#neakavala

  • Billet de terrain #4
    21 avril 2020

    Le camp de Nea Kavala en Grèce

    Par Louis Fernier

    Étudiant en Master 2 Migrations internationales (Migrinter/Université de Poitiers), il prépare un mémoire sur les acteurs et les implications environnementales dans les camps de réfugiés et réalise actuellement un stage au sein de l’ONG « We Are Here » (http://weareherecentre.org/neakavala) en Grèce.

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    Dans l’Union européenne, certains camps pour personnes étrangères sont dits « ouverts » : les habitants sont libres d’y rester ou non, en attendant une réponse à leur demande d’asile – dans les faits, ils n’ont pas vraiment le droit ni les moyens de s’installer ailleurs.

    En Grèce continentale, le camp de Nea Kavala fait partie de ce type de dispositif. Nous sommes à 56 kilomètres de la ville de Thessalonique, et à vingt kilomètres de la frontière avec la Macédoine. Polykastro, la ville la plus proche du camp, est à cinq kilomètres.

    Le 28 février 2016, la création de ce camp intervient dans un contexte de fermetures des frontières dans les Balkans, et du besoin de répartir les habitants du camp d’Idomeni. 3520 personnes sont alors transférées vers des tentes disposées sur le tarmac de l’aéroport militaire « Asimakopoulou »[1], pour une capacité d’accueil estimée à 2500 personnes. Sur le bitume, les personnes sont exposées aux vents et aux températures parfois extrêmes. Elles attendront le mois de novembre pour que des containers soient mis en place.

    Quatre ans plus tard, le camp est toujours là. L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) considère Nea Kavala comme une « installation d’accueil de long terme » ; et y transfère notamment des réfugiés depuis le camp de Moria à Lesbos[2].

    La vie s’est organisée à la marge de la société grecque. Des personnes migrantes sont isolées, bloquées dans un lieu initialement prévu pour que des avions décollent et atterrissent. Sur le tarmac, les préfabriqués ont été installés « de façon à contenir les effets des rafales de vent » ; les personnes « accueillies » partagent des sanitaires extérieurs l’été comme l’hiver, et une unique source d’eau potable située à l’entrée du camp. Si elles le souhaitent, elles sont toutefois libres de marcher 5 KM le long d’une voie rapide pour atteindre la première pharmacie. Sur place, nos observations nous ont permis de réaliser la carte ci-après :

    Ce croquis illustre comment la vie prend forme dans un tel environnement. Les ressources et acteurs clés se situent presque exclusivement à l’entrée, dans le nord du camp.

    L’Etat grec a délégué la majeure partie des tâches de coordination au Danish Refugee Council. Les ministères de l’éducation et de la santé restent toutefois censés accomplir leurs missions respectives. Hélas, la majorité des enfants ne sont scolarisés que la moitié de la semaine, et le médecin du camp n’est présent que 15 heures par semaine. Deux associations non-gouvernementales, « Drop in the Ocean » et We Are Here », sont présentes au quotidien pour soutenir les personnes encampées. C’est au sein de We Are Here que nous effectuons une enquête de terrain depuis deux mois. Composée uniquement de bénévoles, cette association gère un espace social, organise des cours d’Anglais et de musique, et des activités pour les plus jeunes. Elle tient aussi un centre d’informations et un espace réservé aux femmes. Au quotidien, elle s’active dans un univers interculturel, comme le montre la diversité des nationalités présentes depuis 2016, et la nécessité de s’adapter en continue.

    Être bénévole à We Are Here, c’est aussi travailler dans un milieu en perpétuel mouvement : la population connait des fluctuations parfois très soudaines.

    Si la population n’a plus dépassé la capacité du camp depuis sa création, elle a connu certains pics – à la fin de l’été 2019 notamment. Les conditions de vie paraissaient alors peu dignes pour un « site d’accueil de long terme ». Une personne réfugiée témoignait le 02 septembre 2019 :

    “Nea Kavala Camp is one of hell’s chosen spots in Greece. And to think that this government sees it as a suitable place for vulnerable refugees shows to me how much it must hate us. Nobody should be expected to stay there.”

    Depuis le 12 mars 2020, les mesures de protection face au Covid-19 ont entraîné l’arrêt des activités de We Are Here ; cependant, nous sommes toujours en observation depuis le village voisin, en contact avec les habitants du camp. Et la crise sanitaire n’a pas freiné les travaux d’aménagement de Nea Kavala, en prévision de l’accueil de 1000 personnes transférées depuis l’île de Lesbos.

    A l’intérieur de ces tentes, les familles sont aujourd’hui réparties par petites salles. Un habitant nous rapporte que « l’on y entend les voisins, c’est très serré. Il y a une table, quatre chaises et quatre lits pour toute une famille ».

    Nea Kavala compte 372 arrivées depuis la fin du mois de février, dans le contexte actuel de pandémie mondiale. Le Danish Refugee Council estime que 700 nouvelles personnes arriveront encore d’ici l’été. Les locaux de We Are Here et de Drop in the Ocean ont été demandés pour organiser de potentielles mises en quarantaine. En attendant d’y retourner, nous espérons que le virus épargnera le camp ; et que l’ennui, l’isolement et les conditions d’accueil ainsi décrites n’entraineront pas de tensions. Nous retenons notre souffle.

    https://mi.hypotheses.org/2122

    #Covid-19 #Migrants #Migrations #camp #Grèce #neakavala #transfert

  • 190 migrants from Tzia being transferred to mainland

    http://www.ekathimerini.com/251503/article/ekathimerini/news/190-migrants-from-tzia-being-transferred-to-mainland

    Greek authorities started on Wednesday evening the transfer to the mainland of 190 migrants who had been stranded on the island of Tzia since the Turkish smuggling ship they were onboard ran aground there on March 16.

    The migrants, who were quarantined for two weeks after a few among them developed symptoms resembling those of the new coronavirus were boarding Andros Jet that would take them to Nea Kavala.

    Last Saturday, health inspectors visited Tzia to test them for Covid-19 ahead of their scheduled transfer.

    The small oil tanker that ran aground off Tzia has been identified as the Dorduncu, a Turkish-flagged ship that was built in 1968. Its passengers, who were able to get off the vessel safely, told investigators that they had paid smugglers in Turkey 5,000 euros each for passage to Italy.

    The ship had reportedly set sail from Canakkale in northwestern Turkey and managed to cross the Aegean undetected by switching off its Automatic Identification System.

    Authorities say that three traffickers are among the passengers.

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