• Le document évoque alors le « cas particulier de l’absence de lit disponible chez un patient pour lequel l’admission en réanimation est retenue ». La première réponse « logique » et celle d’un « transfert dans une autre structure de réanimation qui aurait une place disponible ». Est évoqué aussi le fait « d’optimiser l’oxygénation du patient », mais une « troisième possibilité qui permettrait d’éviter de faire perdre une chance au patient nécessitant une admission en réanimation serait de faire sortir un patient déjà en réanimation pour faire une place (bumping) »

      #bumping #necrocapitalisme

      –—

      Manifestement, pour la majorité des personnes âgées mourantes du Covid-19 en EHPAD, ces soins palliatifs n’ont pas pu être assurés, faute de moyens. Elles sont aujourd’hui près de 9000 à être mortes loin de leurs familles. Et comme le rappelait Le Canard Enchaîné, suite à la circulaire du ministère et à ces recommandations, le nombre de patients âgés en service de réanimation a considérablement chuté en quelques jours : le 21 mars, 19 % des patients placés en réanimation étaient âgés de plus de 75 ans ; le 5 avril, il n’étaient plus que 7 % Pour les plus de 80 ans, le taux est passé de 9 % à 2 %.

      Les bureaucrates de la santé ont semble-t-il trouvé la solution : pour évacuer un problème, mieux vaut l’effacer en amont. Et tout cela se fait dans un silence de mort.

  • Je peine à trouver des trouver des textes basés sur l’hypothèse que les inégalités sont une (ou la) cause de la crise économique qui accompagne la pandémie. Évidemment, on a énormément de considérations sur le fait que la pandémie accentue les inégalités, mais je ne vois pas passer en ce moment de textes suggérant la causalité inverse, à savoir : (1) les inégalités accentueraient la pandémie, (2) les inégalités seraient la cause principale de la crise économique déclenchée par la pandémie.

    Pourtant, depuis 10 ans, toute une littérature économique souligne que les inégalités, notamment aux États-Unis, atteignent les niveaux de 1929, et que ce niveau d’inégalité n’est pas soutenable. La thèse que le niveau d’inégalité est la cause de la crise n’est pas qu’une idée de gentils gauchistes, mais une thèse du FMI lui-même : Inequality, Leverage and Crises, Michael Kumhof et Romain Rancière, 2010 :
    https://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2010/wp10268.pdf
    Il a même été écrit que ces inégalités, historiquement, ne parviennent à se résoudre que dans des formes d’extrême violence : guerre, effondrement d’un État, révolution sanglante ou… pandémie : The Great Leveler. Violence and the history of inequality from the Stone Age to the twenty-first century, Walter Scheidel, 2017
    https://www.scienceshumaines.com/the-great-leveler_fr_38968.html

    Du coup, je suis un peu étonné qu’on n’aborde plus les inégalités que comme conséquence de l’épidémie, alors qu’il serait certainement intéressant de travailler sur l’idée des inégalités comme causes de la crise qui accompagne l’épidémie, et pas seulement l’inverse (l’épidémie comme cause, révélateur ou accélérateur des inégalités).

    Il me semble facile d’admettre que nos sociétés ont été lourdement fragilisées par les politiques économiques et sociales imposées par la montée de ces inégalités. La France macroniste en serait même une parodie. Mais peut-on aller plus loin ?

    Et de fait, s’autoriser l’hypothèse un peu simpliste : on a les niveaux d’inégalités qui ont précédé la crise de 1929, on hérite donc d’une crise économique du niveau de celle de 1929. La virus, alors, comme simple déclencheur d’une crise qui était déjà inévitable et en gestation.

    • Je n’écoute pas souvent à cette heure mais l’émission Entendez-vous l’écho aborde régulièrement la question des inégalités. Cette semaine, le capitaliste sur le banc des accusés
      Épisode 2 (aujourd’hui) : Les dérives de l’accumulation.
      Peut-être qu’en recherchant dans l’historique tu trouverais les analyses que tu attends.
      https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/le-capitalisme-sur-le-banc-des-accuses-24-les-derives-de-laccumulation

    • Comme la situation actuelle de crise sanitaire mondiale, cette manière de voir me laisse profondément perplexe ... Sans arriver à ordonner le propos, et sans éviter l’appel à des grosses catégories (capitalisme !), des remarques.
      En matière de santé publique le rôle de ces « inégalités » est sans cesse pointé (avec une espérance de vie très hiérarchisée socialement et géographiquement). Dans le cas du Covid_19 on voit bien que c’est la jet class qui a été le vecteur majeur de la pandémie, de sa vitesse, alors que ce sont les moins bien dotés qui meurent le mieux (migrants, enfermés divers, travailleurs confinés dans l’emploi, pauvres). D’autres ont pointé en quoi cela se fait au risque dune pénurie de man d’oeuvre.
      https://seenthis.net/messages/842806
      Mais depuis quand croit-on que la capitalisme doive être régulé. Et de quelle régulation parle-t-on ? La crise est le mode d’être d’un capitalisme qui fonctionne aux « inégalités », c’est devenu manifeste depuis 50 ans (avec des moments inédits : 2008, 2020), d’un capitalisme qui marche au déséquilibre permanent, aux contradictions.
      La montée du thème des inégalités dans les sciences sociales et l’expertise relève il me semble de l’expansion des savoirs d’une gestion biopolitique des populations, avec d’innombrables aspects « éthiques » (#théorie_de_la_justice) ou plus économiques (#néokeynésianisme), autant d’hypothèses de gestion à renouveler sans cesse (avec tous les « retours » possibles à des visions antérieures remaniées : cf le « colbertisme chinois », par exemple).
      Les militants de l’économie n’ont et n’auront pas de vision unifiée de ce qu’exige leur credo (le profit, la concurrence comme fondement de la société), gardant la possibilité d’infléchir les politiques menées (un réservoir, un stock de conceptions et de mesures pour durer, autant que faire se peut).
      Mais ils n’ont plus rien à promettre. Il n’y a pas de bonne nouvelle à laquelle faire adhérer. La survie et le bonheur s’équivalent (cf. la collapsologie, totalement indifférente aux rapports sociaux qui produisent les inégalités), saisissez votre chance !
      Et là, il semble que faute de toute alternative pour une relance de la croissance économique, ou une nouvelle croissance, la tentation d’une bonne grosse « destruction créatrice » à l’échelle de la population mondiale soit forte parmi eux (l’immunité de troupeau est une guerre aux pauvres du monde). Une prolongation radicalisée de la troisième guerre mondiale, morcelée et permanente depuis la fin de la seconde.
      Lorsqu’à l’abandon depuis 20 ans des politiques légitimées par les théories du « capitalisme cognitif », d’un entretien et d’une valorisation du « capital humain » par la formation de masse s’ajoute un opportun délestage du capital humain obsolète (exemplairement les vieux, ici), faut peut-être constater que la manière de faire jouer à l’inégalité (et pas aux inégalités...) son rôle de moteur du développement est en train de se muer. D’aucuns en viennent à parler de #nécrocapitalisme, c’est partiel mais pas absurde.

      #biopolitique

  • CORONAVIRUS - « ON DÉBRANCHE L’INSPECTION DU TRAVAIL », dénonce Camille Planchenault, du ministère du Travail | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/videos/coronavirus-debranche-linspection-du-travail-denonce-camille-planchenault-d

    Camille Planchenault, syndicaliste Sud-Travail au ministère du Travail, fait un état des lieux des obligations des employeurs et les droits des salariés durant cette profonde crise sanitaire. Il dénonce également le message que sa hiérarchie adresse aux inspecteurs de travail : « Restez chez vous, répondez aux questions et n’allez pas voir ce qui se passe dans les entreprises. »

    Alors tu vois coco, le problème en France, c’est pas l’absence de masques, de lits, de soignants. Le problème en France, coco, c’est les contrôles des impôts, c’est le droit du travail, c’est les gens qui sortent dans la rue pour se promener, ou pire, pour travailler alors qu’ils ne sont pas tout à fait assez blancs de peau. Ce sont les vrais problèmes. Et pour ces vrais problèmes, on a des champions à la tête de l’Etat. Pour appuyer sur le bouton STOP, ils sont champions. STOP, plus le droit de sortir. STOP, plus besoin de respecter le droit.

    En fait, pour créer le chaos, ils sont les champions. A en regretter que le PC Chinois ne soit pas aux commandes. C’est dire.

  • À l’air libre (10) Profs et élèves face aux cours en ligne, la double peine des quartiers populaires
    https://www.youtube.com/watch?v=7-YummRG-mQ

    C’est un peu long mais j’attire votre attention sur le timing à 1h ce que dit Stephane Bonnerie maitre de conf à paris VIII
    Il explique la feinte de Blanquer qui consiste à laisser pourrir la situation pour incriminer les éléves de ne pas avoir assez préparé leurs examens et imposer alors sa réforme à base de contrôle continu. Puis avoir des facs vidée d’étudiantes car il n’y en aura que très peu en première année en sept 2020 !
    cc @heautontimoroumenos

  • Hôpital public : la note explosive de la Caisse des dépôts
    Laurent Mauduit et Martine Orange
    https://www.mediapart.fr/journal/france/010420/hopital-public-la-note-explosive-de-la-caisse-des-depots?onglet=full

    À la demande d’Emmanuel Macron, la Caisse des dépôts travaille à un plan pour l’hôpital public. Mediapart en révèle le contenu. Au lieu de défendre l’intérêt général, il vise à accélérer la marchandisation de la santé et sa privatisation rampante.

    ...
    La philosophie générale du plan. Tous les experts que nous avons interrogés – professeur de médecine, économistes, sociologue – portent sur cette note un regard similaire. S’ils relèvent ici ou là quelques avancées, ils constatent qu’elle ne tire aucun enseignement de la crise sanitaire historique que nous traversons et cherche à poursuivre et même à accélérer les processus de privatisation rampante et de marchandisation de la santé, qui étaient déjà à l’œuvre les années précédentes.

    ...
    Pierre-André Juven ajoute : « Ce document est le révélateur très net des orientations actuelles en matière de réformes de la santé : nécessité de faire plus de place au privé ; croyance forte dans l’innovation numérique comme solution au double enjeu de la qualité des soins et de la contrainte financière ; responsabilisation et individualisation face au risque. Les quatre points généraux du document ne sont qu’un coup de tampon aux stratégies édictées depuis plusieurs années. Loin de remettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de vingt ans, ils conduisent à accélérer la casse de l’hôpital public. Ce document n’est pas seulement la marque d’une volonté d’étendre l’emprise du privé au sein de l’hôpital public, il traduit la conception technophile, néolibérale et paternaliste qu’une grande partie des acteurs administratifs et des responsables politiques ont de la santé. »

    Interrogé également par Mediapart, le professeur André Grimaldi, fondateur du Collectif Inter-Hôpitaux, juge aussi sévèrement cette note. Il souligne en particulier qu’elle présente le vice majeur de mettre sur un pied d’égalité l’hôpital public et d’autres établissements, dont les établissements privés de santé à but non lucratif (Espic), qui, même s’ils sont détenus par des mutuelles et des fondations, sont régis par d’autres règles, notamment celles de la concurrence, ce qui leur permet d’embaucher les soignants sous des contrats individuels, de faire leur mercato pour débaucher des professeurs de renom, avec les rémunérations afférentes. Cette mise sur un pied d’égalité de ces établissements a, selon lui, pour effet d’effacer la frontière entre public et privé et s’inscrit dans une logique de marchandisation.

    Jean-Paul Domin, professeur de sciences économiques à l’université de Reims et membre des Économistes atterrés, soulève, avant toute chose, une question de méthode : « N’y a-t-il pas un évident conflit d’intérêts à demander un rapport à la CDC sur l’hospitalisation ? La CDC, via une de ses filiales Icade santé, est un acteur majeur de l’hospitalisation privée lucrative. Icade santé est détenue à hauteur de 38,8 % par la CDC et pour 18,4 % par Prédica SA (la filiale assurance du Crédit agricole). Icade s’est spécialisée sur le marché de l’immobilier sanitaire. Elle possède un portefeuille de 135 établissements de santé valorisé à hauteur de 5,5 milliards d’euros. Elle est déjà partenaire de marques reconnues (Elsan, Ramsay santé, Vivalto) ainsi que des groupes régionaux. Icade souhaite également investir le marché des Ehpad et annonce un accord de partenariat avec le groupe Korian. »

    #Politique-de-santé #Hôpitaux #Emmanuel-Macron #Ultralibéralisme #Privatisation

    • Pour Jean-Paul Domin, la critique est similaire : « C’est le truc à la mode. Les opérateurs complémentaires (mutuelles, assurances) se sont lancés en proposant des solutions de téléconsultation (la société Mesdocteurs.com est financée en partie par Axa, qui est au capital). La CDC oublie que cette fausse solution nécessite que l’ensemble des patients puisse avoir accès au très haut débit, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde. L’accès à la télémédecine est marqué par de fortes inégalités. »

      Depuis quelques mois impossible pour moi d’avoir accès à mon compte « Amélie ». J’ai perdu mes codes, comme la fonction pour en demander de nouveaux en ligne est down, je fait une demande écrite par la poste. Un mois plus tard je reçoit le code, il marche pas mon compte est indiqué « indisponible pour l’instant - revenez plus tard ». Je téléphone à la secu, plus de 30 minutes d’attente avec la petite musique qui rend folle au prix standart + 6 centimes la minutes. L’opérateur me donne un nouveau code par SMS.
      Je vais sur Amélie et là encore ca marche pas « votre compte est indisponible pour l’instant - revenez plus tard » avec une image très mignonne et plus aucune fonction accessible meme la demande d’un nouveau code.
      N’étant pas super douée en informatique mais pas non plus totalement incapable je suis toujours dans l’incapacité d’avoir accès à mon compte Amélie. Ca implique que je peu pas avoir de justificatif pour prendre une mutuelle du coup j’ai du payé pas mal de frais médicaux de décembre à mars et j’ose pas imaginé ce que serait une téléconsultation avec ce système.

    • et puis après la lecture de cet article je tombe sur ceci qui m’aurais fait avalé mon dentier si j’en avait un !

      Coronavirus : « La solidarité, ça ne s’instrumentalise pas », dit Paris à Pékin et Moscou

      https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/290320/coronavirus-la-solidarite-ca-ne-s-instrumentalise-pas-dit-paris-pekin-et-m

      La Chine et la Russie ne doivent pas « instrumentaliser » l’aide qu’elles apportent à d’autres dans la crise sanitaire du Covid-19, a déclaré dimanche une ministre française, déplorant des mises « en scène » à des fins de « propagande ».

      « La solidarité, ça ne s’instrumentalise pas », a lancé la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin dans l’émission « Questions politiques » de la radio France Inter, du journal Le Monde et de France Télévisions.

      « C’est parfois plus simple de faire de la propagande, des belles images et parfois d’instrumentaliser ce qui se passe », a-t-elle relevé. « Je vous parle de la Chine, de la Russie qui mettent en scène des choses », a-t-elle souligné.

    • Et je viens d’apprendre par la MDA que je vais pas pouvoir avoir de dédomagement pour mon expo qui à été annulée le 16mars car j’ai aucun moyen d’avoir cette « attestation de la sécurité sociale des artistes-auteurs de l’année en cours ou précédente ou tout document attestant de votre situation sociale en cours de validité » qui est bloqué sur Amélie et qui m’a déjà couté un bras et qui va me couter les deux jambes.
      https://www.cnap.fr/fonds-durgence
      et pour la seconde aide possible j’ai 0€ de revenus pour mars 2019 tout comme mars 2020, mes premières factures sont daté d’avril 2019....

    • Recenser les morts en Ehpad : a minima 160 personnes, selon des articles de presse locales récoltés par Nassira El Moaddem sur le volatile bleu @NassiraELM
      https://twitter.com/NassiraELM/status/1244545214590726145

      Le gouvernement ne comptabilise pas, pour l’instant, les décès #Covid_19 dans les #EHPAD. Pourtant, la presse, notamment quotidienne régionale, les recense. J’ai démarré un recensement à partir de leurs articles. N’hésitez pas à me signaler en commentaire ce que je n’aurais pas vu

      Société d’abandon.
      Ce qui suit provient du compte @reventoline (blue bird)

      https://twitter.com/reventoline/status/1244979454813835270

      « Sur 80 résidents, 40 sont infectés » (ex. donné sur 1 Ehpad). Mais « Il faut agir vite » ne signifie pas ici tenter de sauver les pers. âgées infectées mais les aider à mourir ds la dignité, car non seulement elles sont abandonnées à une mort quasi certaine, ...mais les conditions de leur fin de vie sont indignes (pas d’Hypnovel ni de morphine, personne pr prescrire...). Même situation inhumaine ds les centres d’accueil de pers. lourdement handicapées.
      Les vieux, les handis lourds, les malades psy, les sans-abris 1ers à l’abandon...

      Ehpad : « Il faut agir vite, la situation est tendue et douloureuse »
      https://www.liberation.fr/amphtml/france/2020/03/29/ehpad-il-faut-agir-vite-la-situation-est-tendue-et-douloureuse_1783499

      « A l’hôpital, il y a dix jours nous avions de la place et on pouvait si besoin hospitaliser les plus fragiles. Maintenant, c’est difficile. On évalue, on arrive encore à prendre les patients qui s’aggravent dans notre service de gériatrie, et on n’a pas encore beaucoup de décès, mais cela arrive », raconte la gériatre. A Bicêtre, il y a 38 lits de gériatrie, bientôt 5 de plus. Ce week-end, 34 étaient occupés par des personnes âgées infectées.

      Cela va déborder. Et les digues sont à construire au plus vite. « Il faut trier les infos, il faut des médicaments, il faut surtout gérer les choses du quotidien, poursuit la Dr Ravier-Lebrun qui s’appuie sur ce qui s’est passé dans l’est de la France. L’expérience de nos collègues de Strasbourg nous a montré qu’ils n’ont pas pu hospitaliser les résidents, et que donc certains allaient mourir dans leur Ehpad. C’est ce qui se va se passer en Ile-de-France. Il faut de toutes urgences s’y préparer, trouver des volontaires pour aller, la nuit, dans ces établissements. Aider les gens à mourir. On doit bien ça à ces personnes seules, sans proches, ni famille. » Elle ajoute : « C’est très dur pour le personnel. Beaucoup d’entre eux sont angoissés, en arrêt de travail. Dans les 19 Ehpad, il manque de tout. Ou presque. Ainsi, dans l’un, c’est la directrice qui s’occupe de la lingerie, l’employée étant malade. Dans un autre, sur 80 résidents, 40 sont infectés. » Elle se souvient : « Et dire qu’il y a quinze jours, il n’y avait pas un cas. On va vers une #hécatombe. Tous ne vont pas mourir, il faut le dire aussi, ce n’est pas parce que vous êtes vieux, dans un Ehpad et infecté, que vous allez forcément mourir. »

      « Les familles sont à bout »

      Comme se sentent les résidents ? « Ils sont parfois très angoissés ou assez détachés, cela dépend, raconte la Dr Ravier-Lebrun. Mais les familles sont à bout, angoissées, elles sont à l’extérieur, elles ne peuvent pas venir le soir. On essaye de monter des Skype, là aussi on a besoin de bénévoles. »

      Le défi est immense. A cela vient s’ajouter une lourdeur typiquement française : l’Hypnovel (ou Midazolam, un médicament qui permet d’accompagner le plus doucement possible une agonie), n’est pas disponible pour les Ehpad, la réglementation tardant à évoluer en dépit d’affaires récentes (1). « Il y a d’autres protocoles certes, avec des produits comme le Rivotril et le Valium, et à présent on fait avec. Mais encore faut-il qu’il y ait des médecins qui puissent faire la prescription puis l’injection, puis accompagner. »

      Même les services hospitaliers de #soins_palliatifs risquent de subir une pénurie de #Midazolam et #Hypnovel ...

      #housses_mortuaires #morts_en_Ehpad #prise_en_en_charge_de_la_douleur

    • Julien, aide-soignant en intérim
      https://blogs.mediapart.fr/violencedutravailcom/blog/290320/julien-aide-soignant-en-interim
      Je suis aide-soignant en intérim. Tous les jours, je vais au front alors que j’aurai pu rester planqué chez moi. Je ne devais pas travailler le mois d’avril mais quand j’ai vu tout ce bordel j’ai appelé mon agence d’intérim et je leur ai dit que je culpabilisais de ne pas travailler.

      Alors j’ai repris pour aider les équipes face à la rupture.

      J’ai beaucoup de missions en Ephad. Et là, je peux vous dire, c’est la guerre. Le personnel ne subit pas le manque de moyens comme à l’hôpital. Il n’a carrément rien. Pas de masque. Parfois des masques chirurgicaux mais jamais de FFP2. Je sors d’un Ephad où 10 membres du personnel sont touchés par le covid. Quasiment tous les résidents sont atteints. Ils ont enfin reçu des protections mais c’est déjà trop tard.

      Et moi, en tant qu’intérim j’ai dû m’énerver pour que l’on me prête des tenues (je parle de la blouse) car oui, les intérimaires sont en général obligés d’amener leur tenue et les laver chez eux. Et ce, même en pleine épidémie. Je suis venu renforcer mais en vérité l’intérimaire aide-soignant c’est du personnel sacrifiable. Tant pis s’il refile le covid à ses proches. On parle de prime pour les soignants mais on oubliera les intérimaires qui eux ont choisi d’aller au front.

      Je veux également parler des infirmières libérales qui prennent tous les risques avec très peu de moyens. Les seuls masques qu’elles ont, ont été donnés par un carrossier. Pareil pour les quelques combinaisons. Une entreprise de BTP leur en a donné. Mais rien de l’État. Alors on les envoie au front. On les applaudi à 20h. Mais le pire s’est que notre président leur a doublé leur cotisation retraite à tel point qu’elles se demandent si c’est encore rentable de travailler en libérales. Et on compte sur elles pour gérer une épidémie de cette ampleur. Sans rien. On parle de vocation. Cela sert à justifier les bas salaires. Mais ça ne justifiera jamais les risques que nous prenons juste par le fait que l’on n’a rien.

      C’est fort d’avoir trouvé un homme pour représenté une profession féminisé à 90% mais il est vrai que lorsque les femmes s’expriment ca n’intéresse pas grand monde. Et puis une fois cette crise passé il ne restera peut être plus beaucoup de soignantes. Entre celles qui vont mourir du virus, celles qui vont se suicidé, celles qui vont être incapables de travailler pour cause de dépression, burn-out et celles qui vont changer de métier puisque « notre président leur a doublé leur cotisation retraite à tel point qu’elles se demandent si c’est encore rentable de travailler en libérales »...

    • Coronavirus : à Cannes, dans l’Isère ou dans le Puy-de-Dôme, de nouveaux résidents d’Ehpad succombent à l’épidémie
      Officiellement, 3 523 personnes sont mortes depuis le début de l’épidémie en France, mais ces chiffres, égrenés quotidiennement, ne représentent que ceux recensés en milieu hospitalier.
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/01/coronavirus-a-cannes-dans-l-isere-ou-dans-le-puy-de-dome-de-nouveaux-residen

      (...) Le gouvernement a dit sa volonté d’aller vers « un isolement » en chambre individuelle de chacun des pensionnaires des Ehpad et d’intégrer les décès survenus dans ces établissements dans les statistiques officielles. D’ici quelques jours, selon l’ARS PACA, l’organisation mise en place par ses soins pour la remontée des informations et le suivi des Ehpad devraient permettre d’avoir une vue exhaustive de la situation dans ces établissements, au moins pour cette région.

      Pour l’Ehpad parisien que je connais, le 18 mars les visites étaient devenues impossibles et l’isolement en chambre déjà en cours (pas toujours facile à tenir). Annonce gouvernementale de mesures déjà prises par les institutions concernées.

      Quant au dénombrement des décès déjà promis « pour le début de la semaine prochaine » la semaine dernière. On voit que c’est pas pour tout de suite.

  • CORONA VIRUS : le gouvernement profite de la pandémie pour déréglementer la téléphonie mobile au risque de l’accroissement des problèmes sanitaires qui y sont liés.
    https://www.robindestoits.org/CORONA-VIRUS-le-gouvernement-profite-de-la-pandemie-pour-dereglemente

    La 6ème ordonnance, n° 2020-320 du 25 mars 2020, a été confirmée au JORF n°0074 du 26 mars 2020 texte n° 45 (Annexe) :

    Selon cette ordonnance, « quatre procédures administratives préalables en vue de l’implantation ou de la modification d’une installation de communications électroniques sont ainsi aménagées :
    – suspension de l’obligation de transmission d’un dossier d’information au maire ou au président
    d’intercommunalité en vue de l’exploitation ou de la modification d’une installation radioélectrique ;
    – possibilité pour l’exploitant d’une station radioélectrique de prendre une décision d’implantation sans accord préalable de l’Agence nationale des fréquences ;
    – réduction du délai d’instruction des demandes de permissions de voirie .. ;
    – dispense d’autorisation d’urbanisme pour les constructions, installations et aménagements nécessaires à la continuité des réseaux et services de communications électroniques ayant un caractère temporaire. »

    Ainsi, profitant de la pandémie liée au corona virus, et selon la classique stratégie du choc, le gouvernement vient de porter un coup fatal à la loi 2015-136 du 9 février 2015, dite loi Abeille, pour permettre aux opérateurs une liberté totale dans l’installation d’antennes relais.

    Il est légitime de penser que cette libéralisation du secteur a pour but de préparer le déploiement de la 5G, avec tout ce que cela comporte, dans le déni habituel des effets sanitaires des champs électromagnétiques. Or, une telle ordonnance prise dans l’urgence du contexte sanitaire actuel était loin de s’imposer.

    #loid'urgence #coronavirus #téléphoniemobile #5G

  • Raphaël Kempf
    @raphkempf
    https://twitter.com/raphkempf/status/1243956219796168706
    La loi sur l’état d’urgence sanitaire a été publiée mardi. Depuis, il y a eu l’ordonnance sur la procédure pénale (au JO de jeudi) et la circulaire du ministère de la @justice_gouv
    (publiée vendredi au BO).

    Je n’imaginais pas que ce serait aussi grave.

    Ces textes sont d’une violence inouïe.

    Pour la détention provisoire : suppression des droits de la défense, de la publicité des audiences et du contradictoire.

    L’idée est claire : garder les détenus en prison pendant l’état d’urgence. NE PAS LES LIBÉRER.

    Pourtant, les experts, autorités médicales et scientifiques, disent qu’il faut désengorger les prisons.

    Michelle Bachelet @UNHumanRights
    a exhorté les gouvernements à travailler rapidement pour réduire le nombre de personnes en détention.

    https://ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=25745&LangID=F

    Rien n’est prévu pour faciliter la libération des prisonniers en détention provisoire PRÉSUMÉS INNOCENTS dans l’attente de leur procès ou de la fin d’une information judiciaire.

    La loi dit pourtant qu’en principe, ces personnes doivent être libres.

    https://legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=CAD7ABB1C3B81D02B45A3003E59537E6.tplgfr44s_

    Aujourd’hui, près d’un tiers des prisonniers en France sont présumés innocents et en détention provisoire.

    https://liberation.fr/debats/2016/08/31/stop-au-tout-carceral_1475776

  • Directeurs, #comptez_vos_morts !

    Comptez vos morts. Chaque jour. C‘est la #consigne envoyée par le Dasen des #Bouches_du_Rhône aux directeurs d’école du département. Le Snuipp 13 demande le retrait de cette consigne. D’autant que la préparation de la rentrée dans le département n’améliore pas l’optimisme.

    « Madame la directrice, monsieur le directeur, comme chaque jour depuis le début de la crise, une remontée d’informations concernant votre école est demandée… Je vous demande de faire remonter le document word prévu pour 10h au plus tard. Vous voudrez bien rajouter les renseignements suivants : nombre de personnel Education nationale… présent à l’école, en télétravail. Nombre de personnel hospitalisé atteint du Covid-19, #décès #personnel Education nationale enseignant et hors enseignant ».

    Rendue publique par le Snuipp13 (http://13.snuipp.fr), cette circulaire du dasen des Bouches du Rhône a choqué les enseignants encore à leur poste, notamment ceux qui accueillent les enfants de soignants sans gel, parfois sans savon et bien sur sans masque. Le Snuipp dénonce « un très grave manque de #décence et de respect envers les personnels ».

    Elle arrive au moment où le Dasen maintient les opérations de carte scolaire (à distance) et où la dotation de 70 postes du département est insuffisante pour assurer les dédoublements en GS en Rep+. Il n’aura lieu que dans une partie des écoles bien que de nombreuses fermetures de classe soient décidées. Les TPS font particulièrement les frais du manque de postes.

    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2020/03/25032020Article637207182457458288.aspx
    #écoles #éducation_nationale #recensement #austérité #fermeture

  • En plein confinement, une élue LREM essaie de rapatrier de force sa collaboratrice
    https://www.liberation.fr/politiques/2020/03/18/en-plein-confinement-une-elue-lrem-essaie-de-rapatrier-de-force-sa-collab

    Selon nos informations, la députée de Paris Laetitia Avia remue ciel et terre depuis lundi soir pour faire revenir dans la capitale une de ses collaboratrices, malade et en vacances. Jusqu’à solliciter le ministère de l’Intérieur.

    Pour rappel, cette charmante humaniste est celle qui veut à tout prix imposer sa loi « contre les contenus haineux sur Internet ». (Je mets charmante humaniste, sinon elle va vouloir faire fermer Seenthis en 2 heures.)

    • Des nouvelles fraiches de cette chère Lætitia Avia sur médiapart

      https://www.mediapart.fr/journal/france/010420/confinement-la-deputee-lrem-laetitia-avia-dementie-par-sa-collaboratrice?o

      La députée LREM de Paris Laetitia Avia est catégorique : elle n’a jamais exigé de sa collaboratrice parlementaire confinée dans sa résidence secondaire dans le Gard qu’elle revienne télétravailler depuis Paris.

      Libération révélait en effet que la porte-parole d’En marche avait ordonné lundi 16 mars au soir, à l’une de ses collaboratrices parlementaires, de rentrer immédiatement à Paris. Et ce faisant, d’interrompre ses vacances, mais aussi son confinement. D’après nos informations, cette décision a été prise après le discours d’Emmanuel Macron annonçant un confinement plus drastique pour la population. Et ce alors que la députée connaissait la situation médicale de sa collaboratrice, atteinte d’une maladie auto-immune et donc bien plus vulnérable face au Covid-19.

      Malgré le témoignage de Laurence de Saint-Sernin – une syndicaliste de l’Assemblée alertée dès le mardi 17 de cette situation – et la saisine de la déontologue, Laetitia Avia nie en bloc. « Jamais je n’ai “forcé” une collaboratrice à rentrer à Paris, ni d’ailleurs à venir travailler physiquement, le télétravail étant la règle dans mon équipe depuis plusieurs semaines. J’ai demandé un droit de réponse à Libé rappelant que la préservation de la santé est ma priorité », s’est-elle défendue sur Twitter, avant d’effectivement publier un droit de réponse.

      Elle y explique avoir seulement « indiqué » à sa collaboratrice lors « d’échanges oraux » qu’il lui « semblait préférable qu’elle rentre à Paris en raison de sa condition médicale et de celle de sa mère », et pour que ses conditions de télétravail soient plus optimales. Laetitia Avia aurait alors accepté son refus de rentrer à Paris. « Nous nous sommes mises d’accord sur cela et sommes convenues de faire le point lundi pour déterminer comment travailler », précise-t-elle dans son droit de réponse. Et d’ajouter : « Contrairement à ce qui est indiqué dans votre article [celui de Libération – ndlr], il n’a jamais été question de demander un “rapatriement de force”. Je ne vois pas d’ailleurs comment cela pourrait être possible. »

      La députée Laetitia Avia, à l’Assemblée nationale. © AFP La députée Laetitia Avia, à l’Assemblée nationale. © AFP

      La députée avait toutefois reconnu avoir « proposé de solliciter » Christophe Castaner pour trouver une solution à ce rapatriement. Désormais, elle conteste également ce point. « Je n’ai pas sollicité le ministre de l’intérieur, mais j’avais pour intention, avant que nous ne trouvions de solution, de poser une question aux équipes, à l’Intérieur ou aux Transports, pour savoir si le retour d’un lieu de vacances pour rentrer télétravailler à Paris est un cas de dérogation – question qui me semble légitime. »

      Pourtant, dans des échanges entre la collaboratrice et des membres de l’Association des collaborateurs progressistes (l’ACP) par le biais de l’application Telegram, consultés par Mediapart, la collaboratrice expliquait qu’elle était contrainte d’interrompre son confinement dans le seul but de télétravailler depuis la capitale. Et que la députée lui proposait de faire appel à Christophe Castaner.

      Mais c’est dans un courrier adressé au président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, que la collaboratrice livre pour la première fois sa version. Dans ce mail envoyé le 19 mars (après les révélations publiées par la presse), elle conteste vivement le démenti de sa députée. Et livre davantage de précisions sur cette situation qu’elle estime « injuste et irrationnelle ». Elle rappelle ainsi le litige qui l’oppose à son employeur : « Ma députée refusait en effet que je télétravaille depuis mon lieu de confinement, souhaitant que je rentre à Paris puisque “en ce qui concerne le télétravail, il a lieu à la résidence principale sauf à ce que l’employeur autorise le contraire” (message de ma députée). »

      Elle confirme ensuite que Laetitia Avia lui a proposé de solliciter les services du ministère de l’intérieur pour qu’elle interrompe son confinement malgré la loi. D’après elle, il s’agissait d’utiliser les moyens de l’État via un convoi de transport. « Nous traversons la pire des crises sanitaires, les morts se comptent par milliers, mais je dois traverser la France en véhicule militaire pour pouvoir télétravailler depuis ma résidence principale, sauf à ce que ma députée m’autorise magnanimement à rester sur mon lieu de confinement. Monsieur le Ministre de l’Intérieur a bien mieux à faire et je souhaite aux moyens de l’État d’être utilisés à meilleur escient », dénonce-t-elle.

      Elle écrit ensuite à Richard Ferrand qu’elle ne souhaite plus travailler pour Laetitia Avia. « Je suis blessée et en colère du comportement de ma députée, et des conséquences sur mon quotidien. Je n’ai d’autres choix que de quitter l’équipe parlementaire avec laquelle je travaille depuis deux ans, explique-t-elle. Être exposée dans la presse ne me réjouit pas, mais l’article est malheureusement véridique. Ma députée a choisi de démentir avec vigueur, quand il faudrait laisser le drame passer. »
      « Ajouter le mensonge à l’indignité ne me semble pas à la hauteur de la fonction parlementaire ».

      La collaboratrice en profite ensuite pour contester point par point le démenti de son employeur : « Je ne vous aurais pas contacté si elle ne prétendait désormais que ses démarches pour me rapatrier étaient motivées par ma santé et l’âge de mon conjoint. C’est faux. À aucun moment dans les 48h de conversation que nous avons eu sur ce sujet, elle n’a mentionné ma situation sanitaire. »

      Pour le prouver, la collaboratrice retranscrit l’intégralité des messages que la députée lui a adressés entre lundi soir, après l’allocution présidentielle, et mercredi, avant la publication de Libération.

      – Quand et comment reviens-tu à Paris ?

      – Tu m’as suffisamment dit que tu étais dans un trou perdu pour que je sache que ça ne va pas être possible [de télétravailler]. Le téléphone notamment est indispensable. D’autant que les mesures de restrictions vont augmenter. Je regarde avec casta [Christophe Castaner] comment on peut faire.

      – Je souhaite que nous puissions organiser une méthode de travail collectif en télétravail qui soit efficace pour tous et qui permette d’assurer le fonctionnement de l’équipe parlementaire durant une longue période. On ne parle pas de 15 jours. Il y aura prorogation et renforcement des restrictions.

      – Je suis heureuse de l’apprendre [que ta connexion internet et téléphone fonctionnent] le contraire m’ayant toujours été certifié. En ce qui concerne le télétravail il a lieu à résidence principal[e] sauf à ce que l’employeur autorise le contraire et non sur décision de l’employé ou de ses collègues.

      – Le télétravail n’est jamais une décision unilatérale. Depuis hier je t’ai demandé de m’envoyer un message en mp. Les conditions de ton télétravail nous devons en discuter ensemble. En temps normal comme en temps exceptionnel. C’est comme ça que les choses fonctionnent pour tout le monde. »

      Contrairement à ce qu’elle indique aujourd’hui, Laetitia Avia n’a donc jamais motivé sa décision de vouloir faire revenir sa collaboratrice par des raisons médicales. Non, elle souhaitait la faire revenir pour qu’elle travaille depuis la capitale.

      Dans son courrier, également adressé en copie à la déontologue de l’Assemblée nationale, la collaboratrice précise ne « rien demander » pour elle mais simplement vouloir « alerter la présidence de l’Assemblée pour que d’autres ne souffrent pas de ces mêmes abus de pouvoir ». « Je suis donc outrée du comportement de cette parlementaire qui n’a pas hésité à vouloir mettre ma vie et celle de mon conjoint en danger et à mettre en porte-à-faux le message du gouvernement, avant de se draper dans les meilleures intentions du monde. Ajouter le mensonge à l’indignité ne me semble pas à la hauteur de la fonction parlementaire », dénonce-t-elle.

      Sollicitée par Mediapart, la députée persiste : « Je maintiens mon droit de réponse. J’ai évoqué mercredi 18 à l’oral la situation médicale de ma collaboratrice et davantage la situation de sa mère. » Elle dément toujours avoir proposé de solliciter le ministre de l’intérieur. Mais alors comment expliquer le courrier de sa collaboratrice qui conteste point par point, retranscription des messages à l’appui, la version de sa députée ? « Je ne peux pas vous dire » (lire sa réponse dans la longueur sous l’onglet Prolonger).

      Selon nos informations, après notre appel, la députée a demandé à sa collaboratrice de nous dissuader de publier cet article et de nous envoyer un sms pour démentir les propos tenus dans son courrier. Contactée par Mediapart, l’assistante parlementaire en question ne souhaite pas s’exprimer mais confirme avoir envoyé cette lettre au président de l’Assemblée.

      L’entourage de Richard Ferrand précise ne pas savoir si le président du Palais-Bourbon a pris connaissance de ce courrier, « la fin de semaine [...] ayant été entièrement consacrée aux textes sur les mesures d’urgence ». « Il apparaît que les instances indépendantes mises à disposition par l’Assemblée nationale, la déontologue et la cellule anti-harcèlement, seront à même d’apporter les meilleures réponses au problème posé », ajoute son cabinet.

      Du côté du président du groupe LREM à l’Assemblée, également en copie du courrier, on explique qu’il s’agit d’un conflit entre un député employeur et son employée et qu’il ne peut donc pas intervenir. « C’est du ressort de l’Assemblée, mais Gilles Le Gendre a rappelé à tous les règles du télétravail », affirme son équipe. Également contactée, la déontologue de l’Assemblée Agnès Roblot-Troizier n’a pas donné suite.

      La secrétaire générale du syndicat Solidaires de l’Assemblée nationale, Laurence de Saint-Sernin, dénonce l’attitude de Laetitia Avia qu’elle qualifie de « harcèlement ». « Le fait qu’elle conteste ces informations est stupide, il y a des preuves et des écrits que j’ai moi-même pu consulter », explique-t-elle à Mediapart. « Nous suivons cela de près. La collaboratrice en question est assez inquiète, mais l’intersyndicale est à sa disposition et n’hésitera pas à intervenir si jamais cela dérapait. » Quel dérapage ? « Si par exemple Laetitia Avia décidait de la licencier pour faute grave. Sa collaboratrice est victime de la situation, il est donc légitime qu’elle obtienne par exemple une rupture conventionnelle. »

      #gouvernementeur #harcèlement #nécrocapitalisme #télétravail #en_marche