloniser avec la 5G, qui sont des fréquences hautes entre 1GHz et 6 GHz et des fréquences encore plus hautes dites « millimétriques » au-dessus de 6 GHz.

    Mais ne rêvons pas : dans le cellulaire, on partage les fréquences entre les différents opérateurs, et pour chaque opérateur avec les gens autour de nous : le voisin qui regarde un match de rugby, la voisine qui passe sa soirée sur un jeu vidéo en réseau, etc. Donc que vont observer les utilisateurs que nous sommes ? Nous allons voir la situation s’améliorer dans les zones très denses où les réseaux cellulaires sont déjà saturés ou le seraient à court terme sans la 5G. Nous ne verrons pas vraiment de changement dans les zones peu denses déjà couvertes par la 4G, peut-être des téléchargements plus rapides de vidéos. Et si nous voyons une belle amélioration dans une zone blanche où il n’y avait quasiment rien, ce sera plus sûrement du fait de l’arrivée de réseaux 4G.

    La deuxième direction d’amélioration est la latence, c’est-à-dire le temps pour un aller-retour entre le téléphone et le serveur d’applications, qui se compte aujourd’hui en dizaines de millisecondes. Avec la 5G, on va mesurer la latence en millisecondes. Pour visionner un film, peu importe. Mais pour un jeu vidéo, pour de la réalité augmentée, pour réaliser à distance une opération chirurgicale, ça peut faire la différence entre possible ou impossible. Le but est que l’ensemble du système offre une réactivité beaucoup plus importante jointe à une garantie forte de transmission du message.

    La troisième dimension est la densité. On parle de communications de machines à machines et de services nécessitant un nombre massif d’objets à faible consommation énergétique et faibles débits (l’Internet des objets). Un des objectifs est de pouvoir gérer un million d’objets au kilomètre carré. Dans cette dimension, la 5G est en compétition avec des techniques dites 0G comme Sigfox et Lora. Traditionnellement, pour la communication des objets, on distinguait des objets bon marché, bas de gamme, qui utilisaient le 0G, et des objets plus exigeants en 4G. La 5G a la prétention de pouvoir couvrir toute la gamme avec un même standard.

    Attention, tout cela ne se fera pas en un jour. La 5G arrive par étapes, parce qu’il faut installer partout de nouveaux composants radio, mais aussi parce que, pour qu’elle fonctionne au mieux, il va falloir transformer les logiciels des "cœurs de réseaux".

    L’efficacité énergétique a été prise comme objectif depuis les débuts de la conception de la 5G. Une rupture avec les générations précédentes est annoncée. On vise une division par au moins dix du coût énergétique du gigaoctet transporté. Comme nous le verrons, cela n’empêche pas d’avoir des craintes légitimes sur l’effet de cette technologie sur l’environnement.

    Pour la sécurité informatique, le sujet est contrasté : elle est plus prise en compte que pour la 4G ce qui améliore les choses. Par contre, la surface des attaques possibles explose comme nous le verrons, en particulier à cause de l’extension des aspects logiciels des réseaux, ouvrant la porte à d’autres possibilités d’attaque. De fait, le contrôle de la sécurité se déplace du matériel au logiciel. De plus, cela conduit à réaliser une surveillance en temps réel pour détecter les attaques et être prêt à y remédier. L’utilisation de plus en plus massive de l’intelligence artificielle complique la tâche : d’une part, parce que les logiciels des réseaux s’appuyant sur cette technologie auront des comportements plus difficiles à prévoir, et d’autre part, parce que les attaquants eux-mêmes pourront s’appuyer sur l’IA. A contrario, les systèmes de détection d’attaque pourront eux aussi inclure de l’IA.

    Pour ce qui est des innovations scientifiques et techniques sur lesquelles se fonde la 5G, elles peuvent se regrouper en deux classes : radios et logicielles.

    Les innovations techniques logicielles
    La virtualisation
    Traditionnellement, les réseaux des télécoms s’appuient sur des machines dédiées : différents niveaux de routeurs, firewalls, etc. L’idée est de transporter cela sur des architectures logicielles comme celles des plates-formes du web. On parle donc de convergence entre systèmes informatiques et systèmes de communication. Mis à part les éléments purement électroniques de radio, dès qu’on passe en numérique, on se place sur un réseau de machines génériques (de calcul, de stockage, de connexion) capables de réaliser toutes les différentes fonctions de façon logicielle. Par exemple, plutôt que d’installer un routeur physique qui gère l’acheminement des messages pour un réseau virtuel, on déploiera un routeur virtuel sur un ordinateur générique du réseau, que l’on pourra configurer suivant les besoins. Pour ce qui est de la virtualisation des fonctionnalités véritablement radio, cette convergence est à relativiser, car, pour des questions de performances, on doit souvent utiliser des accélérations matérielles.

    Edge Computing
    Les services sont implantés aujourd’hui dans des data centers parfois très loin de leurs utilisateurs. Ce cloud computing induit des coûts de transport pour les messages et introduit une latence incompressible même si les communications sont hyper-rapides. L’idée est d’installer de petits data centers dans le réseau plus près des utilisations. Pour des applications, par exemple, de contrôle de machines ou de réalité augmentée, cela permet de gagner un temps précieux pour la détection d’événement et le contrôle.

    Network slicing
    Une limite actuelle de la technologie cellulaire est l’impossibilité de garantir la qualité du service. Le network slicing permet de réserver virtuellement une tranche de fréquences pour un service particulier, ou plus précisément d’offrir une certaine garantie de service. Dans certaines configurations ou pour certains usages ayant des exigences spécifiques, le service est en position de monopole et n’a donc pas à partager avec d’autres services. Quand on contrôle à distance une machine-outil de précision, on veut, par exemple, garantir un délai maximum de quelques millisecondes entre la commande exercée par le pilote et sa réception par la machine. Pour ce faire, on ne peut pas être en compétition avec d’autres services. En ondes millimétriques, le réseau concerné peut être de faible surface, par exemple, limité à un site industriel.

    Les innovations techniques radios
    Avec le « massive MIMO » (multiple input, multiple output), chaque antenne consiste en un grand nombre de petites antennes. Chaque petite antenne de la station focalise les ondes vers un utilisateur qu’elle suit. Plus précisément, des ondes émises par différents éléments de l’antenne se combinent intelligemment pour réaliser le rayon qui cible un utilisateur particulier. Cela évite l’arrosage très large de l’environnement que font les antennes classiques. C’est une techno plus complexe, mais qui permettra des économies d’énergie une fois bien maitrisée. Et on peut utiliser plusieurs antennes distantes pour une même communication, améliorant encore la focalisation.

    L’utilisation de fréquences plus élevées, les bandes millimétriques comme la 26 GHz envisagée en France. Cela permet d’augmenter les fréquences utilisables pour les communications et surtout d’arriver dans des bandes où les disponibilités de fréquences sont importantes. L’utilisation simultanée de différentes technologies et fréquences. Vous pouvez par exemple déjà téléphoner depuis chez vous en cellulaire ou en wifi (voix sur wifi). Votre téléphone doit choisir et le passage de l’un à l’autre est compliqué, et de nos jours très lent. Les futures générations de téléphones faciliteront de telles utilisations simultanées de plusieurs technos et fréquences afin d’améliorer les services, par exemple en évitant de tomber dans un "trou" lors du passage de l’une à l’autre.

    Le mode TDD (Time Division Duplexing)
    On partage de mêmes fréquences avec une répartition dans le temps des phases montantes (du téléphone vers la station) et descendantes (de la station au téléphone). Cela permet de ne pas choisir a priori un partage des fréquences entre le trafic montant et descendant. La meilleure utilisation des fréquences est un élément clé de l’utilisation des réseaux cellulaires, car c’est une ressource rare à partager entre tous les utilisateurs.

    Les « petites cellules » (small cells)
    La techno permet d’utiliser les bandes très hautes (par exemple, 26 GHz) qui sont disponibles en très grandes quantités. Mais les messages s’y propagent beaucoup moins loin, quelques centaines de mètres au plus. On va donc utiliser de toutes petites antennes (les cellules) sur des lampadaires, des abribus, etc. C’est une technologie pour centre-ville et lieux très fréquentés comme des stades ou des festivals.

    Les communications de terminal à terminal
    Cela permet à des terminaux de communiquer directement entre eux sans passer par le système de l’opérateur. On peut continuer à communiquer même quand le réseau est saturé ou quand il dysfonctionne, par exemple en cas de catastrophe naturelle ou d’attaque informatique.

    La radio cognitive
    L’idée est de pouvoir mieux utiliser les fréquences, en se glissant temporairement quand c’est possible dans des fréquences non-utilisées.
    Pour ce qui est de la radio cognitive et des communications de terminal à terminal, si ces deux aspects participent bien de la vision de la 5G, ils ne semblent pas encore vraiment mures à ce stade.

    Et demain, la 6G
    S’il n’est déjà pas simple de dire ce que sera la 5G en cours de déploiement, il devient carrément surréaliste de décrire une technologie encore dans les laboratoires de recherche, la 6G : nous ne sommes pas futurologues ! Nous nous contenterons donc d’en présenter les grands traits. Techniquement, tout en visant encore plus de débit, la 6G vise le "plus fin" : de plus petites antennes (small cells), et de plus petits data centers (edge). Nous serons en permanence connectés au réseau cellulaire et dans de mêmes standards, même quand ce sera par satellite. Le réseau doit se mettre à notre service, nous "humains", probablement de plus en plus immergés dans un monde de robots (ce qu’individuellement nous ne souhaitons pas forcément, mais c’est un autre sujet) ; on parle de réalité virtuelle et augmentée (qui démarrent), d’holographie pour des réunions à distance. Et la 6G doit permettre aussi de bien suivre les objets se déplaçant à haute vitesse ou en environnement compliqué.

    En fait, la 6G permettra l’aboutissement des promesses de la 5G en rendant possible les communications entre un nombre massif de machines de tout genre peut-être des millions au km2). Si la 5G a déjà été conçue avec la sobriété énergétique comme objectif, la 6G ira encore plus loin dans cette direction.

    Bien sûr, l’intelligence artificielle sera hyperprésente, ce serait-ce que parce que les systèmes de communication et leur sécurité seront devenus trop complexes pour les simples humains que nous sommes.

    La 6G règlera tous les problèmes des réseaux cellulaires, elle sera capable de tout, pourquoi pas de faire le café... Vous ne voyez pas bien où ça nous mène. Eh bien, nous non plus. C’est bien pour cela qu’il est indispensable de suivre tout cela de près, parce que nous aurons des choix sociétaux peut-être essentiels à faire sur des sujets comme le niveau de robotisation de nos vies, la sécurité ou l’environnement.

    Par Serge Abiteboul https://theconversation.com/profiles/serge-abiteboul-212213 , Directeur de recherche à Inria, membre de l’Académie des Sciences, Inria et Gérard Berry https://theconversation.com/profiles/gerard-berry-1281347 , Professeur émérite en informatique, Collège de France

    Pour aller plus loin : « La 5G et les réseaux de communications mobiles » https://www.academie-sciences.fr/fr/Rapports-ouvrages-avis-et-recommandations-de-l-Academie/5g-reseaux-communications-mobiles.html , rapport du groupe de travail de l’Académie des sciences sur les réseaux du futur, 12 juillet 2021

    #5g #technologisme #internet_des_objets #objets_connectés #domotique #écologie #santé #surveillance #technologie #smartphone #domination #critique_techno #algorithme #nécrotechnologies #données #sciences #actualités_scientifiques

  • Crise climatique : un mur de sept mètres pour protéger les riches propriétés à Sydney
    https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/inegalite-climatique-un-mur-de-sept-metres-pour-proteger-les-plus-riches-a-

    Pour protéger leur propriété en bord de mer des tempêtes, des résidents ont investi des centaines de milliers de dollars pour construire un mur de sept mètres de haut. Quitte à dénaturer et fragiliser la plage publique, dénoncent les opposants au projet. Si les populations les plus riches sont les plus responsables du réchauffement climatique, elles sont aussi celles qui peuvent le plus facilement s’adapter à ses conséquences. 

    La plage de Collaroy, à Sydney en Australie se fracture. Un mur de sept mètres de haut est actuellement en cours de construction sur le rivage australien. D’un côté, 49 riches propriétés menacées par les tempêtes et l’érosion de la côte. De l’autre, la plage, et les autres résidents, dont certains s’offusquent de voir le rivage dénaturé alors que les premières pierres du rempart de 1,3 kilomètre de long ont été posées en décembre 2020.

    Pour engager la construction du chantier, chacun des propriétaires a déboursé 300 000 dollars, rapporte le quotidien britannique Guardian qui a chroniqué l’affaire. De quoi assurer 80% du coût total. Le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud et le Conseil des plages du Nord se sont engagés à compléter la facture. . . . . .

    #Australie #riches #plages #climat #effondrement #catastrophe #it_has_begun #collapsologie #changement_climatique #capitalocène #fin_du_monde #écologie #environnement #capitalisme

  • Mark Zuckerberg, Meta promise a metaverse that video game companies are already building - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/video-games/2021/10/29/facebook-meta-rebrand-metaverse-video-games

    In addition to announcing Facebook’s rebranding to Meta on Thursday, Mark Zuckerberg delivered a number of lofty promises about the metaverse and its features. It was billed as the company’s vision for the “future.” But much of what Zuckerberg promised about the metaverse exists today in video games.

    Sur les métavers existants que Meta/Facebook souhaite rattraper et dépasser.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #metavers #facebook #meta #metavers #roblox #mark_zuckerberg #meta_horizon #vrchat #minecraft #fortnite #netflix #horizon_home #steam #marne_levine #ubisoft #jeu_vidéo_assassin_s_creed #jeu_vidéo_assassin_s_creed_origins #jeu_vidéo_assassin_s_creed_odyssey #vishal_shah #epic_games #unreal_engine #andrew_bosworth #presence_platform

  • Néolibéralisme à la française
    https://laviedesidees.fr/Bruno-Amable-resistible-ascension-neoliberalisme.html

    À propos de : Bruno Amable, La résistible ascension du néolibéralisme. Modernisation capitaliste et #crise politique en #France (1980-2020), La Découverte.. De la « rigueur » de Mitterrand au « mandat » de Hollande, Bruno Amable retrace la transformation du capitalisme français et démonte la fabrique d’une crise politique.

    #Économie #libéralisme #socialisme #chômage #régulation #marché #néo-libéralisme #Books_and_ideas_originals
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/en_soener_neoliberalism_3022020.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/en_soener_neoliberalism_3022020.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20211028_amable.docx

  • What Is It About Peter Thiel ? | The New Yorker
    https://www.newyorker.com/news/letter-from-silicon-valley/what-is-it-about-peter-thiel

    ilicon Valley is not a milieu known for glamour and charisma. Still, Peter Thiel has cultivated a mystique. A billionaire several times over, Thiel was the first outside investor in Facebook; he went on to co-found PayPal, the digital-payment service, and Palantir, the data-intelligence company that has worked with the U.S. government. He has co-written a business best-seller, “Zero to One,” and launched a hedge fund; he now runs three venture-capital firms. But Thiel’s aura emanates not so much from these achievements as from a more general fish-out-of-water quality. In 2018, citing a regional intolerance of conservative perspectives, he moved from Silicon Valley to Los Angeles; he recently purchased a mansion in Miami Beach. He served on Donald Trump’s transition team and, in an address before the Republican National Convention, declared, “I am proud to be gay.” He has invested in efforts to “cure” aging, and also in libertarian organizations that hope to create floating cities in international waters. He publishes long, winding essays on politics, globalization, economics, and the nature of humanity that often contain Biblical epigraphs and references to the philosophy of his late mentor and friend, the anthropological theorist René Girard. Thiel also has side projects: Frisson, a now shuttered lounge and restaurant in San Francisco; American Thunder, a short-lived conservative publication geared toward Nascar fans; and the bankrolling of a lawsuit launched on behalf of the wrestler Hulk Hogan, which culminated in the 2016 bankruptcy of Gawker Media.

    Thiel has fans who follow him in his peregrinations. He has become a center of gravity in the culture of Silicon Valley, and his infrequent talks and essays are circulated and analyzed by both admirers and critics. In “The Contrarian: Peter Thiel and Silicon Valley’s Pursuit of Power,” the Bloomberg journalist Max Chafkin argues that Thiel “has been responsible for creating the ideology that has come to define Silicon Valley: that technological progress should be pursued relentlessly—with little, if any, regard for potential costs or dangers to society.” Thiel’s devotees see him differently—as a techno-libertarian who associates technological advancement with personal freedom, scientific progress, and even salvation.

    Thiel arrived at Stanford in 1985. He played speed chess, discovered Ayn Rand, and gravitated toward the work of Girard, a professor at the school. Thiel was particularly taken with Girard’s concept of mimetic desire. “Man is the creature who does not know what to desire, and he turns to others in order to make up his mind,” Girard wrote. “We desire what others desire because we imitate their desires.” Mimetic desire involves a surrender of agency—it means allowing others to dictate one’s wants—and, the theory goes, can foster envy, rivalry, infighting, and resentment. It also, Girard wrote, leads to acts of violent scapegoating, which serve to preclude further mass conflicts by unifying persecutors against a group or an individual. Thiel would later use this framework to develop his own theories about politics, tech investing, and culture.

    He started a hedge fund, Thiel Capital, with money raised from family and friends, and then, in 1998, met a young cryptographer, Max Levchin, and invested in his startup. Within a year, Thiel was the C.E.O. of Levchin’s company, Confinity, which offered a money-transfer service called PayPal. For Thiel, the service had revolutionary potential: a digital wallet, he said, could lead to “the erosion of the nation-state.” Confinity went on to hire four former Review editors, and half a dozen former staffers.

    PayPal was not registered as a bank, and did not collect information about its users; as a result, Chafkin writes, it could be used for illicit transactions that many banks and credit-card companies did not tend to support (porn, gambling), and which the company later banned. Meanwhile, Levchin created an eBay bot that contacted sellers, expressed interest in their wares, and then asked that they implement PayPal in order to be paid. (The company donated the items that it bid for and won to the Red Cross.) Thanks to these ethically dubious techniques—which might now be referred to as “growth hacking”—PayPal’s user base boomed.

    Dodge the rules, skirt the law, shiv your business partner, abandon your friends: Chafkin argues that the Silicon Valley edition of this playbook was written at PayPal. Perhaps for this reason, the company’s early executives and employees became known as the “PayPal mafia.” A group portrait made in 2007, for a story in Fortune, suggested that they embraced the moniker. In the photograph, twelve former PayPal employees sit in a restaurant. They are styled like the Corleone family, in plush tracksuits and back-room casual. Musk is conspicuously absent; Thiel sits center stage, at a two-top covered in neat towers of poker chips. With his high forehead, deep-set blue eyes, and faint smile, he looks placid and amused.

    Chafkin writes that, following September 11th, Thiel became “increasingly consumed by the threat posed by Islamic terrorism,” and grew skeptical “of immigration, and of all other forms of globalization.” While working at his new hedge fund, Clarium Capital, Thiel bankrolled a project called Palantir—its name was inspired by a “seeing stone” from J. R. R. Tolkien’s “Lord of the Rings” trilogy—which sought to collate and analyze an abundance of government data, from financial records to cell-phone logs. Palantir reportedly used software developed at PayPal to identify criminal networks and mitigate fraud; the idea was that, if the software was good enough to identify money launderers, it could probably identify terrorists, too. (Thiel says that Palantir used no PayPal tools whatsoever.) “It was assumed that this would violate certain pre-9/11 privacy norms, but that would be totally fine in a post-9/11 world,” Chafkin writes. Then as now, it can be hard for outsiders to get a handle on how well the software works: Chafkin claims that, at least at first, Palantir’s intelligence offerings were “effectively useless” and “more a demo than a real product.” (Thiel denies this characterization.) The C.I.A. invested through its venture-capital arm, and the N.Y.P.D. was a customer. Palantir, which went public last year, is now valued at more than fifty billion dollars.

    In 2004, Thiel invested in Facebook, loaning it what would later translate to a ten-per-cent stake in the company. Around the same time, he organized a small symposium at Stanford on “Politics and the Apocalypse.” Thiel’s contribution, later published as an essay titled “The Straussian Moment,” was built on the premise that September 11th had upended “the entire political and military framework of the nineteenth and twentieth centuries,” demanding “a reexamination of the foundations of modern politics.” The essay drew from a grab bag of thinkers—it meditated on Thomas Hobbes and John Locke, then combined ideas from the conservative political theorists Leo Strauss and Carl Schmitt, who wrote about the inadequacies of liberal democracy, with the work of Girard—to offer a diagnosis of modernity. “A religious war has been brought to a land that no longer cares for religious wars,” Thiel wrote. “Today, mere self-preservation forces all of us to look at the world anew, to think strange new thoughts, and thereby to awaken from that very long and profitable period of intellectual slumber and amnesia that is so misleadingly called the Enlightenment.”

    Whether the future would be utopian or apocalyptic, Thiel positioned himself to profit. In 2005, he established a venture-capital firm, Founders Fund, which announced that it would be seeking “riskier, more out-of-the-box companies that really have the potential to change the world.” He developed an interest in life-extension and anti-aging technologies—one of the firm’s early investments was Halcyon Molecular, a startup that sought to defeat aging through the development of genomic-sequencing technology—and in defense contractors, including SpaceX, Musk’s aerospace company. Around this time, Valleywag, a new Silicon Valley gossip blog owned by Gawker Media, began making Thiel a regular subject. A 2006 post, “Three Valley Moguls Dabble in Humanity’s Future,” noted that Thiel—a “Valley exec investing in weird dreams of a super-intelligent race”—had joined the board of the Singularity Institute for Artificial Intelligence (now the Machine Intelligence Research Institute). In a later post, Valleywag mentioned a rumored million-dollar donation Thiel had made to the Federation for American Immigration Reform, a group affiliated with NumbersUSA, a far-right anti-immigration nonprofit. A 2007 post, titled “Peter Thiel Is Totally Gay, People,” was particularly upsetting to Thiel: although many of his friends and colleagues had known that he was gay, he saw the post as an outing.

    As the decade drew to a close, Thiel befriended Patri Friedman, a computer programmer and grandson of Milton Friedman, who had written about so-called seasteading communities—hypothetical libertarian utopias floating in international waters. Thiel offered Friedman half a million dollars to start a seasteading nonprofit. He also gave money to the SENS Research Foundation, an anti-aging nonprofit, and to the Methuselah Foundation, an organization dedicated to life extension. In 2009, he wrote an essay for Cato Unbound, an online libertarian journal published by the Cato Institute, in which he stated that he no longer believed “freedom and democracy are compatible,” and that “the vast increase in welfare beneficiaries” and the extension of voting rights to women had “rendered the notion of a ‘capitalist democracy’ into an oxymoron.” (Following backlash to the essay, Thiel put out an addendum of sorts: “While I don’t think any class of people should be disenfranchised, I have little hope that voting will make things better.”) All of this only served as more fodder for Gawker.

    Does Thiel’s world view make any sense? Critics see a tangle of unprincipled hypocrisies—intellectual ground cover for banal shamelessness and techy self-interest. Admirers perceive depth, and an enthralling, novel framework for the future. Thiel’s involvement with Trump alienated some followers, but for others it deepened his mystique, raising the possibility that he knew something his contemporaries did not.

    Most prominent Silicon Valley executives have historically identified as liberal, but one might ask whether their companies and products have actually advanced progressive values or causes; today, privately owned platforms touted as democratizing are arguably among the most centralized and anti-democratic. Inasmuch as Thiel’s approach to technology acknowledges Silicon Valley’s roots in the military-industrial complex, he may be the tech industry’s most honest representative. It is often remarked that he is a villain out of central casting.

    #Peter_Thiel #Néo_conservatisme #Extrême_droite #Libertariens #Silicon_Valley

  • Le cycle du silicium
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1589

    « Du silex au silicium », on connaît ces triomphales trajectoires que les communicants des sciences et technologies, et autres apologistes du progrès industriel, ont coutume de projeter dans leurs livres, expositions, films, conférences, etc. Ces trajectoires se prolongeant vers un infini futur et merveilleux sur l’écran de leurs PowerPoints, grâce à la Transition, qui, pour être « écologique », ne peut être que « numérique ». C’est du moins ce que nous disent nos technologistes Verts, Yannick Jadot, candidat EELV aux présidentielles, Guillaume Gontard, sénateur Vert de l’Isère, Jean-Luc Mélenchon, « planificateur écologique », également candidat aux présidentielles, ou encore André Chassaigne, député communiste du Puy de Dôme, dont nous rapportons ici les propos. Ces insanités ne peuvent se proférer qu’à la (...)

    #Nécrotechnologies
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/le_cycle_du_silicium.pdf

    • Suite de la brochure et du livre « Le téléphone portable, gadget de destruction massive » parus il y a 15 ans au début des années 2000.

      Article très très informatif, sans aucune insulte (contrairement à ce que laissait penser l’intro, juste pour faire chier). Ça mériterait même un #toctoc @rezo peut-être.

      A l’instar de Thierry Breton, l’actuel commissaire européen au numérique, de passage le 21 juillet 2021, nos personnalités ne manquent jamais de célébrer « un écosystème impressionnant » - entendez la liaison recherche-université-industrie-pouvoirs publics. Tous feignent d’ignorer le fondement matériel de cet écosystème : les matières premières. Comme si la vie virtuelle qu’ils promeuvent fonctionnait hors de la réalité matérielle. Il leur suffirait pourtant de se rendre à 35 km de là, à Livet-et-Gavet dans la vallée de la Romanche, où FerroPem produit du silicium métal. Mais le décor se prête moins aux photos publicitaires.

      La vie connectée des Smartiens dépend des semi-conducteurs. Sans eux, plus un véhicule ne roule, plus un hôpital n’accueille de patients, plus une ampoule ne s’allume, plus une information ni un touitte ne circule. Tout s’arrête. Comme son nom l’indique, un semi-conducteur est un élément ou un composé chimique qui peut conduire l’électricité dans certaines conditions et non dans d’autres. On peut donc en faire un interrupteur marche/arrêt, utile pour effectuer des calculs. C’est le fondement de l’informatique. Le silicium est le plus utilisé pour la fabrication des puces électroniques, pour ses propriétés semi-conductrices et son abondance. Mais l’industrie microélectronique utilise aussi le germanium, l’arséniure de gallium, le carbure de silicium et récemment le nitrure de gallium.

      […]

      En 2017, 35 à 40 milliards de tonnes de matériaux silicatés ont été extraits du sol, soit trois fois plus que tous les combustibles fossiles.

      […]

      On ignore quelles sont les réserves mondiales de quartz, mais les carriers français (Colas, Imerys) promettent d’assurer « plusieurs décennies » au niveau de production de 2019, grâce aux trous creusés dans l’Allier, la Dordogne, le Lot5. D’ici là, les ingénieurs trouveront bien d’autres matériaux à extraire sous terre et sous mer.

      Pour produire des objets connectés, de l’« énergie renouvelable » solaire et des véhicules « propres », il faut défoncer la Terre avec des engins lourds, de la dynamite, du gasoil et beaucoup de poussière. Les particules nanoscopiques de silice rongent les poumons des mineurs. La silice, cancérogène reconnu, provoque la silicose comme le charbon. Mais pas de nostalgie minière, il faut mourir avec son temps.

      […]

      Deuxième phase du processus : la transformation de la silice en silicium métal. Le matériau s’obtient par carboréduction, en ajoutant du carbone (bois, charbon, houille) au silicium.

      […]

      Selon les experts, la production de silicium métal engloutit en moyenne 11 mégawatts/heure (11 000 kWh) par tonne de produit fini9. Pour parler clair, les trois fours de Livet-et-Gavet consomment chaque année l’équivalent électrique d’une ville de 150 000 habitants (comme Grenoble intra muros).

      […]

      Lecteurs de Lorraine ou du Pas-de-Calais, vous vous interrogez : pourquoi avoir installé une usine métallurgique dans une étroite vallée aux portes de l’Oisans, encaissée entre les massifs de Belledonne et du Taillefer, loin de toute zone d’activité ? A cause des ressources naturelles - naturellement. Matière et énergie. Rien ne sort de rien.

      La Romanche, torrent de montagne, attire les industriels dès la fin du XIXe siècle, quand Aristide Bergès développe la Houille blanche dans une vallée proche16. Elle est rapidement jalonnée de barrages et de six centrales. L’électricité alimente les premières usines électrochimiques et le tramway qui dessert dès 1893 ce couloir de 14 km de long. Le bois des forêts attire aussi les métallurgistes. La guerre de 1914-18 donne un coup d’accélérateur à l’industrie locale, grâce aux marchés passés avec l’artillerie pour fournir des obus au front. A partir de la moitié du XXe siècle, Péchiney exploite le site des Clavaux, empoisonnant bêtes et forêts de ses rejets de fluor.

      […]

      En 2020, EDF inaugure à Livet-et-Gavet une nouvelle centrale, creusée dans la montagne, après le plus gros chantier hydroélectrique d’Europe mené durant 10 ans. L’installation, liée à un nouveau barrage et une prise d’eau, remplace les anciennes et doit produire l’équivalent de la consommation annuelle de 230 000 habitants (560 GWh). Une ligne à haute tension de 63 000 volts relie la centrale au site des Clavaux. Voilà pourquoi FerroPem produit du silicium métal ici.

      Mais on peut faire la même chose ailleurs, et pour moins cher. La Chine produit 70 % du silicium métal mondial (2,2 millions de tonnes par an), dans le Yunnan, le Sichuan et désormais surtout dans le Xinjiang. Sa part dans la production mondiale a plus que doublé en 20 ans, grâce à ses ressources en quartz et à la hausse de sa production d’électricité. Elle répond ainsi à sa demande intérieure et exporte massivement. L’électricité est fournie par les barrages et les centrales à charbon qui empoisonnent la population des « villes-cancer ». Quant à la main d’œuvre, notamment les Ouïgours, elle vaut cher mais ne coûte rien.

      C’est de Chine que vient la pénurie en cette fin 2021. Le gouvernement restreint les approvisionnements des usines en électricité, à la fois pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, et en raison du manque d’eau des centrales hydroélectriques dû à la sécheresse. Effet immédiat : chute de la production du silicium métal, dont le prix augmente de 300 % en deux mois. Rappel à la réalité pour ceux qui prétendent que la « transition numérique » économise l’énergie. Pour baisser la consommation d’électricité, il faut arrêter les usines. CQFD.

      […]

      Étape suivante vers la production des puces : le raffinage du silicium métal en polysilicium. Le polysilicium sert aussi pour l’industrie photovoltaïque, et les trois-quarts de la production se
      font en Chine - notamment dans le Xinjiang et la Mongolie intérieure.

      […]

      On produit le plus souvent le polysilicium suivant le procédé Siemens. Transformez d’abord le silicium métal en gaz trichlorosilane par réaction avec du chlorure d’hydrogène à 300 °. Puis prenez une cloche de confinement de 2 mètres de haut et placez-y des tiges de silicium très pur de 10 mm d’épaisseur. Chauffez les tiges à 1100°. Introduisez le gaz trichlorosilane avec de l’hydrogène dans la cloche-réacteur. Le trichlorosilane se redécompose alors en chlorure d’hydrogène et en atomes de silicium qui se déposent sur les tiges à la vitesse d’un millimètre par heure19. Le rendement est désastreux, mais la transition écolo-numérique le vaut bien.

      Ce n’est pas fini. Il faut maintenant fondre le polysilicium en lingots de silicium monocristallin ultra pur pour l’industrie électronique. On le fait aussi en Chine, bien sûr, d’autant que le plan « Made in China 2025 » exige d’augmenter les capacités de production de l’industrie microélectronique nationale. Plus on descend dans l’affinage du silicium pour se rapprocher des semi-conducteurs, plus le produit devient stratégique. Un très gros producteur se trouve à Singapour : Globalwafers a même racheté l’Américain MEMC, autrement dit Monsanto Electronic Materials Company. Monsanto n’a pas toujours fabriqué que du glyphosate. Les Américains ont encore des usines, telle celle de SVM (Silicon Valley Microelectronics) en Californie. En Europe, l’Allemagne compte les groupes Wacker Siltronic ou Rohm, partenaire de STMicroelectronics.

      Pour obtenir du silicium monocristallin, nous utilisons cette fois la méthode de Czochralski, avec son four sous atmosphère d’argon à 1450°. Plongez un germe de silicium monocristallin dans du silicium liquide et étirez trrrrès lentement (0,4 à 3 mm par minute) en tournant. Comptez 30 heures pour un lingot de 30 à 100 kg, de diamètre 200 ou 300 mm.

      C’est en découpant ces lingots cylindriques en tranches de 1 à 2 mm d’épaisseur qu’on obtient les fameux « wafers », en français les plaquettes de silicium sur lesquelles seront gravés les circuits électroniques.

      Résumons. La « transition écologique » promise par le numérique, le tout électrique et le photovoltaïque exige beaucoup d’électricité. Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’affinage du silicium en polysilicium consomme 150 MWh par tonne de produit fini. La transformation du polysilicium en lingot monocristallin, 31 MWh par tonne. Enfin, la découpe des plaquettes, 42,5 MWh par tonne. Voilà pour les économies d’énergie.

      Du côté de la matière, il faut 7,14 tonnes de quartz pour une tonne de silicium monocristallin. Et la découpe de celui-ci en tranches produit des déchets de sciage (le « kerf ») perdus pour les puces, estimés à 40 % du lingot. Mais on ne rebouche pas les carrières avec. Quant aux produits chimiques utilisés tout au long du procédé, la filière est pudique à ce sujet. Difficile d’en établir une liste précise et quantifiée. Le CNRS donnait en 2010 le chiffre de 280 kg de produits chimiques par kilo de silicium produit (acides, ammoniaque, chlore, acétone, etc.).

      […]

      Les ingénieurs parviendront peut-être à maintenir un mode de vie techno-consommateur sans émission de carbone (quid du méthane, autre gaz à effet de serre ?), avec une hausse des températures limitée à 2°, c’est-à-dire des catastrophes climatiques en chaîne, tout de même. Ce sera au prix d’une Terre dévastée par la production énergétique propre. Des millions d’éoliennes à perte de vue, sur terre et en mer, des océans de panneaux solaires, des installations électriques partout. Quant aux barrages alpins, à la vitesse où fondent les glaciers, qui peut garantir que l’eau y sera suffisante ? La Romanche coulera-t-elle aussi impétueusement dans les périodes de sécheresse de la vertueuse économie décarbonée ?

      Votre voiture électrique n’émet certes pas de CO2 et votre smartphone vous économise des déplacements, mais la société numérique et automobile dévore les ressources naturelles – matière et énergie – qui nous permettent de vivre. Un détail. Et on ne vous parle pas de la faune, de la flore et des paysages - pas de sensiblerie.

      […]

      Nous avons détaillé les risques, les pollutions, la consommation indécente d’eau et d’électricité du site crollois à maintes reprises depuis 2003. Outre la matière grise des ingénieurs locaux, c’est l’eau des massifs alpins et leur production électrique qui justifient l’implantation de ces usines high tech dans le Grésivaudan. Pour rappel, la fourniture d’eau aux usines microélectroniques y est par contrat prioritaire sur les autres usages, quelle que soit la température extérieure.

      A l’usine de STMicroelectronics, les tranches de silicium sont gravées - les plus fines gravures atteignent aujourd’hui 28 nanomètres - pour produire 10 millions de puces par jour. Le processus exige des produits toxiques tels que phosphine (hydrogène phosphoré), thilane ou arsine (mélange hydrogène - arsenic), les « gaz de combat » dont s’était vanté un salarié lors d’une visite.

      […]

      Le Taïwanais est aussi consommateur d’énergie et d’eau que STMicroelectronics. Il engloutit 156 000 tonnes d’eau par jour et se fait approvisionner par camions dans les périodes de sécheresse. Ne le répétez pas aux paysans.

      TSMC fournit les électroniciens américains, dont Apple qui dispose d’une usine dédiée de 10 milliards de dollars à Taïwan. Qu’en pense l’État chinois ? Allez savoir. Tous les smartphones chinois marchent avec des puces conçues en Amérique et produites à Taïwan (ou en Corée du sud). Mais Taïwan, comme tout le monde, dépend de la Chine pour le silicium métal. L’interconnexion des chaînes de production résistera-t-elle aux tensions sino- américaines ?

      […]

      Admirez l’embrouille. Le technocrate se cantonne aux émissions carbone pour dissimuler l’entropie de la matière et de l’énergie, et se réjouit d’amplifier le désastre. Combien de millions de tonnes de quartz, de bois, de charbon, de produits chimiques, combien de millions de mètres cubes d’eau, de millions de mégawatts engloutis, combien de forêts et de sols dévastés, de rivières polluées, de réacteurs nucléaires et de barrages hydroélectriques mobilisés pour ces « 2,5 fois plus de substrats à l’horizon 2026 » et pour leurs usages dans des bagnoles « propres », des smartphones, les infrastructures de la smart city connectées par la 5G ?

      […]

      Voici notre matériau en bout de course, une fois l’objet qu’il rendait « intelligent » devenu obsolète, c’est-à-dire rapidement. Vous jetez votre smartphone tous les deux ou trois ans, selon une étude récente de l’Arcep, l’agence de régulation des télécommunications. C’est devenu un lieu commun depuis que nous l’avons exposé en 2005, mais les déchets électroniques débordent des poubelles, et le recyclage promis alors n’est pas au rendez-vous : 53,6 millions de tonnes ont été produites en 2019, et les experts en prévoient 74,7 millions en 2030.

      Ni le recyclage, ni les infrastructures de destruction « sécurisées » ne peuvent absorber une telle explosion, rapporte une étude de l’ONU. France Stratégie confirme : « Du fait de la croissance de notre consommation et du décalage temporel et spatial entre production et recyclage, le recyclage de nos équipements ne permettra jamais de couvrir l’ensemble de nos besoins ». Quant à notre silicium métal, la difficulté de l’extraire du reste des composants des appareils électroniques et le coût d’une telle opération dissuadent le recyclage. Bilan : sur les 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques de 2019, « on ignore ce que sont devenus 82,6 % ou 44,7 millions de tonnes », reconnaît l’OMS dans un rapport le 15 juin 2021.

      En fait, on s’en doute un peu. Une bonne part finissent à Guiyu dans la province chinoise du Guandong, où se trouve la plus grande décharge électronique du monde. Tellement importante qu’elle a sa propre page Wikipedia. Un autre cyber-cimetière mondial se trouve à Agbogbloshie dans la banlieue d’Accra, capitale du Ghana, où enfants et adultes brûlent les plastiques pour en extraire les métaux. Une chaîne de désassemblage bien rôdée employant 10 000 personnes, bien utile à l’Union européenne, première exportatrice de ces carcasses électroniques au Ghana. La circulation de ces déchets est pourtant interdite par la convention de Bâle depuis 1992, mais la croissance des trafics illégaux suit celle de la production et de la consommation. Les articles de presse sur les décharges Agbogbloshie et de Guiyu, ou sur le recyclage et l’incinération sauvages en Inde, se suivent et se ressemblent. Étrange impression de déjà vu, déjà écrit, il y a 15 ans. Il faut croire qu’on radote.

      L’ONU évalue à 50 tonnes par an le volume de substances toxiques lâchées par ces déchets dans la nature : mercure, retardateurs de flamme bromés, cadmium, plomb, PCB, etc. Lesquelles provoquent atteintes au système nerveux, cardiovasculaire et immunitaire, aux poumons, aux reins, troubles neurologiques, cancers, diabète, parmi une liste de dommages plus longue que celle de vos followers sur Twitter.

      Les décharges électroniques contaminent l’eau, l’air, les sols et les habitants. Le dernier rapport de l’OMS alerte sur « un tsunami de déchets électroniques » qui « affectent la santé de millions d’enfants », recensant plus 1000 substances nocives dégagées par les décharges. « "Un enfant qui mange un seul œuf de poule d’Agbogbloshie absorbe 200 fois plus de dioxines que la limite journalière fixée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments", avertit Marie-Noël Bruné Drisse, responsable du département environnement et santé infantile à l’OMS. »

      Curieusement, nul gouvernement n’a déclaré d’état d’urgence sanitaire pour stopper les maladies provoquées par ces poisons. Mais quoi, « c’est à ce prix, dit le gosse du Ghana, que vous avez des smartphones en Europe ».

      #silicium #informatique #numérique #numérisation #informatisation #électronique #Grenoble #STMicroelectronics #TSMC #téléphone_portable #téléphone_mobile #5G #extractivisme #pollution #écologie #santé #industrie_minière #eau #énergie #électricité #critique_techno #anti-industriel

  • Règne machinal : tout « Le Monde » savait
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1583

    En 1948, le chroniqueur scientifique du Monde, Pierre Dubarle, envisageait des « machines à gouverner », capables d’administrer les sociétés humaines plus efficacement que leurs sociétaires. La cybernétique venait d’émerger du cerveau de Norbert Wiener et de quelques scientifiques, convaincus de l’urgence de limiter l’action de l’humain sur sa propre vie. « Nous ne sommes que tout à fait au début de la série des réalisations possibles en cet ordre d’idées », écrivait Pierre Dubarle dans son article (voir ci-dessous). Trois décennies plus tard, en 1980, l’énarque Louis Kalfon s’inquiétait dans une tribune au Monde du fichage automatisé de la population et de l’interconnexion des fichiers, bref de la puissance des « machines à gouverner ». Et de mettre en garde, dans une formule qui semble un plagiat par (...)

    #Nécrotechnologies
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/des_machines_a_gouverner.pdf

  • Opinion | Tom Morello on the Music of Power and Justice - The New York Times
    https://www.nytimes.com/interactive/2021/10/20/opinion/tom-morello-protest-music.html

    Je suis un fan de RATM, de la droiture de leur musique/combats (en particulier le soutien sans faille à Mumia Abu-Jamal). Un très beau texte sur le lien entre le chant et le syndicalisme révolutionnaire, derrière la figure légendaire de Joe Hill. Très émouvant.

    By Tom Morello

    Mr. Morello has spent over three decades melding music and political activism as a power guitarist with Rage Against the Machine, Audioslave and Bruce Springsteen and the E Street Band, with the acoustic chords of the Nightwatchman and in protests around the country.

    Songs provided by Spotify

    Harmonizing and hell-raising, rhythm and rebellion, poetry and politics, singing and striking. The Industrial Workers of the World — the shock troops of the early-20th-century labor movement — virtually invented the protest song for the modern age.

    The I.W.W. was formed in 1905, advocating a militant revolutionary unionism, a cocktail of socialist, syndicalist and anarchist labor theory put into practice. It was always known as a singing union, and its songs were written by hobos and the homeless, itinerant workers and immigrants. I.W.W. songs — like “The Preacher and the Slave” and “Solidarity Forever” — looked an unjust world square in the eye, sliced it apart with satire, dismantled it with rage and then, with mighty sing-along choruses, raised the roofs of union halls and holding cells, “from San Diego up to Maine, in every mine and mill.”

    The goal of the Industrial Workers of the World — or Wobblies, as members were widely known — was revolution, not just winning strikes. Unlike other unions of the time, it accepted all workers as members: Black people, women, unskilled laborers, sex workers, immigrants of every race and creed. It sought to forge “one big union” of the entire global working class and used direct action, sabotage and the power of song in class war against the ruling class. Its reputation as a kick-ass union fueled by kick-ass songs remains the stuff of legend.
    “Solidarity Forever” by Tom Morello: the Nightwatchman

    Its songs, some more than 100 years old, addressed the same issues facing us today: poverty, police brutality, immigrant rights, economic and racial inequality, militarism, threats to civil liberties, union busting. “Casey Jones (The Union Scab),” “We Have Fed You All a Thousand Years,” “Bread and Roses,” “Ain’t Done Nothin’ if You Ain’t Been Called a Red” — often set to familiar tunes and popular hymns of the day, these songs united workers from diverse backgrounds under the banner of solidarity. What’s the antidote for divide and conquer? Work together, fight together, sing together.

    Defiant and hopeful, these songs have an unapologetic mission: to fan the flames of discontent by lifting the spirits of those fighting for a more just and humane planet. The I.W.W. aimed to “create a new society within the shell of the old,” and I hope you can hear that new world echoing here, where song meets struggle.

    The Wobbly songwriters also laid the sonic and ideological groundwork for those who followed: Woody Guthrie, Lead Belly, Pete Seeger, Paul Robeson, Utah Phillips, Bob Dylan, Phil Ochs, Nina Simone, Bruce Springsteen, the Clash, Public Enemy, Billy Bragg, Ani DiFranco, System of a Down and Rage Against the Machine. Without them, there’d be no “This Land Is Your Land,” no “We Shall Overcome,” no “Masters of War,” no “London Calling,” no “Killing in the Name.”

    Much of my career has been one long audition to become a part of that legacy. I’m a union man and an unapologetic musical rabble-rouser. I’ve been a member of the Local 47 musicians’ union in Los Angeles for 32 years, and I’m a proud card-carrying member of the Industrial Workers of the World — it lives on! My mom was a union high school teacher, and the Morellos were hardworking coal miners in central Illinois. The cause of workers’ rights is in my blood.

    [Read more about this project from Jane Coaston and Kathleen Kingsbury here.]

    I’ve been greatly influenced by many of the songs and songwriters who carried that red union card. Playing acoustic protest music under my folk singer Nightwatchman moniker, I’ve written and sung dozens of tunes that owe a significant debt to this union’s remarkable musical history. My song “Hold the Line,” from my new album, is an example of how I’ve tried to carry forward that legacy.
    “Hold the Line” by Tom Morello (feat. grandson)

    My guide has been Joe Hill, who epitomized the I.W.W.’s anarcho poet warrior. He is my favorite musician of all time, even though there are no known recordings of him playing or singing. He was a tireless crusader for justice through his music, and his jams are a fine starting point for aspiring rebels. Hill was an I.W.W. organizer and a true musical and political revolutionary. He walked it like he sang it. That’s why the mine owners and the other bosses out West, and the politicians who did their dirty work, were afraid of him. And in the end, that’s why in 1915 he was executed in Utah on a trumped-up murder charge.

    “A pamphlet, no matter how good, is never read more than once, but a song is learned by heart and repeated over and over,” Hill famously said. His songs (“There Is Power in a Union,” “We Will Sing One Song,” “Joe Hill’s Last Will”) are sung today and will be tomorrow.

    I’ve traveled far to pay my respects to the heroes of the I.W.W. I’ve placed flowers on Mother Jones’s grave in Mount Olive, Ill. I’ve hummed “The Internationale” at the resting place of Big Bill Haywood’s ashes in the Kremlin wall. And while on tour in Sweden, I made the hundred-mile trek from Stockholm to Gavle, Hill’s birthplace.

    I sat by a little tree in the backyard that blooms where his ashes were spread, and I sang “I Dreamed I Saw Joe Hill Last Night,” written in the 1930s by Earl Robinson from a poem written by Alfred Hayes in the years after Hill’s death. The tiny room in the building where he and his family lived now serves as a union headquarters and museum. Fascists bombed the place 20 years ago. After all these years, they’re still afraid of Hill; they’re still afraid of his songs.

    And they should be.

    “‘The copper bosses killed you, Joe. They shot you, Joe,’ says I. ‘Takes more than guns to kill a man,’ says Joe. ‘I didn’t die.’”
    “I Dreamed I Saw Joe Hill Last Night” by Tom Morello: the Nightwatchman

    The songs live on wherever working people stand up for their rights, dreaming and scheming and struggling for something better than what was handed to them. These tunes are still sung on picket lines, at the barricades and through the tear gas haze of Group of 8 protests. They’re even more relevant now as workers throughout the country — like those at Kellogg’s, Nabisco and John Deere — are striking and taking to the picket line.

    The I.W.W.’s mighty music of equality, justice and freedom is a reminder of struggles won and lost, as well as the battle hymns of struggles to come.

    So get out there and start creating that new world. Maybe learn some of these world-changing jams. Then write some of your own.

    #Musique #Syndicalisme #Tom_Morello #RATM #Neomilitantisme

  • #Liberté_académique et #justice_sociale

    On assiste en #Amérique_du_Nord à une recomposition du paysage académique, qui met l’exercice des #libertés_universitaires aux prises avec des questions de justice sociale, liées, mais pas seulement, au militantisme « #woke », souvent mal compris. Publication du premier volet d’un entretien au long cours avec #Isabelle_Arseneau et #Arnaud_Bernadet, professeurs à l’Université McGill de Montréal.

    Alors que se multiplient en France les prises de position sur les #libertés_académiques – voir par exemple cette « défense et illustration » -, un débat à la fois vif et très nourri se développe au #Canada depuis plus d’un an, après que des universitaires ont dû faire face à des plaintes pour #racisme, parfois à des suspensions de leur contrat, en raison de l’utilisation pédagogique qu’ils avaient faite des mots « #nègre » ou « #sauvages ». Significativement, un sondage récent auprès des professeurs d’université du Québec indique qu’une majorité d’entre eux pratiquent diverses formes d’#autocensure. C’est dans ce contexte qu’Isabelle Arseneau et Arnaud Bernadet, professeurs au Département des littératures de langue française, de traduction et de création de l’Université McGill de Montréal, ont été conduits à intervenir activement dans le débat, au sein de leur #université, mais aussi par des prises de position publiques dans la presse et surtout par la rédaction d’un mémoire, solidement argumenté et très remarqué, qui a été soumis et présenté devant la Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire.

    Initiée en février 2021 par le premier ministre du Québec, François Legault, cette commission a auditionné de nombreux acteurs, dont les contributions sont souvent de grande qualité. On peut télécharger ici le mémoire des deux universitaires et suivre leur audition grâce à ce lien (début à 5 :15 :00). La lecture du présent entretien peut éclairer et compléter aussi bien le mémoire que l’audition. En raison de sa longueur, je publie cet entretien en deux parties. La première partie est consacrée aux exemples concrets de remise en cause de la liberté de citer certains mots en contexte universitaire et traite des conséquences de ces pratiques sur les libertés académiques. Cette première partie intègre aussi une analyse critique de la tribune parue ce jour dans Le Devoir, co-signée par Blanquer et le ministre de l’Education du Québec, lesquels s’attaquent ensemble et de front à la cancel culture. La seconde partie, à paraître le vendredi 29 octobre, portera plus précisément sur le mouvement « woke », ses origines et ses implications politiques, mais aussi sur les rapports entre science et société. Je tiens à remercier chaleureusement Isabelle Arseneau et Arnaud Bernadet d’avoir accepté de répondre à mes questions et d’avoir pris le temps de construire des réponses précises et argumentées, dont la valeur tient tout autant à la prise critique de ces deux universitaires qu’aux disciplines qui sont les leurs et qui informent leur réflexion. Ils coordonnent actuellement un volume collectif interdisciplinaire, Libertés universitaires : un an de débat au Québec (2020-2021), à paraître prochainement.

    Entretien, première partie

    1. Pourriez-vous exposer le plus factuellement possible ce qui s’est passé au mois de septembre 2020 à l’université d’Ottawa et à l’université McGill de Montréal ?

    Isabelle Arseneau. À l’automne 2020 éclatait à l’Université d’Ottawa une affaire qui a passionné le Québec et a connu d’importantes suites politiques : à l’occasion d’une séance d’enseignement virtuel sur la représentation des identités en art, une chargée de cours, #Verushka_Lieutenant-Duval, expliquait à ses étudiants comment l’injure « #nigger » a été réutilisée par les communautés afro-américaines comme marqueur subversif dans les années 1960. Parce qu’elle a mentionné le mot lui-même en classe, l’enseignante est devenue aussitôt la cible de #plaintes pour racisme et, au terme d’une cabale dans les #réseaux_sociaux, elle a été suspendue temporairement par son administration. Au même moment, des incidents à peu près analogues se produisaient au Département des littératures de langue française, de traduction et de création de l’Université McGill, où nous sommes tous les deux professeurs. Dans un cours d’introduction à la littérature québécoise, une chargée de cours a mis à l’étude Forestiers et voyageurs de #Joseph-Charles_Taché, un recueil de contes folkloriques paru en 1863 et qui relate les aventures d’un « Père Michel » qui arpente le pays et documente ses « mœurs et légendes ». Des étudiants interrompent la séance d’enseignement virtuel et reprochent à l’enseignante de leur avoir fait lire sans avertissement préalable une œuvre contenant les mots « Nègres » et « Sauvages ». Quelques jours plus tard, des plaintes pour racisme sont déposées contre elle. Le dossier est alors immédiatement pris en charge par la Faculté des Arts, qui lui suggère de s’excuser auprès de sa classe et d’adapter son enseignement aux étudiants que pourrait offenser la lecture des six autres classiques de la littérature québécoise prévus au syllabus (dont L’Hiver de force de Réjean Ducharme et Les Fous de Bassan d’Anne Hébert). Parmi les mesures d’accommodement, on lui conseille de fournir des « avertissements de contenu » (« #trigger_warnings ») pour chacune des œuvres à l’étude ; de se garder de prononcer à voix haute les mots jugés sensibles et de leur préférer des expressions ou des lettres de remplacement (« n », « s », « mot en n » « mot en s »). Trois mois plus tard, nous apprendrons grâce au travail d’enquête de la journaliste Isabelle Hachey (1) que les plaignants ont pu obtenir, après la date limite d’abandon, un remboursement de leurs frais de scolarité et les trois crédits associés à ce cours qu’ils n’ont cependant jamais suivi et pour lequel ils n’ont validé qu’une partie du travail.

    Lorsque j’ai imaginé notre doctorante en train de caviarder ses notes de cours et ses présentations Powerpoint, ça a fait tilt. Un an plus tôt, je travaillais à la Public Library de New York sur un manuscrit du XIIIe siècle dont la première image avait été grattée par un lecteur ou un possesseur offensé par le couple enlacé qu’elle donnait jusque-là à voir. La superposition de ces gestes de censure posés à plusieurs siècles d’intervalle témoignait d’un recul de la liberté universitaire que j’associais alors plus spontanément aux campus américains, sans pour autant nous imaginer à l’abri de cette vague venue du sud (2). Devant de tels dérapages, mon collègue Arnaud Bernadet et moi avons communiqué avec tous les étages de la hiérarchie mcgilloise. Las de nous heurter à des fins de non-recevoir, nous avons cosigné une série de trois lettres dans lesquelles nous avons dénoncé la gestion clientéliste de notre université (3). Malgré nos sorties répétées dans les médias traditionnels, McGill est demeurée silencieuse et elle l’est encore à ce jour.

    2. Pour être concret, qu’est-ce qui fait que l’emploi du mot « nègre » ou « sauvages » dans un cours est légitime ?

    Isabelle Arseneau. Vous évoquez l’emploi d’un mot dans un cadre pédagogique et il me semble que toute la question est là, dans le terme « emploi ». À première vue, le contexte de l’énonciation didactique ne se distingue pas des autres interactions sociales et ne justifie pas qu’on puisse déroger aux tabous linguistiques. Or il se joue dans la salle de classe autre chose que dans la conversation ordinaire : lorsque nous enseignons, nous n’employons pas les mots tabous, nous les citons, un peu comme s’il y avait entre nous et les textes lus ou la matière enseignée des guillemets. C’est de cette distinction capitale qu’ont voulu rendre compte les sciences du langage en opposant le signe en usage et le signe en mention. Citer le titre Nègres blancs d’Amérique ou le terme « Sauvages » dans Forestiers et Voyageurs ne revient pas à utiliser ces mêmes termes. De la même façon, il y a une différence entre traiter quelqu’un de « nègre » dans un bus et relever les occurrences du terme dans une archive, une traite commerciale de l’Ancien Régime ou un texte littéraire, même contemporain. Dans le premier cas, il s’agit d’un mot en usage, qui relève, à n’en pas douter, d’un discours violemment haineux et raciste ; dans l’autre, on n’emploie pas mais on mentionne des emplois, ce qui est différent. Bien plus, le mot indexe ici des représentations socialement et historiquement situées, que le professeur a la tâche de restituer (pour peu qu’on lui fournisse les conditions pour le faire). Si cette distinction entre l’usage et la mention s’applique à n’importe quel contexte d’énonciation, il va de soi qu’elle est très fréquente et pleinement justifiée — « légitime », oui — en contexte pédagogique. Il ne s’agit donc bien évidemment pas de remettre en circulation — en usage — des mots chargés de haine mais de pouvoir continuer à mentionner tous les mots, même les plus délicats, dans le contexte d’un exercice bien balisé, l’enseignement, dont on semble oublier qu’il suppose d’emblée un certain registre de langue.

    3. Ce qui étonne à partir de ces exemples – et il y en a d’autres du même type -, c’est que l’administration et la direction des universités soutiennent les demandes des étudiants, condamnent les enseignants et vont selon vous jusqu’à enfreindre des règles élémentaires de déontologie et d’éthique. Comment l’expliquez-vous ? L’institution universitaire a-t-elle renoncé à défendre ses personnels ?

    Arnaud Bernadet. Il faut naturellement conserver à l’esprit ici ce qui sépare les universités nord-américaines des institutions françaises. On soulignera deux différences majeures. D’une part, elles sont acquises depuis longtemps au principe d’autonomie. Elles se gèrent elles-mêmes, tout en restant imputables devant l’État, notamment au plan financier. Soulignons par ailleurs qu’au Canada les questions éducatives relèvent avant tout des compétences des provinces et non du pouvoir fédéral. D’autre part, ces universités obéissent à un modèle entrepreneurial. Encore convient-il là encore d’introduire des nuances assez fortes, notamment en ce qui concerne le réseau québécois, très hétérogène. Pour simplifier à l’extrême, les universités francophones sont plus proches du modèle européen, tandis que les universités anglophones, répliques immédiates de leurs voisines états-uniennes, semblent davantage inféodées aux pratiques néo-libérales.

    Quoi qu’il en soit, la situation décrite n’a rien d’inédit. Ce qui s’est passé à l’Université d’Ottawa ou à l’Université McGill s’observe depuis une dizaine d’années aux États-Unis. La question a été très bien documentée, au tournant de l’année 2014 sous la forme d’articles puis de livres, par deux sociologues, Bradley Campbell et Jason Manning (The Rise of Victimhood Culture) et deux psychologues, Jonathan Haidt et Greg Lukianoff (The Coddling of the American Mind). Au reste, on ne compte plus sur les campus, et parmi les plus progressistes, ceux de l’Ouest (Oregon, État de Washington, Californie) ou de la Nouvelle-Angleterre en particulier, les demandes de censure, les techniques de deplatforming ou de “désinvitation”, les calomnies sur les médias sociaux, les démissions du personnel - des phénomènes qu’on observe également dans d’autres milieux (culture, médias, politique). En mai dernier, Rima Azar, professeure en psychologie de la santé, a été suspendue par l’Université Mount Allison du Nouveau-Brunswick, pour avoir qualifié sur son blog Black Lives Matter d’organisation radicale…

    Il y a sans doute plusieurs raisons à l’attitude des administrateurs. En tout premier lieu : un modèle néo-libéral très avancé de l’enseignement et de la recherche, et ce qui lui est corrélé, une philosophie managériale orientée vers un consumérisme éducatif. Une autre explication serait la manière dont ces mêmes universités réagissent à la mouvance appelée “woke”. Le terme est sujet à de nombreux malentendus. Il fait désormais partie de l’arsenal polémique au même titre que “réac” ou “facho”. Intégré en 2017 dans l’Oxford English Dictionary, il a été à la même date récupéré et instrumentalisé par les droites conservatrices ou identitaires. Mais pas seulement : il a pu être ciblé par les gauches traditionnelles (marxistes, libertaires, sociales-démocrates) qui perçoivent dans l’émergence de ce nouveau courant un risque de déclassement. Pour ce qui regarde notre propos, l’illusion qu’il importe de dissiper, ce serait de ne le comprendre qu’à l’aune du militantisme et des associations, sur une base strictement horizontale. Ce qui n’enlève rien à la nécessité de leurs combats, et des causes qu’ils embrassent. Loin s’en faut. Mais justement, il s’agit avec le “wokism” et la “wokeness” d’un phénomène nettement plus composite qui, à ce titre, déborde ses origines liées aux luttes des communautés noires contre l’oppression qu’elles subissaient ou subissent encore. Ce phénomène, plus large mais absolument cohérent, n’est pas étranger à la sociologie élitaire des universités nord-américaines, on y reviendra dans la deuxième partie de cet entretien. Car ni l’un ni l’autre ne se sont si simplement inventés dans la rue. Leur univers est aussi la salle de classe.

    4. Au regard des événements dans ces deux universités, quelle analyse faites-vous de l’évolution des libertés académiques au Québec ?

    Arnaud Bernadet. Au moment où éclatait ce qu’il est convenu d’appeler désormais “l’affaire Verushka Lieutenant-Duval”, le Québec cultivait cette douce illusion de se croire à l’abri de ce genre d’événements. Mais les idées et les pratiques ne s’arrêtent pas à la frontière avec le Canada anglais ou avec les États-Unis. Le cas de censure survenu à McGill (et des incidents d’autre nature se sont produits dans cet établissement) a relocalisé la question en plein cœur de Montréal, et a montré combien les cultures et les sociétés sont poreuses les unes vis-à-vis des autres. Comme dans nombre de démocraties, on assiste au Québec à un recul des libertés publiques, la liberté académique étant l’une d’entre elles au même titre que la liberté d’expression. Encore faut-il nuancer, car le ministère de l’enseignement supérieur a su anticiper les problèmes. En septembre 2020, le scientifique en chef Rémi Quirion a remis un rapport qui portait plus largement sur L’université québécoise du futur, son évolution, les défis auxquels elle fait face, etc. Or en plus de formuler des recommandations, il y observe une “précarisation significative” de la liberté académique, un “accroissement de la rectitude politique”, imputée aux attentes ou aux convictions de “groupes particuliers”, agissant au nom de “valeurs extra-universitaires”, et pour finir, l’absence de “protection législative à large portée” entourant la liberté académique au Québec, une carence qui remonte à la Révolution tranquille. En février 2021, le premier ministre François Legault annonçait la création d’une Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique en contexte universitaire. Cette commission qui n’a pas fini de siéger a rendu une partie de ses résultats, notamment des sondages effectués auprès du corps professoral (ce qui inclut les chargés de cours) : 60 % d’entre eux affirment avoir évité d’utiliser certains mots, 35 % disent avoir même recouru à l’autocensure en sabrant certains sujets de cours. La recherche est également affectée. Ce tableau n’est guère rassurant, mais il répond à celles et ceux qui, depuis des mois, à commencer dans le milieu enseignant lui-même, doublent la censure par le déni et préfèrent ignorer les faits. À l’évidence, des mesures s’imposent aujourd’hui, proportionnées au diagnostic rendu.

    5. La liberté académique est habituellement conçue comme celle des universitaires, des enseignants-chercheurs, pour reprendre la catégorie administrative en usage en France. Vous l’étendez dans votre mémoire à l’ensemble de la communauté universitaire, en particulier aux jeunes chercheurs, mais aussi aux personnels administratifs et aux étudiants ? Pourriez-vous éclairer ce point ?

    Arnaud Bernadet. Ce qui est en jeu ici n’est autre que l’extension et les applications du concept de liberté académique. Bien sûr, un étudiant ne jouit pas des mêmes dispositions qu’un professeur, par exemple le droit à exercer l’évaluation de ses propres camarades de classe. Mais a priori nous considérons que n’importe quel membre de la communauté universitaire est titulaire de la liberté académique. Celle-ci n’a pas été inventée pour donner aux enseignants et chercheurs quelque “pouvoir” irréaliste et exorbitant, mais pour satisfaire aux deux missions fondamentales que leur a confiées la société : assurer la formation des esprits par l’avancement des connaissances. En ce domaine, l’écart est-il significatif entre le choix d’un thème ou d’un corpus par un professeur, et un exposé oral préparé par un étudiant ? Dans chaque cas, on présumera que l’accès aux sources, la production des connaissances, le recours à l’argumentation y poursuivent les mêmes objectifs de vérité. De même, les administrateurs, et notamment les plus haut placés, doivent pouvoir bénéficier de la liberté académique, dans l’éventualité où elle entrerait en conflit avec des objectifs de gouvernance, qui se révéleraient contraires à ce qu’ils estimeraient être les valeurs universitaires fondamentales.

    6. Entre ce que certains considèrent comme des recherches “militantes” et les orientations néolibérales et managériales du gouvernement des universités, qu’est-ce qui vous semble être le plus grand danger pour les libertés académiques ?

    Arnaud Bernadet. Ce sont des préoccupations d’ordre différent à première vue. Les unes semblent opérer à l’interne, en raison de l’évolution des disciplines. Les autres paraissent être plutôt impulsées à l’externe, en vertu d’une approche productiviste des universités. Toutes montrent que le monde de l’enseignement et de la recherche est soumis à de multiples pressions. Aussi surprenant que cela paraisse, il n’est pas exclu que ces deux aspects se rejoignent et se complètent. Dans un article récent de The Chronicle of Higher Education (03.10.2021), Justin Sider (professeur de littérature anglaise à l’Université d’Oklahoma) a bien montré que les préoccupations en matière de justice sociale sont en train de changer la nature même des enseignements. Loin de la vision désintéressée des savoirs, ceux-ci serviraient dorénavant les étudiants à leur entrée dans la vie active, pour changer l’ordre des choses, combattre les inégalités, etc. C’est une réponse à la conception utilitariste de l’université, imposée depuis plusieurs décennies par le modèle néolibéral. Et c’est ce qu’ont fort bien compris certains administrateurs qui, une main sur le cœur, l’autre près du portefeuille, aimeraient donc vendre désormais à leurs “clients” des programmes ou de nouveaux curricula portant sur la justice sociale.

    7. La défense des libertés académiques, en l’occurrence la liberté pédagogique et la liberté de recherche d’utiliser tous les mots comme objet de savoir, est-elle absolue, inconditionnelle ? Ne risque-t-elle pas de renforcer un effet d’exclusion pour les minorités ?

    Isabelle Arseneau. Elle est plutôt à notre avis non-négociable (aucun principe n’est absolu). Mais pour cela, il est impératif de désamalgamer des dossiers bien distincts : d’une part, le travail de terrain qu’il faut encore mener en matière d’équité, de diversité et d’inclusion (qu’il est désormais commun de désigner par l’acronyme « ÉDI ») ; d’autre part, les fondements de la mission universitaire, c’est-à-dire créer et transmettre des savoirs. Les faux parallèles que l’on trace entre la liberté académique et les « ÉDI » desservent autant la première que les secondes et on remarque une nette tendance chez certaines universités plus clairement néolibérales à utiliser la liberté académique comme un vulgaire pansement pour régler des dossiers sur lesquels elles accusent parfois de regrettables retards. Bien ironiquement, ce militantisme d’apparat ne fait nullement progresser les différentes causes auxquelles il s’associe et a parfois l’effet inverse. Revenons à l’exemple concret qui s’est produit chez nous : recommander à une enseignante de s’excuser pour avoir prononcé et fait lire un mot jugé sensible et aller jusqu’à rembourser leurs frais de scolarité à des étudiants heurtés, voilà des gestes « spectaculaires » qui fleurent bon le langage de l’inclusion mais qui transpirent le clientélisme (« Satisfaction garantie ou argent remis ! »). Car une fois que l’on a censuré un mot, caviardé un passage, proscrit l’étude d’une œuvre, qu’a-t-on fait, vraiment, pour l’équité salariale hommes-femmes ; pour l’inclusion des minorités toujours aussi invisibles sur notre campus ; pour la diversification (culturelle, certes, mais également économique) des corps enseignant et étudiant, etc. ? Rien. Les accommodements offerts aux plaignants sont d’ailleurs loin d’avoir créé plus d’équité ; ils ont au contraire engendré une série d’inégalités : entre les étudiants d’abord, qui n’ont pas eu droit au même traitement dans le contexte difficile de la pandémie et de l’enseignement à distance ; entre les chargés de cours ensuite, qui n’ont pas eu à faire une même quantité de travail pour un même salaire ; et, enfin, entre les universités, toutes soumises au même système de financement public, dont le calcul repose en bonne partie sur l’unité-crédit. Les salles de classe ont bon dos : elles sont devenues les voies de sortie faciles pour des institutions qui s’achètent grâce à elles un vernis de justice sociale qui tarde à se traduire par des avancées concrètes sur les campus. Confondre les dossiers ne servira personne.

    8. Reste que ce qui est perçu par des acteurs de la défense de droits des minorités comme l’exercice d’une liberté d’expression est vécu et analysé par d’autres acteurs comme une atteinte à la liberté académique, en particulier la liberté pédagogique. La situation n’est-elle pas une impasse propre à aviver les tensions et créer une polémique permanente ? Comment sortir de cette impasse ?

    Isabelle Arseneau. En effet, on peut vite avoir l’impression d’un cul-de-sac ou d’un cercle vicieux difficile à briser, surtout au vu de la polarisation actuelle des discours, qu’aggravent les médias sociaux. Dans ce brouhaha de paroles et de réactions à vif, je ne sais pas si on s’entend et encore moins si on s’écoute. Chose certaine, il faudra dans un premier temps tenter de régler les problèmes qui atteignent aujourd’hui les établissements postsecondaires depuis l’intérieur de leurs murs. En effet, la responsabilité me semble revenir d’abord aux dirigeants de nos institutions, à la condition de réorienter les efforts vers les bonnes cibles et, comme je le disais à l’instant, de distinguer les dossiers. À partir du moment où l’on cessera de confondre les dossiers et où l’on résistera aux raccourcis faciles et tendancieux, des chantiers distincts s’ouvriront naturellement.

    Du côté des dossiers liés à l’équité et à la diversité, il me semble nécessaire de mener de vrais travaux d’enquête et d’analyse de terrain et de formuler des propositions concrètes qui s’appuient sur des données plutôt que des mesures cosmétiques qui suivent l’air du temps (il ne suffit pas, comme on a pu le faire chez nous, de recommander la censure d’un mot, de retirer une statue ou de renommer une équipe de football). Plus on tardera à s’y mettre vraiment et à joindre le geste à la parole, plus longtemps on échouera à réunir les conditions nécessaires au dialogue serein et décomplexé. Il nous reste d’ailleurs à débusquer les taches aveugles, par exemple celles liées à la diversité économique de nos campus (ou son absence), une donnée trop souvent exclue de la réflexion, qui préfère se fixer sur la seule dimension identitaire. Du côté de la liberté universitaire, il est nécessaire de la réaffirmer d’abord et de la protéger ensuite, en reprenant le travail depuis le début s’il le faut. C’est ce qu’a fait à date récente la Mission nommée par le recteur de l’Université de Montréal, Daniel Jutras. Les travaux de ce comité ont abouti à l’élaboration d’un énoncé de principes fort habile. Ce dernier, qui a été adopté à l’unanimité par l’assemblée universitaire, distingue très nettement les dossiers et les contextes : en même temps qu’il déclare qu’« aucun mot, aucun concept, aucune image, aucune œuvre ne sauraient être exclus a priori du débat et de l’examen critique dans le cadre de l’enseignement et de la recherche universitaires », le libellé rappelle que l’université « condamne les propos haineux et qu’en aucun cas, une personne tenant de tels propos ne peut se retrancher derrière ses libertés universitaires ou, de façon générale, sa liberté d’expression » (4). Il est également urgent de mettre en œuvre une pédagogie ciblant expressément les libertés publiques, la liberté académique et la liberté d’expression. C’est d’ailleurs une carence mise au jour par l’enquête de la Commission, qui révèle que 58% des professeurs interrogés « affirment ne pas savoir si leur établissement possède des documents officiels assurant la protection de la liberté universitaire » et que 85% des répondants étudiants « considèrent que les universités devraient déployer plus d’efforts pour faire connaître les dispositions sur la protection de la liberté universitaire ». Il reste donc beaucoup de travail à faire sur le plan de la diffusion de l’information intra muros. Heureusement, nos établissements ont déjà en leur possession les outils nécessaires à l’implantation de ce type d’apprentissage pratique (au moment de leur admission, nos étudiants doivent déjà compléter des tutoriels de sensibilisation au plagiat et aux violences sexuelles, par exemple).

    Enfin, il revient aux dirigeants de nos universités de s’assurer de mettre en place un climat propice à la réflexion et au dialogue sur des sujets parfois délicats, par exemple en se gardant d’insinuer que ceux qui défendent la liberté universitaire seraient de facto hostiles à la diversité et à l’équité, comme a pu le faire notre vice-recteur dans une lettre publiée dans La Presse en février dernier. Ça, déjà, ce serait un geste à la hauteur de la fonction.

    9. Quelle perception avez-vous de la forme qu’a pris la remise en cause des libertés académiques en France avec la polémique sur l’islamo-gauchisme initiée par deux membres du gouvernement – Blanquer et Vidal – et poursuivi avec le Manifeste des 100 ?

    Arnaud Bernadet. Un sentiment de profonde perplexité. La comparaison entre “l’islamo-gauchisme”, qui nous semble en grande partie un épouvantail agité par le pouvoir macroniste, et le “wokism” états-unien ou canadien - qui est une réalité complexe mais mesurable, dont on précisera les contours la semaine prochaine - se révèle aussi artificielle qu’infondée. Un tel rapprochement est même en soi très dangereux, et peut servir de nouveaux amalgames comme il apparaît nettement dans la lettre publiée hier par Jean-Michel Blanquer et Jean-François Roberge : “L’école pour la liberté, contre l’obscurantisme”. Déplions-la un instant. Les deux ministres de l’Éducation, de France et du Québec, ne sont pas officiellement en charge des dossiers universitaires (assurés par Frédérique Vidal et Danielle McCann). D’une même voix, Blanquer et Roberge condamnent - à juste titre - l’autodafé commis en 2019 dans plusieurs écoles du sud-ouest de l’Ontario sur des encyclopédies, des bandes-dessinées et des ouvrages de jeunesse qui portaient atteinte à l’image des premières nations. Or on a appris par la suite que l’instigatrice de cette purge littéraire, Suzie Kies, œuvrait comme conseillère au sein du Parti Libéral du Canada sur les questions autochtones. Elle révélait ainsi une évidente collusion avec le pouvoir fédéral. Inutile de dire par conséquent que l’intervention de nos deux ministres ressortit à une stratégie d’abord politique. En position fragile face à Ottawa, dont les mesures interventionnistes ne sont pas toujours compatibles avec son esprit d’indépendance, le Québec se cherche des appuis du côté de la France. Au nom de la “liberté d’expression”, la France tacle également Justin Trudeau, dont les positions modérées au moment de l’assassinat de Samuel Paty ont fortement déplu. Ce faisant, le Québec et la France se donnent aussi comme des sociétés alternatives, le Canada étant implicitement associé aux États-Unis dont il ne serait plus que la copie : un lieu où prospéreraient une “idéologie” et des “méthodes” - bannissement, censure, effacement de l’histoire - qui menaceraient le “respect” et l’esprit de “tolérance” auxquels s’adossent “nos démocraties”. Au lieu de quoi, non seulement “l’égalité” mais aussi la “laïcité” seraient garantes au Québec comme en France d’un “pacte” capable d’unir la “communauté” sur la base “de connaissances, de compétences et de principes fondés sur des valeurs universelles”, sans que celles-ci soient d’ailleurs clairement précisées. On ne peut s’empêcher toutefois de penser que les deux auteurs prennent le risque par ce biais de légitimer les guerres culturelles, issues au départ des universités états-uniennes, en les étendant aux rapports entre anglophones et francophones. Au reste, la cible déclarée du texte, qui privilégie plutôt l’allusion et se garde habilement de nommer, reste la “cancel culture” aux mains des “assassins de la mémoire”. On observera qu’il n’est nulle part question de “wokes”, de décolonialisme ou d’antiracisme par exemple. D’un “militantisme délétère” (mais lequel, exactement ?) on passe enfin aux dangers de la “radicalisation”, dans laquelle chacun mettra ce qu’il veut bien y entendre, des extrémismes politiques (national-populisme, alt-right, néo-nazisme, etc.) et des fondamentalismes religieux. Pour finir, la résistance aux formes actuelles de “l’obscurantisme” est l’occasion de revaloriser le rôle de l’éducation au sein des démocraties. Elle est aussi un moyen de renouer avec l’héritage rationaliste des Lumières. Mais les deux ministres retombent dans le piège civilisationniste, qui consiste à arrimer - sans sourciller devant la contradiction - les “valeurs universelles” à “nos sociétés occidentales”. Le marqueur identitaire “nos” est capital dans le texte. Il efface d’un même geste les peuples autochtones qui étaient mentionnés au début de l’article, comme s’ils ne faisaient pas partie, notamment pour le Québec, de cette “mémoire” que les deux auteurs appellent justement à défendre, ou comme s’ils étaient d’emblée assimilés et assimilables à cette vision occidentale ? De lui-même, l’article s’expose ici à la critique décoloniale, particulièrement répandue sur les campus nord-américains, celle-là même qu’il voudrait récuser. Qu’on en accepte ou non les prémisses, cette critique ne peut pas être non plus passée sous silence. Il faut s’y confronter. Car elle a au moins cette vertu de rappeler que l’héritage des Lumières ne va pas sans failles. On a le droit d’en rejeter les diverses formulations, mais il convient dans ce cas de les discuter. Car elles nous obligent à penser ensemble - et autrement - les termes du problème ici posé : universalité, communauté et diversité.

    10. La forme d’un « énoncé » encadrant la liberté académique et adopté par le parlement québécois vous semble-t-elle un bon compromis politique ? Pourquoi le soutenir plutôt qu’une loi ? Un énoncé national de référence, laissant chaque établissement en disposer librement, aura-t-il une véritable efficacité ?

    Isabelle Arseneau. Au moment de la rédaction de notre mémoire, les choses nous semblaient sans doute un peu moins urgentes que depuis la publication des résultats de la collecte d’informations réalisée par la Commission indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique en contexte universitaire. Les chiffres publiés en septembre dernier confirment ce que nous avons remarqué sur le terrain et ce que suggéraient déjà les mémoires, les témoignages et les avis d’experts récoltés dans le cadre des travaux des commissaires : nous avons affaire à un problème significatif plutôt qu’à un épiphénomène surmédiatisé (comme on a pu l’entendre dire). Les résultats colligés reflètent cependant un phénomène encore plus généralisé que ce que l’on imaginait et d’une ampleur que, pour ma part, je sous-estimais.

    Dans le contexte d’une situation sérieuse mais non encore critique, l’idée d’un énoncé m’a donc toujours semblé plus séduisante (et modérée !) que celle d’une politique nationale, qui ouvrirait la porte à l’ingérence de l’État dans les affaires universitaires. Or que faire des universités qui ne font plus leurs devoirs ? L’« énoncé sur la liberté universitaire » de l’Université McGill, qui protège les chercheurs des « contraintes de la rectitude politique », ne nous a été d’aucune utilité à l’automne 2020. Comment contraindre notre institution à respecter les règles du jeu dont elle s’est elle-même dotée ? Nous osons croire qu’un énoncé national, le plus ouvert et le plus généreux possible, pourrait aider les établissements comme le nôtre à surmonter certaines difficultés internes. Mais nous sommes de plus en plus conscients qu’il faudra sans doute se doter un jour de mécanismes plus concrets qu’un énoncé non contraignant.

    Arnaud Bernadet. Nous avons eu de longues discussions à ce sujet, et elles ne sont probablement pas terminées. C’est un point de divergence entre nous. Bien entendu, on peut se ranger derrière la solution modérée comme on l’a d’abord fait. Malgré tout, je persiste à croire qu’une loi aurait plus de poids et d’efficience qu’un énoncé. L’intervention de l’État est nécessaire dans le cas présent, et me semble ici le contraire même de l’ingérence. Une démocratie digne de ce nom doit veiller à garantir les libertés publiques qui en sont au fondement. Or, en ce domaine, la liberté académique est précieuse. Ce qui a lieu sur les campus est exceptionnel, cela ne se passe nulle part ailleurs dans la société : la quête de la vérité, la dynamique contradictoire des points de vue, l’expression critique et l’émancipation des esprits. Je rappellerai qu’inscrire le principe de la liberté académique dans la loi est aussi le vœu exprimé par la Fédération Québécoise des Professeures et Professeurs d’Université. Actuellement, un tel principe figure plutôt au titre du droit contractuel, c’est-à-dire dans les conventions collectives des établissements québécois (quand celles-ci existent !) Une loi remettrait donc à niveau les universités de la province, elle préviendrait toute espèce d’inégalité de traitement d’une institution à l’autre. Elle comblerait la carence dont on parlait tout à l’heure, qui remonte à la Révolution tranquille. Elle renforcerait finalement l’autonomie des universités au lieu de la fragiliser. Ce serait aussi l’occasion pour le Québec de réaffirmer clairement ses prérogatives en matière éducative contre les ingérences - bien réelles celles-là - du pouvoir fédéral qui tend de plus en plus à imposer sa vision pancanadienne au mépris des particularités francophones. Enfin, ne nous leurrons pas : il n’y a aucune raison objective pour que les incidents qui se sont multipliés en Amérique du Nord depuis une dizaine d’années, et qui nourrissent de tous bords - on vient de le voir - de nombreux combats voire dérives idéologiques, cessent tout à coup. La loi doit pouvoir protéger les fonctions et les missions des universités québécoises, à ce jour de plus en plus perturbées.

    Entretien réalisé par écrit au mois d’octobre 2021

    Notes :

    1. Isabelle Hachey, « Le clientélisme, c’est ça » (La Presse, 22.02.2021)

    2. Jean-François Nadeau, « La censure contamine les milieux universitaires » (Le Devoir, 01.04.2017)

    3. Isabelle Arseneau et Arnaud Bernadet, « Universités : censure et liberté » (La Presse, 15.12.2020) ; « Les dérives éthiques de l’esprit gestionnaire » (La Presse, 29.02.2021) ; « Université McGill : une politique du déni » (La Presse, 26.02.2021).

    4. « Rapport de la Mission du recteur sur la liberté d’expression en contexte universitaire », juin 2021 : https://www.umontreal.ca/public/www/images/missiondurecteur/Rapport-Mission-juin2021.pdf

    https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/211021/liberte-academique-et-justice-sociale

    #ESR

    ping @karine4 @_kg_ @isskein

    –-

    ajouté à la métaliste autour du terme l’#islamo-gauchisme... mais aussi du #woke et du #wokisme, #cancel_culture, etc.
    https://seenthis.net/messages/943271

    • La liberté académique aux prises avec de nouvelles #menaces

      Colloques, séminaires, publications (Duclos et Fjeld, Frangville et alii) : depuis quelques années, et avec une accélération notoire ces derniers mois, le thème de la liberté académique est de plus en plus exploré comme objet scientifique. La liberté académique suscite d’autant plus l’intérêt des chercheurs qu’elle est aujourd’hui, en de nombreux endroits du monde, fragilisée.

      La création en 2021 par l’#Open_Society_University_Network (un partenariat entre la Central European University et le Bard College à New York) d’un #Observatoire_mondial_des_libertés_académiques atteste d’une inquiétante réalité. C’est en effet au moment où des libertés sont fragilisées qu’advient le besoin d’en analyser les fondements, d’en explorer les définitions, de les ériger en objets de recherche, mais aussi de mettre en œuvre un système de veille pour les protéger.

      S’il est évident que les #régimes_autoritaires sont par définition des ennemis des libertés académiques, ce qui arrive aujourd’hui dans des #pays_démocratiques témoigne de pratiques qui transcendent les frontières entre #régime_autoritaire et #régime_démocratique, frontières qui elles-mêmes tendent à se brouiller.

      La liberté académique menacée dans les pays autoritaires…

      S’appuyant sur une régulation par les pairs (la « communauté des compétents ») et une indépendance structurelle par rapport aux pouvoirs, la liberté de recherche, d’enseignement et d’opinion favorise la critique autant qu’elle en est l’expression et l’émanation. Elle est la condition d’une pensée féconde qui progresse par le débat, la confrontation d’idées, de paradigmes, d’axiomes, d’expériences.

      Cette liberté dérange en contextes autoritaires, où tout un répertoire d’actions s’offre aux gouvernements pour museler les académiques : outre l’emprisonnement pur et simple, dont sont victimes des collègues – on pense notamment à #Fariba_Adelkhah, prisonnière scientifique en #Iran ; à #Ahmadreza_Djalali, condamné à mort en Iran ; à #Ilham_Tohti, dont on est sans nouvelles depuis sa condamnation à perpétuité en# Chine, et à des dizaines d’autres académiques ouïghours disparus ou emprisonnés sans procès ; à #Iouri_Dmitriev, condamné à treize ans de détention en #Russie –, les régimes autoritaires mettent en œuvre #poursuites_judiciaires et #criminalisation, #licenciements_abusifs, #harcèlement, #surveillance et #intimidation.


      https://twitter.com/AnkyraWitch/status/1359630006993977348

      L’historien turc Candan Badem parlait en 2017 d’#académicide pour qualifier la vague de #répression qui s’abattait dans son pays sur les « universitaires pour la paix », criminalisés pour avoir signé une pétition pour la paix dans les régions kurdes. La notion de « #crime_contre_l’histoire », forgée par l’historien Antoon de Baets, a été reprise en 2021 par la FIDH et l’historien Grigori Vaïpan) pour qualifier les atteintes portées à l’histoire et aux historiens en Russie. Ce crime contre l’histoire en Russie s’amplifie avec les attaques récentes contre l’ONG #Memorial menacée de dissolution.

      En effet, loin d’être l’apanage des institutions académiques officielles, la liberté académique et de recherche, d’une grande rigueur, se déploie parfois de façon plus inventive et courageuse dans des structures de la #société_civile. En #Biélorussie, le sort de #Tatiana_Kuzina, comme celui d’#Artiom_Boyarski, jeune chimiste talentueux emprisonné pour avoir refusé publiquement une bourse du nom du président Loukachenko, ne sont que deux exemples parmi des dizaines et des dizaines de chercheurs menacés, dont une grande partie a déjà pris le chemin de l’exil depuis l’intensification des répressions après les élections d’août 2020 et la mobilisation qui s’en est suivie.

      La liste ci-dessus n’est bien sûr pas exhaustive, les cas étant nombreux dans bien des pays – on pense, par exemple, à celui de #Saïd_Djabelkhir en #Algérie.

      … mais aussi dans les #démocraties

      Les #régressions que l’on observe au sein même de l’Union européenne – le cas du déménagement forcé de la #Central_European_University de Budapest vers Vienne, sous la pression du gouvernement de Viktor Orban, en est un exemple criant – montrent que les dérives anti-démocratiques se déclinent dans le champ académique, après que d’autres libertés – liberté de la presse, autonomie de la société civile – ont été atteintes.

      Les pays considérés comme démocratiques ne sont pas épargnés non plus par les tentatives des autorités politiques de peser sur les recherches académiques. Récemment, en #France, les ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur ont affirmé que le monde académique serait « ravagé par l’#islamo-gauchisme » et irrespectueux des « #valeurs_de_la_République » – des attaques qui ont provoqué un concert de protestations au sein de la communauté des chercheurs. En France toujours, de nombreux historiens se sont mobilisés en 2020 contre les modalités d’application d’une instruction interministérielle restreignant l’accès à des fonds d’#archives sur l’#histoire_coloniale, en contradiction avec une loi de 2008.


      https://twitter.com/VivementLundi/status/1355564397314387972

      Au #Danemark, en juin 2021, plus de 260 universitaires spécialistes des questions migratoires et de genre rapportaient quant à eux dans un communiqué public les intimidations croissantes subies pour leurs recherches qualifiées de « #gauchisme_identitaire » et de « #pseudo-science » par des députés les accusant de « déguiser la politique en science ».

      D’autres offensives peuvent être menées de façon plus sournoise, à la faveur de #politiques_néolibérales assumées et de mise en #concurrence des universités et donc du champ du savoir et de la pensée. La conjonction de #logiques_libérales sur le plan économique et autoritaires sur le plan politique conduit à la multiplication de politiques souvent largement assumées par les États eux-mêmes : accréditations sélectives, retrait de #financements à des universités ou à certains programmes – les objets plus récents et fragiles comme les #études_de_genre ou études sur les #migrations se trouvant souvent en première ligne.

      Ce brouillage entre régimes politiques, conjugué à la #marchandisation_du_savoir, trouve également à s’incarner dans la façon dont des acteurs issus de régimes autoritaires viennent s’installer au sein du monde démocratique : c’est le cas notamment de la Chine avec l’implantation d’#Instituts_Confucius au cœur même des universités, qui conduisent, dans certains cas, à des logiques d’#autocensure ; ou de l’afflux d’étudiants fortunés en provenance de pays autoritaires, qui par leurs frais d’inscriptions très élevés renflouent les caisses d’universités désargentées, comme en Australie.

      Ces logiques de #dépendance_financière obèrent l’essence et la condition même de la #recherche_académique : son #indépendance. Plus généralement, la #marchandisation de l’#enseignement_supérieur, conséquence de son #sous-financement public, menace l’#intégrité_scientifique de chercheurs et d’universités de plus en plus poussées à se tourner vers des fonds privés.

      La mobilisation de la communauté universitaire

      Il y a donc là une combinaison d’attaques protéiformes, à l’aune des changements politiques, technologiques, économiques et financiers qui modifient en profondeur les modalités du travail. La mise en place de programmes de solidarité à destination de chercheurs en danger (#PAUSE, #bourses_Philipp_Schwartz en Allemagne, #bourses de solidarité à l’Université libre de Bruxelles), l’existence d’organisations visant à documenter les attaques exercées sur des chercheurs #Scholars_at_Risk, #International_Rescue_Fund, #CARA et la création de ce tout nouvel observatoire mondial des libertés académiques évoqué plus haut montrent que la communauté académique a pris conscience du danger. Puissent du fond de sa prison résonner les mots de l’historien Iouri Dmitriev : « Les libertés académiques, jamais, ne deviendront une notion abstraite. »

      https://theconversation.com/la-liberte-academique-aux-prises-avec-de-nouvelles-menaces-171682

    • « #Wokisme » : un « #front_républicain » contre l’éveil aux #injustices

      CHRONIQUE DE LA #BATAILLE_CULTURELLE. L’usage du mot « wokisme » vise à disqualifier son adversaire, mais aussi à entretenir un #déni : l’absence de volonté politique à prendre au sérieux les demandes d’#égalité, de #justice, de respect des #droits_humains.

      Invoqué ad nauseam, le « wokisme » a fait irruption dans un débat public déjà singulièrement dégradé. Il a fait florès à l’ère du buzz et des clashs, rejoignant l’« #islamogauchisme » au registre de ces fameux mots fourre-tout dont la principale fonction est de dénigrer et disqualifier son adversaire, tout en réduisant les maux de la société à quelques syllabes magiques. Sur la scène politique et intellectuelle, le « wokisme » a même réussi là où la menace de l’#extrême_droite a échoué : la formation d’un « front républicain ». Mais pas n’importe quel front républicain…

      Formellement, les racines du « wokisme » renvoient à l’idée d’« #éveil » aux #injustices, aux #inégalités et autres #discriminations subies par les minorités, qu’elles soient sexuelles, ethniques ou religieuses. Comment cet « éveil » a-t-il mué en une sorte d’#injure_publique constitutive d’une #menace existentielle pour la République ?

      Si le terme « woke » est historiquement lié à la lutte des #Afro-Américains pour les #droits_civiques, il se trouve désormais au cœur de mobilisations d’une jeunesse militante animée par les causes féministes et antiracistes. Ces mobilisations traduisent en acte l’#intersectionnalité théorisée par #Kimberlé_Williams_Crenshaw*, mais le recours à certains procédés ou techniques est perçu comme une atteinte à la #liberté_d’expression (avec les appels à la #censure d’une œuvre, à l’annulation d’une exposition ou d’une représentation, au déboulonnage d’une statue, etc.) ou à l’égalité (avec les « réunions non mixtes choisies et temporaires » restreignant l’accès à celles-ci à certaines catégories de personnes partageant un même problème, une même discrimination). Le débat autour de ces pratiques est complexe et légitime. Mais parler en France du développement d’une « cancel culture » qu’elles sont censées symboliser est abusif, tant elles demeurent extrêmement marginales dans les sphères universitaires et artistiques. Leur nombre comme leur diffusion sont inversement proportionnels à leur écho politico-médiatique. D’où provient ce contraste ou décalage ?

      Une rupture du contrat social

      En réalité, au-delà de la critique/condamnation du phénomène « woke », la crispation radicale qu’il suscite dans l’hexagone puise ses racines dans une absence de volonté politique à prendre au sérieux les demandes d’égalité, de justice, de respect des droits humains. Un défaut d’écoute et de volonté qui se nourrit lui-même d’un mécanisme de déni, à savoir un mécanisme de défense face à une réalité insupportable, difficile à assumer intellectuellement et politiquement.

      D’un côté, une série de rapports publics et d’études universitaires** pointent la prégnance des inégalités et des discriminations à l’embauche, au logement, au contrôle policier ou même à l’école. Non seulement les discriminations sapent le sentiment d’appartenance à la communauté nationale, mais la reproduction des inégalités est en partie liée à la reproduction des discriminations.

      De l’autre, le déni et l’#inaction perdurent face à ces problèmes systémiques. Il n’existe pas de véritable politique publique de lutte contre les discriminations à l’échelle nationale. L’État n’a pas engagé de programme spécifique qui ciblerait des axes prioritaires et se déclinerait aux différents niveaux de l’action publique.

      L’appel à l’« éveil » est un appel à la prise de conscience d’une rupture consommée de notre contrat social. La réalité implacable d’inégalités et de discriminations criantes nourrit en effet une #citoyenneté à plusieurs vitesses qui contredit les termes du récit/#pacte_républicain, celui d’une promesse d’égalité et d’#émancipation.

      Que l’objet si mal identifié que représente le « wokisme » soit fustigé par la droite et l’extrême-droite n’a rien de surprenant : la lutte contre les #logiques_de_domination ne fait partie ni de leur corpus idéologique ni de leur agenda programmatique. En revanche, il est plus significatif qu’une large partie de la gauche se détourne des questions de l’égalité et de la #lutte_contre_les_discriminations, pour mieux se mobiliser contre tout ce qui peut apparaître comme une menace contre un « #universalisme_républicain » aussi abstrait que déconnecté des réalités vécues par cette jeunesse française engagée en faveur de ces causes.

      Les polémiques autour du « wokisme » contribuent ainsi à forger cet arc politique et intellectuel qui atteste la convergence, voire la jonction de deux blocs conservateurs, « de droite » et « de gauche », unis dans un même « front républicain », dans un même déni des maux d’une société d’inégaux.

      https://www.nouvelobs.com/idees/20210928.OBS49202/wokisme-un-front-republicain-contre-l-eveil-aux-injustices.html

      #récit_républicain

    • « Le mot “#woke” a été transformé en instrument d’occultation des discriminations raciales »

      Pour le sociologue #Alain_Policar, le « wokisme » désigne désormais péjorativement ceux qui sont engagés dans des courants politiques qui se réclament pourtant de l’approfondissement des principes démocratiques.

      Faut-il rompre avec le principe de « #color_blindness » (« indifférence à la couleur ») au fondement de l’#égalitarisme_libéral ? Ce principe, rappelons-le, accompagne la philosophie individualiste et contractualiste à laquelle adhèrent les #démocraties. Or, en prenant en considération des pratiques par lesquelles des catégories fondées sur des étiquettes « raciales » subsistent dans les sociétés postcolonialistes, on affirme l’existence d’un ordre politico-juridique au sein duquel la « #race » reste un principe de vision et de division du monde social.

      Comme l’écrit #Stéphane_Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, « la République a un problème avec le #corps des individus, elle ne sait que faire de ces #différences_physiques, de ces couleurs multiples, de ces #orientations diverses, parce qu’elle a affirmé que pour traiter chacun et chacune également elle devait être #aveugle » ( Le Monde du 7 avril).

      Dès lors, ignorer cette #réalité, rester indifférent à la #couleur, n’est-ce pas consentir à la perpétuation des injustices ? C’est ce consentement qui s’exprime dans l’opération idéologique d’appropriation d’un mot, « woke », pour le transformer en instrument d’occultation de la réalité des discriminations fondées sur la couleur de peau. Désormais le wokisme désigne péjorativement ceux qui sont engagés dans les luttes antiracistes, féministes, LGBT ou même écologistes. Il ne se caractérise pas par son contenu, mais par sa fonction, à savoir, selon un article récent de l’agrégé de philosophie Valentin Denis sur le site AOC , « stigmatiser des courants politiques souvent incommensurables tout en évitant de se demander ce qu’ils ont à dire . Ces courants politiques, pourtant, ne réclament-ils pas en définitive l’approfondissement des #principes_démocratiques ?

      Une #justice_corrective

      Parmi les moyens de cet approfondissement, l’ affirmative action (« #action_compensatoire »), en tant qu’expression d’une justice corrective fondée sur la #reconnaissance des #torts subis par le passé et, bien souvent, qui restent encore vifs dans le présent, est suspectée de substituer le #multiculturalisme_normatif au #modèle_républicain d’#intégration. Ces mesures correctives seraient, lit-on souvent, une remise en cause radicale du #mérite_individuel. Mais cet argument est extrêmement faible : est-il cohérent d’invoquer la #justice_sociale (dont les antiwokedisent se préoccuper) et, en même temps, de valoriser le #mérite ? L’appréciation de celui-ci n’est-elle pas liée à l’#utilité_sociale accordée à un ensemble de #performances dont la réalisation dépend d’#atouts (en particulier, un milieu familial favorable) distribués de façon moralement arbitraire ? La justice sociale exige, en réalité, que ce qui dépend des circonstances, et non des choix, soit compensé.

      Percevoir et dénoncer les mécanismes qui maintiennent les hiérarchies héritées de l’#ordre_colonial constitue l’étape nécessaire à la reconnaissance du lien entre cet ordre et la persistance d’un #racisme_quotidien. Il est important (même si le concept de « #racisme_systémique », appliqué à nos sociétés contemporaines, est décrit comme une « fable » par certains auteurs, égarés par les passions idéologiques qu’ils dénoncent chez leurs adversaires) d’admettre l’idée que, même si les agents sont dépourvus de #préjugés_racistes, la discrimination fonctionne. En quelque sorte, on peut avoir du #racisme_sans_racistes, comme l’a montré Eduardo Bonilla-Silva dans son livre de 2003, Racism without Racists [Rowman & Littlefield Publishers, non traduit] . Cet auteur avait, en 1997, publié un article canonique sur le #racisme_institutionnel dans lequel il rejetait, en se réclamant du psychiatre et essayiste Frantz Fanon [1925-1961], les approches du racisme « comme une #bizarrerie_mentale, comme une #faille_psychologique » .

      Le reflet de pratiques structurelles

      En fait, les institutions peuvent être racialement oppressives, même sans qu’aucun individu ou aucun groupe ne puisse être tenu pour responsable du tort subi. Cette importante idée avait déjà été exprimée par William E. B. Du Bois dans Pénombre de l’aube. Essai d’autobiographie d’un concept de race (1940, traduit chez Vendémiaire, 2020), ouvrage dans lequel il décrivait le racisme comme un #ordre_structurel, intériorisé par les individus et ne dépendant pas seulement de la mauvaise volonté de quelques-uns. On a pu reprocher à ces analyses d’essentialiser les Blancs, de leur attribuer une sorte de #racisme_ontologique, alors qu’elles mettent au jour les #préjugés produits par l’ignorance ou le déni historique.

      On comprend, par conséquent, qu’il est essentiel de ne pas confondre, d’une part, l’expression des #émotions, de la #colère, du #ressentiment, et, d’autre part, les discriminations, par exemple à l’embauche ou au logement, lesquelles sont le reflet de #pratiques_structurelles concrètes. Le racisme est avant tout un rapport social, un #système_de_domination qui s’exerce sur des groupes racisés par le groupe racisant. Il doit être appréhendé du point de vue de ses effets sur l’ensemble de la société, et non seulement à travers ses expressions les plus violentes.

      #Alexis_de_Tocqueville avait parfaitement décrit cette réalité [dans De la démocratie en Amérique, 1835 et 1840] en évoquant la nécessaire destruction, une fois l’esclavage aboli, de trois préjugés, qu’il disait être « bien plus insaisissables et plus tenaces que lui : le préjugé du maître, le préjugé de race, et enfin le préjugé du Blanc . Et il ajoutait : « J’aperçois l’#esclavage qui recule ; le préjugé qu’il a fait naître est immobile. » Ce #préjugé_de_race était, écrivait-il encore, « plus fort dans les Etats qui ont aboli l’esclavage que dans ceux où il existe encore, et nulle part il ne se montre aussi intolérant que dans les Etats où la servitude a toujours été inconnue . Tocqueville serait-il un militant woke ?

      Note(s) :

      Alain Policar est sociologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Dernier livre paru : « L’Universalisme en procès » (Le Bord de l’eau, 160p., 16 euros)

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/28/alain-policar-le-mot-woke-a-ete-transforme-en-instrument-d-occultation-des-d

      #WEB_Du_Bois

      signalé par @colporteur ici :
      https://seenthis.net/messages/941602

    • L’agitation de la chimère « wokisme » ou l’empêchement du débat

      Wokisme est un néologisme malin : employé comme nom, il suggère l’existence d’un mouvement homogène et cohérent, constitué autour d’une prétendue « idéologie woke ». Ou comment stigmatiser des courants politiques progressistes pour mieux détourner le regard des discriminations que ceux-ci dénoncent. D’un point de vue rhétorique, le terme produit une version totalement caricaturée d’un adversaire fantasmé.

      (#paywall)
      https://aoc.media/opinion/2021/11/25/lagitation-de-la-chimere-wokisme-ou-lempechement-du-debat

    • Europe’s War on Woke

      Why elites across the Atlantic are freaking out about the concept of structural racism.

      On my 32nd birthday, I agreed to appear on Répliques, a popular show on the France Culture radio channel hosted by the illustrious Alain Finkielkraut. Now 72 and a household name in France, Finkielkraut is a public intellectual of the variety that exists only on the Left Bank: a child of 1968 who now wears Loro Piana blazers and rails against “la cancel culture.” The other guest that day—January 9, less than 72 hours after the US Capitol insurrection—was Pascal Bruckner, 72, another well-known French writer who’d just published “The Almost Perfect Culprit: The Construction of the White Scapegoat,” his latest of many essays on this theme. Happy birthday to me.

      The topic of our discussion was the only one that interested the French elite in January 2021: not the raging pandemic but “the Franco-American divide,” the Huntington-esque clash of two apparently great civilizations and their respective social models—one “universalist,” one “communitarian”—on the question of race and identity politics. To Finkielkraut, Bruckner, and the establishment they still represent, American writers like me seek to impose a “woke” agenda on an otherwise harmonious, egalitarian society. Americans who argue for social justice are guilty of “cultural imperialism,” of ideological projection—even of bad faith.

      This has become a refrain not merely in France but across Europe. To be sure, the terms of this social-media-fueled debate are unmistakably American; “woke” and “cancel culture” could emerge from no other context. But in the United States, these terms have a particular valence that mostly has to do with the push for racial equality and against systemic racism. In Europe, what is labeled “woke” is often whatever social movement a particular country’s establishment fears the most. This turns out to be an ideal way of discrediting those movements: To call them “woke” is to call them American, and to call them American is to say they don’t apply to Europe.

      In France, “wokeism” came to the fore in response to a recent slew of terror attacks, most notably the gruesome beheading in October 2020 of the schoolteacher Samuel Paty. After years of similar Islamist attacks—notably the massacre at the offices of the newspaper Charlie Hebdo in January 2015 and the ISIS-inspired assaults on the Hypercacher kosher supermarket and the Bataclan concert hall in November 2015—the reaction in France reached a tipping point. Emmanuel Macron’s government had already launched a campaign against what it calls “Islamist separatism,” but Paty’s killing saw a conversation about understandable trauma degenerate into public hysteria. The government launched a full-scale culture war, fomenting its own American-style psychodrama while purporting to do the opposite. Soon its ministers began railing against “islamo-gauchisme” (Islamo-leftism) in universities, Muslim mothers in hijabs chaperoning school field trips, and halal meats in supermarkets.

      But most of all, they began railing against the ideas that, in their view, somehow augmented and abetted these divisions: American-inspired anti-racism and “wokeness.” Macron said it himself in a speech that was widely praised by the French establishment for its alleged nuance: “We have left the intellectual debate to others, to those outside of the Republic, by ideologizing it, sometimes yielding to other academic traditions…. I see certain social science theories entirely imported from the United States.” In October, the French government inaugurated a think tank, the Laboratoire de la République, designed to combat these “woke” theories, which, according to the think tank’s founder, Jean-Michel Blanquer, Macron’s education minister, “led to the rise of Donald Trump.”

      As the apparent emissaries of this pernicious “Anglo-Saxon” identitarian agenda, US journalists covering this moment in France have come under the spotlight, especially when we ask, for instance, what islamo-gauchisme actually means—if indeed it means anything at all. Macron himself has lashed out at foreign journalists, even sending a letter to the editor of the Financial Times rebutting what he saw as an error-ridden op-ed that took a stance he could not bear. “I will not allow anybody to claim that France, or its government, is fostering racism against Muslims,” he wrote. Hence my own invitation to appear on France Culture, a kind of voir dire before the entire nation.

      Finkielkraut began the segment with a tirade against The New York Times and then began discussing US “campus culture,” mentioning Yale’s Tim Barringer and an art history syllabus that no longer includes as many “dead white males.” Eventually I asked how, three days after January 6, we could discuss the United States without mentioning the violent insurrection that had just taken place at the seat of American democracy. Finkielkraut became agitated. “And for you also, [what about] the fact that in the American Congress, Emanuel Cleaver, representative of Missouri, presiding over a new inauguration ceremony, finished by saying the words ‘amen and a-women’?” he asked. “Ça vous dérangez pas?” I said it didn’t bother me in the least, and he got even more agitated. “I don’t understand what you say, James McAuley, because cancel culture exists! It exists!”

      The man knew what he was talking about: Three days after our conversation, Finkielkraut was dropped from a regular gig at France’s LCI television for defending his old pal Olivier Duhamel of Sciences Po, who was embroiled in a pedophilia scandal that had taken France by storm. Duhamel was accused by his stepdaughter, Camille Kouchener, of raping her twin brother when the two were in their early teens. Finkielkraut speculated that there may have been consent between the two parties, and, in any case, a 14-year-old was “not the same thing” as a child.

      I tell this story because it is a useful encapsulation of France’s—and Europe’s—war on woke, a conflict that has assumed various forms in different national contexts but that still grips the continent. On one level, there is a certain comedy to it: The self-professed classical liberal turns out to be an apologist for child molestation. In fact, the anti-woke comedy is now quite literally being written and directed by actual comedians who, on this one issue, seem incapable of anything but earnestness. John Cleese, 81, the face of Monty Python and a public supporter of Brexit, has announced that he will be directing a forthcoming documentary series on Britain’s Channel 4 titled Cancel Me, which will feature extensive interviews with people who have been “canceled”—although no one connected with the show has specified what exactly the word means.

      Indeed, the terms of this debate are an insult to collective intelligence. But if we must use them, we need to understand an important distinction between what is called “cancel culture” and what is called “woke.” The former has been around much longer and refers to tactics that are used across the political spectrum, but historically by those on the right. “Cancel culture” is not the result of an increased awareness of racial disparities or a greater commitment to social justice broadly conceived—both of which are more urgent than ever—but rather a terrible and inevitable consequence of life with the Internet. Hardly anyone can support “cancel culture” in good faith, and yet it is never sufficiently condemned, because people call out such tactics only when their political opponents use them, never when their allies do. “Woke,” on the other hand, does not necessarily imply public shaming; it merely signifies a shift in perspective and perhaps a change in behavior. Carelessly equating the two is a convenient way to brand social justice activism as inherently illiberal—and to silence long-overdue conversations about race and inequality that far too many otherwise reasonable people find personally threatening.

      But Europe is not America, and in Europe there have been far fewer incidents that could be construed as “cancellations”—again, I feel stupid even using the word—than in the United States. “Wokeism” is really a phenomenon of the Anglosphere, and with the exception of the United Kingdom, the social justice movement has gained far less traction in Europe than it has in US cultural institutions—newspapers, universities, museums, and foundations. In terms of race and identity, many European cultural institutions would have been seen as woefully behind the times by their US counterparts even before the so-called “great awokening.” Yet Europe has gone fully anti-woke, even without much wokeness to fight.

      So much of Europe’s anti-woke movement has focused on opposing and attempting to refute allegations of “institutional” or “structural” racism. Yet despite the 20th-century continental origins of structuralism (especially in France) as a mode of social analysis—not to mention the Francophone writers who have shaped the way American thinkers conceive of race—many European elites dismiss these critiques as unwelcome intrusions into the public discourse that project the preoccupations of a nation built on slavery (and thus understandably obsessed with race) onto societies that are vastly different. Europe, they insist, has a different history, one in which race—especially in the form of the simple binary opposition of Black and white—plays a less central role. There is, of course, some truth to this rejoinder: Different countries do indeed have different histories and different debates. But when Europeans accuse their American critics of projection, they do so not to point out the very real divergences in the US and European discussions and even conceptions of race and racism. Rather, the charge is typically meant to stifle the discussion altogether—even when that discussion is being led by European citizens describing their own lived experiences.

      France, where I reside, proudly sees itself as a “universalist” republic of equal citizens that officially recognizes no differences among them. Indeed, since 1978, it has been illegal to collect statistics on race, ethnicity, or religion—a policy that is largely a response to what happened during the Second World War, when authorities singled out Jewish citizens to be deported to Nazi concentration camps. The French view is that such categories should play no role in public life, that the only community that counts is the national community. To be anti-woke, then, is to be seen as a discerning thinker, one who can rise above crude, reductive identity categories.

      The reality of daily life in France is anything but universalist. The French state does indeed make racial distinctions among citizens, particularly in the realm of policing. The prevalence of police identity checks in France, which stem from a 1993 law intended to curb illegal immigration, is a perennial source of controversy. They disproportionately target Black and Arab men, which is one reason the killing of George Floyd resonated so strongly here. Last summer I spoke to Jacques Toubon, a former conservative politician who was then serving as the French government’s civil liberties ombudsman (he is now retired). Toubon was honest in his assessment: “Our thesis, our values, our rules—constitutional, etc.—they are universalist,” he said. “They do not recognize difference. But there is a tension between this and the reality.”

      One of the most jarring examples of this tension came in November 2020, when Sarah El Haïry, Macron’s youth minister, traveled to Poitiers to discuss the question of religion in society at a local high school. By and large, the students—many of whom were people of color—asked very thoughtful questions. One of them, Emilie, 16, said that she didn’t see the recognition of religious or ethnic differences as divisive. “Just because you are a Christian or a Muslim does not represent a threat to society,” she said. “For me, diversity is an opportunity.” These and similar remarks did not sit well with El Haïry, who nonetheless kept her cool until another student asked about police brutality. At that point, El Haïry got up from her chair and interrupted the student. “You have to love the police, because they are there to protect us on a daily basis,” she said. “They cannot be racist because they are republican!”

      For El Haïry, to question such assumptions would be to question something foundational and profound about the way France understands itself. The problem is that more and more French citizens are doing just that, especially young people like the students in Poitiers, and the government seems utterly incapable of responding.

      Although there is no official data to this effect—again, because of universalist ideology—France is estimated to be the most ethnically diverse society in Western Europe. It is home to large North African, West African, Southeast Asian, and Caribbean populations, and it has the largest Muslim and Jewish communities on the continent. By any objective measure, that makes France a multicultural society—but this reality apparently cannot be admitted or understood.

      Macron, who has done far more than any previous French president to recognize the lived experiences and historical traumas of various minority groups, seems to be aware of this blind spot, but he stops short of acknowledging it. Earlier this year, I attended a roundtable discussion with Macron and a small group of other Anglophone correspondents. One thing he said during that interview has stuck with me: “Universalism is not, in my eyes, a doctrine of assimilation—not at all. It is not the negation of differences…. I believe in plurality in universalism, but that is to say, whatever our differences, our citizenship makes us build a universal together.” This is simply the definition of a multicultural society, an outline of the Anglo-Saxon social model otherwise so despised in France.

      Europe’s reaction to the brutal killing of George Floyd in may 2020 was fascinating to observe. The initial shock at the terrifyingly mundane horrors of US life quickly gave way to protest movements that decried police brutality and the unaddressed legacy of Europe’s colonial past. This was when the question of structural racism entered the conversation. In Britain, Prime Minister Boris Johnson responded to the massive protests throughout the country by establishing the Commission on Race and Ethnic Disparities, an independent group charged with investigating the reality of discrimination and coming up with proposals for rectifying racial disparities in public institutions. The commission’s report, published in April 2021, heralded Britain as “a model for other White-majority countries” on racial issues and devoted three pages to the problems with the language of “structural racism.”

      One big problem with this language, the report implied, is that “structural racism” is a feeling, and feelings are not facts. “References to ‘systemic’, ‘institutional’ or ‘structural racism’ may relate to specific processes which can be identified, but they can also relate to the feeling described by many ethnic minorities of ‘not belonging,’” the report said. “There is certainly a class of actions, behaviours and incidents at the organisational level which cause ethnic minorities to lack a sense of belonging. This is often informally expressed as feeling ‘othered.’” But even that modest concession was immediately qualified. “However, as with hate incidents, this can have a highly subjective dimension for those tasked with investigating the claim.” Finally, the report concluded, the terms in question were inherently extreme. “Terms like ‘structural racism’ have roots in a critique of capitalism, which states that racism is inextricably linked to capitalism. So by that definition, until that system is abolished racism will flourish.”

      The effect of these language games is simply to limit the terms available to describe a phenomenon that indeed exists. Because structural racism is not some progressive shibboleth: It kills people, which need not be controversial or even political to admit. For one recent example in the UK, look no further than Covid-19 deaths. The nation’s Office for National Statistics concluded that Black citizens were more than four times as likely to die of Covid as white citizens, while British citizens of Bangladeshi and Pakistani heritage were more than three times as likely to die. These disparities were present even among health workers directly employed by the state: Of the National Health Service clinical staff who succumbed to the virus, a staggering 60 percent were “BAME”—Black, Asian, or minority ethnic, a term that the government’s report deemed “no longer helpful” and “demeaning.” Beyond Covid-19, reports show that Black British women are more than four times as likely to die in pregnancy or childbirth as their white counterparts; British women of an Asian ethnic background die at twice the rate of white women.

      In the countries of Europe as in the United States, the battle over “woke” ideas is also a battle over each nation’s history—how it is written, how it is taught, how it is understood.

      Perhaps nowhere is this more acutely felt than in Britain, where the inescapable legacy of empire has become the center of an increasingly acrimonious public debate. Of particular note has been the furor over how to think about Winston Churchill, who remains something of a national avatar. In September, the Winston Churchill Memorial Trust renamed itself the Churchill Fellowship, removed certain pictures of the former prime minister from its website, and seemed to distance itself from its namesake. “Many of his views on race are widely seen as unacceptable today, a view that we share,” the Churchill Fellowship declared. This followed the November 2020 decision by Britain’s beloved National Trust, which operates an extensive network of stately homes throughout the country, to demarcate about 100 properties with explicit ties to slavery and colonialism.

      These moves elicited the ire of many conservatives, including the prime minister. “We need to focus on addressing the present and not attempt to rewrite the past and get sucked into the never-ending debate about which well-known historical figures are sufficiently pure or politically correct to remain in public view,” Johnson’s spokesman said in response to the Churchill brouhaha. But for Hilary McGrady, the head of the National Trust, “the genie is out of the bottle in terms of people wanting to understand where wealth came from,” she told London’s Evening Standard. McGrady justified the trust’s decision by saying that as public sensibilities change, so too must institutions. “One thing that possibly has changed is there may be things people find offensive, and we have to be sensitive about that.”

      A fierce countermovement to these institutional changes has already emerged. In the words of David Abulafia, 71, an acclaimed historian of the Mediterranean at Cambridge University and one of the principal architects of this countermovement, “We can never surrender to the woke witch hunt against our island story.”

      This was the actual title of an op-ed by Abulafia that the Daily Mail published in early September, which attacked “today’s woke zealots” who “exploit history as an instrument of propaganda—and as a means of bullying the rest of us.” The piece also announced the History Reclaimed initiative, of which Abulafia is a cofounder: a new online platform run by a board of frustrated British historians who seek to “provide context, explanation and balance in a debate in which condemnation is too often preferred to understanding.” As a historian myself, I should say that I greatly admire Abulafia’s work, particularly its wide-ranging synthesis and its literary quality, neither of which is easy to achieve and both of which have been models for me in my own work. Which is why I was surprised to find a piece by him in the Daily Mail, a right-wing tabloid not exactly known for academic rigor. When I spoke with Abulafia about it, he seemed a little embarrassed. “It’s basically an interview that they turn into text and then send back to you,” he told me. “Some of the sentences have been generated by the Daily Mail.”

      As in the United States, the UK’s Black Lives Matter protests led to the toppling of statues, including the one in downtown Bristol of Edward Colston, a 17th-century merchant whose wealth derived in part from his active involvement in the slave trade. Abulafia told me he prefers a “retain and explain” approach, which means keeping such statues in place but adding context to them when necessary. I asked him about the public presentation of statues and whether by their very prominence they command an implicit honor and respect. He seemed unconvinced. “You look at statues and you’re not particularly aware of what they show,” he said.

      “What do you do about Simon de Montfort?” Abulafia continued. “He is commemorated at Parliament, and he did manage to rein in the power of monarchy. But he was also responsible for some horrific pogroms against the Jews. Everyone has a different perspective on these people. It seems to me that what we have to say is that human beings are complex; we often have contradictory ideas, mishmash that goes in any number of different directions. Churchill defeated the Nazis, but lower down the page one might mention that he held views on race that are not our own. Maintaining that sense of proportion is important.”

      All of these are reasonable points, but what I still don’t understand is why history as it was understood by a previous generation must be the history understood by future generations. Statues are not history; they are interpretations of history created at a certain moment in time. Historians rebuke previous interpretations of the past on the page all the time; we rewrite accounts of well-known events according to our own contemporary perspectives and biases. What is so sacred about a statue?

      I asked Abulafia why all of this felt so personal to him, because it doesn’t feel that way to me. He replied, “I think there’s an element of this: There is a feeling that younger scholars might be disadvantaged if they don’t support particular views of the past. I can think of examples of younger scholars who’ve been very careful on this issue, who are not really taking sides on that issue.” But I am exactly such a younger scholar, and no one has ever forced me to uphold a certain opinion, either at Harvard or at Oxford. For Abulafia, however, this is a terrifying moment. “One of the things that really worries me about this whole business is the lack of opportunities for debate.”

      Whatever one thinks of “woke” purity tests, it cannot be argued in good faith that the loudest European voices on the anti-woke side of the argument are really interested in “debate.” In France especially, the anti-woke moment has become particularly toxic because its culture warriors—on both the right and the left—have succeeded in associating “le wokeisme” with defenses of Islamist terrorism. Without question, France has faced the brunt of terrorist violence in Europe in recent years: Since 2015, more than 260 people have been killed in a series of attacks, shaking the confidence of all of us who live here. The worst year was 2015, flanked as it was by the Charlie Hebdo and Bataclan concert hall attacks. But something changed after Paty’s brutal murder in 2020. After a long, miserable year of Covid lockdowns, the French elite—politicians and press alike—began looking for something to blame. And so “wokeness” was denounced as an apology for terrorist violence; in the view of the French establishment, to emphasize identity politics was to sow the social fractures that led to Paty’s beheading. “Wokeness” became complicit in the crime, while freedom of expression was reserved for supporters of the French establishment.

      The irony is fairly clear: Those who purported to detest American psychodramas about race and social justice had to rely on—and, in fact, to import—the tools of an American culture war to battle what they felt threatened by in their own country. In the case of Paty’s murder and its aftermath, there was another glaring irony, this time about the values so allegedly dear to the anti-woke contingent. The middle school teacher, who was targeted by a Chechen asylum seeker because he had shown cartoons of the prophet Muhammad as part of a civics lesson about free speech, was immediately lionized as an avatar for the freedom of expression, which the French government quite rightly championed as a value it would always protect. “I will always defend in my country the freedom to speak, to write, to think, to draw,” Macron told Al Jazeera shortly after Paty’s killing. This would have been reassuring had it not been completely disingenuous: Shortly thereafter, Macron presided over a crackdown on “islamo-gauchisme” in French universities, a term his ministers used with an entirely straight face. If there is a single paradox that describes French cultural life in 2021, it is this: “Islamophobia” is a word one is supposed to avoid, but “Islamo-leftism” is a phenomenon one is expected to condemn.

      Hundreds of academics—including at the Centre National de la Recherche Scientifique, France’s most prestigious research body—attacked the government’s crusade against an undefined set of ideas that were somehow complicit in the Islamist terror attacks that had rocked the country. Newspapers like Le Monde came out against the targeting of “islamo-gauchisme,” and there were weeks of tedious newspaper polemics about whether the term harks back to the “Judeo-Bolshevism” of the 1930s (of course it does) or whether it describes a real phenomenon. In any case, the Macron government backtracked in the face of prolonged ridicule. But the trauma of the terror attacks and the emotional hysteria they unleashed will linger: France has also reconfigured its commitment to laïcité, the secularism that the French treat as an unknowable philosophical ideal but that is actually just the freedom to believe or not to believe as each citizen sees fit. Laïcité has become a weapon in the culture war, instrumentalized in the fight against an enemy that the French government assures its critics is radical Islamism but increasingly looks like ordinary Islam.

      The issue of the veil is infamously one of the most polarizing and violent in French public debate. The dominant French view is a function of universalist ideology, which holds that the veil is a symbol of religious oppression; it cannot be worn by choice. A law passed in 2004 prohibits the veil from being worn in high schools, and a separate 2010 law bans the face-covering niqab from being worn anywhere in public, on the grounds that “in free and democratic societies…o exchange between people, no social life is possible, in public space, without reciprocity of look and visibility: people meet and establish relationships with their faces uncovered.” (Needless to say, this republican value was more than slightly complicated by the imposition of a mask mandate during the 2020 pandemic.)

      In any case, when Muslim women wear the veil in public, which is their legal right and in no way a violation of laïcité, they come under attack. In 2019, for instance, then–Health Minister Agnès Buzyn—who is now being investigated for mismanaging the early days of the pandemic—decried the marketing of a runner’s hijab by the French sportswear brand Decathlon, because of the “communitarian” threat it apparently posed to universalism. “I would have preferred a French brand not to promote the veil,” Buzyn said. Likewise, Jean-Michel Blanquer, France’s education minister, conceded that although it was technically legal for mothers to wear head scarves, he wanted to avoid allowing them to chaperone school trips “as much as possible.”

      Nicolas Cadène, the former head of France’s national Observatory of Secularism—a laïcité watchdog, in other words—was constantly criticized by members of the French government for being too “soft” on Muslim communal organizations, with whose leaders he regularly met. Earlier this year, the observatory that Cadène ran was overhauled and replaced with a new commission that took a harder line. He remarked to me, “You have political elites and intellectuals who belong to a closed society—it’s very homogeneous—and who are not well-informed about the reality of society. These are people who in their daily lives are not in contact with those who come from diverse backgrounds. There is a lack of diversity in that elite. France is not the white man—there is a false vision [among] our elites about what France is—but they are afraid of this diversity. They see it as a threat to their reality.”

      As in the United States, there is a certain pathos in the European war on woke, especially in the battalion of crusaders who belong to Cleese and Finkielkraut’s generation. For them, “wokeism” —a term that has no clear meaning and that each would probably define differently—is a personal affront. They see the debate as being somehow about them. The British politician Enoch Powell famously said that all political lives end in failure. A corollary might be that all cultural careers end in irrelevance, a reality that so many of these characters refuse to accept, but that eventually comes for us all—if we are lucky. For many on both sides of the Atlantic, being aggressively anti-woke is a last-ditch attempt at mattering, which is the genuinely pathetic part. But it is difficult to feel pity for those in that camp, because their reflex is, inescapably, an outgrowth of entitlement: To resent new voices taking over is to believe that you always deserve a microphone. The truth is that no one does.

      https://www.thenation.com/article/world/woke-europe-structural-racism

  • New Yorker Taxifahrer fordern Erlass von Konzessionsschulden.
    http://www.ag-taxi.de/nyc-taxi-schuldenerlass.html

    Von 2002 bis 2014 wurde der Preis für eine New Yorker Taxi-Konzession von Taxibehörde per Spekulation künstlich von 200.000 Dollar auf 800.00 Dollar manipuliert. Nach dem massiven Einbruch von Uber-Fahrzeugen in das New Yorker Taxigeschäft stehen nun tausende kleine Selbständige, die ihre Kreditraten nicht mehr bezahlen können, vor dem Ruin. Sie fordern, dass die Stadt New York ihre Verantwortung für die Preisexplosion übernimmt, und einen wirksamen Hilfsfond aufsetzt. Die AG Taxi erklärt den New (...) #News

    https://www.nytwa.org
    https://www.youtube.com/watch?v=3LKgOEqe1bU&