Quand l’association #Utopia_56 pirate #Google_Maps pour rendre visible les « invisibles » !
La fin de la #trêve_hivernale est un moment d’angoisse pour toutes celles et ceux qui vivent dans la précarité, l’association Utopia 56 révèle son opération de #piratage de Google Maps en incarnant virtuellement les déplacés de la rue.
L’avantage des premiers jours du mois d’avril, nous sortons de la météo, c’est le soleil qui envahit nos cœurs et rayonne sur nos rues, un souffle de chaleur pour les bien lotis et un vent d’angoisse pour les personnes précaires qui doivent affronter la fin de la trêve hivernale. L’association Utopia 56 a choisi ce changement de saison pour révéler son opération de communication autour du piratage de Google Maps, le système de #cartographie du gafam.
L’été dernier en marge de l’organisation des #jeux_Olympiques où il fallait aux yeux du monde offrir une ville prête à accueillir les grands anneaux de la compétition et ses valeurs de partage, des milliers de personnes ont été déplacées vers d’autres villes pour faire place nette. Ces images de sans papiers, de réfugiés, de travailleurs immigrés sommés de rentés de force dans des cars des forces de l’ordre sont assez violentes à regarder et de nombreuses association comme Médecins du monde ou Emmaüs ont dénoncé un « #nettoyage_social ». Mais la fête était trop belle, et l’opinion a focalisé son attention sur l’appel du podium loin du revers de la médaille.
Utopia a donc décidé d’investir le champ du cyber espace en créant sur Google Maps des #pins rouge vous savez comme ceux qui désignent un restaurant, une boutique ou un hôtel. Sur la carte interactive ont débarqué des dizaines de nouveaux lieux, « chez Dom », « chez Daouda », « chez Jean Pierre », « chez Roberto », « chez Moussa », ces #espaces_fictifs représentent les personnes déplacées à l’endroit où elle vivait ou survivait. Sur le Pins, l’internaute peut cliquer et obtenir des informations sur la situation de précarité de la personne et Utopia renvoie vers ses actions.
Pendant plusieurs mois dans l’ombre du géant mondial, ces pins ont rendu les invisibles visibles et l’association revendique 500 000 vues depuis les JO. De nombreux touristes ont donc du comprendre que « chez Ismaël » n’est pas le dernier endroit parisien à la mode pour boire un cocktail mais le nom d’un sans papier que personne ne veut voir.
Google Maps repère la technique et supprime tout !
La firme américaine a tout de même fini par repérer ce gentil piratage de ses fonctionnalités et elle a supprimé tous les pins. Ce grand nettoyage de printemps n’a pas découragé Utopia qui poursuit aujourd’hui cette stratégie de sensibilisation en jouant sur le délai de réactivité très variable de la plateforme. Récemment ce sont de nombreux pins qui se sont ajoutés du côté de la Gaieté lyrique pour décrire la violence des expulsions de mineurs isolés.
Ce qui est assez déroutant dans cette action de visibilisation de la précarité c’est notre regard, enfin le mien mais j’imagine que vous pourrez vous reconnaître. J’avoue détourner souvent les yeux lorsque je passe physiquement à côté d’une personne à la rue, pris par le temps ou plus exactement par la fausse urgence de la vie et là un petit badge rouge virtuel m’a touché…Comme si j’accordais plus d’importance à un pixel sur une carte numérique qu’à un humain sur le bitume.
Utopia a réussi sa démarche de sensibilisation en utilisant la virtualité désincarnée du numérique pour mieux pointer la déshumanisation de nos sociétés connectées.
▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/un-monde-connecte/quand-l-association-utopia-56-pirate-google-maps-pour-rendre-visible-les
#visibilisation #in/visibilité #sans-abrisme #sans-abris #SDF #visibilité #cartographie #JO #toponymie #toponymie_migrante
Est-ce qu’il y a des seenthisien·nes (@seenthis) qui ont fait des captures d’écran de ce piratage et qui pourraient les partager ici ??